• Amiante : reprise de l’enquête sur l’entreprise Everite - France - Le Télégramme
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    Photo d’illustration Benoît Tréhorel.

    La cour d’appel de Paris a ordonné la reprise de l’enquête sur l’entreprise Everite de Dammarie-les-Lys (Seine-et-Marne) en infirmant pour la première fois un non-lieu dans un dossier lié à l’amiante, ont indiqué, ce vendredi, une source judiciaire et l’Association nationale de défense des victimes de l’amiante (Andeva).

    La chambre de l’instruction de la cour d’appel était saisie par des familles de victimes qui se battent pour obtenir un procès. Elle a renvoyé le dossier aux juges d’instruction du pôle santé publique de Paris pour qu’ils reprennent leurs investigations en vue d’éventuelles mises en examen de responsables de l’entreprise.

    Le parquet général a annoncé à l’AFP qu’il avait formé un pourvoi devant la Cour de cassation, désormais chargée de confirmer, ou non, cette interprétation juridique inédite.

    Cette décision vient en effet contredire, pour la première fois, une analyse établie en 2017 par les juges d’instruction et le parquet du pôle santé publique de Paris, qui rendait quasiment inéluctable l’absence de procès pénal dans les dossiers de l’amiante.

    Expertise judiciaire de 2017
    Pour rendre ce non-lieu en décembre 2018, les magistrats s’étaient appuyés, comme dans d’autres dossiers auparavant, sur une expertise judiciaire définitive de février 2017 qui estimait impossible de déduire avec précision le moment de l’exposition des salariés à cette fibre cancérogène, ni celui de la contamination.

    Par conséquent, il était impossible, selon les magistrats, d’établir les responsabilités pénales de tel ou tel dirigeant.

    Depuis lors, une quinzaine d’affaires liées au scandale de l’exposition à ce matériau interdit en France en 1997 ont pris ou devaient prendre le chemin d’un non-lieu.

    Le 16 octobre 2020, la famille de deux frères jumeaux, qui ont travaillé de 1954 à 1991 sur le site d’Everite à Dammarie-les-Lys et sont décédés des suites d’un mésothéliome (un cancer de la plèvre spécifique de l’amiante), avaient contesté le non-lieu lors d’une audience devant la cour d’appel.

    Dans son arrêt trois mois plus tard, la cour d’appel estime que « l’intoxication résulte selon les experts d’un processus + d’accumulation + des fibres respirées » et que, de fait, « c’est toute la période d’exposition qui contribue à la maladie et/ou au décès ». Ainsi, « chaque dirigeant successif peut avoir participé, à son échelle de responsabilité, à l’exposition des salariés aux fibres d’amiante », poursuit-elle.

    Trois ans de plus perdus

    « Si les victimes de l’amiante peuvent se féliciter de cette victoire qui leur redonne espoir qu’un procès de l’amiante puisse enfin avoir lieu, elles déplorent, en revanche, les errements des juges d’instruction sur des aspects évidents et connus depuis des décennies, qui ont fait perdre trois ans de plus sur un dossier ouvert depuis un quart de siècle », écrit l’Andeva dans son communiqué.

  • L’industriel Jean Chéritel retire sa plainte contre la journaliste Inès Léraud - Bretagne - Le Télégramme
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    « C’est un immense soulagement et une victoire », réagit Inès Léraud à l’annonce du retrait de la plainte de Jean Chéritel.
    Photo Amélie Dagman_

    À moins d’une semaine du procès en diffamation intenté à la journaliste Inès Léraud, le chef d’entreprise guingampais Jean Chéritel a décidé de retirer sa plainte.

    « C’est la preuve que notre article était sérieux, solide et inattaquable » : c’est par ces mots qu’Inès Léraud a commenté, ce vendredi après-midi, le choix du chef d’entreprise Jean Chéritel de retirer sa plainte contre elle. Le 25 juin 2019, l’industriel basé à Grâces près de Guingamp, grossiste en fruits et légumes, avait en effet attaqué devant la justice la journaliste pour diffamation, après la parution d’un article, paru sur le site internet BastaMag.

    Plus d’un an et demi après cette plainte, l’audience était programmée jeudi prochain, à 13 h 30, devant la 17e chambre du Tribunal de grande instance de Paris, la juridiction compétente dans ce type de dossier. Mais le procès - dans lequel Jean Chéritel souhaitait faire témoigner 14 personnes - n’aura donc jamais lieu.

    Pourquoi le patron du groupe Chéritel Trégor Légumes a-t-il décidé de se désister ? « À cause du climat délétère et des pressions journalistiques », répond Mathilde Ottolini, responsable commercial et achat du groupe, alors qu’un très large soutien s’était formé ces derniers mois autour de la journaliste.

    Chéritel va se consacrer à deux autres dossiers judiciaires
    « Ça va trop loin. À un moment donné nous disons stop, même si nous continuons à dire que les faits dénoncés dans l’article de Mme Léraud ne sont pas véridiques, ni avérés », ajoute Mathilde Ottolini, avant de préciser que l’entreprise souhaite désormais se consacrer à deux autres dossiers judiciaires en cours, dans lesquels elle a fait appel après des condamnations en première instance : l’une pour tromperie sur l’origine de ses tomates, l’autre pour travail dissimulé.

    « C’est un immense soulagement et une victoire. Pour Bastamag et pour moi », réagit de son côté Inès Léraud. Rassurée de ne pas avoir à « révéler l’identité de plusieurs témoins et de ne pas les exposer », l’auteure du livre Algues Vertes, l’histoire interdite ajoute : « Les deux derniers mois ont été épuisants, notamment psychologiquement. Durant cette période, j’ai travaillé à temps plein sur le procès, sans rémunération ».