face au seuil d’alerte, l’avis secret du conseil scientifique

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  • Covid-19 : face au seuil d’alerte, l’avis secret du conseil scientifique
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    Samedi à Rennes, un avion sanitaire débarque deux patients Covid venus des Hauts-de-France.
    Maxppp

    °Les transferts sanitaires de malades venus d’établissements franciliens ont commencé samedi. Le conseil scientifique a rendu jeudi un avis pessimiste sur la situation épidémique°

    Comme le confinement en Italie à partir de demain, la perspective d’un ballet d’hélicoptères dans le ciel d’Île-de-France, de vols militaires décollant de l’aéroport d’Orly ou l’annonce d’un premier TGV sanitaire pour le milieu de cette semaine rappellent les jours sinistres du printemps 2020. Trois premiers patients hospitalisés en réanimation ont été évacués samedi vers Nantes, Angers et Le Mans ; trois, encore, doivent l’être aujourd’hui. Des dizaines, voire des centaines d’autres malades du Covid-19 devraient être convoyés à partir de cette semaine loin de la région parisienne.

    La troisième vague, qui fait rage en Europe centrale et orientale, menace-t-elle de submerger l’Hexagone ? Sous la poussée du variant britannique, la courbe des hospitalisations en forme de haut plateau ne sera-t-elle bientôt plus qu’un souvenir ? En tout cas, aux yeux du conseil scientifique, l’heure semble critique. Silencieux depuis plusieurs semaines, les experts ont envoyé jeudi à l’exécutif un nouvel avis, long de plusieurs dizaines de pages et alimenté par les réflexions de ses nouveaux membres, gériatre et pédopsychiatre notamment. Le texte, non encore rendu public par le gouvernement, dresserait le constat d’une situation dégradée et de l’incapacité du couvre-feu à contenir un variant devenu dominant. Il plaiderait pour des mesures de freinage plus importantes, notamment en Île-de-France, Région la plus peuplée du pays, non soumise aux confinements du week-end comme Dunkerque (Nord), le Pas-de-Calais et le littoral des Alpes-Maritimes.

    La plus forte létalité du variant
    Si la situation épidémique reste hétérogène, si le nombre de nouvelles contaminations fluctue d’un jour à l’autre, une tendance à la hausse se dessine. Principal indice d’une flambée : les services de soins intensifs connaissent déjà une vive tension en Île-de-France (1.100 malades y étaient recensés samedi et 4.070 dans toute la France), dans les Hauts-de-France, le Sud et même en Auvergne-Rhône-Alpes. En général, les unités de médecine restent moins sollicitées. Aux yeux de Jean Castex, cette situation n’est toutefois « pas corrélée à la situation épidémiologique, ce qui rend le pilotage difficile ». Mais l’analyse livrée samedi au Monde par le Premier ministre ne convainc pas les épidémiologistes.

    Eux font plutôt l’hypothèse que l’embrasement soudain en réanimation, avec une possible baisse de la moyenne d’âge des malades, caractérise justement cette deuxième épidémie causée par le mutant. Ce mercredi, une étude anglaise publiée dans le British Medical Journal a en effet nourri les craintes d’une dangerosité accrue du variant anglais : plus contagieuse de 60 %, cette souche aujourd’hui majoritaire sur le territoire (environ 70 % des nouveaux cas) causerait plus de décès – et donc plus de formes sévères. Cette létalité supérieure, à l’ampleur encore incertaine, est estimée à environ 60 % par les auteurs de cette étude anglaise et à 30 % d’après une autre publication. En écho, une grande peur monte, notamment dans les hôpitaux d’Île-de-France, où des soignants redoutent, alors que la vaccination commence à protéger les plus de 70 ans, de voir affluer des patients plus jeunes. Réchappant à la maladie mais restant, longtemps, de grands blessés du Covid.

    La semaine qui s’achève a apporté une autre mauvaise nouvelle : une énième baisse des livraisons du vaccin d’AstraZeneca, cette fois à cause de restrictions d’exportation, selon le laboratoire suédo-britannique. Ce sérum, dont l’image est écornée par une moindre efficacité par rapport à celle des produits à ARN et par les suspensions survenues ces jours derniers dans plusieurs pays d’Europe à cause de soupçons d’effets secondaires veineux (non avérés à ce stade), était présenté il y a deux mois encore comme le futur « game changer » capable d’accélérer la campagne de vaccination. Il symboliserait presque aujourd’hui les difficultés à gagner la course contre la montre engagée fin janvier contre le variant.