REPORTAGE. Face au risque de submersion, à Palavas-les-Flots, des riverains entre inquiétude et déni
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Le maire de la commune, Christian Jeanjean, élu en 1989, explique qu’il veut à la fois « se battre pour protéger sa population », en « homme d’action » qu’il est, mais qu’« il ne faut pas crier au loup ». « Je n’ai pas le sentiment que la mer nous envahit, je ne veux pas affoler les gens », explique-t-il dans son bureau à la mairie qui surplombe l’immense plage et le port de Palavas.
Cette forme d’inconscience, un récent rapport du Conseil économique, social et environnemental régional (Ceser) s’en fait l’écho : « Généralement, la population concernée et les élus restent attachés aux lieux et aux biens, ce qui provoque un déni des risques observés et des dommages prévisibles. L’être humain doit cependant s’adapter et accepter l’inéluctabilité de la montée du niveau de la mer ».
De fait, d’après le Groupe Intergouvernemental d’experts sur le climat, « un scénario d’un mètre supplémentaire en Méditerranée française à l’horizon 2100 est envisageable ». Depuis, certains scientifiques avancent même la date de 2040. A Palavas, la commune serait touchée pratiquement au 9/10e du territoire. Le Ceser d’Occitanie a même estimé les dommages causés par l’hypothèse d’une montée des eaux d’un mètre : 11 500 hectares agricoles seraient perdus, 34 000 logements et 4 600 entreprises seraient impactés, soit un coût d’1,5 milliards d’euros.
Conscientes des risques, les autorités tentent d’élaborer des « opérations de recomposition spatiale » et de « repli stratégique ». « Allez dire à des milliers d’habitants de partir ! Non, nous allons chercher des solutions et les trouver », veut croire le maire de Palavas. « Le repli stratégique, les autorités nous en parlent, mais les gens ne sont pas au courant, renchérit Jean-Pierre Molle. Et puis c’est impossible à faire ! Si vous supprimez le port, le tourisme, la pêche, les commerces, ce serait trop dur pour notre économie ». Face à la montée des eaux, pas question de fuir…
Bon, ça va, si le maire (80 ans) de Palavas « n’a pas le sentiment que la mer nous envahit », tout va bien. (Et je n’ai aucun doute que ce sera pareil absolument partout.)