La dissolution du collectif Nantes Révoltée est lancée, annonce Gérald Darmanin
â»https://www.20minutes.fr/nantes/3223503-20220125-nantes-dissolution-collectif-nantes-revoltee-lancee-affir
La dissolution du collectif Nantes Révoltée est lancée, annonce Gérald Darmanin
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Depuis 10 ans Nantes RĂ©voltĂ©e propose une information indĂ©pendante, au service des mobilisations. Depuis 2012, nous avons publiĂ© des milliers dâarticles, dâenquĂȘtes, de visuels, de photos, dâanalyses. Nous avons Ă©crit des revues, donnĂ© la parole Ă celles et ceux quâon nâentend pas, rĂ©alisĂ© de grandes fresques. Nous sommes dĂ©sormais lu-es par plusieurs millions de personnes chaque mois. Et tout cela de façon totalement auto-produite et bĂ©nĂ©vole, sans publicitĂ© ni subventions.Nantes RĂ©voltĂ©e est un contre-pouvoir important. Il dĂ©range donc profondĂ©ment les autoritĂ©s locales. Par exemple notre mĂ©dia rĂ©vĂ©lait dĂšs le lendemain de la fĂȘte de la musique les vidĂ©os de la charge qui a tuĂ© Steve en 2019. Notre mĂ©dia met en lumiĂšre depuis des annĂ©es les violences dâĂtat passĂ©es sous silence, les manĆuvres politiques des Ă©lu-es, documente les mobilisations, donne un contrepoint Ă la propagande dominante.
Nous avons dĂ©jĂ subi plusieurs attaques pour nous faire taire. En 2015, la procureure de Nantes portait plainte contre Nantes RĂ©voltĂ©e aprĂšs la diffusion dâune affiche contre les violences policiĂšres. En 2021, le syndicat dâextrĂȘme droite Alliance rĂ©clamait la censure de notre mĂ©dia Ă Darmanin suite Ă des affiches parodiques. Quelques semaines plus tard, lâĂ©quipe de Zemmour portait plainte contre nous, aprĂšs avoir relayĂ© un appel Ă manifester. Dans un contexte de fuite en avant autoritaire, nous dĂ©rangeons. « Depuis des annĂ©es, Nantes rĂ©voltĂ©e est dans le viseur des autoritĂ©s » commente Ouest-France.
Vendredi 21 janvier, une manifestation contre lâextrĂȘme droite avait lieu Ă Nantes. Un Ă©vĂ©nement assez courant : des centaines de personnes avaient marchĂ© dans le centre avec des fumigĂšnes. En fin de manifestations, deux vitrines avaient Ă©tĂ© abĂźmĂ©es. Nantes RĂ©voltĂ©e, en tant que mĂ©dia, avait couvert cette manifestation. Cette marche, banale, a Ă©tĂ© le prĂ©texte Ă un dĂ©chaĂźnement politique. La droite et lâextrĂȘme droite sâemparent de deux morceaux de verre cassĂ© pour rĂ©clamer la dissolution de Nantes RĂ©voltĂ©e Ă GĂ©rald Darmanin.
Dans un texte dĂ©lirant, la responsable LREM de Nantes et la prĂ©sidente de la rĂ©gion Pays-de-la-Loire Ă©crivent : « on ne peut plus laisser prospĂ©rer cette idĂ©ologie anarchiste et haineuse plus longtemps », ou encore « depuis prĂšs de dix ans, des centaines de policiers et dâhabitants ont Ă©tĂ© blessĂ©s au cours de ces manifestations violentes ». Câest vrai, la police nantaise a blessĂ© des centaines de manifestant-es, dont plusieurs sont mutilĂ©-es Ă vie. Nous lâavons dĂ©montrĂ©. Nantes RĂ©voltĂ©e est aussi accusĂ©e de nuire « Ă lâimage et Ă lâattractivitĂ© de la capitale rĂ©gionale ». Ă lâimage de la mĂ©tropole « dynamique » en clair. La lutte dĂ©range les profits des barons de la ville.
Sur quelle base lĂ©gale aurait lieu cette « dissolution » ? La presse cite « lâarticle L212-1 du Code de la sĂ©curitĂ© intĂ©rieure » : « toutes les associations et groupement de faits qui provoquent Ă des manifestations armĂ©es ou Ă des agissements violents Ă lâencontre des personnes ou des biens » peuvent ĂȘtre dissous par dĂ©cret en conseil des ministres. Si cette loi permet de censurer un mĂ©dia indĂ©pendant parce quâil a relayĂ© des appels Ă manifester, câest la porte ouverte Ă une vague de censure gigantesque. Câest prĂ©cisĂ©ment lâobjectif. Le pouvoir asphyxie la moindre parcelle qui lui Ă©chappe encore, la moindre parole divergente, le moindre contre pouvoir. Il le fait par la matraque, le 49.3 et lâĂ©tat dâurgence. Rappelons que le 30 juillet dernier, le N°2 du rassemblement National Ă Nantes, Wilfried Van Liempd, organisait une attaque armĂ©e contre une manifestation. Les faits avaient Ă©tĂ© filmĂ©s et mĂȘme assumĂ©s par le RN. Et ni lâattaquant, ni son parti nâavaient Ă©tĂ© poursuivis, et encore moins menacĂ©s de dissolution.
Les journalistes ont demandĂ© Ă la maire socialiste de Nantes de rĂ©agir : « je lâai toujours dit, rien ne justifie jamais les violences et dĂ©gradations. » Quelles violences ? Celle de la police ? Celles du capitalisme ? Celle qui dĂ©vaste la nature ?
Notre mĂ©dia est donc menacĂ© comme jamais. Il est possible quâil soit censurĂ© des plateformes trĂšs prochainement. Dans ce cas, consultez notre site : www.nantes-revoltee.com. Les heures qui viennent nous diront si le gouvernement Macron est fĂ©brile au point de mettre en scĂšne, en pleine campagne prĂ©sidentielle, la censure dâun mĂ©dia indĂ©pendant local.
Nous reviendrons vers vous trĂšs prochainement. NâhĂ©sitez pas Ă alerter autour de vous.
â»https://www.nantes-revoltee.com/%F0%9F%94%B4-nantes-revoltee-menacee-de-dissolution-%F0%9F%94%B4
« Ă chaque bris de verre en ville, le parti de lâordre nantais rĂ©clame la tĂȘte de #Nantes-RĂ©voltĂ©e
Lâex pays des droits de lâHomme se dĂ©shonore en acceptant ces attaques incessantes contre les luttes sociales et la libertĂ© dâinformer.
#SoutienNantesRĂ©voltĂ©e »
Darmanin, le ministre qui dissout plus vite que son ombre
AprĂšs une manifestation antifasciste Ă Nantes, le ministre de lâintĂ©rieur a annoncĂ© son intention de dissoudre le collectif « Nantes rĂ©voltĂ©e », animateur dâun mĂ©dia alternatif local. Outil administratif conçu contre les groupes factieux, la dissolution est avant tout utilisĂ©e comme une arme de communication et de neutralisation politique.
par Camille Polloni / Mediapart
â»https://www.mediapart.fr/journal/france/260122/gerald-darmanin-le-ministre-qui-dissout-plus-vite-que-son-ombre
Ă Bordeaux, Toulouse, et dans dâautres villes, des slogans et des pancartes contre la dissolution de Nantes RĂ©voltĂ©e ont fait leur apparition lors de la grĂšve du 27 janvier. Il semblerait que lâidĂ©e de dissoudre le gouvernement remporte beaucoup plus dâadhĂ©sions. Un grand merci Ă toutes et tous !
â»https://www.nantes-revoltee.com/corteges-contre-la-dissolution
â»https://seenthis.net/messages/946243
Nantes révoltée : existe-t-il des précédents de dissolution de médias en France ?
Les historiens des mĂ©dias ne trouvent aucun exemple de procĂ©dure de dissolution qui aurait visĂ© un collectif se dĂ©finissant comme un mĂ©dia. Sauf Ă remonter Ă lâaprĂšs-guerre.
â»https://www.liberation.fr/checknews/nantes-revoltee-existe-t-il-des-precedents-de-dissolution-de-medias-en-fr
« En principe on dissout des groupuscules, des associations. Une dissolution dâun mĂ©dia, je nâai pas de prĂ©cĂ©dent ou dâĂ©quivalent en tĂȘte. Ou alors il faut remonter Ă lâinterdiction de Je suis partout , journal antisĂ©mite interdit en 1944 aprĂšs la LibĂ©ration, comme tous les titres ayant continuĂ© Ă paraĂźtre aprĂšs 1940. « On peut dâailleurs noter que le ministre Ă©vite de parler de mĂ©dia, il parle simplement dâun groupe », poursuit Christian Delporte.
Dâailleurs, mĂȘme quand certains groupes ont Ă©tĂ© dissous, leurs mĂ©dias ont pu perdurer. Câest le cas par exemple de Rouge , hebdomadaire de la Ligue communiste (ancĂȘtre de la LCR et du NPA), qui a continuĂ© de paraĂźtre malgrĂ© la dissolution de la ligue en juin 1973. Les pouvoirs publics reprochaient alors Ă cette derniĂšre lâorganisation dâune manifestation non autorisĂ©e contre un meeting du mouvement dâextrĂȘme droite Ordre nouveau (Ă©galement dissout dans la foulĂ©e) et des affrontements avec la police.
Peut-on imaginer un destin similaire pour Nantes rĂ©voltĂ©e ? « On ne va pas faire de politique-fiction : le problĂšme pour le moment, câest quâon ne sait pas ce que le ministre entend attaquer, prĂ©cisĂ©ment qui, et surtout pourquoi, avance RaphaĂ«l Kempf, avocat de Nantes rĂ©voltĂ©e. Câest Ă lui de le dire, on ne peut pas rĂ©pondre Ă sa place. Mais quoi quâil en soit lâexemple de Rouge est intĂ©ressant, on va regarder ça. »
Sur ce point comme sur les autres, le ministĂšre de lâIntĂ©rieur nâa pas rĂ©pondu Ă nos questions, indiquant simplement que la procĂ©dure Ă©tait toujours « en prĂ©paration », ce jeudi 27 janvier.
« La censure gaullo-pompidolienne sâassumait Ă lâĂ©poque comme telle »
« A ma connaissance, ce type de procĂ©dure est trĂšs rare, en tout cas Ă lâĂ©gard des mĂ©dias journalistiques, abonde de son cĂŽtĂ© Alexis LĂ©vrier, spĂ©cialiste de lâhistoire du journalisme. On songe aux interdictions ou aux saisies dâ Hara-Kiri ou de la Cause du peuple , mais câĂ©tait il y a un demi-siĂšcle, et la censure gaullo-pompidolienne sâassumait Ă lâĂ©poque comme telle. »
« Je pense que Nantes rĂ©voltĂ©e nâest pas considĂ©rĂ©e ici comme un titre de presse ou comme un mĂ©dia journalistique mais comme un mouvement politique. GĂ©rald Darmanin lui rĂ©serve un traitement comparable Ă celui quâil a imposĂ© Ă GĂ©nĂ©ration identitaire . Toute la question sera de savoir si Nantes rĂ©voltĂ©e peut se prĂ©valoir des protections rĂ©servĂ©es aux titres de presse [comme le pense le prĂ©fet de Loire-Atlantique, ndlr] », analyse le chercheur.
Aujourdâhui Nantes RĂ©voltĂ©e demain Ă qui le tour ? đ€
SNJ national condamne le processus de dissolution administrative du mĂ©dia indĂ©pendant, et demande au ministĂšre dây renoncer sur le champ.