Les biologistes ont annoncé qu’ils cesseraient de communiquer les résultats des tests de dépistage contre le Covid-19 sur la plateforme nationale SI-DEP à compter de ce jeudi. Le secteur manifeste ainsi son mécontentement par rapport au budget prévisionnel 2023 de la Sécurité sociale.
Dans les jours qui viennent, les autorités sanitaires pourront-elles continuer à suivre l’évolution de la situation épidémiologique ? Opposés au budget prévisionnel 2023 de la Sécurité sociale, qui va obliger les biologistes à réaliser 250 millions d’euros d’économies chaque année, les laboratoires d’analyses ont annoncé qu’ils allaient cesser d’alimenter le fichier national des tests de dépistage (SI-DEP) à compter de ce jeudi 27 octobre. « Devant la surdité des pouvoirs publics [à continuer a nous donner de l’argent], nous avons décidé de suspendre la transmission des données de dépistage sur la plateforme SI-DEP », a annoncé Alain Le Meur, porte-parole de l’Alliance pour la biologie médicale (APBM).
Pour les patients, pas de changements : les laboratoires d’analyse vont continuer de communiquer les résultats des tests de dépistage. Les biologistes ne les renseigneront plus sur la plateforme nationale baptisée "SI-DEP" : "il n’y aura plus de suivi possible de l’épidémie", commente Alain Le Meur. Tant que les laboratoires ne communiquent pas ces résultats sur le fichier national, ces derniers ne pourront être remboursés par l’Assurance Maladie. Le secteur a évalué ce manque à gagner à 14 millions d’euros par semaine.
Les biologistes souhaitent ainsi "envoyer un message", accusant le gouvernement de ne pas avoir remanié le projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Ce projet prévoit entre autres une baisse des tarifs par arrêté à défaut d’un accord présentant des économies significatives avant le 1er février. "Nous assumons de demander des efforts aux laboratoires de biologie", a affirmé le ministre des Comptes publics Gabriel Attal, mardi 25 octobre. Le ministre justifie cette mesure par "une rentabilité déjà élevée avant la crise".
Selon la Cnam, le chiffre d’affaires de la profession a grimpé de 85% entre 2019 et 2021, et plafonne désormais à près de 9 milliards d’euros, comme le rappellent nos confrères de BFMTV. Les tests de dépistage contre le Covid-19 ne sont pas étrangers à cette hausse : les bénéfices des laboratoires ont augmenté de 20% en 2020. Les biologistes affirment que la baisse de leurs tarifs, inscrite dans le budget de la Sécurité sociale, "risque de désorganiser" les laboratoires et de provoquer des "fermetures". Le secteur a proposé à la place une taxe exceptionnelle sur les gains qui sont liés à la crise sanitaire. Cette solution a été rejetée en commission à l’Assemblée Nationale il y a deux semaines.