Le week-end de comptage hivernal 2014 a ainsi fait apparaître une diminution du nombre d’oiseaux. Il en manquait dix-neuf en moyenne par jardin, soit plus d’un tiers de moins par rapport à l’année précédente. Pour expliquer cette hécatombe, deux hypothèses sont en lice. Un printemps 2013 très pluvieux, qui aurait empêché les parents de certaines espèces – rouges-gorges et mésanges charbonnières, en particulier – de trouver la nourriture pour leurs poussins, morts de faim et donc absents l’hiver suivant. Mais aussi un hiver 2014 doux qui aurait permis aux oiseaux migrateurs du nord de l’Europe de rester chez eux sans se geler, au lieu de descendre sous nos latitudes.
Le Muséum a ainsi pu montrer que plus des trois quarts des mésanges bleues et charbonnières n’ont ainsi pas migré à l’automne 2013, ni près des deux tiers des verdiers d’Europe, ainsi qu’une plus modeste proportion de pinsons des arbres. Est-ce grave, docteur ? Difficile à dire. L’observatoire est jeune et promet d’aider à répondre à ces questions, déjà soulevées par d’autres études, dans les années à venir. Mais il montre d’ores et déjà que les espèces que l’on croyait si communes, celles de nos jardins, ne le sont plus forcément. « On a l’impression qu’elles sont toujours abondantes et pourtant, certaines d’entre elles, même s’il reste des milliers de couples, sont en déclin, précise Frédéric Jiguet. Le changement climatique, l’intensification agricole et l’urbanisation sont mis en cause. »
Echec sur le roitelet huppé
Alors que le chardonneret élégant a perdu 44% de ses effectifs en dix ans et la linotte mélodieuse 32%, au parc Montsouris, ce samedi, on a bien cherché le moineau friquet, sans en trouver un seul. Et pour cause, ses effectifs à lui ont chuté de moitié en vingt ans. « C’est vrai que c’est l’une des espèces qui nous a mis la puce à l’oreille, se rappelle Mélissa, l’animatrice de la LPO. Et c’est à ça que servent aussi ces comptages : à sensibiliser les gens à ce qu’il advient de certaines espèces et de la nature autour d’eux. »
Pendant qu’elle explique à une dame en béret vert que les oiseaux sont comme les enfants – il vaut mieux éviter de leur donner du sucre, même s’ils en réclament ! –, nous nous mettons en quête d’un grimpereau des jardins. Son délicat plumage se confond parfaitement avec l’écorce de l’érable sur lequel il sautille. Je n’ai finalement jamais trouvé aux jumelles le roitelet huppé et le pic épeichette sur lesquels tout le groupe s’extasiait quelques secondes avant le gong de fin. Mais j’espère qu’ils seront là l’année prochaine.