Sciences cognitives et modèles de la pensée

?article30

  • Sciences cognitives et modèles de la pensée - Sens Public
    http://www.sens-public.org/spip.php?article30

    Cette intervention a pour objet l’analyse des modèles de la pensée proposés par les chercheurs en sciences cognitives. Ces derniers expliquent qu’ils aspirent à regrouper diverses disciplines pour analyser les processus impliqués dans la formation et l’exploitation de la connaissance. Ils sont intéressés par l’étude du fonctionnement de l’esprit et cherchent à décrire, expliquer, simuler les fonctions cognitives telles que le langage, le raisonnement, la perception, la compréhension, la mémoire ou l’apprentissage. Ce type d’intérêt les conduit à proposer des théories de l’esprit qui ne sont pas sans conséquence puisque, en un sens, elles tentent de définir ce qui spécifie un être humain. L’interdisciplinarité prônée par les chercheurs en sciences cognitives est souvent mise à rude épreuve car, en fonction de leur discipline d’origine, ils produisent des discours différents et correspondant à des conceptions concurrentes. L’objectif est ici de comprendre dans quel univers culturel les acteurs des sciences cognitives évoluent, quelles positions philosophiques ils adoptent, quels types d’idéologie ils développent et comment leurs pratiques et leur formation influent sur leurs conceptions. Il m’a paru intéressant, dans un deuxième temps, d’analyser le processus d’institutionnalisation en France

    #sciences_cognitives

    • merci pour la synthèse

      Pour un groupe de chercheurs américains représentés par la philosophe Patricia Churchland, seules une science cognitive et une philosophie de l’esprit enracinées dans la neurophysiologie ont une chance de perdurer. Proposant une théorie neuronale de la pensée, elle attaque les positions adoptées par les fonctionnalistes. Ce mouvement s’est construit par opposition à l’approche de Fodor. Patricia Churchland explique qu’elle a été choquée, en 1975, par la lecture du livre de Fodor, Le langage de la pensée , qui affirme que la connaissance du cerveau est inutile pour comprendre la cognition. Elle commença à étudier la neurobiologie et, à l’issue de ses études, elle était persuadée que le niveau psychologique n’était pas pertinent pour l’étude de l’esprit et proposait le réductionnisme éliminativiste : réduction des états mentaux aux phénomènes biologiques sous-jacents. L’approche adoptée est celle qui consiste à modéliser sur ordinateur les fonctions cognitives, à produire des simulations qui utilisent les données obtenues par les neurophysiologistes.

      En France, c’est le neurobiologiste Jean-Pierre Changeux qui a défendu une théorie neuronale de la pensée. Dans son livre, L’Homme neuronal [...].

      Les premiers à avoir tenté de construire ce domaine sont des informaticiens, des psychologues et des linguistes qui ont commencé à se rencontrer lors de séminaires, financés par l’IRIA (Institut de Recherche en Informatique et Automatique), dans les années 70 (citons entre autres Daniel Kayser, Mario Borillo, André Lentin, Jean-François Le Ny, François Bresson, Georges Noizet, Jean-François Richard) puis qui ont créé, en 1981 l’ARC (aujourd’hui ARCo), association pour la recherche en sciences cognitives.

      Finalement, en 1995, c’est un chercheur en intelligence artificielle, Jean-Gabriel Ganascia, qui sera responsable du programme "Sciences de la Cognition", fruit de l’unification des actions du CNRS et du ministère de la recherche. Ce sera ensuite Catherine Fuchs qui deviendra la présidente du programme Cognitique.
      En 2002, la définition des neurosciences cognitives donnée dans Le cerveau intime , par Marc Jeannerod, directeur de l’Institut des sciences cognitives à Lyon, est la suivante :

      « Les neurosciences cognitives ne cherchent pas à analyser le fonctionnement d’un élément isolé de l’ensemble. Elles cherchent au contraire à comprendre comment le fonctionnement ordonné du cerveau dans son ensemble contribue à notre pensée, notre langage, notre mémoire, en un mot à notre activité cognitive. »

    • Quelques réserves à apporter :
      – La présentation et son sujet peuvent porter à croire que la perception et la cognition fonctionnent comme des processus de traitement de l’information (traitement d’éléments discrets) => l’ordinateur comme métaphore de l’esprit . Telle aire du cerveau traite telle information, séquentiellement etc...
      Or le système nerveux (cerveau + organes sensoriel) ne fonctionne pas comme un ordinateur, mais plutôt de manière analogique, comme un poste de radio, avec des phénomènes de résonance, d’oscillations, de synchronisation. Si les différentes zones du cerveau correspondent grosso modo à des fonctions différentes (de manière topologique), leurs interactions réciproques sont extrèmement importantes, complexes et mal connnues.

      Chaque discipline participant aux sciences cognitives (neurobiologie, psychologie cognitive, psychologie comportementale, informatique, linguistique, philosophie... etc... ) a tendance à proposer son propre modèle partiellement valide (et donc forcément partiellement faux). Le danger est donc de verser dans un réductionnisme (neuronal, comportemental, cognitif, ou autre). L’orateur semble d’ailleurs très influencé par son parcours d’ingénieur. Il précise tout de même que ces techniques sont seulement des indices permettant de travailler sur des hypothèses.

      Pour creuser un peu :
      Sciences cognitives et modèles de la pensée :
      http://www.sens-public.org/spip.php?article30

      – Enfin, il y a la question de l’éthique, qui est, de façon assez « drôle », évacuée à la fin de la présentation (malgré la bonne volonté manifeste de l’orateur). Mais ça pose quand même pas mal de questions, ces applications de la recherche en neurosciences au service du marketing : à juste raison, puisque les études de ce genre utilisant la RMF (résonance magnétique fonctionnelle) sont interdites en France.

      Par contre, ce que j’ai trouvé enthousiasmant dans la présentation, c’est qu’elle fait toucher du doigt et rationalise un petit peu ce qui constitue le savoir-faire des designers, webdesigners, graphistes etc... Ce qui est si difficile à expliquer, justifier. Ça fait prendre conscience de la difficulté et du travail que ça représente.

      Bref, c’est passionnant, mais il est tard, là. :)

      #sciences_cognitives