Alors histoire de bien connecter avec mes enfants, on se regarde des vieux films ensemble, et comme ça ils sont très fiers d’avoir un papa qui sait downloader des bittorrents.
Bref, au début des vacances, comme je vois absolument partout que La folle journée de Ferris Bueller, c’est le grand film générationnel de ma génération (1986, j’avais 16 ans), et que c’est absolument génial et tout et tout, bon ben hop, bittorrent et roule ma poule on se regarde ça ensemble.
Hé ben ah la vache : comment c’est possible encore cet enthousiasme pour une merde pareille ? (Je précise : je l’avais jamais vu.) Comment les gens continuent à dire que c’est génial en 2023 ? Le héros est un petit merdeux de gosse de riche parfaitement odieux d’un bout à l’autre. Il possède dans sa chambre un Emulator II (ça coûtait tellement bonbon ce truc que je pense que même Jean-Michel Jarre n’avait pas un Emulator II dans sa chambre), qu’il n’utilise que pour faire, littéralement, des bruits de chiotte. Ils empruntent la Ferrari de collection du papa de son pote. Évidemment ils détruisent la Ferrari de collection du papa de son pote, et la conclusion c’est que le pote il faut qu’il se laisse pousser des couilles et qu’il arrête d’avoir peur de son papa. Ils font des blagues téléphoniques quasiment rigolotes, sauf que la principale chose que cela dénote c’est qu’ils ont parfaitement intégré le fait qu’ils sont du bon côté des rapports de classe, et ils sont parfaitement odieux avec les gens. La grande sœur qui pourrait faire contrepoint (parce que moins chouchoutée que son frère), c’est une véritable tête à claque aussi. La copine de Ferris a pour unique rôle de valoriser Ferris, en étant belle à ses côtés et soulignant à quel point elle l’admire. Et ils sont tellement rebelles qu’ils sèchent l’école pour une « folle journée » qui revient à faire ce que, grosso modo, tu fais déjà avec tes gosses le week-end.
Vraiment, j’ai vu ça, je m’attendais pas à un chef-d’œuvre, mais vraiment partout je vois des Vlogs qui expliquent que c’est le film des ados de mon temps, alors que c’est vraiment une sombre merde. C’est pas tellement marrant, et je ne comprends pas comment les gens ont pu s’identifier à des gosses de riches parfaitement odieux d’un bout à l’autre.
A l’époque, deux ans avant, on avait déjà eu Risky Business, c’était trop trop cool, Tom Cruise incarnait un gosse de riche qui organisait un lupanar avec des prostituées pour déniaiser ses copains dans la maison de ses parents, pour rembourser la Porche de son papa qu’il avait détruite (quelle originalité dans les soucis des jeunes de mon époque…), et à la fin c’était vraiment trop trop chouette parce que la principale prostituée, elle lui proposait de coucher gratuitement avec lui, parce qu’on est tous romantiques quand on est jeune. Tu penses bien qu’on s’était tous identifiés à un gosse de riche devenu proxénète qui baise gratos avec sa prostituée pour rembourser la Porche à papa qu’il a noyée dans l’étang… Non ?
Bon, du coup la grande m’a demandé de lui récupérer The Breakfast Club, que je n’ai jamais vu non plus, parce que tout le monde lui dit que c’est génial… Je crains donc le pire côté adolescents entitled et tête à claque. La bande annonce me semble moins violente sur la légitimation de la violence de classe, mais je n’ai aucune confiance dans les films d’ado des années 80. Enfin merde, on le sait que les belles valeurs des gosses de riche des années 80, la conclusion logique c’est American Psycho…