• Femmes du jazz | Ferdinand Cazalis
    http://cqfd-journal.org/Femmes-du-jazz

    La lecture, en tant qu’homme, de Femmes du jazz – Musicalités, féminités, marginalisations [1] de la sociologue Marie Buscatto vous apprend des choses le milieu du jazz français – aussi. On y apprend surtout sur soi, homme hors du jazz. Sur les barrières qu’on impose sans y penser, les violences qu’on exerce par habitude. Source : CQFD

  • Abécédaire des prépositions : Escaliers
    http://liminaire.fr/palimpseste/article/abecedaire-des-prepositions-escaliers

    https://youtu.be/wXg6MJlA0Aw

    La forme détournée de l’abécédaire est un genre voué à la célébration de l’acte créateur (le livre des livres). Cette année j’ai décidé d’aborder l’abécédaire par la #Vidéo. Deux fois par mois, je diffuserai sur mon site, un montage d’extraits de films (à partir d’une sélection d’une centaine de mes films préférés : fiction, documentaire, #Art vidéo) assemblés autour d’un thème. Ces films d’une quinzaine de minutes seront accompagnés sur le site par l’écriture d’un texte de fiction. Ce projet est un dispositif à double (...)

    #Palimpseste / Art, #Cinéma, #Écriture, #Musique, Abécédaire des prépositions (le film des films), Vidéo, #Regard, #Inventaire, #Histoire, #Numérique, (...)

    #Abécédaire_des_prépositions_le_film_des_films_ #Sons
    « http://bit.ly/filmdesfilms »
    « https://www.la-marelle.org »

  • RECIT. « Personne n’a compris quoi que ce soit » : comment Tim Berners-Lee a créé le web il y a 30 ans
    https://www.francetvinfo.fr/internet/recit-personne-na-compris-quoi-que-ce-soit-comment-tim-berners-lee-a-cr

    Super article, avec des insights que je ne connaissais même pas !

    En tout cas, c’est clair, avec cette histoire, il devrait y avoir moyen de fêter les 30 ans du web tous les jours pendant quatre ou cinq ans...

    « Il m’arrivait d’avoir 50 comptes ouverts sur différents logiciels et sur différents ordinateurs pour échanger des données avec des collègues. » L’ingénieur français François Flückiger, qui a fait sa carrière au Centre européen pour la recherche nucléaire (Cern), a encore des sueurs quand il se souvient des difficultés à partager des informations avant la création du web, qui fête ses 30 ans mardi 12 mars.

    A la fin des années 1980, il fait partie de la poignée de scientifiques à être sur internet. Le Cern est connecté au réseau dès 1988. Cette année-là, le campus suisse situé entre le lac Léman et le massif du Jura est en pleine effervescence. Un immense chantier touche à sa fin : les équipes composées de scientifiques du monde entier ont enfin relié les 27 km de tunnel du grand collisionneur électron-positron (LEP), l’accélérateur de particules qui a précédé le LHC.
    De la difficulté d’échanger des données

    Pour avancer, cette communauté de chercheurs dispersée aux quatre coins de la planète a besoin de partager une immense masse de données disparates. « Les physiciens doivent échanger tous les documents de travail qui permettent aux collaborations de fonctionner. Ce sont les notes de réunion, les articles écrits en commun, mais surtout les documents de conception et de réalisation des détecteurs » du LEP, explique François Flückiger, alors chargé des réseaux externes au Cern.

    Mais les échanges sont lents et fastidieux. Avant chaque action, les utilisateurs doivent s’identifier. Puis, pour que les échanges aient eu lieu entre deux machines, un premier ordinateur doit en appeler un autre et ce dernier doit rappeler son homologue. « Partager de l’information, à l’époque, c’était compliqué et ça marchait mal », résume François Flückiger, évoquant la « tyrannie des logins » et la « guerre des protocoles ».

    C’était extrêmement complexe d’utiliser internet. C’était infernal.François Flückigerà franceinfo

    Aujourd’hui, dans le langage courant, les termes « internet » et « web » sont devenus interchangeables. Mais il convient de les distinguer. Internet, qui est né dans les années 1970, est, en résumé, l’infrastructure qui permet d’interconnecter des ordinateurs et des objets. Le web, lui, n’est que l’une des applications qui utilisent ce réseau, comme, entre autres, la messagerie électronique, la téléphonie ou la vidéophonie.

    Et avant l’arrivée du web, l’utilisation d’internet relève du parcours du combattant. Face à ces difficultés, des membres du Cern cherchent des solutions. Parmi eux se trouve Tim Berners-Lee. Ce Britannique, physicien de formation et autodidacte en informatique, fait partie d’une équipe qui déploie la technologie Remote Protocol Control, permettant d’appeler depuis son ordinateur des programmes se trouvant sur d’autres machines.
    Au commencement était un schéma

    Il n’y a pas eu de « moment Eureka », comme le raconte la légende concernant Isaac Newton sous son pommier, répète souvent Tim Berners-Lee. Mais à la fin de l’année 1988, le physicien de 34 ans fait part à son supérieur, Mike Sendall, de sa réflexion sur l’amélioration du partage de données. Il lui parle d’un système fondé sur internet et l’hypertexte, autrement dit les liens tels que nous les connaissons toujours aujourd’hui (comme ce lien qui renvoie vers les mémoires de Tim Berners-Lee). En réalité, le Britannique lui propose une version améliorée d’Enquire, un système qu’il avait mis au point quelques années auparavant. Ce système, lui aussi fondé sur l’hypertexte, liait les noms des chercheurs à leurs thèmes de travail.

    Mike Sendall lui demande de rédiger une note à ce sujet. Tim Berners-Lee la lui remet le 12 mars 1989. Le document de 16 pages, disponible sur le site du Cern (PDF), est sobrement intitulé « gestion de l’information : une proposition ». Il montre un schéma buissonnant avec des ronds, des rectangles et des nuages, tous reliés par des flèches. L’idée est de lier entre eux des documents variés du Cern qui, à l’origine, n’ont rien à voir entre eux. « Vague but exciting » ("vague mais excitant"), écrit laconiquement Mike Sendall en haut de la première page de ce document, aujourd’hui considéré comme l’acte fondateur du web.

    Aperçu de la note de Tim Berners-Lee déposée en mars 1989, présentant le principe du web, avec le commentaire écrit de son supérieur Mike Sendall \"vague but exciting...\"
    Aperçu de la note de Tim Berners-Lee déposée en mars 1989, présentant le principe du web, avec le commentaire écrit de son supérieur Mike Sendall « vague but exciting... » (CERN)

    « En 1989, je peux vous assurer que personne n’a compris quoi que ce soit », affirme François Flückiger, qui travaillait dans le même bâtiment que Tim Berners-Lee, à un étage de différence. Et d’insister : "Mike Sendall a écrit ça ["vague but exciting"] mais c’était vraiment incompréhensible." « Je ne pense pas que quelqu’un ait dit que c’était fou », commente dans le documentaire The Web, Past and Future Peggie Rimmer, l’une des supérieures de Tim Berners-Lee.

    Vous devez d’abord comprendre quelque chose avant que vous puissiez dire que c’est fou. Nous n’avons jamais atteint ce point.Peggie Rimmerdans « The Web, Past and Future »

    Aussi incompréhensible soit-elle, cette proposition n’est pas totalement isolée. La même année, sur le même campus, à un kilomètre d’écart, Robert Cailliau a une intuition proche de celle de Tim Berners-Lee. « J’ai écrit une proposition pour étudier les hypertextes par les réseaux du Cern parce que je voyais beaucoup de physiciens qui transportaient des disquettes ou les envoyaient les uns aux autres alors qu’en fait il y avait un réseau », a-t-il expliqué en 2016 lors d’une conférence donnée à l’université de Fribourg (Suisse).

    Mais le Belge met rapidement de côté son projet et se joint au Britannique. Selon ses explications, la proposition de Tim Berners-Lee, « fondée sur internet », « était beaucoup plus ouverte, beaucoup plus utilisable ». Si Tim Berners-Lee fait un premier converti, ses supérieurs l’ignorent poliment. Ils ne peuvent lui allouer de moyens : son idée concerne d’abord l’informatique et non la physique, l’objet premier du Cern. Cela n’empêche pas son supérieur de l’encourager passivement en le laissant faire sur son temps libre.
    Un puissant ordinateur et un nom temporaire

    Le tandem britannico-belge se met au travail. Le Britannique se penche sur l’aspect technique, tandis que le Belge, présent au Cern depuis longtemps, fait marcher ses réseaux et joue les évangélistes au sein de l’institution. « Il a beaucoup œuvré à formuler la pensée de Tim Berners-Lee avec des mots simples et compréhensibles par d’autres communautés », explique Fabien Gandon, directeur de recherches en informatique à l’Inria, qui connaît Tim Berners-Lee. Selon François Flückiger, Robert Cailliau est un « excellent communicant » contrairement à Tim Berners-Lee qui, à l’époque, est plutôt perçu comme un « professeur Tournesol ». Pour lui, l’apport de Robert Cailliau est crucial.

    Robert Cailliau n’est pas le co-inventeur du web, comme cela a pu être écrit, mais il n’y aurait pas eu de web sans lui.François Flückigerà franceinfo

    Au début de l’année 1990, un ordinateur NeXT – la marque fraîchement lancée par Steve Jobs – arrive au Cern. Tim Berners-Lee, impressionné, demande à son supérieur la possibilité d’en acquérir un. Cet outil, particulièrement puissant pour l’époque, est idéal pour développer son projet. Mike Sendall valide : il justifie cet achat en expliquant que Tim Berners-Lee va explorer les éventuelles utilisations de cet ordinateur pour l’exploitation du LEP.

    Tim Berners-Lee et Robert Cailliau posent avec l\’ordinateur NeXT sur lequel le Britannique a codé les premiers outils du web, à Genève (Suisse), le 13 mars 2009.
    Tim Berners-Lee et Robert Cailliau posent avec l’ordinateur NeXT sur lequel le Britannique a codé les premiers outils du web, à Genève (Suisse), le 13 mars 2009. (MARTIAL TREZZINI/AP/SIPA)

    En attendant que l’ordinateur arrive, la réflexion de Tim Berners-Lee progresse. En mai 1990, il fait une seconde proposition (PDF) et y évoque le vocable de « mesh » ("filet") pour désigner son idée. Le même mois, en compagnie de Robert Cailliau, il se penche sérieusement sur le nom du projet. Le Belge raconte dans une note (en anglais) vouloir écarter d’emblée les références à des dieux grecs ou à la mythologie égyptienne, une habitude à la mode chez les scientifiques. « J’ai regardé dans la mythologie nordique mais je n’ai rien trouvé qui convenait », précise-t-il auprès du New York Times (en anglais) en 2010.

    Tim Berners-Lee, lui, a plusieurs pistes. Il pense donc à « mesh » mais l’écarte rapidement car il trouve que la sonorité ressemble trop à « mess » ("bazar"). La possibilité de l’appeler « Mine of information » traverse également son esprit mais il trouve que l’acronyme MOI est trop égocentrique. Même réflexion pour « The information machine » dont l’acronyme TIM résonnerait comme une autocélébration. Le Britannique affectionne également « World Wide Web » ("la toile d’araignée mondiale"). Ses collègues sont sceptiques. Ils soulignent que l’acronyme « www » est long à prononcer en anglais : « double-u, double-u, double-u ».

    Dans ses mémoires, Tim Berners-Lee précise que pour Robert Cailliau, qui parle flamand, et comme pour ceux qui parlent des langues scandinaves, « www » se prononce simplement « weh, weh, weh ». « World Wide Web » finit par figurer sur la proposition commune des deux hommes déposée le 12 novembre 1990 (PDF). Mais il ne s’agit, pensent-ils, que d’une solution temporaire.
    Il ne fallait surtout pas éteindre le premier serveur

    Entre temps, l’ordinateur NeXT a fini par être livré, en septembre 1990. De quoi ravir Tim Berners-Lee, se souvient Ben Segal, le mentor du Britannique. « Il m’a dit : ’Ben, Ben, c’est arrivé, viens voir !’ Je suis allé dans son bureau et j’ai vu ce cube noir sexy. » Tim Berners-Lee peut enfin donner forme à son projet. Il s’enferme et propose, à quelques jours de Noël, le 20 décembre, la première page web de l’histoire et un navigateur appelé lui-même World Wide Web. Ce premier site, visible à cette adresse, pose l’ambition encyclopédiste du web et affirme que le projet « entend fournir un accès universel à un large univers de documents ». Il propose, entre autres, une présentation, une bibliographie et quelques liens.

    Capture d\’écran de la reproduction du premier site web mis en ligne en décembre 1990 par Tim Berners-Lee.
    Capture d’écran de la reproduction du premier site web mis en ligne en décembre 1990 par Tim Berners-Lee. (CERN)

    L’ensemble tient grâce aux trouvailles imaginées et développées par le Britannique : le protocole HTTP (grâce auquel des machines peuvent échanger entre elles sans les lourdeurs jusqu’alors nécessaires), la notion d’URL (qui donne une adresse précise à chaque document disponible sur le réseau) et le langage HTML (langage informatique qui permet d’écrire et de mettre en forme les pages web).

    Si le protocole HTTP et le langage HTML marchent si bien ensemble, c’est parce qu’ils proviennent d’un seul et même cerveau.François Flückigerà franceinfo

    Le fameux ordinateur NeXT de Tim Berners-Lee sert de serveur à ce web embryonnaire. Autrement dit : sans lui, pas de web. Pour que personne ne l’éteigne par mégarde, il colle dessus une étiquette et écrit en rouge « Cette machine est un serveur. NE PAS ÉTEINDRE !! »
    Le web tisse sa toile

    Dix-huit mois après la première proposition, la donne change totalement. François Flückiger le concède sans détour : ce n’est qu’à partir de cette première mise en ligne qu’il est convaincu par l’innovation de Tim Berners-Lee, anticipant au moins un succès au sein de la communauté scientifique. Le projet séduit également le Français Jean-François Groff. Ce jeune ingénieur en télécom de 22 ans vient de débarquer au Cern, dans le cadre de son service civil, « pour travailler sur l’acquisition de données ». « Tim Berners-Lee était un voisin de bureau et c’est un collègue qui nous a présentés assez vite à mon arrivée », raconte-t-il. Aussitôt, c’est l’entente parfaite. « J’avais la culture nécessaire pour comprendre ce qu’il faisait. Et étant exposé au succès du minitel en France, j’ai tout de suite saisi la portée que pourrait avoir son sytème », ajoute-t-il.

    Le jeune Français fait rapidement part de ses idées à celui qui travaille alors seul au développement du projet. Pour lui, le système doit tourner sur tout type de plateforme. « Tim était d’accord. Mais il nous fallait un peu de temps et de ressources pour transférer ce prototype », relate Jean-François Groff. Ce dernier se met alors à travailler « en sous-marin » avec Tim Berners-Lee pour « écrire une librairie de logiciels ». Au cœur de l’hiver, il ne compte pas les heures supplémentaires à coder en écoutant à la radio les dernières nouvelles de la guerre du Golfe.

    Souvent, je terminais vers 17 ou 18 heures ma journée normale. Je rentrais chez moi, je mangeais et je rejoignais Tim à 21 heures jusqu’à 2 ou 3 heures du matin.Jean-François Groffà franceinfo

    Avec le travail accumulé, l’ouverture s’accélère. En mars, le logiciel est mis à disposition à des collègues sur des ordinateurs du Cern. A la même période, Jean-François Groff bascule, de façon non officielle, à plein temps avec Tim Berners-Lee.

    Le 6 août, le Britannique fait part de son innovation à l’extérieur du Cern. Il partage sur un groupe de discussion un texte présentant les grandes lignes de son projet. « Nous sommes très intéressés par le fait de propager le web dans d’autres endroits. (...) Les collaborateurs sont les bienvenus », écrit-il. C’est avec cette annonce que le web commence à intéresser du monde, à tisser sa toile sur d’autres campus et à se répandre sur la planète. Le début d’une révolution historique qui connaît un coup d’accélérateur déterminant lorsque le Cern verse le web dans le domaine public en avril 1993.

    Mais aujourd’hui Tim Berners-Lee se dit « dévasté » par ce qu’est devenu le web. Il regrette la toute puissance d’une poignée de géants comme Google, Amazon ou encore Facebook, et déplore l’utilisation qui est faite des données des utilisateurs. Le Britannique, qui a été anobli en 2004, milite désormais pour un web décentralisé. Avec son nouveau système baptisé Solid (en anglais), il souhaite que les internautes « reprennent le pouvoir » sur leurs données personnelles. « Il n’y aura plus de streaming reposant uniquement sur la publicité, a-t-il anticipé lors d’une conférence, en octobre 2018. Du point de vue des développeurs, leur seule préoccupation sera de construire des services utiles pour les utilisateurs. » Une ambition qui renverse en grande partie le modèle économique du web actuel, et renoue avec l’idéal des débuts.

    #Histoire_numérique #Web #Tim_Berners_Lee

    • MESH !!! C’est aussi le nom qui avait été donné à une application géniale qui transformait ton smartphone en talkie-walkie. J’en attendais beaucoup mais ça n’a jamais pris et j’ai jamais compris pourquoi. J’ai voulu le re-tester récemment et j’ai vu que l’application demandait l’autorisation d’accéder à un paquet de données, je sais plus trop quoi en penser... Bref, là n’est pas le sujet : #merci @hlc pour cette super trouvaille qui ne nous rajeuni pas !

    • y a pas à dire, ça ne nous rajeunit pas tout ça. Mais dites-moi, vous autres, ça fait combien de temps que vous êtes accro à Internet ? Moi perso, ma première connexion (en RTC puisque habitant dans un bled d’à peine 200 habitants) remonte à 2002. J’avais 45 ans. Mon premier PC ? Acheté en 1999 (4,3 Go de disque dur, 64 Mo de RAM, processeur AMD K6-2 cadencé à 350 Mhz). On commençait à parler de Google qui se définissait comme un « méta-moteur » (de recherche) et certains se la pétaient en prétendant pouvoir télécharger des trucs copyrightés sur Napster. Les gosses utilisaient eMule et ça prenait plusieurs jours pour télécharger un film (56 kbps oblige). J’arrivais même pas à visionner des vidéos sur Youtube. Le FAI que j’avais choisi : Free, car assez compétitif sur les offres bas-débit (15 €/mois pour 50 h de connexion). Après, 4 ans plus tard, quand l’ADSL est arrivé jusque chez moi, je suis passé obligatoirement chez Orange vu que l’opérateur « historique » n’avait pas encore ouvert ses tuyaux à la concurrence pour les bouseux.
      Et sinon, je naviguais avec Internet Explorer (navigateur par défaut installé sur Windows 98). Quelques années plus tard je suis passé à Firefox en commandant un CD-ROM d’installation avec le manuel utilisateur (en anglais) arrivé dans une belle pochette tout droit des États-Unis. J’avais pas dû comprendre assez rapidement qu’on pouvait l’avoir gratos en le téléchargeant en ligne mais vu le débit que j’avais sur ma connexion RTC, je me dis que j’ai pu gagner du temps en soutenant financièrement la Mozilla Foundation ...

    • Ah, c’est beau d’être jeune... Ma première navigation sur le web, c’était en 93, sur un terminal VT 220 (caractères oranges sur fond noir, 25 lignes de 80 colonnes). Les liens étaient en surbrillance, entre crochet avec des numéros... et il fallait faire « escape + le numéro » pour suivre le lien. Comme dans Lynx quoi ;-) Le modem à 9600 bauds était un champion de course par rapport au modem à 300 bauds et écouteurs sur lesquels on plantait le téléphone pour la porteuse qui fut ma première connexion (transpac, hein, pas internet... en 1984, fallait vraiment être un geek comme @Bortzmeyer pour avoir un accès internet...)

    • Ma première page web (en mode local, je n’avais pas de serveur) était en 94. Je devais faire une présentation à une conférence. J’avais insisté pour avoir un vidéoprojecteur. A l’époque, c’était des machines énormes, 1,5m de long !!! Mais les gens étaient enthousiastes : depuis des heures les bavards parlaient de l’internet, mais dans la salle personne n’avait jamais rien vu... alors autant dire que ma démo a soulevé les foules.
      Evidemment, c’était une copie locale de chose existant sur le web... mais c’est la magie du spectacle : faire croire qu’on est en direct live alors qu’on fait du playback.
      Bon, la fin de l’histoire, c’est que ça a tellement plu qu’on m’a invité à une conférence à Moscou en 94. Valab !
      Faut dire aussi que tout avait failli mal tourner : le disque dur externe de 10Mo (oui Mega) sur lequel j’avais préparé ma démo est tombé de mon bureau la veille... tout éclaté. J’ai couru dans le labo d’informatique pour faire ressouder... et quand je suis arrivé, les techniciens n’avaient pas vraiment envie de toucher à ça. J’ai fait la soudure moi même. Et hop, c’est reparti !!!

    • en 91, pendant l’organisation d’un festival d’art contemporain avec quelques amis ( https://www.le-terrier.net/albums/acte_festival/index.htm ), nos recherches de jeunes artistes dans les écoles d’art et ailleurs nous avaient conduit au départ de notre périple à rencontrer, aux beaux arts de Nantes Pierre Giquel et Joachim Pfeufer, qui y enseignaient. On a assisté pendant notre séjour à une drôle d’expérience qui les tenaient en haleine depuis pas mal de temps (je ne sais pas si c’était lié ou non au projet Poïpoïdrome ou pas, je crois que oui, faudrait leur demander) : tenter d’échanger entre trois pôles géographiques très éloignés (mes souvenirs me disent Japon et USA, mais hmmm...) des images (façon de parler) simultanément.
      Je trouvais si disproportionnés les efforts techniques mis en place et le résultat, que je ne voyais pas du tout l’intérêt de ce bordel, et moins encore artistiquement.
      Cinq ans après, la toute première version du Terrier apparaissait sur Mygale et me tenait éveillé des nuits entières à bricoler des pages HTML et je considérais que j’étais en train de vivre l’aventure artistique la plus excitante depuis l’invention de la video.

    • Ben non j’étais aux Arts Déco, sur la date je suis à peu près sûr que c’était en deuxième année, donc 87-88. Le cours d’histoire de l’art de Don Foresta. Ou alors en vidéo. Puisqu’il donnait des cours de vidéo aussi, certains auxquels j’ai assisté quand bien même je n’étais pas en vidéo. Il faudrait que je demande à une amie qui y était aussi et avec laquelle je suis encore en contact.

      En tout cas je suis sûr que ce n’était pas aux États-Unis, où je n’ai jamais entendu parler de connexion pendant les trois ans où j’y ai étudié (88-91).

      Et je suis sûr que ce n’était pas au Japon où de fait je ne suis jamais allé.

    • Et sinon j’ai le souvenir de connexion entre des postes connectés des deux côtés de l’Atlantique entre Paris et les Etats-Unis dans une école de photographie où j’ai accompagné Robert Heinecken qui y donnait un stage. Il y avait une sorte de partage d’écrans à distance, mais cela ne fonctionnait pas bien du tout. L’école en question était rue Jules Vallès à Paris et ça c’était en 1991 ou 1992.

    • Première connexion en 1992, j’étais en DEA au Canada (Guelph), mais je n’avais qu’un seul correspondant, un copain qui faisait sa thèse à Orsay.

      Retour à Paris, à Jussieu, je demande à créer un nom de domaine pour mon labo, mais je suis le seul à l’utiliser, les autres ne comprenant pas à quoi ça peut servir. Mes correspondants ne sont encore que des copains scientifiques étudiant dans des universités.

      Je crois qu’il faut attendre 1995, mon post-doc aux USA, pour que je commence à avoir des correspondants qui ne sont pas des scientifiques. A l’époque mes mails sont en fichier texte et j’archive tout. Jusqu’en 2005, une année de mail « pèse » à peine 10 Mo...

    • Alors ça ! Je suis impressionnée par les croisements de liens que contiennent ces commentaires. Je sais pas par où commencer, donc autant le faire chronologiquement :

      – en 1987/88 j’ai eut un prof de math, remplaçant, très jeune, et tellement passionné qu’il a réussi en quelques semaines à élever le niveau de la classe de premières littéraires dont je faisais partie. Je me rappelle particulièrement de son cours où il nous avait expliqué et fait découvrir sa passion : ce truc qui s’appelait ordinateur et faisait plein de trucs à partir du 0 et du 1 ! Je revois très bien ce machin, bizarre, cette sorte de télé sans image. Je me rappelle m’être dit que c’était complètement loufoque de tout « coder » en 0 et 1 et que c’était assez surréaliste pour me plaire...

      – je me rappelle quelques années plus tard, 1992/93, de l’émulation et de l’électricité qui régnait dans le sous-sol de l’école des Beaux-Arts de Nantes autour de Joachim Pfeufer et des quelques écrans, toujours squattés, que je n’avais jamais vraiment pu approcher. Du coup j’avais feint le dédain, mais surtout, c’était l’autre labo, celui de photo, qui m’attirait. (Bon en fait j’ai fini par m’embrouiller avec quasi tous les profs, donc j’ai pas gardé de supers souvenirs de cette seule année passée dans ce lieu qui m’avait tant fait rêver pendant toute ma scolarité...)

      #mon_premier_ordinateur_à_moi, avec accès immédiat à internet puisque c’est pour ça que je l’avais acheté, ça a été quelques années plus tard, mais j’arrive plus à me rappeler précisément, je dirai 1998 ou 99. Je l’avais pris en leasing chez Ooreka et ... ça a bouleversé ma vie, ça m’a permis d’apprendre, de comprendre, de travailler... à tel point que lorsque mon appartement a été incendié en 2000, c’est une des premières choses que j’ai voulu récupérer (après mes négatifs et mon appareil photo, bien sûr !)

      Je vois que nulle part n’est mentionné le #minitel, mais pour moi il fait partie de l’histoire, un peu, aussi ;)

    • @val_k oui, le minitel a pas mal pris de place également dans l’histoire pour moi également ; j’ai pu y découvrir toute la fécondité de l’hétéronymie : un ami avait monté un serveur en 88, à Rennes, qu’il avait appelé Factel. J’y passais des nuits entières à composer des textes/images, sous divers hétéronymes, que je postais sur le forum, tirant des réponses des autres connectés la matière pour les réalisations suivantes ; j’ai quelque part dans mon bordel des pages imprimées sur une matricielle à aiguilles, sans doute très délavées, de ces espèces de calligrammes électroniques. Tout ça a été la matière première de ce qui allait devenir dans les newsgroups (frap, essentiellement) les newsgroup-poems de Olivier Wattez.
      celui-là jouait avec le tempo des expéditions (comme pas mal de gens causaient sur frap, des messages hétérogènes pouvaient s’insérer à tout moment dans une tentative de filer des messages)

      https://www.le-terrier.net/lestextes/wattez/wattezpoemes/pli/pli.htm

      celui ci sur les imbrications de messages produisant des changements de sens

      https://www.le-terrier.net/web_art/heraclite/heraclite.htm

      celui-ci sur les limites de l’ascii imposées par les contraintes de cadre formel des newsgroup

      https://www.le-terrier.net/web_art/menines/01/index.htm

  • La restauration du Désordre

    L’année dernière j’ai mis fin à une expérience et un travail vieux de dix sept ans, le Désordre. Pour tout dire j’étais assez fâché (et quand De Jonckheere fâché, lui toujours faire ainsi). J’étais fâché à la fois contre moi-même et contre certaines forces occultes que j’identifiais avec difficulté. Pour ce qui est des forces occultes, je ne sais pas si ce sont les bénéfices parfois inescomptés de la psychanalyse (oui, je suis allé refaire une petite partie du vieux jeu juif viennois, la quatrième), ou l’intervention quasi divine d’un ange roux (si le pauvre @jsene savait que je pense parfois à lui en ces termes), toujours est-il que d’une part j’ai compris que je ne pouvais continuer de vivre jusqu’à la mort tel un Don Quichotte du Val-de-Marne et que je ne pouvais pas de la sorte laisser en plan, agonisant dans un fossé sur le bord de la route un enfant de dix sept ans dont j’étais malgré tout le père, le Désordre.

    Naturellement, à cette introduction, vous aurez compris que je n’ai pas tout à fait perdu cette habitude mienne de tout exagérer et donc vous allez voir comme c’est simple.

    Les quatre grands derniers travaux du Désordre ont tous les trois été réalisés sous la forme Ursula qui fait la part belle d’une part aux fichiers sonores et aussi aux images animées, à la vidéo. Or, il y a cinq ans, je m’y suis mal pris pour les intégrer, j’ai choisi une voie privée (et donc propriétaire), celle du Flash et cette erreur aurait pu et dû être fatale. Et j’espère pouvoir m’en rappeler jusqu’à la fin de mes jours. En effet pour pouvoir lire fichiers sonores et vidéo, j’avais recours à de petits lecteurs en Flash, c’était d’ailleurs une torture de code à installer et pire, pour ce qui est des fichiers vidéo, cela supposait une exportation des fichiers vidéos dans un format Flash (.flv) qui en soit était un poème (et requérait l’emploi d’un petit utilitaire au fonctionnement capricieux, pour parler poliment, que de souvenirs !). Et, de la sorte j’aurais donc produit pas loin de cinq cents fichiers vidéo dont la lisibilité n’a pas cessé de décliner les cinq dernières années. Autrefois hégémonique, ce format propriétaire est finalement tombé en désuétude pour ne plus être lisible qu’au prix de réels efforts de la part des visiteuses et des visiteurs de sites à maintenir leur propre navigateur équipé d’extensions de plus en plus exotiques.

    Le comprenant l’année dernière à un moment d’une certaine lassitude par ailleurs (comme il en est arrivé d’autres pendant la route sinueuse du Désordre), j’ai fini par capituler, cela tombait bien je venais de fermer la parenthèse de Qui ça ? (http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/index.htm ) qui elle même me permettait de fermer celle d’Ursula ( http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/index.htm ) et les parenthèses s’enchâssant les unes dans les autres, cela ressemblait fort à la fin du Désordre. Dont acte. Pour ne rien arranger, Guy, mon ordinateur s’appelle Guy, pouvait dûment exiger son départ à la retraite, mon appareil-photo, après avoir déclenché 300.000 fois a poussé un dernier râle que j’ai pu enregistrer in extremis avec l’appareil enregistreur qui n’avait jamais été conçu pour vivre au fond d’une besace de photographe dans la promiscuité d’objectifs et autres ustensiles certains contondants, l’enregistreur était kaputt aussi.

    C’est là que l’ange roux est intervenu et qu’il a parlé et il m’a tenu à peu près ce langage

    ``<audio src=« mon_fichier_audio.mp3 » controls></audio>``

    Et

    ``<video width=« xxx » height=« xxx » controls><source src=« mon_fichier_video_mp4" type="video/mp4"></video>``

    Ce qui veut dire qu’en html5, la nouvelle norme universelle du langage html, on peut enfin directement intégrer sons et vidéos dans le code, sans passer par le folklore d’un lecteur importé.

    Et ça change tout.

    Pour ce qui était de l’intégration des fichiers sonores, je voyais bien comment en m’y prenant avec un peu de dextérité, en faisant des rechercher/remplacer de portions de codes, je pouvais m’en sortir, et c’est ce que j’ai fait sans trop de grande difficulté. N’était-ce qu’en n’ayant plus mis les pieds dans les arborescences du Désordre depuis plus d’un an, j’avais un peu oublié certaines de mes façons personnelles de ranger les choses selon un principe de la libre association qui s’il est vivement encouragé par mon analyste est moins payant en informatique.

    Pour les fichiers vidéos c’était une autre paire de manches parce que le format .flv n’était pas interprétable, il fallait repasser tous les fichiers .flv en .mp4 ce qui ne se fait pas sans une certaine perte de qualité, notamment du son et notamment de l’image. Et là inutile de dire que la perspective de reprendre une à une les cinq cents séquences vidéo du Désordre n’avait rien d’engageante (j’avais déjà par le passé écopé le navire avec une passoire plus d’une fois, je savais un peu la dépense de ce genre de campagnes). J’ai malgré tout décidé de m’y mettre (on reconnaît l’idiot au fait qu’il regarde le doigt du sage quand il montre la lune ou quand il ne recule pas à l’idée de reprendre 500 séquences vidéo, certaines au noms de fichiers peu clairs dispersés sur une dizaine de disques durs externes) . Fichiers après fichiers et insertions de balise cohérente après insertions de balises cohérentes. A la main. De la folie. Pure. 

    Et pour le son c’est pareil et même que cela permet des démarrages du son automatique dès le chargement de la page autrement qu’avec un script qui fait appel à certaines fonctionnalités pas très constantes du serveur, on codait de ces trucs au millénaire précédent. 

    « Et voilà le travail ! », suis-je tenté de m’écrier (un peu) immodestement. Pour marquer le coup j’ai inséré une vidéo et un son sur la page d’accueil du Désordre (http://www.desordre.net ). 

    Il y a par ailleurs quelques rubriques dans lesquelles ce travail de restauration est assez payant, ce sont, notamment les formes Ursula, la première, Ursula elle-même (http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/index.htm ), puis le journal de Février (http://www.desordre.net/bloc/ursula/2015/index.htm ), Arthrose (http://www.desordre.net/bloc/ursula/arthrose/index.htm ) et enfin Qui ça ? (http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/index.htm )

    Je me suis d’ailleurs aperçu que je n’avais pas fini Février. Il reste une centaine de pages auxquelles il faudrait que je mette la main.

    Et à vrai dire il y a plein de trucs comme ça qui ne sont pas vraiment finis dans le Désordre, ça n’étonnera personne. Je ne fais pas de promesses, mais je vais essayer. Et, qui sait ? j’aurais peut-être de nouveau envie d’ajouter de nouvelles pages à cette affaire (je dois dire que de reprendre certaines parties endommagées du site me fait toucher du doigt ce plaisir curieux qui a été le mien pendant les vingt dernières années, ou presque, de triturer du code pour raconter des histoires, fussent des histoires dans lesquelles on s’égare, moi le premier), notamment avec les deux ou trois trucs que je brouillonne dans Seenthis. Les #flux_détendus, #De_la_Dyslexie_créative, les #Moindres gestes, #Mon_Oiseau_bleu et d’autres que je brouillonne ailleurs encore, _Frôlé par un V1 et Les Anguilles les mains mouillées, ou encore My Favorite Favorite Things. Bref Désordre peut être pas entièrement mort. On verra bien. 

    #retour_au_desordre

    • @aude_v Non, ce n’est pas vraiment un recommencement, j’explore, j’archive, je corrige, je mets à jour, je reconçois un peu les choses différemment à certaines endroits, bref je bricole. Ca peut déboucher sur quelque chose comme ça peut très bien rester comme ça, je ne sais pas encore. Et autant je me sens une toute petite chose devant Le Dossier M. , autant devant le site, ça va je pense que je pourrais encore lui en remontrer un peu question prolifération en ligne.

  • Le premier « ghetto pour #riches » de Suisse va voir le jour en #Thurgovie
    http://www.rts.ch/info/regions/autres-cantons/9458456-le-premier-ghetto-pour-riches-de-suisse-va-voir-le-jour-en-thurgovie.htm
    https://www.rts.ch/2018/04/03/11/30/9458455.image?w=624&h=351

    Un projet immobilier destiné aux (très) riches va voir le jour sur les rives du lac de Constance, relatent le Tages Anzeiger et le Bund mardi. Ce sera probablement la première résidence sécurisée de Suisse.

    Un total de 17 appartements sont à vendre, entre 1,6 et 5 millions de francs l’unité, sur une immense parcelle au bord de l’eau. Chacun aura sa piscine privée - en plus du bassin couvert commun, du fitness et du spa, du service de limousines ou du garage climatisé pour voitures de collection.

    La résidence sera surtout dotée d’une très haute clôture et de caméras de surveillance, alors que des patrouilles veilleront jour et nuit à la sécurité des résidents. Les deux quotidiens alémaniques désignent ce futur lotissement très sélect comme le « ghetto pour riches du lac de Constance. »

    Le chantier doit démarrer en mai sur la commune d’Uttwil (TG), au bord du lac et à côté du camping municipal. L’ouverture est prévue en été 2019.
    De riches Suisses en quête d’une communauté pour seniors

    Les promoteurs expliquent que les appartements se vendent bien - à des Suisses et non pas à des Arabes ou à des Russes, précisent-ils. Il s’agit de personnes de plus de cinquante ans, parmi lesquelles des médecins ou des entrepreneurs, et qui préfèrent parler de communauté pour seniors plutôt que de résidence de luxe.

    L’architecte en charge du projet rejette catégoriquement l’image de ghetto. Il n’y aura ni barbelés ni bergers allemands, précise-t-il.

    Ces copropriétés sécurisées sont très répandues en Amérique, du Nord et du Sud, mais pas du tout en Suisse. Les Verts s’étaient pourtant déjà inquiétés en 2009 d’une possible arrivée de ce modèle sur territoire helvétique.
    « Un modèle de ségrégation » selon le Conseil fédéral

    Dans sa réponse à leur postulat, le Conseil fédéral avait déclaré alors qu’il n’y en avait pas en Suisse. Il soulignait à cette occasion que ces résidences fermées étaient un modèle de ségrégation mettant en danger la cohésion de la société. Le gouvernement estimait qu’il fallait donc à tout prix éviter leur émergence en Suisse.

    Les habitants et les autorités de la commune thurgovienne d’Uttwil, eux, sont contents de l’arrivée de ce lotissement baptisé « Port du Navire ». La parcelle était en friche depuis la faillite - il y a plus de dix ans - de l’armateur allemand qui y avait installé son siège.

    Alain Arnaud/oang

    #suisse #ghetto @cdb_77

  • #Ausencias (absences)

    «Ausencias» es un proyecto expositivo que partiendo de material fotográfico de álbumes familiares muestra veintisiete casos a través de los cuales se pone rostro al universo de los que ya no están: trabajadores, militantes barriales, estudiantes, obreros, profesionales, familias enteras; ellas y ellos víctimas del plan sistemático de represión ilegal y desaparición forzada de personas, instaurado por la dictadura militar argentina y la brasilera.
    Son imágenes de desaparecidos y sobrevivientes en un mismo lugar con 30 años de diferencia.
    “Partí de una necesidad expresiva personal de ponerle presencia a la ausencia, pero al mismo tiempo de buscar aportar a la memoria”, señaló Germano, fotógrafo radicado en España, cuyo hermano Eduardo fue secuestrado a los 18 años en 1976

    http://www.gustavogermano.com


    #absence #photographie #desaparecidos #disparus #Argentine #Brésil #Uruguay #Colombie #ceux_qui_restent #celles_qui_restent #histoire #dictature_militaire #mémoire #Gustavo_Germano #albums_de_famille #celleux_qui_restent
    cc @albertocampiphoto @philippe_de_jonckheere

    @reka : ça ne serait pas aussi un peu en lien avec la #géographie_du_plein et la #géographie_du_vide ?

  • La troisième guerre mondiale est finie
    Le monde est en reconstruction
    Des concours ont lieu dans les entreprises

    Je nourris le projet d’une plateforme
    De libre accès universel au patrimoine mondial
    Je suis doublé par un projet de commerce de friandises

    Au marché, j’apprends, avec une tristesse
    Mélangée de soulagement
    Que la maraîchère prend sa retraite bientôt

    Je vais regretter ses légumes, ses fruits
    Mais aussi ses conseils
    À la fois de cuisson et de conservation

    Elle m’en donne un dernier
    Mettez vos carottes les gros bouts
    Dans le fond

    Avec Émile on donne au rosier
    Une dernière chance
    Une coupe biseautée à mi-troncs

    Je soulage et paille
    Les lauriers
    Je rafraîchis le lilas

    Dans un mois
    On ratiboise
    Les anémones du Japon

    En attendant
    Récolte ultime des tomates
    Confiture de tomates vertes

    Mon amie Laurence
    Est guérie !
    Une CRP normale <5mg/l

    Ce que parfois je gouglis
    Pour écrire un poème
    « CRP normale dans le sang »

    Darnes de truite et riz
    Salicorne frit
    Yaourt confiture de tomates vertes

    Je ne sais pas si cela est un songe
    Me levant de sieste
    Je suis poussé à certaines corrections

    Longue marche dans le bois
    Dont sont faits les rêves
    Avec Émile et Zoé

    Zoé m’explique comment
    Certains arbres sont déjà
    Pour elle, des souvenirs d’enfance

    Je lui réponds
    Que dans les Cévennes
    C’est un pareil pour moi

    «  ? Et c’est pour ça
    Que parfois
    Tu es triste dans les Cévennes ? ? Oui

     ? Mais pourtant tu nous dis toujours
    Que tu as eu une enfance heureuse ?
     ? C’est pour ça justement que je suis triste

     ? Et c’est maintenant que tu es triste ?
     ? Non maintenant je suis heureux
     ? Je ne suis pas sûre de comprendre. ? Moi non plus »

    De retour à la maison
    Négociation pour un coup de main
    Pour plier le linge

    http://desordre.net/musique/coleman_free_jazz.mp3

    «  ? Est-ce qu’on peut mettre de la musique ?
     ? Oui, est-ce que je mets un disque d’Ornette Coleman
     ? Non de la musique… ? Ah de la musique ?

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2015/sons/louise_attaque.mp3

     ? Oui de la musique ! ? Bon ben d’accord »
    Quand je vais mettre ces t-shirts cette semaine
    Est-ce que j’entendrais du reggae ? Pitié !

    «  ? Excuse-moi, je suis un peu préoccupé en ce moment
     ? Bah Papa, on s’en est rendu compte
     ? J’ai des soucis ? Au travail ? Oui

     ? C’est le blues du dimanche soir ?
     ? Non, à mon autre travail, ce que j’écris
     ? Rassure-moi Papa, tu ne viens pas de commencer un nouveau texte ?

     ? Si, et il est…
     ? Très compliqué ?
     ? Oui ? On va encore prendre cher

     ? En fait c’est une cinquantaine de récits
     ? Qui doivent raconter une seule histoire ?
     ? Oui ? Bah ça c’est ce que tu fais d’habitude ?

     ? Oui, mais je vieillis
     ? Tu te souviens plus de ce que tu as écrit
    D’une fois sur l’autre ? ? Oui ! »

    N’empêche
    Oui, je vieillis
    Je suis épuisé

    Roulés thon guacamole
    Lentilles et carottes
    Fruits à volonté

    Discours de vieux con
    À propos d’informatique
    Avec Sarah ! Carelessness

    Discours de vieux con
    À propos de tabagie
    Avec Émile ! Hopelessness

    Discours de vieux con
    A propos de paresse
    Avec Zoé ! Sense of humour failure

    C’est dimanche soir
    Et si je regardais un film ?
    Le Havre d’Ari Kaurismaki avec Zoé !

    #mon_oiseau_bleu

  • Concours de pâte à modeler
    Au Val André
    Je gagne haut la main avec un aileron

    Je dépose Zoé au collège
    Nous passons devant notre arbre
    Longtemps que nous ne l’avions photographié

    http://www.desordre.net/musique/comelade.mp3

    Je mets un peu la radio
    On tresse des louanges au Premier Ministre
    Je switche : Pascal Comelade

    J’ai reçu un courriel de Daniel
    Photographies de son exposition
    Je suis ému aux larmes, presque

    J’expédie les affaires courantes
    Sans joie
    On s’en doute, open space

    Un coup de téléphone d’Isa
    Me délivre
    De l’ennui, de l’ open space

    Déjeuner avec Isa au BDP
    A la fois chaleur de l’amitié
    Et sentiment d’être avec ma grande sœur

    Je ne sais pas très bien
    Comment faire la transition
    Entre Isa et l’ open space

    On me demande de rebondir
    Sur un courriel
    Je réponds que cela na pas être facile

    Dans le parking du temple
    Une dame qui range ses courses
    Voudrait en découdre avec moi !

    Si je l’ignore elle m’insulte
    Si je réponds, elle crie
    Mon tort ?, en fait je n’en sais rien

    Je rends mon charriot, elle continue de m’invectiver
    « Je crois que nous ne sommes pas faits l’une pour l’autre »
    Mon ironie se traduit mal dans sa langue

    «  ? Connard !
     ? Mais madame … » Arrive son fils paniqué
    Je crains le pire, il s’excuse, Maman fait une Tourette

    Il est surpris que je sache ce que cela veut dire
    «  ? Ce n’est pas grave Monsieur, votre maman
    N’a rien fait de grave, au revoir Madame… »

    «  ? Connard !
     ? Maman !
     ? Au revoir Monsieur ? Oui, au revoir, pardon… »

    Finalement
    Un fils autiste
    C’est plutôt tranquille !

    Je range les courses
    Je dépose Zoé au théâtre
    Je joue aux échecs avec Émile

    Je cuisine une tarte salée
    Je vais chercher Zoé au théâtre
    J’essaie d’écrire un peu

    Mon Oiseau bleu
    Les anguilles les mains mouillées
    Frôlé par un V1

    Mon Oiseau bleu
    Une page, un dialogue
    Douze poèmes

    Les Anguilles les mains mouillées
    Deux pages relues
    Un seul rêve

    Frôlé par un V1
    Trois pages relues
    Une précision annotée

    #mon_oiseau_bleu

  • Passage matinal du cantonnier
    Débroussailleuse sous ma fenêtre
    Je me serai cru dans les Cévennes. Bientôt !

    Où je découvre
    Médusé
    Que je fais de l’épanorthose

    Une Fuite en Egypte
    Est un récit en épanorthose
    C’est mon ami Sébastien Rongier qui l’écrit

    À la piscine
    Je combats mon arthrose
    Et je rumine mon épanorthose

    À la piscine je suis dépassé
    Dans ma longueur de sprint par un jeune nageur
    Qui, lui, est dans son rythme de fond !

    Je ne suis pas sûr de faire la différence
    Entre être lu aussi intimement
    Et être déshabillé. Sébastien !

    http://www.desordre.net/bloc/contre/sons/tetreault_yoshihide.mp3

    Otomo Yoshihide
    Toshimaru Nakamura
    En duo. Concentration

    33/cd
    34/cd
    35/dvd

    Les musiciens japonais
    Et les titres
    De leurs morceaux

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/sons/20140227_jean-luc_guionnet_toshimaru_nakamura.mp3

    Otomo Yoshihide / Toshimaru Nakamura
    Jean-Luc Guionnet / Seijiro Murayama
    Je veux retourner au Tracé provisoire !

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2015/sons/jlg_seijiro_murayama.mp3

    A Nantes, Seijiro Murayama m’avait expliqué
    Que les Japonais, aussi,
    Aimaient les contrepèteries

    Dans la salle d’attente
    De chez l’orthophoniste
    Tu finis de lire Ruine d’Alain Spiess

    Dans la salle d’attente
    De chez l’orthophoniste
    Tu as lu tant de (grands) livres

    Le soir, tu lis l’Étreinte
    D’Adrien Genoudet
    Tu oscilles sans cesse

    Tu lis l’Étreinte d’Adrien Genoudet
    Tu détestes certains passages
    D’autres sont lumineux

    Tout comme Adrien Genoudet
    Tu te demandes si tu n’as pas croisé
    Salah Abdeslam, un jour

    De même,
    Le 13 novembre 2015
    Tu as peut-être croisé Adrien G.

    #mon_oiseau_bleu

  • Le néophyte Macron
    Fait un sans-faute
    Sur la scène internationale

    Tentation forte,
    Plus que tous les autres matins,
    De tout envoyer promener

    Et, parfois, je remarque
    Que cela fait plus d’une heure
    Que je n’ai pas pensé à elle

    Un jour après l’autre
    Une heure après l’autre
    Une minute après l’autre

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2015/sons/jlg_seijiro_murayama.mp3

    Tu relis ton tapuscrit au café
    Le passage à propos de Seijiro Murayama
    Il s’assoit à côté de toi ! Tout droit arrivé du Japon.

    Tu écris à propos de Seijiro Murayama
    Il arrive tout droit du Japon
    Tu écris un poème pour elle, plein d’espoir

    Tu écris un poème pour elle,
    Plein d’espoir
    Peine perdue (tu le sais)

    Tu écris un poème pour elle,
    Plein d’espoir, peine perdue
    Pourtant elle habite juste à côté

    Tu écris un poème pour elle, plein d’espoir
    Peine perdue (tu le sais)
    Elle est en tournée au Japon !

    Un article dans l’Humanité
    Tu aimes imaginer tes parents
    Au kiosque achetant l’Humanité

    La France exporte
    Un pesticide interdit
    Vers les pays en développement

    Vivez votre aventure
    Sur mesure
    En toute discrétion !!!

    Dire
    Son
    Silence

    Dire son silence
    Un film
    De Jean-Pierre Lenoir

    Se pourrait-il que Dire son silence
    Réalise l’exploit
    D’être un film autiste ?

    En sortant du cinéma
    Avec Marie-Françoise et Nicolas
    Incomplétude : tu penses à elle

    Matin, ton nom dans l’Humanité
    Midi, tu croises Seijiro Muyama au café
    Soir, Dire son silence de Jean-Pierre Lenoir

    #mon_oiseau_bleu

  • On m’aurait dit en février 1988 quand j’y habitais que le mur de Berlin tomberait l’hiver suivant ( http://www.desordre.net/photographie/berlin et http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/cinquantaine/pele-meles/022.htm )

    On m’aurait dit un jour que j’aurais cinquante ans. (http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/cinquantaine )

    On m’aurait en 1989, quand je vivais à Chicago, qu’un jour le Président des Etats-Unis serait noir. ( http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/cinquantaine/pele-meles/045.htm )

    On m’aurait dit un jour que j’aurais cinq enfants (3+2). ( http://www.desordre.net/bloc/vie/reprise/avalanche.htm )

    On m’aurait dit, quand j’étais au lycée qu’un jour je travaillerais en République tchèque. ( http://www.desordre.net/textes/nouvelles/quoi_maintenant )

    On m’aurait dit un jour, en 1986, quand je suis rentré aux Arts Déco, que je serai informaticien plus tard ( http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/textes/extraits/chevres001.htm )

    On m’aurait dit un jour que je devrais me souvenir d’où se trouvent tous mes bulletins de salaire pour songer à la retraite.

    On m’aurait dit un jour qu’un jeune homme me laisserait poliment sa place assise dans le métropolitain

    On m’aurait un jour, le jour où j’ai contemplé tout Manhattan depuis les fenêtres de la cafétaria du World Trade Center, au dernier étage, en plein soleil couchant, que quinze ans plus tard c’est comme si je vivais en plein ciel plein ciel. ( http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/cinquantaine/pele-meles/037.htm )

    On m’aurait dit en 1987, alors que je voyais ma première connexion internet entre les Arts Déco et Cooper Union à New York, que je vivrais plus tard dans un tel monde, que je verrais un tel monde de mon vivant. Il n’a fallu attendre que sept ans ! ( http://www.desordre.net/bloc/ursula/2015/pages/020.htm )

    On m’aurait dit un jour surtout en décembre 1986 que je voterai Chirac une fois ( http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/cinquantaine/pele-meles/038.htm )

    On m’aurait dit un jour que je serrerai la main de Susan Sontag

    On m’aurait dit un jour que je serai l’assistant de Robert Heinecken ( http://www.desordre.net/photographie/photographes/heineken/hommage )

    On m’aurait dit un jour que l’an 2000 ce serait du passé. On m’aurait dit un jour que 1984 ce serait le présent

    On m’aurait dit un jour que je retournerai au Val André, 35 ans plus tard

    On m’aurait dit un jour que je serai tellement renseigné à propos de l’autisme

    On m’aurait dit un jour que je pleurerai comme un enfant d’un chagrin d’amour à cinquante deux ans

    On m’aurait dit que je ne voterai plus

    On m’aurait dit un jour que je passera (plusieurs fois) sur France Culture ( https://www.franceculture.fr/personne-philippe-de-jonckheere #shameless_autopromo )

    On m’aurait dit un jour que je serai marié avec une chanteuse de folk ( http://www.deezer.com/album/7827193 )

    On m’aurait dit un jour que je péserai jusqu’à 145 kilogrammes

    On m’aurait dit un jour que je serai grand-père (par adoption) ( http://www.desordre.net/bloc/ursula/2015/pages/206.htm )

    On m’aurait dit un jour que je serai invité dans une université américaine et que je refuserai d’y aller

    On m’aurait, quand je vivais à Chicago, que le fils Bush et que Trump seraient élus président des Etats-Unis

    On m’aurait un jour que je verrai Patti Smith en concert et qu’elle aurait 70 ans !

    On m’aurait un jour, en avril 1988, quand je jetais des tomates sur François Léotard, ministre de la culture en visite aux Arts Déco, qu’un jour en 1993 quand je me suis fait pousser de côté par les gardes du corps de Toubon, ministre de la culture pour que ce dernier puisse saluer Robert Doisneau avec lequel j’étais en train d’échanger gentiment, que je serrerai poliment la main d’une ministre de la Culture (l’actuelle, il y a deux mois au salon du livre).

    On m’aurait dit un jour que je serrerai la main de Fabien Galthier

    On m’aurait dit un jour qu’un ami cher qui venait de décéder était en fait le petit-fils du fondateur de l’Institut D’étude des questions Juives en 1941

    On m’aurait dit un jour que mon fils prendrait des cours de piano avec une vieille dame polonaise qui se cachait des Nazis dans la même cave humide que Simon Wiesenthal

    On m’aurait un jour que je passerai tout près de deux attentats terroristes (La Défense le 12 septembre 1986, rue d’Alibert, 13 novembre 2015) ( http://www.desordre.net/bloc/ursula/arthrose )

    On m’aurait dit dans les années septante que nous ne mourrerions pas tous dans une apocalypse nucléaire.

    On m’aurait un jour que je serai plus vieux que le président de la république (mais ces dernières années je sentais le coup venir)

    On m’aurait un jour que j’écrirai des romans.

    Voilà, c’est un premier jet de #on_m_aurait_dit

  • http://www.desordre.net/bloc/ursula/2015/sons/jlg_seijiro_murayama.mp3

    Assis à la terrasse d’un café à Montreuil, sur ma pause méridienne d’employé, je relis le tapuscrit d’un texte en cours. Je suis plus ou moins en train de relire et corriger le passage suivant :

    « Dans une même existence pouvaient tenir d’être allongé, les yeux clos, sur un lit dans une chambre d’hôtel à côté de Seijiro Murayama, lui-même allongé à côté de vous, et d’entendre, d’abord imperceptiblement, puis de façon de plus en plus prégnante, ses bruits de gorge percussifs dont il a le secret, puis, vous ayant plongé dans cette atmosphère déconcertante, vous surprendre à l’aide d’une cymbale qu’il avait cachée sous le lit et d’en jouer à l’aide d’un archet court, vous envahissant d’une résonnance métallique tourbillonnante d’écho et envisager votre reconversion professionnelle à cinquante ans passés au milieu d’un open space.

    Et. »

    Assis à côté de moi, Seijiro himself qui m’explique arriver tout droit du Japon. Petit monde.

  • Darwin Was a Slacker and You Should Be Too - Issue 46: Balance
    http://nautil.us/issue/46/balance/darwin-was-a-slacker-and-you-should-be-too

    When you examine the lives of history’s most creative figures, you are immediately confronted with a paradox: They organize their lives around their work, but not their days. Figures as different as Charles Dickens, Henri Poincaré, and Ingmar Bergman, working in disparate fields in different times, all shared a passion for their work, a terrific ambition to succeed, and an almost superhuman capacity to focus. Yet when you look closely at their daily lives, they only spent a few hours a day doing what we would recognize as their most important work. The rest of the time, they were hiking mountains, taking naps, going on walks with friends, or just sitting and thinking. Their creativity and productivity, in other words, were not the result of endless hours of toil. Their towering creative (...)

  • http://www.inculte.fr/catalogue/une-fuite-en-egypte

    J – 62 : J’y suis. Une fuite en Egypte sort aujourd’hui en librairie. Chez Inculte . La classe. Je marche cinq centimètres au-dessus du sol. Le roi n’est pas mon cousin. Je suis sur le nuage numéro neuf.

    Du coup je tente de mettre les petits plats dans les grands. Les petites iframes dans les grands frames .

    Vous ne pensiez tout de même pas que je ne faisais plus rien dans le garage ces derniers temps ? quand même ? si ?

    Dans la page de garde d’ Une fuite en Egypte , il y a la mention d’une URL (http://www.desordre.net/egypte/index.htm ) qui donne accès à toutes sortes de ressources relatives au récit, des extraits, des échanges de mail avec mon éditeur pour, notamment, la construction de la quatrième de couverture, sans parler de la couverture en elle-même, tous les morceaux de musique mentionnés dans le récit et Dieu sait si je ne peux jamais me retenir de dire quel est le disque que le narrateur écoute au moment où se déroule le récit, pareil avec toutes sortes d’œuvres, Cy Twombly, Lucian Freud, Weegee, etc… bref, les coulisses. Ne pas le faire cela aurait été se désavouer. Plus tard, dans un an ou deux, peut-être que je penserai à une version hypertexte de ce récit.

    Mais ce n’est pas tout ce que j’ai fait dans le site pendant tout ce temps.

    Il y a trois ans j’ai tenté de donner une nouvelle forme au Désordre , ce n’est pas un succès, mais ce n’est pas entièrement raté non plus. C’est la forme Ursula (http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/index.htm). En 2014 j’ai accumulé tout ce que je pouvais accumuler de textes, de sons d’images fixes et d’images en mouvement, et tout un tas d’autres petites constructions, notamment en html, que j’ai réunies dans une manière de bouquet, plus exactement de collection de coquillages d’Ursula (http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/bouquets/index.htm). Parmi ces coquillages, il y avait le Jour des innocents ( file :///L :/phil/sites/desordre/bloc/ursula/2014/cinquantaine/index.htm ) , le récit de cinquante souvenirs de faits historiques, pas tous importants d’ailleurs, s’étant produit pendant les cinquante dernières années, et cela vu à ma hauteur au moment des faits, autant dire à hauteur d’enfant pendant les années 60, à hauteur d’adolescent pour ce qui est des années septante, de jeune homme pour ce qui est des années 80, de jeune adulte pour les années nonante, d’adulte pour les années 2000 et d’homme vieillissant pour les années 10 de notre ère. En 2015, j’ai tenté de tenir le journal de l’année en utilisant toujours cette séparation des contenus selon leur nature, chaque jour donnait lieu à une page qui contenait un triptyque photographique, un texte, un extrait sonore, un extrait vidéo, quelques images, un lien vers une page antérieure du site, tout cela sous la forme de blocs déplaçables à l’intérieur de la page pour faciliter, ou pas, la lecture et renforcer, ou pas, le plaisir du lecteur : Février (http://www.desordre.net/bloc/ursula/2015/index.htm). Début 2016, j’ai bricolé un récit en hommage à Pierre Boulez dont la disparition m’a beaucoup ému, de façon plus ou moins compréhensible, il s’agissait d’un récit à la manière de ceux produits par les invités de Marie Richeux pour la séquence Au Singulier de son émission les Nouvelles vagues sur France Culture, émission à laquelle j’avais été moi-même invité à participer ( http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/accessoires/artistes/nouvelles_vagues/index.htm ), Pierre Boulez et le bricolage ( http://www.desordre.net/bloc/ursula/2016/boulez.htm ) . Surtout pendant toute l’année 2016 j’ai construit, pour mieux le déconstruire sans doute, mon propre récit de la nuit du 13 novembre 2015, au cours de laquelle mon amie Laurence et moi sommes passés tout près de la catastrophe, il s’agit d’ Arthrose (spaghetti) (http://www.desordre.net/bloc/ursula/arthrose/index.htm), un récit très hypertextuel pour tenter de retrouver toutes les radicelles qui conduisent à ce qui aurait pu être la fin de nos existences. Et puis, dernière tentative reprenant cette forme inventée en collaboration avec Pierre Hanau dans le cadre éducatif des stages de formation à l’école du doc de Lussas, la forme Ursula (http://www.desordre.net/invites/lussas/2010/journal/index.htm) , une manière de journal que je tiens en ligne depuis la fin du mois d’août l’été dernier, depuis que j’ai pris la décision ferme et définitive de vouloir tout ignorer de la catastrophe électorale en cours, Qui ça ? (http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/index.htm)

    Remarquant que tous ces projets contenaient en eux une sorte de dimension supérieure au Désordre , que le site tel qu’il avait existé jusqu’à maintenant était une sorte de toile de fond, j’ai fini par admettre que c’était désormais la nouvelle direction du Désordre , vos ascenseurs ont intérêt à ne pas tomber en panne. La page d’accueil du Désordre est désormais un tirage au sort entre ces différents projets que l’on peut par ailleurs visiter à l’intérieur même de chaque projet, on peut, par exemple, lire Arthrose à l’intérieur de Qui ça ? et inversement, tout en continuant de visiter le Désordre , mais je ne sais pas si je dois recommander une telle lecture. Vous verrez.

    Si, après de tels efforts je ne parviens pas à semer les derniers visiteurs du Désordre c’est à désespérer de tout.

    Et sinon, vous avez Une Fuite en Egypte qui reprend un mode de navigation et de lecture qui a fait ses preuves, je crois que l’on appelle cela un livre.

    #qui_ca #shameless_autopromo
    #une_fuite_en_egypte

  • J – 66 : Dans la vie il y a des journées d’ennui perdu au milieu d’un open space et dont l’enjeu finalement est de tout faire pour qu’en en sortant il me reste quelques forces vives pour travailler à ce qui me tient véritablement à cœur ET il y a aussi le spectacle d’un champ d’éoliennes en Bourgogne, éclairé par un le couchant sur fond de ciel d’orage tout juste passé.

    En route pour Autun.

    ( Et , une série entamée il y a quatre ans qu’il faudrait que je revisite. http://www.desordre.net/bloc/ursula/2015/images/vacances/index_ursula.htm)

    #qui_ca

  • J – 93 : Nuit de cauchemar, le chat de Laurence, à quatre heures du matin, est venu me vomir dessus, j’ai débord senti une chaleur dégeulasse me couler sur les joues, le long des parois du respirateur, je n’ai pas bien compris ce qu’il se passait et quand je l’ai compris, en retirant mon masque qui me pulse un air qui vient d’un peu plus loin, j’ai été rattrapé par cette odeur putride. Je n’ai eu que le temps de me précipiter aux toilettes pour rendre moi-même. Faut-il que j’aime Laurence pour m’occuper de cette bestiole neurasthénique et que j’ai du respect à revendre pour son père dont c’était la dernière volonté qu’une bonne âme vienne à s’occuper de cette petite chatte tendue comme un arc.

    Je suis parvenu à me rendormir et j’ai même domri un peu au-delà de huit heures ce qui n’est pas fréquent pour moi, non seulement les jeunes gens commencent à me céder leur place assise dans le métropolitain mais en plus je comence à faire comme les vraiment vieux qui se lèvent, quoi qu’il arrive, et sans effort, à 6 heures du matin.

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/sons/20140924_jacques_demierre001.mp3

    J’ai passé une belle matinée, écoutant le disque de Jacques Démierre, Jonas Kocher Axel Dörner, buvant et me refaisant du café, travaillant dans le garage, dans un premier temps à ce que j’ai fini par décider, une imbrication en spirale des différentes pages bâties sur le mode d’ Ursula , bénissant le dieu des ivrognes de m’avoir fait conserver un suffixe en .html et non .htm comme presque toutes les autres pages du Désordre pour la page index de telle sorte qu’il a été facile de renommer cette dernière en pele-mele.htm et de faire des rechercher/replacer de tous les liens vers cette page index.html dans les nombreux répertoires et sous répertoires des différentes formes Ursula . Avant de déjeuner j’ai pris le temps de transférer et d’importer deux nouveaux fichiers vidéographiques dans le programme de projection pour Apnées , notamment la fameuse séquence de machine à écrire acquise de haute lutte.

    Je me suis rapidement cuisiné des filets de cabillaud, j’ai fait une sieste trop rapide à mon goût, je me suis refait un dernier café pour la route et puis j’ai pris le chemin de l’exposition à propos du Bauhaus au Musée des Arts Décoratifs, exposition dont je me faisais toute une joie, laquelle a été douchée avec fracas par une exposition entièrement centrée sur les arts décoratifs — d’un autre côté le nom de l’institution aurait pu me mettre sur la voie — et pas du tout, mais alors pas du tout, sur tout ce que le Bauhaus avait pu réunir d’artistes géniaux, Klee, Moholy Nagy, Albers, etc ... cela m’a toujours amusé comment c’est finalement à l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs que l’on m’aura enseigné (inculqué) cette forme de dégoût viscéral de tout ce qui est décoratif, y compris, finalement, un comble, le Bauhaus . Par jeu tout de même, en dépit d’une foule abondante, j’ai tenté, et généralement échoué, à retrouver de tête les noms des artistes ayant produit les œuvres qui avaient tant intrigué ou plu à intrigué @reka ( https://seenthis.net/messages/562127 ). En sortant, considérant que dans l’intervalle de trois quarts d’heure qui a duré ma visite (ma vitesse de circulation dans une exposition est une mesure très juste de mon désintérêt en général, à Arles ma fille Madeleine m’a déjà chronométré dans une exposition de l’oncle Raymond de la qualité française, dix secondes, pas plus), la queue n’a pas beaucoup raccourci, je souris à l’idée qu’arrivant sur les lieux j’ai envoyé un petit message à Julien qui avait décliné mon invitation à aller visiter cette exposition ensemble, lui disant qu’en déclinant il s’évitait une queue longue d’une bonne centaine de mètres, me souhaitant bon courage, espérant pour moi que cette queue en vaudrait la chandelle (merci de l’intention, louable mais pas très performative), je lui avais répondu qu’une seule photographie de Moholy Nagy valait de faire la queue pendant une heure s’il le fallait, et, de fait, dans cette exposition il n’y avait guère que ce petit duo de photographies de Moholy Nagy de même que les deux petits collages de Kurt Kranz qui ont trouvé grâce à mes yeux.

    J’ai eu un peu d’étonnement tout de même à regarder la grande carte du rayonnement du Bauhaus dans le monde, relevant ce que je savais à propos de Moholy Nagy à Chicago, souriant à l’idée qu’il avait donc été le professeur de Barbara Crane , cela ne s’invente pas, non, mon étonnement est venu du signalement que le camp d’extermination d’Auschwitz avait été architecturé par un ancien du Bauhaus qui avait apparemment mal fini, un certain Fritz Ertl. J’ai repensé, toutes proportions mal gardées, à ces deux sales cons en première année aux Arts Déco qui étaient des militants du Front National, se destinant donc plus tard, l’un au graphisme des affiches du FN (étant donné le sujet, je ne suis pas certain que les Arts Déco étaient la meilleure filière possible) et l’autre de la bande dessinée de propagande (et là pareil, terrible erreur d’orientation, les Arts Déco étant sans doute le pire endroit qui soit pour en faire tant il y avait du mépris pour cette matière, même par les professeurs d’illustration censés l’enseigner à ceux qui voulaient), je me demande ce qu’ils sont devenus, quittant les Arts Déco après une première année qui avait dû sérieusement les décevoir — je me souviens que l’un d’eux faisait du plat à Daphna ce qui la dégoutait un peu, je la comprends, et ce qu’elle a balayé d’un revers de main en lui expliquant qu’elle était juive, les choses auxquelles on pense en visitant l’exposition décevante du Bauhaus au musée des arts décoratifs.

    A la recherche d’un catalogue plus compréhensif que cette exposition de ce que fut le Bauhaus (je me suis rabattu que le livre de Taschen , apparemment bien meilleur de par ses choix éditoriaux, de sa qualité d’impression, de sa maquette et même de son papier, pour la moitié du prix que celui du catalogue de l’exposition, je dis ça je ne dis rien) je me suis dit qu’ils n’avaient pas été bien malins dans la boutique du musée des arts décoratifs à n’avoir pas songé à une petite édition de rien du tout, en bois, du jeu d’échecs de Josef Hartwig, un vendeur m’indiquant qu’en fait si, mais que cela était parti comme des petits pains à la période de Noël, mais qu’en me connectant au site du fabricant, NAEF, je pourrais sans doute en acheter un, et je me disais tiens voilà une petite idée d’un cadeau pour Nathan, un bel objet, Nathan avec lequel il n’est pas toujours facile d’échanger en terme de beauté des choses, mais voilà, de fait, je me suis connecté sur le site du fabricant qui me propose de me soulager de trois cents euros pour un jeu d’échecs qui est parti comme des petits pains au moment des fêtes, ça va, ce n’est pas la crise pour tout le monde et je me demande combien de ces jeux connaissent un peu de vie aujourd’hui dans leurs salons bourgeois où nul doute ils sont remisés sur une table basse, la case noire droite en bas à droite, ce qui est l’indication irréfragable d’une maison dans laquelle on ne connait même pas les règles du jeu, bref on l’aura compris j’étais d’humeur mitigée quand je suis rentré à la maison.

    Je me suis fait une tasse de thé et je suis descendu dans le garage tenter de travailler un peu à Apnées , et apprivoiser ma nouvelle table MIDI bien plus réduite que l’ancienne, je me suis un peu énervé en écrasant par maladresse, et par deux fois, la nouvelle configuration acquise de haute lutte avec l’ancienne désormais sans objet, mais ça va. J’ai tenté, pour le moment sans succès, d’acquérir les images vidéos produites par mon appareil-photo en direct pour quelque effet de mise en abyme auquel je pense, mais là aussi ce n’est pas encore acquis, dans le foisonnement de tous les câbles que je garde par devers moi, pas un seul de type HDMI qui aurait sans doute permis l’effet désiré, ce n’est que partie remise, ej vais bien en trouver un qui traine dans une armoire du boulot.

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/doneda_le_quan_ninh.mp3

    Je suis remonté dans la cuisine me faire une soupe chinoise que j’ai avalée avec d’épouvantables bruits de succions de ses vermicelles tout en écoutant Lê Quan Nihn avec Michel Doneda, j’ai commencé à lire un peu le livre sur le Bauhaus , dont j’ai compris que c’était effectivement le livre qui manquait à ma compréhension historique de cette école, puis je suis monté au Kosmos pour y voir Neruda de Pablo Larrain. Que j’ai adoré à mon plus étonnante surprise vu comment je trainais des pieds pour y aller.

    En allant me coucher, après un peu de lecture à propos de la Guerre du Cameroun, je me suis dit que cela avait été une excellente journée en dépit de son début peu ragoûtant, tout de même se faire vomir dessus dans son sommeil par un chat.

    #qui_ca

  • J – 161 : Je me demande si je ne m’étais pas un peu (beaucoup) trompé à propos du film Habemus Papam de Nanni Moretti. À sa sortie nous avions couru avec B, en salle, mais alors, je devais être encore sous l’influence de Michele, grand détracteur de Nanni Moretti qu’il compare, pas à tort, à Claude Chabrol ou à Woody Allen, j’avais surtout vu les défauts de ce film, parmi lesquels les blagues du Nanni Moretti qui cabotine en psychanalyste au chevet d’un pape neurasthénique et qui feint d’être surpris de ne pas pouvoir aborder avec sa Sainteté les sujets comme le sexe ou l’amour maternel.

    Dans Arthrose je mentionne, décidément une manie, ce film, aussi me suis-je mis en tête de le revoir pour en saisir un extrait et l’inclure à mon récit multi médiatique, et je découvre que ce film est au contraire, au-delà de sa drôlerie pas toujours finaude, perclus d’éclats de finesse, pour beaucoup dus au jeu étincelant de Michel Piccoli, pas tellement dans ses moments de crise, mais bien plutôt dans sa bonhomie inquiète.

    C’est un film qui questionne, sans moquerie excessive, les limites humaines dans le voisinage du divin, ainsi les cardinaux réunis en conclave élisent un des leurs pour succéder au précédent Pape, fraîchement décédé, mais il ne faut pas perdre d’esprit que cela relève malgré tout de la désignation divine, et du coup que fait-on quand le Pape avant même de donner des signes de compétence donne surtout des signes alarmants de faiblesse, et loin de l’image que l’on se fait d’un conclave tiraillé par les combines pour accéder au trône, nombreux sont les cardinaux qui prient pour ne pas être désigné par le doigt pseudo divin.

    Foi et crédulité sont étroitement mêlés dans ce film, qui donnent corps in fine aux fictions théâtrales à la fois celles du protocole, celle de la supercherie, le Pape a quitté le Vatican depuis trois jours mais on continue de feindre qu’il est retiré en prières dans ses appartements où un garde suisse agite de temps en temps le rideau pour donner le change à des cardinaux bien crédules, surtout mal équipés pour faire face à une crise, mais aussi celle du théâtre, celui qui se joue sur scène Tchekhov et le théâtre de l’existence, celui qui fait mentir à ses enfants à propos d’un nouvel amant, de même celui qu’un Pape dont on ne connait pas encore le visage peut se rendre à une consultation de psychanalyse de façon anonyme et quand l’analyste demande quelle est sa profession l’analysant répond qu’il est acteur de théâtre justement.

    Et quand bien même le Pape peut encore déambuler dans les rues de Rome incognito , être une manière de passager clandestin de la ville, et être la fois attendu parmi les colonnes du Bernin sur la place Saint-Pierre et passer pour un vieux qui parle tout seul dans les transports publics, il est surtout un homme comme tant d’autres, et à la différence de ses collègues cardinaux, bien conscient de n’être que cela, un mortel, pas du tout d’essence ou d’extraction divines et en proie au plus grand désarroi bien conscient de ses limites inavouables en tant qu’homme.

    Il faut tout le talent invraisemblable d’un Michel Piccoli pour donner corps, littéralement, à un tel personnage, à un tel homme, et tout cela en quelques hochements de tête à la fois bonhommes et inquiets, de quelques mouvements de rides sur le front, de quelques sourires enfantins de vieillard - notamment lorsqu’il confie à un petit garçon que lui-même au même âge se battait souvent avec sa petite sœur, celle-là même à qui, plus tard, il faisait répéter son rôle dans la Mouette , au point qu’il pourrait aujourd’hui donner la réplique pour remplacer un comédien souffrant. Et ne serait-il pas alors, infiniment plus à sa place ?

    Quant à la place de Moretti, elle paraît incroyablement plus être derrière la caméra plutôt que devant.

    Exercice #39 de Henry Carroll : Prenez une photographie qui vous fait perdre votre pire habitude photographique.

    Lorsque je porte un regard un peu rétrospectif sur mon travail de photographe, je ne suis pas tendre et je me trouve plein de tics. De mauvaises habitudes en somme. Il me semble avoir mis plus de dix mois à me remettre d’une habitude de pencher légèrement mon cadre au début de mon séjour de trois ans à Chicago, trop et directement influencé par la rétrospective de Gary Winogrand en 1988 à l’Art Institute of Chicago .

    De façon plus actuelle, je pense que ma pire habitude est de bâcler. D’être négligeant. Pas très méticuleux. t c’est finalement quand je prends des photographies en vue de faire de l’animation, simplement en étant contraint de poser l’appareil sur un trépied que je m’éloigne le plus de cette mauvaise habitude de la négligeance.

    #qui_ca

  • Discussion hier soir à propos du cinéma de Federico Fellini, en présence d’une très forte concentration d’amis italiens, Michele, Raffaella et Maria, et d’ailleurs Maria, comédienne, a un peu travaillé en qualité de doubleuse sur le dernier film de Fellini, la voce della Luna , qui d’ailleurs n’est pas un chef d’œuvre. Et j’apprends dans cette discussion un fait dont j’ignorais tout à propos du cinéma de Fellini, Fellini doublait souvent ses acteurs avec d’autres acteurs, surtout quand les premiers n’étaient pas des acteurs professionnels, mais il semble qu’il y ait même pensé pour Roberto Begnini dans la Voce della Luna justement et qu’il a fallu le raisonner, on ne pouvait pas doubler un acteur aussi connu avec une voix aussi reconnaissable, Fellini, lui, ne voyait pas du tout où était le problème.

    Les quelques personnes françaises présentes à cette discussion apparemment ignoraient cela tout aussi bien, Maria insiste, mais en fait vous devez bien vous rendre compte que ce n’est pas parfaitement synchronisé, mais Maria, nous quand on regarde et donc qu’on écoute les dialogues d’un film de Fellini, on a, en fait, beaucoup recours aux sous titres et du coup on n’est pas hyper concentré sur la synchronisation labiale.

    Et nous découvrons tout un monde, celui, merveilleux, du cinéma de Fellini, demandant à un de ses acteurs de lui expliquer la recette des pâtes à l’amatriciana pour finir par doubler cet acteur et changer du tout au tout le dialogue initial où cet homme, parlant de faire revenir les oignons en salivant, dans le film parle de son désir pour une femme et de fait salive aussi, mais comme on salive pour un plat de viande, un osso buco par exemple.

    J’ai une admiration sans borne pour le cinéma de Fellini qui est une véritable poésie visuelle à mes yeux, je peux regarder la Dolce vita ou Otto y Mezzo , ou encore E la nave va , plusieurs fois de suite, être ébloui par la scène d’ouverture de l’un, le survol du christ en hélicoptère au-dessus du Vatican, et pleurer, presque, sur la scène de fin de l’autre, les danses et les chants des saltimbanques tout autour du décor de pas de tir d’une fusée sur la plage, mais je n’avais pas la moindre idée que Fellini était en fait cet écrivain curieux qui écrivait ses dialogues en regardant les films dans la salle de montage, ou encore un cinéaste assez facétieux pour modifier la signification même d’un dialogue pour la version française — finalement le puriste que je suis, obsédé par les versions originales, découvre toute la validité d’une version française et le fait que la version originale dans le cinéma de Fellini est déjà une notion corrompue — dans Intervista , un badaud demandant au chauffeur de Mastroianni si c’est bien Marcello à l’arrière de la voiture, dans la version italienne, répond quelque chose qui sonne comme Ano et qui veut dire, ben oui, dans la version française, Fellini trouvait que c’était amusant que le chauffeur répondre, Ah non !

    Et nombreux ont été les dialogues que Fellini a écrits de la sorte sur un coin de table dans une cabine de doublage, en collaboration avec des acteurs italiens qui doublaient d’autres acteurs italiens, donnant à telle actrice d’ Otto y Mezzo , Sandra Milo, pour ne pas la nommer, une voix plus souple que la sienne en vrai — qui avait en fait une véritable voix de crécelle avec un accent très vulgaire — et n’est-ce pas, entre autres, cela qui fait qu’un film, un corpus de films, qui, dans le cas présent, ne sont pas juste des films, mais bien du cinéma, une œuvre, des œuvres, un corpus de chefs d’œuvre ?

    Et si on avait laissé Fellini doubler Roberto Begnini dans la Voce de la Luna , ce film serait sans doute le chef d’œuvre qu’il n’est pas dans l’état actuel.

    #qui_ca

  • http://www.desordre.net/musique/couperin.mp3

    Je mène parfois une drôle de vie. Une vie décousue, ou plus exactement cousue de pièces tellement disparates. Ainsi en ce mercredi, je me réveille assez tôt, je prends mon petit déjeuner avec un Nathan bougon, pas anormalement, juste matinalement, Madeleine vient de partir au lycée, Nathan s’en va à son externat médico professionnel, je descends avec une tasse de café dans le garage, je travaille d’arrache-pied à Arthrose , ça avance plutôt pas mal, Guy, mon ordinateur s’appelle Guy, travaille bien, je parviens à bien doser les différentes tâches en arrière-plan de telle sorte qu’il ne broute pas de trop, vers onze et demie, je remonte du garage, je mets en route le déjeuner des filles, poulet sechuan, je pars chercher Madeleine au lycée en écoutant les Leçons des tenèbres en plein jour de François Couperin, nous déjeunons avec les filles, Nathan rentre, Adèle part à son atelier de céramique, Nathan au cercle d’échecs, je retourne travailler un peu dans le garage, mais Guy commence à brouter gravement, je ne fais rien de bon, je pars chercher Adèle à son atelier pour l’emmener chez l’orthophoniste, dans le salle d’attente d’icelle où je bouquine le Traité de la ponctuation française de Jacques Drillon, il n’y a pas de sotte lecture, nous rentrons, Nathan rentre du cercle d’échecs, nous partons chez son psychologue, nous nous frayons un chemin au travers d’une circulation dense et tendue, pendant que Nathan en découd avec la machine à coudre, je tente de prendre quelques notes avec l’ardoise numérique, succès mitigé, j’expérimente avec la fonction dessin, mes doigts sont tellement gros que je ne vois presque pas où je les pose, mais je m’obstine, le résultat est parfois surprenant, nous rentrons, je dépose Nathan, avale à la volée quelques pâtes préparées par Madeleine et part au concert aux Instants chavirés , je rentre assez tard, après avoir échangé quelques paroles en allemand avec Axel Dörner, cela m’étonne toujours de voir à quel point cette langue peut parfois avoir la capacité de me revenir, je rentre, descends rapidement dans le garage, tisse quelques liens hypertextes depuis le texte central d’ Arthrose , envoie à la fois la compression d’un gros fichier vidéographique et la synchronisation du répertoire des Ursula , et monte finalement me coucher.

    Finalement cela ne me manque pas de trop de ne plus lire le journal.

    Exercice #14 de Henry Carroll : photographiez une ombre (me demander ça à moi !)

    #qui_ca