• Espace public genevois et héritage colonial. Les esclaves de Monsieur Gallatin. Invitation

      Madame,
      Monsieur,

      La Ville de Genève a décidé d’empoigner le sujet des hommages rendus dans l’espace public - par des monuments ou des noms de rues - à des personnalités ayant encouragé le racisme, l’esclavagisme et le colonialisme.

      Le rapport commandité par la commune auprès de MM. Mohamedou et Rodogno a été publié ce printemps : “L’idée d’effacer l’histoire n’est pas une option viable, comme celle d’invisibiliser continuellement et impunément des actions passées racistes, esclavagistes ou coloniales ne peut en être est une, affirme ce rapport. La notion même de [commémoration] dans l’espace public doit être réexaminée afin de dire l’histoire différemment et la dire entièrement.” Et, à cet effet, il est important ”d’impliquer les associations issues de la société civile, le monde associatif et les acteurs locaux, y compris les sociétés d’histoire locales ”.

      Du coup, c’est aussi le rôle des “Editions Parlez-moi de Saint-Jean”, une part intégrante de la Maison de Quartier de Saint-Jean, de lancer le débat public à partir de problématiques situées dans l’espace local, de faire émerger les questions, d’essayer de “dire l’histoire différemment et entièrement” afin de participer à l’élaboration d’une mémoire collective locale et de la réactualiser. (Pour voir les publications des éditions : https://mqsj.ch/parlez-moi-de-saint-jean#ouvrages).

      Le rapport ayant fait figurer l’Avenue De-Gallatin dans sa liste des sites et symboles genevois concernés par cette problématique, la Maison de Quartier de Saint-Jean et le Forum Démocratie participative 1203 ont décidé de consacrer un de leurs “apéros-débats” à la question des “esclaves de Monsieur Gallatin”. Vous trouverez ci-joint le flyer de cette manifestation qui renferme quelques explications supplémentaires.

      Nous espérons que cette initiative retiendra votre attention et nous nous réjouissons de vous accueillir à cet apéro-débat, jeudi prochain, 17 novembre, à 18h 30 (fin à 20 heures) à la Maison de Quartier de Saint-Jean. Nous vous remercions d’avance de bien vouloir faire circuler cette information auprès de toute personne intéressée.

      Pour la Maison de Quartier de Saint-Jean (www.mqsj.ch) :
      Pierre Varcher, membre du comité

      PS Vous pouvez consulter l’article de présentation de cet apéro-débat dans le dernier Quartier Libre, journal de la Maison de Quartier de Saint-Jean, p. 11 :


      téléchargeable :
      https://mqsj.ch/wp-content/uploads/2022/09/QL127-1.pdf

      #héritage_colonial #colonialisme #espace_public #toponymie #toponymie_politique #invisibilisation #histoire #commémoration #mémoire_collective

  • Témoignage d’une professeure d’histoire-géo qui s’interroge sur l’historicisation de l’#universalisme « républicain à la française » et sa transmission aux élèves. A travers plusieurs siècle de domination, l’hypocrisie de la classe bourgeoise est passée au crible des faits historiques. C’est sans appel : au vu de ses atermoiements, la « République » ne pourra jamais aimer « les étrangers ».

    L’empire universel (des Blancs)
    https://lundi.am/L-empire-universel-des-Blancs

    Madame, ça veut dire quoi lieu universel ?

    L’universel, c’est d’abord le puissant catholicos, centre rêvé de tous les empires. C’est un centre de référence décrété par des clercs, des califes, des papes. Reconnu par toutes celles et ceux qui ne veulent pas en être tenus à la marge, le centre du monde est fixe et unilatéral. Puis, la recherche de l’absolu et du centre de l’univers est tombée en désuétude. Afin de pouvoir étendre et étaler les puissances plus loin encore, il fallait prétendre le contraire, décentrer les regards. Ce nouvel universel hégémonique offre à tous les individus la possibilité de faire partie d’un tout universel, mais à condition qu’ils se dépouillent de toutes leurs particularités. L’universel, c’est l’hégémonie du Blanc, qui depuis l’époque moderne domine le monde. Le temps, le poids, les distances, tout est mesuré à partir d’un étalon européen et chrétien que les Blancs conçoivent comme une neutralité objective. L’idéologie de l’empire colonial accouche de paradigmes de pensée que l’on reconnaîtra aujourd’hui à la source de l’ensemble des discours légitimés. A l’obscurantisme des prêtres et à l’hystérie des femmes répond le rationalisme éclairé de la patrie républicaine, aux croyances puériles des minorités religieuses répond la critique de l’exégète athée, aux femmes voilées répond le féminisme raisonné et moral des femmes blanches, au particularisme des individus opprimés répond l’universel humaniste bien portant.

    #racialisme #antisémitisme #esclavage #code_de_l'indigénat #colonialisme #soft_power

    • Ok, alors, puisque la note de bas de page n° 16 de l’article de Lundi Matin a pu hérisser le poil de @colporteur (et j’en suis désolé), voici une analyse circonstanciée produite en 2015 par Philippe Corcuff à propos des Indigènes de la République :

      http://www.grand-angle-libertaire.net/indigenes-de-la-republique-pluralite-des-dominations-et-conv

      Le plan de l’article en question :

      Introduction : les Indigènes de la République et l’intersectionnalité par un « Blanc » trouble

      Dans ce texte, j’envisage le double problème de la pluralité des modes de domination, sous l’angle de ce qu’on appelle aujourd’hui, dans des secteurs des sciences sociales comme dans certains milieux militants, « l’intersectionnalité », et des convergences possibles entre mouvements sociaux émancipateurs. Je le fais sous un double plan analytique (l’analyse de ce qui est ou a été), puisant dans les outillages des sciences sociales, et normatif-prospectif (l’exploration de ce qui devrait et pourrait être), relevant de mes engagements militants comme du registre de la philosophie politique. Ce texte est donc un hybride entre logiques universitaire et militante.

      a) Intersectionnalité
      b) Le postcolonial et les Indigènes de la République
      c) Une biographie militante cahoteuse

      1 – Indigènes de la République : quelques rappels et mises en perspective

      Le Mouvement des indigènes de la République est une association déclarée officiellement en préfecture en décembre 2005, suite à l’Appel « Nous sommes les indigènes de la République ! » de janvier 2005 [17]. Le MIR est devenu le Parti des Indigènes de la République en février 2010.

      a) Un PIR marginal
      b) Apports des Indigènes de la République à la critique sociale émancipatrice

      2 – Intersectionnalité et modèle implicite de « la contradiction principale »

      Porteurs du combat contre un type d’oppression souvent marginalisé par les autres forces émancipatrices, les Indigènes de la République insistent légitimement sur leur autonomie. Mais ils le font en basculant parfois implicitement de leur autonomie nécessaire à leur prédominance contestable vis-à-vis des combats contre les autres oppressions. C’est d’autant plus saugrenu eu égard à leur marginalité organisationnelle et politique. Ne vaut-il pas mieux sur ce plan l’auto-ironie libertaire qui ne cherche pas à masquer que nos organisations anarchistes peuvent se contenter de cabines téléphoniques pour se réunir ?

      a) Tentation de l’arrogance
      b) La tentation de « la contradiction principale » et du mouvement social « central » d’inspiration marxiste

      3 – De quelques impensés et écueils des décoloniaux… empreints de préjugés coloniaux

      À partir de la tentation globale de « la contradiction principale », on peut repérer une série d’impensés et d’écueils qui viennent la renforcer. Ces travers ont d’ailleurs souvent des liens historiques avec des dispositifs coloniaux. Comme quoi la décolonisation des esprits est un chemin difficile : ce qui ne concerne certes d’abord « les Blancs », mais aussi les Indigènes de la République…

      a) L’unification comme mode de construction de la politique hérité de la forme de l’État-nation moderne… colonial
      b) Un impensé quant à la critique libertaire de la représentation politique comme mode de domination
      c) Un impensé quant à la singularité individuelle comme lieu d’expériences sociales plurielles et d’appartenances collectives
      d) Des tentations culturalistes
      e) L’angle unilatéral de l’explication coloniale
      f) Dans le rapport aux associations des quartiers populaires : une arrogance para-coloniale ?

      4 – Pistes pour des convergences possibles entre mouvements sociaux émancipateurs en contexte d’extrême droitisation

      Commencent à se dessiner, en creux de cette étude critique et compréhensive de certains textes des Indigènes de la République et en pointillés, quelques axes possibles d’une reproblématisation de la question politique des convergences entre mouvements sociaux émancipateurs, en rapport avec le problème de l’intersectionnalité. Cela ne constitue toutefois qu’une esquisse partielle et provisoire.

      a) Pluralisme et immanence à boussole
      b) Un contexte d’extrême droitisation

      Post-scriptum : Houria Bouteldja et le prétendu « philosémitisme d’État »

      Si elles ont des interactions avec les questions traitées précédemment, les controverses suscitées par un récent texte de Houria Bouteldja avançant la notion de « philosémitisme d’État »[124] posent aussi des problèmes spécifiques que j’ai trouvé préférable de mettre à part du corps de mes réflexions quant à l’intersectionnalité et aux convergences émancipatrices.

  • #bonne_nouvelle : La Chine confine la zone autour de la plus grande usine d’iPhone au monde Le Temps.ch

    Les autorités chinoises ont décrété mercredi le confinement de la zone autour de la plus grande usine d’iPhone au monde, après la fuite d’employés inquiets par la découverte d’un foyer de covid-19. La zone économique autour de l’aéroport de Zhengzhou (centre), où se trouve l’usine gérée par le groupe taïwanais Foxconn, devra observer un confinement de sept jours, selon un communiqué officiel.


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    L’usine, qui emploie plus de 200 000 personnes, est affectée depuis mi-octobre par des cas positifs au covid-19. Le site se trouve à quelque 600 km au sud-ouest de Pékin. Selon des analystes cités dans la presse, le complexe industriel, qui compte trois usines et emploie environ 350 000 personnes, assure l’assemblage d’environ 80% des iPhone 14, le dernier modèle du géant américain Apple.

    Des images sur les réseaux sociaux ont montré ce week-end de nombreux employés s’enfuir de l’usine, certains en sautant par-dessus un grillage, et rentrer à pied chez eux sur de longues distances. Des vidéos de salariés se plaignant de leurs conditions de travail et d’un manque de protection face au virus ont également été partagées.

    A compter de ce mercredi, les plus de 600 000 habitants de la zone économique « ne doivent pas quitter leur domicile » sauf raison impérative, ont indiqué les autorités locales. Seules les « entreprises essentielles » pourront continuer à fonctionner, les autres devant instaurer le télétravail. Les autorités ont averti qu’elles seraient « intransigeantes envers tout type de violation » du confinement.

    La Chine est la dernière grande économie à appliquer une politique zéro Covid, qui se traduit par des confinements à répétition, des tests PCR quasi obligatoires plusieurs fois par semaine et le placement en quarantaine des personnes issues de zones à risques.

    « Longue bataille »
    Pour retenir ses salariés, Foxconn avait annoncé mardi multiplier par quatre le bonus quotidien de présence au travail, soit 400 yuans (environ 55 euros). Le personnel recevra un bonus supplémentaire en cas de présence à l’usine pour au moins 15 jours en novembre. Ce bonus pourra atteindre 15 000 yuans (2,07 euros) en cas de présence le mois entier, a précisé l’entreprise taïwanaise. Foxconn a admis faire face à une « longue bataille » contre le Covid.

    Le groupe n’a pas précisé le nombre d’employés testés positifs ou confinés sur son site de Zhengzhou. Un responsable de l’usine a cependant affirmé à l’hebdomadaire China Newsweek qu’aucun cas grave n’avait été enregistré et que la situation était pour le moment « contrôlable ». Bien que peu élevé, le nombre de cas de Covid en Chine est en hausse ces derniers jours. Mercredi, plus de 2000 nouveaux cas positifs ont été annoncés sur le territoire pour le troisième jour consécutif.

    Tout au sud, le territoire semi-autonome de Macao a annoncé mardi un dépistage général de ses 680 000 habitants après la découverte d’une poignée de cas. L’un des casinos de la ville a par ailleurs été confiné. A Canton (sud), des confinements partiels ont été décrétés lundi dans plusieurs quartiers. A l’autre bout du pays, des foyers ont été détectés dans des villes du nord-est, près de la frontière avec la Russie et la Corée du Nord.

    #iphone #Foxconn #Zhengzhou #covid #tests_pcr #esclavage #sante #santé #coronavirus #iphone #apple #esclavage #smartphone #surveillance

  • Des dizaines d’employés de la plus grande usine au monde d’iPhone s’enfuient La Libre - AFP

    Des dizaines d’employés de la plus grande usine au monde d’iPhone, en Chine, ont pris la fuite pour échapper au confinement du site après la détection d’un foyer de cas de Covid, selon des images diffusées sur les réseaux sociaux.

    Située dans la ville de Zhengzhou (centre), l’usine, gérée par le groupe taïwanais Foxconn, emploie plus de 200.000 personnes.

    Un « petit nombre » de cas a été détecté, avait indiqué l’entreprise la semaine dernière, sans préciser combien. Elle avait qualifié de « complètement fausses » les rumeurs sur internet faisant état de dizaines de milliers de contaminations.

    Foxconn a assuré que les employés étaient testés chaque jour et placés en confinement sur place.

    Mais des vidéos circulant sur les réseaux sociaux ce week-end ont montré des dizaines de salariés, certains portant des valises, en train de s’enfuir du site en grimpant par-dessus le grillage puis en marchant le long de la route pour rentrer chez eux à pied.

    Les autorités locales ont demandé aux employés fuyards de s’enregistrer à leur arrivée puis d’observer une quarantaine de plusieurs jours chez eux.

    Le groupe taïwanais a dit « coopérer avec le gouvernement pour organiser le personnel et les véhicules » et permettre aux employés de partir s’ils le souhaitent.

    « Longue bataille »
    Foxconn, dont l’usine de Zhengzhou est celle qui fabrique le plus d’iPhone au monde, a dit affronter une « longue bataille » contre le foyer de Covid détecté, sans préciser le nombre d’employés confinés.

    La province de Henan, où se trouve Zhengzhou, n’a déclaré officiellement que 42 nouveaux cas lundi.

    L’ONG China Labor Watch a accusé le groupe Foxconn de cacher le nombre réels de cas parmi ses salariés et de forcer ceux qui sont malades à continuer à travailler, citant un message interne envoyé au personnel ainsi que des témoignages d’employés.

    Foxconn assure de son côté « faire tout son possible » pour prendre soin de ses travailleurs.

    La Chine est la dernière grande économie à appliquer une politique zéro Covid, qui se traduit par des confinements dès l’apparition de cas positifs, des tests PCR quasi obligatoires plusieurs fois par semaine ou encore le placement en quarantaine des personnes issues de zones à risques.

    Ces mesures, qui entraînent la fermeture inopinée d’entreprises et d’usines, pèsent lourdement sur l’économie.

    Source : https://www.lalibre.be/economie/digital/2022/10/31/des-dizaines-demployes-de-la-plus-grande-usine-au-monde-diphone-senfuient-NM

    #iphone #Foxconn #Zhengzhou #covid #tests_pcr #esclavage #sante #santé #coronavirus

  • #Helvécia. Une histoire coloniale oubliée

    Dans son exposition photographique « Helvécia. Une histoire coloniale oubliée », le MEG lève le voile sur un aspect peu connu de l’histoire helvétique. Si la Suisse n’a jamais eu de pays placés sous sa #domination, elle a néanmoins collaboré avec des puissances coloniales à l’#appropriation de terres étrangères et à la pratique esclavagiste.

    L’exposition du MEG présente la rencontre avec les habitant-e-s d’Helvécia au #Brésil, au croisement d’une quête identitaire et d’une recherche sur le passé de cette ancienne colonie suisse.

    https://www.youtube.com/watch?v=ruoxD4d0vU4&feature=emb_logo


    https://www.meg.ch/fr/expositions/helvecia-histoire-coloniale-oubliee
    #colonialisme #colonisation #Suisse #Suisse_coloniale #colonialisme_suisse #exposition #photographie #esclavage #Helvecia #Dom_Smaz

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    voir aussi :
    #Helvécia : A Swiss Colonial History in Brazil
    https://seenthis.net/messages/972693

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    ajouté à la métaliste sur le colonialisme suisse :
    https://seenthis.net/messages/868109

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  • Mediterraneo nero. Archivio, memorie, corpi

    L’importanza di una riflessione sul Mediterraneo nero è legata alle profonde trasformazioni, in termini culturali, sociali ed economici, che avvengono non solo in Europa, ma nel mondo intero. Oggi è necessario leggere il Mediterraneo in una prospettiva globale e transnazionale, ma anche quale archivio di memorie, pratiche e immagini che stanno ridiscutendo le geografie culturali. Centro di questo sistema epistemologico è il corpo, il rapporto di prossimità e distanza non solo con l’Europa, ma anche con una parte specifica del suo passato: il colonialismo e lo schiavismo. Connettendo passato e presente, l’autore si sofferma sulle memorie orali delle migrazioni raccolte in Italia: voci di etiopi, eritrei, somali e di persone che potremmo definire ‘seconde generazioni’ a proposito delle traversate mediterranee. L’obiettivo è quello di contribuire a una nuova riflessione sul rapporto tra il Mediterraneo nero e la riscrittura/reinvenzione dell’Europa e dell’identità europea.

    http://www.manifestolibri.it/shopnew/product.php?id_product=801

    #Méditerranée_noire #Méditerranée #livre #mémoire #corps #proximité #distance #passé #colonialisme #esclavage #passé_colonial #mémoire_orale #deuxième_génération #identité #identité_européenne #Gabriele_Proglio

    Et plein d’autres ressources intéressantes de ce chercheur (historien) sur son CV :
    https://www.unisg.it/docenti/gabriele-proglio
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    ajouté à la métaliste sur l’#Italie_coloniale / #colonialisme_italien :
    https://seenthis.net/messages/871953

    ping @olivier_aubert @cede

    • The Horn of Africa Diasporas in Italy

      This book delves into the history of the Horn of Africa diaspora in Italy and Europe through the stories of those who fled to Italy from East African states. It draws on oral history research carried out by the BABE project (Bodies Across Borders: Oral and Visual Memories in Europe and Beyond) in a host of cities across Italy that explored topics including migration journeys, the memory of colonialism in the Horn of Africa, cultural identity in Italy and Europe, and Mediterranean crossings. This book shows how the cultural memory of interviewees is deeply linked to an intersubjective context that is changing Italian and European identities. The collected narratives reveal the existence of another Italy – and another Europe – through stories that cross national and European borders and unfold in transnational and global networks. They tell of the multiple identities of the diaspora and reconsider the geography of the continent, in terms of experiences, emotions, and close relationships, and help reinterpret the history and legacy of Italian colonialism.

      https://link.springer.com/book/10.1007/978-3-030-58326-2#toc

    • Libia 1911-1912. Immaginari coloniali e italianità

      L’Italia va alla guerra per conquistare il suo ’posto al sole’ senza realmente sapere cosa troverà sull’altra sponda del Mediterraneo. Il volume analizza la propaganda coloniale e, in particolare, la stretta relazione tra la costruzione narrativa della colonia libica e le trasformazioni dell’italianità. All’iniziale studio degli immaginari sulla Libia precedenti il 1911, segue una disamina di quelle voci che si mobilitarono a favore della guerra, partendo dai nazionalisti di Enrico Corradini con i riferimenti all’Impero romano, al Risorgimento, al mito della ’terra promessa’. L’archivio coloniale è indagato anche attraverso lo studio delle omelie funebri per i soldati caduti durante la guerra, con immagini che vanno dal buon soldato al figlio della patria. Un altro campo d’analisi è quello dell’infanzia: i discorsi dei docenti sul conflitto, del «Corriere dei Piccoli» e della letteratura per ragazzi lavorano per «costruire» i corpi dei piccoli italiani. Non manca, infine, lo studio della letteratura interventista: Gabriele D’Annunzio, Giovanni Pascoli, Filippo Tommaso Marinetti, Matilde Serao, Ezio Maria Gray, Umberto Saba, Ada Negri, Giovanni Bevione.

      https://www.mondadoristore.it/Libia-1911-1912-Immaginari-Gabriele-Proglio/eai978880074729
      #imaginaire_colonial #italianité #Libye

  • #Helvécia : A Swiss Colonial History in Brazil

    The most “African” of the Brazilian villages in the south of Bahia bears a Swiss name: Helvécia. It was founded 200 years ago by Swiss and German colonists, and the coffee grown on its vast estates produced great wealth for them. This would not have been possible without exploitation: in the mid-nineteenth century, for 200 white colonists, there were 2,000 slaves of African origin. Black people still make up the majority of the population today; many do not know the origins of their community.

    With great sensitivity and in dialogue with the inhabitants, Swiss photographer Dom Smaz goes in search of traces of the past, capturing the lives of the local people. Smaz’s pictures and text
    contributions by internationally renowned post-colonialism-expert Shalini Randeria, among others, allow a new look at history and the origins of Switzerland’s wealth, revealing global histories of
    interconnectedness and power relations of the past that continue into the present.

    https://www.lars-mueller-publishers.com/helv%C3%A9cia-swiss-colonial-history-brazil

    #Brésil #colonialisme #Suisse #Suisse_coloniale #colonisation #café #plantation #exploitation #esclavage #histoire #livre

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  • La reine Elizabeth est morte, mais son héritage sanglant perdure Sharon Zhang
    https://www.investigaction.net/fr/la-reine-elizabeth-est-morte-mais-son-heritage-sanglant-perdure

    La reine Elizabeth II est morte le 8 septembre après avoir régné 70 ans sur le Royaume-Uni. Les messages de condoléances affluent du monde entier. S’il est difficile d’évaluer à quel point Elizabeth aura pesé sur les décisions du Royaume-Uni, difficile de passer à côté du sanglant bilan de l’impérialisme britannique. (IGA)

    La reine Elizabeth II, le monarque britannique ayant régné le plus longtemps, est décédée jeudi à l’âge de 96 ans dans le château de la famille royale en Écosse, a indiqué le palais de Buckingham jeudi soir.


    Le fils de la reine, le prince Charles, âgé de 73 ans, lui succédera comme roi. La mort d’Elizabeth a suscité les condoléances des dirigeants du monde entier, notamment du président Joe Biden, qui a déclaré que la reine avait « marqué une ère » à la « dignité inégalée » au Royaume-Uni.

    Pour beaucoup, notamment dans le monde occidental, les 70 ans de règne de la reine ont été marqués par la stabilité et la diplomatie. Sous le règne d’Elizabeth, la famille royale a pris soin de se distancier de la politique du pays et de la longue histoire coloniale de la monarchie.

    Mais des millions de personnes ont vécu et subissent encore les conséquences du colonialisme brutal et du racisme de la famille royale, tant à l’étranger qu’au Royaume-Uni. Pour ces millions de personnes, l’héritage de la reine se perpétuera sous la forme de la domination violente et persistante que la famille royale a exercée et dont elle profite encore.

    Pour de nombreux défenseurs de la famille royale, la reine Élisabeth devrait être protégée de telles critiques. Elle a mis des distances entre la famille royale et ce passé pas très glorieux. Et elle a tenté de faire amende honorable à travers des événements tels que les tournées du Commonwealth.

    Ses détracteurs réfutent cet argument, affirmant que la famille royale n’a toujours pas affronté son passé ni payé des réparations aux personnes qui continuent de souffrir à cause de la monarchie britannique, des décennies encore après le colonialisme direct. La famille royale a également fait l’objet de critiques pour avoir caché la poussière de son histoire sous le tapis, notamment lors du jubilé de platine de la reine cette année.

    « Tant le hasard de sa longue vie que sa présence en tant que chef d’État et chef du Commonwealth – une association regroupant la Grande-Bretagne et ses anciennes colonies – ont permis d’apposer une chape traditionaliste sur des décennies de violents bouleversements« , a écrit Maya Jasanoff, professeur d’histoire à l’université de Harvard, dans le New York Times. https://www.nytimes.com/2022/09/08/opinion/queen-empire-decolonization.html « En tant que telle, la reine a contribué à occulter une histoire sanglante de décolonisation dont les proportions et les séquelles n’ont pas encore été reconnues de manière adéquate. »

    Depuis presque aussi longtemps que la monarchie existe, elle a été une puissance colonialiste et impérialiste, colonisant et exploitant des dizaines et des dizaines de pays et de territoires en particulier dans le Sud. Beaucoup partagent des répercussions communes en termes de pauvreté et d’oppression continue.

    Au fil des siècles, le Royaume-Uni a détourné des milliers de milliards de dollars de ses colonies pour s’enrichir. Jusqu’a aujourd’hui, il continue de profiter de ce passé et de ce présent racistes. La monarchie s’est construite sur l’esclavage, établissant un commerce d’esclaves qui a vu des millions d’Africains et d’Américains du Sud et du Nord déplacés vers d’autres pays. La traite des esclaves était si importante que ce n’est qu’en 2015 que le pays a fini de rembourser l’intégralité de ses « dettes » envers les propriétaires des esclaves libérés au XIXe siècle.

    Évidemment, le règne d’Elizabeth a débuté en 1952 et ce n’est pas elle qui a mis en œuvre ces politiques. Rappelons tout de même qu’elle est parfois intervenue lorsque, par exemple, l’ancienne Première ministre Margaret Thatcher refusait d’aider à mettre fin à l’apartheid en Afrique du Sud.

    Mais certains, notamment ceux qui ont directement souffert de l’impérialisme britannique durant son règne, affirment qu’Elizabeth a eu un impact direct sur les prises de décision de son époque. Des historiens diront qu’il est difficile de déterminer quelles horreurs imposées par le Royaume-Uni sous son règne – au Kenya ou en Irlande par exemple – ont été autorisées par la reine. D’autres affirment qu’elle est responsable. Pour les victimes de la domination coloniale britannique en tout cas, difficile de mettre de la distance entre la Couronne et les décisions politiques du pays.

    À gauche, certains affirment que la symbolique du trône reflète l’oppression, la discrimination et de grandes inégalités de richesses au Royaume-Uni. Les principaux membres de la gauche britannique n’osent pas cependant plaider l’abolition de la monarchie.

    Elizabeth était au moins en partie responsable de certaines inégalités que le pays a connues et qui se sont perpétuées lorsqu’elle était sur le trône.

    Ces dernières années, la Couronne a résisté aux demandes de réparation que des pays comme la Barbade et la Jamaïque réclamaient pour l’exploitation sanglante et abominable survenue dans le cadre de la traite britannique des esclaves.

    Même au niveau national, les antécédents racistes de la famille royale au cours des dernières décennies ne donnent pas une bonne image de la Couronne. Ces discriminations ont été entretenues au sein même du palais de Buckingham ; les conseillers royaux ont ainsi interdit aux « immigrants ou étrangers de couleur » de travailler dans le palais au moins jusqu’à la fin des années 1960, soit plus d’une décennie après le début du règne d’Elizabeth.

    Le racisme profondément ancré au sein de la famille royale semble persister aujourd’hui ; en 2020, le duc et la duchesse de Sussex, le prince Harry et Meghan Markle, ont carrément quitté la famille royale en dénonçant le racisme qui y sévissait, malgré les protestations de membres de la famille comme le prince William.

    #racisme #colonialisme #violence #impérialisme #inégalités #Commonwealth #richesse #esclavage #massacres

  • 174 victimes de traite dʼêtres humains sur un quai du port d’Anvers, et le compteur tourne encore Dirk Tuypens - Solidaire
    https://www.solidaire.org/articles/174-victimes-de-traite-d-etres-humains-sur-un-quai-du-port-d-anvers-et-le

    Le géant de la chimie Borealis, une multinationale qui a réalisé un bénéfice de 1,4 milliard en 2021, est en train de construire une nouvelle usine de plastique à Kallo, dans le port d’Anvers. Fin juillet, on découvre 55 victimes potentielles de traite dʼêtres humains sur le chantier de Borealis. Ce nombre passe rapidement à 174. Des esclaves des temps modernes, dans une Europe prospère.

    Pour ce projet de nouvelle usine, Borealis peut compter sur une subvention de la Région flamande de six millions d’euros. Évidemment, Borealis ne construira pas l’usine elle-même. Pour cela, elle fait appel à un entrepreneur. Cet entrepreneur, c’est notamment la coentreprise franco-italienne Irem-Ponticelli. L’entreprise italienne Irem emploie des milliers de personnes en Europe, en Arabie Saoudite, en Afrique du Nord, en Amérique centrale et en Amérique du Sud. L’entreprise française Ponticelli Frères emploie environ 5 000 personnes à travers le monde, et a enregistré un chiffre d’affaires de 785 millions d’euros en 2021.


    Photo Belga - Anvers (Antwerpen)

    Cet été, le consul flamand des Philippines à Anvers, après avoir été alerté par plusieurs victimes, soulève la question dʼune exploitation dʼêtres humains auprès du bourgmestre De Wever et de Payoke, le centre qui accueille et accompagne les victimes de la traite des êtres humains.

    Il s’agit de personnes originaires du Bangladesh, des Philippines, d’Ukraine et de Turquie. Des ouvriers qui doivent travailler six jours sur sept pour un salaire de 500 à 650 euros, et qui sont en outre logés dans des conditions épouvantables. Certains d’entre eux ont un permis de travail expiré.

    Il s’agit de personnes qui sont recrutées par des agences internationales dans leur pays d’origine avec la promesse de gagner beaucoup d’argent en Europe, ce qui leur permettra d’offrir à leur famille une vie meilleure dans leur pays. Ils paient souvent une petite fortune pour la traversée et se retrouvent dans un circuit obscur qui les conduit d’un pays à l’autre, et leur procure tout sauf le revenu espéré.

    « Trois semaines après l’éclatement du scandale, 17 victimes semblent avoir été "oubliées" et se retrouvent sans aucun soutien", déclare Peter Mertens, conseiller communal PTB à Anvers. « Cʼest incroyable que les travailleurs qui ont bossé comme soudeurs et tuyauteurs dans le port, des victimes de la traite dʼêtres humains, ne puissent toujours pas compter sur un quelconque soutien des autorités. Certains d’entre eux n’ont pas eu de revenu pour vivre pendant des semaines. Ils subissent toujours une forte pression de la part des exploitants, qui viennent régulièrement les menacer. Depuis la semaine dernière, ils sont également menacés d’un avis d’expulsion par le bourgmestre De Wever. Ces travailleurs construisent nos usines, nos écoles et nos hôpitaux. Ils ont droit à un salaire égal pour un travail égal. Et aujourd’hui, tout d’abord, dʼun lieu sûr. »

    Sous le radar
    Les témoignages qui paraissent dans la presse sont hallucinants. Le 29 juillet, par exemple, le quotidien Gazet van Antwerpen a publié le récit d’une des victimes. « Nous avons été recrutés au Bangladesh par une agence ayant des bureaux au Portugal et en Belgique. Ils nous ont promis un salaire de 2 500 euros par mois. Pour les atteindre, il faudrait travailler 190 heures par mois. Pour pouvoir nous rendre en Belgique, nous devions d’abord nous rendre en Inde pour demander un visa à l’ambassade de Hongrie. Pour le billet d’avion pour l’Inde, nous avons payé à l’agence 1 000 euros par personne. Cela représente beaucoup d’argent au Bangladesh, mais nous espérions un bon salaire qui nous permettrait de rembourser rapidement tous ces frais. » Une fois le visa hongrois en règle, les ouvriers sont retournés au Bangladesh, où ils ont payé à l’agence entre 7 000 et 8 500 euros pour un billet vers la Hongrie.

    Là, ils ont dû survivre pendant trois mois avant d’être envoyés en Belgique pour travailler sur le chantier de Borealis. Ils avaient un salaire horaire de 6,5 euros.

    Plus tard, on a dit aux ouvriers qu’ils devaient aller en Grèce. Là-bas, ils devraient travailler six jours par semaine et dix heures par jour. S’ils n’acceptaient pas, ils seraient licenciés. Leur salaire en Belgique n’avait pas encore été versé, ils ne le recevraient qu’en Grèce.

    En juillet, ces travailleurs décident d’aller à la police.

    « Nous voyons cela tous les jours », a déclaré Klaus Vanhoutte, le directeur de Payoke, sur Radio 1, le 26 juillet. « Nous alertons depuis des années que l’exploitation économique est également très présente dans notre pays. » Pour Payoke, le nombre de victimes chez Borealis est inégalé, c’est du jamais vu. Cela pose d’ailleurs des problèmes majeurs à l’organisation, car il n’y a pas assez d’hébergements. Payoke et ses organisations sœurs à Bruxelles et en Wallonie ne disposent que de 70 places d’accueil. M. Vanhoutte souligne également que seul un petit pourcentage du problème est visible. De nombreuses victimes restent sous le radar. Ce n’est pas surprenant, si l’on sait qu’il n’y a que 39 inspecteurs qui travaillent sur la traite des êtres humains. Les investissements sont insuffisants pour lutter efficacement contre l’exploitation économique.

    Entendre, voir et se taire
    Le dumping social est symptomatique d’un système économique dans lequel les patrons sont constamment à la recherche de force de travail moins chère. Si le transport et la construction en particulier font la une des journaux, cette maladie touche également d’autres secteurs. Il suffit de penser au livreur de colis PostNL, qui a récemment été mis en cause pour traite d’êtres humains et dumping social.

    Le système de sous-traitance facilite grandement le dumping social. Les grands entrepreneurs sous-traitent l’ensemble ou une partie de leur travail à de plus petits entrepreneurs. Ces sous-traitants sont en concurrence les uns avec les autres et doivent essayer de travailler pour le meilleur prix possible. À leur tour, ils sous-traitent également à d’autres sous-traitants. Cela crée un enchevêtrement inextricable de sous-traitance. Au nom de la concurrence et de la soif de profits, les salaires et les conditions de travail sont entraînés dans un cercle vicieux.

    Les gros donneurs d’ordre, ceux qui profitent le plus de ce système, sont hors d’atteinte. En effet, le système leur fournit très facilement les protections nécessaires. Borealis, par exemple, dit immédiatement qu’elle ne sait rien et pointe du doigt Irem-Ponticelli. Elle rompt le contrat avec l’entrepreneur et exige une « totale transparence ». Peu de temps après, Irem-Ponticelli a également nié toute implication. Ainsi, elles se refilent mutuellement la faute.

    « Nous ne savons rien et nous sommes très indignés », entend-on. C’est très facile de dire ça, mais pas crédible. « On n’agit que lorsque les profits sont menacés », déclare l’expert en marketing Luk Warlop dans la Gazet van Antwerpen du 29 juillet. « Ces dernières années, les entreprises ont beaucoup parlé de pratiques commerciales éthiques, mais c’est souvent uniquement pour faire bonne figure face aux actionnaires. En fin de compte, il faut conclure que le réflexe éthique est absent, et qu’il n’y a personne pour dire que ce n’est pas bien. Cela n’arrive que lorsque tout est révélé au grand jour. Le but fondamental, c’est la chasse au profit. Et donc la réputation prime sur l’éthique. C’est comme ça. »

    Pour l’avocat et professeur de droit du travail Jan Buelens aussi, ce dédouanement n’est pas convaincant : « En tout cas, Borealis a eu toutes les possibilités d’être informée et de procéder à des vérifications, a-t-il déclaré à Radio 1. Apparemment, cela n’a pas été fait. Après coup, il est toujours facile d’exiger la transparence et de rompre le contrat avec le sous-traitant. »

    IREM n’est pas sans antécédents en la matière, chose que Borealis pouvait certainement savoir. La multinationale avait déjà été mise en cause en Suède en 2005, dans une affaire qui ressemble étrangement au scandale de Borealis. Pour l’installation d’une raffinerie de pétrole, l’entreprise avait également fait appel à l’époque à un grand nombre d’ouvriers étrangers : des Polonais, des Portugais et un groupe important de Thaïlandais. Eux aussi étaient mal logés et payés bien moins que ce qui leur avait été promis au départ. Le sous-traitant thaïlandais a tenté de faire pression sur les ouvriers et de les amener à déclarer par écrit qu’ils avaient été correctement payés. Quatre travailleurs ont refusé et ont été licenciés. 200 ouvriers thaïlandais se sont alors mis en grève. Ils ont reçu les salaires qui leur avaient été promis et personne n’a été licencié.

    Bien que l’exploitation massive chez Borealis n’ait été révélée que fin juillet, le problème était connu depuis longtemps. « Il y avait des signes dès le mois de mai », affirme Luk Warlop. Borealis en a également été informée à ce moment-là, mais elle n’a réagi que lorsque tout a été médiatisé.

    Un système en déroute
    Un autre point sensible dans cette histoire est la directive européenne sur le détachement des travailleurs. Celle-ci existe depuis 1997 et s’inscrit dans le principe européen de libre circulation des personnes, des services, des biens et des capitaux. Elle donne aux employeurs la possibilité d’envoyer des travailleurs dans d’autres pays européens. Ces derniers doivent bénéficier du salaire et des conditions de travail du pays où ils travaillent. Les cotisations sociales doivent, en principe, être payées dans le pays d’origine. Mais ce système défaille de plus en plus.

    « Il s’agit d’un processus de déconstruction », explique Marc Botenga, député PTB au Parlement européen, dans le Solidaire de janvier-février 2020. « D’une spirale infernale dans laquelle les salaires, les conditions de travail et ainsi de suite sont sous pression. Ce processus est initié par les employeurs. Au sein de l’Union européenne, il existe des différences en termes de salaires et de droits sociaux, et les employeurs les exploitent. Aujourd’hui, le dumping social se concentre principalement sur le salaire indirect, la partie brute du salaire, qui finance, entre autres, la sécurité sociale. Si une entreprise envoie un salarié dans un autre État membre de l’UE à titre temporaire, elle bénéficie du fait que le salaire brut en Roumanie, par exemple, est beaucoup plus bas que dans notre pays. Elle envoie donc un travailleur avec un contrat roumain en Belgique (en détachement) et elle ne doit payer les cotisations sociales qu’en Roumanie, où elles sont beaucoup plus basses. Pour les employeurs, c’est devenu un véritable modèle économique. Il faut que cela cesse. Nous pourrions obliger les entreprises à payer les cotisations sociales selon les taux en vigueur dans le pays où travaille l’employé. Mais il y a beaucoup de résistance à cela. »

    En mai 2014, l’Europe a donné aux États membres la possibilité de tenir les entreprises qui font appel à des sous-traitants conjointement et solidairement responsables du paiement des salaires et du respect des droits des travailleurs embauchés par le sous-traitant. Les États membres étaient libres de décider si cela devait s’appliquer à l’ensemble de la chaîne de sous-traitance et à quels secteurs. Le gouvernement Michel-De Wever n’a appliqué cette mesure qu’au secteur de la construction, et uniquement au sous-traitant direct du donneur d’ordre, et non aux autres niveaux de sous-traitance. C’est totalement insuffisant.

    Il faut fermer le robinet
    En Belgique, 23 000 personnes sont actuellement enregistrées comme victimes de la traite des êtres humains. Ce chiffre a donc décuplé en quelques années. Malgré toutes les belles déclarations sur les pratiques commerciales éthiques et la lutte contre la fraude, le problème ne fait que s’aggraver, non seulement dans notre pays, mais aussi dans toute l’Europe. Il est clair qu’une approche ferme et des réglementations plus strictes sont nécessaires.

    C’est pourquoi, le PTB dépose une proposition de loi visant à étendre la responsabilité des entreprises travaillant avec des sous-traitants. L’objectif est que le contractant principal soit toujours responsable du paiement intégral des salaires des travailleurs, quel que soit le nombre de sous-traitants et quel que soit le secteur. Les entreprises commanditaires doivent être responsables de l’ensemble de la chaîne de sous-traitants. Confier la responsabilité au donneur d’ordre aura un meilleur effet préventif.

    La proposition de loi comporte trois points principaux. Tout d’abord, nous devons nous assurer que la responsabilité ne couvre pas seulement la relation entre l’entrepreneur et le sous-traitant direct, mais qu’elle soit étendue à l’ensemble la chaîne de sous-traitance. Deuxièmement, le système de responsabilité conjointe et solidaire doit être étendu à tous les secteurs, comme le permet la directive européenne et comme le demandent également les syndicats. Troisièmement, le contractant principal doit être responsable du paiement de tous les salaires, et pas seulement des salaires futurs après qu’il a été établi qu’aucun salaire n’a été payé, comme c’est le cas actuellement.

    En outre, le PTB demande également que les services d’inspection soient enfin renforcés. Un doublement du nombre d’inspecteurs est nécessaire.

    Dans le cas spécifique de Borealis, le PTB souhaite une enquête approfondie. « Nous voulons savoir qui est responsable du fait que des esclaves travaillent au port d’Anvers », déclare le député PTB Thierry Warmoes. Selon le parti, Borealis était depuis longtemps au courant de l’exploitation d’au moins 170 travailleurs sur son chantier. L’entreprise en avait été informée, mais n’a pris aucune mesure à cet égard. Le parti demande donc aux ministres de débloquer tous les moyens nécessaires pour mener une enquête approfondie sur cette affaire, avec une task force composée d’experts de tous les services concernés travaillant spécifiquement sur le dossier.

    Les grands discours ne suffisent pas. On ne pourra obtenir de résultats qu’avec des réglementations claires, un contrôle ferme et des sanctions effectives. Tant que les grandes multinationales et leurs actionnaires détermineront l’organisation de notre économie, la traite des êtres humains et le dumping social réapparaîtront toujours.

    #esclavage institutionnel de l’#ue #union_européenne #europe #exploitation #Borealis #irem # Irem-Ponticelli #sous_traitance #cotisations sociales #Bangladesh #Philippines #Ukraine #Turquie # salaires #conditions_de_travail

  • Monuments of enslaved people in the threes in Charlotte, North Carolina

    To pay tribute to all the enslaved people buried in cemeteries with no name, artist Craig Walsh put a face in the trees to honor their souls in an installation in Charlotte, North Carolina, called “Monuments”

    by @Rainmaker1973

    Craig Walsh’s Monuments | Charlotte SHOUT!

    Challenging traditional expectations of public monuments and the selective history represented in our public spaces. Built for the great outdoors, Monuments celebrates selected individuals through large-scale, nighttime projected portraits onto live trees in public spaces for stunning effect. Monuments represents a haunting synergy between the human form, nature, and the act of viewing. Enormous night-time projections transform trees into sculptural monuments.

    https://www.charlotteshout.com/events/detail/craig-walshs-monuments

    #monument #esclavage #Charlotte #CarolineduNord #art #sculpture

  • The Atlas of Enslavement. Facts and figures about forced labour and exploitation
    Atlas des esclavages. Faits et chiffres sur le travail forcé

    The word “slavery” conjures up images of people in chains being forced onto ships in Africa and transported across the globe. We rarely think of slavery as having anything to do with the modern world and its living and working conditions. Slavery has indeed been abolished as a legal form of labour worldwide. Article 4 of the 1948 Universal Declaration of Human Rights states: “No one shall be held in slavery or servitude; slavery and the slave trade shall be prohibited in all their forms.”

    But it would be wrong to assume that slavery no longer exists today. Indeed, in absolute numbers, more people are enslaved now than at any time in history. The International Labour Organization of the United Nations speaks of “modern slavery” and estimates that at least 40 million people are currently subject to it.

    This atlas aims to raise awareness of this widely ignored phenomenon. We show that the persistence of this inhumane practice is a global problem. The 2020 Global Report on Trafficking in Persons by the United Nations Office on Drugs and Crime (UNODC) concludes that people in no country in the world are immune from the crime of slavery. Based on the data collected for this Global Report, UNODC was able to document a total of 534 different routes used for human trafficking. More than 120 countries reported having detected trafficked persons from over 140 different countries of origin. In addition, national authorities probably do not recognize some routes, in part because many people are already enslaved while they are in their home countries.

    https://www.rosalux.de/en/publication/id/45336

    #esclavage #chiffres #statistiques #atlas #rapport #esclavage_moderne #néo-esclavage

    ping @reka @cede

  • Defensoras, voces de vida y resistencia
    Défenseuses, voix de la vie et de la résistance

    Ser mujer defensora de derechos humanos en Colombia no es fácil. En un contexto tan violento como el del país, se deben enfrentar a situaciones complejas: por un lado, las agresiones y amenazas derivadas de su liderazgo y, por el otro, las violencias por el hecho de ser mujeres.

    En medio de este panorama surge el presente informe, Defensoras, voces de vida y resistencia, que tiene como propósito evidenciar las agresiones contra defensoras de derechos humanos en Colombia y los elementos del contexto que propician esta situación, para reconocer sus profundos orígenes y la manera en la que han afectado y siguen afectando a las mujeres con liderazgo en Colombia.

    El análisis de los hechos violentos se enmarca en un periodo de siete años, comprendido entre el 2013 y el 2019, tiempo en el cual el Sistema de Información sobre Agresiones contra Personas Defensoras de Derechos Humanos en Colombia del Programa Somos Defensores, ha registrado agresiones en contra de 1.336 mujeres con liderazgo. Estos hechos se han incrementado con el tiempo, especialmente en los últimos años y en el marco de la implementación del Acuerdo de Paz; lo que permite insistir en la responsabilidad del Estado en el cumplimiento del Acuerdo como condición necesaria para avanzar en materia de garantías para el ejercicio de la labor de defensa de los Derechos Humanos.

    Esta publicación es el resultado de una sinfonía de voces de mujeres comprometidas con la defensa de los derechos humanos y sus organizaciones. Es fruto del trabajo de Sisma Mujer y LIMPAL, tomando en cuenta también los aportes de los espacios de articulación a los que pertenecen que son la Cumbre de Mujeres por la Paz y GPAZ, y que junto con la sistematización y el seguimiento de las agresiones a personas defensoras que realiza el Programa Somos Defensores, lo ha hecho posible.

    https://www.pazcondignidad.org/blog/colombia-informe-especial-defensoras-voces-de-vida-y-resistencia

    pour télécharger le #rapport :
    https://drive.google.com/file/d/1ztkaVm3AHLHQsRf3w4UBiMI_mMCIDjc9/view
    –-

    Source trouvée dans cet article publié dans la revue Vivre Ensemble (@vivre) :

    Le rapport « Défenseuses, voix de la vie et de la résistance », rédigé par les organisations Somos Defensores, Sisma Mujer, Limpal et le Sommet national des femmes et de la paix, estime que les militantes « font face à des risques liés au genre auxquels les défenseurs masculins ne sont pas confrontés dans la même proportion, en raison des rôles préétablis qui sous-estiment et dégradent la condition féminine… Les femmes défenseuses sont constamment exposées aux #abus, aux #agressions et à l’#esclavage_sexuel, à la #traite à des fins d’esclavage sexuel et domestique (…). De nombreuses #menaces et actes de #violence sont dirigés contre les membres de la famille nucléaire, en particulier contre les fils et les filles »

    https://asile.ch/2021/05/31/colombie-le-danger-detre-une-femme-et-une-dirigeante-sociale-en-colombie

    #femmes #résistance #Colombie

  • #canada : Des infirmières malades de la COVID-19 forcées de travailler Le Devoir - Nikoo Pajoom
    https://www.ledevoir.com/societe/sante/740238/coronavirus-au-boulot-meme-malades

    L’accalmie estivale attendue n’est pas arrivée dans les hôpitaux. Des infirmières ayant des symptômes sévères de la COVID-19, dont des nausées, des vomissements, des maux de tête et des douleurs musculaires, sont forcées de travailler auprès de patients vulnérables pour éviter des ruptures de service dans le réseau de la santé.

    Selon ce que Le Devoir a appris, cette obligation de rester en poste malgré un test de dépistage positif et des symptômes incommodants crée un malaise chez des travailleurs de la santé. Des infirmières ont confié leurs craintes d’infecter des patients ou de commettre des erreurs médicales en raison de la fatigue et des symptômes de la COVID-19.


    Photo : Jacques Nadeau Le Devoir Le ministère de la Santé et des Services sociaux confirme que des employés malades de la COVID-19 peuvent être appelés à travailler en cas de « compromission persistante » de l’accès aux services due au manque de personnel. _

    « C’est une situation dangereuse pour mes collègues, pour les patients et pour moi-même », raconte une infirmière qui travaille en gériatrie auprès d’une clientèle vulnérable. Elle a demandé à garder l’anonymat par crainte de représailles.

    Présentant des symptômes d’une infection à la COVID-19, cette travailleuse a effectué un test rapide de dépistage qui s’est révélé positif. Après un test PCR qui a confirmé l’infection, les gestionnaires responsables des employés avec un test positif à la COVID lui ont dit de s’isoler pendant cinq jours. Cependant, après avoir informé sa cheffe d’unité, cette infirmière a dû rester sur son quart de travail « avec l’accord de la haute direction ».

    Le lendemain, des gestionnaires lui ont ordonné de retourner au travail en raison du manque de personnel dans son unité. Mais, entre-temps, son état de santé s’était détérioré : « J’ai développé des symptômes de plus en plus intenses. Nausées, vomissements, céphalées, douleurs musculaires et douleurs abdominales. »

    Elle en a informé les personnes responsables. Pourtant, on lui a dit que tant qu’elle n’avait pas de fièvre, elle devait continuer à travailler. Cette décision a conduit l’infirmière à travailler « avec des étourdissements et des nausées ». « J’ai malheureusement vomi dans mon département. »

    Après cet épisode, on lui a intimé de rentrer chez elle immédiatement. Mais sans aucune relève, l’infirmière a été obligée de terminer son quart malgré ses symptômes.

    Le lendemain, à cause d’une forte fièvre, elle a été autorisée à s’isoler jusqu’au retour à une température sous les 38°C.

    Éviter les ruptures de service  
    Le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) confirme que des employés malades de la COVID-19 peuvent être appelés à travailler en cas de « compromission persistante » de l’accès aux services due au manque de personnel.

    Quelque 6478 employés du réseau de la santé étaient absents en raison de la COVID-19 en date du 26 juillet, selon le MSSS. « Il est évident que ce taux d’absentéisme contribue à exercer davantage de pression sur les employés en poste et sur le réseau de la santé », affirme Robert Maranda, porte-parole du MSSS.

    « La réintégration précoce d’un employé infecté par la COVID se fait lorsque les autres options ont été épuisées et lorsque l’établissement risque la rupture de services en raison du manque de travailleurs », précise-t-il. L’établissement doit s’assurer que le retour se fait en zone « chaude », où sont des personnes déjà infectées par la COVID, ou auprès de clientèles moins vulnérables. Des mesures doivent être prises pour éviter que d’autres employés se contaminent, en réservant aux travailleurs infectés une salle de repas ou un vestiaire, par exemple. Ces derniers doivent aussi porter des équipements de protection adéquats, souligne le MSSS.

    Principe de précaution
    Une autre infirmière ayant 20 années d’expérience, qui souhaite aussi rester anonyme, a dû travailler malgré un test positif de COVID-19 et des symptômes d’une infection. Elle faisait de son mieux pour éviter ses collègues et elle allait dans un coin « où il n’y avait personne » quand elle avait besoin de se moucher.

    « Je ne l’ai pas dit à mes patients, parce que je ne voulais pas leur faire peur », explique l’infirmière.

    « Les gens étaient choqués de savoir qu’ils pouvaient être soignés par une infirmière non vaccinée, mais ils ne savent peut-être pas que les travailleurs de la santé sont susceptibles d’être contagieux », ajoute-t-elle.

    La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) soutient que les travailleuses de la santé infectées à la COVID-19 devraient s’isoler pendant 10 jours.

    « Nous prônons le principe de précaution au bénéfice des travailleuses, mais aussi pour les patients. On ne doit pas faire de compromis sur la santé et la sécurité des patients et des travailleuses », fait valoir Benoit Hamilton, attaché de presse de la FIQ.

    Le travail des infirmières atteintes de COVID-19 « ne semble pas une pratique généralisée pour l’instant », selon le syndicat.

    De son côté, l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec rappelle que ses membres n’ont « aucune obligation déontologique d’informer leurs patients de leur condition de santé ».

    Une infirmière qui se rend au travail en se sachant malade « doit en aviser son employeur et respecter les règles de prévention des infections », dont le port d’équipements de protection pour protéger ses patients.

    « Par contre, si elle considère qu’elle n’est pas apte à se rendre au travail au point d’affecter la qualité des soins à prodiguer, elle doit se retirer et en aviser son employeur. »

    #covid-19 #coronavirus #santé #pandémie #sars-cov-2 #Hôpital #Santé #Santé_Publique #Soignants #Soignantes #Médecine #esclavage ? #Travail #crise_sanitaire #conditions_de_travail

  • The plight of sub-Saharan domestic workers in Morocco: ’I was told I would not be paid for the first few months while I paid off my plane ticket’

    Female workers, most of them from Côte d’Ivoire and Senegal, find themselves in jobs that amount to modern slavery, without the official status necessary to defend themselves.

    When she arrived in Tangier in early 2021, a car arrived to pick her up at the train station. She was taken to a house without being told the address. Her passport was confiscated, her belongings were taken away and she was put to work. Housework, cooking, ironing, childcare... She was expected to do everything. She could not leave the house. She would have no days off, no vacations. She would start her days at 6am and could only go to bed when her bosses were asleep.

    After three months, Awa* fled. “I no longer had the strength,” said the 33-year-old woman from Côte d’Ivoire, who has been living in Casablanca ever since. Her migration dream has turned into a nightmare. A year and a half after she arrived in Morocco, she decided to go back home and approached the International Organization for Migration (IOM), which has an assisted voluntary return program.

    Awa’s story is tragic, but it is not unique. Many West African women, mostly Ivorian and Senegalese, go to Morocco to become domestic workers. Most come via human trafficking networks. Some arrive through more informal networks, family or friends, operating by word of mouth. Some also come on their own. Without the appropriate papers, they are often exploited and mistreated, without the ability to defend themselves. This type of “modern slavery” has been condemned by human rights associations in Morocco.

    While it is impossible to know how many workers in this position there are – since their work is mainly informal – everything seems to suggest that the market for foreign maids is robust. On social networks, multiple ads relayed by so-called “agencies” offer the services of African or Asian women, even though this “intermediary activity” is prohibited by Moroccan law.

    These “agencies” offer “catalogs” of available women. “Sub-Saharan women” are recommended for their “flexibility.” One such entry reads: “Because they are not at home, they are more committed, more docile. They are also reliable. And they speak good French.” They are also touted as “cheaper” than Moroccan and Asian women.
    No entry visa required

    For these women, everything starts with the lure of a good salary. In Côte d’Ivoire, Awa was a receptionist, earning 230 euros per month. She recalled: “One day I met someone who told me that he could put me in touch with a Moroccan woman and that this woman would pay my airfare, provide me with lodging and give me 450,000 CFA francs a month [686 euros] to do the housework.” This seemed like a godsend for Awa, who had many projects in mind, such as investing in an “ointment store” in Abidjan. The offer was all the more appealing because she did not need a visa to enter Morocco – both Ivorian and Senegalese nationals are exempt from this requirement.

    When she arrived, “it was the opposite.” She continued: “I was told that I would get 1,300 dirhams a month [123 euros] and that I would not be paid for the first few months while I paid off my plane ticket.” Her passport was taken away – a common practice, according to Mamadou Bhoye Diallo of the Collectif des Communautés Subsahariennes au Maroc (CCSM, Collective of Sub-Saharan Communities in Morocco), to ensure the employee cannot escape, especially before the cost of the trip is recovered from her wages.

    “The person can work up to a year without pay to repay the employer or agency,” continued Mr. Diallo. “After a year, she can still receive nothing if the agency decides to pay the money directly to her family in the country.”

    With no papers or points of reference, they find themselves effectively “taken hostage” and “have no choice but to remain at the mercy of their employers,” added Patrick Kit Bogmis of the Association Lumière Sur l’Emigration au Maroc (ALECMA, Shining a Light on Emigration in Morocco). In 2016, ALECMA published a damning report on sub-Saharan domestic work, noting a long list of human rights violations.

    There is a spectrum of relationships between employees and employers, depending on the attitude of the latter: at one end of it, some workers are given some rights. At the other is a situation that is effectively slavery, where bosses behave as “masters” and employ “exploitative techniques, racism, violence and all kinds of abuse.”

    The first family 39-year-old Yasmine* worked for when she arrived in Casablanca, almost three years ago, made her sleep on the floor in the children’s room. Instead of proper meals, she was given leftovers. “Every two weeks, I was supposed to have a weekend off, but it never happened,” said this Ivorian woman, who was at the time willing to do anything to pay for her three daughters’ education back home.

    After relentless housework and looking after the three children, including a newborn, night and day, she ended up falling ill. “I slept very little. I had headaches, dizziness, pain in my arm. When I asked for some rest, the man yelled at me. He insulted me.”

    With her second family, things were even worse. “I was cleaning, cooking, cleaning the pool. I also had to play with the dog,” continued Yasmine. “The woman was always on my back – why are you sitting? You have to do this... When the children broke things, they said it was my fault. The husband never said a word to me.” Overnight, for no reason, they ordered her to leave. “They wouldn’t give me my stuff back. I had to leave everything there.”
    National preference

    There is a law regulating domestic work in Morocco, which came into force in 2018 after 10 years of debate and was hailed as a big step forward. It states that an employment contract providing access to social protection is required. Yet four years later, this law remains very rarely enforced.

    “Just over 5,000 female workers have been declared to date, out of a population we estimate at 1 million,” stressed Nadia Soubate, a member of the Confédération Démocratique du Travail (CDT, Democratic Confederation of Labor), who was involved in a study published in late 2021 on domestic employment in Morocco.

    Foreign domestic workers, who do not escape the rule of “national preference” in force in the country, are even less protected. “To recruit them, the employer must prove that they have skills that do not exist in the Moroccan labor market. This certificate is necessary to get a foreign employment contract,” explained Camille Denis of the Groupe Antiraciste d’Accompagnement et de Défense des Etrangers et Migrants (GADEM, Antiracist Group for the Support and Defense of Foreigners and Migrants). “This is an extremely cumbersome and costly process – 6,000 dirhams (573 euros) – which must be done within three months of entering the territory. Very few employers are committed to it.”

    Once these three months have passed, “[the women] find themselves in an undocumented situation and there is nothing more they can do,” explained Franck Iyanga, secretary general of the Organisation Démocratique des Travailleurs Immigrés au Maroc (ODTI, Democratic Organization of Immigrant Workers in Morocco) – the only union representing these foreign workers.

    He explains: “You need a foreign work contract to have a residence permit and vice versa. This is an inextricable situation. [Despite this] many people accept suffering this abuse to support themselves and their families. Those who have given up often find themselves working as street vendors.”

    In Casablanca, Yasmine was recruited a few months ago by employers who tried to declare her to make her status official. “But we have not found a solution,” she lamented. “Having no papers puts you at a dead end: you can’t take out a lease in your name, open a bank account, or file a complaint if something happens... You have no rights.”

    Today, Yasmine manages to send her daughters more than half of her salary each month. Once they are grown up, she will return to Abidjan and tell anyone who will listen not to go through what she experienced. “It’s too hard. You have to have a strong heart. This kind of life lacks humanity.”

    https://www.lemonde.fr/en/international/article/2022/07/28/the-plight-of-sub-saharan-domestic-workers-in-morocco-i-was-told-i-would-not

    #Maroc #asile #migrations #réfugiés #travail_domestique #femmes #exploitation #conditions_de_travail #travail #travailleurs_étrangers #travailleuses_étrangères #néo-esclavage #esclavage_moderne

    ping @isskein @_kg_

  • « Nous avons vendu un mensonge aux gens » : les confessions de Mark MacGann, lanceur d’alerte des Uber Files
    https://www.radiofrance.fr/franceinter/nous-avons-vendu-un-mensonge-aux-gens-les-confessions-de-mark-macgann-la

    Ancien chef lobbyiste pour le géant des VTC, Mark MacGann est à l’origine des révélations des Uber Files. Il décrit, dans un entretien au Guardian, les méthodes employées par l’entreprise américaine pour forcer les gouvernements à modifier les règles qui bloquaient alors son implantation.

    Il est celui qui a permis la révélation des Uber Files. Mark MacGann est la source qui a transmis au Guardian les 124.000 documents qui ont donné lieu à l’enquête du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), conduite avec la cellule investigation de Radio France. Ancien chef lobbyiste pour le compte d’Uber entre 2014 et 2016, il était en charge de L’Europe, l’Afrique et du Moyen Orient. A ce titre, il a pris part aux dérives décrites à travers nos différents articles. Il a ensuite été en conflit avec son ex-société à qui il reprochait de ne pas avoir assez pris en compte les pressions qu’il subissait de la part des chauffeurs de taxis.

    Dans un entretien exclusif accordé au quotidien britannique The Guardian, partagé avec les médias partenaires de l’ICIJ, MacGann donne les coulisses du lobbying mené dans les pays où le géant des VTC souhaitait s’installer et où Uber n’était en général « pas autorisé, pas agréé, pas légal » et comment l’entreprise américaine n’a reculé devant (presque) rien pour obtenir la place qu’elle visait dans ces pays. S’il assume d’avoir pris part à ces méthodes, c’est aussi pour cela qu’il a décidé de parler.

    HE GUARDIAN : Pourquoi avez été engagé chez Uber précisément ?

    MARK MACGANN : J’ai été embauché par Uber pour diriger une équipe chargée d’élaborer et de mettre en œuvre notre stratégie de lobbying auprès des gouvernements d’Europe, d’Afrique et du Moyen-Orient, afin que nous puissions entrer sur le marché et nous développer, malgré des règlementations qui, dans la plupart des cas, empêchaient la mise en place d’Uber.

    Vous et d’autres cadres supérieurs d’Uber étiez-vous conscients à l’époque que la société bafouait la loi dans des villes et des pays où il existait une réglementation sur les taxis ?

    Dans la plupart des pays sous ma juridiction, Uber n’était pas autorisé, n’était pas agréé, n’était pas légal.

    Alors est-il juste de dire, en termes simples, que la stratégie était d’enfreindre sciemment la loi et de la changer ensuite ?

    Le mantra que les gens répétaient d’un bureau à l’autre était celui de la direction : ne demandez pas de permission, lancez-vous, bousculez, recrutez des chauffeurs, allez sur le terrain, faites du marketing et rapidement les gens se réveilleront et verront à quel point Uber est une chose géniale.

    Vous avez rencontré des présidents, des premiers ministres, des chanceliers, des maires. À quel point était-ce difficile d’obtenir ces rendez-vous pour Uber ?

    Je pense que je n’ai jamais eu, au cours de ma carrière, aussi facilement accès à des hauts fonctionnaires du gouvernement, à des chefs de gouvernement, à des chefs d’État. C’était enivrant. Je pense qu’Uber était à l’époque, dans le monde de la tech, et peut-être dans le monde des affaires en général, l’acteur le plus convoité. Et dans une certaine mesure, tant du côté des investisseurs que des politiques, tout le monde se bousculait pour décrocher un rendez-vous avec Uber et entendre ce que l’on avait à leur proposer.

    En passant vos documents au peigne fin, nous avons remarqué de nombreuses rencontres entre vous, ainsi que d’autres dirigeants d’Uber, et des ministres britanniques. Mais ces rendez-vous n’étaient jamais déclarés. Le public ne devait pas savoir qu’ils avaient lieu. Comment expliquez-vous cela ?

    Peut-être s’agissait-il simplement d’une série d’oublis administratifs ou peut-être était-il préférable de ne rien dire. Je ne sais pas, il faudrait demander aux politiciens.

    Quelle serait votre réponse ?

    Tout le monde a des amis, et les gens acceptaient les demandes de leurs amis. Ils leur rendaient la pareille, et il n’était dans l’intérêt de personne que cela soit mis en évidence. Que cela soit rendu public.

    Donc en clair, il s’agissait de rendez-vous secrets ?

    Il s’agit de réseaux feutrés, qui existent depuis très longtemps, mais qui parviennent à changer de forme et à continuer d’exister. L’accès au pouvoir n’est pas quelque chose qui se démocratise.

    Travis Kalanick (l’ancien patron d’Uber) a dit “La violence garantit le succès”. Que pensez-vous qu’il voulait dire par là ?

    Je pense qu’il voulait dire que le seul moyen d’amener les gouvernements à changer les règles, à légaliser Uber et à permettre à Uber de se développer, comme Uber le souhaitait, c’était de continuer le combat, de maintenir la controverse. Et si cela revenait à ce que les chauffeurs Uber se mettent en grève, qu’ils manifestent dans les rues, qu’ils bloquent Barcelone, Berlin ou Paris, alors c’était la voie à suivre.

    Ne pensez-vous pas que c’est dangereux ?

    Bien-sûr que c’est dangereux. C’est aussi très égoïste, d’une certaine manière. Parce que lui, il n’était pas la personne qui se trouve dans la rue, qui se faisait menacer, attaquer, frapper et dans certains cas tuer... Pour moi, cela a commencé par des insultes sur Twitter. Et puis j’ai commencé à me faire hurler dessus dans des aéroports, les gares, à tel point que des chauffeurs de taxi me suivaient partout où j’allais. Ils avaient repéré l’endroit où je vivais, ils venaient frapper à ma porte, ils publiaient des photos de moi avec des amis, avec les enfants de mes amis. Et j’ai commencé à recevoir des menaces de mort sur Twitter. Alors Uber a dit : “Ok, on doit te protéger.” Ils m’ont donc obligé à avoir des gardes du corps à chaque fois que je quittais mon domicile, ce qui était tout le temps puisque je voyageais en permanence... A Rome, nous sommes montés dans une voiture et une foule de chauffeurs de taxis en colère nous a bloqué la route, ils nous traitaient comme si nous étions l’ennemi. C’est quelque chose que je n’avais jamais vécu. Et je n’en veux pas aux personnes qui m’ont directement témoigné cette colère et cette haine. Voilà une entreprise qui était prête à enfreindre toutes les règles, et à utiliser son argent et son pouvoir pour détruire... pour ruiner leurs moyens de subsistance. Alors ils avaient besoin de quelqu’un contre qui être en colère. Ils avaient besoin de quelqu’un sur qui crier. Ils avaient besoin de quelqu’un à intimider, quelqu’un à menacer. Je suis devenu cette personne.

    Tenez-vous Uber pour responsable des menaces et de l’environnement hostile auxquels vous avez fait face dans l’exercice de votre métier ?

    Je tiens Uber pour responsable du fait que l’entreprise n’a pas changé sa façon de se comporter. Sa réponse à la violence contre l’un de ses cadres supérieurs a été de lui fournir des gardes du corps. Il n’y a pas eu de changement de comportement. Aucun changement de tactique. Aucun changement de ton. C’était : continuez le combat, continuez à entretenir le feu.

    N’auriez-vous pas pu faire quelque chose de plus, pendant que vous travailliez encore chez Uber, pour vous plaindre de ces pratiques en interne ?

    La culture d’entreprise ne permettait pas réellement de résister, de remettre en question les décisions de l’entreprise, sa stratégie ou ses pratiques. J’ai fini par me rendre compte que je n’avais aucune influence, que je perdais mon temps dans cette entreprise. Et ce sentiment, à ce stade de ma carrière, combiné au fait que je m’inquiétais non seulement pour ma propre sécurité, mais aussi pour celle de ma famille et de mes amis... M’ont poussé à démissionner.

    Qu’est-ce que vous diriez à ceux qui vous reprocheraient d’avoir fait fuiter ces documents pour vous venger d’Uber ?

    Je pense que les gens doivent regarder les faits que j’aide à mettre au jour. J’ai indéniablement eu des griefs contre Uber dans le passé. Ce n’est pas facile, mais je crois que c’est la bonne chose à faire.

    Vous sentez-vous en partie responsable ou coupable des conditions de vie actuelles des chauffeurs ?

    Oui, effectivement. Je suis en partie responsable, et c’est ce qui me motive à faire ce que je fais en tant que lanceur d’alerte. Ce n’est évidemment pas une chose facile, mais parce que j’étais là, à l’époque, j’étais celui qui parlait aux gouvernements, qui insistait auprès des médias, j’étais celui qui disait qu’il fallait changer les règlementations et que ça allait avantager les chauffeurs, que ça allait créer tellement d’opportunités économiques. Il s’est avéré que ce n’était pas le cas. Nous avons vendu un mensonge aux gens. Comment peut-on avoir la conscience tranquille si on n’assume pas sa propre responsabilité dans la manière dont les gens sont traités aujourd’hui ?

    Est-ce que c’est un moyen pour vous de faire amende honorable ?

    Il s’agit de faire amende honorable. Il s’agit de faire ce qui est juste. Je suis responsable de ce que j’ai fait. Ce dont j’essayais de convaincre les gouvernements, les ministres, les présidents et les chauffeurs se trouve être vraiment affreux, injuste et mensonger. Alors il m’incombe de revenir en arrière et de dire “Je pense que nous avons fait une erreur”. Et je pense que, dans la mesure où les gens veulent bien que je les aide, je ferai ma part en essayant de corriger cette erreur.

    #Uber #Lobbyisme #Uber_Files

    • "Nous avons violé les lois qui étaient le plus souvent l’expression de la volonté des peuples par le suffrage universelle. Nous n’en avons rien à foutre de la démocratie représentative. Nous corrompons sans vergogne les élites dirigeantes élues (toujours le plus souvent) au suffrage universelle. Nous n’hésitons pas à mettre les institutions étatiques devant le fait accompli et à foutre dans la merde des milliers de précaires en leur faisant croire qu’ils sont « entrepreneurs de leur vie » tout en détricotant les législations du travail. Nous sommes les ambassadeurs de l’#esclavage « librement » consenti" ...

  • La naissance du racisme

    Pour LSD, Stéphane Bonnefoi questionne les #origines du racisme et la notion de #race, depuis l’antiquité jusqu’au XIXe siècle, au gré de quatre épisodes historiques.

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-la-naissance-du-racisme

    –—

    Les 4 épisodes :

    Épisode 1/4 : L’héritage grec en question

    #Aristote et l’esclave « par nature », #Hippocrate et sa #théorie_climatique… Les penseurs grecs ont souvent été convoqués pour justifier l’esclavage et l’infériorité de certains peuples, à l’époque moderne mais aussi plus tôt, au cours de la #traite_arabo-musulmane

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/lsd-la-serie-documentaire/l-heritage-grec-en-question-5278625

    Épisode 2/4 : L’#exclusion par la pureté de #sang

    Après avoir converti juifs et musulmans, les rois catholiques de la péninsule ibérique vont imposer aux « conversos » de nouveaux statuts, discriminatoires : La #pureté_de_sang (Limpieza de sangre).

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/lsd-la-serie-documentaire/l-exclusion-par-la-purete-de-sang-8270617

    Épisode 3/4 : Dans l’ombre des Lumières, la construction de la race

    En pleine expansion de la #traite transatlantique au XVIIIe siècle, la #racialisation de l’esclavage se met en place dans les colonies européennes aux Amériques. Une frontière se forme entre le « nègre » et le blanc...

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/lsd-la-serie-documentaire/dans-l-ombre-des-lumieres-la-construction-de-la-race-3173051

    Épisode 4/4 : La république des #zoos_humains

    Au XIXe et jusqu’au milieu du XXe siècle, les zoos humains vont mettre en scène l’infériorité des peuples colonisés, tant en Europe qu’au Japon ou aux Etats-Unis. Et permettre ainsi une large diffusion de ce que nous nommons, depuis le début du XXe siècle, le racisme.

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/lsd-la-serie-documentaire/la-republique-des-zoos-humains-2354253

    #podcast #racisme #esclavage #Antiquité #histoire #Lumières #colonisation #colonialisme #domination #taxonomie #préjugés #système_de_domination #égalité #esclavage_colonial #couleur_de_peau #statut_social #esclavage_moderne #héritage #mythe

    ping @_kg_ @cede

  • A la frontière avec la Turquie, des migrants enrôlés de force par la police grecque pour refouler d’autres migrants

    Une enquête du « Monde » et de « Lighthouse Reports », « Der Spiegel », « ARD Report Munchen » et « The Guardian » montre que la police grecque utilise des migrants pour renvoyer les nouveaux arrivants en Turquie.

    Dans le village de #Neo_Cheimonio, situé à dix minutes du fleuve de l’Evros qui sépare la Grèce et la Turquie, les refoulements de réfugiés, une pratique contraire au droit international, sont un secret de Polichinelle. A l’heure de pointe, au café, les habitants, la cinquantaine bien passée, évoquent la reprise des flux migratoires. « Chaque jour, nous empêchons l’entrée illégale de 900 personnes », a affirmé, le 18 juin, le ministre grec de la protection civile, Takis Theodorikakos, expliquant l’augmentation de la pression migratoire exercée par Ankara.
    « Mais nous ne voyons pas les migrants. Ils sont enfermés, sauf ceux qui travaillent pour la police », lance un retraité. Son acolyte ajoute : « Eux vivent dans les conteneurs du commissariat et peuvent aller et venir. Tu les rencontres à la rivière, où ils travaillent, ou à la tombée de la nuit lorsqu’ils vont faire des courses. » Ces nouvelles « recrues » de la police grecque ont remplacé les fermiers et les pêcheurs qui barraient eux-mêmes la route, il y a quelques années, à ceux qu’ils nomment « les clandestins ».

    « Esclaves » de la police grecque

    D’après les ONG Human Rights Watch ou Josoor, cette tendance revient souvent depuis 2020 dans les témoignages des victimes de « pushbacks » [les refoulements illégaux de migrants]. A la suite des tensions à la frontière en mars 2020, lorsque Ankara avait menacé de laisser passer des milliers de migrants en Europe, les autorités grecques auraient intensifié le recours à cette pratique pour éviter que leurs troupes ne s’approchent trop dangereusement du territoire turc, confirment trois policiers postés à la frontière. Ce #travail_forcé des migrants « bénéficie d’un soutien politique. Aucun policier n’agirait seul », renchérit un gradé.

    Athènes a toujours démenti avoir recours aux refoulements illégaux de réfugiés. Contacté par Le Monde et ses partenaires, le ministère grec de la protection civile n’a pas donné suite à nos sollicitations.

    Au cours des derniers mois, Le Monde et ses partenaires de Lighthouse Reports – Der Spiegel, ARD Report Munchen et The Guardian avec l’aide d’une page Facebook « Consolidated Rescue Group » –, ont pu interviewer six migrants qui ont raconté avoir été les « esclaves » de la #police grecque, contraints d’effectuer des opérations de « pushbacks » secrètes et violentes. En échange, ces petites mains de la politique migratoire grecque se sont vu promettre un #permis_de_séjour d’un mois leur permettant d’organiser la poursuite de leur voyage vers le nord de l’Europe.

    Au fil des interviews se dessine un mode opératoire commun à ces renvois. Après leur arrestation à la frontière, les migrants sont incarcérés plusieurs heures ou plusieurs jours dans un des commissariats. Ils sont ensuite transportés dans des camions en direction du fleuve de l’Evros, où les « esclaves » les attendent en toute discrétion. « Les policiers m’ont dit de porter une cagoule pour ne pas être reconnu », avance Saber, soumis à ce travail forcé en 2020. Enfin, les exilés sont renvoyés vers la Turquie par groupe de dix dans des bateaux pneumatiques conduits par les « esclaves ».

    Racket, passage à tabac des migrants

    Le procédé n’est pas sans #violence : tous confirment les passages à tabac des migrants par la police grecque, le racket, la confiscation de leur téléphone portable, les fouilles corporelles, les mises à nu.
    Dans cette zone militarisée, à laquelle journalistes, humanitaires et avocats n’ont pas accès, nous avons pu identifier six points d’expulsion forcée au niveau de la rivière, grâce au partage des localisations par l’un des migrants travaillant aux côtés des forces de l’ordre grecques. Trois autres ont aussi fourni des photos prises à l’intérieur de #commissariats de police. Des clichés dont nous avons pu vérifier l’authenticité et la localisation.

    A Neo Cheimonio, les « esclaves » ont fini par faire partie du paysage. « Ils viennent la nuit, lorsqu’ils ont fini de renvoyer en Turquie les migrants. Certains restent plusieurs mois et deviennent chefs », rapporte un commerçant de la bourgade.

    L’un de ces leaders, un Syrien surnommé « Mike », a tissé des liens privilégiés avec les policiers et appris quelques rudiments de grec. « Son visage n’est pas facile à oublier. Il est passé faire des emplettes il y a environ cinq jours », note le négociant.
    Mike, mâchoire carrée, coupe militaire et casque de combattant spartiate tatoué sur le biceps droit, a été identifié par trois anciens « esclaves » comme leur supérieur direct. D’après nos informations, cet homme originaire de la région de Homs serait connu des services de police syriens pour des faits de trafic d’essence et d’être humains. Tout comme son frère, condamné en 2009 pour homicide volontaire.

    En contact avec un passeur basé à Istanbul, l’homme recruterait ses serviteurs, en leur faisant croire qu’il les aidera à rester en Grèce en échange d’environ 5 000 euros, selon le récit qu’en fait Farhad, un Syrien qui a vite déchanté en apprenant qu’il devrait expulser des compatriotes en Turquie. « L’accord était que nous resterions une semaine dans le poste de police pour ensuite continuer notre voyage jusqu’à Athènes. Quand on m’a annoncé que je devais effectuer les refoulements, j’ai précisé que je ne savais pas conduire le bateau. Mike m’a répondu que, si je n’acceptais pas, je perdrais tout mon argent et que je risquerais de disparaître à mon retour à Istanbul », glisse le jeune homme.
    Les anciens affidés de Mike se souviennent de sa violence. « Mike frappait les réfugiés et il nous disait de faire de même pour que les #commandos [unité d’élite de la police grecque] soient contents de nous », confie Hussam, un Syrien de 26 ans.

    De 70 à 100 refoulements par jour

    Saber, Hussam ou Farhad affirment avoir renvoyé entre 70 et 100 personnes par jour en Turquie et avoir été témoins d’accidents qui auraient pu mal tourner. Comme ce jour où un enfant est tombé dans le fleuve et a été réanimé de justesse côté turc… Au bout de quarante-cinq jours, Hussam a reçu un titre de séjour temporaire que nous avons retrouvé dans les fichiers de la police grecque. Théoriquement prévu pour rester en Grèce, ce document lui a permis de partir s’installer dans un autre pays européen.
    Sur l’une des photos que nous avons pu nous procurer, Mike prend la pose en treillis, devant un mobile-home, dont nous avons pu confirmer la présence dans l’enceinte du commissariat de Neo Cheimonio. Sur les réseaux sociaux, l’homme affiche un tout autre visage, bien loin de ses attitudes martiales. Tout sourire dans les bras de sa compagne, une Française, en compagnie de ses enfants ou goguenard au volant de sa voiture. C’est en France qu’il a élu domicile, sans éveiller les soupçons des autorités françaises sur ses activités en Grèce.

    Le Monde et ses partenaires ont repéré deux autres postes de police où cette pratique a été adoptée. A #Tychero, village d’environ 2 000 habitants, c’est dans le commissariat, une bâtisse qui ressemble à une étable, que Basel, Saber et Suleiman ont été soumis au même régime.
    C’est par désespoir, après neuf refoulements par les autorités grecques, que Basel avait accepté la proposition de « #collaboration » faite par un policier grec, « parce qu’il parlait bien anglais ». Apparaissant sur une photographie prise dans le poste de police de Tychero et partagée sur Facebook par un de ses collègues, cet officier est mentionné par deux migrants comme leur recruteur. Lors de notre passage dans ce commissariat, le 22 juin, il était présent.
    Basel soutient que les policiers l’encourageaient à se servir parmi les biens volés aux réfugiés. Le temps de sa mission, il était enfermé avec les autres « esclaves » dans une chambre cachée dans une partie du bâtiment qui ne communique pas avec les bureaux du commissariat, uniquement accessible par une porte arrière donnant sur la voie ferrée. Après quatre-vingts jours, Basel a obtenu son sésame, son document de séjour qu’il a gardé, malgré les mauvais souvenirs et les remords. « J’étais un réfugié fuyant la guerre et, tout d’un coup, je suis devenu un bourreau pour d’autres exilés, avoue-t-il. Mais j’étais obligé, j’étais devenu leur esclave. »

    https://www.lemonde.fr/international/article/2022/06/28/a-la-frontiere-avec-la-turquie-des-migrants-enroles-de-force-par-la-police-g

    #Evros #Thrace #asile #migrations #réfugiés #Turquie #Grèce #push-backs #refoulements #esclavage #néo-esclavage #papier_blanc #détention_administrative #rétention #esclavage_moderne #enfermement

    • “We were slaves”

      The Greek police are using foreigners as “slaves” to forcibly return asylum seekers to Turkey

      People who cross the river Evros from Turkey to Greece to seek international protection are arrested by Greek police every day. They are often beaten, robbed and detained in police stations before illegally being sent back across the river.

      The asylum seekers are moved from the detention sites towards the river bank in police trucks where they are forced onto rubber boats by men wearing balaclavas, with Greek police looking on. Then these masked men transport them back to the other side.

      In recent years there have been numerous accounts from the victims, as well as reports by human rights organisations and the media, stating that the men driving these boats speak Arabic or Farsi, indicating they are not from Greece. A months-long joint investigation with The Guardian, Le Monde, Der Spiegel and ARD Report München has for the first time identified six of these men – who call themselves slaves– interviewed them and located the police stations where they were held. Some of the slaves, who are kept locked up between operations, were forcibly recruited themselves after crossing the border but others were lured there by smugglers working with a gangmaster who is hosted in a container located in the carpark of a Greek police station. In return for their “work” they received papers allowing them to stay in Greece for 25 days.

      The slaves said they worked alongside regular police units to strip, rob and assault refugees and migrants who crossed the Evros river into Greece — they then acted as boatmen to ferry them back to the Turkish side of the river against their will. Between operations the slaves are held in at least three different police stations in the heavily militarised Evros region.

      The six men we interviewed weren’t allowed to have their phones with them during the pushback operations. But some of them managed to take some pictures from inside the police station in Tychero and others took photos of the Syrian gangmaster working with the police. These visuals helped us to corroborate the stories the former slaves told us.

      Videos and photographs from police stations in the heavily militarised zone between Greece and Turkey are rare. One slave we interviewed provided us with selfies allegedly taken from inside the police station of Tychero, close to the river Evros, but difficult to match directly to the station because of the lack of other visuals. We collected all visual material of the station that was available via open sources, and from our team, and we used it to reconstruct the building in a 3D model which made it possible to place the slave’s selfies at the precise location in the building. The 3D-model also tells us that the place where the slaves were kept outside their “working” hours is separate from the prison cells where the Greek police detain asylum seekers before they force them back to Turkey.

      We also obtained photos of a Syrian man in military fatigues in front of a container. This man calls himself Mike. According to three of the six sources, they worked under Mike’s command and he in turn was working with the Greek police. We were able to find the location of the container that serves as home for Mike and the slaves. It is in the parking lot of the police station in Neo Cheimonio in the Evros region.

      We also obtained the papers that the sources received after three months of working with the Greek police and were able to verify their names in the Greek police system. All their testimonies were confirmed by local residents in the Evros region.
      STORYLINES

      Bassel was already half naked, bruised and beaten when he was confronted with an appalling choice. Either he would agree to work for his captors, the Greek police, or he would be charged with human smuggling and go to prison.

      Earlier that night Bassel, a Syrian man in his twenties, had crossed the Evros river from Turkey into Greece hoping to claim asylum. But his group was met in the forests by Greek police and detained. Then Bassel was pulled out of a cell in the small town of Tychero and threatened with smuggling charges for speaking English. His only way out, they told him, was to do the Greeks’ dirty work for them. He would be kept locked up during the day and released at night to push back his own compatriots and other desperate asylum seekers. In return he would be given a travel permit that would enable him to escape Greece for Western Europe. Read the full story in Der Spiegel

      Bassel’s story matched with three other testimonies from asylum seekers who were held in a police station in Neo Cheimonio. All had paid up to €5,000 euros to a middleman in Istanbul to cross from Turkey to Greece with the help of a smuggler, who said there would be a Syrian man waiting for them with Greek police.

      Farhad, in his thirties and from Syria along with two others held at the station, said they too were regularly threatened by a Syrian man whom they knew as “Mike”. “Mike” was working at the Neo Cheimonio station, where he was being used by police as a gangmaster to recruit and coordinate groups of asylum seekers to assist illegal pushbacks, write The Guardian and ARD Report Munchen.
      Residents of Greek villages near the border also report that it is “an open secret” in the region that fugitives carry out pushbacks on behalf of the police. Farmers and fishermen who are allowed to enter the restricted area on the Evros have repeatedly observed refugees doing their work. Migrants are not seen on this stretch of the Evros, a local resident told Le Monde, “Except for those who work for the police.”

      https://www.lighthousereports.nl/investigation/we-were-slaves

  • « #Lausanne doit reconnaître son passé colonialiste »

    En lutte contre une inscription problématique sur un immeuble du #Flon, au centre-ville de Lausanne, #Samson_Yemane va plus loin : le conseiller communal socialiste demande à la Municipalité de réaliser un #état_des_lieux du #passé_colonialiste de la cité olympique.

    Les questions relatives à la migration ne sont pas qu’un dossier politique pour Samson Yemane : c’est l’histoire de la vie du conseiller communal lausannois. Le socialiste n’avait que « 12 ou 13 ans » lorsqu’il a fui l’Érythrée en direction de la Libye puis de l’Europe. Sur un bateau.

    Aujourd’hui bientôt trentenaire et naturalisé, le Vaudois travaille à l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés et s’est beaucoup engagé dans la votation sur Frontex, l’agence européenne de protection des frontières dont il a fait le sujet de son mémoire de master.

    Malheureux de l’issue de la votation sur le plan fédéral, Samson Yemane essaie d’agir à son échelle : celle de sa commune de Lausanne. Il vient de déposer un postulat pour rendre la capitale vaudoise « inclusive et non-discriminante ». Interview.

    Vous écrivez que Lausanne a directement participé, voire contribué à l’#esclavage et au #colonialisme. À quoi faites-vous référence ?
    C’est là tout l’enjeu : la population n’a pas du tout conscience qu’au début du XXe siècle encore et même jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, il y avait des « #zoos_humains » au coeur de Lausanne. La Suisse a accueilli des dizaines de « #villages_nègres » et autres exhibitions exotiques, pour le plus grand plaisir des habitants. Il y a donc un immense devoir de mémoire et de #visibilisation.

    Votre #postulat a pour point de départ le travail d’une étudiante sur une devanture au Flon. Or, la régie voulait justement faire retrouver au bâtiment son visage d’origine. N’est-ce pas précisément un travail de mémoire ?
    Où est l’importance historique de cette inscription ? Elle avait été effacée et, là, on la fait renaître sans contexte, sans explication. Il s’agit purement de #racisme_ordinaire, et c’est pour cela que j’ai pris autant cette histoire à cœur : elle mérite que des mesures soient prises.

    Par exemple ?
    Tout dépend du contexte. Pour cette inscription, beaucoup de gens sont pour qu’elle soit effacée, car elle n’a pas vraiment d’utilité et elle heurte les personnes concernées. De manière générale, je milite pour qu’un état des lieux soit réalisé sur le passé colonial de Lausanne. Cela peut prendre plusieurs formes (conférence, discussion, etc.), mais devrait impérativement inclure des personnes compétentes dans ces sujets-là.

    Jusqu’où cela peut-il aller ? Le stade #Pierre_de_Coubertin (ndlr : notoirement raciste, persuadé de la supériorité des Blancs sur les Noirs) doit-il être rebaptisé, selon vous ?
    C’est un bon contre-exemple : dans ce cas, ce lieu a un important #héritage_historique. Le rebaptiser serait contre-productif et ne serait pas compris par la population. Je ne suis pas pour réécrire l’histoire, ni pour créer une polémique, mais pour sensibiliser les Lausannois : pourquoi ne pas mettre une mention sur place, ou réaliser quelque chose au Musée olympique par exemple ?

    N’est-ce pas un peu infantilisant, comme démarche ? Faut-il vraiment une intervention du monde politique ?
    Il y a toujours des combats plus importants que d’autres, mais celui-ci est très légitime à mes yeux. Cette inscription heurte beaucoup de monde, et le vivre-ensemble est primordial, surtout au niveau communal. Plusieurs études scientifiques prouvent que reconnaître notre passé colonial nous amène à consolider notre #cohésion_sociale. D’autres villes (Berne, Zurich, Genève...) ont d’ailleurs fait cet exercice.

    Lausanne dispose déjà pour cela d’un Bureau lausannois pour les immigrés (BLI), avec notamment une permanence contre le racisme. Vous voulez aller plus loin ?
    Mon postulat s’inscrit précisément dans ce contexte. Le travail du BLI est crucial et contribue intellectuellement à notre cohésion sociale. Je veux encourager la Municipalité à mettre l’accent sur l’histoire coloniale. Je l’ai vu avec les réactions après votre premier article : c’est un sujet tabou, très clivant et qui fait parler tout le monde. Un débat public éclairé n’en sera que plus bénéfique. « Décoloniser » l’espace public ne vise en aucun cas à falsifier l’histoire de notre commune — au contraire, le but est de reconnaître les faits historiques et de sensibiliser.

    #Mobimo « comprend la polémique »

    Informée par la Ville que l’#inscription « #Magasin_de_denrées_coloniales » du Flon faisait débat, la régie propriétaire du bâtiment assure à Blick qu’elle avait comme « unique perspective un rappel purement historique de la fonctionnalité du bâtiment ».

    C’est pour cette raison que Mobimo a voulu restituer le nom des enseignes présentes au Flon comme au début du XXe siècle. « Nous comprenons les sensibilités actuelles et sommes conscient des préoccupations de notre société face à des faits socio-historiques ainsi qu’à la portée sémantique des mots », assure Hélène Demont, porte-parole pour la Suisse romande.

    Mobimo estime qu’en tant qu’acteur économique, elle n’a « pas la légitimité de porter un jugement sur des faits historiques se rapportant à l’inscription ». Mais elle veut la replacer dans son contexte avec une notice explicative, et se conformera à la décision de la Ville si un effacement venait à être décidé.

    https://www.blick.ch/fr/news/suisse/le-combat-de-samson-yemane-lausanne-doit-reconna-tre-son-passe-colonialiste-id
    #histoire #Suisse #colonisation

    ping @cede

    –-

    ajouté à la métaliste sur le #colonialisme_suisse :
    https://seenthis.net/messages/868109

  • Une brève histoire des inégalités par Piketty ou comment ne pas attaquer le problème à la racine Henri Houben
    https://www.investigaction.net/fr/une-breve-histoire-des-inegalites-par-piketty-ou-comment-ne-pas-atta

    L’économiste Henri Houben analyse le dernier livre de Thomas Piketty, Une brève histoire des inégalités. Dans la lignée de ses ouvrages précédents, Piketty apporte quantité d’informations éclairantes sur l’écart riches-pauvres. Il situe utilement le tout dans un contexte historique. Manque hélas une analyse rigoureuse des mécanismes d’exploitation, si bien que ses appels à plus d’égalité prennent des allures de voeux pieux. Explications. (IGA)

    Bref est généralement une notion peu usitée par l’économiste français Thomas Piketty. Ses ouvrages majeurs, que ce soit Les hauts revenus en France au XXème siècle publié en 2001, Le Capital au XXIème siècle sorti en 2013 ou le dernier Capital et Idéologie paru en 2019, avoisinent chacun le millier de pages, voire les dépassent. De quoi rebuter plus d’un lecteur qui aurait pu être intéressé par ses propos.

    Sur ce plan, la Brève Histoire[1] permet de corriger ces longueurs, utiles pour approfondir un débat, mais qui peuvent se révéler peu accessibles au grand public. Le livre se présente clairement comme une synthèse des trois « briques » livrées précédemment. De fait, il se parcourt aisément et permet de se faire une idée précise des thèses avancées par Thomas Piketty. Il en a les qualités, mais aussi les défauts.

    L’œuvre de l’économiste, centrée sur les inégalités sociales, se décompose habituellement en deux parties liées, mais qu’on peut facilement séparer. Il y a d’abord son analyse, la plupart du temps précise, détaillée, émaillée de nombreuses preuves chiffrées, de tableaux évocateurs montrant l’évolution des revenus et des patrimoines depuis la fin du XVIIIème siècle. Il est évident que l’auteur est dépendant de la qualité des sources statistiques, qui s’améliorent avec les périodes, mais qui doivent donc être prises avec prudence pour les époques les plus anciennes.

    Il en tire un portrait qui paraît assez réaliste de la situation en Europe et aux Etats-Unis : un enrichissement global et progressif des catégories sociales les plus fortunées au cours du XIXème jusqu’à la Premier Guerre mondiale ; ensuite, une chute des avoirs en particulier pour ces strates à cause des guerres et de la crise des années trente ; une stabilisation de cette situation durant les Trente Glorieuses ; enfin, une remontée des inégalités depuis la fin des années 70.

    A partir de là, il souligne deux facteurs qui expliquent cette évolution, notamment après la Révolution française, ce qui pourrait paraître paradoxal, puisque cette dernière affichait sa volonté égalitaire : le colonialisme et l’esclavagisme. « La répartition des richesses en vigueur aujourd’hui entre pays du monde comme à l’intérieur des pays porte la trace profonde de l’héritage esclavagiste et colonial » (p.138). Dans ce capitalisme libéral, il ne pouvait y avoir, tout du moins au début, de libération pour ceux qui étaient enchaînés. Sur les quinze présidents américains qui ont précédé l’élection d’Abraham Lincoln en 1860, onze étaient propriétaires d’esclaves (p.119-120).

    Et Thomas Piketty de rappeler le cas emblématique de cette ancienne colonie française Haïti. Au moment de la Révolution française, il y avait environ 450.000 esclaves à Saint-Domingue du côté français[2]. Cela représentait 90% de la population de ce territoire (p.105). En 1789, environ 40.000 Africains arrivaient dans les ports antillais pour remplacer la force de travail qui mourait des conditions de travail épouvantables infligées. Cela montre le degré de surexploitation des travailleurs à cette époque sur l’île.

    Avec les événements à Paris, les Noirs demandent à participer à la nouvelle démocratie qui s’installe dans la métropole, notamment à travers le droit de vote. Cela leur est refusé. Ils se révoltent donc à partir d’août 1791 et la France envoie immédiatement des troupes pour mater les insurgés. Deux ans plus tard, les révolutionnaires de la métropole acceptent de décréter l’émancipation des esclaves, mesure étendue à l’ensemble des colonies en février 1794 (p.107). Mais ils n’ont pas réellement les moyens de faire respecter cette décision. En 1802, Napoléon rétablit l’esclavage. Mais il ne peut l’appliquer à Haïti, qui se déclare indépendant en 1804. Toutes les interventions militaires pour reconquérir la moitié de l’île échouent. Aussi, en 1825, Charles X reconnaît cette souveraineté (p.109).

    Mais il y a une condition que le nouveau gouvernement haïtien se doit de respecter : l’indemnisation des propriétaires d’esclaves. Cela implique pour le nouvel Etat un endettement de 150 millions de francs-or, soit 300% du revenu national du pays en 1825 (p.110). Entre 1840 et 1915, celui-ci doit verser annuellement 5% de ce produit pour rembourser les créanciers français. La dette représentait en données actuelles 30 milliards d’euros (p.111). Pour un pays qui affiche un PIB[3] de 13,6 milliards d’euros en 2020. Cette créance ne sera soldée qu’en 1950. Mais, là, d’autres problèmes surgiront qui maintiendront Haïti dans une situation de dépendance.

    Les propos de Thomas Piketty sont clairement accusateurs et à raison. Il estime à 5% le revenu supplémentaire par an obtenu par la France grâce aux placements internationaux et près de 10% pour la Grande-
    Bretagne avant la Première Guerre mondiale (p.208). Des montants sans doute sous-évalués. Pas étonnant que ces deux pays ont pu s’enrichir largement durant le XIXème siècle.
    Mais l’auteur est aussi un des rares économistes qui reconnaissent l’importance des luttes sociales dans les réalités économiques. Il écrit ainsi que « l’inégalité est avant tout une construction sociale, historique et politique » (p.20). Il ajoute qu’il y a une tendance lente, non linéaire vers l’égalité, en fonction des combats politiques, idéologiques et sociaux : « Cette marche vers l’égalité est la conséquence des luttes et des révoltes face à l’injustice, qui ont permis de transformer les rapports de force et de renverser les institutions soutenues par les classes dominantes pour structurer l’inégalité sociale à leur profit, afin de les remplacer par de nouvelles institutions, de nouvelles règles sociales, économiques et politiques plus justes et émancipatrices pour le plus grand nombre. » (p.20-21).

    C’est là que l’analyse de Thomas Piketty, qu’on peut trouver excellente jusqu’à maintenant, montre une lacune non comblée. Le spécialiste des statistiques et de l’inégalité arrive à un constat justifié, mais il semble un peu démuni lorsqu’il s’agit d’examiner les rapports du travail. Tant qu’il reste au niveau des chiffres, des données, il est brillant et déteint par rapport à bon nombre de ses confrères. Mais la tradition économique d’en rester à la surface et de ne pas approfondir les relations structurelles, qui se cachent derrière ces statistiques, reste prégnante et Piketty ne s’en est pas complètement détaché.

    Ainsi, le concept d’exploitation lui est quasiment étranger, car il ne ressort pas directement des données chiffrées. Ce qui apparaît, ce sont les inégalités sociales et il en reste à ce stade. Sans voir que ce sont justement ces relations dans le processus de production, entre des propriétaires d’entreprises, d’une part, et des salariés, d’autre part, qui provoquent ces discriminations humainement inacceptables. Ce sont les détenteurs de titres, comme le montrent très bien les livres de Piketty, qui s’enrichissent. Ce sont les ouvriers et employés qui fournissent le travail de production, sans en tirer les profits, à quelques rares exceptions près.

    De là réside le problème que posent les propositions de l’économiste français. Sa perspective centrale est d’étendre la tendance vers l’égalité qu’il a remarquée à travers l’histoire. Pour lui, « l’Etat social et l’impôt progressif constituent bel et bien une transformation systémique du capitalisme » (p.225). Il poursuit : « Poussés jusqu’au bout de leurs logiques, ces institutions représentent une étape essentielle vers une nouvelle forme de socialisme démocratique, décentralisé et autogestionnaire, écologique et métissé, permettant de structurer un autre monde, autrement plus émancipateur et égalitaire que le monde actuel. » (p.225)

    Mais ceci relève de la profession de foi. Il est évident qu’un univers où les riches paient de lourds impôts en regard de leur fortune, les mécanismes de sécurité sociale sont approfondis, la lutte contre les discriminations scolaires est poursuivie avec acharnement, l’égalité démocratique est recherchée, les dérives environnementales sont éliminées, serait infiniment plus acceptable que la situation actuelle où les inégalités s’accentuent et où la guerre et le conflit se trouvent régulièrement à nos portes. Mais ceci est-il possible sans changer les structures du capitalisme ?

    Thomas Piketty partage, sur ce point, les vues qui circulent, dans les partis socialistes ou sociaux-démocrates, en rejetant les expériences dites « communistes ». Il relève : « Historiquement, le mouvement socialiste et communiste s’est construit autour d’une plateforme sensiblement différente, à savoir la propriété étatique des moyens de production et la planification centralisée, qui a échoué et qui n’a jamais été véritablement remplacée par une plateforme alternative. Par comparaison, l’Etat social et surtout l’impôt progressif sont souvent apparus comme des formes « molles » de socialisme, incapables de remettre en cause la logique profonde du capitalisme » (p.225).

    Le problème est qu’il n’apporte pas vraiment dans ces écrits les éléments qui montreraient que la « plateforme communiste » a échoué, comme il l’affirme. Sur ce plan, il partage les analyses de ceux qui se sont ingéniés à diaboliser les Etats dits socialistes comme l’URSS, la Chine ou Cuba : « n’en parlons plus, cela n’en vaut pas la peine ». Au contraire, un examen scientifique plus sérieux serait de voir ce qui a fonctionné et ce qui a coincé.

    Traiter ces expériences d’échecs n’a tout simplement pas de sens sur le plan économique, quand on sait que l’URSS était un pays arriéré et techniquement attardée en 1913 et est devenue en cinquante ans la seconde puissance industrielle du monde, que la Chine a depuis 1949 une des croissances les plus fortes dans le monde, malgré toutes les péripéties qu’elle a connues, que Cuba assure à sa population un enseignement et des soins de santé gratuits, malgré le blocus américain. Haïti, par exemple, aurait sûrement bien aimé connaître des échecs pareils.

    Maintenant, l’opposition que Piketty reprend des conflits entre le mouvement socialiste et communiste, entre « réforme » et « révolution », entre « socialisme dit démocratique » et « socialisme nécessairement autoritaire » n’est pas aussi catégorique que présenté. Dans la situation présente de l’Europe et des Etats-Unis, un programme aussi radical que celui avancé par l’économiste français, qui détonne clairement par rapport à ce qu’avancent les partis socialistes, sociaux-démocrates, travaillistes, européens, peut tout à fait faire l’objet de batailles justifiées de la part des travailleurs et des simples citoyens.

    Certaines revendications fondamentales sur l’imposition des patrimoines, la démocratisation de l’enseignement, celle de la vie politique, le développement de la sécurité sociale et des services publics, le réchauffement climatique, peuvent rassembler tout le monde. La divergence ne porte pas sur ce plan, mais sur le caractère qu’on donne à ces luttes justifiées : apportent-elles en elles-mêmes la possibilité de s’émanciper du capitalisme ou montrent-elles qu’il faut aller un pas plus loin et déstructurer ce système pour le remplacer par un autre ?
     
    Notes :
    [1] Thomas Piketty, Une Brève Histoire des inégalités, éditions du Seuil, Paris, 2021, 351 pages. Les indications de page dans le texte se réfèrent à cet ouvrage.
    [2] L’île est partagée entre la France et l’Espagne. La partie française formera Haïti et l’autre la République dominicaine.
    [3] Le Produit intérieur brut (PIB) est la richesse marchande et monétaire créée en un an dans un pays.

    #inégalités #économie #piketty #thomas_piketty #capitalisme #france #Haïti #esclavage #capital #riches #travail #economie #dette #ue #pauvreté #austérité #fiscalité #politique #Russie #Chine

  • Un rapport pointe le travail forcé dans l’industrie de la pêche britannique Léa CHARRON - Le Marin
    https://lemarin.ouest-france.fr/secteurs-activites/peche/43778-un-rapport-pointe-le-travail-force-dans-lindustrie-de-pec

    Le groupe de recherche sur l’esclavage moderne Rights lab, de l’université de Nottingham, a sorti le 21 mai un rapport visant l’industrie de la pêche au Royaume-Uni. En ligne de mire : l’utilisation des visas de transit.

    Ces visas permettent aux marins venus de pays hors espace économique européen de monter à bord de navires dans les ports britanniques qui partent ensuite dans les eaux internationales. Dans le secteur de la pêche industrielle, qui recrute des matelots philippins, ghanéens, indonésiens, sri-lankais et indiens surtout, pour travailler « au-delà des 12 milles », ces visas peuvent être utilisés « comme une échappatoire à la loi sur l’immigration et légalisent l’exploitation de travailleurs immigrés sans véritable encadrement, laissant les travailleurs vulnérables aux abus du travail », pointait déjà un rapport du syndicat ITF publié le 16 mai https://lemarin.ouest-france.fr/sites/default/files/2022/06/01/itf_fisheries-briefing_final.pdf .


    Le salaire moyen des pêcheurs immigrés sondés travaillant au Royaume-Uni était de 3,51 livres de l’heure, d’après l’étude du Rights lab, contre 9,50 livres pour le salaire minimum national. (Photo : Rights lab)

    Des travailleurs qui, n’étant de fait pas autorisés à entrer au Royaume-Uni, sont « obligés de vivre à bord le temps que dure leur contrat, généralement de dix à douze mois », évoque le Rights lab, précisant bien que son rapport https://lemarin.ouest-france.fr/sites/default/files/2022/06/01/letting-exploitation-off-the-hook.pdf n’est pas représentatif de la situation à travers le Royaume-Uni. Ce dernier s’appuie sur les témoignages de 124 pêcheurs immigrés recueillis entre juin et octobre 2021. Il révèle que « 19 % des sondés ont signalé des conditions comparables au travail forcé et 48 % ont signalé des cas potentiels ». Les conclusions de l’enquête rendent compte de violences physiques et de racisme, de recrutement via des agences non agréés, d’endettement forcé.
     
    Violation du droit international  
    Environ 75 % ont déclaré se sentir discriminés par leur capitaine. Un tiers a déclaré travailler plus de 20 heures par jour, pour un salaire moyen de 3,51 livres de l’heure (4 euros) ; 25 % assurent ne jamais bénéficier de 77 heures de repos sur une période de sept jours ; 18 % d’entre eux ont été « contraints de travailler sur un navire non désigné dans leur contrat », pointe le Rights lab.

    « Sans changement immédiat, le Royaume-Uni continuera de ne pas respecter ses obligations https://lemarin.ouest-france.fr/sites/default/files/2022/06/01/europe_des_ecarts_de_traitement_abusifs.pdf et responsabilités en vertu du droit international comme du droit national », a indiqué Jess Decker Sparks, qui a dirigé la recherche. Le Royaume-Uni a ratifié la convention n°188 de l’OIT sur le travail dans la pêche https://lemarin.ouest-france.fr/secteurs-activites/peche/29934-enfin-des-normes-du-travail-decentes-pour-la-peche-mondia en 2019, pour une entrée en vigueur en 2020. La Fishermen’s welfare alliance, regroupant quatre groupes représentatifs de pêcheurs britanniques, a indiqué dans un communiqué https://www.sff.co.uk/full-statement-from-the-fishermens-welfare-alliance qu’elle condamne « les rapports d’abus et d’exploitation qui ont été publiés » mais que ce rapport « contient beaucoup de choses que les représentants de l’industrie de la pêche ne reconnaissent pas [...]. Nous serions heureux d’avoir l’occasion d’examiner cela plus en détail avec le gouvernement. » 

    #pèche #esclavage #angleterre #esclavage_moderne #travail #exploitation #capitalisme #travail #surpèche #mer #visas #immigration #travail_forcé #droit_international

  • Aimé Césaire : les origines coloniales du #fascisme

    https://invidious.fdn.fr/watch?v=0BQ23TukET0

    « la #colonisation travaille à déciviliser le colonisateur, à l’abrutir au sens propre du mot, à le dégrader, à le réveiller aux instincts enfouis, à la convoitise, à la violence, à la haine raciale, au relativisme moral, et montrer que, chaque fois qu’il y a au Viet-Nam une tête coupée et un œil crevé et qu’en France on accepte, une fillette violée et qu’en France on accepte, un Malgache supplicié et qu’en France on accepte, il y a un acquis de la civilisation qui pèse de son poids mort, une régression universelle qui s’opère, une gangrène qui s’installe, un foyer d’infection qui s’étend et qu’au bout de tous ces traités violés, de tous ces mensonges propagés, de toutes ces expéditions punitives tolérées. de tous ces prisonniers ficelés et interrogés, de tous ces patriotes torturés, au bout de cet orgueil racial encouragé, de cette jactance étalée, il y a le poison instillé dans les veines de l’Europe, et le progrès lent, mais sûr, de l’#ensauvagement du continent.

    Et alors, un beau jour, la bourgeoisie est réveillée par un formidable choc en retour : les gestapos s’affairent, les prisons s’emplissent, les tortionnaires inventent, raffinent, discutent autour des chevalets. »

    https://histoirecoloniale.net/Aime-Cesaire-Discours-sur-le-colonialisme.html

    #capitalisme #deshumanisation #esclavage #choc_en_retour

  • À la racine des malheurs d’Haïti : des réparations aux esclavagistes
    https://www.nytimes.com/fr/2022/05/20/world/haiti-france-dette-reparations.html

    En 1791, les esclaves haïtiens réussissent l’impensable.Ils chassent les colons français et fondent un nouveau pays. La France fera payer cet affront à leurs descendants — en espèces. Le montant payé est resté un mystère, jusqu’à aujourd’hui. Pour trouver la réponse, le Times a parcouru des archives centenaires. Le principal bénéficiaire du prêt à Haïti de 1875 est le Crédit Industriel et Commercial, une banque qui participé au financement de la tour Eiffel. Source : The New York Times

  • Après l’abolition de l’esclavage… l’esclavage toujours

    Lundi 1er mars 1880. Discours du ministre de la Marine et des Colonies, l’amiral Jauréguiberry, au Sénat. « Des possessions, en nombre assez considérable, sont venues augmenter celles que nous avions déjà. (…) Dans toutes ces annexions, on s’est formellement engagé à respecter (…) les traditions de toutes ces tribus et, dans ces traditions, figure au premier rang, ce qu’on appelle l’esclavage, mais qui n’est, pour parler plus exactement, qu’une espèce de servage héréditaire. Les individus qui font partie de cette classe de la population constituent toute la domesticité, tous les ouvriers, laboureurs compris. » De « vifs applaudissements », venus de « tous les bancs » de la haute assemblée, saluent ces propos. Précieuse indication. Elle révèle une adhésion enthousiaste des sénateurs à la politique coloniale qui vient d’être défendue et à ses conséquences particulières : le maintien l’esclavage domestique.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2022/05/17/apres-labolition-de-lesclavage-lesclavage-touj

    #histoire #esclavage

  • Coupes d’arbres à la tour Eiffel : petite étude de texte Didier Rykner - latribunedelart - mardi 3 mai 2022
    Intégralité de l’article : https://www.latribunedelart.com/coupes-d-arbres-a-la-tour-eiffel-petite-etude-de-texte
    . . . . .
    Une explication de texte est donc nécessaire :


    Platane bicentenaire menacé par une construction trop proche de lui qui endommagera irréversiblement son réseau racinaire Photo : Tangui Le Dantec/FNE

    « On a bien vu que ce sujet de sensibilité aux coupes d’arbres était important »  : les coupes d’arbres ne sont pas un « sujet de sensibilité » (sic). C’est un sujet majeur de la politique de la municipalité parisienne qui procède à des coupes d’arbres massives partout, et en permanence. Si ceux du Champ-de-Mars seront peut-être sauvés, qu’en est-il de ceux de la porte de Montreuil, où 76 platanes en parfaite santé ont été abattus pour un projet immobilier et où d’autres suivront bientôt ? Cette véritable déforestation urbaine est un classique de la Ville de Paris dirigée par Anne Hidalgo. Il suffit d’aller voir sur Google Earth pour découvrir l’ampleur de ce massacre, dont certains sont documentés sur Twitter avec le hashtag #deforestationurbaine.


    pendant les travaux de construction du mur de verre - Photo : Google Streets, tweetée par Tangui le Dantec

    « c’est tout l’objet de la concertation de l’écouter et de le prendre en compte »  : il faut un sacré culot pour oser prétendre que la Mairie de Paris pratique la concertation. Vue par elle, la concertation se passe ainsi : vous êtes d’accord, elle y va ; vous n’êtes pas d’accord, elle y va quand même. Et c’est exactement ce qui s’est passé au Champ-de-Mars où une « concertation » très large a eu lieu, via l’enquête publique. Celle-ci a été sans aucune ambiguïté : 90 % des participants rejetaient le projet. Vous n’en voulez pas ? On le fera quand même a poursuivi sans hésiter la mairie, faisant ainsi un grand bras d’honneur aux Parisiens. En réalité, comme l’a démontré cette affaire, seule la médiatisation, et mieux encore la reprise par des personnalités médiatiques (Hugo Clément, Guillaume Canet, Nagui, Guillaume Gallienne…), ainsi qu’une pétition largement diffusée https://www.change.org/p/tour-eiffel-non-aux-abattages-d-arbres-non-%C3%A0-la-b%C3%A9tonisation-en-es qui dépasse désormais les 130 000 signatures les ont convaincus de faire marche arrière.

    « donc d’ores et déjà on a sur les 42 arbres qui étaient anticipés pour être coupés baissé ce chiffre à 22 » : oui, le rétropédalage est un art en plusieurs temps. Emmanuel Grégoire a d’abord assuré qu’aucun arbre « centenaire » ne serait abattu, feignant de croire que le problème ne concernait pas tout le projet et sous-entendant ainsi que la coupe d’arbres non centenaires était acceptable.
    . . . . . .


    Le même arbre mourant à cause des travaux du mur de verre, qui a abîmé ses racines au printemps 2019 - Photo : Google Streets, tweetée par Tangui le Dantec
    Mais qu’en est-il en réalité ? Faut-il croire Emmanuel Grégoire ? On nous permettra d’en douter. C’est bien tout le projet pompeusement appelé « projet OnE » qui doit être remis en cause. Rejeté par une très grande majorité de Parisiens, affreusement coûteux alors que la dette de la Ville devient abyssale, ce chantier est la dernière chose dont ont besoin le Champ-de-Mars et la tour Eiffel. Ce que nous voulons, c’est l’enlèvement du mur de verre qui ne protège en rien du terrorisme (voir notre article https://www.latribunedelart.com/le-mur-murant-paris-rend-paris-murmurant-6630-6630-6630 ) mais défigure les lieux et empêche de se promener librement dans les jardins entourant le monument, c’est l’entretien du Champ-de-Mars, la remise en état des pelouses et des fontaines et le retour de la sécurité dans un lieu fréquenté désormais par les vendeurs à la sauvette et les joueurs de bonneteau… Et bien entendu, sans les grilles que voudrait instaurer Rachida Dati (une grille pour rendre plus sûr le mur de verre antiterroriste sans doute ?).
    . . . . . .


    Après la coupe du sophora. Il est vrai, pour reprendre les arguments de la Ville de Paris, qu’il était dépérissant... Photo : Google Streets, tweetée par Tangui le Dantec
    Cet article nous a été inspiré par ce fil Twitter de Tarpin Serrant https://twitter.com/ChakTarSan/status/1521198042615009281 qui a attiré notre attention sur le discours d’Emmanuel Grégoire.
    #vandalisme #destruction #dénaturation #arbres #ps #anne_hidalgo #hidalgo #bétise #immobilier #béton #Paris #saccageparis #arbre #écologie #ville_de_paris #ville

  • Le « rêve européen » des travailleurs asiatiques en Roumanie : le mirage et la déception Marine Leduc - courrierdeuropecentrale.fr
    Une enquête réalisée en partenariat avec le média roumain Libertatea et les journalistes Andrei Petre (Roumanie), Josy Joseph, Anand Mangnale, Sumedha Mittal de The Confluence media (Inde), Sen Nguyen et Giang Pham (Vietnam).

    Première partie : le mirage et la déception
    Depuis 2017, la Roumanie en manque de main d’œuvre délivre des visas pour des travailleurs venus d’Asie. Le quota pour les recrutements hors de l’Union Européenne est passé de 3 000 en 2016 à 100 000 en 2022. Cette nouvelle migration se heurte à des infrastructures qui ne sont pas prêtes, au détriment des arrivants, qui font parfois face à des abus et des cas d’exploitation. Première partie d’une enquête en trois volets entre la Roumanie, l’Inde et le Vietnam.


    . . . . . . .
    Plus de trente ans après la Révolution roumaine, le résultat n’est pas celui espéré : le pays est le deuxième plus pauvre de l’Union Européenne et depuis 2010, près d’un dixième de la population, soit plus de 2,4 millions de personnes, a quitté la Roumanie, selon les données de l’Institut national des statistiques.


    Alors que les pays d’Europe occidentale ont résolu leur pénurie de main-d’œuvre avec la venue de millions de Roumains et d’autres citoyens d’Europe centrale et orientale, la Roumanie se retrouve maintenant dans une situation similaire. Le pays recrute aujourd’hui des milliers de Vietnamiens, d’Indiens, Sri-lankais et Népalais pour combler le vide, notamment dans les domaines de la construction, de l’hôtellerie et de la restauration. La situation est d’autant plus tendue qu’elle est aggravée par un déclin démographique alimenté par de faibles taux de natalité et une population vieillissante.

    Pour attirer la main d’œuvre, le pays et les agences locales promettent certaines conditions avantageuses : un logement et les repas fournis, ainsi qu’une base de 500 dollars US net par mois, soit environ 450 euros net, alors que le salaire minimum en Roumanie est d’environ 300 euros net. Les agences de recrutement assurent qu’ils auront les mêmes droits que les travailleurs roumains et européens, avec une semaine de 40 heures et 8 heures de travail supplémentaire rémunérées. « Bien sûr on pourrait les recruter avec le salaire minimum roumain, mais on encourage les employeurs à ne pas le faire, car ces travailleurs sont loin de leurs familles, et ils dépensent beaucoup d’argent pour venir ici » précise Melania Pop, commerciale pour l’agence de recrutement International Work Finder à Bucarest. Créée en 2017, cette entreprise fait venir environ 500 personnes par mois. Melania travaille en partenariat avec des agences de recrutement des pays en question, et elle se rend régulièrement en Asie pour recruter directement sur place.



    Nombre de permis de travail en fonction des nationalités depuis 2017. Cette année, le quota de permis de travail pour des travailleurs non-EU est de 100 000 visas (renouvelés ou nouveaux arrivants). Il était de 50 000 en 2021.

    Nombre total de permis de travail donnés à des travailleurs hors UE chaque année depuis 2017.

    Risques d’exploitation
    En l’espace de trois années, ces agences se sont multipliées en Roumanie, attirées par la manne financière. « Le marché a été dérégulé avec la pandémie, pendant laquelle les employés ont changé plusieurs fois d’entreprises, puis l’arrivée de plus en plus de travailleurs, précise Melania Pop. Avant, nous étions une dizaine d’agences fiables, alors que maintenant, il y a de plus en plus de petites agences, qui n’ont même pas de bureau, et qui appellent nos clients, les employeurs, et proposent des « services gratuits » et des prix plus bas. » L’entreprise de Melania demande en effet aux employeurs de payer pour les services qu’elle offre, que ce soit le recrutement ou la partie administrative.

    Du côté des travailleurs, ils déboursent également plusieurs milliers d’euros à une agence partenaire dans leur pays pour venir en Roumanie. Avec la pandémie et l’arrivée de cette nouvelle concurrence qui casse les prix, ils sont désormais obligés de payer le billet d’avion, qui était auparavant à la charge de l’employeur. Résultat, les tarifs augmentent considérablement, passant d’environ 4000 euros à 6000 euros dans le cas de travailleurs népalais qui veulent se rendre dans le pays d’Europe orientale. Ils s’endettent alors sur plusieurs mois pour rembourser cette somme, ce qui les rend d’autant plus lié à leur employeur, et donc plus facilement exploitables.
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