• L’anarcho-indigénisme
    Entrevues avec Gerald Taiaiake Alfred et Gord Hill

    Benjamin Pillet, Francis Dupuis-Déri,
    Gerald Taiaiake Alfred, Gord Hill

    https://lavoiedujaguar.net/L-anarcho-indigenisme-Entrevues-avec-Gerald-Taiaiake-Alfred-et-Gord-

    Au moins depuis la publication du livre L’Entraide de Pierre Kropotkine, au début du XXe siècle, les anarchistes s’intéressent aux sociétés autochtones qui offrent des exemples de sociétés plus égalitaires et moins autoritaires. En 2005, le Mohawk Gerald Taiaiake Alfred, originaire de Kahnawá:ke, a proposé le terme « anarcho-indigénisme » pour désigner cette dynamique de convergence entre les idées et les pratiques des autochtones traditionalistes et des anarchistes altermondialistes. Nous avons lancé, voilà quelques mois, un projet de livre sur ce thème, dont chaque chapitre sera une entrevue avec un ou une autochtone qui livrera ses réflexions au sujet de la politique, du pouvoir, de l’égalité et de la liberté, en se référant à ses expériences et à celles de sa communauté. Nous vous présentons ici des extraits de deux des entrevues déjà réalisées.

    Francis Dupuis-Déri et Benjamin Pillet
    Possibles, Montréal, hiver 2016

    Le livre L’Anarcho-Indigénisme, entretiens réunis et présentés par Francis Dupuis-Déri et Benjamin Pillet, a été publié en 2019 par les éditions Lux dans la collection « Instinct de liberté ».

    #autochtones #Canada #Québec #Mohawks #résistance #anarchisme #Kropotkine #Clastres #Graeber

    • https://www.luxediteur.com/catalogue/lanarcho-indigenisme

      Dès la fin du XIXe siècle, des anarchistes comme les géographes Pierre Kropotkine ou Élisée Reclus se sont intéressés aux peuples autochtones, qu’on a aussi qualifiés de sociétés sans État ». Au début des années 2000, un peu partout sur le continent américain, des Autochtones ont modelé la notion d’« anarcho-indigénisme » pour attirer l’attention des anarchistes sur l’histoire et, surtout, sur l’actualité de leurs luttes.

      Ce livre se veut une invitation à l’écoute, au dialogue et à l’engagement solidaire et complice. Dans leurs entretiens, Roxanne Dunbar-Ortiz, Véronique Hébert, Gord Hill, Freda Huson, J. Kēhaulani Kauanui, Clifton Ariwakehte Nicholas et Toghestiy révèlent ce que pensée et traditions autochtones et anarchisme ont en commun, sans nier les séquelles que le colonialisme a laissées jusque dans ce mouvement pourtant anti-autoritaire. Une vision du monde qui allie anticolonialisme, féminisme, écologie, anticapitalisme et anti-étatisme.

  • Sortir du capitalisme - Pour un féminisme anti-carcéral
    http://www.sortirducapitalisme.fr/sortirdupatriarcapitalisme/308-pour-un-feminisme-anti-carceral

    A contre-courant de l’instrumentalisation sécuritaire et raciste des violences patriarcales et du féminisme carcéral, une critique du système pénal et des prisons dans une perspective féministe intersectionnelle à partir de Pour elles toutes. Femmes contre la prison (Lux, 2019) – avec l’autrice, Gwenola Ricordeau, professeure assistante en justice criminelle à la California State University et également autrice sur ce sujet de Les détenus et leurs proches. Solidarités et sentiments à l’ombre des murs (Autrement, 2008).

    L’émission (40 minutes) comporte :

    Une définition de l’abolitionnisme pénal et carcéral comme visant à une abolition de ces systèmes (et non du travail du sexe) ;

    Une critique de l’argumentaire du féminisme carcéral en réponse aux violences sexuelles ;

    Une mise en exergue de l’existence d’une charge matérielle, mentale et émotionnelle des femmes suite à l’emprisonnement ou à la mise sous bracelet électronique de leurs proches ;

    Une discussion autour des « réformes » au système carcéral, qu’il s’agisse du bracelet électronique ou des luttes des prisonnier-e-s et de leurs proches ;

    Une analyse du traitement différencié des femmes (notamment pauvres, racisées, trans, lesbiennes et/ou homicides) au sein du système pénal et carcéral ;

    Une mise en exergue des angles morts du féminisme carcéral et de l’abolitionnisme pénal et carcéral androcentré ;

    Une critique de « l’innocentisme » comme stratégie abolitionniste ;

    Un rappel du caractère non-moralisateur de l’abolitionnisme pénal ;

    Une présentation de la « justice transformative » comme alternative féministe intersectionnelle au système punitif des tribunaux et des prisons et à la « justice réparatrice ».

    http://www.sortirducapitalisme.fr/media/com_podcastmanager/gwenolafeminisme.mp3

    #féminisme #viol #anti-carcéral #prison #audio

  • Le #capitalisme est la cause du dérèglement climatique

    #Naomi_Klein est journaliste, réalisatrice et l’auteure de plusieurs essais remarqués : No Logo : La tyrannie des marques (Actes Sud, 2001), La Stratégie du choc : Montée d’un capitalisme du désastre (Actes Sud, 2008) et Tout peut changer : Capitalisme et changement climatique (Actes Sud, 2015). Nous vous proposons la traduction inédite d’un de ses derniers articles publié le 3 août dernier sur le site américain TheIntercept.com : « Capitalism killed our climate momentum, not “human nature” ».

    Demain Dimanche [4 août – ndlr], un seul article occupera l’intégralité du magazine du New York Times, et portera sur un sujet unique : l’absence de réaction face à la crise climatique mondiale dans les années 80, à l’époque où du point de vue scientifique la question était réglée, mais aussi où les opinions politiques semblaient tenir compte de ce point de vue. L’auteur de l’article est Nathaniel Rich, dont le travail d’historien foisonne de révélations d’initiés sur le refus de prendre certaines décisions, ce qui me fit jurer à voix haute à de nombreuses reprises. Au cas où le moindre doute subsisterait quant au fait que les conséquences de ces non-décisions graveront une empreinte suffisamment profonde pour définir une ère géologique, un reportage de photographie aérienne de George Steinmetz ponctue le texte de Rich, et notre regard ne peut se détacher de ces témoignages sur le délitement accéléré des systèmes planétaires, depuis la transformation de la glace du Groenland en un déchaînement d’eaux vives, jusqu’aux gigantesques efflorescences algales du troisième lac chinois par la taille.

    La longueur de l’article est celle d’un court roman ; il constitue un exemple du type de prise de position médiatique que la crise climatique mérite depuis longtemps, mais dont elle ne bénéficie presque jamais. Un sujet aussi trivial que le pillage de notre unique habitat ne mérite pas de faire les gros titres, et la litanie de justifications à une telle affirmation ne nous est que trop familière : « Le changement climatique est un problème de bien trop long terme » ; « Il est malvenu de parler politique, au moment où des gens périssent, victimes d’ouragans ou d’incendies » ; « Les journalistes s’adaptent à l’actualité, ne la créent pas » ; sans oublier, bien entendu : « Rien de tel pour fracasser l’audimat ».
    La responsabilité des médias

    Aucune de ces excuses ne saurait dissimuler le manquement au devoir. Les médias dominants ont toujours eu le pouvoir de décider, tout seuls, que la déstabilisation planétaire était un sujet d’actualité de la plus haute importance ; parmi ceux du moment, il est sans aucun doute le plus lourd de conséquences. Ils ont toujours eu cette capacité de mobilisation des talents de leurs journalistes et photographes, qui leur permettrait de mettre en évidence le lien entre sciences abstraites et évènements climatiques extrêmes, tels qu’ils sont vécus. Le feraient-ils avec constance, qu’ils atténueraient le besoin pour les journalistes de déterminer l’agenda politique, dans la mesure où un public mieux au fait de la menace comme des solutions concrètes, tend à pousser ses élus à prendre des mesures courageuses.

    Ainsi s’explique l’exaltation ressentie en apprenant que le Times mobilisait l’intégralité des troupes de sa machine éditoriale pour soutenir l’opus de Rich – à coups de film promotionnel, de lancement télévisé en direct depuis le Times Center, en passant par la publication de matériel pédagogique dédié.

    Ainsi s’explique également, la colère qui nous étreint à la lecture d’un article dont les prémisses sont à ce point erronées. Selon Rich, entre 1979 et 1989, la science fondamentale du changement climatique était comprise et acceptée, le sujet n’avait pas encore provoqué de clivage partisan, les compagnies d’exploitation des énergies fossiles n’avaient pas encore entamé de véritable campagne de désinformation, enfin une puissante dynamique politique semblait entraîner le monde vers la conclusion d’un accord international de réduction des émissions, à la fois ambitieux et contraignant. Lorsqu’il parle de cette période-clé, à la fin des années 80, Rich écrit : « Toutes les conditions du succès étaient réunies ».

    Mais nous avons tout gâché – « nous », c’est à dire les humains, dont la myopie sévère nous empêche de sauvegarder notre avenir. Et au cas où nous n’aurions pas bien compris sur qui, ou sur quoi, rejeter la responsabilité de notre « perte de la terre », la réponse de Rich se présente sous la forme d’un cri indigné en pleine page : « Tous les faits nous étaient connus, aucun obstacle ne barrait la voie. C’est à dire … aucun, à part nous-mêmes. »

    Ouais … vous, moi. Selon Rich, pas les compagnies pétrolières, qui participèrent à chacune des réunions politiques dont l’article fait mention. (Essayez d’imaginer un gouvernement étasunien qui chargerait l’industrie du tabac de rédiger les politiques visant à interdire de fumer. Au cas où ce type de réunions échouerait à prendre la moindre mesure concrète, devrait-on en conclure à la tendance suicidaire des populations ? Devrait-on, au contraire, pencher pour la corruption d’un système politique à l’agonie ?).

    Depuis mercredi, date de la mise en ligne de la première version de l’article, de nombreux scientifiques et historiens ont souligné ce contresens. D’autres ont attiré l’attention sur les invocations insupportables à la « nature humaine », ainsi que sur le « nous » de majesté, utilisé pour décrire un groupe de personnages très influents, dont l’homogénéité est à mourir de rire. On ne trouve, dans le compte rendu de Rich, pas la moindre allusion à ces dirigeants de « Pays du Sud », qui exigèrent des mesures contraignantes, pendant et après cette période-clé, et dont l’humanité, bizarrement, ne les empêchait pas de se soucier des générations futures. Parallèlement, il est aussi rare de percevoir l’écho d’une voix féminine dans le texte de Rich, que d’observer des pies à bec ivoire en pleine nature – et si nous, mesdames, finissons bien par apparaître, c’est avant tout dans le rôle de déesses de douleur, épouses de héros tragiques.
    Des politiques tout aussi coupable

    Rich finit par conclure que tout fut gâché par l’intervention de quelque chose du nom de « nature humaine », sans pour autant se soucier de fournir la moindre preuve, ni sociale, ni politique. Il affirme que « les êtres humains, qu’ils soient membres d’organisations mondiales, de démocraties, d’entreprises, de partis politiques, ou simplement en tant qu’individus, ont conscience du châtiment qu’ils infligeront aux générations futures, mais ils se révèlent incapables de sacrifier leurs habitudes de consommation présentes pour autant. On dirait que nous sommes incapables de nous détacher de « notre obsession du présent, notre souci du moyen terme, notre tendance à chasser le long terme de nos esprits, comme on recrache un poison ».

    Mon analyse de la même période me fit aboutir à une conclusion diamétralement opposée : avec le recul, ce qui ressemblait au premier abord à l’opportunité idéale de mise en œuvre de politiques de préservation du climat, se révèle avoir été un anachronisme historique de première ampleur. En effet, l’analyse rétrospective de ce moment le fait apparaître clairement comme la conjonction du rassemblement de gouvernements enfin bien décidés à brider l’industrie pétrolière, et de la transformation en tsunami de la vague néolibérale, dont les objectifs de déconstruction économique et sociale entrèrent en collision frontale avec les impératifs de la science du climat d’une part, de l’imposition de règles permanentes aux grandes entreprises d’autre part. L’absence de la moindre allusion, même infime, à l’apparition de cette autre caractéristique du monde de l’époque, trace au cœur de l’article de Rich, un angle mort dont l’énormité donne le vertige. Après tout, le métier de journaliste offre cet avantage essentiel de pouvoir revenir sur le passé récent, en étant capable de discerner alors des tendances, des structures, demeurées invisibles aux yeux de celles et ceux qui furent emportés par ces bouleversements, en temps réel. Par exemple, en 1988, la communauté scientifique ne pouvait avoir conscience d’être en équilibre sur le bord d’un précipice, prête à basculer dans le creuset d’une révolution libérale dont les convulsions allaient remodeler toutes les principales économies de la planète.

    Mais nous, nous savons. Lorsqu’on se penche sur la fin des années 80, il apparaît très clairement que 1988-89 étaient très loin de rassembler « des conditions de réussite on ne peut plus propices » ; en fait, pour une humanité décidée à prendre la résolution ferme de placer la santé de la planète en tête de ses priorités, loin devant les dividendes, il s’agissait très probablement du pire moment.

    Situons le contexte. En 1988, les États-Unis signèrent avec le Canada un accord de libre-échange qui allait servir de prototype aux innombrables traités du même genre conclus par la suite. La chute du Mur de Berlin était toute proche, un événement dont les idéologues étasuniens d’extrême-droite allaient réussir à s’emparer pour en faire à la fois la preuve de la « fin de l’histoire », et le blanc seing les autorisant à exporter aux quatre coins de la planète privatisations, dérégulation, austérité, à savoir les trois ingrédients de base de la recette Reagan-Thatcher.

    Ce fut cette convergence de tendances historiques – l’émergence au niveau mondial de deux architectures, l’une en prévision de la lutte contre le changement climatique, et l’autre, beaucoup plus solide, destinée à libérer le capital de toute contrainte -, qui enraya le mouvement dont Rich procède à la juste identification. En effet, fait-il remarquer à de nombreuses reprises, la relève du défi de la lutte contre le changement climatique, aurait réclamé d’une part l’imposition de règles strictes aux pollueurs, d’autre part un plan d’investissements dans les services publics, afin de transformer nos modes d’alimentation en énergie, nos habitudes de vies dans les grandes villes, nos moyens de transport.

    Tout ceci était possible dans les années 80-90 (et continue à l’être) – mais uniquement au prix d’une bataille frontale contre le projet néolibéral, qui lançait, à ce moment précis, une offensive contre l’idée même de service public (« La société est une chimère », nous répétait Thatcher). Parallèlement, les accords de libre-échange conclus à l’époque, faisaient tout leur possible pour rendre illégales au regard du droit du commerce international, de nombreuses initiatives bienvenues pour le climat – comme les subventions, ou la priorité accordées à l’économie verte localisée, ou le refus opposé aux nombreux projets polluants, comme les oléoducs ou la fracturation hydraulique.

    J’ai écrit un livre de 500 pages sur cette collision entre planète et capitalisme, dont je ne vais pas ressasser les détails ici-même. Cependant, cet extrait traite le sujet en profondeur, c’est pourquoi je me permets d’en citer un court extrait :

    Nous n’avons pas fait le nécessaire pour réduire les émissions, parce que la nature même de ce type d’actions entre en conflit avec le capitalisme dérégulé, à savoir l’idéologie dont le règne couvre toute la période au cours de laquelle nous nous sommes démenés pour trouver le moyen de sortir de cette crise. Nous n’avançons pas, parce que les mesures qui constitueraient notre meilleure chance d’éviter la catastrophe – et dont la très grande majorité bénéficierait – représentent une menace extrême pour une élite minoritaire qui tient en laisse les médias dominants, et bride nos économies comme notre fonctionnement politique. Ce problème n’aurait probablement rien eu d’insurmontable, s’il était survenu à tout autre moment de notre histoire. Mais pour notre grand malheur à tous, c’est au moment précis où la communauté scientifique présentait la menace pesant sur le climat sous forme de diagnostic irréfutable, que cette élite put jouir sans entraves de pouvoirs politique, culturel, intellectuel, qui n’avaient plus été aussi étendus depuis les années 20. En fait la diminution drastique des émissions de gaz à effet de serre avait fait l’objet de discussions sérieuses entre gouvernements et scientifiques dès 1988 – l’année même où se leva l’aube de ce que nous allions connaître sous le nom de « mondialisation ».

    Un socialisme démocrate vert comme solution ?

    Pourquoi l’absence de mention par Rich de cette collision, remplacée chez lui par l’affirmation selon laquelle c’est bien la « nature humaine » qui scella notre sort, nous importe-t-elle ? Son importance tient au fait que, si « nous-mêmes » sommes la force qui enraya la mobilisation en faveur de l’action, alors la une fataliste du magazine du New York Times, – « La Perte de la Terre » – est effectivement appropriée. Si nous sommes incapables de faire des sacrifices à court terme, même dans l’espoir d’améliorer notre santé et notre sécurité dans le futur, et si cette inaptitude est une composante fondamentale de notre ADN collectif, alors nous ne saurions espérer être capables de changer le cours des évènements assez tôt, pour éviter un réchauffement vraiment catastrophique.

    En revanche, si nous autres humains étions vraiment à deux doigts de nous tirer d’affaire dans les années 80, jusqu’au moment où un raz-de-marée élitiste de libre-échangisme fanatique nous submergea – en dépit de millions d’opposants aux quatre coins de la planète -, alors nous pouvons agir de manière on ne peut plus concrète. Nous pouvons faire face à cet ordre économique, afin d’essayer d’y substituer une alternative soucieuse de sécurité humaine et planétaire, qui ne maintiendrait pas en son centre, coûte que coûte, la recherche de la croissance et du profit.

    Quant à la bonne nouvelle – car il y en a une – elle tient au fait qu’aujourd’hui, contrairement à 1989, un jeune mouvement, en pleine expansion, de socialistes démocrates « verts », fait campagne aux États-Unis autour d’un tel projet. Cette alternative n’est pas uniquement électorale – elle donne à voir notre seul et unique horizon vital.

    Soyons clairs cependant : cet objectif, qu’il est indispensable d’atteindre, ne s’appuie sur aucun essai préalable, en tout cas pas à l’échelle requise. Lorsque le Times publia sur Twitter une accroche pour l’article de Rich, évoquant « l’inaptitude de l’humanité à juguler la catastrophe climatique », l’excellente aile écolo-judiciaire des Socialistes Démocrates d’Amérique, s’empressa de proposer cette correction : « LE CAPITALISME ; S’ils voulaient vraiment chercher les causes du déraillement, leur enquête porterait sur un capitalisme incapable de s’attaquer au problème posé par la catastrophe du changement climatique ». Malgré le capitalisme, l’humanité est tout à fait capable de s’organiser en modèles florissants de sociétés, délimités par les contraintes de l’écologie ».

    Leur argument se tient, en dépit de ses failles. Rien n’oblige les humains à vivre sous le règne du capitalisme ; nous, les humains, sommes capables de nous organiser sous les formes de toutes sortes d’ordres sociaux différents, parmi lesquels des sociétés dont l’horizon temporel serait beaucoup plus éloigné, ou plus aptes à respecter les systèmes soucieux de préserver les conditions de survie de la nature. En fait, c’est ainsi que les humains vécurent, sauf pendant une infime partie de notre histoire, et de nos jours encore bien des cultures indigènes perpétuent des cosmologies géocentriques. Le capitalisme n’est qu’une anomalie minuscule dans l’histoire collective de notre espèce.

    Mais il ne suffit pas de pointer la seule responsabilité du capitalisme. Sans contestation possible, on peut affirmer que le capitalisme, en raison de sa soif inextinguible de croissance et de profits, se dresse comme un obstacle sur l’unique chemin menant à la transition rapide vers la sortie des énergies fossiles. Sans contestation possible, on peut également affirmer que la propagation sur toute la planète, dans les années 80-90, d’une forme débridée du capitalisme connue sous le nom de néolibéralisme, explique à elle seule le pic désastreux des émissions au cours des dernières décennies, au niveau mondial, et constitue aussi l’unique pierre d’achoppement, sur laquelle les gouvernements continuent de buter, depuis qu’ils se réunissent (et parlent, encore et encore), au moment de prendre des mesures de sauvegarde du climat, d’inspiration scientifique. Il s’agit aujourd’hui encore de l’obstacle principal, même dans des pays, comme la France et le Canada, qui se vantent d’être en première ligne dans la bataille climatique.

    Cela dit, il nous faut faire preuve d’honnêteté, et admettre que le socialisme industriel autocratique fut tout aussi désastreux pour l’environnement, comme le prouve la chute brève mais spectaculaire des émissions au début des années 90, soit au moment où s’effondrèrent les économies de l’ex-Union Soviétique. Ainsi que je l’écrivais dans Tout Peut Changer, le populisme pétrolier du Venezuela perpétue cette tradition toxique de nos jours, avec des conséquences désastreuses.

    Reconnaissons-le, tout en soulignant que des pays de forte tradition social-démocrate – comme le Danemark, la Suède, ou l’Uruguay – appliquent des politiques qui comptent parmi les plus visionnaires au monde en matière d’environnement. Ce qui nous amène à conclure que, si socialisme et écologie ne vont pas forcément de pair, une nouvelle forme d’éco-socialisme démocratique, suffisamment humble pour retenir les leçons des enseignements indigènes sur nos devoirs envers les générations futures, comme sur l’interconnexion de toutes les formes de vie, a toutes les apparences du pari le moins risqué, pour une humanité en quête de survie collective.

    Tel est l’enjeu de la floraison de candidatures politiques issues du tissu associatif, dont les campagnes en faveur d’un projet éco-socialiste démocratique, révèlent les liens entre les déprédations économiques consécutives à plusieurs décennies d’hégémonie néolibérale, et l’état dévasté de notre habitat naturel. En partie inspirés par la campagne présidentielle de Bernie Sanders, plusieurs candidats, d’origines multiples – à l’image d’Alexandra Ocasio-Cortez, à New York, de Kanelia Ing, à Hawaï, et de bien d’autres encore – font campagne sur des programmes appelant à un « New Deal Vert », apte à satisfaire les besoins matériels fondamentaux de chacun, à offrir de vraies solutions en matière d’injustices envers certaines communautés, de race ou de genre, tout en catalysant une transition rapide vers un recours exclusif aux énergies renouvelables. Plusieurs d’entre eux, comme Cynthia Nixon, candidate au poste de gouverneur de l’état de New York, ou Zephyr Teachout, candidat au poste de procureur général du même état, ont promis, non seulement de refuser l’argent des compagnies pétrolières, mais encore de les poursuivre en justice.

    Tous ces candidats, qu’ils se revendiquent ou non du socialisme démocratique, rejettent le centrisme néolibéral des élites du Parti Démocrate, et la fadeur de leurs solutions « compatibles avec l’économie de marché » à la crise écologique, tout comme le guerre totale de Trump contre la nature. Ils incarnent également une alternative concrète aux socialistes extractivistes peu soucieux de démocratie, ceux d’hier comme ceux d’aujourd’hui. Par dessus-tout, cette nouvelle génération de dirigeants politiques, se refuse à faire de « l’humanité » le bouc-émissaire, condamné à expier les péchés d’avarice et de corruption d’une élite restreinte. Elle cherche, au contraire, à aider l’humanité – notamment celles et ceux dont on ignore systématiquement la parole, voire l’identité – à se constituer en un pouvoir soudé, doté d’une voix unique, et capable de tenir tête à cette élite.

    Nous ne perdons pas la terre – mais son réchauffement accéléré la place sur une trajectoire menant un grand nombre d’entre nous à leur perte. Une nouvelle voie politique se présente, juste à temps, pour nous emmener en lieu sûr. Le temps n’est pas aux lamentations sur les années perdues. Le moment est venu de s’engager sur cette voie, sans perdre un instant.

    https://www.luxediteur.com/le-capitalisme-est-la-cause-du-dereglement-climatique
    #climat #changement_climatique #responsabilité

    • Les #black_blocs. La #liberté et l’#égalité se manifestent

      Apparue à Berlin-Ouest vers 1980 et popularisée lors de la « bataille de Seattle » en 1999, la tactique du black bloc connaît un renouveau. Des black blocs ont manifesté lors du Sommet du G20 à Toronto, du Printemps arabe, du mouvement Occupy et des Indignés, lors des récentes grèves étudiantes au Québec et contre la vie chère au Brésil, dans les « cortèges de tête » en France et contre les néonazis aux États-Unis.

      Cagoulés, vêtus de noir et s’attaquant aux symboles du capitalisme et de l’État, les black blocs sont souvent présentés comme des « casseurs » apolitiques et irrationnels, voire de dangereux « terroristes ».

      Publié une première fois en 2003 et depuis mis à jour et traduit en anglais et en portugais, ce livre est reconnu comme la référence pour qui veut comprendre l’origine du phénomène, sa dynamique et ses objectifs. Alliant observations de terrain, entretiens et réflexion éthique et politique, l’auteur inscrit les black blocs dans la tradition anarchiste de l’action directe.


      https://www.luxediteur.com/catalogue/black-blocs-2

      #livre

    • Un point de vue marxistes sur ces zozos :
      Autonomes et black blocs : une fausse radicalité et une impasse https://mensuel.lutte-ouvriere.org/2018/06/24/autonomes-et-black-blocs-une-fausse-radicalite-et-une-impass

      Extrait :

      Le pourrissement continu de la société capitaliste va certainement pousser, à l’avenir, bien des jeunes vers ce faux radicalisme, qui n’est en fait que le signe d’une démoralisation et d’un manque de confiance dans la capacité des masses à changer leur sort. Et il ne serait pas surprenant que, demain, un certain nombre de ces jeunes fassent un pas de plus et expriment leur «  rage  » et leur nihilisme non plus à coups de marteau dans des vitrines mais avec des bombes. Le mouvement ouvrier a déjà connu bien des fois de tels reculs.

      Nous continuons de penser que la seule chose utile pour espérer changer le monde, ce n’est pas d’infliger des petites piqûres de moustique à la bourgeoisie et au capitalisme, qui n’a que faire d’un magasin saccagé et d’un abribus brisé. Le radicalisme, ce n’est pas jeter un pavé sur un flic. C’est se battre pour le pouvoir aux travailleurs, l’expropriation de la bourgeoisie et l’abolition du salariat. C’est militer pour que puisse se produire la seule chose qui effraie réellement la bourgeoisie  : un soulèvement conscient du monde du travail.

    • #Livre

      Peau rouge, masques blancs
      Contre la politique coloniale de la reconnaissance

      #Glen_Sean_Coulthard

      Traduction de l’anglais par Arianne Des Rochers et Alex Gauthier
      Préface de Taiaiake Alfred

      Lire un extrait

      ISBN : 9782895962601

      Collection : Humanités

      368 pages

      Parution en Amérique du Nord : 15 février 2018

      Le paradigme hégélien de la reconnaissance, admirablement critiqué par #Frantz_Fanon dans l’œuvre phare à laquelle ce livre rend hommage, est aujourd’hui évoqué, sous sa forme libérale, dans les débats entourant l’autodétermination des peuples colonisés, notamment les peuples #autochtones d’Amérique du Nord. Politologue et militant, membre de la Nation #dénée du Nord-Ouest du Canada, l’auteur reprend ici la critique fanonienne et démontre en quoi cette reconnaissance ne fait que consolider la domination coloniale.

      Cet ouvrage de théorie politique engagée appelle à rebâtir et redéployer les pratiques culturelles des peuples colonisés sur la base de l’autoreconnaissance, seule voie vers une réelle décolonisation. Penseur marxiste, #Coulthard sait que le #marxisme ne peut s’appliquer tel quel à la lutte des Autochtones, mais il en souligne la contribution potentielle et signe ici un véritable traité de combat #décolonial et #anticapitaliste.

      « Ce livre offre une critique pénétrante du colonialisme contemporain et une vision claire de la résurgence autochtone, en plus de constituer une contribution importante à la pensée révolutionnaire. »

      #Taiaiake Alfred, extrait de la préface

  • Le mardi 28 mars à 19h30, la journaliste française, montréalaise d’adoption, Emmanuelle Walter, auteure de Sœurs volées. Enquête sur un féminicide au Canada et de Le centre du monde. Une virée en Eeyou Istchee Baie-James avec Romeo Saganash parlera de ses livres à la librairie Quilombo dans le 11e arrondissement de Paris (23 rue Voltaire).

    http://www.librairie-quilombo.org/le-centre-du-monde
    https://www.luxediteur.com/emmanuelle-walter-a-paris

    #Autochtones #Cris #Féminicide #peuples_autochtones #extractivisme #Québec #Canada

  • Contre l’allocation universelle
    Daniel Zamora, Jean-Marie Harribey, Mateo Alaluf, Seth Ackerman


    https://www.luxediteur.com/catalogue/contre-lallocation-universelle

    Depuis la crise de 2008, l’idée d’une allocation universelle suscite un engouement renouvelé, tant en Europe qu’en Amérique. Le projet trouve des appuis à gauche comme à droite et, de l’avis de bien des spécialistes, il pourrait être le fondement des politiques sociales de l’avenir. Plus d’un penseur critique l’a prôné, Philippe Van Parijs, Toni Negri, José Bové ou André Gorz, mais que signifie vraiment cet étonnant consensus ?

    Selon les auteurs de cet essai, l’allocation universelle, sous couvert d’une bienveillante redistribution de la richesse, consacre l’abandon de l’enjeu politique central des cent cinquante dernières années : le conflit entre le capital et le travail. Chacun des textes composant ce livre œuvre au rappel de l’importance décisive de cette question, pour justifier qu’il faille impérativement être contre l’allocation universelle.

    #toread #livres #revenu_garanti #revenu_universel #protection_sociale

  • Squatter le pouvoir. Les mairies rebelles d’#Espagne

    Et si c’était dans les #villes que l’Europe sociale voyait le jour ? Si c’étaient les maires qui faisaient advenir le projet de communauté défiguré par les banques, la troïka et de médiocres économistes ? Voilà l’un des espoirs que nous donne l’Espagne d’aujourd’hui. Loin du marasme austéritaire et cravaté, des mairies indignées et rebelles ont surgi dans des dizaines de villes, dont #Barcelone et #Madrid. Malgré les promesses de #Podemos, la politique nationale espagnole bégaie. Mais à l’échelle municipale, des figures fortes et charismatiques, comme l’ancienne squatteuse #Ada_Colau et la juge antifranquiste #Manuela_Carmena, explorent de nouvelles façons de faire de la politique.

    Ludovic Lamant a rencontré des dizaines de femmes et hommes des marées citoyennes qui ont déferlé sur la péninsule ibérique. Alternant témoignages, reportage et analyse politique, il remonte aux origines politiques, historiques et sociales du phénomène et en propose un premier bilan. Portrait de plateformes citoyennes inédites en Europe, ce récit d’un soulèvement qui perdure se révèle être aussi une boîte à idées pour les mouvements de défense des communs ailleurs dans le monde.


    https://www.luxediteur.com/catalogue/squatter-le-pouvoir

    #livre #résistance #rébellion #urban_matter

    Une recension du livre est proposé dans le dernier numéro de @lacite

  • Les enfants du 15-M
    http://www.humanite.fr/les-enfants-du-15-m-627137

    La chronique philo de Cynthia Fleury. « Une crise de la représentation qui critique l’idée même de représentation en considérant que les citoyens ne sont pas “représentables”. »
    En France, il y a Saillans, commune de la Drôme qui s’essaie à la démocratie participative réelle et à l’innovation citoyenne depuis un jour de révolte contre l’implantation d’un supermarché qui aurait pu, s’il avait vu le jour, phagocyter tous les petits commerces des alentours.

    #Squatter_le_pouvoir #Ludovic_Lamant #Cynthia_Fleury

    • Pas tout à fait. Selon Bifo, les Blancs issus des franges plus défavorisées de la société américaine, ayant été floués et désarmés par la "gauche" réformiste alliée au capitalisme financier, ont voté pour une autre élite qui s’affichait comme étant anti-institutionnelle mais qui, depuis qu’on en sait un peu plus sur le cabinet de Trump, n’est qu’une autre élite.

      Comme le dit un de nos éditeurs, cette nouvelle élite est une élite "corrompue, cupide, libertarienne, habitée de l’esthétique de la violence, qui flatte les bas instincts de ceux et celles qui meurent à crédits, comme disait l’autre — contre une autre élite, « progressiste », libérale— molle, déconnectée du monde réel, qui prend depuis 40 ans au social sans rien lui rendre, une élite engourdie par son confort et qui se console de ses renoncements avec la certitude de la supériorité de sa droiture morale et intellectuelle. […] C’est la victoire d’un déni de la réalité contre un autre déni de la réalité. Une puissante mise en abîme politique."

    • Zapatistes, altermondialistes, Indignés, Occupy, Printemps érable et Nuit debout. Alors que ces mouvements populaires sont présentés par certains comme l’incarnation de l’idéal de la démocratie directe, d’autres n’y voient que des mobilisations certes sympathiques mais insignifiantes, quand ils ne tentent pas de les discréditer en les associant à la violence.

      S’appuyant sur une très bonne connaissance de ces expériences politiques ainsi que de l’histoire des pratiques démocratiques, y compris hors de l’Occident, Francis Dupuis-Déri propose une réflexion inspirée et critique. Il présente de manière dynamique la lutte entre l’agoraphobie et l’agoraphilie politiques, soit la haine et l’amour de la démocratie directe, dévoilant les arguments et les manœuvres des deux camps. Il discute aussi du rapport délicat entre le peuple assemblé à l’agora pour délibérer (le dêmos) et celui qui descend dans la rue pour manifester, voire pour s’insurger (la plèbe). Cet ouvrage à la fois original et provocateur est d’autant plus stimulant qu’il se situe à la croisée des chemins entre la philosophie politique, l’anthropologie et la sociologie.

    • @Aude , merci ! On prend petit à petit nos habitudes ici et on se trouve des repères. Pour la séance de rattrapage sur Dupuis-Déri, le mieux pour commencer, si vous êtes à Paris, est d’assister à l’une de ses trois conférences les 25, 26 et 27 octobre. À bientôt !

  • Passeports sans frontières - Culture / Next
    http://next.liberation.fr/livres/2016/09/28/passeports-sans-frontieres_1513711

    #passeport #circulation #visas - pour @fil

    Parce que ça me fait penser à ça (en lien)

    Voyager sans visa
    http://visionscarto.net/voyager-sans-visa

    Alors que bon nombre de Britanniques sont encore sonnés par le Brexit annoncé dans la nuit du 23 juin 2016, les ambassades des autres pays européens reçoivent par centaines, dès potron-minet, des demandes de citoyenneté pour conserver le précieux sésame de l’Union européenne. Un mouvement amplifiant des demandes qui avaient déjà été faites par précaution avant le vote. On découvre alors que tous les passeports ne se valent pas et qu’être citoyen estampillé UE donne des facilités pour circuler et s’installer. On saura dans quelque temps quelle fut l’ampleur de ce mouvement.

    • ah tiens Libé fait désormais comme le Guardian en mettant son logo sur les images destinées aux réseaux sociaux

    • En attendant, #Atossa_Araxia_Abrahamian a enquêté sur le #marché mondial des passeports dans un #livre d’autant mieux renseigné que la journaliste est elle-même suisse, iranienne et canadienne vivant à New York. Une plongée dans l’#industrie de la #citoyenneté qui n’aurait pas pu être écrite il y a quelques décennies. Car les faits rapportés par l’auteure sont récents. Il y eut toujours une poignée d’hommes d’affaires et des artistes collectionneurs de #passeports, mais son récit offre une géographie mondiale de la citoyenneté, qui n’est plus figée dans le marbre de l’Etat westphalien. On pense au fossé entre les pauvres migrants poussés par la pauvreté et la guerre au péril de leur vie durant le voyage ou pendant leur misérable existence dans des pays riches exploitant leur force de travail, un fossé avec les riches, citoyens de pays démocratiques, circulant sans peine pour des motifs les plus futiles, voire les ultra-riches (0,1 % de la population mondiale) qui se sont octroyé le titre de « citoyens du monde » dont ils jouissent avec des passeports achetés à prix fort. La citoyenneté de La Dominique est sur le marché à 200 000 dollars, celle de Malte (où l’on ne paie pas d’impôts) et de l’Autriche peut atteindre plusieurs millions d’euros.

      #business #marchandise

      Citoyennetés à vendre. Enquête sur le marché international des passeports

      La citoyenneté – le « droit d’avoir des droits », comme l’a définie Hannah Arendt – est aujourd’hui refusée à des centaines de millions de personnes – déracinés, réfugiés, apatrides et autres « illégaux ». Pour quelques happy fews, en revanche, les passeports sont des produits de luxe qu’ils collectionnent comme des toiles de maître, pour se simplifier la vie et payer moins d’impôts.

      Ce reportage montre ce qu’est devenue l’idée de citoyenneté à l’ère des gigantesques mouvements de population et de la privatisation des États. D’un côté, les ultra-riches ont accaparé le titre de « citoyens du monde » et sont les seuls à jouir, avec leurs capitaux, d’une planète sans frontières. De l’autre, des nationalités bradées, comme dans l’invraisemblable transaction conclue entre l’une des nations les plus pauvres du monde, les Comores, et les Émirats arabes unis qui, pour régulariser la situation des apatrides sur leur territoire, ont acheté au prix de gros des dizaines de milliers de passeports comoriens


      https://www.luxediteur.com/catalogue/citoyennetes-a-vendre

    • Così Malta mette in vendita la cittadinanza europea ai ricchi del mondo

      “Sono più che infastidita dal fatto che un’azienda si senta autorizzata a vendere la cittadinanza di un Paese contro la volontà dei suoi cittadini, dopo un subdolo accordo sottoscritto con un governo che non ha avuto, su questo, alcun mandato”. Le parole sono di Daphne Caruana Galizia. Era il 12 maggio 2017, e in un post del suo blog Running Commentary scriveva a Christian Kalin, presidente della società di consulenza Henley&Partners. Una società specializzata nel costruire sistemi per attrarre ricchi che vogliono acquistare una seconda cittadinanza europea. Il governo di La Valletta ha un contratto con loro che scadrà nel 2019. Ma non sono i soli: Henley&Partners lavora da decenni in tutto il mondo, e da due anni spinge per l’introduzione di un sistema simile anche in Italia.

      Le domande che Daphne si ponevano erano semplici: chi sono i nuovi cittadini maltesi? Caruana Galizia aveva trovato alcune risposte. Il consorzio Daphne Project è partito dal suo lavoro per scavare più a fondo sulle conseguenze di questo sistema e sull’azienda che lo ha lanciato a Malta.

      https://irpi.eu/cosi-malta-mette-in-vendita-la-cittadinanza-europea-ai-ricchi-del-mondo

      v. aussi:
      Daphne Project, così Malta mette in vendita la cittadinanza europea ai ricchi del mondo

      Dal 2014 a oggi, circa mille stranieri hanno ottenuto il passaporto di La Valletta, al costo minimo di un milione di euro. Del meccanismo si occupa la società #Henley&Partners che ha incassato non meno di 20 milioni di euro. Tra i ’nuovi cittadini’ uomini vicini a Putin, banchieri dal Kenya, ex parlamentari dal Vietnam, imprenditori nigeriani, cinesi e arabi

      http://www.repubblica.it/esteri/2018/04/18/news/daphne_caruana_galizia_daphne_project_malta_la_valletta_henley_partners-194219157/?ref=RHPPLF-BL-I0-C8-P3-S1.8-T2