Election américaine : davantage qu’un raz-de-marée de Trump, un naufrage de Clinton
▻http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/11/09/election-americaine-davantage-qu-un-raz-de-maree-de-trump-un-naufrage-de-cli
Election américaine : davantage qu’un raz-de-marée de Trump, un naufrage de Clinton
▻http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/11/09/election-americaine-davantage-qu-un-raz-de-maree-de-trump-un-naufrage-de-cli
J’ai toujours du mal avec ces « nouvelles » dataviz…
Il n’y a pas d’échelle commune aux 4 graphiques ; chaque carré est à comparer avec celui situé sur la même ligne, leurs tailles respectives n’ont pas de sens.
Et ces différences de taille (en ligne) sont parfaitement imperceptibles. Très probablement faussement représentées sur les graphiques, pour les 3 « petits » carrés, les différences relatives sont respectivement de 1%, 10% et 2% ; une différence de 1% de surface est totalement imperceptible…
Pourquoi ne pas s’en tenir aux classiques ?
Ou si on veut absolument des carrés, représenter leur emboîtement en respectant les proportions.
(mais c’est déjà plus compliqué à faire avec mon tableur…)
Deuxième tentative en répartissant les non-votants de chaque côté.
(les 2 barres sont alignées sur le milieu de « autres »
et il y a au total le même nombre d’individus à gauche et à droite de ce milieu)
Très intéressant : en ce moment circule beaucoup le tableau des sondages « sortie des urnes » de CNN, généralement utilisé pour dire que, contrairement à l’idée générale, ce ne sont pas les pauvres qui ont voté Trump, mais les riches (façon de réintroduire le fait que ce seraient la xénophobie, le racisme et le sexisme les moteurs premiers du vote) :
►http://edition.cnn.com/election/results/exit-polls/national/president
La difficulté, c’est que c’est d’un intérêt pratique assez limité pour expliquer l’alternance politique. Ce qui est intéressant, c’est de savoir quelle est la part de l’électorat qui est passée du vote Démocrate au vote Républicain (ou quelle part n’a pas voté, et quelle part s’est mobilisée). Et pour cela, la représentation que fait le New York Times est assez spectaculaire :
▻http://www.nytimes.com/interactive/2016/11/08/us/elections/how-trump-pushed-the-election-map-to-the-right.html
Et là, ça réintroduit bien la théorie de la « rust belt ».
Si on reprend un sondage sortie des urnes de 2012, on avait ceci :
▻http://elections.nytimes.com/2012/results/president/exit-polls
En 2012, 63% des électeurs en dessous de 30.000$ annuels ont voté Obama ; et seulement 53% pour Clinton aujourd’hui. Pour la tranche 30.000 à 50.000, on passe de 57% à 51%. (On pourrait remarquer qu’il y a aussi une baisse du vote républicain dans les tranches supérieures, mais de quelques points seulement.)
les riches sont aussi les blanc·he·s
@mad_meg Oui, mais ça se lit de deux façons différentes :
– dire que ce sont les hommes blancs riches qui ont voté pour Trump, ce qui accentuerait la lecture « culturaliste » (racisme, xénophobie plutôt que déclassement) ; ce qui n’est pas faux, mais encore une fois ça n’explique pas l’alternance politique (les hommes blancs riches votent toujours majoritairement républicain…) ;
– à l’inverse, ça devrait accentuer l’explication par le déclassement de la rust belt : le vote des moins de 30.000$ pour les démocrates a reculé de 10 points, alors même que toute une partie de cette population est certainement constituée de noirs et de latinos qui, eux, rejettent massivement Trump et ses outrances racistes.
Mais même avec ça, il faudrait aussi voir à quel point les minorités racisées se seraient moins mobilisées pour voter démocrate : ce que je trouve en 2012
Bref j’ai l’impression que même cet aspect confirme que c’est bien un glissement de l’électorat populaire vers la droite (ou moins mobilisé à gauche) qui a provoqué l’alternance. Et les noirs et les latinos entreraient eux aussi dans ce recul de la mobilisation pour la candidate démocrate.
Note tout de même dans ton calcul la nette hausse de l’abstention qui peut bêtement expliquer certains écarts…
Oui, c’est ce que je suggère (mal) dans ma réponse et c’est aussi pour ça que j’ai parfois des formules alambiquées pour éviter d’écrire que les gens ont changé de camp (usuellement il suffit sur les gens d’un camp ne votent pas).
Les éléments économiques qui contribuent fortement à la montée des populismes aux Etats-Unis et en Europe :
►https://seenthis.net/messages/540833
Oui, et je pense que t’as raison (Nidal), en tout cas sur le mode de l’absence de mobilisation pour Clinton qui donne mécaniquement des points à Trump… et le fait élire.
les femmes blanches ont aussi voter pour Trump. Le tableau que j’ai mis plus haut le montre bien. J’ai lu l’expression « whitelash » utilisé pour qualifier ce vote. Je croi qu’une seule explication ne peu pas suffire mais l’aspect racial de ce vote me semble assez remarquable. Mais il n’evacue pas le fait que les personnes racisées n’ont peut être pas beaucoup voté, ainsi que les classes plus pauvres.
A priori c’est pas nouveau : les femmes blanches auraient élu Romney à la dernière élection…
J’ai pas dit que c’était nouveau.
Voici d’autres cartes
How Trump Won the Election According to Exit Polls
▻http://www.nytimes.com/interactive/2016/11/08/us/elections/exit-poll-analysis.html
Je ne sais pas si ça a été beaucoup dit, mais il semblerait qu’Hillary Clinton a plus de voix (59,606,287 ; 47,7%) que Donald Trump (59,399,248 ; 47,5%)... Le système des grands électeurs est encore en cause.
Donc même s’il y a eu des mouvements (surtout la hausse de l’abstention des électeurs « Démocrates »), ceux-ci ne peuvent pas tout expliquer. Et les écarts ne sont pas suffisament marqués pour être analysés. Encore une fois le système électoral étasunien est bien bizarre.
Democrats, Trump, and the Ongoing, Dangerous Refusal to Learn the Lesson of Brexit - Glenn Greenwal
►https://theintercept.com/2016/11/09/democrats-trump-and-the-ongoing-dangerous-refusal-to-learn-the-lesson-
(2) THAT RACISM, MISOGYNY AND XENOPHOBIA ARE PERVASIVE in all sectors of America is indisputable from even a casual glance at its history, both distant and recent. There are reasons why all presidents until 2008 were white and all 45 elected presidents are men. There can be no doubt that those pathologies played a substantial role in last night’s outcome. But that fact answers very few questions, and begs many critical ones.
To begin with, one must confront the fact that not only was Barack Obama elected twice, but is poised to leave office as a highly popular president: now viewed more positively than Reagan. America wasn’t any less racist and xenophobic in 2008 and 2012 than it is now. Even stalwart Democrats fond of casually branding their opponents as bigots are acknowledging that a far more complicated analysis is required to understand last night’s results. As the New York Times’ Nate Cohn put it: “Clinton suffered her biggest losses in the places where Obama was strongest among white voters. It’s not a simple racism story.” Matt Yglesias acknowledged that Obama’s high approval rating is inconsistent with depictions of the U.S. as “county besotted with racism.”
Intéressant, mais plusieurs remarques/questions :
1) les sondages n’ont qu’une portée limitée dans un système avec des grands électeurs, car la situation est très différente selon la démographie, et les Etats-Unis ne sont pas du tout homogènes, donc basculent différemment d’un État à un autre. C’est d’ailleurs ce qu’on voit dans le deuxième lien, et en regardant le chiffre des abstentions État par État...
▻http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/11/09/elections-americaines-l-abstention-en-hausse-par-rapport-aux-annees-obama_50
2) c’est dommage qu’on n’ait pas de croisement « race/classe », autrement dit comment votent les pauvres blancs vs. les pauvres racisés, et quelle est la proportion des uns et des autres.
3) alors que 89% des affiliés démocrates votent Clinton (pas étonnant), je suis étonné que 90% des républicains votent Trump alors qu’il devait y avoir l’establishment républicain qui le trouvait « too much » qui était censé s’abstenir, voire voter Johnson ou Clinton...
#États-Unis : une géographie électorale à bascule
►http://geoconfluences.ens-lyon.fr/actualites/eclairage/etats-unis-geo-electorale
@aude_v oui à la différence près que ce n’est pas une assemblée qu’ils élisent mais un.e (seul.e) président.e. Du coup c’est plutôt comme si les circonscriptions étaient découpées en sous-circonscriptions et que pour élire un.e député.e on élisait d’abord des grand.e.s électeurs/trices représentant ces sous-circonscriptions. Le/la député.e ainsi élu.e pourrait l’être avec une minorité de voix...
Une autre chose dont on a pas parlé c’est l’#abstention, et le schéma ci-dessous explique beaucoup. Il n’y a pas beaucoup plus d’électeurs républicains cette année qu’il y a 4 ou 8 ans, il y a juste de moins en moins de gens qui votent démocrates. Le vote démocrate ne vire pas républicain, il est juste tellement dégoûte qu’il s’abstient. Encore une leçon...
▻http://www.lemonde.fr/elections-americaines/video/2016/11/11/qui-sont-les-electeurs-de-donald-trump-que-personne-n-avait-vus-venir_502983
Donald Trump est devenu le 8 novembre le 45e président des États-Unis. Si les observateurs et les instituts de sondage n’avaient pas si bien anticipé cette victoire, c’est parce que le milliardaire de l’immobilier a rassemblé bien au-delà des traditionnels électeurs du Parti républicain, blancs, âgés, riches et religieux. Explications avec Marie-Cécile Naves, sociologue, auteure de Trump : l’onde de choc populiste aux éditions Fyp
@aude_v Ah oui effectivement je l’avais oublié celui-là :-)
These former Obama strongholds sealed the election for Trump
▻https://www.washingtonpost.com/graphics/politics/2016-election/obama-trump-counties
Of the nearly 700 counties that twice sent Obama to the White House, a stunning one-third flipped to support Trump.
Trump also won 194 of the 207 counties that voted for Obama either in 2008 or 2012.
By contrast, of those 2,200 counties that never supported Obama, Clinton was only able to win six. That’s just 0.3 percent crossover to the Democratic side.
Pour confirmer que rien n’a changé depuis 2004 :
Plongée dans mes archives de novembre 2004
►https://seenthis.net/messages/541790
#Etats-Unis #Donald_Trump #Hillary_Clinton #George_Bush #John_Kerry #2016 #2004 #histoire #élections_présidentielles
Toujours sur le même sujet :
« C’est l’abstention, imbécile ! » Les leçons de l’élection de Donald Trump
Eric Fassin, Médiapart, le 12 novembre 2016
►https://seenthis.net/messages/541935
Selon Emmanuel Todd, l’aliénation politique aurait changé de couleur.
Ce qui m’a le plus écoeuré dans ce processus, c’est la façon dont Hillary Clinton a évincé Bernie Sanders, dont je me sentais évidemment très proche. J’ai suivi les primaires démocrates Etat par Etat. Et c’est bien l’électorat noir qui a empêché la victoire de Sanders. En 2016 l’aliénation politique a changé de couleur. On est passé d’un système où le cœur de l’électorat blanc votait contre ses intérêts à un système où l’électorat noir a voté contre ses intérêts. En effet, les Noirs, surreprésentés dans le monde ouvrier, moins éduqués malgré des progrès importants, sont le groupe qui a le plus souffert du libre-échange, et qui continue d’en souffrir le plus. Le paradoxe ultime de l’élection qui vient d’avoir lieu est que si Trump applique son programme protectionniste, les Noirs seront les premiers à en bénéficier.
▻http://blog.europa-museum.org/post/2016/11/15/En-2016-l-alienation-politique-a-chang%C3%A9-de-couleur