Beaucoup d’idées reçues et simplistes dans cet article, si j’avais le temps (et l’intérêt), j’en ferais la liste.
Déjà, pour commencer, il manque quelques définitions : l’éditeur, c’est quoi l’éditeur ? et, partant, l’édition. Dans un contrat type, les droits d’édition et d’auteur(e) sont au même niveau de pourcentage (6%). J’imagine que pour l’auteur de cet article, l’éditeur cela veut dire à la fois la distribution et/ou la diffusion. Sinon je ne comprends pas où est le problème ?
Effectivement la part de l’auteur(e) est négligeable alors que celle de la diffusion, notamment, est énorme, ou dit autrement celui ou celle qui travaille le plus, l’auteur(e), reçoit le moins et l’entité qui produit le moins, la diffusion, touche le plus. Dit comme ça c’est un peu plus clair.
Ne pas faire le distingo entre l’édition, la distribution et la diffusion est non seulement coupable mais c’est aussi, il me semble, injuste, surtout quand ce qui est proposé, l’impression à la demande comme viatique et remède, est, en réalité, boiteux. Sur le papier, si vous me passez l’expression, c’est une très bonne idée, en revanche, en pratique cela donne surtout des livres de nettement moindre qualité parce que justement ils ne sont pas édités.
Attention pour bien comprendre ce qui suit, ne pas perdre de vue que certains livres qui sont édités le sont très mal. Ce qui fait un tort considérable à la profession.
Quand on écrit, un article, une nouvelle, un discours, un livre que sais-je, on peut très bien écrire et finalement, même à force de besognieuses relectures, n’écrire que médiocrement. C’est là qu’interviennent l’éditeur ou l’éditrice. C’est-à-dire celle ou celui qui va voir de façon critique à la fois la valeur de ce qui est écrit, et donc avoir le désir de l’éditer, et ses faiblesses et savoir proposer à ses faiblesses des remèdes, tel passage qui est trop long, tel autre qui est insuffisamment injustifié, telle difficulté de rythme, tel épouvantable sous-entendu qu’on ne voit plus à la douzième relecture, et je ne parle pas encore ni de corrections ni de règles typographiques qui sont en fait le dernier kilomètre du marathon.
Dans cet article il est question de validation éditoriale comme seul horizon éditorial possible, c’est très péjoratif pour les éditeurs et les éditrices.
Je présume que dans l’esprit de l’auteur de cet article il est inadmissible que l’auteur(e) touche nettement moins (6 fois moins) que la librairie, et non que je tienne à prendre la défense d’une profession qui n’est pas irréprochable, je suggérerais volontiers à l’auteur de cet article de ne pas se faire trop d’illusions quant à une tentative qui ne serait pas soutenue par un minimum de diffusion, je tiens à sa disposition la comptabilité du site fourbi.net (la boutique du Désordre) qui devrait l’éclairer sur les chances de succès d’une telle aventure.
Dire que les lecteurs et les lectrices sont de l’autre côté relève de la très gentille vue de l’esprit. De l’autre côté de quoi, may I ask ?
Il se trouve que dans cet article il y a de très nombreux hypallages, des doubles négatives fautives et même des coquilles qui, de fait, invalident sa seule proposition : l’autoédition (et dans autoédition, j’inclue également les équipes de copains).
Les travers de l’édition (en tant que corporation) sont très nombreux et certains sont struturels, le dire aussi mal et proposer le cancer plutôt qu’un rhume est, en fait, contreproductif.
Mais peut-être que tout vient aussi que de se poser la question de la nécessité d’écrire dans le seul éclairage du salaire c’est vraiment regarder la situation selon son angle le plus improbable.