Transports

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  • Pendant que le pouvoir dénonce les jeux vidéo et les réseaux sociaux – parce que les gamins des cités… –, les syndicats de fachos postent leurs saloperies, la cagnotte en soutien à l’assassin bat des records, et le gouvernement ne réagit pas (ce serait tellement « 90s »…).

    Depuis les années 90 les gouvernements détruisent les usages progressistes des réseaux au nom de la lutte contre les pédonazis, avec pour seul effet de laisser les nazis folâtrer en toute liberté sur les interwebz.

  • La décharge des #autolib d’#anne_hidalgo @ #Bolloré en #Sologne, à #Romorantin francetvinfo

    Depuis leur retrait des rues de Paris, Lyon et Bordeaux, ces voitures électriques peinent à entamer une seconde vie. A Romorantin-Lanthenay, plus d’un millier d’entre elles sont entreposées sur un parking et un terrain vague de la ville, en attendant d’être revendues.

    Pourtant, les activités d’Atis Production à Romorantin ont attiré à plusieurs reprises l’attention de la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) du Loir-et-Cher. Deux arrêtés préfectoraux de mise en conformité ont été pris à l’encontre de l’entreprise en juillet dernier.

    « Début 2020, on s’est rendu compte qu’il y avait un bâtiment sur l’ancien site Matra, dans lequel des véhicules étaient démontés puis destinés à la casse », détaille Fabien Martin, adjoint au chef d’unité de la Dreal. « C’est une activité particulière qui nécessite d’être enregistrée. » Sommée de régulariser sa situation ou d’arrêter ce démantèlement dans un délai de six mois, la société Atis Production ne s’est pas soumise à cette requête et se trouve actuellement « dans une procédure contradictoire avec la préfecture », explique Fabien Martin. Quant aux voitures du terrain vague, celles qui « ne peuvent plus être considérées comme des véhicules d’occasion » pourraient être « sorties de ce site », assure-t-il.

    Interrogée sur le stockage de véhicules et le défrichage du terrain, la communauté de communes du Romorantinais (CCRM), propriétaire de la parcelle, estime qu’il n’y a « rien eu de choquant. C’était une friche dans une zone industrielle, que nous louons à la société de monsieur Aouizerate », martèle Jeanny Lorgeoux, président de la CCRM et maire de Romorantin-Lanthenay depuis 35 ans. « Il fait ce qu’il veut sur son terrain, à condition de respecter les règles de sécurité. »
    . . . . .

    #déchets #décharge #pollution #voiture #Paris #anne_hidalgo #PS #écologie #escrologistes #éco-responsabilité #casses_auto #ferraille #alignements fabrique de la #mort #Paris #Lyon #Bordeaux

    Source partielle : https://www.francetvinfo.fr/economie/transports/autolib/reportage-que-vont-devenir-les-encombrantes-autolib-entassees-dans-le-c

  • Que vont devenir les encombrantes Autolib’ entassées dans le « cimetière » de Romorantin ?
    https://www.francetvinfo.fr/economie/transports/autolib/reportage-que-vont-devenir-les-encombrantes-autolib-entassees-dans-le-c
    https://www.francetvinfo.fr/pictures/4Hn2loIXPrrvlSprW2Z5-7jXDzE/1500x843/2021/03/31/phpJqP0W6.jpg

    « Changeons le système, pas le climat ». Cette formule bien connue des écologistes est inscrite sur le capot délavé d’une Autolib’ hors d’usage, plantée comme des centaines d’autres au fond d’une zone industrielle de Romorantin-Lanthenay (Loir-et-Cher). Le pare-brise griffé reflète un soleil timide, en ce mois de mars. A bonne distance, des merles sautillent entre les longues files de véhicules endormis. Pare-chocs contre pare-chocs, ces voitures, qui incarnaient le renouveau de la mobilité urbaine, attendent de trouver preneur. Ou d’être désossées.

    Pour les riverains de cette zone d’activité, les rangées d’Autolib’ à la retraite font désormais partie du paysage. « On les a vues arriver progressivement, par remorques entières », se souvient Chantal, qui promène fréquemment son chien devant cette friche industrielle. « Parfois, quelques-unes sont déplacées, mais ça reste très calme, ça ressemble à un cimetière », relate un autre voisin. « Avant, il y avait un petit bois ici, mais tout a été rasé pour stocker les voitures, alors qu’il y a un vrai parking juste à côté, derrière la déchetterie. »

    • #Autolib = #Bolloré (filiale Blue Solutions du groupe Bolloré)

      En 2012, il y avait environ 250 véhicules en service

      https://seenthis.net/messages/48901

      En 2015, @colporteur nous éclairait sur le sujet :

      https://seenthis.net/messages/441836#message441858

      En 2018, le contrat est stoppé net

      Pour comprendre comment ces citadines se sont retrouvées à Romorantin, il faut remonter au mois de juin 2018, lorsque le contrat liant le groupe Bolloré (le constructeur des Autolib’) au syndicat Autolib’ Vélib’ métropole (SAVM, l’exploitant des Autolib’) a brutalement pris fin. En cause : un déficit annuel estimé à 50 millions d’euros pour ce service de voitures électriques partagées.

      Malgré les protestations du groupe Bolloré, la multinationale a dû évacuer les 4 000 Autolib’ indésirables de la région parisienne et les stocker en urgence. Elles ont ensuite été revendues en plusieurs lots et deux entreprises détiennent aujourd’hui la majeure partie de la flotte restante : la société bretonne Autopuzz, ancien sous-traitant de Bolloré, qui revend ces véhicules à travers la France, et la société Atis Production, dont le gérant, Paul Aouizerate, ne souhaite pas dévoiler ses projets pour les Autolib’ parquées dans le Loir-et-Cher.

      En 2021 (date de l’article FTV-Info)

      recyclage des véhicules mis en pièces ou accidentés : "Il faut d’abord extraire la batterie, que le groupe Bolloré propose de rapatrier gratuitement pour traitement. Ensuite, tout l’enjeu est de valoriser la matière [...] La carrosserie en alliage d’aluminium finira fondue en lingots, les câbles et autres éléments du moteur seront triés et broyés pour récolter le cuivre qu’ils contiennent. Les moteurs de véhicule électrique peuvent également contenir des métaux issus de terres rares et des aimants, qui sont récupérables. « De nombreuses solutions existent, il faut simplement développer les bonnes filières »

  • INFOGRAPHIES. Métro à Paris : visualisez comment l’offre s’est dégradée depuis la crise sanitaire
    https://www.francetvinfo.fr/economie/transports/infographies-metro-a-paris-visualisez-comment-l-offre-s-est-degradee-de
    https://www.francetvinfo.fr/pictures/1va61AmLV3rZCoE-ZLr1ONVItyA/1500x843/2022/12/27/63aaa6c6a979a_bazar-transports-07.png

    Métro à Paris : visualisez comment l’offre s’est dégradée depuis la crise sanitaire

    La qualité des services dans le métro parisien s’est fortement détériorée depuis deux ans, et plus particulièrement depuis la rentrée de septembre.

    Sur les quais bondés du métro parisien, l’exaspération des usagers est quotidienne. Les rames saturées de passagers défilent, notamment sur les lignes 8, 12 ou 13. Et la réduction de la fréquence des métros est largement dénoncée ces dernières semaines par des voyageurs d’autant plus agacés qu’ils subissent, depuis dimanche 1er janvier, l’augmentation de 12% du prix de l’abonnement mensuel du passe Navigo, qui permet de circuler dans tous les transports en commun d’Ile-de-France.

    De fait, le service dans le métro parisien est fortement dégradé depuis la rentrée de septembre : 17,2% de l’offre n’a, par exemple, pas été réalisée en octobre, selon les calculs de franceinfo effectués à partir des données de ponctualité publiées par Ile-de-France Mobilités (IDFM), l’autorité publique chargée de gérer l’organisation des transports dans la région et dirigée par Valérie Pécresse. Ce chiffre prend en compte l’effet cumulé de l’offre allégée par IDFM par rapport à l’offre pleine d’avant-Covid (fin 2019) et non réalisée par la RATP.

    Le mécontentement des usagers est-il légitime au regard des chiffres relatifs à la fréquence des métros parisiens ? Dans quelle mesure traduisent-ils une dégradation de l’offre ? Et quelles sont les raisons de ces difficultés ? Franceinfo détaille, à l’aide de deux graphiques, pourquoi le métro parisien n’est plus sur de bons rails.
    Des perturbations en pagaille

    Premier constat : depuis la rentrée de septembre 2022, les messages d’incidents de la RATP se sont multipliés. Le compte Twitter @METROQualite, créé par un ingénieur habitué de la ligne 8, les a recensés. Il a mis en place un programme qui dénombre les incidents et les perturbations quotidiennes sur les lignes de métro à partir des données disponibles sur le site Info Trafic de la RATP.

    Entre le 30 novembre et le 27 décembre, il y en a eu plusieurs centaines : des difficultés d’exploitation (210 incidents), qui concernent les problèmes d’aiguillage ou encore le déclenchement d’un signal d’alarme à bord d’une rame, les bagages oubliés (73), les personnes sur les voies (62) et les malaises de voyageurs (62).
    [Temps de perturbation moyen relevé par ligne de métro à Paris]

    Parmi les lignes de métro les plus touchées figurent la 12, la 8, la 7 ou encore la 9. La ligne 12 a compté en moyenne 5 heures et 56 minutes de perturbations sur ses 19 heures de fonctionnement quotidien. Quant à la ligne 8, dont les images de quais bondés ont inondé les réseaux sociaux ces dernières semaines, on compte en moyenne 5h40 de perturbations quotidiennes.

    De son côté, la RATP se dit « pleinement consciente des difficultés rencontrées par les voyageurs franciliens. Face à cette situation inédite, nous sommes pleinement mobilisés et nous déployons des moyens importants afin d’assurer une offre de service conforme à nos objectifs et à notre qualité de service ».
    De moins en moins de rames sur plusieurs lignes

    Par ailleurs, entre 2019 et 2022, le nombre de passages des métros a largement diminué. La fréquence est, en moyenne, 1,4 fois plus faible qu’en 2019, avant la crise sanitaire liée au Covid-19, sur l’ensemble du réseau. Mais ce chiffre varie fortement selon les lignes. À titre d’exemple, en trois ans, la fréquence des rames de la ligne 12 a été divisée de moitié. Elle est passée de 2’09’’ à 4’20’’, selon les calculs de franceinfo effectués à partir des bulletins de ponctualité publiés par IDFM chaque mois (le dernier date du mois d’octobre).

    Pour la ligne 11, le manque de métros se fait moins ressentir mais l’écart est tout de même important (de 1’41’’ en 2019 à 3’07’’ actuellement). Même constat sur la ligne 3 où un métro passe, en moyenne, toutes les 2’41’’, contre 1’38’’ en 2019. Sur l’ensemble des autres lignes, la qualité du service s’est également dégradée entre la période qui a précédé la crise sanitaire et aujourd’hui.
    [Temps de perturbation moyen relevé par ligne de métro à Paris]

    Alors comment expliquer des temps d’attente aussi élevés ? « Il y a un effet domino », explique Marc Pélissier, président de l’association des usagers des transports (AUT-Fnaut) en Ile-de-France. Dans un premier temps, IDFM avait abaissé sa demande de trafic auprès de la RATP pour l’adapter à la faible fréquentation des métros durant l’épidémie de Covid-19. Concrètement, elle a demandé à la régie d’Ile-de-France de mettre sur les rails moins de métros qu’en 2019, excepté pour les lignes 4, 7, 8, 9, 13 et 14 (cette dernière étant automatisée).
    La fréquentation à un niveau quasi similaire à l’avant-Covid

    Sauf qu’entre-temps, la fréquentation est revenue à un niveau quasiment similaire à celui de l’avant-crise sanitaire. Depuis octobre 2022, la fréquentation des transports en commun franciliens est même remontée à 90% de celle de 2019 en moyenne, chiffre la RATP auprès franceinfo.

    Si la réduction du nombre de rames a permis à la région de réaliser des économies nécessaires, elle a aussi provoqué la surcharge du trafic et donc des rames. « La remise de l’offre à 100% n’a été décidée que le 7 décembre sur demande de Valérie Pécresse lors du dernier conseil d’administration d’IDFM », dénonce le président de l’AUT. « La remise en place de l’offre pleine a été décidée trop tardivement », juge également David Belliard, adjoint EELV à la maire de Paris et vice-président d’IDFM.

    À cela s’ajoute un facteur essentiel : la pénurie de conducteurs, officiellement constatée par IDFM début novembre. « Cette situation, exceptionnelle, due aux difficultés de recrutement et à un fort taux d’absentéisme, n’est pas propre à l’entreprise et concerne à différentes échelles l’ensemble des opérateurs de transport en Ile-de-France et en province », se défend la RATP.

    #RATP #urbanisme_région_parisienne #transports #services_publics #salaires #conditions_de_travail #pénurie_main_d’œuvre

  • Dans ce système, il est « raisonnable » & « opportun » de saccager les services publics utiles à la population, mais « déraisonnable » et « inopportun » de lutter pour empêcher leur démolition, pour les préserver de la rapacité du capital et de ses agents.

    Au lendemain de la #grève des infirmières,la première depuis plus de cent ans, le #gouvernement_britannique maintient sa position face à un mouvement ayant la sympathie d’une majorité de l’opinion.
    Dans une interview au « Daily Mail », le Premier ministre, #Rishi_Sunak, confronté à son premier grand test social, a répété qu’il tiendrait bon face aux revendications salariales « déraisonnables ». « J’exhorte les syndicats à prendre en considération l’impact de ces grèves sur la vie et la santé des gens et à juger si elles sont opportunes », a-t-il ajouté.

    (Les Échos)
    #hôpital #royaume-uni #service_hospitalier #service_public

  • Trains | Grise Bouille
    https://grisebouille.net/trains

    Sauf que bien sûr, au moment où je me dis que je vais passer un week-end chez mes parents, je regarde un mois avant pour réserver… tous les trains sont complets. Un mois avant. Alors oui, c’était un « long » week-end avec un jour férié. M’enfin si les trains ne sont pas capables d’absorber le surplus inévitable (et attendu) de voyageuses et voyageurs en période de longs week-end ou de vacances, à quel moment on peut imaginer une seule seconde qu’ils constituent une alternative crédible à la bagnole individuelle ? Et puis merde, c’était pas complet 2 jours avant, mais UN MOIS avant : ça fait combien de gens laissés sur le carreau, à votre avis ?

    Le Figaro doit être content : taux de remplissage à 100 %, tout va pour le mieux. Moi je pense au contraire que, en pratique, un train, ça devrait jamais être complet. Ça devrait être plein à 95 % dans les cas extrêmes, et à moitié vide en général. Oui, c’est pas optimal. Ça devrait pas l’être. Comme les lits dans les hôpitaux, quelque part : l’optimisation, elle se fait toujours au détriment des gens. Parce que si prendre le train implique une espèce de compétition à qui prendra ses places le premier, si on se dit que seuls les X premiers pourcents de gens qui voyagent pourront le prendre (quelle que soit la valeur de X) et que les autres devront se débrouiller autrement : la voiture restera le moyen de transport le plus simple. Ou même l’avion, parfois, un comble.

    Et quand c’est sans réservation, on arrive aussi à flinguer un service agréable sur l’autel de la rentabilité : j’y reviens, mais j’ai connu l’ouverture de la ligne TGV Est aux premières loges. J’étais étudiant à l’époque, et je faisais un aller-retour Bar-le-Duc/Nancy chaque semaine. Au départ, c’était les trains Corail de la ligne Paris-Strasbourg qui faisaient ces deux arrêts. Longs, spacieux, confortables.

    Segmentation oblige, lorsque le TGV est arrivé, ce sont des TER qui ont pris le relais sur les trajets courts comme le mien. Je me souviens assez clairement du premier jour de ce changement. Un dimanche soir en gare de Bar-le-Duc, le quai comme d’habitude blindé d’étudiant⋅es attendant leur train pour rejoindre Nancy… Ce qui n’était pas un problème lorsque les immenses trains Corail assuraient la liaison. Sauf que là, sous nos yeux effarés, c’est un minuscule TER tout pourri de deux wagons qui arrive en gare. Cohue, train bondé, voyage de 1h15 (contre 1h00 auparavant) debout serrés comme dans un métro parisien aux heures de pointes. Le Figaro a dû avoir un petit orgasme en l’apprenant. Heureusement, le problème s’est résolu petit à petit, les TER ont fini par s’agrandir. Mais le simple fait que ce soit arrivé montre la déconnexion totale entre les politiques de transport et la réalité des besoins.

  • Crise des carburants : avec la réquisition de salariés, la grève semble s’essouffler à la raffinerie ExxonMobil de Port-Jérôme
    https://www.francetvinfo.fr/economie/transports/penurie-de-carburants/crise-des-carburants-avec-la-requisition-de-salaries-la-greve-semble-se

    Le gouvernement a mis en exécution sa menace de réquisitions qui touchent pour l’heure quatre salariés du dépôt de carburants de la raffinerie d’ExxonMobil de Port-Jérôme en Seine-Maritime, sommés de rouvrir les vannes. La grève a pourtant été partiellement reconduite.

    Dans la série « le #Pic », je demande le pic de la grève qui va bientôt être franchis...

    • SNCF : trafic rétabli entre la gare Montparnasse et le Sud-Ouest après la mort d’un ouvrier dans un éboulement
      https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/07/25/sncf-trafic-interrompu-entre-la-gare-montparnasse-et-le-sud-ouest-apres-la-m


      Des agents de sécurité de la SNCF sur le chantier près de la gare de Massy-Palaiseau, où un éboulement de terrain a coûté la vie à un ouvrier, en juillet 2021.
      SAMEER AL-DOUMY / AFP

      « Nous avons été en mesure de refaire partir les circulations et notamment de remettre en œuvre le tunnel grande vitesse. Demain les circulations seront à peu près normales sur l’ensemble du réseau, notamment les réseaux sud-ouest et Atlantique », a expliqué M. Djebbari à la presse, près du lieu de l’accident où il s’est rendu dans la soirée. Le ministre a également annoncé qu’une «  enquête judiciaire [était] en cours », promettant que « la lumière ser[ait] faite sur cette sombre affaire ». « Un drame est survenu sur ce chantier, un éboulement alors que des travaux étaient en cours sur les lignes des RER C et D s’est produit un peu plus tôt dans l’après-midi et a enseveli un cadre, un ingénieur de SNCF réseau, pour lequel les recherches sont encore en cours dans des conditions difficiles », a-t-il aussi précisé.

      Environnement très « instable » et « difficile d’accès »
      Selon les sapeurs-pompiers de l’Essonne, l’effondrement a eu lieu dans un chantier de forage de plus d’une trentaine de mètres, proche des voies de chemin de fer. L’environnement immédiat est très « instable » et « _difficile d’accè_s » du fait notamment des fortes précipitations des derniers jours. La préfecture de l’Essonne a tweeté avoir activé le centre opérationnel départemental pour la gestion des conséquences de l’accident.

    • Même info par le parisien
      https://www.leparisien.fr/info-paris-ile-de-france-oise/transports/ile-de-france-trafic-sncf-interrompu-et-des-retards-en-pagaille-apres-un-

      et

      https://www.leparisien.fr/economie/des-voyageurs-sont-en-galere-un-eboulement-et-un-drame-immobilisent-les-t

      en regardant le plan des anciennes carrières de l’Essonne c’est pas mal creux par là bas et le pont de Chartres ou s’est passé l’accident semble être juste au dessus d’une ancienne carrière de calcaire lutécien : https://www.igc-versailles.fr/essonne.html

    • Au lendemain du drame de Massy-Palaiseau (Essonne) qui a coûté la vie à un salarié, l’enquête se poursuit. La victime, un ingénieur de SNCF Réseau, était âgée de 55 ans. L’homme est décédé ce dimanche, suite à un éboulement sur un chantier « à la jonction des RER B et C et de la voie TGV » à Massy Palaiseau, comme l’a précisé le président du conseil départemental de l’Essonne, François Durovray. La procureure d’Évry, Caroline Nisand, a été chargée de l’enquête judiciaire ouverte à la suite de l’incident. Ce lundi, elle a décidé de saisir un juge d’instruction, l’affaire étant complexifiée par « le nombre d’entreprises intervenant » sur place, indique-t-elle au Figaro.

      À lire aussi :Éboulement à Massy : le trafic SNCF a repris, une enquête judiciaire en cours

      En ce début de semaine, les secours se sont activés sur place pour retrouver le corps de la victime de cet accident, un ingénieur de SNCF Réseau, mortellement piégé dans les débris vers 16 heures la veille. Mais ces opérations de recherches ont été temporairement interrompues afin de permettre une sécurisation du site et pour éviter de nouveaux éboulements, « si d’autres failles étaient observées », précise encore la procureure. À ce stade, le corps de la victime n’a pas pu être récupéré.

      Les causes de l’éboulement restent elles aussi mystérieuses. SNCF Réseau et la RATP menaient sur le lieu de l’accident des travaux de remplacement de deux ponts ferroviaires situés dans la commune de Massy : le pont de Chartres et le pont de Gallardon, précise SNCF Réseau. « Les causes de l’affaissement du terrain ne sont pas connues pour l’heure (météo, géologie, travaux, etc.), » ajoute le groupe, qui indique avoir également ouvert une enquête interne suite à cet accident.

      Les syndicats de cheminots ont été nombreux à s’émouvoir de cet accident et à appeler à faire toute la lumière sur l’affaire. « La priorité doit être donnée à la recherche du corps », affirme au Figaro Bruno Poncet, secrétaire fédéral du syndicat SUD Rail. « La famille cheminote est une nouvelle fois endeuillée », après ce « tragique accident », regrette dans un communiqué la CGT-Cheminots, dont les « premières pensées vont à la famille et aux proches de la victime ». Le syndicat rappelle que « le milieu ferroviaire est dangereux » et que « la sécurité doit demeurer une priorité absolue ». L’Unsa ferroviaire a quant à elle appelé à faire la lumière sur cet incident « tragique ».

      https://www.lefigaro.fr/societes/massy-palaiseau-le-point-sur-l-enquete-au-lendemain-de-l-eboulement-2021072

  • Ce que Nathalie Heinich fait à la méthode scientifique | AOC media - Analyse Opinion Critique
    https://aoc.media/opinion/2021/05/30/ce-que-nathalie-heinich-fait-a-la-methode-scientifique

    Avec le bien nommé « Tract » qu’elle vient de publier chez Gallimard, Nathalie Heinich place le lecteur face à un dilemme : d’un côté, la tentation de ne pas répondre à un texte qui méprise les règles élémentaires de la discussion scientifique et collective ; de l’autre, la nécessité de combattre des attaques aussi graves et aussi fausses énoncées depuis une position de pouvoir. C’est la seconde solution, imparfaite comme la première, que les auteurs de ce texte ont choisie.

    #Science #Université #Idéologie #Sociologie

    • Il faut dire que l’entretien était particulièrement gratiné

      lundi 31 mai 2021

      Ce que Nathalie Heinich fait à la méthode scientifique

      Par Arnaud Saint-Martin et Antoine Hardy
      Sociologue, Politiste

      Avec le bien nommé « Tract » qu’elle vient de publier chez Gallimard, Nathalie Heinich place le lecteur face à un dilemme : d’un côté, la tentation de ne pas répondre à un texte qui méprise les règles élémentaires de la discussion scientifique et collective ; de l’autre, la nécessité de combattre des attaques aussi graves et aussi fausses énoncées depuis une position de pouvoir. C’est la seconde solution, imparfaite comme la première, que les auteurs de ce texte ont choisie.

      Dans le numéro 29 de la collection « Tracts » de Gallimard, la sociologue Nathalie Heinich se demande Ce que le militantisme fait à la recherche. La thèse défendue est celle de la « contamination de la recherche par le militantisme ». Il s’agit en réalité de réserver le qualificatif de militants à des travaux qui concernent les questions décoloniales, de genre, de race ou encore d’intersectionnalité pour les disqualifier scientifiquement, tout en les considérant complice d’un « terreau » qui conduit au terrorisme.

      C’est une démarche qui n’est ni récente ni isolée mais qui est toutefois, sur le fond et la forme, d’une gravité particulière. Pour comprendre cette nouvelle tentative, il faut d’abord partir du texte en lui-même avant de le replacer parmi les interventions précédentes de son autrice ainsi que dans un contexte où les tentatives sont nombreuses pour saper les libertés académiques, l’autonomie intellectuelle et la critique sociale.
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      Le texte de Nathalie Heinich est publié dans une collection qui se veut généraliste et qui n’est bien sûr pas tenue par les règles des publications scientifiques. Le problème n’est pas que ce soit un texte militant ou d’intervention. Ce sont que des accusations aussi lourdes soient formulées sans aucune preuve, le tout par une sociologue, directrice de recherche au CNRS, reconnue pour ses travaux. Son propos a pourtant reçu une large audience avec une interview d’une vingtaine de minutes dans la matinale de France Inter, le 28 mai 2021.

      Les « preuves » avancées, sur une courte période (2012-2021), sont en effet très hétéroclites et presque totalement extérieures à la production scientifique[1]. Très peu d’universitaires sont cités et, le plus souvent, pour des interventions médiatiques ou non scientifiques. Aucun travail ne fait l’objet d’une analyse ou d’une réfutation sérieuse. Les différents champs évoqués ne sont en rien historicisés. Résultat : une menace décrite comme d’autant plus immense et terrifiante qu’elle n’est jamais clairement définie ni prouvée.

      Certains de ces exemples sont rappelés ici de façon non-exhaustive mais clairement représentative de sa démarche. Deux articles scientifiques sont cités (un de la chercheuse Rachele Borghi en 2012 et un article dans la revue Multitudes en 2015) mais au titre d’une furtive illustration. Ce sont également des livres mais publiés dans des collections ou chez des éditeurs qui ne relèvent pas au sens strict d’une publication scientifique (par exemple, un livre de Michel et Monique Pinçon Charlot publié en 2019 sous le label Zones des éditions La Découverte ou un livre de Christine Delphy publié en 2008 à La Fabrique). Elle évoque plusieurs interventions récentes mais qui sont médiatiques (par exemple celles de Michel Wieviorka, Sandra Laugier et Ludivine Bantigny entre le 8 et 23 mars 2021).

      Elle mentionne encore un appel à communication de l’Association française de sociologie, qui, en 2017, formulait l’interrogation suivante à propos de la sociologie : « s’agit-il seulement de contribuer à la connaissance de la réalité (dans sa dimension proprement sociale), ce à quoi semble parfois se résumer sa raison d’être, ou la sociologie peut-elle aussi, et à quelles conditions, participer à la dynamique de changements des pouvoirs et de l’ordre social ? ». Cette question, pourtant ancienne (celle des liens entre savoirs et pouvoirs), est ici transformée en une autre par Nathalie Heinich : « ne se croirait-on pas revenu à la douce époque de la « science prolétarienne » ? ».

      Nathalie Heinich adopte le pire des postures mandarinales pour autoriser ce qui peut ou ne peut pas être dit.

      Ce n’est pas la seule malhonnêteté intellectuelle de ce texte. De nombreux exemples ne sont pas identifiables et s’avèrent simplement invérifiables. Elle mentionne ainsi une phrase tirée d’une thèse dont on ne connaît ni le titre ni l’auteur (« ma thèse s’adresse autant au monde universitaire qu’aux activistes et correspond à un engagement personnel »), sans préciser où elle se situe dans le manuscrit, le tout pour prouver un engagement militant. Nathalie Heinich adopte le pire des postures mandarinales pour autoriser ce qui peut ou ne peut pas être dit. Sur la forme, comment une chercheuse peut-elle contrevenir à ce point aux règles minimales de la discussion aussi bien scientifique que collective ? Sur le fond, pourquoi un travail de thèse ne pourrait-il pas correspondre à un « engagement personnel » ?

      Autre exemple : lorsque la ministre de l’Enseignement supérieure et de la recherche, Frédérique Vidal, avait demandé en février 2021 une enquête au CNRS sur le prétendu « islamogauchisme » à l’université, le CNRS avait réagi par l’intermédiaire d’un communiqué pour affirmer que ce « slogan politique utilisé dans le débat public, ne correspond à aucune réalité scientifique ». Or, Nathalie Heinich réduit la réaction officielle de l’institution à celle de son « service de presse ». Les prétendues preuves à l’appui de sa démonstration sont tronquées, manipulées ou inexistantes. Pourtant, si la menace était réelle, elle aurait justement laissé des traces conséquentes dans un pays qui compte 57 000 enseignants-chercheurs, environ 70 000 doctorantes et doctorants[2] ou encore des centaines de revues scientifiques.

      Nathalie Heinich affirme qu’il n’y a « rien de plus répétitif donc, de plus monotone et standardisé que ces sujets de thèse, de colloques, de numéros de revue, de séminaires consacrés au « genre », à la « domination », aux « discriminations », à la « racialisation ». Un article du chercheur Albin Wagener rappelait pourtant que l’étude des thèses et publications sur quatre portails (theses.fr, HAL, Cairn, Open Edition) identifiait la présence de termes comme « intersectionnalité », « décolonial », « racisé » dans seulement 0,038 % (pour le plus bas) à 2,38 % (pour le plus élevé) du corpus étudié. Elle met de son côté en avant une étude qui a ajouté les mots « genre » ou « islamophobie » et élargi les sources aux séminaires et aux colloques pour affirmer que « ces termes constituent plus de la moitié de l’ensemble du corpus ainsi élargi ». C’est d’ailleurs un chiffre de 50 % qu’elle mentionne lors de son interview à France Inter.

      Or, la construction de ce chiffre est à rebours de la méthode scientifique. Le sociologue Gilles Bastin en démontre tous les travers : en partant de certains mots-clefs (genre, décolonial, etc.), les auteurs ont omis que « ces termes sont surtout polysémiques et peuvent être employés dans des contextes totalement étrangers aux questions idéologiques qui obsèdent l’Observatoire du décolonialisme. C’est notamment le cas de « genre » et de « discrimination » dont l’emploi conduit à compter dans le corpus des articles sur le genre romanesque ou la discrimination entre erreur et vérité. » Nathalie Heinich glisse ainsi de la critique du militantisme à la qualification de militantisme par la présence d’un mot ou de plusieurs. Comment est-il possible de juger de la scientificité d’un travail sur la base d’un mot sauf en ayant une approche strictement idéologique qui disqualifie tout travail qui contiendrait l’un de ces termes ? C’est pourtant bien de cela dont il s’agit.

      Au-delà de ces bidouillages, elle formule des accusations d’une extrême gravité qui méritent d’être citées entièrement :

      « Cet islamogauchisme s’inscrit dans un paysage académique au sein duquel progresse, au mépris du savoir scientifique, l’idéologie “décoloniale”, qui fait de la race l’alpha et l’oméga de toute identité “dominée”, de la “domination” la clé de lecture unique du monde, et des discriminations racistes le résultat d’un “racisme d’État”, lequel justifierait dès lors toutes les formes de lutte, y compris les plus violentes – et l’on voit bien ici comment peut s’opérer le glissement de la manipulation intellectuelle dans le monde universitaire à l’endoctrinement des esprits faibles. Il arrive que le militantisme académique ne menace pas seulement le monde de l’enseignement et de la recherche. »

      Lors d’un entretien avec l’essayiste réactionnaire Eugénie Bastié, pour le site Internet du FigaroVox, trois jours avant la publication, Nathalie Heinich avait formulé des accusations similaires mais d’une manière encore plus brutale. Les chercheurs qu’elle rattache à des « courants des sciences humaines et sociales issus d’une tradition militante d’extrême gauche » contribuent selon elle « à légitimer le terreau dans lequel s’épanouissent les assassins de l’école Ozar Hatorah, de Charlie Hebdo, de l’Hyper Cacher ou des terrasses de l’Est parisien ».

      Ce type d’intervention qui cherche d’un côté à délégitimer le travail de certains collègues et, de l’autre, à les rendre complices du terrorisme, n’est que la suite d’une longue série depuis la querelle de « l’excuse sociologique » réengagée par Manuel Valls[3]. C’est la marque d’une grande inconséquence morale et intellectuelle que d’en offrir un nouvel épisode avec une absence complète de preuve et une malhonnêteté totale dans la démonstration.

      La vision qui sous-tend cette réflexion exprime l’illusion d’une science « neutre ».

      Les interventions de Nathalie Heinich sont nombreuses en ce sens. En février 2021, avec des collègues, elle soutenait la dénonciation par la ministre Frédérique Vidal de ce prétendu « islamo-gauchisme » à l’université, en insistant sur le « dévoiement militant de l’enseignement et de la recherche ». En janvier 2021, elle signait l’appel de « l’Observatoire du décolonialisme et des idéologies identitaires » qui se donnait pour mission d’alerter sur la « la vague identitaire sans précédent au sein de l’enseignement supérieur et de la recherche » : « un mouvement militant entend y imposer une critique radicale des sociétés démocratiques, au nom d’un prétendu « décolonialisme » et d’une « intersectionnalité » qui croit combattre les inégalités en assignant chaque personne à des identités de « race » et de religion, de sexe et de « genre » ». Le texte publié chez Gallimard est d’ailleurs la reprise d’une première version publiée sur le site de cet « Observatoire », le 4 mars 2021.

      Quelques mois plus tôt, en octobre 2020, dans le contexte de l’assassinat de Samuel Paty, Nathalie Heinich signait une autre tribune collective dont le message ciblait également le militantisme ou, plus précisément, la fausse idée que les signataires s’en font. Et d’asséner : « l’importation des idéologies communautaristes anglo-saxonnes, le conformisme intellectuel, la peur et le politiquement correct sont une véritable menace pour nos universités ».

      Cette dénonciation du militantisme à l’université n’est pas récente. À France Culture, en septembre 2015, Nathalie Heinich expliquait comment son ancien directeur de thèse, Pierre Bourdieu, aurait été « très tordu entre deux positions » : « la position de chercheur qu’il a d’abord été essentiellement, quelqu’un qui est payé pour produire et transmettre du savoir avec une visée de vérité et de l’autre côté ce qu’on appelle l’intellectuel, le tribun qui intervient dans l’espace public avec un impératif d’engagement et non pas de neutralité pour rechercher la vérité ».

      Cette interprétation, rétrospective et biaisée, simplifie à l’excès la stratégie d’intervention que Pierre Bourdieu s’est efforcé de mettre en oeuvre durant sa carrière, au nom d’un « intellectuel collectif » voué à défendre et illustrer l’attitude critique dans l’espace public – et pas seulement dans le cadre de séminaires[4]. La vision qui sous-tend cette réflexion exprime l’illusion d’une science « neutre », où la construction des connaissances n’aurait rien à voir avec la politique alors qu’elle est liée à cette dernière (en matière de postes et de financements ainsi que de la forme – pérenne ou par projet – que peuvent prendre ces derniers). Difficile de croire à une recherche pure, détachée de la politique, flottant au-dessus du monde social.

      Nathalie Heinich ne condamne pas en soi le militantisme mais le refuse dans la salle de classe ou dans les publications scientifiques. Pourtant, de telles publications sont bien jugées par des pairs qui sont capables de faire la différence entre une opinion militante et une démonstration scientifique. Elle réduit par ailleurs le militantisme, de manière étroite, à une « énergie essentiellement émotionnelle » et semble ignorer de nombreux travaux scientifiques qui montrent comment science et militantisme entretiennent en réalité des relations fécondes. Par exemple en termes de recherches biomédicales, les connaissances et combats d’activistes malades du SIDA ont pu utilement remodeler l’agenda de recherche[5]. Le militantisme peut aussi faire progresser la science en entraînant des recherches dans des domaines qui sont peu ou pas étudiés[6].

      Les interventions de Nathalie Heinich sont enfin à replacer dans un contexte plus large. La méthode de son texte fait tout d’abord écho à celle employée dans les réformes de l’enseignement supérieur et la recherche depuis une quinzaine d’années, dont la Loi de programmation de la recherche (LPR) a représenté un exemple typique. Ce projet de loi était en effet resté longtemps imprécis et indéfini, ce qui a étouffé tout travail possible et a permis facilement à ses partisans de qualifier les critiques de « fantasmes » ou d’« exagérations ».

      Thibaut Rioufreyt et Camille Noûs parlent en ce sens d’une « gouvernementalité de l’insaisissable » : « loin d’être là simplement un accident ou une maladresse, on peut en effet faire l’hypothèse que l’opacité, le flou et la variation des énoncés mis en avant par l’analyse constituent une stratégie adaptée pour faire passer une réforme dont l’immense majorité de la communauté académique ne veut pas. »[7] C’est le même effet que procure la lecture de Nathalie Heinich : quelque chose d’insaisissable, et de voulu comme tel, pour paralyser la critique.

      L’usage social de ces faux ennemis permet ensuite de faire diversion. Au moment où des étudiants expliquaient devoir voler dans les magasins pour se nourrir et que les files d’attente aux distributions alimentaires s’allongeaient, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche recourrait à cette dénonciation, déjà citée, du prétendu « islamo-gauchisme » à l’université. Le politiste Samuel Hayat a bien expliqué comment ce terme permet « aux personnes qui l’utilisent d’amalgamer en un tout cohérent une série d’attitudes et de positions très diverses – et de jouer sur l’ambiguïté que cet amalgame autorise ».

      Avec une conséquence que le mathématicien David Chavalarias a montré puisque de tels propos ont en effet atteint « la mer », c’est-à-dire ces comptes du réseau social Twitter qui parlent de politique sans pour autant pouvoir être identifiés à une famille politique. Et de conclure que, en termes de diffusion, « les ministres du gouvernement ont réussi à faire en quatre mois ce que l’extrême-droite a peiné à faire en plus de quatre années ».

      Les moyens de militer et de protester sont, enfin, de plus en plus fragilisés. Deux amendements supprimés de la récente LPR nous renseignent bien sur le climat ambiant. Le premier proposait de subordonner la liberté académique aux « valeurs républicaines ». Or, pour respecter la République, il y a la loi. Le second amendement supprimé voulait condamner le « fait de pénétrer ou de se maintenir dans l’enceinte d’un établissement d’enseignement supérieur sans y être habilité (…) ou y avoir été autorisé (…), dans le but de troubler la tranquillité ou le bon ordre de l’établissement ». Cela en aurait été largement fini des grèves et des manifestations sur les campus.

      Les moyens de militer et de protester sont, enfin, de plus en plus fragilisés.

      Le militantisme est bien davantage menacé que menaçant. Dans l’enseignement supérieur et la recherche, la précarité des personnels ampute leur capacité de protester. Cette précarité n’est plus, comme l’explique l’historien Christophe Granger, une étape pénible avant la stabilité. Elle est devenue la condition du métier. Les conséquences sont multiples. Pas de stabilité, de projection dans le temps, de capacité à s’installer quelque part et de construire une vie sereine. Ce « système organisé d’incertitude » a une conséquence terrible pour celles et ceux qui le subissent : « il les rive à un présent qui, faute de la moindre certitude valable, n’en finit pas de se vivre au présent »[8].

      Comment penser les luttes collectives quand la course personnelle pour obtenir un poste est si intense ? Comment s’investir dans un campus quand le contrat qui vous y attache est de très court-terme et qu’il faut tout le temps réfléchir à la prochaine candidature ? La concurrence pour les postes et les ressources épuise, désorganise et crame une énergie psychique considérable. Les destins séparés des statutaires et des précaires, même si ce mot ne doit pas faire croire à une réalité homogène tant les inégalités sont extrêmement diverses, complexifie la formation d’un front uni pour s’opposer et proposer autre chose.

      Plus largement, les possibilités de protester sont aussi entravées par la sophistication et l’amplification des dispositifs de surveillance[9] et par des violences policières, légales et illégales, qui tétanisent et effraient, notamment, mais pas seulement, les personnes qui manifestent ou s’organisent[10] et les journalistes qui en rendent compte. L’État de droit n’est pas une simple série de lois et de règles, aujourd’hui en danger. C’est aussi une atmosphère qui ne cesse de se dégrader.

      Pour conclure, un texte comme celui de Nathalie Heinich place le lecteur face à un dilemme : d’un côté, une tentation de ne pas répondre à un texte qui méprise les règles élémentaires de la discussion scientifique et collective ; de l’autre, la nécessité de combattre des attaques aussi graves et aussi fausses énoncées depuis une position de pouvoir. C’est la seconde solution, imparfaite comme la première, que nous avons choisie.

      S’il s’agit d’identifier ce qui menace l’université, les problèmes sont largement documentés : le manque de postes, de financements pérennes et de nouvelles universités pour accueillir l’augmentation massive du nombre d’étudiantes et d’étudiants alors que sur la même période, le nombre de professeurs des universités ou de maîtres de conférences n’a pas évolué. Et comme le souligne plusieurs universitaires, « ces trois dernières années, le budget des universités a crû de 1,3 % par an, ce qui est inférieur à l’effet cumulé de l’inflation et de l’accroissement mécanique de la masse salariale ». Nathalie Heinich aurait pu prêter sa notoriété à de telles causes.

      Réfléchir aux conditions sociales du travail scientifique serait plus utile que la mise en scène de ces faux ennemis. C’est ce que fait par exemple Nature, dans un éditorial publié une semaine avant le texte de Nathalie Heinich, où la revue écrit que « le racisme dans la science est endémique parce que le système qui produit et enseigne la connaissance scientifique a, pendant des siècles, donné une fausse image, marginalisé et maltraité les personnes de couleurs et des communautés sous représentées. Le système de la recherche a justifié le racisme – et, trop souvent, des scientifiques occupant des positions de pouvoir ont bénéficié de celui-ci. Ce système inclut l’organisation de la recherche : comment elle est financée, publiée et évaluée. »

      C’est ce qu’il serait aussi possible de faire face au dévoiement de la recherche à des fins économiques. Que ce soit pour le tabac, le bisphénol A ou les néonicotinoïdes, la recherche scientifique a pu être détournée par des intérêts privés. La tactique était, et reste, souvent simple et redoutable : dire que les données qui prouvent un problème ne suffisent pas et qu’il faut faire davantage de recherche. Le doute, en la matière, est déjà une victoire pour les industriels. Il n’est plus la conséquence de ce qui n’a pas été exploré mais de ce qui est volontairement obscurci[11]. Au service de ce doute devenu produit[12], les techniques sont aujourd’hui de plus en plus sophistiquées[13] et cet enfumage généralisé empêche de se repérer. Car si on ne distingue plus ce qui est vrai de ce qui est faux, comment être encore capable de critiquer quoi que ce soit ?

      Or, c’est bien ce qui se passe à propos du texte de Nathalie Heinich : une scientifique reconnue nous parle de quelque chose qu’elle juge très grave sans aucune preuve. Elle aurait pu choisir de lutter contre les dangers réels qui menacent aussi bien la recherche que l’université. Au lieu de cela, elle préfère s’abîmer dans la dénonciation de dangers fantasmés qui ne servent qu’une chose : populariser les idées d’extrême-droite.

      Arnaud Saint-Martin

      Sociologue, Chercheur au CNRS, rattaché au Centre européen de sociologie et de science politique de la Sorbonne (CNRS, EHESS, Paris 1)

      Antoine Hardy

      Politiste, Doctorant en sciences politiques au Centre Emile Durkheim, Université de Bordeaux

    • Dans le numéro 29 de la collection « Tracts » de Gallimard, la sociologue Nathalie Heinich se demande_ Ce que le militantisme fait à la recherche_. La thèse défendue est celle de la « contamination de la recherche par le militantisme ». Il s’agit en réalité de réserver le qualificatif de militants à des travaux qui concernent les questions décoloniales, de genre, de race ou encore d’intersectionnalité pour les disqualifier scientifiquement, tout en les considérant complice d’un « terreau » qui conduit au terrorisme.

      C’est une démarche qui n’est ni récente ni isolée mais qui est toutefois, sur le fond et la forme, d’une gravité particulière. Pour comprendre cette nouvelle tentative, il faut d’abord partir du texte en lui-même avant de le replacer parmi les interventions précédentes de son autrice ainsi que dans un contexte où les tentatives sont nombreuses pour saper les libertés académiques, l’autonomie intellectuelle et la critique sociale.

      Le texte de Nathalie Heinich est publié dans une collection qui se veut généraliste et qui n’est bien sûr pas tenue par les règles des publications scientifiques. Le problème n’est pas que ce soit un texte militant ou d’intervention. Ce sont que des accusations aussi lourdes soient formulées sans aucune preuve, le tout par une sociologue, directrice de recherche au CNRS, reconnue pour ses travaux. Son propos a pourtant reçu une large audience avec une interview d’une vingtaine de minutes dans la matinale de France Inter, le 28 mai 2021.

      Les « preuves » avancées, sur une courte période (2012-2021), sont en effet très hétéroclites et presque totalement extérieures à la production scientifique[1]. Très peu d’universitaires sont cités et, le plus souvent, pour des interventions médiatiques ou non scientifiques. Aucun travail ne fait l’objet d’une analyse ou d’une réfutation sérieuse. Les différents champs évoqués ne sont en rien historicisés. Résultat : une menace décrite comme d’autant plus immense et terrifiante qu’elle n’est jamais clairement définie ni prouvée.

      Certains de ces exemples sont rappelés ici de façon non-exhaustive mais clairement représentative de sa démarche. Deux articles scientifiques sont cités (un de la chercheuse Rachele Borghi en 2012 et un article dans la revue Multitudes en 2015) mais au titre d’une furtive illustration. Ce sont également des livres mais publiés dans des collections ou chez des éditeurs qui ne relèvent pas au sens strict d’une publication scientifique (par exemple, un livre de Michel et Monique Pinçon Charlot publié en 2019 sous le label Zones des éditions La Découverte ou un livre de Christine Delphy publié en 2008 à La Fabrique). Elle évoque plusieurs interventions récentes mais qui sont médiatiques (par exemple celles de Michel Wieviorka, Sandra Laugier et Ludivine Bantigny entre le 8 et 23 mars 2021).

      Elle mentionne encore un appel à communication de l’Association française de sociologie, qui, en 2017, formulait l’interrogation suivante à propos de la sociologie : « s’agit-il seulement de contribuer à la connaissance de la réalité (dans sa dimension proprement sociale), ce à quoi semble parfois se résumer sa raison d’être, ou la sociologie peut-elle aussi, et à quelles conditions, participer à la dynamique de changements des pouvoirs et de l’ordre social ? ». Cette question, pourtant ancienne (celle des liens entre savoirs et pouvoirs), est ici transformée en une autre par Nathalie Heinich : « ne se croirait-on pas revenu à la douce époque de la « science prolétarienne » ? ».

      Nathalie Heinich adopte le pire des postures mandarinales pour autoriser ce qui peut ou ne peut pas être dit.

      Ce n’est pas la seule malhonnêteté intellectuelle de ce texte. De nombreux exemples ne sont pas identifiables et s’avèrent simplement invérifiables. Elle mentionne ainsi une phrase tirée d’une thèse dont on ne connaît ni le titre ni l’auteur (« ma thèse s’adresse autant au monde universitaire qu’aux activistes et correspond à un engagement personnel »), sans préciser où elle se situe dans le manuscrit, le tout pour prouver un engagement militant. Nathalie Heinich adopte le pire des postures mandarinales pour autoriser ce qui peut ou ne peut pas être dit. Sur la forme, comment une chercheuse peut-elle contrevenir à ce point aux règles minimales de la discussion aussi bien scientifique que collective ? Sur le fond, pourquoi un travail de thèse ne pourrait-il pas correspondre à un « engagement personnel » ?

      Autre exemple : lorsque la ministre de l’Enseignement supérieure et de la recherche, Frédérique Vidal, avait demandé en février 2021 une enquête au CNRS sur le prétendu « islamogauchisme » à l’université, le CNRS avait réagi par l’intermédiaire d’un communiqué pour affirmer que ce « slogan politique utilisé dans le débat public, ne correspond à aucune réalité scientifique ». Or, Nathalie Heinich réduit la réaction officielle de l’institution à celle de son « service de presse ». Les prétendues preuves à l’appui de sa démonstration sont tronquées, manipulées ou inexistantes. Pourtant, si la menace était réelle, elle aurait justement laissé des traces conséquentes dans un pays qui compte 57 000 enseignants-chercheurs, environ 70 000 doctorantes et doctorants[2] ou encore des centaines de revues scientifiques.

      Nathalie Heinich affirme qu’il n’y a « rien de plus répétitif donc, de plus monotone et standardisé que ces sujets de thèse, de colloques, de numéros de revue, de séminaires consacrés au « genre », à la « domination », aux « discriminations », à la « racialisation ». Un article du chercheur Albin Wagener rappelait pourtant que l’étude des thèses et publications sur quatre portails (theses.fr, HAL, Cairn, Open Edition) identifiait la présence de termes comme « intersectionnalité », « décolonial », « racisé » dans seulement 0,038 % (pour le plus bas) à 2,38 % (pour le plus élevé) du corpus étudié. Elle met de son côté en avant une étude qui a ajouté les mots « genre » ou « islamophobie » et élargi les sources aux séminaires et aux colloques pour affirmer que « ces termes constituent plus de la moitié de l’ensemble du corpus ainsi élargi ». C’est d’ailleurs un chiffre de 50 % qu’elle mentionne lors de son interview à France Inter.

      Or, la construction de ce chiffre est à rebours de la méthode scientifique. Le sociologue Gilles Bastin en démontre tous les travers : en partant de certains mots-clefs (genre, décolonial, etc.), les auteurs ont omis que « ces termes sont surtout polysémiques et peuvent être employés dans des contextes totalement étrangers aux questions idéologiques qui obsèdent l’Observatoire du décolonialisme. C’est notamment le cas de « genre » et de « discrimination » dont l’emploi conduit à compter dans le corpus des articles sur le genre romanesque ou la discrimination entre erreur et vérité. » Nathalie Heinich glisse ainsi de la critique du militantisme à la qualification de militantisme par la présence d’un mot ou de plusieurs. Comment est-il possible de juger de la scientificité d’un travail sur la base d’un mot sauf en ayant une approche strictement idéologique qui disqualifie tout travail qui contiendrait l’un de ces termes ? C’est pourtant bien de cela dont il s’agit.

      Au-delà de ces bidouillages, elle formule des accusations d’une extrême gravité qui méritent d’être citées entièrement :

      « Cet islamogauchisme s’inscrit dans un paysage académique au sein duquel progresse, au mépris du savoir scientifique, l’idéologie “décoloniale”, qui fait de la race l’alpha et l’oméga de toute identité “dominée”, de la “domination” la clé de lecture unique du monde, et des discriminations racistes le résultat d’un “racisme d’État”, lequel justifierait dès lors toutes les formes de lutte, y compris les plus violentes – et l’on voit bien ici comment peut s’opérer le glissement de la manipulation intellectuelle dans le monde universitaire à l’endoctrinement des esprits faibles. Il arrive que le militantisme académique ne menace pas seulement le monde de l’enseignement et de la recherche. »

      Lors d’un entretien avec l’essayiste réactionnaire Eugénie Bastié, pour le site Internet du FigaroVox, trois jours avant la publication, Nathalie Heinich avait formulé des accusations similaires mais d’une manière encore plus brutale. Les chercheurs qu’elle rattache à des « courants des sciences humaines et sociales issus d’une tradition militante d’extrême gauche » contribuent selon elle « à légitimer le terreau dans lequel s’épanouissent les assassins de l’école Ozar Hatorah, de Charlie Hebdo, de l’Hyper Cacher ou des terrasses de l’Est parisien ».

      Ce type d’intervention qui cherche d’un côté à délégitimer le travail de certains collègues et, de l’autre, à les rendre complices du terrorisme, n’est que la suite d’une longue série depuis la querelle de « l’excuse sociologique » réengagée par Manuel Valls[3]. C’est la marque d’une grande inconséquence morale et intellectuelle que d’en offrir un nouvel épisode avec une absence complète de preuve et une malhonnêteté totale dans la démonstration.

      La vision qui sous-tend cette réflexion exprime l’illusion d’une science « neutre ».

      Les interventions de Nathalie Heinich sont nombreuses en ce sens. En février 2021, avec des collègues, elle soutenait la dénonciation par la ministre Frédérique Vidal de ce prétendu « islamo-gauchisme » à l’université, en insistant sur le « dévoiement militant de l’enseignement et de la recherche ». En janvier 2021, elle signait l’appel de « l’Observatoire du décolonialisme et des idéologies identitaires » qui se donnait pour mission d’alerter sur la « la vague identitaire sans précédent au sein de l’enseignement supérieur et de la recherche » : « un mouvement militant entend y imposer une critique radicale des sociétés démocratiques, au nom d’un prétendu « décolonialisme » et d’une « intersectionnalité » qui croit combattre les inégalités en assignant chaque personne à des identités de « race » et de religion, de sexe et de « genre » ». Le texte publié chez Gallimard est d’ailleurs la reprise d’une première version publiée sur le site de cet « Observatoire », le 4 mars 2021.

      Quelques mois plus tôt, en octobre 2020, dans le contexte de l’assassinat de Samuel Paty, Nathalie Heinich signait une autre tribune collective dont le message ciblait également le militantisme ou, plus précisément, la fausse idée que les signataires s’en font. Et d’asséner : « l’importation des idéologies communautaristes anglo-saxonnes, le conformisme intellectuel, la peur et le politiquement correct sont une véritable menace pour nos universités ».

      Cette dénonciation du militantisme à l’université n’est pas récente. À France Culture, en septembre 2015, Nathalie Heinich expliquait comment son ancien directeur de thèse, Pierre Bourdieu, aurait été « très tordu entre deux positions » : « la position de chercheur qu’il a d’abord été essentiellement, quelqu’un qui est payé pour produire et transmettre du savoir avec une visée de vérité et de l’autre côté ce qu’on appelle l’intellectuel, le tribun qui intervient dans l’espace public avec un impératif d’engagement et non pas de neutralité pour rechercher la vérité ».

      Cette interprétation, rétrospective et biaisée, simplifie à l’excès la stratégie d’intervention que Pierre Bourdieu s’est efforcé de mettre en oeuvre durant sa carrière, au nom d’un « intellectuel collectif » voué à défendre et illustrer l’attitude critique dans l’espace public – et pas seulement dans le cadre de séminaires[4]. La vision qui sous-tend cette réflexion exprime l’illusion d’une science « neutre », où la construction des connaissances n’aurait rien à voir avec la politique alors qu’elle est liée à cette dernière (en matière de postes et de financements ainsi que de la forme – pérenne ou par projet – que peuvent prendre ces derniers). Difficile de croire à une recherche pure, détachée de la politique, flottant au-dessus du monde social.

      Nathalie Heinich ne condamne pas en soi le militantisme mais le refuse dans la salle de classe ou dans les publications scientifiques. Pourtant, de telles publications sont bien jugées par des pairs qui sont capables de faire la différence entre une opinion militante et une démonstration scientifique. Elle réduit par ailleurs le militantisme, de manière étroite, à une « énergie essentiellement émotionnelle » et semble ignorer de nombreux travaux scientifiques qui montrent comment science et militantisme entretiennent en réalité des relations fécondes. Par exemple en termes de recherches biomédicales, les connaissances et combats d’activistes malades du SIDA ont pu utilement remodeler l’agenda de recherche[5]. Le militantisme peut aussi faire progresser la science en entraînant des recherches dans des domaines qui sont peu ou pas étudiés[6].

      Les interventions de Nathalie Heinich sont enfin à replacer dans un contexte plus large. La méthode de son texte fait tout d’abord écho à celle employée dans les réformes de l’enseignement supérieur et la recherche depuis une quinzaine d’années, dont la Loi de programmation de la recherche (LPR) a représenté un exemple typique. Ce projet de loi était en effet resté longtemps imprécis et indéfini, ce qui a étouffé tout travail possible et a permis facilement à ses partisans de qualifier les critiques de « fantasmes » ou d’« exagérations ».

      Thibaut Rioufreyt et Camille Noûs parlent en ce sens d’une « gouvernementalité de l’insaisissable » : « loin d’être là simplement un accident ou une maladresse, on peut en effet faire l’hypothèse que l’opacité, le flou et la variation des énoncés mis en avant par l’analyse constituent une stratégie adaptée pour faire passer une réforme dont l’immense majorité de la communauté académique ne veut pas. »[7] C’est le même effet que procure la lecture de Nathalie Heinich : quelque chose d’insaisissable, et de voulu comme tel, pour paralyser la critique.

      L’usage social de ces faux ennemis permet ensuite de faire diversion. Au moment où des étudiants expliquaient devoir voler dans les magasins pour se nourrir et que les files d’attente aux distributions alimentaires s’allongeaient, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche recourrait à cette dénonciation, déjà citée, du prétendu « islamo-gauchisme » à l’université. Le politiste Samuel Hayat a bien expliqué comment ce terme permet « aux personnes qui l’utilisent d’amalgamer en un tout cohérent une série d’attitudes et de positions très diverses – et de jouer sur l’ambiguïté que cet amalgame autorise ».

      Avec une conséquence que le mathématicien David Chavalarias a montré puisque de tels propos ont en effet atteint « la mer », c’est-à-dire ces comptes du réseau social Twitter qui parlent de politique sans pour autant pouvoir être identifiés à une famille politique. Et de conclure que, en termes de diffusion, « les ministres du gouvernement ont réussi à faire en quatre mois ce que l’extrême-droite a peiné à faire en plus de quatre années ».

      Les moyens de militer et de protester sont, enfin, de plus en plus fragilisés. Deux amendements supprimés de la récente LPR nous renseignent bien sur le climat ambiant. Le premier proposait de subordonner la liberté académique aux « valeurs républicaines ». Or, pour respecter la République, il y a la loi. Le second amendement supprimé voulait condamner le « fait de pénétrer ou de se maintenir dans l’enceinte d’un établissement d’enseignement supérieur sans y être habilité (…) ou y avoir été autorisé (…), dans le but de troubler la tranquillité ou le bon ordre de l’établissement ». Cela en aurait été largement fini des grèves et des manifestations sur les campus.

      Les moyens de militer et de protester sont, enfin, de plus en plus fragilisés.

      Le militantisme est bien davantage menacé que menaçant. Dans l’enseignement supérieur et la recherche, la précarité des personnels ampute leur capacité de protester. Cette précarité n’est plus, comme l’explique l’historien Christophe Granger, une étape pénible avant la stabilité. Elle est devenue la condition du métier. Les conséquences sont multiples. Pas de stabilité, de projection dans le temps, de capacité à s’installer quelque part et de construire une vie sereine. Ce « système organisé d’incertitude » a une conséquence terrible pour celles et ceux qui le subissent : « il les rive à un présent qui, faute de la moindre certitude valable, n’en finit pas de se vivre au présent »[8].

      Comment penser les luttes collectives quand la course personnelle pour obtenir un poste est si intense ? Comment s’investir dans un campus quand le contrat qui vous y attache est de très court-terme et qu’il faut tout le temps réfléchir à la prochaine candidature ? La concurrence pour les postes et les ressources épuise, désorganise et crame une énergie psychique considérable. Les destins séparés des statutaires et des précaires, même si ce mot ne doit pas faire croire à une réalité homogène tant les inégalités sont extrêmement diverses, complexifie la formation d’un front uni pour s’opposer et proposer autre chose.

      Plus largement, les possibilités de protester sont aussi entravées par la sophistication et l’amplification des dispositifs de surveillance[9] et par des violences policières, légales et illégales, qui tétanisent et effraient, notamment, mais pas seulement, les personnes qui manifestent ou s’organisent[10] et les journalistes qui en rendent compte. L’État de droit n’est pas une simple série de lois et de règles, aujourd’hui en danger. C’est aussi une atmosphère qui ne cesse de se dégrader.

      Pour conclure, un texte comme celui de Nathalie Heinich place le lecteur face à un dilemme : d’un côté, une tentation de ne pas répondre à un texte qui méprise les règles élémentaires de la discussion scientifique et collective ; de l’autre, la nécessité de combattre des attaques aussi graves et aussi fausses énoncées depuis une position de pouvoir. C’est la seconde solution, imparfaite comme la première, que nous avons choisie.

      S’il s’agit d’identifier ce qui menace l’université, les problèmes sont largement documentés : le manque de postes, de financements pérennes et de nouvelles universités pour accueillir l’augmentation massive du nombre d’étudiantes et d’étudiants alors que sur la même période, le nombre de professeurs des universités ou de maîtres de conférences n’a pas évolué. Et comme le souligne plusieurs universitaires, « ces trois dernières années, le budget des universités a crû de 1,3 % par an, ce qui est inférieur à l’effet cumulé de l’inflation et de l’accroissement mécanique de la masse salariale ». Nathalie Heinich aurait pu prêter sa notoriété à de telles causes.

      Réfléchir aux conditions sociales du travail scientifique serait plus utile que la mise en scène de ces faux ennemis. C’est ce que fait par exemple Nature, dans un éditorial publié une semaine avant le texte de Nathalie Heinich, où la revue écrit que « le racisme dans la science est endémique parce que le système qui produit et enseigne la connaissance scientifique a, pendant des siècles, donné une fausse image, marginalisé et maltraité les personnes de couleurs et des communautés sous représentées. Le système de la recherche a justifié le racisme – et, trop souvent, des scientifiques occupant des positions de pouvoir ont bénéficié de celui-ci. Ce système inclut l’organisation de la recherche : comment elle est financée, publiée et évaluée. »

      C’est ce qu’il serait aussi possible de faire face au dévoiement de la recherche à des fins économiques. Que ce soit pour le tabac, le bisphénol A ou les néonicotinoïdes, la recherche scientifique a pu être détournée par des intérêts privés. La tactique était, et reste, souvent simple et redoutable : dire que les données qui prouvent un problème ne suffisent pas et qu’il faut faire davantage de recherche. Le doute, en la matière, est déjà une victoire pour les industriels. Il n’est plus la conséquence de ce qui n’a pas été exploré mais de ce qui est volontairement obscurci[11]. Au service de ce doute devenu produit[12], les techniques sont aujourd’hui de plus en plus sophistiquées[13] et cet enfumage généralisé empêche de se repérer. Car si on ne distingue plus ce qui est vrai de ce qui est faux, comment être encore capable de critiquer quoi que ce soit ?

      Or, c’est bien ce qui se passe à propos du texte de Nathalie Heinich : une scientifique reconnue nous parle de quelque chose qu’elle juge très grave sans aucune preuve. Elle aurait pu choisir de lutter contre les dangers réels qui menacent aussi bien la recherche que l’université. Au lieu de cela, elle préfère s’abîmer dans la dénonciation de dangers fantasmés qui ne servent qu’une chose : populariser les idées d’extrême-droite.

      Arnaud Saint-Martin
      SOCIOLOGUE, CHERCHEUR AU CNRS, RATTACHÉ AU CENTRE EUROPÉEN DE SOCIOLOGIE ET DE SCIENCE POLITIQUE DE LA SORBONNE (CNRS, EHESS, PARIS 1)

      Antoine Hardy
      POLITISTE, DOCTORANT EN SCIENCES POLITIQUES AU CENTRE EMILE DURKHEIM, UNIVERSITÉ DE BORDEAUX

      [1] Sur les trente-neuf notes de son texte, Nathalie Heinich renvoie également à plusieurs de ses textes.

      [2] Disponible sur le site du Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation en FranceLien hypertexte.

      [3] Sur le mot d’ordre de « l’excusisme » coupable de « complicité » avec le terrorisme, banalisé par Manuel Valls, les idéologues du Printemps Républicain et aujourd’hui Nathalie Heinich, voir Manuel Rebuschi, Ingrid Voléry (dir.), Comprendre, expliquer, est-ce excuser ? Plaidoyer pour les sciences humaines et sociales, Vulaines-sur-Seine, Editions du Croquant, 2019.

      [4] Pierre Bourdieu, Interventions, 1961-2001. Science sociale et action politique, Marseille, Agone, 2002, p. 470-475.

      [5] Steven Epstein, Impure science : AIDS, activism, and the politics of knowledge, Berkeley, University of California Press, 1996.

      [6] David J. Hess, Undone Science : Social Movements, Mobilized Publics, and Industrial Transitions, The MIT Press, 2016.

      [7] Thibaut Rioufreyt et Camille Noûs, « À la recherche de la LPPR. Mener l’enquête face à la gouvernementalité de l’insaisissable », Revue française de pédagogie, No 207, 2020.

      [8] Christophe Granger, La destruction de l’université, Éditions La Fabrique, 2015.

      [9] Voir par exemple : Olivier Tesquet, A la trace, Enquête sur les nouveaux territoires de la surveillance, Premier Parallèle, 2020

      [10] Par exemple, pour le journaliste David Dufresne, qui a recensé et identifié les films amateurs des violences lors des manifestations des Gilets-Jaunes, « ce n’est plus du maintien de l’ordre, c’est une répression massive, puisque la police française a blessé en quelques mois autant de manifestants qu’en vingt ans », https://www.francetvinfo.fr/economie/transports/gilets-jaunes/gilets-jaunes-la-police-a-blesse-en-quelques-mois-autant-de-manifestant

      [11] Robert N. Proctor et Londa Schiebinger, Agnotology : The Making and Unmaking of Ignorance, Stanford, Stanford University Press, 2008.

      [12] C’est la formule devenue célèbre du memo interne de l’entreprise Brown & Williamson tobacco : « Doubt is our product since it is the best means of competing with the ‘body of fact’ that exists in the minds of the general public. It is also the means of establishing a controversy ».

      [13] Sur ces questions, voir la lecture des livres et articles de Stéphane Foucart, dont le travail d’investigation met à jour ces différents mécanismes. Pour une analyse passionnante de leurs évolutions les plus récentes, voir : Stéphane Foucart, Stéphane Horel et Sylvain Laurens, Les gardiens de la raison, Enquête sur la désinformation scientifique, Paris, La Découverte, 2020.

  • Quand une partie de l’extrême gauche s’est mise à espérer tout haut que la police rejoigne le mouvement de contestation, le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, a été prié d’éteindre au plus vite la sourde fronde au sein des forces de l’ordre. Une prime de 300 euros a été attribuée à 110 000 policiers et gendarmes, ainsi qu’une hausse de salaire de 150 euros.

    (article du Monde, déc 2018)
    https://seenthis.net/messages/746562

    ça fait quand même 33 millions cash, plus le flux des salaires.

    33 millions cash sur la table, ils ont dû avoir un peu peur quand même ; ou alors, y avait peu de risque, Le Monde agite l’épouvantail anarcho-islamo-gauchiste une fois de plus, et c’est simplement Alliance qui profite de l’occasion pour faire chanter Macron ; qui, tout naturellement, sécurise son investissement dans la répression, nécessaire pour la suite de son programme.

    #argent_magique

  • #Railcoop, la #coopérative qui fait renaître les lignes de #train abandonnées
    https://reporterre.net/Railcoop-la-cooperative-qui-fait-renaitre-les-lignes-de-train-abandonnee

    C’est un nouvel acteur qui bouscule le petit monde #ferroviaire : Railcoop a choisi une gouvernance coopérative et de relancer des lignes abandonnées par la SNCF, plutôt que de se tourner vers celles considérées comme rentables. Une initiative permise par l’ouverture à la concurrence du ferroviaire prévue pour la fin de l’année.

    « Railcoop ira où la SNCF ne va plus » : le pari osé de la coopérative qui veut remettre la ligne Lyon-Bordeaux sur les rails
    https://www.francetvinfo.fr/economie/transports/sncf/railcoop-ira-ou-la-sncf-ne-va-plus-le-pari-ose-de-la-cooperative-qui-ve

    Une gageure ? Implantée à Cajarc, dans le Lot, la coopérative Railcoop veut ressusciter la ligne directe Bordeaux-Lyon, abandonnée depuis près d’une décennie par la SNCF. Et ce, dès 2022. Dans la foulée, elle entend instaurer d’autres liaisons ferroviaires transverses, sans détour par Paris. Avec un double objectif : faire progresser la part du train par rapport à celle de la voiture et vivifier des bassins à faible densité de population dans le Massif central, dont le confinement a montré le pouvoir d’attractivité.

    #sncf #scic #transport_ferroviaire

    • Super, encore une fois une coopérative va réussir à sauver une affaire en danger (c’est pour ça que les reprises en coop se plantent, parce qu’une affaire en danger coop c’est toujours une affaire en danger), faire passer mieux qu’un acteur privé cette belle diversité d’acteurs en lieu et place du monopole public et rassurer à moindre coût sur la disparition des structures publiques, remplacées par des mieux : les coopératives. Ça sent l’alternativisme ! (On saura donc si ces lignes ont été abandonnées car non-rentables ou par idéologie.)

  • Le préfet Lallement sous pression après les « violences inadmissibles » à la marche des femmes
    https://www.huffingtonpost.fr/entry/prefet-lallement-sous-pression-apres-les-violences-inadmissibles-a-la

    Il n’aura fallu que quelques heures pour passer de la théorie à la pratique. Samedi 7 mars dans la soirée, plusieurs centaines de féministes réunies aux abords de la place de la République à Paris ont été violemment chargées, traînées, violentées par des forces de l’ordre. Quelques heures auparavant, Mediapart publiait une longue enquête dans laquelle certains responsables de gendarmerie s’émeuvent des pratiques du patron du maintien de l’ordre dans la capitale : Didier Lallement.

    Un nom qui n’est plus inconnu aux yeux du grand public. L’homme, choisi par Emmanuel Macron pendant que Paris était secouée par les manifestations de gilets jaunes, a depuis été au centre de beaucoup de polémiques. Et sa responsabilité souvent mise en cause, malgré le soutien indéfectible de Christophe Castaner pour qui “il n’y a pas de problème Lallement”.

    “Pas de problème” ? Les écologistes, la gauche, les manifestants, les gendarmes et désormais les féministes pensent le contraire. Ou dénoncent du moins les nouvelles pratiques de la police parisienne, avec comme dernier épisode en date : une manifestation féministe brutalement interrompue dans la nuit du samedi 7 au dimanche 8 mars...

  • Droit de retrait à la SNCF : la CGT « souhaite que la direction annonce des négociations immédiates sur le retour des contrôleurs dans les trains »
    https://www.francetvinfo.fr/economie/transports/sncf/greve-a-la-sncf/droit-de-retrait-a-la-sncf-la-cgt-souhaite-que-la-direction-annonce-des

    Les agents et les contrôleurs de la SNCF ont décidé d’exercer leur droit de retrait après un accident survenu mercredi dans la région Grand-Est, à Saint-Pierre-sur-Vence : un train a percuté un convoi exceptionnel à un passage à niveau, blessant légèrement onze personnes. Le conducteur, blessé à la jambe, était le seul agent à bord et a dû gérer la situation tout seul.

  • 🛂 Série noire pour l’information : 3 journalistes convoqués aujourd’hui et demain. 3 villes, 3 instances, 3 moments différents, mais avec la même résultante : ils n’ont pas pu travailler.
    + Il y a 3 jours, on apprenait que 3 journalistes de Mediapart et son directeur de publication sont convoqués par la police pour être interrogés suite à un article sur l’affaire Benalla.
    Ce sont de nouvelles atteintes à la liberté de la presse, certes, mais je dirai même plus, et ça me fout en rogne, ce sont les énièmes preuves de délits caractérisés d’entrave au droit d’informer par des fonctions régaliennes en roue libre et ...? RIEN ! Enfin presque, mais ça va rien changer :

    Reprenons :

    Nicolas Mayart est convoqué aujourd’hui à l’IGPN à Lyon pour témoigner et confronter le major « suspecté » de la destruction de son téléphone par un coup de matraque lors de l’acte 26 des Gilets Jaunes, manif qu’il couvrait pour pour Rue89 Lyon : https://twitter.com/NicoMay/status/1184714593882558464 . C’était le signalement 790 de @davduf : https://twitter.com/davduf/status/1129047186174611456

    Guillaume Bernard est convoqué à Toulouse en audience « accélérée » (sans respecter le délai de 10 jours obligatoire !) suite à son arrestation totalement abusive (pour des accusations qui tombent à l’eau) le 12 octobre dernier pour l’acte 48 des Gilets Jaunes qu’il couvrait pour le gratuiciel « A Rebrousse Poil ». Une tribune de soutien vient d’être publiée chez @bastamag : https://www.bastamag.net/Journalistes-poursuivis-entraves-a-la-liberte-de-la-presse-repression-forc (seenthisée ici https://seenthis.net/messages/806620 ) ainsi qu’un communiqué de presse du SNJ, le Syndicat National des Journalistes : http://www.snj.fr/article/le-journaliste-guillaume-bernard-arr%C3%AAt%C3%A9-%C3%A0-toulouse-une-atteinte-g
    Pour rappel, je crois qu’on peut dire que Toulouse supplante désormais largement Nantes côté lâchage total en autogestion des forces de l’ordre contre les manifestant-e-s (c’est là où des flics estiment qu’il leur faudrait une bonne bastos, entre autres... )

    Gaspard Glanz convoqué à Paris demain pour « atteinte à la dignité de personnes dépositaires de l’autorité publique » lorsqu’il s’est énervé sur l’acte 23 des Gilets Jaunes à Paris, qu’il couvrait pour Taranis, après s’être fait tirer dessus
    cf : https://twitter.com/GaspardGlanz/status/1182601086336671744 et tout un topo sur les circonstances : https://taranis.news/2019/04/arrestation-de-gaspard-glanz-le-20-avril-2019-a-paris-acte-23-giletsjaunes

    Concernant la convocation des journalistes de Mediapart, tout est expliqué dans cet article (qui, étonnamment, ne donne pas une seule fois leurs noms) : Affaire Benalla : le procureur de Paris contre la liberté de la presse (bis)  : https://blogs.mediapart.fr/edwy-plenel/blog/141019/affaire-benalla-le-procureur-de-paris-contre-la-liberte-de-la-presse

    Et des cas comme ça, ces derniers mois, y’en a des dizaines et des dizaines, à la pelle. On peut se rappeler de l’encore récente alerte collective, parue le 1er mai dernier... et qui a fait un énorme flop, bousculée par l’actu (manif 1er mai + Gilets Jaunes + infox de la Pitié-Salpétrière) : TRIBUNE. « Nous assistons à une volonté délibérée de nous empêcher de travailler » : plus de 300 journalistes dénoncent les violences policières
    https://www.francetvinfo.fr/economie/transports/gilets-jaunes/tribune-nous-assistons-a-une-volonte-deliberee-de-nous-empecher-de-trav

    Cette tribune déjà, je m’étais tristement refusée à la signer, comme celle parue aujourd’hui : trop corpo, pas assez inclusive, et c’est pourtant pas faute d’avoir tenté de la changer, je m’en étais pas mal expliquée ici : https://seenthis.net/messages/778195
    Comme je le disais en intro, tout ça m’énerve prodigieusement, parce que tout ça n’est que la partie émergée de l’iceberg des abus pour empêcher de témoigner, d’informer, abus qui existent aussi sur le web avec de nombreuses attaques contre des sites et même, désormais, des tweets, abus qui sont devenus banalité dans les quartiers, et que le replis sur soi de la profession ajouté à la tendance à l’isolement des gens de l’information, font qu’on n’arrive pas à faire de la transmission efficace sur le sujet. J’ai pas fini de lire un article dans Réponse Photo n°329, Qui parle pour les photographes ?" : y’a jamais eut autant de syndicats, mais pour quelle force ?
    Si on ne met pas au centre des choses le droit de tout à chacun-e de témoigner et d’informer, il me semble qu’on va continuer à régresser, encore et encore... Surtout si on continue à tomber dans les mêmes pièges :
    – penser qu’une carte de presse, pire, qu’un employeur, ce sont des passe droit pour ne pas se faire emmerder.
    – estimer que les coups de tonfa, les grenades et le matos brisé, ce sont les « risques du métier »

    Mais au secours, quoi, d’où est-ce que ce sont des arguments pour tolérer les abus et violences des forces de l’ordre ou les jugements à charge ? Les dérives d’un état qui se radicalise et terrorise les opposant-e-s politiques ?
    Bref, j’arrête là mais il me semble qu’il va falloir sérieusement considérer les choses autrement.

    ++ compléments :
    + Guide de défense des journalistes : http://www.snj.fr/article/t%C3%A9l%C3%A9chargez-le-guide-de-d%C3%A9fense-des-journalistes-1891485429
    + Le droit à l’information, ses conditions et ses conséquences : https://www.cairn.info/revue-savoir-agir-2014-4-page-113.htm
    + bonne nouvelle qu’il conviendrait de ne pas occulter : Vincent Vierzat, de « Partager c’est sympa » a été relaxé hier des charges qui lui étaient reprochées, face au réquisitoire du procureur « qui considérait que filmer une action de désobéissance, c’est en être complice » : https://www.facebook.com/PartagerCestSympa/photos/a.1922012668051464/2411472705772122

  • Des députés veulent interdire l’#avion sur les courts trajets en France
    https://www.francetvinfo.fr/economie/transports/des-deputes-veulent-interdire-l-avion-sur-les-courts-trajets-en-france_

    Favoriser le train aux avions trop polluants. Plusieurs députés, notamment l’élu de La France insoumise François Ruffin, ont déposé plusieurs amendements à la Loi d’orientation des #mobilités (#LOM). L’un de ces textes propose d’interdire les #vols_intérieurs sur un parcours faisable en train qui durerait jusqu’à 2h30 de plus que le trajet aérien, précise Le Parisien.

    #assemblée_nationale #train

    Les commentaires de l’article…

    • Dur à ficeler un texte pareil… un avion privé ça peut toujours voler. Ça déporterait le problème vers des services hors du circuit standard. Seraient vraiment touchés ceux n’y auraient pas accès… les « pauvres » encore une fois.
      Le temps de trajet, c’est une chose, mais la relouitude, c’est un meilleur critère. Changer de gare à Paris, c’est court, mais c’est chiant, par exemple.
      Je ne défend pas l’avion, mais ça sent l’excès législatif qui se traduit en une règle formelle dont le sens initial a été perdu.
      Argument marteau : souvent l’avion n’est qu’un segment d’un plus long trajet, c’est donc facile de tomber sous la barre des 2h30, pour beaucoup plus de complications en échange, que juste 2h30 de trajet en plus.
      Lille-Toulouse, par exemple, c’est plus long qui Bruxelles-Berlin, et de bcp.

      Je retiens surtout « favoriser le train » et j’aimerais savoir comment ça va se traduire. Car je lis surtout un interdit.

    • De même je vois mal comment on peut résoudre ce problème par le bout de l’interdit. C’est polluant, mais à la base : ça concernait très peu de monde. La clientèle s’est étoffée tout simplement parce qu’il n’y a plus de trains, et que ceux qui restent sont plus chers que l’avion !

      D’après moi la seule vraie manière de résoudre ça, enfin en tout cas le point prioritaire, c’est avant tout : remettre des trains partout, dont plein qui ne passent PAS par Paris, dans le centre de la France, etc.

      Et imposer des baisses de prix drastiques, et aussi retrouver des prix fixes comme il y a 20 ans (là les prix changent en permanence suivant 50000 params exprès, c’est une technique, on avait vu un article là-dessus).

      Si le commun des mortels a des trains souvent et peu chers, l’intérêt de prendre l’avion baissera déjà fortement. Après qu’on fasse des lois pour les quelques affairistes et politicien⋅nes, pourquoi pas, mais c’est en second plan.

      #transport #mobilité #avion

    • Sur l’avion, Alternatives économiques a sorti ce mois-ci un dossier sur le sujet (avec un plaidoyer pour le ferroviaire) : https://www.alternatives-economiques.fr/faut-arreter-de-prendre-lavion/00089449

      Pour le train, un gros effort serait à faire pour améliorer les dessertes, mais cela passe aussi nécessairement par une « attaque » du secteur aérien qui profite notamment d’avantages fiscaux et de subventions des collectivités.

    • L’interdiction s’appliquera-t-elle aux hommes politiques ? On aimerait assez qu’ils prêchent par l’exemple sur cette affaire mais je parie qu’ils nous expliqueront que leur temps est trop précieux...

    • Des députés veulent interdire l’avion quand le train va aussi vite
      https://reporterre.net/Des-deputes-veulent-interdire-l-avion-quand-le-train-va-aussi-vite

      François Ruffin, avec le soutien des députées Delphine Batho et Mathilde Panot, a présenté hier, lundi 3 juin, une proposition de loi visant à interdire certains vols intérieurs. Le but est de peser sur les débats autour du projet de loi mobilité, et de remettre la question de l’aérien dans un texte qui voulait l’ignorer.

  • Maintien de l’ordre : « Il y a eu des blessures graves. C’est toujours malheureux. L’échec, il est collectif » selon le syndicat Unité SGP Police-FO
    https://www.francetvinfo.fr/economie/transports/gilets-jaunes/policiers-renvoyes-en-correctionnelle-la-justice-prend-une-tournure-pol

    Grégory Joron, le secrétaire national CRS pour le syndicat, estime que « les policiers de terrain vont servir de bouc-émissaire et vont être donnés en pâture à la vindicte populaire ».

    Un policier ne serait pas un justiciable comme un autre ?

    Aujourd’hui ce n’est plus un justiciable comme un autre. C’est bien cela le problème. J’ai envie de poser une question. Quand on se trompe de dispositif, quand le dispositif n’est pas à la hauteur de l’enjeu, quand mes collègues sont envoyés sans être formés, ni équipés du bon matériel et que, de fait, ils font avec ce qu’ils peuvent et comme ils peuvent, personne ne se pose la question de savoir qui va être le lampiste de l’affaire et se retrouver devant le tribunal. La réponse on l’a aujourd’hui. Ce sont les policiers de terrain qui, sur certaines journées, ont assuré et ont tenu la République à bout de bras. Ces collègues-là, qui ont risqué leur vie, vont se retrouver devant le tribunal correctionnel entre un délinquant de la route et un agresseur sexuel.

    Vous mettez en cause la hiérarchie ?

    Bien évidemment. Nous on l’a mise en cause dès le premier jour. On a été reçus deux fois chez le ministre au sujet de la stratégie du maintien de l’ordre sur Paris. Le préfet de police n’a pas été entendu. On lui a donné un poste de conseiller d’Etat, alors que mes collègues se retrouvent devant le tribunal. Encore une fois ce sont les policiers de terrain qui vont servir de bouc-émissaire et donnés en pâture à la vindicte populaire.

    En quoi y a-t-il une dimension politique dans les propos du procureur de Paris ?

    On a l’impression que c’est une réponse à la pression médiatique. Il va falloir chercher des responsabilités. Et les responsabilités on va aller au plus simple. C’est le collègue de terrain, qui a fait comme il a pu et avec ce qu’il avait, que l’on va incriminer sur une crise qui était hautement politique. Il y a eu des blessures graves. C’est toujours malheureux. L’échec, il est collectif. Ce n’est pas l’échec d’un seul individu tout seul derrière son LBD. C’est l’échec d’un ministère, d’un dispositif et c’est un échec absolu à chaque fois qu’il y a un blessé de cet ordre-là. Je m’interroge très clairement, pas sur l’indépendance de la justice, mais sur son impartialité.

    #maintien_de_l'ordre #giletsjaunes #police #justice

  • Intrusion à la Pitié-Salpêtrière : comment le gouvernement défend Christophe Castaner, accusé d’avoir menti

    https://www.francetvinfo.fr/economie/transports/gilets-jaunes/pitie-salpetriere-accuse-d-avoir-menti-sur-l-attaque-comment-le-gouvern

    Quand je dis qu’à LaREM la bassesse le dispute à la petitesse (pas un seul pour relever le niveau). En fait pour le dire simple voilà deux citations de deux gros cons qui malheureusement nous gouvernent.

    Jean-Michel Blanquer :

    « Je pense qu’il ne s’est pas rien passé à la Pitié-Salpétrière parce que c’est quand même grave de voir que quelque chose, qui ressemble à de la violence, s’est passé dans l’hôpital », a déclaré Jean-Michel Blanquer. Une formule alambiquée qui ne cache pas la gêne du ministre de l’Education nationale interrogé sur Radio Classique.

    « Une enquête a lieu, elle permettra de savoir exactement ce qui s’est passé mais c’est évidemment, en soi, un gros problème qu’il y ait eu ce qu’il s’est passé. Après, la façon de le qualifier, c’est dans les jours qui viennent que l’on pourra le dire davantage. »"
    « On est dans l’étymologie »

    Gabriel Attal :

    « Tout le temps que l’on perd à alimenter une espèce de pseudo-polémique pour faire l’exégèse du terme ’attaque’, c’est du temps que l’on perd pour dire que ce n’est pas acceptable de s’introduire dans un hôpital en défonçant une grille », a déclaré Gabriel Attal, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Education nationale et de la Jeunesse, sur RTL.

    #connard_intersidéral #connards_intersidéraux #psychopathes

    En plus, il fallait Amélie de Montchalin, totalement affligeante comme d’habitude, qui parle de personnel terrorisé alors qu’ils et elles ont toutes et tous dit qu’il NE S’ÉTAIT RIEN PASSÉ DU TOUT ! ET QUE LE PERSONNEL AVAIT JUSTE REMARQUÉ QUE LES SALETÉS DE FLICS QUI ROULE POUR MONTCHALIN LES AVAIENT GAZÉ !"

    T’es sourde ou aveugle ou quoi ?

    On ne s’introduit pas dans un lieu où on sauve des vies", a estimé Amélie de Montchalin, sur BFMTV. « La justice définira si c’est une attaque, une intrusion violente. Là, on est dans l’étymologie », a balayé la secrétaire d’Etat aux Affaires européennes. « On a surtout entendu des équipes médicales terrorisées », a-t-elle affirmé alors qu’un infirmier en première ligne a simplement évoqué « un moment de stress » et qu’une aide soignante a déclaré « on ne s’est pas sentis plus agressés que ça ».