• L’Etat mal armé contre le terrorisme ?
    http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2015/06/27/la-france-est-elle-armee-contre-le-terrorisme_4663192_1653578.html
    Après 20 ans d’accumulation de législations « anti-terroristes » ? Après un élargissement du concept même de terrorisme, notamment illustré par l’affaire Tarnac. Et alors que malgré cela il n’y a jamais eu aussi peu d’actions terroristes en France dans l’histoire de ces deux derniers siècles ? (on peut notamment comparer avec les années OAS)

  • L’Etat condamné pour « faute lourde » après des #contrôles_au_faciès
    http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2015/06/24/l-etat-condamne-pour-faute-lourde-apres-des-controles-au-facies_4660853_1653

    Le jugement était attendu depuis près de trois mois et marque une première en France. La cour d’appel de Paris a condamné mercredi 24 juin l’Etat français pour « faute lourde » dans cinq cas de « contrôle au faciès », selon les avocats des plaignants. L’Etat s’est vu ordonner par la cour d’appel de Paris de verser 1 500 euros de dommages et intérêts dans chacun des cas, a précisé Me Félix de Belloy.

    Déboutés en première instance en juillet 2013, treize personnes se plaignant de discriminations dans des contrôles de police « au faciès  » avaient interjeté appel le 25 février 2015 pour demander réparation. Tous avaient décrit des contrôles abusifs, parfois associés à des palpations ou à des manques de respect comme le tutoiement ou des marques de familiarité. Pour cinq d’entre eux, la cour a jugé que ces contrôles n’étaient « pas justifiés », qu’ils « étaient bien discriminatoires », selon Me Félix de Belloy.

  • Troisième nuit de violences urbaines à Tourcoing
    http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2015/06/04/troisieme-nuit-de-violences-urbaines-a-tourcoing_4647520_1653578.html

    Vingt personnes ont été placées en garde à vue dans la nuit de mercredi à jeudi. Les échauffourées avaient débuté avec la mort, lundi, d’un automobiliste ayant tenté d’échapper à un #contrôle de #police.

    #violences_urbaines disent-ils

  • Outreau : «  Les faits, vous en avez trouvé alors   ?  »
    http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2015/06/03/outreau-les-faits-vous-en-avez-trouve-alors_4646237_1653578.html

    « La première fois que j’ai vu les autres ? » Alain Marécaux répète la question du président Philippe Dary. « Aux assises de Saint-Omer. » C’était en 2004, la grande époque d’Outreau, si l’on ose dire : 17 accusés dans le box, 17 enfants à la partie civile (tous mineurs), un réseau pédophile international avec un berger allemand dressé pour les sévices, une ferme en Belgique et des petits enfants de pauvres livrés à des notables. Marécaux appartient à cette catégorie, un huissier possédant manoir, gros 4×4 et un enfant dans la même classe que Dimitri Delay. Comme ses trois frères, Dimitri a dénoncé ses parents, Myriam Badaoui et Thierry Delay, puis s’est mis à accuser des gens, jusqu’à plus de 70 de leur « faire des manières ». L’huissier et sa femme sont sur une de ses listes.

    Marécaux, 51 ans, n’était sûr que d’une chose en s’asseyant dans le box à Saint-Omer : « Mon innocence et celle de ma femme. » Et les autres accusés ? A l’époque, il préfère ne pas leur adresser la parole. Comment imaginer un #juge d’instruction assez fou pour arrêter autant de monde sans une enquête solide ? Le réseau existe et eux doivent en faire partie, Marécaux en est sûr. Il mettra plusieurs semaines à l’audience pour se rendre compte qu’il n’y a ni berger allemand ni Belgique et que chacun d’entre eux vit, en réalité, la même chose. C’est toujours le cas aujourd’hui. L’huissier parle de ses deux fils, placés en #foyer après son #arrestation. L’aîné habite dans un camion, touchant le RSA, aucun n’a voulu faire des études. L’huissier va pleurer. L’huissier pleure. On n’en est qu’au début.

    A voir passer les acquittés l’un après l’autre, c’est le dossier en accéléré qui commence par défiler. « Nous allons parler des faits », annonce le président à Dominique Wiel, prêtre-ouvrier à la retraite. Et lui lève son sourcil de vieil emmerdeur : « Les faits, Monsieur le Président ? Vous en avez finalement trouvé alors ? »

    Karine Duchochois est passée chez le coiffeur, tenue particulièrement soignée. « Je suis venue en me disant je suis superforte, ça ne me fait rien. » Elle a voulu montrer à tous qu’on peut sortir d’Outreau par le haut, faire d’un malheur sa chance, devenir chroniqueuse judiciaire elle, cette mère de 18 ans qui avait 20 kilos de trop et passait ses journées à la Tour du Renard, dans le même HLM que Myriam Badaoui. « On était les pions du juge Fabrice Burgaud, il n’écoutait rien. Et puis… » Et puis, elle craque, brusquement secouée de sanglots.

    #justice #prison

  • Un arsenal parlementaire contre la menace djihadiste
    http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2015/06/01/les-propositions-de-la-commission-d-enquete-sur-les-filieres-djihadistes_464

    La commission d’enquête sur la surveillance des filières et des individus #djihadistes, créée en décembre 2014 à l’initiative du député UMP des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti, se proposait d’examiner l’adéquation de la réponse publique à la menace terroriste. Après six mois de travail, son rapporteur, le député PS des Bouches-du-Rhône, Patrick Mennucci, soumettra son rapport, que Le Monde a pu consulter, au vote de la commission mardi 2 juin.

    Un mois après l’adoption à une large majorité du projet de loi renseignement par l’Assemblée nationale, ces travaux parlementaires ont de nouveau fait l’objet d’un « large consensus » , selon Patrick Mennucci, signe que le sentiment d’ urgence face à la menace terroriste transcende les clivages politiques. (...)

    La commission d’enquête appelle le gouvernement à renforcer les moyens administratifs et judiciaires destinés à l’endiguer, tout en insistant sur la nécessité « d’apporter une réponse autre que sécuritaire à un phénomène qui a pris profondément racine dans notre corps social » .

    Lutter contre la radicalisation en prison
    Le rôle de la #prison dans le processus de radicalisation est « controversé », souligne le rapport. Plus de la moitié des personnes parties vers la zone irako-syrienne étaient inconnues des services de police, et seuls 15 % des condamnés pour terrorisme avaient déjà été incarcérés. Pour autant, « la quasi-totalité de ceux qui ont commis des actes violents au nom du djihad » avaient un passé de délinquant , de Khaled Kelkal aux frères Kouachi en passant par Mohammed Merah et Mehdi Nemmouche.

    La prison apparaît comme un pivot essentiel de la lutte contre le djihadisme : point de départ de nombreux parcours de radicalisation, elle en constitue également le point de chute pour la moitié des 213 Français rentrés de Syrie (105 individus sont incarcérés pour leur implication dans des filières irako-syriennes).

    S’il salue les expériences menées dans plusieurs prisons visant à isoler les « leaders recruteurs » et à créer des quartiers dédiés pour les autres détenus radicalisés, le rapport met en garde contre le risque de mélanger les « djihadistes endurcis », les « repentants », les « traumatisés » et ceux qui sont « en voie de radicalisation ». Le document suggère donc d’améliorer la « grille d’#évaluation du degré de radicalisation » et de repenser les critères de regroupement de ces détenus. Patrick Mennucci appelle également à une réflexion « sur un régime d’#isolement plus adapté aux détenus radicalisés » (il est aujourd’hui limité à deux ans), en s’inspirant de la législation italienne prévue pour les groupes mafieux ou #terroristes.

    Le rapporteur juge que le bureau du #renseignement_pénitentiaire ne dispose « que de très peu de moyens pour assumer ses missions » et appelle à la création d’un véritable service de renseignement pénitentiaire. Cette disposition, qui figure dans le projet de loi renseignement, se heurte à l’opposition de la ministre de la justice, Christiane Taubira, qui avait été, contre toute attente, mise en minorité lors des débats par les députés socialistes alliés à ceux de l’UMP. La mesure devrait faire l’objet d’âpres discussions lors de la lecture devant le Sénat cette semaine.

    Renforcer les services d’enquête
    La Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) suit actuellement 162 enquêtes judiciaires, contre 40 au 1er janvier 2012. Or les services judiciaires spécialisés ne comptent que 300 enquêteurs : le rapporteur appelle donc de ses vœux « un doublement des #effectifs de policiers enquêteurs formés à la lutte antiterroriste ».

    La section antiterroriste du parquet de Paris ne compte que neuf magistrats, qui dirigent 157 enquêtes, quand le pôle de l’instruction se limite à huit juges antiterroristes, chargés d’instruire 218 informations judiciaires, dont 112 concernent l’islam radical. Une conjoncture qui conduit Eric Ciotti à déplorer « une situation de tension intenable et de déficit des moyens humains et matériels ».

    Afin de désengorger le #parquet de Paris, le rapport suggère d’assouplir la compétence centralisée de la juridiction parisienne en matière de terrorisme, en permettant à certaines juridictions interrégionales spécialisées, comme celles de Lyon et Marseille, de traiter des infractions terroristes de moindre gravité.

    Etendre l’accès aux #fichiers
    Le rapport regrette par ailleurs que seuls les services « spécialisés » de renseignement, comme la #DGSI, aient accès à certains fichiers tels que le système d’immatriculation des véhicules, le système de gestion des passeports ou des cartes nationales d’identité. Il déplore que les différents services « concourant » au renseignement, comme le Service central du renseignement territorial (SCRT), la DRPP et la gendarmerie « ne bénéficient pas d’un accès à ces différents fichiers ».

    Renforcer le #contrôle aux #frontières
    Le rapporteur propose une batterie de mesures pour mieux contrôler les entrées et sorties du territoire. Il déplore que la mise en place d’un #fichier_de_données_passagers (PNR) européen « ait pris beaucoup de retard ». Conscient qu’un PNR strictement français serait d’un intérêt limité, il appelle de ses vœux la création rapide d’un PNR européen et, « s’il doit être vidé de sa substance », suggère de l’abandonner « au profit de plusieurs PNR bilatéraux ». Les discussions autour de la création d’un PNR communautaire se heurtent pour l’instant aux fortes réticences du Parlement européen.

    Le document propose également de modifier l’article 7 du code Schengen pour permettre un contrôle systématique des passeports des ressortissants de l’espace Schengen venant d’un pays tiers. « Si une personne faisant l’objet d’une fiche “S” [Sûreté de l’Etat] peut revenir dans l’espace Schengen sans que l’Etat ait les moyens juridiques de le savoir – parce que l’article 7 du code Schengen lui interdit de contrôler systématiquement les passeports des ressortissants Schengen – n’est-ce pas l’intérêt même de la fiche “S” qui est remis en cause ? », s’interroge Patrick Mennucci.

    Il suggère enfin de rétablir l’autorisation de sortie du territoire pour les mineurs, supprimée en 2010 et remplacée en 2014 par une « opposition parentale » à la sortie du territoire. Pour être efficiente, cette mesure supposerait que les parents aient détecté la volonté de départ de leur enfant, ce qui n’est pas toujours le cas, souligne-t-il.

    Comment gérer les retours ?
    Entre « djihadistes endurcis », « djihadistes repentants » et « djihadistes traumatisés », les intentions des Français de retour de Syrie peuvent être diverses, et leur dangerosité « particulièrement difficile à évaluer ». A côté de la réponse pénale, mise en œuvre dès qu’il existe des preuves suffisantes, il conviendrait d’accompagner le retour en France des profils les moins dangereux en imaginant « une réponse autre que sécuritaire ».

    La commission salue donc l’annonce par le premier ministre en avril de la création d’un centre destiné à prendre en charge les jeunes de retour des zones de combat, sur le modèle danois. Cette structure « va constituer le maillon qui faisait défaut au traitement de la radicalisation : la prise en charge des individus de retour du djihad et qui ne font pas l’objet de poursuites judiciaires ». Le rapport s’interroge toutefois sur la pertinence du caractère « volontaire » de cette démarche.

    Patrick Mennucci suggère également de mettre en place des référents, ou « mentors », qui assureront le suivi de chaque personne radicalisée, sur le #modèle_danois là encore. Il appelle enfin à l’élaboration d’un véritable #contre-discours à la propagande djihadiste, en développant la recherche universitaire et en donnant une plus grande publicité aux témoignages de « #repentis ».

    LA FRANCE, PREMIER FOURNISSEUR EUROPÉEN DE DJIHADISTES
    Selon un dernier bilan, en date du 26 mai, 457 Français sont actuellement en Syrie (dont 137 femmes et 80 mineurs), 320 personnes seraient en transit vers les zones de combat, 105 individus y ont déjà perdu la vie (dont huit dans des opérations-suicides), et deux y seraient détenus. 213 personnes seraient déjà rentrées en France tandis que 521 auraient des projets de départ.

    En agrégeant ces données, « la France apparaît actuellement comme le principal pays européen de départ [avec 884 personnes au total], suivie par le Royaume-Uni (700 départs), l’Allemagne (600) et la Belgique (250 environ) », souligne le rapport. Rapporté à la population des Etats européens, le ratio de départs est cependant plus important en Belgique (22 départs par million d’habitants) ou au Danemark (17 départs par million d’habitants).

    Ai mis ici tout l’article, un festival.