• 🔥 INCENDIES EN GIRONDE : «DONT LOOK UP» - Contre Attaque
    https://contre-attaque.net/2022/07/15/incendies-en-gironde-dont-look-up


    https://www.urtikan.net/dessin-du-jour/ete-2022-canicule-covid

    Dans ce désastre, une forme de contemplation. Des photos sur Instagram montrent des poses en haut de la dune du Pilat sur fond d’incendie, la presse dévoile un superbe coucher de soleil sur un port et la nature qui s’embrase, ou encore des vacanciers sur une plage devant un énorme panache de fumée. « L’humanité est devenue assez étrangère à elle-même pour réussir à vivre sa propre destruction comme une jouissance esthétique de premier ordre » écrivait Walter Benjamin. La fin du monde sera “instagrammable”.

    Dont look up. Le bateau coule, mais il reste du champagne à bord.

    • Concernant la presse et les médias :
      « Les journaux télévisés, promoteurs de l’inaction climatique »
      By André Gunthert
      http://imagesociale.fr/10561

      Rien de tel qu’une canicule estivale pour mesurer l’écart qui se creuse entre les grands quotidiens (Mediapart, Le Monde, Libération, etc…), qui s’efforcent de resituer l’événement ponctuel dans la causalité du réchauffement, et les journaux télévisés (TF1, F2, BFMTV…), qui se perdent dans l’affolement d’un traitement anecdotique, incapables de raccrocher les wagons de l’actualité au train du changement climatique. Alors que l’aggravation rapide du réchauffement multiplie l’intensité des catastrophes sur toute la planète, l’information télévisée semble courir d’un désastre à l’autre, sans jamais prendre la mesure de l’échelle ni des liens qui relient entre eux sécheresse, inondations, averses de grêle ou mégafeux. Prisonnière de sa vision rassuriste, la télé s’emploie au contraire à disloquer le récit façon puzzle, glissant systématiquement l’analyse des causalités sous le tapis du fatalisme, et réduisant la réponse à l’événement à la prise en charge de l’urgence ou à la litanie des « bons gestes ». Il fait chaud ? Hydratez-vous, restez à l’ombre, et profitez-en pour manger des glaces.

      La production de l’information a toujours conféré une responsabilité éminente. L’effort d’adaptation à la nouvelle réalité climatique qui se manifeste dans les grands quotidiens rend d’autant plus insupportable la paresse du traitement télévisé. Alors que chaque nouvelle catastrophe fournit une occasion d’éclairer le public en vulgarisant les connaissances utiles à la compréhension de l’emballement climatique, le journalisme audiovisuel cultive l’ignorance et promeut l’inaction. Regarder l’information télévisée en période de calamités climatiques, c’est désormais faire l’expérience étrange d’une réalité déformée, méconnaissable, comme maquillée par un regard hors du temps, quand la promesse du soleil était l’horizon du tourisme de masse.

      Devant l’écrasante angoisse du chaos climatique, le déni peut apparaître comme un réflexe excusable. Peut-il constituer une ligne de conduite pour une rédaction ? Les enjeux sont trop importants pour se contenter d’une réponse aussi sommaire. Les étés actuels ne sont qu’une aimable plaisanterie en comparaison de ceux qui nous attendent dans quelques décennies. Les études montrent qu’une partie importante du public en est d’ores et déjà consciente. Les médias n’ont pas d’autre choix que de se hisser à la hauteur du débat. Vite.