[Témoignage] « Oublier le bruit de la guerre », espère Lama Abu Jamous, apprentie journaliste de neuf ans documentant la guerre à Gaza
RFI-5 février 2024 07h25 :
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La guerre à Gaza, à travers les yeux d’une enfant : elle s’appelle Lama Abu Jamous, a neuf ans et est journaliste en herbe. La jeune gazaouie comptabilise plus de 800 000 abonnés sur Instagram. Sur son compte, elle partage sa vie, son quotidien sous les bombes israéliennes. Elle tourne des vidéos avec son téléphone, et mène même des interviews. « Voilà, j’ai mis mon casque et mon gilet », raconte Lama dans une de ses vidéos. Un gilet pare-balle siglé « presse », bien trop grand pour une petite reporter de guerre. Un métier risqué ? « Ici à Khan Younès, il n’y a de toute façon pas d’abri […] Les bombardements sont aléatoires », explique-t-elle par téléphone à notre envoyé spécial permanent à Jérusalem, Sami Boukhelifa.
Depuis le début de la guerre, Lama et sa famille ont été déplacés de force deux fois. De Gaza à Khan Younès, puis de Khan Younès à Rafah. Une enfant de la guerre, privée de tout, mais qui garde espoir. « J’aimerais tellement retourner à l’école. J’aimerais que tous les enfants ici, retournent à l’école. Au lieu de cela, les enfants de Gaza sont obligés de travailler pour aider leur famille. Ils vendent de la nourriture dans la rue. Ils ramassent du bois pour faire du feu et se chauffer. Si seulement le monde pouvait faire quelque chose pour arrêter cette guerre. On pourrait enfin rentrer chez nous », espère Lama.
Face à l’horreur et les affres de la guerre, en décembre dernier, Lama décide de prendre son téléphone et de raconter la violence qui l’entoure. « J’ai publié ma première vidéo à Khan Younès. C’était sur Instagram. Ils ont bombardé la maison de ma tante. Ma tante, son mari et leurs enfants étaient tranquillement chez eux. Et tout d’un coup, il ne restait plus personne. Donc j’ai voulu montrer cette souffrance, montrer ce qu’ils nous font subir. Montrer la vérité à tout le monde », se souvient-elle. Lama fait des interviews. Comme ici avec un médecin de Gaza, pour parler des enfants victimes de la guerre. Elle documente tout. Mais son souhait le plus cher est d’oublier. « Oublier le bruit de la guerre, les explosions, les bombes, l’artillerie, les tirs... J’aimerais vraiment tout oublier. Mais je n’y arrive pas », termine Lama.