/2019

  • Australia whale stranding: 470 animals now beached in Tasmania record - BBC News
    https://www.bbc.com/news/world-australia-54260278

    The Australian state of Tasmania has recorded its largest-ever stranding of whales, after more were found beached during a large rescue effort.
    Since Monday, an estimated 470 pilot whales have been discovered stranded on Tasmania’s west coast.
    Most of the 200 whales in the newly discovered group appeared to have died, officials said on Wednesday.
    They said rescuers were racing to save any animals still alive in shallow waters.
    Although 25 whales from the first group were freed on Tuesday, some had beached themselves again after being brought in by the tide, according to officials.

    –-

    Baleines : échouage en Tasmanie (Australie), sur la côte pacifique (Etats-Unis)

    Australia whales: 90 dead in mass stranding off Tasmania - BBC News

    https://www.bbc.com/news/world-australia-54244499

    At least a third of 270 whales stranded off Tasmania have died and more are feared to be dying, rescuers in Australia say.
    The mass stranding on the west coast of the island was discovered on Monday.
    Marine biologists are scrambling to save the remaining pilot whales in a tricky operation likely to take days.
    It’s unknown what drew the whales to the shore. Whale beachings are common in the region, but one of this size has not been seen in over a decade.
    Tasmania last recorded a mass stranding in 2009 involving around 200 whales.

    –—

    Rescuers scramble to save stranded pilot whales in Tasmania, with up to 90 feared dead | Tasmania | The Guardian
    http://www.theguardian.com/australia-news/2020/sep/22/rescuers-scramble-to-save-stranded-pilot-whales-in-tasmania-with-up-to-
    https://i.guim.co.uk/img/media/efb4726e359bab71fbe19d0e427e0f337f758304/453_112_1085_651/master/1085.jpg?width=1200&height=630&quality=85&auto=format&fit=crop&overlay-ali

    Marine rescue teams are rushing to save a pod of pilot whales stranded off the coast of Tasmania in a multi-day operation, with up to a third of the 270 mammals likely already dead.

    Macquarie Harbour on Tasmania’s west coast is known to be a hotspot for the marooning of marine animals, but this event is believed to be the worst in more than a decade, with the pod of hundreds of whales scattered across two sandbars and one beach.

    –—

    De l’Alaska à la Californie, 70 baleines se sont échouées depuis janvier
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/06/06/baleines-en-peril-sur-la-cote-pacifique_5472371_3244.html

    Depuis vingt ans, on n’avait jamais vu autant de baleines en péril dans la baie de San Francisco. Treize carcasses ont déjà été retrouvées sur les plages en cinq mois. Pour toute la côte Pacifique, de l’Alaska à la Californie, ce sont 70 spécimens qui se sont échoués depuis janvier, contre 35 en moyenne chaque année, et 45 en 2018.

    Il faut remonter à 2000 pour approcher une hécatombe de même ampleur : 131 morts, dont 83 avaient été enregistrées avant le 1er juin, date à laquelle les cétacés ont généralement fini leur migration annuelle dans le Pacifique.

    Selon les experts du Marine Mammal Center de Sausalito, il s’agit aussi bien de mâles que de femelles, et leur âge est varié. La majorité sont des baleines grises.

    Le 26 mai, phénomène exceptionnel, une baleine à bosse s’est signalée par des sauts spectaculaires à Alameda Point, un recoin de la baie, à une quinzaine de kilomètres de l’océan. Le 4 juin, l’animal, amaigri, apparemment affaibli, tournait toujours en rond dans le lagon, à la consternation des riverains. Le Marine Mammal Center a été submergé d’appels réclamant une intervention mais les scientifiques ont préféré éviter un remorquage risqué.

    #baleines

    • est-ce mon impuissance ou ma compassion qui me font encore frémir, j’ai voulu arrêté de regarder l’effondrement mais cela ne le fait pas cesser pour autant, je me détourne vers le soleil dans le jardin où les fantômes des baleines flottent, au dessus des tomates et un peu dans les arbres, j’entends leurs cris et je ne sais pas comment les libérer

  • Pesticides : le gouvernement opte pour des distances très réduites entre zones d’épandage et habitations
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/12/20/pesticides-le-gouvernement-opte-pour-des-distances-tres-reduites-entre-zones

    A partir du 1er janvier 2020, les agriculteurs ne pourront plus utiliser de pesticides à moins de trois, cinq ou dix mètres des habitations. Des distances insuffisamment protectrices pour les ONG.

    Ce sera donc trois mètres, cinq mètres, dix mètres, voire très exceptionnellement vingt mètres. Le gouvernement a fini par trancher. Et sans surprise, il a campé sur ses positions. A partir du 1er janvier 2020, les agriculteurs devront respecter une distance minimale dite de sécurité entre les zones d’épandage de pesticides et les habitations, a annoncé l’exécutif, vendredi 20 décembre. Elle variera en fonction du type de culture et de la dangerosité des produits utilisés.

    Le gouvernement d’Edouard Philippe était sous pression. Le Conseil d’Etat lui avait donné jusqu’au 31 décembre pour publier un nouvel arrêté. Le 26 juin, la plus haute autorité administrative avait annulé le texte précédent, estimant qu’il n’était pas suffisamment protecteur.
    Le nouvel arrêté sera publié dans les prochains jours. Le gouvernement met en avant une « distance incompressible » de vingt mètres pour « les produits les plus dangereux ». Par « produits les plus dangereux », il entend ceux dont « la toxicité est quasi avérée pour l’homme », comme les substances classées dans la catégorie cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques (CMR) avérés pour l’homme. Cette limite de vingt mètres ne concernera qu’une infime partie des pesticides utilisés en France puisque, selon les estimations du ministère de l’agriculture, seul 0,3 % des produits phytosanitaires consommés chaque année entrent dans cette catégorie. Exit le célèbre glyphosate ou les SDHI (fongicides) aux effets néfastes pourtant scientifiquement documentés.

    Des distances « très insuffisantes » pour protéger la santé
    Pour les 99,7 % autres pesticides non jugés comme « les plus dangereux », la distance retenue varie en fonction du type de culture : dix mètres pour les cultures hautes (vignes ou arbres fruitiers), cinq mètres pour les cultures dites « basses » comme les céréales et les salades. Le décret, qui sera publié en même temps que l’arrêté, prévoit même la possibilité de réduire cette « zone tampon » dans le cadre de « chartes d’engagement » validées au niveau départemental entre agriculteurs, riverains et élus : cinq mètres pour l’arboriculture et trois mètres pour les vignes et les autres cultures, à la condition d’avoir recours aux « matériels de pulvérisation les plus performants sur le plan environnemental ».

  • Mühleberg : on tire la prise
    Schweizer Revue : Éditions > 2019 > Novembre 6/19
    https://www.revue.ch/fr/editions/2019/06/detail/news/detail/News/muehleberg-on-tire-la-prise-1


    Bientôt, les lumières de la centrale nucléaire de Mühleberg s’éteindront.
    Photo Keystone

    Avec l’arrêt de Mühleberg à la fin de 2019, c’est la première fois qu’une centrale nucléaire tire définitivement la prise en Suisse. Son démantèlement sera un travail de pionnier qui durera près de 15 ans. On cherche encore où stocker les déchets hautement radioactifs en toute sécurité pour des dizaines de milliers d’années.

    Le 20 décembre à 12h30, dans la salle de commande de la centrale nucléaire de Mühleberg, à environ 20 km à l’ouest de Berne, les opérateurs appuieront sur deux boutons. Ils pousseront ainsi les barres de contrôle dans le réacteur et stopperont la réaction nucléaire en chaîne. Après 47 années d’activité, Mühleberg – la deuxième plus ancienne des quatre centrales nucléaires suisses – sera mise pour toujours hors service.

    Tout danger d’accident nucléaire n’est pas pour autant immédiatement écarté. Dans les trois jours suivant l’arrêt, la température et la pression au cœur du réacteur diminuent néanmoins si fortement qu’une explosion n’est plus à craindre. En revanche, une fusion du cœur du réacteur est théoriquement toujours possible. Mais les systèmes de refroidissement autonomes prévus pour résister même en cas de séisme sont conçus pour éviter cela.

    Le 6 janvier 2020 débutera le démantèlement de la centrale, qui durera 15 ans. D’abord, les éléments combustibles hautement radioactifs du réacteur seront transportés dans un bassin de stockage adjacent. Là, ils refroidiront encore pendant des années avant de rejoindre le centre de stockage intermédiaire de Würenlingen (AG). Cette phase durera jusqu’en 2024. Mais la radioactivité ne disparaîtra totalement de Mühleberg qu’en 2031. D’ici là, les éléments légèrement radioactifs et les débris de construction devraient eux aussi avoir été débarrassés. Il est prévu que la désaffectation de la centrale sera achevée en 2034. On ne sait pas encore si des vaches pourront revenir paître un jour sur ce pré verdoyant à côté de l’Aar.

    L’énergie atomique n’est plus rentable
    La décision d’arrêter Mühleberg a été prise par le groupe énergétique bernois BKW en 2013 pour des raisons économiques. Compte tenu du niveau bas des prix de l’électricité et des coûts élevés des rénovations requises, la poursuite des activités n’était tout simplement plus rentable. Il était aussi hors de question de construire un nouveau réacteur. Après la catastrophe nucléaire de Fukushima en 2011, le Conseil fédéral a suspendu tout nouveau projet atomique et décidé de se tourner vers les énergies renouvelables. Apprendre que leur gagne-pain était devenu une activité obsolète a d’abord été un choc pour les quelque 300 employés de Mühleberg. Mais la plupart d’entre eux sont restés, et ils accompagnent à présent la mise au tombeau d’une technologie qu’ils considéraient comme bonne pour l’avenir.

    BKW entre en territoire inconnu avec cette première désaffectation d’une centrale nucléaire en Suisse. Le groupe énergétique a acquis en amont le savoir-faire nécessaire en rachetant des entreprises allemandes spécialisées dans la technique nucléaire et la radioprotection. Cette désaffectation lui permettra d’acquérir une expérience précieuse, qui pourrait devenir très demandée dans le monde entier : l’Allemagne entend sortir du nucléaire d’ici 2022, et d’autres pays européens prévoient de fermer des centrales.

    Des déchets dangereux pour des centaines de milliers d’années
    Le démantèlement de Mühleberg coûtera 927 millions de francs à son exploitant. Plus 1,4 milliard de francs pour le stockage intermédiaire et final des déchets radioactifs. Mais plusieurs dizaines d’années s’écouleront encore jusqu’à ce qu’un tel dépôt en couche géologique profonde soit construit. Jusque-là, les déchets hautement radioactifs de toutes les centrales nucléaires suisses seront placés dans des conteneurs en acier massif pesant jusqu’à 140 tonnes dans le dépôt intermédiaire de Würenlingen. Chaque conteneur renferme près de 20 tonnes de matériel hautement radioactif qui restera dangereux pendant des centaines de milliers d’années si l’on ne parvient pas à réduire drastiquement la radioactivité par de nouvelles méthodes.

    La Nagra recherche depuis bientôt 50 ans un site adéquat pour un enfouissement définitif. La loi sur l’énergie nucléaire exige en effet un dépôt en couche géologique profonde pour protéger durablement l’homme et l’environnement du danger d’une irradiation. Trois sites sont à l’étude : la région « Jura-est », à Bözberg (AG), le versant nord des Lägern (AG/ZH) et la région « Zurich nord-est » (ZH/TG). D’ici 2022, des forages permettront de déterminer quel site est le plus approprié. Le peuple devra aussi se prononcer durant la procédure d’autorisation, probablement en 2031. Le dépôt de stockage final suisse est censé être prêt en 2060.

    D’autres pays sont eux aussi dénués de dépôts finaux pour les déchets hautement radioactifs. La construction du premier dépôt en profondeur du monde a débuté à Olkiluoto, en Finlande, en 2016. Il sera exploité à partir de 2024. La France prévoit un site d’enfouissement dans la Meuse, à l’est du pays, pour accueillir les déchets des près de 60 centrales nucléaires françaises. Des dépôts pour les déchets faiblement et moyennement radioactifs existent en Finlande, en Suède, en Corée du Sud et en Hongrie.

    Pas de renaissance pour le nucléaire
    Mühleberg fait partie des cinq centrales nucléaires du monde arrêtées en l’espace d’un an. Dans le même laps de temps, neuf réacteurs sont entrés en service, dont sept en Chine. À l’échelle mondiale, on construit toutefois toujours moins de nouvelles centrales, comme le note le dernier rapport annuel sur le statut de l’industrie nucléaire dans le monde. 68 projets étaient encore en construction en 2013 contre 46 à la mi-2019. D’après les experts, c’est trop peu pour que l’énergie atomique survive à long terme. Si son bilan CO2 est positif, elle s’avère peu utile dans la lutte contre le réchauffement climatique. Il s’agit de la source d’énergie la plus chère et la plus lente : construire une nouvelle centrale prend 5 à 17 ans de plus qu’ériger une installation solaire ou éolienne dotée de la même performance. D’après le GIEC, les dix prochaines années seront cependant déterminantes pour savoir s’il l’on parviendra à atteindre les objectifs de l’accord de Paris sur le climat.

    Encadré

    Beznau fête ses 50 ans et continue de tourner
    La plus vieille centrale nucléaire de Suisse se trouve à Beznau (AG). Elle entamera sa 51e année d’activité fin 2019. Au contraire de BKW, son exploitant Axpo continue de miser sur l’énergie atomique. Il entend maintenir dix ans encore sa centrale et a investi 700 millions de francs dans sa modernisation durant ces dernières années. Le groupe énergétique argovien estime que Beznau a permis d’économiser près de 300 millions de tonnes d’émissions de CO2 par rapport à une centrale électrique au lignite. Outre Beznau, sont encore en activité la centrale de Gösgen (1979) et celle de Leibstadt qui est la plus récente (1984) et la plus performante. L’énergie nucléaire représente environ un tiers de la production d’électricité en Suisse.

    • Nucléaire : la Suisse débranche une première centrale
      https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/12/21/nucleaire-la-suisse-debranche-une-premiere-centrale_6023674_3244.html


      Vue de la centrale nucléaire de Mühleberg, en Suisse, en avril 2018.
      ARND WIEGMANN / REUTERS

      Le site de Mühleberg, qui date de 1972, a été officiellement mis à l’arrêt vendredi. Une décision motivée par des considérations plus économiques qu’écologiques.

      Avec Mühleberg, ce n’est pas la fin de l’histoire du nucléaire suisse qui s’écrit, juste une page de l’industrie énergétique qui se tourne puisque trois centrales et quatre réacteurs restent en activité. Mais, à l’échelle de la Confédération, la fermeture du site, vendredi 20 décembre, est vue comme un événement national.

      Plantée au bord de la rivière Aar, à quinze kilomètres de la capitale Berne, la centrale est nichée dans le fond de la vallée, invisible du village cossu de 3 000 âmes qui la domine. La brume de l’hiver l’enveloppe d’un voile protecteur, sur lequel les officiels et les journalistes, qui ont fait le déplacement, jettent un dernier regard. La télévision publique retransmet en direct la cérémonie. Pour quelques heures, Mühleberg est devenu le centre de la Suisse.

      Un homme, René Maire, observe la scène. A la tête de l’hôtel de ville, il raconte ce que la centrale représentait pour Mühleberg : un bassin de 330 emplois – qui devraient être maintenus le temps du démantèlement – et des recettes fiscales plutôt confortables. Pudiquement, il dit que les habitants sont divisés sur cette fermeture. Sa ville restera dans l’histoire comme celle qui a posé le premier jalon vers la sortie du nucléaire pour la Suisse.

      Une initiative approuvée par référendum à 58 %
      Il était 12 h 30 lorsque, dans la salle des commandes, un technicien a appuyé simultanément sur deux boutons. En trois secondes, la réaction en chaîne s’est arrêtée. Après quarante-sept ans de service et près de 130 milliards de kilowatts heures produits – de quoi alimenter en électricité les 130 000 habitants de Berne durant un siècle –, l’unique réacteur de Mühleberg s’est tu. Un moment « historique » salué par Suzanne Thoma, la directrice de BKW (Forces motrices bernoises), la société exploitant le site qui fournissait 5 % de l’électricité de la confédération helvétique.

      Cette fermeture est le résultat d’une double décision. Celle de BKW, qui a jugé trop élevé le coût des investissements nécessaires pour répondre aux exigences de l’Inspection fédérale de la sécurité nucléaire (IFSN). Car Mühleberg a connu des incidents par le passé : un incendie en 1971, puis des fissures repérées sur le manteau du réacteur dès les années 1990. Et celle de la Confédération Helvétique qui avait décidé, après la catastrophe de Fukushima en 2011, de sortir progressivement du nucléaire. Une initiative approuvée par 58% […]

  • Deux #pesticides « tueurs d’abeilles » interdits en France
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/12/04/la-justice-interdit-deux-pesticides-tueurs-d-abeilles_6021700_3244.html

    C’est un camouflet pour l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Le tribunal administratif de Nice, dans un jugement rendu public mercredi 4 décembre, vient d’interdire deux insecticides (#Closer et #Transform) à base de #sulfoxaflor, apparenté aux #néonicotinoïdes.

  • Le réchauffement climatique lié aux activités humaines est connu depuis 40 ans
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/12/01/le-rechauffement-climatique-lie-aux-activites-humaines-est-connu-depuis-40-a

    La communauté internationale et les politiques ont ignoré les avertissements des scientifiques, et des entreprises ont sciemment semé le doute dans l’opinion.

    Sur la question climatique, tout regard rétrospectif sur l’accumulation du savoir depuis un demi-siècle ne peut produire que deux réactions : regret et consternation d’une part, effroi d’autre part. Regret et consternation car, bien que la science sache fermement, depuis au moins la fin des années 1970, que les émissions humaines de gaz à effet de serre modifient profondément le climat terrestre, rien n’a été entrepris à temps pour infléchir le cours des choses. Effroi, car les nouvelles connaissances conduisent presque toujours à aggraver les diagnostics précédents.

    Acidification, réchauffement, stratification, mais aussi baisse de la teneur en oxygène et accumulation des effluents de l’agriculture intensive : les zones mortes de l’océan augmentent imperturbablement. Elles ont gagné de 3 % à 8 % de leur surface entre 1970 et 2010, et la tendance accélère, menaçant la productivité biologique des écosystèmes marins – c’est-à-dire la capacité de l’océan à fabriquer et à maintenir la vie.

    Une grande part de l’impact du réchauffement sur les sociétés passera par l’océan, qui fournit une portion importante des protéines du régime alimentaire de centaines de millions d’individus. Tout comme 680 millions d’individus vivent aujourd’hui en zones côtières de basse altitude, vulnérables à l’élévation du niveau marin. Celui-ci pourra grimper de 1 mètre d’ici à la fin du siècle, en cas de poursuite sans contrainte des émissions. Et, dans son dernier rapport spécial sur l’océan, le GIEC projette que les populations vulnérables à l’érosion des côtes et à l’avancée de l’océan à l’intérieur des terres pourraient atteindre 1 milliard d’individus.

    La rapidité des changements survenus entre le milieu et la fin des années 2010 a surpris les opinions. En dépit de l’arrivée au pouvoir de Donald Trump aux Etats-Unis et de celle de Jair Bolsonaro au Brésil, un basculement rapide s’est opéré entre le climatoscepticisme triomphant du début des années 2010 et la prise de conscience brutale de la gravité du problème moins d’une décennie plus tard.

    Cette bascule ne reflète nullement une évolution de la connaissance disponible sur la question climatique. Au contraire : celle-ci est relativement stable depuis la fin des années 1970. En 1979, le sujet est mis à l’agenda de la diplomatie mondiale lors de la première Conférence internationale sur le climat, tenue à Genève sous l’égide de l’Organisation météorologique mondiale. La réunion conclut qu’il faut intensifier la recherche mais, la même année, la Maison Blanche demande à l’Académie nationale des sciences américaine son expertise sur le sujet. La vénérable institution rassemble les meilleurs spécialistes américains, conduits par Jule Charney (1917-1981), physicien de l’atmosphère et professeur au Massachusetts Institute of Technology (MIT). Leur rapport, baptisé plus tard « rapport Charney », est le premier document consensuel dans lequel la science moderne prédit un réchauffement, en raison du renforcement de l’effet de serre

    .

    Une myriade de think tanks ou d’organisations-écrans financées par les industries pétrolières, gazières et pétrochimiques, ou par les fondations philanthropiques des grandes familles proches des milieux conservateurs américains, recrutent de pseudo-experts qui accaparent les médias, maintiennent une armada de blogs et de commentateurs anonymes inondant la Toile de contrevérités sur la question climatique. Avec succès. Des manœuvres d’autant plus choquantes que certaines des grandes entreprises pétrolières américaines avaient elles aussi, dès la fin des années 1970, pleinement connaissance de l’ampleur des risques liés à la combustion des énergies fossiles.

    Dans les années 1990 et 2000, ExxonMobil a continué de s’offrir, avec régularité, des publi-informations évoquant systématiquement la science climatique comme « incertaine »

    En 2015, le Los Angeles Times et le site InsideClimate News ont révélé des dizaines de documents internes du pétrolier Exxon, montrant que les ingénieurs et les scientifiques de l’entreprise n’avaient aucun doute sur l’ampleur de ce qui était à l’horizon. « Au rythme actuel de leur combustion, les ressources fossiles provoqueront des effets environnementaux dramatiques avant 2050 », lit-on par exemple dans un document daté de 1979.

    Selon les deux historiens, « en tenant compte des expressions de doute raisonnable, 83 % des articles scientifiques et 80 % des documents internes [de l’entreprise] reconnaissent que le changement climatique est réel et causé par l’homme, contre seulement 12 % de ses publirédactionnels, dont 81 % expriment au contraire des doutes » sur la réalité du phénomène ou sur sa cause anthropique. Dans les années 1990 et 2000, ExxonMobil continue de s’offrir, avec régularité, des publi-informations évoquant systématiquement la science climatique comme « incertaine », trop en tout cas pour justifier des mesures. « Il ne faut pas mettre la charrue politique avant les bœufs scientifiques », argumentait l’un de ces textes. ExxonMobil a donc été l’un des grands argentiers du climatoscepticisme, alors que ses propres services ne doutaient pas de la réalité du changement en cours et de ses causes anthropiques.

    #Climat #Conflits_intérêt #Manipulation #Négationisme_climatique

  • Les #pesticides #néonicotinoïdes continuent à menacer les #abeilles, même lorsqu’ils ne sont plus utilisés
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/11/27/les-pesticides-neonicotinoides-continuent-a-menacer-les-abeilles-meme-lorsqu

    Les désormais fameux néonicotinoïdes persistent en effet dans l’#environnement et imprègnent des cultures non traitées, plusieurs années après avoir été interdits, à des niveaux demeurant dangereux pour les abeilles et les pollinisateurs sauvages – parfois à des concentrations plusieurs dizaines de fois supérieures à celles de cultures traitées. Ce sont les conclusions saillantes d’une étude française à paraître jeudi 28 novembre dans la revue Science of the Total Environment.

  • #Obésité, #diabète, #hypertension : les régions ultramarines minées par les inégalités nutritionnelles
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/11/20/obesite-diabete-hypertension-les-regions-ultramarines-minees-par-les-inegali

    Dans les régions ultramarines, la prévalence de ces maladies est, encore plus qu’ailleurs, corrélée à la catégorie socio-économique. « J’ai été frappée par des écarts sociaux de #prévalence sur ces territoires où les #inégalités sont très fortes », note Caroline Méjean, épidémiologiste de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), qui a dirigé ces travaux. Pour la chercheuse, « c’est une question de #justice sociale ». Les recherches montrent que les #femmes, surreprésentées dans les catégories sociales les plus défavorisées, sont davantage concernées par les pathologies associées à l’obésité. A Mayotte, 79 % des femmes entre 30 ans et 69 ans sont en surcharge pondérale et, parmi celles-ci, 47 % sont obèses.

    #paywall
    #DROM #santé #nutrition

  • Séisme dans la Drôme et l’Ardèche : pas de risque pour les centrales nucléaires, assure EDF
    Mis à jour le 11/11/2019 | 18:59
    https://www.francetvinfo.fr/societe/nucleaire/seisme-dans-la-drome-et-l-ardeche-pas-de-risque-nucleaire-assure-edf_36

    Le fournisseur d’électricité s’est voulu rassurant, affirmant que les centrales du Tricastin et de Cruas, situées à proximité de la zone où la secousse a été ressentie, n’ont subi aucun dégât.

    #commed'hab'
    #séisme

    • https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/11/11/seisme-de-magnitude-5-4-dans-le-sud-est-de-la-france_6018764_3244.html

      L’épicentre du séisme se trouvait à un peu plus d’une dizaine de kilomètres de la centrale nucléaire de Cruas (Ardèche) et à une trentaine de kilomètres du site du Tricastin (Drôme), qui regroupe notamment une centrale nucléaire et des usines d’Orano (ex-Areva) de traitement du combustible nucléaire.

      Dans la soirée, EDF a décidé d’arrêter les trois réacteurs en marche de la centrale de Cruas – le réacteur n° 1 étant déjà à l’arrêt pour maintenance – « pour procéder à des contrôles complémentaires et préventifs ». « Les premiers contrôles n’ont pas mis en évidence de dégât apparent. Des vibrations ont cependant été enregistrées, ce qui nécessite de procéder à des contrôles complémentaires et préventifs », a expliqué le groupe dans un communiqué.

      « Le seuil sismique vibratoire a déclenché une alarme sur un seul des cinq capteurs présents sur le site. Aucun dégât sur les bâtiments n’a été constaté, et les installations fonctionnent normalement », avait plus tôt assuré le préfet de la Drôme, Hugues Moutouh. L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) avait, elle aussi, expliqué que le séisme n’avait provoqué « aucun dommage apparent » aux sites nucléaires, mais avait demandé à EDF de vérifier si les valeurs enregistrées dépassaient les seuils à partir desquels un examen plus poussé des installations, nécessitant l’arrêt des réacteurs, est nécessaire.

      « L’ASN examinera les conditions dans lesquelles [les] réacteurs pourront redémarrer » à Cruas, a précisé l’autorité dans la soirée. Une porte-parole a ajouté que l’arrêt des réacteurs pourrait durer « quelques jours », en fonction des résultats de l’audit.

      En revanche, la centrale nucléaire du Tricastin, la plus éloignée de l’épicentre du séisme, ne devra pas être arrêtée, aucun seuil d’alerte n’y ayant été mesuré, a ajouté l’ASN. Quant à l’usine Orano du Tricastin, « des centrifugeuses ont été arrêtées, mais pas pour des raisons de sûreté. Ce sont des arrêts qui se font automatiquement pour protéger le matériel », a souligné le directeur des centrales nucléaires à l’ASN, Rémy Catteau.

      « Les installations nucléaires sont dimensionnées pour résister à des niveaux plus élevés » de mouvements, a assuré le responsable, notant qu’il faut prendre en considération l’accélération du sol ressentie sur place, et pas la magnitude mesurée au niveau de l’épicentre. Et EDF de renchérir :

      « Le risque sismique a été pris en compte dès leur conception pour l’ensemble de nos centrales nucléaires, en fonction de l’historique des séismes observés dans les régions d’implantation de nos installations. »

      Pas d’inquiétude, donc ... Mais, car il y a un mais :

      https://www.ledauphine.com/france-monde/2019/11/11/seisme-la-peur-d-un-fukushima-a-la-centrale-du-tricastin

      Le séisme majoré de sécurité (SMS) a été recalculé après la catastrophe de Fukushima au Japon. Il est supérieur au séisme maximal historiquement vraisemblable qui est censé se produire tous les 1000 ans en moyenne.

      Il se base sur le tremblement de terre le plus intense de mémoire d’homme jamais recensé dans la région. Celui-ci s’est produit le 8 août 1873 avec une magnitude de 4,7 sur l’échelle de Richter. L’épicentre se situait à Châteauneuf-du-Rhône (Drôme) à 13 kilomètres de la centrale nucléaire du Tricastin.

      Le tremblement de terre de magnitude 5,4 qui s’est produit ce lundi était donc plus puissant que le séisme majoré de sécurité de magnitude 5,2 qui a été retenu par l’Autorité de sûreté du nucléaire. Son épicentre se trouvait à 26 kilomètres de la centrale du Tricastin et à 23 kilomètres de la centrale de Cruas.

      #EDF #ASN

  • « Si vous êtes près d’un site #Seveso, fuyez ! » : le message du patron de Normandie Logistique après l’incendie à Rouen
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/11/06/si-vous-etes-pres-d-un-site-seveso-fuyez-le-message-du-patron-de-normandie-l

    Le président de Normandie Logistique, Sylvain Schmitt, a profité de son audition à l’Assemblée nationale, mercredi 6 novembre, devant la mission d’information sur l’incendie de Rouen pour faire passer un message à ses « confrères logisticiens » : « Si vous êtes près d’un site Seveso, fuyez ! » M. Schmitt en sait quelque chose. Son entreprise est (ou plutôt était) prise en sandwich entre deux sites Seveso : Triadis (classée Seveso seuil bas) et Lubrizol (Seveso seuil haut). A l’instar de l’usine chimique, les entrepôts de Normandie Logistique ont brûlé au petit matin du 26 septembre.
    « Le PPRT [plan de prévention des risques technologiques] prévoyait qu’on soit détruit, du fait de notre voisinage, en cas d’accident. C’est ce qui s’est passé », a expliqué, fataliste, le PDG de cette PME spécialisée dans le transport et l’entreposage, qui emploie 50 salariés sur le site de Rouen, parti en fumée, et 500 personnes pour ses hangars de Caen et du Havre. « Deux sites Seveso sont devenus mitoyens du nôtre, et pas le contraire », a rappelé M. Schmitt, présentant l’entreprise de Rouen (et ses 8 millions d’euros de chiffre d’affaires) comme un « lilliputien » comparé aux « milliards de Lubrizol ».

  • La France n’est pas préparée aux risques industriels, alerte un rapport (Le Monde)
    https://www.crashdebug.fr/actualites-france/16730-la-france-n-est-pas-preparee-aux-risques-industriels-alerte-un-rapp

    Moi aussi je suis concerné, nous avons plusieurs sites sensibles ici, pourtant je suis à la campagne.... Et il est vrai qu’il y a une quasi totale opacité sur ces structures, une fois on a entendu une explosion puis les pompiers, et souvent une odeur bizarre dans l’air tôt le matin, ou tard le soir, mais rien.... Aucune communication, Par contre ils réagissent rapidement

    Enfin, je ne suis pas le seul concerné hélas, donc si vous aussi vous habitez près d’un site seveso, sachez que vous avez droit a des aides et un crédit d’impôt pour équiper votre logement en conséquence, vidéo ci-dessous.

    https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/11/05/la-france-n-est-pas-preparee-aux-risques-industriels-alerte-un-rapport_60180

    Informations complémentaires (...)

    #En_vedette #Actualités_françaises

  • La France n’est pas préparée aux risques industriels, alerte un rapport
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/11/05/la-france-n-est-pas-preparee-aux-risques-industriels-alerte-un-rapport_60180

    Des systèmes d’alertes obsolètes, des mesures d’information préventive qui n’atteignent pas leurs objectifs, des commissions de suivi de site qui ne parviennent pas à jouer leur rôle, des blocages techniques et financiers… c’est peu dire que la France n’est pas préparée aux #risques_industriels, selon un rapport de l’Association nationale des collectivités pour la maîtrise des risques technologiques majeurs (Amaris). Présenté mardi 5 novembre, ce #livre_blanc consacré à la « mise en protection des activités riveraines des sites #Seveso seuil haut » prend une résonance particulière, un peu plus d’un mois après l’incendie qui a ravagé l’usine chimique Lubrizol et les entrepôts de l’entreprise Normandie Logistique à Rouen.

    Le livre blanc
    http://www.amaris-villes.org/wp-content/uploads/2019/11/Livre-Blanc.pdf
    il y est question de la « Vallée de la chimie » ça fait pas tellement rêver !

  • « ‹Cette marée noire, c’est notre Tchernobyl› : une pollution aux origines inconnues sur les plages du Brésil » Le Monde, Bruno Meyerfeld, 29.10.2019
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/10/29/cette-maree-noire-c-est-notre-tchernobyl_6017261_3244.html

    « Depuis fin août, 2´500 kilomètres de côtes ont été souillés dans le Nordeste. Face au drame, les habitants se sont organisés pour nettoyer. Car, dans la région, la mer qui meurt, c’est une culture qui s’éteint. »

    #bresil #environnement #mareeNoire #pollution #tourisme

  • Une mystérieuse marée noire pollue des milliers de kilomètres de côtes au Brésil
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/10/11/une-mysterieuse-maree-noire-pollue-des-milliers-de-kilometres-de-cotes-au-br

    Les galettes de pétrole continuent de s’échouer sur près de 2000 kilomètres de littoral. De quoi faire dire à un océanographe de l’Université d’État de Rio, interviewé par Estado de São Paulo, qu’il s’agit de la “plus grande marée noire” jamais affrontée par le Brésil. Selon le spécialiste, les résidus d’hydrocarbure pourraient mettre de dix à vingt ans à disparaître. Pour Thiago Almeida, porte-parole de Greenpeace, interviewé par Deutsche Welle Brésil, “la question à laquelle le gouvernement doit répondre, c’est pourquoi il a mis un mois à prendre des mesures”.

    #Pollution #marée-noire #brésil

  • A Strasbourg, une « agroparade » paysanne contre l’agrobusiness
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/10/22/a-strasbourg-une-agroparade-paysanne-contre-l-agro-business_6016499_3244.htm

    Aujourd’hui, pour éviter que les ruches meurent de faim, nous fournissons plus de sucre à nos abeilles qu’elles ne produisent de miel.

    Voilà qui résonne avec ce twitt repéré un peu avant
    https://twitter.com/odilon72/status/1186698706436923392?s=20
    #effondrement #it_has_begun #fin_du_monde

  • La Cour de justice européenne interroge les conditions d’autorisation des pesticides
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/10/14/la-cour-de-justice-europeenne-interroge-les-conditions-d-autorisation-des-pe

    Un arrêt de l’instance juridique précise qu’il incombe aux industriels de prouver que leurs produits finis n’ont pas d’effets nocifs, alors que seuls les principes actifs à la base des formules sont testés aujourd’hui.

    La réglementation européenne sur les pesticides est suffisamment protectrice, mais elle ne semble pas correctement appliquée : ce sont, à grands traits, les deux éléments saillants d’un arrêt récent de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE). Rendu le 1er octobre et passé relativement inaperçu depuis, ce dernier a fait l’objet d’interprétations contradictoires, mais pourrait s’avérer singulièrement inconfortable pour l’industrie agrochimique et les agences de sécurité sanitaires nationales.

    La justice européenne avait été saisie par le tribunal correctionnel de Foix (Ariège) d’une question préjudicielle, c’est-à-dire une demande d’avis relative à l’interprétation du règlement européen sur les pesticides — dit règlement 1107/2009. Le tribunal fuxéen devait juger une vingtaine de militants anti-pesticides, mis en cause dans la dégradation de bidons de Roundup – alors produit à base de glyphosate –, en vente dans des magasins de bricolage et a interrogé la Cour de justice européenne à la demande de l’avocat des prévenus, Guillaume Tumerelle. En effet, l’absence de validité du règlement européen encadrant la mise sur le marché des pesticides aurait été susceptible de « neutraliser l’élément légal du délit reproché aux prévenus », comme l’explique la CJUE dans un communiqué.

    Quatre questions sur les procédures d’évaluation des risques prévues par le règlement 1107/2009 ont ainsi été soumises aux juges européens, interrogeant la conformité de ce texte avec le principe de précaution. Les interrogations portaient sur la détermination de la molécule active des pesticides mis sur le marché, sur la publicité des données fondant l’évaluation du risque, sur la prise en compte des effets cumulés, au sein d’un même pesticide, de la molécule active et des produits adjuvants et sur la réalisation de tests de toxicité à long terme. Réponse de la Cour : « Les règles procédurales applicables à l’autorisation de produits phytopharmaceutiques, notamment les produits contenant du glyphosate, sont valables », assure la CJUE.
    Cependant, la juridiction fait une interprétation du droit européen assez éloignée de son application. La Cour rappelle en effet, dans un communiqué, « qu’un produit phytopharmaceutique ne peut être autorisé que s’il est établi qu’il n’a pas d’effet nocif immédiat ou différé sur la santé humaine, une telle preuve devant être apportée par le demandeur »…

    regrettable #paywall

    • Commentaires (le jour même…) des avocats (avec lien vers la décision de la CJUE)

      CJUE 01/10/2019 Un arrêt qui fait évoluer la législation sur les pesticides
      https://www.avocats-tumerelle.fr/2019/10/01/cjue-01102019-un-arret-qui-fait-evoluer-la-legislation-sur-les-pes

      La CJUE a rendu le 1er octobre 2019 un arrêt répondant aux questions préjudicielles posées par le Tribunal correctionnel de Foix par un jugement avant dire droit du 12 octobre 2017. Le Tribunal questionnait la Cour sur la validité du règlement européen concernant les méthodes d’évaluation des pesticides.
      Arrêt de la Cour de justice de l’union européenne du 1er octobre 2019.
      http://curia.europa.eu/juris/document/document.jsf;jsessionid=9329A18F09ADC0F03265C92CF86ADBCB?text&docid=218

      La Cour apporte des précisions et interprétations essentielles sur le règlement européen qui remettent en cause un grand nombre d’autorisations de mise sur le marché de produits pesticides dont le très controversé glyphosate. Les procédures d’évaluation ne sont pas correctement appliquées par les autorités. Nous apportons quelques commentaires sur les apports de cet arrêt de la Cour Européenne de Justice.

    • En 5 points qui font tous très mal…

      En conclusion : Cet arrêt donne une interprétation fort utile du règlement européen sur les méthodes d’autorisation de mise sur le marché des pesticides. L’interprétation de la Cour de Justice démontre que les procédures légales ne sont pas appliquées ou incorrectement appliquées. Cet arrêt permet aujourd’hui de contester un grand nombre d’autorisations de mise sur le marché qui n’ont pas respecté la procédure européenne, notamment l’autorisation de mise sur le marché des herbicides à base de #glyphosate qui repose sur une analyse de l’EFSA ne prenant pas en compte l’effet cocktail des molécules associées au glyphosate.

  • Changement climatique : les scientifiques s’inquiètent des effets sur le bassin méditerranéen
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/10/11/changement-climatique-les-scientifiques-s-inquietent-des-effets-sur-le-bassi

    Des sécheresses extrêmes et des inondations dues à des pluies intenses (sauf en été), des populations rendues plus vulnérables, surtout les plus âgées, des déserts qui avancent au sud de l’Europe et sur les rives qui lui font face. Et encore : érosion des sols, disparition de terres agricoles et de biodiversité, dégradation des forêts, recrudescence d’incendies, espèces invasives, multiplication des pathogènes et des pollutions… Voilà les conclusions de la synthèse rédigée à partir des contributions de plus de 80 scientifiques de vingt pays (qui forment le réseau Medecc) et de plusieurs centaines d’études.

    #climat #Méditerranée

  • Après Lubrizol, 20 % des terres agricoles de Seine-Maritime visées par des restrictions
    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/10/01/apres-lubrizol-20-des-terres-agricoles-de-seine-maritime-visees-par-des-rest

    Cinq départements et environ 2 000 exploitations sont concernés par des restrictions de vente de produits alimentaires. En cause, le panache de fumée de l’#incendie de Rouen, et surtout les retombées de #suies.

    Ils ne peuvent plus vendre le lait de leurs vaches ou récolter leurs cultures. Les agriculteurs de 206 communes réparties dans cinq départements (Seine-Maritime, Oise, Somme, Aisne, Nord) doivent se soumettre à des arrêtés préfectoraux « relatifs à des restrictions sanitaires de mise sur le marché de production alimentaires d’origine animale ou végétale ». En cause, le panache de fumée de l’incendie de l’usine #Lubrizol, et surtout les suies d’hydrocarbure qui sont retombées, portées par un vent de sud-ouest, sur des dizaines de kilomètres au nord-est de #Rouen.

    Plus de 5 250 tonnes de #produits_chimiques ont été détruites dans l’incendie de l’usine Lubrizol à Rouen
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/10/01/incendie-de-l-usine-lubrizol-a-rouen-il-n-y-a-pas-de-risque-lie-a-l-amiante-

  • Des Cambodgiens poursuivent le groupe #Bolloré pour avoir détruit leur #forêt_sacrée

    Quatre-vingts paysans #Bunong estiment avoir été spoliés de leur forêt ancestrale, remplacée par des plantations d’#hévéas. Une audience a eu lieu mardi à Nanterre.
    Neuf paysans cambodgiens issus de la minorité autochtone des Bunongs ont parcouru près de 10 000 kilomètres, depuis leur province de Mondol Kiri, à l’est du pays, pour réclamer justice contre le groupe Bolloré devant… la 6e chambre civile du TGI de Nanterre (Hauts-de-Seine).

    Mardi 1er octobre, flanqués de trois interprètes et de leur avocat du barreau de Paris, Me Fiodor Rilov, ces femmes et ces hommes, qui s’estiment spoliés de leurs terres, ont assisté en rangs serrés et en silence, à une audience dite de mise en état dans l’affaire qui les oppose, depuis 2015, au groupe de l’industriel breton, dont le siège se trouve dans le ressort du TGI.

    « On ne parlera pas du fond, c’est-à-dire de qui a fait quoi », a pédagogiquement lancé en préambule la présidente, Cécile Brouzes, rappelant qu’il s’agissait là seulement d’une phase de la procédure contradictoire qui permet à chacune des parties, par l’intermédiaire de leurs avocats, de produire des pièces et d’échanger des conclusions afin que le dossier soit fin prêt pour un examen sur le fond, ultérieurement.

    Quelque 7 000 hectares de forêt accaparée

    A l’été 2015, cinquante et un Bunongs – ils sont aujourd’hui quatre-vingts – ont assigné en justice la #Socfin-KDC, joint-venture entre la holding #Socfinasia, une société luxembourgeoise dont le groupe Bolloré est actionnaire à près de 39 %, et la #Khao_Chuly, une entreprise de construction cambodgienne, proche du pouvoir central.

    Les Bunongs réclament la restitution de leurs terres ainsi que des dommages et intérêts

    Ces paysans accusent la Socfin-KDC de s’être accaparé illégalement, en 2008, avec l’aval du gouvernement cambodgien, quelque 7 000 hectares de forêt composant leur terre ancestrale pour y établir des plantations d’hévéas, arbres à caoutchouc. Les Bunongs réclament la reconnaissance de responsabilité du groupe Bolloré dans ce qu’ils estiment être une spoliation, la restitution de leurs terres ainsi que des dommages et intérêts.

    Ils pratiquent une « agriculture itinérante de subsistance » et « une croyance animiste fondée sur la sacralisation des forêts », a expliqué Me Rilov, la veille de l’audience, lors d’une conférence de presse à son cabinet. Ses clients reprochent donc au groupe Bolloré une déforestation massive ayant abouti à leur déplacement, à la destruction de leur habitat naturel, de leurs moyens de subsistance, de leurs lieux de culte et à celle d’arbres centenaires, considérés comme des divinités.

    « La compagnie n’a pas respecté nos droits »

    « J’ai perdu ma terre à cause de l’investissement de Socfin, a poursuivi Sorng Prou, une des quatre-vingts plaignants, dans sa langue natale par le truchement d’un traducteur anglophone. La compagnie n’a pas respecté nos droits ni obtenu le consensus des villageois. Je veux récupérer ma terre et qu’on répare ce qui a été détruit. Avant, je vivais heureuse, mais depuis, on a perdu nos occupations traditionnelles, et on a peur quand on va dans la forêt. »

    « Paris, c’est grand, la vie ici a l’air d’être meilleure, pourquoi Socfin est venue détruire nos vies ? », a interrogé Klang Phoul, un autre plaignant en fondant en larmes, comme terrassé par le choc des cultures.

    Initialement prévue en février, l’audience avait été renvoyée au 1er octobre après le refus des services consulaires français d’accorder un visa à neuf plaignants, un représentant d’ONG et un avocat cambodgiens, tous désireux d’effectuer le déplacement. Me Fiodor Rilov avait plaidé avec succès la « violation », par l’administration française, du « droit à un procès équitable » et la nécessité de leur présence.

    A l’audience de mardi, l’avocat des Bunongs a demandé à la juge d’ordonner la communication par le groupe Bolloré des baux, du registre du personnel, de la liste des dirigeants et des principaux clients et des contrats de #Terres_Rouges_Consultant (TRC), une société dissoute en 2012 dont le siège se trouvait dans la tour Bolloré, à Puteaux (Hauts-de-Seine).

    « Etablir la #responsabilité_civile_délictuelle »

    Selon lui, ces pièces permettront d’« établir la #responsabilité civile délictuelle » de l’industriel breton, qu’il soupçonne d’être le « gestionnaire directe » et le « véritable décideur de ce qui s’est passé dans les plantations » par l’intermédiaire de la « structure-véhicule » qu’était TRC. Une mise en cause que réfute l’industriel en arguant qu’il n’est qu’un actionnaire minoritaire, avec près de 39 % des parts, dans la Socfin-KCD qui gère les affaires sur place.

    Les avocats des sociétés assignées ont riposté en soulignant qu’ils réclament « depuis deux ans et demi » des documents établissant formellement « l’identité et les titres de propriété » de chacun des plaignants. Me Rilov s’est engagé à faire parvenir au TGI les « trente pièces d’identité manquantes » – qui sont en cours d’établissement, car ses clients n’en ont, pour la plupart, jamais eu – et les documents juridiques leur permettant de demander la restitution des terres.

    Dans son jugement mis en délibéré au 8 novembre, la 6e chambre civile dira si elle fait droit aux demandes de communication des pièces réclamées aux sociétés mises en cause par les Bunongs, et si elle diligente une expertise sur les plantations pour évaluer le préjudice supposé. S’il obtient gain de cause, Me Rilov assure qu’il disposera alors des éléments permettant l’examen du dossier au fond par le TGI d’ici une année. En revanche, si la juridiction rejette ces demandes, comme le veulent les sociétés mises en cause, la procédure s’arrêtera définitivement.

    Selon l’avocat des Bunongs, près de deux cents paysans camerounais se disant victimes de la Socapalm, une société spécialisée dans l’#huile_de_palme détenue par le groupe Bolloré, seraient dans une situation identique à celle de ses clients cambodgiens, et ils pourraient demander à se joindre à la procédure.

    https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/10/01/des-cambodgiens-poursuivent-le-groupe-bollore-en-justice-pour-avoir-detruit-

    #forêt #déforestation #Cambodge #Punan #spoliation #plantations #justice #France #accaparement #Mondulkiri #palmiers_à_huile #Mondulkiri #terres #Pnong #peuples_autochtones

    ping @albertocampiphoto @odilon

    merci @fil l d’avoir signalé cet article

    Appel au seenthisien·nes... si vous avez des infos sur la suite du procès, ça serait super si vous pouvez m’en informer... #merci !
    @seenthis

    • Il s’agit de la même région où vit #Mony_Hong... dont j’ai parlé sur @visionscarto (photos : @albertocampiphoto )
      –-------

      Mony Hong, habité par la forêt

      Dans le village de Leng Ness, dans la forêt tropicale cambodgienne, une rencontre inopinée avec un passionné cartographe, en lutte contre la déforestation et pour les droits des peuples autochtones. Mony Hong nous fera découvrir la région, ses cartes et son projet.


      https://visionscarto.net/mony-hong-habite-par-la-foret

    • Article sur le sujet sur Mediapart.

      https://www.mediapart.fr/journal/economie/011019/des-cambodgiens-paris-pour-demander-des-comptes-bollore

      #colonialisme

      Dans le cadre étriqué de la petite salle d’audience du tribunal de grande instance de Nanterre (Hauts-de-Seine), l’agitation de ce mardi 1er octobre au matin agace. « On n’est pas au cirque », lance la présidente de l’audience, avant de se reprendre et de traiter avec prévenance tous les présents qui s’entassent dans la pièce aux airs de banale salle de réunion. Venus pour assister à ce qu’ils pensaient être une courte audience de procédure, les défenseurs de la société Bolloré, de sa filiale la Compagnie du Cambodge et de son « partenaire » Socfin, ont plus de mal à masquer leur exaspération face au happening se déroulant sous leurs yeux.

      Massés dans la pièce, une dizaine de paysans cambodgiens et leurs traducteurs, plusieurs journalistes et quelques représentants d’ONG ayant réussi à se faufiler sont présents, à l’invitation de l’avocat Fiodor Rilov, pas mécontent de son effet.

      Connu pour sa défense des salariés de nombreuses usines ayant fermé en France (dont ceux de Whirlpool et de son repreneur éphémère à Amiens), l’avocat a réussi une fois de plus à attirer l’attention. Et contribue à entretenir ce qui constitue une épine, petite mais urticante, dans le pied du mastodonte Bolloré : sa participation à la gestion de plantations de palmiers à huile et d’hévéas, en Afrique, mais aussi au Cambodge.

      Les neuf cultivateurs cambodgiens ayant fait le déplacement jusqu’à Nanterre représentent quatre-vingts plaignants attaquant le groupe Bolloré pour contester la manière dont les plantations d’hévéas se sont développées dans leur région depuis 2008. Leur assignation, au civil, date de 2015 (https://www.mediapart.fr/journal/economie/280715/bollore-attaque-en-france-pour-ses-plantations-au-cambodge). Ils réclament chacun des dizaines de milliers d’euros de dommages et intérêts, mais aussi de pouvoir retourner sur leurs terres.

      Originaires de la commune de Bousra, dans la province de Mondolkiri, tout à l’est du Cambodge, ils appartiennent à l’ethnie bunong, une population indigène locale. Sur place, l’ethnie regroupe 850 familles, réparties dans sept villages. Les Bunong pratiquent une agriculture itinérante et ont des croyances animistes, fondées sur la sacralisation des forêts et des lieux de sépulture de leurs ancêtres. Selon les termes de leur assignation, ils « ont été victimes d’une véritable catastrophe économique, sociale, environnementale et religieuse, entièrement imputable aux sociétés du groupe Bolloré qui les ont privés de leurs ressources et ont détruit leur cadre actuel et leurs lieux de culte ».

      Socfin-KCD, la filiale locale dépendant de la nébuleuse Bolloré a commencé à développer la monoculture d’hévéas avec l’accord du gouvernement cambodgien, qui lui a attribué l’exploitation des terres. En théorie, la multinationale française a payé aux Bunong 200 dollars par hectare de terre exploitée. Mais ils sont nombreux à affirmer n’avoir touché que quelques dizaines de dollars, voire n’avoir eu droit à aucune indemnisation lorsqu’ils ont été invités à quitter leurs terres.

      Le cas des Bunong au Cambodge a déjà été largement documenté. Par la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH) d’abord, qui a publié en 2008 un rapport très sévère (https://www.fidh.org/La-Federation-internationale-des-ligues-des-droits-de-l-homme/asie/cambodge/Terrains-defriches-droits-pietines) sur les agissements de la filiale du groupe, Socfin-KCD, chargée des plantations cambodgiennes. Rapport qui avait valu à l’ONG un droit de réponse salé de Socfin… (https://www.fidh.org/La-Federation-internationale-des-ligues-des-droits-de-l-homme/asie/cambodge/Droit-de-reponse-de-Socfin-au) Un documentaire a également été réalisé sur le sujet en 2014 (http://indomemoires.hypotheses.org/13877) et sa co-réalisatrice, Anne-Laure Porée, en a bien parlé dans le quotidien suisse Le Temps (http://www.letemps.ch/Page/Uuid/de3924c2-aa0d-11e3-a7f6-006044306642/Au_Cambodge_les_Bunong_essaient_de_r%C3%A9sister_contre_le_vol_de_leurs_terr).

      Les riverains cambodgiens des plantations du groupe Bolloré sont loin d’être les premiers à contester la façon dont ils sont traités. Mediapart a déjà largement raconté (https://www.mediapart.fr/journal/economie/080417/accaparement-des-terres-l-interminable-bras-de-fer-avec-le-groupe-bollore?) les revendications du collectif international qui s’est créé pour porter les protestations contre le groupe français de paysans venus notamment du Cameroun, de Côte d’Ivoire, du Liberia et de Sierra Leone. Le groupe, ou ses diverses filiales, est très chatouilleux sur le sujet. Il a, parmi d’autres, intenté un procès en diffamation à Mediapart (https://www.mediapart.fr/journal/france/280118/l-empire-bollore-et-la-socfin-sont-mis-en-difficulte-devant-le-tribunal) et deux ONG, qu’il a définitivement perdu (https://www.asso-sherpa.org/poursuites-baillons-groupe-bollore-desistement-de-socfin-socapalm-lacti).

      Pourtant, en Asie comme en Afrique, les militants sont porteurs de revendications que le groupe connaît bien, énumérées par exemple dans une lettre ouverte (http://projet-react.org/web/63-lettre-commune-des-riverains-a-vincent-bollore.php) qui avait été remise en main propre à Vincent Bolloré en juin 2013. « Il y a quelques années, nous observions des rites dans la forêt, avec les animaux sauvages, c’était notre quotidien. Nous cultivions la terre, nous ramassions des fruits dans la forêt », a témoigné lors d’une conférence de presse Kroeung Tola, l’un des Bunong présents qui ont dû décaler leur venue, car ils n’avaient pas obtenu de visas en février (https://www.mediapart.fr/journal/international/120219/cambodgiens-contre-bollore-le-report-du-proces-accorde). Le cultivateur a expliqué que les autochtones ont déposé plusieurs plaintes auprès des autorités cambodgiennes, sans aucune amélioration. « Nous espérons et nous croyons que la justice en France sera plus indépendante », a-t-il plaidé.

      « Cette société est venue investir dans mon village, mais ils n’ont pas respecté la loi. Ils ont lancé leur projet avant d’avoir obtenu le consensus dans tout le village, a insisté pour sa part Sorng Prou, seule femme du voyage. Je demande qu’on me rende ma terre. » « Ici, la vie a l’air d’être meilleure, a lancé Klang Phoul, en larmes. Pourquoi Socfin est-elle venue détruire nos vies ? »
      Des documents signalant l’implication de Bolloré

      Ces demandes fortes, n’étaient pourtant pas l’objet des débats de ce mardi au TGI de Nanterre. L’audience sur le fond n’interviendra pas avant un an, au plus tôt. Les avocats des deux parties étaient en réalité réunis pour exiger, chacun de son côté, la production de documents, nécessaires selon eux, pour la procédure.

      Disant toute son « exaspération » face à son confrère Rilov qui se saisit de toutes les occasions pour transformer « les audiences en caisses de résonance médiatiques », Olivier Baratelli a rappelé les demandes des trois avocats défendant les diverses sociétés liées à Bolloré. L’avocat historique du groupe, qui défend ici la Compagnie du Cambodge, l’une de ses plus importantes filiales, réclame depuis 2016 que les plaignants produisent des documents d’identité complets et certifiés, mais aussi, et surtout, les documents attestant qu’ils disposent du droit de propriété ou de jouissance sur les terres qu’ils estiment avoir perdues.

      « C’est bien le minimum », appuie Dominique de Leusse, qui défend Socfin. Il rappelle qu’il attend que les documents fournis par les Bunong précisent notamment la « superficie exacte » et « la localisation » des terrains qui font l’objet du conflit. C’est d’ailleurs ce que demande depuis février 2017 le tribunal aux premiers plaignants l’ayant saisi, une cinquantaine d’autres ayant suivi depuis. Faute de la production de ces documents, Bolloré et ses alliés demandent que la procédure s’arrête.

      Ces demandes peuvent paraître simples, mais elles posent un sérieux problème aux Bunong, qui ne disposent pas tous de documents d’identité et occupaient leurs terres de façon traditionnelle depuis des décennies, mais sans posséder de titres de propriété formels, au sens où les entend le droit français. Ils ont néanmoins promis, par l’intermédiaire de leur avocat, qu’ils fourniront toutes les pièces nécessaires dans les mois qui viennent.

      De son côté, Fiodor Rilov demande que soient rendus publics de nombreux documents liant le groupe Bolloré à ses filiales ou partenaires chargés des plantations, afin d’éclaircir une fois pour toutes leurs relations. Et l’avocat dispose déjà de plusieurs pièces montrant que ses demandent pourraient enfoncer un sérieux coin dans la défense traditionnelle du groupe.

      En effet, Bolloré répète avec constance depuis de longues années n’être en rien mêlé à la gestion effective des plantations détenues par Socfin, bien que l’entreprise française en soit le premier actionnaire avec 38,7 % du capital. « Bolloré SA n’a strictement aucun lien avec cette affaire », argumentait encore lundi Olivier Baratelli dans une réponse à l’AFP (https://www.africaradio.com/news/des-paysans-cambodgiens-contre-bollore-mardi-devant-la-justice-francais), assurant avec le plus grand sérieux qu’il s’agit d’« un problème strictement cambodgien ».

      Sur le papier, c’est bien le dirigeant de Socfin, Hubert Fabri, qui a la main sur les hévéas et les palmiers à huile, depuis qu’il s’est partagé avec Vincent Bolloré les restes (considérables) de l’ex-groupe colonial Rivaud, dont le Français a pris le contrôle en septembre 1996 (lire ici notre récit détaillé https://www.mediapart.fr/journal/economie/020209/enquete-sur-la-face-cachee-de-l-empire-bollore?). Mais, en vérité, les deux hommes entretiennent toujours des rapports étroits : Fabri siège dans différentes instances du groupe Bolloré depuis 1987 et Bolloré demeure, au côté d’un second représentant de son groupe, l’un des six membres du conseil d’administration de Socfin, qui comprend aussi Hubert Fabri et son fils.

      Pour contrecarrer cette argumentation bien rodée, Fiodor Rilov a mis la main sur les rapports d’activité de 2007 à 2011 d’une entreprise nommée Terres rouges consultant. L’entreprise a été dissoute le 31 décembre 2012, mais elle était hébergée directement dans la tour Bolloré, le siège du groupe à Puteaux (Hauts-de-Seine). Son activité déclarée début 2008 était explicitement « la gestion de Socfin-KCD, société de droit cambodgien, avec pour objectif la création de 15 000 ha de plantations industrielles d’hévéas dans le Mondolkiri à l’est du Cambodge ».

      Le rapport d’activité indiquait par ailleurs que Terres rouges consultant « gère trois sociétés agro-industrielles au Cameroun (Socapalm, SPFS, Safacam) », c’est-à-dire les plantations camerounaises appartenant à Socfin et que Bolloré a toujours démenti diriger directement. Cette petite phrase a permis à Fiodor Rilov d’annoncer que près de deux cents paysans camerounais se disant victime de la Socapalm allaient se joindre à la procédure dans les prochaines semaines.

      L’avocat des Bunong a aussi découvert que Vincent Bolloré lui-même était administrateur de Terres rouges consultant et qu’il n’était autre que le « director number 2 » de Socfin-KCD au Cambodge. Par ailleurs, le numéro 2 de Terres rouges consultant était Bertrand Chavanes, celui qui se présentait lui-même comme le responsable des plantations du groupe Bolloré, avant de prendre sa retraite il y a plusieurs années.

      Pour Fiodor Rilov, pas de doute : « Terres rouges consultant a servi de véhicule, logé au sein même de la tour Bolloré, pour que le groupe assure la gestion effective des plantations au Cambodge. » C’est à ce titre que le groupe et ses diverses entités sont poursuivis au civil par les Bunong. Et c’est pour accréditer sa thèse que l’avocat demande la communication du bail au titre duquel Terres rouges consultant occupait des locaux au siège de Bolloré, mais aussi ses registres du personnel, la liste de ses dirigeants, les comptes de la société, ainsi que tous les liens contractuels et capitalistiques pouvant la lier avec le groupe Bolloré.

      Le tribunal rendra sa décision sur les demandes croisées des parties le 8 novembre. On saura alors si la petite épine dans le pied de Bolloré continuera à l’importuner un peu plus longtemps encore.