/2019

  • La réalisatrice Agnès Varda, pionnière de la Nouvelle Vague, est morte
    Par Clarisse Fabre Publié aujourd’hui à 11h27, mis à jour à 11h32
    https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/03/29/la-realisatrice-agnes-varda-pionniere-de-la-nouvelle-vague-est-morte_5443036

    Agnès Varda en quelques dates

    30 mai 1928 Naissance à Ixelles (Belgique)

    1951 Photographe du Festival d’Avignon

    1955 « La Pointe courte »

    1962 « Cléo de 5 à 7 »

    1965 « Le Bonheur », prix Louis-Delluc

    1968 « Black Panthers »

    1985 « Sans toit ni loi », Lion d’or à Venise

    1991 « Jacquot de Nantes »

    2003 Expose à la Biennale de Venise

    2007 « Les Plages d’Agnès », César du meilleur documentaire

    2016 Expose au Centre Pompidou ses photos de Cuba prises en 1962

    2017 Oscar d’honneur et sortie de « Visages Villages » avec JR

    29 mars 2019 Mort à l’âge de 90 ans à Paris

  • Exposition : Joseph Staline, commissaire des arts
    https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/03/21/joseph-staline-commissaire-des-arts_5439038_3246.html


    « Donbass, la pause déjeuner » (1935), d’Alexandre #Deïneka, huile sur toile.
    COLLECTION DU MUSÉE NATIONAL DES BEAUX-ARTS DE LETTONIE / ADAGP, PARIS, 2019

    Pourquoi nous cache-t-on la peinture russe ­contem­poraine ? La question était posée le 11 janvier 1952 par André Breton dans l’hebdomadaire Arts. A l’époque, les seuls à la connaître un peu étaient ceux qui avaient fait le voyage en Union soviétique, ou ceux qui se souvenaient du pavillon de l’URSS à l’exposition ­universelle de Paris, en 1937. Le Centre Pompidou évacuait prudemment le sujet en 1979 avec l’exposition « Paris-Moscou » : elle s’interrompait à l’année 1930, avant que ne s’imposent les théories du réalisme socialiste.

    L’exposition « Rouge » au Grand Palais ose enfin dévoiler ce que Breton entendait dénoncer : les œuvres produites durant le stalinisme, pour beaucoup jamais montrées, qui succédèrent aux avant-gardes accompagnant la révolution de 1917, elles désormais bien connues. Le parcours conçu par Nicolas Liucci-Goutnikov, conservateur au Centre Pompidou et commissaire de l’exposition avec Natalia Milovzorova, couvre toute la période, jusqu’à la mort de Staline, en 1953, en présentant 400 pièces.

    Les avant-gardes, donc, ouvrent la visite. Pas toutes : n’ont été retenus que les travaux des artistes engagés avec la révolution dans la recherche d’un art productif, productiviste même. Foin de paysages pastoraux, dessinons des casseroles, des vraies. Pas de peinture « bourgeoise », et en ce sens, les tableaux de Chagall, même si celui-ci soutint la révolution, n’ont pas leur place, mais un art conçu dans une logique industrielle, répondant aux besoins de la société nouvelle.

    Dès 1918, le poète Vladimir Maïakovski, s’appuyant sur les artistes futuristes russes, publie un manifeste, le Décret n° 1 sur la démocratisation des arts, qui veut abolir « le séjour de l’art » dans les galeries ou les musées pour le transplanter dans la rue ou les usines. On est là très proche du Bauhaus allemand. Alexandre Rodtchenko […]

    #paywall

    • Rouge – Exposition au Grand Palais du 20 mars au 1er juillet 2019
      ROUGE
      Art et utopie au pays des Soviets
      Grand Palais, Galeries nationales
      20 mars 2019 - 1 juillet 2019

      https://www.grandpalais.fr/fr/evenement/rouge

      • Plus de 400 œuvres exposées
      • Peinture, sculpture, architecture, photographie, cinéma, design…des œuvres pour la plupart jamais montrées en France !
      • Alexandre Rodtchenko, Kazimir Malevitch, Gustav Klutsis, Alexandre Deïneka, Sergueï Eisenstein, Varvara Stepanova…
       L’exposition_ Rouge. Art et utopie au pays des Soviets_ présente un ensemble de plus de 400 œuvres conçues dans un contexte social et politique particulier. Son parcours chronologique commence en 1917 avec la révolution d’Octobre et se termine en 1953, année de la mort de Staline.

      Elle interroge la manière dont le projet de société communiste a engendré des formes d’art spécifiques. Des années 1920, marquées par un grand nombre de propositions d’avant-garde, aux années 1930 qui voient l’affirmation d’un dogme esthétique, le parcours aborde tous les domaines des arts visuels : peinture, sculpture, architecture, photographie, cinéma, design, arts graphiques avec des œuvres, pour la plupart jamais montrées en France.

      Les artistes tels que Rodtchenko, Malevitch, Klutsis … ont voulu accompagner par leurs œuvres l’édification du socialisme et contribuer à la transformation du mode de vie des masses. C’est cette histoire, ses tensions, ses élans comme ses revirements que relate l’exposition en posant la question d’une possible politisation des arts.

      Exposition organisée par la Réunion des musées nationaux - Grand Palais et le Centre Pompidou Musée national d’art moderne.

    • Rouge : l’exposition - YouTube
      https://www.youtube.com/watch?v=jgock_xNmQA

      Entre utopie artistique et utopie politique, l’exposition « Rouge, art et utopie au pays des Soviets » s’intéresse à la façon dont le projet communiste a produit une forme d’art spécifique, participant à la révolution du mode de vie. Le commissaire Nicolas Liucci-Goutnikov retrace le parcours de cette exposition qui court de la révolution d’Octobre jusqu’à la mort de Staline. Mêlant le design, la peinture, l’architecture, le cinéma, ou encore le photomontage, partez à la (re)découverte de l’art soviétique.

  • Sous la pression, l’Institut du monde arabe déprogramme une chanteuse sahraouie - RFI
    http://www.rfi.fr/afrique/20190304-chanteuse-sahraouie-deprogrammee-institut-monde-arabe-aziza-brahim-maro

    Selon une source bien informée, tout est parti d’un article paru le 29 janvier dernier sur un site marocain réputé proche du palais, le 360. Il s’émouvait de la programmation à l’Institut du monde arabe (IMA) d’#Aziza_Brahim, la qualifiant d’activiste du Front Polisario.

    Dans la foulée, l’ambassade du Maroc à Paris appelle l’Institut pour demander des explications. L’IMA se justifie en expliquant que la chanteuse a toute sa place dans le cadre du festival Les Arabofolies, qui a pour thématiques les femmes et les résistances. Des explications qui ne convainquent pas les diplomates marocains en poste à Paris.

    Ces derniers font alors pression sur les mécènes marocains qui financent régulièrement les projets de l’Institut, et qui finissent par menacer l’IMA de se désengager si le concert prévu initialement le 10 mars était maintenu.

    Son président, Jack Lang, tente bien d’intervenir, en expliquant que la chanteuse n’est nullement une activiste du #Polisario mais seulement une artiste qui chante l’histoire de son peuple. Rien n’y fait : le président de l’institution cède finalement sous la pression. Résultat, le 7 février, l’Institut annonce que « pour une raison indépendante de la volonté de l’artiste », le concert est annulé.

    Aziza Brahim - Lagi
    https://www.youtube.com/watch?v=kG4OX8uQpI0

    #musique #chanson #pression #diplomatie #Maroc #Sahara_occidental

    • #notre_ami_le_roi

      https://www.humanite.fr/editorial-notre-ami-le-roi-638595

      Éditorial. Notre ami le roi
      Vendredi, 7 Juillet, 2017
      Maurice Ulrich

      Une trentaine d’années après un livre de Gilles Perrault qui fit date, Notre ami le roi, révélant les sinistres réalités du pouvoir d’Hassan II au Maroc, le roi Mohammed VI est toujours « notre ami ». La visite à sa majesté d’Emmanuel Macron, il y a trois semaines, en témoigne. Il eut l’honneur selon le mot d’un diplomate de dîner en famille dans sa résidence privée. Le président de la République s’est dit « touché par cette marque d’amitié ». On ne sait pas si l’ampleur du mouvement social qui soulève le Maroc depuis plusieurs mois fut évoquée au dessert. D’ailleurs, soulignait ironiquement (on l’espère) le Figaro au lendemain de cette visite, « Emmanuel Macron n’en aura eu qu’un écho très lointain, puisque son séjour au Maroc s’est concentré sur la rencontre avec Mohammed VI et sa famille, sans entretien avec des représentants de la société civile ». Décidément, Emmanuel Macron pourrait écrire dans ses carnets intimes ce mot de Louis XVI qu’il affectionne : « Rien. »

      Rien, depuis que le 28 octobre dernier le jeune poissonnier Mouhcine Fikri a été broyé par une benne à ordures alors qu’il tentait désespérément de récupérer le matériel qui venait de lui être arraché par les policiers. Depuis, les manifestations populaires n’ont fait que prendre de l’ampleur, dans une région du Rif où le drame a remis à vif les blessures historiques de l’oppression du pouvoir central et a été vécu comme un révélateur d’une situation sociale où 40 % de la population est au chômage, où l’industrie est redevenue, après une courte embellie, quasiment inexistante, et où la corruption financière aussi bien que politique ronge la société. Les témoignages recueillis par notre envoyée spéciale Rosa Moussaoui sont sans ambiguïté. Les seules réponses du pouvoir, face à ce soulèvement du Rif qui n’a cessé de s’amplifier et de se structurer depuis octobre, ont été la répression, l’arrestation des militants les plus en vue, la volonté de faire taire la presse. 135 Rifains sont détenus à ce jour, dont 7 journalistes. Le silence de la France officielle est assourdissant. Il est des « amitiés » qui sont une chape de plomb.
      Par Maurice Ulrich

    • Géométrie variable, l’histoire tranchera...

      L’artiste Aziza Brahim annule son concert à Jérusalem occupée
      Campagne BDS France, le 29 juillet 2015
      https://www.bdsfrance.org/lartiste-aziza-brahim-annule-son-concert-a-jerusalem-occupee

      Appel au boycott du concert d’Enrico Macias au Maroc : « Je me fous éperdument de cette menace »
      Nadir Dendoune, Le Courrier de l’Atlas, le 4 février 2019
      https://www.lecourrierdelatlas.com/maroc-appel-au-boycott-du-concert-d-enrico-macias-au-maroc-je-me

      #boycott

    • « Je suis une activiste sociale » : les chants sahraouis d’Aziza Brahim déprogrammés de l’IMA
      https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/04/26/musiques-du-monde-les-chants-sahraouis-de-resistance-d-aziza-brahim_5455127_


      La chanteuse Aziza Brahim à Barcelone, en décembre 2018.
      NINA PETRE

      A l’approche de son passage, vendredi 26 avril, au Pan Piper, à Paris, elle se dit consternée mais pas étonnée. Jointe par téléphone à Barcelone, où elle vit depuis dix ans et finalise le mixage d’un cinquième album dont la parution est prévue à l’automne, la chanteuse sahraouie Aziza Brahim revient sur l’annulation du concert qu’elle devait donner le 10 mars à l’Institut du monde arabe (IMA) : « –Ce n’est un secret pour personne. Le concert a été annulé suite à la pression de l’ambassade du Maroc et des mécènes marocains. Je ne comprends pas qu’une institution publique, en France, qui sait à quel point la liberté d’expression n’est pas respectée au Maroc, cède à ce chantage. »

      La chanteuse était programmée en clôture de la première édition du festival Les Arabofolies, sous-titrée « _Résistances ». Selon Greg Connan (Dérapage Productions), agent en France de l’artiste, un site marocain d’information, Le360, a alerté l’ambassade, qui a contacté Jack Lang, président de l’IMA. « La programmatrice m’a informé qu’ils avaient reçu un coup de fil insistant sur le fait qu’Aziza Brahim était une activiste du Front Polisario [mouvement de libération des populations sahraouies], ce qui est totalement faux, détaille M. Connan. Je leur ai raconté son parcours, ses idées. Les responsables de la programmation ont ensuite tenté de sauver ce concert, sans résultat. »

      #paywall

  • « Religieuses abusées, l’autre scandale de l’Eglise » : une charge violente contre le Vatican
    https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/03/05/religieuses-abusees-l-autre-scandale-de-l-eglise-une-charge-violente-contre-

    Alors que vient de s’achever un séminaire inédit au Vatican sur la lutte contre les abus sexuels sur mineurs perpétrés au sein de l’Eglise, l’enquête qu’Arte met à disposition sur sa plate-forme de vidéo à la demande vient encore, s’il en est besoin, nourrir la consternation. Au point qu’on se demande si cette litanie de révélations, toutes plus sordides les unes que les autres, prendra un jour fin. Mais Religieuses abusées, l’autre scandale de l’Eglise est moins une compilation de témoignages que la mise au jour d’un système organisé qui, comme le souligne le commentaire qui ne s’embarrasse pas de circonvolutions, dépasse le viol pour s’apparenter à une forme de « proxénétisme clérical ».

    Résultat d’une investigation menée pendant deux ans dans plusieurs pays par les journalistes Elizabeth Drévillon, Marie-Pierre Raimbault et Eric Quintin, ce film va bien au-delà de la dénonciation des sévices endurés par les membres des communautés religieuses, pour s’intéresser à la responsabilité du Vatican dans la protection des prêtres violeurs.

    Toute affaire gênante pour l’Eglise est réglée en son sein, et non par la justice des hommes

    Les témoignages recueillis, pour la majorité à visage découvert, sont édifiants. Comme celui de deux anciennes membres de la communauté de l’Arche, qui racontent les sévices subis de la part du père Thomas. Exerçant une emprise sans limite sur les membres de sexe féminin de cette communauté, il a abusé de son autorité, incontestable pour des sœurs souvent très jeunes à l’époque, pour assouvir ses pulsions, comme l’avait révélé un rapport publié en 2015.

    Acte de « pénitence », découverte de « l’amour véritable de Dieu », tous les prétextes sont bons, ce qui rend d’autant plus complexe pour les victimes de réaliser qu’elles ont été violées. Celles qui s’expriment ici évoquent avec douleur cette atteinte à leur chasteté, et l’épreuve immense que fut pour elle(s) de s’opposer à leur(s) bourreau (x).

    « Quand on dénonce un prêtre, dit Cecilia, ancienne membre de la communauté de l’Arche où sévissait le père Thomas, on dénonce aussi l’Eglise. » Mais on est pourtant loin d’avoir partie gagnée. Le père Thomas avait ainsi été sanctionné par le Vatican au début des années 1950 : depuis lors, il avait interdiction d’enseigner, d’exercer tout ministère et de faire de l’accompagnement spirituel. L’absence de suivi des sanctions internes à l’Eglise lui a laissé toute liberté pour continuer à violer. Il existe une « fraternité » au sein du clergé qui facilite l’impunité, analyse Jean de la Selle, un ancien responsable de la communauté de l’Arche, très investi dans la reconnaissance des victimes du père Thomas. Impunité renforcée par un principe tacite qui veut que « faute confessée égale faute pardonnée » et que toute affaire gênante pour l’Eglise soit réglée en son sein, et non par la justice des hommes.
    Culture de l’impunité

    A ce titre, le documentaire porte une charge particulièrement violente contre le Vatican. Il impute au pontificat de Jean Paul II d’avoir favorisé cette culture de l’impunité en minimisant systématiquement les accusations. Le prêtre Pierre Vignon, exclu du tribunal ecclésiastique de Lyon, vraisemblablement pour avoir réclamé la démission du cardinal Philippe Barbarin (récemment jugé pour non-dénonciation d’un prêtre accusé d’agressions sexuelles sur mineurs), relève que les sanctions, quand sanction il y a, sont in fine toutes soumises pour approbation au Vatican.

    Pendant longtemps, celui-ci n’a reconnu que des actes isolés dans certains pays, notamment en Afrique de l’Ouest. Loin d’être cantonnés à ces pays, les abus commis au sein de ces communautés sont, il est vrai, facilités par une précarité économique propice au « trafic de faveurs », explique un prêtre jésuite qui se bat contre les viols de religieuses au Cameroun.

    Le summum de l’abject est atteint lorsqu’une des victimes tombe enceinte

    Et le summum de l’abject est atteint lorsqu’une des victimes tombe enceinte. Le panel des solutions proposées par la hiérarchie va alors de la plus simple – la future mère est purement et simplement bannie de la communauté – à la plus incompréhensible – un avortement dans la plus grande discrétion est organisé –, en passant par la plus hypocrite – la jeune femme se voit proposer « d’offrir son enfant à Dieu », c’est-à-dire de l’abandonner.

    Certains prélats ont beau dénoncer à visage découvert les déviances de leur Eglise, un prêtre contrit a beau avouer, à visage couvert cette fois, avoir manipulé et violé, on sort de ce film révulsé face au refus du Vatican de s’emparer du sujet. C’est bien d’un refus qu’il s’agit, puisque au moins deux rapports internes ont établi les faits au cours des années 1990. Sans qu’aucune mesure n’ait été prise. « Le Saint-Siège est incapable de faire un mea culpa sur les actes », dénoncent les réalisateurs du film. Au moins peut-on attendre de lui qu’il agisse enfin pour les empêcher.

  • « Antidouleurs : l’Amérique dévastée » : un scandale sanitaire hors du commun
    https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/02/21/antidouleurs-l-amerique-devastee-un-scandale-sanitaire-hors-du-commun_542610

    C’est une enquête menée à travers les Etats-Unis et qui fait froid dans le dos. Elle concerne des dizaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants. Il y est question de douleurs physiques intolérables, de pilules prétendument magiques, d’accoutumance mortelle, de décès en masse et d’un scandale sanitaire hors du commun.

    Des victimes issues de tous les milieux sociaux, n’ayant pas le profil habituel des toxicomanes mais qui, pour faire passer des douleurs diverses (arthrose, sciatique, douleurs abdominales…), se sont accoutumées à des médicaments antidouleur qui se sont révélés particulièrement dangereux.
    Lire l’enquête : Les Etats-Unis tentent de réagir face à la crise des opioïdes

    L’addiction aux opioïdes a causé la mort de près de 300 000 personnes en vingt ans aux Etats-Unis, dont 72 000 pour la seule année 2017.

    Dans ce documentaire diffusé dans le cadre de l’émission « Envoyé spécial », plusieurs extraits font frémir : on y voit une mère de famille s’écroulant subitement au supermarché sous les yeux de son enfant. Ou un quadragénaire plongeant dans le coma au volant de son véhicule. Sans parler de la petite Emma, née quinze jours plus tôt dans une clinique du Tennessee et qui, sans ses huit doses de morphine par jour, succomberait de douleur. Le bébé souffre du syndrome d’abstinence néonatal, il est chimiquement accro aux antidouleur. La raison ? Sa mère prenait en masse des antalgiques dérivés de l’opium et a contaminé sa fille. D’autres images montrent des policiers munis d’un spray nasal spécial (Narcan) – antidote efficace aux opioïdes – sauvant des vies in extremis.
    L’OxyContin dans le viseur

    En première ligne sur la liste noire : l’OxyContin, médicament antidouleur à base d’opium – deux fois plus puissant que la morphine – fabriqué par l’influent laboratoire Purdue. Lancé en 1996 à grand renfort de publicité, l’OxyContin a rapidement envahi les pharmacies des particuliers. A l’époque, des médecins payés par Purdue assuraient, face caméra, que les opioïdes étaient non seulement très efficaces, mais surtout sans danger. Le succès commercial est gigantesque.
    Lire l’enquête : L’inquiétant succès de l’OxyContin, puissant antalgique opiacé

    Vingt ans plus tard, la plupart des anciens patients modèles choisis par Purdue pour incarner les vertus du médicament sont morts. Les auteurs du documentaire ont retrouvé, en Caroline du Nord, une survivante. En 1996, une sciatique la faisait souffrir. A force d’ingurgiter des doses de plus en plus importantes d’OxyContin, les douleurs s’estompent. Pour un temps, puisqu’il faut toujours augmenter les doses. Le cercle vicieux est sans fin.

    En 2007, trois cadres de Purdue plaident coupable devant la justice, qui inflige une amende de 600 millions de dollars au laboratoire

    Depuis plus de quinze ans, Purdue est dans le viseur des autorités. En décembre 2001, des sénateurs, inquiets des pratiques du laboratoire, avaient auditionné un responsable de l’entreprise. En 2007, trois cadres de Purdue ont plaidé coupable devant la justice, qui a infligé une amende de 600 millions de dollars au laboratoire. La fin du cauchemar ? Pas du tout. Le lobby pharmaceutique américain continue sa campagne en faveur des opioïdes.

    Face caméra, une ancienne visiteuse médicale de Purdue, recrutée en 2008, raconte l’efficacité de ses visites aux médecins de famille. « Vos patients ont des douleurs ? J’ai le médicament qu’il vous faut pour les soulager… » Ses primes, conséquentes, augmentaient selon les dosages prescrits par les médecins. Avec la multiplication des morts par overdose, la très discrète et richissime famille Sackler, propriétaire de Purdue, risque cette fois de sérieux ennuis. Une centaine de villes et près de trois cents avocats ont engagé des centaines de procédures contre ses méthodes.

    « Antidouleurs : l’Amérique dévastée », de Pierre Monégier, Brice Baubit et Emmanuel Lejeune (France, 2019, 55 min). Francetvinfo.fr/france-2/envoye-special

    #Opioides #Sackler #OxyContin #Reportage

  • « Cash investigation » : demain, un monde sans poisson ?
    https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/02/05/cash-investigation-demain-un-monde-sans-poisson_5419638_3246.html

    La mer éternelle, ses marins courageux confrontés aux embruns et aux vents du large… Stop ! C’est un tout autre film que nous présente l’équipe de « Cash investigation ». Il s’agit cette fois de nous entraîner dans une plongée en eaux troubles, sur les traces de quelques gros poissons de la pêche industrielle. Un milieu discret qui mériterait d’être mieux connu. A l’image du « dispositif de ­concentration de poissons » ou « DCP » pour les initiés. Voilà un acronyme dont la réputation n’est pas encore à la hauteur de l’action : une méthode de pêche au thon tropical, en plein essor depuis les années 1980 et dont les professionnels savent bien qu’elle est en train de décimer les océans.

    #reportage #pêche #surpêche