/2013

  • Carrefour lance sa liseuse : le pari de la démocratisation des e-books
    http://www.rue89.com/2013/10/11/carrefour-lance-liseuse-pari-democratisation-e-books-246516
    Il y a un petit parti-pris technofan dans le titre, sauras-tu le retrouver ? Histoire d’insister au niveau de l’édition, il figure également comme intertitre.

    Quand Carrefour essaie de vendre des tomates sans goût, Rue89 crie au scandale. Quand Carrefour essaie de refourguer des simili-livres faisant crever au passage toute la chaîne du livre (des éditeurs aux metteurs en page en passant par les libraires et les imprimeurs), par contre, Rue89 (et Pierre Haski, son red-chef) crient aux héros de la démocratie. Rien de moins. No limit elle s’appelle la liseuse de Carrefour…

    C’est sans doute le signe le plus sûr que le livre numérique est sur le point de connaître une croissance importante, en France aussi : Carrefour, le géant de la grande distribution, attentif aux grandes masses et pas à l’avant-garde « geek », lance sa propre liseuse numérique. Avec un argument choc : ce sera la moins chère du marché.

    La liseuse Carrefour, la « Nolim » (pour « no limit »...) qui sera mise en vente le 14 octobre, à temps pour les fêtes de fin d’année dans lesquelles le cadeau électronique tient une part croissante, sera vendue avec une centaine de titres gratuits (des classiques tombés dans le domaine public), et un accès à une bibliothèque numérique de quelque 100 000 livres.

    L’article est un condensé de la rhétorique classique des technofans : si les gens sont réfractaires, c’est qu’ils ont pas compris, mais de toutes façons ça va finir par marcher quoi qu’on fasse alors vaudrait mieux s’incliner, et saluer Carrefour, qui nous guide vers l’avenir de la démocratisation du savoir.

    Voilà qui va réveiller une partie du monde de l’édition, et tous ceux qui prédisent l’échec de la lecture sur écran.

    Pour les technofans, le monde se divise en deux : les visionnaires et ceux qui dorment (!!), et pire les oiseaux de mauvais augure… La technologie étant neutre, il n’y a pas d’arguments à lui opposer mais des superstitions.

    La librairie en ligne sera gérée et animée par les libraires de Carrefour

    Oui, oui, pour Haski, il s’agit bien de #librairie et de libraires…

    #blague #novlangue #technologie #technofans

    • @intempestive : je ne suis pas d’accord. En l’occurrence tu parles du contenu (l’œuvre ou l’ouvrage) pouvant être diffusé sur différents médias ou supports dont on peut apprécié les qualités. L’arnaque lexicale consiste à appeller livre un fichier numérique dont les qualités (de lecture, sociales, etc.) sont dégradés par rapport à l’objet inital que le terme désignait. On n’appelle pas « orchestre électronique » un mp3 par exemple ;)

      L’avantage pour les industriels de parler de livre électronique, c’est que ça permet à Pierre Haski (et à plein d’autres) de parler de librairie et de libraires dans le cas de Carrefour et d’Amazon. Donc je continuerais à dire simili-livre et simili-libraire et simili-librairie ;-)

    • @intempestive : c’est un problème plus large que le seul travail des éditeurs ou libraires indépendants. On trouve dans certains rayons de Fnac des libraires très compétents. Pour le reste, j’entends la distinction, qui permet par exemple de parler de livre audio. C’était certainement une erreur, puisqu’on n’a plus dans ce cas de terme spécifique pour désigner le support papier, et par conséquent défendre ses spécificités qui dépassent largement la seule lecture. #Bouquin ?

    • Oui c’est intéressant pour construire une réflexion :) Sur la question industrielle, il faudrait voir comment les publications indépendantes sont tributaires de l’organisation de la production et de la diffusion des publications « dominantes », ou de divertissement.

      On a le cas par exemple pour la presse papier : Article11 est tributaire de la diffusion de Modes&Travaux à travers l’organisation du système de distribution Presstalis (ou MLP pour Article 11). Pour les livres « indépendants », l’organisation industrielle fait que les livres sont moins chers si des ouvrages de faible intérêt (pour nous) restent imprimés sur papier (parce qu’on imprime souvent chez les mêmes imprimeurs, ou qu’on bénéficie d’une culture des métiers du livre, ou d’un réseau de diffusion, etc. quel que soit ce qui est imprimé).

      Enfin, il faudrait réfléchir à dans quelle mesure des usages très minoritaires mais intéressants participent à la diffusion de nouveaux objets à la nuisance potentielle beaucoup plus importante, comme c’est le cas pour les #drones :p (la raison pour laquelle je trolle un peu – gentiment – sur cette question @reka et @fil, qu’ils m’en excusent d’ailleurs).

    • en effet, je ne sais pas dans quelle mesure on peut séparer nettement « participer à la diffusion d’objets » et « participer à la diffusion de la connaissance d’objets » ; certains, qui ont la science infuse, peuvent se permettre de trancher plus facilement :)

      C’est la raison pour laquelle je ne m’enthousiasme pas pour les arguments de Biagini : il a décidé de la conclusion, puis s’emploie à la démontrer.

    • Si on peut et on doit critiquer tout ça, il me semble contre-productif de s’appuyer pour ce faire sur des amalgames grossiers et des informations fausses.

      Deux exemples rapidement :
      – la 4ème de couv du bouquin de Biagini : « Multinationales du high-tech, start-ups ou hacktivistes, tous prétendent construire un monde sans conflit (...) une forme de marché idéal. » (amalgame) ;
      – l’« argumentaire » de La face cachée du numérique, chez le même éditeur : « une recherche sur Google produit autant de CO2 que de porter à ébullition de l’eau avec une bouilloire électrique » (faux).

    • Je ne comprends pas ta question ; qu’est-ce qui est une préoccupation assez faible, et pour qui ? Pour moi, quand on emploie des arguments faux, on prend le risque de discréditer tout ce qu’on écrit.

      L’histoire de la bouilloire a été réfutée presque immédiatement. Qu’on en parle au comptoir du café parce que « ça tourne », je comprends bien. Qu’on répète ça dans des livres sans faire de vérification, juste parce que ça va dans le sens de l’argumentation qu’on défend, c’est juste foireux.

      Official Blog : Powering a Google search
      http://googleblog.blogspot.fr/2009/01/powering-google-search.html

      In fact, in the time it takes to do a Google search, your own personal computer will use more energy than Google uses to answer your query.
      Recently, though, others have used much higher estimates, claiming that a typical search uses “half the energy as boiling a kettle of water” and produces 7 grams of CO2. We thought it would be helpful to explain why this number is many times too high.

    • Juste un truc sur la critique des technologies : les erreurs ou approximations de Cédric Biagini ne peuvent pas discréditer toute approche prudente sur le développement de tel ou tel nouvel objet susceptible de modifier profondément notre environnement, de la même manière que les errements de PMO sur la société ne modifient en rien la justesse de leurs alertes sur les nanotechnologies.

      Pour les drones comme pour les liseuses on peut au minimum être sceptique ou évoquer un principe de précaution. Il semblerait que le rouleau compresseur des évolutions technologiques puisse dorénavant s’imposer avant même qu’on ait pu se poser la question de leur nocivité potentielle.

      Heureusement qu’on n’a pas demandé aux opposants aux nucléaires des années 70 d’avoir le niveau de connaissance d’un ingénieur nucléaire pour s’opposer à la prolifération nucléaire, ou aux opposants aux OGM d’être des biologistes.

    • Au Metropolitan Museum of Art à New York, le prix d’entrée est libre. La caisse affiche le prix « conseillé » de 25 dollars mais on paye ce qu’on veut. Comment - sur 25 dollars - calculé le coût réel :) ?

      Moi j’ai proposé 10 dollars, le caissier m’a tiré une gueule longue comme Manhattan. J’en déduis que mon prix proposé ne couvrait pas les frais réels, donc.

    • @ari tout à fait d’accord : ces erreurs ne devraient discréditer que leurs auteurs (et leurs fan-clubs). Mais on risque toujours d’être affaibli quand ses alliés écrivent des bêtises. On prend aussi le risque de les répéter si personne ne fait jamais attention, au prétexte qu’on serait d’accord globalement avec le fait d’être critiques.

      Pour le reste de ta remarque, je suis mitigé : bien sûr, il faut défendre le droit pour tout un chacun de porter une critique contre un système technique ou juridique complexe, sans nécessairement être un spécialiste du domaine. Mais ceux qui s’érigent en leaders d’opinion doivent à leurs lecteurs de faire un minimum d’effort de véracité et d’honnêteté dans l’information qu’ils leur apportent. La mauvaise foi et l’approximation sont des poisons politiques.

    • @intempestive : un argument de plus pour « Le papier, l’avenir des sites participatifs d’info locale » cf. http://seenthis.net/messages/160905 Quand t’animes un site, c’est parfois rageant de voir la ventilation des visites par rubrique thématique. Genre la rubrique « antifascisme » versus la rubrique « écologie ».

    • @thibnton, je mets #plook lorsque cela recroise la philosophie de ce petit CMS sous GPL que j’ai moi-même conçu et codé il y a dix ans.
      Mon but était multiple :
      – dépenser le moins de ressources possibles
      – afficher rapidement les pages si la liaison était sans adsl
      – être facile pour tous pour l’installation ou la rédaction
      – permettre un accès direct aux fichiers sans nécessiter de bdd
      – être multilingue
      – peser moins de 100ko
      Comme d’autres ont repris l’idée de plook (en 2004 les CMS avaient toujours une base de données) avec des perspectives de dropbox et que le ministère français de l’industrie m’a refusé son aide financière pour continuer à le développer correctement (nan je blague, je suis au RSA), je garde ce tag quand cela m’évoque ses principes.

      http://plook.fr

    • @aude_v @fil, @ari, à propos des coûts énergétiques, ce récent documentaire :
      http://seenthis.net/messages/268666

      Les échelles sont tellement énormes et les acteurs, patrons, mairies, qui promeuvent les datacenters sont tellement eux-mêmes explicitement et ouvertement d’accord que ça dépense un max d’électricité, que je ne saisis pas l’intérêt de savoir exactement combien coûte telle ou telle requête. Se battre à propos de ça est à mon avis une perte de temps.

  • David Graeber L’« anthropologue anarchiste » et sa monumentale étude sur l’histoire de la dette

    http://www.rue89.com/2013/10/11/jai-lu-graeber-dette-depuis-balade-banquier-246437

    « Qu’est-ce qu’une #dette, en fin de compte ? Une dette est la perversion d’une promesse. C’est une promesse doublement corrompue par les mathématiques et la violence. »

    De la #monnaie grecque (Classical Numismatic/CC)
    Et ce passage de la promesse à sa perversion commence avec les pièces de monnaie.

    La différence entre le #crédit et la monnaie sonnante et trébuchante, c’est que les pièces peuvent êtres volées et personne ne demandera d’où elles viennent.

    A la taverne du coin, la soldatesque aura du mal à faire accepter une ardoise. Si elle tend du flouze, le patron sera moins réticent. En temps de guerre, la confiance se fait rare, le crédit aussi. Les pièces de monnaie sont apparues dans le sillage des soldats.

    Pour Graeber, le processus est simple :

    pour nourrir une armée, il faut que les #soldats puissent acheter avec des pièces de la boustifaille sur des marchés ;
    pour cela, il faut créer des marchés – où les soldats pourront acheter des poules, des fruits, des légumes ;
    ce que font les conquérants en exigeant que les #taxes soient payées en pièces métalliques. L’or et l’argent étant acquis par la guerre, extraits des mines par des esclaves et distribués aux soldats ;
    pour obtenir ces pièces et payer les taxes, les peuples « occupés » sont donc forcés de vendre leurs poules, fruits et légumes aux #militaires ;
    bingo.
    Du coup, les #historiens font valser les périodes :

    en temps de paix, c’est la monnaie virtuelle qui prédomine (la confiance règne, on se fait crédit) ;
    en temps de #guerre, la monnaie « en dure » fait la loi (on préfère des pièces à une promesse).
    Les bons du Trésor américain, « un tribut impérialiste »

    L’#anthropologue va plus loin :

    « De fait, on pourrait interpréter l’ensemble de l’#Empire romain à son apogée comme une immense machine à extraire des métaux précieux, à les transformer en pièces de monnaie et à les distribuer à l’armée – tout en encourageant les populations conquises, par des politiques fiscales, à utiliser ces pièces dans leurs transactions quotidiennes. »

    Plus près de nous, la #Banque d’Angleterre a été créée lorsqu’un consortium de quarante marchands de Londres et d’Edimbourg a offert au roi Guillaume III un prêt de 1,2 million de livres pour l’aider à financer sa guerre contre la France.

    Bref, la monnaie – et la dette – auraient toujours à voir avec la violence et l’esclavage. Et Graeber de souligner, perfide, que les « bons du Trésor » émis par les Etats-Unis sont achetés par les pays placés sous leur protection militaire. Ne peut-on pas parler de « tribut » ?

    « Le système de bons du Trésor américain, par exemple, est un tribut impérialiste. Pendant la guerre froide, les Etats qui ont acheté la dette américaine n’étaient autres que l’Allemagne de l’Ouest, le Japon, la Corée du Sud, les pays du Golfe, tous sous protection américaine. A plusieurs reprises, l’Allemagne a essayé de se désengager de cette dette et, à chaque fois, les #Etats-Unis ont menacé de retirer leurs troupes de l’Allemagne de l’Ouest. Les bons du Trésor sont en réalité un impôt indirect qui finance le budget du Pentagone. »

    Au commencement, le troc. Au cœur de l’économie se nicherait un « penchant naturel à tous les hommes » qui « les porte à trafiquer, à faire des trocs et des échanges ». Le postulat d’#Adam_Smith est devenu une vérité acceptée.

    Selon cette thèse, la monnaie naît des difficultés pratiques posées par le troc. Si tu n’as pas besoin d’une vache en échange de tes poulets, je te les paie avec des pièces.

    Le crédit se développerait en dernier. Après le troc et la monnaie.

    « Historiquement, les marchés commerciaux sont nés du vol »

    Sauf que, selon #David_Graeber, c’est bidon. Personne n’a jamais vu une #société fonctionner ainsi. Les #échanges se font d’abord entre voisins. Les gens se connaissent, se font confiance. « Prends la vache si tu la veux ! » Même si c’est un non-dit, celui qui repart avec le bovidé sait qu’il en doit une à son voisin. Le crédit apparaît en premier. Vient ensuite la monnaie.

    Alors pourquoi les #économistes s’entêtent selon Graeber ?

    « L’inlassable récitation du mythe du troc, utilisée comme une incantation, est avant tout pour les économistes une façon de conjurer le risque de devoir regarder en face cette réalité. [...] Historiquement, les marchés commerciaux sont nés du vol. »

    Schématisons. Pour Graeber, c’est l’#esclavage, puis le #monnayage, qui en arrachant les personnes et les objets à leur contexte ont participé à faire émerger l’idée d’un #marché impersonnel traversé de rapports froids et mathématiques.

    Dette, 5000 ans d’histoire paru aux éditions Les Liens qui Libèrent

    #Economie #Anthropologie #Dette #Histoire #Finance #livre

    • L’avocate : « Quelle est votre position [sur la dette du Tiers-Monde, ndlr] ? »

      David Graeber : « La dette ? Nous voulons l’abolir [...]. Pour nous, trente ans de flux financiers des pays pauvres vers les riches, ça suffit ! »

      L’avocate (pourtant supposée gauchisante) : « Mais ils l’ont emprunté, cet argent. Il est clair qu’on doit toujours payer ses dettes. »

      L’air lui manque, ses mains deviennent moites, l’agacement pointe dans sa gorge. Ses arguments se bousculent :

      par la magie des intérêts composés, la somme empruntée par des dictateurs sous la pression des pays riches a déjà été remboursée « trois ou quatre fois » ;

      le FMI impose des coupes si drastiques que des gamins en crèvent ;

      le taux d’intérêt rémunère le risque de faire défaut fait partie du système.

      Elle, imperturbable : « Mais il faut rembourser ses dettes. »

      D’où la question qui tire toute la réflexion du livre :

      « [Qu’est-ce qui donne à cet énoncé (“il faut rembourser ses dettes”)] cette force morale capable de donner un air inoffensif et banal à des horreurs ? »

      Ce qui est dingue, c’est que la seule justification morale du prêt avec intérêt, c’est à dire la seule chose qui peut justifier le privilège des créanciers de prélever des intérêts, c’est l’idée que la faillite existe et que parfois un investisseurs peut perdre tout ou partie de son placement.

      Et là, pourtant la faillite est « l’impensé », « l’inenvisageable », « l’écueil ultime », qui fait qu’on est prêt à sacrifier les populations (rigueur, paupérisation..) pour épargner les créanciers opportunistes et imprudents, et rembourser la dette..
      A mettre en relation avec ça : http://seenthis.net/messages/183714#message183895 sur la nécessité de la banqueroute

      Mais non la banqueroute, la faillite c’est le tabou absolu, le blasphème plus fort encore que la spoliation, que l’expropriation : les capitalistes eux-mêmes (du FMI au Figaro...) envisagent leurs propres spoliation d’une partie de leurs capitaux plutôt qu’accepter l’idée d’un défaut de paiement envers nos créanciers, ou pire du retour de l’inflation, qui, comble de l’horreur, verrait les non-épargnants regagner du pouvoir d’achat par rapport aux épargnants...

      Mais existe-t-il des solutions douces de désendettement en dehors de l’inflation, la plus hypocrites de toutes ?

      http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2013/10/09/20002-20131009ARTFIG00524-le-fmi-propose-une-supertaxe-sur-le-capital.php

      #inféodation #soumission #capitulation

      Pour le reste, faillite ou spoliation, c’est la peste et le choléra, comme prévu la bulle explose, la chaine de Ponzi se disloque, bcp d’argent va partir en fumée..
      http://seenthis.net/messages/179510

    • David Graeber : « Le système capitaliste a terminé sa course. »
      http://ragemag.fr/david-graeber-systeme-capitaliste-termine-course-46632

      Eh bien on va vers une nouvelle crise financière, n’est-ce pas ? Rien n’a été réparé. On est à mi-chemin de la prochaine récession. Difficile d’imaginer que la prochaine crise économique ne sera pas aussi terrible que celle-ci, si ce n’est pire. C’est clair : le système capitaliste a terminé sa course. Il a un manque total pour imaginer une grande vision, une grandeur pour sauver le système, même dans les classes dirigeantes. Même si la survie de l’écosystème en dépend, il n’y a personne dans les classes dirigeantes qui a de vision pour le sortir de la crise. La raison à tout cela, c’est que le vrai projet politique des classes dirigeantes est une sorte de guerre contre l’imagination humaine.

  • Hommage à Rue 89 pour sa perspicacité éditoriale : un mois après les massacres de villages alaouites de la région de Lattaquié (massacres largement connus dès août dans toute la région, et désormais confirmés par un rapport d’HRW), le long « témoignage » d’un « étudiant » qui y aurait séjourné. Rien vu, rien entendu… Tu n’imagines pas l’admiration que j’ai pour ce genre de titres : Syrie : à Lattaquié, les restaurants sont pleins et les plages bondées (on a eu les mêmes cochonneries pendant la destruction du Liban en 2006, les mêmes pendant les bombardements sur Gaza…)
    http://www.rue89.com/2013/09/13/syrie-a-lattaquie-les-restaurants-sont-pleins-les-plages-bondees-245644

    Après deux ans de conflit, la grande ville de la côte, près du berceau de la famille Assad, reste calme. Témoignage d’un étudiant d’origine syrienne qui s’y est rendu.

  • La fausse interview de la femme de Manuel Valls : clic, clic, clic | Rue89
    http://www.rue89.com/2013/10/07/anne-gravoin-les-sites-attrape-clics-comment-dit-forcat-espagnol-246357

    Mais pourquoi se donner ce mal ? Une déclaration de Gravoin, et son démenti : deux attrape-clics. Les honorables filiales des maisons Lagardère, Dassault et Pigasse qui ont repris l’article espagnol n’auront rien fait d’autre que d’appliquer les règles en vigueur (à l’attention des élèves journalistes désireux de s’insérer dans le marché de l’emploi, ces règles sont esquissées ici ou ici).

    Est-ce la presse en ligne qui a inventé le système ? Non. « Une information, et son démenti, ça fait deux informations », disait Pierre Lazareff, immortel rédacteur en chef de France-Soir dans les années 60, et génial précurseur.

    Là où j’ai l’impression de ne pas vivre dans le même monde que certains, c’est que je n’avais entendu parler ni de la vraie-fausse interview, ni de son démenti...

  • La richesse mondiale a doublé depuis 2000 (et 9 autres chiffres révoltants) | Rue89
    http://www.rue89.com/2013/10/10/richesse-monde-crise-europe-choc-deux-rapports-246485

    Le groupe de services financiers Crédit suisse et la Croix-Rouge viennent chacun de sortir un rapport dont la lecture conjuguée est désespérante.

    Le premier (en anglais, PDF) fait un bilan statistique de la richesse mondiale. On apprend qu’elle « a plus que doublé depuis 2000, atteignant un nouveau record historique de 241 000 milliards de dollars ».

    Le deuxième (en anglais, PDF) parle des « impacts humanitaires de la crise économique en Europe » (42 pays étudiés dans l’Union européenne, les Balkans, l’Europe orientale). Il constate que « le nombre de personnes dépendant des distributions de nourriture de la Croix-Rouge dans 22 des pays concernés a augmenté de 75% entre 2009 et 2012 ».

    Quelques chiffres à retenir de ces deux rapports.

    > 46% du #patrimoine mondial est détenu par 1% des #ménages
    >25% de #travailleurs_pauvres en #Allemagne
    > #Europe où le #chômage des #jeunes dépasse 50%
    > 7e : la position de la #France dans la hiérarchie des plus gros #patrimoines moyens
    > 14% de la #population française sous le seuil de #pauvreté
    #économie

  • Le tueur agitait son pistolet, personne ne l’a vu : tout le monde était sur son smartphone | Une Vigie Rue89
    http://www.rue89.com/2013/10/09/tueur-agitait-pistolet-personne-vu-tout-monde-etait-smartphone-246430

    Le 23 septembre, un homme qui cherche visiblement à tuer quelqu’un au hasard, dans le métro de San Francisco, joue avec son pistolet. Il le lève, le remet contre sa hanche, le ressort plusieurs fois, se grattant même le nez avec la main qui tient l’arme.

    Mais personne ne le voit, constate la police sur les caméras. Tous les passagers ont les yeux sur leur smartphone ou leur tablette.

    #gorafi_encore_plagié

  • Travailler six semaines gratos pour Leclerc : j’ai craqué | Rue89
    http://www.rue89.com/2013/10/05/travailler-six-semaines-gratos-leclerc-jai-craque-246275

    Jérôme Chaufournais, directeur de l’hypermarché Leclerc d’Auxerre, confirme que le « drive » ouvert récemment recourt à la POE pour embaucher des préparateurs de commandes. Pendant six semaines, ces demandeurs d’emploi ne sont effectivement par rémunérés par l’entreprise mais indemnisés par le Pôle emploi.

    Six semaines de formation sont-elles véritablement nécessaires ?

    « Oui, mais évidemment au fil de l’eau la personne prend de l’autonomie. »

    Même pour être préparateur de commandes ?

    « Oui, mais je crois que nous allons nous arrêter là. »

    Encore un article à charge contre le #drive
    #supermarché #exploitation

  • La lettre déchirante de la maire de Lampedusa | Rue89

    http://www.rue89.com/2013/10/04/document-lettre-dechirante-maire-lampedusa-246298

    via @cdb_77

    Je suis la nouvelle maire des îles de Lampedusa et Linosa. [...] J’ai déjà reçu 21 cadavres de personnes noyées qui tentaient d’atteindre Lampedusa et pour moi c’est tout simplement insupportable.

    Pour Lampedusa, c’est un énorme fardeau de douleur. Nous avons dû demander de l’aide par le biais de la préfecture aux maires de la province afin de donner une sépulture digne à onze personnes parce que la commune n’avait plus de place disponible.

    J’en ferai d’autres, mais je retourne à tous une question : jusqu’où faudra-t-il agrandir le cimetière de mon île ?

    Je ne comprends pas qu’une telle tragédie puisse être considérée comme normale, comme s’il était possible de ne pas être obsédé chaque jour par l’idée, par exemple, que onze personnes dont huit très jeunes femmes et deux garçons de 11 et 13 ans meurent tous ensemble pendant un voyage qui aurait dû être pour eux le début d’une nouvelle vie.

    Le nombre des réfugiés s’élevait à 115 ; 76 n’ont pas été sauvés mais le nombre de morts que restitue la mer est toujours plus élevé.

    #lampedusa #migrations #asile

  • Nucléaire : Téhéran demande aux grandes puissances de faire de nouvelles propositions - Nucléaire iranien - RFI
    http://www.rfi.fr/moyen-orient/20131006-iran

    Paris réclame une nouvelle fois la « transparence » au sujet des installations nucléaires iraniennes. Un message de fermeté du ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius sur l’antenne d’Europe1 alors que dans neuf jours précisément doit se tenir à Genève une réunion sur ce dossier. Et c’est dans ce contexte que Téhéran multiplie les déclarations en jugeant que les dernières offres des grandes puissances ne tenaient plus.

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    L’histoire oubliée de Mordechai Vanunu, lanceur d’alerte israélien kidnappé par le Mossad
    http://www.rue89.com/2013/10/06/lhistoire-oubliee-mordechai-vanunu-lanceur-dalerte-israelien-kidnappe-mossad-

    Libération sous conditions

    Fervents opposants au nucléaire, les Américains Nick et Mary Eoloff adoptent Mordechai Vanunu en 1997 et lui rendent visite en prison. L’année suivante, il quitte enfin la cellule d’isolement où il a été confiné depuis son incarcération. Vanunu y passera quatre mois de plus pour des infractions mineures avant d’être libéré sur parole en 2004. Le condamné promet de ne plus dire un mot à la presse et de ne pas quitter le territoire. Mais en 2010, Vanunu outrepasse ces conditions et écope à nouveau d’une peine de trois mois de prison.

    Aujourd’hui libre, Mordechai Vanunu est le premier Israélien à avoir demandé à bénéficier de la nouvelle loi dite de « révocation de la citoyenneté israélienne ». Elle permet à la Cour suprême d’Israël de destituer de leur nationalité les Israéliens condamnés pour traîtrise ou espionnage. En 2012, invoquant un vice de procédure, la Cour suprême a refusé d’accéder à sa demande.

    https://www.youtube.com/watch?v=z6Aq24Q2xXc

    #Hassan Rohani #Iran #Nucléaire #Mordechai Vanunu #israel

  • Seins « parfaits » : qu’ils soient gros ne suffit plus
    http://www.rue89.com/2013/10/06/seins-parfaits-quils-soient-gros-suffit-plus-246341
    L’idéal de beauté, comme son nom l’indique, est une éternelle course à l’insatisfaction.

    Ils doivent désormais être fermes, hauts, sans rides, avec le téton rose, bien dessiné ou saillant. Certes, l’augmentation mammaire reste à ce jour l’acte de chirurgie esthétique le plus répandu en France. Mais ça ne suffit plus.

    Jusqu’où les femmes à travers le monde sont-elles prêtes à aller pour avoir de « beaux » seins ? Tour d’horizon en huit exemples édifiants.

  • Le président iranien Rohani : 140 signes sous un turban | Rue89
    http://www.rue89.com/2013/10/04/president-iranien-rohani-140-signes-sous-turban-246295

    Non seulement Rohani parle anglais, mais il parle le globish-twitto-texto des ados d’occident. Le « tweet » de Rohani, c’est l’accordéon de Giscard, les McDo d’Obama, les exploits sportifs de Poutine. Il n’y manque que les « LOL », les « MDR », et le « smiley ». Accessoirement, il est permis de constater que Rohani ne promet rien, strictement rien. Mais c’est tellement bien dit.

    #Iran #Twitter #propagande
    Amusant de voir comment au jeu de la #coolitude sur Twitter, Obama est en train de se faire donner des leçons pas le président iranien...
    Voir aussi : http://www.rue89.com/2013/09/28/obama-rouhani-parlent-bataille-photos-246144

  • Rythmes des élites, rythmes du peuple (Changer l’École !)
    http://lioneljeanjeau.canalblog.com/archives/2013/10/01/28130779.html

    Plus généralement, on notera le statut social tout à fait singulier des détracteurs de la réforme […] : beaucoup d’enseignants, des cadres, des professions libérales. Des gens qui ont en commun, presque tous, de ne pas être présents à la sortie de l’école pour récupérer leurs enfants et s’en occuper, déléguant cela à du personnel plus ou moins rémunéré, à une nounou ou à une quelconque structure de garde.

    […] les familles de milieux favorisés se placent, pour dénoncer la réforme, sur le terrain de la qualité des activités proposées, pas assez satisfaisantes pour leur progéniture. Sur le terrain, également, de l’organisation familiale : comment continuer à faire du Poney ou de la musique si l’école empiète sur les horaires des activités extra-scolaires ? Les familles populaires, elles, sont satisfaites de la réforme, car aussi médiocres que soient les activités aux yeux de certains enseignants ou parents, elles ont le mérite d’exister et d’ouvrir les enfants sur des univers et des cultures auxquels ils n’auraient pas accès sans l’école. Et Marylin Baumard de conclure par cette phrase saisissante de simplicité, sur un sujet si complexe : « la France qui crie haro sur la réforme des rythmes scolaires n’est pas celle pour qui cette réforme a le plus de sens. Comme il a été plus difficile pour les villes qui avaient une offre périscolaire riche de tout chambouler, il est plus difficile pour les familles qui offraient des activités à leurs enfants de tout réorganiser ». En d’autres termes - et je souscris tout à fait à ce point de vue - les difficultés de la réforme des rythmes seraient des problèmes de riches.

    On retrouve ici un thème qui m’est cher : les élites (et parmi elles les enseignants), attaquent une réforme dont ils sentent bien, confusément ou plus nettement, qu’elle ne leur est pas favorable, qu’elle ne sert pas leurs intérêts personnels ("intérêts de classe", dirais-je si j’étais marxiste). Tout ce qui va dans le sens d’une plus grande égalité des élèves (au delà de l’hypocrite égalité « des chances ») est battu en brèche par ceux à qui elle risque à terme de porter ombrage. La question des rythmes scolaires est donc - aussi - un des multiples aspects d’une difficulté récurrente de l’institution scolaire : celle de la défense, sans doute inconsciente, d’avantages de situation, dans le grand jeu de la reproduction intellectuelle et sociale. En d’autres termes, pourquoi changer ce qui nous a réussi, et/ou réussira à nos enfants ?

    #éducation #école #réforme_rythmes_scolaires #enseignants #inégalités

  • Des frites et du ketchup à partir de la même plante | Rue89
    http://www.rue89.com/2013/10/02/frites-ketchup-a-partir-meme-plante-246253

    Rien à voir avec les manipulations génétiques. Il se trouve que les tomates et les pommes de terre font partie de la même famille, les #solanacées. Le nom savant de la pomme de terre est solanum tuberosum, celui de la tomate est solanum lycopersicum.

    Ben j’aurais appris ça aujourd’hui dis donc.

  • Le réchauffement et la petite Fiona | Rue89
    http://www.rue89.com/2013/10/03/rechauffement-petite-fiona-246262

    Des articles, des reportages, des comptes-rendus, mais avez-vous senti le débat électriser le système tout entier, comme d’autres sujets ? Avez-vous vu les directs haletants des envoyés spéciaux attendant d’heure en heure la publication du rapport ? Avez-vous vu d’insolents reporters poursuivre les dirigeants politiques dans les couloirs pour leur extorquer une réaction ? Avez-vous entendu les auditeurs interpeller les ministres aux radios du matin, comme sur les Roms, le travail du dimanche, ou la qualité des garderies du mercredi ?