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  • Prix de l’énergie : les litiges explosent, selon le Médiateur latribune.fr

    La part des litiges liés aux changements de prix de l’énergie a doublé sur un an, de 8% à 16%. Néanmoins, le nombre total de litiges enregistrés, tous sujets confondus, par le médiateur par rapport à 2021 est demeuré stable (30.558 litiges reçus) mais « cette stabilité masque des situations contrastées », insiste-t-il dans un communiqué.

    La crise de l’énergie enflamme les relations entre clients et fournisseurs. Dans son bilan publié ce mardi, le Médiateur de l’énergie constate, sans surprise, que les litiges sur les questions de prix ont doublé en 2022, dans un contexte d’explosion des cours du gaz et de l’électricité, selon un bilan publié ce mardi 30 mai.

    « Les hausses sans précédent des prix de l’énergie ont été souvent répercutées par certains fournisseurs de façon peu transparente, voire incompréhensible ou trompeuse, occasionnant une forte augmentation de ce type de litiges : la part des litiges liés à des changements de prix a doublé par rapport à 2021 (de 8 à 16%) » , pointe-t-il.

    Les mauvais élèves pointés du doigt
    Le Médiateur, qui a pour habitude de pointer publiquement les mauvais élèves, a ainsi dégainé plusieurs « cartons rouges » pour l’occasion à destination d’un certain nombre de fournisseurs : #Ohm_Energie#Gaz_de_Bordeaux , #Mint_Energie , #Mega_Energie et #Wekiwi .
    Quatre  « mauvaises pratiques tarifaires » sont notamment dénoncées chez certains : des prix non connus au moment où l’énergie était consommée dans des offres indexées sur les prix de marché, des contrats qui ne permettent pas de bénéficier du bouclier tarifaire (notamment chez Gaz de Bordeaux), des modifications de contrats en cours,  « sans donner une information loyale et transparente » , et surtout de fortes hausses de prix peu après la souscription d’offres à des prix très attractifs.

    Le nombre total de litiges reste stable
    Néanmoins, le nombre total de litiges enregistrés, tous sujets confondus, par le médiateur par rapport à 2021 est demeuré stable (30.558 litiges reçus) mais « cette stabilité masque des situations contrastées », insiste-t-il dans un communiqué. Contrairement aux litiges sur les prix, les litiges plus classiques ont été moins nombreux l’an dernier à cause de l’amélioration du traitement des plaintes par la plupart des fournisseurs, du déploiement des compteurs communicants ou de l’arrêt provisoire du démarchage.

    « Pour améliorer le fonctionnement du marché, je publierai à la rentrée un guide des recommandations de bonnes pratiques, rédigé en concertation avec l’ensemble des acteurs du secteur de l’énergie », a assuré le Médiateur Olivier Challan Belval dans le communiqué.

    Des factures en forte hausse
    Les factures d’électricité des ménages dans l’Union européenne ont bondi de 20% sur un an au second semestre 2022, tandis que leurs factures de gaz s’envolaient de 46%, atteignant des niveaux record à cause de la guerre en Ukraine, selon des chiffres d’Eurostat publiés fin avril. Sur la période allant de juillet à décembre 2022, les prix de l’électricité pour les ménages ont atteint en moyenne à travers l’UE 28,4 euros pour 100 kWh, soit un bond de 21% par rapport à la même période de 2021, a indiqué l’office européen des statistiques.

    Une conséquence de la flambée des prix de gros de l’électricité, de facto indexés sur le coût de production de la dernière centrale utilisée pour équilibrer l’offre et la demande, le plus souvent une centrale au gaz. Or, les cours du gaz naturel se sont envolés à mesure que la Russie cessait ses livraisons à l’Europe. Eurostat souligne cependant de fortes disparités entre les pays, ainsi que les impacts divers des mesures de soutien prises par les gouvernements nationaux. La part des taxes dans les prix de l’électricité a ainsi été diminuée quasiment de moitié en Europe.

    Au second semestre, les plus fortes hausses sur un an ont été enregistrées en Roumanie (+112%), République tchèque (+97%), Danemark (+70%), Lituanie (+65%) et Lettonie (+59%). A l’inverse, des augmentations bien plus modérées ont été constatées en Autriche, Allemagne, Pologne et Bulgarie (4 à 5%). La hausse en France s’établit à 9%. Exprimés en euros, les prix moyens de l’électricité pour les ménages ont varié d’environ 11 euros/100 kWh en Hongrie et en Bulgarie, à environ 45 euros en Belgique et 59 euros au Danemark.

    De même, les factures de gaz des ménages de l’UE se sont en moyenne établies à 11,4 euros pour 100 kWh au second semestre 2022, contre 7,8 euros un an plus tôt. Les pays de l’Est, très dépendants du gaz russe, ont été lourdement touchés : les prix du gaz ont plus que triplé en République tchèque, bondi d’environ 160% en Roumanie et en Lettonie, et ils ont doublé en Lituanie comme en Belgique. Seuls deux pays (Croatie et Slovaquie) ont enregistré des hausses inférieures à 20%, selon Eurostat.

    Source : https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/energie-environnement/les-litiges-lies-au-prix-de-l-energie-explose-selon-le-mediateur-963961.ht

    #ue #union_européenne #énergie #inflation #prix #électricité #france #gaz #politique #économie #europe #edf #capitalisme

  • Plus de 3 000 migrants sont morts en mer en 2021 en tentant de rejoindre l’Europe, selon l’ONU
    https://www.lemonde.fr/international/article/2022/04/29/plus-de-3-000-migrants-sont-morts-en-mer-en-2021-en-tentant-de-rejoindre-l-e

    Plus de 3 000 migrants sont morts en mer en 2021 en tentant de rejoindre l’Europe, selon l’ONU
    Ce bilan est en forte augmentation par rapport à 2020, selon le Haut-Commissariat pour les réfugiés, qui appelle à des « alternatives » pour éviter les périples meurtriers.
    Le Monde avec AFP
    Publié le 29 avril 2022 à 13h35 - Mis à jour le 29 avril 2022 à 14h09
    Plus de 3 000 migrants tentant de rejoindre l’Europe sont morts en mer l’année dernière, deux fois plus qu’en 2020, a annoncé, vendredi 29 avril, l’ONU, qui veut des « alternatives » à ces fuites désespérées et dangereuses.
    « Sur ce total, 1 924 personnes ont été déclarées mortes ou disparues sur les routes de la Méditerranée centrale et occidentale, tandis que 1 153 autres ont péri ou ont été portées disparues sur la route maritime de l’Afrique du Nord-Ouest vers les îles Canaries », a déclaré à Genève une porte-parole de l’agence de l’ONU pour les réfugiés (HCR), Shabia Mantoo. En 2020, 1 544 décès avaient été signalés pour les deux routes. « Fait alarmant, depuis le début de l’année, 478 personnes supplémentaires ont péri ou ont été portées disparues en mer », a relevé Mme Mantoo.
    Selon le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés, la pandémie de Covid-19 et les fermetures de frontières qui en ont découlé ont eu un impact sur les flux migratoires, de nombreux réfugiés et migrants se tournant vers des passeurs pour tenter de rejoindre malgré tout l’Europe.
    Dans un rapport publié vendredi, le HCR relève notamment que 53 323 personnes sont arrivées par la mer en Italie l’an dernier, soit 83 % de plus qu’en 2020, et 23 042 sont arrivées dans les îles Canaries, presque autant qu’en 2020.Il y a par ailleurs eu une augmentation de 61 % des départs en mer depuis la Tunisie l’an dernier par rapport à 2020, et de 150 % depuis la Libye. Les départs depuis l’Algérie n’ont en revanche que très légèrement augmenté (+ 3 %).La plupart des traversées en mer se font à bord de bateaux gonflables bondés et en mauvais état, souligne le HCR. Nombre de ces embarcations se dégonflent ou chavirent, entraînant la mort des occupants. « Le voyage en mer depuis les Etats côtiers d’Afrique de l’Ouest, tels que le Sénégal et la Mauritanie, et les îles Canaries est long et périlleux et peut durer jusqu’à dix jours, a souligné la porte-parole du HCR, lors d’un point de presse régulier des agences de l’ONU à Genève. De nombreux bateaux ont dévié de leur route ou ont disparu sans laisser de traces dans ces eaux. »La Méditerranée centrale est la route de migration la plus meurtrière au monde, avec plus de 17 000 morts et disparitions enregistrées depuis 2014 par le Projet Migrants Disparus de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).Le HCR assure que les voies terrestres peuvent se révéler également être très dangereuses pour les migrants, et estime qu’un nombre encore plus important qu’en mer de personnes ont pu mourir au cours de leur périple, notamment en traversant le désert du Sahara ou lorsqu’ils sont détenus en captivité par les trafiquants ou des passeurs.La mort n’est pas le seul danger qui menace les réfugiés et migrants, a relevé Mme Mantoo. Ils sont également victimes de nombreuses violations des droits de l’homme : exécutions extrajudiciaires, détentions illégales et arbitraires, violences sexuelles, travail forcé, esclavage, mariage forcé…A l’occasion de la publication de ses statistiques, le HCR a lancé un appel de fonds pour 163,5 millions de dollars pour pouvoir aider et protéger des milliers de réfugiés et d’autres personnes qui tentent de rejoindre l’Europe en passant par les voies maritimes dangereuses de la Méditerranée centrale et occidentale et de l’Atlantique. L’organisation appelle les gouvernements à élaborer des « alternatives » pour que les réfugiés et migrants n’aient pas à se lancer dans des périples qui les mettent à merci des trafiquants ou mettent leur vie en danger.

    #Covid-19#migrant#migration#sante#pandemie#frontiere#routemigratoire#mediterranee#UE#OIM#HCR#refugie#violence#canaries#afriquedelouest#senegal#mauritanie#libye#algerie

  • En Inde et au Pakistan, des risques de pénuries d’électricité du fait d’une intense canicule
    https://www.lemonde.fr/international/article/2022/04/29/en-inde-et-au-pakistan-des-risques-de-penuries-d-electricite-du-fait-d-une-i

    A Calcutta, dans l’est de l’Inde, après des malaises en série dans les transports en commun, de l’eau sucrée a été distribuée aux passagers. « Sans pluie depuis plus de 57 jours, Calcutta est en proie à la plus longue période de sécheresse de ce millénaire », affirme Sanjit Bandyopadhyay du centre météorologique régional.

    A cette époque de l’année, dans les régions d’altitude de l’Etat de l’Himachal Pradesh, de la pluie, de la grêle et même de la neige tombent normalement, mais depuis deux mois, pas une goutte d’eau et les températures battent des records.

    En conséquence, des centaines d’incendies ont réduit des forêts de pins en cendres, notamment autour de Dharamsala, la ville où réside le dalaï-lama. « La plupart de ces incendies sont des feux de terre qui se propagent dans les forêts de pins, les plus vulnérables aux incendies », explique à l’Agence France-Presse (AFP) le chef des forêts de l’Etat, Ajay Srivastava. « Des équipes de pompiers travaillent d’arrache-pied pour éteindre ces feux et aussi pour sauver les animaux sauvages », a-t-il ajouté, en précisant que les secours avaient dû demander l’aide des riverains.

  • Covid-19 en Chine : à Shanghaï, les autorités durcissent encore leur politique d’enfermement maximal
    https://www.lemonde.fr/international/article/2022/04/27/covid-19-a-shanghai-les-autorites-durcissent-encore-leur-politique-d-enferme

    Covid-19 en Chine : à Shanghaï, les autorités durcissent encore leur politique d’enfermement maximal
    Par Simon Leplâtre (Shanghaï, correspondance)

    RécitAprès un mois de confinement drastique, les autorités de la mégalopole chinoise sont prêtes à tout pour faire baisser le nombre de nouveaux cas. L’application aléatoire de mesures extrêmes épuise les habitants, dont la seule sortie quotidienne autorisée est pour faire un test PCR. Mme Ren, 34 ans, ne s’attendait pas à recevoir la visite de la police le 22 avril : « Ils sont arrivés à minuit pour nous dire que, parce qu’il y avait beaucoup de cas dans notre résidence, nous serions tous envoyés à l’isolement, témoigne la jeune femme. Dimanche, nous avons tous dû enfiler des combinaisons intégrales et nous avons été mis dans un bus avec une quarantaine de voisins, vers 16 heures. On est arrivés à destination sept heures plus tard, sans la moindre pause. Pour faire nos besoins, on nous avait distribué des couches. Dans le bus, il y avait une femme enceinte de sept mois, une personne âgée de plus de 80 ans et un enfant de 5 ans », raconte-t-elle.Enfin arrivés à destination, ils apprennent qu’ils se trouvent à Bengbu, dans la province chinoise Anhui, à 500 kilomètres au nord-ouest de Shanghaï. Ils posent leurs valises dans un ancien hôtel transformé en centre de quarantaine deux ans plus tôt, au début de la pandémie de Covid-19. (...)
    Après un mois de confinement drastique, les autorités de Shanghaï sont prêtes à tout pour faire baisser le nombre de nouveaux cas de Covid-19. L’objectif est simple : que 100 % des cas contacts se trouvent à l’isolement, de sorte que le virus ne circule plus au sein de la communauté. Pour ce faire, les responsables n’hésitent pas à envoyer des quartiers entiers en quarantaine, parfois dans des provinces voisines. Shanghaï dispose de plus de 300 000 places d’isolement collectif. Mercredi, 12 309 nouveaux cas ont été recensés, après un pic à plus de 27 000 cas mi-avril. Mais la route pour revenir à un niveau acceptable est encore longue, car les autorités centrales le martèlent ces dernières semaines : la Chine n’est pas prête à vivre avec le virus, et seule la politique zéro Covid est correcte. Ces dernières semaines, des villes sont mises sous cloche pour quelques cas seulement.
    A Shanghaï, les autorités emploient le slogan d’« embarquer tous ceux qui doivent être embarqués » (« yingshou jinshou »), utilisé également dans le cadre de campagnes contre le terrorisme au Xinjiang. Plusieurs séries de mesures ont été annoncées depuis dix jours : renforcement des contrôles routiers, désinfection des résidences et installation de détecteurs sur les portes des personnes positives, en attendant de les envoyer en centres d’isolement. Samedi 23 avril, la pression est encore montée d’un cran, avec l’apparition de barrières métalliques autour de certaines résidences et bâtiments ayant enregistré des cas depuis moins de sept jours. Une directive du nouveau district de Pudong, dans l’est de la ville, précisait samedi que les barrières doivent utiliser un grillage assez large pour permettre d’effectuer les tests en passant les écouvillons au travers, pour éviter d’avoir à ouvrir les grilles, et que des agents de sécurité devraient monter la garder 24 h sur 24 autour de ces bâtiments.
    Dans la ville, la frustration grandit : « Je refuse de descendre faire les tests depuis qu’ils ont mis ces grillages en bas de chez moi », témoigne une habitante du district de Pudong. De plus en plus d’habitants tentent ainsi de désobéir, à la fois par crainte que les tests soient des vecteurs de transmission du virus, et par colère contre les restrictions sans fin dont ils sont victimes. Au point que les autorités diffusent des menaces par SMS : « Rappel amical : les personnes qui ne se soumettent pas aux tests verront leur code de santé changer au jaune », ont été avertis mardi les habitants du district de Huangpu. Les codes QR de santé sont verts quand tout va bien, jaunes pour les cas suspects, et rouges pour les cas confirmés. Perdre son code vert peut avoir des conséquences lourdes, notamment en cas de demande d’accès à des hôpitaux.Gabrielle Gaillard est une jeune Française installée dans le centre de Shanghaï depuis deux ans. Mardi, vers minuit, elle a reçu un message de son comité de résidents lui demandant son numéro de passeport, en prévision du déplacement de tous les habitants de sa ruelle dans un hôtel pour une période de cinq jours. « Après le départ des habitants négatifs, la ruelle sera entièrement désinfectée », indique le message. Gabrielle hésite, sa résidence de 80 habitants compte déjà une dizaine de cas : « Ce n’est pas une solution de transférer tout le monde, on risque de s’infecter entre nous ! Ce matin à 8 heures, ils ont commencé à emmener les voisins. Quand j’ai demandé plus d’information sur l’hôtel où ce serait situé, on m’a dit que ce ne serait sans doute même pas à Shanghaï
    Outre les mesures extrêmes, c’est le caractère aléatoire de leur application qui épuise les habitants, maintenus dans une incertitude permanente. Début avril, Gabrielle Gaillard a tout fait pour envoyer son chien chez un ami à Pékin, parce qu’une habitante de sa ruelle placée en centre d’isolement avait dû abandonner ses deux chats chez elle. Vingt jours plus tard, elle n’est toujours pas revenue à son domicile : « Les voisins ont cherché à porter assistance aux deux animaux, mais il y a un scellé sur sa porte, nous avons interdiction formelle de rentrer, et ses fenêtres ne sont pas accessibles. On ne sait pas dans quel état sont les chats », déplore-t-elle. Dans d’autres communautés, les comités de quartier sont plus compréhensifs et laissent les voisins intervenir. De même, certains patients positifs peuvent rester à l’isolement chez eux, alors que la plupart sont envoyés dans des centres d’isolement aux conditions spartiates.
    Cette courte sortie donne un aperçu du climat qui règne dans la ville. Si la plupart des habitants sont résignés, certains craquent : enfermé derrière une grille érigée deux jours plus tôt, un quadragénaire trapu, armé d’un tuyau en plastique, frappe tout ce qui passe à sa portée en hurlant : « Je n’ai plus un sou pour vivre ! Et tout ce que vous faites pour nous, c’est de nous envoyer faire des tests. » Sur le chemin du retour, on croise un homme, la cinquantaine, réfugié avec quelques couvertures sous le porche d’un restaurant pour s’abriter de la pluie. Il fait partie des milliers de gardiens placés en faction à l’entrée de chaque ensemble résidentiel de la ville. Mais son dortoir a connu plusieurs cas, alors lui et ses camarades dorment dehors en ce moment : « Mei banfa, dit-il en soupirant (On n’y peut rien). »

    #Covid-19#migrant#migration#chine#shangai#zerocovid#expatrie#isolement#quarantaine#test#dortoir#politique#confinement

  • Refoulements en mer Egée : les recensements erronés ou mensongers de #Frontex
    https://www.lemonde.fr/international/article/2022/04/27/refoulements-en-mer-egee-les-recensements-errones-ou-mensongers-de-frontex_6

    …l’agence européenne de gardes-frontières Frontex a enregistré dans sa base de données plusieurs dizaines de refoulements illégaux comme de simples opérations de « prévention au départ » depuis la Turquie, entre mars 2020 et septembre 2021.

    C’est ce qui ressort d’un fichier interne à Frontex que Le Monde et ses partenaires se sont procurés par le biais d’une demande d’accès public à un document administratif. Toutes les opérations de l’agence sont répertoriées dans cette base de données, baptisée « JORA » (Joint Operations Reporting Application). Y sont consignées aussi bien les interceptions de migrants que les saisies de marchandises de contrebande et les interpellations de passeurs. Des informations détaillées (comprenant l’heure et la date des faits, le nombre de personnes concernées et, parfois, un résumé) fournies à l’agence par les Etats membres.

    […]

    En croisant les données de JORA avec des rapports d’associations ou encore des comptes rendus des gardes-côtes turcs, il apparaît que, dans 22 cas au moins, qui représentent 957 migrants, ceux-ci ont été retrouvés dérivant en mer dans des canots de survie gonflables, sans moteur. D’après des photos que Le Monde et ses partenaires ont pu authentifier, ces canots, de couleur orange, correspondraient à des modèles achetés par le ministère de la marine grec, via un financement de la Commission européenne. Ce qui tendrait à prouver que les migrants ont accédé aux eaux grecques avant d’être refoulés illégalement.

    En outre, à plusieurs reprises, l’enquête a établi que les #migrants avaient atteint les côtes grecques avant d’être retrouvés par les gardes-côtes turcs, dérivant en mer. Ils auraient de cette manière été empêchés de demander l’asile en Grèce, une pratique contraire au #droit_international.

    #crimes

    • Inside Frontex: Die geheime Datenbank der EU – und was sie damit vertuscht

      Die Grenzbehörde der EU war in illegale Pushbacks von Hunderten, wahrscheinlich sogar Tausenden Flüchtlingen in der Ägäis involviert. Die illegalen Praktiken klassifizierte sie regelmässig falsch und verhinderte so ihre Aufklärung.

      Sie hatten es geschafft. In den frühen Morgenstunden des 28. Mai 2021 landete eine Gruppe von Männern, Frauen und Kindern an einem Strand nördlich des Dorfs Panagiouda auf der griechischen Insel Lesbos. Um 3 Uhr in der Nacht waren sie an der türkischen Küste in ein Gummiboot gestiegen, um die Überfahrt nach Europa zu wagen.

      Ganz vorne im hoffnungslos überfüllten Boot hatte Aziz Berati Platz genommen, ein 44-jähriger Mann aus Afghanistan, der mit seiner Frau und seinen Kindern im Alter von 6 und 8 Jahren nach Europa fliehen wollte. Seine Familie hatte es schon ein paar Mal versucht, aber sie war immer gescheitert. An diesem Morgen Ende Mai jedoch war die Familie ihrem Ziel, Asyl in Europa zu beantragen, so nah wie noch nie.

      Die Sonne stand noch nicht am Himmel, als die Flüchtenden griechischen Boden betraten. Sofort teilte sich die Gruppe auf und floh in ein Wäldchen, das rund 200 Meter vom Strand entfernt war. Eigentlich hätten die Flüchtenden das Recht gehabt, in Griechenland um Asyl zu ersuchen. Aber sie fürchteten, die griechische Polizei könnte sie aufgreifen und in die Türkei zurückschaffen.

      Sie sollten recht behalten.

      Einem kleineren Teil der Gruppe gelang die Flucht bis in ein Asylcamp. Aber 32 Personen wurden von uniformierten Männern entdeckt, festgenommen, in Kleinbusse gesteckt und an einen anderen Strand gefahren.

      Aziz Berati vermutet, die Männer seien bereits über ihre Ankunft im Bild gewesen, so schnell waren sie aufgetaucht. Sie trugen dunkle Uniformen ohne Abzeichen, waren maskiert und mit Pistolen bewaffnet, sagt Berati. Sie hätten ihnen alle Habseligkeiten abgenommen: Taschen, Pässe, selbst die Spielsachen der Kinder. Später, als sie auf ein Schiff der griechischen Küstenwache gebracht worden waren, wurden sie noch einmal durchsucht. Dort wurde ihnen auch das Geld abgenommen, das sie versteckt hatten.

      «Wir hatten Angst», sagt Berati heute. «Die Kinder weinten. Aber die Männer sagten uns, wir dürften nicht reden.»

      Wer ein Handy versteckt hielt oder in unerlaubter Weise den Kopf hob, steckte Schläge von den maskierten Männern ein. Ein Mann, der es wagte, mit seiner Frau zu sprechen, schickte der Republik ein Bild seines zerschundenen Beins: Eine blutige Fleischwunde zeugt davon, wie schwer er verprügelt wurde. Einige Smartphones entdeckten die maskierten Männer nicht. Die Fotos schickten die Flüchtenden der NGO Aegean Boat Report, die Menschenrechts­verstösse in der Ägäis sammelt. Sie belegen die mutmasslich schweren Menschenrechts­verletzungen dieses Tages.

      Aziz Berati erzählt, die vermummten Männer hätten ihnen vorgegaukelt, sie würden sie wegen der Covid-Pandemie zuerst in ein Isolations­camp bringen. «Sie sagten, wenn die Isolation zu Ende ist, würden sie uns in ein Flüchtlings­camp schicken.»

      Auf die Frage, ob er ihnen geglaubt habe, lächelt Berati schwach: «Nein.»
      Nur eine «Verhinderung der Ausreise»?

      Der Fall der 32 Migrantinnen, die Lesbos erreichten, aber trotzdem in die Türkei zurückgeschafft wurden, ist ein klarer Fall eines illegalen Pushbacks.

      Auch die europäische Grenzagentur Frontex hatte vom Vorfall Kenntnis und speicherte ihn in ihrer internen Datenbank namens Jora, was für «Joint Operations Reporting Application» steht. In der geheimen Datenbank werden alle Zwischenfälle an den EU-Aussengrenzen minutiös festgehalten. Den Fall vom 28. Mai 2021 legte Frontex allerdings nicht als Pushback ab, sondern unter dem irreführenden und verharmlosenden Begriff prevention of departure – «Verhinderung der Ausreise».

      Der Pushback vom 28. Mai 2021 ist nur ein Beispiel von vielen, welche die Republik in einer gemeinsamen Recherche mit «Lighthouse Reports», der «Rundschau» von SRF, dem «Spiegel» und «Le Monde» aufgedeckt und verifiziert hat.

      Erstmals haben die Medienpartner dabei die interne Frontex-Datenbank Jora auswerten können – und sie mit Datenbanken der türkischen Küstenwache sowie solchen von NGOs abgeglichen. Zudem analysierten sie geleakte Frontex-Dokumente, befragten Überlebende und sprachen vertraulich mit Quellen bei Frontex und Küstenwachen.

      Die Recherche zeigt: Frontex war in illegale Pushbacks von mindestens 957 Menschen beteiligt, die zwischen März 2020 und September 2021 in Europa Schutz suchten. Überwachungs­flugzeuge und Schiffe von Frontex entdeckten die Flüchtenden in Schlauchbooten und informierten die griechische Küstenwache, welche sie auf aufblasbare Rettungs­flosse ohne Motor setzte und auf offenem Meer in türkischen Gewässern zurückliess – eine Praxis, die selbst in einem Frontex-internen Untersuchungs­bericht kritisiert wurde.

      Als Pushbacks gelten staatliche Massnahmen, bei denen Schutzsuchende zurückgedrängt werden, ohne dass ihnen das Recht auf ein Asylverfahren gewährt wird. Pushbacks verstossen etwa gegen das Verbot von Kollektiv­ausweisungen, das in der Europäischen Menschenrechts­konvention festgeschrieben ist; und sie können auch das Non-Refoulement-Prinzip berühren, wonach niemand in ein Land geschickt werden darf, wo ihm ein ernsthaftes Risiko unmenschlicher Behandlung droht.

      In mindestens zwei Fällen waren die Asylsuchenden, darunter Frauen und Kinder, bereits auf einer griechischen Insel gelandet und wurden danach verbotenerweise in türkischen Gewässern ausgesetzt.

      Selbst diese eindeutig rechtswidrigen Fälle sind in der Frontex-Datenbank unter dem Titel «Verhinderung der Ausreise» abgelegt. Zwei Quellen bei Frontex bestätigen, dass illegale Pushbacks in der Ägäis in der Datenbank Jora regelmässig als «Verhinderung der Ausreise» eingetragen wurden.

      Frontex selbst hat stets bestritten, an den illegalen Pushbacks beteiligt zu sein. Die Grenzagentur sagt auf Anfrage: «Frontex gewährleistet und fördert die Achtung der Grundrechte bei all seinen Grenzschutz­aktivitäten. Die Grundrechte stehen im Mittelpunkt aller Aktivitäten der Agentur.» (Die komplette Stellungnahme finden Sie am Ende des Beitrags.)

      Die griechische Küstenwache hält fest, dass die Kategorie «Verhinderung der Ausreise» gewählt werde, wenn die türkische Küstenwache sich um «Zwischen­fälle in ihrer Jurisdiktion kümmere». Das beinhalte auch Fälle, bei denen Flüchtlings­boote von sich aus in türkische Gewässer zurückkehrten, um den Griechen auszuweichen. Sie verweigert die Beantwortung von Fragen, die unter anderem auf türkischen Belegen basieren, da die türkischen Behörden systematisch versuchten, «die immense humanitäre Arbeit der griechischen Küstenwache zu beschädigen». Bezüglich des Pushbacks vom 28. Mai 2021 halten die griechischen Behörden fest, dass die beschriebenen Vorkommnisse nie stattgefunden hätten. (Die komplette Stellungnahme finden Sie am Ende des Beitrags.)

      Medienberichte erhöhten den Druck auf den Frontex-Chef

      Die Zahl der illegalen Pushbacks in der Ägäis hatte im Frühling 2020 markant zugenommen. Das war kein Zufall: Nachdem der syrische Diktator Bashar al-Assad mithilfe Russlands die Angriffe in der Region um Idlib verstärkt hatte, waren in den ersten Monaten des Jahres Zehntausende, wenn nicht Hunderttausende in die Türkei geflüchtet. Doch der türkische Staatschef Recep Erdoğan sagte am 29. Februar 2020: «Es ist nicht unsere Aufgabe, uns um so viele Flüchtlinge zu kümmern.» Er kündigte das vier Jahre vorher abgeschlossene Migrations­abkommen mit der EU auf und öffnete die Grenzen zu Europa.

      Auch aus diesem Grund machten sich im Frühling 2020 immer mehr Menschen über die Ägäis nach Griechenland auf – und wurden immer wieder mit illegalen Pushbacks zurück in die Türkei getrieben.

      Allerdings nahmen gleichzeitig kritische Recherchen und Berichte über Pushbacks und andere Menschenrechts­verletzungen in der Ägäis zu. Vor allem eine Recherche, welche die Investigativ­plattform «Bellingcat» im Oktober 2020 mit «Lighthouse Reports» veröffentlichte, sollte Frontex noch länger beschäftigen.

      Auch wegen der zahlreichen Medienberichte wuchs der Druck auf Frontex und auf Fabrice Leggeri. Der 54-jährige Franzose ist seit 2015 Direktor und der starke Mann der EU-Grenzbehörde.

      Es war der 10. November 2020, als Leggeri sich, seinen Ruf und sein Amt wegen der Pushback-Vorwürfe vor dem höchsten Frontex-Gremium, dem Verwaltungsrat, verteidigen musste. Seither ist die Kritik an ihm nur noch grösser geworden.

      An der Videokonferenz an jenem Tag nahmen rund dreissig Frontex-Verwaltungsräte, ein halbes Dutzend EU-Beamtinnen sowie Leggeri selbst teil. Auch eine Schweizer Vertretung war an der ausserordentlichen Sitzung anwesend, so wie bei allen Sitzungen des Verwaltungsrats. Zum Meeting gedrängt hatte die Kommission der Europäischen Union, die sich nicht nur um den Ruf ihrer Grenzbehörde sorgte, sondern auch – oder vor allem – um den eigenen.

      Es bestehe ein «hohes Reputationsrisiko», sagte eine EU-Beamtin gemäss dem geheimen Protokoll der Konferenz. Dieses und die Protokolle zahlreicher weiterer Verwaltungsrats­sitzungen von Frontex liegen der Republik vor.

      Leggeri stellte an der Konferenz drei Dinge klar:

      Erstens: Frontex habe die sechs Pushbacks, über die «Bellingcat» berichtet hatte, abgeklärt.

      Zweitens: Der Bericht enthalte kaum Fakten. Namentlich zum genauen zeitlichen Ablauf der Vorfälle gebe es keine Angaben.

      Drittens: Es lasse sich nicht folgern, dass Frontex von den Pushbacks gewusst habe – und dass die Behörde in diese verwickelt gewesen sei.

      Das alles geht aus einer Präsentation hervor, die Frontex für die Verwaltungsrats­sitzung vom 10. November 2020 erstellt hatte, sowie aus dem Protokoll dazu. Darin steht geschrieben: «Der Exekutiv­direktor von Frontex bekräftigte, dass es zum gegenwärtigen Zeitpunkt keine Hinweise auf eine direkte oder indirekte Beteiligung der Frontex-Mitarbeiter oder des von den Mitgliedstaaten entsandten Personals an Pushback-Aktivitäten gibt.»

      Leggeris damalige Aussagen wirken heute wie ein Hohn. Oder wie eine Lüge. Denn zumindest in zwei Fällen, über die «Bellingcat» berichtet hat, bestätigen jetzt die Einträge in der Datenbank Jora, dass Frontex – entgegen Leggeris Äusserungen – in die Pushbacks involviert war.

      Leggeri schilderte an diesem Tag seinen Verwaltungsräten auch, wie es im März 2020 zu den Spannungen zwischen der EU und der Türkei kam, wie diese die Menschen plötzlich nicht mehr daran hinderte, nach Europa überzusetzen, und wie sich so «in zwei bis drei Tagen fast 100’000 Personen der EU-Grenze genähert» hätten.

      Dieses Muster kennt man von ihm:

      Leggeri verweist auf eine drohende Massenflucht nach Europa.

      Leggeri bestreitet, dass es Pushbacks gibt. Oder, wenn dem alle Fakten entgegenstehen, dass Frontex in Pushbacks verwickelt ist.

      Leggeri geht Hinweisen auf Pushbacks kaum nach. Ja, noch mehr: Er lässt zu, dass seine Behörde Pushbacks vertuscht.

      Mit anderen Worten: Alles deutet darauf hin, dass dem starken Mann von Frontex die Wahrung der Grundrechte nicht wichtig ist. Oder jedenfalls weniger wichtig als die Sicherung der europäischen Aussengrenze und die Abschottung Europas.

      Was das Vertuschen der Pushbacks in den Jahren 2020 und 2021 begünstigte, war das Meldesystem von Frontex, das mittlerweile angepasst worden sein soll. Damals funktionierte es wie folgt:

      Ein griechischer Beamter erfasste jeden Vorfall an der Grenze zur Türkei in der Frontex-Datenbank Jora. Dort trug er die Eckdaten des Falls ein und ordnete ihn einer der rund dreissig Kategorien zu – etwa der Kategorie «Illegaler Grenzübertritt», «Menschenhandel», «Warenschmuggel», «Asylantrag» oder eben «Verhinderung der Ausreise». Anschliessend prüften zwei weitere griechische Beamte sowie eine Frontex-Mitarbeiterin den Eintrag und segneten ihn ab. Zuletzt landete der Eintrag in der Frontex-Zentrale in Warschau, wo die Jora-Einträge vor allem für statistische Zwecke genutzt werden, etwa für sogenannte Risiko­analysen.

      Nur: Eine Kategorie «Grundrechts­verletzung» oder «Pushback» gab es in der Datenbank nicht. Auch aus diesem Grund klassifizierten die Beamten von Griechenland und der EU die Pushbacks in der Ägäis kurzerhand als «Verhinderung der Ausreise».

      Das führte selbst innerhalb von Frontex zu Kritik. So sagte die interimistische Grundrechts­beauftragte an der Verwaltungsrats­sitzung vom 10. November 2020, sie erachte die Klassifizierung von Pushbacks als «Verhinderung der Ausreise» als «fragwürdig». In einem anderen internen Frontex-Dokument spricht sie davon, dass sie mit dem Begriff «nicht einverstanden» sei, und stellte die Kategorie in einem Fall infrage.

      Auch eine Frontex-interne Untersuchungs­gruppe hatte Kenntnis von der fragwürdigen Praxis. In ihrem Bericht vom 1. März 2021 zu mutmasslichen Pushbacks bezeichnete sie diese Klassifizierung in zwei Fällen, in denen sich die Geflüchteten bereits in griechischen Gewässern befanden, als «widersprüchlich».

      Europäische Grenzbeamte, welche die griechischen Kollegen im Rahmen der Frontex-Operation Poseidon unterstützten, hatten eine andere Möglichkeit, mutmassliche Menschenrechts­verletzungen an Frontex zu melden: als sogenannte serious incidents – «schwerwiegende Vorfälle».

      Dabei gab es vier Unterkategorien. Eine davon: «Mögliche Verletzung von Grundrechten und von internationalen Schutz­verpflichtungen». Diese Fälle sollten in der Regel bei der Menschenrechts­beauftragten von Frontex landen, was allerdings nicht in jedem Fall geschieht.

      Tatsächlich machten europäische Grenzwächter denn auch sehr selten von dieser Möglichkeit Gebrauch. So landeten für das ganze Jahr 2020 lediglich zehn schwerwiegende Zwischenfälle auf dem Tisch der Frontex-Grundrechts­beauftragten; wie viele davon Menschenrechts­verletzungen betrafen, wies Frontex öffentlich nicht aus. In einem internen Dokument der Grundrechts­beauftragten heisst es, acht Fälle hätten Grundrechts­verletzungen betroffen. Das Dokument liegt der Republik vor.

      Mehr noch: Im Dezember 2020 leitete das Europäische Amt für Betrugs­bekämpfung (Olaf) eine Untersuchung gegen Frontex ein. Dabei geht es um Betrugsvorwürfe gegen drei Frontex-Kaderleute, im Zentrum steht der Direktor Fabrice Leggeri. In der Zwischenzeit ist diese abgeschlossen und der Bericht fertig. Aber er bleibt bis auf weiteres unter Verschluss.

      Die niederländische EU-Parlamentarierin Tineke Strik, die über die Untersuchungs­ergebnisse informiert worden ist, sagt: «Olaf fand mehrere Fälle, bei denen serious incident reports über mutmassliche Pushbacks nicht an den Grundrechts­beauftragten von Frontex weitergeleitet worden waren.»

      Spätestens an dieser Stelle ist ein kurzer Exkurs ins Grund-, Asyl- und EU-Recht nötig. Die europäische Grenzbehörde Frontex verteidigte ihr Vorgehen nämlich immer wieder mit dem Verweis auf die EU-Verordnung 656/2014. Deren Artikel 6 sei rechtliche Grundlage dafür, dass Griechenland Boote mit Asylsuchenden in die Türkei zurückdrängen dürfe.

      Allerdings stehen dieser Verordnung zahlreiche andere Rechtsnormen entgegen. Die wichtigste: die Allgemeine Erklärung der Menschenrechte, welche die Uno 1948 verabschiedet hat. In deren Artikel 14 heisst es: «Jeder hat das Recht, in anderen Ländern vor Verfolgung Asyl zu suchen und zu geniessen.»

      Rechtswissenschaftlerinnen aus dem In- und Ausland erklären, dass eine Bestimmung des Völkerrechts selbstredend wichtiger sei als eine aus einer EU-Verordnung. Frontex selbst weist hingegen auf ein noch ungeklärtes Verhältnis zweier unterschiedlicher Rechtsnormen hin, gewissermassen ein juristisches Schlupfloch, womit Pushbacks nicht in jedem Fall illegal seien.

      Die Juristin Nula Frei ist Expertin für Migrations- und Europarecht an der Universität Fribourg. Sie sagt: «Sobald eine Person irgendwie zu erkennen gibt, dass sie Schutz braucht, muss man ihr die Möglichkeit geben, in ein Asylverfahren hineinzukommen.»

      Würden die Migrantinnen aus Griechenland in die Türkei zurückgedrängt und auf Rettungsinseln ausgesetzt, sei das nicht nur ein Pushback, «es ist auch noch ein Aussetzen in einer Notlage, was völkerrechtlich höchst problematisch ist».
      Neun Frontex-Sitzungen, eine Schweizer Äusserung

      Am 2. März 2022 warben Bundesrat Ueli Maurer und Bundesrätin Karin Keller-Sutter an einer Medienkonferenz in Bern für Frontex. Die Grenzbehörde der EU soll in den nächsten fünf Jahren von rund 1500 auf rund 10’000 Beamte ausgebaut werden; dafür braucht es eine deutliche Erhöhung des Budgets auf mehr als fünf Milliarden Franken.

      Weil die Schweiz Schengen- und damit auch Frontex-Mitglied ist, soll sie 61 Millionen Franken an diesen Ausbau zahlen. Das Parlament hatte den Beitrag im letzten Oktober bewilligt. Weil ein Komitee aber das Referendum ergriff, kommt die Vorlage am 15. Mai zur Abstimmung.

      Wer Ueli Maurer am 2. März reden hörte, staunte nicht schlecht. In der Vergangenheit hatte sich der SVP-Bundesrat kaum je für Grund- und Menschenrechte eingesetzt. Dieses Mal schon. Zu den Pushbacks von Frontex sagte er: «Es gibt da nichts zu beschönigen. Es gab hier Verstösse, die wir nicht akzeptieren wollen und nicht akzeptieren können.»

      Genau aus diesem Grund aber müsse die Schweiz, so Maurers überraschendes Argument, bei Frontex mitmachen und sich am Ausbau beteiligen: «Wir versuchen hier alles, um die Qualität zu stärken. Die Frage des Referendums ist vielleicht einfach die: Schauen wir weg, Augen zu, Ohren zu und Mund zu (…), oder greifen wir dort mit ein und setzen uns dort für Verbesserungen ein, wo das notwendig ist? Ich glaube, die Rolle der Schweiz ist es, für diese Verbesserungen zu sorgen.»

      Noch deutlicher wurde am 2. März Marco Benz, der Grenzbeamte des Bundes, der die Schweiz im Verwaltungsrat von Frontex vertritt. «Im Management-Board», sagte er, «werden diese Themen wie insbesondere die Einhaltung des Grundrechts­schutzes permanent thematisiert.» Dort habe die Schweiz die Möglichkeit, ihre Anliegen einzubringen. «Und das ist ein zentrales Anliegen der Schweiz, dass ebendieser Grundrechts­schutz eingehalten wird.»

      Überdies betonte Benz, dass eine Vertreterin der Schweiz Mitglied der Frontex-Arbeitsgruppe war, die verschiedene Pushback-Fälle aufarbeitete.

      Was Benz nicht sagte: Die Arbeitsgruppe kam nur wegen der Pushback-Vorwürfe der Medien zustande. Und sie hatte bloss einen sehr beschränkten Auftrag. Ziel der Untersuchungs­gruppe war es laut internen Sitzungs­protokollen, Klarheit über die Vorfälle zu schaffen. Dagegen war eine «Interpretation, ob das richtig oder falsch war», ausdrücklich unerwünscht, wie es im Mandat der Untersuchungs­gruppe heisst.

      Entsprechend fiel das Ergebnis aus: 8 von 13 Vorfällen wurden bereits in einem vorläufigen Bericht ausgesondert. Bei 6 davon begründete die Untersuchungs­gruppe den Ausschluss damit, dass sich die Vorfälle in türkischen Küstengewässern abgespielt hätten und damit nicht als potenzielle Grundrechts­verletzung infrage kämen.

      Eine zumindest streitbare Behauptung, da man davon ausgehen kann, dass die Flüchtenden, die häufig in überfüllten und seeuntauglichen Booten über die Ägäis fuhren, in Europa Asyl beantragen wollten, aber in vielen Fällen vor Grenzübertritt von Frontex entdeckt und von der griechischen Küstenwache daran gehindert wurden.

      Dass die griechische Küstenwache dabei auch zu fragwürdigen Methoden greift, zeigt ein Zwischenfall, der sich am 27. Juli 2020 ereignete.

      An diesem Tag entdeckte ein dänischer Helikopter, der im Rahmen der Joint Operation Poseidon die Ägäis überwachte, in den frühen Morgenstunden ein Gummiboot, das sich in griechischen Gewässern südlich der Insel Chios befand. Die griechische Küstenwache übernahm den Fall, nahm die Migrantinnen auf dem Boot aber nicht an Bord, sondern drängte sie ab und verständigte die türkischen Kollegen, die sie zurück in die Türkei brachten.

      Die Griechen sollen daraufhin die Dänen aufgefordert haben, ihren Bericht so zu ändern, dass sie das Flüchtlings­boot nicht in griechischen, sondern in türkischen Gewässern entdeckt hätten, womit – zumindest in den Augen von Frontex und der griechischen Küstenwache – kein Pushback vorläge.

      Die Dänen aber weigerten sich und reichten einen serious incident report ein mit Verdacht auf eine mutmassliche Grundrechts­verletzung.

      Die Griechen stritten das ab (die Flüchtenden hätten von sich aus den Kurs in Richtung Türkei geändert) und verteidigten sich damit, es habe ein Missverständnis in der Kommunikation vorgelegen.

      Auch diesen Fall legte Frontex in der internen Datenbank Jora als «Verhinderung der Ausreise» ab.

      Und obwohl die griechische Küstenwache ihren Fallbeschrieb in der internen Datenbank Mitte Februar aufgrund des serious incident report anpasste und präzisierte, kam die Frontex-interne Untersuchungs­gruppe, der auch die Schweizer Vertreterin angehörte, zum Schluss: Man habe den Fall nicht ausreichend klären können.
      Grossflächig geschwärzte Dokumente

      Auch im Frontex-Verwaltungsrat hielt sich das Engagement der Schweiz für die Wahrung der Menschen­rechte in engen Grenzen. Im Jahr 2020, als es in der Ägäis zu zahlreichen Pushbacks kam, tagte das Management-Board neun Mal. Die Schweizer Vertretung äusserte sich aber lediglich vereinzelt zu Grundrechtsfragen.

      Einmal geschah das an der Sitzung vom 10. November 2020. Im Protokoll dazu heisst es: «Die Schweiz sagte, dass alle Anschuldigungen in den Medien sehr ernst genommen werden sollten (…). Sie vertrat die Auffassung, dass der weitere Umgang mit diesen Vorwürfen eine klare Strategie erfordert, da sonst das Image der Agentur leiden könnte.» Es ging um Grundrechte – aber vor allem um den Ruf von Frontex.

      Das Bundesamt für Zoll und Grenzsicherheit (BAZG) sagt auf Anfrage, diese Darstellung sei «grundlegend falsch». Auf Nachfrage präzisiert die Bundesbehörde, sie habe sich zu späteren Zeitpunkten im Jahr 2021 und auch im laufenden Jahr «wiederholt zum Thema Grundrechte geäussert», sich direkt an Frontex-Direktor Leggeri gewandt und «schriftliche Eingaben» gemacht. Die Interventionen seien jedoch «vertraulich und können nicht herausgegeben werden». «Schliesslich geben wir zu bedenken, dass sich Grundrechts­politik nicht anhand von Sitzungsberichten qualifizieren lässt.»

      Was die Recherche der Republik und ihrer Partnermedien zeigt: Bei Frontex und deren Mitgliedstaaten blieb vieles lang im Dunkeln.

      Dieser Eindruck wurde durch die Schweizer Behörden zumindest nicht entkräftet. Die Republik hatte das BAZG schon vor mehreren Monaten um Einsicht in Dokumente gebeten, welche die Rolle der Schweiz in der EU-Grenzbehörde beleuchten. Dazu stellte die Republik ein umfassendes Gesuch im Rahmen des Öffentlichkeits­gesetzes und forderte Einblick in Einsatzpläne, Korrespondenzen, Aktennotizen, Einsatz­berichte, Arbeits­verträge, Unterlagen zum Schweizer Engagement in Sachen Menschenrechte.

      Vordergründig gab sich die Behörde auskunftsbereit und lud mehrmals zu Treffen, um das Gesuch einzugrenzen, zu präzisieren und letztlich einfacher bewältigbar zu machen. Tatsächlich aber rückte es bis jetzt nur einzelne und zudem grossflächig geschwärzte Dokumente heraus.

      Die Schweizer Rolle in Frontex – sie bleibt in einer Blackbox.
      Noch einmal zurück zum 28. Mai 2021

      Am 28. Mai 2021, kurz nach 13 Uhr, erblickte Aziz Berati ein Schiff der türkischen Küstenwache. Es war kurz zuvor darüber verständigt worden, dass ein Rettungs­floss im Meer treibe. Auf einem Bild, das die türkische Küstenwache später veröffentlichte, ist Berati auf dem Rettungsfloss zu sehen, gemeinsam mit einem seiner Kinder. Eine Person hielt die Hand in die Höhe: Hilfe!

      Kurz darauf machten drei Männer der türkischen Küstenwache das Floss an ihrem Schiff fest. Sie trugen schwarze Schutzanzüge, Handschuhe und blaue Mützen. Dann holten sie einen kleinen Jungen vom Boot. Er war vielleicht drei Jahre alt.

      Es folgten weitere Kinder, Frauen, Männer: 32 Personen insgesamt, die frühmorgens von der Türkei nach Lesbos aufgebrochen und es geschafft hatten.

      Trotzdem verwehrte man ihnen das Recht auf ein Asylverfahren in Europa. Stattdessen wurden sie festgenommen, unter Vorspiegelung falscher Tatsachen weggebracht und schliesslich auf offenem Meer ausgesetzt.

      Die türkische Küstenwache meldete den Fall als Pushback. So wie sie es fast jeden Tag tut.

      Frontex hingegen deklarierte den Fall als «Verhinderung der Ausreise». So wie sie es sehr häufig tut.

      Ein Offizier der griechischen Küstenwache sagt dazu: «Warum nennen sie es nicht einfach Pushbacks und bringen es hinter sich?»

      Aziz Berati lebt heute mit seiner Familie in der Türkei. Bisher hat er die Flucht nicht wieder gewagt. Noch nicht.

      Wenn er an den 28. Mai 2021 denkt, wird er wütend und traurig. Man habe ihn, seine Familie und seine Begleiterinnen unmenschlich behandelt – «bloss weil wir illegal über die Grenze gehen wollten».

      «Es ist kein Verbrechen, Schutz zu suchen», sagt Berati. «Sie hätten sich wenigstens anständig verhalten können, uns mit ein wenig Menschlichkeit begegnen.»

      Beratis Kinder weinten, als die griechischen Küstenwächter die Migrantinnen aufforderten, über eine grosse Leiter auf ein Rettungsfloss zu steigen. Sie hatten Angst. Ein Mann wollte sich weigern, da stiessen ihn die Küstenwächter, sagt Berati. Er wäre beinahe ins Wasser gefallen.

      Dann trieben die Menschen rund zwei Stunden auf offenem Meer – ohne Sonnenschutz, ohne Gepäck, ohne Motor.

      https://www.republik.ch/2022/04/27/inside-frontex-die-geheime-datenbank-der-eu

      #push-backs #refoulements #asile #migrations #réfugiés #Frontex #Egée #mer_Egée #Grèce #prévention_au_départ #statistiques #Joint_Operations_Reporting_Application #JORA #base_de_données #opération_Poseidon #mensonge

  • Boris Johnson annonce avoir signé un accord avec Kigali pour envoyer des demandeurs d’asile au #Rwanda

    Ce projet, susceptible de s’appliquer à toutes les personnes entrées illégalement sur le territoire, a suscité des réactions scandalisées des organisations de défense des droits humains.

    Le premier ministre britannique, Boris Johnson, a décidé de durcir la politique migratoire du Royaume-Uni, en prenant une décision pour le moins controversée. Le Royaume-Uni a annoncé, jeudi 14 avril, avoir pour projet d’envoyer au Rwanda des demandeurs d’asile arrivés illégalement, espérant ainsi dissuader les traversées clandestines de la Manche, qui sont en pleine augmentation.

    Ce projet, susceptible de s’appliquer à toutes les personnes entrées illégalement sur le territoire, d’où qu’elles viennent (Iran, Syrie, Erythrée…), a suscité des réactions scandalisées. Des organisations de défense des droits humains ont dénoncé son « inhumanité ». L’opposition a jugé que le premier ministre tentait de détourner l’attention après l’amende qu’il a reçue pour une fête d’anniversaire en plein confinement. Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a, de son côté, fait part de « sa forte opposition » :

    « Les personnes fuyant la guerre, les conflits et les persécutions méritent compassion et empathie. Elles ne devraient pas être échangées comme des marchandises et transférées à l’étranger pour être traitées. »
    Un projet chiffré à 144 millions d’euros

    Alors que M. Johnson avait promis de contrôler l’immigration, un des sujets-clés dans la campagne du Brexit, le nombre de traversées illégales de la Manche a triplé en 2021, année marquée notamment par la mort de vingt-sept personnes dans un naufrage à la fin de novembre. Londres reproche régulièrement à Paris de ne pas en faire assez pour empêcher les traversées.

    « A partir d’aujourd’hui (…), toute personne entrant illégalement au Royaume-Uni ainsi que celles qui sont arrivées illégalement depuis le 1er janvier pourront désormais être transférées au Rwanda », a annoncé le dirigeant conservateur dans un discours dans le Kent (sud-est de l’Angleterre). Le Rwanda pourra accueillir « des dizaines de milliers de personnes dans les années à venir », a-t-il ajouté, décrivant ce pays d’Afrique de l’Est comme l’un des « plus sûrs du monde, mondialement reconnu pour son bilan d’accueil et d’intégration des migrants ».

    En vertu de l’accord annoncé jeudi, Londres financera dans un premier temps le dispositif à hauteur de 144 millions d’euros. Le gouvernement rwandais a précisé qu’il proposerait la possibilité « de s’installer de manière permanente au Rwanda [à ces personnes si elles] le souhaitent ».

    Désireux de regagner en popularité avant des élections locales le mois prochain, M. Johnson et son gouvernement cherchent depuis des mois à conclure des accords avec des pays tiers où envoyer les clandestins en attendant de traiter leur dossier.
    Le contrôle de la Manche confié à la marine

    « Notre compassion est peut-être infinie, mais notre capacité à aider des gens ne l’est pas », a déclaré M. Johnson, qui anticipe des recours en justice contre le dispositif. « Ceux qui essaient de couper la file d’attente ou d’abuser de notre système n’auront pas de voie automatique pour s’installer dans notre pays mais seront renvoyés de manière rapide et humaine dans un pays tiers sûr ou leur pays d’origine », a-t-il ajouté.

    Les migrants arrivant au Royaume-Uni ne seront plus hébergés dans des hôtels, mais dans des centres d’accueil, à l’image de ceux qui existent en Grèce, avec un premier centre « ouvrant bientôt », a annoncé M. Johnson.

    Dans le cadre de ce plan, qui vient compléter une vaste loi sur l’immigration actuellement au Parlement et déjà critiqué par l’Organisation des Nations unies (ONU), le gouvernement confie dès jeudi le contrôle des traversées illégales de la Manche à la marine, équipée de matériel supplémentaire. En revanche, il a renoncé à son projet de repousser les embarcations entrant dans les eaux britanniques, mesure décriée côté français.
    Les ONG scandalisées

    En envoyant des demandeurs d’asile à plus de 6 000 kilomètres du Royaume-Uni, Londres veut décourager les candidats à l’immigration, toujours plus nombreux : 28 500 personnes ont effectué ces périlleuses traversées en 2021, contre 8 466 en 2020, selon des chiffres du ministère de l’intérieur.

    Amnesty International a critiqué « une idée scandaleusement mal conçue » qui « fera souffrir tout en gaspillant d’énormes sommes d’argent public », soulignant aussi le « bilan lamentable en matière de droits humains » du Rwanda.

    Daniel Sohege, directeur de l’organisation de défense des droits humains Stand For All, a déclaré à l’Agence France-Presse que l’initiative du gouvernement était « inhumaine, irréalisable et très coûteuse », recommandant plutôt d’ouvrir des voies d’entrée au Royaume-Uni « plus sûres » car celles qui existent sont « très limitées ».

    https://www.lemonde.fr/international/article/2022/04/14/londres-a-signe-un-accord-avec-kigali-pour-envoyer-des-demandeurs-d-asile-au

    #Angleterre #UK #asile #migrations #réfugiés
    #offshore_asylum_processing

    –-

    ajouté à la métaliste sur les différentes tentatives de différentes pays européens d’#externalisation non seulement des contrôles frontaliers, mais aussi de la #procédure_d'asile dans des #pays_tiers
    https://seenthis.net/messages/900122

    et ajouté à la métaliste sur la mise en place de l’#externalisation des #procédures_d'asile au #Rwanda par l’#Angleterre (2022) :
    https://seenthis.net/messages/900122

    • UN Refugee Agency opposes UK plan to export asylum

      Following public announcements made today, UNHCR, the UN Refugee Agency, expressed strong opposition and concerns about the United Kingdom’s plan to export its asylum obligations and urged the UK to refrain from transferring asylum seekers and refugees to Rwanda for asylum processing.

      “UNHCR remains firmly opposed to arrangements that seek to transfer refugees and asylum seekers to third countries in the absence of sufficient safeguards and standards. Such arrangements simply shift asylum responsibilities, evade international obligations, and are contrary to the letter and spirit of the Refugee Convention,” said UNHCR’s Assistant High Commissioner for Protection, Gillian Triggs.

      “People fleeing war, conflict and persecution deserve compassion and empathy. They should not be traded like commodities and transferred abroad for processing.”

      UNHCR urged both countries to re-think the plans. It also warned that instead of deterring refugees from resorting to perilous journeys, these externalization arrangements will only magnify risks, causing refugees to seek alternative routes, and exacerbating pressures on frontline states.

      While Rwanda has generously provided a safe haven to refugees fleeing conflict and persecution for decades, the majority live in camps with limited access to economic opportunities. UNHCR believes that wealthier nations must show solidarity in supporting Rwanda and the refugees it already hosts, and not the other way around.

      The UK has an obligation to ensure access to asylum for those seeking protection. Those who are determined to be refugees can be integrated, while those who are not and have no other legal basis to stay, can be returned in safety and dignity to their country of origin.

      Instead, the UK is adopting arrangements that abdicate responsibility to others and thus threaten the international refugee protection regime, which has stood the test of time, and saved millions of lives over the decades.

      The UK has supported UNHCR’s work many times in the past and is providing important contributions that help protect refugees and support countries in conflicts such as Ukraine. However, financial support abroad for certain refugee crises cannot replace the responsibility of States and the obligation to receive asylum seekers and protect refugees on their own territory – irrespective of race, nationality and mode of arrival.

      While UNHCR recognizes the challenges posed by forced displacement, developed countries are host to only a fraction of the world’s refugees and are well resourced to manage claims for asylum in a humane, fair and efficient manner.

      https://www.unhcr.org/news/press/2022/4/62585e814/un-refugee-agency-opposes-uk-plan-export-asylum.html

    • The Border is a Colonial Wound: The Rwanda Deal and State Trafficking in People

      The border is a “colonial wound” that is designed for #bordering and #ordering#b/ordering – of the racialised and illegalised people by any means. The UK’s Nationality and Borders Bill and its subsequent offshore detention deal to deport people desperately seeking refugee to Rwanda is enactment of this exclusive b/ordering regime. One does not need to read between the lines to understand the objectives of the UK’s so-called “#Arrangement” with Rwanda as set out in article 2.1 and 2.2 of the #Memorandum_of_Understanding:

      2.1 The objective of this Arrangement is to create a mechanism for the relocation of asylum seekers whose claims are not being considered by the United Kingdom, to Rwanda, which will process their claims and settle or remove (as appropriate) individuals after their claim is decided…

      2.2 For the avoidance of doubt, the commitments set out… do not create or confer any right on any individual, nor shall compliance with this Arrangement be justiciable in any court of law by third-parties or individuals.

      These b/ordering arrangements pushes refugees and people seeking asylum into spaces of exception and extra-legality through a discriminatory policing at national (e.g., the Nationality and Borders Bill) and bilateral (e.g., the Memorandum of Understanding between the UK and Rwanda) levels. It does so in newly designated detention spaces like Manston, like the mandatory dispersal to Local Authorities announced at the same time as the Rwanda deal, and expansion of the securitised detention estate. Without doubt, these b/ordering arrangements have already become sources of ambivalence, anxiety and uncertainty. They are a source of terror to those who wish to seek asylum and are already arrayed in a precarious state. And if you had seen our direct messages as the announcement was leaked to the press and the fear expressed you can be in no doubt that the aim of terrorising people already placed in highly vulnerable immigration statuses is having a chilling effect.

      John Vine, the UK’s First Independent Chief Inspector of Borders cand Immigration, speaking on Sky News after the Prime Minister’s announcement of the Migration and Economic Partnership Deal with Rwanda, underscored the costs, not only economically, which have been calculated as far exceeding the cost of placing people in the Ritz, but the costs to the human body and the body politic. Deportation can only be affected by using often violent restraint and against the will of the individual. Jimmy Mbenga is the name every activist in the anti-deportation sector holds close when thinking of the ways restrains are effected on the deportees body, with the danger of asphyxiation. Nicolas Proctor’s as inspector of the Australian detention estate, where such off shoring mechanisms have been long in use, writes of the exponential rise in suicide and self harm under such conditions of deportation and detention. The deal is the official instigation of necropolitics, long written of by Achille Mbembe, but now instituted in ‘deals’ and ‘schemes’ and very likely indeed, unless prevented by the House of Lords, to be enacted into law.

      Indeed, the goal of the new national and bilateral arrangements is to create “discounted bodies” or ‘bodies at the limits of life, trapped in uninhabitable worlds and inhospitable places’. In this case, uninhabitability and inhospitality are designed and deliberate. The intention is simply to hold life in a permanent ‘state of injury’ outside any realms of protection and political intelligibility. Whether it be rendering people inadmissible through the legislation or “processing” them in offshore containment spaces, they all amount to necropolitical experimentation.

      Behrouz Boochani’s multi award winning book No Friend But The Mountains documents the destituting of human beings in such centres as the UK has now chosen to replicate. Even more so, his extraordinary film, Chauka, Please Tell Us The Time,

      ‘After a year or two years I found out that the journalism language is not powerful enough to tell the suffering and to tell the history of this prison, and what Australian government is doing in this island’, said Boochani.

      A chauka is a small bird native to Manus Island and is also the name of the high-security prison within the camp. The chauka is a symbol of the island and allows locals to tell the time from the chauka’s regular singing.In a sinister twist, it is pronounced the same as the English word “choker.”

      On April 15, the U.K. joined Australia in becoming a state that traffics people, destituting the bodies and lives of those who claim their right of asylum, and instituting a reign of necropolitics.

      This decision is against the spirit and letter of the Refugee Convention and the legal opinion of UNHCR UK has already expressed grave concerns about the U.K’s obligations as a state as a signatory of the 1951 Convention. In fact, the UNHCR has condemned the deal; ‘People seeking safety and protection, who have few alternatives, should not be penalized’.

      That this is likely to be contested in law and through the courts and will be the site of a great deal of opposition is not in doubt; or that it will eventually be overturned, as with Israel’s failed Rwanda deal and Australia’s failed Manus and Nauru project. But until then, we all have hard work to do.

      https://www.law.ox.ac.uk/research-subject-groups/centre-criminology/centreborder-criminologies/blog/2022/04/border-colonial
      #discriminations #extra-légalité #coût #violence #santé_mentale #suicides #nécropolitique #inhospitalité #inhabitabilité

    • Rwanda genocide orphans to be booted out of home to make way for UK asylum seekers

      Orphans of Rwanda’s civil war say they have nowhere to go after being turfed out of a hostel under Priti Patel’s cruel Rwanda refugee scheme

      Orphans of the Rwandan genocide will lose their home to make way for refugees being booted out of Britain by Home Secretary Priti Patel.

      Some 22 residents are being turfed out of Hope House hostel to make room for asylum seekers sent to the African country under the proposed scheme.

      As more migrants landed in Dover yesterday, Lib Dem MP Alistair Carmichael said the evictions were “cruel and heartless”.

      Orphans of Rwanda’s civil war say they have nowhere to go after being turfed out of a hostel under Patel’s cruel Rwanda refugee scheme.

      A shelter for traumatised victims of the 1994 conflict is being emptied to make way for asylum seekers being sent from the UK under the controversial Tory plan.

      Although now in their late 20s, the 22 survivors have no money or family and some face lifelong mental health battles. They were given a fortnight’s notice to ship out of the hostel – ironically named Hope House – in capital city Kigali.

      Tonight one vulnerable woman who has lived at the shelter for eight years said: “I barely know any other home. I was only told about moving out a few days ago. I have not figured out where I will go.”

      https://www.mirror.co.uk/news/world-news/rwanda-genocide-orphans-booted-out-26728311

    • Le Royaume-Uni signe un accord avec Kigali pour envoyer des demandeurs d’asile au Rwanda

      Le Rwanda a signé un accord controversé avec Londres pour accueillir sur son sol des migrants et demandeurs d’asile de diverses nationalités acheminés du Royaume-Uni, a annoncé jeudi Kigali à l’occasion d’une visite de la ministre anglaise de l’Intérieur, Priti Patel. Le Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) a fait part de « sa forte opposition » au projet britannique.

      Le Royaume-Uni a annoncé, jeudi 14 avril, un projet controversé d’envoyer au Rwanda les demandeurs d’asiles arrivés illégalement sur son territoire et confié la surveillance de la Manche à la Royal Navy, espérant dissuader les traversées de clandestins qui ne cessent d’augmenter.

      Alors que le Premier ministre Boris Johnson avait promis de contrôler l’immigration, un des sujets clés de la campagne du Brexit, le nombre de traversées illégales, très dangereuses, a triplé en 2021 et continue d’augmenter. Londres reproche régulièrement à Paris de ne pas en faire assez pour les empêcher.

      « À partir d’aujourd’hui (...), toute personne entrant illégalement au Royaume-Uni ainsi que ceux qui sont arrivés illégalement depuis le 1er janvier pourront désormais être relocalisés au Rwanda », a annoncé le dirigeant conservateur lors d’un discours dans un aéroport du Kent (sud-est de l’Angleterre).

      Le Rwanda pourra accueillir « des dizaines de milliers de personnes dans les années à venir », a-t-il ajouté, affirmant que ce pays d’Afrique de l’Est est « l’un des pays les plus sûrs au monde, mondialement reconnu pour son bilan d’accueil et d’intégration des migrants ».

      Ce projet, susceptible donc de s’appliquer à tous les clandestins d’où qu’ils viennent (Iran, Syrie, Érythrée...), a suscité des réactions scandalisées des organisations de défense des droits humains, qui dénoncent son « inhumanité ». L’opposition a jugé que le Premier ministre tentait de détourner l’attention après avoir reçu une amende pour une fête d’anniversaire en plein confinement.
      Un accord à 144 millions d’euros

      Désireux de regagner en popularité avant des élections locales en mai, Boris Johnson et son gouvernement cherchent depuis des mois à conclure des accords avec des pays tiers où envoyer les migrants en attendant de traiter leur dossier.

      Une telle mesure est déjà appliquée par l’Australie avec des îles éloignées du Pacifique, une politique très critiquée. Par ailleurs, le Danemark avait également envisagé d’envoyer ses demandeurs d’asile vers des pays africains.

      En vertu de l’accord annoncé jeudi, Londres financera dans un premier temps le dispositif à hauteur de 120 millions de livres sterling (144 millions d’euros). Le gouvernement rwandais a précisé qu’il proposerait aux personnes accueillies la possibilité « de s’installer de manière permanente au Rwanda » si elles « le souhaitent ».

      « Notre compassion est peut-être infinie mais notre capacité à aider des gens ne l’est pas », a déclaré Boris Johnson. Le chef du gouvernement britannique a ajouté que « ceux qui essayent de couper la file d’attente ou abuser de notre système n’auront pas de voie automatique pour s’installer dans notre pays mais seront renvoyés de manière rapide, humaine, dans un pays tiers sûr ou leur pays d’origine ».

      Les migrants arrivant au Royaume-Uni ne seront plus hébergés dans des hôtels mais dans des centres d’accueil à l’image de ceux existant en Grèce, avec un premier centre « ouvrant bientôt », a annoncé Boris Johnson.
      Migrants échangés « comme des marchandises »

      Dans le cadre de ce plan, qui vient compléter une vaste loi sur l’immigration actuellement au Parlement et déjà critiqué par l’ONU, le gouvernement confie dès jeudi le contrôle des traversées illégales de la Manche à la Marine, équipée de matériel supplémentaire. Il a renoncé en revanche à son projet de repousser les embarcations entrant dans les eaux britanniques, mesure décriée côté français.

      En envoyant des demandeurs d’asile à plus de 6 000 kilomètres du Royaume-Uni, le gouvernement veut décourager les candidats au départ vers le Royaume-Uni, toujours plus nombreux : 28 500 personnes ont effectué ces périlleuses traversées en 2021, contre 8 466 en 2020... et seulement 299 en 2018, selon des chiffres du ministère de l’Intérieur.

      Amnesty International a critiqué une « idée scandaleusement mal conçue » qui « fera souffrir tout en gaspillant d’énormes sommes d’argent public », soulignant aussi le « bilan lamentable en matière de droits humains » de la nation africaine.

      Pour le directeur général de Refugee Action, Tim Naor Hilton, c’est une « manière lâche, barbare et inhumaine de traiter les personnes fuyant la persécution et la guerre ».

      Le Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) a fait également part de « sa forte opposition » au projet britannique. « Les personnes fuyant la guerre, les conflits et les persécutions méritent compassion et empathie. Elles ne devraient pas être échangées comme des marchandises et transférées à l’étranger pour voir leur dossiers traités », a déclaré le HCR dans un communiqué.

      Même dans les rangs conservateurs, les critiques ont fusé, le député Tobias Ellwood estimant sur la BBC qu’il s’agit d’une « énorme tentative de détourner l’attention » des déboires de Boris Johnson dans le « Partygate », ces fêtes organisées dans les cercles du pouvoir pendant les confinements.

      https://www.france24.com/fr/europe/20220414-le-royaume-uni-signe-un-accord-avec-kigali-pour-envoyer-des-deman

    • Le Rwanda déjà engagé dans des projets d’accueil de migrants avec d’autres pays

      Le Rwanda serait-il en train de devenir un sous-traitant de la prise en charge des demandeurs d’asile pour les pays européens ? Le pays vient de signer jeudi 15 avril un accord très controversé avec le Royaume-Uni, qui souhaite y déporter ses migrants clandestins. Pour Kigali, ce n’est pas exactement une première, puisque le Rwanda est déjà engagé depuis plusieurs années dans divers projets d’accueil et de réinstallation de migrants.

      Dès 2014, un accord très opaque avec #Israël crée la polémique. Il prévoit déjà l’envoi de demandeurs d’asiles vers l’#Ouganda et le Rwanda. Mais une fois arrivés en Afrique centrale, beaucoup de ces migrants sont vite repartis. Kigali parle aujourd’hui d’un projet pilote rapidement abandonné, explique notre correspondante à Kigali, Laure Broulard.

      En 2019, Rwanda accepte d’accueillir des réfugiés évacués de #Libye par le HCR, le temps que leur demande d’asile soit examiné par des pays occidentaux. Quelques centaines d’entre eux sont actuellement logés dans un centre d’accueil dans l’Est du pays.

      Plus récemment, Kigali a également reçu des Afghans fuyant les talibans, notamment les élèves et le personnel d’un internat pour jeunes filles. Enfin, le pays est en discussions avec le #Danemark, qui souhaite y externaliser ses demandes d’asile. « Nous sommes disposés à explorer des décisions difficiles avec des partenaires de bonne foi pour pouvoir trouver une solution durable à ces questions de migration illégale », explique le ministre des Affaires étrangères rwandais, Vincent Biruta.

      Autant d’initiatives qui permettent au Rwanda de Paul Kagame, critiqué pour sa répression de la liberté d’expression et de l’opposition, de se faire connaître comme un pays « sûr », accueillant et comme un partenaire intéressant. Dans le cas de l’accord avec le Royaume-Uni, c’est aussi une #opportunité_économique, puisque Londres a déjà promis un investissement de près de 145 millions d’euros pour soutenir le #développement du pays.

      Londres s’attend à des recours en justice

      Mais les réactions d’indignation se multiplient. L’ONU parle d’un projet « irréaliste, immoral et discriminatoire ». Le gouvernement de Boris Johnson pense que son partenariat avec le Rwanda, pour y envoyer les demandeurs d’asile arrivés illégalement au Royaume-Uni, pourra débuter dans les prochaines semaines. Londres s’attend à des recours en justice, mais l’opposition pourrait même venir du sein même du ministère de l’Intérieur, explique notre correspondante à Londres, Emeline Vin.

      Pour faire approuver le partenariat migratoire entre le Royaume-Uni et le Rwanda, Priti Patel a utilisé une #directive_ministérielle, un mécanisme qui lui permet de passer outre l’opposition de son directeur de cabinet. C’est seulement le deuxième recours par le ministère de l’Intérieur depuis 30 ans.

      Officiellement, il s’agit de contourner les réserves des fonctionnaires, non affiliés politiquement, sur le financement. Le ministère n’a pas de chiffrage précis et certains officiels pensent que « relocaliser », vers le Rwanda, des migrants arrivés illégalement en Grande-Bretagne pour y demander l’asile, risque de coûter plus cher à long terme.

      Mais pour les syndicats, cela montre surtout le caractère ultra-polémique du projet, un élu le qualifiant de « purement inhumain ». Selon un autre, Priti Patel est passée en force, car elle savait qu’elle n’avait pas le soutien de ses équipes. Or, un #fonctionnaire n’a que le choix d’appliquer les politiques de son ministère ou de quitter son poste. Le gouvernement a présenté le programme à la veille du weekend pascal, qui dure du vendredi au lundi ici, mais s’attend à des recours en justice. 160 ONG l’ont déjà appelé à renoncer.

      https://www.rfi.fr/fr/afrique/20220416-le-rwanda-d%C3%A9j%C3%A0-engag%C3%A9-dans-des-projets-d-accueil-de-migr
      #sous-traitance #réfugiés_afghans #Afghanistan #passage_en_force

    • Arrangement Royaume-Uni/Rwanda : externaliser l’asile en Afrique, arme de dissuasion massive en Europe

      Par une mesure urgente de suspension du 14 juin 2022, la Cour européenne des droits de l’Homme vient rappeler au Royaume-Uni qu’il est toujours soumis au respect du droit international de l’asile. Que ce soit au Royaume-Uni ou dans les Etats membres de l’Union européenne, l’heure n’est plus à l’accueil et la course au renvoi des personnes exilées bat son plein.

      L’externalisation de l’asile au Rwanda était l’une des principales mesures du « plan immigration » du Royaume-Uni, présentée le 14 avril 2022, et censée dissuader les traversées « irrégulières » de la Manche. Mais les recours des plaignant.e.s – majoritairement originaires de Syrie, Irak et Iran – et de leurs soutiens, auront finalement payé : le 14 juin, par des mesures provisoires, la Cour européenne des droits de l’Homme a empêché in extremis le départ du premier vol de demandeur.se.s d’asile « transféré.e.s » du Royaume-Uni au Rwanda [1], sauvant ce qu’il reste du principe de non-refoulement. Mais au vu de la détermination britannique, ce n’est sans doute que partie remise…

      Car les velléités « d’accueillir » les exilé.e.s au plus loin du territoire européen sont profondes et anciennes [2]. Dès 1986, le Danemark proposait un système de gestion des demandes d’asile dans des centres de traitement régionaux, administrés par les Nations Unies, dans lesquels auraient été systématiquement placé.e.s les demandeur.se.s d’asile ayant franchi la frontière « irrégulièrement ». En 2003, s’inspirant de la décriée « Solution pacifique » australienne [3], Blair évoquait des « centres de transit » hors Europe pour y envoyer les demandeurs et demandeuses d’asile avant qu’ils et elles n’atteignent le sol européen.
      En 2022, c’est devenu une réalité pour le Royaume-Uni de Johnson : les exilé.e.s pourront voir leur demande de protection jugée irrecevable s’ils ou elles sont arrivé.e.s sur le sol britannique en dehors des postes frontières habilités, après un voyage "dangereux", ou en provenance d’un pays tiers sûr, et pourront être envoyé.e.s au Rwanda, où ils et elles pourront déposer une demande d’asile. Si la décision est positive, le Rwanda deviendrait alors pays d’accueil et de protection pendant cinq ans, dans le cadre du protocole d’accord entre les deux pays, en échange de 120 millions de livres versées par le Royaume-Uni [4]
      Avec cet arrangement, le Royaume-Uni fait un pas de plus dans la violation du principe de non-refoulement, pierre angulaire du droit d’asile.
      Il n’est pas, loin s’en faut, le seul État à avancer dans cette direction. Depuis plusieurs années, les États européens ont choisi leur « accueil », normalisant les refoulements aux frontières de l’Europe et multipliant les accords formels ou non avec les pays du Sud global, sous le regard placide des institutions européennes et/ou avec leur participation.

      Un cap a été franchi en la matière en 2016 avec la Déclaration UE/Turquie, permettant le renvoi vers la Turquie des exilé.e.s arrivé.e.s sur les îles grecques, y compris celles et ceux pour qui la Turquie était considérée comme un pays tiers sûr. En 2018, la Commission européenne propose d’instaurer dans les pays d’Afrique du Nord des « plateformes de débarquement régionales » pour « sauver des vies » et trier les exilé.e.s en amont des eaux et du territoire européens [5], mais doit abandonner le projet face au refus de la Tunisie, du Maroc et de l’Algérie de jouer le jeu.
      Mais en février 2020, dans une décision favorable aux autorités espagnoles – qui avaient procédé en 2017 à des refoulements à la frontière terrestre avec le Maroc –, la Cour européenne des droits de l’Homme entérine – au mépris de la Convention de Genève (art. 31) – l’impossibilité de déposer une demande d’asile en cas de « franchissement illégal d’une frontière » [6] . En octobre 2021, la Pologne légalise à sa frontière les refoulements de celles et ceux qui l’auraient traversée « illégalement », n’hésitant pas à cette occasion à remettre en cause la primauté du droit européen sur le droit national [7].

      Ici, de nouveau sous le prétexte fallacieux de « sauver des vies » en leur évitant les risques d’une traversée périlleuse, le Royaume-Uni valide la « relocalisation » vers le Rwanda d’exilé.e.s déjà présent.e.s sur le sol européen, et dont les demandes de protection ont été jugées irrecevables sans examen au fond. Ce faisant, le Royaume-Uni part du principe que le Rwanda – qui accueille depuis 2019 le programme d’urgence du HCR visant à évacuer les personnes les plus vulnérables des centres de détention libyens pour les placer dans des centres de transit d’urgence (dans le cadre du mécanisme de transit d’urgence - ETM) – est un pays tiers « sûr », tant pour ses ressortissant.e.s que pour les personnes étrangères qui y sont renvoyées. Ce, malgré les vives critiques de l’opposition politique sur les atteintes aux droits in situ, notamment à la liberté d’expression et des personnes LGBTI+ [8].

      Le Brexit aura sans doute permis au Royaume-Uni de s’affranchir en partie du socle européen de la protection internationale et de se défausser de ses responsabilités en matière d’accueil.
      Mais l’asile est attaqué de toutes parts, y compris par les États membres de l’Union. Ainsi, le Danemark a-t-il également conclu en avril 2021 un Protocole d’entente avec le Rwanda, et adopté en juin 2021 une loi lui permettant d’externaliser l’examen de la demande d’asile, en transférant les demandeur⋅euse⋅s qui seraient déjà arrivé⋅e⋅s sur son territoire vers des centres situés hors UE, moyennant finances [9]

      En pratique, l’externalisation de l’asile revient, pour les États, à piétiner leurs obligations en matière d’accueil et de protection internationale, et à vider de son sens les principaux instruments de protection internationaux (Convention de Genève et Convention européenne des droits de l’Homme) – auxquels le Royaume-Uni est toujours soumis, comme vient de lui rappeler la Cour européenne des droits de l’Homme.
      Cette logique de marchandage propre à l’externalisation permet aussi à des régimes autoritaires non-européens de se renflouer économiquement et d’être réhabilités au niveau diplomatique en tant que partenaires légitimes auprès de l’UE, ici le Rwanda vivement critiqué sur la restriction des libertés de ses ressortissant.e.s.

      L’externalisation de l’asile est contraire à la lettre et à l’esprit de la Convention de Genève, et sape le régime mondial d’accueil des réfugié.e.s. Elle est contraire à la liberté de chacun.e de choisir librement le pays d’accueil dans lequel il ou elle souhaite demander une protection et s’établir, et est en outre aux antipodes de la solidarité : le Royaume-Uni et le Danemark comptent parmi les pays les plus riches du monde et accueillent beaucoup moins d’exilé.e.s que de nombreux autres États bien plus pauvres, notamment en Afrique. Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, [10].

      La politique cruelle et éhontée consistant à renvoyer depuis le Nord les demandeurs et demandeuses d’asile vers un pays du Sud situé à des milliers de kilomètres doit être condamnée et combattue avec détermination, au nom de l’accueil de tou.te.s, et pour que vive le droit d’asile.

      https://migreurop.org/article3108

    • Le président rwandais instrumentalise les droits des réfugiés

      Le Royaume-Uni devrait annuler l’accord sur les demandeurs d’asile

      Cette semaine, le président rwandais Paul Kagame a lancé un avertissement sans ambages aux réfugiés fuyant la recrudescence de la violence en République démocratique du Congo : « Nous ne pouvons pas continuer à accueillir des réfugiés pour lesquels, plus tard, nous serons tenus responsables d’une manière ou d’une autre, ou attaqués. »

      La déclaration du président illustre crûment la politisation des droits des réfugiés opérée par le gouvernement rwandais. Elle intervient à un moment où le Rwanda vient de conclure un accord peu scrupuleux d’un montant de 120 millions de livres (environ 145 millions de dollars) avec le Royaume-Uni pour accueillir des demandeurs d’asile arrivés au Royaume-Uni par des voies « irrégulières ». Outre avoir tenté d’édulcorer le bilan du Rwanda en matière de droits humains, les autorités britanniques ont cherché à justifier leur politique en affirmant que le Rwanda a une solide expérience en ce qui concerne l’accueil de réfugiés – dont environ 76 000 sont issus de la RD Congo voisine. En réalité, le gouvernement britannique ignore délibérément les faits.

      Comme il le faisait déjà il y a dix ans, le Rwanda soutient la rébellion du M23 dans l’est de la RD Congo. La reprise des hostilités par le M23, l’armée congolaise et divers autres groupes armés a contraint plus de 520 000 personnes à fuir leurs foyers, selon les Nations Unies. De récentes enquêtes menées par le groupe d’experts des Nations Unies sur le Congo, ainsi que des recherches de Human Rights Watch, ont identifié des preuves selon lesquelles le Rwanda ne se contente pas seulement de fournir un soutien logistique au M23, mais intervient également directement sur le sol congolais avec ses propres troupes pour renforcer les rangs du groupe armé ou combattre à ses côtés.

      Les propos de Paul Kagame font peut-être référence aux meurtres d’au moins 12 réfugiés congolais dans le camp de réfugiés de Kiziba, au Rwanda, en février 2018, lorsque la police a tiré à balles réelles sur des réfugiés qui protestaient devant le bureau de l’agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) du district de Karongi, dans la province de l’Ouest.

      Ses dernières déclarations témoignent du refus des autorités de prendre leurs responsabilités et d’assurer que justice soit rendue pour les abus perpétrés par les forces de sécurité rwandaises, y compris à l’encontre de réfugiés. L’enquête de la commission nationale des droits humains sur les meurtres de 2018 a étouffé l’affaire et personne n’a été tenu pour responsable à ce jour. Au lieu de cela, la police rwandaise a arrêté plus de 60 réfugiés et les a accusés de participer à des manifestations illégales, de se livrer à des violences contre les autorités publiques et à des actes de rébellion, puis de désobéir aux forces de l’ordre. Certains ont également été accusés de « propagation d’informations mensongères en vue de provoquer l’hostilité de l’opinion internationale vis-à-vis de l’État rwandais ».

      Les dernières attaques de Paul Kagame contre les droits humains, cette fois contre ceux des réfugiés, ne font que s’ajouter à la liste des preuves attestant que le Rwanda n’est pas un partenaire international fiable et de bonne foi, et que le projet du Royaume-Uni d’envoyer des demandeurs d’asile au Rwanda est fondé sur des contre-vérités et une politique cynique.

      https://www.hrw.org/fr/news/2023/01/11/le-president-rwandais-instrumentalise-les-droits-des-refugies

      #Paul_Kagame #Kagame #responsabilité

  • L’Ukraine abandonnée, le crime de l’humanité
    https://mediarezo.net/l-ukraine-abandonnee-le-crime-de-l

    Lu dans Le Monde Dans l’édition du Monde datée du 9 avril, un article résume assez bien la situation sur le front ukrainien. Pour les puissances démocratiques, il s’agit d’en faire surtout le moins possible en faveur de ce pays agressé, et la puissante OTAN avoue trembler devant la menace nucléaire russe, prise au sérieux… À Bruxelles, ces 6-7 avril 2022 se réunissaient les ministres des Affaires étrangères de l’OTAN. Jean-Pierre Stroobants, le correspondant du Monde, donne une idée des pensées en (...) #La_guerre

  • Macron Watch : Recensement des mesures et prises de parole du gouvernement Macron portant atteinte aux avancées sociales ou écologiques.
    https://macron.watch/2022/04/08/le-recap-du-08-04-2022

    AFFAIRES
    • Le Parquet National Financier a ouvert une enquête pour des soupçons de « blanchiment aggravé de fraude fiscale » concernant le cabinet de conseil McKinsey proche du gouvernement, qui a bénéficié depuis 2017 de contrats contestés avec l’État, sans avoir payé d’impôt sur les sociétés (source) (source)
    • Les révélations continuent sur les montants dépensés pendant le quinquennat auprès de cabinets de conseil, pour des réalisations contestées (voir nos précédents récap ici et là) :
    ◦ Ainsi, en 2019, l’exécutif a confié une mission à 18 experts de la petite enfance (dont le célèbre neuropsychiatre Boris Cyrulnik) sur les 1000 premiers jours de l’enfant, alors qu’au même moment il a fait appel, sans leur dire, à un cabinet privé pour réaliser la même étude en doublon pour plus de 400 000 euros d’argent public (source)
    • On l’évoquait en février, les enquêteurs du Parquet National Financier ont désormais ouvert une enquête visant la préfète Régine Engström, nommée par E. Macron il y a un an et réputée proche de lui, sur un potentiel conflit d’intérêts concernant un projet immobilier mené par son ancien employeur, le promoteur Nexity. (source) (source)
    • On l’évoquait en juillet 2020, des écoutes judiciaires confirment désormais que contrairement à ce qu’avait affirmé l’Élysée, la situation judiciaire de Michel Platini a bien été évoquée lors d’une rencontre avec E. Macron (source) (source)
    ◦ Ces écoutes confirment également l’implication d’un haut magistrat en poste à la Cour de cassation et proche d’E. Macron dans cette affaire (source) (source)
    ◦ Pour rappel, E. Macron a ensuite soutenu publiquement Michel Platini, alors en proie avec la justice, au mépris de la séparation des pouvoirs (source)
    • Le ministre de l’éducation Jean Michel Blanquer a cherché à joindre Laurent Bigorgne pendant sa garde à vue (voir notre précédent Récap pour les détails de cette affaire) (source)

    ECONOMIE / INEGALITES
    • La réforme de la CAF, qui a été pilotée par le cabinet McKinsey pour un coût de 4 millions d’euros d’argent public, et qui était censée simplifier les démarches a eu l’effet contraire : entrée en vigueur il y a un an, le délai de traitement des dossiers s’est encore allongé (source)
    • En cas de réélection, plutôt que d’augmenter le smic, E. Macron promet une « prime allant jusqu’à 6 000 euros, sans charges ni impôts ». En réalité, il s’agit d’une nouvelle version de la « prime Macron » laissée au bon vouloir des employeurs, et sous conditions : (source)
    ◦ Pour espérer la toucher, il faudra non seulement travailler pour une entreprise disposant d’un accord d’intéressement, mais aussi et surtout que l’employeur ait envie de débourser cette somme (source)
    ◦ Pour rappel, la précédente « prime Macron » n’a été versée qu’à un salarié du privé sur cinq ; et pour ces rares personnes qui en ont bénéficié, le montant a été deux fois moindre que le plafond (source)
    ◦ Par ailleurs, il convient de rappeler que ces primes « sans charges ni impôts » (sic) constituent des éléments de rémunération ne donnant pas de droit à la retraite ou au chômage, et contribuent de fait au dé-financement de la sécurité sociale (source)
    • En cas de réélection, la mesure d’E. Macron visant à permettre aux conjoints en union libre de déclarer ensemble leurs revenus pourrait coûter 800 millions d’euros par an à l’État, et profiterait d’abord aux ménages les plus riches. (source)
    ◦ Pour information, ce mécanisme actuellement appliqué pour les conjoints pacsés ou mariés, ampute déjà de 11,1 milliards d’euros les recettes fiscales de l’État (soit deux fois le budget de la justice) au profit des ménages les plus riches (chiffres 2017) (source) (source)

    RETRAITES
    • En cas de réélection, E. Macron promet « d’indexer les retraites sur l’inflation dès cet été » au lieu d’attendre le 1er janvier 2023, alors que le décalage de dates, ainsi que la désindexation ont notamment eues lieu sous son quinquennat : (source)
    ◦ En 2018, le gouvernement décidait que la revalorisation prévue au 1er octobre était reportée au 1er janvier de l’année suivante ; en 2019 et 2020, le gouvernement décidait de ne pas indexer les retraites sur l’inflation (source) (source)

    LIBERTES / SECURITE
    • En cas de réélection, E. Macron souhaite la « privation de droits civiques pour ceux qui s’en prennent aux dépositaires de l’autorité publique » – ce qui inclut le droit de vote : or les plaintes abusives des forces de l’ordre pour rébellion ou outrage sont nombreuses et en hausse, d’autant plus qu’elles sont difficilement contestables – des avocats dénonçant même un véritable « business » (source) (source) (source) (source) (source)
    • La police place des micros dans une bibliothèque anarchiste (source)

    VIOLENCES POLICIERES
    • Une étude indépendante des soignants bénévoles dans les manifestations chiffre à 25700 blessés lors des manifestations des Gilets Jaunes, soit plus de dix fois plus que le chiffre avancé par le gouvernement (2495 blessés) qui ne comptabilise en réalité que les personnes prises en charge par les sapeurs-pompiers (source)
    ◦ Les personnes affectées par les gaz lacrymogènes est quant à lui estimé à 275000 (source)
    ◦ Le mouvement « Retraites » comptabilisent à eux seuls 2100 blessés supplémentaires, et 36000 personnes affectées par les gaz lacrymogènes (source)
    ◦ Parmi toutes ces victimes, deux tiers des atteintes sont des blessures traumatiques, et plus d’une blessure sur six (18.1%) concerne des blessures traumatiques à la tête, alors que la frappe de la tête est normalement proscrite (source)
    • Contrairement aux discours des autorités à l’époque, une expertise judiciaire appuie la responsabilité de la police dans la chute ayant provoqué la mort de Steve Maia Caniço à Nantes lors de la fête de la musique en 2019 (source)
    ◦ Les explications du commissaire pour justifier l’emploi de grenades lacrymogènes sont également démenties par l’expertise judiciaire (source)

    EDUCATION / RECHERCHE
    • E. Macron rétropédale sur ses propos concernant l’apprentissage dès l’âge de 12 ans : il accuse ses opposants de relayer une prétendue « fake news », en prétendant ne pas avoir tenu de tels propos, alors que c’est le compte officiel En Marche qui a relayé la vidéo dans laquelle E. Macron promet « alternance, apprentissage, et orientation dès la 5ème » (sic) (source) (source) (source) (source)
    • La plateforme de sélection aux études supérieures Parcoursup est hors service pour le dernier jour de dépôt des dossiers de candidature – un délai supplémentaire de 24h a du être accordé (source)
    • La plateforme de dépôt de candidatures de l’enseignement supérieur est hors service pendant cinq jours (source)

    SANTE
    • Dans plusieurs villes de France (Metz, Le Mans, Orléans, Pontarlier, etc.), l’hôpital est de nouveau sous très forte tension en raison à la fois d’un afflux de patients et de l’insuffisance des effectifs – le « plan blanc » y est réactivé (source)
    • Le manque de personnel est également pointé du doigt dans plusieurs décès en hôpital ces dernières semaines : la victime d’une bavure policière est morte après avoir été envoyée vers un autre hôpital faute de pouvoir être prise en charge dans le premier ; une personne est morte après être restée 12h aux urgences sans avoir pu être prise en charge (source) (Canard enchaîné du 06/04/2022)
    MEDIAS
    • Des médias se voient refuser l’entrée à l’unique meeting de campagne d’E. Macron (source) (source)
    • E. Macron ne participera pas à « Elysée 2022 », la dernière grande émission politique avant le premier tour de la présidentielle. Il sera donc le seul candidat à la présidentielle à ne pas s’y rendre (source) (source)
    ◦ Pour des questions de temps de parole, France 2 se retrouve contrainte à diffuser des images du meeting d’Emmanuel Macron, avec applaudissements et hourras du public, sans possibilité de relance ou contradiction de journalistes (source) (source)

    CAMPAGNE PRESIDENTIELLE
    • Alors que les établissements scolaires ont l’obligation de neutralité, ces derniers ont reçu un courrier puis un email émanant d’un collectif se présentant comme l’équipe de campagne d’E. Macron (source)
    • Après le fiasco de la distribution des plis électoraux aux dernières élections confiée à une entreprise privée (voir nos précédents récap ici, là et là), le gouvernement a confié une mission de supervision de la distribution des professions de foi pour l’élection présidentielle au cabinet de conseil Sémaphores (qui appartient à un proche d’E. Macron) pour près de 290 000 € (source) (source)
    ◦ A quatre jours des élections, plus de la moitié des électeurs n’avaient toujours pas reçu les professions de foi électorales des candidats ; cela concernait toujours près d’un tiers des électeurs à trois jours de l’échéance (source) (source)

  • Israël déploie l’armée pour boucler la Cisjordanie après de violents heurts sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est
    https://www.lemonde.fr/international/article/2022/04/15/israel-boucle-la-cisjordanie-apres-de-violents-heurts-sur-l-esplanade-des-mo

    Titre mensonger.

    Jeudi soir, Israël a choisi de boucler la Cisjordanie, où se télescopent, fait rare, le mois saint de ramadan, la pâque chrétienne et la pâque juive.

    [.,,]

    Les forces de sécurité israéliennes se sont déployées sur l’esplanade des Mosquées (le mont du Temple pour les juifs), au deuxième vendredi du mois saint de ramadan, avant l’aube. Elles sont entrées dans la mosquée d’Al-Aqsa, troisième lieu saint de l’islam, plaquant de jeunes Palestiniens au sol, sur les tapis, et menant des arrestations. Elles ont aussi dispersé avec violence des Palestiniens sur l’esplanade alentours, faisant une centaine de blessés par des tirs de balles de métal cernées de caoutchouc, et à coups de bâton. Trois policiers ont aussi été blessés par des pierres.

  • Covid-19 : à Shanghaï, vague de départs parmi les expatriés soumis au confinement
    https://www.lemonde.fr/international/article/2022/04/13/covid-19-a-shanghai-vague-de-departs-parmi-les-expatries-soumis-au-confineme

    Covid-19 : à Shanghaï, vague de départs parmi les expatriés soumis au confinement
    L’annonce de l’évacuation du consulat américain de Shanghaï arrive alors que beaucoup d’expatriés cherchent à quitter le pays au plus vite.

    Face au prolongement du confinement à Shanghaï, le département d’Etat américain a « ordonné le départ des employés non essentiels du gouvernement et des membres de leur famille du consulat général de Shanghaï », d’après un communiqué du lundi 11 avril. Le document appelle à ne pas se rendre dans la province du Jilin et à Shanghaï « à cause des restrictions liées au Covid, dont le risque de voir parents et enfants séparés », ni à Hongkong, « du fait d’une application arbitraire de la loi ». Shanghaï a imposé un confinement strict à ses 25 millions d’habitants fin mars, face à la montée des cas de Covid-19, mais les difficultés logistiques s’accumulent : de nombreux habitants se plaignent de manquer de nourriture, l’accès aux hôpitaux est compliqué, et plus de 100 000 personnes positives se trouvent actuellement dans des centres de confinement aux conditions spartiates. Pour la Chine, il s’agit d’une « manipulation politique » visant à dénigrer le bilan chinois de la gestion de l’épidémie. La Chine est « fort mécontente et s’oppose fermement à toute instrumentalisation et politisation » de cette évacuation, a fustigé devant la presse un porte-parole de la diplomatie chinoise, Zhao Lijian. Mais la décision des Américains reflète une anxiété grandissante au sein de la communauté des expatriés. Beaucoup d’entre eux ont fait leurs valises pour quitter la Chine au cours du confinement.
    L’ambassade précise que les diplomates américains ont informé les autorités chinoises « de leurs préoccupations concernant la sécurité et le bien-être des citoyens américains ». Shanghaï a déclaré 26 330 cas mercredi, un nouveau record, mais leur augmentation est désormais plus lente, suggérant que l’épidémie pourrait atteindre un plateau. Ces derniers jours, les projets de départ se multiplient parmi les expatriés. « La séparation des enfants est vraiment la limite pour moi : si tu as un enfant et que tu ne peux pas assurer sa sécurité, qu’à tout moment on peut le prendre pour l’envoyer dans un centre, alors qu’il n’est même pas positif, il y a un énorme problème », estime un Français, père d’une petite fille, qui a décidé avec sa femme, enceinte, de quitter Shanghaï au plus vite. Début avril, la publication d’une vidéo montrant des dizaines d’enfants isolés dans un hôpital de Shanghaï, à cinq ou six dans des lits à barreaux, a beaucoup choqué en Chine. Depuis, un centre d’isolement au moins permet l’accueil des familles, mais beaucoup d’hôpitaux continuent de séparer parents et enfants en cas de statut virologique différent. Mais quitter Shanghaï en plein confinement n’est pas facile : il faut obtenir un permis auprès du comité de quartier pour quitter sa résidence, effectuer des tests de dépistage du Covid en hôpital, et pouvoir atteindre l’aéroport dans une ville fantôme : face à la pénurie de taxis, un trajet pour l’aéroport, qui coûte habituellement entre 300 à 400 yuans (de 43,50 à 58 euros), coûte aujourd’hui jusqu’à 2 000 yuans (290 euros). Surtout, de nombreux vols ont été annulés, faute de personnel disponible pour les assurer à l’aéroport de Pudong, qui reçoit la plupart des vols internationaux. Lors d’une réunion publique le 6 avril, l’ambassadeur de France, Laurent Bili, a rejeté l’idée de vols charter pour évacuer les Français, comme ce fut le cas à Wuhan, début 2020, jugeant que la situation était moins grave. Beaucoup d’enseignants dans les écoles internationales devraient quitter le pays dans les mois qui viennent. Rick Garrison est américain, il enseigne les mathématiques en Chine depuis sept ans, dont deux à Shanghaï. Il a décidé de mettre fin à son aventure chinoise, quitte à revenir sur le contrat qu’il avait signé avec son établissement pour l’année prochaine. « Je ne me sens pas en sécurité. On nous avait annoncé quatre jours de confinement. Cela fait douze jours maintenant et je ne pourrai pas sortir avant au moins deux semaines de plus. Je n’étais pas préparé à cela. Quand mes livraisons ont été annulées, que mon lycée m’a envoyé des instructions pour distiller l’eau du robinet, je me suis dit : ça suffit, il faut que je parte ! » La crainte d’être envoyé en centre d’isolement en cas de test positif ajoute à l’anxiété générale : « J’ai plusieurs amis qui se sont retrouvés dans ces centres : les lumières restent allumées toute la nuit, il n’y a pas de douches… C’est très stressant de savoir qu’on risque d’y être envoyé à tout moment », ajoute Rick. Le confinement dur de Shanghaï, ville la plus internationale de Chine, risque d’avoir un impact de long terme sur l’attractivité de la métropole. Depuis une dizaine d’années, le nombre de ressortissants étrangers baissait déjà en Chine, à la fois du fait de l’augmentation du coût de la vie, du ralentissement de la croissance économique et du durcissement des règles d’obtention des visas, qui rend par exemple impossible la venue de stagiaires. Le nombre d’inscrits au registre des Français de l’étranger à Shanghaï a atteint son pic en 2013, avec 12 000 personnes, mais, à l’époque, de nombreux Français n’étaient pas inscrits, notamment les étudiants et les stagiaires. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 7 000 inscrits et la Chine n’octroie plus de visa aux étudiants depuis le début de la pandémie.
    Pour la Chambre de commerce européenne, le départ des étrangers en Chine va limiter les possibilités de coopération économique : « On s’attend à ce que le nombre d’expatriés soit divisé par deux cette année. Les opérations courantes peuvent continuer, mais, pour développer de nouvelles activités à l’avenir, cela va être très difficile », pointe Jörg Wuttke, le président de la Chambre européenne, lors d’une réunion en ligne, le 6 avril.Pour autant, la Chine n’est pas prête à dévier de sa stratégie zéro Covid. Selon les déclarations des autorités de santé, la stratégie « zéro Covid dynamique » permet au pays de gagner du temps pour améliorer la vaccination des plus fragiles, et d’avancer dans la recherche de meilleurs vaccins et traitements. « A ce stade, ils veulent éviter à tout prix que ce qui s’est passé à Hongkong se répète en Chine : avec une population âgée, des ressources médicales saturées et un grand nombre de morts, explique Dali Yang, directeur du département des études sur l’Asie de l’Est à l’université de Chicago. Si cela se produisait en Chine continentale, ce serait un coup porté à la légitimité du Parti communiste chinois et de son dirigeant, Xi Jinping, d’autant plus alors qu’on se dirige vers le 20e congrès du parti. » Un congrès qui doit confirmer Xi Jinping pour un troisième mandat à l’automne prochain.

    #Covid-19#migrant#migration#chine#sante#expatrie#zerocovid#etranger#economie#retour#pandemie

  • Les Français de Shanghaï privés de vote à l’élection présidentielle à cause du confinement
    https://www.lemonde.fr/international/article/2022/04/08/a-shanghai-4-600-francais-prives-de-voter-a-l-election-presidentielle-par-le

    Les Français de Shanghaï privés de vote à l’élection présidentielle à cause du confinement
    Les mesures prises pour endiguer la propagation du Covid-19 dans la plus grande ville de Chine empêchent l’ouverture des bureaux de vote, dimanche 10 avril, pour les 4 622 ressortissants français inscrits sur les listes électorales.
    L’ambassade de France en Chine l’a officialisé vendredi 8 avril au matin : les Français habitant Shanghaï, métropole entièrement confinée, ne pourront pas voter pour le premier tour de l’élection présidentielle, dimanche 10 avril. « En raison de ces circonstances exceptionnelles que sont l’impossibilité officielle de se déplacer et les conséquences auxquelles s’exposent nos compatriotes du fait des mesures prises par les autorités locales, et après consultation du Conseil constitutionnel, il a été décidé de ne pas ouvrir les bureaux de vote de Shanghaï pour le premier tour de l’élection présidentielle », a annoncé l’ambassade dans un communiqué envoyé aux électeurs. Ce sont 4 622 Français inscrits sur les listes électorales qui se retrouvent ainsi privés de leur droit de vote.
    « Je suis frustré : j’ai l’impression qu’en Chine, on me prend à la fois ma liberté de mouvement et de pensée. Après, je trouve que les moyens de voter pour les référendums et les élections sont obsolètes en 2022, à l’heure du numérique », regrette Jason Vanmaele, directeur commercial de Greenwire, une entreprise de conseil en approvisionnement en panneaux solaires, installé à Shanghaï depuis quatre ans. Après des semaines à essayer de contrôler un foyer du variant Omicron du SARS-CoV-2 avec des mesures ciblées, les autorités chinoises ont décidé de confiner toute la ville fin mars. Dans ces conditions, la tenue d’une élection est impossible, puisque les votants, et le personnel du consulat chargé de l’organisation du scrutin, ont tous interdiction de sortir de chez eux.
    Seuls des travailleurs « essentiels » sont autorisés à circuler : volontaires, policiers et quelques livreurs. Les autorités chinoises n’ont pas fait d’exception pour la tenue d’une élection démocratique. « Des démarches répétées ont été effectuées auprès des autorités, y compris à haut niveau, afin de permettre, d’une part, l’autorisation d’ouverture des bureaux de vote et, d’autre part, une autorisation exceptionnelle de sortie pour les électeurs et membres des bureaux de vote et assesseurs confinés. Malheureusement, il a été répondu par les autorités de Shanghai le 7 avril que “compte tenu de la situation grave et compliquée (…), il est objectivement impossible de remplir les conditions pour l’organisation par votre consulat de l’élection, pour la sécurité de toutes les personnes résidant à Shanghai” », a indiqué l’ambassade de France.L’impossibilité de voter s’ajoute à une liste de difficultés de plus en plus longue pour les habitants : « Je dirais que c’est un problème, mais il y en a d’autres un peu plus urgents : l’accès à la nourriture, aux urgences médicales… , pointe Hugues Martin, conseiller patrimonial et “chef d’îlot” dans l’ouest de Shanghaï, un poste de relais local pour assister les ressortissants français. Nous ne sommes pas si nombreux, donc ça ne devrait pas faire changer le résultat de l’élection, mais j’espère surtout qu’on pourra au moins voter au second tour. » L’option du vote par procuration n’est pas possible, puisque le bulletin doit être déposé dans le même bureau que celui de l’inscrit. Contrairement à certains pays, la France n’autorise pas le vote en ligne ou par correspondance.Autre sujet d’inquiétude, l’annulation de la plupart des vols internationaux, qui empêche les retours en France, prévus ou urgents. Et, si le confinement se prolonge, la tenue des épreuves du baccalauréat et du brevet pourrait aussi être empêchée. Enfin, beaucoup de Français auraient aimé avoir accès aux vaccins à ARN messager, plus efficaces face au variant Omicron, mais ceux-ci ne sont pas autorisés en Chine, où les principaux vaccins utilisent la technologie plus ancienne du virus inactivé.
    Début mars, les diplomates et enseignants au lycée français de Shanghaï ont pu recevoir une dose du vaccin Pfizer-BioNTech. Une campagne effectuée en toute discrétion par le consulat, qui a choqué une partie de la communauté française. « C’est une question de principe, regrette Gwënola Coupé, conseillère des Français de l’étranger pour la circonscription de Shanghaï et sa région. Les trois élus auraient dû être consultés pour que des compatriotes vulnérables puissent bénéficier de cette campagne de vaccination, plutôt que de vacciner des ayants droit de personnels d’établissements scolaires privés. »Lors d’une réunion publique organisée à Pékin et retransmise en ligne, mercredi 6 avril, l’ambassadeur de France à Pékin, Laurent Bili, s’est défendu : « Un pays tiers ne peut pas faire de campagne de vaccination systématique. Par contre, la convention de Vienne [sur les relations diplomatiques] nous donne une certaine flexibilité, à condition de respecter une certaine discrétion. Nous avons essayé de solliciter au maximum cette convention pour inclure dans son périmètre les personnels enseignants, considérant qu’ils rentraient dans le cadre de la mission de service public. A notre sens, c’était le maximum où nous pouvions aller sans fragiliser l’opération. »

    #Covid-19#migrant#migration#chine#france#sante#expatrie#retour#vaccination#zerocovid#confinement#election

  • Une nouvelle affaire d’espionnage implique la société de surveillance israélienne #NSO en Jordanie
    https://www.lemonde.fr/international/article/2022/04/08/une-nouvelle-affaire-d-espionnage-implique-la-societe-de-surveillance-israel

    « Le fait que le ciblage que nous avons découvert ait eu lieu après la large publicité faite autour du procès intenté par Apple est à relever ; une entreprise qui respecterait vraiment ces préoccupations aurait au moins mis en pause les opérations de ses clients gouvernementaux, comme la Jordanie, dont les antécédents en matière de violation des droits de l’homme ont été largement documentés », notent les rédacteurs de Front Line Defenders et du Citizen Lab.

    #impunité #crimes #sionisme

  • Amazon conteste la création de son premier syndicat aux Etats-Unis
    https://www.lemonde.fr/international/article/2022/04/08/amazon-conteste-la-creation-de-son-premier-syndicat-aux-etats-unis_6121137_3

    Amazon estime que le petit groupe de syndicalistes, qui a remporté un vote historique à New York la semaine dernière, a « menacé » les employés de son entrepôt pour les forcer à voter en faveur de la création d’un syndicat.

    D’après des documents officiels déposés jeudi auprès de l’agence fédérale chargée du droit du travail (NLRB), Amazon a demandé plus de temps pour soumettre des objections étayées au scrutin. Le géant du commerce en ligne accuse notamment des militants de l’ALU d’avoir « intimidé » des salariés.

    Dans son recours, Amazon entend développer plusieurs objections. L’entreprise considère que l’ALU a « menacé des employés pour les forcer à voter oui », que l’ALU a « fait campagne auprès des employés dans la file d’attente pour voter  » ou les a « intimidés », et aussi que des militants de l’ALU « ont menacé des immigrants » en avançant le risque qu’ils perdent « leurs avantages sociaux s’ils ne votaient pas en faveur du syndicat ».

    « C’est absurde », a réagi l’avocat Eric Milner au nom du syndicat. « Les employés se sont exprimés et leurs voix ont été entendues. Amazon choisit (…) de retarder le processus pour éviter l’inévitable : la négociation d’un contrat d’entreprise ».

    Deuxième employeur aux Etats-Unis après Walmart (distribution), le groupe avait depuis sa création, en 1994, réussi à repousser les velléités des salariés souhaitant se regrouper dans le pays.
    « Amazon a dépensé des millions en consultants anti-syndicats, Amazon a organisé des réunions obligatoires, Amazon s’est comporté de manière menaçante, Amazon a licencié, illégalement, des employés pour avoir tenté de se syndicaliser », a ajouté Eric Milner.

    Vote serré dans l’Alabama

    Le Syndicat national de la distribution (RWDSU) fait des reproches similaires à Amazon dans le cadre d’un scrutin sur la syndicalisation d’un autre entrepôt, à Bessemer, dans l’Alabama. Le vote est terminé, mais pas le décompte : le non mène avec 993 bulletins, contre 875 oui, mais il reste 416 bulletins dits « disputés , qui décideront du résultat. Une audience doit décider dans les prochaines semaines si ces bulletins doivent être ouverts et pris en compte. Il pourrait ensuite y avoir d’autres recours légaux.

    En attendant, le RWDSU a déjà déposé jeudi une série d’objections auprès du NLRB sur le comportement d’Amazon, qu’il accuse d’ingérence. Selon l’organisation, les manageurs d’Amazon ont, par exemple, interdit les discussions sur le vote dans l’entrepôt, ainsi que les prospectus pro-syndicats dans les espaces de repos, tout en autorisant la documentation anti-syndicats.

    « L’employeur a instillé la confusion, la coercition et la peur des représailles chez les employés », affirme le RWDSU dans son communiqué.

    Dans l’Alabama, le NLRB doit organiser une audition sur ce recours du syndicat. Le vote qui s’est tenu en mars, par correspondance, a été organisé après l’annulation de celui d’il y a un an qui avait rejeté la création d’un syndicat. L’agence fédérale avait, en effet, estimé qu’Amazon avait enfreint les règles.

    #Amazon #syndicalisation

  • Le Sri Lanka placé en état d’urgence
    https://www.lemonde.fr/international/article/2022/04/03/le-sri-lanka-place-en-etat-d-urgence_6120365_3210.html

    Le Sri Lanka placé en état d’urgence
    La situation est insurrectionnelle sur l’île, traversée par une crise économique inédite. La population, qui vit depuis des mois au rythme des pénuries de biens essentiels et des coupures de courant, réclame le départ du président.
    Par Sophie Landrin(New Delhi, correspondante)
    Publié hier à 11h35, mis à jour à 08h16

    Temps de Lecture 3 min.

    Sélections

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    Le Sri Lanka s’enfonce dans la crise. Après de violentes manifestations dans tout le pays pour réclamer le départ du président Gotabaya Rajapaksa et de son frère Mahinda, qui occupe le poste de premier ministre, le gouvernement a décrété l’état d’urgence vendredi 1er avril. L’armée dispose désormais de pouvoirs étendus pour assurer l’ordre public et peut arrêter et détenir des personnes sans mandat. Un couvre-feu de trente-six heures a également été imposé jusqu’à lundi, pour tenter de prévenir de nouvelles manifestations. La population a interdiction de sortir, de se trouver sur une voie publique, dans un parc, dans un train ou sur le bord de mer, à moins d’avoir une autorisation écrite des autorités. Dimanche, le ministère de la défense a ordonné la suspension de tous les réseaux sociaux.
    Ces mesures autoritaires ont été prises après que des centaines de personnes ont tenté de s’introduire dans le domicile du président à Colombo, la capitale, dans la nuit de jeudi à vendredi aux cris de « Va-t’en, Gota ». et que d’autres bloquaient la circulation dans plusieurs villes, mettant le feu à des bus militaires et des véhicules de police. Le président a tenté de réduire ces protestations à « des forces extrémistes appelant à un printemps arabe ».
    La colère des Sri-Lankais est bien plus profonde, nourrie par la crise économique très grave que traverse le pays depuis deux ans. La baisse de la fréquentation touristique due à l’épidémie Covid-19, à la diminution des transferts de revenus de la diaspora durant la crise sanitaire et aux décisions prises complètement à contre-temps par le gouvernement comme la baisse de la TVA et la suppression de plusieurs taxes ont asséché les caisses d’un Etat qui croule sous une dette de 51 milliards de dollars.
    Le Sri Lanka ne dispose plus de réserves de change et de dollars pour importer les biens nécessaires au fonctionnement de l’île. Le pays manque de tout et vit au rythme des pénuries et des coupures d’électricité depuis le mois de février. Il n’y a plus d’essence, plus de gaz, plus de médicaments, les étagères des magasins alimentaires sont vides et l’inflation bat chaque mois des records (18,7 % en mars). Il ne reste quasiment plus une goutte de carburant dans les stations-service et le transport des biens et des personnes à travers le pays est gravement perturbé.
    (...) Le gouvernement a été incapable de faire face à la crise de la dette et s’est refusé de demander l’aide du FMI. Il est également pointé du doigt par les Nations unies sur le plan du respect des droits de l’homme et des minorités. Alors que les touristes, revenus depuis peu, commencent à fuir, les coupures d’électricité devraient s’atténuer dans les jours prochains, du moins temporairement. L’Inde a envoyé 40 000 tonnes métriques de diesel, samedi 2 avril. C’est la quatrième fois que le voisin expédie du carburant, dans le cadre d’une ligne de crédit de 500 millions de dollars ouvert par New Delhi pour acheter des biens essentiels et du pétrole en provenance du sous-continent.

    #Covid-19#migrant#migration#srilanka#sante#crise#diaspora#tourisme#pandemie#transfert

  • « Cela fait vingt ans que le monde souffre de la dérégulation de la force »
    https://www.lemonde.fr/international/article/2022/04/01/ghassan-salame-cela-fait-vingt-ans-que-le-monde-souffre-de-la-deregulation-d

    Ghassan Salamé est diplomate et universitaire libanais. Il a occupé plusieurs postes de responsabilités aux Nations unies, dont celui de chef de la mission pour la Libye, de 2017 à 2020. Directeur de l’Ecole d’affaires internationales de Sciences Po Paris entre 2010 et 2015, il a été ministre de la culture du gouvernement libanais de Rafic Hariri (2000-2003). Il est notamment l’auteur d’Appels d’empire. Ingérences et résistances à l’âge de la mondialisation (Fayard, 1996) et de Quand l’Amérique refait le monde (Fayard, 2005).
    Faut-il craindre un retour à la guerre froide entre l’Occident et la Russie ?

    Certains analystes, y compris chez mes collègues universitaires, évoquent un retour de la guerre froide. On a beaucoup enseigné, dans les années 1970 et 1980, la fameuse thèse néoréaliste des relations internationales élaborée par le politiste américain Kenneth Waltz [1924-2013]. Selon celle-ci, une grande puissance dont le statut se dégrade ne se laisse pas faire sans réagir militairement. Or, la guerre froide s’est terminée en 1989, sans que la Russie de Mikhaïl Gorbatchev, et encore moins de Boris Eltsine, ne réagisse militairement – d’abord à sa contraction territoriale, et ensuite à sa dégradation dans le système international. Tout le monde en a conclu : « La thèse était fausse, on s’est trompé. » Une grande puissance pourrait donc voir son statut se dégrader sans réagir militairement. Quand la Russie a envahi l’Ukraine, le 24 février, les mêmes ont revisité leur position : « Non, après tout, la théorie était bonne, mais elle a mis trente ans à se réaliser. » Nous serions ainsi revenus à la guerre froide.
    Lire l’enquête : Article réservé à nos abonnés Face à Poutine, un déni européen
    Et cela n’est pas le cas ?

    Non. D’abord, parce que la guerre froide opposait deux Etats en particulier, entourés de deux blocs, qui faisaient tous deux du prosélytisme dans le reste du monde, théâtre d’une lutte idéologique. Or, il n’y a rien de cela aujourd’hui. Il n’y a pas deux

    Si quelqu’un a la suite derrière le péage...

    • Faut-il craindre un retour à la guerre froide entre l’Occident et la Russie ?

      Certains analystes, y compris chez mes collègues universitaires, évoquent un retour de la guerre froide. On a beaucoup enseigné, dans les années 1970 et 1980, la fameuse thèse néoréaliste des relations internationales élaborée par le politiste américain Kenneth Waltz [1924-2013] . Selon celle-ci, une grande puissance dont le statut se dégrade ne se laisse pas faire sans réagir militairement. Or, la guerre froide s’est terminée en 1989, sans que la Russie de Mikhaïl Gorbatchev, et encore moins de Boris Eltsine, réagisse militairement d’abord à sa contraction territoriale, et ensuite à sa dégradation dans le système international. Tout le monde en a conclu : « La thèse était fausse, on s’est trompé. » Une grande puissance pourrait donc voir son statut se dégrader sans réagir militairement. Quand la Russie a envahi l’Ukraine, le 24 février, les mêmes ont revisité leur position : « Non, après tout, la théorie était bonne, mais elle a mis trente ans à se réaliser. » Nous serions ainsi revenus à la guerre froide.

      Et cela n’est pas le cas ?

      Non. D’abord, parce que la guerre froide opposait deux Etats en particulier, entourés de deux blocs, qui faisaient tous deux du prosélytisme dans le reste du monde, théâtre d’une lutte idéologique. Or, il n’y a rien de cela aujourd’hui. Il n’y a pas deux religions un monde libre et un monde socialiste qui s’affrontent partout sur la planète.
      Mais le plus important, c’est que le principe de bipolarité était implicite dans la guerre froide. Le monde s’alignait, ou se clivait, en fonction de cette division. Or, nous ne sommes plus dans un système de clivage idéologique en deux camps. On le voit bien avec la guerre en Ukraine. Les Etats ne se sont pas alignés directement autour d’une question centrale comme ils l’auraient fait pendant la guerre froide. Regardez l’attitude des pays d’Europe de l’Est et d’Amérique latine. Regardez les positions de l’Inde, d’Israël, du Maroc, de l’Afrique du Sud... Ces Etats observent la guerre en Ukraine et s’expriment selon le prisme de leurs intérêts nationaux frontières, économie, tensions régionales qu’ils estiment plus ou moins bien pris en compte par l’Occident.

      La guerre en Ukraine percuterait-elle donc un monde devenu multipolaire ?

      Oui, les Occidentaux se sont leurrés en pensant à un retour de la guerre froide, mais aussi parce qu’ils n’ont pas vu que le monde était devenu multipolaire. Des acteurs moyens, voire petits, ont pris énormément d’autonomie au cours des trente dernières années. Ils accordent la priorité à leurs propres problèmes et non selon une réaction pavlovienne, dans un sens ou dans l’autre, vis-à-vis de l’Occident. Cela ne veut pas dire qu’ils adoptent une attitude anti-occidentale. Je ne vois pas une sorte de rejet de l’Occident à travers le monde. Non. Les dirigeants de tous ces pays ne sont pas bêtes : ils savent que la plus grande puissance militaire au monde reste les Etats-Unis ; ils savent qu’ils ont besoin du marché européen, et parfois des aides européennes. Ils ne sont pas dans une attitude idéologique, mais il y a cette idée que la guerre en Ukraine leur offre une occasion de renégocier leur relation avec l’Occident.

      La mémoire de l’interventionnisme américain et occidental en Irak, en Libye et ailleurs ne pèse-t-elle pas aussi sur les attitudes vis-à-vis de la guerre en Ukraine ?

      Les Américains disent : « C’était notre politique, ça ne l’est plus. » Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, déclare : « Le regime change [intervention militaire pour renverser un gouvernement] n’est plus notre politique. » Mais on ne peut pas dire à une population : « C’est du passé. » Ça ne fonctionne pas comme ça ! La « mère des politiques » du regime change a été l’intervention en Irak, en 2003. Une guerre injustifiée, entourée de mensonges, qui a détruit l’Irak. Surtout, ses conséquences sont encore très visibles aujourd’hui, en ouvrant les portes de l’Irak à l’influence iranienne, et en changeant le rapport de force entre les communautés irakiennes. Sans compter que des éléments de sa population ont été attirés par des actions ou des groupes terroristes. Pour les Américains, « c’est du passé », mais ce n’est pas du « passé » pour les Irakiens, et ce n’est pas du « passé » pour les voisins de l’Irak. Cela reste un présent de tous les jours. On ne peut pas dire aux peuples : « Oubliez ! »

      Pour vous, la rupture, c’est la guerre en Irak ?

      Il faut revenir encore un peu plus en arrière. A la fin de la guerre froide, l’Occident s’est posé la question : que faire de la victoire ? John Ikenberry, professeur à Princeton, avait écrit un livre [ After Victory, Princeton University Press], le 15 novembre 2000 moins d’un an avant les attaques du 11-Septembre , où il formulait trois scénarios. Soit les Etats-Unis s’isolent et retournent s’occuper de leurs affaires intérieures, soit ils exploitent cette victoire en tentant d’obtenir autant de dividendes que possible par l’expansion de l’OTAN, l’encerclement de la Russie, l’engagement de réformes du système économique et politique. Ou alors, ajoutait Ikenberry, on tente de bâtir un ordre constitutionnel mondial.
      A ce moment-là, les élites occidentales ont beaucoup hésité. L’historien britannique Tony Judt [1948-2010] a même mis en garde contre le risque d’une « Weimar Russia », c’est-à-dire une Russie minée par le ressentiment, à l’instar de l’Allemagne de Weimar après le traité de Versailles de 1919, vivant dans un sentiment d’humiliation ad vitam æternam .
      Mais, pour notre malheur à tous, le gang des néoconservateurs américains est arrivé. Protégés par le vice-président Dick Cheney, qui avait adopté leur vision, ils ont poussé [le président] George W. Bush à entreprendre en Irak ce que Bush père avait sagement évité en 1990, à savoir un changement de régime brutal. Pour eux, cette opération devait refaçonner unilatéralement le Proche-Orient. Il s’agissait aussi d’une grande stratégie encore plus ambitieuse : l’exhibition spectaculaire de la puissance américaine pour dissuader toute autre grande puissance de se hisser à son rang.

      Le monde en paye donc encore les conséquences...

      Oui, car les Etats-Unis ont inauguré la dérégulation de la force. L’Irak, c’est la boîte de Pandore qu’il ne fallait pas ouvrir. C’est leur réponse à la question posée par Ikenberry sur la victoire : il est possible d’utiliser la force quand on le veut, pour faire ce qu’on veut, même sans aucune légitimité. Quel est le problème ? Quand la plus grande puissance donne le mauvais exemple, quand elle choisit non pas l’ordre constitutionnel mondial mais de pousser au maximum son avantage après sa victoire dans la guerre froide, elle fait forcément des émules. La Russie a attaqué la Géorgie en 2008, puis l’Ukraine, une première fois, en 2014. La Chine a commencé à s’agiter en mer de Chine méridionale et a envoyé ses avions survoler Taïwan. La Turquie s’est engagée en Syrie, puis en Libye. Quant à l’Iran, il a élargi son influence. Ainsi avons-nous assisté, après la dérégulation de l’économie issue de l’idéologie néolibérale, à la dérégulation de la force. Quand on me dit que l’invasion de l’Ukraine était inattendue... Excusez-moi, cela fait vingt ans que le monde souffre de la dérégulation de la force !

      Comment sortir de cette situation ?

      Le système onusien a été victime de cette dérégulation. Le moment est venu de réfléchir à un ordre mondial, sinon consti tutionnel, du moins normatif. Revenons à des normes communes. En politique, il n’est jamais trop tard.

      Dans ce nouveau contexte, la question de la démocratisation demeure-t-elle pertinente ?

      Il y a eu plusieurs vagues de démocrati sation entre les années 1980 et 2000. Au milieu des années 2000, plus de gens vivaient en démocratie que sous des régimes autoritaires. Puis le mouvement s’est arrêté autour de 2005-2006, avec trois formes de dégradation. Des pays sont devenus capitalistes, sans se démocratiser. D’autres ont connu des coups d’Etat. Enfin, des pouvoirs élus se sont mis à gouverner de manière autoritaire, ce que [le journaliste américain] Fareed Zakaria a nommé les « démocraties illibérales . Ce dernier modèle s’est répandu comme une traînée de poudre, ces dernières années, avec Vladimir Poutine, Recep Tayyip Erdogan en Turquie, Viktor Orban en Hongrie, Narendra Modi en Inde... Une des dimensions de la guerre en Ukraine ne relève-t-elle pas de la confrontation entre modèles autoritaire et démocratique ? Cela demanderait alors aux Ukrainiens un gros effort pour devenir une démocratie plus aboutie. Cette crise ukrainienne va-t-elle affecter le déclin démocratique auquel on assiste depuis quinze ans ?

      Comment voyez-vous l’issue de la guerre en Ukraine ?

      Il y a des guerres dont personne ne sort gagnant. Il se peut que l’Ukraine perde une partie de son indépendance ou un pan de son territoire. La Russie risque de perdre son aura de grande puissance. Quant à l’Oc cident, il pourrait perdre sa liberté de se concentrer sur le rival chinois. En effet, si cette guerre se termine par une tension permanente entre la Russie et l’Occident, la politique américaine de « pivot vers l’Asie » - lancée par Barack Obama sera contrariée. Et ça peut servir la Chine. Les Etats-Unis ont-ils la maîtrise de l’agenda ? Sont-ils capables de dire que le coeur du sujet, c’est la relation sino-américaine ? Les « printemps arabes », en 2011, puis la première guerre en Ukraine, en 2014, avaient empêché Washington d’imposer sa priorité. La même difficulté se pose aujourd’hui avec cette seconde guerre d’Ukraine et, peut-être, une nouvelle déflagration au Proche-Orient liée à l’influence iranienne ce que je n’exclus pas.

      Propos recueillis par Frédéric Bobin

  • Création à New York du premier #syndicat américain chez #Amazon, Joe Biden « heureux » [ouioui]
    https://www.lemonde.fr/international/article/2022/04/01/creation-a-new-york-du-premier-syndicat-americain-chez-amazon_6120208_3210.h


    Des membres de l’Amazon Labor Union célèbrent la création du premier syndicat au sein de l’entreprise, le 1er avril 2022, à New York. EDUARDO MUNOZ AVAREZ / AP

    Amazon, l’un des plus gros employeurs des Etats-Unis, avait réussi jusqu’ici à repousser les velléités des salariés souhaitant se regrouper dans le pays.

    Un petit groupe d’employés a fait flancher l’une des plus grandes multinationales. Les salariés d’un entrepôt d’Amazon à New York ont voté, vendredi 1er avril, en majorité en faveur de la création d’un syndicat, une première aux Etats-Unis au sein de l’entreprise.
    Selon un décompte retransmis en ligne, 2 654 employés ont coché « oui » pour être représentés par l’organisation #Amazon_Labor_Union (ALU), créée il y a près d’un an, contre 2 131 ayant voté contre. A l’annonce des résultats, des applaudissements ont retenti au sein de la petite foule réunie pour l’occasion en bas de l’immeuble où était organisé le dépouillement.

    [...]

    Au total, 8 325 travailleurs de l’entrepôt JFK8, situé dans le quartier de Staten Island, dans une grande zone industrielle, étaient sur la liste des votants, même si une partie d’entre eux ne travaillent plus à Amazon. Ils étaient appelés à voter en personne dans une tente installée devant le bâtiment, du 25 au 30 mars. En tout, 4 852 personnes ont glissé un bulletin dans l’urne. Le décompte, effectué par l’agence chargée du droit du travail aux Etats-Unis, le NLRB, avait débuté jeudi après-midi.

    [...]

    L’entreprise, de son côté, a fait part dans un communiqué de sa « déception » et dit « évaluer ses options ». Amazon envisage notamment de déposer une contestation contre « l’influence inappropriée » de l’agence chargée de superviser l’élection (NLRB).

    #travail #USA #logistique