un témoin sort de l’ombre pour accuser les gendarmes*

/962473

  • 01.11.2023 :

    En honorant ce 1er novembre la mémoire de Blessing et en luttant pour que la vérité et la justice soit faite sur les circonstances de sa mort, c’est la mémoire de toutes les victimes des frontières que nous honorons, et c’est contre cette politique et pour le respect des droits que nous luttons.

    https://www.facebook.com/tousmigrants/posts/pfbid0VR7pkb1i1WxeskfmAP81cTim6oEp6aiKkUsWSvrN7NsJcY8iXTd4LAMhaE6mL19hl
    #Blessing #commémoration #mémoire #Blessing_Matthew #mourir_aux_frontières #morts_aux_frontières #asile #migrations #réfugiés #Hautes-Alpes #Italie #France #frontières #vérité #justice

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    voir aussi ce fil de discussion sur l’"affaire Blessing" :
    https://seenthis.net/messages/962473

  • Hautes-Alpes : le principal témoin de la noyade d’une jeune migrante menacé d’expulsion

    Hervé S., un Camerounais de 35 ans, est sous le coup d’une #OQTF. Un « #acharnement », selon son avocat, alors que l’homme avait assisté à la mort d’une jeune Nigériane dans une rivière après qu’elle a été poursuivie par les gendarmes français.

    « Voici comment on traite dans ce pays ceux qui osent interroger les pratiques des forces de l’ordre. » Devant la juge administrative du tribunal de Lyon, Me Jérôme Drahy pose ce jeudi 13 juillet l’enjeu – politique, estime-t-il – de la décision que le tribunal rendra en début de semaine prochaine. Son client, Hervé S., Camerounais de 35 ans, conteste l’#obligation_de_quitter_le_territoire_français (OQTF) prise à son encontre par la préfecture du Rhône et son #expulsion imminente. Il est aussi le principal #témoin à charge dans le dossier de Blessing Matthew. Cette Nigériane âgée d’une vingtaine d’années s’était noyée dans la Durance en crue en mai 2018, poursuivie par les gendarmes mobiles alors qu’elle venait de passer la frontière haut-alpine de Briançon (Hautes-Alpes) par des sentiers de montagne. Hervé était avec Blessing cette nuit-là.

    La justice avait classé sans suite l’enquête préliminaire et a toujours refusé depuis d’ouvrir une enquête judiciaire sur ce drame, malgré deux recours successifs portés par la famille de Blessing, l’association Tous migrants et le collectif de chercheurs Border Forensics. Cette ONG a publié un rapport en 2022, appuyé sur le témoignage d’Hervé et sur les contradictions dans les récits des gendarmes. Sa conclusion : « En poursuivant Blessing, les gendarmes ont pu la mettre en danger, menant à sa chute dans la Durance et à sa mort. » Après le rejet de leur demande de réouverture de l’enquête, Tous migrants et Border Forensics ont déposé une requête devant la Cour européenne des droits de l’homme en octobre 2022, qui n’a pas encore été examinée. Hervé est donc un témoin clé. Pour maître Drahy, « l’empilement de mesures défavorables » à l’égard de son client, relève d’un « acharnement ».

    « Syndrome de stress post-traumatique »

    Hervé S. craint par ailleurs pour sa vie s’il est renvoyé au Cameroun, où il est toujours sous le coup d’un mandat d’arrêt. Depuis le départ de son pays natal, en 2018, il a connu un parcours « jalonné par la mort et la souffrance », selon son avocat. Harcelé par l’armée camerounaise, en raison de sa liaison avec Aïcha, la fille d’un colonel de gendarmerie musulman, lui qui est chrétien, il est d’abord emprisonné et violemment torturé dans une caserne. Son corps en porte les stigmates. Il décide de prendre la fuite du Cameroun avec Aïcha et leur bébé. Ils sont rançonnés en Libye, où Aïcha est aussi violée. La famille décide de traverser la Méditerranée pour l’Europe, mais Aïcha et son fils se noient – sous les yeux d’Hervé – lors du naufrage de leur embarcation de fortune au large des côtes italiennes.

    L’homme souffre depuis d’un profond sentiment de culpabilité. Pire : selon ses dires, au pays, le colonel n’a jamais cessé de harceler sa famille. Son père est mort d’un AVC après avoir été menacé et sa sœur a péri lors de l’incendie criminel de sa maison. Me Drahy, certificats médicaux récents à l’appui, indique que l’état de son client nécessite aujourd’hui des soins impératifs : « Syndrome de stress post-traumatique et dépression sévère. »

    Une décision « doublement vitale »

    Un diagnostic qui explique, selon l’avocat, l’échec de sa demande d’asile en 2021 : Hervé S. n’a pas su défendre son dossier. Ce jeudi 13 juillet, devant la juge, le Camerounais a en effet beaucoup de mal à s’exprimer. D’une voix sourde, il dit laconiquement qu’il n’a « plus de famille vivante au Cameroun ». Ses souhaits ? « Que justice soit faite, pour moi, pour Blessing, et que je sois bien soigné. » De son côté, la représentante de la préfecture du Rhône se retranche derrière les décisions de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides et de la cour nationale du droit d’asile, estimant que les propos d’Hervé S. sont « inconsistants » et son récit « non personnalisé ». Pour Michel Rousseau, vice-président de Tous migrants, présent à l’audience, la décision que va prendre le tribunal est « doublement vitale » : pour Hervé S., « à qui l’on dénie le droit à l’asile et à la santé, condamné à mourir immédiatement ou à petit feu s’il rentre au Cameroun ». Et pour « l’espoir d’obtenir un jour vérité et justice pour Blessing ».

    https://www.liberation.fr/societe/hautes-alpes-le-principal-temoin-de-la-noyade-dune-jeune-migrante-menace-

    #Hervé #Blessing #migrations #asile #réfugiés

    voir aussi :
    Mort de #Blessing, 20 ans, à la frontière : un témoin sort de l’ombre pour accuser les gendarmes
    https://seenthis.net/messages/962473

    25.10.2022. Mort de Blessing Matthew : Face à l’impunité en France, nous introduisons une requête devant la #Cour_européenne_des_droits_de_l’homme
    https://seenthis.net/messages/977402

    • Traduction en italien (rapide):

      Hautes-Alpes: il testimone principale dell’annegamento di una giovane migrante è minacciato di espulsione

      Hervé S., camerunense di 35 anni, ha ricevuto un foglio di via. Secondo il suo avvocato, si tratta di un «accanimento», poiché l’uomo aveva assistito alla morte di una giovane donna nigeriana in un fiume dopo che era stata inseguita dai gendarmi francesi.

      «È così che in questo Paese si trattano le persone che osano mettere in discussione le pratiche della polizia». Giovedì 13 luglio, davanti al giudice amministrativo del tribunale di Lione, l’avvocato Jérôme Drahy ha esposto la posta in gioco - politica, a suo avviso - per la decisione che il tribunale emetterà all’inizio di prossima settimana. Il suo cliente, Hervé S., camerunense di 35 anni, contesta l’obbligo di lasciare il territorio francese (OQTF) impostogli dalla prefettura del Rodano e la sua imminente espulsione. Hervé S. è anche il principale testimone dell’accusa nel caso di Blessing Matthew. Questa donna nigeriana di vent’anni è annegata nella Durance in piena nel maggio 2018, inseguita dalle forze dell’ordine mentre attraversava il confine con le Alpi da Briançon (Hautes-Alpes) lungo i sentieri di montagna. Hervé era con Blessing quella notte.

      I tribunali hanno archiviato l’indagine preliminare e da allora si sono rifiutati di aprire un’inchiesta giudiziaria su questa tragedia, nonostante due successivi ricorsi presentati dalla famiglia di Blessing, dall’associazione Tous migrants e dal gruppo di ricerca Border Forensics. Quest’ultima ONG ha pubblicato un rapporto nel 2022, basato sulla testimonianza di Hervé e sulle contraddizioni dei racconti dei gendarmi. La sua conclusione: «Inseguendo Blessing, i gendarmi potrebbero averla messa in pericolo, causandone la caduta nella Durance e la morte». Dopo che la loro richiesta di riaprire l’inchiesta è stata respinta, nell’ottobre 2022 Tous Migrants e Border Forensics hanno presentato un ricorso alla Corte europea dei diritti umani, che non è ancora stato esaminato. Hervé è quindi un testimone chiave. Per Maître Drahy, «l’accumulo di misure sfavorevoli» nei confronti del suo cliente equivale a «un accanimento».

      Disturbo da stress post-traumatico

      Hervé S. teme anche per la sua vita se venisse rimandato in Camerun, dove è ancora in vigore un mandato di arresto contro di lui. Da quando ha lasciato il suo Paese natale nel 2018, il suo viaggio è stato «segnato da morte e sofferenza», secondo il suo avvocato. Molestato dall’esercito camerunese a causa della sua relazione con Aïcha, figlia di un colonnello musulmano della gendarmeria, è stato imprigionato e violentemente torturato in una caserma. Il suo corpo ne porta ancora le cicatrici. Decide di fuggire dal Camerun con Aïcha e il loro figlio. Vengono imprigionati in Libia, dove Aïcha viene anche violentata e dove dovranno pagare per uscire dai campi di prigionia. La famiglia decide di attraversare il Mediterraneo per raggiungere l’Europa, ma Aïcha e suo figlio annegano - sotto gli occhi di Hervé - quando la loro barca di fortuna affonda al largo delle coste italiane.

      Da allora l’uomo soffre di un profondo senso di colpa. Peggio ancora: secondo lui, a casa, il colonnello non ha mai smesso di perseguitare la sua famiglia. Suo padre è morto per un ictus dopo essere stato minacciato e sua sorella è stata uccisa, nella sua casa, in un incendio di origine dolosa. I certificati medici confermano lo stato di salute di Hervé e l’avv. Drahy indica che le condizioni del suo cliente richiedono oggi cure urgenti: «Disturbo post-traumatico da stress e grave depressione».

      Una decisione doppiamente vitale

      Secondo l’avvocato, questa diagnosi spiega il fallimento della sua domanda d’asilo nel 2021: Hervé S. non era in grado di difendere il suo caso. Giovedì 13 luglio, davanti al giudice, il camerunese aveva grandi difficoltà ad esprimersi. Con voce sorda, ha detto laconicamente di «non avere più una famiglia in Camerun». I suoi desideri? «Che sia fatta giustizia per me, per Blessing, e che io sia curato». Da parte sua, la rappresentante della prefettura del Rodano si nasconde dietro le decisioni dell’Ufficio francese per la protezione dei rifugiati e degli apolidi e del Tribunale nazionale per il diritto d’asilo, ritenendo che le dichiarazioni di Hervé S. siano «incoerenti» e la sua storia «non personalizzata». Per Michel Rousseau, vicepresidente di Tous migrants, presente all’udienza, la decisione del tribunale è «doppiamente vitale»: per Hervé S., «a cui viene negato il diritto all’asilo e alla salute, condannato a morire immediatamente o lentamente se torna in Camerun». E per «la speranza di ottenere un giorno verità e giustizia per Blessing».

  • Violences policières : la #répression des migrations

    A l’occasion de la journée internationale contre les violences policières, La Cimade présente, à travers son nouveau podcast, des récits de personnes étrangères victimes de graves violations de leurs droits humains imputables aux forces de l’ordre.

    Depuis quelques années, les violences policières sont régulièrement mises au-devant de la scène médiatique. Pourtant, les violences exercées sur les personnes étrangères sont très peu mises en lumière alors que leur caractère systémique – notamment aux frontières françaises, sur les lieux de vie des exilé.e.s ou dans les lieux privatifs de liberté dédiés au refoulement ou l’expulsion des personnes étrangères – laissent penser qu’elles sont utilisées par les forces de l’ordre comme un outil au service de la répression des migrations. Ces violences, qui se perpétuent en raison d’une certaine impunité qui prévaut, font partie intégrante d’un dispositif qui vise à dissuader, voire empêcher l’arrivée et le séjour de personnes étrangères en France, et faciliter leur refoulement ou expulsion. Les fragments de vie racontés par les protagonistes du podcast sont une illustration parfaite de ces schémas de violences.

    Bchira vit en France depuis 8 ans et bénéficie à présent d’un titre de séjour, mais quand elle croise la police, ses craintes refont surface. Elle nous introduit les récits de trois personnes auxquelles elle s’identifie ou dont les contours de leurs vécus ressemblent peu ou prou à ceux d’ami.e.s ou de connaissances qui n’aspiraient qu’à bénéficier d’une vie meilleure en France.

    Pour commencer, c’est Hervé qui nous relate quelques éléments de son histoire. Dans la continuité d’un parcours migratoire tragique au cours duquel son épouse et son enfant décèdent en mer, il subit une nouvelle perte lors de son passage de la frontière franco-italienne. Lui et Blessing Matthew, une jeune femme nigériane rencontrée sur sa route vers la France, font l’objet d’une course poursuite par la police. Cette véritable chasse à l’homme conduira Blessing tout droit dans une rivière. Elle y meurt, noyée, sous l’œil des policiers qui assistent passivement à la scène. Son témoignage n’a jamais été entendu par la justice. En 2021, la plainte de la sœur de Blessing contre les policiers a été classée sans suite.

    José prend la suite de ce témoignage en nous racontant les violences subies en centre de rétention administrative (CRA), « la prison des étrangers » sous procédure d’expulsion. Ces lieux d’enfermement, dont la gestion et la surveillance sont confiées à la police aux frontières, cristallisent de multiples tensions. La mesure de coercition, symptomatique d’un schéma de domination de la police sur la personne étrangère, est inhéremment source de tensions, ce qui mène à des situations explosives, comme le dénonce La Cimade.

    Enfin, c’est au tour de Shabani de nous exposer son histoire : demandeur d’asile à la rue à Mayotte, il décide d’occuper avec d’autres personnes en quête d’une protection internationale une place dans la capitale du 101ème département français pour protester contre des conditions de vie dégradantes. Shabani sera néanmoins l’objet et le témoin de multiples violences policières lors d’opérations policières d’ampleur visant à déloger l’ensemble des occupant.e.s de cette place. En plus des violences commises, le podcast illustre la politique de harcèlement mise en œuvre à l’égard des personnes étrangères. Dans ce cadre, vous entendrez les mots de Laurent Simonin, directeur territorial de la police nationale à Mayotte qui, pour rappel, avait fait l’objet d’une condamnation dans l’affaire Benalla. Cet extrait sonore provient de plusieurs vidéos récupérées par La Cimade filmées lors de l’évacuation de la place de Mamoudzou. D’autres vidéos dévoilent les violences subies par Shabani et d’autres manifestant.e.s.

    Ces histoires ne sont pas des situations isolées, bien au contraire. Elles sont symptomatiques d’un Etat de droit qui dysfonctionne et d’une police qui, pour réprimer les migrations, a recours à de la violence sous diverses formes : celles-ci peuvent être physiques, verbales, psychologiques, ou se matérialiser par des refus ou de l’obstruction de droits, ou encore par de la non-assistance à personne en danger. La Cimade demande donc à ce que cessent les violences policières et appelle à une politique d’accueil digne et respectueuse des droits des personnes étrangères.

    https://www.lacimade.org/violences-policieres-repression-migrations

    Il y a notamment le témoignage d’#Hervé, compagnon de route de #Blessing_Matthew, jeune femme décédée à la frontière italo-française (à partir de la min. 3’25) :
    https://seenthis.net/messages/962473

    #migrations #asile #réfugiés #violence #violences_policières

  • 25.10.2022. Mort de Blessing Matthew : Face à l’impunité en France, nous introduisons une requête devant la #Cour_européenne_des_droits_de_l’homme

    Nous refusons d’accepter qu’à la violence qui coûta la vie à Blessing Matthew s’ajoute celle de l’impunité !

    Le 9 mai 2018, le corps d’une jeune femme est découvert dans la Durance au barrage de Prelles, une dizaine de kilomètres en aval de Briançon (Hautes-Alpes, France). La jeune femme est identifiée quelques jours plus tard comme étant Blessing Matthew, âgée de 21 ans et originaire du Nigeria. Elle avait été vue pour la dernière fois le 7 mai, entre 4 heures et 5 heures du matin, alors que des gendarmes mobiles tentaient de l’interpeller avec ses deux compagnons de route, Hervé S. et Roland E., dans le hameau de La Vachette, à proximité de la frontière franco-italienne.

    Au-delà de la douleur de sa famille et de ses deux compagnons de route, la mort de Blessing a suscité une vive émotion dans le Briançonnais. Elle a concrétisé les craintes, maintes fois exprimées par la société civile, concernant la militarisation de la frontière haute-alpine et ses conséquences dangereuses pour les personnes exilées. C’est le premier cas documenté d’une personne exilée décédée dans le Briançonnais, depuis la décision du gouvernement français de rétablir les contrôles fixes aux frontières en 2015. Depuis lors, plusieurs autres cas ont été documentés. Au total, de 2015 à mai 2022, 46 personnes ont trouvé la mort en tentant de franchir la frontière franco-italienne.

    À la suite de sa mort, la famille de Blessing – soutenue par l’association briançonnaise Tous Migrants – n’a eu de cesse de demander vérité et justice pour sa mort. Or, en réponse à la plainte déposée le 25 septembre 2018 par une des sœurs de Blessing, Christiana Obie, le 15 novembre 2019, le procureur de Gap décide d’un non-lieu ab initio, une décision confirmée par la suite.

    Ce processus judiciaire n’a pas permis de faire la lumière sur les faits ayant mené à la mort de Blessing et les responsabilités impliquées. Au contraire, l’analyse par Tous Migrants du dossier d’enquête du procureur, et notamment des déclarations des gendarmes mobiles, a révélé de nombreuses incohérences, contradictions et zones d’ombres.

    À la demande de l’association Tous Migrants et en collaboration avec elle, et grâce à la contribution fondamentale d’un des compagnons de route de Blessing Matthew, Hervé S., l’agence Border Forensics à mobilisé des méthodes d’analyse spatio-temporelle de pointe pour mener sa propre contre-enquête. L’analyse de Border Forensics a permis, grâce au témoignage in situ d’Hervé S., de confirmer et de préciser la reconstitution des événements. Selon ce témoignage, en poursuivant Blessing, les gendarmes l’ont mise en danger, menant à sa chute dans la Durance et à sa mort. De plus, Border Forensics a réalisé une analyse spatio-temporelle des déclarations des gendarmes qui a fait émerger les nombreuses omissions, contradictions et zones d’ombre de l’enquête de police judiciaire concernant les conditions qui ont mené à la mort de Blessing.

    L’analyse produite par Border Forensics, publiée le 30 mai 2022, a ainsi remis en cause les conclusions de l’enquête de police judiciaire disculpant les gendarmes. Compte tenu de ces nouveaux éléments qui apportent un éclairage inédit et déterminant sur les faits, une demande a été déposée le 27 mai 2022 par Maître Vincent Brengarth auprès du Parquet Général de Grenoble, une demande de réouverture de l’instruction sur charges nouvelles a été déposée le 27 mai 2022 par Maître Vincent Brengarth auprès du Parquet Général de Grenoble.

    Or, contre toute attente, le 23 juin 2022, le procureur général a indiqué qu’il n’envisageait pas de saisir la chambre de l’instruction. Le procureur général, par sa décision qui tient en quelques lignes et qui a été prise en très peu de temps, a balayé tous les éléments nouveaux apportés par Border Forensics et a refusé d’entendre le témoignage d’Hervé S. qui, pour la première fois, révélait l’existence d’un véritable guet-apens. Cette décision a totalement fait fi des éléments nouveaux qui devaient justifier des investigations complémentaires, conformément aux obligations pesant sur la justice en la matière.

    En réaction aux circonstances de la mort de sa sœur, Happy Matthew nous a dit : “Ils ont juste laissé une personne mourir parce qu’elle n’est pas blanche comme eux, elle n’est pas Française comme eux.” Le déni de vérité et de justice qu’a confirmé le procureur général perpétue ainsi le traitement discriminatoire et inhumain de Blessing Matthew après sa mort.

    Nous refusons qu’à la violence qui coûta la vie à Blessing Matthew s’ajoute celle de l’impunité. Comme le dit Christiana Obie : « Ma soeur continuera de hurler et hurler » tant que justice ne sera pas faite. Au-delà du cas de Blessing, l’impunité pour les morts de personnes migrantes aux frontières italo-françaises permet de perpétuer les politiques et pratiques de contrôles et de renvois systématiques mettant les exilé·es en danger.

    Ainsi, considérant l’impératif de vérité et de justice pour Blessing et l’épuisement des voies de recours en France, Maître Vincent Brengarth a déposé une requête devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) le 20 octobre 2022. Cette requête contre la France souligne l’absence d’enquête effective et le manque d’indépendance de celle-ci. Elle se fonde en effet sur les obligations pesant sur les États membres en vertu de l’article 2 de la Convention européenne des droits de l’Homme, qui protège le droit à la vie. Le refus de prise en compte de ce témoignage révèle a posteriori l’absence d’indépendance dans le cadre des investigations menées mais également leur partialité. Par ailleurs, la requête tend également à dénoncer l’absence de tout recours pour dénoncer la position du Parquet Général refusant de rouvrir l’information judiciaire malgré les éléments produits et par le truchement d’une motivation expéditive. Maître Vincent Brengarth déclare au sujet de la procédure : “Il est indispensable que la CEDH condamne la France pour la manière inacceptable dont elle a instruit le décès de Blessing qui n’a pas bénéficié d’une enquête indépendante et impartiale”.

    À l’occasion du dépôt de la requête devant la CEDH, Border Forensics publie la reconstruction vidéo complète de l’analyse spatio-temporelle des contradictions des déclarations des gendarmes, et publie la traduction anglaise de l’ensemble de son rapport.

    Rien n’arrêtera notre demande de « vérité et justice pour Blessing » !

    https://www.borderforensics.org/fr/updates/25-10-2022-mort-de-blessing-matthew-face-a-limpunite-en-france-nous

    #CEDH #courEDH #justice #Blessing_Matthew
    #décès #morts_aux_frontières #asile #migrations #frontières #Hautes-Alpes #Briançon #La_Vachette #Briançonnais #France #gendarmes #border_forensics #mourir_aux_frontières #Blessing
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    voir aussi ce fil de discussion sur l’"affaire Blessing" :
    https://seenthis.net/messages/962473

    • Mort d’une Nigériane dans les Alpes : la Cour européenne des droits de l’Homme saisie par Tous Migrants

      L’association Tous Migrants a annoncé, mardi, avoir déposé un recours devant la Cour européenne des droits de l’Homme au sujet du décès en 2018, de Blessing Matthew, une jeune Nigériane, morte noyée près de Briançon, après avoir franchi la frontière franco-italienne. Deux non-lieux avaient été prononcés au terme de l’enquête.

      La Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) va-t-elle réussir à faire la lumière sur les circonstances de la mort de Blessing Matthew ? L’association Tous Migrants a annoncé, mardi 25 octobre, avoir saisi l’instance européenne concernant la mort, en 2018, de cette jeune Nigériane, dans les Hautes-Alpes, après un contrôle de gendarmerie.

      « Nous refusons d’accepter qu’à la violence qui coûta la vie à Blessing Matthew s’ajoute celle de l’impunité ! », déclare l’association dans un communiqué.

      L’enquête sur les circonstances du décès, portant notamment sur un contrôle de gendarmerie à la frontière, en la présence de Blessing Matthew le 7 mai 2018, avait d’abord été classée sans suite par le parquet de Gap. La sœur de la victime, Christiana Obie Darko, avait déposé plainte avec constitution de partie civile et une information judiciaire avait été ouverte. Elle avait conclu à un non-lieu, le 18 juin 2020, confirmé en appel le 9 février 2021.

      Le 13 juin dernier, Tous Migrants et la sœur de l’exilée avaient déposé une demande de réouverture d’information judiciaire, en invoquant le nouveau témoignage fourni par un des « exilés pourchassés par les gendarmes » évoquant un « véritable guet-apens ».
      « Help me, help me »

      Cette personne, présentée comme Hervé S., avait fait, en mai 2018, la route depuis l’Italie avec Blessing Matthew. Il assure que les gendarmes les ont repérés dans le village de La Vachette et que l’un d’eux a poursuivi Blessing dans un jardin près de la Durance. La jeune femme serait alors tombée dans l’eau en voulant lui échapper.

      « Je l’ai entendue crier : ’Help me, help me !’ [’Aidez-moi, aidez-moi !’] Au fur et à mesure qu’elle criait, sa voix s’éloignait… Ensuite, le gendarme est allé dire à ses collègues qu’elle était tombée dans la rivière mais qu’elle avait peut-être traversé. Ils n’ont pas appelé les secours. Des gendarmes sont allés [essayer de] chercher Blessing de l’autre côté », avait confié Hervé S. à Médiapart en avril dernier.

      Tous Migrants s’est également appuyé sur les travaux de Border forensics, qui a recueilli le témoignage de Hervé S. « in situ », et reconstitué la scène qui s’est déroulée dans le village de La Vachette. Une investigation qui contredit l’enquête de police judiciaire.

      Le procureur général de Grenoble avait indiqué, fin juin, qu’il ne donnerait pas suite à la demande de réouverture d’une information judiciaire, indiquant que Hervé S avait été interrogé et n’avait pas évoqué de guet-apens.

      http://www.infomigrants.net/fr/post/44294/mort-dune-nigeriane-dans-les-alpes--la-cour-europeenne-des-droits-de-l

    • Justice for Blessing: Contesting Police Violence at the Franco-Italian Border

      On October 25th, Tous Migrants, a French migrant advocacy organization, announced that it had filed an appeal with the European Court of Human Rights concerning the death of Blessing Matthew, a young Nigerian woman who died after crossing the Franco-Italian border. This appeal is based in part on new evidence in the case that came to light in an investigation by Border Forensics.

      Blessing Matthew was 21 years old, from Nigeria, and had graduated high school there. She arrived in Italy in the autumn of 2016 but was unable to secure the right to stay or find work, so she decided to continue her journey. On the night of May 7th 2018, she crossed the border from Italy to France. Two days later her body was found in the Durance River, several kilometers downstream from the border. The sequence of events that led to her death was unclear until Border Forensics conducted an investigation to reconstruct the events. Using new witness testimony from one of Blessing’s fellow travelers, alongside additional evidence, Border Forensics conducted a spatio-temporal analysis to visually reconstruct the scene. Border Forensics has shown that French police may have endangered Blessing in a way that led to her fall into the river and ultimately to her death.

      Border Forensics takes an innovative approach combining academic inquiry and activism with the goal of revealing border violence and seeking mobility justice. Their investigations bring together civil society, academics, and migrants and their families in a way that recognizes the distinct knowledge that each party contributes. This enables them to reveal new information about the violence that takes place at borders around the world. In Blessing’s case, the previous investigation by the French police was inconclusive with contradictory statements from the police who saw Blessing the night she died. The two attempts to bring the case to court in France were dismissed, so the new evidence from Border Forensics that has been brought to the ECHR is the last resort to seek justice for Blessing.

      Blessing’s death falls into a larger pattern of police repression and violence at the Franco-Italian border. Migrants are criminalized for their mobility, facing verbal and physical violence from French police, and being refused entry to France despite their right to claim asylum. Residents of the town of Briançon and activists have mobilized in solidarity with migrants, running a shelter for migrants and going to the border and look for people who are in need of assistance after crossing. My doctoral research considers how citizens and migrants act in solidarity together in this region despite the threat of criminalization. I spent a year conducting fieldwork at this border, and with the support of a UACES microgrant, I was able to return after I had completed my fieldwork in order to share my findings with the people who have contributed to my research. As an activist academic, I seek to ensure that my research is engaged with community priorities and done in a way that is not extractive. Even though I am no longer in the field, collaborating with Border Forensics to translate the investigation and publicize it in English is a way for me to contribute and stay engaged in the cause for justice at this border.

      https://uacesoneurope.ideasoneurope.eu/2022/11/01/justice-for-blessing-contesting-police-violence-at-the-f

    • Le 23 novembre 2022, la CEDH informe Tous Migrants et la famille de Blessing que la requête est recevable !!

      Le 7 mai 2018, Blessing Matthew chutait dans la Durance en crue, alors qu’elle était poursuivie par une patrouille de gendarmes mobiles. Les deux personnes qui l’accompagnaient avaient réussi à se cacher. Depuis sa cachette, Hervé voyait et entendait toute la scène qu’éclairaient les torches des gendarmes mobiles.

      Au-delà de la douleur de sa famille et de ses deux compagnons de route, la mort de Blessing a suscité une vive émotion dans le Briançonnais. Elle a concrétisé les craintes, maintes fois exprimées par la société civile, concernant la militarisation de la frontière haute-alpine et ses conséquences dangereuses pour les personnes exilées. C’est le premier cas documenté d’une personne exilée décédée dans le Briançonnais, depuis la décision du gouvernement français de rétablir les contrôles fixes aux frontières en 2015. Depuis lors, plusieurs autres cas ont été documentés. Au total, de 2015 à mai 2022, 46 personnes ont trouvé la mort en tentant de franchir la frontière franco-italienne.

      À la suite de sa mort, la famille de Blessing - soutenue par l’association briançonnaise Tous Migrants - n’a eu de cesse de demander vérité et justice pour sa mort. Mais la justice française a refusé toute instruction depuis le classement sans suite de l’enquête du procureur disculpant les gendarmes mobiles. Elle a refusé d’entendre le témoin et d’examiner les nombreuses omissions, contradictions et zones d’ombre de l’enquête de police judiciaire, mises en évidence par notre contre-enquête et par celle de Border Forensics.

      Face à l’impunité des responsables et au déni de justice en France, nous avons déposé une requête devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) le 25 octobre.

      Le 23 novembre, la CEDH nous a signifié que notre requête était recevable et que la Cour allait donc l’examiner.

      Nous espérons que sa décision obligera la justice française à ouvrir l’instruction et faire correctement son travail, en toute impartialité. Mais cela peut prendre du temps, pour ne pas dire des années. Nous allons donc poursuivre notre travail de sensibilisation sur ce drame qui est la conséquence d’une politique responsable de dizaines de morts dans les alpes, de centaines de morts aux frontières de notre pays et de dizaines de milliers de morts aux frontière de l’Europe.

      source : newsletter Tous Migrants, décembre 2022

  • Affaire Blessing : le Procureur Général confirme le déni de vérité et de justice

    Communiqué de presse de Tous Migrants et Border Forensics du 30 juin 2022

    Le 27 mai 2022, l’association TOUS MIGRANTS et la sœur de Blessing MATTHEW ont introduit une demande de réouverture de l’information judiciaire sur charges nouvelles auprès du Procureur de la République.

    Il sera en effet rappelé qu’un non-lieu avait été prononcé le 18 juin 2020 en dépit des circonstances tout à fait troubles du décès de Blessing MATTHEW. Ce non-lieu est intervenu ab initio, soit sans investigations complémentaires et donc de manière tout à fait singulière.

    Ce non-lieu a été confirmé le 9 février 2021 par la chambre de l’instruction de la cour d’appel, en dépit des nombreuses contradictions mises en avant par les parties civiles qui ont également contesté l’impartialité de la procédure.

    Or, postérieurement à cette décision, un certain nombre d’éléments nouveaux et déterminants sont apparus.

    D’une part, à la lumière du travail technique considérable réalisé par BORDER FORENSICS, des incohérences inédites dans les déclarations des gendarmes ont été mises en exergue.

    D’autre part, l’association TOUS MIGRANTS est parvenue à recueillir la parole d’un témoin direct des faits, dont la situation n’avait pas permis d’être entendu physiquement par les enquêteurs de façon sereine.

    Contre toute attente, le 23 juin 2022, les Conseils des parties civiles ont été rendus destinataires d’un courrier du Procureur Général indiquant qu’il n’envisageait pas de saisir la chambre de l’instruction. ,

    Ce refus, particulièrement succinct, se fonde sur deux arguments :

    - « Les contradictions évoquées dans le mémoire entre les différentes déclarations des gendarmes quant au déroulement de la recherche dans le village de La Vachette des trois personnes en fuite n’apparaissent pas pertinentes, dès lors que chaque gendarme décrit son intervention et son positionnement ».

    - « L’existence du témoin prénommé Hervé était connue… et les enquêteurs avaient eu deux contacts téléphoniques avec lui les 14 et 15 mai 2018 et il n’avait pas évoqué de guet-apens. La chambre d’instruction avait expressément indiqué que son audition n’était pas utile à la manifestation de la vérité. »

    Cette décision du Procureur Général, qui tient en quelques lignes et qui a été prise en très peu de temps, balaye tous les éléments nouveaux apportés par notre enquête.

    Pas plus que les décisions précédentes, celle-ci n’apporte aucun élément concret permettant de lever les contradictions, incohérences et zones d’ombre que nous avons mises en évidence. Qui plus est, le Procureur refuse d’entendre le principal témoin qui, pour la première fois, révélait l’existence d’un véritable guet-apens.

    Cette décision prive les parties civiles d’obtenir toute la vérité sur les circonstances de la mort de Blessing MATTHEW. La justice n’a pas eu le courage suffisant pour accepter la remise en cause de l’enquête qui avait été réalisée par le Procureur, soit en l’absence d’un magistrat indépendant.

    Cette décision est d’autant plus inconcevable que les obligations de la France en matière d’enquête sont censées être renforcées en cas de décès. L’association TOUS MIGRANTS voit dans cette décision un refus de faire la lumière sur une affaire mettant en cause les forces de l’ordre avec la circonstance que la victime est une exilée.

    En réaction aux circonstances de la mort de sa sœur, Happy MATTHEW nous a dit : “Ils ont juste laissé une personne mourir parce qu’elle n’est pas blanche comme eux, elle n’est pas Française comme eux.” Le déni de vérité et de justice que confirme le Procureur perpétue le traitement discriminatoire et inhumain de Blessing MATTHEW après sa mort.

    De manière plus générale, cette décision est symptomatique d’une absence de véritable contrôle de la Justice face aux très graves violations des droits de l’Homme subies par les personnes exilées.

    Dans un contexte de militarisation croissante de la frontière depuis 2015, et dans un climat politique délétère, où les personnes exilées et les humanitaires qui les accompagnent se voient dénier l’accès aux droits fondamentaux et sont traités comme des citoyens de seconde zone, cette décision doit servir de sursaut.

    Rien n’arrêtera notre demande de « vérité et justice pour Blessing ».

    reçu via la mailing-list Migreurop, le 30.06.2022

    #Blessing_Matthew #justice (well...)

    voir aussi ce fil de discussion :
    https://seenthis.net/messages/962473

    • Mort d’une Nigériane dans les Alpes : la justice refuse de rouvrir l’enquête

      La justice n’envisage pas de rouvrir l’enquête sur la mort d’une Nigériane en 2018 dans les Hautes-Alpes, a déploré jeudi 30 juin l’association de défense des migrants qui en avait fait la demande avec la sœur de la victime.

      Blessing Matthew, 21 ans au moment des faits, avait été retrouvée noyée le 9 mai 2018 dans la Durance, après avoir franchi la frontière en provenance d’Italie. L’enquête sur les circonstances du décès, portant notamment sur un contrôle de gendarmerie survenu deux jours plus tôt à la frontière, avait d’abord été classée sans suite par le parquet de Gap. La sœur de la victime, Christiana Obie Darko, avait déposé plainte avec constitution de partie civile et une information judiciaire avait été ouverte. Elle a conclu à un non-lieu prononcé le 18 juin 2020 et confirmé, le 9 février 2021, par la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Grenoble.

      Le 13 juin dernier, l’association Tous Migrants et la sœur de l’exilée ont déposé une demande de réouverture d’information judiciaire à la lumière d’un nouveau témoignage de nature, selon elles, « à rebattre totalement les cartes ». Mais dix jours plus tard, le procureur général de Grenoble leur a fait savoir, dans un courrier dont l’AFP a pris connaissance, qu’il n’envisageait pas de saisir la chambre de l’instruction à cette fin. Les requérants ont condamné, dans un communiqué de presse diffusé jeudi, « cette décision qui tient en quelques lignes et qui a été prise en très peu de temps ». « Elle est parfaitement inconcevable au vu du caractère déterminant du témoignage recueilli. Elle participe à accroître un sentiment de défiance envers la justice lorsque toutes les conditions de l’indépendance ne sont pas remplies et que des forces de l’ordre sont mises en cause », a ajouté leur avocat, Me Vincent Brengarth.

      Selon la sœur de la victime et le collectif de soutien aux migrants, le témoignage, fourni par un membre du « groupe d’exilés pourchassés par les gendarmes », révélait pour la première fois « l’existence d’un véritable guet-apens ». Pour le procureur général, « l’existence du témoin était connue » : « les enquêteurs avaient eu deux contacts téléphoniques avec lui, les 14 et 15 mai 2018, et il n’avait pas évoqué de guet-apens », écrit le magistrat dans sa réponse. « La chambre de l’instruction avait expressément indiqué que son audition n’était pas utile à la manifestation de la vérité », ajoute-t-il. L’association Tous Migrants estime que la situation personnelle de ce témoin direct des faits, à l’époque, ne lui avait pas permis « d’être entendu physiquement par les enquêteurs de façon sereine ».

      https://www.lefigaro.fr/flash-actu/mort-d-une-nigeriane-dans-les-alpes-la-justice-refuse-de-rouvrir-l-enquete-

    • Mort d’une Nigériane dans les Alpes : la justice refuse de rouvrir l’enquête

      Malgré la demande de l’association Tous migrants et de la sœur de la victime, le procureur général de Grenoble a indiqué dans un courrier qu’il n’envisageait pas de saisir la chambre de l’instruction pour rouvrir l’enquête sur la mort Blessing Matthew, une jeune Nigériane décédée en 2018 dans les Alpes.

      Près d’un mois après la demande de réouverture de l’enquête sur la mort de Blessing Matthew par sa sœur Christiana Obie Darko et l’association Tous migrants, la justice a décliné cette requête. Tous migrants a déploré, jeudi 30 juin, dans un communiqué, la décision du procureur général de Grenoble de ne pas saisir la chambre de l’instruction dans le but de relancer les investigations sur la mort de la jeune femme.

      Blessing Matthew, 21 ans au moment des faits, avait été retrouvée noyée le 9 mai 2018 dans la Durance, après avoir franchi la frontière en provenance d’Italie. L’enquête sur les circonstances du décès, portant notamment sur un contrôle de gendarmerie survenu deux jours plus tôt à la frontière, avait d’abord été classée sans suite par le parquet de Gap.

      La sœur de la victime, Christiana Obie Darko, avait déposé plainte avec constitution de partie civile et une information judiciaire avait été ouverte. Elle a conclu à un non-lieu prononcé le 18 juin 2020 et confirmé, le 9 février 2021, par la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Grenoble.

      Mais, fin mai, Tous migrants et Christiana Obie Darko ont annoncé avoir demandé la réouverture de l’enquête après avoir pu mettre en lumière des incohérences dans les témoignages des gendarmes impliqués dans le drame. Ils souhaitaient également faire valoir les éléments apportés par un nouveau témoin. Ce dernier, Hervé S., a affirmé avoir assisté à la poursuite de Blessing Matthew par un gendarme, l’avoir entendue tomber à l’eau et avoir vu le gendarme ne pas lui porter secours.

      « Je l’ai entendue crier : ’Help me, help me !’ [’Aidez-moi, aidez-moi !’] Au fur et à mesure qu’elle criait, sa voix s’éloignait… Ensuite, le gendarme est allé dire à ses collègues qu’elle était tombée dans la rivière mais qu’elle avait peut-être traversé. Ils n’ont pas appelé les secours. Des gendarmes sont allés [essayer de] chercher Blessing de l’autre côté », avait confié Hervé S. à Médiapart qui l’avait rencontré et interrogé en avril dernier.

      Selon la sœur de la victime et le collectif de soutien aux migrants, le témoignage d’Hervé S. révélait pour la première fois « l’existence d’un véritable guet-apens ».
      « L’existence du témoin était connue »

      Le procureur général de Grenoble a fait savoir aux requérants, dans un courrier dont l’AFP a pris connaissance, qu’il n’envisageait pas de saisir la chambre de l’instruction dans le but de rouvrir l’enquête.

      Tous migrants cite dans son communiqué les deux motifs invoqués par le procureur pour motiver son refus. Le magistrat ne juge pas « pertinentes » "les contradictions évoquées dans le mémoire entre les différentes déclarations des gendarmes quant au déroulement de la recherche dans le village de La Vachette des trois personnes en fuite [...] dès lors que chaque gendarme décrit son intervention et son positionnement".

      Par ailleurs, le procureur assure que « l’existence du témoin prénommé Hervé était connue » et que « les enquêteurs avaient eu deux contacts téléphoniques avec lui les 14 et 15 mai 2018 » lors desquels « il n’avait pas évoqué de guet-apens ».

      « Cette décision du Procureur Général, qui tient en quelques lignes et qui a été prise en très peu de temps, balaye tous les éléments nouveaux apportés par notre enquête », déplore Tous migrants qui entend poursuivre les démarches dans cette affaire.

      https://www.infomigrants.net/fr/post/41611/mort-dune-nigeriane-dans-les-alpes--la-justice-refuse-de-rouvrir-lenqu

  • Mai 2018 Hautes-Alpes : un corps qui pourrait être celui d’une migrante découvert dans la #Durance

    –-> je refais ici un fil de discussion (pour archivage) autour de la mort de #Blessing_Matthew (son identité à été dévoilée quelques jours après la découverte du cadavre)

    Le parquet n’exclut pas qu’il s’agisse d’une migrante. La victime ne correspond à aucune disparition inquiétante.

    Macabre découverte dans la Durance (Hautes-Alpes). Le corps d’une jeune femme noire a été découvert, mercredi 9 mai, dans la rivière, annonce le parquet de Gap. « Cette découverte ne correspond pas à une disparition inquiétante. Pour le moment, nous n’avons aucun élément qui permette d’identifier la personne et donc de dire s’il s’agit d’une personne migrante », a précisé le procureur de la République de Gap, Raphaël Balland.

    Une enquête judiciaire a été ouverte par le parquet et confiée à la gendarmerie afin de déterminer les circonstances du décès. « N’ayant pas en l’état d’éléments susceptibles d’être de nature criminelle, l’enquête a été ouverte du chef de ’recherche des causes de la mort’ », a indiqué le magistrat. Une autopsie sera réalisée lundi matin à l’institut médico-légal de Grenoble. « Les empreintes digitales seront exploitées afin de tenter de déterminer l’identité de la personne », a ajouté le procureur, invitant toute personne ayant des informations pouvant permettre de l’identifier à se manifester auprès de la gendarmerie.

    https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/migrants/hautes-alpes-le-corps-d-une-jeune-femme-noire-decouvert-dans-la-durance

    Ce que craignait les professionnels de la montagne est en train de se réaliser ? Des cadavres qui font surface à la fonte des neiges ?

    https://seenthis.net/messages/688734#message693469

    #frontières #mourir_aux_frontières_alpines #morts #décès #migrations #asile #réfugiés #Alpes #montagne #mourir_aux_frontières #violent_borders #frontière_sud-alpine #Saint-Martin-de-Queyrières
    –—

    ajouté à la liste des personnes en situation migratoire mortes dans les #Hautes-Alpes :
    https://seenthis.net/messages/800822

    elle-même ajoutée à la métaliste sur les mort·es aux frontières alpines :
    https://seenthis.net/messages/758646

    • Elle s’appelait #Mathew_Blessing...
      Communiqué de presse de Tous Migrants, 14.05.2018

      Lundi 7 mai, aux alentours de 5h du matin, un groupe composé de trois personnes étrangères, dont deux hommes et une jeune femme, marchaient en suivant la nationale 94 en direction de Briançon. La jeune femme marchait difficilement du fait de douleurs aux jambes et était souvent aidée par les deux jeunes hommes. À la hauteur du hameau de La Vachette, 5 policiers dissimulés dans les fourrés ont surgis brusquement sur la route nationale en allumant des torches électriques et en criant « police, police ». Les 3 personnes étrangères se sont alors enfuies à travers champ en direction du village où elles se sont dispersées, poursuivies par les policiers. L’un des deux hommes est interpellé vers l’Eglise. Les policiers sillonnent ensuite le village pendant plusieurs heures. La jeune femme ne donne plus aucune nouvelle d’elle depuis ce jour. En toutes hypothèses, les 5 policiers sont les dernières personnes à avoir vu vivante la jeune femme disparue. Mercredi 9 mai, le corps d’une jeune femme est retrouvée dans la Durance une dizaine de kilomètres plus en aval.
      La jeune femme disparue depuis lundi 7 mai s’appelle Mathew BLESSING. Elle est âgée de 21 ans et de nationalité nigériane.
      Les informations que nous avons recueillies font ressortir plusieurs éléments précis et circonstanciés qui pourraient relever des infractions suivantes :
      ➢ Mise en danger délibéré de la vie d’autrui par le manquement à une obligation particulière de sécurité ou de prudence, en l’espèce en organisant de nuit une poursuite à l’encontre de personnes de nationalités étrangères dans une zone dangereuse. Faits prévus et réprimés par l’article 223-1 du Code Pénal.
      ➢ Homicide involontaire par imprudence, négligence, ou manquement à une obligation de sécurité, en l’espèce en ayant conscience du danger de mort encouru par une chute dans la rivière, faits prévus et réprimés par l’article 221-6 du Code Pénal.
      ➢ Violence volontaire ayant entrainé la mort sans intention de la donner, faits prévus et réprimés par l’article 221-6 du Code Pénal.
      ➢ Non-assistance à personne en danger, en l’espèce en ayant omis de signaler aux services de secours la disparition d’une personne dans un environnement dangereux, faits prévus et réprimés par l’article 223-6 du Code Pénal.
      ➢ Discrimination d’une personne en raison de son physique ou de son apparence, faits prévus et réprimés par l’article 225-1 du Code Pénal.
      Les manquements aux obligations de sécurité et de prudence précédemment invoqués se déduisent des obligations propres des fonctionnaires de police résultant, notamment, du Code de Déontologie de la Police Nationale.
      Aux termes de l’article R. 434-10 du Code de déontologie de la police et de la gendarmerie Nationale, codifié dans la partie réglementaire du Code de Sécurité Intérieure :
      « Le policier ou le gendarme fait, dans l’exercice de ses fonctions, preuve de discernement.
      Il tient compte en toutes circonstances de la nature des risques et menaces de chaque situation à laquelle il est
      confronté et des délais qu’il a pour agir, pour choisir la meilleure réponse légale à lui apporter ».
      L’article R.434-19 du même code dispose également que :
      « Lorsque les circonstances le requièrent, le policier ou le gendarme, même lorsqu’il n’est pas en service, intervient de sa propre initiative, avec les moyens dont il dispose, notamment pour porter assistance aux personnes en danger ».
      Un signalement auprès du Procureur de la République, reprenant tous ces éléments, vint d’être déposé au nom de notre association par l’intermédiaire de nos avocats, afin que la justice fasse toute la lumière sur les circonstances ayant abouties à ce drame.

      Notre Mouvement citoyen ne cesse de dénoncer, notamment dans nos communiqués et alertes, les pratiques policières reposant sur des guets-apens et des courses poursuites. Ces pratiques révoltantes, désavouées par nombre de policiers et gendarmes eux-mêmes, ont déjà occasionné plusieurs accidents parfois très graves, à l’exemple de celui survenu dans la nuit du 18 au 19 aout dernier.
      Pratiquement toutes les nuits, des accidents sont évités de justesse au prix de souffrances nouvelles et parfois de blessures. Les dangers sont aggravés depuis ces dernières semaines par la débâcle, le renforcement de la présence policière et la présence active des « identitaires » qui collaborent avec la Police pour traquer les personnes migrantes en pleine montagne, sur les chemins et les routes.
      Rappelons que le village de La Vachette est traversée par la Durance qui, en cette période de l’année, connaît un débit très important, avec une température de l’eau de quelques degrés seulement. Toute chute d’une personne dans la rivière constitue un danger fatal.
      Rappelons que les demandeurs d’asile ne sont pas des personnes en situation irrégulière, pas plus que les mineurs isolés.
      Rappelons que le fait pour une personne étrangère d’être en situation irrégulière ne constitue pas un délit.
      Nous refusons que la Côte d’Azur, le littoral calaisien, le canal de la Villette et aujourd’hui nos montagnes, constituent pour les migrants un nouvel obstacle mortel après l’enfer libyen, le cimetière Méditerranéen, et tous ces murs de la honte qui s’érigent de par le monde.
      Nous exigeons l’interdiction des pratiques policières de guets-apens et de chasses à l’homme, ainsi que leurs avatars actuellement mis en oeuvre par le groupuscule suprémaciste Génération Identitaire.
      Nous exigeons le rétablissement de l’Etat de Droit et le plein respect des personnes étrangères qui frappent à notre porte et de leurs droits.
      Nous exigeons le respect par tous de notre devise « liberté, égalité, fraternité », à commencer par les représentants de l’Etat et les forces de l’ordre.
      Briançon, le 14 mai 2018

      https://www.facebook.com/tousmigrants/posts/2151764471721787

    • Le corps retrouvé dans la Durance serait celui d’une migrante qui fuyait la police

      Selon une association, la jeune femme marchait en direction de Briançon lorsqu’elle a été surprise par des policiers.

      L’enquête se poursuit pour déterminer les circonstances de la mort d’une jeune femme noire retrouvée dans la Durance (Hautes-Alpes) le 9 mai. Selon le procureur de Gap, Raphaël Balland, le corps n’a pas encore été « formellement » identifié.

      Mais pour l’association « Tous Migrants », qui vient en aide aux réfugiés dans la région depuis des mois, la jeune victime est une Nigériane de 21 ans qui voyageait avec deux hommes, également étrangers.
      Des policiers « dissimulés dans les fourrés »

      D’après « Tous Migrants », le 7 mai dernier, à l’aube, tous les trois marchaient sur une route nationale en direction de Briançon, lorsqu’ils auraient été surpris.

      Cinq policiers « dissimulés dans les fourrés » auraient fait irruption, provoquant la dispersion du groupe et une course-poursuite dans un village traversé par la Durance. Un des hommes y a été interpellé mais la jeune femme n’a plus donné signe de vie depuis, selon la même source.

      L’association, qui dénonce « les pratiques policières reposant sur des guets-apens », indique dans un communiqué avoir signalé ces éléments au parquet « afin que la justice fasse toute la lumière sur les circonstances de ce drame ».

      http://www.leparisien.fr/faits-divers/le-corps-retrouve-dans-la-durance-serait-celui-d-une-migrante-qui-fuyait-

    • Hautes-Alpes : la jeune noyée noire était-elle poursuivie par la police ?

      Mathew Blessing, 21 ans, Nigériane, n’a plus donné de nouvelles après avoir été poursuivie par la police le 7 mai, vers 5 heures du matin à La Vachette, hameau de la commune de Val-des-Prés (Hautes-Alpes). L’endroit se situe à 1 400 mètres d’altitude, juste sous le col frontalier de Montgenèvre qui constitue l’un des axes de passage importants des migrants d’Italie vers la France, malgré une importante présence policière.

      Deux jours plus tard, à quinze kilomètres en aval et de l’autre côté de la ville de Briançon, le corps d’une jeune femme noire a été retrouvé dans la Durance, sur un petit barrage. L’autopsie a établi qu’elle « serait décédée à la suite d’une noyade » selon le procureur de la République de Gap, Raphaël Balland, qui précise que « la jeune femme n’a pas encore été formellement identifiée » malgré l’appel à témoin lancé la semaine dernière.

      Le collectif briançonnais Tous migrants, qui regroupe les citoyens de la vallée engagés dans le soutien aux migrants, et notamment ceux qui vont leur porter assistance en altitude, n’a « quasiment aucun doute » sur le fait que la disparue et la noyée sont la même personne, dit l’un de ses membres, Michel Rousseau. Selon le communiqué de Tous migrants publié lundi soir, la jeune femme disparue marchait en direction de Briançon, après avoir réussi à passer la frontière, en compagnie de deux hommes dont les témoignages amènent l’association à redouter le pire : une noyade de la jeune femme lors de sa tentative d’échapper aux policiers. « La jeune femme marchait difficilement du fait de douleurs aux jambes […]. Cinq policiers dissimulés dans les fourrés ont surgi brusquement sur la route nationale en allumant des torches électriques et en criant "police, police". Les trois personnes étrangères se sont alors enfuies à travers champs en direction du village où elles se sont dispersées, poursuivies par les policiers. L’un des deux hommes est interpellé vers l’église. Les policiers sillonnent ensuite le village pendant plusieurs heures. La jeune femme ne donne plus aucune nouvelle d’elle depuis ce jour. En toutes hypothèses, les cinq policiers sont les dernières personnes à avoir vu vivante la jeune femme disparue. »

      Tous migrants, en raison « d’un faisceau d’indices concordants », a déposé lundi soir un signalement auprès du procureur de Gap. L’association soupçonne l’existence de délits de « mise en danger délibéré de la vie d’autrui », « homicide involontaire par imprudence, négligence ou manquement à une obligation de sécurité », « violence volontaire ayant entraîné la mort sans intention de la donner », « non-assistance à personne en danger », « discrimination d’une personne en raison de son physique ou de son apparence », ainsi que manquements au code de déontologie des policiers. Michel Rousseau est catégorique : « La gendarmerie dispose de tous les éléments que nous communiquons, nous ne sommes pas là pour faire une justice parallèle » et le parquet de Gap annonce qu’il « ne communiquera plus d’éléments sur les investigations en cours » d’ici la fin de l’enquête.

      Tous migrants exige solennellement « l’interdiction des pratiques policières de guet-apens et de chasse à l’homme » et « le rétablissement de l’Etat de droit et le plein respect des personnes étrangères qui frappent à notre porte ». Avec d’autres associations, elle appelle à une veillée funèbre ce mercredi soir à La Vachette. Face aux eaux tumultueuses et glaciales de la Durance, gonflées par la fonte des neiges.

      http://www.liberation.fr/france/2018/05/15/hautes-alpes-la-jeune-noyee-noire-etait-elle-poursuivie-par-la-police_165

    • Texte reçu par email, via @isskein, qui l’a reçu par une personne qu’elle ne connaît pas.
      Un texte poignant, qui vaut la peine d’être relayé :

      15 mai à 22:26
      Hautes-Alpes : Collomb envoi des renforts, un mort !
      Ou Génération Identitaire l’avait rêvé, les policiers l’ont fait.

      Ca y’ est, c’est sur toutes les lèvres... ce qui devait arriver, arriva. Ou devrait-on plutôt dire que c’est ce qu’ils ont décidé qui vient d’ arriver : la mort. Une jeune fille nigérianne a perdu la vie suite à une course poursuite avec la police lundi dernier 7mai, vers les 5h du matin, au niveau de la Vachette (pied du col de Montgenèvre). Son corps a été retrouvé immergé dans la Durance au barrage de Prelles, 10 km en aval, 3 jours plus tard.

      La militarisation de la Haute Vallée ne peut conduire qu’à des drames comme celui-ci. En plus d’empêcher illégalement des exilés de demander l’asile en France, elle leur ôte la vie, les traquant comme des animaux.

      NON la Haute Durance ne deviendra pas un tombeau à ciel ouvert.

      Pendant tout l’hiver, des dizaines de maraudeurs, de militants ont empêché la mort de frapper dans nos montagnes. Nous ne laisserons ni la police, ni les identitaires transformer la vallée en cimetière.

      Nous appelons à deux RENDEZ-VOUS ce MERCREDI 16 MAI

      11h30 devant le poste de police de Montgenèvre pour une assemblée, discussion, repas.
      20h30 à la Vachette (au croisement avec la route nationale), lieu du départ de la course poursuite meurtrière pour une veillée funèbre (ramenez des bougies et des fleurs, rassemblement en noir) pour les exiléEs.

      Nous demandons donc sans délais :
      – Le retrait immédiat des forces de police à la frontière.
      – La liberté de circulation pour toutes et tous.

    • Briançon • Elle s’appelait Mathew Blessing…

      A dix kilomètres de Briançon, une jeune femme nigériane, Mathew Blessing, âgée de 21 ans, a disparu le 7 mai dernier autour de 5h du matin. Son corps a été retrouvé dans la Durance, à proximité directe d’une prise d’eau du barrage de Prelles, sur la commune de Saint-Martin-de-Queyrières…

      Une coordination solidaire a été constituée, afin d’éclaircir les conditions du décès de Mathew, de suivre les résultats d’autopsie, de rechercher des proches éventuels, ainsi qu’organiser une commémoration et le retour de son corps vers son pays.

      Notre ami et collègue Sadık Çelik fait partie de cette coordination, en tant qu’automédia, et nous a fait parvenir le communiqué publié.

      Il nous fait aussi savoir qu’aujourd’hui des proches étaient arrivéEs sur place. Il y aura une enquête complémentaire indépendante à l’endroit où la jeune femme a été retrouvée morte. Un procureur de Gap a été saisi de l’affaire et a annoncé jusqu’alors un “décès par noyade”. Une plainte est déposée à la gendarmerie, et le communiqué de presse a suivi.

      Un rassemblement se déroulera demain, à 8h30, le 16 mai, à la mémoire de Mathew.

      Rappelons que ce n’est pas la première victime de cette chasse à l’homme aux frontières. En octobre, une enquête ouverte après la chute de deux migrants dans un ravin, au col de l’Echelle au-dessus de Briançon, survenue en août, fut classée sans suite. Ils avaient fuit une patrouille de gendarmerie…

      –-------

      Voici le communiqué de presse publié le 14 mai 2018, par “Tous migrants” sur leur page Facebook.
      Elle s’appelait Mathew Blessing…
      COMMUNIQUE DE PRESSE

      Lundi 7 mai, aux alentours de 5h du matin, un groupe composé de trois personnes étrangères, dont deux hommes et une jeune femme, marchaient en suivant la nationale 94 en direction de Briançon. La jeune femme marchait difficilement du fait de douleurs aux jambes et était souvent aidée par les deux jeunes hommes. À la hauteur du hameau de La Vachette, 5 policiers dissimulés dans les fourrés ont surgis brusquement sur la route nationale en allumant des torches électriques et en criant”police, police”. Les 3 personnes étrangères se sont alors enfuies à travers champ en direction du village où elles se sont dispersées, poursuivies par les policiers. L’un des deux hommes est interpellé vers l’Eglise. Les policiers sillonnent ensuite le village pendant plusieurs heures. La jeune femme ne donne plus aucune nouvelle d’elle depuis ce jour. En toutes hypothèses, les 5 policiers sont les dernières personnes à avoir vu vivante la jeune femme disparue. Mercredi 9 mai, le corps d’une jeune femme est retrouvée dans la Durance une dizaine de kilomètres plus en aval.

      La jeune femme disparue depuis lundi 7 mai s’appelle Mathew BLESSING. Elle est âgée de 21 ans et de nationalité nigériane.

      Les informations que nous avons recueillies font ressortir plusieurs éléments précis et circonstanciés qui pourraient relever des infractions suivantes :

      Mise en danger délibéré de la vie d’autrui par le manquement à une obligation particulière de sécurité ou de prudence, en l’espèce en organisant de nuit une poursuite à l’encontre de personnes de nationalités étrangères dans une zone dangereuse. Faits prévus et réprimés par l’article 223-1 du Code Pénal.
      Homicide involontaire par imprudence, négligence, ou manquement à une obligation de sécurité, en l’espèce en ayant conscience du danger de mort encouru par une chute dans la rivière, faits prévus et réprimés par l’article 221-6 du Code Pénal.
      Violence volontaire ayant entrainé la mort sans intention de la donner, faits prévus et réprimés par l’article 221-6 du Code Pénal.
      Non-assistance à personne en danger, en l’espèce en ayant omis de signaler aux services de secours la disparition d’une personne dans un environnement dangereux, faits prévus et réprimés par l’article 223-6 du Code Pénal.
      Discrimination d’une personne en raison de son physique ou de son apparence, faits prévus et réprimés par l’article 225-1 du Code Pénal.

      Les manquements aux obligations de sécurité et de prudence précédemment invoqués se déduisent des obligations propres des fonctionnaires de police résultant, notamment, du Code de Déontologie de la Police Nationale.

      Aux termes de l’article R. 434-10 du Code de déontologie de la police et de la gendarmerie Nationale, codifié dans la partie réglementaire du Code de Sécurité Intérieure :

      Le policier ou le gendarme fait, dans l’exercice de ses fonctions, preuve de discernement.
      Il tient compte en toutes circonstances de la nature des risques et menaces de chaque situation à laquelle il est
      confronté et des délais qu’il a pour agir, pour choisir la meilleure réponse légale à lui apporter.

      L’article R.434-19 du même code dispose également que :

      Lorsque les circonstances le requièrent, le policier ou le gendarme, même lorsqu’il n’est pas en service, intervient de sa propre initiative, avec les moyens dont il dispose, notamment pour porter assistance aux personnes en danger

      Un signalement auprès du Procureur de la République, reprenant tous ces éléments, vint d’être déposé au nom de notre association par l’intermédiaire de nos avocats, afin que la justice fasse toute la lumière sur les circonstances ayant abouties à ce drame.

      Notre Mouvement citoyen ne cesse de dénoncer, notamment dans nos communiqués et alertes, les pratiques policières reposant sur des guets-apens et des courses poursuites. Ces pratiques révoltantes, désavouées par nombre de policiers et gendarmes eux-mêmes, ont déjà occasionné plusieurs accidents parfois très graves, à l’exemple de celui survenu dans la nuit du 18 au 19 aout dernier.

      Pratiquement toutes les nuits, des accidents sont évités de justesse au prix de souffrances nouvelles et parfois de blessures. Les dangers sont aggravés depuis ces dernières semaines par la débâcle, le renforcement de la présence policière et la présence active des “identitaires” qui collaborent avec la Police pour traquer les personnes migrantes en pleine montagne, sur les chemins et les routes.

      Rappelons que le village de La Vachette est traversée par la Durance qui, en cette période de l’année, connaît un débit très important, avec une température de l’eau de quelques degrés seulement. Toute chute d’une personne dans la rivière constitue un danger fatal.

      Rappelons que les demandeurs d’asile ne sont pas des personnes en situation irrégulière, pas plus que les mineurs isolés.

      Rappelons que le fait pour une personne étrangère d’être en situation irrégulière ne constitue pas un délit.
      Nous refusons que la Côte d’Azur, le littoral calaisien, le canal de la Villette et aujourd’hui nos montagnes, constituent pour les migrants un nouvel obstacle mortel après l’enfer libyen, le cimetière Méditerranéen, et tous ces murs de la honte qui s’érigent de par le monde.

      • Nous exigeons l’interdiction des pratiques policières de guets-apens et de chasses à l’homme, ainsi que leurs avatars actuellement mis en oeuvre par le groupuscule suprémaciste Génération Identitaire.

      • Nous exigeons le rétablissement de l’Etat de Droit et le plein respect des personnes étrangères qui frappent à notre porte et de leurs droits.

      • Nous exigeons le respect par tous de notre devise “liberté, égalité, fraternité”, à commencer par les représentants de l’Etat et les forces de l’ordre.

      Briançon, le 14 mai 2018

      –-------

      Entre les “arrestations” musclées et récurrentes dans les gares de la région, les destructions de moyens de survie, les poursuites judiciaires contre les “aidants”, l’abandon cet hiver en haute montagne, et l’acceptation tacite de l’aide de milices fascistes et identitaires dans leur chasse à l’homme, on aurait beaucoup de difficultés à reconnaître une “politique d’accueil et d’asile”, pourtant vantée dans un nouveau texte de loi récent en cours de vote vers le Sénat.

      Là encore, les “forces de l’ordre” font un travail d’Etat au service d’une idéologie de repli identitaire, électoralement dirigé. Le libéralisme économique destructeur de droits sociaux s’accompagne d’une politique répressive à l’encontre de celles et ceux qui résistent, et s’acharne contre les plus faibles, qui fuient la prédation économique et les guerres. L’alliance contre nature du suprématisme et du libéralisme est “en marche”, concernant les politiques migratoires…

      Rappelons que cette idéologie n’est pas majoritaire en France, comme le prouve d’ailleurs l’accueil qui est fait aux marcheurs, partis de la région, en route pour Calais et Londres, via Paris.

      Le décès de la jeune Mathew Blessing est la conséquence directe de cette guerre anti-migrants qui s’avance masquée derrière les rictus hypocrites des politiciens entrés en compétition avec l’extrême droite…

      https://www.youtube.com/watch?v=TiWCo6EeNoI&feature=emb_logo

      https://www.kedistan.net/2018/05/15/briancon-elle-mathew-blessing

    • Briançon • Chronique d’une mort annoncée

      Un récit traduit de l’Italien, fait par Le “Rifugio Autogestito Chez Jesus”, et paru dans le Quotidien Piémontais, qui précise et complète l’article d’hier, à propos du décès d’une jeune migrante près de Briançon.

      Une semaine a passé depuis la mort de B. Cinq jours depuis que le cadavre d’une jeune femme “peut-être migrante” a été retrouvé, dans le fleuve qui passe sous Briançon, la Durance.

      Voici les faits.

      Un groupe d’une petite dizaine de personnes part de Clavière pour rejoindre Briançon à pied. Nous sommes dimanche soir, et comme chaque nuit les exilé·e·s qui tentent d’arriver en France se trouvent obligé·e·s d’éviter la route autant que possible et de passer par la montagne pour éviter les contrôles d’identité.

      Le groupe commence son chemin, et puis se sépare : la femme a des difficultés à marcher et a besoin d’aide et de soutien. Deux personnes restent avec elle, et les trois se détachent du groupe. Ils marchent sur la route, en se cachant dès qu’ils aperçoivent des lumières de phares ou entendent des bruits.

      La police a mis en place une véritable chasse aux migrant·e·s, plus féroce que jamais ces derniers jours. Ils se cachent sur les sentiers, pour surprendre, torches en main, ceux qui tentent la traversée, et font des rondes en voiture sur les routes. Ils se postent aussi aux entrées de Briançon, et à côté des carrefours, mettant en place de réels postes de blocage.

      Les trois personnes marchent pendant une quinzaine de kilomètres et se trouvent alors à 4 ou 5 kilomètres de Briançon. A la hauteur de la Vachette, cinq agents de la police nationale les attendent. Ils surgissent de derrière les arbres à gauche de la route. Il est entre quatre et cinq heures du matin, lundi 7 Mai. Les policiers se mettent à leur courir après. Le groupe se met en fuite, et entre dans le village de la Vachette. Un des trois réussit à se cacher, et les deux autres, un homme et une femme, courent sur la route. L’homme court plus vite, il cherche à attirer la police, qui parvient à l’attraper et le ramène directement en Italie.

      La femme, elle, disparaît.

      La police continue ses recherches dans le village de la Vachette pendant quatre heures. La rivière est en crue, et les policiers concentrent leurs recherches sur les rives de la Durance et autour du pont. Puis ils s’en vont. Cette façon de faire est tout à fait différente des pratiques habituelles de la police, pendant ces nuits de contrôle : en général, après avoir attrapé quelques personnes, ils ne recherchent les fugitifs et fugitives restant·e·s que durant quelques dizaines de minutes. Les recherches concentrées dans la zone du fleuve indiquent clairement que les policiers avaient compris que quelque chose de très grave avait eu lieu.

      50 heures plus tard, Mercredi 9 Mai, un cadavre de femme est retrouvé bloqué à la digue de Prelles, à 10 km au Sud de Briançon. Il s’agit d’une femme d’un mètre 60, aux longs cheveux noirs tressés. Des cicatrices sur le dos, un collier serti d’une pierre bleue.

      Le Procureur de la République de Gap, Raphaël Balland, a annoncé la nouvelle le jour suivant, en précisant que “Cette découverte ne correspond à aucune disparition inquiétante. Pour le moment, nous n’avons aucun élément qui nous permette d’identifier la personne et donc de dire si il s’agit d’une personne migrante”.

      Lourde déclaration du procureur. Les disparitions de personnes exilées ne sont donc pas inquiétantes, sous prétexte qu’on ne les signale pas ? Les soutiens de B. étaient au contraire très inquiets : mais comment se tourner vers la police pour déclarer des disparus, quand ils risquent d’être maltraités, et leurs soutiens réprimés ?

      De plus, le procureur ment, car la police savait qu’une femme avait disparue après une poursuite.

      Très peu de journaux ont relevé la nouvelle. Il semblerait que personne n’ait souhaité publier celle-ci. L’intérêt est d’ensevelir cette histoire, pour éviter un scandale face aux violences policières. Deux cas de femmes enceintes refoulées avaient déclenché des réactions publiques en mars dernier.

      Une enquête judiciaire a été ouverte et confiée à la gendarmerie afin de déterminer les circonstances du décès. Le magistrat a annoncé que “n’ayant pas d’éléments qui font penser à la nature criminelle du décès, une enquête a été ouverte pour déterminer les causes de la mort”. Mais cela aussi est faux. La nature du décès est criminelle.

      Ce n’est pas une mort accidentelle, ce n’est pas une erreur. Ceci est un homicide. Celui d’une jeune femme nigérianne de 21 ans. Cinq policiers les ont poursuivis. Cette femme, B, est morte à cause d’eux et de la politique qui dirige, contrôle et légitime leurs actions.

      B. est morte parce que la frontière ne peut pas être traversée en sécurité par les personnes sans papiers.

      B. n’est pas morte à cause de la montagne, par erreur, elle n’est pas morte dans la neige cet hiver. Elle est morte parce qu’elle était en train d’essayer d’échapper à la police, qui s’adonne de façon toujours plus violente à la chasse aux migrant·e·s.

      Elle a été tuée par ces cinq agents, comme le système de la frontière le leur ordonne.

      Il s’agit d’un homicide avec des mandataires et des exécutants.

      Le Procureur de Gap et la préfète sont autant responsables que les policiers qui l’ont tuée, compte tenu des directives assassines qu’ils donnent.

      Les responsables sont aussi la magistrature et le tribunal, qui criminalisent les solidaires qui cherchent à éviter ces morts en rendant la traversée la plus sûre possible. Les responsables sont tous les politiciens qui fondent leur campagne électorale sur la différence de couleur de peau et de nationalité des personnes.

      Si cela continue, les morts se multiplieront.

      14 maggio, Rifugio Autogestito Chez Jesus

      https://www.kedistan.net/wp-content/uploads/2018/05/briancon-chez-jesus-refugies-sadik-celik-1.jpg
      https://www.kedistan.net/2018/05/16/briancon-chronique-mort-annoncee

    • LA FRONTIERA UCCIDE

      La militarizzazione è la sua arma.

      Una donna è morta. Un cadavere ancora senza nome è stato ritrovato mercoledì all’altezza della diga di Prelles, nella Durance, il fiume che scorre attraverso Briançon.

      Una donna dalla pelle nera, nessun documento, nessun appello alla scomparsa, un corpo senza vita e senza nome, come le migliaia che si trovano sul fondo del Mediterraneo.

      Questa morte non è una disgrazia inaspettata, non è un caso, non è “strana” per tanti e tante. Non c’ entra la montagna, né la neve o il freddo.

      Questa morte è stata annunciata dall’inverno appena passato, dalla militarizzazione che in questi mesi si è vista su queste montagne e dalle decine di persone finite in ospedale per le ferite procuratesi nella loro fuga verso la Francia. È una conseguenza inevitabile della politica di chiusura della frontiera e della militarizzazione.

      Questa morte non è una fatalità. È un omicidio, con mandanti e complici ben facili da individuare.

      In primis i governi e le loro politiche di chiusura della frontiera, e ogni uomo e donna in divisa che le porta avanti.

      Gendarmi, polizia di frontiera, chasseurs alpins, e ora pure quei ridicoli neofascisti di Géneration Idéntitaire, pattugliano i sentieri e le strade a caccia dei migranti di passaggio da questi valichi alpini. Li inseguono sui sentieri e nella neve sulle motoslitte; li attendono in macchina in agguato lungo la strada che porta a Briançon e quelle del centro città. Molti i casi quest’inverno di persone ferite e finite all’ospedale in seguito alle cadute dovute alle fughe dalla polizia.

      Quella donna era una delle decine di migranti che ogni giorno tentano di andare in Francia per continuare la propria vita. Per farlo, ha dovuto attraversare nella neve, a piedi, quella linea immaginaria che chiamano frontiera. Perché i mezzi di trasporto, sicuri, le erano preclusi data la mancanza di documenti e per la politica razziale di controllo che attuano al confine. Poi è scesa sulla strada, quei 17 chilometri che devono percorrere a piedi per raggiungere la città. È lungo quel tratto che deve essere inceppata in un blocco della polizia, come spesso viene raccontato dalle persone respinte. Probabilmente il gruppo di persone con cui era, che come lei tentava di attraversare il confine, si è disperso alla vista di Polizia o Gendarmerie alla ricerca di indesiderati da acchiappare e riportare in Italia, nel solito gioco dell’oca che questa volta ha ucciso.

      Questa donna senza nome deve essere scivolata nel fiume mentre tentava di scappare e nascondersi, uccisa dai controlli poliziesci. L’ autopsia avverà a Grenoble nella giornata di lunedì, solo allora sarà possibile avere maggiori dettagli sulla causa della morte.

      La frontiera separa e uccide.

      Non dimentichiamo chi sono i responsabili.

      Texte vu sur la page FB du refuge Chez Jesus : https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=373079166510819&id=362786637540072
      Repris ici aussi : https://hurriya.noblogs.org/post/2018/05/12/frontiera-uccide-militarizzazione-sua-arma

    • "La migrante morta per scappare ai gendarmi è mia sorella: fatemela vedere"

      “Quello a Briançon è il corpo di mia sorella Blessing, ma i gendarmi mi impediscono di vederla”. È arrabbiata la sorella di #Blessing_Mathew, la giovane nigeriana, morta cadendo nella Durance, il fiume che da Montgenevre scorre verso il sud della Francia, mentre cercava di scappare dai gendarmi che pattugliano il confine per impedire ai migranti di valicarlo. “Sono andata dai poliziotti francesi al confine, volevo vedere mia sorella per aver conferma che fosse morta, ma me lo hanno impedito perché dicono che non ho i documenti per entrare nel loro Paese”.

      La donna ha un regolare permesso di soggiorno italiano, ma la sua carta d’identità non è valida per l’espatrio. Per questo ora si trova in Italia, a Claviere, negli spazi occupati sotto la chiesa del paese dal collettivo solidale con i migranti, in attesa di poter identificare il corpo di sua sorella. “Mi hanno prelevato del Dna per paragonarlo con quello del cadavere – racconta – Ma dicono ci vorranno 15 giorni per i risultati. Poi mi hanno interrogato a lungo, ma non mi hanno permesso di andare a vederla. Ho dato ai gendarmi anche le foto di mia sorella, non ci sono dubbi che sia lei. Poco lontano da dove è caduta hanno trovato una borsa con i suoi documenti”.
      Da Bari la donna ieri è arrivata a Torino per cercare di capire cosa fosse successo a sua sorella Blessing, 21 anni, scomparsa all’alba di lunedì 7 maggio. Il gruppo che era con la giovane si è sfaldato all’altezza di Vachette, il paese che si trova al fondo della lunga discesa da Montgenevre. Una pattuglia di gendarmi li ha sorpresi nel buio mentre cercavano di raggiungere Briançon e li ha inseguiti fin dentro l’abitato. Tre sono rimasti indietro, uno è stato catturato e rispedito in Italia, uno è riuscito a scappare ed è arrivato al centro Tous Migrants che è diventato il punto di riferimento per i migranti che usano la rotta alpina per raggiungere la Francia. Di Blessing però nessun traccia, se non quella borsa trovata lungo il fiume.
      Secondo il racconto di alcuni testimoni gli uomini delle forze dell’ordine francese hanno battuto le rive per alcune ore, prima di rinunciare. Segno che forse avevano capito cos’era accaduto. Il suo corpo è stato trovato solo tre giorni dopo nella diga di Prelles, a Saint Martin de Queyrières. Ancora oggi i gendarmi non hanno confermato né l’identità, né la dinamica della morte, su cui indaga la procura di Gap. “L’altro giorno qualcuno ha contattato mia madre in Nigeria dicendo che mia sorella aveva avuto un incidente – ricorda – Così ho chiamato la polizia e saputo cos’era successo. I gendarmi mi hanno fatto vedere i suoi vestiti, ma non so se fossero suoi perché non abitiamo insieme. Lei stava in un centro d’accoglienza a Torino”.

      Proprio da questo documento si è risaliti all’identità della giovane, ma il sospetto dei militanti del collettivo Chez Jesus – che per oggi hanno convocato un presidio al posto di confine di Claviere - è che le forze dell’ordine non vogliano confermare l’identità subito per far scemare la
      tensione che sta creando la notizia di una migrante morta al confine mentre cercava di fuggire dalla gendarmerie. “Ho chiesto loro cosa fosse successo, chi c’era con lei quando è caduta in acqua, quanto tempo ci è rimasta e chi l’ha trovata, ma non mi hanno risposto – attacca la sorella di Blessing – Voglio sapere cosa è accaduto a mia sorella e poterla salutare prima della sepoltura, non capisco perché me lo impediscano”.


      http://torino.repubblica.it/cronaca/2018/05/16/news/_la_migrante_morta_per_scappare_ai_gendarmi_e_mia_sorella_fatemela

    • Ce midi devant la PAF à Montgenèvre, #Benoît_Ducos, un citoyen solidaire s’est adressé aux forces de l’ordre.

      A MESDAMES ET MESSIEURS LES POLICIERS ET GENDARMES

      "Mesdames, messieurs les Policiers et Gendarmes,

      Nous ne voulons pas qu’après l’enfer libyen et le cimetière méditerranéen, le passage de cette frontière se transforme en un nouvel obstacle meurtrier pour les exilés qui souhaitent venir en France.

      Nous vous demandons de cesser immédiatement les méthodes de cow-boys que vous employez ainsi que cette stratégie de la peur, de l’intimidation et de la répression des solidarités à laquelle vous jouez en mettant en pratique guets-apens, course-poursuites et chasses à l’homme envers des personnes parce qu’elles sont noires de peau ou qu’elles font preuve d’humanité.
      Nous ne sommes plus aujourd’hui dans la bavure isolée mais dans la répétition systématique de graves atteintes aux droits fondamentaux des personnes de la part de fonctionnaires en charge normalement de protéger l’intérêt public.

      Un policier ou un gendarme se doit, dans l’exercice de ses fonctions de faire preuve de discernement.
      Où est il ce discernement lorsque vous osez poursuivre l’été dernier des jeunes exilés entre deux tunnels, dans la nuit noire, et que deux d’entre eux tombent dans un ravin, échappant à la mort par miracle mais dont l’un deux demeure gravement handicapé ?
      Où est il ce #discernement lorsque vous osez poursuivre en pleine nuit des exilés épuisés par la route et poussez l’un deux vers les eaux glaciales d’une rivière gonflées par la fonte des neige ?
      Où est il ce discernement lorsqu’une femme enceinte de 9 mois est interceptée ici même et que l’un d’entre vous ose lui rétorquer « ma mère à moi a bien accouché dans la neige, tu peux donc bien le faire aussi et même si c’est là devant la PAF ça ne me dérange pas » ?
      Où est il ce discernement lorsque des mineurs, isolés de surcroit, sont systématiquement refoulés. Où est il ce discernement lorsque des exilés pour vous échapper racontent qu’ils ont du traverser la rivière en crue à plusieurs reprises au péril de leur vie.
      Où est il ce discernement lorsque des personnes prônant la haine raciale vous remettent en main des exilés qu’ils ont intercepté et que vous osez les remercier pour le bon boulot qu’ils ont fait ?

      Un policier ou un gendarme se doit, même hors de l’exercice de ses fonctions, de porter assistance aux personnes en danger.

      Tous vous avez trainé vos guêtres sur les bancs de l’école. Je pense qu’un certain gouvernement de Vichy collaborant avec l’Allemagne nazie pour exterminer les juifs vous dit quelque chose. Rappelez vous, pendant cette période des solidaires et des fonctionnaires ont pris des risques pour les protéger et ont été traqués eux aussi.

      J’espère que vous faîtes le lien avec ce qui se passe aujourd’hui et que vous voyez de quelle machine vous êtes les serviteurs.
      La France en vous demandant d’agir ainsi ne respecte ni ses engagements internationaux ni les droits fondamentaux des êtres humains.

      Nous avons tous honte de cette situation et de ce qui se passe ici, certains d’entre vous aussi. Nous le savons parce qu’ils nous l’ont confié.

      Serons nous, un jour, comme ces femmes tunisiennes qui refusent désormais d’aller à la pêche parce les poissons qu’elles ramènent dans leurs filets se sont nourris de la chair de leur enfants ? N’oserons nous plus boire l’eau de nos sources ni mettre un pied sereinement en montagne parce que nous savons que des amis exilés y ont laissé leur vie, traqués comme du gibier.

      Mesdames, messieurs les policiers et gendarmes, posez vous simplement cette question car ce n’est pas un scénario improbable : que voudriez vous que l’on fasse pour vous si vous étiez un jour dans la situation de ces gens qui fuient leur pays ? Si un jour, vous deviez tout abandonner, si un jour vous deviez marcher pour échapper à la mort.
      Osez, vous poser cette question et allez jusqu’au bout du raisonnement. Que souhaiteriez-vous tous que l’on vous fasse, hormis du bien.
      Si vous n’êtes pas responsable du bien que vous ne faites pas, vous êtes par contre entièrement responsable du mal que vous faîtes.

      Les vrais femmes et hommes libres sont celles et ceux qui osent aller chercher leur rêve au bout du chemin, celles et ceux qui veillent contre les injustices.
      En acceptant d’obéir à des directives et des injonctions inhumaines vous trahissez chaque jour les valeurs que vous êtes sensés servir et qui sont la liberté, l’égalité et la fraternité. Elles font pourtant la fierté de vos drapeaux sur lesquels sont inscrits ’République Française’. Chaque jour bafouées, elles font de vous les véritables personnes en situation irrégulière.
      Posez vos képis et cessez cette mascarade car vous n’êtes que les serviteurs de lois injustes et nombre d’entre vous le savent déjà.
      Si vous vous demandez encore << mais pourquoi le ferais-je >>, dites vous que parfois désobéir c’est se couvrir d’honneur.
      Pour Blessing, pour tous ceux qui souffrent au passage de cette frontière, pour tous ceux qui arrivent pour demander de l’aide et un peu de paix, pour nous tous, pour que nous n’ayons plus honte de notre pays, Mesdames, Messieurs les Policiers et Gendarmes, ayez le courage de le faire."

      Montgenèvre le 16 mai 2018

      https://www.facebook.com/tousmigrants/posts/2152643054967262

    • La frontière tue

      elle s’appelait
      elle s’appelle elle s’appellera

      silence

      parfois il vaut mieux le silence
      que de parler à travers ou au travers
      d’appeler au calme
      de parler au nom

      la frontière
      les papiers
      ses agents armés
      la traque
      la peur
      la rivière
      la mort

      fascistes État le travail est le même
      l’histoire sait

      administration
      uniforme
      banal

      expulsions
      déportations
      colonisation

      la terreur c’est l’État
      la Justice son sacre

      balland bigot macron collomb
      ce sont eux que la rivière devrait emporter
      ça ne suffira pas

      soyons la crue et non la berge
      soyons les sources qui percent la roche
      que nos larmes forment un torrent de rage

      elle est morte en passant par la montagne
      tuée par la frontière
      et ceux qui la défende

      ne confondons pas le torrent
      et ceux qui nous poussent
      à l’eau

      https://valleesenlutte.noblogs.org/post/2018/05/14/la-frontiere-tue

    • SO SORRY
      Que la terre lui soit légère

      Ce soir à la Vachette, au bord de la Durance ces quelques mots adressés à la famille de Blessing.

      Comment vous dire ? / So Sorry

      A vous les sœurs de Blessing, à vous tous les membres de sa famille et tous ses amis, qui avez perdu le sourire de Blessing, comment vous dire notre tristesse, notre désarroi, notre colère de savoir que c’est dans notre pays, dans nos montagnes que Blessing s’est perdue à jamais ?
      Comment vous dire combien chacun d’entre nous voudrait s’associer profondément à votre chagrin de l’avoir perdue si jeune, en plein espoir d’une vie meilleure ?

      Mais nous avons si honte des sombres événements qui se produisent dans nos montagnes depuis de nombreux mois, que nous osons à peine vous adresser ces quelques mots de compassion.
      Certains d’entre nous sillonnent les montagnes pour tenter de vous protéger contre ces drames nocturnes, d’autres vous accueillent dans les refuges solidaires ou dans leurs maisons, et vous accompagnent dans vos longs et douloureux périples, parfois à leurs risques et périls.
      Mais comment vous dire notre impuissance à permettre que vous soyez toujours accueillis dans le respect et la dignité, malgré toute notre bonne volonté ?

      Nous ne connaissions pas Blessing mais chacun de nous peut se reconnaître en elle, qui aspirait simplement à construire sa vie.
      Comment vous dire que nous saluons le courage qu’il lui a fallu, ainsi qu’à vous tous, pour tout quitter et arriver jusqu’à nous, dans l’espoir d’un possible que vous ne trouvez plus chez vous ?

      La mort de Blessing, nous la portons tous en nous, non seulement comme un drame personnel, mais aussi comme un échec de notre France soit-disant des droits de l’homme, de notre Europe qui ne sait pas ouvrir ses portes.
      Comment vous dire que nous ne voulons pas que sa mort soit vaine, que nous nous battrons pour qu’elle ne tombe pas dans l’oubli, et pour que les lois changent ou soient appliquées ?

      Comment vous dire que chacune des fleurs, chacune des bougies que nous allumons ce soir pour Blessing, est un désir de s’associer à votre peine, un chuchotement de réconfort à votre oreille.

      Comment vous dire que jamais plus nous ne pourrons regarder les belles rivières de nos vallées : La Clarée, la Durance, sans penser à Blessing, à vous tous, au combat de solidarité qui est le nôtre ?

      Puisse Blessing nous donner la force de ne jamais baisser les bras.

      https://www.facebook.com/tousmigrants/posts/2152699918294909

    • La noyée de la Durance serait bien la migrante Nigériane de 21 ans

      Le procureur de la République de Gap a confirmé que la jeune femme retrouvée noyée mercredi 9 mai dernier au barrage de Prelles serait bien Blessing Matthew, une migrante nigériane.
      Dans un communiqué cette après-midi, le procureur de la République de Gap Raphaël Balland a confirmé que la jeune femme retrouvée noyée mercredi 9 mai dernier au barrage de Prelles (Saint-Martin-de-Queyrières) serait bien Blessing Matthew, une migrante nigériane.

      « En l’absence d’élément formel d’identification de la jeune femme décédée par noyade et retrouvée dans la Durance le 9 mai 2018, une expertise génétique a été effectuée par l’IRCGN [Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale, NDLR] par comparaison du profil génétique de cette jeune femme avec celui d’une femme de nationalité nigériane, vivant en Italie, et qui s’était présentée auprès des enquêteurs le 15 mai 2018 comme étant possiblement sa sœur qu’elle n’avait plus revue depuis environ 10 ans », précise le magistrat.

      Il poursuit : « Ce jour, cette expertise a conclu à une très forte probabilité qu’il s’agissait effectivement de sa sœur (2000 fois plus probable que par rapport à une personne qui ne serait pas sa sœur). Il s’agirait donc de Blessing Matthew, autrement appelée Blessing Obie. »

      Cette comparaison de profil génétique s’ajoute à d’autres éléments recueillis par les gendarmes ces derniers jours, selon Raphaël Balland, dont des témoignages et « la découverte le 7 mai 2018 par les gendarmes d’un sac contenant un certificat médical au nom de Blessing Matthew à proximité de la Durance sur la commune de Val-des-Prés ».

      « Les investigations [...] se poursuivent pour compléter les éléments d’identité de cette jeune femme et tenter de connaître les circonstances précises de ce décès », conclu le magistrat gapençais.


      https://www.ledauphine.com/hautes-alpes/2018/05/18/la-noyee-de-la-durance-serait-bien-la-migrante-nigeriane-de-21-ans

    • COMMUNIQUE DE PRESSE de Tous Migrants du 22.05.2019

      MAMADOU, BLESSING
      Deux morts à en dix jours à la frontière franco-italienne
      Protégeons les humains, pas les frontières

      Ce vendredi 18 mai en fin d’après-midi, des randonneurs ont découvert le corps de Mamamdou, un migrant mort d’épuisement en tentant de passer la frontière franco-italienne. Son compagnon d’infortune a lui aussi frôlé le drame.

      Il y a 10 jours, une jeune femme Nigériane, Blessing Matthew avait été retrouvée noyée dans la Durance. Elle avait été effrayée en amont par un contrôle de police.

      Depuis des mois des habitants du Briançonnais sont mobilisés pour accueillir les personnes exilées dignement et pour tenter d’éviter les drames. Chaque nuit, des solidaires, traqués eux aussi par la Police, ont veillé et porté secours aux exilés en grande difficulté dans la neige et le froid… pour que les Alpes ne soient pas une autre Méditerranée, un cimetière à ciel ouvert.
      Déjà deux drames de trop depuis la fonte des neiges… deux drames qui ne sont pas des accidents, mais bien la conséquence d’une politique mortifère.

      Aujourd’hui, c’est la politique toujours plus répressive du gouvernement, l’envoi de renforts de gendarmerie, le non-respect de la loi et le bafouement des droits humains qui obligent ces hommes et ces femmes à prendre toujours plus de risques pour éviter les contrôles de police et qui conduit à ces drames.

      Rappelons que les demandeurs d’asile ne sont pas des personnes en situation irrégulière, pas plus que les mineurs isolés.
      Rappelons que le fait pour une personne étrangère d’être en situation irrégulière ne constitue pas un délit.
      Nous refusons que nos montagnes constituent pour les migrants un nouvel obstacle mortel après l’enfer libyen, la traversée de la Méditerranée, et tous ces murs de la honte qui s’érigent de par le monde.

      Nous exigeons le rétablissement de l’Etat de Droit et le respect des droits des personnes étrangères qui frappent à notre porte.
      Nous exigeons le respect par tous de notre devise « liberté, égalité, fraternité », à commencer par les représentants de l’Etat et les forces de l’ordre.

      Que les morts reposent en paix. Que les vivants soient protégés. Sans relâche.

      https://www.facebook.com/tousmigrants/posts/2155513458013555:0

    • Deux migrants morts mais pas de coupable pour le parquet

      Le procureur de la République de Gap vient de classer “sans suite” les enquêtes judiciaires relatives aux décès de Blessing Matthew et Mamadi Conde survenus en 2018 dans le Briançonnais. Pour le parquet, aucune infraction n’a été commise par les forces de l’ordre pourtant pointées du doigt par les associations de défense des migrants.

      https://www.ledauphine.com/hautes-alpes/2019/05/08/deux-migrants-morts-mais-pas-de-coupable-pour-le-parquet

    • Blessing, migrante noyée dans la Durance : des mois de silence et un dossier en souffrance

      Il y a un an, le corps de Blessing Matthew était retrouvé contre un barrage des Hautes-Alpes. La Nigériane, qui venait de franchir la frontière, fuyait une patrouille de gendarmes. Le parquet a écarté lundi leur responsabilité, ce que contestent sa sœur et l’association Tous migrants.

      C’était il y a un an. Le 7 mai 2018, Blessing Matthew s’est noyée dans la Durance à La Vachette (Hautes-Alpes), un lieu-dit de Val-des-Prés situé sur la route de Briançon. Cette Nigériane de 20 ans venait juste de passer la frontière franco-italienne, de nuit, en groupe et par les sentiers, dans le secteur du col de Montgenèvre. Selon ses compagnons de traversée, la dernière fois qu’elle a été vue, peu avant l’aube, elle était poursuivie par les forces de l’ordre, boitillante, épuisée et terrifiée, sur les berges du torrent en crue printanière. Le 9 mai, son corps est retrouvé à dix kilomètres en aval, flottant contre un barrage EDF du village de Prelles. La jeune femme ne porte plus que sa culotte, un anneau d’argent et un collier avec une pierre bleue. C’est le premier cadavre retrouvé depuis le début de l’afflux de migrants à la frontière des Hautes-Alpes, en 2016. Depuis, les corps de trois autres Africains ont été découverts dans la montagne. L’histoire de Blessing est pourtant une tragédie à part. Parce que c’était une femme, alors qu’elles sont ultra-minoritaires sur la frontière, parce que c’était la première victime, et parce que les conditions de sa mort restent troubles.

      Le 25 septembre 2018, sa sœur aînée, Christina, qui vit en Italie, pays dont elle a la nationalité, porte plainte « contre X, pouvant être les représentants de l’autorité publique » pour « homicide involontaire, mise en danger de la vie d’autrui et non-assistance à personne en danger ». Depuis, le parquet de Gap, à l’exception d’une demande d’identité de témoins cités dans la plainte, ne s’était plus manifesté. Sept longs mois de silence donc. Jusqu’au classement sans suite, lundi soir, par le procureur de la République de Gap, Raphaël Balland, de l’enquête « pour recherche des causes de la mort » ouverte à la découverte du corps.

      Confiée aux gendarmes de Briançon et à ceux de Marseille pour la partie « tentative d’interpellation » de Blessing, l’enquête a conclu « à l’absence d’infraction » de la part des gendarmes mobiles. La plainte de Christina, reçue « en phase de clôture de l’enquête » n’a pas changé sa nature, ni donné lieu à la saisine de l’Inspection générale de la gendarmerie, détaille le procureur : « Les gendarmes n’ont distingué que trois silhouettes dans la nuit, sans déceler qu’il y avait une femme » et « n’ont pas entamé de course-poursuite mais ont mis en œuvre un dispositif de recherche des trois migrants dans la zone de fuite. »

      Trop tard et trop peu pour Christina et l’association briançonnaise Tous migrants : elles se sont constituées partie civile auprès du doyen des juges d’instruction du tribunal de Gap, comme le permet la loi lorsque le parquet ne donne pas suite à une plainte dans un délai de trois mois. Maeva Binimelis, du barreau de Nice, signe la nouvelle plainte au nom des trois avocats de Christina et de Tous migrants.

      L’ouverture d’une instruction, désormais incontournable, permettra aux parties civiles d’avoir accès à l’enquête : « J’ai des doutes sur sa qualité. Le parquet a-t-il fait tout ce qui était en son pouvoir ? » interroge l’avocate. Christina, « terriblement choquée », veut « éclaircir les zones d’ombre. Que s’est-il passé cette nuit-là ? Est-ce un accident ? Quel rôle ont joué les forces de l’ordre ? »
      Lampes torches

      La nouvelle plainte s’appuie sur une version différente de celle des enquêteurs, établie par le travail des militants de Tous migrants, mobilisés dès la découverte du corps. Ils retrouvent Roland, l’un des compagnons de Blessing, Nigérian lui aussi, au principal lieu d’accueil de Briançon, celui de l’association Refuges solidaires qui a accueilli 8 550 migrants depuis juillet 2017. Roland leur raconte que Blessing, épuisée, Hervé (un troisième Nigérian) et lui-même ont été surpris par cinq « policiers » vers 5 heures du matin après avoir marché toute la nuit. Lampes torches allumées près d’eux, ils crient « police ! » Les trois Nigérians détalent vers La Vachette, en contrebas. Roland se cache à l’entrée du hameau, voit les autres s’enfuir et les forces de l’ordre patrouiller longuement avant de partir. Si Roland n’a pas été arrêté, Hervé a été interpellé ce matin-là puis reconduit à la frontière, selon le monde opératoire classique dans les Hautes-Alpes : 1 899 « non-admissions » en 2017, 3 409 en 2018, et 736 déjà en 2019 selon la préfecture, en application de la règle européenne prévoyant que les demandes d’asile doivent être faites dans le premier pays d’arrivée.

      Gisèle Peyronel est une des trois personnes qui viennent entretenir sa tombe. Photo Eric Franceschi

      Tous migrants localise Hervé dans un camp de Turin et son témoignage, recueilli par l’avocat italien de Christina, confirme et précise celui de Roland. Les « policiers » qui « leur courent après » ont leurs armes à la main et menacent de tirer, assure-t-il. Caché en contrebas de l’église, au-dessus de la Durance, il aperçoit Blessing sur l’autre rive, accroupie dans un pré, des lampes torches allumées non loin d’elle. Repéré, il s’enfonce dans des taillis et ne la voit plus, mais il l’entend crier et appeler à l’aide pendant plusieurs minutes. Puis plus rien. Les « policiers » continuent à chercher sur la rive.

      Un troisième témoin rencontré par Tous migrants, J., séjournant dans un gîte à proximité, a été réveillé au petit matin par un « déploiement impressionnant » : des ordres sont criés, trois utilitaires de la gendarmerie sont stationnés dans la rue, une dizaine de gendarmes fouillent les jardins, les abords de la rivière. Michel Rousseau, pilier de Tous migrants, détaille ce recueil de témoignages, mission habituelle de l’association : « Ces témoins, choqués mais clairs dans leurs propos, nous ont parlé en toute connaissance de cause. Nous avons vérifié leurs récits sur les lieux. Tout se tient. » Dès le 14 mai 2018, l’association alerte le procureur, par signalement. Ses militants, puis Roland, sont ensuite entendus par les gendarmes. L’association, en parallèle, dénonce publiquement « les pratiques policières révoltantes reposant sur des guets-apens et des courses poursuites ». Ce signalement auprès du procureur avait été le premier. Depuis, Tous migrants, sous l’égide de Me Binimelis, en a déposé huit autres, reprochant aux forces de l’ordre violences, délaissements de personnes vulnérables, faux en écriture publique, destructions de documents, vols, injures à caractère racial… Deux victimes ont même porté plainte pour « violences aggravées » et « vol aggravé ».

      L’avocate explique que le parquet ne lui a fait part d’aucune prise en compte de ces signalements et plaintes. « Il y a pour moi deux poids et deux mesures : pour les militants solidaires, la machine pénale va jusqu’au bout, mais lorsqu’on suspecte des représentants de la force publique, aucune suite ne semble être donnée. » Depuis un an, 10 militants solidaires ou maraudeurs ont été condamnés à Gap pour « aide à l’entrée d’étrangers en situation irrégulière sur le territoire », dont deux, à de la prison ferme.
      « Mise en danger »

      Contacté par Libé , le procureur de Gap assure que « la totalité des signalements et plaintes a été traitée », donnant lieu soit « à des vérifications auprès des services potentiellement concernés », soit « à l’ouverture d’enquêtes préliminaires », dont il ne précise pas la nature, soit à leur ajout« à d’autres procédures en cours ». Il déplore la « posture » de Tous migrants qui consiste à lui fournir des « éléments quasi inexploitables : des témoignages anonymes, ne permettant pas d’identifier les forces de l’ordre visées ».

      Hervé, le témoin clé concernant Blessing, n’a ainsi pas été entendu, explique le procureur qui regrette que Tous migrants ne lui ait pas communiqué « les éléments du témoignage » de cet homme et son identité complète. Les enquêteurs l’avaient joint par téléphone au début de l’enquête mais il avait « refusé de revenir en France pour témoigner », dit le procureur…

      Sur la même période, les témoignages d’infractions commises par les forces de l’ordre, en particulier de par la police aux frontières, se sont multipliés. Les chasses à l’homme - ou « chasses au Noir », comme le lâche Maeva Binimelis - n’ont par ailleurs jamais cessé. « C’est tous les jours, à pied, en quad ou à motoneige, avec des jumelles infrarouges et même des chiens parfois », détaille un maraudeur briançonnais. La Commission nationale consultative des droits de l’homme, institution officielle venue en inspection à Briançon, a invité l’Etat, en juillet, à « prendre immédiatement les mesures qui s’imposent à la frontière franco-italienne pour mettre fin aux violations des droits fondamentaux et aux pratiques inhumaines », à « sortir du déni » et à « modifier radicalement sa politique responsable de la mise en danger d’êtres humains ». La préfecture des Hautes-Alpes indique que « ce rapport à portée nationale n’appelait pas de réponse locale, même si certains faits, appréciations et interprétations pourraient être discutés ».

      Treize ONG, menées par Amnesty et l’Anafé, ont lors d’une mission en octobre récolté « de nombreux témoignages de violation des droits […] et de menaces proférées par les policiers » et déposé 11 référés-liberté, dont 8 pour des mineurs isolés refoulés. La préfecture fustige ce rapport « outrancier et erroné », assurant que les forces de l’ordre « exercent leurs missions dans le strict respect de la loi » et ont « pour consigne constante de considérer en toutes circonstances l’état de vulnérabilité des personnes ». Elle ajoute que signalements et plaintes sont du ressort de la justice et qu’elle n’en a « pas été destinataire ». Michel Rousseau gronde : « Ce qui se passe ici révèle la violence directe, brutale et barbare de notre système. »

      Dans un recoin du cimetière de Prelles, à l’écart, Blessing repose sous un tumulus de terre. Il y a toujours des fleurs fraîches sur sa tombe.

      https://www.liberation.fr/france/2019/05/07/blessing-migrante-noyee-dans-la-durance-des-mois-de-silence-et-un-dossier-en-souffrance_1725550/?redirected=1&redirected=1

    • 12.01.2021

      Hautes-Alpes : Un avocat tente de relancer l’affaire de la migrante retrouvée morte

      Classée sans suite, l’affaire de la migrante retrouvée morte noyée dans les Hautes-Alpes est en passe d’être relancée

      Classée sans suite en 2019 par le parquet de Gap, l’enquête sur le décès d’une migrante nigériane de 21 ans, retrouvée noyée peu après avoir franchi la frontière franco-italienne, pourrait être relancée à la faveur d’un nouvel épisode judiciaire.​

      La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Grenoble a examiné mardi les arguments de Me Vincent Brengarth, l’avocat de l’association Tous migrants, qui avait interjeté appel après l’ordonnance de non-lieu rendue en juin 2020 par le juge d’instruction chargé du dossier.

      Pourchassée dans la forêt

      L’association avait déposé une plainte avec constitution de partie civile auprès du doyen des juges d’instruction de Gap en mai 2019 après le classement sans suite, espérant ainsi l’ouverture d’une information judiciaire et une reprise d’enquête. « L’ordonnance de non-lieu a été rendue par le juge d’instruction sans même instruire le dossier. Il s’est contenté de reprendre à son compte l’enquête préliminaire », regrette Me Brengarth.

      L’avocat rappelle que la seule enquête réalisée l’a été « sous le contrôle du procureur de Gap », qui n’est, assure-t-il, « pas indépendant ». Il pointe également des « incohérences et des contractions » dans les déclarations des gendarmes sur le déroulement des faits. « Un témoin confirmant qu(e la migrante) a été pourchassée dans la forêt n’a pas été entendu », déplore-t-il également. Blessing Matthew, une Nigériane de 21 ans, avait été retrouvée noyée à Saint-Martin-de-Queyrières, le 7 mai 2018, peu après avoir franchi la frontière en provenance de l’Italie.

      https://www.20minutes.fr/justice/2951195-20210112-hautes-alpes-avocat-tente-relancer-affaire-migrante-retro

    • Hautes-Alpes : le délibéré de l’appel pour relancer l’affaire Blessing Matthew fixé au 9 février

      Chaque hiver, des migrants tentent de franchir la frontière à pied dans le froid glacial des nuits montagnardes. Depuis une semaine, presque chaque nuit, des interventions de secours ont lieu à la frontière franco-italienne du Briançonnais. Samedi soir, sept personnes « en transit » étaient activement recherchées vers Cervières. Plus tôt, quatre autres migrants étaient secourus à Montgenèvre. Lundi dernier, une dizaine d’entre eux étaient retrouvés en situation de péril au col de Montgenèvre.

      Si la problématique migratoire est bien moins importante aujourd’hui, elle ne cesse d’être présente au quotidien dans les Hautes-Alpes à travers les secours à personne, l’accueil solidaire ou les dossiers en justice.

      A ce titre, l’affaire Blessing Matthew pourrait bien être relancée par l’avocat de l’association Tous migrants. Le dossier, classé sans suite par le parquet de Gap en 2019, a été examiné mardi dernier par la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Grenoble. Maître Vincent Brengarth avait interjeté appel après l’ordonnance de non-lieu rendue en juin 2020. L’association Tous migrants avait déposé une plainte avec constitution de partie civile auprès du doyen des juges d’instruction de Gap en mai 2019 après le classement sans suite. Selon l’avocat, la seule enquête réalisée l’a été « sous le contrôle du procureur de Gap qui n’est pas indépendant ». De même, un témoin a affirmé que « la migrante a été pourchassée dans la forêt » et n’a pas été entendu.
      Pour mémoire, Blessing Matthew était une jeune Nigériane de 21 ans qui avait été retrouvée noyée à Saint-Martin-de-Queyrières le 7 mai 2018 après avoir traversé la frontière. Elle a été inhumée dans le cimetière du village de Prelles.

      Maître Vincent Brengarth attend maintenant le 9 février prochain, date à laquelle sera rendu le délibéré qui pourrait ou non relancer l’affaire :

      https://www.dici.fr/actu/2021/01/18/hautes-alpes-delibere-de-l-appel-relancer-l-affaire-blessing-matthew-fixe-9-fev

    • Mort d’une jeune Nigériane en 2018 : l’avocat de Tous migrants veut relancer l’affaire

      #Blessing_Matthew avait été retrouvée noyée le 9 mai 2018, au barrage de Saint-Martin-de-Queyrières, dans les Hautes-Alpes. Le parquet de Gap avait, un an plus tard, classé l’affaire de la mort de la jeune femme sans suite. Au grand dam de l’association #Tous_migrants qui n’a, depuis, de cesse de la relancer.

      Classée sans suite en 2019 par le parquet de Gap , l’enquête sur le décès d’une migrante nigériane de 21 ans, retrouvée noyée peu après avoir franchi la frontière franco-italienne, pourrait être relancée à la faveur d’un nouvel épisode judiciaire.

      L’affaire devant la cour d’appel de Grenoble

      La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Grenoble a examiné mardi les arguments de Me #Vincent_Brengarth, l’avocat de l’association Tous migrants, qui avait interjeté appel après l’ordonnance de non-lieu rendue en juin 2020 par le juge d’instruction chargé du dossier. L’association avait déposé une #plainte avec constitution de partie civile auprès du doyen des juges d’instruction de Gap en mai 2019 après le #classement_sans_suite, espérant ainsi l’ouverture d’une information judiciaire et une reprise d’enquête.

      « L’ordonnance de non-lieu a été rendue par le juge d’instruction sans même instruire le dossier. Il s’est contenté de reprendre à son compte l’enquête préliminaire », regrette Me Brengarth. L’avocat rappelle que la seule enquête réalisée l’a été « sous le contrôle du procureur de Gap », qui n’est, assure-t-il, « pas indépendant ». Il pointe également des « incohérences et des contractions » dans les déclarations des gendarmes sur le déroulement des faits.

      « Un témoin confirmant [que la migrante] a été pourchassée dans la forêt n’a pas été entendu », déplore-t-il également.

      Elle venait de franchir la frontière

      Blessing Matthew, une Nigériane de 21 ans, avait été retrouvée noyée à #Saint-Martin-de-Queyrières, le 7 mai 2018, peu après avoir franchi la frontière en provenance de l’Italie. Sa sœur avait alors porté plainte en accusant les gendarmes d’avoir tendu un « véritable #guet-apens » au groupe dans lequel Blessing Matthew figurait.

      Décision le 9 février

      L’enquête avait déterminé que les gendarmes mobiles « s’étaient identifiés à haute voix » avant un contrôle, provoquant la fuite de la jeune femme et de ses deux compagnons.

      Selon le parquet de Gap, « les circonstances précises dans lesquelles [elle] aurait chuté dans la Durance demeurent inconnues en l’absence de témoignage direct ». La section de recherches de Marseille avait finalement « conclu à l’absence d’infraction susceptible d’être retenue à l’encontre des gendarmes mobiles », avait relevé le parquet. La décision a été mise en délibéré au 9 février.

      https://www.ledauphine.com/faits-divers-justice/2021/01/13/mort-d-une-jeune-nigeriane-en-2018-l-avocat-de-tous-migrants-veut-relanc