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  • Face à l’antisémitisme, le travail discret du Service de protection de la communauté juive - 16 novembre 2023
    https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2023/11/16/face-a-l-antisemitisme-le-travail-discret-du-service-de-protection-de-la-com

    Le grand public ignore tout de son existence, contrairement aux responsables de synagogues, centres culturels juifs ou écoles communautaires, qui connaissent par cœur son numéro de téléphone, autant que celui de la police. Depuis le 7 octobre, le standard du Service de protection de la communauté juive (SPCJ), joignable à toute heure du jour et de la nuit, explose.

    [...]

    Difficile de savoir ce que recouvre concrètement ce sigle. Ni une milice ni une police, assurent ses promoteurs. « Un service de protection qui vise à pallier d’éventuels manques des autorités », explique l’historien Marc Knobel, spécialiste de l’antisémitisme. Son site Internet est réduit à peu de pages. Aucun nom n’y est affiché, si ce n’est celui de son président – non opérationnel – Alexandre de Rothschild, dirigeant de la banque d’affaires du même nom. Surtout, l’organisation ne dispose pas de statuts déposés auprès de la Préfecture de police de Paris. Joint par téléphone, le directeur du SPCJ, surpris que l’on soit parvenu – non sans mal – jusqu’à lui, ne souhaite pas s’exprimer. Le simple fait de révéler son identité le mettrait en péril.

    Les seules personnes habilitées à parler sont les dirigeants des institutions qui chapeautent le SPCJ depuis sa création, en 1980 : le Conseil représentatif des institutions juives de France (#CRIF), le Fonds social juif unifié (#FSJU), le #Consistoire de Paris et le Consistoire central. La nécessité d’organiser la sécurité de la communauté leur était alors apparue comme une évidence au lendemain de l’attentat à la bombe contre une synagogue de la rue Copernic, à Paris, le 3 octobre. La première attaque mortelle contre des juifs en France depuis la seconde guerre mondiale ; elle causa le décès de quatre personnes.

    https://justpaste.it/fi95b

  • Des médecins cubains à l’hôpital de Guingamp : « Oui, c’est possible » | Le Télégramme
    https://www.letelegramme.fr/cotes-d-armor/guingamp-22200/des-medecins-cubains-a-lhopital-de-guingamp-oui-cest-possible-6527565.p


    Vincent Le Meaux, président de Guingamp-Paimpol Agglo, et Otto Vaillant, ambassadeur de Cuba en France, ont évoqué, ce vendredi, la faisabilité d’un déploiement de médecins cubains en France. Guingamp serait alors candidat pour une expérimentation pilote.
    Photo Emmanuel Nen

    Ce vendredi 16 février, une délégation cubaine, conduite par Otto Vaillant, l’ambassadeur de Cuba en France, est venue à Guingamp pour échanger sur la faisabilité du déploiement de médecins cubains au centre hospitalier guingampais. Des renforts qui seraient les bienvenus, les services de maternité et de chirurgie H24 étant en sursis, quand les urgences commencent à tousser, faute de personnels suffisants.

    Selon le diplomate cubain, ce projet est tout à fait envisageable : « Le déploiement peut être rapide, de l’ordre de quelques mois. Nous voulons aider la France, l’un des pays les plus importants au monde. Nos médecins ont une capacité à apprendre la langue locale. Ils l’ont démontré au Pakistan en parlant l’ourdou après quelques mois ».

    Un décret du président de la République
    La condition, pour cela, est un décret du président de la République. « Nous allons lui formuler notre demande par écrit, afin que nous devenions le territoire pilote de cette expérimentation qui, ensuite, pourrait se développer sur la Bretagne et la France. Le Premier ministre, dans son discours de politique générale, a manifesté son accord. Le ministre de la Santé a affirmé faire confiance aux territoires. On peut supposer que les planètes sont alignées et que le président de la République ira dans ce sens-là », affirme Vincent Le Meaux, le président de Guingamp-Paimpol Agglomération. Un territoire pilote car « nous sommes le territoire le plus pauvre en Bretagne, celui où il y a le plus de détresse sociale ».

    Après le Venezuela, Cuba et ses médecins à la rescousse de la France…

    • « Nous voulons aider la France, l’un des pays les plus importants au monde. » [...] Un territoire pilote car « nous sommes le territoire le plus pauvre en Bretagne, celui où il y a le plus de détresse sociale ».

      La France leader des pays en voie de dé-développement, sans doute, mais pourquoi « un des plus importants au monde » ?

    • Bah, faut pas non plus être trop pessimiste : en milieu rural, on manque de médecins mais on a des producteurs/dealers. Ça fera sûrement « patienter » les gueux.

      Trafic de cocaïne à Saint-Étienne-de-Mer-Morte, culture de cannabis dans une maison de Villeneuve-en-Retz, commerce de crack dans la campagne pornicaise… Les gendarmes de la compagnie de Pornic ont démantelé quatorze réseaux de stupéfiants en 2023.

      (Fouette Rance du 17/02/2024)

    • Des médecins venus de Cuba au chevet des hôpitaux de Calabre
      https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2023/05/28/des-medecins-venus-de-cuba-au-chevet-des-hopitaux-de-calabre_6175153_4500055

      (...) l’Etat cubain conserve dans ses caisses 75 % des 4 700 euros versés par l’Italie pour chaque médecin. (...) L’expatriation de médecins est ainsi devenue la première source de devises de la nation cubaine (entre 6 et 8 milliards de dollars par an).

      https://justpaste.it/ftemt

      #médecine #déserts_médicaux #hôpital #intérimaires

    • Les médecins cubains ont des qualités professionnelles avec une formation exceptionnelle, et ils sont une denrée exportable précieuse. A Toulouse, ce sont des cabinets d’ophtalmologie de médecins espagnols qui font maintenant relais au grand vide fabriqué par la politique de destructions des postes de soins qui a été menée en france. Oui, parce que tout cela était parfaitement prévisible, il y a 15 ans il suffisait de regarder les courbes d’âge des médecins (toutes professions confondues) et le numérus closus de celleux qui entraient dans la profession. C’est une vraie honte de dépouiller les autres pays de leurs médecins.

      Une arme diplomatique, mais aussi une véritable source de revenus pour un pays aujourd’hui confronté à l’une de ses pires crises économiques.

      L’expatriation de médecins est ainsi devenue la première source de devises de la nation cubaine (entre 6 et 8 milliards de dollars par an). Malgré un manque criant de ressources et un embargo économique qui étouffe le pays depuis plus de soixante ans, la petite île communiste continue tant bien que mal à financer une couverture sociale universelle et gratuite. Pour ce faire, elle compte sur la plus forte densité de médecins par habitant au monde (8 pour 1 000) pour exporter son savoir-faire, notamment à destination des pays du Sud. Actuellement, cinquante-huit pays reçoivent l’aide de ces brigades.

  • « Il reste encore demain », le film à succès qui lance la fronde contre le patriarcat en Italie
    https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2023/12/29/il-reste-encore-demain-le-film-a-succes-qui-lance-la-fronde-contre-le-patria

    Le premier long-métrage de l’actrice et réalisatrice Paola Cortellesi, une histoire d’émancipation féminine dans l’Italie machiste de l’après-guerre, a rempli les salles et suscité d’intenses débats. Il entre en résonance avec le féminicide de Giulia Cecchettin, 22 ans, qui a indigné tout le pays.

    Par Allan Kaval (Rome, correspondant)
    Publié aujourd’hui à 04h30

    Temps de Lecture 5 min.

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    L’Italie a accueilli son premier film comme si elle l’avait attendu depuis toujours. La grande actrice populaire – et désormais réalisatrice – Paola Cortellesi, 50 ans, le dit elle-même : Il reste encore demain a touché dans la société italienne « une corde tendue, un nerf à vif ». Depuis sa sortie en Italie, le 26 octobre, le film a été vu par 4,4 millions de spectateurs dans la Péninsule, soit plus qu’Oppenheimer, de Christopher Nolan, et que Barbie, de Greta Gerwig.

    Situé dans la Rome de 1946 encore marquée par la guerre, et à l’aube de la naissance d’une république où les femmes auront le droit de vote, C’è ancora domani est une histoire d’émancipation. Dans ce drame ponctué de moments d’humour qui sortira en salle en France le 13 mars, Paola Cortellesi incarne le personnage de Delia, une mère de famille pauvre déterminée à prendre sa liberté malgré la violence brute de son mari et celle, plus insidieuse, qu’instille la domination masculine dans tous les recoins de la société.

    Le film est aussi une histoire d’entraide entre deux générations de femmes, celle de Delia et celle de sa fille, qu’elle sauve in extremis d’un destin comparable au sien. Tourné à Rome, en noir et blanc, dans le quartier du Testaccio, encore populaire dans l’après-guerre, il est parcouru de références au néoréalisme italien, avec des incursions dans le domaine de la comédie. « Entre le sujet et la forme, le projet n’avait pas de quoi rassurer les producteurs et les distributeurs… Mais travailler sur cette histoire était une urgence ! », confie la réalisatrice.

    Paola Cortellesi a commencé dans les années 2000 comme humoriste à la télévision. Elle s’illustrait alors par ses imitations de célébrités dans des programmes de grande écoute, puis a enchaîné les rôles dans des comédies populaires à succès qui lui ont valu de prestigieux prix. Il y a une dizaine d’années, elle s’est mise à exercer ses talents de scénariste, avant de préparer son passage derrière la caméra.

    Le succès d’Il reste encore demain a gonflé au fil d’un automne au cours duquel son sujet est entré en résonance avec une actualité tragique. Depuis la mi-novembre, l’Italie est profondément marquée par le féminicide d’une étudiante de 22 ans, Giulia Cecchettin, tuée par son ex-compagnon. L’âge de la victime et du tueur, le milieu de classe moyenne dont ils sont issus, leur profil de jeunes gens ordinaires avaient rapidement attiré l’attention médiatique. L’affaire a pris une tout autre dimension quand la sœur de la victime, Elena, a décidé de faire de son deuil une tribune pour dénoncer publiquement les causes structurelles des violences faites aux femmes.

    A la suite de sa prise de parole, a commencé au sein des médias, des familles, des couples d’Italie une grande conversation sur les conséquences du patriarcat et ses racines profondes. Le film rencontre cette lame de fond et lui donne plus de force encore. On va le voir, on va le revoir et on le fait voir. « Il reste encore demain crée un court-circuit émotionnel entre les époques, entre deux moments d’émancipation, qui le rend très contemporain et l’a fait rencontrer un puissant mouvement souterrain dans la société italienne », estime Paola Malanga, directrice artistique de la Fête du cinéma de Rome, où le film a reçu trois prix dont celui de la critique et celui du public.

    « Il est devenu le symbole d’un tournant dans le discours sur les violences de genre, d’une prise de conscience en cours », juge pour sa part Francesca Maur, secrétaire nationale du collectif Donne in rete contro la violenza, qui regroupe des associations de soutien aux femmes victimes de violence partout en Italie. « Pour nous Paola Cortellesi est une alliée importante », explique-t-elle.
    Un cinéma populaire et politique

    Dans tout le pays, Il reste encore demain devient un objet d’intérêt public, et les enseignants emmènent leurs classes le voir au cinéma. Comme à Bari, dans les Pouilles, où la municipalité y a envoyé les élèves des collèges et lycées. A Lodi, en Lombardie, un entrepreneur anonyme a acheté quatre cents billets qu’il réserve aux jeunes de la ville. « J’ai compris que le public avait trouvé dans l’histoire de Delia un encouragement à discuter, à parler, à se ­souvenir, à pointer du doigt les choses qui se passent quotidiennement et qui ne vont pas dans les rapports entre hommes et femmes », raconte Paola Cortellesi.

    Pour la figure tutélaire du féminisme italien, Lea Melandri, 82 ans, le succès du film tient aussi à la dose de légèreté que la réalisatrice, venue de la comédie, lui a insufflée. « Il reste encore demain n’arrive pas comme un coup de poing dans le ventre. Paola Cortellesi l’a créé avec une vraisemblance, une légèreté et une ironie qui en font un film populaire susceptible de porter son message plus loin », juge-t-elle. Avant de noter : « Elle a pris un thème qui relevait d’une avant-garde et a permis à tout le monde de s’en emparer : c’est révolutionnaire. »

    Selon Gian Luca Farinelli, directeur de la cinémathèque de Bologne, Paola Cortellesi a renoué le fil d’une tradition perdue du cinéma italien : « Paola est une actrice célèbre et très aimée, qui parvient à parler à tout le pays. Le succès de ce film nous invite à croire de nouveau à l’idée d’un cinéma capable de représenter tout le monde et de redevenir un instrument de discussion fondamental pour l’Italie. »

    En 2018, à la cérémonie des David di Donatello, l’équivalent italien des Césars, Paola Cortellesi avait pris la parole pour dénoncer les racines culturelles des violences faites aux femmes. Reprenant un texte de l’écrivain et sémiologue Stefano Bartezzaghi, elle évoquait le changement de sens qui s’opérait lorsque l’on passait un terme du masculin au féminin : de courtisan à courtisane, de masseur à masseuse, d’homme de la rue à femme de la rue.

    L’actrice avait alors voulu montrer que les origines des discriminations et des violences se trouvaient dans le langage même, et appeler à une meilleure éducation à l’égalité dans les écoles. « Rien n’a changé depuis ce discours, regrette-t-elle. Il y a un problème culturel à la source de la violence qui a tué Giulia, et il doit être résolu par l’éducation. Je pense toujours que notre pays a besoin de révolutionner les programmes ­scolaires pour assurer une formation suivie sur les questions d’égalité entre les genres. »

    Appel à Giorgia Meloni

    En novembre, dans un entretien à l’édition italienne de Vanity Fair, la réalisatrice a lancé un appel à la présidente du conseil italien, Giorgia Meloni, et à la secrétaire du Parti démocrate (centre gauche), Elly Schlein, à collaborer pour mettre en œuvre une ­politique ambitieuse de prévention scolaire contre les féminicides et les violences de genre. Le sujet est sensible dans un pays où les groupes d’intérêts conservateurs sont puissants et où l’éducation sexuelle n’est pas au programme des écoles.

    « Avoir une femme à la tête du gouvernement et une autre femme à la tête du plus grand parti de l’opposition, c’est une première historique pour l’Italie et une grande réussite pour les femmes, affirme Paola Cortellesi. Qu’elles travaillent ensemble au moins sur ce sujet qui les concerne toutes les deux. » Les deux dirigeantes se sont déclarées prêtes à rencontrer la réalisatrice, sans pour autant s’engager sur des actions communes. « Le tournant culturel prendra des années, mais il y a eu un tournant dans la conscience des citoyens, estime la réalisatrice. Maintenant, il ne faut pas que cette petite flamme s’éteigne. »

  • Serge Klarsfeld, le chasseur de nazis qui n’a plus peur du RN
    https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2023/12/16/serge-klarsfeld-le-chasseur-de-nazis-qui-n-a-plus-peur-du-rn_6206121_4500055

    C’est moi qui suis à cran ou ça devient vraiment totalement ridicule ?

    L’avocat historien a voué son existence à la mémoire de la Shoah. En traquant les anciens dignitaires nazis ainsi qu’en dénonçant avec constance une extrême droite française alors ouvertement antisémite. Pourtant, à 88 ans, le fils de déporté ne considère plus le RN comme un danger, mais comme un allié face au sentiment antijuif et à la menace de l’islamisme.

    • « Le but de Serge, c’est la reconnaissance de la mémoire de la Shoah et surtout la pérennité et la sécurité de ce qu’il reste des juifs, décrypte l’historienne Annette Wieviorka, dont les grands-parents ont été déportés dans le même convoi que celui du père de Serge Klarsfeld. Après le 7 octobre, plus rien n’est pareil. On ne peut pas comprendre la violence du sentiment que cela pourrait recommencer. Il y a toujours chez lui l’enfant de 8 ans caché derrière une fausse porte d’armoire. » Un enfant transi de peur.

      Ça plus un fils qui a conseillé Alexandre Benalla et son rond de serviette chez C News et deux branchement juifs pied noirs sur Perpignan, dont le maire, Louis Aliot

      « C’est l’antisémitisme qui empêche les gens de voter pour nous. Il n’y a que cela… A partir du moment où vous faites sauter ce verrou idéologique, vous libérez le reste », résumait-il, en 2014, face à l’historienne Valérie Igounet (Le Front national, de 1972 à nos jours, Seuil, 2014).

      https://archive.is/zh0kW

      S. K., il y a deux ans : « À l’entendre, il faudrait se débarrasser des musulmans. Mais les nazis disaient pareil des juifs, sans préciser comment. Et nous avons eu les chambres à gaz... Comment Zemmour compte-t-il se débarrasser des musulmans ? »
      https://seenthis.net/messages/941407

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    • balancier du temps, inversion et trous noirs de mémoire autodafée qui se noie, l’intelligence est soumise aux mantras séniles qu’aboient les caniches de garde

  • A Saint-Denis, les médecins de l’hôpital Delafontaine craignent de perdre leur AME
    https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2023/12/02/a-saint-denis-les-medecins-de-l-hopital-delafontaine-craignent-de-perdre-leu

    A Saint-Denis, les médecins de l’hôpital Delafontaine craignent de perdre leur AME
    Par Julia Pascual
    L’article du projet de loi « immigration » prévoyant la fin de l’aide médicale d’Etat pour les personnes en situation irrégulière a été voté par le Sénat, mais supprimé en commission par l’Assemblée. En première ligne dans l’accueil de ces populations fragilisées, les soignants redoutent un désastre à la fois humain et économique si ce dispositif disparaissait.
    A Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), les équipes de l’hôpital Delafontaine sont unanimes. Si l’aide médicale d’Etat (AME) venait à disparaître, ce serait une catastrophe. Le projet de loi relatif à l’immigration voté au Sénat prévoyait sa suppression. Les députés en commission ont cependant rétabli ce dispositif avant le débat prévu à l’Assemblée à partir du 11 décembre.
    L’établissement public est parmi les plus exposés aux conséquences d’une éventuelle réforme de cette couverture maladie destinée à prendre en charge – à la façon d’une ­sécurité sociale basique – les soins des étrangers qui se trouvent en situation irrégulière sur le territoire depuis plus de trois mois. Et pour cause : au cœur du département le plus pauvre de France métropolitaine, 8 % de la patientèle de Delafontaine est couverte par l’AME, contre environ 0,5 % dans les autres structures. Si, demain, ces exilés ne sont plus couverts, qu’adviendra-t-il ? Faute d’AME, les personnes dépourvues de couverture ­maladie recourront davantage aux structures hospitalières là où, aujourd’hui, elles peuvent faire appel aux médecins de ville, comme n’importe quel assuré. Certaines renonceront par ailleurs à se soigner, au risque de voir leur situation s’aggraver et, in fine, solliciteront le ­système des urgences. En fin de compte, les dépenses engendrées pour ces malades resteront à la seule charge de l’hôpital, qui ne sera pas remboursé par l’Asssurance-maladie et verra son déficit se creuser.
    0,5 % de la dépense totale de l’Assurance-maladie
    En Espagne, où un dispositif similaire à l’AME a été supprimé de 2012 à 2018, une étude a démontré que, durant les trois premières années sans cette aide, le taux de mortalité des immigrés sans papiers avait augmenté de 15 %. « Une suppression de l’AME serait de nature à déstabiliser notre modèle économique ou à dégrader le protocole de prise en charge des personnes, prévient Jean Pinson, directeur du centre hospitalier de Saint-Denis, dont dépend l’hôpital Delafontaine. L’AME nous permet d’inscrire les gens dans un parcours de soins standard, moins coûteux pour la collectivité et plus efficient pour eux. »
    A l’opposé de ce constat, le Sénat, dominé par la droite et le centre, a voté la suppression du dispositif, avec pour objectif de « lutter contre la fraude » et de « freiner l’augmentation tendancielle des dépenses d’AME ». En 2022, celles-ci ont représenté 1,186 milliard d’euros, c’est-à-dire 0,5 % de la dépense totale de l’Assurance-maladie, pour quelque 411 364 bénéficiaires.Le Sénat avait prévu le remplacement de l’AME par une aide ­médicale d’urgence (AMU), réduite à la prise en charge des suivis de grossesse, des vaccins obligatoires, des examens de médecine préventive, des maladies graves et des soins urgents « dont l’absence mettrait en jeu le pronostic vital ou pourrait conduire à une altération grave et durable de l’état de santé ». « Dans la tête des gens, si vous n’avez pas besoin de soins urgents et vitaux, alors vous êtes en soin de confort, regrette Jean Pinson. Or, les soins chroniques pour un patient atteint du VIH ou victime d’un AVC, ce n’est pas du confort. » A Delafontaine, les patients couverts par l’AME viennent souvent pour des pathologies multiples. « Il y a beaucoup de diabète, ­d’hypertension, d’insuffisance rénale, de pathologies rhumatologiques », énumère Elisa Pasqualoni, responsable de l’unité d’aval des urgences. « On voit des gens qui en général sont jeunes et en bonne santé, mais qui, au fil du parcours migratoire et à leur arrivée en France, développent des problèmes qui les amènent à consulter », témoigne à son tour Rita Dujon-Mitri, responsable de la PASS hospitalière de Delafontaine, la permanence d’accès aux soins de santé, destinée aux personnes sans couverture maladie ou très précaires, qui voit passer en consultation environ 3 000 personnes chaque année.
    (...)Le médecin de la PASS Louis Crozier lui organise un « gros bilan de santé », qui comprend notamment un électrocardiogramme, une prise de sang, des analyses de selles. Joseph a perdu 5 kg depuis qu’il a quitté son pays, où « on n’accepte pas les couples de même sexe », confie-t-il en pleurs. A Paris, il vit tantôt chez « un ami », tantôt dans la rue, parvient difficilement à faire deux repas par jour, ne mange jamais de fruits ni de légumes.Au gouvernement, on assure qu’une suppression de l’AME ne passerait pas le contrôle de constitutionnalité de la loi relative à l’immigration, car il s’agit d’un cavalier législatif relevant davantage d’une loi budgétaire. Toutefois, pour satisfaire la droite, indispensable pour le vote de ce texte, la première ministre, Elisabeth Borne, a confié une mission d’évaluation à Patrick Stefanini – ancien directeur de campagne de Valérie Pécresse et de François Fillon – et à l’ancien ministre de la santé Claude Evin, qui doit rendre ses conclusions le 4 décembre.
    « La première ministre en tirera les conclusions législatives et réglementaires dans les semaines qui suivent », promet-on au ministère de l’intérieur, où Gérald Darmanin se dit plus favorable à une limitation du ­bénéfice de l’AME dans le temps plutôt qu’à une réduction du panier de soins telle que votée au Sénat. « Soixante-quinze pour cent des personnes à l’AME sont là depuis plus de trois ans », souligne l’entourage du ministre, comme si cela démontrait une forme d’incitation à se maintenir en situation irrégulière en France. A Delafontaine, beaucoup considèrent que réduire le panier de soins ou limiter son bénéfice dans le temps relève de la même « absurdité ». François Lhote est chef du service de médecine interne de l’hôpital : « Les migrants ne viennent pas se faire soigner aux frais de la princesse. On nous parle de tel Moldave venu se faire poser une prothèse de hanche, mais la réalité que l’on voit, nous, médecins, ce sont des gens qui viennent travailler et qui se sacrifient pour leur famille restée au pays. C’est de la lâcheté de s’en prendre à eux. » Depuis son bureau du huitième étage, où il officie depuis trois décennies, le docteur Lhote met en garde : « Ce rejet des précaires ne se limitera pas aux étrangers et on glissera de l’étranger malade au pauvre. »
    Arrivée en France en octobre 2022, Aminata dort elle aussi ici et là, chez des connaissances, mais elle se méfie de ses hébergeurs. Au docteur Louis Crozier, l’Ivoirienne de 32 ans a parlé de ses reviviscences, de son hypervigilance, des « chaleurs » qu’elle ressent dans son corps. Il a remarqué qu’elle l’évitait du regard. Un ensemble de symptômes révélateurs d’un stress post-traumatique.
    La jeune femme s’est ouverte sur les violences infligées par son mari au pays, auxquelles se sont ajoutées des violences sur la route migratoire, en Tunisie notamment. Louis Crozier lui a prescrit des antidépresseurs. Elle va mieux aujourd’hui et a obtenu l’AME. « Si ça vous va, c’est la dernière fois qu’on se voit, lui explique le praticien, au terme de sa quatrième consultation. Vous pourrez aller voir un psychiatre à la Maison des femmes et vous rendre dans un centre médico-social à l’avenir. »Une démarche qui ne sera plus possible si l’AME est supprimée. « Si on doit garder tous ces gens à la PASS, sans les orienter vers la médecine de ville, alors on n’aura plus de place pour les nouveaux patients », s’inquiète le médecin. En attendant, il reçoit dans son cabinet un Algérien de 32 ans. Arrivé il y a une quinzaine de jours en France, il est soigné pour une brûlure au second degré de son mollet droit. La plaie a été causée par le mélange d’huile et d’essence dans lequel sa jambe a trempé, sur le petit bateau qui l’a amené d’Alger à Palma de Majorque. Sophie Ako, l’infirmière, nettoie la chair, y appose quelques bandelettes de tulle gras. La cicatrisation est en bonne voie.

    #Covid-19#migrant#migration#france##AME#sante#loimigration#politiquemigratoire#immigration#seinesaintdenis

  • A Saint-Malo, Airbnb délogé en appel d’une habitation
    https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2023/11/29/a-saint-malo-airbnb-deloge-en-appel-d-une-habitation_6203014_4500055.html

    Nil Caouissin, l’élu de l’Union démocratique bretonne, l’avait suggéré dans un manifeste sorti à l’occasion des élections régionales de 2021 : pourquoi ne pas mettre en place un #statut_de_résident en Bretagne ? L’idée, consistant à réserver l’acquisition des biens immobiliers dans les zones les plus recherchées à des ­personnes ayant déjà vécu un an au même endroit, avait alimenté un sérieux débat.

    Parmi les citoyens intéressés par cette proposition, la Malouine Véronique Deschamps. Celle qui a jeté l’ancre il y a plus de trente ans dans la cité fortifiée fait partie des quelques centaines d’habitants à l’année intra-muros. Elle s’inquiète du devenir de ce fief très touristique, où le phénomène #Airbnb a pris une ampleur considérable, avec des milliers d’annonces recensées.

    La coiffeuse au civil en a même fait les frais. La maison historique où elle réside est divisée en trois appartements et a vu arriver, en 2016, une #location_saisonnière de courte durée dans l’un d’eux. Valises à gogo et passages ininterrompus ont envahi ce logis fait de bois et de torchis. « J’ai vu ce lieu si petit se transformer en un hall de gare, et mon adresse devenir une destination touristique », pointe-t-elle inlassablement. Alors qu’elle écrivait une « lettre aux Malouins » pour avertir de la situation en 2018, signée par six cents personnes, elle cofondait un an plus tard le collectif Saint-Malo, j’y vis… j’y reste !

    Parallèlement, elle entamait un combat judiciaire contre les propriétaires de l’appartement loué sur des plates-formes comme Airbnb ou #Booking, au motif du « trouble anormal de voisinage ». Une « qualité de vie altérée », selon ses mots, à laquelle cette lanceuse d’alerte voulait mettre un terme. « J’avais le choix entre subir et me taire ou vendre et partir, confie-t-elle. J’ai préféré une troisième option : me battre et avoir peur tout le temps. »

    Si le statut de résident n’a pas vu le jour en Bretagne, la problématique du #logement, elle, s’est encore intensifiée. En juillet 2023, la chambre régionale des notaires recensait une augmentation annuelle de 9,4 % du prix médian d’un appartement ancien à Saint-Malo, pour s’établir à 4 810 euros le mètre carré. Il était, à titre de comparaison, à 2 650 euros en 2015.
    Dans un contexte déjà brûlant, Saint-Malo avait adopté, en 2021, une réglementation très restrictive en instaurant des quotas de locations de courte durée par quartier (12,5 % pour l’intra-muros). Son maire, Gilles Lurton (LR), estime que la mesure « a au moins mis un frein à l’inflation du phénomène, qui prenait une proportion industrielle ». Et reconnaît une prise de conscience tardive à ce sujet de la part des institutions.

    Et, le 24 août, la cour d’appel de Rennes a donné raison à Véronique Deschamps, a appris M Le magazine du Monde, lui accordant une indemnisation au titre du préjudice subi. La cour a également confirmé l’arrêt de l’activité de location de courte durée dans l’immeuble, requise par le tribunal judiciaire en première instance deux ans auparavant pour non-respect du règlement de copropriété et de sa clause d’« habitation bourgeoise ». Il n’y a donc plus de va-et-vient incessants dans cette ancienne maison intra-muros. Une décision qui fait émerger une# jurisprudence favorable à l’#habitat_permanent. « On aboutit à une #présomption_de_nuisance provenant des locations de courte durée », explique Cyrille Moncoq, l’avocat de Véronique Deschamps.

    D’après le jugement, les immeubles d’habitation à caractère résidentiel ne sont pas compatibles avec la location pratiquée via Airbnb qui nuit à leur tranquillité. « D’autres personnes pourraient s’appuyer sur cette décision » pour faire reconnaître cette inadéquation, indique l’avocat, qui prend en charge de plus en plus de dossiers comme celui de la Malouine un peu partout en Bretagne.

    Sept ans après les débuts de son action en justice, et alors que les députés ont déposé une proposition de loi pour une régularisation plus importante des plates-formes comme Airbnb, mardi 28 novembre, Véronique Deschamps ne réalise pas encore sa victoire. Elle formule malgré tout un vœu : « J’aimerais me dire que mes enfants auront la possibilité de vivre ici. »

    #tourisme

  • Opinion | Who Was the Real ‘Shaved Woman of Chartres’ ? - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2023/11/25/opinion/simone-touseau-france-occupation.html

    Est-ce que la fiction peut tordre l’histoire quand elle s’appuie sur des faits réels ?

    The photograph, “The Shaved Woman of Chartres,” with the young Ms. Touseau at its center, was understood for a long time as a document of the brutal purges that took place during the liberation of France at the end of World War II. Extrajudicial punishments were carried out all over the country, including shaving the heads of women suspected of sleeping with the enemy.

    The truth was more complex. Historians were slow to take an interest in the wartime collaboration and resistance of women, but in the early 2000s, a groundbreaking work by Fabrice Virgili described how many women who were shaved in the purges were being punished not for their intimate relationships with Germans but for denunciations or working for the Germans.

    Eventually we got a clearer picture of Ms. Touseau, too. In 2011 two historians, Gérard Leray and Philippe Frétigné, established that she was a Nazi sympathizer before the war started. She scribbled swastikas in the pages of notebooks she kept as early as the mid-1930s, admired National Socialism and claimed that France “needs someone like Hitler.” Fluent in German, she worked as a translator for the occupying forces and became a member of the nationalist Parti Populaire Français. She was accused of denouncing four neighbors who were deported to the Mauthausen concentration camp, two of whom never returned. The crime, which would have been punishable by death, was not proved, but Mr. Leray told me that he is adamant that she played at least some part in it.

    This August a new, fictionalized portrait of Ms. Touseau was published in France, in the shape of a novel, “Vous Ne Connaissez Rien de Moi” (“You Know Nothing About Me”), by Julie Héraclès, which renders Ms. Touseau, renamed Grivise, as a woman scorned.

    In the novel Simone falls in love with Pierre, who is young and handsome and from a bourgeois family. He sexually assaults Simone, and when she falls pregnant, he abandons her to join the Resistance, leaving her to have an illegal abortion on her own.

    Simone’s desire for revenge drives her to start working as a translator for the Nazis. She begins a relationship with a German officer, Otto, then falls in love with him. After he is injured on the Eastern Front, she joins the Parti Populaire Français to get a transfer to Germany to be with him, with little consideration for the political implications.

    The Simone of the novel has a Jewish friend, lies to the Gestapo to help a member of the Resistance, is “revulsed” by the practice of reporting neighbors and gives food to a little Jewish girl — all “highly implausible facts,” Mr. Leray told me.

    It makes for gripping reading, and the novel was on numerous award lists and won the Stanislas Prize for best first novel. Critics praised it as impressive and audacious, and readers shared their enthusiasm for it — “a beautiful love story,” a “real immersion in Simone’s life,” a story “that shows us that people are never angels or demons but a tangle of good and bad,” several wrote in online reviews.

    But the book has also been the subject of criticism on the question of what fiction can allow itself when it comes to this part of history.

    Ms. Héraclès told me in a phone interview that she was surprised by the debate. Her agenda was not to redeem Ms. Touseau, she said, but “to explore the human condition” by trying to imagine “how a young woman can commit criminal acts.”

    The novel has an epigraph: “I’ve never seen a saint or a bastard. Nothing is all black and white; it’s the gray that wins. Men and their souls, it’s all the same.” But relegating Ms. Touseau to the role of a sentimental being buffeted by history does not enrich our understanding of her. It strips her of agency and impoverishes our sense of history at the same time.

    The shaved woman of Chartres was a driven, ideological woman whom painstaking historical scholarship had liberated from our simplistic understanding of her. At any given time, people are a tangle of good and bad, and it is the prerogative of fiction to mold bare facts for artistic ends. But now fiction has put her back in the limited, familiar role of sacrificial mother that she inhabited in Capa’s photo and the world’s imagination.

    Perhaps we prefer her there, rather than contemplating her and others’ complicity in evil.

    #Fiction #Ecriture #Chartre #Robert_Capa #Collaboration

  • En Bretagne, l’embauche des réfugiés plus polémique que jamais
    https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2023/11/18/en-bretagne-l-embauche-des-refugies-plus-polemique-que-jamais_6200951_450005

    En Bretagne, l’embauche des réfugiés plus polémique que jamais
    Touchées par les pénuries de main-d’œuvre, les entreprises régionales n’ont pas attendu l’adoption du projet de loi « immigration » pour former des réfugiés aux métiers en tension. Mais en toute discrétion.
    Par Manon Boquen
    Un temps, Le ministre délégué chargé de l’industrie, Roland Lescure, a envisagé d’organiser une visite, en octobre, de la conserverie La Belle-Iloise, à Quiberon (Morbihan), au bout de la presqu’île du même nom. L’examen du projet de loi « immigration » débutait au Sénat et il souhaitait ainsi démontrer la pertinence du fameux article 3, qui prévoyait la régularisation des sans-papiers dans des métiers en tension, convaincu, comme il le déclarait le 12 septembre, que « la réindustrialisation de la France ne se ferait pas sans immigration ».La Belle-Iloise était a priori un bon exemple : l’entreprise a formé, de 2019 à 2021, des groupes d’une dizaine de réfugiés – qui avaient déjà obtenu des papiers – au métier d’opérateur de production. Apprentissage du français et stage immersif ont permis à la majeure partie d’entre eux de travailler comme saisonniers, voire de poursuivre en contrat plus long. Mais, de visite ministérielle, il n’y aura finalement pas. La Belle-Iloise refusera d’expliquer pourquoi, se contentant de répondre que le sujet est « brûlant ».
    L’entreprise ne le dira pas officiellement, mais un article de Ouest-France daté de 2021 lui a laissé de très mauvais souvenirs. Il décrivait pourtant en des termes bienveillants son programme d’insertion modèle. Sauf que la publication a entraîné des centaines de commentaires haineux sur les réseaux sociaux. « On en fait moins pour les SDF », « Combien de chômeur francais [sic] on a formé ? », « Avec 10 millions de pauvres en France, n’importe quoi »… Un florilège qui a marqué les acteurs proches du dossier : la mission locale comme le centre de formation.
    Le cas de La Belle-Iloise n’est pas unique : de plus en plus d’industriels bretons recourent à la formation de migrants pour pallier le manque de main-d’œuvre, mais refusent d’en parler ouvertement par peur de soulever des réactions violentes. Avec un taux de chômage de 5,8 % au second trimestre 2023 – le deuxième taux régional le plus faible de France –, la région est particulièrement touchée par les pénuries de main-d’œuvre : 462 000 postes seraient à pourvoir dans la région d’ici à 2030 dans tous les secteurs, selon le ministère de l’économie. Kodiko, Sésame, Melting Breizh… Les dispositifs d’intégration par le travail ont essaimé sur le territoire au fil des années, portés par des institutions variées : missions locales, Pôle emploi, associations pour l’emploi. Responsable du programme HOPE de l’Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes de Bretagne et de Loire-Atlantique, Lionel Frein met en relation entreprises en tension et réfugiés pour des formations professionnalisantes avec des cours de langue. « A son lancement, en 2017, c’était une expérimentation, avant tout pour libérer des places d’hébergement », relève-t-il.
    Depuis, plusieurs secteurs, comme ceux du bâtiment, de la propreté, de l’automobile, ont formé en interne près de mille stagiaires de Brest (Finistère) à Loudéac (Côtes-d’Armor) en passant par Rennes (Ille-et-Vilaine). « Quatre-vingt-neuf pour cent d’entre eux ont un logement et 72 % un emploi », se réjouit le responsable régional du dispositif. La situation s’est généralisée depuis le Covid. « Toutes les entreprises ont des difficultés à recruter. Et donc beaucoup se sont adaptées au public des personnes réfugiées », confirme Damien Robic, responsable de l’Institut breton d’éducation permanente (IBEP) de Lorient (Morbihan), un organisme de formation pour adultes, où cinq formateurs de français pour les étrangers travaillent maintenant, au lieu de deux dix ans auparavant. L’IBEP de Lorient, avec l’aide de la région Bretagne, a en outre créé des ­programmes avec plusieurs employeurs, dont La Belle-Iloise et, avant elle, le fabricant de plats à base de poisson Cité marine, implanté à Kervignac (Morbihan).
    Des partenariats inédits sont même en train de voir le jour, comme celui entre le Medef d’Ille-et-Vilaine, la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment 35 et Territoires accueillants 35, un collectif pour l’accueil des migrants. Ils espèrent lancer dans les mois à venir une expérimentation locale qui permettrait de simplifier les démarches d’embauche des migrants en attente de papiers. « Les besoins des entreprises sont là, avec des personnes extrêmement motivées qui veulent s’intégrer », argumente Willy Patsouris, de Territoires accueillants 35, tout en regrettant « des débats électoralistes » à l’échelle nationale.
    Le trio d’organisations communiquera-t-il sur son opération si elle aboutit ? Willy Patsouris se fait prudent : « Pour ma part, je suis pour la transparence, mais je ne suis pas le seul à décider. » Les manifestations d’extrême droite à Callac (Côtes-d’Armor) contre le projet de centre d’accueil pour réfugiés et la progression du vote Rassemblement national font dire à Forough Dadkhah, vice-présidente de gauche chargée de l’emploi, de la formation et de l’orientation à la région Bretagne : « Nous devons continuer les actions pour les réfugiés, mais peut-être en communiquant moins. »
    Pour autant, le groupement d’économie solidaire Néo 56 a organisé, le 14 octobre, la soirée dégustation du Fest in Food, un programme d’insertion dans la restauration de personnes réfugiées. « Nous voulions ­favoriser la cohabitation de tous en nous appuyant sur la cuisine », explique sa directrice générale, Marie-Laurence Gautier. Trois cents curieux ont répondu présents, sans incident.

    #Covid-19#migrant#migration#france#bretagne#immigration#emploi#economie#integration#refugie#politiquemigratoire#extremedroite

  • Elisapie, chanteuse inuite, fait une « appropriation culturelle » à rebours
    https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2023/11/14/elisapie-chanteuse-inuite-fait-une-appropriation-culturelle-a-rebours_620007

    [...]
    Ces chansons ont bercé son enfance, passée à Salluit, un petit village arctique de quelque cinq cents habitants au début des années 1980, situé au #Nunavik, dans le Grand Nord canadien. « Ça venait me chercher là, raconte-t-elle en enfonçant son poing au creux de son estomac, il a fallu que je fouille en moi, que je fasse un travail archéologique émotionnel pour comprendre ce qui déclenchait une telle mélancolie. » Ce qui vient la prendre aux tripes, c’est « l’emmêlement » des sentiments que ces refrains entendus pendant sa jeunesse provoquent. La légèreté de l’enfance superposée au désarroi qui imprégnait les membres de sa petite communauté.

    La politique « assimilationniste », menée par le #Canada pendant plus d’un siècle, a fait des ravages au sein des #peuples_autochtones. Les aînés, sédentarisés de force après avoir vécu en nomades, s’adonnent à la boisson. Les enfants envoyés en pensionnat loin de chez eux pour en faire de « bons petits Canadiens », avec la promesse faite aux parents qu’ils deviendraient avocats ou médecins – « mais je n’en connais aucun qui soit devenu docteur », lâche Elisapie –, reviennent dans leur village, privés de leur identité et coupés de leur culture.

    Le taux de suicides au Nunavik reste plus de dix fois supérieur à la moyenne québécoise. Chaque famille doit vivre avec ses deuils et ses traumatismes. La chanteuse se souvient de sa tante au visage bleui par les coups, ou de ses cousines contraintes de se réfugier chez elle quand la violence de l’alcool envahissait leur maison. Mais elle raconte aussi le miracle de la musique, quand ses oncles, musiciens, faisaient chanter toute la famille sur Going to California, de Jimmy Plant, ou sur Wild Horses, des Rolling Stones. « Ils trouvaient dans le rock’n’roll le moyen d’exprimer leur fureur, cette musique venue d’ailleurs leur disait qu’ils avaient le droit d’être tristes ou en colère. »

    I Want to Break Free, de Queen, résonnait dans la salle des fêtes du village pour dire les désirs de liberté contrariés des hommes, les filles rêvaient sur la banquise en écoutant Heart of Glass, de Blondie. En traduisant chaque chanson en #inuktitut, la langue inuite, Elisapie s’amuse de « l’appropriation culturelle » à rebours, entreprise avec cet insolite album de reprises : ces mots de « Blancs » rendus à son peuple, chantés de sa voix chaude et puissante sur un tempo plus lent que celui des versions originales, sentent le vent, la tourbe et l’immensité du Grand Nord. Ils disent la modernité de la culture inuite, capable de se réinventer. Tous les artistes sollicités, à l’exception d’ABBA, ont donné leur accord : « C’est peut-être le fun pour eux de comprendre que même les p’tits gars du Nord ont dansé sur leur musique. »

    https://www.youtube.com/watch?v=4FODaK7Rz4k

    A fleur de peau
    Installée à Montréal depuis plus de vingt ans, la chanteuse, attachée à ses racines inuites, reste à fleur de peau dès que l’on évoque le sort des peuples autochtones. L’indemnisation record de 23,4 milliards de dollars canadiens (16 milliards d’euros), accordée aux autochtones le 24 octobre par la justice canadienne, en compensation des discriminations perpétrées par le système de protection de l’enfance, la réjouit. « Il nous faudra sans doute plus d’une génération pour parvenir à effacer les traumatismes du passé, mais les droits qu’on nous reconnaît aujourd’hui, les ressources qu’on nous accorde enfin, je prends tout ! », s’exclame-t-elle.

    Malgré le succès de son album Inuktitut, remarqué par le magazine de musique américain Rolling Stone et toujours en tête des ventes au Québec début novembre, Elisapie se défend d’être une « ambassadrice » autochtone. « Trop lourd à porter », estime-t-elle. D’autant qu’une actualité l’a laissée sous le choc. L’icône de sa jeunesse, la chanteuse Buffy Sainte-Marie, 82 ans, amie de Bob Dylan et Joan Baez, vient d’être accusée d’« imposture ethnique » dans une enquête diffusée le 27 octobre sur la chaîne de télévision canadienne CBC.
    Celle qui a émergé dans les années 1960 pour porter le combat des « Indiens » aurait menti sur ses origines : elle ne serait pas de la tribu des Cris canadiens, comme elle l’a toujours prétendu, mais aurait en réalité des parents blancs américains. « C’est elle qui m’a montré qu’on pouvait être une artiste autochtone contemporaine engagée. Son mensonge m’oblige à me ­dépouiller de tout ce qui me définissait jusque-là », se désole Elisapie. Une nouvelle blessure sur laquelle elle posera peut-être un jour sa musique et ses propres mots.

  • Jonas Pardo, antidote à l’antisémitisme au sein de la gauche
    https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2023/11/08/jonas-pardo-antidote-a-l-antisemitisme-au-sein-de-la-gauche_6199014_4500055.

    Militant d’extrême gauche, Jonas Pardo a longtemps passé sous silence ses origines juives. Jusqu’au jour où, après la tuerie de l’Hyper Cacher, à Paris, en 2015, il a décidé de tendre un miroir à son propre camp, qu’il juge rongé par le déni d’un antisémitisme latent. Le trentenaire dispense depuis deux ans des formations visant à déconstruire le racisme antijuif.

    ... pendant les manifs, il voit les quenelles des aficionados de Dieudonné et les pancartes qui reprennent l’air de rien les figures du banquier ou du marionnettiste.

    Un soir, à la fin d’une réunion ordinaire avec des copains cégétistes, quelqu’un balance : « La loi va passer parce que les juifs contrôlent les médias. » Jonas Pardo est stupéfait : « Les gens sont intelligents et d’un coup, comme sortis de nulle part, ils disent des trucs complètement dingues. » Il ne réagit pas. Un autre soupire : « Bah, oui, Drahi [propriétaire du groupe de médias Altice] ». Et encore un autre prononce le nom de Rothschild. « Ma réaction dans ces moments-là, c’est la peur. » Ce soir-là, le jeune militant se lance : « Je dois vous dire un truc : je suis juif. » Son camarade, interdit, s’excuse immédiatement. « En disant, je suis juif, je viens faire éclater toutes leurs représentations. Quoi, un juif qui vient les aider sur une manif ou un blocage ? En général, ils n’ont jamais rencontré un juif, ils se nourrissent de rumeurs. »

    Sur la table en bois de sa cuisine, Jonas Pardo dispose les supports iconographiques qu’il utilise pendant ses ateliers. Ce sont des images en apparence banales. « L’antisémitisme est disqualifié socialement – contrairement à l’antitziganisme, par exemple, observe-t-il. Il se diffuse donc souvent de façon cryptée. » Il montre la photo d’un manifestant contre le passe sanitaire brandissant cette pancarte : « Qui nous esclavagise avec le passe sanitaire ? Qui nous empoisonne, nous tue avec le vaccin ? Qui prendra le train grâce à la révolte des gentils ? #stopgénocidegaulois. »

    [...]

    Ses formations sont précisément construites pour que les participants apprennent à détecter les signaux d’un potentiel antisémitisme.
    https://justpaste.it/cku4x

    #Antisémitisme #gauche

    • « Chaque groupe politique ne voit l’antisémitisme que chez l’autre. »A ses yeux, la droite se trompe lorsqu’elle postule une rupture historique entre un ancien antisémitisme d’extrême droite et un nouvel antisémitisme porté par la gauche, qui serait le fait des musulmans. De la même manière, la gauche fait erreur lorsque, en réaction, elle affirme que l’antisémitisme a été remplacé par l’islamophobie ou que les juifs sont ciblés non à cause de l’antisémitisme mais en raison de la politique menée par Israël.
      « Ces théories sont problématiques parce que l’antisémitisme devient un objet instrumentalisé dans une lutte partisane – d’un côté pour défendre les valeurs de la République et de l’autre pour défendre la Palestine, souligne-t-il. Je fais partie d’une gauche qui tente d’émerger et qui dit que l’antisémitisme, ce sont les antisémites. »

      [...]

      Jean-Luc Mélenchon, coutumier des formules ambiguës visant les juifs, a suscité la controverse en s’énervant contre le déplacement en Israël de Yaël Braun-Pivet. Sur X, le leader de LFI a écrit, à propos de la manifestation propalestinienne du 22 octobre à Paris : « Voici la France. Pendant ce temps, Mme Braun-Pivet campe à Tel-Aviv pour encourager le massacre. Pas au nom du peuple français ! » Tollé : en utilisant le mot « camper », Mélenchon se serait rendu coupable d’antisémitisme ! Re-tollé : un mot aussi courant que « camper » ne peut pas être antisémite ! « A mon sens, le problème, n’est pas tant le mot “camper” que l’opposition que Jean-Luc Mélenchon établit entre les vrais Français et Yaël Braun-Pivet. » Soit une juive assimilée à un agent étranger. Jonas Pardo regrette que la focalisation sur le mot « camper » ait rendu le débat impossible.

      Le 15 juillet 2020 déjà, Mélenchon, interviewé sur les violences policières sur BFM-TV, déclarait, dans un étonnant hors-sujet : « Je ne sais pas si Jésus était sur la croix, je sais qui l’y a mis, paraît-il, ce sont ses propres compatriotes. » Pour le formateur, cette phrase est un cas d’école : « Il ne prononce pas le mot “juif”, mais les juifs qui entendent cette déclaration comprennent qu’on nous fait de nouveau l’accusation d’être le peuple déicide. » Résultat : la droite a qualifié Mélenchon d’antisémite et la gauche a protesté en disant « on ne peut pas le traiter de nazi ». « Les juifs ont ressenti de la violence. Il s’agit de leur perception, mais elle s’explique objectivement », résume Jonas Pardo.

    • Nonna Mayer : « Les stéréotypes antisémites gardent un certain impact dans une petite partie de la gauche »

      https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/11/10/nonna-mayer-les-stereotypes-antisemites-gardent-un-certain-impact-dans-une-p

      La chercheuse en science politique analyse, dans un entretien au « Monde », l’instrumentalisation de la lutte contre l’antisémitisme par le RN, les positions provocatrices de Jean-Luc Mélenchon et l’évolution des votes des Français de confession juive.

      Propos recueillis par Julie Carriat et Mariama Darame

      [...]

      En parallèle, La France insoumise (LFI) se retrouve isolée sur la question d’Israël… Jean-Luc Mélenchon est-il complaisant avec l’antisémitisme ?

      Le positionnement de Jean-Luc Mélenchon est ambigu, c’est le moins qu’on puisse dire, quand il refuse de qualifier le Hamas de terroriste, quand il accuse la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, de « camper » à Tel-Aviv et « d’encourager le massacre à Gaza ». C’est une vision unilatérale, biaisée des choses.

      On peut être de gauche et avoir une sympathie instinctive, tripale pour les Palestiniens, mais beaucoup d’Israéliens l’ont aussi, qui se mobilisent avec des Palestiniens pour se battre ensemble pour la paix. Le problème n’est pas de savoir si Jean-Luc Mélenchon est antisémite. Je ne pense pas qu’il le soit, mais ses argumentaires politiques sont manichéens et traduisent un manque total de compassion et d’empathie pour les victimes israéliennes du 7 octobre.

      Pourquoi, selon vous ?

      La Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme [Licra] parle d’antisémitisme électoral, je n’irais pas jusque-là mais je pense qu’il a, a minima, une cécité volontaire, visant à élargir son audience à gauche et dans un électorat issu de l’immigration. Il est en train d’obtenir le résultat exactement inverse, il a été désavoué par les socialistes, les communistes et les écologistes, et divise son propre mouvement.

      Il ne fait rien pour dissiper ses ambiguïtés…

      C’est un provocateur, on ne le changera pas. Mais il est intéressant de voir ce que pensent ses sympathisants. L’enquête annuelle de la CNCDH permet d’évaluer le niveau d’antisémitisme par positionnement politique. On voit que, globalement, la gauche est moins antisémite que la droite, et que c’est l’extrême droite qui bat tous les records. Mais ces préjugés remontent légèrement à l’extrême gauche.

      Les sympathisants de La France insoumise en particulier ont un niveau d’antisémitisme nettement inférieur à celui des sympathisants du RN, mais plus élevé que la moyenne. Ce n’est pas le cas dans l’électorat de Jean-Luc Mélenchon au premier tour de la présidentielle toutefois, qui était très divers… Autrement dit, ces stéréotypes antisémites associant les juifs au pouvoir et à l’influence gardent un certain impact dans une petite partie de la gauche. C’est à surveiller. Et l’attitude ambiguë de Jean-Luc Mélenchon ne va pas favoriser les choses.

    • Antisémitisme : les fautes de Jean-Luc Mélenchon
      https://www.mediapart.fr/journal/politique/101123/antisemitisme-les-fautes-de-jean-luc-melenchon

      Le chef de file de La France insoumise a fait ces dernières années plusieurs déclarations ambiguës, voire imprégnées de stéréotypes antisémites, dénoncés comme tels par de nombreuses organisations juives et au-delà. Une « absence de sensibilité » ou un « déni » que le leader de la gauche conteste fermement.

      [...] Mélenchon, qui, répétons-le, se sait scruté, avait dénoncé de la manière suivante le traitement médiatique de Libération et BFMTV de la manifestation en soutien à Gaza : « Même propriétaire même mensonge ». L’Insoumis se trompe – Patrick Drahi, homme d’affaires franco-israélien, n’est plus au capital de Libé –, mais là n’est pas l’essentiel. C’est le sous-entendu d’#assignation_identitaire qui interpelle.
      Le 22 octobre, le responsable #LFI avait déjà tweeté une vidéo d’un rassemblement en soutien au peuple palestinien à Paris, l’accompagnant du message suivant : « Voici la France. Pendant ce temps, Madame Braun-Pivet campe à Tel-Aviv pour encourager le massacre. Pas au nom du peuple français ! »
      Là encore, Mélenchon est parfaitement en droit de critiquer les positions de la présidente de l’Assemblée nationale, qui ont fait grincer des dents jusque dans les rangs de la majorité et au Quai d’Orsay, tant elles semblaient alignées sur celles du gouvernement israélien. Mais opposer ce qui serait la « vraie France » à celle qui se rend à Tel-Aviv, par ailleurs descendante d’immigrants juifs, polonais et allemands, dans une sorte de réinterprétation de « l’anti-France », ne pouvait que susciter une vive émotion.

      [...]

      Par le passé, d’autres déclarations ont généré un trouble similaire. Certaines semblaient minimiser des crimes antisémites. Ainsi, voilà deux ans, #Jean-Luc_Mélenchon avait indiqué sur un plateau télé : « Vous verrez que dans la dernière semaine de la campagne présidentielle, nous aurons un grave incident ou un meurtre. […] Tout ça, c’est écrit d’avance. » Il faisait alors allusion à l’attaque sur les Champs-Élysées en 2017 et aux attentats commis par #Mohammed_Merah en 2012, qui a tué trois militaires, trois enfants et un enseignant #juifs, à Montauban et à Toulouse.
      D’autres propos ont repris des stéréotypes très anciens de l’antisémitisme. Comme celui du peuple déicide, en juillet 2020 sur le plateau de BFMTV. Interrogé à propos des violences policières sur le fait de savoir si « les forces de l’ordre [devaient] être comme Jésus sur la croix qui ne réplique pas ? », l’Insoumis a répondu : « Je ne sais pas si Jésus était sur la croix, mais je sais que, paraît-il, ce sont ses propres compatriotes qui l’y ont mis. »
      Un an plus tard, Mélenchon réagissait (là encore sur BFMTV) aux propos du grand rabbin de France Haïm Korsia, qualifiant d’antisémite le candidat d’extrême droite #Éric_Zemmour. « Qu’un juif soit antisémite est une nouvelle, a répondu le leader insoumis. […] Il me semble qu’il se trompe. Monsieur Zemmour ne doit pas être antisémite parce qu’il reproduit beaucoup de scénarios culturels “on ne change rien à la tradition, on ne bouge pas, la créolisation mon dieu quelle horreur”, tout ça, ce sont des traditions qui sont beaucoup liées au judaïsme. Ça a ses mérites, ça lui a permis de survivre dans l’histoire. »
      Une fois n’est pas coutume, l’ancien ministre a concédé être « prêt à admettre » s’être « mal exprimé »

    • les groupes et individus se revendiquant de différents courants communistes ou décoloniaux ne produisent pas un « antisémitisme ‘‘de’’ gauche », au sens d’un antisémitisme qui leur serait propre. Cependant, à force de relativiser toute manifestation de l’antisémitisme au point de faire de celui-ci un sujet tabou, refoulé, l’antisé­mitisme devient finalement un angle mort. C’est ce qui laisse la porte ouverte à la reformulation inconsciente, dans le langage propre à la gauche, de ces mêmes éléments.

      https://www.stoff.fr/article/plus-blanc-que-blanc
      Plus blanc que blanc ? Révolte et antisémitisme, par stoff, août 2019

  • L’horreur boréale photographiée par Mustafah Abdulaziz

    EN IMAGES Depuis dix ans, le photographe américain documente les bouleversements provoqués par le réchauffement climatique. Entre glaciers déclinants et décors industriels, sa série « Artic », consacrée au pôle Nord, rend tangible le spectacle d’un monde engagé sur la voie de l’autodestruction.
    Autrefois, les mineurs emportaient un canari en cage quand ils descendaient sous terre. Si l’oiseau cessait de chanter, les hommes savaient qu’ils devaient remonter à la surface le plus vite possible. Du gaz toxique circulait dans la mine. L’Arctique est aujourd’hui ce canari, qui alerte l’humanité sur l’état de la planète. Nulle part ­ailleurs, les températures ne grimpent aussi vite.

    Ces quarante dernières années, le réchauffement y a été quatre fois plus rapide que dans le reste du monde. Ce n’est qu’un début. Dans les prochaines décennies, le phénomène devrait s’accélérer. En cause, le mécanisme de l’amplification arctique : dans un climat global qui se réchauffe, la banquise et la neige perdent du terrain et ainsi réfléchissent moins les rayons du soleil, dont la chaleur est alors absorbée par la mer. Toutes les études scientifiques sont formelles : d’ici aux années 2030, l’Arctique pourrait être privé de banquise en été.

    Le 13 juillet, une température record de 28,8 °C a été mesurée à Slettnes Fyr, à la pointe nord de la Norvège. Les images attestant les bouleversements dans la région ne manquent pas. Elles montrent des ours polaires maigrichons pataugeant dans l’eau, des glaciers brisés, des autochtones aux modes de vie perturbés et des touristes venus du monde entier en bateaux de croisière voir la banquise avant sa disparition.


    https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2023/10/29/l-horreur-boreale-photographiee-par-mustafah-abdulaziz_6197160_4500055.html
    https://archive.ph/QHhLG

    #banquise #Arctique #réchauffement_climatique #amplification_arctique #photo

    • Et on ne parle encore que de la glace, mais bientôt il faudra s’inquiéter du socle rocheux du Groenland dont on estime qu’il c’est enfoncé au fil du temps de 800 mètres sous le poids des 3000 mètres de glace qui constituent l’inlandsis.
      Quelles conséquences d’une remonté soudaine de la plus grande ile du monde, dans un temps si bref ?
      #inlandsis

  • Le patron du Web Summit de Lisbonne démissionne après ses propos sur le soutien occidental à Israël
    https://www.courrierinternational.com/article/portugal-le-patron-du-web-summit-de-lisbonne-demissionne-apre

    Le patron du Web Summit, Paddy Cosgrave, ici photographié en novembre 2022 à Lisbonne. PHOTO PATRICIA DE MELO MOREIRA/AFP

    Paddy Cosgrave, cofondateur et patron du Web Summit, grand-messe du numérique qui se déroule chaque année à Lisbonne, a été contraint de démissionner en raison de ses prises de position sur le conflit entre l’État hébreu et le Hamas. La presse portugaise déplore que l’expression de son opinion ait entraîné un boycott de géants du web et son éviction.

    Courrier international

    Publié le 24/10/2023

    “La liberté d’expression est l’otage du pouvoir économique, du poids des dollars.” C’est l’amer enseignement que Jorge Fonseca de Almeida, chroniqueur du Diário de Notícias, tire d’une récente polémique déclenchée par une déclaration pourtant “pleine de bon sens et d’humanisme”, juge-t-il. Son auteur, Paddy Cosgrave, le patron du Web Summit, s’est vu contraint de démissionner dans la foulée.
    Lire aussi : Analyse. Pourquoi Israël a projeté les vidéos des atrocités du Hamas à la presse internationale

    Le 13 octobre dernier, le cofondateur cette grand-messe de la tech, créée en 2009 à Dublin mais qui se tient à Lisbonne depuis 2016, avait affirmé sur X (ex-Twitter) être “choqué par la rhétorique et les actions de nombreux dirigeants et gouvernements occidentaux” en soutien à Israël, avant d’ajouter :

    “Les crimes de guerre sont des crimes de guerre, même lorsqu’ils sont commis par des alliés, et devraient être dénoncés pour ce qu’ils sont.”

    Appel au boycott de la part d’Israël

    Une sortie “scandaleuse”, selon l’ambassadeur d’Israël au Portugal, Dor Shapira, qui a appelé au boycott du Web Summit, lequel doit réunir 2 300 start-up et plus de 70 000 participants du 13 au 16 novembre.

    Certaines des plus grandes entreprises du monde, comme Google, Meta (propriétaire de Facebook, Instagram et WhatsApp), Amazon, Siemens ou encore IBM se sont donc retirées. Les excuses et la démission de Paddy Cosgrave n’ont rien changé. L’organisation de l’événement a toutefois annoncé que l’édition 2023 aurait bien lieu, malgré les désistements.

    Expresso donne la parole à Esther Mucznik, présidente de Memoshoá, l’association pour la mémoire et l’éducation à l’Holocauste. Cette dernière ne croit pas à la sincérité des excuses de l’entrepreneur irlandais de 41 ans : “Pour le Hamas, sa population n’est rien d’autre qu’un bouclier humain ou un outil pour accuser Israël. Tout cela, Paddy Cosgrave ne l’a pas compris ou n’a pas voulu le comprendre, et ses excuses ne sont manifestement qu’une tentative pour sauver la face, en maintenant la même pensée initiale qui est largement appréciée : Israël est coupable !”

    En contrepoint, toujours dans Expresso, le journaliste Nuno Ramos de Almeida prend la défense de Cosgrave :

    “Un massacre est un massacre et un génocide est un génocide, ici ou en Chine. Les efforts déployés par les autorités du gouvernement israélien d’extrême droite pour interdire la vérité doivent être combattus par toutes les personnes éprises de liberté.”

    Pour Ana Sá Lopes, rédactrice en chef de Público, Cosgrave est une victime de la “cancel culture” pour “une déclaration qui est tout à fait correcte au regard du droit international”.

    Dans le même journal, l’avocate Carmo Afonso observe : “Cosgrave a ressenti quelque chose que certains d’entre nous ne connaissent que trop bien : il existe un consensus établi concernant la guerre au Moyen-Orient qui protège la position d’Israël. Un consensus sélectif et capricieux qui […] n’éprouve aucune sympathie pour la pauvreté, la misère et la mort des Palestiniens.”

    Vincent Barros

  • La chute de la maison Airbnb à New York : -70% | Le Monde | 04.10.23

    https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2023/10/04/la-chute-de-la-maison-airbnb-a-new-york_6192293_4500055.html

    Afin de lutter contre la crise du logement, la municipalité démocrate a durci les règles de la location touristique de moins d’un mois. Une législation aux effets scrutés par les élus du monde entier.

    New York a décidé de durcir son offensive face à Airbnb, accusée d’accentuer la sévère crise du logement qui frappe la Grosse Pomme. Des règles très strictes ­existaient déjà, mais la mairie ne s’était pas donné les moyens de les faire respecter. C’est désormais chose faite. Pour les séjours de moins de trente jours, les propriétaires n’ont plus le droit de louer un appartement entier, doivent être physiquement présents dans le logement lorsque leurs visiteurs y demeurent et ne peuvent pas y accueillir plus de deux personnes.

    Depuis le 5 septembre, une nouvelle loi impose aux hôtes de s’enregistrer au préalable auprès de la municipalité s’ils veulent louer leur bien pour moins d’un mois. Quant aux plates-formes – Airbnb en tête, mais aussi Booking.com ou VRBO –, elles doivent vérifier la validité du numéro d’enregistrement et transmettre à la ville des données mensuelles relatives aux hébergements et aux activités des logeurs.

    Ceux qui ne respecteraient pas ces règles s’exposent à une amende pouvant atteindre 5 000 dollars (4 740 euros) en cas de récidive, et les plates-formes, à des pénalités s’élevant à 1 500 dollars par transaction illégale. Résultat : sur Airbnb, entre août et début septembre, le nombre d’annonces de courte durée est passé de 22 400 à 6 800, soit une chute de 70 %, selon le site Inside Airbnb, qui milite contre la plate-forme de San Francisco en documentant son activité dans le monde entier.
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  • A Beaucaire, bastion du RN, la difficile intégration de Sud-Américains corvéables à merci
    https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2023/09/23/a-beaucaire-bastion-du-rn-la-difficile-integration-de-sud-americains-corveab

    A Beaucaire, bastion du RN, la difficile intégration de Sud-Américains corvéables à merci
    Par Alexandre Duyck, avec Eric Besatti
    Depuis une dizaine d’années, Equatoriens, Colombiens, Vénézuéliens sont les forçats des exploitations de fruits de Beaucaire, une ville du Gard dirigée par le Rassemblement national. Cette communauté grandissante reste en marge alors qu’elle contribue à faire vivre l’économie locale.
    Ils sont des centaines, un samedi soir d’été. Nous sommes en Provence, le Rhône ne coule pas loin. Une sorte d’immense parking perdu tout au bout d’une piste cabossée, impossible à trouver si on ne connaît pas. Tout le monde parle espagnol, les corps dansent au son d’une musique latine balancée par des haut-parleurs.(...)
    La bière, blonde et légère, coule à flots, les gamins jouent, tout le monde parle fort. Sur quatre terrains improvisés, on joue au volley-ball, à trois contre trois, tel qu’il se pratique en Equateur. Plus loin, deux équipes de football s’affrontent, les jaunes finissent par l’emporter aux tirs au but et posent pour la photo accompagnés d’un énorme pitbull. Entre eux, ils nomment ce lieu la Cancha, le « terrain ». Il y a quatre ans encore, la fête hebdomadaire se déroulait sur le grand parking du champ de foire de la ville de Beaucaire (Gard). Mais le maire Rassemblement national (RN), Julien Sanchez, leur a demandé de partir. Le 8 septembre, la mairie d’Arles (Bouches-du-Rhône), dont dépend le terrain vague, les a aussi sommés de se mettre en conformité avec la réglementation sous peine d’être expulsés. « Ce lieu, c’est notre moment de retrouvailles et de joie chaque semaine, c’est très important pour nous de venir ici », explique en espagnol le capitaine de l’équipe de foot victorieuse, prénommé Soto, 25 ans, dont huit passés en France.
    Le soleil commence à décliner, une armada de moustiques surgit, mais ne décourage pas le père Ronald Niño, aumônier de la communauté latina, de célébrer en espagnol la messe en plein air. L’autel est kitsch, arche de fleurs en plastique, portrait géant de Jésus sur fond rose pastel. Le padre, qui parle un français impeccable, est arrivé de Colombie il y a trois ans. En septembre 2022, l’évêque de Nîmes le nomme à Beaucaire.
    Pile en face, sur l’autre rive du Rhône, Tarascon (Bouches-du-Rhône), elle aussi, compte son château et son curé sud-américain, venu du Venezuela. A la différence de nombre de leurs confrères, aucun des deux n’a de mal à remplir son église… Depuis une dizaine d’années, les deux villes voient s’installer une population venue d’Amérique du Sud toujours plus nombreuse.
    Beaucaire surtout, et ses seize mille habitants, où l’on croise, en fin de journée, de nombreux Equatoriens mais aussi des Colombiens ou des Péruviens qui rentrent du travail. Le maire, Julien Sanchez, vice-président du RN, élu en 2014, admet ne pas connaître leur nombre. « Les services de l’Etat eux-mêmes n’en ont aucune idée. Avant la pandémie, ils pensaient qu’il y avait de soixante-dix à quatre-vingts personnes en centre-ville. Au moment du Covid-19, nous avons eu une estimation à environ huit cents Sud-Américains. » Principal opposant politique (gauche sans étiquette) à l’équipe municipale, Luc Perrin semble plus près des vrais chiffres en parlant de « peut-être trois mille ou quatre mille personnes ». « Dans certaines écoles, je pense qu’il y a au moins 30 % d’enfants latinos », ajoute-t-il. L’immense majorité des adultes travaillent dans les champs à ramasser abricots, pêches, nectarines, raisins, tomates et dans les ateliers de conditionnement.
    A la fin de l’année 1999, le secteur bancaire et financier équatorien s’effondre. Le pays (peuplé aujourd’hui de dix-huit millions d’habitants) perd 15 % de sa population, qui migre massivement en Espagne. Aussi, dix ans plus tard, quand les producteurs de fruits du sud-est de la France annoncent qu’ils manquent de bras, les sociétés espagnoles de travail temporaire spécialisées dans l’agriculture, comme Terra Fecundis et Laboral Terra, font venir par bus, année après année, des dizaines de milliers de Sud-Américains. Santiago Pichazaca Pinguil, arrivé en Espagne il y a trente-trois ans, a ainsi débarqué à Beaucaire parmi les premiers, en 2013. Tee-shirt de l’équipe de France de football sur le dos, il explique qu’à l’époque les Sud-Américains se comptaient sur les doigts des deux mains. « Nous n’étions que des hommes, aucune famille. Puis une est venue, puis deux, puis trois… »
    Attablée en terrasse au pied du château de Beaucaire, Consuelo, qui ne souhaite pas donner son nom, 36 ans, est arrivée le 7 janvier 2020. Sa mère était déjà là, elle aussi immigrée, arrivée par Terra Fecundis. « Elle me disait que Beaucaire, comparée à l’Espagne, c’était plus vert, que l’architecture y était plus jolie, la ville plus ancienne, il y avait du travail, les Français payaient mieux, se comportaient bien avec nous. » Elle travaille dans une entreprise de fruits. Contrairement à une majorité de ses compatriotes qui ont fini par obtenir la nationalité espagnole, et donc le droit de travailler n’importe où au sein de l’Union européenne, elle ne détient pas de titre de séjour et sa demande de régularisation a été rejetée par la préfecture du Gard. Une obligation de quitter le territoire d’ici à novembre lui a été signifiée. Elle n’en dort plus la nuit, s’inquiète pour l’avenir de ses deux garçons, 10 et 16 ans, qui parlent couramment le français trois ans après leur arrivée.
    Le plus jeune, Julian, voudrait devenir policier ou vétérinaire : « J’aime l’école, on se fait des amis, on apprend beaucoup de choses et ce que je préfère c’est le calcul. » Ses parents l’ont scolarisé dans une école privée pour qu’il ne soit pas tenté de parler espagnol à la récréation. Consuelo s’en remet désormais à Dieu pour échapper à l’expulsion : « J’espère qu’Il va illuminer les gens de la préfecture. Je crois aux miracles. Mais j’ai du mal à comprendre : je travaille, je cotise, je ne fais rien de mal, les enfants vont à l’école… Pourquoi ne pouvons-nous pas rester ? » A ses proches restés en Equateur qui eux aussi aimeraient venir, elle répond que la France « est un pays très agréable pour vivre et travailler, mais compliqué pour les papiers. Alors qu’ils ont besoin de nous ».
    Dans certaines entreprises de la région spécialisées dans les fruits, on ne compte aucun Français parmi les employés, à l’exception des dirigeants. L’élu d’opposition Luc Perrin, ancien exploitant agricole, proteste : « Ici, on dit à ces gens : “Vous pouvez venir travailler, mais qu’on ne vous voie pas !” On les maintient à l’abri des regards. Je n’arrête pas de dire au maire : “Arrêtez de tourner le dos à cette population, intégrez-la !” »
    A une quinzaine de minutes du centre-ville, sur la commune de Jonquières-Saint-Vincent (Gard), des centaines de Sud-Américains travaillent dans l’entreprise Mas rouge, codirigée par Salvatore Zoroddu, aux faux airs de Lino Ventura. C’est son père, venu de Sardaigne, qui s’est lancé dans la culture des fruits, en 1974, en achetant là 8 hectares. Les champs courent aujourd’hui sur 350 hectares et la société emploie, en haute saison, jusqu’à cinq cents personnes, dont au moins 75 % d’étrangers.
    Dans l’immense atelier où les employés déposent et vérifient les nectarines dans des cagettes, on ne parle qu’une seule langue, l’espagnol, que le patron maîtrise couramment. « Je crois que j’ai été le premier à faire travailler des Latinos, se souvient Salvatore Zoroddu. Au début des années 2000, on a eu une grosse pénurie de main-d’œuvre, j’appelais Pôle emploi, qui me disait déjà “on n’a personne”. » Il travaille alors avec les entreprises espagnoles d’intérim, surtout implantées dans la région de Murcie (Sud-Est). « Et puis l’inspection du travail a mis son nez dans les affaires, c’est devenu compliqué et j’ai arrêté de passer par ces intermédiaires. Ça fait plus de dix ans que je recrute tous les salariés en direct », assure-t-il.
    Salvatore Zoroddu, à la tête d’une société de production de fruits, a longtemps travaillé avec des sous-traitants espagnols qui lui assuraient une main-d’œuvre sud-américaine pour la récolte.Il garantit que tous ses employés sont en règle, dotés de la nationalité espagnole ou, pour les Marocains, d’un document délivré par l’Office français de l’immigration et de l’intégration. « Toutes les heures supplémentaires sont payées. Attention, c’est dur comme travail ! Mais regardez, à la fin, pour certains, ça fait ça… » Il montre une fiche de paye : 3 032 euros net pour deux cent quarante-sept heures travaillées dans le mois (soit environ dix heures de travail par jour, six jours sur sept). Le salaire moyen en Equateur est de 475 euros. « C’est comme partout, il y a de tout, mais, dans l’ensemble, ce sont des gens très travailleurs et consciencieux. » Il assure que certains matins, des personnes arrivant directement d’Espagne viennent sonner à la porte de l’entreprise avec leurs valises encore dans la voiture.
    Beaucaire est une ville-musée, riche de sublimes hôtels particuliers de style Renaissance. Mais la cité a perdu sa splendeur d’antan. Si le bord du canal est plutôt vivant, on ne compte pas les boutiques fermées rue Nationale, l’artère principale, où se trouvent deux commerces qui, eux, marchent bien : le restaurant colombien Sabor latino, où l’on mange notamment un plat à base de porc, de crevettes, de riz et de poivrons, où l’on boit des boissons sud-américaines, comme le Pony malta ; et l’épicerie Tienda latina, où l’on trouve piments, avocats, bananes plantain, manioc, glaces au fromage, préparations instantanées et toutes les sauces possibles et imaginables.
    Pablo Abad Cuenca a ouvert sa boutique, la première latina de la ville, il y a sept ans. Avant, il travaillait dans des plantations de café en Equateur. « On m’avait dit qu’à Beaucaire il y avait plein de compatriotes, mais aucun magasin pour eux. » Son épicerie ne désemplit jamais, séduisant aussi des clients français attirés par le choix de fruits et de légumes.« Le problème, c’est que c’est trop petit. J’ai 90 mètres carrés ici, il faut que je m’agrandisse. J’avais l’accord de la banque pour un local de 200 mètres carrés dans la rue, mais la mairie s’y est opposée, ils ont préempté le lieu. Ils disent qu’ils ne veulent pas d’autres commerces latinos alors qu’il y a tellement de magasins fermés dans le centre ! » Le maire élude : « Je ne sais pas de quoi vous parlez. »
    Y aurait-il deux populations à Beaucaire, ville que le Rassemblement national a choisie pour y tenir sa rentrée politique le week-end du 16 septembre en présence de Marine Le Pen et de Jordan Bardella ? En trop grand nombre, pas assez intégrés, buvant trop… certains Beaucairois ne sont pas tendres avec les Sud-Américains. « Quand nos parents sont arrivés, il n’y avait rien, déplore un fils de harkis. Encore aujourd’hui, tu dis que tu manges hallal, c’est mal vu. Alors qu’eux, à l’Intermarché, ils disposent d’un rayon immense avec tous leurs produits. » Dans la pharmacie de Saïd Ouhdouch, au bord du canal, des clients expriment leur colère à voix basse : « On a un maire qui appartient à un parti qui ne veut plus d’étrangers alors qu’ici il n’y en a jamais eu autant. Comment est-ce possible ? » Une femme explique qu’elle a beaucoup aidé, bénévolement, les premiers arrivés, mais qu’aujourd’hui « il y a trop de soucis, ils font trop de bruit, ils jettent tout par terre, ils boivent… Pas tous, bien sûr. Les familles récemment arrivées s’intègrent bien et les enfants parlent de mieux en mieux le français. » Sa fille est plus radicale : « Faut tous les faire partir ! » En attendant, elle s’est installée à l’autre bout de la France. « Je n’en pouvais plus de Beaucaire. » Saïd Ouhdouch se veut plus nuancé : « Oui, il y a des problèmes. Des vols dans ma boutique, de la prostitution, des hommes qui boivent beaucoup trop. Des gens qui pensent que nous sommes obligés de parler espagnol. En même temps, tout le monde n’est évidemment pas comme ça, beaucoup sont très gentils. Et puis, il faut dire les choses, ils font vivre les commerces du centre-ville. »
    Par exemple, le studio de photographie de la rue Nationale. Issu d’une famille d’origine espagnole, son patron, David Bascuñana, se plaint lui aussi d’incivilités. Des personnes entrent, selon lui, dans la boutique sans un mot de politesse, en lançant seulement « Foto ! ». D’autres boivent dès le matin sur son perron. Il habite sur le canal et assiste presque quotidiennement à des scènes d’ivresse sur la voie publique. « Mais je ne veux surtout pas généraliser. Il y a aussi une minorité qui parle bien le français, fait beaucoup d’efforts, participe à la vie de la société et veut donner une meilleure image de la communauté. » Le fait que certains partent travailler en Espagne en hiver et perçoivent quand même les allocations chômage revient aussi souvent. « Je vais vous dire la vérité, prévient Salvatore Zoroddu. J’entends évidemment, et de plus en plus souvent, dire tout ça. Que certains perçoivent le chômage les mois où ils ne travaillent pas chez moi, alors qu’en vrai ils bossent ailleurs, cela me choque. Mais c’est la faute du système, pas des gens. Pour le reste, c’est un processus d’immigration comme tant d’autres avant. Et puis, surtout, heureusement qu’ils sont là ! Sans ces gens, plus personne ne mangerait un fruit. »
    Un employé marocain croisé dans les vignes, sous un soleil à défaillir, en sourit : « Les Français, quand ils viennent, ils restent un jour, deux parfois, et le troisième ils ne sont plus là. » Le Gard compte pourtant parmi les départements les plus frappés par le chômage en France. Selon Pôle emploi, fin juin, on dénombrait neuf mille sept cent trente-six demandeurs d’emploi inscrits sur le bassin de Beaucaire. Alors qu’en un an les offres de postes dans l’agriculture y ont augmenté de 108,3 %. Un métier en tension qui pourrait profiter de la régularisation des sans-papiers prévue dans le futur projet de loi immigration qui hérisse le RN.
    En attendant, beaucoup profitent de la précarité de la situation de ces travailleurs immigrés. A commencer par les entreprises espagnoles qui se chargent de les recruter, de les conduire en France et de leur fournir un emploi, parfois sans contrat de travail. Un marché souvent organisé dans des conditions inhumaines et qui leur rapporte des centaines de millions d’euros. En 2011, au Domaine des Sources, au sud d’Avignon, Iban Elio Granda Maldonado, 33 ans, meurt de déshydratation sur le lieu de son travail. Les associations, la presse locale, notamment la revue d’enquête L’Arlésienne ou Le Ravi, les services de l’Etat recueillent un nombre incalculable de témoignages accablants sur les conditions de travail dans les exploitations agricoles. Ils racontent l’interdiction de prendre la moindre pause pour aller aux toilettes, de se redresser pour soulager son dos meurtri, les heures supplémentaires non payées…
    En 2020, des clusters de Covid-19 sont découverts parmi les ouvriers agricoles de la région. Interrogé à l’époque par Le Monde, un d’entre eux s’emporte : « On est traités comme des animaux ! » En 2021, Terra Fecundis (devenue Work for All) est condamnée par le tribunal de Marseille à 500 000 euros d’amende et à des peines de prison avec sursis à l’encontre de plusieurs de ses dirigeants ou ex-dirigeants pour ne pas avoir respecté la réglementation européenne sur le travail détaché. Puis, l’année suivante, à plus de 80 millions d’euros de dommages et intérêts à verser à l’Urssaf pour compenser le préjudice lié au non-paiement de cotisations sociales. Dans la région ou en Camargue, on voit désormais arriver massivement d’autres travailleurs, africains cette fois-ci, trimballés à leur tour depuis l’Espagne. « Ces entreprises [d’intérim] sont toujours là, sous d’autres identités et d’autres formes, c’est de l’esclavagisme moderne », se désole Luc Perrin.
    Dans l’immense atelier du Mas rouge, Maritza Delgado, 39 ans, vérifie l’état des nectarines placées dans des cagettes. Arrivée d’Equateur en Espagne, où elle a obtenu la nationalité espagnole, elle s’est ensuite installée dans la région, il y a dix ans. Elle ne regrette pas sa décision d’avoir quitté son pays et sa terrible crise économique. (..) Au milieu des vignes, Luis Tuarez, 49 ans, depuis douze ans en France, travaillait dans le textile en Equateur, où il a laissé son épouse et leurs trois enfants. Il rentre chez lui une fois par an, parfois une fois tous les deux ans. Ni Maritza ni Luis ne sont réellement intégrés à la vie de Beaucaire. Aucun des deux ne parle français. Si les enfants parviennent à maîtriser la langue en à peine un an, l’immense majorité des adultes ne la pratique pas, ou très mal, même après des années de présence. Les hommes, surtout. « Certaines semaines, nous avons tout de même cent cinquante personnes à la fois à nos cours de français, explique Marie Sanchez, responsable du Secours catholique de Tarascon. Mais je me mets à leur place. Quand tout le monde, vos collègues, vos chefs, parlent espagnol ; que vous avez travaillé dix heures dans la journée à ramasser des fruits, vous n’avez pas forcément la force ou le temps d’apprendre une langue étrangère. J’ai des élèves qui viennent quand même et qui, littéralement, tombent de sommeil sur la table. »
    En Uruguay, Santiago Pichazaca Pinguil était professeur dans un collège. A 63 ans, il ramasse des fruits, souvent six jours par semaine. Depuis un an, il apprend le français : « Le principal obstacle que j’ai rencontré dans ma vie, c’est la langue, pas le travail. » En 2016, avec d’autres, il crée l’association Latinos sin fronteras. « Nous faisons face à de nombreux obstacles : problèmes de logement, ouverture de compte à la banque, couverture sociale… Peu nombreux et isolés, nous n’avions pas d’impact. Quand on sollicitait les autorités locales, la seule réponse à nos questions était : “On va vous écrire.” » Il l’assure : les choses ont changé. La nouvelle génération arrivée pour travailler, et dont les enfants vont à l’école, apprend le français et ne voudra pas repartir. Mais elle a besoin d’aide. « Il nous faudrait un local où l’on pourrait recevoir des cours de langue en échange, par exemple, de cours de danse, de couture, de cuisine… On pourrait inventer plein de choses, veut croire Santiago Pichazaca Pinguil. Nous ne voulons plus être considérés seulement comme des outils de production. Nous demandons à faire pleinement partie de la société dans cette ville. » Face aux banques, aux agences immobilières ou aux compagnies d’assurances qui affichent sur leurs vitrines en français et en espagnol « merci de venir impérativement avec un traducteur si vous ne parlez pas la langue », certains habitants se font payer plusieurs dizaines d’euros pour jouer les traducteurs durant quelques minutes et plusieurs centaines pour remplir un dossier administratif ou accompagner quelqu’un à la préfecture. L’opposition au conseil municipal réclame la mise en place de traducteurs, d’écrivains publics, de médiateurs… Qu’un dialogue s’installe pour mettre fin aux bagarres qui se produisent régulièrement le vendredi ou le samedi soir le long du canal, dans le centre-ville, quand certains Latinos abusent de l’alcool.
    Le maire se défend de ne rien faire : « Avec une équipe de bénévoles, la mairie propose des cours de français aux Latinos qui souhaitent s’intégrer, à mon initiative. Cela n’a aucun coût pour la collectivité, car je considère que la gestion de la politique d’immigration n’a pas à incomber à la commune. » Que répond-il aux entreprises qui disent ne pas avoir d’autre choix que de recourir à cette main-d’œuvre étrangère, faute de devoir fermer boutique ? Ne faudrait-il pas accueillir dignement les salariés et leurs familles ? « Personne ne peut nier la pénurie de travailleurs français dans le domaine agricole. Néanmoins, ce n’est pas une fatalité. Comment se satisfaire de devoir importer des travailleurs manuels ? C’est juste dingue ! »
    En attendant, le comité de quartier animé par Saïd Ouhdouch, le pharmacien, a organisé un concours de la meilleure soupe, « pour rapprocher les habitants » (...). Fin septembre, le père Niño a célébré une messe en deux langues avec un curé français. Il a aussi obtenu de la mairie que ses ouailles soient impliquées dans les fêtes de la Madeleine, patronne de la ville, à l’été 2024. « Peut-être faudrait-il en effet plus d’échange », dit-il dans un euphémisme. Il y a quelques mois, Latinos sin fronteras a aussi proposé d’organiser un concert gratuit. La mairie n’a pas donné suite. A la place, cet été, les Beaucairois ont pu applaudir Les Forbans, formation de rockabilly qui connut son heure de gloire il y a quarante ans et se produit volontiers dans les municipalités dirigées par l’extrême droite.

    #Covid-19#migrant#migraton#france#immigration#travailleurmigrant#maindoeuvre#agriculture#economie#integration#RN#droit#sante

  • Dans les supermarchés américains, lessive sous clé et antivols sur crèmes glacées
    https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2023/09/16/dans-les-supermarches-americains-lessive-sous-cle-et-antivols-sur-cremes-gla


    Des bouteilles de lessive liquide mises sous clé dans un magasin à New York, le 3 juillet 2023. RICHARD B. LEVINE-ROBERTS / SIPA

    ces nouvelles habitudes qui font un carton aux Etats-Unis pourraient bientôt débarquer en France.

    On pourrait s’imaginer qu’on vient de demander une bouteille de champagne, mais on veut juste acheter un paquet de café jusque-là inaccessible car rangé derrière une vitre verrouillée. La vendeuse vient alors ouvrir la vitrine pour nous libérer un paquet de café. Bien sûr, le prix des matières premières a flambé ces dernières années. Mais l’inflation n’explique pas tout. Dans certaines grandes surfaces américaines, ce sont aussi le shampooing, les chaussettes pour hommes ou la lessive qui ne sont plus accessibles qu’en demandant à un vendeur de venir vous ouvrir la vitrine.
    La grande distribution américaine, qui a inventé le supermarché où tous les produits étaient en accès libre, connaît un retour de balancier, avec des rayons entièrement sous clé. Plutôt qu’un vendeur, il y a généralement un bouton à côté de la vitrine sur lequel appuyer pour faire venir quelqu’un. Oui, j’ai vu une employée ouvrir une vitre pour qu’une dame attrape une éponge exfoliante de douche à 2,99 dollars.
    Sur la vitrine du rayon chaussettes pour hommes d’un magasin Target de Manhattan, il n’est pas écrit « pour éviter le #vol, on a tout enfermé », mais « pour maintenir nos niveaux d’inventaire, cette partie demande l’assistance d’un membre de l’équipe » ou encore « des étagères sécurisées permettent de garder les produits en stock pour que vous puissiez faire vos courses ». Le rayon dentifrice est entièrement sous vitre. « Les gens volent même le dentifrice maintenant ? », s’interroge un homme devant moi.

    Certaines stratégies semblent plus bricolées
    Ce n’est pas toujours ce qui est le plus cher qui est sous les verrous, mais ce qui est le plus facile à écouler, se dit-il. C’est ce qu’a expliqué un supermarché Giant de Washington pour justifier son renoncement à vendre certaines marques comme Colgate ou la lessive Tide. Manifestement, les marques distributeurs se revendent moins facilement.
    Souvent sous verrou, les vitamines, le Red Bull… et les crèmes glacées. Dans les supermarchés Fairway de Manhattan, les glaces Häagen-Dazs sont vendues avec un antivol sur le couvercle. Il existe donc des ingénieurs sur cette terre à qui un service de recherche et développement a demandé de plancher sur des antivols destinés à bloquer l’ouverture de pots de glace de 400 grammes.

    Certaines stratégies semblent plus bricolées : dans le même magasin, un gros cadenas a été mis sur les rayons de complément nutritionnel. Les chaînes de magasins n’ont jamais aussi bien porté leur nom. La présence de ces cadenas aurait pu tirer le shopping vers le haut — après tout, on pourrait se sentir place Vendôme entouré de tous ces produits de luxe sous vitrine. Du shampooing ! Des déodorants ! Du paracétamol ! A la vérité, on se sent plutôt pris pour un voleur en puissance. Voilà qui ruine tous les efforts qu’avait déployés la grande distribution pour nous faire croire que les caissiers étaient des coéquipiers, les vendeurs des conseillers, et les courses « une expérience ».

    Au centre du Target de la 86e Rue à New York, une feuille a été scotchée à un comptoir. « Besoin d’aide pour déverrouiller un produit ? Je peux vous aider. » Mais personne n’est là derrière. C’est une autre partie du problème. Le nombre d’employés dans la grande distribution n’est pas revenu au niveau pré-Covid 19, ce qui pourrait expliquer la plus grande quantité de vols, tandis que les distributeurs, eux, justifient la réduction de leurs effectifs par la baisse de leurs résultats financiers.

    Le Wall Street Journal s’est déjà inquiété des effets de ce cercle vicieux : « Le risque est que ces contre-mesures rendent le shopping en magasin encore plus pénible qu’il ne l’est déjà. » A Chicago, les supermarchés-pharmacies Walgreens testent un nouveau type de grande surface où le client ne peut rien toucher : sur une sorte de tablette, il indique ce qu’il souhaite avant de retrouver sa commande à la sortie. Le cerveau derrière cette idée a réussi à combiner les aspects les plus désagréables du commerce physique et de l’achat en ligne : être contraint d’aller dans un magasin mais sans rien toucher et devoir utiliser un écran.

    #antivol #grande_distribution #revente #É-U

  • France Inter en promo : le show-biz de « l’information » - Acrimed | Action Critique Médias. P. Perrenot
    https://www.acrimed.org/France-Inter-en-promo-le-show-biz-de-l

    Mercredi 6 septembre, Yann Barthès ne boudait pas son plaisir en accueillant la « dream team de la première matinale de France » : Sonia Devillers, Léa Salamé et Nicolas Demorand. Une émission de pur faire-valoir, dans la grande tradition des « rentrées médiatiques ». Ici – ou là, à travers les interviews radio et les portraits des « personnalités » de France Inter en presse écrite –, très peu d’information en vue : sous les projecteurs, le petit monde des médias parisiens soigne ses hiérarchies, cultive son entre-soi et se donne en spectacle.

    M le magazine du Monde a tenu à tresser les lauriers d’Adèle Van Reeth début septembre. Une patronne qui « fait entendre sa différence à France Inter »
    https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2023/09/01/adele-van-reeth-fait-entendre-sa-difference-a-france-inter_6187342_4500055.h

    On apprend, dans le portrait de huit pages que « M le Magazine du Monde » consacre à #Adèle_Van_Reeth, que Philippe Val, copain de Carla Bruni nommé jadis à la direction de France Inter (2009-2014) avec le soutien élyséen de Sarkozy, a encouragé sa lointaine successeure et amie Van Reeth à accepter de diriger la station publique. Val la félicite au passage d’avoir écarté Charline Vanhoenacker et sa bande : « [leur] émission, on ne lui demandait pas d’être de gauche mais de distraire, d’éduquer, d’être drôle. Pas d’être le club des amis de Clémentine Autain. »
    Du temps où Val dirigeait France Inter, le club des amis de Sarko, c’était plus sympa !

    « Le Canard enchaîné » 6/9/2023
    #acrimed #médias #peopolisation

  • Le Danemark, mère d’accueil de la PMA pour toutes

    https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2023/09/02/le-danemark-mere-d-accueil-de-la-pma-pour-toutes_6187485_4500055.html
    [2 septembre 2023]
    Enquête Deux ans après la loi ouvrant la procréation médicalement assistée aux femmes célibataires ou en couple lesbien, les trop longs délais d’attente pour bénéficier d’une insémination ou d’une FIV contraignent les Françaises à se rendre au Danemark. Comme des milliers d’Européennes, Marie, Virginie ou Hélène ont choisi la StorkKlinik, l’institution danoise de la fertilité à Copenhague.[...]

    https://justpaste.it/cro2k

    Au Danemark, une politique migratoire toujours plus restrictive
    https://www.lemonde.fr/international/article/2022/10/26/au-danemark-une-politique-migratoire-toujours-plus-restrictive_6147335_3210.
    [26 octobre 2022]
    Avant les élections législatives du 1er novembre, peu de candidats osent proposer des assouplissements aux conditions d’accueil des réfugiés et des immigrés parmi les plus dures en Europe, malgré les critiques.[...]

    https://justpaste.it/9ygjf

    • Un exemple qui me semble assez caractéristique de ce que signifie la politique d’ouverture des frontières dans un espace politique organisé autour du commerce, tel que l’espace européen. Une politique d’ouverture à sens unique - celui des flux de production de valeur - de surcroît, instrumentalisée, à des fins idéologiques, que ce soit en ce qui concerne la PMA ou l’immigration.

    • Cela confirme, aussi, que l’ouverture « sociétale » (PMA) n’est absolument pas incompatible avec la conduite d’une politique clairement raciste.
      Je tiens à préciser que je n’ai aucun grief particulier à l’encontre du Danemark ; je garde un très bon souvenir de mon passage dans ce pays.

  • Le secret de Meymac, un village à la recherche des corps de soldats allemands exécutés en 1944

    « Cette histoire était connue », confirme un autre historien, Jean-Michel Valade, qui a aussi travaillé sur ce sujet. Elle a malheureusement été reprise dans des ouvrages révisionnistes qui tendent à inverser la chronologie et à faire des exécutions de prisonniers allemands la cause des représailles des SS de la Das Reich.

    [...]

    « On a parfois l’impression que le sujet est traité comme s’il s’agissait de deux armées régulières dans un conflit traditionnel », regrette Nathalie Sage-Pranchère. Cette Tulliste, historienne, chercheuse au CNRS, est aussi la fille de Pierre Pranchère, résistant et ancien député communiste de Corrèze.

    « Il y a, dans la manière dont tout cela est parfois présenté, une mise à égalité de la Résistance et de l’armée d’occupation, regrette celle qui est membre du collectif Maquis de Corrèze. Or, il n’y a pas d’égalité. Dans cette guerre, tout résistant était considéré comme terroriste. Il n’était pas fait prisonnier. Il était torturé et exécuté. En condamnant la Résistance, on condamne ceux qui ont sauvé l’honneur de ce pays. » Elle poursuit : « Donner des leçons de morale à quatre-vingts ans de distance à ceux qui se sont levés contre l’envahisseur, c’est attaquer la notion même d’engagement. Les accuser de crime de guerre, notion créée en 1949 dans les conventions de Genève, est indécent. »
    https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2023/08/06/le-secret-de-meymac-un-village-a-la-recherche-des-corps-de-soldats-allemands
    https://justpaste.it/bnu7p

    #maquis #histoire #Résistance #Limousin #otages #massacre #Tulle #Oradour-sur-Glane #Meymac #division_Das_Reich #miliciens #résistants #exécutions #plateau_de_Millevaches

    • Le secret bien partagé de Meymac
      https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2023/11/19/le-secret-bien-partage-de-meymac_6201074_4500055.htm

      Que deviennent les histoires une fois les articles parus ? Cette semaine, retour sur les fouilles menées cet été dans le village corrézien pour retrouver les dépouilles de soldats de la Wehrmacht exécutés en 1944. Si elles n’ont rien donné, la médiatisation de l’affaire a permis à une Allemande de reconstituer les derniers jours de la vie de son aïeul.

      [...]
      Ce qui s’est passé depuis

      Les nouvelles recherches, entamées à l’été 2023, n’ont rien donné, sinon quelques restes de munitions. Il est prévu de les reprendre dès que des éléments nouveaux permettront de mieux localiser l’emplacement des fosses, dans ce paysage modifié par les reboisements. Les aveux d’Edmond Réveil n’auront pas été totalement vains pour autant, comme le révèle un article de La Montagne daté du 27 octobre. En Allemagne, Birgit Mertens, 58 ans, en a vent quand la presse allemande se saisit de l’histoire. Elle est la petite-fille d’un soldat appartenant au 8e bataillon du 95e régiment de sécurité de la #Wehrmacht, Johannes Niewels, 39 ans à l’époque, en caserne à Tulle. Après avoir attendu toute sa vie son retour, Agatha, son épouse, est décédée, en 1966, sans savoir ce qu’était devenu son époux.

      Le corps de ce dernier est retrouvé peu après, lors des premières fouilles du VDK, et identifié grâce à sa médaille militaire et à son portefeuille. Quand il est enterré au cimetière ­militaire allemand de Berneuil, à la fin des années 1960, la famille a connaissance du décès mais ne sait rien des circonstances de sa mort. Birgit Mertens n’a jamais connu son grand-père autrement qu’à travers les correspondances échangées avec Agatha. Grâce à Edmond Réveil, elle sait désormais dans quelles circonstances il a été exécuté à Meymac. Puis, à l’initiative de ­l’hebdomadaire Die Zeit, Birgit Mertens a fait le pèlerinage en Corrèze. Elle a découvert l’endroit où son grand-père est mort. Et, ­surtout, elle a rencontré Edmond Réveil. « Heureusement que vous avez parlé », l’a-t-elle remercié. « C’était la guerre », s’est excusé le vieil homme.

      Edmond Réveil

      Mais Edmond Réveil ne condamne pas pour autant ce massacre, alors que quelques jours auparavant 99 habitants avaient été pendus à Tulle. « Les Allemands ne respectaient pas la convention de Genève, on ne l’a pas respecté non plus. Eux ils n’ont pas hésité, ils ont tué 47 jeunes Français juste avant. C’était œil pour œil, dent pour dent », tranche-t-il.

      https://seenthis.net/messages/1026869

      Qu’on ait été chouette ou tordu
      Avec les ans tout est foutu
      Alors on maquille le problème
      On s’ dit qu’ y’a pas d’âg’ pour qui s’aime
      Et en cherchant son coeur d’enfant
      On dit qu’on a toujours vingt ans...

      #guerre