person:yitzhak rabin

  • En fait cela fait un moment (quelques jours) que je me pose cette question.

    Et si l’anti-antisionnisme n’était pas un antisémitisme ?

    Je m’explique. Par exemple, je considère que Dieudonné est un abruti fini (pour base de ce jugement qui est moins péremptoire qu’on ne croit, je prends son sketch où il fait remettre je ne sais quelle récompense à Robert Faurisson par une personne habillé en détenu de camps de concentration nazi). Est-ce que cela fait de moi une personne raciste ? Non, dans la mesure où, évidemment, (pitié !), je considère que la stupidité de Dieudonné a à avoir avec sa bêtise crasse et est sans relation aucune avec le fait qu’il est Noir. Et à vrai dire si je m’empêchais de penser ou d’écrire que Dieudonné est un peigne-cul au motif qu’il est Noir et que je ne voudrais pas paraître raciste, cela ferait de moi, au contraire, un raciste, un raciste honteux.

    Or, je constate, plus ou moins souterrainement, que les motivations étatiques à ne pas condamner la politique délétère d’Israël sont en fait l’effet d’une gêne et d’une mauvaise conscience internationales. On ne peut pas condamner la politique d’Israël (qui est pour ainsi dire génocidaire du peuple palestinien) au motif que toutes les puissances occidentales ont une dette morale inavouable vis-à-vis des Juifs à cause de la destruction des Juifs d’Europe par les Nazis (et ce n’est pas la même dette, le même remords ou la même culpabilité selon les pays, mais c’est toujours de la mauvaise conscience). En s’empêchant ce qui devrait être naturel, couler de source même, les preuves sont suffisamment nombreuses (à savoir condamner la politique d’Israël, singulièrement depuis 1995, depuis l’assassinat d’Yitzhak Rabin, dont il est tout à fait raisonnable de penser, c’est la thèse d’Amos Gitaï dans _Les Derniers Jours d’Yitzhak Rabin, que l’actuel Premier Ministre israëlien en porte la très lourde responsabilité), donc en ne se permettant pas cette pensée claire au motif d’une mauvaise conscience historique, cela revient à ne pas condamner cette politique parce qu’on ne peut pas décemment dire du mal de Juifs. C’est donc un raisonnement antisémite. Trempé dans la honte.

    Et il est particulièrement tordu.

    Attention, je ne fais pas d’Yitzhak Rabin un saint, tant s’en faut, ni des accords d’Oslo l’alpha et l’oméga de ce que devraient être les relations entre Palestiniens et Israéliens. En revanche l’assassinat d’Yitzhak Rabin semble marquer un point de non retour dans ce qui devrait être unanimement condamné dans la politique d’Israël, justement parce que c’est une relance sioniste.

    Si je me trompe, et je pense la chose possible, et que justement vous pensez que je me trompe j’aimerais que vous l’exprimiez sans violence excessive, je m’engage à la même courtoisie, dans le cas présent j’essaye de comprendre, si possible avec l’aide de toutes et tous ici, ce qui me taraude depuis quelques jours.

    • Réfléchissons à la phrase « il est normal que les Juifs aient le droit à un État à eux », sans même revenir sur le fait qu’il est loin d’être normal que chaque religion puisse permettre de revendiquer un territoire, ni sur le fait que tant qu’à revendiquer un territoire, il serait préférable qu’il ne soit pas déjà habité...

      Réfléchissons juste à ce que cette phrase veut dire d’un point de vue géopolitique : "nous, occidentaux, reconnaissons que les Juifs ont souffert depuis des siècles de l’antisémitisme européen qui a culminé avec la Shoah, et plutôt que de nous débarrasser de cet antisémitisme endémique qui nous permettrait de vivre en paix avec les Juifs, nous préférons la création de l’État d’Israël qui permettra de se débarrasser de « nos » Juifs, et de transférer le problème et la responsabilité du problème à un conflit entre Juifs et Palestiniens".

      Cette phrase est donc bien antisémite et complice d’antisémitisme, en plus d’être anti-palestinienne et complice de colonialisme...

      #antisémitisme #antisionisme #colonialisme #Palestine #Etat

    • Cela dit je pense aussi qu’il est naïf de croire que les grandes puissances occidentales défendent Israël parce qu’elles veulent protéger les Juifs. Ce serait bien la première fois qu’elles se préoccupent du bien être d’humains.

      Si elles protègent l’existence de cet État envers et contre tout, c’est bien plus à cause d’intérêts économiques, géopolitiques, stratégiques et militaires, qui convergent avec ceux des dirigeants israéliens qui l’ont bien compris.

    • @sinehebdo Quand tu écris

      Réfléchissons à la phrase “il est normal que les Juifs aient le droit à un État à eux”, sans même revenir sur le fait qu’il est loin d’être normal que chaque religion puisse permettre de revendiquer un territoire, ni sur le fait que tant qu’à revendiquer un territoire, il serait préférable qu’il ne soit pas déjà habité...

      Il me semble que tu décontextualises beaucoup. En 1945, oui, c’était même plus ou moins une question de vie ou de mort. Les survivants et survivantes polonaises n’ont jamais pu rentrer chez elles, leurs demeures et leurs biens avaient été annexés par d’autres. Et bien souvent quand celles et ceux qui avaient survécu ont tenté de faire valoir l’antériorité de leurs droits, cela ne s’est pas exactement bien passé, des centaines de personnes ont été tuées de cette manière, sans jugement. Et l’heure n’était pas une forme ou l’autre de rééducation des populations occidentales. Il y avait urgence.

      De même ce n’était pas leur religion qui unifiait les Juifs alors.

    • Pour les mêmes raisons, il y a urgence d’accueillir du mieux que nous pouvons les réfugiés de Syrie, sans pour autant que personne n’imagine que ces réfugiés plantent un drapeau dans la Creuse et déclarent ce département comme leur pays... Mais on s’éloigne de la question...

  • Israël : l’ex-chef de Tsahal, sauveur de l’opposition et futur tombeur de Nétanyahou ?
    Par Guillaume Gendron, Correspondant à Tel-Aviv — 22 novembre 2018
    https://www.liberation.fr/planete/2018/11/22/israel-l-ex-chef-de-tsahal-sauveur-de-l-opposition-et-futur-tombeur-de-ne

    (...) Pour le reste, l’homme n’a ni parti, ni programme, ni même d’idéologie définie. Tout juste sait-on qu’il « considère très sérieusement » un avenir parlementaire. Courtisé par les stratégistes travaillistes, élevé au rang d’icône par les magazines qui l’affichent en couverture tel un Clint Eastwood attendant sous le porche de son ranch qu’on l’appelle à nouveau pour zigouiller les méchants, Gantz reste une énigme, une bulle spéculative. Et la preuve que la gauche israélienne n’en a pas finie avec son complexe originel, son syndrome Moshe Dayan : la conviction que pour être crédible et rassembleuse, elle doit être menée par un militaire.

    « Pour qu’un leader de gauche soit "téflon", imperméable aux accusations de sentimentalisme envers les Palestiniens, il faut qu’il ait tué, qu’il ait fait la guerre », explique le politologue Denis Charbit, maître de conférences à l’Université ouverte d’Israël. Théorème implacable : le prix Nobel de la paix Yitzhak Rabin était aussi l’ancien général qui voulait « briser les os » des révoltés de la première intifada. Ehud Barak, ex-chef d’état-major comme Gantz, compensait son allure bonhomme par sa réputation de plus redoutable tueur des forces spéciales… « En ce sens, Gantz est un peu le dernier espoir de ceux qui rêvent encore du grand leader ashkénaze aux yeux clairs, poursuit Charbit. Celui qui n’est pas clivant comme Nétanyahou, qui est rationnel, avec la croyance que les armes sont au-dessus des idéologies… »

    En Israël, la popularité des généraux ne s’est jamais démentie. Les législateurs (plus par calcul tactique que par intérêt démocratique) ont tenté de la circonscrire en imposant une période dite de « refroidissement », portée à trois ans en 2007, et qui interdit l’entrée en politique d’un haut gradé immédiatement après la fin de son service. Revenu à la vie civile depuis 2015, il semblerait que l’option Gantz soit encore tiède.

    #BennyGantz

  • Nouvelles révélations sur les massacres de Sabra et Chatila
    26 octobre 2018
    https://orientxxi.info/lu-vu-entendu/nouvelles-revelations-sur-les-massacres-de-sabra-et-chatila,2688
    https://orientxxi.info/local/cache-vignettes/L800xH399/d892424cb0028bad9c9793b1b6c8b1-f34cc.jpg?1540487656

    Dans un livre sur la diplomatie américaine au Proche-Orient, le chercheur Seth Anziska revient sur les massacres de Sabra et Chatila (1982). Il apporte des éléments nouveaux sur l’implication du gouvernement israélien. Analyse de l’ouvrage et entretien avec l’auteur par Sylvain Cypel.
    (...)
    Orient XXI. — Sur la période que vous étudiez, il ressort de votre livre qu’empêcher la création d’un État palestinien a été l’objectif prioritaire constant des gouvernements israéliens, quels qu’ils soient.

    Seth Anzizka.— Absolument. Jusqu’aux années 1970, l’idée de souveraineté ou d’autodétermination palestinienne est totalement absente de la réflexion politique israélienne. Cela change lorsque le président américain Jimmy Carter parle d’une « patrie » (homeland) pour les Palestiniens. L’accord de Camp David entre l’Égypte et Israël en 1977 évoque une future « autonomie », pas un État. Mais à partir de là, les Israéliens font tout pour contrer la possibilité d’une autodétermination palestinienne. Même Yitzhak Rabin, contrairement à l’image bâtie après sa mort, était farouchement opposé à la création d’un État palestinien, y compris après Oslo. Son dernier discours à la Knesset est très clair : il ne veut pas d’un véritable État palestinien. Shimon Pérès y était encore plus hostile. Dans leur esprit, il ne pouvait s’agir que d’une vague autonomie sous contrôle israélien. Il en va de même aujourd’hui avec Benyamin Nétanyahou.

  • La Jordanie revient sur deux annexes du traité de paix avec Israël
    LE MONDE | 21.10.2018 à 16h20 • Mis à jour le 22.10.2018 à 07h53 | Par Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant)
    https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2018/10/21/la-jordanie-veut-reprendre-a-israel-des-zones-pretees-depuis-l-accord-de-pai

    L’affaire dépasse largement deux confettis de terres agricoles. Le roi Abdallah II de Jordanie a suscité la stupéfaction dans les cercles du pouvoir israélien, dimanche 21 octobre, en annonçant qu’il refusait de reconduire deux annexes du traité de paix liant ces pays voisins.

    Depuis sa signature, en 1994, le traité prévoyait que ces terres frontalières – la zone Baqoura-Naharayim et la zone Al-Ghamr-Zofar –, sous souveraineté jordanienne, seraient mises gratuitement à la disposition des fermiers israéliens pour une période de vingt-cinq ans. Un an avant la fin de l’échéance, comme il en a le droit, le roi Abdallah II affirme donc qu’il ne veut pas renouveler ce dispositif.
    Un signal envoyé à Israël

    De façon inhabituelle, le souverain a justifié sa position sur Twitter, en soulignant sa volonté de « prendre toutes les décisions au service de la Jordanie et des Jordaniens ». Une façon, analyse-t-on du côté israélien, d’inscrire ce retournement dans la politique intérieure du pays. Près de 80 députés jordaniens avaient appelé à ne pas renouveler ce régime spécial accordé aux deux confettis de terres. Il en allait, pour eux, de la dignité et de la souveraineté du royaume. De nombreux experts et des voix dans la société civile s’étaient emparés du sujet, ces derniers mois.

    « Le roi a dû passer outre des votes répétés au Parlement, ce qui l’a fait apparaître comme un défenseur d’Israël, souligne Ofer Zalzberg, analyste pour l’International Crisis Group. Ce geste lui permet d’envoyer un signal en faisant payer un prix aux Israéliens pour l’éloignement de la solution à deux Etats et leur comportement unilatéral sur le lieu saint de l’esplanade des Mosquées. Il a plus de latitude pour agir ainsi depuis qu’il n’est plus obligé de se coordonner étroitement avec les Israéliens pour soutenir les rebelles au sud de la Syrie, car Damas a repris cette zone. »

    Israël s’enorgueillit des relations étroites, notamment sécuritaires, qu’il a nouées avec l’Egypte et la Jordanie, après la conclusion d’un traité de paix avec chacun d’entre eux. L’Etat hébreu en fait même un modèle à suivre, dans le rapprochement esquissé en coulisses avec d’autres pays du bloc sunnite dit « modéré ».
    (...)
    « Cet accord [de paix] dans sa totalité constitue un bien cher pour nos deux pays », a réagi très prudemment Benyamin Nétanyahou, dimanche, lors d’une cérémonie à la mémoire de l’ancien premier ministre Yitzhak Rabin. Les officiels israéliens comptent maintenant sur l’année à venir, pendant laquelle les annexes s’appliquent encore, pour trouver un arrangement avec Amman. « On comprend le désarroi dans lequel se trouve le roi sur le plan intérieur, on ne l’accable pas », dit un haut fonctionnaire israélien. En juin, des manifestations de masse contre des mesures d’austérité fiscale avaient fait tomber le premier ministre jordanien. (...)

  • Israël: des milliers d’Arabes israéliens manifestent contre une loi controversée
    AFP / (11 août 2018 19h52
    https://www.romandie.com/news/ZOOM-Isra-l-des-milliers-d-Arabes-isra-liens-manifestent-contre-une-loi-controvers-e/944591.rom

    Des milliers d’Arabes israéliens ont manifesté samedi soir à Tel-Aviv pour dénoncer une loi controversée définissant Israël comme l"Etat-nation du peuple juif", selon une journaliste de l’AFP.

    Le rassemblement sur la place Yitzhak Rabin a été organisé à l’initiative d’organisations représentant la minorité arabe israélienne qui constitue 17,5% de la population, alors que la semaine dernière, une énorme manifestation avait réuni des druzes, une autre minorité, opposée aussi à cette loi.

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    Palestinian flags fly at Arab-led rally in Tel Aviv against nation-state law
    Protest against controversial legislation draws at least 30,000, according to organizers; Netanyahu says display shows ’need’ for law
    By Tamar Pileggi and TOI staff Today, 8:33 pm
    https://www.timesofisrael.com/palestinian-flags-fly-at-arab-led-rally-in-tel-aviv-against-nation-st

    Thousands of Israelis gathered at Tel Aviv’s Rabin Square on Saturday night to march in a protest, led by the Arab community, against the controversial nation-state law. It was the second demonstration against the legislation in as many weekends, with last week’s gathering, led by the Druze community, drawing at least 50,000 people.

    Many of the protesters at Saturday’s protest carried Palestinian flags, defying a request by the Arab Higher Monitoring Committee, which organized the demonstration, not to wave the flags at the event.

    • Netanyahu : Beaucoup d’Arabes veulent qu’Israël soit un État palestinien
      Le Premier ministre a déclaré que les « drapeaux de l’OLP » brandis lors du rassemblement de Tel Aviv samedi ont souligné la nécessité de la loi
      Par Tamar Pileggi Aujourd’hui, 17:24
      https://fr.timesofisrael.com/netanyahu-beaucoup-darabes-veulent-quisrael-soit-un-etat-palestini

      Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré dimanche que les manifestants d’un rassemblement de masse contre la loi de l’État-nation qui agitaient des drapeaux palestiniens cherchaient à détruire Israël et ont prouvé que la législation litigieuse était nécessaire.

      « Nous avons [ici] des preuves concluantes de l’opposition à l’existence de l’État d’Israël et de la nécessité de la loi de l’État-nation », a-t-il dit au début de la réunion hebdomadaire du cabinet, faisant référence à la manifestation dirigée par des Arabes sur la place Rabin de Tel Aviv samedi.

  • Le #cinéma israélien « a commencé à déranger » - Moyen-Orient - RFI
    http://www.rfi.fr/culture/20180612-cinema-israelien-commence-deranger-ariel-schweitzer-foxtrot

    Pour certains, le cinéma israélien est une forme de conscience morale de la société israélienne. Depuis les années 2000, ce que l’on a appelé le « nouveau cinéma israélien » a conquis les salles obscures aussi bien en Israël qu’à travers le monde. Une réussite due tout autant à la qualité des réalisateurs qu’aux thèmes choisis très éclectiques et souvent dérangeants. Une diversité qui lui vaut aujourd’hui une offensive du gouvernement qui menace de réduire l’attribution des financements lorsque les sujets sont trop critiques. Entretien avec Ariel Schweitzer, auteur du livre « Cinéma israélien de la modernité », historien, critique de cinéma, enseignant à l’université Paris VIII et à l’université de Tel-Aviv.

    #israël

  • Guerre de survie politique Le Courrier.ch - Michel Warschawski - 27 Février 2018
    https://lecourrier.ch/2018/02/27/guerre-de-survie-politique

    Au pied du mur
    On sait le premier ministre israélien empêtré dans de multiples affaires de corruption (dossiers 1000, 2000 et 3000). La police vient de soumettre ses recommandations au parquet : sa mise en examen approche à grands pas. Et voilà que les plus proches collaborateurs de Benjamin Netanyahou, dont son conseiller en communication et son ancien directeur de cabinet, viennent d’être placés en détention pour un quatrième dossier – le dossier 4000, dont le quotidien Haaretz affirme que c’est « de loin le plus grave ».

    Benjamin Netanyahou, par le biais du directeur général du Ministère de l’information, Shlomo Filber, et de son porte-parole et homme à tout faire, Nir Hefetz, a graissé la patte à Shaul Elovitch, propriétaire de la plus importante compagnie de télécommunications, Bezeq, en échange d’une couverture médiatique flatteuse sur le très populaire site d’information Walla, qui appartient à Bezeq.

    On s’en souvient, le dossier 2000 avait dévoilé une tentative de marchandage avec le propriétaire du grand quotidien Yediot Aharonot, afin que celui-ci mette un bémol à ses critiques envers Netanyahou et sa femme Sarah.

    Le dénominateur commun entre ces deux affaires saute aux yeux, il s’inscrit au cœur même de l’ADN de Netanyahou : l’image. Est-ce un hasard si le premier ministre – pour combien de temps encore ? – tient tant à conserver le portefeuille de ministre de l’Information ? L’homme dont le règne est déjà plus long que celui de Ben Gourion n’a aucune stratégie politique ni projet à long terme : son seul but est de se maintenir indéfiniment au pouvoir ; et son moyen, l’usage des ressources de communication pour se présenter comme le bouclier d’Israël face à ses innombrables ennemis, et comme rempart contre l’ennemi intérieur – les gauchistes, comme il les appelle tous, quelle que soit la diversité de leurs programmes politiques.

    Netanyahou met aujourd’hui ses indéniables qualités de communicant au profit de sa survie politique, face aux affaires qui le menacent de toutes parts. Avec l’aide de sa garde rapprochée, qui dénonce quotidiennement et violemment « le coup d’Etat policier et juridique » contre un premier ministre élu démocratiquement par le peuple. Le député du Likoud Miki Zohar a même osé comparer la « campagne de calomnies » contre Netanyahou à l’assassinat du premier ministre Yitzhak Rabin.

    Tout cela pourrait être relégué dans le domaine des faits divers et de la rubrique judiciaire, s’il s’agissait d’un Ehoud Olmert ou d’un Ariel Sharon, anciens premiers ministres eux aussi impliqués dans des affaires de corruption. Mais il s’agit de Benjamin Netanyahou, persuadé que le pouvoir lui appartient pour l’éternité, à la fois pour sauver Israël et pour couvrir sa femme de bijoux et de champagne rosé. Pour conserver le pouvoir, ce personnage est prêt à tout, littéralement tout.

    Notamment une guerre contre l’Iran – une vieille obsession – par Syrie et Liban ­interposés.
    Après avoir repris les bombardements contre Gaza, sorte de réflexe conditionné chaque fois que rien ne va plus, il brandit la menace d’une guerre totale contre l’Iran, prétextant le survol du territoire israélien par un drone iranien. Certains journalistes mal intentionnés lui ont d’ailleurs déjà trouvé un nom : « la guerre des dossiers ».

    La majorité des experts militaires s’y opposent catégoriquement, arguant que la riposte iranienne risquerait de faire des milliers de victimes israéliennes. Mais que vaut la vie de milliers de civils israéliens, si c’est le prix à payer pour que Benjamin et Sarah Netanyahou conservent la résidence ministérielle de la rue Balfour, à Jérusalem, et

    continuent à y vivre une opulence digne d’un autocrate ottoman ?

    #corruption #Benjamin_Netanyahou #Sarah_Netanyahou #Bezeq #affaires #champagne #bijoux #Syrie #Iran #Liban #Gaza #michel_warschawski

  • « Envoyé spécial » du jeudi 25 mai 2017
    http://www.francetvinfo.fr/replay-magazine/france-2/envoye-special/envoye-special-du-jeudi-25-mai-2017_2197040.html

    2:08:00

    Un bref moment d’optimisme

    Exceptionnellement pour « Envoyé spécial », Amos Gitaï signe une version 52 minutes du long-métrage documentaire A l’ouest du Jourdain, qui est sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes.

    Le réalisateur israélien nous livre ses archives personnelles et inédites sur l’ancien Premier ministre israélien Yitzhak Rabin, assassiné le 4 novembre 1995 et sa vision de l’Etat hébreu d’aujourd’hui, alors que la droite nationaliste est au pouvoir. Il donne la parole à tous ceux qui croient encore en la paix, ceux qu’il appelle les « héritiers de Rabin » et que l’on entend si peu aujourd’hui.

    Un documentaire d’Amos Gitaï avec Nilaya Productions.

  • Zygmunt Bauman, Israël et la Palestine
    Éteindre un incendie avec de l’essence.

    Zygmunt Bauman, l’abjection d’Israël vis-à-vis de la Palestine et l’acceptation démocratique de sa politique coup-de-poing-dans-la-gueule.

    Interview accordée à Polityka le 16 août 2011.

    Traduit du polonais par André Kozimor.
    http://andre.kozimor.pagesperso-orange.fr/divers_zygmunt_bauman_israel_et_la_palestine.htm

    Artur Domoslawski : Tony Judt, qui était l’une des figures les plus illustres de la gauche intellectuelle américaine, craignait que « dans 25 ans, les gens en Europe, et même en Amérique, ne voient dans le recours obsessionnel à l’accusation d’antisémitisme une méthode cynique de défense de la politique néfaste d’Israël » et que « le souvenir de l’Holocauste ne soit traité de la même façon : comme une obsession et un jeu cynique pour défendre Israël ». Est-ce que vous partagez ces craintes ?

    Zygmunt Bauman : Je ne sais pas quelle lecture les gens feront des événements actuels dans 25 ans. Mais cette inconnue ne devrait pas influencer notre jugement sur ce qui se déroule actuellement sous nos yeux. Par contre, je citerais plutôt l’opinion que Judt a exprimée en 2003 dans un article mémorable du New York Review of Books. Selon lui, Israël devient « un État ethnique, belliqueusement intolérant, régi par les règles de l’idéologie », et « le processus de paix » au Proche-Orient a pris fin : « Il n’est pas mort, il a tout simplement été assassiné ». J’avais exprimé des vues semblables une bonne trentaine d’années auparavant, dans le quotidien israélien Haaretz, lorsque j’ai quitté Israël en 1971. Mes craintes concernaient les propriétés hautement corrosives-toxiques de l’occupation et ses effets délétères sur l’éthique et les scrupules moraux des occupants. Je craignais que la nouvelle génération de l’époque ne grandisse avec la conviction que l’état de guerre et d’urgence militaire — considéré encore en 1971 comme un « état d’exception » — constitue un état normal, naturel, et sans aucun doute le seul qui soit possible. Mon inquiétude était suscitée par un État qui apprenait à dissimuler de nombreux problèmes sociaux intérieurs condamnés à s’amplifier et qui s’en lavait les mains en attisant et en exacerbant la sensation de danger extérieur, se privant ainsi de toute compétence pour les résoudre. À l’intérieur de cette forteresse assiégée, le moindre désaccord — que dire, la moindre différence d’opinion — représentait un délit et une trahison… Mon inquiétude était également suscitée par le détournement de la doctrine de Clausewitz selon laquelle la guerre est le prolongement de la politique et qui faisait qu’on métamorphosait la politique en une sorte d’appendice — superflu d’ailleurs, et uniquement source de problèmes — pour agissements militaires, ce qui, par voie de conséquence, conduisait inéluctablement à une érosion des pratiques démocratiques. Summa summarum, j’éprouvais des craintes devant l’incapacité de plus en plus marquée d’Israël à vivre en état de paix et le refus grandissant de la population de croire en la possibilité d’une vie sans guerre, ainsi que devant la peur panique éprouvée par l’élite politique face à la perspective d’une paix, au sein de laquelle elle s’avérerait incapable de gouverner.

    Je partage également les craintes de Judt en ce qui concerne l’exploitation de la Shoah par les gouvernants d’Israël comme sauf-conduit pour justifier leur propre abjection et s’absoudre de leurs propres péchés, aussi bien ceux qui ont été commis que ceux qu’ils s’apprêtent à commettre. J’ai écrit également là-dessus dans Modernité et Holocauste (1989), où je cite Menahem Begin qui qualifie les Palestiniens de nazis et qui considère qu’avoir établi Israël dans leur voisinage équivalait à un nouvel Auschwitz. Abba Eban, qui était à l’époque ministre dans le gouvernement du Parti travailliste, avait répondu à Begin — avec indulgence, du reste, et sans toucher au cœur du problème — qu’il était grand temps pour Israël de prendre ses responsabilités au lieu de les rejeter sur six millions de victimes. La manière de cultiver la « mémoire » de l’Holocauste dans la politique israélienne constitue un des principaux obstacles pour mettre en œuvre le potentiel moralement purificateur de la Shoah, de même qu’elle constitue d’une certaine façon le triomphe posthume d’Hitler, lequel, après tout, visait à dresser pour toujours le monde contre les juifs, ainsi que les juifs contre le monde, en les empêchant par là de cohabiter avec lui de manière paisible.

    Il existe une vision diamètralement opposée de la « mémoire » de l’Holocauste, qui peut se résumer ainsi : on ne peut pas se taire devant les crimes d’Israël et les persécutions des Palestiniens justement parce qu’on sait ce que fut le sort des juifs en Europe : discrimination, pogroms, ghettos et, pour finir, extermination.

    Justement… La mission de ceux qui ont survécu à l’extermination est d’apporter au monde la survie et de le prémunir contre une nouvelle catastrophe : mettre à nu dans le monde les tendances infâmes, dissimulées mais toujours vivantes, afin d’éviter que ne se reproduise l’avilissement de la civilisation. Le plus grand des historiens de l’Holocauste, Raul Hilberg, comprenait cette mission justement ainsi lorsqu’il répétait avec obstination que la machine de l’extermination ne se différenciait en rien, de par sa structure, de l’organisation « normale » de la société allemande. En d’autres termes, elle incarnait cette société-là dans un de ses rôles. Par ailleurs, le théologien Richard Rubinstein rappelait que, au même titre que l’hygiène corporelle, les idées philosophiques subtiles, les œuvres d’art remarquables ou l’excellence de la musique, la civilisation se caractérise par l’emprisonnement, les guerres, l’exploitation et les camps. L’extermination, concluait-il, « témoignait non pas du déclin de la civilisation mais de son progrès ».

    Malheureusement, ce n’est pas là la seule leçon qu’on puisse tirer de la Shoah. Il y a aussi celle qui veut que celui qui frappe le premier se retrouve au-dessus, et plus il a une main de fer, plus il s’en tire en toute impunité. Certes, les dirigeants d’Israël ne sont pas les seuls à avoir tiré cette sinistre leçon et à la trompeter à tous vents, et ils ne sont pas les seuls à qui on puisse reprocher ce triomphe posthume d’Hitler… Mais si Israël le fait, lui qui se considère comme l’héritier des destins juifs, alors cela choque encore plus que dans les autres cas : en effet, ce comportement réduit à néant un autre mythe, un mythe que nous acceptons de manière universelle et qui nous est cher, en l’occurrence que la souffrance ennoblit, que les victimes en ressortent pures comme le cristal, sublimées et comme brillant au firmament. Alors que là, la réalité ne s’avère pas aussi reluisante : étant sorties indemnes des persécutions, les victimes n’attendent que l’occasion de rendre aux persécuteurs la monnaie de leur pièce ; et si la vengeance contre les persécuteurs d’hier ou leurs descendants est, pour une raison ou pour une autre, inaccessible ou peu commode, alors ils s’empressent d’effacer au moins la honte de leur propre faiblesse d’hier et de claironner qu’ils ne sont pas, eux non plus, tombés de la dernière pluie et qu’ils peuvent, eux aussi, brandir la matraque et faire claquer le fouet — en se servant à cette fin de tous ceux qui leur tomberont sous la main.


    Car qu’est-ce donc que le mur érigé aujourd’hui autour des territoires occupés, sinon la volonté de faire encore mieux que les commanditaires du mur qui entourait le ghetto de Varsovie ? Infliger la souffrance avilit et détruit moralement ceux qui l’infligent — mais, en dépit de tout ce que l’on peut croire, elle n’ennoblit pas le moins du monde ceux qui subissent cette souffrance. Elle déclenche, en revanche, un processus que le grand anthropologue Gregory Bateson a défini comme une « chaîne schismogénétique » (à savoir une séquence d’actions et de réactions dans laquelle chaque pas successif renforce l’acharnement des parties en désaccord et approfondit le fossé qui les sépare)…

    Votre épouse, Janina Bauman, écrit dans le livre Nulle part sur la terre que vous avez eu maille à partir avec votre père qui, peu de temps après la guerre, voulait émigrer en Israël alors nouvellement créé, ce qu’il a d’ailleurs réalisé. Pour quelles raisons rejetiez-vous l’idée sioniste ? Avez-vous changé d’avis sur cette question ?

    Je vois aujourd’hui que c’était un cas de figure banal, qui ne pouvait prétendre à aucune originalité ; banal dans une « rue juive », partagée, comme on le sait, entre communistes et sionistes, avec par-dessus le marché des partisans du Bund et ceux qui vivaient dans un royaume céleste qui n’était pas de ce monde. Je faisais partie de la première catégorie, alors que mon père appartenait à la seconde ; la confrontation était donc inévitable, d’autant plus que venaient se greffer là-dessus des collisions inter-générationnelles tout aussi notoires…

    Pour ce qui est de mon opinion sur le sionisme, elle a mûri de manière progressive, pour parvenir plus ou moins à cette forme : le sionisme est né en Europe sous l’accumulation conjuguée d’une vague moderne de construction nationale et d’une vague d’expansion impérialiste ; aucune de ces deux vagues n’a constitué une invention ou une spécialité sionistes ; le seul ingrédient sioniste a été probablement l’idée de résoudre le problème de la construction nationale à l’aide de l’expansion impérialiste — mais même cet ingrédient ne serait pas, à proprement parler, reconnu par un bureau des brevets comme une trouvaille du sionisme.

    Dans la célèbre formule de Teodor Herzl (« la rencontre d’une nation sans terre avec une terre sans nation ») ont été réunies deux prémisses, qui, bien que mises en sourdine, furent universellement acceptées à l’époque, même si généralement on les invoquait de manière séparée, dans des circonstances différentes et à des fins différentes. Première prémisse : pour devenir une nation, un peuple doit accéder à l’indépendance, donc il a besoin de son propre État, autrement dit d’une souveraineté indivisible et inaliénable sur son propre territoire. Quant à la seconde prémisse : les terres habitées par des peuples privés d’État peuvent et doivent être considérées comme « vides », donc « n’appartenant à personne », en d’autres termes, des terres vierges en attente de peuplement et d’aménagement. C’était effectivement une époque où on s’établissait selon son bon vouloir, non pas tant sur des terres vides que sur des terrains vidés de leurs habitants, sans la moindre gêne et sans le moindre scrupule, dans d’innombrables « Nouvelle-Angleterre », « Nouvelle-Galles » ou « Nouvelle-Écosse » construites sur de lointaines « terres sans nation » par des fractions de nations expulsées de leurs terres et de leurs ateliers, et condamnées à mener une vie errante.

    J’ajouterai encore, en passant, que les idées de Herzl ont vu le jour pendant ses années d’étudiant, passées dans une Burschenschaft, qui luttait pour l’unification de l’Allemagne autour d’un seul trône et de la devise : « Ehre, Freiheit, Vaterland » (Honneur, Liberté, Patrie) ; difficile donc d’y voir un quelconque héritage ou spécificité israélo-palestiniens.

    Encore et toujours de l’histoire, me direz-vous ? Certes, mais une histoire qui continue d’être vivante, même si elle s’inscrit dans des habitudes acquises plutôt que dans des professions de foi liées à des réalités contemporaines : ainsi dans les récentes boucheries perpétrées au nom de la purification ethnique ; ou encore la bourde irréfléchie de Helmut Kohl, selon qui la Slovénie mérite l’indépendance parce qu’elle est ethniquement homogène ; Kohl a dérapé, mais il en est plus d’un qui a tendu l’oreille.

    En ce qui concerne les professions de foi contemporaines, elles indiquent une direction qui est complètement différente… S’il existe un espoir de coexistence pacifique et amicale dans notre monde de plus en plus caractérisé par la diaspora, il est à rechercher dans le démantèlement de la trinité non sainte de l’identité, des prérogatives d’État et de la souveraineté nationale — sur le modèle de la République des Deux Nations [Pologne et Lituanie] ou de la monarchie austro-hongroise qui rejetaient tout « compromis » westphalien ; en d’autres termes, en faisant revivre la tradition, anéantie par les efforts conjugués et tenaces du président Wilson, du chancelier Kohl et de leurs épigones, proches et lointains, innombrables, zélés, doués et ingénieux…

    Vous avez été chassé de Pologne au cours de la campagne antisémite de 1968. Vous vous êtes rendu en Israël avec votre femme et vos filles, vous avez obtenu une chaire à l’université, mais au bout de trois ans vous êtes partis pour la Grande-Bretagne. Janina Bauman écrit dans ses souvenirs que vous ne vous sentiez pas bien en Israël dans le rôle de la majorité privilégiée : « Si nous avions fui le nationalisme polonais, ce n’était pas pour accepter le nationalisme juif. » Qu’avez-vous trouvé en Israël ?

    Janina, comme à l’accoutumée, avait frappé en plein dans le mille et l’avait, de surcroît, exprimé de manière laconique et percutante. Tout comme les victimes de l’Holocauste, que nous venons d’évoquer, les victimes d’un nationalisme au quotidien peuvent réagir soit en condamnant le chauvinisme, soit en l’assumant pour leur propre défense. Pour Janina, aussi bien que pour moi, la première réaction était la seule possible. En ce qui concerne mes convictions, répondre au nationalisme par le nationalisme équivaut à vouloir éteindre un incendie avec de l’essence ; et cela conduit inéluctablement à cette variante particulièrement immorale de la morale, que Sienkiewicz, avec un mélange typiquement colonialiste d’orgueil (envers soi-même) et de mépris (pour les autochtones), a attribuée à Kali [domestique noir de W pustyni i w puszczy] — en se gardant bien de l’attribuer à lui-même et à bon nombre d’autres Européens.

    Permettez-moi de citer Judt encore une fois : « Je savais ce que signifiait croire — mais je savais également quel prix il fallait payer pour l’intensité de l’auto-identification et de l’obéissance inconditionnelle… J’ai toujours été, et suis resté méfiant vis-à-vis de la politique identitaire sous toutes ses formes, surtout et avant tout sous sa forme juive. » « Surtout et avant tout » : car dans mon cas (si j’étais resté en Israël), comme dans le cas de Judt, on aurait exigé de moi que je devienne nationaliste et que je pratique une « politique identitaire ». S’il faut choisir le moindre mal, je préfère déjà être une victime du nationalisme plutôt que son adepte et son propagateur. L’ignoble Moczar [apparatchik responsable de la campagne antisémite de 1968] nous a causé beaucoup de mal, à Janina et à moi, mais il n’a pas réussi à nous salir la conscience. S’il en a sali une, c’est la sienne — mais en avait-il une ?…

    On ne peut nier qu’il existait encore une troisième possibilité pour moi et pour Judt : rester sur place, monter sur les barricades et n’en plus bouger, se battre contre la folie du nationalisme, comme le fait par exemple mon petit-fils, Michal Sfard — né en Israël — et beaucoup d’autres Israéliens, courageux et déterminés comme lui. Malheureusement, conformément à la logique de l’autobrutalisation de l’occupation et de la politique gouvernementale du fait accompli, qui, par la nature des choses, vont en s’étirant, la barre transversale ne cesse de monter toujours plus haut et oblige Michal, ainsi que tous ses compagnons d’armes, à démarrer de positions qui, encore peu de temps auparavant, étaient inimaginables.

    En fin de compte, je n’ai pas choisi cette troisième possibilité. Pourquoi ? Difficile ici d’être objectif et je ne me porte pas garant de ce que je vais dire, mais pour mon propre usage j’explique cela en disant que pour la choisir — et donc pour consacrer toute ma vie à essayer de détourner le sionisme de la voie qu’il s’était choisie —, il m’aurait sans doute fallu être plus juif que je ne le suis, et au moins un tout petit peu sioniste.

    Autre souvenir de Janina : « Zygmunt a renié avec amertume un pays dans lequel se faisaient entendre de plus en plus souvent le nationalisme armé et le fanatisme religieux. Il ne voulait plus y aller [pour voir une de ses filles qui s’était installée en Israël], pour ne pas devoir, ne serait-ce que pendant deux semaines, se sentir responsable de cet état de choses. » Vous est-il arrivé d’y retourner par la suite ?

    J’y suis allé trois fois. La première fois, pour voir un premier petit-fils qui venait de naître. La deuxième, dans les années 90, après la victoire électorale d’Yitzhak Rabin, quand j’ai succombé provisoirement à l’illusion que la nation avait ouvert les yeux et qu’enfin elle sortait de son demi-sommeil ou de son envoûtement (mieux valait tard que jamais) ; malheureusement, tout de suite après ma visite, Rabin a été assassiné [1995] et les illusions se sont dissipées. La troisième fois, juste avant le décès de Janina, pour qu’elle puisse voir ses petits-enfants et arrière-petits-enfants… Pour ces trois fois, les circonstances étaient exceptionnelles. Car Janina, une fois encore, avait raison de dire que je rechignais à la moindre visite « pour ne pas devoir, ne serait-ce que pendant deux semaines, me sentir responsable de cet état de choses ». Permettez-moi de citer Judt encore une fois, puisque vous l’avez introduit dans notre conversation et que vous vous êtes référé à son autorité : « Il y a une différence fondamentale entre les gens dont le sort veut qu’ils soient juifs mais qui sont citoyens d’autres États et les citoyens israéliens dont le sort veut qu’ils soient juifs »…

    Recourir à l’argument d’une responsabilité collective des Palestiniens, détruire leurs maisons, construire des colonies juives sur les terrains de l’Autonomie Palestinienne, mettre en scène des procès caricaturaux, torturer et, avant tout, commettre des crimes de guerre — comme ceux commis à Gaza à l’époque de l’opération « Plomb durci », au cours de laquelle 1 400 Palestiniens ont été tués… Parvenez-vous à trouver des arguments pour défendre, ou tout au moins comprendre une telle politique ?

    Non, je ne saurais guère où les trouver. Mais je ne les cherche pas non plus. Je crois que ce serait peine perdue, dans la mesure où l’être humain ne peut pas justifier l’« inhumanité » sans perdre son humanité, et même si je sais par ailleurs que lancer des appels pour y mettre fin est sans espoir. Cependant il se trouvera toujours beaucoup de gens qui aligneront des arguments rationnels, donc par définition « irréfutables » et « absolument convaincants » en faveur de ces atrocités. Dans le pire des cas, ils reprendront l’argument extrêmement à la mode aujourd’hui dans notre monde, celui de TINA (There Is No Alternative), qui doit sa vraisemblance au fait qu’en réfutant par avance l’existence de ladite alternative, ils ne lui permettent pas de se vérifier en pratique.

    Pendant ce temps, dans les camps de réfugiés, arrive à l’âge adulte une quatrième génération qui ne connaît pas d’autres conditions d’existence que la précarité, la misère, le manque de perspectives.

    Simple complément d’information : l’occupant israélien en partage ici la responsabilité avec les États arabes voisins, qui ne manifestent pas beaucoup d’empressement pour offrir à cette quatrième génération, ainsi qu’aux précédentes, des perspectives plus supportables et pour partager avec eux leur richesse faramineuse. Battons donc notre coulpe, tous autant que nous sommes ! Quel État dans le monde a offert l’asile aux juifs menacés par l’extermination ? (Même les juifs américains, comme le suggère une rumeur tenace, bien qu’instamment tenue secrète, n’ont guère bougé le petit doigt à l’époque pour entamer des démarches afin de les accueillir dans un pays où eux-mêmes s’étaient auparavant installés douillettement.) Et quel pays s’empresse aujourd’hui d’offrir un toit aux expatriés et aux réfugiés des guerres tribales et des génocides, sans parler même des millions de gens privés de perspectives dans les pays touchés par des famines chroniques et la destruction de l’agriculture traditionnelle ? À cet égard, je vous renvoie à mon ouvrage La Vie en miettes.

    Rien de tout cela, bien entendu, n’innocente Israël, mais cela explique avec certitude, du moins en partie, pourquoi tout ce qu’il fait se solde par l’impunité la plus complète. Car il en est peu au monde qui, soucieux de la condition posée par l’Évangile, oseraient être les premiers à lui jeter la pierre. Même s’il en est beaucoup qui préfèrent exhorter qu’écouter les exhortations — et ils exhortent avec d’autant plus d’ardeur qu’il se trouvera peu de gens dans le désert pour tendre l’oreille vers eux. Shakespeare pourrait dire : Il y a quelque chose de pourri dans l’État d’Israël. Et il ajouterait sans nul doute, en enjambant quatre siècles : Il y a quelque chose de pourri dans un monde qui permet de telles choses…

    Shlomo Ben Ami a écrit un jour qu’Israël ne sait plus vivre en paix et que, par conséquent, il a constamment besoin de la guerre.

    Il y a déjà 40 ans de cela, je suis parvenu à la conclusion, ou plutôt j’ai sociologiquement déduit de l’état de choses qui prévalait alors, que le moment viendrait, et ce rapidement, où Israël craindrait la paix comme le plus grand des fléaux de l’Égypte. Car l’asservissement et l’humiliation d’une nation ont toujours été, sont et seront une recette pour le terrorisme et non un moyen de lutter contre lui. Du reste, ces deux phénomènes se font mutuellement des appels du pied, dans la mesure où les politiciens tremblent d’effroi devant tout avènement de la paix, car sans guerre et sans mobilisation générale, ils ne savent pas gouverner, donc autant dire qu’ils ne seraient guère enchantés par la fin du terrorisme palestinien. C’est pourquoi ils ne voient pas d’un mauvais œil, tout au moins de leur point de vue, les roquettes qui tombent sur les localités israéliennes situées près de la frontière. Ils seraient sans nul doute désespérés et tomberaient dans un état de panique si, tout à coup, ces roquettes venaient à manquer ; pour faire un emprunt à Voltaire : si elles n’existaient pas, il faudrait les inventer. Je dirais qu’entre les extrémistes israéliens et les extrémistes palestiniens, il existe un effet boomerang. Ils ont mutuellement besoin les uns des autres pour survivre, ils ne pourraient pas vivre les uns sans les autres.

    Est-il possible de soutenir la thèse que seuls les extrémistes israéliens sont responsables de l’état de choses actuel ? Ou bien faut-il plutôt considérer que cette politique recueille l’assentiment de toute, ou presque toute, la classe politique et d’une grande partie de la société ?

    Vous avez entièrement raison, et c’est dans cette raison que réside la tragédie. Pinochet a utilisé la violence contre les Chiliens, alors que Netanyahou n’emploie pas la violence contre quiconque, il a été élu démocratiquement à son poste et il a reçu de ses électeurs un mandat pour pratiquer la politique du coup-de-poing-dans-la-gueule. Contrairement à tous ceux qui aspiraient avant lui à devenir Premier ministre, il ne s’est pas présenté au verdict des urnes avec la promesse de la paix mais avec la promesse d’avoir la paix par le biais de l’expression mensongère « sécurité ». En d’autres termes, pour parler sans ambages et sans avoir quoi que ce soit à décoder : depuis le début, il n’avait nullement l’intention de consulter les Palestiniens, de tenir compte de leurs intérêts et de solliciter leur accord sur des règles de voisinage ; il souhaitait avoir toute licence a priori pour mettre unilatéralement la main sur des terres où vivait une population écrasée, occupée et captive, et les peupler. Il disait avec un maximum de sincérité quelle utilisation il ferait du pouvoir qui lui serait confié par la nation, et la nation lui a confié ce pouvoir.

    Il s’avère dorénavant que même la langue « démocratiquement correcte » et tous les restes de déclarations codées peuvent être mis à la poubelle par les politiciens israéliens. Le parlement israélien a adopté récemment une loi qui interdit d’appeler au boycott des produits fabriqués par les colons juifs dans les territoires occupés. On a fait appel de cette loi devant la Cour suprême, mais un sondage a révélé que la majorité de l’opinion publique est prête à soutenir cette attaque contre la liberté de parole. Car, selon elle, à quoi bon cette liberté si, depuis bon nombre d’années, le gouvernement dit et fait ce que la nation souhaite ? Certaines autres choses pourraient être dans l’intérêt de cette dernière — et dans ce cas la liberté de parole s’avérerait utile —, mais il y a belle lurette que la nation ne s’en souvient plus.

    Mario Vargas Llosa, qui a publié une série de reportages sur l’occupation israélienne, a fait remarquer que beaucoup d’Israéliens ignorent ou tout simplement ne croient pas aux atrocités commises par leur État contre les Palestiniens. Avez-vous observé des choses semblables ?

    Je ne sais pas qui étaient les interlocuteurs de Vargas Llosa, mais je ne leur accorderais pas trop de crédit ; de même, je suis très méfiant quant à la véracité des remarques de Vargas, recueillies au cours d’une simple visite de quelques jours. Je doute de la sincérité des témoignages entendus par Vargas, car pratiquement tous les citoyens d’Israël, aussi bien hommes que femmes, effectuent de temps en temps, mais assez régulièrement, leur service dans les territoires occupés et ils sont les témoins, ou alors les exécutants, des pratiques d’occupation. Tout simplement, peut-être (peut-être !) que les interlocuteurs de Vargas ne considéraient pas ce que font leurs enfants dans les territoires occupés comme des « atrocités » — en justifiant leurs activités peu louables comme un nouvel exemple de TINA (ein breira en hébreu, « on n’y peut rien » ou « on n’a pas le choix », qui est en Israël une justification très répandue, utilisée tous les jours et dans les circonstances les plus diverses).

    Pour défendre la politique d’Israël, on invoque souvent le fait que le Hamas palestinien ne reconnaît pas l’État d’Israël et souhaiterait le faire disparaître de la surface de la terre. Mais ne serait-ce pas parce que la captivité est une situation d’humiliation, un terreau sur lequel poussent parfois des idéologies et des recettes radicales, qui, dans d’autres circonstances, ne verraient peut-être jamais le jour ? Rappelons que le Hamas est né dans les années 80, c’est-à-dire après 20 ans d’occupation consécutive à la Guerre des Six-Jours (1967).

    Les extrêmes se touchent, disent les Français, et la politique, du moins dans sa pratique, confirme cette vérité. Je l’ai déjà dit, mais permettez-moi de me répéter : le refus du Hamas de reconnaître l’État juif constitue un atout colossal entre les mains des extrémistes israéliens ; il justifie leur refus de participer à des pourparlers de paix avec le Hamas et il justifie le blocus de Gaza, qui dure depuis des années — ce qui, à son tour, concourt à durcir l’attitude négative du Hamas. On pourrait continuer comme cela jusqu’à l’infini. À la base de cette chaîne apparente de causes et d’effets, on trouve une stratégie qui est commune aux deux adversaires, et que l’on pourrait résumer selon un principe tout simple : plus ça va mal, mieux ça va. Il est dans l’intérêt du Hamas que les choses aillent de mal en pis à Gaza, et la droite israélienne trouve son compte dans le fait que l’organisation sans la participation de laquelle toute négociation israélo-palestinienne sérieuse n’est pas possible, lui fournit avec beaucoup de zèle la preuve que de telles négociations sont stériles et absurdes. L’œuf et la poule… Qu’est-ce qui est venu en premier, qu’est-ce qui est venu en second ? Où est la cause, où est la conséquence ? Est-ce que l’un existerait sans l’autre ? C’est un nœud gordien, et on dirait qu’il n’y a aucun Alexandre le Grand en vue pour le trancher. En attendant, il y a deux forces, qui vivent toutes deux de la guerre et pour la guerre, et qui ont toutes deux le même intérêt à ce que le nœud ne soit pas démêlé. Je me risquerais à dire qu’on voit ici à l’œuvre le stratagème de Pénélope à rebours : Pénélope dévidait en catamini, la nuit, l’échevau qu’elle avait tissé le jour, alors que Netanyahou et le Hamas s’arrangent en toute connivence pour que le nœud desserré soit à nouveau inextricablement emmêlé.

    Zbigniew Brzezinski affirmait un jour avec ironie que la droite religieuse aux États-Unis soutenait Israël car « La Terre Sainte, c’est quelque chose d’exceptionnel, il va se produire un Second Avènement du Christ, par conséquent il faut agir de manière énergique et aider Israël. Ils considèrent que lorsque viendra la fin du monde, ou bien tous les Israélites devront se convertir au christianisme, ou bien ils finiront en enfer. On ne peut donc pas dire que ce soient vraiment de sympathiques alliés d’Israël. » Pourquoi aujourd’hui la droite, qui dissimule dans sa manche son antisémitisme, soutient-elle — aux États-Unis, en Espagne, en Italie — la politique d’Israël ?

    Il ne faut pas se leurrer : l’amour soudain des rednecks américains et parfois européens pour Israël ne découle pas d’une doctrine religieuse. Les déclarations de soutien pour les pratiques des envahisseurs israéliens ne coûtent pas grand-chose et n’apportent que des bénéfices (électoraux) si on les exprime à distance. Par la même occasion, on peut cajoler et cultiver son aversion pour la juiverie locale en cachant avec une feuille de vigne des intentions ignobles et ne craignant pas de se faire critiquer par les destinataires de cette animosité. On peut aussi, par procuration du moins, exhiber avec délectation de gros muscles, faire des moulinets avec son sabre et son absence de scrupules — toutes vertus que les rednecks vénèrent et qu’ils adorent s’attribuer à eux-mêmes. Ainsi donc, dans cette folie aussi, comme dans tant d’autres, il peut exister une méthode. Theodor Adorno mettait en garde les hérauts cultivés du rationalisme et de la cohérence contre le fait d’attribuer à la réalité plus de rationnel et de logique qu’elle n’en possède. Il n’y a que les théories cultivées qui ne peuvent pas coexister avec les contradictions. La politique vit avec ces dernières en parfaite connivence.

    On remarque sans aucune difficulté que les défenseurs d’Israël au sein de la droite en Europe et aux États-Unis sont souvent des islamophobes. Est-ce que l’islamophobie d’aujourd’hui ressemble à l’antisémitisme d’hier ?

    On voit déjà de par votre question qu’il ne s’agit pas tant de ressemblance entre ces deux attitudes que de but commun : on a affaire ici à une métonymie plus qu’à une métaphore, une affinité tangible plutôt qu’une ressemblance consanguine, une convergence d’intérêts plus que des vues parallèles… Quelque chose du genre « L’ennemi de mon ennemi est mon ami ». Le monde musulman a pris la position d’« ennemi n°1 de l’Amérique » après qu’elle a été déclarée vacante par les Soviets, et la frontière israélo-palestinienne, fluctuante et particulièrement controversée, constitue dans ce nouveau conflit une ligne de front exposée — aussi bien pour l’attaque que pour la défense. Si on définit l’identité de quelqu’un en lui demandant « Dis-moi qui est ton ennemi, je te dirai qui tu es », alors l’israélophilie et l’islamophobie sont, pour l’instant du moins, comme cul et chemise.

    Les défenseurs de la politique d’Israël aux États-Unis et en Europe occidentale reprochent souvent à ceux qui les critiquent d’être antisémites. Diriez-vous qu’il y a de l’antisémitisme chez ceux qui défendent les droits des Palestiniens ?

    Chez les uns oui, chez les autres non. Il n’y a pas ici le moindre rapport automatique. J’ai toujours été irrité par l’expression, très populaire à une certaine époque, d’« antistaliniste », car ce vocable était un fourre-tout qui englobait pêle-mêle des attitudes foncièrement différentes les unes des autres, hormis une aversion commune pour Staline. Ou bien, prenons un exemple qui nous est encore plus proche : Solidarnosc. À un certain moment, elle avait rassemblé presque dix millions de Polonais unis dans la conviction que « cela ne pouvait plus continuer comme cela », mais si on leur avait demandé comment ils voyaient l’avenir, leur conviction commune aurait volé en éclats — ce qui du reste s’est vérifié par la suite, quand l’« ancien système » s’est écroulé. Le fait que quelqu’un soit antisémite ne veut pas dire qu’il doit condamner les agissements d’Israël — comme nous venons de le voir avec les rednecks ; de même, si quelqu’un condamne les agissements d’Israël, cela ne veut pas dire qu’il est antisémite — il suffit de prendre mon exemple, mais on en trouverait de semblables à la pelle. Les gouvernements successifs d’Israël ont fait des pieds et des mains — et ils continuent de le faire tant qu’ils peuvent — pour fournir beaucoup d’autres motifs de judéophobie et d’occasions pour la condamner, et ils font tout pour que ces livraisons de motifs aillent en augmentant plutôt qu’en diminuant.

    De quel œil « voyez »-vous la récente tentative de la « Flottille de la liberté » pour briser le blocus de Gaza ? Les défenseurs de la politique d’Israël reprochent à ses participants d’être des suppôts du Hamas. Il me semble que c’est là un réflexe de désaccord moral avec la ghettoïsation de Gaza et la poursuite de l’occupation, une façon d’attirer l’attention du monde sur une injustice.

    Dans le cas présent, vous avez raison, mais les « défenseurs de la politique d’Israël » également. Car dans ces bateaux on trouve des sympathisants du Hamas mais aussi des gens qui n’ont absolument rien à voir avec lui. Il y a eu une époque (de courte durée, il est vrai) où Lipski et Kuron [de gauche] se sont retrouvés avec Macierewicz [extrême droite] sur un seul et même bateau, qui avait pour nom le KOR. Cela a été rendu possible par les manœuvres des communistes qui leur répugnaient à tous. Il en va sans doute de même pour les bateaux de la Flottille de la liberté. Car il suffirait (il suffirait !) qu’Israël lève son blocus de Gaza et présente une variante israélienne du plan Marshall à la place de l’oppression actuelle et de la volonté d’affamer ses habitants pour que les équipages de ces bateaux se dispersent aux quatre vents.

    Les défenseurs de la politique d’Israël, qui voient souvent de l’antisémitisme dans les critiques à son encontre, avancent l’argument que l’ONU formule de façon disproportionnée de nombreuses condamnations à l’égard d’Israël et passe sous silence les violations des droits de l’homme et les crimes commis dans d’autres pays — comme si la plus grande partie du mal dans le monde se concentrait sur ce petit lopin de terre. Peut-être y a-t-il du vrai dans le fait que, à côté des critiques justifiées d’Israël, l’antisémitisme soit présent, ce qui peut créer des confusions dans l’esprit d’un public qui n’est pas nécessairement au fait des choses : qu’est-ce qui relève de l’antisémitisme et qu’est-ce qui relève de la critique légitime, et même nécessaire, des crimes de guerre et des violations des droits de l’homme ?

    Encore une fois, vous posez, ou tout au moins vous suggérez, l’alternative « ou-ou » alors qu’il faudrait parler de « et-et ». Ceux qui ne supportent pas les juifs soutiendront avec enthousiasme toute nouvelle résolution condamnant Israël, même si la détresse des Palestiniens leur importe peu, ou même s’ils devaient faire chez eux, ou chez leurs voisins, la même chose que les Israéliens en Palestine. C’est pourquoi des gens sincèrement révoltés par la violation des normes morales par les occupants israéliens ne vont pas tarder, au cours d’un vote, à se retrouver, si vous me permettez le calque de cette image, dans un lit commun avec des partenaires qu’ils n’ont pas désirés. Mais le mérite de cette coalition non souhaitée et, à vrai dire, absurde, qui se reconstitue lors de chaque vote, en revient, dans une proportion qui n’est pas mince, aux gouvernements israéliens.

    Depuis quelques années, les défenseurs du droit des Palestiniens à un État indépendant appellent à boycotter Israël et à mettre en place des sanctions économiques, comme on l’a fait vis-à-vis de l’Afrique du Sud à l’époque de l’apartheid. Ces appels, tout comme la critique des violations des droits de l’homme et les accusations de crimes — par exemple le rapport Goldstone sur les massacres de civils à Gaza pendant l’opération « Plomb durci » — sont accueillis par Israël et ses défenseurs comme des complots ou des campagnes savamment orchestrées. Voyez-vous une stratégie efficace pour inciter Israël à mettre un terme à l’occupation et à respecter les droits des Palestiniens ?

    Je ne suis pas convaincu par l’idée du boycott, car le boycott, comme les gaz asphyxiants, les armes bactériologiques ou la bombe atomique, est un instrument perfide : une arme de destruction massive, mais qui détruit effectivement, sans faire le tri, à l’aveuglette (sur le même principe qu’une « catastrophe naturelle », comme par exemple le grand tremblement de terre de Lisbonne de 1755, au sujet duquel Voltaire affirmait avec effroi que « l’innocent, ainsi que le coupable, subit également ce mal inévitable »). Les collateral casualties (dommages collatéraux) du boycott sont gigantesques et il est quasiment impossible de les calculer d’avance. De surcroît, avec un boycott, autant les oppresseurs peuvent trouver tel ou tel moyen d’échapper à la misère, autant ceux qui sont déjà opprimés ne peuvent s’attendre qu’à une misère encore pire.

    Est-ce que je vois une « stratégie efficace » pour mettre fin à l’occupation ? Je suis un sociologue et non pas un stratège, et encore moins un conseiller de stratèges ou de politiciens. Mais je sais que la responsabilité de la « fin de l’occupation » et du « respect des droits des Palestiniens » repose sur les épaules des Israéliens. Ce sont eux qui doivent chercher une stratégie, de manière urgente, avec ferveur, avec conviction et bonne volonté — et ne pas attendre qu’on trouve un moyen de les y obliger.

    Est-ce que le gouvernement israélien et les juifs israéliens ont des raisons de craindre l’existence d’une Palestine indépendante ?

    Bien entendu, il y a de quoi avoir des craintes, mais le problème, c’est qu’il y a quelque chose qu’il faut craindre davantage encore : est-ce une Palestine indépendante ou bien une occupation qui s’étire comme cela à l’infini et un tonneau de poudre qu’on continue à remplir alors qu’il est déjà pratiquement plein ? Comme le montre la pratique, la crainte qui découle de la seconde éventualité est bien plus grave que la première. La décision unilatérale de retirer les forces israéliennes du sud-Liban, dont l’occupation était apparemment indispensable pour la sécurité d’Israël, n’a nullement augmenté la menace venant du Hezbollah libanais — alors que l’occupation et le siège de Gaza ont donné du ressort et de l’audace au Hamas !

    J’ajouterai que, outre les craintes liées à la sécurité, il y a d’autres raisons d’avoir peur : par exemple, la destruction morale galopante de la nation israélienne. De nombreux Israéliens se consolent en se disant que leur conscience, même si elle est blessée par la « nécessité » de l’occupation, sortira de l’oppression sans la moindre égratignure dès l’instant où les Palestiniens jetteront l’éponge et abandonneront toute ambition d’indépendance. Cela fait penser à une des anecdotes de Leszek Kolakowski, pleine de charme et, comme toujours, de profondeur : sur un type qui avait laissé son visage au mont-de-piété et qui n’était pas revenu le chercher pendant si longtemps que ce gage non racheté avait été cousu et transformé en ballon, avec lequel on jouait au football dans les cours du voisinage. Sans aucun doute, les Israéliens les plus âgés se souviennent encore comment ils ont dansé de joie autrefois en écoutant à la radio le compte rendu d’une séance de l’ONU au cours de laquelle on leur accordé l’indépendance…

    Est-ce que vous aimez la conception d’un seul État pour deux nations — la juive et la palestinienne ? Est-ce un horizon de pensée réaliste pour l’avenir de ces deux nations ?
    Que j’aime ou que je n’aime pas, cela a peu d’importance. L’important est de savoir si les Israéliens mais aussi les Palestiniens éprouveront pour cette idée de la sympathie et de la conviction, et reconnaîtront que cela vaut la peine de faire des efforts pour la réaliser. Et s’ils serreront les dents, retrousseront leurs manches et se mettront au travail. Il est clair que la construction d’un État à deux nations, comme la majorité des entreprises humaines, présente à la fois des chances et des menaces, à la fois des promesses de grands bénéfices et des possibilités de problèmes. Les résultats et le bilan final ne sont pas joués d’avance, encore moins prévisibles — car malgré tout c’est l’ingéniosité et la détermination des parties qui décideront du succès de l’expérience.

    À notre époque de diasporisation intensive, le principe « un seul territoire, un seul État, une seule nation » perd beaucoup du caractère absolu qu’on lui attribuait à l’époque de la construction nationale. À long terme, un État multinational deviendra certainement une règle et non pas, comme aujourd’hui, une exception. Nous apprenons tous peu à peu à vivre pour toujours avec la diversité — et à en tirer des satisfactions. Mais cela est une autre histoire, qui est beaucoup plus vaste que le sujet de notre conversation.

    Ne voudriez-vous pas conseiller le gouvernement polonais sur la façon de voter en septembre au sujet de l’attribution à la Palestine du statut de membre de l’ONU ?

    Je ne suis pas qualifié pour donner des conseils aux gouvernements. Ces derniers raisonnent selon des catégories qui sont différentes des miennes, ils s’intéressent à d’autres problèmes que moi et ils ont été mandatés pour s’en occuper. Mais si on m’accordait le droit de vote aux Nations Unies, je voterais « pour ». Et là, sûrement, comme rarement, sans la moindre hésitation.

    Comment parler de tout cela en Pologne, où les Polonais commencent petit à petit à se rendre compte qu’ils n’ont pas seulement sauvé des juifs, mais qu’ils les ont dénoncés, assassinés, ont été complices de l’extermination, et qu’après la guerre ils ont organisé des pogroms et pillé leurs biens. Et qu’en 1968, on a expulsé des milliers de Polonais d’origine juive… ?

    C’est effectivement ainsi que les choses se sont passées et pas autrement, si on ne veut pas dénaturer les faits. De toute façon, les Polonais sont impliqués dans la question très complexe des Israéliens et des Palestiniens, qu’ils le veuillent ou non, de par leur histoire (qu’ils ne peuvent changer). La Pologne a fourni non pas des milliers mais des dizaines, voire des centaines de milliers de pionniers et de fondateurs de l’État d’Israël. Il n’est donc pas surprenant que, pour autant que je m’en souvienne, les Polonais ont vraiment été très heureux de l’issue de la guerre des Six-Jours. « Nos petits juifs polonais ont flanqué une bonne raclée à ces Arabes russes », disaient-ils en se frottant les mains.

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    Zygmunt Bauman, il avait vu la « société liquide »
    Libération | Par Robert Maggiori — 11 janvier 2017
    http://www.liberation.fr/debats/2017/01/11/zygmunt-bauman-il-avait-vu-la-societe-liquide_1540689

    Né à Poznan le 19 novembre 1925, d’une famille juive, il se réfugie en 1939, après l’invasion de la Pologne par les nazis (sa femme Janina réchappera des camps de la mort), en URSS, et, alors marxiste convaincu, combat dans une unité militaire soviétique, puis occupe la fonction de commissaire politique. Revenu à Varsovie, il y enseigne la philosophie et la sociologie.

    Société noix de coco

    En mars 1968, à la suite de la campagne antisémite lancée par le régime communiste, il est forcé de quitter son pays et émigre en Israël, puis en Angleterre, où il devient citoyen britannique. L’université de Leeds l’accueille jusqu’en 1973 et lui confie la chaire de sociologie. Ses premiers travaux, sur le socialisme britannique, la stratification sociale ou les mouvements des travailleurs, ont un succès relatif, comme ceux qu’il consacre à la Shoah, au rapport entre modernité et totalitarisme, à la mondialisation. Ce n’est qu’au moment où il fait paraître ses études sur la disparition des « structures stables » et parvient, après avoir « dialogué » avec Marx, Gramsci, Simmel, puis Manuel Castells, Anthony Giddens, Robert Castel ou Pierre Bourdieu, à forger le concept de liquidité, qu’il devient un penseur de renommée internationale.

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    Décès du sociologue et philosophe Zygmunt Bauman
    Né dans une famille juive polonaise en 1925 à Poznan, Bauman consacrait ses travaux à la modernité et aux sociétés contemporaines
    AFP 10 janvier 2017

    http://fr.timesofisrael.com/deces-du-sociologue-et-philosophe-zygmunt-bauman

    Le sociologue et philosophe polono-britannique Zygmunt Bauman, connu notamment pour le concept de « société fluide », est décédé à l’âge de 91 dans sa maison à Leeds, ont indiqué lundi soir les médias polonais.

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    Selon sa compagne Aleksandra Kania, citée par le quotidien polonais Gazeta Wyborcza, Zygmunt Bauman est mort dans sa maison à Leeds en Grande-Bretagne « entouré de sa plus proche famille ».

    Né dans une famille juive polonaise en 1925 à Poznan dans l’ouest de la Pologne, Bauman consacrait ses travaux à la modernité et aux sociétés contemporaines.

    Communiste convaincu pendant et après la Seconde guerre mondiale, il a été collaborateur dans les années 1945-1953 des services du renseignement militaire communiste. Son dossier se trouve à l’Institut de la mémoire nationale (IPN), organisme chargé de poursuivre les crimes nazis et communistes.

    En 1954, il commence a enseigner la philosophie et la sociologie à l’Université de Varsovie avant de quitter la Pologne pour Israël en 1968 en raison de la vague d’antisémitisme orchestrée par le pouvoir communiste.

    Après s’être installé en Grande-Bretagne en 1971, il enseigne jusqu’à sa retraite en 1990 à l’Université de Leeds, dont il était devenu professeur émérite.

  • Les hommes du président Trump.

    L’homme qui sera à « un battement de cœur de la présidence » représente le lien qui n’a pas été rompu avec le Parti républicain. Mike Pence, 57 ans, incarne l’élu conservateur traditionnel, marié à la même femme depuis 32 ans (quand Trump en a eu trois), élu au Congrès pendant 12 ans, gouverneur de l’Indiana depuis 2009, chrétien fervent et l’un des piliers du Parti républicain. Mike Pence est opposé à l’avortement, au contrôle des armes, au mariage gay, il a voté contre la réforme de la santé d’Obama et se classe également parmi les climatosceptiques : « la lutte contre le changement climatique menée par Obama et Clinton détruit des emplois aux Etats-Unis ». Les conseillers de Trump ont poussé pour qu’il soit choisi comme colistier afin de servir de pont avec les élus républicains dont beaucoup avaient déclaré que Trump n’était pas qualifié pour être président. Un lien qui pourrait lui permettre de conserver une influence au sein de la future administration même si le nouveau président aime à répéter qu’il prend ses décisions seul. Durant la campagne, Mike Pence avait su aussi parler aux électeurs du Midwest, dont l’Indiana fait partie, et qui ont massivement voté Trump.

    Ex-étoile montante du Parti républicain, âgé de 54 ans, le populaire et médiatique gouverneur du New Jersey a échoué dans sa candidature à la primaire républicaine avant de rallier Donald Trump en février. Décrit comme modéré, il n’en reste pas moins fidèle aux principes de son parti : opposé au contrôle des armes, à l’avortement et au mariage gay. Son avenir est assombri par l’affaire du « Bridgegate » dans laquelle Chris Christie est accusé d’avoir fermé deux voies sur le pont George Washington pour se venger d’un maire qui ne l’avait pas soutenu pour sa réélection au poste de gouverneur : les embouteillages avaient bloqué la ville. Plusieurs des assistants de Chris Christie sont sous le coup d’une enquête qui pourrait s’étendre jusqu’à lui. Un temps pressenti comme colistier pour la vice-présidence, il a reconnu que ce scandale lui avait peut-être coûté la place. « Il aurait voulu être à la place de Donald Trump. S’il ne s’’était pas lancé dans la course à la présidentielle, Chris Christie aurait été le candidat brut au parler franc de cette élection », explique Dan Cassino, « mais Trump a été meilleur que lui à ce jeu-là. Si les investigations ne le rattrapent pas, il pourrait être le prochain attorney general (ministre de la Justice) », ajoute Dan Cassino.

    « Rudy » Giuliani, 72 ans, est connu pour avoir été le maire de New York au moment des attentats du 11 septembre mais il incarne aussi la politique de « tolérance zéro » mené contre la délinquance et la criminalité dans les années 90. « Durant la campagne, il a été le plus virulent des opposants à Hillary Clinton », analyse Dan Cassino, « et l’un des soutiens indéfectibles de Trump : il l’a défendu contre les accusations de racisme, d’agressions sexuelles ou de fraude fiscale ». Accusé d’avoir joué de ses relations au FBI pour relancer l’enquête sur les emails d’Hillary Clinton à quelques jours du vote, il a finalement nié avoir été en contact avec des agents fédéraux dans cette affaire. Rudolph Giuliani pourrait devenir le prochain ministre de la Justice (attorney general),"mais il est pressenti aussi pour être à la tête du département de la sécurité intérieure", affirme Dan Cassino (department of homeland security, équivalent lointain du ministère de l’Intérieur français).

    L’ancien speaker de la Chambre des représentants avait incarné l’opposition féroce des Républicains aux Démocrates du temps de la présidence de Bill Clinton. Il avait poussé l’obstruction au vote du budget jusqu’à obliger le pouvoir fédéral à fermer ("shutdown") pendant 27 jours entre 1995 et 1996 ; certains fonctionnaires avaient dû faire une croix sur leur salaire durant cette période. Newt Gingrich, 73 ans, est évoqué comme potentiel secrétaire d’Etat. Élu à la Chambre de 1979 à 1999, il connaît le tout -Washington, mais a aussi une personnalité volcanique, comme Donald Trump. Au moment du « shutdown », le New York Daily News s’était moqué de lui dans une première page restée célèbre : « Cry Baby » où Newt Gingrich est dessiné en bébé capricieux. Le journal l’accusait d’avoir bloqué le gouvernement car il avait été vexé que Bill Clinton l’ait fait asseoir à l’arrière d’Air Force One et non à l’avant pour se rendre aux obsèques de Yitzhak Rabin.

    Kellyanne Conway est la première femme à avoir occupé le poste de directrice de campagne d’un candidat républicain. A 49 ans, c’est une enquêtrice d’opinion aguerrie du « Grand Old Party ». Elle a rejoint l’équipe Trump pendant l’été après avoir soutenu pendant les primaires le sénateur texan Ted Cruz. Elle a souvent fait le service après-vente de Donald Trump dans les médias, notamment pour tenter d’éteindre les polémiques initiées par le candidat. Mais son nom n’est pas cité pour occuper un poste au sein du futur gouvernement.

    Directeur général de l’équipe de campagne, Stephen Bannon, 62 ans, tire les ficelles en coulisses. Il n’a rejoint l’équipe qu’en août à la faveur d’un remaniement de l’équipe Trump, se mettant en congés du site d’information conservateur Breitbart News. Andrew Breitbart, le fondateur de ce site, avait encensé M. Bannon, le qualifiant de « Leni Riefenstahl du Tea Party » pour ses documentaires très engagés. Relativement nouveau dans le milieu politique, son expérience chez Breitbart en fait un important porte-voix de l’"alt-right", un mouvement qui rassemble des nationalistes blancs anti-immigrés et des personnes farouchement opposées à l’establishment politique. L’an dernier, une enquête de l’agence Bloomberg l’avait qualifié de personnalité politique « la plus dangereuse » d’Amérique. Comme Kellyanne Conway, il n’est pas cité pour faire partie de la future administration.

    Les moins connus...
    Le sénateur du Tennessee Bob Corker, président de la commission des Affaires étrangères du Sénat, est également sur la liste pour le poste de secrétaire d’Etat. Le sénateur de l’Alabama Jeff Sessions, membre de la commission des forces armées du Sénat, est un soutien inconditionnel de Trump. Il a été présenté comme un possible secrétaire à la Défense, tout comme l’ancien sénateur du Missouri Jim Talent. Le général Mike Flynn, ancien patron du renseignement militaire américain - caution militaire du milliardaire - pourrait être choisi pour être ministre de la Défense. Steven Hadley, ancien conseiller à la Sécurité nationale de George W. Bush, est également évoqué. Donald Trump considérerait aussi le néo-conservateur John Bolton, ancien ambassadeur à l’ONU sous George W. Bush, pour le poste de secrétaire d’Etat.

    ... et quelques contempteurs
    #Donald_Trump compte enfin quantité de détracteurs qui mettent en doute sa capacité à savoir s’entourer. Parmi eux, RTL a retrouvé l’ancien chef cuisinier du milliardaire, un Français aujourd’hui installé en Floride : « Il m’adorait. (...) Mais le jour où il a commencé à me taper dessus, j’ai compris qu’il y avait un problème. (...) Je ne sais pas s’il a un peu de cervelle. Il est cinglé. Trump président ? On va rigoler. » Son ancien nègre, Tony Schwartz, l’homme à qui le magnat de l’immobilier avait confié l’écriture d’une biographie à sa gloire ("The Art of the Deal", 1987) regrette aujourd’hui d’avoir passé sous silence les tares du milliardaire : dans un entretien au New Yorker en juillet, il déclare « Je pense sincèrement que si Trump gagne et obtient les codes nucléaires, il y a de grandes chances que cela entraîne la fin de notre civilisation » ou encore « Les millions de personnes qui ont voté pour lui et croient qu’il représente leurs intérêts apprendront […] qu’il se fiche complètement d’eux. » Interloqué par la capacité de Trump à mentir, « une seconde nature », Tony Schwartz confie en fin d’entretien que s’il devait réécrire sa biographie, il choisirait « the sociopath » en titre...

    Source : Maxime Tellier. http://www.franceculture.fr/geopolitique/les-hommes-du-president-trump

  • Shabbat Noah
    http://otir.net/dotclear/index.php/post/2016/11/04/Shabbat-Noah

     

    « Ceci est l’histoire de Noé. - Noé fut un homme juste » - Genèse 6, 9.

    Il y a vingt-et-un an, un homme de paix disparaissait. L’assassinat d’Yitzhak Rabin aura mis un terme au processus de paix israélo-palestinien, et pour beaucoup, dont moi, marqué un deuil très difficile à faire au vu d’une telle catastrophe politique et humaine.

    Ce 4 novembre 1995 était un shabbat, et quant à moi, dans mon petit univers personnel, il avait également été marquant puisque j’étais devenue mère et que c’était le premier #chabbat que je célébrai alors chez nous avec un nouveau venu dans ma dynamique familiale si explosive.

    Treize ans plus tard, ce même shabbat Noah tombait un jour d’Halloween. Et j’avais alors célébré la bar mitzvah de mon fils aîné, que je vous ai dûment racontée ici, n’est-ce pas (oui, je recycle (...)

    #Divers #crise #petits_bonheurs #religion #souvenirs

  • Shimon Peres : « Un infatigable intrigant »
    Michel Warschawski, Politis, le 28 septembre 2016
    http://www.politis.fr/articles/2016/09/shimon-peres-un-infatigable-intrigant-35449
    https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=1174633379282594&id=159385534140722

    Le monde entier le célèbre, on parle de lui comme un saint ou, pour le moins, un Nelson Mandela. Pourtant, pendant un demi-siècle, Peres a été le mal-aimé de la politique d’Israël. « Comment la punaise est arrivée au sommet ? » chantait-on déjà dans les années soixante, exprimant là le mépris des élites israéliennes envers celui qui ne faisait pas partie du sérail : il n’avait pas grandi au kibboutz, ni participé aux aventures guerrières des commandos du Palmach. Jusqu’à aujourd’hui son accent trahit son extériorité à ceux qui ont façonné l’État hébreu à leur sale image. Disons-le clairement, Peres n’a pas volé l’image négative qui l’a accompagnée tout au long de sa carrière : aucun politicien israélien n’a su être aussi opportuniste que lui, et faire de la trahison un art. « Infatigable manipulateur », c’est ainsi que le décrit dans ses mémoires Yitzhak Rabin, qui l’a côtoyé pendant de longues années à la tête du Parti travailliste. Il a même trahi son mentor David Ben Gourion, quand il décidait de quitter le parti Rafi, réalisant que, malgré l’aura de son chef, cette formation dont il avait été à l’initiative, s’avérait incapable de mettre fin à l’hégémonie travailliste.. Ayant repris sa place à la direction travailliste, il quitte à nouveau ce parti pour le Qadima d’Ariel Sharon, qu’il abandonnera dès qu’il a senti le naufrage proche. Mais sa plus grande trahison a, sans aucun doute, été la trahison de Yasser Arafat qu’il avait convaincu de s’impliquer à fond dans le processus d’Oslo… que Peres sabote après l’assassinat d’Yitzhak Rabin, n’ayant pas le courage de confronter ceux qui, en tuant le Premier ministre, mettaient définitivement fin audit processus de paix. Shimon Peres est le seul politicien israélien de premier plan qui n’a jamais été élu par le peuple, gagnant ses galons (ministre des Affaires étrangères, ministre de la Défense, Premier ministre puis finalement président de l’État) dans des batailles d’appareil. Les médias locaux et internationaux font déjà le bilan de l’action politique de Shimon Peres : comme directeur général du ministère de la Défense, dans les années soixante, il est non seulement à l’origine du nucléaire israélien, mais de la transformation de Tsahal en armée moderne et performante. C’est d’ailleurs grâce à ses liens étroits avec le Parti socialiste de Guy Mollet qu’il a pu faire de l’État d’Israël une puissance militaire, symbolisée par les Mirage des entreprises Dassault et leurs performances en juin 1967. Peu d’eulogies par contre ne mentionneront le massacre de Kana au Liban en 1996, préférant s’étendre sur le prix Nobel de la Paix, reçu pour son rôle dans les accords d’Oslo… qu’il sabotera trois ans plus tard. À son crédit, on doit reconnaître que la biographie de Peres n’est pas entachée d’affaires de corruption, de viols ou de harcèlements sexuels, ce qui tranche nettement avec la classe politique israélienne d’aujourd’hui. Ceci dit, et en dépit des couronnes de lauriers qu’on lui tresse aujourd’hui aux quatre coins du monde, l’ancien président de l’État d’Israël n’aura pas été un grand politique, mais un politicard manipulateur, devenu un des grands maîtres de notre temps dans l’art du mensonge et de la trahison.

    Autres articles :
    https://seenthis.net/messages/528548

    #Palestine #Shimon_Peres

  • Le criminel de guerre Shimon Peres échappe à la justice humaine -
    par Ben White –
    28 septembre 2016 – Middle East Monitor – Traduction : Chronique de Palestine – Lotfallah
    http://chroniquepalestine.com/criminel-de-guerre-shimon-peres-echappe-a-justice-humaine

    Shimon Peres, décédé mercredi à l’age de 93 ans après avoir subi un accident vasculaire cérébral le 13 septembre, incarne la disparité entre l’image d’Israël en Occident et la réalité de ses sanglantes politiques coloniales en Palestine et dans la région.

  • Les extrémistes juifs, une plaie au cœur d’Israël
    https://www.mediapart.fr/journal/economie/080816/les-extremistes-juifs-une-plaie-au-coeur-d-israel

    Le bus dans lequel ont habité les premiers arrivants de l’avant-poste trône toujours au sommet d’Esh Kodesh © C. D. Fin avril 2016, le Shin Bet s’est félicité d’avoir porté un coup d’arrêt au « terrorisme juif », après une série d’arrestations dans le milieu des « jeunes des collines », soupçonnés d’attaques envers des Palestiniens. Mais les frustrations et la colère de cette nébuleuse radicale, dont l’idéologie a mené à l’assassinat d’Yitzhak Rabin en 1995, constituent toujours une bombe à retardement au cœur d’Israël.

    #Economie #Cisjordanie #extrêmistes_juifs #Israël #Proche-Orient

  • Les extrémistes juifs, une plaie au cœur d’Israël
    https://www.mediapart.fr/journal/economie/080816/les-extremistes-juifs-une-plaie-au-coeur-disrael

    Le bus dans lequel ont habité les premiers arrivants de l’avant-poste trône toujours au sommet d’Esh Kodesh © C. D. Fin avril 2016, le Shin Bet s’est félicité d’avoir porté un coup d’arrêt au « terrorisme juif », après une série d’arrestations dans le milieu des « jeunes des collines », soupçonnés d’attaques envers des Palestiniens. Mais les frustrations et la colère de cette nébuleuse radicale, dont l’idéologie a mené à l’assassinat d’Yitzhak Rabin en 1995, constituent toujours une bombe à retardement au cœur d’Israël.

    #Economie #Cisjordanie #extrêmistes_juifs #Israël #Proche-Orient

  • L’après #Orlando : repasser son drapeau
    http://www.minorites.org/index.php/3-lagence/1605-lapres-orlando-repasser-son-drapeau.html
    Où j’apprends un nouveau sigle - #dink - et qu’une boulette de papier, une bombe c’est la même chose.

    Dans une marrée de drapeaux arc-en-ciel, le premier ministre du Québec Philipe Couillard (dont le parti a un historique de corruption à faire pâlir certaines dictatures, à titre informatif), accompagné de ses ministres « de la diversité » (deux femmes blanches, cis et straight), s’est rendu à la vigile organisée conjointement par Fierté Montréal et le Collectif Carré Rose, sous un important dispositif de sécurité. Coupons court : un militant trans* et latino, que les organisateurs se félicitaient d’avoir invité « à faire un discours dans le but d’être le plus inclusifs possible » a lancé une boulette de papier sur le premier ministre. Prenez note, c’est important pour la suite : il a lancé une boulette de papier. Un « acte violent » pour le fondateur de Collectif Carré Rose, Louis-Alain Robitaille, « un geste qui fait reculer la cause », pour Éric Pineault, président de Fierté Montréal et carrément une « trahison » pour son vice-président.

    Cette totale désolidarisation de la soi-disant « communauté LGBT » (dont la voix médiatique est clairement mâle, cis, blanche, en santé et bien nantie) illustre à merveille l’agenda politique d’un mouvement qui a oublié Stonewall (et ses militant.es de première ligne trans, afro-américain.es et latinx), qui marche main dans la main avec un gouvernement qui mène des politiques hétérosexistes en matière de procréation assistée, qui se fout éperdument du traitement des personnes LGBTQI ailleurs dans le monde (Couillard est d’ailleurs plutôt fan de l’Arabie Saoudite)… La liste est longue, mais pour en revenir à l’incident de la boulette de papier (à laquelle la plupart des journaux mainstream et sensationnalistes continuent de référer comme « objet non identifié »), lancée par ce « jeune radical » qui s’est « abaissé au rang de tous ceux qui commettent des actes terroristes », cet « enfant soldat » autoproclamé qui eut un jour le malheur d’avoir « la haine dans les poumons », ce « coucou » qui a agi dans des « [circonstances similaires à celles dans lesquelles] le premier ministre israélien Yitzhak Rabin avait été assassiné »… Eh bien cet incident a brillamment éclipsé, à l’échelle du Québec, l’aval du forage pétrolier à l’île naturelle d’Antiscosti, l’octroi du droit d’expropriation aux pétrolières et les coupures de 242 millions en santé commandées par le premier ministre Couillard, qui par ailleurs se sentait plutôt bien ce matin-là, malgré le traumatisme de l’éventualité d’un paper cut meurtrissant sa peau de pêche.

    #québec #homonationalisme #queertrucs

  • Les menaces du gouvernement israélien contre les défenseurs palestiniens des droits de l’homme - 2 avril |Omar Barghouti , Traduction : JPB pour l’AURDIP
    http://www.aurdip.fr/les-menaces-du-gouvernement.html

    Certains sur cette liste, y compris des journalistes, m’ont écrit ou ont exprimé leur inquiétude quant aux menaces récentes du ministre du gouvernement israélien sur le « meurtre civil ciblé » de « leaders » et de militants BDS.

    Il y a bien sûr de bonnes raisons de s’inquiéter sérieusement quand des ministres d’un gouvernement quel qu’il soit font semblables menaces contre des défenseurs des droits de l’homme. Aussi, imaginez le sérieux des menaces quand elles viennent d’un régime d’occupation, de colonialisme de peuplement et d’apartheid, de plus en plus paria et hors-la-loi, qui pratique des assassinats extrajudiciaires en toute impunité contre les Palestiniens et qui considère même les dissidents sionistes israéliens qui osent révéler les crimes de guerre israéliens – sélectionnés et auto censurés – comme des « traîtres. »

    Il vaut la peine de se souvenir qu’en 1995, le premier ministre faucon israélien Yitzhak Rabin a été assassiné par un juif israélien fanatique influencé par une campagne traitant Rabin de « traître. » Les leaders israéliens actuels se turent ou furent même impliqués dans cette campagne de provocation.

  • En #Israël, les mutations du #camp_de_la_paix
    https://www.mediapart.fr/journal/international/161215/en-israel-les-mutations-du-camp-de-la-paix

    Portrait géant d’Yitzhak Rabin lors d’une cérémonie d’hommage (Tel-Aviv, 31/10/2015) © JC Dans le contexte de nouvelles attaques au couteau à Jérusalem ou en Cisjordanie, reste-t-il un camp de la paix en Israël, vingt ans après l’assassinat de Rabin ? Sans doute résiduel, mais encore vivant, si l’on saisit qu’il change de forme comme de stratégie.

    #International #Benjamin_Netanyahou #Colonisation #Liste_commune #Liste_unie #pacifisme #Palestine #Proche-Orient #Yitzhak_Rabin

  • Drame de Douma en Cisjordanie occupée : des extrémistes juifs arrêtés - moyen orient - RFI
    http://www.rfi.fr/moyen-orient/20151203-israel-palestine-drame-douma-cisjordanie-occupee-extremistes-juifs-arre
    Avec notre correspondante à Jérusalem,Murielle Paradon

    En Israël, les services de sécurité ont annoncé ce jeudi 3 décembre l’arrestation d’extrémistes juifs, quatre mois après un incendie criminel ayant décimé une famille palestinienne dans sa maison en Cisjordanie occupée. L’affaire avait déclenché la colère des Palestiniens et passe pour être l’un des éléments déclencheurs des violences actuelles dans la région.

    Les arrestations concernent des jeunes soupçonnés d’appartenir à une organisation terroriste juive, selon les services de sécurité intérieurs israéliens. Ces jeunes seraient impliqués dans l’incendie criminel qui a décimé une famille palestinienne, les Dawabsheh, l’été dernier en Cisjordanie occupée. Le nombre et l’identité des suspects n’ont toutefois pas été dévoilés.

    Depuis le début, une chape de plomb entoure cette affaire. Il y a eu des arrestations, la mise en détention de suspects sans inculpation, puis plus rien. Il y a eu aussi des déclarations confuses d’un ministre israélien laissant à penser qu’il connaissait les coupables sans pouvoir les faire arrêter.

    Tout cela a renforcé le sentiment déjà présent chez les Palestiniens d’une justice à deux vitesses dans laquelle les extrémistes juifs pourraient commettre des crimes en toute impunité.

    Le drame de Douma, du nom du village où l’incendie a eu lieu, a profondément choqué l’opinion publique. Un bébé de 18 mois est mort brûlé vif, ses parents ont succombé à leurs blessures. Un enfant de quatre ans reste hospitalisé dans un état grave.

    #Palestine

    • Suite à une plainte de députés auprès de la Cour suprême, le Shabak arrête 2 nouveaux suspects dans les meurtres de la famille Dawabshe
      Richard Silverstein, Tikun Olam, jeudi 3 décembre 2015 - Traduction : RP pour l’AFPS
      http://www.france-palestine.org/Suite-a-une-plainte-de-deputes-aupres-de-la-Cour-supreme-le-Shabak

      La gestion de l’affaire des meurtres de la famille Dawabshe par l’appareil de sécurité israélien est au-delà du pathétique. C’est de la malfaisance pure et simple, sinon de la négligence criminelle. Pratiquement depuis que la famille est morte dans un incendie criminel dans le village de Douma, près de Naplouse (incendie qui a tué la mère, le père, et un bébé, et laissé en vie un petit orphelin) le Shabak sait qui les a assassinés. Mais il a refusé d’aller au bout de l’enquête. Pourquoi ? Le ministre de la Défense a affirmé que cela dévoilerait des méthodes des services de renseignement et compromettrait des sources.

      J’ai appris d’une source confidentielle que cela signifiait qu’il y avait un agent infiltré du Shabak parmi les comploteurs. Mais c’était encore beaucoup plus compliqué et perturbant que cela. L’agent infiltré a en réalité trahi l’agence de sécurité à peu près de la même manière qu’Avishai Raviv l’avait fait quand il a poussé Yigal Amir à assassiner Yitzhak Rabin et qu’il a « négligé » d’informer ses patrons des plans du tueur. En d’autres termes, l’homme du Shabak à l’intérieur du complot était au courant des plans de l’incendie criminel et peut même y avoir incité lui-même. Pourtant, il n’en a pas informé ses responsables, conduisant ainsi à la mort de trois Palestiniens innocents.

      On peut imaginer qu’une telle information attirerait une très mauvaise réputation à l’ensemble de l’agence, et en particulier à sa division du terrorisme juif qui employait l’espion infiltré. Cette unité a déjà l’affreuse réputation de ne pas résoudre les crimes impliquant des suspects juifs. En fait, je dirais que le travail de cette unité est presque de ne PAS résoudre ces crimes.

    • An exceptional verdict in Palestinian family’s murder proves the rule Israel won’t admit about its judiciary
      Gideon Levy | May 18, 2020 | 11:40 PM - Haaretz
      https://www.haaretz.com/israel-news/.premium-exceptional-verdict-in-palestinian-family-s-murder-proves-rule-isr

      At the only school in the world named for a toddler, the funeral was held for the child’s mother, who had died six weeks after her son.

      The burned body of Reham Dawabsheh was laid at the center of the schoolyard, surrounded by residents of her remote village sitting in a silent circle. Only her face remained peaceful and whole, the rest of her body had been torched. Reham died on her 27th birthday; four weeks earlier, her husband, Saad, had died on their wedding anniversary. Ali, their son, only a year and a half, had died first. They had all gone to sleep on the night of July 31, 2015 in their small home in the West Bank village of Duma and were burned to death. Only Ahmed, 4, survived in serious condition, the lone remnant.

      On Monday Amiram Ben-Uliel was convicted of three counts of murder, two counts of attempted murder, three counts of arson and of conspiring to commit a racially motivated crime. The young man who did renovations and was described as having “golden hands,” a follower of Rabbi Eliezer Berland and a “hilltop youth,” was found guilty and will be sentenced soon.

      The verdict portrays him as the scum of the earth, scum with a large skullcap and ritual fringes. The Lod District Court did not dismiss the possibility that he was covering up for another murderer who roams free; one Duma resident had testified that he’d seen two figures in the dark that night.

      When I visited the house in Duma that Ben-Uliel had torched with the family inside, you could still smell the smoke. The TV set was melted, the microwave charred. Ali’s stroller stood in the center of the small house, covered in a Palestinian flag as a memorial to him. On it someone had hung a family photo of the type that hangs on the refrigerator of almost every home, except everyone in the photo was dead.

      Serious Crime Case 932-01-16: The State of Israel vs. A. Ben-Uliel. In theory one could sigh with relief and even feel some satisfaction and pride. Justice was done, the murderer was convicted, and the legal system worked, even though the victims were Palestinians and the murderer was a Jew. Indeed, even a broken clock gets the time right twice a day. Monday was one of those times – the other one, if you will, was when the murderers of Mohammed Abu Khdeir were convicted.

      In both these murders, Israel acted as if its law enforcement system was equitable and just. But the clock was and still is broken, even if in this instance it showed the right time with Swiss precision. It’s no coincidence that both Ben-Uliel and Yosef Haim Ben David, Abu Khdeir’s murderer, came from the margins of the nationalist camp, nor is it a coincidence that in both cases there were minors involved. These are the dregs of the settlement-harassment enterprise, the wild weeds that render the rest of it supposedly kosher.

      Nor is it a coincidence that both these solved crimes were especially shocking, and thus got exceptional coverage in the Israeli media, despite the national origin of the victims. When a teenager is burned alive, or when a firebomb is thrown into the home of an innocent, sleeping family, one can no longer cover up, obscure, suppress or deny, even if the victims are Palestinians, even in Israel. These weren’t soldiers shooting a girl with scissors, a brigade commander shooting a fleeing teenager, or settlers who burn fields and attack shepherds. In these instances, there was no choice. There had to be an investigation, a trial and even a punishment.

      In this case everyone clucked their tongues in artificial shock, including the president and the prime minister, so the Shin Bet security service and the police had no choice but to take vigorous action, although not quite as vigorous as usual in such cases. They tortured Ben-Uliel almost as badly as they routinely torture Palestinians (which shouldn’t have happened), and they of course did not demolish his home, as they would have long ago done to the family of a Palestinian terrorist (and it’s good that they didn’t). Nor were there any calls for the death penalty – this was a Jew, after all.

      The blood of the Dawabsheh family cried out from their torched home far louder than the blood from the houses of other Palestinian victims, which is why this time, it couldn’t be covered up.

      #Amiram_Ben_Uliel

  • Des milliers d’Israéliens manifestent pour la #paix avec les Palestiniens | Courrier international
    http://www.courrierinternational.com/depeche/des-milliers-disraeliens-manifestent-pour-la-paix-avec-les-pa

    "Des milliers d’Israéliens ont manifesté samedi à Tel-Aviv pour une reprise des négociations avec les Palestiniens à l’occasion du 20e anniversaire de l’assassinat de l’ancien Premier ministre Yitzhak Rabin, grande figure de l’effort de paix"(Permalink)

    #israël #palestine

  • LA PALESTINE D’OSLO, Julien Salingue

    http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&isbn=978-2-343-04649-5

    LA PALESTINE D’OSLO
    Julien Salingue
    Bibliothèque de l’iReMMO
    HISTOIRE SCIENCES POLITIQUES MAGHREB, MOYEN ORIENT Palestine

    Le 13 septembre 1993, la poignée de mains entre Yasser Arafat et Yitzhak Rabin sur la pelouse de la Maison Blanche suscitait l’enthousiasme international. Deux décennies après les Accords d’Oslo, le « processus de paix » est en état de mort clinique. Le travail proposé ici se concentre sur une thématique trop souvent ignorée : l’échec de la construction de l’Autorité palestinienne comme pseudo-appareil d’Etat intégré au sein du dispositif de l’occupation israélienne.

    #israËl #palestine #oslo

  • Leila Farsakh : Le Processus de paix d’Oslo, une révolution sans libération

    http://blogs.mediapart.fr/edition/accords-doslo-20-ans-apres/article/021013/leila-farsakh-le-processus-de-paix-doslo-une-revolution-sans-liberat

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    Par Leila Farsakh, professeur associée en sciences Politiques à l’université du Massachusetts Boston, directrice de recherche au Centre d’études du développement à l’université de Birzeit, Cisjordanie.

    Vingt ans après la poignée de mains historique entre le Président de l’OLP Yasser Arafat, et le Premier Ministre Israélien Yitzhak Rabin, sur la pelouse de la Maison Blanche à Washington, décrire le processus de paix d’Oslo comme révolutionnaire peut sembler absurde, si ce n’est présomptueuxLe bilan des vingt dernières années a été celui de la fragmentation territoriale, de la dépendance économique et de la division politique, du moins, en ce qui concerne les Palestiniens.

    De l’autre côté, Israël a pu doubler sa population de colons illégaux dans les territoires occupés, plus que tripler son revenu par habitant, et est devenu plus que jamais oublieux des droits des Palestiniens qu’il a verrouillés derrière des centaines de checkpoints et du Mur de Séparation de 703 km. La résolution du conflit Israélo-Palestinien, sans même parler de paix, ne pourrait pas être plus fuyante aujourd’hui qu’elle ne l’était il y a 20 ans. Ceci malgré, ou plutôt à cause, du statut final, mais toujours en cours, des négociations d’Oslo qui se sont révélées peine perdue.

     Ainsi, le processus d’Oslo s’est révélé aussi important que la guerre de 1948. Il a été aussi important que la guerre de 1967, qui a permis à Israël d’occuper la Cisjordanie, la Bande de Gaza, le Sinaï et le Golan. Il s’est révélé être un événement aussi déterminant que la guerre de 1973, qui a ouvert la voie au concept de processus de paix entre Israël et ses voisins.

     Le processus de paix d’Oslo s’est montré révolutionnaire de trois manières principales. Il a transformé la façon dont le conflit est perçu et géré. Ce qui est primordial, c’est qu’il a révolutionné la solution au conflit Israélo-Palestinien. Il a marqué le début de la fin de la solution à deux États et de l’idée de division qui en est le postulat. Il s’agit tout de même d’une révolution, mais d’une révolution qui n’a pas fait naître l’indépendance, et qui n’en avait pas l’intention. En effet, le processus de paix d’Oslo a encore plus asservi les Palestiniens dans des Bantoustans de facto, sans pour autant offrir plus de sécurité aux Israéliens en ce qui concerne leur identité et leur position dans la région.❞

  • Oslo, 20 ans après : il n’y a jamais eu de processus de paix entre Israël et les Palestiniens
    http://www.juliensalingue.fr/article-oslo-20-ans-apres-il-n-y-a-jamais-eu-de-processus-de-paix-ent

    Le 13 septembre marquera le vingtième anniversaire de la poignée de mains entre Yasser Arafat et Yitzhak Rabin sur la pelouse de la Maison Blanche, saluée à l’époque comme le symbole de l’entrée dans une nouvelle ère : le « conflit israélo-palestinien » allait prendre fin, et deux États allaient bientôt coexister. Mais vingt ans après, chacun constate que les « promesses » n’ont pas été tenues et que la paix semble plus loin qu’elle ne l’a jamais été. Et de se remémorer ce moment « historique », et de se (...)