• Mayenne : « Des vaches découpées alors qu’elles sont encore vivantes », selon l’association L214 qui porte plainte contre un abattoir de Craon
    https://www.francetvinfo.fr/animaux/bien-etre-animal/maltraitance-dans-les-abattoirs/mayenne-des-vaches-decoupees-alors-qu-elles-sont-encore-vivantes-selon-

    L214 publie de nouvelles vidéos. Sur des images de l’abattoir municipal de Craon en Mayenne, l’association assure qu’on y voit « des vaches [qui] commencent à être découpées alors qu’elles sont encore vivantes, elles réagissent aux coups de couteau et à la pince guillotine lors de la découpe de leurs pattes, de leurs cornes ou de leur tête ». L214 pointe du doigt « l’absence d’intervention des services vétérinaires », qui, selon l’association de défense des animaux, « expliquent en partie cette situation effroyable ».

    France Bleu Mayenne a pu regarder ces vidéos transmises à la presse et décrit « une vache dont la corne se coince dans une grille d’affalage ». A ce moment-là, poursuit France Bleu Mayenne, « les opérateurs interviennent et finissent par égorger la bête encore vivante ». L214 porte également plainte pour les infractions commises par l’employeur envers ses salariés, dans la mesure où, selon l’association, ceux-ci se mettraient en danger « au moment de l’étourdissement des veaux, de l’accrochage des bovins, et de la saignée des animaux ».

    France Bleu Mayenne fait savoir que la mairie de Craon communiquera jeudi 18 janvier via un communiqué. Une délégation de L214 se rendra le même jour à 10h devant l’abattoir municipal dans l’espoir de rencontrer la direction. La préfecture de Mayenne indique que les services du ministère de l’Agriculture sont en train d’analyser les vidéos diffusées par L214.

    Article complété par :

    https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/des-images-dignes-d-un-film-d-horreur-une-plainte-deposee-par-l214-contre

    Et aussi (et surtout) https://www.l214.com/communications/18-eqt-abattoir-craon-animaux-decoupes-vivants

    #agroindustrie #abattoirs #département_de_la_Mayenne #élevage #boucherie #viande

    https://www.openstreetmap.org/way/75972128

    • La municipalité de Craon monte au créneau pour défendre ses abattoirs municipaux en accusant L214 d’avoir publié un faux :

      L’association L214 a publié des images qu’elle aurait tournées dans l’abattoir municipal de Craon, ce jeudi 18 janvier 2024. Elle y dénonce les conditions de mises à mort des animaux. Des accusations réfutées en bloc par la Ville de Craon, qui rappelle que de lourds investissements ont été menés pour répondre « aux nouvelles normes en termes de bientraitance animale ». La préfecture affirme de son côté que les installations présentées dans la vidéo ne sont pas celles actuellement en service.

      https://laval.maville.com/actu/actudet_-abattoir-en-mayenne-vise-par-l214-les-installations-presente

  • Bilan provisoire d’une répression sanguinaire
    https://contre-attaque.net/2023/08/01/bilan-provisoire-dune-repression-sanguinaire

    Pendant que les policiers se mettent en arrêt maladie pour obtenir les pleins pouvoirs, le bilan de la répression qui a frappé les banlieues entre le 27 juin et le 2 juillet dernier ne cesse de s’alourdir. En voici un aperçu provisoire :

     ???? Aimène, a reçu un tir en pleine tête du RAID à Mont Saint-Martin, en Lorraine, le 30 juin. Il sortait du travail, et était avec des amis en voiture. Aimène est plongé dans le coma suite à ce tir.

     ???? Hedi, est laissé pour mort 1er juillet à Marseille après avoir reçu un tir puis passé à tabac par une équipe de la BAC. Il sombre dans le coma et frôle la mort.

     ???? Jalil est âgé de15 ans. À Chilly-Mazarin dans l’Essone, dans la nuit du 1er au 2 juillet, il est éborgné par le tir d’un CRS. L’adolescent a eu l’impression de mourir.

     ???? Nathaniel est éborgné dans la nuit du 28 au 29 juin à Montreuil, alors qu’il sortait de soirée. Il subit une rupture du globe oculaire et de multiples fractures.

     ???? Abdelkarim a perdu son œil la nuit du 30 juin au 1er juillet à Marseille, suite à un tir policier.

     ???? Virgil, ancien militaire, est éborgné dans la nuit du 29 au 30 juin 2023, à Nanterre, après la marche blanche pour Nahel.

     ???? Dès le 27 juin, un autre jeune homme est éborgné à Nanterre. Une vidéo montre un très jeune garçon évacué sur un fauteuil avec une blessure saignante à l’œil. Son nom n’est pas connu.

     ???? Mehdi a été éborgné par LBD à Saint-Denis. C’était le mercredi 28 juin au soir. L’impact du tir l’a gravement blessé à l’œil et à la tempe droite. Il est laissé au sol, se réfugie dans une école et appelle les secours seul.

     ???? À Angers le 3 juillet, un homme de 32 ans est éborgné par un tir de LBD dans le centre-ville, alors que la police protégeait un local d’extrême droite. Au même moment, un autre homme est gravement blessé par un autre tir de LBD qui lui fracture le visage.

     ???? Aux Ulis, en région parisienne, une femme qui rentrait du travail, dans sa voiture, a reçu un tir du RAID en pleine tête.

     ???? Le 30 juin à Villejuif, des morceaux de main sont retrouvés dans la rue. Un journaliste de Cnews, informé par la police, parle d’un « morceau de phalange et les restes de grenade » qui « ont été prélevés » par la police pour retrouver la victime, qui ne s’est pas manifestée.

     ???? Dans la nuit du 1er au 2 juillet : Mohamed, livreur de 27 ans, père d’un fils de deux ans et qui attendait un autre enfant, est tué par un tir de LBD. Alors qu’il circulait à scooter ce soir là, il est retrouvé mort, avec le choc d’une balle en caoutchouc dans le thorax. Les dernières images retrouvées dans son téléphone sont une vidéo de policiers arrêtant un homme, filmées quelques minutes avant qu’il ne soit retrouvé.

    Et ce ne sont que les cas CONNUS. Ceux qui ont osé parler, dont les proches ont déposé une plainte ou qui se sont montré dans les médias. Certains blessés viennent seulement de se faire connaître, quatre semaines après les faits. Ce ne sont probablement qu’une infime partie des vies brisées par la police lors de ces nuits de révolte, l’immense majorité des victimes préférant rester discrètes par peur de représailles ou de poursuites.

    En quatre nuits seulement, la police française a fait couler le sang de dizaines de personnes dans les banlieues françaises. Contre les corps non-blancs, les habitant-es des périphéries ou les révolté-es face à l’exécution d’un adolescent, c’est une sauvagerie totale qui a été déployée par le pouvoir.

    • Appel à une marche unitaire le 23 septembre de nombreux mouvements de quartiers populaires, associatifs, syndicaux, politiques.
      Pour mettre à bas le racisme systémique et les violences policières. Pour les libertés.
      Pas de justice, pas de paix.
      Avec la France Insoumise nous en sommes !

      https://twitter.com/TrouveAurelie/status/1686376682582876163

      « La lutte continue : ce nouvel élan, à l’échelle nationale, à l’appel d’un front uni, populaire, syndical et politique est signe d’espoir et soutien pour celles et ceux qui croit qu’un autre monde est possible !

      Rendez-vous dans la rue les camarades. »

      « La gauche est là, mais le PS n’a pas signé. Parce que la marche demande l’abrogation du permis de tuer aux policiers voulu par Cazeneuve ? Si le changement de ligne d’ Olivier Faure est sincère, il faut de la clarté sur ce point décisif.

      [Le PCF n’est pas là non plus, mais bon 🙄] »

    • Le Gisti (Groupe d’information et de soutien des immigré·e·s) milite pour l’égal accès aux droits et à la citoyenneté sans considération de nationalité et pour la liberté de circulation.

      L’association se veut un trait d’union entre les spécialistes du droit et les militant⋅e⋅s : la présence en son sein de nombreux juristes, praticien⋅ne⋅s ou universitaires, place le Gisti dans la position revendiquée de l’« expert militant », alliant de façon étroite l’analyse juridique et le travail de terrain, l’usage du droit comme arme ou levier et la participation au débat public.

      L’activité du Gisti se décline autour de plusieurs pôles : conseil juridique, formation, publications, actions en justice, à quoi s’ajoute le travail au sein de collectifs ou réseaux interassociatifs.

    • a priori beaucoup de gens ici connaissent le Gisti depuis belle pâquerette, mais toi, @marielle, personne ne connait ton avis sur le chauvinisme, les variantes françaises du nationalisme, ni à quel point tu tolères le confusionnisme (grosso merdo : « dynamique de recoupements de récits issus de traditions politiques différentes, souvent antagoniques ») puisqu’à toute question à ce sujet tu sembles te garder de répondre autrement qu’en parlant d’autre chose. c’est dommage. mais réparable.

    • Ah ben me voilà soumise à la Question maintenant ! ( La tolérance du confusionnisme à gauche : un fait nouveau selon Philippe Marlière Prendre au sérieux le « confusionnisme politique » )

      https://seenthis.net/messages/1011569 (Du fascisme en France par Alexis Poulin)

      Et bien l’essentiel est de ne pas perdre ses repères politiques !

      Remettre en cause le capitalisme c’est bien sûr s’attaquer aux structures sociales de domination et d’exploitation (critique sociale Marxiste, propriété collective des moyens de production...)
      Et ne jamais se désintéresser des discriminations raciales du racisme et de l’islamophobie, des migrants qui meurent par centaines...

      Faire le pari du Nous, comme le résume Houria Bouteldja dans Beauf et barbares

      « Je l’avoue, c’est un bien curieux mot que ce “nous”. À la fois diabolique et improbable. Au moment où d’un côté, les “je” et les “moi” plastronnent, et où de l’autre, le “nous” de la suprématie blanche s’épanouit, il est même presque incongru. Surtout quand on sait que les différentes composantes et sous-composantes de ce grand “nous” – fanonien – sont aussi incertaines les unes que les autres. Le “nous” des classes populaires blanches ? Improbable. Celui des indigènes ? Encore plus. La rencontre de ces deux “nous” : une douce naïveté. Leur union au sein d’un bloc historique ? Une utopie. Mais si j’ai grand-peine à me convaincre qu’une telle unité soit possible, je ne me résous pas à l’idée que tout n’aura pas été tenté. Aussi, faut-il commencer par ce qui l’empêche. » C’est peu dire que le terrain est miné : un État-nation bâti sur l’esclavage et la colonisation, des organisations politiques fidèles au pacte national-racial, un chauvinisme de gauche qui a progressivement éteint l’internationalisme ouvrier, une société civile indifférente aux ravages de l’impérialisme, et la profonde « asymétrie des affects » entre petits Blancs et sujets postcoloniaux. Telles sont quelques- unes des manifestations de « l’État racial intégral » disséqué dans la première partie de ce livre. La seconde partie propose une réflexion stratégique sur son dépassement car, on l’a vu encore récemment, l’État racial intégral comporte des brèches, colmatées faute d’avoir été consciemment élargies. C’est là qu’il faut « enfoncer le clou et aller à la recherche de l’intérêt commun », construire une politique décoloniale, inventer une dignité blanche concurrente de celle de l’extrême droite, défendre l’autonomie indigène et accepter de se salir les mains en ferraillant contre le consensus raciste. Alors, face au bloc bourgeois occidental ébranlé par les crises qu’il a lui-même provoquées, pourra se nouer l’alliance inédite des beaufs et des barbares.

      Mais il faut savoir raison garder, par exemple se revendiquer d’un souverainisme de Gauche, critiquer l’Union européenne et la mondialisation néolibérale comme Lordon, Ruffin, Poulin... n’implique pas de glissements progressifs à l’extrême-droite, tout au moins pour ces personnes en particulier...

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      https://seenthis.net/messages/1011830#message1012002

      Ce qui est irréparable c’est de porter des jugements malveillants sur des personnes dont on ne connaît rien d’elles qui in fine contribuent à jeter le discrédit sur sa propre personne !

    • Non rien est clair !

      Définition du souverainisme de gauche par Lordon.

      La souveraineté vue de gauche, elle, n’a pas d’autre sens que la souveraineté du peuple, c’est-à-dire l’association aussi large que possible de tous les intéressés à la prise des décisions qui les intéressent. Le souverainisme de droite n’est donc rien d’autre que le désir d’une restauration (légitime) des moyens de gouverner mais exclusivement rendus à des gouvernants qualifiés en lesquels « la nation » est invitée à se reconnaître – et à s’abandonner. Le souverainisme de gauche est l’autre nom de la démocratie – mais enfin comprise en un sens tant soit peu exigeant.

      Faute de ces élémentaires distinctions, une partie de la gauche en est venue à ostraciser l’idée de souveraineté quand elle prétend par ailleurs lutter pour une extension de la démocratie… qui n’en est que le synonyme ! Démocratie, souveraineté populaire : une seule et même idée, qui est celle de la maîtrise par une communauté de son propre destin. On mesure donc les effets de captation et de terrorisme intellectuels de l’extrême droite, et les effets de tétanie de la gauche critique, à cette aberration d’auto-censure et d’intoxication qui a conduit cette dernière à abandonner l’idée de souveraineté, faute d’être simplement capable de se souvenir que, sous l’espèce de la souveraineté populaire, elle est l’une de ses propres boussoles idéologiques depuis la Révolution française !

      https://blog.mondediplo.net/2013-07-08-Ce-que-l-extreme-droite-ne-nous-prendra-pas

      Passage pointé aussi par BigGrizzli ! déjà en juillet 2013 !

      https://seenthis.net/messages/156903

    • Et pour un peu plus de Clarté !
      https://blog.mondediplo.net/2015-08-26-Clarte

      Des signifiants disputés

      Le drame politique se noue véritablement quand la confusion n’est plus seulement alimentée par ce qu’on appellera la droite générale – où le PS se trouve évidemment inclus – mais depuis la gauche également, et sous deux formes diamétralement opposées : l’entêtement de la gauche alter-européiste à « changer l’euro », la perdition d’une autre gauche dans la tentation, pour le coup, oui, monstrueuse, de l’alliance avec le Front national.

      À sa manière à elle, la gauche alter-européiste aura ajouté foi au discours eurolibéral de la droite générale en rabattant, exactement comme cette dernière, tout projet de sortie de l’euro sur le fléau du « nationalisme ». C’est qu’en des temps de vacillation intellectuelle, la catastrophe idéologique était vouée à se nouer autour de deux signifiants disputés : « nation » et « souveraineté ». Disputés en effet puisque, pour chacun de ces termes, l’unicité nominale masque une dualité de lectures possibles qui soutiennent des mondes politiques radicalement antinomiques. Entre la nation substantielle, confite en ses mythes identitaires et éternitaires, et la nation politique, rassemblant les individus dans l’adhésion à des principes, sans égard pour leurs origines, bref entre la nation de Maurras et celle de Robespierre, il n’y a pas qu’un gouffre : il y a une lutte inexpiable. Et de même entre la souveraineté comprise comme apanage exclusif des élites gouvernementales et la souveraineté conçue comme idéal de l’auto-gouvernement du peuple. « Nation » et « souveraineté » ne disent rien par eux-mêmes, ils ne sont que des points de bifurcation. Ils ne parlent que d’avoir été dûment qualifiés, et alors seulement on sait vers quoi ils emmènent.

      Dans ces conditions, la faute intellectuelle de l’alter-européisme est triple : il a manqué à voir la dualité du signifiant « nation souveraine », abandonné à la droite d’en imposer sa lecture, et par cet abandon même trahi son propre legs historique : car en France la nation souveraine naît en 1789, elle se constitue comme universalité citoyenne, elle exprime le désir de l’autonomie politique, désir d’un peuple en corps de se rendre maître de son destin, bref elle est de gauche.

      Et par l’effet d’une incompréhensible démission intellectuelle, elle n’est désormais plus que de droite... Il est vrai qu’un internationalisme mal réfléchi n’a pas peu contribué à faire méconnaître (1), en réalité à faire oublier, que la souveraineté comme auto-gouvernement suppose nécessairement la clôture relative – relative, car toujours ouverte à quelque degré sur son dehors – d’une communauté sur un ressort fini. Le genre humain unifié n’existe pas, il ne soutient aucune politique possible, ou bien à un terme (hypothétique) bien fait pour éternellement différer tout retour de la politique – essence du jacquattalisme et de ses rassurants messages : la mondialisation est notre horizon indépassable, certes elle nous a un peu débordés, mais le gouvernement mondial nous permettra d’en reprendre le contrôle… dès qu’il sera advenu ; en attendant : patience… et courage.

      On dira que l’Europe se présente précisément comme une solution accessible de régulation de la mondialisation néolibérale. Sans même discuter qu’en cette matière l’Union européenne n’est pas faite pour réguler, mais pour relayer et amplifier, il faut avoir l’étroitesse de vue de l’européisme le plus béat, mais aussi bien de l’alter-européisme le plus angoissé, pour ne pas voir ce paradoxe élémentaire que le projet européen est national-souverainiste dans son essence ! Ne se propose-t-il pas de fonder sur un périmètre fini – car « l’Europe » s’arrêtera bien quelque part – une communauté politique souveraine, et par là une citoyenneté d’appartenance – européenne ? Soit, non pas du tout le « dépassement de l’Etat-nation », comme le bredouillent Habermas et ses épigones français, mais le simple redéploiement, éventuellement sous une autre forme, de son principe à une échelle étendue… Et les Etats-Unis d’Europe ne seront que le reflet transatlantique des Etats-Unis d’Amérique, dont on aura du mal à dire qu’ils dépassent quoi que ce soit en cette matière : ne sont-ils pas connus comme l’une des réalisations les plus agressives du souverainisme statonational ? – on mesurera par là le degré de confusion conceptuelle qui, de tous bords, afflige la question européenne.

    • Et pour mieux connaître la pensée politique d’Houria Bouteldja

      « Classe, race et genre sont des modalités du même système d’exploitation au service de la bourgeoisie »

      https://www.jeuneafrique.com/1444955/culture/houria-bouteldja-classe-race-et-genre-sont-des-modalites-du-meme-syste

      La militante vient de publier un nouvel essai, véritable succès de librairie : « Beaufs et Barbares, le pari du nous ». La cofondatrice du parti des Indigènes de la République, qu’elle a quitté en 2020, détaille ici quelques éléments de sa pensée politique.

      Depuis l’appel des indigènes de la République en 2005, Houria Bouteldja ne laisse personne indifférent. « Indigéniste » et provocatrice pour ses détracteurs, militante décoloniale pour des intellectuels et militants marxistes anti-impérialistes, sa pensée se décline à travers des tribunes, des débats, des interventions publiques en France et à l’étranger. Et dans des livres : en 2016, elle avait publié Les Blancs, les Juifs et nous : vers une politique de l’amour révolutionnaire, traduit en plusieurs langues et qui avait suscité de vives polémiques. Début 2023, elle a sorti Beaufs et Barbares, le pari du nous.

      L’essai à la fois analytique et programmatique est un succès en librairie. Dans sa première partie, Bouteldja définit les conditions historiques ayant permis de mettre en place ce qu’elle appelle « L’État racial intégral ». Puis, reprenant à son compte la formule d’Antonio Gramsci sur le pessimisme de la raison, elle forme le pari d’unir dans une convergence des luttes les « beaufs » et les « barbares », c’est-à-dire les prolétariats blancs et non-blancs.

      Houria Bouteldja, franco-algérienne, se situe elle-même comme objet de la construction socio-historique de la race. « Je suis une blanchie, dit-elle. En tant qu’ancienne colonisée, une part de moi appartient à l’histoire coloniale. Mais une autre partie appartient à l’histoire impériale, c’est-à-dire qu’en tant que Française, je suis de ceux qui profitent des rapports Nord-Sud. Par conséquent, je ne peux pas me permettre de dire ‘ mes frères et mes sœurs africains’. » Tout en admettant ce déterminisme, elle se veut aussi sujet, en tant que militante : « Mon combat consiste, en ciblant l’impérialisme, de pouvoir redire un jour que je suis leur sœur, mais je dois payer le prix de cette fraternité. » C’est à la fois sa vision et son projet qu’elle nous détaille en interview.

      Jeune Afrique : Vous avez été invitée par Le Média, vous êtes en pleine tournée des libraires, vous revenez de l’université américaine de Yale… Bénéficiez-vous de relais que vous n’aviez pas jadis ?

      Houria Bouteldja : Je suis depuis longtemps invitée dans des universités en Europe, en Amérique, en Australie… Le problème, c’est la France. Cela dit, j’ai le sentiment que l’accueil a en partie changé. Mon précédent livre, Les Blancs, les Juifs et nous : vers une politique de l’amour révolutionnaire, a été boycotté par les libraires. Ce n’est plus le cas avec le dernier, qui ne souffre pas des mêmes attaques outrancières. Je rencontre un public très nombreux, divers, intéressé par la problématique du livre. Pour autant, aucun média de presse écrite de gauche n’a fait de recension. S’y sont seulement intéressés des journaux de droite et d’extrême-droite, avec la mauvaise foi qui les caractérise, et des médias dits communautaires. Seul Le Média m’a invitée. J’interprète cette ostracisation comme une lâcheté.

      Pourquoi avez-vous choisi le titre Beaufs et Barbares ?

      Ce sont avant tout des catégories qui ont été construites par le mépris de classe et par le mépris de race. « Beaufs », regroupe les petits blancs. « Barbares », les non-blancs. Les deux catégories constituent le prolétariat français. Ce ne sont pas des caractérisations officielles, mais tout le monde sait instinctivement ce que ces termes signifient. Ils recouvrent une réalité sociale dans notre territoire mental.

      Quand vous est venue cette idée du « pari du nous » entre beaufs et barbares ?

      Ce n’est pas nouveau. L’appel des indigènes de la République faisait déjà ce pari. Nous écrivions dès 2005 qu’il fallait aller vers la convergence des luttes. Le constat de départ était que l’« indigénat » n’était pas organisé politiquement et qu’il était nécessaire de créer un rapport de force. Comme l’affirmait le sociologue algérien Abdelmalek Sayad, « exister, c’est exister politiquement ». Tant que l’on n’existe pas politiquement, on ne peut pas prétendre à la convergence vers le prolétariat français. C’est un préalable à l’alliance pour constituer ce que nous appelons une « majorité décoloniale ».

      Vous écrivez que c’est Alain Soral qui a vu la possibilité de l’alliance des beaufs et des barbares…

      Soral a su capter les affects négatifs des petits blancs et des indigènes, des hommes en particulier. Il est le premier à avoir fait converger deux catégories antagonistes, au sens où elles ne sont pas politiquement unies. Beaufs et barbares sont socialement en bas de l’échelle sociale mais ne sont pas alliés dans la lutte. Si l’on n’est pas capable de capter les affects, on ne peut pas faire de politique et, en cela, l’extrême-droite a hélas une avance sur l’extrême-gauche.

      Vous commencez votre livre en citant un hadith rapporté par Mouslim et l’Apocalypse selon Saint-Jean. Votre analyse est marxiste. N’est-ce pas contradictoire, puisque Karl Marx qualifiait la religion d’« opium du peuple » ?

      Des synthèses ont été faites en Amérique latine entre marxisme et théologie de la libération. Je ne vois aucun problème à la fusion des deux. La séparation entre le matériel et le spirituel est une idée très moderne, très occidentale et particulièrement française. Il est possible de construire un projet politique avec des références religieuses et spirituelles. La modernité occidentale nous assèche moralement et spirituellement, elle a combattu toutes les formes de transcendance concurrentielle. On a une seule divinité légitime, le capitalisme.

      Vous évoquez la trahison de la Troisième Internationale par le PCF et la CGT à part deux épisodes, la guerre du Rif et l’Étoile nord-africaine. Pourquoi alors faire confiance à la gauche ?

      Contrairement à ce que préconise l’idée communiste, le communisme réel s’est laissé nationaliser. Il a perdu son horizon internationaliste. Cette nationalisation s’est faite sur le dos des peuples sous domination impérialiste. Ce qui est négocié entre la bourgeoisie et la société politique, c’est le partage de la rente impérialiste, ce qui signifie que le monde ouvrier blanc n’est pas innocent. Mais nous avons en commun avec l’idée communiste d’être anticapitaliste. Si on veut combattre la modernité occidentale, qui est à l’origine de la disparition de peuples entiers, de massacres génocidaires, de la dévastation de la Terre, des guerres, de la colonisation, de l’esclavage, on doit s’opposer radicalement à la base de son système économique qui est le capitalisme. Maintenant, il ne s’agit pas de faire confiance à la gauche, il s’agit de la transformer.

      Je vous cite : « Avec les blancs, petits et grands, au travers de leurs organisations ou de leurs représentations diverses, il faut toujours rester aux aguets. Ni complaisance, ni paranoïa. » Le pari du nous est-il un acte de foi ?

      C’est absolument un acte de foi. À partir du moment où on se dit militant, on cherche l’espoir. Une idée est au fondement de ma pensée : les choses ne sont pas figées. Même s’il y a un État racial intégral qui fait peser d’énormes déterminismes sur nous, cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’espace de liberté et de choix. À partir du moment où les catégories raciales sont construites, cela veut dire aussi qu’on peut les déconstruire. Qu’est-ce qui peut le permettre ? La lutte.

      Vous parlez de l’asymétrie des affects entre « Beaufs et Barbares », les blancs étant chargés de négativité. Cela est-il de nature à vous inquiéter ?

      Les signaux indiquant que nous avons raison de croire existent, comme le mouvement des « gilets jaunes ». L’opinion française subit une offensive islamophobe incroyable depuis 25 ans. On aurait pu croire que la priorité des petits blancs serait de militer contre les Musulmans. Mais pas du tout, les manifestants avaient des griefs contre l’État et la vie chère. Ils visaient le gouvernement. Cela ne signifie pas qu’ils n’étaient pas du tout islamophobes mais que leur priorité n’était pas là. C’est ce qui me rend optimiste. Je pense qu’une part du peuple peut être transformée positivement si tant est que l’on soit capable de lui proposer un projet.

      Vous écrivez : « Voter dans une démocratie occidentale, c’est voter blanc ». Est-ce toujours le cas ?

      Oui. Telles que les élections sont organisées et tel que le champ politique est constitué, lorsqu’on vote, on vote blanc. Dans mon livre, j’ai aussi précisé que « voter extrême-gauche, c’est rare ». Quand on vote pour l’extrême-gauche, on vote moins blanc que le reste car elle est censée être internationaliste, même si elle a ses angles morts eurocentrés. C’est néanmoins le camp politique qui permet le plus de s’arracher à la blanchité.

      Pouvez-vous nous expliquer ce que vous appelez « blanchité » ?

      Noir ou blanc, tout est construction. Ce sont des catégories produites par l’Histoire, en l’occurrence l’histoire de l’esclavage et de la colonisation. Elles ne sont pas figées. Les Irlandais n’ont pas toujours été blancs, ils le sont devenus quand ils sont allés en Amérique. Pour acquérir un statut social aux États-Unis, il fallait avoir des esclaves noirs et c’est pour cela que les Irlandais sont devenus blancs. Ils auraient pu rester des esclaves blancs, le processus de racialisation a transformé le critère de peau en critère social.

      Vous vous inscrivez d’ailleurs en faux contre l’idée que l’on vous prête parfois de hiérarchiser entre classe, race et genre…

      En effet, il n’y a pas de hiérarchie : classe, race et genre sont des modalités du même système d’exploitation au service de la bourgeoisie. Parfois, cela prend le visage de la classe, parfois de la race, parfois du genre, mais tout est imbriqué. Le but est que la classe dirigeante tire profit des différentes formes d’exploitation, qu’elle met en opposition par ailleurs.

      Comment pourrait-on ne plus voter blanc ?

      Il faudrait qu’émerge une proposition décoloniale anti-impérialiste, qui remette en cause les structures de l’État-nation, le racisme structurel de l’État français et son hétérosexisme.

      Vous avez appelé à voter pour Jean-Luc Mélenchon. Est-ce aussi voter blanc ?

      Voter Mélenchon, c’est toujours voter blanc, cela ne fait aucun doute. Il reste dans le champ politique blanc, au sens où il ne fait pas pour l’instant de proposition anti-impérialiste, ne remet pas en cause la domination française, la Françafrique. Toutefois, Mélenchon, représentant la gauche radicale la plus puissante, est celui qui va le plus loin dans une proposition antiraciste, lorsqu’il dénonce les violences policières et l’islamophobie. C’est lui qui fait la proposition politique la plus intéressante aux non-blancs aujourd’hui. Dont acte.

      Selon vous, le défaut dans la cuirasse de l’État racial intégral est l’Union européenne. Pourquoi souhaitez-vous un Frexit ?

      Ce que le Frexit apporte dans un premier temps, c’est la fragilisation du bloc au pouvoir. Au sortir de la guerre en 1945, parce que les nations coloniales perdaient leurs colonies et donc leur avantage économique, elles ont décidé de rassembler leurs forces autour de l’Union européenne pour maintenir leur domination sur le Sud. Le projet européen est d’abord un projet impérialiste et capitaliste. Je suis une anti-impérialiste, donc je suis contre l’Europe par principe, qui continue d’imposer des traités parfaitement inégaux aux pays du Sud. On les exploite et on les vole, quand on n’envoie pas directement nos armées et nos bombes.

      La deuxième chose est qu’à partir du moment où j’identifie l’Europe comme le lieu de la solidarité des nations capitalistes, je sais que le refus de cette Europe et le retour à l’échelle nationale est une manière de fragiliser les élites au pouvoir, qui ont un désir d’Europe. En revanche, les classes populaires, qu’elles soient de sensibilité d’extrême-droite ou de gauche, ont voté ensemble contre le traité constitutionnel de 2005. Une conscience de classe pousse les classes populaires à être contre l’Europe. Il y a un désir de retourner à la nation. L’Europe, anti-démocratique, est une entrave à la puissance populaire. Dans les banlieues périphériques ou dans les campagnes, les directives européennes libérales nous obligent à fermer nos services publics, comme nos hôpitaux, nos crèches… Revenir à l’échelle nationale, c’est une manière de rapatrier le pouvoir et de le garder à vue. Mais revenir à l’échelle de la nation, c’est aussi pour mieux la combattre.


      Quelle est la différence avec d’autres partis qui proposent un Frexit ?

      L’extrême-droite propose un Frexit d’extrême-droite, on doit lui proposer un Frexit décolonial. À l’origine du désespoir, notamment chez les petits blancs, il y a la perte de puissance, la prise de conscience que plus personne n’a de pouvoir sur la transformation sociale. Il faut reconnaître le désir de nation et ne pas le laisser dans les mains de l’extrême-droite qui sait le mieux en tirer parti en flattant les tendances nationalistes du petit peuple. [ Tiens, une référence à Lordon : Ce que l’extrême droite ne nous prendra pas ] Ce qui compte dans le Frexit, ce n’est pas tant le nom mais le contenu politique. Pour le moment, nous n’avons que des exemples de droite, comme le Brexit qui est une catastrophe, mais cela ne veut pas dire que nous pouvons pas penser d’autres projets.

      Vous êtes pour le panafricanisme. Comment doit-il se constituer ?

      Le panafricanisme est l’affaire des Africains, je n’ai pas à le définir. Nous avons rompu avec cette espèce de paternalisme qui consiste à donner des leçons au Sud. Le Sud mène ses révolutions avec son propre agenda. Je vis en Europe, ma priorité est l’impérialisme de mon État. Quand je dis que je lutte contre l’Europe impérialiste, ça veut dire que je veux desserrer l’étau européen sur l’Afrique. Mais je le ferai à partir d’ici, c’est ma meilleure manière d’être anti-impérialiste.

      Beaufs et barbares. Le pari du nous , d’Houria Bouteldja, La fabrique éditions, essai, 262 pages, 13 euros

    • @marielle : merci pour ton partage de l’article de Contre-Attaque. C’est très utile d’avoir sous les yeux tous les (mé)faits commis par cette police, ne serait-ce que pour remettre les pendules à l’heure auprès de certaines petites crapules qui se cachent derrière le masque « syndicaliste » (policier) pour instiller le chaos social dans ce pays.

    • Impossible à défendre ! Même sans avoir vu l’entretien. Il est vrai que cette annonce d’ interview a provoqué chez moi un certain malaise car je n’apprécie point le personnage Raoult. D’autant plus qu’elle était annoncée sans concessions ! Mais visiblement ce n’était pas le cas selon Gaston Lefranc :

      https://twitter.com/GastonLefranc/status/1688790359827185664
      On a connu mieux comme interview « sans concession »...

      https://video.twimg.com/ext_tw_video/1688551474421198849/pu/vid/320x320/2HYU7O3o7Ga1RsMW.mp4?tag=12

  • Mort de François Hadji-Lazaro, fondateur du groupe de rock Les Garçons Bouchers – Libération
    https://www.liberation.fr/culture/musique/mort-de-francois-hadji-lazaro-fondateur-du-groupe-de-rock-les-garcons-bou
    https://www.liberation.fr/resizer/rL39Xu4ro4b1kbep5Wbp0TJfk_w=/377x212/filters:format(jpg):quality(70):focal(1792x1045:1802x1055)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/WMZAG7WFP5AWLNWLD7HU5DSXFE.jpg

    François Hadji-Lazaro était une figure du rock alternatif en France. Le musicien et chanteur est mort ce samedi 25 février à l’âge de 66 ans. A ce stade, la cause de son décès n’a pas été rendue publique. L’annonce est tombée sur Facebook, rédigée par Stef Gotkovski, saxophoniste et ex-membre des Garçons Bouchers, le groupe fondé par François Hadji-Lazaro au mitan des années 1980 : « En tant qu’ex-chef de la Propagande du Label Boucherie Productions, et accessoirement saxo faux Nietzsche des groupes Garçons Bouchers et Pigalle, et surtout en tant qu’ami de si longue date du Monsieur qu’on appelait Gros François, je me dois d’annoncer avec ce post (il fait Foi) le décès un peu avant minuit de François Hadji Lazaro ou Attilazaro selon l’humeur. »

  • Theobald Tiger (Kurt Tucholsky), Gebet nach dem Schlachten,
    Die Weltbühne, 07.08.1924, Nr. 32, S. 233
    http://www.zeno.org/Literatur/M/Tucholsky,+Kurt/Werke/1924/Gebet+nach+dem+Schlachten

    Kopf ab zum Gebet!

    Herrgott! Wir alten vermoderten Knochen

    sind aus den Kalkgräbern noch einmal hervorgekrochen.

    Wir treten zum Beten vor dich und bleiben nicht stumm.

    Und fragen dich, Gott:

    Warum –?

    Warum haben wir unser rotes Herzblut dahingegeben?

    Bei unserm Kaiser blieben alle sechs am Leben.

    Wir haben einmal geglaubt . . . Wir waren schön dumm . . . !

    Uns haben sie besoffen gemacht . . .

    Warum –?

    Einer hat noch sechs Monate im Lazarett geschrien.

    Erst das Dörrgemüse und zwei Stabsärzte erledigten ihn.

    Einer wurde blind und nahm heimlich Opium.

    Drei von uns haben zusammen nur einen Arm . . .

    Warum –?

    Wir haben Glauben, Krieg, Leben und alles verloren.

    Uns trieben sie hinein wie im Kino die Gladiatoren.

    Wir hatten das allerbeste Publikum.

    Das starb aber nicht mit . . .

    Warum –? Warum –?

    Herrgott!

    Wenn du wirklich der bist, als den wir dich lernten:

    Steig herunter von deinem Himmel, dem besternten!

    Fahr hernieder oder schick deinen Sohn!

    Reiß ab die Fahnen, die Helme, die Ordensdekoration!

    Verkünde den Staaten der Erde, wie wir gelitten,

    wie uns Hunger, Läuse, Schrapnells und Lügen den Leib zerschnitten!

    Feldprediger haben uns in deinem Namen zu Grabe getragen.

    Erkläre, daß sie gelogen haben! Läßt du dir das sagen?

    Jag uns zurück in unsre Gräber, aber antworte zuvor!

    Soweit wir das noch können, knien wir vor dir – aber leih uns dein Ohr!

    Wenn unser Sterben nicht völlig sinnlos war,

    verhüte wie 1914 ein Jahr!

    Sag es den Menschen! Treib sie zur Desertion![437]

    Wir stehen vor dir: ein Totenbataillon.

    Dies blieb uns: zu dir kommen und beten!

    Weggetreten!

    #première_guerre_mondiale #boucherie #poésie #1924

  • Ignaz Wrobel (Kurt Tucholsky), Les Abattoirs, Die Weltbühne, 08.09.1925, Nr. 36, S. 367
    http://www.zeno.org/Literatur/M/Tucholsky,+Kurt/Werke/1925/Les+Abattoirs

    Ein grüngrauer, stumpfer Himmel liegt über La Villette, dem Arbeiterviertel im Nordosten der Stadt. Ein Stückchen Kanal durchschneidet quer die Straßen, von hier fahren die Kähne mit dem Fleisch durch rußige Wiesen. Es ist sieben Uhr früh.

    Gegenüber dem begitterten Eingang zu den dunkeln Gebäuden des Schlachthofes hocken, sitzen, bummeln vor den Caféhäusern merkwürdige Männer und Frauen. Viele haben blutbespritzte Hosen, blutgetränkte Stiefel, ein grauer Mantel bedeckt das ein wenig. Einer ist nur in Jacke und Hose, unten ist er rot, als habe er in Blut gewatet, auf dem Kopf trägt’ er eine kleine, runde, rote Mütze – er sieht genau aus wie ein Gehilfe von Samson. Er raucht. Eine Uhr schlägt.

    Die Massen strömen durch die große Pforte, hinten sieht man eine Hammelherde durch eine schattige Allee trappeln, mit raschen Schritten rücken die Mörder an. Ich mit.

    Über den großen Vorhof, flankiert von Wärter- und Bürohäuschen, an einer Uhrsäule vorüber, hinein in die ›carrés‹. Das sind lange Hallen, nach beiden zugigen Seiten hin offen, hoch, mit Stall-Löchern an den Seiten. Hier wird geschlachtet. Als ich in die erste Halle trete, ist alles schon in vollem Gange. Blut rieselt mir entgegen.

    Da liegt ein riesiger Ochs, gefesselt an allen vieren, er hat eine schwarze Binde vor den Augen. Der Schlächter holt aus und jagt[205] ihm einen Dorn in den Kopf. Der Ochse zappelt. Der Dorn wird herausgezogen, ein neuer, längerer wird eingeführt, nun beginnt das Hinterteil des Tieres wild zu schlagen, als wehre es sich gegen diesen letzten, entsetzlichen Schmerz.

    Eine Viertelminute später ist die Kehle durchschnitten, das Blut kocht heraus. Man sieht in eine dunkle, rote Höhle, in den Ochsen hinein, aus dem Hohlen kommt das Blut herausgeschossen, es kollert wie ein Strudel, der Kopf des Ochsen sieht von der Seite her zu. Dann wird er gehäutet. Der nächste.

    Der nächste hat an der Stalltür angebunden gestanden mit seiner Binde. Die ist ihm jetzt abgenommen, er schnüffelt und wittert, mit geducktem Hals sieht er sich den Vorgänger an, der da hängt, und beriecht eine riesige weiße Sache: einen Magen, der, einer Meeresqualle gleich, vor ihm auf dem Steinboden umherschwimmt.

    Auf einem Bock liegen drei Kälbchen mit durchschnittenen Kehlen, noch lange zucken die Körper, werfen sich immer wieder. Rasch fließt das Blut mit Wasser durchmischt in den Rinnsalen ab. Dort hinten schlachten sie die Hammel.

    Zu acht und zehn liegen sie auf langen Böcken, auf dem Rücken liegen sie, den Kopf nach unten, die Beine nach oben. Und alle diese vierzig Beine schlagen ununterbrochen die Luft, wie eine einzige Maschine sieht das aus, als arbeiteten diese braunen und grauen Glieder geschäftig an etwas. Sie nähen an ihrem Tod. In der Ecke stehen die nächsten, sie sind schon gebunden, schnell nimmt der Schlächter eins nach dem andern hoch und legt es vor sich auf den Bock. Kein Schrei.

    Drüben in der nächsten Halle wird à la juive geschlachtet. Der Mann, der schachtet, ist aus dem Bilderbuch, ein Jude: ein langes, vergrämtes Gesicht mit einem Käppchen, in der Hand hat er einen riesigen Stahl, scharf wie ein Rasiermesser. Er probt die Schneide auf dem Nagel, er nimmt irgendeine religiöse Förmlichkeit mit ihr vor, seine Lippen bewegen sich. Die süddeutschen Gassenjungen übersetzten sich dies Gebet so: I schneid di nit, i metz di nit, i will di bloß mal schächte!

    Hier wird das Tier nicht vorher getötet und dann zum Ausbluten gebracht, sondern durch einen Schnitt getötet, so daß es sich im Todeskampf ausblutet. Ich bin auf den Schnitt gespannt.

    Der Ochse ist an den Vorderbeinen gefesselt, durch den Raum laufen über Rollen die Stricke, und zwei Kerls ziehen langsam an. Der Ochse strauchelt, schlägt mit den Beinen um sich, legt sich. Der Kopf hängt jetzt nach unten, die Gurgel strammt sich nach oben . . . Der Jude ist langsam nähergekommen, den Stahl in der Hand. Aber wann hat er den Schnitt getan –? Er ist schon wieder zwei Meter fort, und dem Ochsen hängt der Kopf nur noch an einem[206] fingerbreiten Streifen, das Blut brodelt heraus wie aus einer Wasserleitung. Das Tier bleibt so länger am Leben, unter der Rückenmuskulatur arbeitet es noch lange, fast zwei und eine halbe Minute. Ob es bei diesem System, wie behauptet wird, länger leidet, kann ich nicht beurteilen. Das Blut strömt. Erst dunkelrotes, später scharlachrotes, ein schreiendes Rot bildet seine Seen auf dem glitschrigen Boden. Nun ist das Tier still, der Augenausdruck hat sich kaum verändert. Neben ihm hat sich jetzt ein Mann auf den Boden gekniet, der das Fell mit einer Maschine ablöst. Sauber trennt der Apparat die Haut vom Fleisch, die Maschine schreit, es hört sich etwa an, wie wenn ein Metall gesägt wird, es kreischt. Dann wird dem riesigen Leib ein Schlauch ins Fleisch gestoßen, langsam schwillt er an: es wird komprimierte Luft eingepumpt. Das geschieht, wird gesagt, um die Haut leichter zu lösen. Es hat aber den Nachteil, daß diese Luft nicht rein ist, und das Fleisch scheint so schneller dem Verderben ausgesetzt zu sein. Und es hat den Vorteil, daß sich die Ware, da die Luft nicht so schnell entweicht, im Schaufenster besser präsentiert.

    Karrees und wieder Karrees – der Auftrieb auf dem benachbarten Viehmarkt, der zweimal wöchentlich stattfindet, ist stark genug: gestern waren es 13000 Tiere. Paris ist eine große Stadt, und es gibt nur noch kleinere Abattoirs, wie das an der Porte de Vaugirard, und eines nur für Pferde in Aubervilliers. Jetzt ist das Pferdefleisch annähernd so teuer wie das reguläre – der Verbrauch hat wohl etwas nachgelassen. La Villette hat das größte Abattoir – keineswegs das modernste –, mit dem in Nancy und den großen Musterschlachthöfen in Amerika und Deutschland nicht zu vergleichen.

    Stallungen und Stallungen. Viele Tiere sind unruhig, viele gleichgültig. An einer Stalltür ist ein Kalb angebunden, das bewegt unablässig die Nüstern, etwas gefällt ihm hier nicht. Zehn Uhr zwanzig, da ist nichts zu machen. Ein Ochse will nicht, er wird furchtbar auf die Beine geschlagen. Sonst geht alles glatt und sauber und sachlich vor sich. An einer Tür stehen zwanzig kurz abgeschnittene Rinderfüße, pars pro toto, eine kleine Herde. Hier liegt ein Schafbock und kaut zufrieden Heu. Es ist ein gewerkschaftlicher Gelber.

    Der wird an die Spitze der kleinen Hammelherden gesetzt, die da einpassieren, er führt sie in den Tod; kurz vorher verkrümelt er sich und weiß von nichts mehr, der Anreißer. Er ist ganz zahm und kommt immer wieder zu seinem Futterplatz zurück. Dafür schenkt man ihm das Leben. Das soll in den letzten Jahren schon mal vorgekommen sein.

    Hier im großen Stall ist ein Pferch ganz voll von Schafen. Sie werden wohl gleich abgeholt, sie stehen so eng aufeinander, daß sie sich überhaupt nicht bewegen können, und sie stehen ganz still. Sie sehen stumm auf, kein Laut, hundertzwanzig feuchte Augen sehen dich an. Sie warten.

    [207] Durch Stallstraßen, an Eisfabriken und Konservenfabriken vorüber, zu den Schweinen. Eine idyllische Hölle, eine höllische Idylle.

    In dem riesigen, runden Raum brennen in den einzelnen Kojen, die durch Bretterwände abgeteilt sind, große Strohfeuer. Die Rotunde hat Oberlicht, und die Schlächter, die Männer und Frauen, die die Kadaver sengen, sehen aus wie Angestellte der Firma Hephästos & Co. Die Schweine rummeln in den Kojen, durchsuchen das Stroh – der Schlächter mit einem großen Krockethammer tritt näher, holt, heiliger Hodler! weit aus und schlägt das Tier vor den Kopf. Meist fällt es sofort lautlos um. Zappelt es noch, gibt er einen zweiten Schlag, dann liegt es still. Keine Panik unter den Mitschweinen, kein Laut, kein Schrecken. Draußen, in den Ställen drumherum, schreien sie, wie wenn sie abgestochen werden sollen – hier drinnen kein Laut. Dem toten Schwein werden von Frauen die Borsten ausgerupft, mit denen du dich später rasierst, dann wird es ans Feuer getragen und abgesengt. Die schwarzen Kadaver, auf kleinen Wägelchen hochaufgeschichtet, fahren sie in den Nebensaal, wo man sie weiterverarbeitet. Hier, wie bei den Rindern, stehen Leute mit Gefäßen, die fangen das Blut auf. Das Blut raucht, es ist ganz schaumig, sie rühren ununterbrochen darin, damit es nicht gerinnt.

    Die Schlächter stehen sich nicht schlecht: sie verdienen etwa zweihundert Franken die Woche. (Eine Umrechnung ergäbe bei den verschiedenen Lebensbedingungen ein falsches Bild; der Reallohn ist für deutsche Verhältnisse hoch: der französische Arbeiter wohnt schlechter als sein deutscher Genosse, ißt bedeutend besser, kleidet sich fast ebenso gut.)

    Da an der Ecke stehen vor großen Trögen Männer und Frauen und kochen die Kalbsköpfe aus. Blutig kommen sie hinein, weiß kommen sie heraus. Auf dem Boden rollen die abgeschnittenen Köpfe mit den noch geöffneten Augen – ein Mann ergreift sie und pumpt sie gleichfalls mit der Luftpumpe auf. Jedesmal bläht sich der Kopf, jedesmal schließt das tote Kalb langsam und wie nun erst verlöschend die Augen . . . dann werden sie gekocht.

    Das einseitige Stiergefecht dauert noch an, bis elf wirds so weitergehen. An der Uhr, vorn am Eingang, hängen die Marktnotizen.

    Da ist zunächst eine große erzene Tafel, den Toten des Krieges als Erinnerung gewidmet, aufgehängt von den vereinigten Großschlächtereien der Stadt Paris. Namen, eine Jahreszahl . . . Ich studiere die Markttafeln. Und beim Aufsehen bleiben mir Worte haften, ein paar Worte von der Inschrift, die die Gefallenen ehren soll. So:

    La Boucherie en gros

    1914–1918

    Die Parallele ist vollständig.

    Abattoirs de la Villette : histoire
    https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Abattoirs_de_la_Villette

    #Paris #La_Villette #1925 #boucherie #abattoir #guerre #première_guerre_mondiale #reportage

  • #Alimentation. Ces #végans qui se reconvertissent en “#bouchers_éthiques

    Aux États-Unis, des végans se lancent dans la #boucherie, pour mieux lutter contre l’#industrie_agroalimentaire. Aux antipodes de l’élevage intensif, les nouvelles “#boucheries_éthiques” proposent de la viande de bêtes élevées en plein air et nourries à l’herbe, dans le respect de l’environnement et du bien-être animal.

    https://www.courrierinternational.com/long-format/alimentation-ces-vegans-qui-se-reconvertissent-en-bouchers-et

    #résistance #lutte #industrie_agro-alimentaire #USA #Etats-Unis

  • Néandertal au menu de grands carnivores.

    Des dents appartenant à des hommes de Neandertal ont été retrouvées dans les restes de repas expulsés par les grands carnivores qui les ont savourés il y a quelque 40.000 à 50.000 ans.

    L’ensemble a été trouvé sur un site de boucherie, et il n’y avait pas que des rennes dans l’atelier...

    Si les éléments osseux – animaux comme humains - présentent de nombreuses traces d’origine anthropique (cassures sur os frais, traces de découpe, etc), certaines dents ont été partiellement digérées… Cela démontre l’existence d’interactions inamicales entre les groupes néandertaliens, et entre ces derniers et les grands carnivores tels que l’Hyène des cavernes.

    CNRS - Institut écologie et environnement - Actualités de l’institut
    http://www.cnrs.fr/inee/communication/breves/b336.html

    http://www.pacea.u-bordeaux1.fr/Alerte-presse-A-la-recherche-des.html

    version plus grand public ici :
    https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/paleontologie/neandertal-etait-au-menu-des-charognards_120480?xtor=RSS-4

    #préhistoire #Néandertal #Les Pradelles (Charente) #boucherie
    #40000-50000BP

  • SUD Éducation - Pour une prise en compte des élèves #intersexes
    http://www.sudeducation.org/Pour-une-prise-en-compte-des.html

    « Déclarée fille à la naissance, j’ai grandi sans avoir conscience d’être intersexe malgré des difficultés de comportement. J’étais traitée de « garçon manqué » et je rejetais les filles. À l’adolescence, je n’ai pas eu de puberté. En 1988, à l’âge de dix-sept ans, j’ai décidé de consulter une gynécologue pour débloquer ma puberté, mais je n’avais pas conscience d’avoir un problème d’hermaphrodisme. Ce médecin m’a prescrit un examen de sang pour un dosage hormonal. […] Après cet examen, on m’a proposé un examen coelioscopique des ovaires, à l’aide d’une caméra et sous anesthésie générale. […] On m’a demandé ensuite de revenir à la clinique pour une exploration des ovaires. Lors de cette deuxième hospitalisation, le chirurgien m’a reçue la veille de l’intervention, un dimanche soir, alors que le service des consultations était fermé, pour me faire signer une autorisation lui permettant de retirer tout ce qui devait l’être pour raison médicale. J’ai signé ce document alors même que j’étais mineure à l’époque, et sans accord parental ! Une nouvelle fois, j’ai été anesthésiée puis hospitalisée pendant plusieurs jours […]. On m’a seulement demandé d’aller voir mon médecin traitant, dix jours plus tard, pour retirer les fils. Après ce délai, je me suis rendue en toute confiance chez mon médecin de famille qui a été profondément choqué lors de la découverte de la nouvelle par courrier. C’est lui qui m’a expliqué que l’on m’avait retiré les ovaires pour m’éviter un cancer. Lors de cette consultation, j’étais dans un tel état de choc que je n’ai pas tout retenu de ses explications, mais quelques mots m’ont marquée comme « dysgénésie gonadique XY », « pseudohermaphrodisme », « rarissime », « monstrueux ». Je suis sortie de cette consultation complètement anéantie, avec pour seule identité le fait que j’étais un monstre qui ne devait pas se révéler aux autres. Je suis entrée dans la vie adulte sous cette identité. »

  • Bouchers au Moyen-âge : une puissance sans contrôle ?
    https://www.franceculture.fr/emissions/concordance-des-temps/bouchers-au-moyen-age-une-puissance-sans-controle


    Au cours de ces derniers mois, les réseaux sociaux ont répandu une quantité d’images reflétant la cruauté des traitements infligés aux animaux de boucherie dans certains abattoirs et la presse s’en est fait largement l’écho, tout comme les télévisions et Internet...

    #moyen-age #boucherie #viande #histoire #non-humains #animaux #radio #virilo-carnisme #spécisme

  • [Brest] Ivres, ils inaugurent un monument impérialiste russe célébrant la #boucherie_de_14-18
    http://brest.mediaslibres.org/spip.php?article478

    Une symbolique douteuse saupoudrée d’oubli historique, des financements publics flous et un maire qui joue aux apprentis sorciers des relations internationales : que se passe t-il derrière l’inauguration de la stèle russe au square Charles de Gaulle ?

    http://brest.mediaslibres.org/home/chroot_ml/ml-brest/ml-brest/public_html/local/cache-vignettes/L267xH200/arton478-e6b05.jpg?1468500150

  • Méticuleusent prévenue, une famille de 7 personnes très obéissante quitte leur appartement du nord de gaza pour se réfugier au centre de gaza dans un autre appartement avec l’aide de la croix rouge. Bien comme leur ont ordonné l’armée israélienne donc. Mais c’est con ce qui leur arrive, un missile perdu (dans un quartier théoriquement pas menacé) et boum, plus de famille de 7. Ah oui, j’oubliais. Le papa n’était pas inscrit au hamas et la famille était aussi allemande.

    #meurtre

    http://www.nrk.no/verden/sju-tyskere-drept-pa-gazastripen-1.11843734