• Journal de bord d’un centre de vaccination semaine 2 - Doc Galava Balit | Une vue imprenable sur la diversité humaine
    https://docgalavabalit.wordpress.com

    Il y a un de mes patients de 90 ans qui est assis dans la salle d’attente post-vaccinale. Mon collègue s’étonne qu’il ait été capable de prendre rendez-vous par #doctolib. Il me soupçonne d’avoir pris rendez-vous moi-même pour lui, comme si c’était une faute, un passe-droit. Tous égaux devant doctolib. C’est ça la règle : que les plus malins se fassent vacciner et que les autres : pauvres , vieux, ou peu débrouillards soient contaminés, le darwinisme version start-up nation. Mais heureusement il existe un centre d’appel en complément, mais injoignable. 7000 appels le premier jour. Malgré la bonne volonté et la compétence des permanents du #centre_d’appel c’est ingérable.

    Franchement je suis déstabilisée par cette accusation de passe-droit : 30 pour 100 de mes patients sont en précarité informatique, je sais qu’ils ne pourront pas prendre rendez-vous par ce biais. Est-ce donc une faute de les aider ?

    En présence de mon collègue, je demande donc au patient si c’est moi qui lui ai pris rendez-vous. Il rit et me dit « Pas du tout Je me suis assis près de mon téléphone et j’ai téléphoné 68 fois » Un débrouillard tenace donc, qui n’a pas eu besoin de moi. Ceux pour qui j’ai pris rendez-vous ont-ils volé leur place ?

    Par une amie d’amie, je suis contactée par une femme de 50 ans qui a une chimiothérapie, mais qui travaille entre deux, et qui n’a pas réussi à avoir un rendez-vous par doctolib . Elle ne peux évidemment pas téléphoner 68 fois par jours jusqu’à avoir son rendez-vous. Je lui propose de la rappeler moi-même s’ il y a une dose restante le soir, la fameuse 7° dose que pour l’instant nous n’avons pas le droit de faire, et elle est ok. Elle sera d’ailleurs vaccinée dès le lundi suivant.

    Mais cette histoire me laisse perplexe. Comment font ceux qui ne n’ont pas d’intermédiaire pour me joindre ?

    Nous prenons donc l’initiative avec la CPTS (communauté professionnelle territoriale en santé) d’envoyer un mail à tous les acteurs du territoire en santé pharmaciens infirmiers médecins généralistes pour me remonter les situations d’urgence, notamment les greffés et les dialysés les trisomiques et les personnes en cours de chimiothérapie et c’est le centre de vaccination qui les rappelle. Autant les pharmaciens les médecins généralistes et les infirmiers vont nous signaler plusieurs dizaines de personnes jeunes, autant il va être très difficile d’obtenir par les médecins hospitaliers la liste de leurs patients ultra prioritaires. Les #médecins_hospitaliers se contentent de faire une ordonnance, en laissant les patients essayer d’avoir un rendez-vous par eux-mêmes, ce qui les laisse dans un grand désarroi.

    Vendredi de la deuxième semaine, nous sommes à la fois fiers de la réussite de ce montage express et fatigué et tendus par ce travail, et la concentration qu’il faut à chacun pour prendre ses marques. Nous sommes donc très heureux d’apprendre que l’#ARS va venir visiter le centre à 11 heures . Las, il y a du verglas ce matin là . Consigne est donnée aux personnes de l’ARS : télétravail obligatoire. Au dernier moment la visite est annulée. Ce matin-là des personnes très âgées sont venues se faire vacciner des vaccinateurs ont fait 70 KM pour venir nous aider, les différents référents sont venus tout exprès pour accueillir l’ARS, mais l’ARS, alors que le verglas a disparu rapidement pendant la matinée, n’est pas venue. Le décalage est total, sidérant.

    Les matelots rament, le capitaine reste dans sa cabine pendant la tempête, alors qu’il devrait être sur le pont

    Galava Balit est aussi sur touiteur.
    #vaccination #covid-19

  • "Une #ligne_rouge a été franchie" : la #lettre_ouverte à Macron des 1.300 #médecins hospitaliers démissionnaires

    Le 4 février 2020,

    Monsieur le président de la République,

    Nous sommes 1.300 #médecins_hospitaliers à avoir collectivement décidé de démissionner de nos fonctions administratives de chef de service ou d’unités de soins parce que, depuis des années, nous assistons à une #dégradation continue des #conditions_de_travail des équipes hospitalières. Une ligne rouge a été franchie : la qualité des #soins se dégrade, la #sécurité n’est plus assurée.

    Lors de votre élection à la présidence de la République, nous avons espéré un changement, la « fin d’un système à bout de souffle », comme le déclarait justement la ministre de la Santé. En effet, il n’est plus possible de continuer à faire fonctionner l’hôpital comme une entreprise commerciale, tout en lui imposant en moyenne 800 millions d’euros d’économies chaque année.

    Au cours des dix dernières années, la fameuse « #tarification_à_l’activité » a contraint les hôpitaux à augmenter toujours plus leur activité, alors que les gouvernements décidaient de baisser les #tarifs de paiement des séjours par la #Sécurité_sociale. Ainsi de 2005 à 2015, l’activité a augmenté de près de 15%, sans augmentation de personnel au lit des malades.

    Aujourd’hui, l’hôpital est à #bout_de_souffle, il n’est plus attractif ni pour les divers professionnels paramédicaux, en particulier les #infirmiers, ni pour les médecins. Bon nombre d’entre eux fuient les hôpitaux publics.

    Par conséquent, des lits ferment, l’activité baisse, les patients attendent des heures aux #urgences couchés sur des brancards.

    Votre #promesse d’un changement de financement n’a pas, à ce jour, été tenue.

    Le mouvement de #protestation des #personnels_hospitaliers a conduit le gouvernement à proposer, en urgence, une rallonge de 200 millions d’euros (plus 100 millions pour les EHPAD) en 2020, puis de 200 millions de plus en 2021 et en 2022. Mais on demande encore, pour cette année, une économie de 600 millions d’euros à l’hôpital public.

    Malgré l’attribution de #primes à moins du tiers des personnels, la France continuera à occuper la place honteuse de 28ème sur 32 dans le classement OCDE des #rémunérations infirmières.

    Certes le #plan_Ma_santé_2022 devrait permettre de mieux coordonner le travail des hôpitaux avec la médecine de ville ; certes l’accès aux #études_médicales va s’améliorer en mettant fin au #concours guillotine de première année, mais ces mesures vont mettre des années avant de produire leurs effets. D’ici là, que restera-t-il de l’#hôpital_public ?

    C’est maintenant qu’il faut agir. Il y a #urgence, urgence pour les Urgences, urgence pour la Psychiatrie, urgence pour la Pédiatrie, urgence pour tous les hôpitaux publics universitaires et non universitaires.

    Vous l’avez vous-même affirmé, l’hôpital public est un trésor de la République et il doit être sauvé. La prochaine élection présidentielle de 2022 ne doit pas donner lieu à un grand débat sur l’#effondrement de l’hôpital public.

    Monsieur le président de la République, nous vous demandons de sauver l’hôpital public, en prenant au moins deux décisions :

    - supprimer toute demande d’économie à l’hôpital public d’ici la fin du quinquennat (la reprise seulement partielle et échelonnée de la dette par l’État ne suffira pas). L’hôpital doit pouvoir embaucher le personnel nécessaire pour assurer des soins de qualité et garantir la sécurité des patients.
    – ouvrir des négociations avec les organisations syndicales représentatives des personnels hospitaliers pour engager un plan de rattrapage des #salaires, avec comme objectif la moyenne des pays de l’OCDE, et permettre ainsi de restaurer l’#attractivité de l’hôpital public.

    Nous vous prions de croire, Monsieur le Président, en notre profond respect et en notre dévouement à l’hôpital public.

    https://www.marianne.net/debattons/tribunes/une-ligne-rouge-ete-franchie-la-lettre-ouverte-macron-des-1300-medecins
    #hôpital #hôpitaux #France #démissions #Ma_santé_2022