• Politiques migratoires : « Des dispositifs mortels, dont l’effet est de tuer pour dissuader »

    Les textes composant le Pacte migratoire européen devraient être votés à Bruxelles d’ici mercredi 10 avril. Ils pourraient réduire considérablement les droits des personnes en exil qui tenteraient de rejoindre l’Union européenne.

    Renforcer les contrôles aux frontières, procéder au tri des exilé·es aux portes de l’Union européenne, traiter les procédures d’asile en accéléré, expulser plus rapidement les « indésirables » ou encourager les logiques d’externalisation…

    Les textes qui composent le pacte migratoire européen sont actuellement débattus au Parlement européen et doivent être votés mercredi 10 avril. Censé répondre à la crise de l’accueil qu’a connue l’Europe en 2015, il est largement rejeté par la gauche et les ONG, mais a toutes les chances d’être adopté après plus de deux ans de tractations.

    Pourquoi a-t-il été aussi difficile d’aboutir sur un tel pacte ? Que va-t-il changer pour les personnes exilées ? Comment en contrer les potentiels effets négatifs ?

    Nos invitées pour en débattre :

    - #Rima_Hassan, candidate LFI aux élections européennes, juriste et fondatrice de l’Observatoire des camps de réfugiés ;
    - #Sophie-Anne_Bisiaux, membre du réseau Migreurop, spécialiste des questions liées à l’externalisation, notamment en Afrique du Nord ;
    - #Sophie_Djigo, philosophe, fondatrice du collectif Migraction59 dans le nord de la France, autrice de Penser avec la frontière (Éditions d’une rive à l’autre).

    https://www.mediapart.fr/journal/international/090424/politiques-migratoires-des-dispositifs-mortels-dont-l-effet-est-de-tuer-po
    #pacte_européen_sur_la_migration_et_l’asile #pacte #Europe #pacte_migratoire #asile #migrations #réfugiés
    #pression_migratoire #management_migratoire #triple_win #répression #administration_des_flux #exclusion #récupération #humanité #fermeté #enfermement #tri #militarisation_des_frontières #racisme #règlement_filtrage #filtrage #frontières #frontières_extérieures #détention #enfermement #fichage #empreintes_digitales #procédure_d'asile #procédure_à_la_frontière #procédure_accélérée #pays_sûrs #fiction_juridique_de_non-entrée #non-entrée #fiction_juridique #encampement #encampement_généralisé #répartition #répartition_de_solidarité #paternalisme_colonial #externalisation #externalisation_des_frontières #refoulements #push-backs
    #vidéo

  • #José_Vieira : « La #mémoire des résistances face à l’accaparement des terres a été peu transmise »

    Dans « #Territórios_ocupados », José Vieira revient sur l’#expropriation en #1941 des paysans portugais de leurs #terres_communales pour y planter des #forêts. Cet épisode explique les #mégafeux qui ravagent le pays et résonne avec les #luttes pour la défense des #biens_communs.

    Né au Portugal en 1957 et arrivé enfant en France à l’âge de 7 ans, José Vieira réalise depuis plus de trente ans des documentaires qui racontent une histoire populaire de l’immigration portugaise.

    Bien loin du mythe des Portugais·es qui se seraient « intégré·es » sans le moindre problème en France a contrario d’autres populations, José Vieira s’est attaché à démontrer comment l’#immigration_portugaise a été un #exode violent – voir notamment La Photo déchirée (2001) ou Souvenirs d’un futur radieux (2014) –, synonyme d’un impossible retour.

    Dans son nouveau documentaire, Territórios ocupados, diffusé sur Mediapart, José Vieira a posé sa caméra dans les #montagnes du #Caramulo, au centre du #Portugal, afin de déterrer une histoire oubliée de la #mémoire_collective rurale du pays. Celle de l’expropriation en 1941, par l’État salazariste, de milliers de paysans et de paysannes de leurs terres communales – #baldios en portugais.

    Cette #violence étatique a été opérée au nom d’un vaste #projet_industriel : planter des forêts pour développer économiquement ces #territoires_ruraux et, par le même geste, « civiliser » les villageois et villageoises des #montagnes, encore rétifs au #salariat et à l’ordre social réactionnaire de #Salazar. Un épisode qui résonne aujourd’hui avec les politiques libérales des États qui aident les intérêts privés à accaparer les biens communs.

    Mediapart : Comment avez-vous découvert cette histoire oubliée de l’expropriation des terres communales ou « baldios » au Portugal ?

    José Vieira : Complètement par hasard. J’étais en train de filmer Le pain que le diable a pétri (2012, Zeugma Films) sur les habitants des montagnes au Portugal qui sont partis après-guerre travailler dans les usines à Lisbonne.

    Je demandais à un vieux qui est resté au village, António, quelle était la définition d’un baldio – on voit cet extrait dans le documentaire, où il parle d’un lieu où tout le monde peut aller pour récolter du bois, faire pâturer ses bêtes, etc. Puis il me sort soudain : « Sauf que l’État a occupé tous les baldios, c’était juste avant que je parte au service militaire. »

    J’étais estomaqué, je voulais en savoir plus mais impossible, car dans la foulée, il m’a envoyé baladé en râlant : « De toute façon, je ne te supporte pas aujourd’hui. »

    Qu’avez-vous fait alors ?

    J’ai commencé à fouiller sur Internet et j’ai eu la chance de tomber sur une étude parue dans la revue de sociologie portugaise Análise Social, qui raconte comment dans les années 1940 l’État salazariste avait pour projet initial de boiser 500 000 hectares de biens communaux en expropriant les usagers de ces terres.

    Je devais ensuite trouver des éléments d’histoire locale, dans la Serra do Caramulo, dont je suis originaire. J’ai passé un temps fou le nez dans les archives du journal local, qui était bien sûr à l’époque entièrement dévoué au régime.

    Après la publication de l’avis à la population que les baldios seront expropriés au profit de la plantation de forêts, plus aucune mention des communaux n’apparaît dans la presse. Mais rapidement, des correspondants locaux et des éditorialistes vont s’apercevoir qu’il existe dans ce territoire un malaise, qu’Untel abandonne sa ferme faute de pâturage ou que d’autres partent en ville. En somme, que sans les baldios, les gens ne s’en sortent plus.

    Comment sont perçus les communaux par les tenants du salazarisme ?

    Les ingénieurs forestiers décrivent les paysans de ces territoires comme des « primitifs » qu’il faut « civiliser ». Ils se voient comme des missionnaires du progrès et dénoncent l’oisiveté de ces montagnards peu enclins au salariat.

    À Lisbonne, j’ai trouvé aussi une archive qui parle des baldios comme étant une source de perversion, de mœurs légères qui conduisent à des enfants illégitimes dans des coins où « les familles vivent presque sans travailler ». Un crime dans un régime où le travail est élevé au rang de valeur suprême.

    On retrouve tous ces différents motifs dans le fameux Portrait du colonisé d’Albert Memmi (1957). Car il y a de la part du régime un vrai discours de colonisateur vis-à-vis de ces régions montagneuses où l’État et la religion ont encore peu de prise sur les habitants.

    En somme, l’État salazariste veut faire entrer ces Portugais reculés dans la modernité.

    Il y a eu des résistances face à ces expropriations ?

    Les villageois vont être embauchés pour boiser les baldios. Sauf qu’après avoir semé les pins, il faut attendre vingt ans pour que la forêt pousse.

    Il y a eu alors quelques histoires d’arrachage clandestin d’arbres. Et je raconte dans le film comment une incartade avec un garde forestier a failli virer au drame à cause d’une balle perdue – je rappelle qu’on est alors sous la chape de plomb du salazarisme. D’autres habitants ont aussi tabassé deux gardes forestiers à la sortie d’un bar et leur ont piqué leurs flingues.

    Mais la mémoire de ces résistances a peu été transmise. Aujourd’hui, avec l’émigration, il ne reste plus rien de cette mémoire collective, la plupart des vieux et vieilles que j’ai filmés dans ce documentaire sont déjà morts.

    Comment justement avez-vous travaillé pour ce documentaire ?

    Quand António me raconte cette histoire d’expropriation des baldios par l’État, c’était en 2010 et je tournais un documentaire, Souvenirs d’un futur radieux. Puis lorsqu’en 2014 un premier incendie a calciné le paysage forestier, je me suis dit qu’il fallait que je m’y mette.

    J’ai travaillé doucement, pendant trois ans, sans savoir où j’allais réellement. J’ai filmé un village situé à 15 kilomètres de là où je suis né. J’ai fait le choix d’y suivre des gens qui subsistent encore en pratiquant une agriculture traditionnelle, avec des outils de travail séculaires, comme la roue celte. Ils ont les mêmes pratiques que dans les années 1940, et qui sont respectueuses de l’écosystème, de la ressource en eau, de la terre.

    Vous vous êtes aussi attaché à retracer tel un historien cet épisode de boisement à marche forcée...

    Cette utopie industrialiste date du XIXe siècle, des ingénieurs forestiers parlant déjà de vouloir récupérer ces « terres de personne ». Puis sous Salazar, dans les années 1930, il y a eu un débat intense au sein du régime entre agrairistes et industrialistes. Pour les premiers, boiser ne va pas être rentable et les baldios sont vitaux aux paysans. Pour les seconds, le pays a besoin de l’industrie du bois pour décoller économiquement, et il manque de bras dans les villes pour travailler dans les usines.

    Le pouvoir central a alors même créé un organisme étatique, la Junte de colonisation interne, qui va recenser les baldios et proposer d’installer des personnes en leur donnant à cultiver des terres communales – des colonies de repeuplement pour résumer.

    Finalement, l’industrie du bois et de la cellulose l’a emporté. La loi de boisement des baldios est votée en 1938 et c’est en novembre 1941 que ça va commencer à se mettre en place sur le terrain.

    Une enquête publique a été réalisée, où tout le monde localement s’est prononcé contre. Et comme pour les enquêtes aujourd’hui en France, ils se sont arrangés pour dire que les habitants étaient d’accord.

    Qu’en est-il aujourd’hui de ces forêts ? Subsiste-t-il encore des « baldios » ?

    Les pinèdes sont exploitées par des boîtes privées qui font travailler des prolos qui galèrent en bossant dur. Mais beaucoup de ces forêts ont brûlé ces dernière décennies, notamment lors de la grande vague d’incendies au Portugal de 2017, où des gens du village où je filmais ont failli périr.

    Les feux ont dévoilé les paysages de pierre qu’on voyait auparavant sur les photos d’archives du territoire, avant que des pins de 30 mètres de haut ne bouchent le paysage.

    Quant aux baldios restants, ils sont loués à des entreprises de cellulose qui y plantent de l’eucalyptus. D’autres servent à faire des parcs d’éoliennes. Toutes les lois promues par les différents gouvernements à travers l’histoire du Portugal vont dans le même sens : privatiser les baldios alors que ces gens ont géré pendant des siècles ces espaces de façon collective et très intelligente.

    J’ai fait ce film avec en tête les forêts au Brésil gérées par les peuples autochtones depuis des siècles, TotalEnergies en Ouganda qui déplace 100 000 personnes de leurs terres pour du pétrole ou encore Sainte-Soline, où l’État aide les intérêts privés à accaparer un autre bien commun : l’eau.

    https://www.mediapart.fr/journal/culture-et-idees/021223/jose-vieira-la-memoire-des-resistances-face-l-accaparement-des-terres-ete-

    #accaparement_de_terres #terre #terres #dictature #histoire #paysannerie #Serra_do_Caramulo #communaux #salazarisme #progrès #colonisation #colonialisme #rural #modernité #résistance #incendie #boisement #utopie_industrialiste #ingénieurs #ingénieurs_forestiers #propriété #industrie_du_bois #Junte_de_colonisation_interne #colonies_de_repeuplement #cellulose #pinèdes #feux #paysage #privatisation #eucalyptus #éoliennes #loi #foncier

  • [Psylence Radio] #administration_provisoire_de_biens
    https://www.radiopanik.org/emissions/psylence-radio/administration-provisoire-de-biens

    Émission spéciale sur l’administration provisoire de biens, renommée aujourd’hui « régime d’incapacité » ou « protection judiciaire ».

    Nous y ferons un focus sur la nouvelle campagne d’information de l’Autre « lieu » : Des repères dans l’impasse / #régime_de_protection des personnes majeures.

    Nos chroniqueur.euses Pascale et Karim, et nos invité.es Damien Dupuis, avocat et administrateur et Miss « T’auras plus mon fric » seront là pour lever certains voiles et surtout en apprendre plus sur cette loi du 17 mars 2013.

    Une émission informative tant pour les personnes qui pourraient faire l’objet de ces régimes de protection que les personnes (proches, professionnels…) qui pourraient être amenées à exercer de tels mandats.

    Bonne écoute !

    Et pour retrouver les infos sur la question ça se passe ici (...)

    #santé_mentale #autrelieu #santé_mentale,autrelieu,administration_provisoire_de_biens,régime_de_protection
    https://www.radiopanik.org/media/sounds/psylence-radio/administration-provisoire-de-biens_16631__1.mp3

  • Le Hamas et le kibboutz - AOC media par Sylvaine Bulle
    https://aoc.media/analyse/2023/10/10/le-hamas-et-le-kibboutz

    J’avoue n’avoir jamais fréquenté de kibboutz, et je veux bien croire qu’une partie des personnes assassinées étaient de gauche, anarchistes, écologistes, démocrates, etc. mais cette lecture qui semble totalement effacer la dimension nationaliste et coloniale du kibboutz dans l’histoire israélienne (dont je suis loin d’être un expert) me parait assez hallucinante. Le dit mouvement démocrate, de son côté, vient de se rallier massivement au gouvernement et à la guerre totale contre Gaza, malgré il est vrai, des critiques sévères des dysfonctionnements militaires ayant permis à l’offensive d’atteindre un bilan aussi brutal.

    En mémoire des centaines de kibboutzik,
    assassiné-s, enlevé-es dans les kibboutzim de Be’eri et de Kfar Aza les 7 et 8 octobre 2023.
     

    Le kibboutz de Be’eri est un des plus anciens d’Israël. Au minimum cent de ses résidents y ont été assassinés vendredi et samedi 7 et 8 octobre 2023 par des membres du Hamas, ayant transpercé avec facilité la barrière de sécurité a peine distante de 5 kilomètres.

    D’autres ont été pris-es comme otages. Parmi ces victimes se trouvent en très grande majorité des activistes, pacifistes, anarchistes, écologistes, opposants à l’occupation des Territoires Palestiniens, et tout simplement des militants engagés dans la critique interne de l’État d’Israël et de sa pente illibérale. À quelques kilomètres de Be’eri, aujourd’hui dévasté, se tenait la rave-party de la paix. Elle comptait plus de mille jeunes (dont deux cent cinquante ont moins ont été assassinés), qui s’étaient rassemblés dans le cadre d’une manifestation libertaire et hippie, elle-même représentative d’une frange importante de la jeunesse israélienne et sorte d’illustration des zones d’autonomie temporaire[1]. Ce sont donc des voix de la démocratie qui ont été éteintes par la seule volonté du Hamas ou de ses troupes, ayant surgi au milieu d’espaces géographiquement proches de Gaza, mais généralement hors d’atteinte.

    Nous croyions cela impossible, mais c’est pourtant bien une symétrie qu’il faut opérer par l’analysé : entre d’un côté, les formes de vie libertaires, ou portées par des communautés alternatives, et de l’autre une armée politique et désormais militaire, agissant par cruauté.

    • Aoc c’est le ridicule de la gauche du centre, avec parfois des papiers.

      mais non, @arno, leur kif c’est de préparer une théocratie (l’une contre l’autre, en miroir, quitte à s’arranger, des deux côtés, avec le Veau d’or) dans laquelle ni les raveurs ni les pédés ni bien sûr les juifs n’auront leur place et où les femmes auront la leur, à condition de n’en pas bouger, et de fabriquer et élever des petits mecs et des génitrices. leur kif c’est d’exhiber des viols des meurtres de vieilles et d’enfants et des exactions en balançant des vidéos gore.

      si tu piges pas @arno pas que le massacre de civils - gauchistes ou pas- c’est pour le moins un souci, si tu ne le pige que lorsque c’est le résultat d’opérations armées d’Israël - soutien du Hamas ou pas - je ne peux que te plaindre vu le campisme, non pas « naïf » mais odieux dont tu sembles incapable de te départir.

      #administration_de_la_sauvagerie

    • Qu’est-ce qui te laisse croire que je défends le meurtre de civils quand c’est commis par le Hamas, ou que j’ignore que ce sont des ultra-réactionnaires ? Tu me fatigues avec tes imputations.

      Je me méfie du campisme, mais par contre ce que je vois systématiquement, à chaque conflit qui démarre, ce sont les articles écrits spécifiquement à destination de « la gauche » occidentale, pour expliquer que tel camp est ultra-réactionnaire (ce qui est vrai), alors que l’autre serait ultra-progressiste. Ce qui est généralement faux. On l’a à chaque fois, et pour le coup ça c’est un campisme proche du ridicule.

      Sinon, cette phrase :

      leur kif c’est d’exhiber des viols des meurtres de vieilles et d’enfants et des exactions en balançant des vidéos gore

      Tu fais référence à quoi ? J’ai vu passer la menace de tuer un otage à chaque bombardement, et oui tout le monde considère que ce serait un nouveau niveau dans l’horreur, mais je n’ai pas vu qu’ils l’avaient fait. Je n’ai pas vu qu’ils diffusaient des vidéos de viol « de vieilles et d’enfants », ni même de viols tout court.

    • ce qui me le « laisse croire » c’est cette manière de le minimiser, de ne pas en parler.
      je n’ai pas regardé beaucoup d’images de la propagande du Hamas, juste suffisamment pour savoir que je n’ai aucun rapport avec cette fierté d’einsatzgruppen que je vomis. ces amoureux de la mort, celle de leurs « martyrs » comme de celleux qu’ils immolent.
      voilà le réalisme dont je me prévaut pour ma part.

      edit il était question, avant tout, de meurtres de civils en fuite par centaines, traqués dans leurs refuges

      https://www.liberation.fr/checknews/de-nombreuses-videos-attestent-de-crimes-de-guerre-perpetres-par-le-hamas

      Parmi les premières images qui ont circulé samedi, une vidéo montrait le corps inerte d’une femme presque nue, gisant désarticulée à l’arrière d’un pick-up, tandis qu’un groupe de ravisseurs étaient assis autour d’elle. Deux hommes lui crachent dessus. Grâce à ses tatouages et ses dreadlocks, cette citoyenne de nationalités israélienne et allemande, a été identifiée comme l’une des participantes du festival de musique électronique où le Hamas a semé la mort.

      Ces images ont renforcé les craintes de viols qu’ont pu ou que pourraient subir les victimes de ces attaques. Le magazine conservateur américain The Tablet, spécialisé dans la culture juive, fait mention de viols de femmes à côté des cadavres de leurs amis, lors de la tuerie du festival. L’article a été très largement partagé sur les réseaux sociaux. Il ne repose sur le témoignage que d’un seul survivant.

      c’est plutôt lorsque l’on a le temps que le guerre s’accompagne de viols (pas souvenir de cas rapporté à propos de Tsahal, ils doivent être trop pressés).

      pour ce qui est du réalisme évoqué. deux écueils. sacraliser la vie. faire de la suppression d’une de ses manifestations un simple signe. ça ne vaut évidemment pas qu’en Palestine, où il semble que cela ne vaille plus rien, voire que cela devienne une manière de « marquer des points »

    • Mais ça fait des années qu’on est tous, ici, inquiets des risque des radicalisation du Hamas. Qui est certes ultra-réactionnaire dès ses origines, mais qui avait aussi une certaine rationalité politique, et qui était loin d’être Daesh.

      Et personne n’ignore que c’est un vrai risque, avec l’aggravation de la situation en Palestine et la volonté politique évidente (israélienne et internationale) de faire disparaître totalement le sort des palestiniens.

      Il y a ce matin une vidéo avec Dominique Vidal sur le Média, avec un autre spécialiste de la Palestine, qui conviennent que si le Hamas descend au niveau de Daesh, ça va être un coup terrible pour les Palestiniens eux-mêmes, et provoquer l’effondrement de la solidarité internationale (y compris arabe).

      Mais dans le même temps, il faut aussi se méfier des manipulations et des surinterprétations. Parce que c’est la guerre, et qu’on va être rapidement noyés dans des flots d’analyses justifiant les « victimes collatérales » (alors que, dans la doctrine israélienne, elles ne sont pas collatérales).

      En 2006, on a été en France submergés par un flot continu de pures fabrications qui ne servaient qu’à une chose : justifier le massacre des Libanais sous les bombes israéliennes. Et une partie non négligeable de ces fabrications étaient spécifiquement destinées aux gauches occidentales. Et les échanges avec mes amis progressistes libanais étaient à peu près à l’opposé de qu’on racontait aux « progressistes » occidentaux sur les interwebz.

      (Je ne sais pas si tu as compris que je suis marié à une Libanaise et que nos enfants portent des prénoms que l’on retrouve dans des chansons de Fayrouz et d’Asmahane. Je te dis ça pour que tu comprennes que ni sur le Liban, ni sur la Syrie, ni sur la Palestine, je ne « minimise » : je suis de plus en plus désespéré de la situation, et je pense que les belles indignations occidentales n’apporteront jamais que du malheur dans la région.)

    • à Haaretz et ailleurs on a du souligner l’ignominie de la terreur et des persécutions exercées à l’encontre des palestiniens des territoires occupés par des colons israéliens appuyés par Tsahal en utilisant le terme pogroms.
      c’est finalement le Hamas qui le 7 octobre aura, avec ces centaines de civils tués, le plus fidèlement approché le pogrom authentique.
      ils le doivent davantage à ces colons qu’à l’Iran.

    • c’est finalement le Hamas qui le 7 octobre aura, avec ces centaines de civils tués, le plus fidèlement approché le pogrom authentique.

      Mais encore une fois : objectivement, non. Le déséquilibre du nombre de morts est énorme. Ça a été rappelé ici par exemple :
      https://seenthis.net/messages/1020205

      Tu as peut-être raté cette interview de Simone Bitton :
      https://seenthis.net/messages/1020403

      Jamais la Palestine n’a eu cet honneur, alors que je peux vous rappeler une bonne dizaine d’épisodes avec plus de 500 morts palestiniens en deux jours. Des grand-mères et des enfants palestiniens massacrés, il y en a eu ! Les grand-mères israéliennes ne sont pas les premières, et croyez que mon cœur saigne pour elles !

      Sur la volonté délibérée de cibler les civils et les infrastructures civiles, là aussi c’est documenté :
      https://seenthis.net/messages/1020473

      La propagande absolument sidérante qui parvient à faire passer au niveau international les 300 morts et les 20 000 estropiés de la Marche du retour qui n’a donc ciblé que des manifestants palestiniens (bon sang : 2018-2019 et j’ai l’impression que c’est déjà totalement oublié) :
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Marche_du_retour

    • cela remonte à loin le désespoir, disons (tout légitimisme déférent pour l’OLP mis à part), depuis 1982. là où il y a des religieux, je préfère le « multiconfessionnel » avec des minoritaires, ici, des chrétiens, sur des postions avancées parce que minoritaires, experts de la minorité ! c’est ce qu’Israël a détruit en son sein (Scholem ? un marginal) comme à Sabra et Chatila

      je garde l’idée que la « solidarité arabe » a toujours été instrumentalisée par les états concernés. le nationalisme auquel était inévitablement (?) arrimé la diaspora palestinienne a évité beaucoup de souci à ces états durant les années 70.

      (ayant vécu de longues et belles années avec une femme d’origine libanaise, j’ai bien noté, @arno, ta/votre proximité avec le Liban)

      je suis pas indigné par le Hamas, je trouve ça répugnant. vomitif mis à part, ça laisse démuni. au point qu’façon trotskiste standard j’me dis qu’y faudrait que la révolution (palestinienne) change de direction. eh ! zut. j’ai 0 qualif de ce côté. fatigue.

    • non, j’ai pas raté Bitton, ni ce que tu mets en avant de la doctrine israélienne de la guerre asymétrique (en oubliant leurs consédération sur le fait que cela ne peut qu’être limité dans le temps sous peine de se retourner contre eux : indignation contre les crimes de guerre, discours humanitaires, etc). je sais pas combien de crédit temps le Hamas leur à donné cette fois. on va le découvrir.

      mais les pogroms, c’est pas affaire quantitative, je t’assure ! l’ambiance compte beaucoup ! par exemple ça compte beaucoup d’interrompre, de faire effraction dans la vie quotidienne, ordinaire (c’est pas des manifs qui sont visées dans un pogrom), ça compte beaucoup d’aller chercher des civils dans les caves, les chiottes, pas juste dans « l’espace public », c’est un marqueur tout spécial de domination.

    • à part ça il n’y a aucune « radicalisation » du Hamas. il n’iront jamais au fond ni à la racine de rien, de rien d’autre que leur nationalisme fondamentaliste religieux. le fond, ils l’ont touché d’emblée. je vois pas sur quoi ils pourraient rebondir (mention spéciale à l’inutilité du FPLP et tutti quanti).

  • Ce que Jean-Marc Jancovici ne comprend pas | Mouais, le journal dubitatif

    https://blogs.mediapart.fr/mouais-le-journal-dubitatif/blog/250523/ce-que-jean-marc-jancovici-ne-comprend-pas

    L’air de rien, malgré son apparente approche globale, la pensée de Jancovici est très simple, et même très simpliste. Pour lui, tout se résume aux flux physiques : l’économie, le progrès social et technologique, la marche du monde. Y’a de l’énergie, y’a de la thune, y’a plus d’énergie, y’a plus de thune. « Les faits physiques n’ont pas besoin d’être politisés » (3) dit-il. Quand il répète que « la décroissance, on ne va pas y échapper », c’est finalement par rationalité physique selon lui. C’est largement sous-estimer les fous furieux qui nous gouvernent, prêts à aller aux confins de l’univers chercher de nouvelles sources d’énergie, et surtout, prêts à ce que les trois quarts de l’humanité meurent pendant qu’ils seront bunkérisés dans les derniers endroits viables de la planète. Jancovici, qui n’est d’ailleurs pas un scientifique, il le dit lui-même, martèle un discours qui confère souvent au scientisme, idéologie selon laquelle tous les problèmes qui concernent l’humanité pourraient être réglés suivant le paradigme de la méthode scientifique : « Les lois de la physique et des mathématiques seront respectées de toute façon » (4) prévient JMJ. Bien évidemment que chacun connaît l’irréversibilité de la catastrophe en cours, la dérégulation climatique, ainsi que le réchauffement planétaire. Ce sur quoi sur nous pouvons avoir prise pour s’adapter, prévoir, éviter, c’est le politique, au sens premier du terme, c’est-à-dire l’organisation de la cité.

    Et c’est là où le bât blesse. Ce que Jean-Marc Jancovici ne comprend pas, c’est qu’aucune forme d’avancée écologiste ne sera possible tant que la bourgeoisie, dont il fait partie, sera aux commandes. D’ailleurs l’a-t-on déjà vu soutenir une quelconque lutte écolo ? Car ce n’est que par la lutte et l’organisation que le progrès social advient, que l’on construit des alternatives viables et non par la magie de l’invention machinique ou par la formation scientifique.

  • Spéciale forêt : en France, elle « est aujourd’hui dans un mauvais état de conservation écologique »
    https://www.youtube.com/watch?v=wxeUVoTIDkA


    Sylvain Angerand, ingénieur forestier et fondateur de l’association Canopée, Régine Touffait, ingénieure forestière à la direction des risques naturels de la forêt à l’ONF et Gilles Boeuf, biologiste et ancien président du Musée d’histoire naturelle, évoquent l’état des forêts françaises à 8h20.

  • « Nous poussons la planète vers un avenir climatique où seule une partie de sa surface sera habitable »
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/06/12/nous-poussons-la-planete-vers-un-avenir-climatique-ou-seule-une-partie-de-sa

    Hans-Otto Pörtner estime impossible de s’adapter à un réchauffement de 4 °C, comme la France s’y prépare actuellement.

    […]

    En Afrique, le changement climatique risque de faire reculer les progrès réalisés en matière de développement, ce qui est très inquiétant, alors que le continent pourrait abriter 40 % de la population mondiale à la fin du siècle. Si les plus pauvres et les plus vulnérables subissent le plus durement le changement climatique, en réalité, personne ni aucune région n’est à l’abri de ses effets.

    #climat
    #paywall

    • L’humanité et la nature sont poussées chaque jour davantage jusqu’à leurs limites par les impacts toujours plus ravageurs, généralisés et souvent irréversibles du changement climatique d’origine humaine. Ce sombre bilan est celui du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), qui a publié une synthèse de huit ans de travaux en mars.

      Dans un entretien au Monde, la biogéographe sud-africaine Debra Roberts et le climatologue allemand Hans-Otto Pörtner, deux scientifiques coprésidents du groupe de travail 2 du GIEC – celui chargé d’étudier la vulnérabilité des sociétés humaines et des écosystèmes et les moyens de s’adapter –, préviennent que nous ne sommes pas préparés aux impacts extrêmes ni aux « surprises » que nous réserve le dérèglement climatique. Hans-Otto Pörtner estime impossible de s’adapter à un réchauffement de 4 °C, comme la France s’y prépare actuellement.

      *Le rapport du GIEC indique que le changement climatique a déjà entraîné des « effets négatifs généralisés ». Quels sont les principaux ?*

      Debra Roberts : Entre 3,3 milliards et 3,6 milliards d’humains, soit près de la moitié de la population mondiale, vivent dans des zones qui sont hautement vulnérables au changement climatique. Beaucoup de ces personnes sont en même temps exposées à d’autres pressions qui interagissent entre elles, telles que le sous-développement, une grande pauvreté, une mauvaise gouvernance et un manque de financement. En Afrique, le changement climatique risque de faire reculer les progrès réalisés en matière de développement, ce qui est très inquiétant, alors que le continent pourrait abriter 40 % de la population mondiale à la fin du siècle. Si les plus pauvres et les plus vulnérables subissent le plus durement le changement climatique, en réalité, personne ni aucune région n’est à l’abri de ses effets.

      Les écosystèmes sont également très durement touchés. Nombre d’entre eux, comme les coraux d’eau chaude ou les zones humides côtières, pourraient disparaître en grande partie si nous dépassons un réchauffement de 1,5 °C, l’un des objectifs de l’accord de Paris [la planète s’est déjà réchauffée de 1,2 °C depuis l’ère préindustrielle] . Si nous dépassons 2 °C, nous pourrions perdre de 7 % à 18 % des espèces en Afrique. Ces impacts seront irréversibles, même si nous revenons un jour à 1,5 °C. Cela constitue un défi existentiel pour les sociétés humaines tant nous dépendons de la nature pour faire face au changement climatique et soutenir nos moyens de subsistance.

      Le risque existe-t-il donc de dépasser les limites humaines et celles des écosystèmes ?

      Hans-Otto Pörtner : De nombreuses zones du monde subissent déjà des chaleurs extrêmes, surtout autour de l’équateur, comme l’Amazonie, le Sud et le Sud-Est asiatique, et les régions méditerranéennes endurent des sécheresses intenses, qui réduisent la productivité agricole. Ces conditions dépassent de plus en plus souvent les limites de l’adaptation humaine et mettent en péril notre survie. En Europe, nous avons également été frappés par des événements climatiques extrêmes, notamment des canicules qui ont entraîné des milliers de morts en France, en Allemagne et même au Royaume-Uni. Partout dans le monde, les espèces animales et végétales sont aussi contraintes de migrer et les tropiques perdent de la vie animale.

      Nous poussons maintenant la planète vers un avenir climatique où seule une partie de sa surface sera habitable par les animaux, y compris les humains. L’habitabilité future des tropiques est notamment posée. Notre espèce est l’une des plus vulnérables en raison de la complexité de nos systèmes d’infrastructures, de notre économie et de notre interdépendance mondiale. Le fait que nous ayons colonisé tous les coins de la planète nous rend dépendants de notre climat actuel. Et nous jouons avec lui.

      Est-on suffisamment préparé à ces impacts qui vont encore s’aggraver ?

      D. R. : Les habitants sont désormais conscients des impacts, mais nos mesures d’adaptation au changement climatique sont encore fragmentées, à petite échelle et progressives. Or, nous avons besoin de grandes approches transformatrices. Le fossé de l’adaptation, celui entre les impacts et nos réponses, se creuse. Nous créons un avenir qui devient profondément injuste et invivable pour un grand nombre de personnes pauvres et vulnérables.

      H.-O. P. : Il y a un énorme déficit d’adaptation dans les sociétés. Avant, nous aurions cru que des pays riches comme le Canada ou l’Australie s’en sortiraient face au changement climatique. Désormais, ce n’est plus garanti. Le Canada est en train d’apprendre qu’il n’a pas les ressources pour lutter contre les incendies, et il fait même venir des centaines de pompiers des Etats-Unis et d’Afrique du Sud pour l’aider. En Allemagne, nous avons connu des inondations majeures en 2021, dont les réparations se sont élevées à 30 milliards d’euros, ce qui est largement à la portée de nos ressources. Imaginez maintenant qu’un tel événement se reproduise trois ou quatre fois certaines années. Cela nous amènerait à la limite de ce que nous pouvons supporter. Quant à la France, comment va-t-elle maintenir ses centrales nucléaires, qui dépendent des rivières pour être refroidies, dans un contexte de pénurie d’eau ?

      Nous poussons nos capacités jusqu’à une limite. Mais les gens n’en sont pas pleinement conscients. Notre espèce manque de vision à long terme, nous ne réagissons qu’à l’immédiat. Ce que montrent les gigantesques incendies au Canada, en Australie ou en Sibérie, c’est que nous ne sommes ni préparés à ce qui nous attend ni aux surprises que nous réserve le changement climatique.

      Comment peut-on s’adapter concrètement ?

      H.-O. P. : La réduction des émissions de gaz à effet de serre est une précondition essentielle. Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour ne pas dépasser un réchauffement de 1,5 °C. Nous devons repartir de zéro : éduquer les élèves, nos décideurs politiques et nos chefs d’entreprise, changer notre alimentation et nos manières de nous déplacer, en particulier dans les pays occidentaux. Nous avons besoin d’une véritable transformation, mais je ne pense pas que les hommes politiques le comprennent et beaucoup d’habitants ne veulent pas changer. C’est trop inconfortable.

      D. R. : De nombreuses personnes ne peuvent aussi pas changer, notamment dans les pays en développement, parce qu’elles n’ont pas accès aux ressources nécessaires ou même simplement à une qualité de vie décente. Il y a un gros manque de financements climatiques, en particulier pour ce qui concerne l’adaptation, où il faut des milliards, voire des milliers de milliards, en plus chaque année.

      Pour nous adapter, nous appelons, dans le rapport du GIEC, à protéger de 30 % à 50 % des écosystèmes et à développer des solutions axées sur eux. Nous devons aussi adapter les infrastructures urbaines aux sécheresses et aux inondations, repenser l’aménagement du territoire, mais aussi fournir à tous un logement décent et un accès aux services de base. Pour accroître la sécurité alimentaire, nous devons réfléchir à l’utilisation de cultures résistantes à la sécheresse ou à l’agroforesterie. Mais toutes ces actions peuvent avoir des impacts négatifs si elles sont mal mises en œuvre, déboucher sur de la « maladaptation », comme l’installation de climatiseurs qui aggravent le réchauffement. Il faut y penser.

      Les technologies sont-elles nécessaires dans les politiques d’adaptation ?

      H.-O. P. : Elles sont essentielles, et de plus en plus nécessaires à mesure que le réchauffement augmente. Mais, en les utilisant, nous risquons de dépasser nos capacités d’adaptation au changement climatique et celles des écosystèmes. Les climatiseurs peuvent sauver des vies dans des conditions extrêmes, mais ils peuvent aussi augmenter les émissions si l’énergie qu’ils consomment n’est pas renouvelable. Il y a un équilibre délicat à trouver.

      D. R. : Face à une menace existentielle, nous devons considérer toutes les solutions, et les technologies en font partie. Mais l’accès à la technologie dépend des moyens financiers, qui font défaut aux pays en développement. Nous avons besoin d’une redistribution des ressources et d’un transfert de technologies vers ces pays. Je pense que c’est là où réside le problème : le débat sur le climat n’a porté que sur le climat. Il ne s’est pas inscrit dans le cadre plus large du débat sur le développement.

      Qu’est-ce qui vous permet de garder de l’espoir ?

      D. R. : En ce qui me concerne, je ne vends pas de l’espoir. L’espoir ne met pas un toit au-dessus de votre tête. Il ne vous donne pas d’eau potable. Il ne vous protège pas. Je crois au travail acharné. Le rapport de synthèse du GIEC indique que nous devons réduire nos émissions de 60 % d’ici à 2035. Cette baisse sera prédéterminée par les actions mises en place d’ici à 2025. C’est donc au cours des deux prochaines années qu’il faudra travailler dur. Nous avons les outils et les ressources pour y parvenir, mais nous devons voir s’il y a une volonté politique et sociétale de se mettre au travail.

      H.-O. P. : Je pense que, à mesure que le changement climatique et les pertes et dommages vont s’aggraver, les gens vont commencer à agir et le nombre de climatosceptiques va diminuer. Le changement climatique est un professeur pour l’humanité. Cela aurait été bénéfique de commencer plus tôt, alors que nous savons depuis près de cent ans que le changement climatique est en cours et qu’il s’agit d’un défi. Plus nous attendons, plus il sera difficile de rattraper le temps perdu et plus il y aura de souffrances. Mais nous sommes condamnés à ne pas abandonner cette lutte. Il y aura un revirement forcé à la fin parce qu’un réchauffement de 4 °C en moyenne n’est pas un avenir vivable.

      Ne pensez-vous pas que la France puisse s’adapter à un réchauffement de 4 °C en métropole – ce qui correspond à près de 3 °C en moyenne mondiale –, la trajectoire vers laquelle nous mènent les promesses actuelles des pays ?

      H.-O. P. : Nous ne pouvons pas nous adapter à 4 °C au niveau mondial et je suis sceptique quant à la capacité de le faire au niveau régional à 4 °C comme le propose la France. Je ne pense pas que les politiques d’adaptation puissent faire face aux vagues de chaleur ou aux sécheresses estivales qu’un tel réchauffement entraînerait dans certaines régions, en particulier le long de la côte méditerranéenne. En extrapolant à partir des connaissances actuelles, cela ne semble pas réaliste. Par exemple, à un moment donné, on ne pourra pas limiter le nombre de décès lors des vagues de chaleur. Avec le réchauffement actuel, la France doit déjà transporter de l’eau douce dans des endroits où il n’y en a pas à cause de la sécheresse. Dans le futur, tout va empirer. Il s’agira d’un effort massif. Le pays atteindra les limites de ses ressources, et même au-delà. Sans compter l’arrivée massive de migrants climatiques, qui ne pourront plus vivre là où ils sont actuellement. Ce sera un énorme défi et l’Europe ne pourra pas construire des murs, ni l’Amérique du Nord.

      D. R. : Je serais prudente avec cette crainte d’énormes migrations, qui, implicitement, proviendraient des pays en développement. Beaucoup de migrations ont lieu à l’intérieur des pays ou concernent les ménages à revenus moyens, car les pauvres n’ont tout simplement pas les moyens de se déplacer.

      H.-O. P. : L’alternative, ce sont des mortalités de masse. Soit les gens auront la capacité de se déplacer, soit ils mourront sur place. Nous avons encore actuellement la capacité d’aller vers un monde plus soutenable, mais nous la perdons au fur et à mesure que nous nous dirigeons vers un avenir frappé par le changement climatique.p

  • Une #enquête explosive sur les #impôts des #milliardaires - Challenges
    https://www.challenges.fr/economie/une-enquete-explosive-sur-les-impots-des-milliardaires_848062

    L’#Institut_des_politiques_publiques #IPP (Ecole d’Economie de Paris), en collaboration avec l’#administration_fiscale à #Bercy, finalise une étude qui devrait démontrer que les #ultra_riches évitent massivement l’#
    impôt en France par rapport au reste de la population. Un constat qui va raviver la polémique sur la suppression de l’#ISF par Emmanuel Macron.

  • la pandémi eléfini de manière très officielle le masque est interdit de manière très officieuse qu’st ce qu’on peut faire maintenant ? attendre le prochain virus
    Ellen Queen Of The Bouse sur Twitter

    lapandémi eléfini de manière très officielle le masque est interdit de manière très officieuse qu’st ce qu’on peut faire maintenant ? attendre le prochain virus

    et encore, avec ce qu’ils ont fait, y’a des chances que ni le prochain ni celui d’après ne donnent lieu à quoi que ce soit de particulier. le problème c’est que les dirigeants ont appris.

    c’est un peu comme quand tu foires ta grève et que tu retournes au taf. ils analysent, ils apprennent, il tirent un pattern, ils le reproduisent. là ils ont appris comment rendre les populations insensibles aux morts et aux invalides en pandémie.

    ils ont appris à quels stimuli la population répond le plus fort. ils ont joué sur beaucoup de choses et noté celles qui fonctionnent. depuis ils ne font que des rappels. même plus besoin de se fatiguer. des millions de bénévoles se chargent de la communication. hands clean.

    ils ont volontairement nourri le complotisme comme ils avaient naguère nourri les casseurs de grève. efficace. ça permet de fausser le jeu. c’est comme quand papa crie que maman est folle. après ça, tout ce qui ressemble à quelque chose que maman aurait pu dire ou faire est fou.

    ça verrouille le pattern. tu savais bien que quelque chose était vrai dans le bordel. mais puisque ce sont les mêmes qui ont fini par vriller complètement et devenir de braves bénévoles du pouvoir à leur insu, tu ne peux pas t’approprier quoi que ce soit qui leur ressemble.

    tu ne peux pas dire que les gouvernements font exprès. qu’ils se foutent totalement que leur population crève parce que de toute manière ils en ont trop et dans leur logiciel de pensée trop de population oui ça existe. si tu le dis tu passes de l’autre côté. tu es baisé.

    ce qui est le plus génial (ya des génies pas bien intentionnés) dans l’affaire c’est que comme tu ne peux plus rien faire pour critiquer le pouvoir NI rien faire pour t’opposer à ses ordres implicites auxquels ses bénévoles stupides te contraignent, tu es devenu le problème.

    tu ne peux plus rien. ni dire ni faire. tu es totalement annihilé. tu ne peux pas dire qu’ils interdisent le masque mais tu ne peux pas le porter non plus. tu ne peux pas dire qu’ils empêchent la vaccination mais tu ne peux pas y accéder non plus. tu deviens le problème.

    tu deviens une personne sans masque qui ne se battra pas pour un5eme rappel si déjà tu as accédé au 4e. tu deviens un parent qui scolarise un enfant malade de 4 ans sans aucune forme de protection. tu deviens ta propre victime personne ne t’a jamais physiquement contraint.

    tout comme personne n’a physiquement contraint à la reprise du travail les grévistes mais ils le font toujours. de plus en plus tôt. chaque événement a donné lieu à un apprentissage. chaque méthode de gestion est devenue une science développée pour s’adapter à d’autres usines.

    chaque gestion de crise fait l’objet d’une étude approfondie, de dizaines de réunions, de prospectives diverses pour préparer les suivantes, et chaque défaite t’en garanti 100 autres derrière elle, alors oui, tu as perdu , tout simplement, ton droit à la santé.

    ce ne sont pas des batailles que tu perds à chaque fois, ce sont des droits de l’Homme.

    #Stratégie_du_choc

  • L’insoutenable légèreté de l’air. L’État, la pollution et la lutte des classes | Le Club
    https://blogs.mediapart.fr/alexandre-lauverjat/blog/180223/l-insoutenable-legerete-de-l-air-l-etat-la-pollution-et-la-lutte-des

    Fruit de la lutte des classes, la pollution l’est à plus d’un titre : non seulement en tant que rejeton peu reluisant du système industriel capitaliste qui travaille à la rendre inévitable aux yeux du public, mais aussi parce que, contrairement à l’idée reçue qui voudrait que les catastrophes environnementales frappent l’humanité toute entière sans distinction, la pollution touche inégalement dominants et dominés.

    Ce n’est pas un hasard si la première grande loi nationale contre la pollution de l’air est présentée en 1932 par le sénateur communiste et maire de Boulogne-Billancourt André Morizet[9]. Maire d’une ville industrielle en plein essor, Morizet est un témoin direct des conséquences désastreuses des fumées toxiques sur la santé des ouvriers de sa municipalité. Face aux produits dangereux, ce sont les travailleuses et travailleurs qui sont en première ligne.

  • Climat : les huit dernières années en passe de devenir les plus chaudes jamais enregistrées | ONU Info
    https://news.un.org/fr/story/2022/11/1129542

    Déjà trop tard

    « Plus le réchauffement est important, plus les impacts sont graves. Les concentrations atmosphériques de dioxyde de carbone sont si élevées que le seuil de 1,5 °C fixé dans l’Accord de Paris est à peine à notre portée », a déclaré le Secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas.

    « Il est déjà trop tard pour de nombreux glaciers et la fonte va se poursuivre pendant des centaines, voire des milliers d’années, avec de lourdes conséquences pour la sécurité hydrique. Le niveau de la mer s’élève à un rythme qui a doublé en 30 ans. Bien que nous mesurions encore cette élévation en millimètres par an, elle représente un demi-mètre à un mètre par siècle, ce qui constitue une menace majeure et durable pour les pays de faible altitude et les millions de personnes vivant sur les côtes », a-t-il poursuivi.

    « Trop souvent, ce sont ceux qui contribuent le moins au changement climatique qui en souffrent le plus, comme nous l’avons vu avec les terribles inondations au Pakistan et la sécheresse meurtrière qui sévit depuis longtemps dans la corne de l’Afrique. Toutefois, cette année, même les sociétés bien préparées ont été ravagées par les extrêmes, tels que les vagues de chaleur et les sécheresses prolongées dont ont pâti une grande partie de l’Europe et le sud de la Chine », a indiqué M. Taalas. « Du fait de l’intensification des conditions météorologiques extrêmes, il est plus important que jamais de veiller à ce que chaque habitant de notre planète ait accès à des alertes précoces susceptibles de sauver des vies ».

    Voir aussi : https://seenthis.net/messages/985598

    #climat #catastrophes_climatiques #administration_du_désastre

  • Pourquoi la presse financière fait-elle mieux que la gauche sur le COVID ?
    https://lenumerozero.info/Pourquoi-la-presse-financiere-fait-elle-mieux-que-la-gauche-sur-le-CO

    Nous sommes censé·es nous tenir aux côtés des groupes marginalisés - les personnes handicapées, les personnes âgées, les enfants, les personnes immunodéprimées - et réclamer justice, même face à de très grandes difficultés. Et nous ne devons certainement pas accepter sans sourciller une « nouvelle normalité » qui expose chacun·e d’entre nous à un risque élevé d’invalidité prolongée. Une gauche qui avale si facilement les justifications sans fondement de la mort et du handicap de masse pour notre confort et notre convenance n’a rien d’une gauche. Source : The Gauntlet via Le Numéro Zéro

    • Le fait que la presse économique soit en avance parce qu’elle accorde plus de valeur à ses employés que nous n’en accordons à nos voisins est une honte pour le mouvement émancipateur.

      […]

      Il y a des questions plus larges à poser au mouvement émancipateur ici qui vont bien au-delà du COVID long. La haine pure et simple dirigée contre les personnes handicapées en ce moment est évidente même dans les cercles de gauche, où les gens se sont mis à ricaner à la façon des républicains trumpistes lorsque les masques sont mentionnés.

    • John Burn-Murdoch (data-journaliste au Financial Times) produit un travail tout simplement incroyable de qualité et d’intelligence.

    • L’OCDE s’est penchée sur les pénuries de main d’œuvre post-Covid, les secteurs concernés ET les solutions possibles
      https://atlantico.fr/article/decryptage/l-ocde-s-est-penchee-sur-les-penuries-de-main-d-oeuvre-post-covid-les-sect
      « les secteurs à forte intensité de contacts, comme l’hébergement, la restauration et l’hôtellerie, ainsi que l’industrie manufacturière, ont été les plus touchés. »
      la majorité des morts covid, c’est les hommes, ici, c’est les #femmes qui sont le plus touchées. ce qui participe à l’invisibilisation et au déni, y compris à #gauche.

    • Malheureusement, alors que les vies humaines sont mises de côté par la droite comme par la gauche, la seule partie de l’échiquier politique qui s’inquiète de l’invalidité croissante du public est constituée par les employeurs qui réalisent qu’ils sont en train de perdre du capital humain.

      Ces titres montrent clairement pourquoi et dans quel contexte la presse économique s’intéresse aux êtres humains : dans le contexte de leur capacité à servir de travailleur·euses pour le capitalisme. Encore et encore, les titres du WSJ et de Fortune mettent en garde contre la situation économique désastreuse à venir, les pénuries de main-d’œuvre généralisées dans toutes les industries de première ligne, et les rapports sur l’emploi qui montrent un nombre record de travailleur·euses en arrêt de travail pour cause de maladie de longue durée. Le Covid long est urgent non pas à cause de notre souffrance, mais à cause de notre incapacité à travailler.

    • Les pénuries de main-d’œuvre peuvent être résolues par plusieurs outils politiques, à adapter en fonction de la situation spécifique à chaque pays. Améliorer les conditions de travail et une rémunération équitable en promouvant le pouvoir de négociation des travailleurs et en renforçant la protection sociale peut aider à maintenir les travailleurs dans la population active et à les faire revenir.

      Comme la pénible impression que les pisse-copies de la presse économique habitent une autre planète ...

      #administration_du_cheptel_humain

    • Épisode 27/ Après la peste : fixer des salaires maximum – Actuel Moyen Âge (24/04/2020, reprise, contextualisée covid, d’un article du 21/09/2017)
      https://actuelmoyenage.wordpress.com/2020/04/24/episode-27-apres-la-peste-fixer-des-salaires-maximum


      serfs labourant, d’après une miniature d’un manuscrit de la Sainte-Chapelle, XIIe siècle, BnF (?)

      Au Moyen Âge, à l’inverse, la Peste noire, par la saignée démographique qu’elle entraîne, fait le jeu des travailleurs – pendant un temps.

      « Des salaires déraisonnables » : c’est ainsi que les textes de loi qui fleurissent en Europe à partir de 1348 décrivent les nouvelles exigences des artisans, des bergers, des bouviers, des moissonneurs, des maçons ou encore des nourrices. Il faut dire que les travailleurs ont de bonnes raisons de réclamer des salaires plus élevés dans la seconde moitié du XIVe siècle. La peste noire, qui a touché l’Occident à partir de 1348, et le balaie ensuite par vagues pendant plusieurs siècles, a fait pas mal de dégâts.

      Selon les régions, les populations ont été réduites d’un quart, de la moitié, parfois plus. Les conséquences économiques sont immédiates : les prix flambent, même pour les biens de première nécessité comme le grain, et les travailleurs ont une petite marge de manœuvre pour revoir leurs salaires à la hausse. Car leurs bras aussi sont rares et leurs services valent donc plus cher. Mais pas questions pour les autorités publiques de se laisser tondre la laine sur le dos. On crée alors l’exact contraire du SMIC : un salaire maximum.

      En Provence une loi apparait dès 1348, en Angleterre dès 1349, en France il faut attendre 1351. Ces lois sont suivies par d’autres qui les retouchent : encadrer les salaires pose plein de problèmes d’application qui ne seront jamais vraiment réglés.

    • Déficit : Bruno Le Maire ne touchera finalement pas aux ALD, mais lorgne les arrêts maladie et le chômage des séniors

      https://www.liberation.fr/economie/deficit-bruno-le-maire-ne-touchera-finalement-pas-aux-ald-mais-lorgne-les

      Le ministre évoque également une réforme des indemnités journalières alors que « les arrêts maladie ont augmenté de 10 % depuis le Covid », voulant ainsi ouvrir le débat « dès cette année afin de lutter contre les abus », dans « un principe de justice vis-à-vis de ceux qui travaillent » [sauf lorsqu’ils sont malades, ndc].

      #covid #covid_long #post_covid #travail #budget #santé

  • « Journée nationale de la résilience » : vers un survivalisme d’État
    https://lundi.am/Journee-nationale-de-la-resilience-vers-un-survivalisme-d-Etat

    Le 13 octobre, la France fêtera pour la première fois sa « Journée nationale de la résilience ». #Thierry_Ribault, chercheur au CNRS et auteur de Contre la résilience, à Fukushima et ailleurs, nous délivre pour l’occasion quelques éléments de compréhension afin d’aborder cette notion, à la fois technologie de consentement et "arme d’adaptation massive".

    #administration_du_désastre

    • Car la résilience est une technologie du consentement. Il s’agit de consentir à la fatalité des désastres notamment technologiques afin d’apprendre à « vivre avec », sans jamais s’attaquer à leurs causes. Consentir à l’entraînement, à l’apprentissage et à l’expérimentation de conditions de vie dégradées par le désastre. Consentir encore à la participation pour fonder la déresponsabilisation des décideurs et la culpabilisation des victimes.

      Méthode particulièrement mise en œuvre lors des catastrophes nucléaires passées (et à n’en point douter, à venir).
      Ça rejoint l’analyse critique de la Criirad après Fukushima : Tout est fait pour accréditer l’idée que c’est à la population de s’adapter au désastre.
      #nucléaire

  • Ni pot ni enveloppe – Sortant du village
    https://sortantduvillage.info/2022/06/17/ni-pot-ni-enveloppe

    Sachez, chers collègues, que si j’ai annoncé en réunion de service, l’hiver dernier, que je refuserai toute célébration usuelle (pot, enveloppe, cadeau, etc.) pour mon départ en retraite c’est en grande partie parce que j’anticipais le fait que mon poste à Anglemont ne serait pas reconduit.

    À quelques semaines de l’échéance, ces prévisions n’ont malheureusement pas été démenties. Les usagers ont été prévenus, au début du mois de juin, qu’il n’y aurait pas de réinscription aux ateliers informatiques du centre culturel.

    Plus que l’emploi ou même le poste, c’est le principe même de la pérennité des missions de service public qui est en jeu. Accepter la disparition d’un poste de service public signifie que l’on accepte la possible disparition de tous !

    Il ne tient qu’à vous, chers collègues du centre culturel, de vous assurer que les heures des ateliers informatiques d’Anglemont seront effectivement reconduites. C’est aussi la pérennité de vos propres heures qui est en jeu, que vous soyez titulaire ou contractuel.

    #service_public #EPN #fonction_publique_territoriale #suppression_postes #pot_de_départ_en_retraite #syndicat #syndicalisme #rapport_employeur_salarié #médiation_numérique #fracture_numérique #administration_en_ligne

  • Lilapuce
    https://www.lilapuce.net

    L’autre jour, je suis allé au supermarché. Vous savez, le gros machin moche, à la porte de Bagnolet. Déjà, je n’ai pas trouvé de caddie. J’étais très énervé mais, faute de mieux, je me suis rabattu sur l’un de ces paniers à roulette en plastique rouge ; un ustensile totalement inadapté, dès lors que vos achats dépassent le volume d’un baril de lessive.

    Le magasin a 30 ans et les travaux assez lourds de rénovation sont engagés depuis déjà plusieurs mois. Bien entendu, il est hors de question pour autant d’arrêter le flux du transit commercial. Ils ont déjà remplacé une partie des caisses et actuellement c’est la réfection du sol du premier niveau qui est en cours sur la moitié de la surface. La même quantité de marchandise est donc répartie sur deux fois moins d’espace.

    Faut tasser la marchandise et peut importe si le client est un peu déboussolé. De toute façon, il s’adapte, le client. N’est-ce pas ?

    Salariés et clients s’entre-choquent comme dans une porcherie industrielle. D’inévitables frictions plus ou moins virulentes éclatent.

    Je suis pris, comme mes congénères, dans une sorte de réalité paroxysmique de la grande distribution. En fait, c’est un concentré de grande distrib et c’est complètement insupportable : rayonnages posés en vrac mêlant marchandise, emballages, véhicules et personnes. Tout est exacerbé : éclairages blafards, sonos criardes, températures extrêmes...

    Plus que d’habitude, encore, la tête tourne et j’ai la nausée. Je ne sais plus trop si c’est bien moi qui pousse le truc à roulette ou si je me fait tirer. Je tâche de garder le contrôle, en pointant ma liste de course.

    Puis vient le moment de payer, au deuxième niveau. Stupeur : il n’y a que des « caisses automatiques » !

    « Caisses automatiques, » n’importe quoi ! C’est automatique de rien du tout : en fait, on demande, ni plus ni moins, au client de faire le boulot de la caissière !

    Alors du coup, j’ai laissé tout ça en vrac et je suis parti, fou de rage, en lâchant un juron en anglais.

    Fin de l’épisode.

    Quand l’administratif se cale sur le commercial, tel était le thème de notre atelier du jour, en salle 301 :

    Administration en ligne

    Autre version de ce contenu sur le site perso :
    https://cabou.net/Obligation

    #administration_dématérialisée #services_en_ligne #inclusion_numérique #numérique_inclusif

    • L’abandon des marchandises dans les super, hyper marchés est ce qu’il y a de plus efficace comme protestation.

      Bientôt, impossible de contrôler les prix qui vont seront facturés par les caisse à la sortie du bazar car suppression des tickets de caisse l’an prochain.
      Préparons nous !

  • Les Calanques, c’est fini
    https://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?article1671

    Nous avons reçu du Platane une enquête sur la clôture électronique des Calanques. Le Platane, c’est le nom qu’ils se sont donné parce que c’est là qu’ils se réunissent, à Marseille. On peut résumer l’affaire en trois mots : on ne pourra plus, désormais, aller se promener à sa guise dans les calanques, il faudra au préalable obtenir un QR code de l’administration du Parc. On peut aussi la détailler : la technocratie dirigeante organise « l’attractivité du territoire », le TGV arrive à Marseille, 100 millions de touristes visitent la France chaque année, et pourquoi voudriez-vous qu’une partie d’entre eux ne transforme pas les calanques en dépôt d’ordures, ravagé de temps à autre par un incendie. Ayant organisé la catastrophe, il ne reste plus qu’à organiser le Parc pour en gérer les nuisances. D’où le (...)

    #Faits_divers
    https://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/l_e_cologie_des_gestionnaires_-_une_impasse_-_le_cas_des_calanq

  • >Ban Public - Le portail d’information sur les prisons
    http://prison.eu.org/budget-penitentiaire-2022-prison

    Dans le cadre du projet de loi de finances pour 2022, les membres de l’Assemblée nationale examinent aujourd’hui, lundi 25 octobre, les crédits de la mission Justice et, parmi eux, ceux dédiés à l’administration pénitentiaire. Une fois de plus, les priorités budgétaires sont aux antipodes des véritables besoins et traduisent une orientation stratégique où la prison reste, encore et toujours, la peine de référence.

    Une promesse enfin tenue pour Macron et Castex, en 2022 plus personne à la rue, tous en taule ?
    #administration_pénitentiaire #LaREM #prisons #institution_carcérale

  • Clairvaux 22 septembre 1971 et aujourd’hui
    https://www.franceinter.fr/emissions/le-vif-de-l-histoire/13h54-le-vif-de-l-histoire-du-lundi-20-septembre-2021

    22 septembre 1971, deux détenus, Buffet et Bontems, tentent de s’échapper de la prison de Clairvaux. Durant l’assaut, meurent l’infirmière Nicole Comte et le gardien Guy Girardot. En janvier 1972, ils sont condamnés tous deux à la peine capitale par la cour d’assises de Troyes.

    https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/20905-20.09.2021-ITEMA_22780145-2021F17009S0263-22.mp3


    #peine_de_mort #prison_de_Clairvaux #administration_pénitentiaire #jean_Lebrun #histoire

  • Bonjour, grüezi, allegra, benvenuto: plurilingue au quotidien

    Quatre #langues_nationales, des dizaines de dialectes, plus de 250 langues parlées au total : le plurilinguisme est un phénomène saillant en Suisse, et il augmente. Le plus frappant est cependant de voir comment l’#anglais s’impose peu à peu comme cinquième « langue nationale ».

    Renata Coray a grandi dans le canton de Bâle-Campagne au sein d’une famille où l’on parlait le romanche et le suisse allemand, elle a fait des études en français et en allemand à Fribourg, vit à Zurich, séjourne souvent dans la Surselva, lit aussi des textes en anglais pour son travail et aime les vacances en Italie. Si tous les Suisses ne sont pas aussi polyglottes que cette cheffe de projet à l’Institut de plurilinguisme de l’université de Fribourg, la dernière étude de l’Office fédéral de la statistique (OFS) sur le #paysage_linguistique suisse montre tout de même que le plurilinguisme est en nette augmentation. Plus de deux tiers de la population suisse utilise régulièrement plus d’une langue. En 2014, environ 64 % des Suisses parlaient plus d’une langue au quotidien. Aujourd’hui, ils sont 68 %. Pour ce qui est du nombre de langues utilisées, 38,4 % en parlent régulièrement deux, 21,3 % trois, 6,4 % quatre et 1,7 % cinq ou plus. Notons que l’étude n’établit pas de distinction entre l’allemand standard et le suisse allemand.

    « Cette augmentation est due à la #mobilité accrue, aux possibilités de communication élargies offertes notamment par les nouveaux médias et l’Internet, aux cours de langue très répandus et à la composition plus internationale de la population », indique la sociolinguiste Renata Coray. Mais la modification des questions de l’enquête statistique y est aussi pour quelque chose : si, jusqu’en 1990, les sondés ne devaient indiquer que leur langue maternelle (les personnes bilingues devant opter pour une seule langue), ils peuvent depuis lors mentionner aussi les langues qui leur sont familières et, depuis 2010, citer jusqu’à trois langues principales.

    Une mise en œuvre présentant des lacunes

    Malgré cette augmentation, le plurilinguisme reste un thème politique explosif en Suisse. La longue lutte pour la survie du #romanche ou, en nombre d’endroits, les disputes liées à l’introduction de l’anglais à l’école au lieu du français dans les petites classes le montrent. La promotion des langues nationales, en particulier des #langues_minoritaires que sont l’#italien et romanche, est néanmoins ancrée dans la Constitution fédérale. « Pas mal de choses ont été faites sur le plan de la #politique_linguistique et des lois, note Renata Coray, mais la mise en œuvre présente parfois des lacunes. » Cela se voit par exemple, dit-elle, dans l’#administration_fédérale. Une étude de 2020 du Centre pour la Démocratie d’Aarau montre que dans près de deux tiers des offices, les Suisses alémaniques sont clairement surreprésentés et les membres des minorités linguistiques, sous-représentés.

    Un problème similaire existe dans le canton des #Grisons, relève la sociolinguiste. Dans ce seul canton possédant trois langues officielles – l’allemand, le romanche et l’italien –, l’#allemand reste nettement dominant dans l’#administration. Au fond, la promotion du romanche a-t-elle un sens dans un pays dont seulement 0,5 % de la population résidante permanente le considère comme l’une de ses langues principales, et seulement 0,9 % l’utilise régulièrement, sachant que la plupart des romanchophones maîtrisent aussi l’allemand ? « Il est vrai que ma grand-mère faisait probablement partie de la dernière génération qui ne parlait que le romanche, mais la promotion de la #diversité_linguistique est tout de même importante pour la #cohésion et l’#identité du pays », souligne Renata Coray. Même du point de vue économique, le multilinguisme semble payer : il est en effet à l’origine de 9 % du produit intérieur brut de la Suisse, comme l’ont découvert des chercheurs de l’université de Genève en 2008. Actuellement, une autre étude est en cours, car ce chiffre pourrait avoir augmenté ces dernières années.

    Encourager les jeunes

    Naomi Arpagaus apprécie elle aussi la #diversité_linguistique. Cette Grisonne de 21 ans a grandi dans un environnement romanche et suisse alémanique, appris l’anglais et l’italien à l’école, s’est spécialisée en espagnol au gymnase et prend en ce moment des leçons de français. « Vivant à Berne à cause de mes études, je parle surtout l’allemand au quotidien, mais aussi le romanche avec mes amis. » La préservation de cette langue lui tient à cœur. Ainsi, en tant que présidente de l’organisation faîtière de la jeunesse romanche #GiuRu, elle s’engage pour la défense des régions linguistiques grisonnes et l’interconnexion des cinq idiomes que sont le #sursilvan, le #sutsilvan, le #surmiran, le #puter et le #vallader.

    « Nous organisons des concerts et des soirées de jeux en romanche, tenons une rubrique dans le quotidien romanche ‹La Quotidiana› et entretenons des liens avec d’autres minorités linguistiques d’Europe », explique Naomi Arpagaus. L’intérêt des jeunes est très vif, dit-elle : « Beaucoup considèrent que la maîtrise du romanche est un avantage. Elle facilite l’accès à d’autres langues latines comme le français, l’espagnol ou le portugais, et il s’agit presque d’une langue secrète. » Pourtant, sur les réseaux sociaux, les jeunes s’expriment sans doute plutôt en allemand qu’en romanche, non ? Naomi Arpagaus rigole : « Dans ma génération, on écrit surtout en anglais. »

    La prédominance de l’anglais

    Dans les faits, si l’on excepte la position particulière de l’allemand standard (voir encadré), l’anglais a de plus en plus tendance à s’imposer comme la cinquième « langue nationale ». L’anglais est la langue étrangère la plus répandue, et de loin (45 %), en particulier chez les jeunes : près de trois quarts des 15 à 24 ans ont utilisé régulièrement l’anglais en 2019. « Et c’est une bonne chose, souligne Verio Pini, je dirais même que c’est indispensable. » Le président de l’association Coscienza Svizzera, qui se bat pour la diversité linguistique, expérimente cela au quotidien. Après avoir grandi au Tessin, Verio Pini a fait des études à Lausanne et à Berne. Il vit la moitié du temps à Berne et la moitié au Tessin et utilise aussi le français, l’anglais et l’espagnol tous les jours, en particulier pour la lecture de la presse.

    Aussi important que soit l’anglais aujourd’hui, Verio Pini note cependant que cette langue exerce une forte pression sur les langues nationales. Non seulement sur les langues minoritaires que sont le romanche et l’italien, mais aussi sur l’allemand à Genève ou le français à Zurich. » Souvent, les langues ne sont encouragées que dans leur aire d’influence, alors qu’aujourd’hui, dit Verio Pini, compte tenu de la grande diversité culturelle et de la mobilité, il faut voir au-delà des frontières linguistiques : « L’italien, par exemple, est parlé par un plus grand nombre de personnes au nord des Alpes qu’au Tessin. » Cela n’a pas échappé aux cercles politiques. Dans son message culture 2016–2020 déjà, le Conseil fédéral avait défini l’objectif de soutenir la langue et la culture italiennes hors de la Suisse italienne. Le Parlement réclame aujourd’hui une promotion plus large et plus dynamique du plurilinguisme, et ce afin de favoriser la cohésion nationale et l’intégration.

    « Il est évident que la communication entre les différentes régions linguistiques serait plus aisée si tout le monde parlait l’anglais. Mais pour la cohésion nationale et sociale, la communication simplifiée ne suffit pas, note Verio Pini. Il faut aussi comprendre la culture des autres régions linguistiques. » Apparemment, la population suisse en est tout à fait consciente : d’après l’étude de l’OFS, 84 % des Suisses pensent que connaître plusieurs langues nationales est important pour la cohésion du pays.

    On n’apprend pas les langues qu’à l’école

    Philipp Alexander Weber est aussi de cet avis. Il a grandi à Winterthour et a déménagé à Fribourg pour étudier l’économie. Au début, il avait de la peine avec le français : « À l’école, j’étais plutôt un matheux. » Cependant, il a rapidement remarqué qu’il avait bien plus de facilité à apprendre la langue sur place que dans les livres de grammaire. C’est pourquoi en 2007, il a fondé l’organisation friLingue, qui propose des séjours linguistiques aux jeunes en Suisse. « Je voulais bâtir des ponts au-dessus de la barrière des rösti », explique-t-il.

    Aujourd’hui, un millier d’enfants et d’adolescents participent chaque année aux camps de langues de friLingue. Philipp Alexander Weber a noté une hausse de l’intérêt surtout chez les jeunes Romands : « Tandis que les Suisses alémaniques ont toujours été attirés par le français, langue de la diplomatie, et qu’ils considèrent sa maîtrise comme un signe d’éducation, les Romands ont une relation plutôt compliquée avec l’allemand. Ne serait-ce que parce qu’ils apprennent le bon allemand à l’école, tandis qu’on parle des dialectes différents à Berne, à Zurich et à Bâle. » Après la Coupe du monde de football en 2006 en Allemagne, relève Philipp Alexander Weber, l’allemand a toutefois gagné en attrait auprès des Romands. En quelques années, l’Allemagne est devenue leur destination de voyage préférée. Et beaucoup d’entre eux souhaitent à présent effectuer une année sabbatique à Berlin ou un séjour linguistique en Suisse alémanique.

    En même temps, plusieurs cantons de Suisse centrale et orientale dévalorisent actuellement le français pour lui préférer l’anglais à l’école. À Uri et en Appenzell Rhodes-Intérieures, par exemple, on n’enseigne plus le français à l’école primaire, et en Thurgovie et à Zurich, le français n’est plus une matière déterminante pour le passage à l’école secondaire ou au gymnase. « Cela se reflète aussi dans les inscriptions aux camps de langues », indique Philipp Alexander Weber. Mais l’école n’est pas le seul endroit où l’on apprend les langues : d’après l’étude de l’OFS, 25 % de la population suisse apprend une ou plusieurs langues à partir de 25 ans. La langue la plus fréquemment apprise est… l’anglais.

    Bien sûr, à friLingue aussi, il arrive que des jeunes issus de régions linguistiques différentes aient recours à l’anglais pour se comprendre. Aux yeux de Philipp Alexander Weber, il n’y a là rien de grave : « Nous ne sommes pas une école. Notre objectif est de susciter l’amour des langues. » Lui-même utilise l’allemand et le français au quotidien, mais aussi l’anglais et le portugais. Il a vécu dix ans au Brésil et a un fils brésilien qui parle le suisse allemand. « Les connaissances linguistiques permettent de découvrir et de comprendre d’autres cultures et manières de penser, souligne-t-il. Elles ouvrent de nouveaux horizons. »

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    « #Hochdeutsch » ou #suisse_allemand ?

    Pour les uns, le suisse alémanique est un dialecte, tandis que d’autres le considèrent comme une langue à part entière. Pour Jürg Niederhauser, président du SVDS (Schweizerischer Verein für die deutsche Sprache), il s’agit là en fin de compte d’une « question idéologique » qu’on ne peut pas trancher en s’appuyant sur des données linguistiques. Il est clair que pour quelqu’un qui vient d’une autre région linguistique ou de l’étranger, le suisse allemand parlé au quotidien est souvent un obstacle. De surcroît, le dialecte est de plus en plus souvent utilisé aujourd’hui, car les formes d’expression deviennent de plus en plus informelles : « Il y a 70 ans, un match à la télévision était encore commenté en bon allemand. Aujourd’hui, on utilise le dialecte », relève Jürg Niederhauser. D’après lui, cela rend la compréhension plus difficile pour ceux qui ne parlent pas le suisse allemand et fait que les Suisses alémaniques se gênent davantage de parler l’allemand standard, car celui-ci est presque uniquement utilisé dans un contexte formel, comme à l’école.

    https://www.swisscommunity.org/fr/nouvelles-et-medias/revue-suisse/article/bonjour-grueezi-allegra-benvenuto-plurilingue-au-quotidien

    #Suisse #langues #plurilinguisme #statistiques #chiffres

  • Tous chasseurs cueilleurs !
    https://www.franceinter.fr/emissions/comme-un-bruit-qui-court/comme-un-bruit-qui-court-08-juin-2019

    Quand la civilisation menace l’#environnement... retour à la chasse et la cueillette. Entretien avec James C. Scott autour de son livre "#HomoDomesticus, une histoire profonde des premiers Etats".

    On a tous en tête des souvenirs d’école sur les débuts de l’Histoire avec un grand H. Quelque part entre le Tigre et l’Euphrate il y a 10 000 ans, des chasseurs-cueilleurs se sont peu à peu sédentarisés en domestiquant les plantes et les animaux, inventant dans la foulée l’#agriculture, l’écriture et les premiers Etats. C’était l’aube de la #civilisation et le début de la marche forcée vers le #progrès.

    Cette histoire, #JamesScott, anthropologue anarchiste et professeur de sciences politiques, l’a enseignée pendant des années à ses élèves de l’Université de Yale. Mais les découvertes archéologiques dans l’actuel Irak des dernières années l’ont amené à réviser complètement ce « storytelling » du commencement des sociétés humaines, et par là même remettre en question notre rapport au monde dans son dernier livre : Homo Domesticus, une histoire profonde des premiers Etats (Ed. La Découverte).

    Alors même que climat et biodiversité sont aujourd’hui plus que jamais menacés par les activités humaines, James C. Scott propose de réévaluer l’intérêt des sociétés d’avant l’Etat et l’agriculture. Car ces chasseurs-cueilleurs semi-nomades ont longtemps résisté face aux civilisations agraires, basées sur les céréales et qui, en domestiquant le monde, se sont domestiqués eux-mêmes, en appauvrissant leur connaissance du monde.

    Un reportage de Giv Anquetil.
    Les liens

    James C. Scott : « Le monde des chasseurs-cueilleurs était un monde enchanté » (Le grand entretien) par Jean-Christophe Cavallin, Diakritik

    Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce, Réflexions sur l’effondrement, Corinne Morel Darleux, Editions Libertalia

    "Amador Rojas invite Karime Amaya" Chapiteau du Cirque Romanès - Paris 16, Paris. Prochaine séance le vendredi 14 juin à 20h.

    Homo Domesticus, une histoire profonde des premiers Etats, James C. Scott (Editions La Découverte)

    Eloge des chasseurs-cueilleurs, revue Books (mai 2019).

    HOMO DOMESTICUS - JAMES C. SCOTT Une Histoire profonde des premiers États [Fiche de lecture], Lundi matin

    Bibliographie de l’association Deep Green Resistance
    Programmation musicale

    "Mesopotamia"- B52’s

    "Cholera" - El Rego et ses commandos

    #podcast @cdb_77

    • Homo Domesticus. Une histoire profonde des premiers États

      Aucun ouvrage n’avait jusqu’à présent réussi à restituer toute la profondeur et l’extension universelle des dynamiques indissociablement écologiques et anthropologiques qui se sont déployées au cours des dix millénaires ayant précédé notre ère, de l’émergence de l’agriculture à la formation des premiers centres urbains, puis des premiers États.
      C’est ce tour de force que réalise avec un brio extraordinaire #Homo_domesticus. Servi par une érudition étourdissante, une plume agile et un sens aigu de la formule, ce livre démonte implacablement le grand récit de la naissance de l’#État antique comme étape cruciale de la « #civilisation » humaine.
      Ce faisant, il nous offre une véritable #écologie_politique des formes primitives d’#aménagement_du_territoire, de l’« #autodomestication » paradoxale de l’animal humain, des dynamiques démographiques et épidémiologiques de la #sédentarisation et des logiques de la #servitude et de la #guerre dans le monde antique.
      Cette fresque omnivore et iconoclaste révolutionne nos connaissances sur l’évolution de l’humanité et sur ce que Rousseau appelait « l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes ».


      https://www.editionsladecouverte.fr/homo_domesticus-9782707199232

      #James_Scott #livre #démographie #épidémiologie #évolution #humanité #histoire #inégalité #inégalités #Etat #écologie #anthropologie #ressources_pédagogiques #auto-domestication

    • Fiche de lecture: Homo Domesticus - James C. Scott

      Un fidèle lecteur de lundimatin nous a transmis cette fiche de lecture du dernier ouvrage de James C. Scott, (on peut la retrouver sur le blog de la bibliothèque fahrenheit) qui peut s’avérer utile au moment l’institution étatique semble si forte et fragile à la fois.
      « L’État est à l’origine un racket de protection mis en œuvre par une bande de voleurs qui l’a emporté sur les autres »
      À la recherche de l’origine des États antiques, James C. Scott, professeur de science politique et d’anthropologie, bouleverse les grands #récits_civilisationnels. Contrairement à bien des idées reçues, la #domestication des plantes et des animaux n’a pas entraîné la fin du #nomadisme ni engendré l’#agriculture_sédentaire. Et jusqu’il y a environ quatre siècles un tiers du globe était occupé par des #chasseurs-cueilleurs tandis que la majorité de la population mondiale vivait « hors d’atteinte des entités étatiques et de leur appareil fiscal ».
      Dans la continuité de #Pierre_Clastres et de #David_Graeber, James C. Scott contribue à mettre à mal les récits civilisationnels dominants. Avec cette étude, il démontre que l’apparition de l’État est une anomalie et une contrainte, présentant plus d’inconvénients que d’avantages, raison pour laquelle ses sujets le fuyait. Comprendre la véritable origine de l’État c’est découvrir qu’une toute autre voie était possible et sans doute encore aujourd’hui.

      La première domestication, celle du #feu, est responsable de la première #concentration_de_population. La construction de niche de #biodiversité par le biais d’une #horticulture assistée par le feu a permis de relocaliser la faune et la flore désirable à l’intérieur d’un cercle restreint autour des #campements. La #cuisson des aliments a externalisé une partie du processus de #digestion. Entre 8000 et 6000 avant notre ère, Homo sapiens a commencé à planter toute la gamme des #céréales et des #légumineuses, à domestiquer des #chèvres, des #moutons, des #porcs, des #bovins, c’est-à-dire bien avant l’émergence de sociétés étatiques de type agraire. Les premiers grands établissements sédentaires sont apparus en #zones_humides et non en milieu aride comme l’affirment les récits traditionnels, dans des plaines alluviales à la lisière de plusieurs écosystèmes (#Mésopotamie, #vallée_du_Nil, #fleuve_Indus, #baie_de_Hangzhou, #lac_Titicata, site de #Teotihuacan) reposant sur des modes de subsistance hautement diversifiés (sauvages, semi-apprivoisés et entièrement domestiqués) défiant toute forme de comptabilité centralisée. Des sous-groupes pouvaient se consacrer plus spécifiquement à une stratégie au sein d’un économie unifiée et des variations climatiques entraînaient mobilité et adaptation « technologique ». La #sécurité_alimentaire était donc incompatible avec une #spécialisation étroite sur une seule forme de #culture ou d’#élevage, requérant qui plus est un travail intensif. L’#agriculture_de_décrue fut la première à apparaître, n’impliquant que peu d’efforts humains.
      Les #plantes complètement domestiquées sont des « anomalies hyperspécialisées » puisque le cultivateur doit contre-sélectionner les traits sélectionnés à l’état sauvage (petite taille des graines, nombreux appendices, etc). De même les #animaux_domestiqués échappent à de nombreuses pressions sélectives (prédation, rivalité alimentaire ou sexuelle) tout en étant soumis à de nouvelles contraintes, par exemple leur moins grande réactivité aux stimuli externes va entraîner une évolution comportementale et provoquer la #sélection des plus dociles. On peut dire que l’espèce humaine elle-même a été domestiquée, enchaînée à un ensemble de routines. Les chasseurs-cueilleurs maîtrisaient une immense variété de techniques, basées sur une connaissance encyclopédique conservée dans la mémoire collective et transmise par #tradition_orale. « Une fois qu’#Homo_sapiens a franchi le Rubicon de l’agriculture, notre espèce s’est retrouvée prisonnière d’une austère discipline monacale rythmée essentiellement par le tic-tac contraignant de l’horloge génétique d’une poignée d’espèces cultivées. » James C. Scott considère la #révolution_néolithique récente comme « un cas de #déqualification massive », suscitant un #appauvrissement du #régime_alimentaire, une contraction de l’espace vital.
      Les humains se sont abstenus le plus longtemps possible de faire de l’agriculture et de l’élevage les pratiques de subsistance dominantes en raison des efforts qu’elles exigeaient. Ils ont peut-être été contraints d’essayer d’extraire plus de #ressources de leur environnement, au prix d’efforts plus intenses, à cause d’une pénurie de #gros_gibier.
      La population mondiale en 10 000 avant notre ère était sans doute de quatre millions de personnes. En 5 000, elle avait augmenté de cinq millions. Au cours des cinq mille ans qui suivront, elle sera multipliée par vingt pour atteindre cent millions. La stagnation démographique du #néolithique, contrastant avec le progrès apparent des #techniques_de_subsistance, permet de supposer que cette période fut la plus meurtrière de l’histoire de l’humanité sur le plan épidémiologique. La sédentarisation créa des conditions de #concentration_démographique agissant comme de véritables « parcs d’engraissement » d’#agents_pathogènes affectant aussi bien les animaux, les plantes que les humains. Nombre de #maladies_infectieuses constituent un « #effet_civilisationnel » et un premier franchissement massif de la barrière des espèces par un groupe pathogènes.
      Le #régime_alimentaire_céréalier, déficient en #acides_gras essentiels, inhibe l’assimilation du #fer et affecte en premier lieu les #femmes. Malgré une #santé fragile, une #mortalité infantile et maternelle élevée par rapport aux chasseurs-cueilleurs, les agriculteurs sédentaires connaissaient des #taux_de_reproduction sans précédent, du fait de la combinaison d’une activité physique intense avec un régime riche en #glucides, provoquant une #puberté plus précoce, une #ovulation plus régulière et une #ménopause plus tardive.

      Les populations sédentaires cultivant des #céréales domestiquées, pratiquant le commerce par voie fluviale ou maritime, organisées en « #complexe_proto-urbain », étaient en place au néolithique, deux millénaires avant l’apparition des premiers États. Cette « plateforme » pouvait alors être « capturée », « parasitée » pour constituer une solide base de #pouvoir et de #privilèges politiques. Un #impôt sur les céréales, sans doute pas inférieur au cinquième de la récolte, fournissait une rente aux élites. « L’État archaïque était comme les aléas climatiques : une menace supplémentaire plus qu’un bienfaiteur. » Seules les céréales peuvent servir de base à l’impôt, de part leur visibilité, leur divisibilité, leur « évaluabilité », leur « stockabilité », leur transportabilité et leur « rationabilité ». Au détour d’un note James C. Scott réfute l’hypothèse selon laquelle des élites bienveillantes ont créé l’État essentiellement pour défendre les #stocks_de_céréales et affirme au contraire que « l’État est à l’origine un racket de protection mis en œuvre par une bande de voleurs qui l’a emporté sur les autres ». La majeure partie du monde et de sa population a longtemps existé en dehors du périmètre des premiers États céréaliers qui n’occupaient que des niches écologiques étroites favorisant l’#agriculture_intensive, les #plaines_alluviales. Les populations non-céréalières n’étaient pas isolées et autarciques mais s’adonnaient à l’#échange et au #commerce entre elles.
      Nombre de #villes de #Basse_Mésopotamie du milieu du troisième millénaire avant notre ère, étaient entourées de murailles, indicateurs infaillibles de la présence d’une agriculture sédentaire et de stocks d’aliments. De même que les grandes #murailles en Chine, ces #murs d’enceinte étaient érigés autant dans un but défensif que dans le but de confiner les paysans contribuables et de les empêcher de se soustraire.
      L’apparition des premiers systèmes scripturaux coïncide avec l’émergence des premiers États. Comme l’expliquait #Proudhon, « être gouverné, c’est être, à chaque opération, à chaque transaction, à chaque mouvement, noté, enregistré, recensé, tarifé, timbré, toisé, coté, cotisé, patenté, licencié, autorisé, apostillé, admonesté, empêché, réformé, redressé, corrigé ». L’#administration_étatique s’occupait de l’#inventaire des ressources disponibles, de #statistiques et de l’#uniformisation des #monnaies et des #unités_de_poids, de distance et de volume. En Mésopotamie l’#écriture a été utilisée à des fins de #comptabilité pendant cinq siècle avant de commencer à refléter les gloires civilisationnelles. Ces efforts de façonnage radical de la société ont entraîné la perte des États les plus ambitieux : la Troisième Dynastie d’#Ur (vers 2100 avant J.-C.) ne dura qu’à peine un siècle et la fameuse dynastie #Qin (221-206 avant J.-C.) seulement quinze ans. Les populations de la périphérie auraient rejeté l’usage de l’écriture, associée à l’État et à l’#impôt.

      La #paysannerie ne produisait pas automatiquement un excédent susceptible d’être approprié par les élites non productrices et devait être contrainte par le biais de #travail_forcé (#corvées, réquisitions de céréales, #servitude pour dettes, #servage, #asservissement_collectif ou paiement d’un tribu, #esclavage). L’État devait respecter un équilibre entre maximisation de l’excédent et risque de provoquer un exode massif. Les premiers codes juridiques témoignent des efforts en vue de décourager et punir l’#immigration même si l’État archaïque n’avait pas les moyens d’empêcher un certain degré de déperdition démographique. Comme pour la sédentarité et la domestication des céréales, il n’a cependant fait que développer et consolider l’esclavage, pratiqué antérieurement par les peuples sans État. Égypte, Mésopotamie, Grèce, Sparte, Rome impériale, Chine, « sans esclavage, pas d’État. » L’asservissement des #prisonniers_de_guerre constituait un prélèvement sauvage de main d’œuvre immédiatement productive et compétente. Disposer d’un #prolétariat corvéable épargnait aux sujets les travaux les plus dégradants et prévenait les tensions insurrectionnelles tout en satisfaisant les ambitions militaires et monumentales.

      La disparition périodique de la plupart de ces entités politiques était « surdéterminée » en raison de leur dépendance à une seule récolte annuelle d’une ou deux céréales de base, de la concentration démographique qui rendait la population et le bétail vulnérables aux maladies infectieuses. La vaste expansion de la sphère commerciale eut pour effet d’étendre le domaine des maladies transmissibles. L’appétit dévorant de #bois des États archaïques pour le #chauffage, la cuisson et la #construction, est responsable de la #déforestation et de la #salinisation_des_sols. Des #conflits incessants et la rivalité autour du contrôle de la #main-d’œuvre locale ont également contribué à la fragilité des premiers États. Ce que l’histoire interprète comme un « effondrement » pouvait aussi être provoqué par une fuite des sujets de la région centrale et vécu comme une #émancipation. James C. Scott conteste le #préjugé selon lequel « la concentration de la population au cœur des centres étatiques constituerait une grande conquête de la civilisation, tandis que la décentralisation à travers des unités politiques de taille inférieure traduirait une rupture ou un échec de l’ordre politique ». De même, les « âges sombres » qui suivaient, peuvent être interprétés comme des moments de résistance, de retours à des #économies_mixtes, plus à même de composer avec son environnement, préservé des effets négatifs de la concentration et des fardeaux imposés par l’État.

      Jusqu’en 1600 de notre ère, en dehors de quelques centres étatiques, la population mondiale occupait en majorité des territoires non gouvernés, constituant soit des « #barbares », c’est-à-dire des « populations pastorales hostiles qui constituaient une menace militaire » pour l’État, soit des « #sauvages », impropres à servir de matière première à la #civilisation. La menace des barbares limitait la croissance des États et ceux-ci constituaient des cibles de pillages et de prélèvement de tribut. James C. Scott considère la période qui s’étend entre l’émergence initiale de l’État jusqu’à sa conquête de l’hégémonie sur les peuples sans État, comme une sorte d’ « âge d’or des barbares ». Les notions de #tribu ou de peuple sont des « #fictions_administratives » inventées en tant qu’instrument de #domination, pour désigner des #réfugiés politiques ou économiques ayant fuit vers la périphérie. « Avec le recul, on peut percevoir les relations entre les barbares et l’État comme une compétition pour le droit de s’approprier l’excédent du module sédentaire « céréales/main-d’œuvre ». » Si les chasseurs-cueilleurs itinérants grappillaient quelques miettes de la richesse étatique, de grandes confédérations politiques, notamment les peuples équestres, véritables « proto-États » ou « Empires fantômes » comme l’État itinérant de #Gengis_Kahn ou l’#Empire_Comanche, constituaient des concurrents redoutables. Les milices barbares, en reconstituant les réserves de main d’œuvre de l’État et en mettant leur savoir faire militaire au service de sa protection et de son expansion, ont creusé leur propre tombe.

      Dans la continuité de Pierre Clastres et de David Graeber, James C. Scott contribue à mettre à mal les récits civilisationnels dominants. Avec cette étude, il démontre que l’apparition de l’État est une #anomalie et une #contrainte, présentant plus d’inconvénients que d’avantages, raison pour laquelle ses sujets le fuyait. Comprendre la véritable origine de l’État c’est découvrir qu’une toute autre voie était possible et sans doute encore aujourd’hui.

      https://lundi.am/HOMO-DOMESTICUS-Une-Histoire-profonde-des-premiers-Etats
      #historicisation

  • De la #paperasse à la #numérasse

    Chronique d’une ex-signeuse de documents en milieu universitaire, en commentaire de l’intervention de Gilles Babinet sur #PerriScope, la quotidienne @LCI sur l’actualité économique & sociale

    Le #numérique permet de libérer du temps en évitant la paperasse… il y a beaucoup à dire là-dessus. Je vais parler uniquement de ce que je connais très bien, de l’intérieur : l’administration universitaire. En 20 ans de responsabilités diverses qui impliquent des tâches d’administration, j’ai effectivement vu disparaître une grande quantité de « paperasse ». Mais uniquement au sens propre du terme : le #papier. Il y a d’ailleurs encore de la marge avant d’avoir éliminé le papier complètement. Mais la disparition de cette paperasse s’est accompagnée de l’apparition d’une non moins grande quantité de ce qu’on pourrait appeler « numérasse » (ou « #digitalasse » pour ceux qui persistent à dire « digital » au lieu de « numérique »). La numérasse peut prendre des formes diverses. La forme #excel + #mail est la plus virulente, mais la forme « #application dédiée, vous allez voir c’est pratique il y a juste à cliquer » fait également partie du paysage.

    Documents papier, #documents_numériques

    Prenons l’exemple d’une directrice de structure universitaire impliquant d’avoir à signer un certain nombre de documents, la plupart du temps par délégation de signature des tutelles de la dite structure.

    La paperasse, c’est prendre 10 minutes dans la journée pour aller physiquement au secrétariat signer des choses variées préparées soigneusement par des personnels dont c’est le métier, rassemblées dans un parapheur, avec de petites notes en post-it là où il y a quelque chose d’important à regarder avant de signer. On profite du voyage pour dire bonjour, parler du temps qu’il fait ou des projets du prochain week-end, et régler en deux mots des questions importantes pour la structure, qui autrement auraient nécessité un coup de téléphone ou un mail. Ensuite on peut se consacrer au reste de ses activités, enseignement ou recherche, l’esprit libre, sans se soucier d’avoir oublié de valider quelque chose d’important ou urgent, grâce à la confiance qu’on a dans les personnels compétents.

    La numérasse, c’est jongler entre des clics réguliers dans les bonnes applications, des mails asynchrones de demande de validation dans d’autres applications, des cases à cocher dans des fichiers excel reçus par mail et à renvoyer, etc. Il faut une discipline de fer pour ne pas se disperser complètement en essayant de suivre le rythme, tout en ne risquant pas d’oublier un clic important. Les applications dédiées ont des interfaces toutes plus imaginatives les unes que les autres, on s’y connecte avec ses identifiant/mot de passe de l’université X, ou de l’université Y, ou du CNRS, ou avec un compte dédié de l’application. Il peut s’agir d’ordres de mission, de validation des plannings de congés, d’avis sur des demandes de formation, de validation de devis avant commandes, de feuilles de temps des projets européens (une application par tutelle), de contrats de travail, d’avis sur des dépôts de projet ou des cumuls d’activités, de conventions de stages, de certification des commandes, … Parfois, même avec de l’habitude, on doit demander à une personne compétente ce que signifie la chose à valider (coucou l’interface Geslab pour la certification des commandes). Quand on a bien cliqué dans toutes ces applications au doux nom poétique de Hamac, Safia, Tempo, Agate, Sirhus, SAM, Sinchro, Geslab, etc., on peut parcourir ses mails pour ne pas oublier un fichier excel à renvoyer d’urgence en ayant rempli une ligne. Le pompon revient au #fichier_excel utilisé comme #formulaire, avec des cases fusionnées à remplir par un paragraphe de texte un peu long.

    Il est utopique de penser que tout cela puisse faire gagner du temps à la personne qui signe en bout de chaîne. Dans le contexte que je décris ici, cela a simplement servi à embaucher moins de personnels administratifs, en faisant faire une partie de leur travail, beaucoup moins bien, par les chercheurs et enseignants-chercheurs. Alors j’espère vraiment que quelqu’un, quelque part, a effectivement gagné du temps. Parce que moi non.

    Interdire Excel

    Ce qui ferait vraiment gagner du temps à tout le monde, c’est l’interdiction d’excel. Et ce n’est pas une boutade. Cet outil est un accélérateur phénoménal de questionnaire bureaucratique inexploitable car préformaté, et donc rempli, n’importe comment. Toute personne ayant vu de près les fichiers excel HCERES à 6 ou 7 onglets saura de quoi je parle. Le délire de la mise en chiffres couplé à la méconnaissance des fonctionnalités d’excel produit ce qu’on pourrait presque considérer comme des performances artistiques.

    Je veux bien croire que dans d’autres domaines de l’administration (que je ne connais pas de l’intérieur) le numérique soit tout rose et fasse gagner un temps précieux à au moins une personne. Mais il subsiste un doute. La #bureaucratie ne disparaît pas miraculeusement par l’intervention divine du numérique. Tout au contraire, tout se passe comme si la fluidité tant vantée du numérique supprimait tout frein naturel à la croissance incontrôlée de la bureaucratie.

    Et pour finir j’espère ne pas avoir donné à quelqu’un l’idée d’une startup pour développer un outil à base d’IA qui rassemblerait toutes les applications et les mails, pour finalement remplacer le parapheur. Le #parapheur est une très belle invention d’interface humain/humain, tout à fait lowtech, qu’il serait désolant d’abandonner.

    https://academia.hypotheses.org/31293
    #administration #administration_universitaire #université #facs #France

  • Sivens : l’Etat condamné pour faute
    https://www.liberation.fr/france/2020/12/08/sivens-l-etat-condamne-pour-faute_1808071

    L’association FNE-Midi-Pyrénées affirme ce mardi 8 décembre que le tribunal administratif de Toulouse a condamné l’Etat pour faute dans le dossier du barrage de Sivens. Libération s’est procuré la requête indémnitaire finale, confirmant cette information. Une suite juridique logique après que le même tribunal a rendu illégal ce projet de retenue d’eau destinée à l’irrigation, en cassant le 1er juillet 2016 les trois arrêtés fondateurs – dérogation à la destruction d’espèces protégées, déclaration d’intérêt général et autorisation de défrichement.

    Conséquence de cette décision de justice, les travaux entrepris en septembre 2014 pour construire le barrage, notamment le défrichementde la zone humide n’ auraient pas dû être permis par l’Etat. Si le détail du jugement n’était pas connu ce mardi soir, l’Etat est bien condamné à verser 10 000 euros au Collectif Testet comme à FNE Midi Pyrénées « en réparation de leur préjudice moral ». Une « reconnaissance pleine et entière de la faute de l’Etat, de la CACG, - l’aménageur - et du conseil départemental du Tarn » qui « se sont comportés comme des délinquants pendant deux mois » réagit Thierry de Noblens, président de FNE Midi-Pyrénées. Les abattages précipités des arbres à l’automne 2014 lui restent d’autant plus en travers que l’arrêté autorisant ce défrichement (cassé depuis) n’avait été signé que douze jours après le début du chantier d’abattage, alors que la quasi-totalité de la zone humide avait été rasée et les arbres arrachés. « Tout le monde savait que ce projet ne tenait pas la route et ne respectait ni la loi ni la directive cadre européenne sur l’eau » souligne le responsable associatif.

    https://fne-midipyrenees.fr/2020/12/08/sivens-la-justice-condamne-letat-pour-ses-fautes

    #Sivens #Testet #écologie #aménagement #administration_du_désastre #Manuel_Valls