• Écran Total, Des lits, pas des applis !

    Comment expliquer autrement qu’un service public de santé, que l’on dit exsangue, qui manque de l’essentiel [...], ait pu affronter la « vague », selon l’expression quotidiennement matraquée ?

    Puisque les analogies guerrières sont à la mode, la situation fait penser à celle du front russe, pendant la Deuxième Guerre mondiale, qui a cessé d’enregistrer catastrophe sur catastrophe (du point de vue soviétique) à partir du moment où l’on a aboli l’institution des commissaires politiques et relâché le contrôle idéologique et politique sur l’armée, l’économie et la société en général. Dans certaines régions, la machine bureaucratique avait même complètement disparu, et les populations ont pu organiser elles-mêmes des régiments de partisans.

    De la même manière, en mars 2020 en France, les bureaucrates font profil bas, ont arrêté de mettre des bâtons dans les roues du personnel. On ne parle plus de suppression de lits, de plan de modernisation, mais de soin, de dignité. Il faut applaudir les « héros ». La doctrine officielle a changé. C’est pour l’avoir compris trop tard que le directeur de l’ARS Grand-Est a été limogé. [...]

    Nous, membres du collectif Écran Total, nous disons : attention ! Car les coupes budgétaires ne sont qu’un aspect de la modernisation de l’hôpital. Le deuxième tranchant du sabre utilisé pour saccager le service public, c’est le déploiement des outils gestionnaires, en particulier informatiques, c’est le pouvoir insupportable de l’administration qui empêche les soignants de faire le métier pour lequel ils ont été formés en leur imposant une « #rationalisation » de leur activité. Avant la crise, durant le mouvement de grève des hôpitaux, on a entendu cette revendication, qui indique le niveau d’absurdité où nous sommes arrivés : il faut que ce soient les praticiens qui organisent les soins, pas les gestionnaires.

    Or nulle part on ne lit ni n’entend : Embauchez des infirmières, virez des managers ou, plus simplement : Des lits, pas des applis .

    https://sniadecki.wordpress.com/2020/04/28/num-hopital-t2a

    #hopital, #T2A, #technocratie, #technocritique, #critique_techno, #Ecran_total, #coronavirus, #autonomie_politique, #bureaucratie.

  • Les confinés, ce sont les plus mobiles !

    Le confinement spatial est aussi une question de #frontières. Les confinés sont ceux qui, même immobiles, « ont accès ». Pouvoir se confiner relève du même processus que pouvoir traverser une frontière légalement, il faut appartenir au cercle restreint des « acteurs » de la globalisation.

    Depuis que le virus Covid-19 a été identifié, le repli spatial a constitué une préconisation politique essentielle. Ce qui est recommandé sous le terme désormais consacré de distance sociale, c’est le maintien d’une distance minimale entre les personnes, bien géographique celle-là. Et la mettre en œuvre suppose une forme de maîtrise sur nos conditions de vie, sur notre habiter. Confiner, c’est placer entre des limites. Cela implique que le contour que l’on érige à la périphérie de soi-même, entoure un centre, stable lui ! En filigrane de cette politique, on voit s’esquisser une pensée politique de l’espace très classique, tout à fait en décalage avec l’analyse des mobilités contemporaines.

    Ne sont véritablement confiné·es aujourd’hui que celles et ceux qui ont un logement suffisamment grand pour permettre au nombre de personnes qui y vivent de ne pas trop en sortir. En avoir deux, qu’on soit des enfants en résidence alternée ou des couples non-concubins, c’est déjà se trouver hors de ce cadre normatif… Cette logique de sédentarité extrême se présente désormais comme une marginalité spatiale positive, car choisie. Ne sont donc concernés ni les sans-logis, ni les entassés. Notamment celles et ceux qui subissent, en prison ou en centre de rétention administrative, une assignation de mise l’écart de la société qui prend effet dans des lieux enclos où le confinement est paradoxalement impossible : les densités trop fortes s’y traduisent dans les faits par une promiscuité délétère.
    Ceux qui ont « accès »

    Le confinement dont il s’agit n’a rien d’un enfermement ! Et ce, malgré le sentiment croissant de frustration de celles et ceux qui l’appliquent depuis un mois en se privant de l’accès à la multiplicité des lieux habituellement fréquentés. A y regarder de plus près, ne sont finalement concernés que celles et ceux qui peuvent vivre entre quatre murs parce qu’ils le font de manière tout à fait connectée ! Pouvoir, depuis chez soi, conserver des ressources régulières, c’est travailler à distance, être retraité ou encore indemnisé pour un chômage partiel ou permanent, un arrêt maladie. On continue alors d’être relié à un système marchand, lui-même relayé par un complexe bancaire qui nous « donne accès ». Et place les personnes concernées en situation de continuer à consommer à distance (faire ses courses le moins loin possible du domicile, se faire livrer, etc.).

    Certes, certains biens et services, notamment immatériels, sont désormais inaccessibles : soins du corps, pratiques de sociabilité, offre culturelle. Et l’avalanche d’ouverture de contenus en ligne dans ces domaines ne compense pas ce qui fait leur force habituelle, l’intensité des liens que ces secteurs stimulent. Mais ce mode « dégradé » reste un luxe, la carapace électronique qui garantit la faisabilité de notre enfermement apparent. Toute cette insertion économique se produit dans un processus d’invisibilisation des liens, produit par le système capitaliste qui les financiarise. Qu’il est facile de commander sur une grande plateforme en ligne sans penser aux employés qui travaillent dans ses entrepôts, livrent, déploient matériellement les réseaux sur lesquels repose notre approvisionnement !
    Informalisés et autres illégalisés

    Les confiné·es sont donc celles et ceux qui, même immobiles, « ont accès ». A l’extrémité inverse du spectre social, les non-productifs, les « informalisés » et autres « illégalisés », celles et ceux qui ne peuvent plus vendre leur travail manuel et physique (ménage, construction), qui ne sont pas pris en charge par les systèmes de santé, et tous ceux qui ont du mal à se relier au monde libéral. On peut aussi assister à des bascules rapides : l’étudiant·e issu·e d’un milieu modeste, qui n’a pas d’ordinateur ou de bonne connexion internet chez lui, parfois confiné·e dans une chambre minuscule où il·elle est désormais privé de la restauration à bas prix du Crous, peut tout à fait décrocher de la dynamique vertueuse que ses efforts lui avaient permis d’intégrer, éjecté du monde mobile auquel il aspirait.

    Paradoxalement, celles et ceux qui peuvent aujourd’hui se confiner dans de bonnes conditions sont très exactement les personnes qui avaient accès à la liberté de mouvement dans le monde d’avant. Ce sont des personnes qui disposent d’un degré d’autonomie globale leur permettant de choisir les interactions qui les mondialisent : en d’autres termes. Ce sont précisément celles et ceux qui disposaient d’un niveau de « #frontiérité » élevé, pour reprendre une expression que j’ai forgée avec Frédéric Giraut pour qualifier nos capacités inégales à traverser les frontières.

    Pouvoir se confiner relève du même processus que pouvoir traverser une frontière légalement : il s’agit de deux modalités de l’appartenance au cercle restreint des « acteurs » de la globalisation. Ce sont deux faces de l’« inclusion différentielle » (Sandro Mezzadra) qui régit désormais le corps social. Loin de l’égalité démocratique, l’attribution des droits politiques, notamment l’accès à une citoyenneté pleine et entière, semble dépendre de cette aptitude à pouvoir démontrer de l’utilité individuelle dans la mondialisation. Gommer opportunément de nos radars le fait que ceux qui produisent à bas coût des jeans ou des téléphones, du coton ou des minerais, actent tout autant cette économie inter-reliée que les élites mondialisées. Ne pas voir l’écheveau des liens complexes de notre système monde dont le Covid-19 est le symptôme, ne pas considérer pas la matérialité des biens qui sont derrière les liens électroniques sur lesquels repose notre confinement, c’est faire l’autruche.

    Les confinés, c’est-à-dire les plus « frontiérisés », se trouvent être aussi les êtres humains qui ont la plus forte empreinte écologique ! Sortir du confinement ne se fera pas en réouvrant les frontières, mais en re-visibilisant les liens. L’analyse fine des inégalités territoriales du monde mobile qui a produit la crise du Covid-19 constitue une étape essentielle pour poser les bases de la justice sociale nécessaire pour imaginer l’« après ».

    https://www.liberation.fr/debats/2020/04/27/les-confines-ce-sont-les-plus-mobiles_1786544

    #confinement #mobilité #immobilité #globalisation #mondialisation #inclusion_différentielle #Mezzadra #Sandro_Mezzadra #repli_spatial #distance_sociale #distance_spatiale #sédentarité #marginalité #assignation #SDF #détention #détention_administrative #prisons #sans-abrisme #rétention #promiscuité #enfermement #télétravail #connectivité #internet #enfermement_apparent #confinés #non-confinés #espace #liberté_de_mouvement #liberté_de_circulation #autonomie #im/mobilité #hyper-mobilité #immobilité

    Tribune de #Anne-Laure_Amilhat-Szary (@mobileborders)

    ping @isskein @karine4

  • Ouvrage | Autonomie, reconnaissance, mouvement, Angela Mitropoulos
    http://www.revue-ouvrage.org/autonomie-reconnaissance-mouvement

    Ce texte est pour moi la trace écrite de discussions et, dans une certaine mesure, d’un débat. Il a été rédigé durant les années qui ont suivi les manifestations et les évasions du centre de détention pour personnes migrantes de Woomera en 2002. Quelque mille personnes s’étaient alors rendues à la prison située dans une ville désertique et isolée du sud de l’Australie — un lieu où des détenu·e·s manifestaient sans cesse, localisé sur des terres autochtones, près d’une installation militaire américano-australienne et d’un terrain d’essai de missiles nucléaires — pour y établir un camp de protestation pendant environ quatre jours. Alors que des détenu·e·s manifestaient sur le toit d’un des bâtiments, nous avons ouvert un chemin pour les rejoindre, des clôtures ont été abattues, des barreaux ont été écartés de force, puis un certain nombre de personnes se sont échappées, ont été cachées dans le camp au moment où la police installait des barrages routiers, et enfin des démarches ont été entreprises pour obtenir leur libération. La manifestation de Woomera étaient une action décentralisée qui respectait la diversité de tactiques et qui n’étaient pas le résultat d’une décision émanant du camp dans son ensemble — une manifestation non souveraine qui cherchait à être conséquente dans un contexte où la représentation et la décision politiques sont généralement réservées aux personnes détenant la citoyenneté, mais aussi une tactique qui échappait à la surveillance policière. Ce texte reflète cet esprit dans l’accent mis sur l’aléatoire et dans la critique de la politique de représentation qui reproduit tacitement le nationalisme au sein de la gauche, même dans le contexte des protestations autour de l’immigration. Il questionne la façon dont les citoyen·ne·s (et les universitaires) simulent ou revendiquent le leadership de mouvements dont ils et elles ne font pas partie et dans lesquels ils et elles n’ont aucun intérêt matériel — ce faisant, ce texte tend à reconnecter la conception conventionnelle des mouvements à leur dimension physique plutôt qu’à la métaphysique du politique.

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    En 1964, Mario Tronti mettait de l’avant une analyse de l’autonomie de la classe ouvrière à laquelle serait associée — pas toujours avec justesse — l’intégralité d’une période en Italie et de ses milieux politiques radicaux. Son raisonnement allait à peu près comme suit : alors que les capitalistes ont nécessairement besoin de s’équiper des appareils d’État pour s’engager dans la lutte des classes, les luttes de la classe ouvrière, elles, peuvent se passer de toutes formes de représentation, et ce, à tous les niveaux. Dans Lénine en Angleterre, Tronti rejettent les allégations selon lesquelles il y aurait « nécessité de la médiation ouvrière », insistant, au contraire, sur le fait que l’État correspondrait plutôt à la subjectivité capitaliste en tant que telle1. Autrement dit : la subjectivation du capital passe autant par les lois que par les besoins pris en charge par le droit et l’État, tandis que les luttes de la classe ouvrière sont indéterminées, sans pour autant être aléatoires.

    De plus, pour Tronti, « le commencement c’est la lutte de la classe ouvrière. Au stade du capital social avancé, le développement capitaliste est subordonné aux luttes ouvrières, vient après elles ; il doit leur faire correspondre jusqu’au mécanisme politique qu’est la production elle-même. » À titre d’exemple, Tronti affirmait que l’unification d’un marché global avait été imposée au capital par l’unité des mouvements de la classe ouvrière à l’échelle mondiale. Il qualifiera plus tard cette unité de « stratégie du refus »2. Contrairement à ce qu’en pensait l’orthodoxie socialiste, ce n’est pas la fin de la lutte des classes que Tronti entrevoyait dans le rejet du travail, dans la non-coopération généralisée et dans la désertion des formes traditionnelles de représentation de la classe ouvrière (comme les syndicats et les partis) qui caractérisaient les années 1960 en Europe et ailleurs, mais plutôt une stratégie différente. Rétrospectivement et en se référant aux discussions théoriques qui se déroulaient en français à la même époque, Franco Berardi décrivait cette perspective comme « l’émancipation vis-à-vis du concept hégélien de sujet ». Selon lui, l’innovation de Potere Operaio et d’Autonomia dans leur analyse de la composition de classe résidait dans une compréhension renouvelée de la classe, considérée non plus comme un « concept ontologique, mais plutôt comme un vecteur »3. Ainsi, il n’existerait pas d’organisation ou de forme de lutte qui, par essence, serait valable pour tous les contextes, mais plutôt des mouvements et des compositions.
    Plus récemment et au-delà des frontières de l’Europe, le thème de l’autonomie est devenu un élément central dans les discussions à propos de la migration, de la défense des frontières et du capital global. Dans ce contexte, on en est venu — parce que la conjoncture de la « mondialisation » s’imposait dans les débats — à produire une analyse stratégique accordant une plus grande importance aux mouvements de population qu’à ceux du capital4. Alors que les mouvements de protestation dit « anti-mondialisation » commençaient à prendre de l’ampleur à la fin des années 1990, les débats portant sur l’analyse de la « mondialisation » s’intensifiaient eux aussi. À partir de 1999, une perspective s’est imposée — à la fois sous-entendue et diffusée par la désignation des manifestations anti-sommet en tant que campagnes « anti-mondialisation » — sous une perspective selon laquelle « l’unification » du marché mondial se faisait aux dépens des États-nations, ceux-ci considérés comme la condition nécessaire à la défense (et/ou à la représentation) de la classe ouvrière contre le capital. En fait, pour être plus précise, le concept de classe était depuis longtemps relégué à l’arrière-plan ou redéfini à travers celui de « peuple » de sorte que l’on opposait les États-nations au capital global dans un geste tout aussi amnésique sur le plan historique qu’intenable sur le plan analytique.

    En d’autres termes, c’est un raisonnement contraire à celui de Tronti qui a primé, c’est-à-dire que le récit socialiste démocratique conventionnel a prévalu à la fois comme condition et comme résultat de la médiation de ces mouvements de contestations rassemblés en une campagne essentiellement homogène dans sa composition. Et les enjeux qu’une telle médiation soulevait et leurs répercussions n’étaient pas du tout hypothétiques. De Fabel van de Illegaal, une organisation antiraciste néerlandaise, a été parmi les premières à sonner l’alarme quant à la présence de groupes nationalistes et, dans certains cas, de groupes et de tendances explicitement xénophobes gravitant autour des manifestations anti-sommet5. Aux États-Unis, Pat Buchanan et Ralph Nader, dans une alliance indéfectible, ont mobilisé des piles de papier, de photocopieurs et de télécopieurs à Seattle pour les manifestations contre l’Organisation mondiale du commerce en 1999, pendant qu’ATTAC se concentrait sur les mouvements de capitaux et à faire du lobbying pour la mise en place de la taxe Tobin au niveau européen. Mais si aux États-Unis et en Europe, cela a rendu visible la distance habituelle entre les lobbyistes et les manifestant·e·s, distance qui correspond aussi à une différence de positions vis-à-vis de l’État, c’est en 2000 que la démarcation a été nettement tracée lorsque des émeutes ont éclaté et que des évasions massives se sont produites en Australie dans les camps d’internement de personnes migrantes quelques jours avant les manifestations contre le Forum économique mondial qui se tenait à Melbourne6.

    Ainsi, contre les appels répétés à l’unité et à la médiation et pour préserver le potentiel politiquement créatif des désaccords irréconciliables, l’un des aspects de la réponse radicale à la configuration nationaliste des manifestations anticapitalistes a été de plaider en faveur de la décentralisation organisationnelle des manifestations anti-sommet. L’autre aspect a été d’insister sur le fait que, historiquement, la mondialisation du travail a précédé la mondialisation de la finance et du commerce. Ceci pourrait expliquer les circonstances, en apparence paradoxales, qui ont conduit, à partir de 1989, à la déréglementation des flux de capitaux et des échanges commerciaux tout en raffermissant la réglementation des mouvements de population. Dans un cas, il s’agissait de stratégies de rattrapage et dans l’autre, de contrôler et de gérer la circulation des biens et des personnes. Pour affirmer que la déterritorialisation se situait du côté du capital, ce qui sous-entend que la territorialisation se situe du côté ouvrier, il a donc fallu ignorer toute l’histoire des luttes contre les enclosures, tout en acceptant un raisonnement en faveur de leur renforcement.

    La fuite des capitaux reposent toujours sur l’organisation de marchés séparés et segmentés. Autrement dit, et pour faire écho à la proposition initiale de Tronti : l’unification globale du capital — la « mondialisation » — s’est imposée au capital par un large refus et par la fuite massive de personnes. Cette fuite s’est concrétisée non seulement dans la désertion de l’usine et des syndicats, que Potere Operaio a cherché à analyser dans ses écrits, mais également dans l’exode simultanée des populations de ce qui est communément désigné comme le « Tiers-monde » ; l’exportation autour du globe des poorhouses et des workhouses de l’Europe des XVIIIe et XIXe siècles étant la véritable signification de la partition en « premier », « second » et « tiers » monde. Les tentatives de restructuration mondiale de la finance et du commerce à la fin du XXe siècle, de même que les régimes frontaliers post-1989 introduits aux États-Unis, en Australie, en Europe et au Canada, sont postérieurs aux mouvements de population de la « périphérie » vers le « centre ». Cela ne veut pas dire qu’il n’existait pas de marché mondial auparavant, ce qui serait aussi absurde que l’idée selon laquelle le marché global n’aurait pas toujours été un système inter-national. Il convient plutôt de noter que ce qu’on a plus récemment appelé la « mondialisation » ne peut s’expliquer qu’en tenant compte de l’histoire récente des mouvements de population qui tentaient d’échapper aux conditions spécifiques d’exploitation mises en place dans l’après-Deuxième Guerre mondiale. En bref, ces conditions sont les suivantes : un système de production fordiste dépourvu des salaires relativement plus élevés qui accompagnaient le modèle à ses débuts et la montée des nationalismes du « Tiers-monde » qui, dans les moments les moins violents, fonctionnaient de plus en plus comme des bantoustans. Il convient de noter que c’est précisément l’échec de cette tentative de contrôler les mouvements de population — afin d’assurer la partition du monde en espaces d’exception et en espaces de normes qui constituaient autrefois la distinction entre le « Premier » et le « Tiers monde » — qui, plus récemment, a précipité le recours à une guerre mondiale qui semble permanente.

    En fait, lorsqu’il est question de migration, la notion d’autonomie renferme à la fois une proposition théorique et une perspective politique. Premièrement, elle sous-entend la perspective politico-stratégique selon laquelle les mouvements de population précèdent ceux du capital de même que les politiques de l’État qui confèrent au capital sa subjectivité, tel que souligné plus haut. Elle insiste également sur le fait que la migration est en soi une stratégie — une stratégie entreprise à l’intérieur et à l’encontre des espaces exigus des économies politiques mondiales du travail, du genre et du désir, entre autres7. S’inscrivant dans cette approche, et faisant écho aux travaux antérieurs de Sergio Bologna sur la composition de classe, Yann Moulier-Boutang a noté qu’il ne suffit pas de « regarder seulement la pointe de l’iceberg : les formes institutionnalisées, ou la parole du peuple, la manière dont ils parlent, en supposant que, dès qu’ils ne disent rien, ils n’agissent pas. » Il est importe également de tenir compte « des silences, des refus et de la fuite comme quelque chose d’actif »

    #Angela_Mitropoulos #autonomie #personnes_migrantes #personne_non-migrante #autonomie_de_la_migration #frontières_du_politique #État #Woomera #Tiers-monde #mondialisation #population #capital #nationalisme #composition_de_classe #travail_cognitif #Mario_Tronti #léninisme #matérialisme_aléatoire #représentation

  • Ne laissons pas s’installer le monde sans contact

    Appel au boycott de l’application #Stop-COVID19

    Bien sûr, il n’a pas échappé à grand-monde que la situation présente a permis aux gouvernements de nombreux pays de tétaniser, pour un temps indéterminé, les contestations parfois extrêmement vives dont ils faisaient l’objet depuis plusieurs mois. Mais ce qui est tout aussi frappant, c’est que les mesures de distanciation interpersonnelle et la peur du contact avec l’autre générées par l’épidémie entrent puissamment en résonance avec des tendances lourdes de la société contemporaine. La possibilité que nous soyons en train de basculer vers un nouveau régime social, sans contact humain, ou avec le moins de contacts possibles et régulés par la bureaucratie, est notamment décelable dans deux évolutions précipitées par la crise sanitaire : l’aggravation effrayante de l’emprise des Technologies de l’information et de la communication (TIC) sur nos vies ; et son corollaire, les projets de traçage électronique des populations au nom de la nécessité de limiter la contagion du COVID-19. [...]

    Le confinement est ainsi une aubaine pour s’approcher de l’objectif de remplacement de tous les services publics par des portails en ligne, fixé par le plan Action publique 2022. Comme on le voit avec la suppression des guichets SNCF, cette numérisation accélère la privatisation des services publics, par le transfert de leur travail à des plateformes commerciales aux pratiques opaques, fondées sur le profilage massif des individus. Elle évince violemment l’ensemble des usagers peu ou pas connectés – un cinquième de la population, parmi lesquels les personnes âgées, les plus vulnérables économiquement et les récalcitrants. Elle oblige désormais des catégories en voie de paupérisation massive à s’acheter parfois autant d’équipements informatiques « de base » (PC, smartphone, imprimante, scanner…) que le foyer compte de membres Elle nous fait basculer dans un monde profondément déshumanisé et kafkaïen. [...]

    Cette crise met une fois de plus en évidence le problème de la dépendance des peuples envers un système d’approvisionnement industriel qui saccage le monde et affaiblit notre capacité à nous opposer concrètement aux injustices sociales. Nous percevons que seule une prise en charge collective de nos besoins matériels, à la base de la société, pourrait permettre, dans les troubles à venir, de trouver à manger, de se soigner, d’accéder aux services de base. Il faut comprendre que l’informatisation va à l’encontre de ces nécessaires prises d’autonomie : le système numérique est devenu la clé de voûte de la grande industrie, des bureaucraties étatiques, de tous les processus d’administration de nos vies qui obéissent aux lois du profit et du pouvoir.

    http://www.terrestres.org/2020/04/27/ne-laissons-pas-sinstaller-le-monde-sans-contact

    Illustration : Ne nous y trompons pas, la distance sociale a commencé il y a des années .

    #technocritique, #critique_techno, #Ecran_Total, #La_Lenteur, #coronavirus, #numérique, #informatique, #autonomie_politique.

  • Nourrir Paris en temps de crise… et après ?
    https://theconversation.com/nourrir-paris-en-temps-de-crise-et-apres-135971

    Dans le scénario d’autonomie et de reconnexion, avec l’abandon du recours aux engrais et aux pesticides de synthèse, la production protéique des terres arables diminue de 20 %, ce qui n’empêche toutefois pas la France de disposer d’un excédent de production céréalière disponible pour une exportation à hauteur de 40 % du niveau actuel.

    Le cheptel, réduit de moitié, suffit à couvrir les besoins en viande et lait de la population de 75 millions d’habitants demitariens. La France n’exporte plus de poudre de lait, mais peut encore fournir le marché international en fromages AOC !

    Là encore on ignore le problème de déficit de fruits et légumes pour favoriser les exports de céréales !

    • Super texte ! (Malgré le silence sur les fruits et légumes, il est assez rapide.) Il fait un peu l’histoire de la capacité productive agricole de la France et de deux grandes pistes. La fin un peu nœud-nœud cite une macronnerie gentillette pour se convaincre qu’il est possible qu’on parte vers un modèle autonome moins lié au marché mondial et au grand capital agri, tu parles.

      Jusqu’au milieu du XXe siècle, Paris était approvisionné pour l’essentiel par un hinterland nourricier, un territoire d’une centaine de kilomètres entourant la ville. Sa capacité à produire des excédents par rapport aux besoins de sa propre population a progressé au même rythme que la croissance démographique urbaine.

      Le système agricole qui a permis une telle évolution, c’est celui de la polyculture-élevage ; ici, l’épandage des déjections animales permet de restituer aux sols cultivés des nutriments exportés par la récolte. Ces déjections proviennent principalement du broutage par les troupeaux de légumineuses fourragères, tels le trèfle ou la luzerne, capables à l’inverse des autres végétaux de fixer l’azote de l’air, essentiel à la croissance des plantes.

      La toute proche banlieue parisienne s’était spécialisée, elle, dans les fruits et légumes frais fertilisés aux engrais urbains – excréments humains, fumier de cheval et déchets alimentaires.

      Le tournant des années 1950

      Avec l’avènement de l’agriculture industrielle, à partir de 1955, et la généralisation de l’usage des engrais azotés de synthèse produits industriellement, l’agriculture céréalière a pu se passer de l’élevage et de ses précieuses déjections.

      Le centre du bassin parisien s’est alors spécialisé dans les grandes cultures céréalières d’où les troupeaux avaient disparu. Sa production agricole a bien vite dépassé les besoins en grain de l’agglomération parisienne, bien que la population urbaine ait doublé dans le même temps. 80 % de cette production est aujourd’hui destinée à l’exportation.

      Le bétail, exclu de ces zones centrales du bassin, s’est concentré dans les régions périphériques : le Grand Est où s’est maintenue la polyculture-élevage, et surtout le Grand Ouest, spécialisé depuis les années 1980 dans un élevage intensif, basé sur l’importation massive de soja d’Amérique latine. Les fruits et légumes sont issus de régions toujours plus lointaines de la capitale, la distance moyenne d’approvisionnement passant de 100 km à la fin du XIXe siècle à 790 km au début du XXIe siècle.

      La dépendance en ressources fossiles (les hydrocarbures pour la production d’azote, phosphates et potassium miniers), situées hors de l’Union européenne, est devenue extrême et le taux de recyclage des engrais urbains est désormais proche de zéro.

      Une concentration d’acteurs

      Parallèlement à cet éloignement géographique des zones d’approvisionnement, le système de transformation et de distribution alimentaire s’est profondément concentré.

      Quelques grands groupes contrôlent des filières entières, telles que la collecte, le négoce et la transformation du lait, des céréales, des oléagineux et de la betterave. La grande distribution – c’est-à-dire sept grandes enseignes (Auchan, Carrefour, Cora, Leclerc, Casino, Système U, Les Mousquetaires) – et quelques centrales d’achat se taillent la part du lion des ventes alimentaires.

      Le commerce de détail, les marchés, la vente directe, ou les modes plus coopératifs d’approvisionnement, comme les AMAP ou les épiceries solidaires, ne concernent aujourd’hui qu’une fraction mineure de l’approvisionnement des particuliers.
      Les conséquences de la pandémie

      La crise sanitaire que nous traversons aujourd’hui pourrait encore renforcer la position hégémonique de la grande distribution.

      Le premier scénario (dit « Ouvert et spécialisé ») consiste dans la poursuite du mouvement de spécialisation, de déconnexion de l’élevage d’avec l’agriculture et d’ouverture sur les marchés internationaux.

      Il est dans la droite ligne des objectifs de croissance et de mondialisation affirmés par la plupart des politiques publiques nationales et européennes. Dans un discours au monde agricole, en 2018, le Président Emmanuel Macron ne dit-il pas :

      « Il n’y a pas d’avenir de notre agriculture s’il n’y a pas une ouverture raisonnée, organisée en matière commerciale. […], il ne faut pas avoir peur de cette ouverture, il faut s’organiser pour en être les gagnants. »

      Le second scénario (dit « Autonome, reconnecté, demitarien ») suppose au contraire une réorganisation profonde du système agro-alimentaire français. Il s’agit d’accroître l’autonomie en intrants des exploitations et des territoires, de diversifier les rotations culturales en y intercalant des légumineuses fixatrices d’azote, fourragères (luzerne, trèfle…) ou à graines (lentilles, pois…), selon les principes de l’agriculture biologique.

      Il s’agit aussi de réintroduire l’élevage dans les régions où il a disparu et de reconnecter la production agricole avec une consommation alimentaire moitié moins riche en protéines animales (le régime « demitarien »).

      La valorisation agricole des engrais urbains, principalement les urines humaines mais aussi les biodéchets alimentaires et les matières fécales, permettant également de renforcer la fourniture d’engrais local.

      Ces deux scénarios se révèlent l’un comme l’autre capables de nourrir la population française à l’horizon 2050. L’accroissement de la production agricole dans le scénario d’ouverture et de spécialisation rendant possible un doublement des exportations de céréales.

      Dans le scénario d’autonomie et de reconnexion, avec l’abandon du recours aux engrais et aux pesticides de synthèse, la production protéique des terres arables diminue de 20 %, ce qui n’empêche toutefois pas la France de disposer d’un excédent de production céréalière disponible pour une exportation à hauteur de 40 % du niveau actuel.

      Le cheptel, réduit de moitié, suffit à couvrir les besoins en viande et lait de la population de 75 millions d’habitants demitariens. La France n’exporte plus de poudre de lait, mais peut encore fournir le marché international en fromages AOC !

      En matière de contamination des eaux par les nitrates et les pesticides, ainsi qu’en ce qui concerne les émissions de gaz à effet de serre, la comparaison est largement en faveur de ce second scénario.

      #autonomie_agricole #autonomie_productive
      #agriculture #élevage

  • Le temps des ouvriers. Le temps de l’#usine (1/4)

    Du début du XVIIIe siècle à nos jours, Stan Neumann déroule sur plus de trois siècles l’histoire du monde ouvrier européen, rappelant en une synthèse éblouissante ce que nos sociétés doivent aux luttes des « damnés de la terre ».

    Dès le début du XVIIIe siècle, en Grande-Bretagne, une nouvelle économie « industrielle et commerciale », portée par le textile, chasse des campagnes les petits paysans et les tisserands indépendants. Pour survivre, ils doivent désormais travailler contre salaire dans des fabriques (factories) qui rassemblent plusieurs milliers d’ouvriers, sur des métiers appartenant à des marchands devenus industriels. C’est la naissance de la classe ouvrière anglaise. Le travail en usine, le Factory System, où seul compte le profit, impose aux déracinés une discipline et une conception du temps radicalement nouvelles. Avec la révolution industrielle de la fin du XVIIIe siècle, ils subissent un dressage plus violent encore, sous la loi de machines qui réduisent l’ouvrier à un simple rouage.
    Surexploitée et inorganisée, cette classe ouvrière primitive, qui oppose à la main de fer de l’industrie naissante des révoltes spontanées et sporadiques, va mettre plusieurs générations à inventer ses propres formes de lutte, dans une alliance parfois malaisée avec les républicains anglais, inspirés par la Révolution française de 1789. Ses revendications sont sociales et politiques : réglementation du travail des enfants, salaires, durée du temps de travail, liberté syndicale, droit de grève, suffrage universel... Dans les années 1820, après des décennies de combats perdus, une classe ouvrière anglaise puissante et combative semble en mesure de faire la révolution.

    Temps complet
    La classe ouvrière a-t-elle disparu, ou simplement changé de forme, de nom, de rêve ? Conciliant l’audace et la rigueur historique, l’humour et l’émotion, le détail signifiant et le souffle épique, Stan Neumann (Austerlitz, Lénine, Gorki – La révolution à contre-temps) livre une éblouissante relecture de trois cents ans d’histoire. Faisant vibrer la mémoire des lieux et la beauté des archives, célébrissimes ou méconnues, il parvient à synthétiser avec fluidité une étonnante quantité d’informations. Les séquences d’animation, ludiques et inventives, et un commentaire dit par la voix à la fois présente et discrète de Bernard Lavilliers permettent de passer sans se perdre d’un temps à l’autre : celui du travail, compté hier comme aujourd’hui minute par minute, celui des grands événements historiques, et celui, enfin, des changements sociaux ou techniques étalés parfois sur plusieurs décennies, comme le processus de légalisation des syndicats ou du travail à la chaîne. En parallèle, le réalisateur donne la parole à des ouvriers et ouvrières d’aujourd’hui et à une douzaine d’historiens et philosophes, hommes et femmes, « personnages » à part entière dont la passion communicative rythme le récit. On peut citer Jacques Rancière, Marion Fontaine, Alessandro Portelli, Arthur McIvor, Stefan Berger, avec Xavier Vigna comme conseiller scientifique de l’ensemble des épisodes. Cette série documentaire virtuose, où l’expérience intime coexiste avec la mémoire collective, au risque parfois de la contredire, révèle ainsi combien nos sociétés contemporaines ont été façonnées par l’histoire des ouvriers.

    https://www.arte.tv/fr/videos/082189-001-A/le-temps-des-ouvriers-1-4

    #documentaire #film_documentaire #film
    #agriculture #cleasning #nettoyage #industrie #industrie_textile #industrialisation #expulsions_forcées #histoire #Ecosse #UK #exode_rural #déplacés_internes #IDPs #histoire #force_de_travail #classe_ouvrière #Highlands #désindustrialisation #compétition #factory_system #esclavage #Crowley #temps #contrôle_du_temps #salaires #profit #filatures #travail_d'enfants #enfants #femmes #New_Lanark #Robert_Owen #silent_monitor #école #Institut_pour_la_formation_du_caractère #paternalisme #contrôle #tyrannie #liberté_de_commerce #grève #émeute #insécurité_sociale #pauvreté #workhouse #criminalisation_de_la_pauvreté #résistance #Enoch #Great_Enoch #John_Ludd #général_Ludd #luddisme #luttes #insurrection #cadence #progrès_technique #accidents_de_travail #Angleterre #insurrection_luddite #massacre_de_Peterloo #odeur #intercheangeabilité #temps_des_ouvriers

    Sur le silent monitor :

    This small four-sided wooden block was known as a ’silent monitor’ and was used by Robert Owen as a means of imposing discipline at his #New_Lanark_Mills.

    Robert Owen was strongly opposed to the use of corporal punishment, so in order to keep discipline at the New Lanark Mills, he devised his own unique system. The ’silent monitors’ were hung next to each worker in the mills, with each side displaying a different colour. ’Bad’ behaviour was represented by the colour black; ’indifferent’ was represented by blue; ’good’ by yellow; and ’excellent’ by white. The superintendent was responsible for turning the monitors every day, according to how well or badly the worker had behaved. A daily note was then made of the conduct of the workers in the ’books of character’ which were provided for each department in the mills.


    https://www.peoplescollection.wales/items/10456

    New Lanark :

    • Le temps des ouvriers (4/4)Le temps de la destruction

      Stan Neumann déroule sur plus de trois siècles l’histoire du monde ouvrier européen. Dernier volet : dans les années 1930, la classe ouvrière semble plus puissante que jamais. Le succès, en 1936, du Front populaire en France témoigne de cette force. Pourtant, les ouvriers européens vont de défaite en défaite...

      En Espagne, la dictature franquiste, soutenue par Hitler et Mussolini, triomphe en 1939. Puis dans l’Europe asservie, l’Allemagne nazie fait des ouvriers des pays vaincus des « esclaves du XXe siècle » : « travail obligatoire » pour les ouvriers de l’ouest de l’Europe, « extermination par le travail » des juifs, des Tsiganes et des prisonniers de guerre soviétiques.
      Après 1945, la guerre froide génère de nouvelles fractures. En Occident, on achète la paix sociale en améliorant les conditions de vie et de travail dans la plus pure tradition fordiste. À l’Est, le pouvoir est confisqué par des partis uniques qui prétendent représenter les ouvriers tout en les privant des libertés syndicales avec le soutien de l’URSS et de ses tanks. L’espoir renaît dans les années 1970, qui voient fleurir les utopies révolutionnaires, des Lip à Solidarnosc. Mais c’est un chant du cygne. Avec son cortège de misère et de chômage, la désindustrialisation a commencé.

      Temps complet
      La classe ouvrière a-t-elle disparu, ou simplement changé de forme, de nom, de rêve ? Conciliant l’audace et la rigueur historique, l’humour et l’émotion, le détail signifiant et le souffle épique, Stan Neumann ("Austerlitz", « Lénine »", ""Gorki"" – ""La révolution à contre-temps") livre une éblouissante relecture de trois cents ans d’histoire. Faisant vibrer la mémoire des lieux et la beauté des archives, célébrissimes ou méconnues, il parvient à synthétiser avec fluidité une étonnante quantité d’information. Les séquences d’animation, ludiques et inventives, et un commentaire dit par la voix à la fois présente et discrète de Bernard Lavilliers permettent de passer sans se perdre d’un temps à l’autre : celui du travail, compté hier comme aujourd’hui minute par minute, celui des grands événements historiques, et celui, enfin, des changements sociaux ou techniques étalés parfois sur plusieurs décennies, comme le processus de légalisation des syndicats ou du travail à la chaîne. En parallèle, le réalisateur donne la parole à des ouvriers et ouvrières d’aujourd’hui et à une douzaine d’historiens et philosophes, hommes et femmes, « personnages » à part entière dont la passion communicative rythme le récit. On peut citer Jacques Rancière, Marion Fontaine, Alessandro Portelli, Arthur McIvor, Stefan Berger, avec Xavier Vigna comme conseiller scientifique de l’ensemble des épisodes. Cette série documentaire virtuose, où l’expérience intime coexiste avec la mémoire collective, au risque parfois de la contredire, révèle ainsi combien nos sociétés contemporaines ont été façonnées par l’histoire des ouvriers.

      https://www.arte.tv/fr/videos/082189-004-A/le-temps-des-ouvriers-4-4

      #poing_levé #Front_populaire #Espagne #Fígols #mujeres_libres #guerre_d'Espagne #mineurs #alcolisme #violence_domestique #expulsions_collectives #travailleurs_étrangers #Volkswagen #nazisme #extermination_par_le_travail #Berlin #Pologne #Hongrie #superflu #rock_and_roll #mai_68 #Sochaux #Lip #Solidarność #Solidarnosc #Anna_Walentynowicz #printemps_de_Prague #NUM #autonomie_ouvrière #Arthur_McIvor #Margareth_Thatcher #muséification #désindustrialisation #invisibilisation #uberisation

  • Grève des loyers partout
    https://expansive.info/Greve-des-loyers-partout-2208

    Alors que le premier mai arrive, et qu’un grand nombre de travailleurs se retrouvent encore plus dans la merde, organisons pour ne plus payer nos loyers, étendons la grève des loyers ! #Infos_locales

    / #Logement_-_Squat, Autonomie & auto-gestion, #Dynamiques_collectives, #Coronavirus

    #Autonomie_&_auto-gestion
    https://expansive.info/IMG/pdf/tract_recto.cleaned.pdf
    https://expansive.info/IMG/pdf/tract_verso.cleaned.pdf

    • Pour appuyer son propos, celui-ci nous a fait parvenir d’autres clichés montrant des situations similaires, principalement en Seine-Saint-Denis où une partie importante de la population ne peut télétravailler et doit se rendre quotidiennement dans la capitale pour continuer à faire tourner les activités essentielles. Cette situation interpelle les internautes en prévision du déconfinement annoncé le 11 mai prochain, notamment sur la question de la distanciation sociale, visiblement d’ores et déjà impossible à respecter dans certains départements d’Ile-de-France.

    • c’est un bus de nuit non ? Et il n’est pas juste normalement « bondé » ? l’impression que l’emphase va bien servir à justifier les prunes pour non porc de masque... La verbalisation pour te faire fermer ta gueule, invitons des lacaniens dans le débat, vite.

    • @tintin La ligne 13 est archi bondée tous les jours à divers horaires (dont le matin très tôt), et évidement que les voyageurs sont pas verbalisés à cet endroit puisqu’il est manifeste qu’ils respectent el faux confinement qui enchaîne nombre de #premiers_de_corvée à l’emploi quotidien. Je sais pas ce qu’il en est des autres lignes (j’y vais pas) mais je suis certain qu’avec la reprise de l’activité économique en cours, et le faible pourcentage de métro par rapport aux cadences usuelles, ça soit aussi corsé à certains horaires. Regarde l’article cité plus haut sur le casse tête que c’est d’avoir à organiser la reprise des transports en commun au vu de ce qui se passe déjà.

      D’après une étude sur 1000 cas en Chine, un tiers des contagions identifiées se sont faites dans les transports. Le reste s’est déroulée dans des bâtiments. La transmission à l’extérieur n’existerait quasiment pas"
      https://www.nationalreview.com/corner/coronavirus-transmission-chinese-study-shows-covid-more-likely-sprea

      Le confinement se divise en deux (comme disait Mais où sont passées mes tongues), celui qui soutient les gestes barrières, et celui qui met au contact du virus.

      Par ailleurs, nombreuses sont les personnes qui pensent que Paris est l’emblème de la région parisienne, on peut soutenir au contraire que c’est le 93. Il ya même des morceaux de 93, si on veut dire comme ça, dans Paris, et les flics qui sont absents ailleurs, et plus ou moins tolérants, y sont tout aussi présents qu’au Mirail ou à Saint-Denis. Bien que l’on réserve les hélicoptères de nuit aux cités de l’outre périphérique.

    • ce que je voulais dire c’est que cela me semblait jeter le blâme sur ceux et celles qui sont bien obligé de se taper le bus et le métro... Bref, j’aurais plutôt envie d’interactions de vive voix ou de voix vivantes, parce que les outils de communication hein, fais chier quoi. je t’embrasse mec, j’espère que ça va...

    • A new study from four Chinese scientists currently awaiting peer review suggests that the coronavirus could be much more likely to spread indoors than outdoors. The proctors reviewed more than 1,000 COVID-19 cases in China, classified groups of cases into “clusters” and “outbreaks,” and summarized their findings as such:

      Three hundred and eighteen outbreaks with three or more cases were identified, involving 1245 confirmed cases in 120 prefectural cities. We divided the venues in which the outbreaks occurred into six categories: homes, transport, food, entertainment, shopping, and miscellaneous. Among the identified outbreaks, 53.8% involved three cases, 26.4% involved four cases, and only 1.6% involved ten or more cases. Home outbreaks were the dominant category (254 of 318 outbreaks; 79.9%), followed by transport (108; 34.0%; note that many outbreaks involved more than one venue category). Most home outbreaks involved three to five cases. We identified only a single outbreak in an outdoor environment, which involved two cases. The first salient feature of the 318 identified outbreaks that involved three or more cases is that they all occurred in indoor environments

      https://www.medrxiv.org/content/10.1101/2020.04.04.20053058v1.full.pdf+html

      D’où le déconfinement à vélo (gros chantier de pistes cyclables en ce moment) qui permettrait au moins aux personnes qui sont assez proches de leur boulot pour pouvoir y aller autrement qu’en transports en commun. Si ces transports représentent un danger, on risque (et plus nombreux/ses !) de crever sous les fumées des voitures particulières.

    • Cet article est tout à fait bon, je vois bien pourquoi @rezo l’a relayé. J’avais commencé à relire des trucs sur ce noeud de la mise au travail et des transports en idf. Je vois pas, et eux non plus, comment ils vont faire (payer un vélo à tout le monde ? et des Uber ?).

      Une photo postée sur Facebook, sur le groupe « CGT RATP Bus Flandre »​, et partagée près de 1.000 fois a beaucoup fait réagir les utilisateurs. On y voit un bus plein à craquer circulant en Ile-de-France pendant le confinement avec ce commentaire : « Bus 152 Blanc-Mesnil -> La Villette ce matin 5 h 30 : voilà les conditions criminelles dans lesquelles voyagent les travailleurs du 93 ! Imaginez le 11 mai ! Rappel : les masques ne remplacent pas les distances de sécurité ! Que fait la RATP ? ».

      Ça a rien de stigmatisant pour les voyageurs. Et ça permet même de regarder autrement des non respects du confinement qui sont bien moins ou pas du tout aussi dangereux que le (faux) confinement en vigueur pour nombre de salariés. Il y a a pas eu assez d’images de situations horribles, et de grèves pour que la France arrête davantage les activités non indispensables (cf Italie)....

    • Les syndiqués CGT Ratp font preuve d’une autonomie tout à fait remarquable. C’est là -sans que la confédération veuille en savoir quoi que ce soit -c’est eux qui ont préparé dès la rentrée de septembre, ligne de métro par ligne de métro, dépôt de bus par dépôt de bus, une grève contre la réforme des retraites à laquelle la conf a ensuite du appelé à reculons et ils ont ensuite été mobilisés plus que dans aucune autre entreprise en France (SNCF compris) durant 45 jours ! (sauf erreur de ma part).

      Cela fait des semaines qu’ils enquêtent et alertent sur les conditions de travail sous Covid 19, pointent le manque de protection sanitaire pour eux et les passagers (désinfection des bus, distances physiques).

      Il y a peu, ils publiaient un communiqué du genre « Police pas touche aux habitants de nos banlieues... »

      #CGT-Ratp #Autonomie_ouvrière #RATP

  • Plus jamais un Mexique sans nous ?

    Yásnaya Elena Aguilar Gil

    https://lavoiedujaguar.net/Plus-jamais-un-Mexique-sans-nous-I

    Un fleuve

    Le nom d’un fleuve qui naît sur le plateau tibétain, passe par l’Inde et traverse le Pakistan raconte une histoire troublante. Son nom, Indo en espagnol, vient d’une langue ancienne réservée aux métiers et aux écritures sacrées de l’hindouisme. Du sanskrit « Sindhu », le mot est devenu en persan « Hindush », en grec « Indos », puis en latin « Indus », et enfin est passé à l’espagnol sous la forme « Indo ». Du nom de ce fleuve dérive aussi celui de la région que nous connaissons comme l’Inde, et, plus tard, du fait d’une histoire de confusions géographiques trop bien connue, l’appellation « indio » a fini par être utilisée pour désigner les membres d’un ensemble de peuples qui habitaient le continent américain à l’arrivée des colonisateurs européens. Le vieux nom d’un fleuve, mentionné dans le plus ancien texte de l’Inde, a également acquis sous de tout autres latitudes une connotation nettement méprisante. Je pense à ce fleuve quand, à bord d’un taxi, j’entends le chauffeur lancer des jurons à une personne qui manque de causer une collision, un chapelet d’insultes qui se termine par un retentissant « ¡indio ! ». (...)

    #Mexique #peuples_originaires #Mapuche #Pedro_Cayuqueo #État-nation #langues #peuples #Oaxaca #autonomie #Chili #communes #justice #santé #éducation #autogouvernement

  • Vieillir avec un #permis_F

    Amaram vit en Suisse depuis 19 ans au bénéfice d’un permis F. Son statut précaire ne lui permet pas de voyager notamment pour se rendre en Angleterre y rendre visite à ses proches. Elle n’a aucune famille dans son entourage direct et elle vit solitairement les dernières années de sa vie. Les autorités refusent de la régulariser aux motifs qu’elle ne parle pas bien le français et qu’elle n’est pas autonome financièrement.

    https://www.youtube.com/watch?v=3T4254NtkAI&feature=youtu.be


    #admission_provisoire #témoignage #Exilia_Films #mobilité #immobilité #vieillesse #autonomie #asile #migrations #réfugiés #audio

  • Outbreaks like coronavirus start in and spread from the edges of cities

    Emerging infectious disease has much to do with how and where we live. The ongoing coronavirus is an example of the close relationships between urban development and new or re-emerging infectious diseases.

    Like the SARS pandemic of 2003, the connections between accelerated urbanization, more far-reaching and faster means of transportation, and less distance between urban life and non-human nature due to continued growth at the city’s outskirts — and subsequent trans-species infection — became immediately apparent.

    The new coronavirus, SARS-CoV-2, first crossed the animal-human divide at a market in Wuhan, one of the largest Chinese cities and a major transportation node with national and international connections. The sprawling megacity has since been the stage for the largest quarantine in human history, and its periphery has seen the pop-up construction of two hospitals to deal with infected patients.

    When the outbreak is halted and travel bans lifted, we still need to understand the conditions under which new infectious diseases emerge and spread through urbanization.
    No longer local

    Infectious disease outbreaks are global events. Increasingly, health and disease tend to be urban as they coincide with prolific urban growth and urban ways of life. The increased emergence of infectious diseases is to be expected.

    SARS (severe acute respiratory syndrome) hit global cities like Beijing, Hong Kong, Toronto and Singapore hard in 2003. COVID-19, the disease caused by SARS-CoV-2, goes beyond select global financial centres and lays bare a global production and consumption network that sprawls across urban regions on several continents.

    To study the spread of disease today, we have to look beyond airports to the European automobile and parts industry that has taken root in central China; Chinese financed belt-and-road infrastructure across Asia, Europe and Africa; and in regional transportation hubs like Wuhan.

    While the current COVID-19 outbreak exposes China’s multiple economic connectivities, this phenomenon is not unique to that country. The recent outbreak of Ebola in the Democratic Republic of the Congo, for example, shone a light on the myriad strategic, economic and demographic relations of that country.
    New trade connections

    In January 2020, four workers were infected with SARS-CoV-2 during a training session at car parts company Webasto headquartered near Munich, revealing a connection with the company’s Chinese production site in Wuhan.

    The training was provided by a colleague from the Chinese branch of the firm who didn’t know she was infected. At the time of the training session in Bavaria, she did not feel sick and only fell ill on her flight back to Wuhan.

    First one, then three more colleagues who had participated in the training event in Germany, showed symptoms and soon were confirmed to have contracted the virus and infected other colleagues and family members.

    Eventually, Webasto and other German producers stopped fabrication in China temporarily, the German airline Lufthansa, like other airlines, cancelled all flights to that country and 110 individuals who had been contact traced to have been in touch with the four infected patients in Bavaria were advised by health officials to observe “domestic isolation” or “home quarantine.”

    This outbreak will likely be stopped. Until then, it will continue to cause human suffering and even death, and economic damage. The disease may further contribute to the unravelling of civility as the disease has been pinned to certain places or people. But when it’s over, the next such outbreak is waiting in the wings.
    Disease movements

    We need to understand the landscapes of emerging extended urbanization better if we want to predict, avoid and react to emerging disease outbreaks more efficiently.

    First, we need to grasp where disease outbreaks occur and how they relate to the physical, spatial, economic, social and ecological changes brought on by urbanization. Second, we need to learn more about how the newly emerging urban landscapes can themselves play a role in stemming potential outbreaks.

    Rapid urbanization enables the spread of infectious disease, with peripheral sites being particularly susceptible to disease vectors like mosquitoes or ticks and diseases that jump the animal-to-human species boundary.

    Our research identifies three dimensions of the relationships between extended urbanization and infectious disease that need better understanding: population change and mobility, infrastructure and governance.
    Travel and transport

    Population change and mobility are immediately connected. The coronavirus travelled from the periphery of Wuhan — where 1.6 million cars were produced last year — to a distant Bavarian suburb specializing in certain auto parts.

    Quarantined megacities and cruise ships demonstrate what happens when our globalized urban lives come grinding to a halt.

    Infrastructure is central: diseases can spread rapidly between cities through infrastructures of globalization such as global air travel networks. Airports are often located at the edges of urban areas, raising complex governance and jurisdictional issues with regards to who has responsibility to control disease outbreaks in large urban regions.

    We can also assume that disease outbreaks reinforce existing inequalities in access to and benefits from mobility infrastructures. These imbalances also influence the reactions to an outbreak. Disconnections that are revealed as rapid urban growth is not accompanied by the appropriate development of social and technical infrastructures add to the picture.

    Lastly, SARS-CoV-2 has exposed both the shortcomings and potential opportunities of governance at different levels. While it is awe-inspiring to see entire megacities quarantined, it is unlikely that such drastic measures would be accepted in countries not governed by centralized authoritarian leadership. But even in China, multilevel governance proved to be breaking down as local, regional and central government (and party) units were not sufficiently co-ordinated at the beginning of the crisis.

    This mirrored the intergovernmental confusion in Canada during SARS. As we enter another wave of megaurbanization, urban regions will need to develop efficient and innovative methods of confronting emerging infectious disease without relying on drastic top-down state measures that can be globally disruptive and often counter-productive. This may be especially relevant in fighting racism and intercultural conflict.

    The massive increase of the global urban population over the past few decades has increased exposure to diseases and posed new challenges to the control of outbreaks. Urban researchers need to explore these new relationships between urbanization and infectious disease. This will require an interdisciplinary approach that includes geographers, public health scientists, sociologists and others to develop possible solutions to prevent and mitigate future disease outbreaks.

    https://theconversation.com/outbreaks-like-coronavirus-start-in-and-spread-from-the-edges-of-ci
    #villes #urban_matter #géographie_urbaine #covid-19 #coronavirus #ressources_pédagogiques

    ping @reka

    • The Urbanization of COVID-19

      Three prominent urban researchers with a focus on infectious diseases explain why political responses to the current coronavirus outbreak require an understanding of urban dynamics. Looking back at the last coronavirus pandemic, the SARS outbreak in 2002/3, they highlight what affected cities have learned from that experience for handling the ongoing crisis. Exploring the political challenges of the current state of exception in Canada, Germany, Singapore and elsewhere, Creighton Connolly, Harris Ali and Roger Keil shed light on the practices of urban solidarity as the key to overcoming the public health threat.

      Guests:

      Creighton Connolly is a Senior Lecturer in Development Studies and the Global South in the School of Geography, University of Lincoln, UK. He researches urban political ecology, urban-environmental governance and processes of urbanization and urban redevelopment in Southeast Asia, with a focus on Malaysia and Singapore. He is editor of ‘Post-Politics and Civil Society in Asian Cities’ (Routledge 2019), and has published in a range of leading urban studies and geography journals. Previously, he worked as a researcher in the Asian Urbanisms research cluster at the Asia Research Institute, National University of Singapore.

      Harris Ali is a Professor of Sociology, York University in Toronto. He researches issues in environmental sociology, environmental health and disasters including the social and political dimensions of infectious disease outbreaks. He is currently conducting research on the role of community-based initiatives in the Ebola response in Africa.

      Roger Keil is a Professor at the Faculty of Environmental Studies, York University in Toronto. He researches global suburbanization, urban political ecology, cities and infectious disease, and regional governance. Keil is the author of “Suburban Planet” (Polity 2018) and editor of “Suburban Constellations” (Jovis 2013). A co-founder of the International Network for Urban Research and Action (INURA), he was the inaugural director of the CITY Institute at York University and former co-editor of the International Journal of Urban and Regional Research.

      Referenced Literature:

      Ali, S. Harris, and Roger Keil, eds. 2011. Networked disease: emerging infections in the global city. Vol. 44. John Wiley & Sons.

      Keil, Roger, Creighton Connolly, and Harris S. Ali. 2020. “Outbreaks like coronavirus start in and spread from the edges of cities.” The Conversation, February 17. Available online here: https://theconversation.com/outbreaks-like-coronavirus-start-in-and-spread-from-the-edges-of-ci

      https://urbanpolitical.podigee.io/16-covid19

    • Extended urbanisation and the spatialities of infectious disease: Demographic change, infrastructure and governance

      Emerging infectious disease has much to do with how and where we live. The recent COVID-19 coronavirus outbreak is an example of the close relationships between urban development and new or re-emerging infectious diseases. Like the SARS pandemic of 2003, the connections between accelerated urbanisation, more expansive and faster means of transportation, and increasing proximity between urban life and non-human nature — and subsequent trans-species infections — became immediately apparent.

      Our Urban Studies paper contributes to this emerging conversation. Infectious disease outbreaks are now global events. Increasingly, health and disease tend to be urban as they coincide with the proliferation of planetary urbanisation and urban ways of life. The increased emergence of infectious diseases is to be expected in an era of extended urbanisation.

      We posit that we need to understand the landscapes of emerging extended urbanisation better if we want to predict, avoid and react to emerging disease outbreaks more efficiently. First, we need to grasp where disease outbreaks occur and how they relate to the physical, spatial, economic, social and ecological changes brought on by urbanisation. Second, we need to learn more about how the newly emerging urban landscapes can themselves play a role in stemming potential outbreaks. Rapid urbanisation enables the spread of infectious disease, with peripheral sites being particularly susceptible to disease vectors like mosquitoes or ticks and diseases that jump the animal-to-human species boundary.

      Our research identifies three dimensions of the relationships between extended urbanisation and infectious disease that need better understanding: population change and mobility, infrastructure and governance. Population change and mobility are immediately connected. Population growth in cities - driven primarily by rural-urban migration - is a major factor influencing the spread of disease. This is seen most clearly in rapidly urbanising regions such as Africa and Asia, which have experienced recent outbreaks of Ebola and SARS, respectively.

      Infrastructure is also central: diseases can spread rapidly between cities through infrastructures of globalisation such as global air travel networks. Airports are often located at the edges of urban areas, raising complex governance and jurisdictional issues with regards to who has responsibility to control disease outbreaks in large urban regions. We can also assume that disease outbreaks reinforce existing inequalities in access to and benefits from mobility infrastructures. We therefore need to consider the disconnections that become apparent as rapid demographic and peri-urban growth is not accompanied by appropriate infrastructure development.

      Lastly, the COVID-19 outbreak has exposed both the shortcomings and potential opportunities of governance at different levels. While it is awe-inspiring to see entire megacities quarantined, it is unlikely that such drastic measures would be accepted in countries not governed by centralised authoritarian leadership. But even in China, multilevel governance proved to be breaking down as local, regional and central government (and party) units were not sufficiently co-ordinated at the beginning of the crisis. This mirrored the intergovernmental confusion in Canada during SARS.

      As we enter another wave of megaurbanisation, urban regions will need to develop efficient and innovative methods of confronting emerging infectious disease without relying on drastic top-down state measures that can be globally disruptive and often ineffective. This urges upon urban researchers to seek new and better explanations for the relationships of extended urbanisation and the spatialities of infectious disease - an effort that will require an interdisciplinary approach including geographers, health scientists, sociologists.

      https://www.urbanstudiesonline.com/resources/resource/extended-urbanisation-and-the-spatialities-of-infectious-disease
      #géographie_de_la_santé #maladies_infectieuses

    • Cities after coronavirus: how Covid-19 could radically alter urban life

      Pandemics have always shaped cities – and from increased surveillance to ‘de-densification’ to new community activism, Covid-19 is doing it already.

      Victoria Embankment, which runs for a mile and a quarter along the River Thames, is many people’s idea of quintessential London. Some of the earliest postcards sent in Britain depicted its broad promenades and resplendent gardens. The Metropolitan Board of Works, which oversaw its construction, hailed it as an “appropriate, and appropriately civilised, cityscape for a prosperous commercial society”.

      But the embankment, now hardwired into our urban consciousness, is entirely the product of pandemic. Without a series of devastating global cholera outbreaks in the 19th century – including one in London in the early 1850s that claimed more than 10,000 lives – the need for a new, modern sewerage system may never have been identified. Joseph Bazalgette’s remarkable feat of civil engineering, which was designed to carry waste water safely downriver and away from drinking supplies, would never have materialised.

      From the Athens plague in 430BC, which drove profound changes in the city’s laws and identity, to the Black Death in the Middle Ages, which transformed the balance of class power in European societies, to the recent spate of Ebola epidemics across sub-Saharan Africa that illuminated the growing interconnectedness of today’s hyper-globalised cities, public health crises rarely fail to leave their mark on a metropolis.
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      As the world continues to fight the rapid spread of coronavirus, confining many people to their homes and radically altering the way we move through, work in and think about our cities, some are wondering which of these adjustments will endure beyond the end of the pandemic, and what life might look like on the other side.

      One of the most pressing questions that urban planners will face is the apparent tension between densification – the push towards cities becoming more concentrated, which is seen as essential to improving environmental sustainability – and disaggregation, the separating out of populations, which is one of the key tools currently being used to hold back infection transmission.

      “At the moment we are reducing density everywhere we can, and for good reason,” observes Richard Sennett, a professor of urban studies at MIT and senior adviser to the UN on its climate change and cities programme. “But on the whole density is a good thing: denser cities are more energy efficient. So I think in the long term there is going to be a conflict between the competing demands of public health and the climate.”

      Sennett believes that in the future there will be a renewed focus on finding design solutions for individual buildings and wider neighbourhoods that enable people to socialise without being packed “sardine-like” into compressed restaurants, bars and clubs – although, given the incredibly high cost of land in big cities like New York and Hong Kong, success here may depend on significant economic reforms as well.

      In recent years, although cities in the global south are continuing to grow as a result of inward rural migration, northern cities are trending in the opposite direction, with more affluent residents taking advantage of remote working capabilities and moving to smaller towns and countryside settlements offering cheaper property and a higher quality of life.

      The “declining cost of distance”, as Karen Harris, the managing director of Bain consultancy’s Macro Trends Group, calls it, is likely to accelerate as a result of the coronavirus crisis. More companies are establishing systems that enable staff to work from home, and more workers are getting accustomed to it. “These are habits that are likely to persist,” Harris says.

      The implications for big cities are immense. If proximity to one’s job is no longer a significant factor in deciding where to live, for example, then the appeal of the suburbs wanes; we could be heading towards a world in which existing city centres and far-flung “new villages” rise in prominence, while traditional commuter belts fade away.

      Another potential impact of coronavirus may be an intensification of digital infrastructure in our cities. South Korea, one of the countries worst-affected by the disease, has also posted some of the lowest mortality rates, an achievement that can be traced in part to a series of technological innovations – including, controversially, the mapping and publication of infected patients’ movements.

      In China, authorities have enlisted the help of tech firms such as Alibaba and Tencent to track the spread of Covid-19 and are using “big data” analysis to anticipate where transmission clusters will emerge next. If one of the government takeaways from coronavirus is that “smart cities” including Songdo or Shenzhen are safer cities from a public health perspective, then we can expect greater efforts to digitally capture and record our behaviour in urban areas – and fiercer debates over the power such surveillance hands to corporations and states.

      Indeed, the spectre of creeping authoritarianism – as emergency disaster measures become normalised, or even permanent – should be at the forefront of our minds, says Sennett. “If you go back through history and look at the regulations brought in to control cities at times of crisis, from the French revolution to 9/11 in the US, many of them took years or even centuries to unravel,” he says.

      At a time of heightened ethnonationalism on the global stage, in which rightwing populists have assumed elected office in many countries from Brazil to the US, Hungary and India, one consequence of coronavirus could be an entrenchment of exclusionary political narratives, calling for new borders to be placed around urban communities – overseen by leaders who have the legal and technological capacity, and the political will, to build them.

      In the past, after a widespread medical emergency, Jewish communities and other socially stigmatised groups such as those affected by leprosy have borne the brunt of public anger. References to the “China virus” by Donald Trump suggest such grim scapegoating is likely to be a feature of this pandemic’s aftermath as well.

      On the ground, however, the story of coronavirus in many global cities has so far been very different. After decades of increasing atomisation, particularly among younger urban residents for whom the impossible cost of housing has made life both precarious and transient, the sudden proliferation of mutual aid groups – designed to provide community support for the most vulnerable during isolation – has brought neighbours together across age groups and demographic divides. Social distancing has, ironically, drawn some of us closer than ever before. Whether such groups survive beyond the end of coronavirus to have a meaningful impact on our urban future depends, in part, on what sort of political lessons we learn from the crisis.

      The vulnerability of many fellow city dwellers – not just because of a temporary medical emergency but as an ongoing lived reality – has been thrown into sharp relief, from elderly people lacking sufficient social care to the low-paid and self-employed who have no financial buffer to fall back on, but upon whose work we all rely.

      A stronger sense of society as a collective whole, rather than an agglomeration of fragmented individuals, could lead to a long-term increase in public demands for more interventionist measures to protect citizens – a development that governments may find harder to resist given their readiness in the midst of coronavirus to override the primacy of markets.

      Private hospitals are already facing pressure to open up their beds without extra charge for those in need; in Los Angeles, homeless citizens have seized vacant homes, drawing support from some lawmakers. Will these kinds of sentiments dwindle with the passing of coronavirus, or will political support for urban policies that put community interests ahead of corporate ones – like a greater imposition of rent controls – endure?

      We don’t yet know the answer, but in the new and unpredictable connections swiftly being forged within our cities as a result of the pandemic, there is perhaps some cause for optimism. “You can’t ‘unknow’ people,” observes Harris, “and usually that’s a good thing.” Sennett thinks we are potentially seeing a fundamental shift in urban social relations. “City residents are becoming aware of desires that they didn’t realise they had before,” he says, “which is for more human contact, for links to people who are unlike themselves.” Whether that change in the nature of city living proves to be as lasting as Bazalgette’s sewer-pipe embankment remains, for now, to be seen.

      https://www.theguardian.com/world/2020/mar/26/life-after-coronavirus-pandemic-change-world
      #le_monde_d'après

    • Listening to the city in a global pandemic

      What’s the role of ‘academic experts’ in the debate about COVID-19 and cites, and how can we separate our expert role from our personal experience of being locked down in our cities and homes?

      This is a question we’ve certainly been struggling with at City Road, and we think it’s a question that a lot of academics are struggling with at the moment. Perhaps it’s a good time to listen to the experiences of academics as their cities change around them, rather than ask them to speak at us about their urban expertise. With this in mind, we asked academics from all over the world to open up the voice recorder on their phones and record a two minute report from the field about their city.

      Over 25 academics from all over the world responded. As you will hear, some of their recordings are not great quality, but their stories certainly are. Many of those who responded to our call are struggling , just like us, to make sense of their experience in the COVID-19 city.

      https://cityroadpod.org/2020/03/29/listening-to-the-city-in-a-global-pandemic

    • Ce que les épidémies nous disent sur la #mondialisation

      Bien que la première épidémie connue par une trace écrite n’ait eu lieu qu’en 430 avant J.-C. à Athènes, on dit souvent que les microbes, et les épidémies auxquels ils donnent lieu, sont aussi vieux que le monde. Mais le Monde est-il aussi vieux qu’on veutbien le dire ? Voici une des questions auxquelles l’étude des épidémies avec les sciences sociales permet d’apporter des éléments de réponse. Les épidémies ne sont pas réservées aux épidémiologistes et autres immunologistes. De grands géographes comme Peter Haggett ou Andrew Cliff ont déjà investi ce domaine, dans une optique focalisée sur les processus de diffusion spatiale. Il est possible d’aller au-delà de cette approche mécanique et d’appréhender les épidémies dans leurs interactions sociales. On verra ici qu’elles nous apprennent aussi beaucoup sur le Monde, sur l’organisation de l’espace mondial et sur la dimension sociétale du processus de mondialisation.

      http://cafe-geo.net/wp-content/uploads/epidemies-mondialisation.pdf
      #épidémie #globalisation

    • Città ai tempi del Covid

      Lo spazio pubblico urbano è uno spazio di relazioni, segnato dai corpi, dagli incontri, dalla casualità, da un ordine spontaneo che non può, se lo spazio è pubblico veramente, accettare altro che regole di buon senso e non di imposizione. È un palcoscenico per le vite di tutti noi, che le vogliamo in mostra o in disparte, protagonisti o comparse della commedia urbana e, come nella commedia, con un fondo di finzione ed un ombra di verità.
      Ma cosa accade se gli attori abbandonano la scena, se i corpi sono negati allo spazio? Come percepiamo quel che rimane a noi frequentabile di strade e piazze che normalmente percorriamo?

      Ho invitato gli studenti che negli anni hanno frequentato il seminario “Fotografia come strumento di indagine urbana”, ma non solo loro, ad inviarmi qualche immagine che documenta (e riflette su) spazio pubblico, città e loro stessi in questi giorni. Come qualcuno mi ha scritto sono immagini spesso letteralmente ‘rubate’, quasi sentendosi in colpa. Eppure documentare e riflettere è un’attività tanto più essenziale quanto la criticità si prolunga e tocca la vita di tutti noi.

      Appunti di viaggio – Iacopo Zetti Ho avuto modo, per una serie di evenienze, di attraversare Firenze di mattina e di sera. Aspettavo il silenzio ed infatti l’ho ascoltato. Il silenzio non è quello dei luoghi extraurbani. ...
      Inferriata – Eni Nurihana L’inferriata de balcone ricorda sempre di più le sbarre carcerarie 23 marzo 2020, 15:11
      Situazioni di necessità – Chiara Zavattaro Le strade della zona di Sant’Ambrogio a Firenze
      Ora d’aria – Antonella Zola Ho avuto la possibilità di scattare queste foto dopo 10 giorni di quarantena completa, in cui ho rinunciato a qualunque contatto con il mondo esterno. Alla fine sono dovuta uscire ...
      Firenze – Agnese Turchi Firenze - Agnese Turchi
      Nostalgia di Silenzi – Gabriele Pierini
      Il recinto – Laura Panichi In un libro che ho letto in questo periodo di “reclusione”, Haruki Murakami dice che quando si prova ad uscire da una gabbia alla fine si finisce sempre per trovarci ...
      Spazio solidale – Jacopo Lorenzini
      Castagneto Carducci – Cristian Farina Chissà se dall’alto qualcuno si è accorto che ci siamo fermati solo per un attimo Da lontano si scorgano i monumenti fermi nel tempo, quasi come noi, fermi nello spazio
      Firenze, mercoledì 18/03/20 ore 15.30 circa – Leonardo Ceccarelli Firenze, mercoledì 18/03/20 ore 15.30 circa - Leonardo Ceccarelli
      Firenze, marzo 2020 – Giulia D’Ercole Firenze, marzo 2020 - Giulia D’Ercole
      Feriale d’altri tempi – Dario Albamonte La mia fortuna è quella di vivere in campagna e di potermi muovere liberamente e avere molto spazio a disposizione senza varcare i confini di casa mia. Quello che mi ...
      L’architettura è fatta di mattoni e PERSONE – Laura Pagnotelli L’architettura è fatta di mattoni e PERSONE. Esse sono il fine ultimo del costruire, del dare vita a spazi sempre nuovi. Senza la loro presenza, dell’architettura non resta che una scatola vuota, priva ...
      Il traffico di Firenze – Veronica Capecchi Il Traffico di Firenze, oggi è scomparso, e lascia intravedere la città, profondamente diversa e silenziosa. Una città che è sempre viva, oggi priva della sua vitalità, dei suoi rumori, una ...
      Dalla finestra – Lucio Fiorentino Ho sentito dei rumori nella strada sotto la mia finestra e ho immaginato l’atmosfera scura di un film di Bergman, (goffamente) ho cercato di riprodurla Nel palazzo di fronte alla mia ...
      Livorno, 28 marzo – Giulia Bandini Luoghi affollati di ricordi vie trafficate di emozioni ormai vinte dal tempo ma vive nella mente di chi sa sperare forte
      Sesto Fiorentino: la piana senza smog – Alice Giordano Sesto Fiorentino: la piana senza smog - Alice Giordano
      Lari e Pontedera – Silvia Princi Ritorno alle origini – Perignano di Lari (Pi), 23 marzo 2020 La semina del trattore, rappresenta uno dei pochi segni di vitalità umana e meccanica,in questo periodo di quarantena e di ...
      A distanza sociale nel parco: Zurigo – Philipp Klaus A distanza sociale nel parco: Zurigo - Philipp Klaus
      Galleggiare in un mondo irreale – Alessio Prandin

      http://controgeografie.net/controgeografie/citta-ai-tempi-del-covid

    • Coronavirus Was Slow to Spread to Rural America. Not Anymore.

      Grace Rhodes was getting worried last month as she watched the coronavirus tear through New York and Chicago. But her 8,000-person hometown in Southern Illinois still had no reported cases, and her boss at her pharmacy job assured her: “It’ll never get here.”

      Now it has. A new wave of coronavirus cases is spreading deep into rural corners of the country where people once hoped their communities might be shielded because of their isolation from hard-hit urban centers and the natural social distancing of life in the countryside.

      The coronavirus has officially reached more than two-thirds of the country’s rural counties, with one in 10 reporting at least one death. Doctors and elected officials are warning that a late-arriving wave of illness could overwhelm rural communities that are older, poorer and sicker than much of the country, and already dangerously short on medical help.

      “Everybody never really thought it would get to us,” said Ms. Rhodes, 18, who is studying to become a nurse. “A lot of people are in denial.”

      With 42 states now urging people to stay at home, the last holdouts are the Republican governors of North Dakota, South Dakota, Nebraska, Iowa and Arkansas. Gov. Kristi Noem of South Dakota has suggested that the stricter measures violated personal liberties, and she said her state’s rural character made it better positioned to handle the outbreak.

      “South Dakota is not New York City,” Ms. Noem said at a news conference last week.

      But many rural doctors, leaders and health experts worry that is exactly where their communities are heading, and that they will have fewer hospital beds, ventilators and nurses to handle the onslaught.

      “We’re behind the curve in rural America,” said Senator Jon Tester, Democrat of Montana, who said his state needs hundreds of thousands of masks, visors and gowns. “If they don’t have the protective equipment and somebody goes down and gets sick, that could close the hospital.”

      Rural nurses and doctors, scarce in normal times, are already calling out sick and being quarantined. Clinics are scrambling to find couriers who can speed their coronavirus tests to labs hundreds of miles away. The loss of 120 rural hospitals over the past decade has left many towns defenseless, and more hospitals are closing even as the pandemic spreads.

      Coronavirus illnesses and deaths are still overwhelmingly concentrated in cities and suburbs, and new rural cases have not exploded at the same rate as in some cities. But they are growing fast. This week, the case rate in rural areas was more than double what it was six days earlier.

      Deaths are being reported in small farming and manufacturing towns that barely had a confirmed case a week ago. Fourteen infections have been reported in the county encompassing Ms. Rhodes’s southern Illinois hometown of Murphysboro, and she recently quarantined with her parents, who are nurses, as a precaution after they got sick.

      Rich ski towns like Sun Valley, Idaho, and Vail, Colo., have some of the highest infection rates in the country, and are discouraging visitors and second homeowners from seeking refuge in the mountains. Indian reservations, which grapple daily with high poverty and inadequate medical services, are now confronting soaring numbers of cases.

      In some places, the virus has rushed in so suddenly that even leaders are falling ill. In the tiny county of Early in southwest Georgia, five people have died. And the mayor and the police chief of the county seat, Blakely, are among the county’s 92 confirmed cases. It has been a shock for the rural county of fewer than 11,000 people.

      “Being from a small town, you think it’s not going to touch us,” Blakely’s assistant police chief, Tonya Tinsley, said. “We are so small and tucked away. You have a perception that it’s in bigger cities.”

      That is all gone now.

      “You say, wait a minute, I know them!” she said. “It’s, like, oh my God, I knew them. I used to talk to them. I knew their family. Their kids. It’s a blow to the community each time.”

      Even a single local case has been enough to jolt some people out of the complacency of the earliest days of the virus, when President Trump spent weeks playing down the threat and many conservative leaders brushed it aside as politically driven hysteria.

      In Letcher County, Ky., which got its first case on Sunday, waiting for the disease to arrive has been unnerving. Brian Bowan, 48, likes the daily briefings by Gov. Andy Beshear, a Democrat, and he is glad for the governor’s relatively early actions to close nonessential businesses. Without them, Mr. Bowan said, “we could have a really bad pandemic. We could be like California or New York.”

      In Mississippi, a mostly rural state, the virus had spread to nearly every county by April, with more than 1,000 cases and nearly two dozen deaths reported, causing health care workers to wonder, nervously, when the governor would issue a stay-at-home order. Last week, he finally did, and doctors at the University of Mississippi Medical Center in Jackson breathed a sigh of relief.

      “There was this chatter today at the medical center, people saying ‘Oh thank goodness — we need this to get people to realize how serious this is,’ ” said Dr. LouAnn Woodward, the hospital’s top executive.

      While Americans are still divided on whether they approve of how Mr. Trump has handled the crisis, the virus is uniting nearly everyone in the country with worry — urban and rural, liberal and conservative. More than 90 percent of Americans said the virus posed a threat to the country’s economy and public health, according to a Pew Research Center poll conducted from March 19 to March 24.

      “Some of the petty things that would be in the news and on social media before have sort of fallen away,” said David Graybeal, a Methodist pastor in Athens, Tenn. “There’s a sense that we are really in this together. Now it’s, ‘How can we pull through this and support one another in this social distancing?’ ”

      In Mangum, Okla., a town of 6,000 in the western part of the state, it all started with a visit. A pastor from Tulsa appeared at a local church, but got sick shortly thereafter and became the state’s first Covid-19 fatality.

      Then somebody at the local church started to feel unwell — a person who eventually tested positive for coronavirus.

      “Then it was just a matter of time,” said Mangum’s mayor, Mary Jane Scott. Before realizing they were infected, several people who eventually tested positive for the virus had moved about widely through the city, including to the local nursing home, which now has a cluster of cases.

      Over all in the town, there are now three deaths and 26 residents who have tested positive for the coronavirus — one of the highest infection rates in rural America.

      “You’d think in rural Oklahoma, that we all live so far apart, but there’s one place where people congregate, and that’s at the nursing home,” she said. “I thought I was safe here in Southwest Oklahoma, I didn’t think there would be a big issue with it, and all of a sudden, bam.”

      Mangum now has an emergency shelter-in-place order and a curfew — just like larger towns and cities around the United States.

      Just as New Yorkers have gotten accustomed to Gov. Andrew Cuomo’s daily televised briefings, residents of Mangum have turned to the mayor’s Facebook page, where she livecasts status updates and advisories. On Monday night, it was the recommendation that residents use curbside pickup when going to Walmart, a broadcast that garnered more than 1,000 views in the hour after she posted it.

      “Since we have no newspaper, it’s the only way I know to get the word out,” she told viewers, after inviting them to contact her personally with any questions or concerns.

      She also has encouraged residents to step out onto their lawns each night at 7 p.m. where she leads them in a chorus of “God Bless America.”

      The virus has complicated huge swaths of rural life. Darvin Bentlage, a Missouri rancher, says he is having trouble selling his cattle because auctions have been canceled. In areas without reliable internet access, adults are struggling to work remotely and children are having to get assignments and school updates delivered to their door.

      Rural health providers are also challenged. A clinic in Stockton, Kan., turned to a local veterinarian for a supply of masks and gowns. One rural hospital in Lexington, Neb., was recently down to its last 500 swabs. Another in Batesville, Ind., was having its staff members store their used masks in plastic baggies in case they had to sterilize and reuse them. In Georgia, a peanut manufacturer in Blakely donated a washer and dryer to the local hospital for its handmade masks and gowns.

      The financial strain of gearing up to fight the coronavirus has put much pressure on cash-strapped rural hospitals. Many have canceled all non-emergency care like the colonoscopies, minor surgeries and physical therapy sessions that are a critical source of income.

      Last month, one hospital in West Virginia and another in Kansas shut their doors altogether.

      “It’s just absolutely crazy,” said Michael Caputo, a state delegate in Fairmont, W.Va., where the Fairmont Regional Medical Center, the only hospital in the county, closed in mid-March. “Across the country, they’re turning hotels and sports complexes into temporary hospitals. And here we’ve got a hospital where the doors are shut.”

      For now, there is an ambulance posted outside the emergency room, in case sick people show up looking for help.

      Michael Angelucci, a state delegate and the administrator of the Marion County Rescue Squad, said the hospital’s closure during the pandemic is already being felt.

      On March 23, emergency medics were called to take an 88-year-old woman with the coronavirus to the hospital, Mr. Angelucci said. Instead of making a quick drive to Fairmont Regional, about two minutes away, Mr. Angelucci said that the medics had to drive to the next-nearest hospital, about 25 minutes away. A few days later, she became West Virginia’s first reported coronavirus death.

      https://www.nytimes.com/interactive/2020/04/08/us/coronavirus-rural-america-cases.html?action=click&module=Top%20Stories&pgty
      #cartographie #visualisation

    • Coronavirus in the city: A Q&A on the catastrophe confronting the urban poor

      ‘While all populations are affected by the COVID-19 pandemic, not all populations are affected equally.’

      Health systems in the world’s megacities and crowded urban settlements are about to be put under enormous strain as the new coronavirus takes hold, with the estimated 1.2 billion people who live in informal slums and shanty-towns at particular risk.

      To understand more about the crisis confronting the urban poor, The New Humanitarian interviewed Robert Muggah, principal of The SecDev Group and co-founder of the Igarapé Institute, a think tank focused on urban innovation that has worked with the World Health Organisation to map pandemic threats and is supporting governments, businesses, and civil society groups to improve COVID-19 detection, response, and recovery.

      What has so far been a public healthcare crisis in mostly wealthier cities in East Asia, Europe, and the United States appears likely to become an even graver disaster for countries with far less resources in Latin America, Africa, and South Asia.

      Cities from Lagos to Mumbai to Rio de Janeiro have started locking down, but for residents of crowded slums the unenviable choice is often between a greater risk of catching and spreading disease or the certainty of hunger. Social distancing, self-isolation – handwashing even – are impossible luxuries.

      This interview, conducted by email on 29-30 March, has been edited for length and clarity.
      TNH: A lot has been made about the risks of coronavirus in crowded refugee and displacement camps – from Greece to Idlib. Do you feel the urban poor have been a little neglected?

      Robert Muggah: While all populations are affected by the COVID-19 pandemic, not all populations are affected equally. Lower-income households and elderly individuals with underlying health conditions are particularly at-risk. Among the most vulnerable categories are the homeless, migrants, refugees, and displaced people. In some US cities, for example, undocumented migrants are fearful of being tested or going to the hospital for fear of forcible detainment, separation from their families, and deportation. In densely populated informal settlements and displaced person camps, there is a higher likelihood of infection because of the difficulties of social distancing. The limited testing, detection, isolation, and hospitalisation capacities in these settings mean we can expect a much higher rate of direct and excess mortality. The implications are deeply worrying.

      The COVID-19 pandemic is a totalising event – affecting virtually every country, city and neighbourhood on the planet. It is also laying open the social and economic fault lines in our urban spaces. Predictably, many governments, businesses, and societies are looking inward, seeking to shore up their own health capacities and provide for their populations through aid and assistance. Yet the virus is revealing the extent of economic and social inequalities within many countries, including among OECD members. In the process, it is exposing the deficiencies of the social contract and the ways in which certain people – especially the elderly, poor, homeless, displaced – are systematically at-risk. While media attention is growing, there is comparatively limited investment in protecting refugees and displaced people facing infectious disease outbreaks. As public awareness of the sheer scale of infection, hospitalisation, and case fatalities becomes clearer in lower- and middle-income settings, we can expect this to change; at which point it may be too late.
      TNH: Can you give us a sense of the scale of the problem in the world’s megacities and slums, where social distancing and self-isolation are a fantasy for many?

      Muggah: According to the UN, there are about 33 megacities with 10 million or more people. There are another 48 cities with between five and 10 million. Compare this to the 1950s when there were just three megacities. Most of these massive cities are located in Africa, Asia, and Latin America. Many of them are characterised by a concentrated metropolitan core and a sprawling periphery of informal settlements, including shanty-towns, slums, and favelas. Roughly 1.2 billion people live in densely packed informal settlements characterised by poor quality housing, limited basic services, and poor sanitation. While suffering from stigmas, these settlements tend to be a critical supply of labour for cities, an unsatisfactory answer to the crisis in housing availability and affordability. A challenge now facing large cities is that, owing to years of neglect, informal settlements are essentially “off the grid”, and as such, difficult to monitor and service.

      There are many reasons why large densely populated slums are hotbeds for the COVID-19 pandemic and other infectious disease outbreaks. In many cases, there are multiple households crammed into tiny tenements making social distancing virtually impossible. In Dharavi, Mumbai’s largest slum, there are 850,000 people per square mile. Most inhabitants of informal settlements lack access to medical and health services, making it difficult to track cases and isolate people who are infected. A majority of the people living in these areas depend on the services and informal economies, including jobs, that are most vulnerable to termination when cities are shut down and the economy begins to slow. Strictly enforced isolation won’t just lead to diminished quality of life, it will result in starvation. A large proportion of residents also frequently suffer from chronic illnesses – including respiratory infections, cancer, diabetes, and obesity – increasing susceptibility to COVID-19. These comorbidities will contribute to soaring excess deaths.

      All of these challenges are compounded by the systemic neglect and stigmatisation of these communities by the political and economic elite. Violence has already erupted in Ethiopia, Kenya, India, Liberia, and South Africa as police enforce quarantines. In Brazil, drug trafficking organisations and militia groups are enforcing social distancing and self isolation in lieu of the state authorities. In Australia, Europe, and the United States, racist and xenophobic incidents spiked against people of Asian descent. There is a real risk that governments ramp up hardline tactics and repression against marginalised populations, especially those living in lower-income communities, shanty-towns, and refugee and displaced person camps.
      TNH: How seriously were international aid agencies and other humanitarian actors taking calls to scale up urban preparedness and response before this pandemic, and to what extent is COVID-19 a wake-up call?

      Muggah: The global humanitarian aid sector was aware of the threat of a global pandemic. For more than a decade the WHO, several university and research centres, and organisations such as the CDC, the Wellcome Trust, and the Bill and Melinda Gates Foundation have publicly warned about the catastrophic risks of pandemic outbreaks. The international community experienced a series of jolting wake-up calls with SARS, H1N1, Ebola, and other major epidemics over the past 20 years, though these were typically confined to specific regions and were generally rapidly contained. Although fears of potential outbreaks emerging from China were widely acknowledged, the sheer speed and scale of COVID-19 seems to have caught most governments, and the aid community, by surprise.

      With notable exceptions such as Singapore or Taiwan, there has not been major investment in preparing cities for dealing with pandemics, however. Most attention has been focused on national capacities, and less on the specific capabilities of urban governments, health and social safety-net services. Together with Georgetown University’s Center for Health Sciences and Security, the Igarape Institute highlighted the importance of networks of mayors to share information and strategies in 2018. This call was highlighted by the Global Parliament of Mayors in 2018 and 2019. Starting in March 2020, the Bloomberg Foundation established a mayors network focusing on pandemic preparedness in the US. The Mayors Migration Council, World Economic Forum, and UN-Habitat are also looking to ramp up assistance to cities. What is also needed are systems to support mayors, city managers, and health providers in lower- and middle-income countries.
      TNH: Part of the problem is that cities are unfamiliar territory for humanitarian responders, with many new actors to deal with, from local governments to gangs. What relationships and skill sets do they need to cultivate?

      Muggah: Well before the COVID-19 pandemic, many humanitarian agencies were already refocusing some of their operations toward urban settings. International organisations such as the International Committee of the Red Cross, Médecins Sans Frontières, and Oxfam set up policies and procedures for engaging in cities. There is a growing recognition across the relief and development sectors of the influence and impacts of urbanisation on their operations and beneficiary populations. This is more radical than it sounds. For at least half a century, most aid work was predominantly rural-focused. This was not surprising since most people in developing countries lived in rural or semi-rural areas. This has changed dramatically, however, with more than half of the world’s population now living in cities. Over the next 30 years, roughly 90 percent of all urbanisation will be occurring in lower- and middle-income countries – predominantly in Africa and Asia. The aid community only started to recognise these trends relatively recently.

      Working in urban settings requires changes in how many international and national aid agencies operate. For one, it often depends less on direct than indirect delivery, working in partnership with municipal service providers. It also requires less visible branding and marketing strategies, shoring up the legitimacy of public and non-governmental providers with less focus on the contribution of relief agencies. In some cases, aid agencies are also required to work with, or alongside, non-state providers, including armed groups. For example, in some Brazilian, Colombian, and Mexican cities organised crime and self-defence groups are engaged in social service provision, raising complex questions for aid providers about whether and how to support vulnerable communities. Similar challenges confronted aid agencies working to provide relief in Ebola-stricken villages in eastern DRC.

      A diverse range of skill sets is required to navigate support to cities affected by epidemics, including COVID-19. Some cities may need accounting assistance and expertise in budgeting to help them rapidly procure essential services. Other cities may require epidemiological and engineering capabilities to help develop rapid detection and surveillance, as well as “surge” capacity including emergency hospitals, clinics, and treatment centres. A robust communications and public outreach strategy is essential, particularly since uncertainty can contribute to social unease and even disorder. Moreover, rapid resource injections to help cities provide safety nets to the most vulnerable populations are critical, particularly as existing resources will be redirected to shoring up critical infrastructure and recurrent expenses will be difficult to cover owing to reduced tax revenue.

      TNH: Name three things aid agencies need to do quickly to get to grips with this?

      Muggah: There are a vast array of priorities for aid agencies in the context of pandemics. At a minimum, they must rapidly coordinate with public, private, and non-governmental partners to ensure they are effectively contributing rather than creating redundancy or unintentionally undermining local responses. Humanitarian organisations must also act rapidly, especially in the face of an exponential crisis such as the COVID-19 pandemic. Agencies cannot let perfection be the enemy of the good, and focus on delivering with speed and efficiency, albeit while being mindful of the coordination challenges above. Aid agencies must also be attentive to the health, safety, and wellbeing of their own personnel and partners – they must avoid at all costs becoming a burden to hospital systems that are already overwhelmed by the crisis.

      The first thing aid agencies can do is reach out to frontline cities and assess basic needs and their organizational potential to contribute. A range of priorities are likely, including the importance of ensuring there are adequate tests kits and testing capacities, sufficient trained health professionals, medical supplies (including ICU and ventilation capacities), and related equipment for frontline workers. Providing supplementary capacity as needed is essential. Consider that in South Sudan there are believed to be just two ventilators, and in Liberia there are reportedly only three. Other critical priorities are ensuring the integrity of the local food supply and attention to critical infrastructure. This may involve deploying a surveillance system for monitoring critical supplies, providing supplementary cash and food assistance without disrupting local prices, and ensuring a capability to rapidly address distribution disruption as they arise. Aid agencies can also help leverage resources to settings that are neglected, helping mobilise funds and/or in-kind support for over-taxed public services.
      TNH: Cities like Singapore and Taipei, Hangzhou in China – to an extent Seoul – have had some success in containing COVID-19. What can other cities learn from their approaches?

      Muggah: Cities that are open, transparent, collaborative, and adopt comprehensive responses tend to be better equipped to manage infectious disease outbreaks than those that are not. While still too early to declare a success, the early response of South Korea, Singapore, and Taiwan to the COVID-19 pandemic stands out. Both Taipei and Singapore applied the lessons from past pandemics and had the investigative capacities, testing and detection services, health systems and, importantly, the right kind of leadership in place to rapidly take decisive action. They were able to flatten the pandemic curve through early detection thus keeping their health systems from becoming rapidly overwhelmed.

      Not surprisingly, cities that have robust governance and health infrastructure in place are in a better position to manage pandemics and lower case fatality rates (CFR) and excess mortality than those that do not. Adopting a combination of proactive surveillance, routine communication, rapid isolation, and personal and community protection (e.g. social distancing) measures is critical. Many of these very same measures were adopted by the Chinese city of Hangzhou within days of the discovery of the virus. Likewise, the number, quality, and accessibility (and surge capacity) of hospitals, internal care units, hospital beds, IV solution and respirators can determine whether a city effectively manages a pandemic, or not. The SecDev Group is exploring the development of an urban pandemic preparedness index to help assess health capacities as well as social and economic determinants of health. A digital tool that provides rapid insights on vulnerabilities will be key not just to planning for the current pandemic, but also the next one.
      TNH: You’ve spoken in the past about the need to develop a pandemic preparedness index. INFORM has one and Georgetown Uni has a health security assessment tool. Are these useful? What is missing?

      Muggah: The extent of a city’s preparedness depends on its capacity to prevent, detect, respond, and care for patients. This means having action plans, staff, and budgets in place for rapid response. It also requires having access to laboratories to test for infectious disease and real-time monitoring and reporting of infectious clusters as they occur. The ability to communicate and implement emergency response plans is also essential, as is the availability, quality and accessibility of hospitals, clinics, care facilities, and essential equipment.

      To this end, the Center for Global Health Science and Security at Georgetown University has created an evaluation tool – the Rapid Urban Health Security Assessment (RUHSA) – as a resource for assessing local-level public health preparedness and response capacities. The RUHSA draws from multiple guidance and evaluation tools. It was designed precisely to help city decision-makers prioritise, strengthen, and deploy strategies that promote urban health security. These kinds of platforms need to be scaled, and quickly.

      There is widespread recognition that a preparedness index would be useful. In November of 2019, the Global Parliament of Mayors issued a call for such a platform. It called for funding from national governments to develop crucial public health capacities and to develop networks to disseminate trusted information. The mayors also committed to achieving at least 80 percent vaccination coverage, reducing the spread of misinformation, improving health literacy, and sharing information on how to prevent and reduce the spread of infectious disease. A recent article published with Rebecca Katz provides some insights into what this might look like.
      TNH: All cities are not equal in this. Without a global rundown, do you have particular concerns for certain places – because they are transmission hubs that might be hit worse, or due to existing insecurity and instability?

      Cities are vulnerable both to the direct and indirect effects of COVID-19. For example, cities with a higher proportion of elderly and inter-generational mingling are especially at risk of higher infection, hospitalisation, and case fatality rates. This explains why the pandemic has been so destructive in certain Italian, Spanish, and certain US cities in Florida and New York where there is a higher proportion of elderly and frequent travel and interaction between older and younger populations. By contrast, early detection, prevention, and containment measures such as those undertaken in Japanese, South Korean, and Taiwanese cities helped flatten the curve. Yet even when health services have been overwhelmed in wealthier cities, they tend to have more capable governments and more extensive safety nets and supply chains to lessen the secondary effects on the economy and market.

      Many cities in Africa, South and Southeast Asia, and Latin America are facing much greater direct and indirect threats from the COVID-19 pandemic than their counterparts in North America, Western Europe, or East Asia. Among the most at-risk are large and secondary cities in fragile and conflict-affected countries such as Afghanistan, Colombia, DRC, Iraq, Myanmar, Nigeria, Somalia, South Sudan, Syria, and Venezuela. There, health surveillance and treatment capacities are already overburdened and under-resourced. While the populations tend to be younger, many are facing households that are already under- or malnourished and the danger of comorbidity is significant. Consider the case of Uganda, which has one ICU bed for every one million people (compared to the United States, which has one ICU bed for every 2,800 people). Specific categories of people – especially those living in protracted refugee or internal displacement camps – are among the most vulnerable. There are also major risks in large densely populated cities and slums such as Lagos, Dhaka, Jakarta, Karachi, Kolkata, Manila, Nairobi, or Rio de Janeiro where the secondary effects, including price shocks and repressive police responses, as well as explosive protests from jails, could lead to social and political unrest.
      TNH: The coronavirus itself is the immediate risk, but what greater risks do you see coming down the track for poorer people in urban settings?

      Muggah: The most significant threat of the COVID-19 pandemic may not be from the mortality and morbidity from infections, but the political and economic fallout from the crisis. While not as infectious or lethal as other diseases, the virus is obviously devastating for population health. It is not just people dying from respiratory illnesses and organ failures linked to the virus, but also the excess deaths from people who are unable to access treatment and care for existing diseases. We can expect several times more excess deaths than the actual caseload of people killed by the coronavirus itself. The lost economic productivity from these premature deaths and the associated toll on health systems and care-givers will be immense.

      “The most significant threat of the COVID-19 pandemic may not be from the mortality and morbidity from infections, but the political and economic fallout from the crisis.”

      COVID-19 is affecting urban populations in different ways and at different speeds. The most hard-hit groups are the urban poor, undocumented migrants, and displaced people who lack basic protections such as regular income or healthcare. Many of these people are already living in public or informal housing in under-serviced neighbourhoods experiencing concentrated disadvantage. The middle class will also experience severe impacts as the service economy grinds to a halt, schools and other services are shuttered, and mobility is constrained. Wealthier residents can more easily self-isolate either in cities or outside of them, and usually have greater access to private health alternatives. But all populations will face vulnerabilities if critical infrastructure – including health, electricity, water, and sanitation services – start to fail. Cut-backs in service provision will generate first discomfort and then outright protest.

      Most dangerous of all is the impact of COVID-19 on political and economic stability. The pandemic is generating both supply and demand shocks that are devastating for producers, retailers, and consumers. Wealthier governments will step in to enact quantitative easing and basic income where they can, but many will lack the resources to do so. As income declines and supply chains dry up, panic, unrest, and instability are real possibilities. The extent of these risks depend on how long the pandemic endures and when vaccinations or effective antivirals are developed and distributed. Governments are reluctant to tell their populations about the likely duration, not just because of uncertainties, but because the truth could provoke civil disturbance. These risks are compounded by the fact that many societies already exhibit a low level of trust and confidence in their governments.

      https://www.thenewhumanitarian.org/interview/2020/04/01/coronavirus-cities-urban-poor

    • Les enjeux économiques de la #résilience_urbaine

      La notion de #résilience pour qualifier la capacité d’une ville à affronter un #choc, y compris économique, n’est pas nouvelle, mais elle revêt, en pleine crise du coronavirus, une dimension toute particulière.

      Les villes, en tant que #systèmes_urbains, ont toujours été au cœur des bouleversements que les sociétés ont connus. Pour autant, les fondements du paradigme économique qui gouverne les villes sont restés les mêmes. L’essor des capacités productives exportatrices et l’accroissement des valeurs ajoutées guident encore l’action locale en matière d’#économie.
      Corollaire d’un monde globalisé qui atteint ses limites, la crise sanitaire ébranle ces fondamentaux et en demande une révision profonde. Ainsi, au cœur de la crise, les ambitions de #relocalisation_industrielle, de #souveraineté_économique, d’#autonomie_alimentaire semblent avoir remplacé (au moins temporairement) celles liées à la #croissance et à la #compétitivité.

      https://www.pug.fr/produit/1798/9782706148668/les-enjeux-economiques-de-la-resilience-urbaine
      #livre #Magali_Talandier

    • #Eurasian_Geography_and_Economics is publishing a series of critical commentaries on the covid-19 pandemic, with some urban dimensions.

      These will be collated in issue 61(4) of the journal but will appear online first.

      The first two are currently OA on the journal webpage at: https://www.tandfonline.com/toc/rege20/current?nav=tocList

      Xiaoling Chen (2020) Spaces of care and resistance in China: public engagement during the COVID-19 outbreak, Eurasian Geography and Economics, DOI: 10.1080/15387216.2020.1762690

      As the COVID-19 pandemic continues to unfold, the approach of the Chinese government remains under the spotlight, obscuring the complex landscape of responses to the outbreak within the country. Drawing upon the author’s social media experiences as well as textual analysis of a wide range of sources, this paper explores how the Chinese public responded to the outbreak in complex and nuanced ways through social media. The findings challenge conventional views of Chinese social media as simply sites of self-censorship and surveillance. On the contrary, during the COVID-19 outbreak, social media became spaces of active public engagement, in which Chinese citizens expressed care and solidarity, engaged in claim-making and resistance, and negotiated with authorities. This paper situates this public engagement within a broader context of China’s health-care reforms, calling attention to persistent structural and political issues, as well as the precarious positionalities of health-care workers within the health system.

      Xuefei Ren (2020) Pandemic and lockdown: a territorial approach to COVID-19 in China, Italy and the United States, Eurasian Geography and Economics, DOI: 10.1080/15387216.2020.1762103

      Three months into the Covid-19 crisis, lockdown has become a global response to the pandemic. Why have so many countries resorted to lockdown? How is it being implemented in different places? Why have some places had more success with lockdowns and others not? What does the effectiveness of lockdowns tell us about the local institutions entrusted with enforcing them? This paper compares how lockdown orders have been implemented in China, Italy, and the U.S. The analysis points to two major factors that have shaped the enforcement: tensions between national and local governments, and the strength of local territorial institutions.

    • Pourquoi Bergame ? Le virus au bout du territoire

      La région de #Bergame en Italie a été l’un des foyers les plus actifs du coronavirus en Europe. Marco Cremaschi remet en cause les lectures opposant de manière dualiste villes et campagnes et souligne la nécessité de repenser la gouvernance de ces territoires d’entre-deux.

      L’urbanisme a de longue date et durablement été influencé par les épidémies. Depuis le Moyen Âge, la peste et le choléra ont contribué à sédimenter un ensemble de critiques dirigées contre la densité et la promiscuité caractéristiques du mode de vie urbain. Particulièrement prégnante aux débuts de la recherche urbaine au XIXe siècle, sous l’influence du mouvement hygiéniste (Barles 1999), cette hypothèse anti-urbaine a régulièrement refait surface au gré des crises sanitaires. C’est ainsi presque naturellement qu’elle a été réactivée en lien avec la diffusion mondiale du Covid-19, y compris au cœur des sciences sociales.

      Selon certains géographes, la cause de la pandémie serait ainsi à chercher dans la « métropolisation du monde » (Faburel 2020), concept catch-all qui désigne à la fois la densification, le surpeuplement, la promiscuité des modes de vie uniformisés et la surmodernité ; en somme, tout ce qui nous aurait éloignés de la « nature ». Pourtant, si l’on exclut les situations de surpeuplement extrême de quelques mégapoles des pays en développement, rien n’indique que la densité de population soit un bon indicateur des relations humaines et en dernière analyse de la propagation des maladies. En effet, comme l’a déjà amplement montré la critique faite à la thèse « écologique » (Offner 2020), les caractéristiques de l’environnement physique ne reflètent que marginalement la culture et les modes de vie. Ce n’est qu’au niveau de la coprésence physique, telle qu’on la trouve dans les transports en commun, que la densité de la population conduit directement à une intensification des contacts humains.

      Cet article ne prétend pas avancer d’hypothèses épidémiologiques relatives aux modes socio-spatiaux de transmission du Covid-19 : en la matière, la prudence est de mise en raison de la modestie des éléments empiriques disponibles. Son objet est plutôt de proposer une description du territoire bergamasque à l’aune des grilles de lecture contemporaines de l’urbain et des grands modèles interprétatifs mobilisés actuellement dans le débat public – et d’en souligner ainsi les limites. Ni métropole, ni campagne, la région de Bergame en Italie a en effet été l’un des foyers les plus actifs du virus en Europe, et les conséquences de l’épidémie y ont été dramatiques.

      Cette description montre les limites des modèles interprétatifs binaires et suggère d’analyser, au-delà des causes de la pandémie, l’influence indirecte de la « formation socio-territoriale » (Bagnasco 1994), c’est-à-dire de la manière dont une société évolue et change dans les structures de la longue durée, bien plus probante que la densité ou la présumée uniformisation métropolitaine.
      Un entre-deux territorial

      La crise a commencé officiellement le dimanche 23 février à l’hôpital d’Alzano, à six kilomètres de Bergame : deux cas de Covid-19 sont identifiés. En dix jours, la situation s’est dégradée au-delà des prévisions les plus alarmistes. Au mois de mars, 5 400 décès ont été répertoriés dans la province, contre 900 en moyenne les trois années précédentes (Invernizzi 2020). La mortalité a donc été multipliée par six ; dans certaines municipalités, comme Alzano et Nembro, elle est même dix fois supérieure à la moyenne.

      Située au cœur de la Lombardie, région la plus riche et la plus urbanisée d’Italie (et l’une des plus riches d’Europe), à cinquante kilomètres au nord-est de Milan, la province de Bergame rassemble en 2020 un peu plus d’un million d’habitants (dont 120 000 seulement dans la ville-centre). Elle est marquée par une situation d’entre-deux territorial : ce n’est ni une métropole ni une simple ville moyenne environnée d’un pays rural ; ce n’est ni une centralité ni une périphérie marginale ; son économie prospère est fortement industrielle, à la fois ancrée localement et insérée dans les réseaux économiques mondiaux.

      Le modèle de développement bergamasque résiste aux grilles de lecture opposant de manière dualiste villes et campagnes, métropoles mondialisées et ancrage local, densité et dispersion. Il ne peut être qualifié de « périurbain », en raison de la vitalité de ses centres secondaires ; il est sensiblement plus dense que la città diffusa du nord-est de l’Italie, vaste région sans centre dominant parsemée de maisons individuelles et de petites entreprises (Indovina 1990) ; et son industrialisation est bien plus ancienne et ses entreprises plus grandes et plus robustes que ceux des « districts industriels » de l’Italie centrale (Rivière et Weber 2006).

      La population, en faible croissance depuis trois décennies, est moins âgée que la moyenne de la région. Un fort attachement territorial s’adosse à une faible mobilité géographique : environ trois quarts des habitants sont nés dans des municipalités voisines ou dans la région. Mais depuis l’après-guerre, le développement économique fulgurant a suscité une immigration de main-d’œuvre, notamment depuis l’étranger (environ 7 % de la population est d’origine étrangère en 2016). L’émergence de nouveaux besoins, liés notamment au vieillissement de la population (aides à domicile, soignants), a entraîné plus récemment une diversification des origines nationales des habitants.

      Une urbanisation par bandes linéaires

      Dans les communes de Alzano et Nembro, et en général dans la vallée Seriana, le bâti est dense [1], à peu près cinquante habitants par hectare (Lameri et al. 2016), mais entrecoupé de nombreux espaces ouverts, souvent des jardins avec des potagers, tandis que les champs interstitiels encore cultivés au début des années 2000 ont presque complètement disparu. Sur la bande d’en haut, les flancs des collines, les anciens pâturages, cèdent la place aux bois en expansion. À l’exception des centres-villes anciens, où les maisons sont adossées les unes aux autres tout au long d’une rue principale, les bâtiments sont presque toujours érigés sur des parcelles individuelles et organisées selon des bandes parallèles au fond de la vallée, dans un espace particulièrement étroit.

      L’urbanisation du territoire bergamasque témoigne d’un mélange de connaissances anciennes et de techniques récentes qui permettent de mettre en valeur chaque centimètre carré. Chaque maison exploite ainsi les plis des règles de construction et la pente de la vallée, sur la base d’un savoir local difficile à standardiser : un garage accessible depuis la rue du bas, la cour depuis celle située au-dessus, un étage supplémentaire sous les combles.

      Après la Seconde Guerre mondiale, de nombreuses personnes ont restauré la cabane de leurs grands-parents dans la bande urbanisée près des pâturages et ont construit la maison de leurs enfants dans la bande inférieure, en investissant les fruits du travail industriel : c’est la génération qui était jeune pendant les trente glorieuses qui est aujourd’hui décimée par le virus, avec les conséquences dramatiques en matière de mémoire et de perte culturelle que l’on peut imaginer (Barcella 2020).

      Il ne s’agit donc pas d’une ville linéaire, mais d’une organisation urbaine par bandes linéaires. Les rues sont les repères de ce ruban urbain, qui fait l’effet d’un code-barres vu d’en haut : si vous le « coupez » perpendiculairement, vous y rencontrez en premier la zone habitée la plus ancienne, disposée tout le long de ce qui était autrefois la route romaine puis vénitienne ; en parallèle, se trouvent l’ancienne et la nouvelle route départementales, en alternance avec les fossés industriels du XIXe siècle.

      De la première mondialisation à la métropole régionale

      L’industrialisation commence au milieu du XIXe siècle : des protestants suisses et des industriels milanais trouvent dans la vallée des ressources en eau bon marché et s’approprient et complètent le réseau médiéval de canaux (Honegger fit l’histoire du textile, l’Italcementi celle du béton ; les usines de papier de Pigna, aujourd’hui propriété du groupe Buffetti, y ont déménagé en 1919 en provenance de Milan). Ces industries s’installent dans le lit majeur du fleuve et occupent l’autre rive, souvent inondée jusqu’au milieu du XXe siècle. Le coût environnemental de ce développement est considérable : destruction de terres agricoles, pollution croissante, exploitation de la nappe phréatique.

      Entre Nembro et Albino, on peut observer le cœur du système productif bergamasque : des centaines de petites et moyennes entreprises se juxtaposent et font travailler près de 4 000 employés. C’est un système totalement intégré dans les réseaux de production mondiaux : l’entreprise Acerbis, par exemple, transforme la matière plastique en réservoirs et composants pour motos ; Persico produit les coques des bateaux de la Coupe de l’America ; Polini Motori est spécialisée dans les kits de mise à niveau pour les cycles et les motos.

      Ces entreprises génèrent un trafic incessant de voitures et de camions qui encombrent l’ancienne route nationale de Val Seriana, l’autoroute qui relie Cene à Nembro et atteint Seriate, et l’autoroute qui relie Venise à Milan. Depuis 2009, un tramway relie la vallée à la gare de Bergame et transporte environ 13 000 passagers par jour.

      Le mode de vie y dépend donc autant du réseau familial organisé dans le voisinage, autour du palier ou de l’autre côté de la rue, que de l’enchevêtrement des autoroutes et des lignes aériennes qui traversent la région et mènent presque partout en quelques heures : Bergamo Orio al Serio est en effet le siège du hub italien de Ryanair et le troisième aéroport du pays, 17 millions de passagers par an et des liaisons avec le monde entier.
      Le système territorial bergamasque face au Covid-19

      L’hypermobilité (Verdeil 2020) est une des clés pour comprendre l’effet de la pandémie sur ces municipalités qui sont en même temps villageoises et métropolitaines : un exemple tragique est l’itinéraire de vacances d’un couple, elle d’Alzano, lui de Nembro, parti en vacances à La Havane le 29 février et terrassé par la maladie à Madrid le 19 mars (Nava 2020).

      Mais les contacts humains dépendent de nombreux autres facteurs, comme l’interdépendance (Baratier 2020) liée aux formes sociales et culturelles. En effet, la forme des établissements humains (la sociabilité, l’organisation spatiale, les institutions) a une influence importante, et la densité n’est plus la bonne mesure. Il semble que la sociabilité augmente les contacts sociaux qui répandent le virus, tandis que les nœuds infrastructuraux les démultiplient sur des échelles territoriales variées. Toutefois, les institutions de ces territoires n’ont aucune capacité de gouverner les effets croisés de ces différents facteurs. Du point de vue territorial, cette pandémie est une nouvelle manifestation de la discontinuité entre le politique et le territoire, qui s’était déjà manifestée bien avant le coronavirus.

      On pourrait même émettre l’hypothèse contraire, selon laquelle le modèle métropolitain est plus efficace dans la gestion de distances sociales et sa gouvernance plus résiliente face au risque de propagation liée à la sociabilité de province : les distances physiques sont mieux respectées, les institutions ont un accès privilégié aux réseaux mondiaux, et si les nœuds de transports y sont plus fréquentés, la mobilité des habitants des campagnes s’étale sur des échelles bien plus vastes.

      Comme nous ne disposons pas de données stabilisées, nous ne savons pas si la crise du virus s’ajoute à la déconnexion entre la sociabilité individualiste, les réseaux technologiques indifférents à l’environnement et les institutions, ou si elle est générée par cette déconnexion. Ce qui est certain, c’est que la région de Bergame additionne et multiplie les risques et les limites qui sont propres à la sociabilité paysanne, aux nœuds infrastructuraux urbains et aux institutions métropolitaines.

      Une fois l’urgence passée, cette crise devrait conduire à ouvrir une réflexion critique sur la gouvernance de ces territoires intermédiaires. L’examen des éléments proposés ci-dessus montre que la densité, la concentration, la promiscuité ne sont pas des indicateurs suffisants de l’uniformité du modèle de développement ; il indique également le rôle à multiples facettes des formations socio-territoriales.

      Si on doit reconnaître que le monde est urbain, comme l’a montré Henri Lefebvre, on peut sans doute questionner la métropole sans ignorer la variété de projets de métropolisation ou de rapprochement de la nature dans les différentes régions du monde. On n’a pas encore une explication exhaustive des causes de l’origine du virus, et encore moins de sa propagation : les hypothèses sous examen considèrent les déséquilibres environnementaux, les maladies pulmonaires, la capacité de réponse, les modèles de santé autant que la proximité et la distance physique. Tout résumer sous l’étiquette de métropolisation risque de ressusciter la mythologie des grandes explications, quand les spécificités des territoires réclament l’accompagnement des sociétés locales par l’étude et la compréhension de leur diversité.

      Bibliographie

      Angel, S., Parent, J., Civco D. L. et Blei, A. M. 2012. Atlas of Urban Expansion, Cambridge : Lincoln Institute of Land Policy.
      Bagnasco, A. 1994. Fatti sociali formati nello spazio : cinque lezioni di sociologia urbana e regionale, Milan : Franco Angeli.
      Baratier, J. 2020. « Pandémie, résilience, villes : deux ou trois choses que nous savons d’elles », Linkedin [en ligne], 29 mars.
      Barcella, P. 2020. « Cartolina da Bergamo. Perché proprio qui ? », La Rivista del Mulino, 2 mars.
      Barles, S. 1999. La Ville délétère, Ceyzérieu : Champ Vallon.
      Faburel, G. 2020. « La métropolisation du monde est une cause de la pandémie », Reporterre [en ligne], 28 mars.
      Indovina, F. 1990. La città diffusa, Venise : Quaderno Iuav-DAEST.
      Invernizzi, I. 2020. « Coronavirus, il numero reale dei decessi : in Bergamasca 4.500 in un mese », L’Eco di Bergamo, 1er avril.
      Lameri, M. et al. 2016. Trampiù : studio delle esternalita’ territoriali generate dall’ipotesi di prolungamento della linea tranviaria T1 da Albino a Vertova, Bergame : TEB.
      Nava, F. 2020. « Mancata zona rossa nella bergamasca : storia di un contagio intercontinentale, da Alzano Lombardo a Cuba, passando per Madrid », TPI, The Post International, 31 mars.
      Offner, J.-M. 2020. Anachronismes urbains, Paris : Presses de Sciences Po.
      Rivière, D. et Weber, S. 2006. « Le modèle du district italien en question : bilan et perspectives à l’heure de l’Europe élargie », Méditerranée, n° 106, p. 57-64.
      Verdeil, E. 2020. « La métropolisation, coupable idéale de la pandémie ? », The Conversation [en ligne], 9 avril.

      https://www.metropolitiques.eu/Pourquoi-Bergame-Le-virus-au-bout-du-territoire.html

    • Rethinking the city: urban experience and the Covid-19 pandemic

      Whilst the full effects of the Covid-19 pandemic are yet to be seen, the near-global lockdown of urban centres has been a jarring experience for city-dwellers. But how does the rapid spreading of the virus change our perception of the city? Here, Ravi Ghosh argues that these conditions prompts us to see the city differently, and sets us the urgent task of extending the right to the city to all its inhabitants.

      Whilst the full effects of the Covid-19 pandemic are yet to be seen, the near-global lockdown of urban centres has been a jarring experience for city-dwellers. The optimisation narrative has been stopped in its tracks. The speed, number, and efficiency of available urban experiences are now fixed somewhere close to zero. And even the things we do to escape this logic of urban gratification — to calm the pace of everyday life — are now increasingly unavailable; without culture, community, and recreation, people are beginning to wonder what they’re actually doing here, squashed into crowded cities across the world. But, as the peak of the pandemic approaches in many countries, there are more profound forces at play beyond just the individual’s loss of activity and communication.

      To be isolating in the city is to embody an agonising contemporary paradox: that, although the coronavirus is now moving rapidly through regions like New York State and London, the connectivity, medical resources, and infrastructure in these centres means that local health prospects may actually be higher than in less infected areas. Having already spread along the avenues of globalisation — holidaying, business travel, and international supply chains — the virus is now recreating a familiar Western narrative: that of the city under siege. Whether via cabinet-war-room style depictions of central government, or makeshift hospitals in the triangle of London, Birmingham, and Manchester, cities will inevitably emerge as defiant symbols of human endeavour and resilience, irrespective of the harm their cramped organisation may also have caused.

      But what of this desire for an active city? In Urban Revolution (1970), Henri Lefebvre uses a rough axis (marked from 0 to 100% urbanisation) to imagine the city space. It starts with the political city — marked by bureaucratic power — before progressing through mercantile and industrial phases. Postindustrial society is termed ‘urban’, at which point the city undergoes a process of ‘implosion-explosion’ as it approaches the end of the axis. This rampant expansion of the ‘urban fabric’ which Lefebvre describes will evoke nostalgia to anyone living in a major hub, but unable to enjoy it:

      the tremendous concentration (of people, activities, wealth, goods, objects, instruments, means, and thought) of urban reality and the immense explosion, the projection of numerous disjunct fragments (peripheries, suburbs, vacation homes, satellite towns) into space.

      For Lefebvre, these ideas were both a loose historical commentary and a starting point for his own socialist reimagining of ‘complete urbanisation’. This is apt given the current lockdown; the current pandemic may well be an acid test for society’s infrastructure and economic model. Watching from behind closed doors as they mobilise in tandem offers an historically unique, often painful perspective. Flaws are revealed gradually, and with great cost to human life. However painful these may be now, in time they could offer a unique opportunity to remake society with the lessons learned.

      Perhaps most relevant to our current situation is Lefebvre’s broad understanding of the urban fabric; he includes vacation homes, motorways, suburbs, and even countryside supermarkets in his definition. In normal circumstances, these structures are self-sustaining and peripheral, but what we see in the current crisis is the power of individuals to balloon the city by flocking to its fringes — often at the expense of fellow citizens. When movement is coded with infection, urbanisation suddenly becomes a form of domination. Under this kind of siege, it’s better to sit tight than to flee.

      It’s interesting to see this being acknowledged by some sections of the media, even if the socio-cultural consequences remain largely unexplored. The New York Times states that to make meaningful per capita comparisons for Covid-19 cases, its data focuses upon ‘metropolitan areas’ rather than cities or countries, as they more accurately account for ‘the regions where the virus might spread quickly among families, co-workers or commuters’. The statistics for the New York area therefore include nearby suburbs in Westchester, Long Island, and northern New Jersey. And although there’s no immediate way of determining whether people are moving out of necessity or choice, a fairly obvious distinction can be made between displaced workers moving from Delhi, for example, and those in prosperous Western centres — where movement is contingent on financial stability. The pushback against needless migration is mostly anecdotal, seen through viral images of angry placards in British seaside towns, and local news stories of overwhelmed health services. The pandemic has caused a retreat into the familiarity of nation states: not just in the literal sense of repatriation, but also as a means of civic organisation, internal governance, and statistical monitoring. What some call ‘de-globalisation’ reveals what we already know: that not all nations, governments, or health services are created equal — and that this applies to sub-national groupings too. Spatial inequality will play a huge role in determining the eventual death map of the pandemic.

      In such strangely out-of-time situations, what constitutes the normal is thrown into sharp relief. Activities normally taken for granted are judged by how easily they can be replicated while upholding their essential values — which in our current time usually means a relocation to the internet. What emerges is a familiar gulf between the professional and the social. Whereas for most office-based employees, work can continue with the assistance of specialised software, communications, and adaptable management structures, the integrity of social relationships suffers far more when human contact is removed.

      We feel an acute yearning for companionship, not just because we miss our friends more than we miss our bosses, but because for the most part, the means of reproducing social intimacy online are far inferior to those which ensure the fulfilment of economic roles. That video calling is the go-to for both spheres demonstrates this; it’s somehow the optimal social medium, but exists alongside far more complex tools within the work of work, especially in highly adapted corporate industries. The overlap is somewhat inevitable given that work needs a social element to function, but it’s still grimly remarkable that to evoke all the tenderness and multiplicity of friendships, the best we’ve come up with is drinking a beer while watching someone else do the same on our phones.

      It’s tempting to read the digitalisation of work as a direct transposition of the relations of production. This may be roughly the case, but in reality, there are obvious (and often welcome) differences between urban work culture and the current isolation, which speak to Lefebvre’s earlier ideas on ‘everyday life’ (not to mention that work has been at least partially online for decades). By theorising new forms of alienation within modernity — the unpaid labour of the daily commute, for example — Lefebvre in many ways anticipated common qualms about 21st century work life. These are familiar to us, now mostly expressed in the pithy, resigned idiom of being ‘chained to the desk’, ‘meetings that could be an email’, and the general exhaustion of 24/7 communications. The lockdown has stripped back many of these rituals, revealing that much of face-to-face professional life is made up of parade, gesture, formality, and convention — even if there is enjoyment to be found in the structure and atmosphere of the office. Doing more online, and crucially, from not-the-office may be a lasting result from the current changes.

      As William Davies has recently suggested, rather than viewing the pandemic as a crisis of capitalism, ‘it might better be understood as the sort of work-making event that allows for new economic and intellectual beginnings’. While this is not the dawning of Lefebvre’s ‘urban utopia’, conceiving of digitalisation as a form of urban progression does point to potential improvements in everyday life, even if the existing internet hierarchy hardly favours citizens. As Joe Shaw and Mark Graham from Oxford Internet Institute argue in a 2017 paper, in order to democratise the city space, we need to understand contemporary urbanisation “as a period where the city is increasingly reproduced through digital information’. They focus on Google’s ability to control the reproduction of urban space through features like maps and email: ‘this is a power to choose how a city is reduced to information, and to control the manner in which it is translated into knowledge and reintroduced to material everyday reality’. Companies are utterly dominant in this area, though the relocation of work and social relations to the digital space — coupled with an overdue revaluation of critical work, a recognition of the service industry’s precarity, and an increase in corporate responsibility — could provide a turning point for some urban hierarchies. The case for universal low-cost internet will be made with renewed urgency after the pandemic; access to accurate information has suddenly become a matter of life and death. If the oft-mentioned global solidarity outlasts the pandemic, then meaningful progress could be made against tech monopolies, resource inequality, and climate breakdown.

      For all the difficulties of the lockdown, it does refine our appreciation of what came before. Social existence is naturally incidental and unpredictable — there’s a kind of randomised joy borne of living amongst others. In the city, this effect is amplified. As Lefebvre says of the city’s streets, they are ‘a place to play and learn….a form of spontaneous theatre, I become spectacle and spectator, and sometimes an actor’. There’s certainly a romantic optimism here, but as isolation brings longing, the words feel ever sincerer. A recent Financial Times article contained an amusing vignette on an empty London:

      The bankers have disappeared and new tribes with different uniforms have taken over: builders in black trousers and dusty boots; security guards in high-vis jackets pacing outside empty lobbies; and trim young men and women in lycra running or cycling through the empty streets.

      The reality, of course, is that these people were always there; it’s just that not everyone notices them. The task beyond the pandemic will be extending this right to the city to all: remaking the structures of everyday life so that they empower all citizens, and harnessing digital urbanisation rather than existing at its mercy. Extending our current social contract — which shows we are prepared to live differently to protect the vulnerable — will be a powerful first step.

      https://www.versobooks.com/blogs/4648-rethinking-the-city-urban-experience-and-the-covid-19-pandemic

    • In Dense Cities Like Boston, Coronavirus Epidemics Last Longer, Northeastern Study Finds

      An analysis by Northeastern University researchers and colleagues finds that in crowded cities — like Boston — coronavirus epidemics not only grow bigger, they also tend to last longer.

      The paper, based on data from Italy and China, looks at how quickly an epidemic peaks depending on how crowded a location is.

      “In urban areas, we tend to see long, broad epidemics — for example, Boston,” says lead co-author Samuel Scarpino from the Network Science Institute at Northeastern. “And in comparatively more suburban or rural areas we tend to see sharp, quick, burst-y epidemics.”

      Scarpino says it’s key for Massachusetts to have uniform rules across the state, because movement from one area to another — say, from a town where restaurants are closed to one where they’re open — can help spread the virus. Here are some edited excerpts of our conversation, beginning with how he sums up the research just out in the journal Nature Medicine:

      Scarpino: What we report in the paper is that the structure of communities affects both the height and the duration of COVID-19 epidemics.

      Carey Goldberg: So more dense areas will have not just more cases, but a more prolonged course?

      Right. In urban areas, we’re likely to have larger outbreaks — in terms of total number, even in terms of percentage of the population — and they will be much longer, lasting weeks and weeks or months, as we’ve seen in Boston, New York City, London and many places around the world.

      However, in rural areas, or areas that have population structures that are much more tightly knit — as opposed to a looser collection of households in neighborhoods, as we have spread out across Boston — you get sharp, intense outbreaks. They can be overwhelming in terms of the resources available for caring for patients, and quite dramatic in terms of their effects on the population.

      Think about the outbreak in rural Maine that was sparked by a super-spreading event at a wedding, and how it quickly swept through the population.

      Why do these insights about community structure and its effect on transmission matter?

      In many rural areas that are at risk of these intense outbreaks, there’s much lower health care coverage and often, especially in the United States, a lot more complacency around mask-wearing and physical distancing. These areas are largely protected because they’re isolated. However, if cases show up — as we’ve seen in places like rural Maine — the outbreaks can be quite severe and rapid.

      Also, in the more dense areas, you’re going to have cases that move around throughout the population, throughout the different neighborhoods of the city. You’re going to have outbreaks go quiet in some areas, and then become louder in other areas.

      And this process can be very, very prolonged, and can make the types of intervention measures that you need to deploy either quite severe or quite complicated, because they have to be very specifically tailored to what’s happening at the really local level within the larger cities.

      So what does this mean for policy?

      Well, in related work we show that having policies that are different across a city can lead people to move out of their neighborhoods, to go to parks or to go to restaurants with different dining restrictions, or to go to venues with different limits on capacity. And that interacts with the structure of the city to spread the outbreak much more rapidly, kind of accelerating the pace and tempo of cases.

      So that really suggests that because the outbreak is going to be so long-lasting, you really either need to focus on driving it completely out or you need to have policies that will protect all of the places with lower rates of cases while intervening in a targeted way in the places with much higher rates of cases.

      So what you don’t want to do is put in tougher measures in hot-spots, because then you’re just going to drive people out to other places where they’re going to spread it even more.

      Exactly. In the state of Massachusetts, where we have the governor relaxing measures in a fairly extreme fashion in some areas and not in other areas, you are likely to have a situation where you’re just moving the infection around and putting other communities at risk.

      So having a more intermediate level of control that’s more uniformly distributed across space is much better epidemiologically.

      But that’s not what the state is doing.

      The state in many ways is really doing almost the opposite of what our paper suggests in terms of the ways in which you need to focus on controlling COVID-19, and also related work that shows this sort of patchwork of different policies really creates quite a bit of risk.

      It seems incredibly important to have hyper-local information, because in the structure you describe, the spread happens at the level of households or neighborhoods, and then you have just a bit of crossover to other places, and that’s how it just keeps going.

      That is the implication of our work and many other studies that show that COVID-19, from an epidemiological perspective, is an amalgamation of local transmission that’s happening in households, in restaurants, in occasional longer-distance transmission that moves it into new areas. So you need to have really hyper-localized information around where the cases are occurring and to find out where the cases are coming from.

      And that, unfortunately, is one of the things that we’re still not getting clear guidance on from the state: Where are the cases coming from? So that we can understand how we need to intervene.

      Without that data, we really aren’t armed with the right kinds of information to both stop the spread and to try and implement measures that will maximally control COVID-19 while having the least possible effects on our economic health, mental health and societal health.

      https://www.wbur.org/commonhealth/2020/10/06/coronavirus-lasts-longer-cities-boston

  • Il y a donc désormais les confiné.e.s et les non-confiné.e.s qui assurent leur vie quotidienne des premiers...

    « Il y a donc désormais les confiné.e.s et les non-confiné.e.s qui assurent leur vie quotidienne des premiers – qui apportent les denrées aux boutiques, qui rangent sur les étagères, nettoient, tiennent la caisse, les éboueurs, les postier.e.s, les livreurs (j’en ai vu 3 déjà depuis ce matin), les conductrices/conducteurs de transport, les femmes de ménage des hôtels et les serveuses/serveurs des hôtels (qui restent ouverts et assurent un room service), et tant d’autres. Classe, genre, âge, racialisation, santé traversent les deux groupes mais les non-confiné.e.s sont les plus exposé.e.s. Dans les éléments du confinement, il y a celles/ceux qui vivent dans 12m2 et celles/ceux dans 150m2, qui peuvent se faire livrer ou pas, qui ont de quoi s’abonner à des tas de sites de streaming ou pas, qui ont un grand débit pour assurer les cours à la maison ou pas, qui peuvent aider les enfants à faire les leçons ou pas, qui ont un ordinateur et une imprimante ou pas, qui sont totalement isolées ou pas, qui ont des papiers ou pas, qui sont financièrement à l’aise ou pas, les femmes et enfants qui vivent avec des compagnons violents, les femmes seules avec des enfants, bref, des milliers et milliers de situations noyées sous le discours d’#union_nationale dans un pays où les #inégalités, les violences d’état, le #racisme et le #sexisme organisent la #vie_sociale depuis des années. Les actes de #solidarité, nombreux, qui s’organisent et sont formidables ne doivent pas remplacer les responsabilités de l’état. (Je parle là de la #vie_quotidienne, pas du personnel médical et de toutes les personnes qui assurent la vie d’un hôpital – donc aussi celles/ceux qui nettoient, gardent, font l’administration…- évidemment très exposé).

    Le confinement est rendu possible grâce à toutes ces personnes invisibilisées et bien trop souvent mal payées et exploitées. »

    #Françoise_Vergès

    Texte publié le 17 mars 2020 sur la page « Faire lien en vivant le confinement » de l’association grenobloise Modus Operandi :
    https://www.modop.org/se-relier/#17mars

    #confinement #violence #non-confinés #confinés #travail #classes_sociales #invisibilité #invisibilisation #exploitation

    • Confinement révélateur

      « Il a été évident au premier jour du confinement qu’il exacerbait les #inégalités : certains seraient enfermés dans un espace de vie confortable et généreux, quand d’autres le seraient dans des appartements au contraire trop petits pour une famille entière toute une journée et sans possibilité de sortir, voire dans des lieux juste pas prévus pour y passer des journées entières, je pense aux centres d’hébergement du #dispositif_hivernal ; enfin d’autres seraient « #enfermés_dehors ».
      Après une semaine, ce confinement agit comme un révélateur de la #violence restée jusque-là invisible. Désormais, elle devient évidente :
      – des personnes vivent à la rue ; un genre d’indifférence s’était installée sur ces situations, et comme une habitude scandaleuse. Une fois tout le monde confiné « #chez_soi », seules les personnes qui n’ont pas de « chez soi » restent dans les rues, on ne voir plus qu’elles. On a rarement autant parlé d’elles dans les médias.
      Le confinement nous révèle cette anormalité de s’habituer et d’accepter que des personnes vivent dans la rue.
      – pour se nourrir, des personnes dépendent de manière régulière de #distributions_alimentaires organisées par les associations, grâce à des dons et du travail bénévole. Ces pratiques ont été mises hors-jeu au premier jour du confinement, créant le besoin urgent de palier ce manque et en imposant à de nouveaux acteurs de prendre en charge ce besoin, l’a mis sur le devant de la scène. Dans les centres de l’#hébergement_d’urgence, les personnes accueillies ont d’abord manqué de nourriture avant que de nouvelles pratiques puissent se mettre en place pour fournir cette #nourriture. Mais surtout, cette urgence-là a rendu criante combien notre société organise des #dépendances, là où une #autonomie des personnes pourrait trouver une place.
      – les personnels soignants dans les hôpitaux accumulent environ 18 mois de mobilisation pour dénoncer le manque de moyens, les pénuries, la logique néo-libérale qui détruit le service public de santé. S’ils et elles ont pu bénéficier épisodiquement d’une certaine couverture médiatique, rien n’y a changé. Cette épidémie rend insupportable le manque de masques, et d’autres matériels de protection, et dévoile au grand jour des modes de gestion des stocks à l’opposé des logiques médicales de prévention. Des personnes se sont mises à coudre des masques en tissu pour les personnes soignants… alors que le ministère avait fait le choix de réduire le nombre de masques stockés.
      – les inégalités sociales entre les #étudiants ont pu être évoquées l’automne dernier dans la presse au détour d’un événement dramatique ; le confinement en organisant une continuité pédagogique dépendante de moyens technologiques en ordinateurs et connexions Internet rend criante la fracture numérique. Des associations et le CROUS essaient d’y palier en distribuant ici des tablettes, là des portables… mais les exclus des réseaux restent exclus.

      Voici seulement quelques uns des exemples éloquents de ce confinement comme un révélateur de #ce_qui_déconne. Qu’avons-nous envie de faire de ces « révélations », maintenant qu’elles ont éclaté au grand jour ? Serons-nous capables de fermer à nouveau les yeux ? Et de continuer à bricoler pour les réparer avec les moyens imparfaits du bénévolat ? Ou bien voulons-nous profiter de cette aubaine que nous donne l’épidémie pour s’en saisir et chercher à transformer ces situations ?

      Aidez-nous à recenser de telles situations révélées au grand jour par la gestion de l’épidémie par le confinement, là où vous les observez, là où vous êtes, pour essayer de faire ensemble la première étape sous la forme d’un diagnostic le plus large possible de ces situations. »

      https://www.modop.org/se-relier/#27mars
      #SDF #vivre_à_la_rue

  • #Coronavirus : contre Agamben, pour une biopolitique populaire
    https://expansive.info/Panagiotis-Sotiris-Coronavirus-contre-Agamben-pour-une-biopolitique-popu

    L’épidémie frappe désormais l’Italie de plein fouet et prolifère à toute vitesse en France, rendant nécessaires des mesures à grande échelle pour contrer son expansion. Un texte de Panagiotis Sotiris : paru sur Acta.zone #Analyses

    / #Politiques_sécuritaires_-_Surveillance, #Soins_-_Santé_-_Psychiatrie_-_Médic, Autonomie & auto-gestion, #Dynamiques_collectives, Coronavirus

    #Autonomie_&_auto-gestion

  • Entretien avec Caitlin Manning
    Résistance aux parcs éoliens dans l’isthme de Tehuantepec

    Alizé Lacoste Jeanson, Caitlin Manning

    https://lavoiedujaguar.net/Entretien-avec-Caitlin-Manning-Resistance-aux-parcs-eoliens-dans-l-i

    Les immenses agglomérations de parcs éoliens dans l’isthme de Tehuantepec sont un exemple édifiant de la destruction que les technologies dites « vertes » impliquent lorsqu’elles sont mises en place par des entreprises qui cherchent à faire du profit, aidées par les gouvernements qui offrent à leurs copains capitalistes toutes sortes d’arrangements et trompent les populations locales avec des mensonges et des fausses promesses — le plus gros mensonge reposant sur l’idée que ces projets sont dans leur intérêt, et vont leur permettre d’accéder à une utopique modernité capitaliste. Comme le dit Bettina Cruz dans la vidéo, la promesse que le développement est à destination des populations locales est un grand mythe.

    Les parcs éoliens de l’Isthme recouvrent des dizaines de milliers d’hectares sur ce qui fut un temps des petits terrains agricoles que les communautés indigènes ont occupés et organisés de manière soutenable pendant des milliers d’années. Ils font pousser du maïs, des légumes, cueillent des plantes médicinales, chassent du petit gibier et font de l’élevage bovin à petite échelle. Ce mode de vie a été gravement mis à mal par les parcs éoliens. (...)

    #Mexique #Oaxaca #éoliennes_industrielles #capitalisme #résistance #peuples #autonomie #zapatistes

  • Le Codedi, la Finca Alemania et la défense du territoire

    Traba

    https://lavoiedujaguar.net/Le-Codedi-la-Finca-Alemania-et-la-defense-du-territoire

    Au Mexique, l’autonomie se décline dans tous les coins du pays. Pourtant, à Santa Cruz Huatulco, cela n’est pas évident au premier abord. Des routes toutes droites. Des réverbères bien alignés. Des allées au gazon bien propret. Des hôtels de luxe. Des piscines outrageuses. Des plages noyées sous les parasols Coca-Cola, couvées par le regard bienveillant d’un drapeau américain. Bienvenue dans l’une des plus grandes zones hôtelières du sud du pays, créée de toutes pièces dans les années 1980 pour concurrencer Acapulco.

    À seulement quelques kilomètres de là, à Santa María Huatulco, des hommes et des femmes ont construit un autre monde, loin de ces paradis artificiels. Avec obstination, malgré les coups bas et la répression féroce du gouvernement d’Oaxaca, ils ont créé le Comité pour la défense des droits indigènes (Codedi). Leur centre de formation, implanté sur les terres récupérées de la Finca Alemania, sera leur laboratoire de vie et de solidarité. Ici se vit une communauté en pleine effervescence. Pour créer une alternative à ce monde capitaliste qu’ils refusent à cor et à cri. (...)

    #Mexique #Oaxaca #territoire #terre #tourisme #narco-État #Zapotèques #formation #autonomie #communauté #internationaux #théâtre

  • En 10 citations, la destruction néolibérale de l’Université publique

    Si elle est adoptée, la #Loi_de_programmation_pluriannuelle_pour_la_recherche (#LPPR) devrait assurément accélérer la destruction néolibérale de l’Université et de la recherche publiques, en particulier en accroissant une #précarité déjà endémique (en termes de statuts d’emploi), en accentuant les #inégalités entre établissements universitaires et entre laboratoires, et en rognant toujours un peu plus l’#autonomie (relative) des chercheurs·ses et des enseignant·e·s-chercheur·se·s.

    Mais, comme on le verra à travers les dix citations que nous avons sélectionnées, la LPPR (http://www.sauvonsluniversite.fr/spip.php?article8594) vient de loin et constitue une étape dans le projet stratégique des classes dominantes d’une inféodation toujours plus étroite de l’ensemble du système d’enseignement et de la recherche publique aux intérêts du capital (http://www.contretemps.eu/greve-universite-precaires), qu’il s’agisse de soumettre la production de connaissances aux intérêts immédiats des entreprises, de faire de l’Université un nouveau terrain d’accumulation (notamment via l’instauration de frais d’inscription élevés (https://www.contretemps.eu/a-lire-un-extrait-de-arretons-les-frais-pour-un-enseignement-superieur-g), tendant à une privatisation de son financement) ou de marginaliser tout ce qui pouvait limiter la fabrication scolaire ou universitaire du consentement à l’ordre social.

    Sur tout cela et pour aller plus loin, on pourra consulter notre dossier : « L’Université saisie par le néolibéralisme, entre marchandisation et résistances » (http://www.contretemps.eu/universite-capitalisme-marchandisation-resistances).

    *

    « L’#éducation et la #formation sont considérés comme des #investissements_stratégiques vitaux pour la réussite future de l’entreprise […]. L’#industrie n’a qu’une très faible influence sur les programmes enseignés. […] Les enseignants n’ont qu’une compréhension insuffisante de l’environnement économique, des #affaires et de la notion de #profit » (La Table-ronde des industriels européens, réunissant les 50 plus grandes firmes européennes, 1989, rapport « Éducation et compétence en Europe »).

    « La #responsabilité de la formation doit, en définitive, être assumée par l’industrie. […] Le monde de l’éducation semble ne pas bien percevoir le profil des collaborateurs nécessaires à l’industrie. […] L’éducation doit être considérée comme un service rendu au monde économique » (La Table-ronde des industriels européens, 1995).

    « Oubliée l’époque où universités et entreprises se regardaient en chiens de faïence… En quelques années, une nouvelle organisation de la recherche s’est mise en place autour de la figure emblématique du #chercheur-entrepreneur » (tirée de RDTinfo, le « magazine d’information sur la recherche européenne » publié par la Direction générale de la Commission chargée de la recherche, 2002, cité par Isabelle Bruno dans son livre À vos marques®, prêts… cherchez !).

    « Pour éviter de se heurter à un front de #résistance interne et externe qui conduirait à l’échec, la réforme doit être menée pas à pas, sans proclamation tonitruante » (Philippe Aghion et Elie Cohen, économistes auteurs du rapport « Éducation et croissance » dont est tiré cette citation, 2004).

    « À budget comparable, un chercheur français publie de 30 à 50% de moins qu’un chercheur britannique dans certains secteurs. Évidemment, si l’on ne veut pas voir cela – je vous remercie d’être venu, il y a de la lumière, c’est chauffé –, on peut continuer, on peut écrire… » (Nicolas Sarkozy, alors Président de la République, en janvier 2009).

    « Le #CNRS dans son entier doit se placer à l’interface entre la création de valeur par ses scientifiques et le captage de cette valeur par les #entreprises » (Alain Fuchs, alors Président du CNRS, en 2010).

    « La plupart des universités n’ont pas la culture d’un #centre_de_coûts, Or, si on est autonome, si on gère son budget, on est un centre de coûts et un #centre_de_profits. Il faut qu’elles acquièrent cette culture. Il faut savoir formater une offre et faire payer les factures. Et ne pas considérer que, lorsqu’on fait une prestation pour l’#hôpital ou le CNRS, elle doit être gratuite parce qu’on fait partie du #service_public ! » (Geneviève Fioraso, alors ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, en janvier 2014).

    « Il faut bannir du vocabulaire les mots de #concurrence et d’#excellence, détestés par les syndicats d’enseignants et d’étudiants. Remplacer ces #mots systématiquement par #ouverture et #diversité. Dans un système ouvert et divers, on répond aux demandes des jeunes et des familles, on permet à chacun d’aller aussi loin que ses capacités le permettent. La #sélection ne signifie pas #exclusion mais plutôt #orientation. En contrepartie les universités devront ouvrir des formations adaptées aux étudiants mal préparés, issus des séries de bac techno ou pro. Il n’y aura aucun #rationnement, aucune exclusion » (Robert Gary-Bobo, professeur d’économie à l’ENSAE, conseiller de Macron pour l’enseignement supérieur, note à l’adresse du candidat Macron transmise en novembre 2016).

    « On peut imaginer maintenir dans chaque université quelques formations de licence quasi-gratuites dans les grandes disciplines à côté de #formations_payantes. L’ancien système à côté du nouveau. Ces #formations_gratuites seront bientôt désertées, sauf par les militants de l’#UNEF, qui mettent 6 ans à faire une licence » (Robert Gary-Bobo, professeur d’économie à l’ENSAE, conseiller de Macron pour l’enseignement supérieur, note à l’adresse du candidat Macron transmise en novembre 2016).

    *

    « Cette loi [de programmation pluriannuelle de la recherche] doit être à la hauteur des enjeux pour notre pays. Il faut une loi ambitieuse, inégalitaire – oui, inégalitaire, une loi vertueuse et darwinienne, qui encourage les scientifiques, équipes, laboratoires, établissements les plus performants à l’échelle internationale, une loi qui mobilise les énergies » (Antoine Petit, PDG du CNRS, décembre 2019).

    http://www.contretemps.eu/neoliberalisme-universite-dix-citations

    #citations #néolibéralisme #université #France #université_publique #gratuité #darwinisme_social #enseignement #enseignement_supérieur #ESR

    –---

    Concernant la dernière citation et le darwinisme social promu par #Antoine_Petit, voir :
    https://seenthis.net/messages/815560

    Sur la LPPR, voir aussi :
    https://seenthis.net/messages/819491
    –-> et les actions de résistance : https://seenthis.net/messages/820393

    ping @reka @isskein

    • Dossier : l’Université saisie par le néolibéralisme, entre #marchandisation et #résistances

      L’Université est au cœur du processus de #marchandisation_néolibérale, au moins depuis le début des années 2000. Mise en concurrence des équipes de recherche, mise en marché de l’enseignement supérieur, libéralisation ou augmentation des frais d’inscription, développement des établissements privés, introduction de logiques commerciales et d’acteurs capitalistes… la marchandisation prend plusieurs formes et transforme les conditions de travail et d’existence des universitaires, des personnels administratifs et techniques, mais aussi des étudiant·e·s.

      Si les mobilisations ont été nombreuses – en France comme ailleurs (Chili, Québec, etc.) –, avec plus de défaites que de victoires, ces résistances ont contribué à former une jeunesse fortement mobilisée contre le capitalisme néolibéral et ont posé les jalons d’un projet d’Université – libérée des impératifs marchands, gratuite et émancipatrice.

      http://www.contretemps.eu/universite-capitalisme-marchandisation-resistances

  • #Assemblée_pour_une_Recherche_Autonome (#ARA)

    L’Assemblée pour une #recherche_autonome part du constat que le projet d’application du modèle politique néolibéral aux institutions publiques de la recherche rend de plus en plus difficile la conformité de ces dernières aux principes de démocratisation des savoirs et de leurs conditions d’élaboration.

    Certes, les institutions de la recherche actuellement menacées ont pu mettre en oeuvre (et c’est parfois encore le cas) dans leur manière de se structurer un certain nombre de principes et de pratiques qu’il nous semble crucial de défendre : équilibre entre transmission et production des savoirs, équilibre entre le maintien d’un corpus de critères de validité et l’ouverture à des réformes épistémologiques profondes, prise en compte des différentes temporalités de recherche, relative autonomie des chercheur·euses dans le choix de leurs objets de recherche et absence d’obligation de résultat, évaluation par les pairs, coopération et mutualisation, valorisation de l’activité de recherche en tant qu’elle est d’utilité publique.

    Toutefois, en dépit de ces principes, on ne peut ignorer qu’aujourd’hui, en France, pour faire de la recherche et en vivre, il vaut mieux être privilégié·e : en 2017, 53% des docteur·es ont au moins un parent cadre ou enseignant·e (c’est le cas de 17% de l’ensemble des 25 à 64 ans). Il est également préférable d’être un homme : la même année, sur la population totale des enseignante·es-chercheur·euses, il n’y a que 36% de femmes. C’est que l’université demeure une institution fortement hiérarchisée et centralisée au sein de laquelle sont reconduites la plupart des discriminations à l’oeuvre dans la société. Enfin, s’il est difficile de remettre en question a posteriori la centralisation qui a caractérisé l’institution universitaire du fait des conditions historiques dans lesquelles elle s’est d’abord développée, on peut légitimement s’interroger sur la nécessité de maintenir cette centralisation alors même que les techniques aujourd’hui associées à la pratique de la recherche permettent sa poursuite collective selon une organisation décentralisée bien plus compatible avec un contact entre la recherche et ses publics.

    La structure fortement hiérarchisée de l’université et les pratiques discriminatoires qui lui sont inhérentes ont été accentuées par des politiques néolibérales articulant obligation de résultat et mise en concurrence des chercheurs.euses, en particulier selon « une loi vertueuse et darwinienne », d’après le mot récent du président du CNRS. Ces deux aspects s’opposent radicalement aux principes énoncés plus haut dans la mesure où ils procèdent d’un utilitarisme naïf incompatible avec les exigences épistémologiques de la recherche scientifique.
    L’obligation de résultat désigne une nouvelle manière de déterminer les critères de validité à l’aune desquels sont jugés les projets et résultats de recherche : celle qui se fonde en dernier ressort sur la possibilité d’engendrer des retombées financières concrètes. (https://www.lesechos.fr/idees-debats/sciences-prospective/la-recherche-une-arme-pour-les-combats-du-futur-1150759)

    Qui plus est, si l’on peut reconnaître une pertinence au fait de vouloir assigner comme mission à la recherche la résolution de problèmes, la définition de ces problèmes par des acteurs partageant un même tropisme économique ne peut que conduire à ce que leur résolution se résume en définitive à celui d’un retour sur investissement. Dans les faits, c’est la capacité des chercheur.euses à manier une rhétorique de la promesse qui détermine leur accès aux ressources. Or on peut douter que ce critère soit efficace pour juger de la validité scientifique d’un travail. En même temps que les critères de validation, ce sont les instances de validation qui sont remplacées : les orientations, les évaluations, bref les décisions relatives à la vie de l’institution sont confiées à des organes étrangers à la pratique quotidienne de la recherche.

    Les instances crées durant les dernières décennies pour pallier cet état de fait (par exemple des directions scientifiques démocratiquement élues) sont progressivement vidées de leurs pouvoir par l’apparition de nouveaux organes répondant à d’autres nécessités : lien avec l’industrie, avec les politiques publiques nationales ou européennes, etc. Comment une institution telle qu’un ministère public ou une entreprise privée pourrait-elle prétendre évaluer et orienter les travaux réalisés au sein de l’institution où s’élaborent, se définissent et se critiquent les modes d’évaluation ?

    Outre la concurrence dès auparavant promue entre les chercheur·euses ou les équipes de recherche, les politiques néolibérales conduisent à l’imposition de logiques concurrentielles en fonction de critères exogènes. Ces logiques qui placent les acteur·ices de la recherche en situation d’affrontement pour l’accès aux moyens et à la visibilité s’opposent radicalement aux conditions d’une recherche épistémologiquement viable, protégée des dogmes comme de l’accaparement par les producteur·rices desdits critères. En outre, cette mise en concurrence implique tout un éventail d’activités chronophages devant permettre l’évaluation des concurrent·es par une bureaucratie demandeuse de comptes, sur le modèle des grandes structures du secteur privé. Ces politiques de mise en concurrence ne manquent pas d’affecter le coût de l’accès au savoir et les conditions économiques de son élaboration.

    Cette démarche concurrentielle et l’exigence de rentabilité qui l’accompagne conduisent à un démantèlement du service public de la recherche, qui doit plus que jamais être défendu, non seulement au sein de l’université mais en son dehors, en tant qu’institution nécessaire à la pérennité d’une société un tant soit peu démocratique et à l’équilibre des savoirs qui la constituent.
    L’Assemblée pour une Recherche Autonome

    Les valeurs affichées par l’université peuvent se traduire en des pratiques qui méritent d’être défendues, mais dans la mesure où, d’une part, ces valeurs n’ont jamais empêché cette institution d’être structurellement inégalitaire, et d’autre part, ces pratiques sont progressivement détruites par les politiques néolibérales, il est urgent de proposer des solutions nouvelles à un problème qui concerne non seulement la corporation des enseignant·es et des chercheur·euses, mais aussi l’ensemble de la société. Il est sans conteste pertinent et important de défendre et de participer aux différentes luttes qui existent déjà au sein de l’université, à la fois contre le darwinisme social et la néolibéralisation.

    Mais cela ne suffit pas. Dans une perspective révolutionnaire, c’est-à-dire dans un effort consistant à transformer radicalement les institutions, nous pensons que l’université et les institutions de la recherche ne doivent pas seulement être défendues, ou restaurées, mais aussi qu’elles doivent être profondément repensées, afin d’en extirper les défauts inhérents à leur conception moderne (deux cents ans déjà…). L’idée n’est pas de faire table rase, mais plutôt, tout en conservant une partie des pratiques et des valeurs associées à la recherche et à l’enseignement universitaires, d’en proposer d’autres en complément, et des nouvelles manières de les articuler.

    Tel est l’objectif de l’Assemblée pour une Recherche Autonome (ARA). Celle-ci ne se conçoit pas comme une nouvelle université mais comme une association de chercheur·euses militant pour rendre possible la coopération de personnes pratiquant la recherche autrement et en coopérant avec les luttes qui ont lieu en son sein.

    Nous défendons une conception autonome de la recherche et de son institution. « Autonome » ne signifie pas « détachée » ou « indépendante » : encore une fois, il ne s’agit pas de travailler sans l’université. La rigueur méthodologique, la transparence des données, la publication des résultats, l’évaluation par les pairs, la transmission et la vulgarisation, etc. sont des aspects irréductibles de ce que nous considérons être une pratique scientifique et efficace de la recherche. Ce que nous appelons « autonomie » est l’exact opposé de l’aliénation.

    Cela signifie qu’une recherche autonome doit permettre aux chercheur·euses de produire une meilleure compréhension de la société, des milieux et des créations humaines afin de développer le pouvoir d’agir de tou·tes, de résoudre des problèmes et d’améliorer les conditions collectives d’existence. Mieux se comprendre, pour des chercheur·euses, cela veut aussi dire adopter une posture réflexive à l’égard de sa propre situation (personnelle, de genre, de classe) et de la façon dont celle-ci peut influer sur le travail de recherche : savoir depuis quel endroit on parle permet en effet de clarifier ses présupposés et de les rendre lisibles pour tou·tes. Et cela implique en même temps de prendre une plus grande responsabilité dans l’exercice du métier, en s’impliquant davantage, par son travail, dans la prise en charge des problèmes concrets de la société et des questions posées par la pensée. Ce qui implique notamment de reconnaître la nécessaire complémentarité des disciplines, des approches et des expériences de la recherche, et donc la nécessité d’une coopération entre les chercheur·euses non pas seulement du point de vue de l’interdisciplinarité ou de la collaboration intellectuelle ponctuelle mais aussi à travers la mutualisation de leurs moyens et la convergence vers des objectifs communs de résolution de problèmes se posant à la société et à la pensée.

    Or une telle coopération implique aussi que chaque chercheur·euse soit tout à fait libre de choisir son objet de recherche et son approche, sans en référer forcément, pour les moyens financiers, pour les ressources matérielles ou pour l’autorité, à des instances hiérarchiques centralisées s’apparentant à un patronat ou à une direction corporative. Une recherche autonome, en ce sens, ne peut se pratiquer que de manière décentralisée.

    En droite ligne de cette conception de l’autonomie, l’ARA se propose de travailler à plusieurs objectifs concrets, sur différentes temporalités. Tout d’abord, l’ARA se donne pour tâche de développer des pratiques de recherche autonome. Celles-ci peuvent être envisagées selon deux modalités : recherche commune ou recherche coopérative. Dans les deux cas, il s’agit pour l’ARA de favoriser l’émergence et soutenir l’existence de groupes de chercheur·euses n’ayant aucun lien statutaire de rattachement à l’université, ou bien ne dépendant pas d’une même université ou d’un même laboratoire.

    Dans le premier cas de figure, l’ARA se propose de rendre possibles des séances communes de recherche, celles-ci pouvant consister pour leurs participant·es à mettre en commun leurs parcours de recherche, leurs interrogations, leurs difficultés, mais aussi à mutualiser des ressources et des espaces partagés de travail. Il s’agit par là de reprendre certains aspects du fonctionnement des laboratoires de recherche académiques (discussion entre pairs, interdisciplinarité…) en y intégrant un principe de décentralisation. En effet, il nous semble urgent de ne pas restreindre les séances communes de recherche commune à des lieux centralisés, c’est-à-dire dans les métropoles, au plus près des campus universitaires classiques. Nombre de chercheur·euses sont confronté·es à un certain isolement. Celui-ci peut prendre deux formes : à la fois l’isolement qu’expérimentent les chercheur·euses éloigné·es des centres métropolitains où sont concentrés les savoirs et les moyens, et l’isolement de celles et ceux qui, en leur sein, sont maintenu·es aux marges ou à l’écart de l’institution. C’est à ces deux facettes de l’isolement qu’entend répondre l’ARA en soutenant la création de groupes de recherche.

    Dans le second cas de figure, l’ARA souhaite favoriser la pratique d’une recherche coopérative. La coopération est d’ores et déjà un opérateur essentiel des formes existantes de recherche scientifique, qu’il s’agisse par exemple de s’associer pour mener à bien une enquête, de constituer des équipes interdisciplinaires, de s’entre-évaluer afin de vérifier la pertinence des publications ou encore de co-écrire des articles ou de produire des ouvrages collectifs. L’un des collectifs à l’origine de l’ARA se propose, par exemple, d’insister sur l’intérêt pour les chercheur·euses de partir de besoins ou problèmes démocratiquement formulés par les populations autochtones autour de problématiques territoriales concrètes, afin de développer conjointement des projets de recherche visant à fournir des éléments de solution à ces problèmes. L’idée est non seulement de favoriser la coopération entre chercheur·euses mais aussi entre ces dernier·es et/avec des publics concernés, cela dans une démarche s’apparentant à la recherche-action dans la mesure où elle consiste à produire de la théorie pour et avec des personnes en demande ou en besoin. Il s’agirait alors d’aider des chercheur·euses prêt·es à s’engager dans une telle démarche à se connaître, en cartographiant leurs ancrages territoriaux, leurs spécialités et leurs disciplines, et en se présentant aux publics comme un intermédiaire entre eux et des chercheur·euses susceptibles de se constituer en groupes dédiés pour lesquels la production collective de savoirs passera non seulement par des enquêtes collectives, des ouvrages collectifs, des colloques ou des résidences, mais aussi par la contribution active à des mouvements sociaux, la discussion suivie avec des groupes d’acteur·rices et le souci de rendre lisibles leurs pratiques de recherche.

    Deuxièmement, l’ARA entend faire reconnaître la valeur de la recherche autonome. L’objectif, là aussi, est double. Il s’agit d’une part d’obtenir une reconnaissance publique et formelle des pratiques de recherche autonome et d’autre part de développer une reconnaissance économique de ces pratiques.
    L’ARA a pour objectif de défendre non seulement les formes autonomes de la recherche telles qu’elles peuvent se pratiquer en marge de l’institution universitaire (et d’autres institutions comme le CNRS) mais aussi celles qui peuvent se pratiquer en son sein. Afin de contrecarrer le projet néolibéral, l’ARA se propose de communiquer sur l’intérêt sociétal, la charge politique et la valeur épistémologique des pratiques coopératives, mutualistes, décentralisées, responsables et capacitantes de la recherche, cela à travers divers canaux touchant des publics variés : articles et tribunes, vidéos, ateliers, colloques, résidences sauvages dans l’espace public, plaidoyer auprès des élu·es, etc.
    En outre, dans la mesure où l’accès aux institutions reconnues est de plus en plus restreint et où la recherche autonome ne dispose pas actuellement d’appuis économiques clairement identifiés, l’ARA se donne pour objectif de créer les conditions techniques et économiques d’une recherche autonome accessible à toutes les personnes dont la pratique correspond à un exercice rigoureux de la recherche, notamment via l’inventaire ou le développement des solutions économiques permettant de la financer. Nous voulons nous donner les moyens de pratiquer une recherche libre sur des sujets qui ont de la valeur pour celles et ceux qui les portent, sans objectifs de productivité et sans avoir à répondre à des problématiques identifiées dans les appels à projets lancés par les Etats, l’Europe ou le secteur privé. Cela se traduira notamment par une cartographie critique des formes existantes de financements disponibles au sein de l’université et à ses marges : subventions, mécénat, CIFRE, CIR, coopératives, financements mutualistes, etc.

    Les fondateur·rices de l’ARA souhaitent engager ces chantiers au plus tôt avec la contribution du plus grand nombre. Pour ce faire, nous invitons tou·tes les intéressé·es à nous rejoindre le 22 février de 14h à 17h dans la grande salle du Shakirail, 72 rue Riquet, à Paris.

    https://assembleepourunerechercheautonome.wordpress.com
    #université #néolibéralisme #démocratisation_des_savoirs #centralisation #décentralisation #savoir #hiérarchie #discriminations #darwinisme_social #concurrence #utilitarisme #retombées_financières #France #rentabilité #service_public #valeurs #inégalités #coopération #autonomie #recherche_coopérative

    • La masturbation constituerait alors un moyen d’émancipation des femmes face au tout médical et à l’accouchement standardisé, leur permettant de reprendre le contrôle de leur corps et de la venue au monde de leur enfant.

    • Je comprends pas le besoin de lier ça a des trucs mystiques et/ou essentialistes « énergie féminine de la terre et du ciel », « puissance féminine », etc.

      Concrètement elles ont vécu le fait de récupérer l’autonomie sur leur corps, d’être enfin un peu plus maitresse de leur corps et donc de leur vie, sans ingérence extérieure. Point. C’est une magnifique chose en soi !

      Quelque soit son sexe, quelque soit les caractéristiques de son corps. Suivant le corps qu’on a et les événements qu’on vit, les manières d’être autonome sont différentes, et là pour elles, en tant que femmes pendant un accouchement, c’est le fait de stimuler des zones érogènes, le clitoris.

      #femmes #accouchement #accouchement_physiologique #naissance #douleur #péridurale #masturbation #clitoris #autonomie

    • Je ne connaissais pas cette pratique, perso j’ai vécu l’expérience de l’enfantement (à la maison) comme un retour profond sur moi même. Je ne suis pas mystique mais il y a effectivement quelque chose de la transcendance, l’idée violente de mort que l’on peut éprouver aussi quand on jouit, bien au-delà d’un simple processus physiologique que certains hommes voudraient imposer. J’ai aussi des copines qui ont joui en accouchant (à la maison parce qu’à l’hôpital ou dans une maternité classique je suppose que ce n’est pas possible de se détendre assez), sur le nombre de femmes qui enfantent ça doit être un nombre réduit, mais ça arrive bien.
      (l’article note une étude qui évoque un orgasme entre 0,3% et 0,7% des naissances étudiées)
      Et pour les règles, se masturber ou faire l’amour semble fonctionner pour réduire les douleurs.
      Un jour, les femmes vivront peut être la libération sexuelle, la vraie, celle qui appartient à chacune d’elle, dans la connaissance et la reconnaissance des sensations de leur corps, sans jugement moral. Et pas la libération phallique des années 70 qui a occulté les femmes et a consisté à les insulter quand elles refusaient d’être violées.

      L’objectif de ce livre ( Naissance orgasmique, guide pour vivre une naissance sûre et satisfaisante. https://www.lalibrairie.com/livres/naissance-orgasmique--vivre-une-naissance-sure-et-satisfaisante_0-56782) est simple : « Nous avions toutes deux l’ambition de remettre la puissance et la beauté de la naissance entre les mains des femmes et de celleux qui les soutenaient. »

      #jouir ##enfantement

    • woo, en france

      En moyenne, en 2016, 82% des femmes se sont vues poser une péridurale pendant leur accouchement …

      Les femmes n’ont pas fini de souffrir.
      #sexisme_médical
      Dire qu’il y a des opérations de cancer du sein qui se font sous hypnose… (pas dans une secte hein, à Curie)
      Dire encore, que les avortements pouvaient se faire sans douleur et sans anesthésie (méthode #Karman)
      C’est juste terrible d’imposer ces schémas de pensée qui ne font jamais que citer advitam la bible, combien de temps encore pour reprendre nos corps ?

    • A regarder de plus près les années 70, tu te rends compte du continuum du pouvoir terrifiant que les hommes se sont arrogés sur les femmes, en les critiquant sur le biais sexuel, sur la maternité, sur les soins d’élevage des enfants.
      Et surtout en utilisant de pseudos arguments scientifiques en psychanalyse ou en sexologie.

      Recenser les accusations et les reproches faits aux femmes qui avaient pour but de restreindre leurs libertés et le champ de leurs savoirs serait intéressant.
      Et montrer comment ces répercussions persistent aujourd’hui et sont de l’ordre d’une acceptation culturelle des violences sexuelles faites aux femmes et aux enfants.
      #1979

  • Les chat.te.s noir.e.s - Une rencontre pour aborder nos sexualités à #Saint_Brieuc
    https://expansive.info/Les-chat-te-s-noir-e-s-Une-rencontre-pour-aborder-nos-sexualites-2025

    Du vendredi 7 au dimanche 9 février se tiendra à Saint-Brieuc, la Rencontre - Les chat.te.s noir.e.s - Une rencontre pour aborder nos sexualités. Cadre non-mixte // réservé aux meufs et personnes non-binaires. #Infos_locales

    / #Féminismes_-_Genres_-_Sexualités, Autonomie & auto-gestion, Saint Brieuc

    #Autonomie_&_auto-gestion