• #Revue_de_presse #émancipation

    L’objectif prioritaire de la Revue de Presse Emancipation ! est d’offrir aux jeunes et aux travailleurs des infos et analyses classées par rubriques et consultables sur leur téléphone pendant le petit déjeuner ou dans les transports vers leurs lieux d’étude ou de travail. De quoi alimenter nos réflexions et nous outiller pour les débats et les actions de la journée.

    La revue de presse Emancipation ! est sans égal sur Internet : des centaines de titres tous les jours, fruit d’une #veille de centaines de sources, classées dans 25 rubriques. Ces titres ouvrent sur des articles qui concernent les luttes sociales, politiques, féministes, écologistes, antiracistes et internationalistes, et bien d’autres informations utiles aux acteurs de l’émancipation, en France et bien au delà.

    Nous sommes tous bénévoles du Collectif Emancipation !. Pour élargir encore l’éventail des sources, créer de nouvelles rubriques, et améliorer la qualité de la sélection, le Collectif vise à encore s’élargir. De lecteur devenez veilleur d’Emancipation ! sur un sujet de votre choix. Partagez la nouvelle et l’invitation avec des amis et camarades à qui vous faites confiance.

    https://www.rdpemancipation.org
    #luttes #résistance #féminisme #écologie #anti-racisme #internationalisme #collectif_émancipation

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  • #Arrêt_maladie_collectif des #précaires de la section de science politique de l’#Université_de_Lille

    Bonjour,

    Par le présent mail, nous vous informons que 16 arrêts maladie ont été déclarés parmi les précaires du département de science politique de l’Université de Lille (soit 38 jours cumulés) pour la journée du 31 mai 2021, jour du rendu des notes du second semestre dans notre faculté. Ces arrêts maladie illustrent l’état physique et psychologique des précaires du département de science politique de l’Université de Lille après une année de surcharge globale de travail, d’un manque de prise en compte de la dégradation des #conditions_de_travail et des multiples réorganisations du passage du présentiel au distanciel.

    À cela s’est ajoutée la charge induite par les corrections des examens du second semestre aboutissant à des situations intenables (allant jusqu’à plus de 400 copies à corriger pour certain·e·s). L’accumulation subie par les doctorant·e·s, docteur·e·s sans postes, vacataires, post-doc et ATER depuis plusieurs années (austérité, LPR, pandémie, manque de postes, absence totale d’horizons professionnels et bas salaires) ont provoqué la #détresse dans laquelle nous nous trouvons. Nous nous mettons en #arrêt aujourd’hui en pensant aussi à tout.es celles et ceux qui mènent leurs recherches sans contrat de travail et ne peuvent pas faire reconnaître leur #souffrance_au_travail, ainsi qu’à toutes les fois où nous nous sommes retrouvé.es dans cette situation.

    Cet arrêt maladie collectif ne fait que signaler la situation globale que connait l’Université aujourd’hui. Nous appelons nos collègues précaires d’autres composantes et universités à se joindre à notre ras le bol. En guise d’avertissement, nous prévenons nos collègues titulaires mais surtout le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche que si la situation n’évolue pas, ce mode d’action est appelé à se répéter.

    Ça y est : l’université craque.

    Le collectif des précaires du département de science politique de l’Université de Lille

    Reçu via la mailing-list Facs et labos en lutte, 01.06.2021.

    #précarité #précarisation #université #facs #France #Lille #collectif_des_précaires #arrêt_maladie #santé_mentale

  • #Villeurbanne : Non à l’expulsion de l’Île Égalité ! Rassemblement devant la mairie
    https://fr.squat.net/2021/05/31/villeurbanne-non-a-lexpulsion-de-lile-egalite

    L’Île égalité est expulsable depuis le 12 Mars dernier suite à une décision de justice. Depuis cette date, le collectif solidarités #Cusset n’a pas cessé ses activités : distribution alimentaire hebdomadaire, cours de français, lavomatique gratuit, permanences d’entraide administrative, moments de convivialité, cantines solidaires, projections, ateliers artistiques, jardinage collectif, etc. La dizaine d’habitant.es qui s’y […]

    #4-6_rue_de_l’égalité #Collectif_Solidarités_Cusset #Lyon #l’Île_Egalité #sans-papiers

  • Cueillir en ville, cueillir aux champs : territoires et pratiques de la #cueillette contemporaine

    Récupérer des invendus alimentaires, cueillir des pissenlits, grappiller des figues ou ramasser de la ferraille. Autant de pratiques de quête et/ou subsistance qui reposent sur la #collecte de ressources biologiques ou matérielles encore non appropriées, et de manières de les nommer. Comment relire ces pratiques ancestrales dans le cadre du tournant écologique des sciences humaines et sociales ? En quoi ces pratiques de glanage interrogent-elle les manières de concevoir nos relations avec les vivants et ce(ux) qu’on ingère comme nos rapports aux territoires et à la propriété ? Si le #droit_de_glanage est un droit d’usage profondément ancré dans les espaces ruraux depuis plusieurs siècles, la réflexion contemporaine autour des #communs, notamment en contextes urbains, propose de nouvelles pistes scientifiques et politiques pour comprendre ce qui se joue dans ces formes alternatives et non-extractivistes de #réappropriation_des_ressources.

    –—

    Programme séance 2
    vendredi 6 novembre 2020, de 14h à 17h30
    Cueillir en ville, cueillir aux champs : territoires et pratiques de la cueillette contemporaine

    « Des champs à la ville : cueillir dans des mondes en transition, l’exemple de la Guyane française »
    par #Marc-Alexandre_Tareau (anthropologue, LEEISA) et #Lucie_DEJOUANET (géographe, AIHP-GEODE, Université des Antilles)

    « Cueillir dans les marges urbaines : le cas du Grand Paris »
    par #Flaminia_Paddeu (Pléiade, USPN) et #Fabien_Roussel (Discontinuités, Université d’Artois)

    « Économies de disettes et glanages dans des mondes perdus. Observations d’un géographe, de l’Océanie à la Dordogne »
    par #Mathias_Faurie, (géographe et cidrier)

    https://www.youtube.com/watch?v=DF-mn2Mmjjk

    #conférence #vidéo #glanage #alimentation

  • Carte blanche au collectif #Chimurenga autour des “#Black_studies

    Du 2 avril au 16 mai 2021, le collectif sud-africain propose La Bibliothèque Chimurenga : Une installation et une exposition autour des #Études_noires à découvrir dans tous les espaces de la Bpi.

    L’installation / exposition en détails

    Cette nouvelle édition – « La Bibliothèque Chimurenga » – prend la forme d’une « Étude noire » (Black study) des collections de la Bpi, afin d’enquêter sur les généalogies de l’imagination radicale noire dans le monde francophone.

    « La Bibliothèque Chimurenga » opère par la dissémination des savoirs et l’infiltration des outils à travers :

    – une installation bibliographique qui se matérialise par une cartographie mettant en relation l’archive « visible » de l’#imaginaire _noir présente dans la collection de la Bpi avec une archive « cachée » qui provient de la production intellectuelle, artistique et politique des Noirs dans le monde francophone. Cette mise en relation produit un système alternatif de classification du contenu de la Bpi, visible à travers des signets entre les livres figurants des ouvrages importants des Études noires. Puis, des lignes au sol qui forment de nouvelles routes de lecture, scandées par des citations sélectionnées par le collectif de chercheurs, invitent les visiteurs à parcourir la bibliothèque.

    – une exposition, point de convergence des routes de lecture au deuxième niveau de la Bpi, espace central du projet où se déploient cartes mentales, images, fac-similés, livres et revues en lien avec les axes de recherche du collectif.

    – un numéro spécial de la revue Chimurenga Chronic disponible au printemps 2021 suite à son lancement à la Cité internationale des arts : https://www.citedesartsparis.net

    – une intervention de la Pan African Space Station (PASS), entre avril et mai 2021. Fondé en 2008 par Chimurenga, la Pan African Space Station (PASS) est un studio radio live éphémère. Diffusée en direct sur internet, le PASS prendra ses quartiers dans deux villes différentes : Pointe-à-Pitre (Guadeloupe) et Montreuil (Ile-de-France).

    Une programmation cinéma est également prévue les 29 et 30 avril au Cinéma 1 du Centre Pompidou*.
    L’étude noire

    Le #collectif_Chimurenga définit ainsi l’Étude noire : « L’Étude noire désigne l’ensemble des méthodes et corpus de connaissances que les Noirs ont développés pour survivre et contrecarrer la modernité occidentale dont la construction et la consolidation se sont fondées sur l’esclavage, la colonisation et les formes d’apartheid. Fondamentalement indisciplinée, c’est une façon d’apprendre basée sur la relation, l’improvisation en groupe et la réactivation d’une #connaissance ancrée de la #liberté.

    Comme l’indique le poète Fred Moten, l’Étude noire nous demande d’envisager de « refuser ce qui vous a été refusé ». Elle se manifeste dans l’hospitalité des sans-foyers ; elle affirme la force du déplacement à contre-courant d’une longue histoire de déplacements forcés, et elle nécessite une attitude #polyrythmique. Elle constitue la pratique de la « #Blackness » – la trajectoire socio-historique des peuples afro-descendants, une expérience vécue et incarnée, une méthode et une façon d’être dans le monde. »

    À propos de Chimurenga

    Chimurenga est un objet en constante transformation et une plateforme panafricaine d’art et politique initié en 2002 par Ntone Edjabe – journaliste et musicien d’origine Camerounaise, né en 1970 à Douala, qui vit et travaille à Cape Town en Afrique du Sud. Ses membres actuels sont : Graeme Arendse, Moses Marz, Bongani Kona, Asanda Kaka, Bianca Van Rooi, Mamadou Diallo, Eva Munyiri et Ntone Edjabe.

    https://www.bpi.fr/exposition-installation-bibliotheque-chimurenga
    #exposition

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  • « Pour un retour de l’#honneur de nos gouvernants » : 20 #généraux appellent Macron à défendre le #patriotisme

    (attention : toxique)

    À l’initiative de #Jean-Pierre_Fabre-Bernadac, officier de carrière et responsable du site Place Armes, une vingtaine de généraux, une centaine de hauts-gradés et plus d’un millier d’autres militaires ont signé un appel pour un retour de l’honneur et du #devoir au sein de la classe politique. Valeurs actuelles diffuse avec leur autorisation la lettre empreinte de conviction et d’engagement de ces hommes attachés à leur pays.

    Monsieur le Président,
    Mesdames, Messieurs du gouvernement,
    Mesdames, Messieurs les parlementaires,

    L’heure est grave, la #France est en #péril, plusieurs #dangers_mortels la menacent. Nous qui, même à la retraite, restons des soldats de France, ne pouvons, dans les circonstances actuelles, demeurer indifférents au sort de notre beau pays.

    Nos #drapeaux tricolores ne sont pas simplement un morceau d’étoffe, ils symbolisent la #tradition, à travers les âges, de ceux qui, quelles que soient leurs couleurs de peau ou leurs confessions, ont servi la France et ont donné leur vie pour elle. Sur ces drapeaux, nous trouvons en lettres d’or les mots « #Honneur_et_Patrie ». Or, notre honneur aujourd’hui tient dans la dénonciation du #délitement qui frappe notre #patrie.

    – Délitement qui, à travers un certain #antiracisme, s’affiche dans un seul but : créer sur notre sol un mal-être, voire une #haine entre les communautés. Aujourd’hui, certains parlent de #racialisme, d’#indigénisme et de #théories_décoloniales, mais à travers ces termes c’est la #guerre_raciale que veulent ces partisans haineux et fanatiques. Ils méprisent notre pays, ses traditions, sa #culture, et veulent le voir se dissoudre en lui arrachant son passé et son histoire. Ainsi s’en prennent-ils, par le biais de statues, à d’anciennes gloires militaires et civiles en analysant des propos vieux de plusieurs siècles.

    – Délitement qui, avec l’#islamisme et les #hordes_de_banlieue, entraîne le détachement de multiples parcelles de la nation pour les transformer en territoires soumis à des #dogmes contraires à notre #constitution. Or, chaque Français, quelle que soit sa croyance ou sa non-croyance, est partout chez lui dans l’Hexagone ; il ne peut et ne doit exister aucune ville, aucun quartier où les lois de la #République ne s’appliquent pas.

    – Délitement, car la haine prend le pas sur la #fraternité lors de manifestations où le pouvoir utilise les #forces_de_l’ordre comme agents supplétifs et boucs émissaires face à des Français en #gilets_jaunes exprimant leurs désespoirs. Ceci alors que des individus infiltrés et encagoulés saccagent des commerces et menacent ces mêmes forces de l’ordre. Pourtant, ces dernières ne font qu’appliquer les directives, parfois contradictoires, données par vous, gouvernants.

    Les #périls montent, la #violence s’accroît de jour en jour. Qui aurait prédit il y a dix ans qu’un professeur serait un jour décapité à la sortie de son collège ? Or, nous, serviteurs de la #Nation, qui avons toujours été prêts à mettre notre peau au bout de notre engagement – comme l’exigeait notre état militaire, ne pouvons être devant de tels agissements des spectateurs passifs.

    Aussi, ceux qui dirigent notre pays doivent impérativement trouver le courage nécessaire à l’#éradication de ces dangers. Pour cela, il suffit souvent d’appliquer sans faiblesse des lois qui existent déjà. N’oubliez pas que, comme nous, une grande majorité de nos concitoyens est excédée par vos louvoiements et vos #silences coupables.

    Comme le disait le #cardinal_Mercier, primat de Belgique : « Quand la #prudence est partout, le #courage n’est nulle part. » Alors, Mesdames, Messieurs, assez d’atermoiements, l’heure est grave, le travail est colossal ; ne perdez pas de temps et sachez que nous sommes disposés à soutenir les politiques qui prendront en considération la #sauvegarde_de_la_nation.

    Par contre, si rien n’est entrepris, le #laxisme continuera à se répandre inexorablement dans la société, provoquant au final une #explosion et l’intervention de nos camarades d’active dans une mission périlleuse de #protection de nos #valeurs_civilisationnelles et de sauvegarde de nos compatriotes sur le territoire national.

    On le voit, il n’est plus temps de tergiverser, sinon, demain la guerre civile mettra un terme à ce #chaos croissant, et les morts, dont vous porterez la #responsabilité, se compteront par milliers.

    Les généraux signataires :

    Général de Corps d’Armée (ER) Christian PIQUEMAL (Légion Étrangère), général de Corps d’Armée (2S) Gilles BARRIE (Infanterie), général de Division (2S) François GAUBERT ancien Gouverneur militaire de Lille, général de Division (2S) Emmanuel de RICHOUFFTZ (Infanterie), général de Division (2S) Michel JOSLIN DE NORAY (Troupes de Marine), général de Brigade (2S) André COUSTOU (Infanterie), général de Brigade (2S) Philippe DESROUSSEAUX de MEDRANO (Train), général de Brigade Aérienne (2S) Antoine MARTINEZ (Armée de l’air), général de Brigade Aérienne (2S) Daniel GROSMAIRE (Armée de l’air), général de Brigade (2S) Robert JEANNEROD (Cavalerie), général de Brigade (2S) Pierre Dominique AIGUEPERSE (Infanterie), général de Brigade (2S) Roland DUBOIS (Transmissions), général de Brigade (2S) Dominique DELAWARDE (Infanterie), général de Brigade (2S) Jean Claude GROLIER (Artillerie), général de Brigade (2S) Norbert de CACQUERAY (Direction Générale de l’Armement), général de Brigade (2S) Roger PRIGENT (ALAT), général de Brigade (2S) Alfred LEBRETON (CAT), médecin Général (2S) Guy DURAND (Service de Santé des Armées), contre-amiral (2S) Gérard BALASTRE (Marine Nationale).

    https://www.valeursactuelles.com/politique/pour-un-retour-de-lhonneur-de-nos-gouvernants-20-generaux-appellen

    La une :

    #appel #généraux #valeurs_actuelles #lettre #lettre_ouverte #armée #soldats

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    • 2022 : « l’étrange défaite » qui vient

      Pour Marc Bloch, auteur de L’Étrange défaite, la cause de la débâcle de juin 1940 n’était pas seulement militaire mais d’abord politique. De la même façon, le désastre annoncé de printemps 2022 n’est pas seulement de nature électorale. La débâcle de la démocratie se construit depuis des mois par une sorte de capitulation rampante et générale face à l’extrême droite.

      « Un jour viendra, tôt ou tard, où la France verra de nouveau s’épanouir la liberté de pensée et de jugement. Alors les dossiers cachés s’ouvriront ; les brumes, qu’autour du plus atroce effondrement de notre histoire commencent, dès maintenant, à accumuler tantôt l’ignorance et tantôt la mauvaise foi, se lèveront peu à peu . »

      Ainsi s’ouvre L’Étrange défaite écrite par Marc Bloch au lendemain de la capitulation de l’armée française en juin 1940. « À qui la faute ? », se demande-t-il. Quels mécanismes politiques ont conduit à ce désastre et à l’effondrement d’une République ? Si les militaires, et surtout l’état-major, sont aux premières loges des accusés, nul n’échappe à l’implacable regard de l’historien : ni les classes dirigeantes qui ont « préféré Hitler au Front Populaire », ni la presse mensongère, ni le pacifisme munichois, ni la gauche qui n’a pas eu besoin de ses adversaires pour ensevelir ce Front populaire qui fit si peur aux bourgeois.

      Les « brumes », l’aveuglement et la soumission passive aux récits des futurs vainqueurs ont conduit inexorablement à une #capitulation_anticipée. Comment ne pas y reconnaître la logique des moments sombres que nous vivons sidérés.

      La banalisation de la menace factieuse

      Sidérés, nous le sommes à coup sûr quand il faut attendre six jours pour qu’une menace de sédition militaire (http://www.regards.fr/politique/societe/article/lettre-des-generaux-un-texte-seditieux-qui-menace-la-republique) signée le 21 avril 2021 par une vingtaine de généraux en retraite, mais aussi par de nombreux officiers, commence à faire un peu réagir.

      Sidérés, nous le sommes par la légèreté de la réponse gouvernementale. Un tweet de la ministre des Armées (https://www.lemonde.fr/politique/article/2021/04/25/la-gauche-s-insurge-contre-une-tribune-de-militaires-dans-valeurs-actuelles-) ne parle que « d’#irresponsabilité » de « généraux en retraite ». Pour #Florence_Parly le soutien que leur apporte Marine Le Pen « reflète une méconnaissance grave de l’institution militaire, inquiétant pour quelqu’un qui veut devenir cheffe des armées ». N’y aurait-il à voir que de l’irresponsabilité militaire et de l’incompétence politique ?

      Il faut attendre le lundi 26 avril pour que Agnès Runacher secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des Finances s’avise (https://www.boursorama.com/actualite-economique/actualites/un-quarteron-de-generaux-en-charentaises-la-tribune-de-militaires-dans-v) que le texte a été publié jour pour jour 60 ans après l’appel des généraux d’Alger. En parlant de « quarteron de généraux en charentaises », elle semble considérer que la simple paraphrase d’une expression de l’allocution de De Gaulle, le 23 avril 1961 suffira à protéger la démocratie. Ce dernier, plus martial, en uniforme, parlait surtout de « putsch » et d’un « groupe d’officiers ambitieux et fanatiques ».

      Sidérés, nous le sommes par le #silence persistant, cinq jours après la publication du texte factieux, de l’essentiel les leaders de la droite, du centre, de la gauche et des écologistes.

      Sidérés, nous sommes encore de l’isolement de ceux qui appellent un chat un chat tels Éric Coquerel, Benoît Hamon ou Jean Luc Mélenchon. Ce dernier rappelle au passage que l’article 413-3 du code pénal prévoit cinq ans d’emprisonnement et 75.000 euros d’amende pour provocation à la désobéissance des militaires.

      Sidérés, nous le sommes enfin, pendant une semaine, de la #banalisation de l’événement par des médias pourtant prompts à se saisir du buzz des « polémiques ». Le 25 avril (https://rmc.bfmtv.com/emission/tribunes-de-militaires-les-gens-n-ont-pas-confiance-dans-les-politiques-m), RMC/BFM, dans les Grandes Gueules, n’hésite pas à présenter l’appel sur fond de Marseillaise, à moquer « la gauche indignée » en citant Jean Luc Mélenchon et Éric Coquerel, et à débattre longuement avec l’initiateur du texte, Jean-Pierre Fabre-Bernadac. Jack Dion, ancien journaliste de L’Humanité (1970-2004), n’hésite pas à écrire (https://www.marianne.net/agora/les-signatures-de-marianne/malgre-ses-relents-putschistes-la-tribune-des-ex-generaux-met-le-doigt-la-) dans Marianne le 28 avril : « Malgré ses relents putschistes, la tribune des ex généraux met le doigt là où ça fait mal. » Il faut croire donc que cet appel factieux et menaçant ne fait pas polémique après l’appel à l’insurrection de Philippe de Villiers dont on oublie qu’il est le frère aîné d’un autre général ambitieux, Pierre de son prénom, chef d’état-major des armées de 2010 à 2017.

      Qui sont donc les ennemis que ces militaires appellent à combattre pour sauver « la Patrie » ? Qui sont les agents du « délitement de la France » ? Le premier ennemi désigné reprend mot pour mot les termes de l’appel des universitaires publié le 1 novembre 2020 sous le titre de « #Manifeste_des_100 » (https://manifestedes90.wixsite.com/monsite) : « un certain antiracisme » qui veut « la guerre raciale » au travers du « racialisme », « l’indigénisme » et les « théories décoloniales ». Le second ennemi est « l’islamisme et les hordes de banlieue » qui veulent soumettre des territoires « à des dogmes contraires à notre constitution ». Le troisième ennemi est constitué par « ces individus infiltrés et encagoulés saccagent des commerces et menacent ces mêmes forces de l’ordre » dont ils veulent faire des « boucs émissaires ».

      Chacune et chacun reconnaîtra facilement les islamo-gauchistes, les séparatistes et les black blocs, ces épouvantails stigmatisés, dénoncés, combattus par le pouvoir comme par une partie de l’opposition. Ce texte a au moins une vertu : il identifie clairement la nature fascisante des diatribes de Jean-Michel Blanquer, Gérald Darmanin ou Frédérique Vidal. Il renvoie à leur responsabilité celles et ceux qui gardent le silence, organisent le débat public autour de ces thématiques sur la scène médiatique, s’abstiennent à l’Assemblée sur des textes de loi à la logique islamophobe – quand ils ne votent pas pour –, signent des tribunes universitaires pour réclamer une police de la pensée. Il renvoie à ses responsabilités le Bureau national du Parti socialiste qui, dans sa résolution du 27 avril (https://partisocialiste92.fr/2021/04/27/resolution-du-bureau-national-a-la-suite-dune-tribune-de-militaire), persiste à affirmer « qu’il serait absurde de chercher à nier ces sujets qui nous font face » comme « ces #minorités_agissantes » qui prônent la « #désaffiliation_républicaine ».

      Baromètre incontesté des dérives intellectuelles, l’omniprésent #Michel_Onfray, aujourd’hui obsédé par la décadence de la France, ne partage-t-il pas le diagnostic des factieux ? Sa sentence du 27 avril dans la matinale d’Europe 1 (https://www.europe1.fr/societe/sur-le-terrorisme-la-parole-presidentielle-est-totalement-devaluee-estime-on), « l’intérêt de l’#islamo-gauchisme est de détruire la nation, la souveraineté nationale, la France, l’histoire de France, tout ce qui constitue la France », est immédiatement reprise par Valeurs actuelles (https://www.valeursactuelles.com/politique/pour-michel-onfray-linteret-de-lislamo-gauchisme-est-de-detruire-l). Quelques jours plus tôt, dans une envolée digne de Gérald Darmanin, il assénait au Point (https://www.lepoint.fr/debats/michel-onfray-on-a-un-seul-probleme-en-france-c-est-que-la-loi-n-est-pas-res) : « On a un seul problème en France, c’est que la loi n’est pas respectée ». Mais de quelle loi parle Michel Onfray quand il ajoute, à propos du verdict en appel du procès des jeunes de Viry-Châtillon : « Il y a des gens à qui on dit : […] peut-être que vous faites partie de ceux qui auraient pu tuer, mais la preuve n’est pas faite, on est pas sûr que c’est vous, allez, vous pouvez rentrer chez vous. L’affaire est terminée pour vous. » Pour Michel Onfray, le scandale n’est pas la mise en accusation délibérée d’innocents par une police en quête désespérée de coupables mais un principe de droit : la présomption d’innocence elle-même !

      La capitulation rampante

      Voilà où nous en sommes. Voilà pourquoi il est pour beaucoup si difficile de se scandaliser d’un appel factieux quand les ennemis désignés sont ceux-là même qui sont désignés à longueur d’antenne et de déclaration politique dans ce désastreux consensus « républicain » réunissant l’extrême droite, la droite et une partie de la gauche.

      Chacune et chacun y va de sa surenchère. #Anne_Hidalgo (https://www.nouvelobs.com/edito/20201125.OBS36577/derriere-la-gueguerre-entre-hidalgo-et-les-ecolos-la-pomme-de-discorde-de) enjoint les Verts « d’être au clair avec la République » à propos de la laïcité alors même que #Yannick_Jadot (https://www.lepoint.fr/politique/loi-contre-le-separatisme-la-gauche-denonce-un-texte-qui-ne-regle-rien-07-02) demande de « sortir de toute naïveté et de toute complaisance », pour « combattre l’islam politique », proposant de « contrôler les financements des associations » et de « renforcer tous les dispositifs sur le contrôle des réseaux sociaux ».

      La discussion et le vote de la loi sur le « séparatisme », puis les débats hallucinants sur l’organisation de « réunions non mixtes » au sein du syndicat étudiant Unef nous en a fourni un florilège. Pour le communiste #Stéphane_Peu (http://www.le-chiffon-rouge-morlaix.fr/2021/02/separatisme-une-loi-equilibree-se-serait-attachee-a-renforc) comme pour le socialiste #Olivier_Faure (https://www.europe1.fr/politique/projet-de-loi-contre-les-separatismes-olivier-faure-craint-une-surenchere-40), la question n’est pas de combattre sur le fond la notion de « #séparatisme » mais de rester dans une « loi équilibrée » qui « renforce la #République » (Peu) et d’éviter « la surenchère » (Faure). L’un comme l’autre et comme nombre de députés de leurs groupes, s’abstiendront lors du vote à l’Assemblée nationale. Seule La France insoumise a sauvé l’honneur et dénoncé, notamment par la voix de #Clémentine_Autain (https://www.lepoint.fr/politique/loi-contre-le-separatisme-la-gauche-denonce-un-texte-qui-ne-regle-rien-07-02) dès le 16 février, une loi qui « ouvre la boîte de Pandore pour des idées qui stigmatisent et chassent les musulmans » et « nous tire vers l’agenda de l’extrême droite ».

      Si le débat parlementaire gomme un peu les aspérités, l’affaire des réunions « non mixtes » au sein de l’Unef est l’occasion d’un déferlement de sincérité imbécile. On n’en attendait pas moins de #Manuel_Valls (https://www.franceinter.fr/emissions/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-22-mars-2021) qui s’empresse de poser l’argument clef de la curée : « Les réunions "racialisées" légitiment le concept de race ». Le lendemain #Marine_Le_Pen (https://www.francetvinfo.fr/politique/marine-le-pen/video-il-faut-poursuivre-l-unef-un-syndicat-qui-commet-des-actes-racist) le prend au mot et réclame des poursuites contre ces actes racistes. Anne Hidalgo (https://www.europe1.fr/politique/reunions-non-mixtes-a-lunef-cest-tres-dangereux-juge-anne-hidalgo-4032954) apporte sa voix contre une pratique qu’elle considère comme « très dangereuse » au nom de « ses convictions républicaines ». Olivier Faure (https://www.youtube.com/watch?v=rifRSrm7lpU

      ), moins « équilibré » que sur la loi contre le « séparatisme » renchérit comme « une dérive incroyable ».

      Quelle « dérive » ? Tout simplement « l’idée que sont légitimes à parler du racisme les seules personnes qui en sont victimes », alors que « c’est l’inverse qu’il faut chercher ». Dominés restez à votre place, nous parlerons pour vous ! Aimé Césaire dans sa lettre à Maurice Thorez (https://lmsi.net/Lettre-a-Maurice-Thorez), dénonçait ce qu’il nommait le « #fraternalisme » : « Un grand frère qui, imbu de sa supériorité et sûr de son expérience, vous prend la main pour vous conduire sur la route où il sait se trouver la Raison et le Progrès. » Or, ajoutait-il, « c’est très exactement ce dont nous ne voulons plus » car « nous ne (pouvons) donner à personne délégation pour penser pour nous. »

      Olivier Faure revendique un « #universalisme » que ne renierait pas le candidat communiste à la présidentielle, #Fabien_Roussel pour qui « les réunions segmentées selon la couleur de sa peau, sa religion ou son sexe, ça divise le combat ». Le PCF (https://www.pcf.fr/actualite_derri_re_les_attaques_contre_l_unef_une_d_rive_autoritaire_et_antid_mo) n’hésite pas à défendre en théorie l’Unef tout en se joignant cœur réactionnaire des condamnations de ses pratiques.

      #Audrey_Pulvar (https://www.lci.fr/politique/demander-a-une-personne-blanche-de-se-taire-dans-une-reunion-non-mixte-pulvar-cr) cherchant peut-être un compromis dans la présence maintenue mais silencieuse d’un blanc dans une réunion de personnes racisées, se prend une volée de bois vert du chœur des bonnes âmes universalistes. La « dilution dans l’universel » est bien « une façon de se perdre » comme l’écrivait encore Aimé Césaire en 1956.

      Ce chœur hystérisé, rien ne le fera taire, ni le rappel élémentaire d’#Eric_Coquerel (https://www.facebook.com/watch/?v=773978356575699) que les #groupes_de_parole sont « vieux comme le monde, comme le mouvement féministe, comme les alcooliques anonymes », ni la prise du conscience de l’énormité morale, politique et juridique des positions prises ainsi dans une émotion révélatrice.

      Refuser de comprendre que la parole des dominées et dominés a besoin de se constituer à l’abri des dominants, c’est nier, de fait, la #domination. Ce déni de la domination, et de sa #violence, est une violence supplémentaire infligée à celles et ceux qui la subissent.

      Au passage, une partie de la gauche a par ailleurs perdu un repère simple en matière de liberté : la liberté de réunion est la liberté de réunion. Elle n’est plus une liberté si elle est sous condition de surveillance par une présence « hétérogène ». À quand les réunions de salariés avec présence obligatoire du patron ? Les réunions de femmes avec présence obligatoire d’un homme ? Les réunions d’étudiants avec présence obligatoire d’un professeur ? Les réunions de locataires avec présence obligatoire du bailleur ? Les réunions d’antiracistes avec présence obligatoire d’un raciste ?

      Ces héritiers et héritières d’une longue tradition politique liée aux luttes sociales révèle ainsi leur déconnexion avec les mobilisation d’aujourd’hui, celles qui de #MeToo à Black Lives Matter ébranlent le monde et nous interrogent sur quelle humanité nous voulons être au moment où notre survie est officiellement en question. Ces mouvements de fond martèlent, 74 ans après Aimé Césaire, que « l’heure de nous-mêmes a sonné. »

      Nul doute, hélas, que ce qui fait ainsi dériver des femmes et des hommes issus de la #gauche, c’est le poids pas toujours avoué, mais prégnant et souvent irrationnel, de l’#islamophobie. Cette adhésion générale à un complotisme d’État (https://blogs.mediapart.fr/alain-bertho/blog/041220/l-etat-t-il-le-monopole-du-complotisme-legitime) touche plus fortement les espaces partisans, voire universitaires, que le monde associatif. On a pu le constater lors de la dissolution du #Collectif_contre_l’islamophobie_en_France (#CCIF) fin 2020 quand la fermeté les protestations de la Ligue des droits de l’Homme (https://blogs.mediapart.fr/gabas/blog/031220/ldh-dissolution-politique-du-ccif) ou d’Amnesty international (https://www.amnesty.fr/presse/france-la-fermeture-dune-association-antiraciste-e) n’a eu d’égale que la discrétion de la gauche politique. La palme du mois d’avril revient sans conteste à #Caroline_Fourest (https://twitter.com/i/status/1384567288922259467) qui lors du lancement des États Généraux de la Laïcité a pu déclarer sans frémir que « ce mot islamophobie a tué les dessinateurs de Charlie Hebdo et il a tué le professeur Samuel Paty ».

      Oui voilà ou nous en sommes. La menace d’une victoire du #Rassemblement_national ne se lit pas que dans les sondages. Elle se lit dans les #renoncements. Elle s’enracine dans la banalisation voire le partage de ses thématiques disciplinaires, de ses émotions islamophobes, de son vocabulaire même.

      L’évitement politique du réel

      Il faut vraiment vivre dans une bulle, au rythme de réseaux sociaux hégémonisés par l’extrême droite, loin des réalités des quartiers populaires, pour considérer que l’islam et les réunions non mixtes sont les causes premières du délitement des relations collectives et politiques dans ce pays.

      Quelle République, quelle démocratie, quelle liberté défend-on ici avec ces passions tristes ? Depuis plus d’un an, la réponse gouvernementale à l’épreuve sanitaire les a réduites à l’état de fantômes. L’#état_d’urgence sanitaire est reconduit de vague en vague de contamination. Notre vie est bornée par des contrôles, des interdictions et des attestations. Les décisions qui la règlent sont prises par quelques-uns dans le secret délibératif d’un Conseil de défense. Nous vivons suspendus aux annonces du président et de quelques ministres et, de plus de plus en plus, du président seul, autoproclamé expert omniscient en gestion de pandémie. Nous n’avons plus prise sur notre vie sociale, sur nos horaires, sur notre agenda, sur notre avenir même très proche. Nous n’avons plus de lieu de délibération, ces lieux qui des clubs révolutionnaires de 1789 aux ronds-points des gilets jaunes, en passant par la Place Tahrir et la Puerta Del Sol en 2011 sont l’ADN de la #démocratie.

      La violence de la menace létale mondiale que font peser sur nous le Covid et ses variants successifs nous fait espérer que cette épreuve prendra fin, que la parenthèse se refermera. Comme dans une période de guerre (https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/070221/stephane-audoin-rouzeau-nous-traversons-l-experience-la-plus-tragique-depu), cet espoir toujours déçu se renouvelle sans fin à chaque annonce moins pessimiste, à chaque communication gouvernementale sur les terrasses jusqu’à la déception suivante. Cette #précarité sans fin est un obstacle collectif à la #résistance_démocratique, à la critique sociale, idéologique et opératoire de cette période qui s’ouvre et sera sans doute durable. C’est bien dans ce manque politique douloureux que s’engouffrent tous les complotismes de Q-Anon à l’islamophobie d’État.

      Depuis le printemps 2020 (www.regards.fr/politique/societe/article/covid-19-un-an-deja-chronique-d-une-democratie-desarticulee), les partis d’opposition ont cessé d’être dans l’élaboration et la proposition politique en lien avec la situation sanitaire. Le monologue du pouvoir ne provoque plus sporadiquement que des réactions, jamais d’alternative stratégique ni sur la réponse hospitalière, ni sur la stratégie vaccinale, ni sur l’agenda des restrictions sociales. Même l’absence de publication, des semaines durant début 2021, des avis du Conseil scientifique n’émeut pas des politiques beaucoup plus préoccupés par les réunions non mixtes à l’Unef.

      Attac (https://france.attac.org/spip.php?page=recherche&recherche=covid) n’est pas beaucoup plus proactif malgré la publication sur son site en novembre 2020 d’un texte tout à fait pertinent de Jacques Testard sur la #démocratie_sanitaire. En général les think tanks sont plutôt discrets. L’Institut Montaigne est silencieux sur la stratégie sanitaire tout comme la Fondation Copernic qui n’y voit pas l’occasion de « mettre à l’endroit ce que le libéralisme fait fonctionner à l’envers ». Si le think tank Économie Santé des Échos déplore le manque de vision stratégique sanitaire, seule Terra Nova semble avoir engagé un véritable travail : une cinquantaine de contributions (https://tnova.fr/ckeditor_assets/attachments/218/terra-nova_dossier-de-presse_cycle-coronavirus-regards-sur-une-crise_2020.pdf), des propositions (https://tnova.fr/revues/covid-19-le-think-tank-terra-nova-fait-des-propositions-pour-limiter-les-conta) sur l’organisation de la rentrée scolaire du 26 avril 2021, des propositions sur la stratégie vaccinale…

      Pourquoi cette #inertie_collective sur les choix stratégiques ? Ce ne sont pas les sujets qui manquent tant la stratégie gouvernementale ressemble à tout sauf à une stratégie sanitaire. Sur le fond, aucun débat n’est ouvert sur le choix entre stratégie de cohabitation avec la maladie ou d’éradication virale. Ce débat aurait eu le mérite d’éclairer les incohérences gouvernementales comme la communication sur le « tester/tracer/isoler » de 2020 qui n’a été suivie d’aucun moyen opérationnel et humain nécessaire à sa mise en œuvre. Il aurait permis de discuter une stratégie vaccinale entièrement fondée sur l’âge (et donc la pression hospitalière) et non sur la circulation active du virus et la protection des métiers à risque. Cette stratégie a fait battre des records vaccinaux dans des territoires aux risques faibles et laissé à l’abandon les territoires les plus touchés par la surmortalité comme la Seine-Saint-Denis.

      Pourquoi cette inertie collective sur la démocratie sanitaire ? Les appels dans ce sens n’ont pourtant pas manqué à commencé par les recommandations du Conseil Scientifique dès mars 2020 : le texte de Jacques Testard (https://france.attac.org/nos-publications/les-possibles/numero-25-automne-2020/debats/article/la-covid-la-science-et-le-citoyen), un article de The Conversation (https://theconversation.com/debat-quelles-lecons-de-democratie-tirer-de-la-pandemie-140157) au mois de juin 2020, l’excellent « tract » de #Barbara_Stiegler, De la démocratie en pandémie, paru chez Gallimard en janvier 2021 et assez bien relayé. Des propositions, voire des expérimentations, en termes de délibération et de construction collective des mesures sanitaires territorialisées, des contre expertises nationales basées sur des avis scientifiques et une mobilisation populaire auraient sans doute mobilisé de façon positive la polyphonie des exaspérations. On a préféré laisser réprimer la mobilisation lycéenne (https://blogs.mediapart.fr/alain-bertho/blog/181120/sommes-nous-aux-portes-de-la-nuit) pour de vraies mesures sanitaires en novembre 2020.

      Bref la construction de masse d’une alternative à l’incapacité autoritaire du pouvoir aurait pu, pourrait encore donner corps et usage à la démocratie, aujourd’hui désarticulée (https://blogs.mediapart.fr/alain-bertho/blog/160321/covid-un-deja-chronique-d-une-democratie-desarticulee), qu’il nous faut essayer de défendre, pourrait incarner la République dans des exigences sociales et une puissance populaire sans lesquelles elle risque toujours de n’être qu’un discours de domination.

      Une autre élection est-elle encore possible ?

      Entre cet étouffement démocratique de masse et l’immensité des choix de société suggérés au quotidien par la crise sanitaire, le grain à moudre ne manque pas pour des courants politiques héritiers d’une tradition émancipatrice. Leur responsabilité est immense quand l’humanité est mise au pied du mur de sa survie et de l’idée qu’elle se fait d’elle-même. Mais ces partis préfèrent eux aussi considérer la situation sanitaire comme une simple parenthèse à refermer, se projetant sur les échéances de 2022 comme pour oublier 2020 et 2021. Il est ahurissant de penser que, après 14 mois de pandémie, la politique sanitaire ne soit pas au centre des élections territoriales de ce printemps, sinon pour une question d’agenda.

      En « rêvant d’une autre élection » comme d’autres ont rêvé d’un autre monde, la gauche permet tout simplement au président en exercice de s’exonérer de son bilan dramatique : un système de santé et des soignantes et soignants mis en surchauffe des mois durant, une mise en suspens de milliers de soins parfois urgents, des dizaines de milliers de Covid longs, plus de 100.000 morts, des territoires et des populations délibérément sacrifiés, des inégalités devant la mort et la maladie largement calquées sur les inégalités sociales et les discriminations, une vie sociale dévastée, une démocratie en miettes, une faillite biopolitique structurelle.

      Comment lui en faire porter la responsabilité si on ne peut lui opposer aucune alternative ? Le pouvoir s’en réjouit d’avance et, renversant la charge de la preuve, semaine après semaine, somme chacune et chacun de présenter un bilan sur l’agenda qu’il déroule sans rencontrer beaucoup de résistance : les politiques sécuritaires et l’islamophobie d’État. Or, ce concours électoraliste du prix de la « laïcité », de la condamnation de l’islamisme, de la condamnation des formes contemporaines de lutte contre les discriminations, nous savons qui en sera la championne incontestée : elle en maîtrise à merveille les thématiques, le vocabulaire comme la véhémence.

      Voici ce que les sondages, jour après jour, mesurent et nous rappellent. Dans ces conditions, l’absence de dynamique unitaire à gauche n’est pas la cause de la défaite annoncée, elle est déjà le résultat d’une perte majoritaire de boussole politique, le résultat d’une sorte d’évitement du réel, le résultat d’un abandon.

      « L’étrange défaite » de juin 1940 a pris racine dans le ralliement des classes dirigeantes à la nécessité d’un pouvoir policier et discriminatoire. Nous y sommes. « L’étrange défaite » s’est nourrie de la pusillanimité d’une gauche désertant les vrais combats pour la démocratie, de la défense de l’Espagne républicaine au barrage contre un racisme aussi déchaîné qu’expiatoire. Nous y sommes sur les enjeux de notre temps. « L’étrange défaite » a été la fille du consensus munichois et de la capitulation anticipée. Nous y sommes. « L’étrange défaite » a été suivie de la mort d’une République. L’appel militaire du 21 avril en fait planer la menace.

      À l’exceptionnalité de la période traumatique qui bouleverse depuis 14 mois en profondeur nos repères politiques, sociaux et vitaux, s’ajoute l’exceptionnalité de l’échéance institutionnelle du printemps 2022. Il est dérisoire d’y voir la énième occasion de porter un message minoritaire, dérisoire de donner le spectacle d’une querelle d’egos, dérisoire de jouer à qui sera responsable de la défaite. Le salut ne sera pas dans un compromis défensif sans principe mais dans un sursaut collectif d’ambition.

      Il est temps de prendre la mesure du temps que nous vivons, car il est toujours temps de résister. Comme concluait Marc Bloch en septembre 1940, « peut-être est-ce une bonne chose d’être ainsi contraints de travailler dans la rage », car « est-ce à des soldats qu’il faut, sur un champ de bataille, conseiller la peur de l’aventure ? » Il ajoutait que « notre peuple mérite qu’on se fie à lui et qu’on le mette dans la confidence ».

      http://www.regards.fr/idees-culture/article/2022-l-etrange-defaite-qui-vient
      #non-mixité

  • Après un an de Covid, l’heure des choix pour les #finances_locales ?
    https://metropolitiques.eu/Apres-un-an-de-Covid-l-heure-des-choix-pour-les-finances-locales.htm

    La crise sanitaire a fortement pesé sur les budgets locaux en 2020. Françoise Navarre pointe ici les incertitudes auxquelles les collectivités sont confrontées, entre impératifs de « relance » et de « maîtrise » des dépenses publiques. Depuis le printemps 2020, les propos alarmistes prolifèrent : les difficultés résultant de la Covid provoqueraient un choc sans précédent pour les budgets locaux, suscitant leur dérapage, voire les conduisant dans une impasse. De fait, les finances de toutes les #Essais

    / finances locales, #collectivités_locales, #collectivités_territoriales, #investissement, #services_publics, (...)

    #dette
    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met-navarre2.pdf

  • #A_Lua_Platz - #Prendre_place

    En #Seine-Saint-Denis, des années durant, des familles roumaines cherchent des lieux où vivre. Devenus compagnons de route lors de luttes contre les expulsions, nous fabriquons ce film ensemble, comme autant de maisons ouvertes. Cheminant de villages quittés en bidonvilles, squats et cités, l’intimité de leurs récits se confronte à une banlieue en constante mutation. Des grands ensembles jusqu’au Grand Paris, leurs trajectoires retissent une histoire commune, celle de solidarités habitantes refusant la relégation.

    http://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/54367_1

    #SDF #sans-abris #France #hébergement #Roms #115 #logement #bidonville #expulsions #Roumanie #Roumains #rénovation_urbaine #travail #habitat #relogement #La_Courneuve #campement_du_Samaritain #OQTF #village_d'insertion #squat #domiciliation #police #droit #logements_vacants #intégration #Platz #collectif_Samaritain #film #documentaire #film_documentaire

  • #Violences_sexuelles à l’#université : pourquoi les #procédures_disciplinaires sont souvent un chemin de croix pour les victimes

    Pour les victimes de violences sexistes et sexuelles qui osent se lancer dans une procédure disciplinaire contre leurs agresseurs, le parcours est souvent long et traumatisant.

    Le jour où elles ont décidé d’aller voir le doyen de la faculté de droit et de sciences politiques de Montpellier pour faire un #signalement de violences sexuelles concernant un étudiant de leur promotion, Marie* et Elise* sont arrivées avec un avantage non négligeable : elles étaient deux. Convaincues d’avoir été victimes du même agresseur, ces amies âgées de 20 ans ont décidé de faire front en faisant remonter les faits, il y a un an.

    Marie accuse ainsi le jeune homme de « lui avoir tapé la tête contre le sol d’un parking », lui causant un traumatisme crânien, assorti d’un jour d’ITT, d’après sa plainte, déposée le 22 février 2020 et que franceinfo a pu consulter, pour des faits qui se seraient produits la nuit précédente. De son côté, Elise le soupçonne de l’avoir droguée à son insu, en présence de trois autres garçons qu’il avait invités un soir chez elle. Dans sa #plainte, elle raconte avoir fait un malaise après avoir bu « deux ou trois verres » d’alcool en leur présence. Elle ajoute que l’étudiant en question l’a ensuite « saisie par les cheveux » et qu’elle s’est retrouvée sur le canapé « complètement avachie ». Elle rapporte « avoir senti des mains partout » sur elle. Quand elle s’est réveillée, les jeunes hommes étaient partis. Son débardeur était « relevé », son soutien-gorge « défait » et « la braguette de son pantalon descendue ».

    En entendant leurs récits, et conformément à l’article 40 du Code de procédure pénale, le doyen de la faculté, Guylain Clamour, informe par écrit le procureur de la République. En parallèle, il demande au président de l’université de lancer une procédure disciplinaire. Marie et Elise sont confiantes. Elles espèrent que leur agresseur présumé sera éloigné des bancs de la fac. Du lancement de la procédure à son aboutissement, dix mois plus tard, elles répondent à chaque exigence de la commission, qui leur demande de lui transmettre toutes les pièces qui pourraient appuyer leurs témoignages.

    La #formation_de_jugement, c’est-à-dire le jour où la commission auditionne les différentes parties prenantes, a lieu le 15 décembre. Chacune son tour, les deux amies sont convoquées pour une confrontation avec l’étudiant qu’elles incriminent, en présence des membres de la commission. Mais l’#audition prend la tournure d’un « #interrogatoire », assurent-elles. Elles en ressortent abattues, ayant abandonné la possibilité d’une éventuelle exclusion du jeune homme. Elles espèrent toutefois encore qu’il écopera au minimum d’un #blâme. Le jugement tombe le 22 décembre : l’étudiant est relaxé par la #commission_disciplinaire de l’université. Contactée, la présidente de cette commission n’a pas souhaité s’exprimer sur l’affaire.

    « Certaines questions posées sont scandaleuses »

    Le parcours d’Elise et Marie illustre certaines #défaillances des #procédures_disciplinaires dans l’#enseignement_supérieur en matière de violences sexistes et sexuelles. Ces commissions sont composées de deux professeurs, de deux maîtres de conférences, de représentants du personnel (et de six élus étudiants quand ce sont des usagers qui sont jugés). Elles peuvent être amenées à se prononcer sur de la tricherie aux examens, des actes de vandalisme, des propos racistes… et sur des signalements de violences sexistes et sexuelles.

    Ces sujets, particulièrement délicats, « demandent un accompagnement spécifique », explique Myriam Espinasse, de l’#Observatoire_étudiant_des violences_sexuelles_et_sexistes dans l’enseignement supérieur, une association dont le rôle est de recenser et sensibiliser sur ces #violences. Pour elle, le principal problème de ces commissions réside dans le manque de formation de leurs membres, dont peu ont assisté à des modules ou des conférences sur le sujet.

    « Enormément de #maladresses sont commises, avec des propos parfois très violents. »
    Myriam Espinasse, membre de l’Observatoire étudiant des violences sexistes et sexuelles dans l’enseignement supérieur, à franceinfo

    « Certaines questions posées par ces commissions d’enquête disciplinaire sont scandaleuses. On a demandé à plusieurs victimes comment elles étaient habillées, si elles avaient consommé de l’alcool… » confirme Camille, membre du #Collectif_de_lutte_antisexiste_contre_le_harcèlement_dans_l'enseignement_supérieur (#Clasches), association créée à l’initiative de doctorantes qui souhaitent garder l’anonymat.

    Souvent, les étudiant(e)s sont contraintes de répéter les faits au cours d’entretiens préalables au jugement. Un traumatisme de plus pour les victimes, qui, à chaque fois, « revivent les violences qu’elles ont subies », analyse Myriam Espinasse. A Montpellier, Elise et Marie ont ainsi été entendues deux fois par la commission avant le jour du jugement, et ce, malgré leurs dépôts de plaintes et un témoignage écrit détaillé versé par Elise, qui auraient pu être considérés comme des pièces suffisantes pour circonstancier leurs récits. Elles disent avoir eu le sentiment de devoir se justifier, à chaque reprise, face aux membres des commissions.

    Le jour du jugement restera dans leur mémoire comme un moment traumatisant. Elise et Marie assurent s’être retrouvées en confrontation directe avec leur agresseur présumé, assis « à une chaise d’écart », se souvient la première. « La séance s’est transformée en une heure de réinterrogatoire à la fin duquel un élu étudiant [membre de la commission] m’a dit : ’Moi, je n’ai toujours pas compris pourquoi il aurait voulu vous faire du mal ? Quelle est la raison à votre avis ?’ » affirme la jeune femme. Elle raconte avoir alors fondu en larmes.

    « Aujourd’hui, je ne conseillerais à aucune victime de se lancer dans cette procédure, qui a été une violence de plus. »
    Elise, étudiante à Montpellier à franceinfo

    Difficile à affronter pour les victimes, la procédure disciplinaire pèche aussi par son #opacité. En pratique, il suffit d’une simple lettre du président de l’université à la commission pour saisir la #section_disciplinaire. Mais, dans les faits, « les sections ne sont pas suffisamment saisies », constate Delphine Gassiot-Casalas, présidente de Jurisup, le réseau des affaires juridiques de l’enseignement supérieur. Et, quand les faits remontent jusqu’au président, « il peut considérer que le dossier n’est pas suffisamment étayé pour poursuivre ».

    Des procédures longues et aléatoires

    Certains rechignent ainsi à lancer des procédures disciplinaires en l’absence de plainte au pénal, selon les associations interrogées. Pourtant, les deux procédures sont décorrélées : l’une peut être lancée sans l’autre, et vice-versa. Lise Lerichomme, déléguée à l’égalité femmes-hommes et à la lutte contre les discriminations de genre à l’université d’Amiens, insiste sur cette distinction. « La reconstruction des étudiants peut passer par l’accompagnement de notre institution et pas forcément par celui de l’institution judiciaire, qui a son fonctionnement propre », appuie-t-elle. D’autant que le disciplinaire est censé être plus rapide que le pénal. Reste qu’en pratique, le jugement peut mettre des mois à être prononcé. « Facilement un an, tranche Myriam Espinasse. Dans la temporalité d’une victime, c’est terrible : ça veut dire qu’elle croise son agresseur tous les jours. »

    Des mesures conservatoires peuvent être prises par le président de l’université dans l’attente du jugement. A Montpellier, le président a ainsi imposé à l’agresseur présumé d’Elise et Marie de suivre les cours à distance pendant deux mois. Mais les situations peuvent être plus aléatoires. A l’université de Lorraine, où, selon nos informations, une procédure a été lancée par une étudiante en décembre 2019 contre un de ses enseignants pour des propos sexistes et dégradants à son encontre, aucune mesure conservatoire n’a été mise en place pour éloigner le professeur en question.

    Franceinfo a pu consulter plusieurs pièces du dossier dans lesquelles l’étudiante fait état d’une série de commentaires ouvertement sexuels, faisant référence à son corps et à sa tenue vestimentaire. Pendant toute la durée de la procédure, la jeune femme devait continuer à se rendre aux cours de cet enseignant, « alors qu’il était pertinemment au courant qu’elle avait fait un signalement à son encontre », assure une partie prenante du dossier, sous couvert d’anonymat. Et de souligner que l’étudiante aurait fait face à des « allusions répétées, déplacées et humiliantes » et se trouvait dans un « état psychologique grave ». A ce jour, ni la jeune femme, ni les multiples témoins – étudiants et enseignants – ayant été entendus dans cette affaire en octobre n’ont été notifiés du jugement de la commission.
    « Des relances qui restent sans nouvelles »

    Globalement, les victimes sont peu informées des différentes étapes de la procédure et de leurs droits. Dans certaines universités, « c’est un combat régulier, avec des relances qui restent sans nouvelles. On sait qu’il y a une enquête mais on ne sait pas quand elle va aboutir », regrette Camille, du Clasches.

    En outre, certains aspects fondamentaux de la procédure ne sont pas clairement expliqués aux victimes, qui commettent parfois des erreurs pouvant leur coûter cher. Ainsi, Elise et Marie affirment avoir fourni, à la demande de la commission, toutes les pièces qui pourraient appuyer leurs témoignages… sans savoir qu’elles seraient consultables par la partie adverse. Elles regrettent de ne pas avoir été informées dès le départ de ce point pourtant important.

    De même, peu de victimes savent qu’elles ont, depuis peu, le droit de venir accompagnées de la personne de leur choix, y compris un avocat, le jour de la formation de jugement, et ce, depuis la loi n°2019-828 du 6 août 2019 de transformation de la fonction publique. Quant aux jugements des différentes commissions, ils sont souvent difficiles à consulter. Les établissements ont l’obligation de les afficher pendant deux mois dans leurs bâtiments (de manière anonymisée dans la grande majorité des cas). Ils sont toutefois rarement disponibles sur les sites des universités, ce qui constituerait pourtant un élément d’information essentiel pour les victimes : elles pourraient ainsi comparer les procédures précédentes avant d’en lancer une elles-mêmes. Certaines universités se montrent plus transparentes que d’autres, à l’instar de l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, qui a publié sur son site internet le détail de sa procédure et l’ensemble des décisions prises entre 2016 et 2019.
    « On est des juges de pacotille »

    Ce cadre est particulièrement attendu. Car, selon nos interlocuteurs, les membres des commissions disciplinaires se montrent souvent frileux dans leurs jugements et peinent à sanctionner fermement. « Les enseignants-chercheurs membres de ces commissions ne se sentent pas armés pour prendre des sanctions qui vont impacter la carrière d’un collègue qu’ils croisent tous les jours dans les couloirs », pointe Delphine Gassiot-Casalas. C’est là l’un des grands reproches formulés à ces commissions : des pairs jugent des pairs, avec toute la partialité que cela peut impliquer.

    En outre, certains professeurs et maîtres de conférences ne se sentent souvent pas assez rodés dans leur connaissance des procédures. « On est légitimes pour les affaires de triche et de plagiat, commente Didier Peltier, président de la commission disciplinaire de l’université d’Angers, mais quand on se retrouve face à des affaires de type sexuel, là, on est très mal à l’aise. Ce n’est pas notre métier : nous, on est des juges de pacotille. » Auteur d’un article sur la répression disciplinaire du harcèlement sexuel à l’université, Alexis Zarca, maître de conférences en droit public à l’université d’Orléans, milite pour que l’on accorde aux membres des commissions un temps dédié à l’instruction disciplinaire. « C’est une charge quasi bénévole pour eux et dieu sait que les universitaires assurent déjà beaucoup de missions en plus des leurs », insiste-t-il.

    Les universités prennent toutefois peu à peu conscience de la nécessité de prononcer des sanctions dissuasives et exemplaires. Certaines décisions récentes sont encourageantes, comme à l’université Jean-Jaurès de Toulouse, où deux professeurs ont été exclus définitivement de l’enseignement supérieur pour harcèlement sexuel et moral. Il aura tout de même fallu près de douze témoignages contre eux. A l’université de Lorraine, en revanche, l’enseignant visé par le signalement d’une étudiante n’a pas été sanctionné et continue d’exercer, selon nos informations, l’université ayant refusé de nous transmettre une copie de la décision.

    Du côté du Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche (Cneser), qui peut être saisi en appel, la tendance n’est pas non plus à la sévérité. Selon une étude de l’agence de presse spécialisée AEF info, qui a consulté les comptes-rendus des décisions du Cneser disciplinaire publiés entre janvier 2008 et juillet 2019, l’instance aurait même tendance à amoindrir la sanction. Au total, 42,3% des décisions de jugement au fond allègent la sanction d’origine.
    Dépayser les affaires les plus graves ?

    Dès lors, comment faire en sorte que la procédure disciplinaire ne soit plus un chemin de croix pour les victimes ? Certaines universités ont décidé de prendre le problème à bras le corps, comme à Amiens, qui fait preuve, depuis quatre ans, d’un volontarisme très fort en matière de violences sexistes et sexuelles. Pour faciliter la parole des victimes, un référent a été mis en place dans chaque UFR de la faculté. Un groupe de travail préalable à la commission disciplinaire complète le dispositif. Cette « cellule restreinte » se réunit dans les 48 heures en cas de signalement pour prendre connaissance de la situation et décider, ou non, de lancer une commission. Une formation sera bientôt dispensée à l’ensemble des membres du disciplinaire, avec l’objectif d’en finir avec l’idée qu’il faut absolument une confrontation de la victime avec son agresseur.

    D’autres pistes d’amélioration avaient été avancées dès 2019, lors d’un colloque de Jurisup (lien abonnés) sur les questions liées au disciplinaire dans l’enseignement supérieur. Face aux risques de partialité des commissions disciplinaires locales, la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, avait proposé en 2019 (lien abonnés), à l’occasion du « Grenelle contre les violences conjugales », de « dépayser les affaires les plus sensibles pour qu’elles ne soient pas jugées au sein de leurs établissements et qu’ainsi tout soupçon de laxisme soit écarté ». Delphine Gassiot-Casalas défend, elle, la création d’une instance nationale dans laquelle des membres du personnel plus professionnalisés jugeraient les contentieux les plus sensibles. Dans le but d’avoir, enfin, des sanctions à la hauteur des faits dénoncés.

    * Les prénoms ont été modifiés

    https://www.francetvinfo.fr/societe/harcelement-sexuel/enquete-violences-sexuelles-a-l-universite-pourquoi-les-procedures-disc

    #facs #ESR #sexisme

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    ajouté à la métaliste sur le #harcèlement_sexuel à l’université :
    https://seenthis.net/messages/863594

    ping @_kg_

  • Forum ouvert : « Faut-il en finir avec le #Libre ? » – @LaDerivation
    Au-delà de toutes les réussites du mouvement du Libre, nous avons le sentiment qu’à se focaliser sur les libertés, nous en avons oublié de penser l’émancipation et la #justice. L’open source est au sommet du « in » : #Microsoft fait du #Linux et la startup nation y justifie ses « crédits impôts recherche ». À s’être concentré·es sur les droits des #logiciels, la responsabilité sociale des logiciels libres en est restée flou. À hésiter sur les stratégies de financement, des outils cruciaux peinent à être maintenus, pendant que d’autres perdent leur âme dans la course aux investisseurs, aux rachats et aux #business models douteux. On peine à renouveler nos forces, en terme de nombre et de sortie de l’entre-soi. On a du mal à accueillir celles et ceux qui franchissent la porte, et on a arrêté de compter les cas de #harcèlement, à plus ou moins grande échelle. Pour régler le problème de #Doctolib, recoder un équivalent libre tient du réflexe, mais pourquoi ne pas faire campagne pour sa nationalisation, une libération du #code et sa maintenance par « la sécu » ?
    Des modes d’#action conçus il y a 30 ans sont-ils encore adaptés aujourd’hui ? S’il ne sert qu’à consolider les #pouvoirs en place, faut-il tout simplement en finir avec le Libre… ou a-t-il une chance de se transformer en #lutte #collective, réelle composante d’un mouvement #social plus large ?
    https://xn--drivation-b4a.fr/evenement/forum-ouvert-faut-il-en-finir-avec-le-libre

  • « Nous voulons exprimer ici notre solidarité avec les universitaires français », par #Angela_Davis, #Gayatri_Spivak, #Achille_Mbembe...

    Dans une tribune que nous publions en exclusivité, des intellectuels du monde entier, dont l’américaine Angela Davis, l’indienne Gayatri Spivak ou le camerounais Achille Mbembe, dénoncent les #attaques de Frédérique Vidal.

    Nous voulons ici exprimer notre solidarité avec les universitaires, activistes et d’autres producteurs de savoir, qui, en France sont visés par les déclarations faites en février 2021 par Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. Elle y dénonce « l’#islamo-gauchisme » et son effet de « #gangrène » sur la France, et appelle à une enquête au sein du CNRS et de l’université. Les travaux en question analysent et critiquent le #colonialisme et le #racisme, et soutiennent des projets décoloniaux, antiracistes et anti-islamophobes au sein de l’académie comme dans l’espace commun. Les déclarations de Vidal montrent l’embarras de l’État devant ces défis, et, partant, la volonté de les réprimer plutôt que de s’y intéresser.

    Les intentions de l’État apparaissent dans le langage utilisé. Le terme relativement nouveau d’« islamo-gauchisme » reflète une convergence beaucoup plus ancienne d’#idéologies de droite, coloniales et racistes opposées aux luttes anticoloniales, anti-islamophobes et antiracistes.

    Vidal affirme que la critique anticoloniale, décoloniale et postcoloniale, antiraciste, anti-islamophobie, l’#intersectionnalité, ainsi que les analyses féministes et queer décoloniales, sont des importations étrangères depuis les universités américaines.

    Une image blanchie de la République

    Elle ignore que la théorie décoloniale s’est développée à #Abya_Yala (Amérique latine), la théorie postcoloniale en #Inde, et que les femmes et les queers dans les luttes anticoloniales et antiracistes ont toujours pensé aux liens entre toutes ces #relations_de_pouvoir. Vidal oublie également que la théorie postcoloniale et décoloniale est redevable aux travaux antérieurs d’auteurs francophones racisés et du sud, tels que #Frantz_Fanon, #Aimé_Césaire et d’autres.

    Ce faux récit et ces actes de #répression retirent effectivement la France d’un débat mondial animé et urgent. Ils soumettent les universitaires racisé.e.s - déjà peu nombreux.ses et marginalisé.e.s - qui produisent des études critiques sur le colonialisme, l’#islamophobie, le #racisme_anti-noir, etc., ainsi que leurs allié.e.s, à des risques encore plus importants.

    L’attaque contre les universitaires et activistes progressistes et radicaux cherche à tout prix à préserver « l’#exceptionnalisme_français » et une image blanchie de la République lavée des vérités qui dérangent. Il s’agit notamment du fait que la #France reste une #puissance_coloniale (par exemple à la Réunion, en Guadeloupe, en Martinique, en Guyane, aux Iles des Saintes, la Désirade, Mayotte, en Nouvelle-Calédonie, etc.), et néocoloniale en termes de relations économiques, politiques et militaires avec les anciennes colonies.

    Cette #mentalité_coloniale se manifeste dans les structures de gouvernance de la France, en particulier vis-à-vis des citoyen.ne.s et des immigré.e.s racisé.e.s, comme en témoignent des mesures comme la dissolution du #CCIF (#Collectif_contre_l’islamophobie_en _France), et un ensemble de #lois telles que : la loi contre le port du voile ; les lois sur l’immigration ; la loi islamophobe contre le « #séparatisme » qui menace toutes les formes d’autonomie ; le projet de loi en cours d’adoption sur la « sécurité globale », qui légaliserait et institutionnaliserait la surveillance de masse, y compris au moyen de drones ; la loi interdisant de filmer les brutalités policières ; la loi (maintenant abrogée) qui exigeait que le #colonialisme ne soit enseigné que comme le décidait l’État ; lois antiterroristes abusives et discriminatoires ; et d’autres. Ces mesures visent à « intégrer » de force les populations suspectes dans des rôles de subordonnés au sein de la société française.

    Lois répressives et enquêtes internes

    C’est précisément la critique de cette #histoire_coloniale, de ce qui s’en perpétue, avec le racisme, et l’islamophobie, que l’État souhaite censurer et rendre invisible.

    Une partie de la gauche blanche, ainsi que des féministes qui ne font aucune analyse anticoloniale, anti-islamophobe et antiraciste, sont également des complices de l’#invisibilisation de l’#oppression_coloniale et du #racisme, en fournissant des #rationalisations_idéologiques au #racisme_structurel porté également par l’État. Cela aussi montre l’incohérence du terme « islamo-gauchisme ».

    La répression en France n’est pas isolée. Au Brésil, en Turquie, en Hongrie, en Pologne, aux États-Unis, en Inde et dans d’autres pays, nous assistons à la montée de la #répression_du_savoir, des études, et de mouvements sociaux critiques par des gouvernements néolibéraux, de droite et autoritaires.

    Mais partout où il y a de la répression, il y a également des formes de #résistance en réseau avec des chaînes mondiales de solidarité.

    La déclaration de Vidal et l’enquête envisagée sont apparues dans un contexte où, à la fois à l’université et dans les rues, s’est exprimée énergiquement la volonté de lutter contre l’#injustice_coloniale, raciale et économique. Par exemple, en France, les manifestations pour la défense d’#Adama_Traoré, et d’autres manifestations antiracistes dans le monde après le meurtre de George Floyd sont des formes courageuses d’#engagement qui ne peuvent qu’inquiéter Vidal et tous ceux qui l’encouragent et la soutiennent. Les lois répressives et les enquêtes n’arrêteront ni cette production de savoir, ni ces recherches, ni ces mouvements.

    En tant que chercheurs et activistes internationaux, nous nous engageons à être solidaires de nos homologues de France. Nous nous engageons à suivre attentivement la situation, à faire connaître les cas de répression à l’échelle mondiale, à inviter ceux qui sont confrontés à la répression et à la censure à s’exprimer dans nos pays, à co-rédiger des essais avec elles et eux et à les aider à traduire leur travail, à co-encadrer des étudiant.e.s et des jeunes collègues, et à s’engager dans d’autres formes de collaboration qu’elles et ils désirent.

    "1. Talal Asad, Professor of Anthropology Emeritus, Graduate Center, City University of New York""2. Paola Bacchetta, Professor, UC Berkeley""3. Homi K. Bhabha, Anne F. Rothenberg Professor of the Humanities, Harvard University""4. Angela Y Davis, Distinguished Professor Emerita, University of California, Santa Cruz""5. Gina Dent, Associate Professor, Feminist Studies, History of Consciousness, and Legal Studies. University of California, Santa Cruz""6. Roxane Dunbar Ortiz, Historian and Author""7. Nick Estes, Assistant Professor of American Studies, University of New Mexico""8. Miriam Grossi, Professor at Federal University of Santa Catarina – Brazil""9. Jin Haritaworn, Associate Professor, York University, Toronto""10. Azeezah Kanji, Legal academic and Journalist""11. Robin DG Kelley, Distinguished Professor and Gary B. Nash Endowed Chair in U.S. History, UCLA""12. Nelson Maldonado-Torres, Professor and Director, Rutgers Advanced Institute for Critical Caribbean Studies, Rutgers University""13. Achille Mbembe, University of the Witwatersrand, Johannesburg""14. Walter D Mignolo, William H. Wannamaker Distinguished Professor of Romance Studies and Professor of Literature, Duke University""15. Trinh T. Minh-ha, Professor of the Graduate School, Departments of Gender & Women’s Studies and of Rhetoric, UC Berkeley""16. Chandra Talpade Mohanty, Distinguished Professor of Women’s and Gender Studies & Dean’s Professor of the Humanities, Syracuse University""17. Cherrie Moraga, Poet, Playwright-Director, Educator, Activist""18. David Palumbo-Liu, Professor, Stanford University""19. Shailja Patel, Activist, Writer. US/Kenya""20. Vijay Prashad, Executive Director, Tricontinental : Institute for Social Research""21. Jasbir Puar, Professor, Rutgers University""22. Kamila Shamsie, Novelist and Professor of Creative Writing, University of Manchester""23. Gayatri Chakravorty Spivak, University Professor, Columbia University""24. Keeanga-Yamahtta Taylor, Assistant Professor & Charles H. Mcilwain University Preceptor, Princeton University""25. Amina Wadud, National Islamic University, Yogjakarta"

    Les autres signataires :
    https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLSc46U844ETt0fBsq-6v9n1pcaVIx_U8LLMiU16VpMo5NwgU_w/viewform

    https://www.nouvelobs.com/idees/20210317.OBS41524/nous-voulons-exprimer-ici-notre-solidarite-avec-les-universitaires-franca

    #solidarité #solidarité_internationale #université #ESR #France #recherche #Spivak #Mbembe #Vidal #Frédérique_Vidal

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    Ajouté à ce fil de discussion :
    https://seenthis.net/messages/902062

    ping @isskein @karine4 @cede @i_s_ @_kg_

  • Penser la propreté urbaine hors contexte électoral
    https://metropolitiques.eu/Penser-la-proprete-urbaine-hors-contexte-electoral.html

    La propreté urbaine, critère déterminant de la qualité de vie, n’est évoquée qu’à l’occasion d’élections. Sara Bellamine, Sabine Bognon et Daniel Florentin observent cependant l’émergence de cadres structurels d’action et de gouvernance, renouvelant ainsi sa prise en charge par les collectivités. La question de la propreté urbaine est enserrée dans un triptyque étroit. D’abord, chaque scrutin municipal est l’occasion de refrains électoralistes dénonçant la saleté de telle ou telle ville. Ensuite, la mise en #Terrains

    / propreté, #collectivités_locales, #politiques_urbaines, #élections

    #propreté
    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_bellaminebognonflorentin.pdf

  • Penser le politique par les #déchets

    Instruments et territoires de la gouvernance des déchets au #Liban
    Instruments and spaces of waste governance in Lebanon
    Jihad Farah et Éric Verdeil

    –—

    Réparer, recoudre, restaurer… Des collectivités locales en tâtonnement
    Repair, sew up, restore… Local communities in the process of trial and error
    Julie Gobert et José-Frédéric Deroubaix

    –---

    #Récup', #glanage, #zéro_déchet : une nouvelle conception du politique ?
    Recycling, gleaning, zero waste : a new conception of politics ?
    Isabelle Hajek

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    La triple politisation de la #tarification_incitative. Rapports de force, réagencements et effets d’un instrument politique
    The triple politicization of incentive pricing. Power relations, rearrangements and effects of a political instrument
    Kevin Caillaud et Renaud Nougarol

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    De la réglementation aux relations d’affaires, actions et instruments de publicisation de la gestion des #gravats [Texte intégral]
    From regulations to business relations, actions and publicity tools for rubble management
    Laëtitia Mongeard

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    Service public ou communs ? Les limites mouvantes de la #gestion_des_déchets dans les pays du Sud
    Public service or Commons ? Shifting boundaries of solid waste management in the Global South
    Mathieu Durand, Jérémie Cavé et Irène Salenson

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    Quand les déchets bousculent la politique locale d’une ville intermédiaire en crise (#Dolisie, #Congo)
    Une approche par la recherche – action
    When waste upsets the local politics of an intermediate city in crisis (Dolisie, Congo). A research - action approach
    Adeline Pierrat, Florian Marchadour et Renaud Colombier

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    The politics of waste picking : reflections from the upscaling of a co-management model for recyclable waste in Buenos Aires (Argentina) [Texte intégral]
    Les politiques de #collecte_des_déchets : réflexions de la montée en gamme d’un modèle de #cogestion des #déchets_recyclables à #Buenos_Aires (#Argentine)
    Sebastián Carenzo et Santiago Sorroche

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    Faire collectif avec les déchets : essai sur l’ordre public #rudologique
    Working collectively with waste : an essay on rudological public order
    Rémi Barbier

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    La politisation des déchets en #Campanie. Conversation à trois voix
    Entretien avec #Claudia_Cirelli et #Fabrizio_Maccaglia
    The politicization of waste in Campania. Three voices conversation
    Marco Armiero, Giacomo D’Alisa et Salvatore Paolo De Rosa

    https://journals.openedition.org/geocarrefour/16173

    #revue

  • 17 avril 2021
    Nouvel appel à agir contre la réintoxication du monde

    Agir 17

    https://lavoiedujaguar.net/17-avril-2021-Nouvel-appel-a-agir-contre-la-reintoxication-du-monde

    Après les vagues d’actions des 17 juin et 17 novembre 2020, une constellation de syndicalistes, paysan·ne·s, ZAD, associations, territoires en luttes, espaces autogérés, coopératives ont décidé d’un appel commun pour le 17 avril 2021. Plus d’une centaine de collectifs des quatre coins du pays sont ainsi déjà engagés dans une nouvelle vague d’actions, blocages, rassemblements et occupations contre des lieux de production, chantiers, projets et infrastructures toxiques. Voici leur appel et la liste des premiers signataires.

    En mai dernier, à la sortie du premier confinement, alors que la machine économique et productiviste se réemballait de plus belle, un appel à agir contre la réintoxication du monde a été lancé et suivi par des dizaines de groupes à travers le pays. Le 17 juin, plus de 70 actions, occupations, blocages se sont déployés simultanément. Depuis, des collectifs se sont constitués, des résistances, un temps en pause, se sont réveillées, des projets destructeurs ont été arrêtés. Cette journée a matérialisé un rebond des luttes de terrain face à l’expansion dramatique de la crise écologique et au cynisme patent de « nos dirigeants ». De nouveau le 17 novembre dernier, malgré les obstacles et interdictions, des mobilisations aux quatre coins du pays sont parvenues à percer les murs du confinement.

    Une constellation de collectifs impliqués dans la « dynamique des 17 », réunie le 20 janvier dernier, a décidé d’un appel commun à une nouvelle journée d’actions le samedi 17 avril. (...)

    #appel #agir #réintoxication #confinement #collectifs #constellation #luttes #résistance #mobilisation

  • Comment le Triangle de #Gonesse devint une ZAD
    https://metropolitiques.eu/Comment-le-Triangle-de-Gonesse-devint-une-ZAD.html

    Après l’abandon du projet de centre commercial et de loisirs EuropaCity fin 2019, le maintien d’un projet de gare du Grand Paris Express dans les champs du Triangle de Gonesse cristallise les oppositions autour d’une nouvelle « #zone_à_défendre » en bordure de la capitale. Dimanche 7 février 2021, une petite centaine de personnes, membres du Collectif pour le Triangle de Gonesse (ci-après CPTG ou le collectif) et sympathisants à la cause que cette association défend depuis 2011, ont entamé #Débats

    / Gonesse, #écologie, #Île-de-France, #mobilisation, zone à défendre

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met-tonnelat3-2.pdf

  • #Villeurbanne : #procès de l’Ile égalité, rassemblement de soutien
    https://fr.squat.net/2021/02/23/villeurbanne-proces-de-lile-egalite-rassemblement-de-soutien

    Vendredi 26 février 2021, rassemblement à 8h30 au tribunal de Villeurbanne. L’île égalité, lieu d’hébergement et de solidarités du #Collectif_Solidarités_Cusset, est en danger. Après 3 mois d’existence , de rénovation, d’activités et de rencontres, la survie du lieu est menacée par une décision de justice. Appel à soutien ! Après un premier report, […]

    #4-6_rue_de_l’égalité #Cusset #Lyon #l’Île_Egalité

  • Comment le #maquillage peut nous protéger de la #reconnaissance_faciale ?
    https://www.ladn.eu/mondes-creatifs/maquillage-camouflage-devient-une-arme-anti-surveillance

    Dans les rues de Londres, le collectif anti-surveillance The Dazzle Club milite silencieusement et à couvert. Son arme de prédilection ? Le maquillage asymétrique pour tromper les dispositifs biométriques de reconnaissance faciale. Trois de ses fondatrices, Emily Roderick, Georgina Rowlands et Anna Hart, nous racontent.

    Août 2019. Le quartier de King’s Cross à Londres prévoit de déployer un système de #caméras de #surveillance utilisant la reconnaissance faciale sans consulter les #habitants. Les masques ne font pas encore partie de leur quotidien, mais le #collectif d’artistes The #Dazzle_Club s’interroge : « peut-on encore être libres dans l’espace public ? »

    Affublées de maquillages mystérieusement graphiques, Emily Roderick, Georgina Rowlands, Anna Hart et Evie Price se mettent alors à marcher, en silence, dans les rues de la capitale. Derrière la performance artistique se cache une véritable technique de camouflage, CV Dazzle, développée en 2010 par le chercheur Adam Harvey. Le but ? Protéger nos visages des algorithmes de reconnaissance faciale.

  • Ce soir j’entends à la radio au journal un truc bouleversifiant : nous sommes tous des "acteurs de santé" . Après 11 mois tel est le pari proclamé par le gouvernement.

    #collectivisme

    ah ben non, c’est parce qu’on a été « héroïques » lors des fêtes ( dixit Attal, qui promettait un « confinement serré » la semaine dernière) et que c’est comme ça qu’elles ont pas donné lieu à un rebond épidémique que la preuve est faite qu’en février (écoles fermées en alternance) on peut faire aussi bien.

    • Héroïques comme les soignants de moins de 5o ans pas vaccinés ?
      « Vaccinons tous les soignants ! » Philippe Bizouarn, Médecin anesthésiste-réanimateur à l’hôpital Laennec de Nantes, membre du Collectif Inter-Hôpitaux.
      https://justpaste.it/9f028

      Si l’on juge que la vaccination de tous les soignants n’est pas une priorité, alors les procès en irresponsabilité et les accusations d’abandon de poste ne peuvent se justifier (...)

  • Quand les #communes_rurales suppléent l’#Éducation_nationale
    https://www.banquedesterritoires.fr/quand-les-communes-rurales-suppleent-leducation-nationale

    C’est l’histoire d’une petite commune rurale. Ou plutôt de deux. Non, en fait, elles sont trois. Ou quatre. À la vérité, elles sont des centaines. Voire des milliers. Des milliers de communes rurales qui ont perdu leur #école. Ces quinze dernières années, le nombre d’établissements publics a baissé de quelque six mille. Par #décisions_comptables. Prises là-haut, au ministère. À Paris. Les enfants de ces communes vont toujours à l’école. Mais plus loin. Ailleurs. Seulement, la fermeture d’une école rurale ne se résume pas à une équation où l’on ferait entrer un car de ramassage et le forfait communal. « Chaque fermeture a un effet dévastateur. » C’est David Djaïz, directeur de la stratégie et de la formation de l’Agence nationale de la #cohésion_des_territoires, qui le dit lors du séminaire « Nos #écoles_rurales ont de l’avenir ! » organisé par la fondation Kairos pour l’innovation éducative à l’Institut de France le 27 janvier 2021. À l’inverse, rouvrir une école, c’est faire revivre un village. Attirer de nouveaux habitants. Retisser du lien social. Enclencher une dynamique économique même. Une véritable résurrection. Lors du même séminaire, de nombreux élus ont témoigné de la résurrection de leur commune rurale grâce à la réouverture d’une école. Leur point commun ? Ils se sont tous débrouillés sans l’Éducation nationale.

    […] Élus, habitants, associations. Sur les territoires ruraux, tout le monde fait bloc. Mais le succès de ces entreprises attirent un invité surprise. Pas le bienvenu. Le #PLUI. Plan local d’urbanisme intercommunal. Sophie Gargowitsch : « La seule chose que nous n’avions pas mesurée a été l’incidence sur l’habitat. Tout ce qui était disponible a été complété. Nous ne pouvons plus construire et nous sommes bloqués par le PLUI, une compétence sur laquelle je n’ai plus la main. Les grandes communes ont tendance à tirer la couverture à elles en matière de construction. Dans les zones rurales, nous avons parfois la sensation d’être des habitants de seconde zone. » Gilbert Chabaud abonde : « On n’a plus de parcelles à vendre. Toutes les maisons ont été réhabilitées. Et dans le cadre du PLUI, il ne faut pas rêver, on n’aura rien. » Valentin Josse résume l’inquiétude des élus ruraux : « Il faudra faire très attention à la façon dont sera traitée l’idée du ’zéro #artificialisation nette’ (ZAN). Cela risque d’être un nouveau coup de poignard et une fracture entre les métropoles et le monde rural. Si on applique strictement ce ZAN, on tue la ruralité. »

    En attendant de régler cette question, les revendications des maires ruraux en quête d’école portent d’abord sur le droit à la différentiation en matière scolaire. Anne Coffinier, fondatrice de la Fondation Kairos et présidente de l’association Créer son école : « Nous avons de plus en plus d’appels de maires ruraux qui veulent créer des écoles et désirent être accompagnés. L’Éducation nationale doit accepter plus de dérogations et d’expérimentations, et renoncer à des approches du haut vers le bas pour contractualiser et accepter que les #collectivités_locales ne soient pas simplement des payeurs. » Elle réclame deux évolutions. Assouplir la règle des cinq ans d’expérience dans l’enseignement pour pouvoir diriger une école hors contrat : « Dans une école à classe unique de quelques élèves, ce qui compte est d’ouvrir avec quelqu’un qui soit compétent académiquement. » Et revenir sur l’interdiction de financement par la collectivité : « Nous sommes dans une logique de substitution. Il est absurde de payer 50 à 60.000 euros de forfait communal pour scolariser des enfants dans une commune voisine. Avec cette somme, on peut ouvrir une école. Si on veut que la ruralité vive, il faut faire preuve de souplesse. »

    #montesori #ANCT

  • Conversations de femmes actives en milieu rural

    Les femmes des territoires ruraux européens travaillent, vivent, créent, innovent, se transforment et changent leur environnement. Elles brisent les stéréotypes qui les limitent, essayent de changer l’image qui les caractérise à tort.
    Plus de 150 femmes impliquées dans le projet NetRaw sont originaires de 3 pays européens, 3 régions différentes. Elles ont des parcours d’éducation et de travail complètement différents, des expériences et des compétences, elles ont participé à un certain nombre d’activités dans l’éducation, la recherche, le réseautage et la co-conception. Elles ont apporté leurs multiples connaissances et leurs idées et ont laissé un impact positif retentissant.
    Le résultat le plus intéressant du projet est l’émergence du fait que les femmes rurales aujourd’hui, contrairement aux stéréotypes plus larges qui existaient à leur sujet, ont beaucoup progressé. Elles sculptent un présent créatif, plein d’idées, d’efforts, de travail, de participation, d’action, d’innovation, de solidarité sociale, de valeurs et de sourires.
    Elles ont construit des réseaux locaux de dialogue qui génèrent de nouvelles idées et propositions. Elles sont prêtes à apprendre, à partager, à agir par elles-mêmes, à fournir des solutions. Ensemble avec d’autres femmes, ensemble avec des personnes positives au sein de leur réseaux, elles exploitent et promeuvent l’essentiel et les valeurs, elles recherchent encore plus un futur créatif.
    Dans cette exposition, résultat du projet NetRaw, nous voyageons en faisant un périple à travers le parcours de vie de 12 femmes et collectivités de femmes des territoires ruraux européens. A travers leurs regards nous pouvons voir un présent et un futur créatifs, basés sur leurs valeurs, leur capacité de changement, la coopération et la solidarité. Dans cette exposition, nous sommes les témoins oculaires d’un dialogue ouvert, honnête et productif entre ces femmes qui agissent comme ambassadrices de leurs territoires.
    A travers leurs portraits, leurs vies et leurs propositions, ces 12 femmes et collectifs de femmes, développent une conversation à deux, ouverte et fluide, sur la diversité, le bien-être, la coopération, l’audace, la créativité et les droits des femmes.
    De même elles nous invitent à participer à ce dialogue en y répondant…

    http://www.ruralactivewomen.eu/photo-exhibition

    thèmes :
    #diversité
    #bien-être
    #audace
    #créativité
    #droits_des_femmes
    #collectifs_de_femmes

    #exposition #photographie #femmes #femmes_rurales #rural #récit
    ping @nepthys

    • NetRAW project : #Network_for_Rural_Active_Women

      Le programme européen de recherche et de formation intitulé NetRaw : Network for Rural Active Women project (Erasmus + partenariat Stratégique, Éducation des adultes ) a pour objectif principal de capitaliser des pratiques, donner accès à des ressources de formation et d’accompagnement aux femmes rurales habitant dans les espaces ruraux méditerranéens (Espagne, France, Grèce).

      En effet, les espaces ruraux méditerranéens sont en profondes mutations depuis la fin du 20ième siècle. Ils sont passés d’espaces de mono activité agricole à des territoires en transition écologique, culturelle, sociale et entrepreneuriale. Dans ce contexte les relations entre ruraux et urbains les rapports sociaux de sexe présents sur ces territoires (émancipation des femmes, reconnaissance de leurs droits en tant qu’entrepreneures) se sont transformés. Malgré ces transformations, des stéréotypes sur les femmes rurales sont encore très prégnants dans les imaginaires collectifs, associant les femmes à une image désuète (la campagne ringarde).

      Face à ces constats, l’Université de Grenoble Alpes, (CERMOSEM, pilote de ce projet), en lien avec trois partenaires (Grains d’ici en Ardèche, Resilience Earth en Catalogne, Ergani Center en Thessalonique), a construit, en collaboration principale avec le collectif local de femmes rurales ardéchois les Odettes, un programme de recherche-formation collaborative. Axé sur trois champs principaux, il permettra : d’analyser les pratiques réciproques des collectifs de femmes rurales en Europe ; d’identifier les stéréotypes de genre (médias) ; d’élaborer des outils de communication pour faire changer le regard sur les femmes rurales.

      Les partenaires ont choisi une méthodologie de recherche-action collaborative et participative visant à relater les transformations actuelles. Un des objectifs principal est de créer un réseau de femmes rurales européennes en s’appuyant sur la capitalisation de pratiques communes autour de la création de médias positifs sur les évolutions en cours (médias écrits, sonores, vidéos, web documentaires, expositions photos).

      Pour conforter ce travail collaboratif, la réalisation d’une recherche sur le thème « Femmes rurales et médias » , d’un portefeuille de compétences européennes, de supports pédagogiques visuels et numériques (web documentaire, MOOC) seront réalisés et serviront d’appui aux renforcements des capacités des femmes (formation, accompagnement). L’ensemble se concrétisera dans un lieu d’innovation sociale et territoriale nommé le « Women Living Lab Européen ».

      https://www.pacte-grenoble.fr/programmes/netraw-project

      #ruralité #genre #imaginaires #représentation #invisibilité #invisibilisation #production_agricole #agriculture #monde_paysan #sexualisation_des_activités_agricoles

    • Gender and Rural Geography

      Gender and Rural Geography explores the relationship between gender and rurality. Feminist theory, gender relations and sexuality have all become central concerns of geographical research and significant progress has been made in terms of our understanding of both the broad relationship between gender and geography and the more detailed differences in the lives of men and women over space. The development of feminist perspectives and the study of gender relations in geography, has, however, been fairly uneven over the discipline. Both theoretical and empirical work on gender has tended to be concentrated within social and cultural geography. Moreover it has been directed largely towards the urban sphere.

      https://www.routledge.com/Gender-and-Rural-Geography/Little/p/book/9780582381889
      #géographie_rurale #livre #Jo_Little

  • Après la #Méditerranée (https://seenthis.net/messages/598388) et les #Alpes (https://seenthis.net/messages/891799), #Génération_identitaire fait une opération « anti-migrants » dans les #Pyrénées...

    Génération Identitaire lance une nouvelle opération antimigrants dans les Pyrénées

    C’est le deuxième coup médiatique de ce type que l’organisation d’extrême droite lance aux frontières du pays. La présidente de la région Occitanie, Carole Delga, demande à la préfecture d’y « mettre fin ».

    Deux ans après son opération sur les hauteurs de Besançon, à la frontière franco-italienne, Génération identitaire récidive dans les Pyrénées. Le groupuscule d’extrême droite, adepte des coups médiatiques, affirme depuis ce mardi matin « sillonner » les abords du #col_du_Portillon, près de #Bagnères-de-Luchon, afin d’empêcher l’entrée de réfugiés sur le sol français.

    En doudoune bleue et au volant de trois 4x4 sérigraphiés, une trentaine de militants s’affichent sur les réseaux sociaux au nom de « la #défense_de_l'Europe ». Leur mission, affirme sur Telegram l’une des têtes d’affiche, #Thaïs_d'Escufon, consiste à « surveiller tout passage éventuel de migrants et en alerter les autorités ». Car, ajoute-t-elle, dans une communication très anxiogène, « plus une seule goutte de sang Français ou Européen (sic) ne doit couler à cause du couteau d’un terroriste ». Le 5 janvier, le préfet Etienne Guyot avait annoncé la fermeture temporaire du col du Portillon « dans le cadre de la lutte contre le terrorisme » et du renforcement des contrôles aux frontières voulu par Emmanuel Macron en novembre.

    Contactée par Le Parisien, la gendarmerie locale confirme avoir rencontré ces individus dans la matinée au niveau du col du Portillon, puis dans l’après-midi à l’autre poste-frontière du département, entre #Melles et #Pont-du-Roy. Mais le chef d’escadron #Pierre_Tambrun assure n’avoir constaté « aucun trouble à l’ordre public » et « aucune opération de remise de migrants ». Simplement « des personnes avec des drapeaux » qui, « en nous voyant, sont restées un petit peu puis reparties ». Interrogé sur les passages dans cette zone, il indique que la « fréquentation de ces deux points de passage montagneux est beaucoup plus faible en comparaison des voies d’autoroutes côté Pays Basque et côté Perpignan ».

    « Un coup de force contraire aux valeurs de la République »

    Dans un message posté sur Twitter, la présidente de la région Occitanie, Carole Delga (PS), demande à la préfecture de « mettre fin fermement et sans délais à ce coup de force contraire aux valeurs de la République ». Un appel lancé conjointement avec le député local Joël Aviragnet, le président du conseil départemental George Meric et le maire de Luchon, Eric Azémard. « Cette opération, menée en toute illégalité, a seulement pour but de créer le « buzz » médiatique et ainsi permettre à ces extrémistes de développer leur discours de haine », poursuivent les élus dans une lettre que s’est procurée le journal local Petite République.


    https://twitter.com/CaroleDelga/status/1351541472965914625

    Ils exigent par ailleurs la dissolution de Génération Identitaire. Un serpent de mer dans les couloirs du ministère de l’Intérieur, sollicité depuis plusieurs années à ce sujet, et relancé cet après-midi par le Parisien. En vain.

    La préfecture de police de région a répondu en fin de journée dans un communiqué. Le préfet « a fermement » condamné ces actions « purement symboliques (...) qui ont mobilisé inutilement les forces de l’ordre, les détournant de leur mission de surveillance de la frontière ». L’un des activistes d’extrême droite a par ailleurs été entendu par la gendarmerie après avoir participé au « déploiement d’une banderole sur un site appartenant à EDF », et la justice a « été saisie ».

    Le 16 décembre dernier, Generation Identitaire et trois de ses cadres ont été relaxés par la cour d’appel de Grenoble (Isère), dans l’affaire des opérations antimigrants menées en 2018 dans les Alpes. Dans son arrêt, la cour estime que cette chaîne humaine était une action « purement de propagande politique », « à visée médiatique » et « annoncée comme telle ». Elle n’était donc pas « de nature à créer une confusion dans l’esprit du public avec l’exercice des forces de l’ordre ».

    En 2012, l’organisation s’était fait connaître pour l’occupation du toit d’une mosquée à Poitiers (Vienne). Le 13 juin dernier, elle avait également déployé une banderole provocatrice contre le « racisme anti-blanc » lors d’une manifestation organisée place de la République à Paris contre les violences policières et le racisme.

    https://www.leparisien.fr/amp/faits-divers/generation-identitaire-lance-une-nouvelle-operation-antimigrants-dans-les
    #frontières #extrême_droite #France #Espagne #asile #migrations #réfugiés #montagne #defend_Europe

    ping @karine4 @isskein

    • Le RN défend indirectement Génération identitaire
      https://information.tv5monde.com/info/le-rn-defend-indirectement-generation-identitaire-393472
      plutôt un lien direct entre GI et le front national
      https://seenthis.net/messages/897614

      La présidente du RN Marine Le Pen avait, le 1er mai 2018, rendu « hommage » aux actions antimigrants menées dans les Alpes par GI, saluant une « belle opération de communication ».

      Pour le spécialiste de l’extrême droite, Jean-Yves Camus, « les opérations de GI sont tout bénéfice pour le RN » car la « dédiabolisation » du parti « passe par le fait que les jeunes ne fassent plus assaut de radicalité » comme dans les années 1980 et 1990.

      Et les jeunes identitaires sont à terme un « vivier de recrutement » pour le RN, selon l’expert, à l’instar de l’ancien responsable des Identitaires (dont GI est la branche jeunesse) Philippe Vardon, entré en 2018 au Bureau national du RN (direction élargie), ou de l’ancien cadre de GI, Damien Rieu, devenu en 2019 assistant parlementaire du principal conseiller de Marine Le Pen, l’eurodéputé Philippe Olivier.

    • Dans les Pyrénées, une #marche pour « nettoyer un col souillé »

      Dix jours après la venue des militants de Génération identitaire, un #rassemblement « antifasciste » s’est tenu vendredi sur le #col_du_Portillon, dans les Pyrénées. Pour réaffirmer la tradition d’accueil, de solidarité et de résistance de la #montagne.

      Col du Portillon (Haute-Garonne).– Trois militaires de la Guardia Civil espagnole d’un côté, sept ou huit gendarmes français de l’autre. Et au milieu, au sommet du col du Portillon, entre 60 et 80 manifestants. « On était plus nombreux que Génération identitaire, c’est ça qui compte... », assurait un jeune Toulousain en redescendant à sa voiture, vendredi 29 janvier, un peu après midi.

      Reprendre la place symboliquement occupée par le mouvement d’extrême droite dix jours auparavant, c’est bien cela que chacune et chacun avaient en tête. « On veut juste nettoyer ce col qui a été souillé par les fascistes », a résumé Pascal Lachaud, animateur du collectif #PCF_No_Pasaran, en prenant le micro, aux cotés d’un camarade équipé d’un balai-brosse.

      Ce collectif réunissant les sections et cellules communistes du plateau de Lannemezan et des vallées environnantes était à l’origine de l’appel à cette « #marche_antifasciste ». Elle a été ralliée par des militants d’autres formations de gauche (EELV, NPA), des libertaires, des syndicalistes et des militants associatifs.

      Parmi ces derniers, Cécile, Chantal et Marie-Hélène, retraitées, bénévoles de la Cimade, étaient venues en voiture de Tarbes : « Pour nous, c’était important d’être là : on travaille en permanence avec des gens qui ont des difficultés pour venir en France et y rester. On veut être dans la lignée des gens de Midi-Pyrénées qui ont toujours accueilli ceux qui arrivaient, avec leurs problèmes. »

      Pendant plus d’une heure, sous la pluie et dans les nappes de brume accrochées aux flancs des vallons enneigés, les manifestants ont occupé le col, atteint après cinq petites minutes de marche.

      Le 19 janvier, une trentaine de militants d’extrême droite les y avaient précédés, pour une opération de communication « antimigrants », reprenant les codes de leur action « Defend Europe » menée en avril 2018 au col de l’Échelle dans les Alpes : 4x4 blancs aux couleurs du mouvement, doudounes bleues, le tout abondamment photographié et filmé pour les réseaux sociaux.

      Vite arrivés, vite repartis, histoire de ne pas risquer les confrontations. Le résultat a été au-delà de leurs espérances puisque l’étoile montante du mouvement, la jeune toulousaine #Anne-Thaïs_du_Tertre (qui préfère se présenter sous son pseudonyme #Thaïs_d’Escufon, anagramme de « Nuit des fachos », ont repéré des observateurs facétieux), présente lors de l’opération du 19 janvier, a été invitée sur le plateau d’une émission télé de Cyril Hanouna quelques jours plus tard.

      Mardi 26 janvier, une enquête a été ouverte par le procureur de Saint-Gaudens (Haute-Garonne) pour « provocation publique à la #haine_raciale », a révélé France 3 Occitanie. Mais en décembre dernier, trois militants de Génération identitaire avaient été relaxés en appel après avoir été condamnés en première instance en août 2019 (à 6 mois de prison ferme et 75 000 euros d’amende pour GI), pour l’opération d’avril 2018.

      « Génération identitaire, ça nous inquiète parce qu’on suit de près l’actualité européenne, l’Allemagne, la Grèce, et on voit bien que ce type de groupuscules se multiplie un peu partout en ce moment. On ne surestime pas leur importance mais il s’agit de ne pas minimiser non plus », estime Aude, venue de Saint-Gaudens où elle milite au sein du #Collectif_Migrants_Comminges (#CoMiCo), né il y a deux ans dans cette région du piémont pyrénéen qui avait accueilli des migrants après le démantèlement de Calais en 2016.

      « On l’a créé parce qu’il y a pas mal d’associations d’aide aux migrants qui sont dans l’#urgence et qui n’ont pas nécessairement le temps de réfléchir à la dimension politique de la #lutte, explique-t-elle. Et aussi parce que lorsqu’on a vu ce qui se passait dans les Alpes, on s’est dit que ça allait finir par arriver ici et qu’il fallait qu’on se tienne près. »

      De fait, si les Pyrénées ne sont pas aujourd’hui un lieu de passage aussi emprunté que les Alpes par les migrants venus d’Afrique – bien que les chiffres soient, par définition, difficiles à connaître –, cela pourrait changer. Historiquement, le massif a toujours été un espace d’échanges et de circulation.

      Le col du Portillon, situé entre #Bagnères-de-Luchon côté français et le #Val_d’Aran côté espagnol, est un point de passage facilement accessible en raison de sa basse altitude (1 290 mètres). Il a notamment vu passer des réfugiés fuyant l’Espagne après la victoire de Franco en 1939. Et, dans l’autre sens, des « guérilleros », ces vétérans de la guerre d’Espagne et des maquis français qui, après 1945, ont tenté sans succès d’ancrer une guérilla antifranquiste dans la montagne.

      Soixante-dix ans plus tard, les Pyrénées restent marquées par cette intense séquence d’exil, de combat et de résistance. Dont l’évocation fait imperceptiblement trembler la voix de Daniel, 69 ans, militant communiste, habitant un village de la vallée et portant haut le drapeau républicain espagnol, la tricolor : « Je suis petit-fils de réfugié espagnol. Mon grand-père est arrivé ici en 1922, il venait de Saragosse, il fuyait la misère. Ce qui se passe, ça me fait remonter beaucoup de choses... Revoir des groupuscules fascistes naître en France, c’est inqualifiable. La France “terre d’accueil” perd son image. Nous, on est là aujourd’hui pour dire que tous les Français ne sont pas sur cette dynamique... »

      Pour Daniel et beaucoup de personnes présentes, l’opération de Génération identitaire est vécue d’autant plus douloureusement que les militants d’extrême droite sont totalement absents, ou en tout cas invisibles, dans la région. Le désir de restaurer sans tarder l’#image positive d’une #montagne_solidaire et accueillante n’en est que renforcé. Et partagé par des plus jeunes, minoritaires ce vendredi, comme Mathilde et Paul*, moins de la trentaine, masques Guy Fawkes sur le nez.

      « On a entendu parler des activités de Génération identitaire ici mais je n’ai pas regardé les images, je ne veux pas voir ça, explique Mathilde. On a suivi cet appel contre le fascisme et pour le soutien aux migrants, c’est juste normal. » « C’est de la #solidarité, résume Paul. Et on voudrait que cette action soit aussi médiatisée que la leur, il faut montrer les actions positives, on en a besoin. »

      Au-delà du « #No_pasaran » de circonstance et qui fait l’unanimité, la question de la libre circulation est aussi posée. Le col du Portillon a été fermé le 6 janvier par les autorités françaises, officiellement dans le cadre de la « lutte contre le terrorisme » ce qui n’a pas laissé d’interroger alors que le Covid-19 semblait une raison suffisante pour le justifier.

      Depuis, cette fermeture matérialisée par des blocs de béton bloquant la route deux cent mètres en dessous du col, passe mal. « Je pratique la montagne, je viens souvent marcher et randonner par ici, explique Marie-André, militante d’EELV. La montagne, c’est un lieu de #passage, pas une #frontière. L’aranais et l’occitan sont deux langues communes et les échanges entre les deux existent depuis longtemps. Je suis très attachée à cette #liberté_de_circulation, et le refus de l’altérité m’est insupportable. »

      Avant la prise de parole, sous les invectives, du représentant de LREM, Aude sollicite une pensée « pour ceux qui périssent en Méditerranée ». Et un membre de la chorale libertaire Rojinegra entonne un hommage à Francisco Ponzan Vidal, instituteur anarchiste espagnol de la CNT, figure de la résistance, arrêté par la milice et tué par la Gestapo. Une #mémoire qui résonne avec la mobilisation du jour. « On est sans haine mais les fascistes n’ont rien à faire dans la montagne, tranche Pascal. On ne veut pas de chasses aux migrants dans les Pyrénées. Et on veut que les gens puissent circuler sur cette terre. »

      https://www.mediapart.fr/journal/france/300121/dans-les-pyrenees-une-marche-pour-nettoyer-un-col-souille

      #résistance #antifa

      via @olaf :
      https://seenthis.net/messages/899290

  • De l’individu au #politique. L’#angoisse comme régime d’expérience

    Alors que l’angoisse comme catégorie est abondamment mobilisée pour désigner une sensation corporelle de mal-être propre à l’individu, ce numéro de Tracés propose de se pencher sur l’angoisse comme régime d’#expérience face à l’#incertitude, à partir des outils non plus de la psychanalyse mais des sciences humaines et sociales. Les articles du numéro abordent ainsi les logiques qui sous-tendent les modes de manifestation de l’angoisse, en prenant en compte leurs dimensions à la fois corporelle, discursive et esthétique. On revient en particulier sur la question du caractère socialement situé de l’expression de l’angoisse (dépendantes à la fois d’un contexte institutionnel et de dispositions individuelles), mais aussi de leur caractère genré. Toutefois, l’analyse des manifestations de l’angoisse suppose d’abord de s’interroger sur leurs conditions de son #objectivation dans le discours médical mais aussi par les sciences humaines et sociales prises dans leur diversité. Si le discours psychanalytique s’est imposé au fil du xxe siècle comme le principal vecteur pour penser l’angoisse comme ontologique et en cela fondamentalement différenciée de la #peur (quant à elle toujours rattachée à un objet), l’apport de la philosophie existentialiste (#Kierkegaard, notamment) permet de penser l’angoisse comme l’expérimentation par l’homme de l’infinité des possibles. Catégorie savante, l’angoisse est aussi une catégorie ordinaire désignant une #émotion qui peut être considérée comme fondatrice autant d’un groupe social que de modes d’action politiques. Alors que l’angoisse tend à être réduite à un processus propre au sujet, le parti pris de notre numéro a donc été de repenser cette émotion à l’aune du #collectif, c’est-à-dire d’en faire le signe d’un #régime_émotionnel partagé dans un espace et à une époque donnée. Si « éprouver de l’angoisse » ressort davantage du #corps et de l’incorporé, se dire angoissé reviendrait à bénéficier de catégories d’entendement du monde social, notamment issues de la #psychanalyse, qui contribuent non plus seulement à qualifier de pathologique son rapport au monde, mais plutôt à affirmer dans l’espace public (après l’espace privé) la légitimité de la singularité tortueuse et douloureuse de ce rapport.

    https://journals.openedition.org/traces/11152

    • (…) Ce désajustement originel qu’impose la nécessité de se réaliser, de devenir soi, dans un esprit tant de développement personnel que d’individualisation de la responsabilité, avec l’outillage de récentes techniques managériales, tandis que de l’autre les possibilités réelles sont dramatiquement restreintes. C’est cette faille que désigne Pierre Bourdieu en parlant des « hommes sans avenir », dans ses Méditations pascaliennes (1997), faille également sensible chez #Gilbert_Simondon, comme l’analyse Lara Bonneau dans son article, rejoignant l’interprétation d’Igor Krtolica.

      Si l’angoisse survient dans le rapport du sujet moderne à l’informe et à l’infini, elle indique également en creux, comme Simondon le souligne [dans son ouvrage L’inviduation psychique et collective], l’échec de la relation transindividuelle ou du moins sa fragilisation. Son inscription dans une histoire artistique et culturelle au long cours qui rappelle l’importance de l’#expérience_esthétique dans le rapport du sujet à soi et au monde permet cependant de sortir du solipsisme auquel elle semblait condamner le sujet. L’angoisse, pour Simondon, pointe le « paradoxe du #transindividuel ». (Krtolica, 2009)

      L’angoisse est l’expression affective de l’impossibilité que le sujet éprouve à poursuivre en lui, c’est-à-dire à l’échelle individuelle, son #individuation ; pour le philosophe, c’est seulement dans la dimension collective du transindividuel que cette impasse qu’est l’angoisse peut trouver une issue positive.

      C’est ainsi dans sa nature duelle, propre au sujet mais chez un sujet véritablement politique que l’angoisse saisie par les articles du numéro retrouve un sens qui inscrit, dans la longue tradition savante héritée de #Fanon, l’angoisse dans un cadre politique. C’est cette dernière dimension – le rapport de l’angoisse objet des sciences humaines au politique – qu’il convient d’approfondir.

      Angoisse, #mélancolie et individuation : une généalogie du sujet moderne entre histoire de l’art et #philosophie, Lara BONNEAU
      https://doi.org/10.4000/traces.11172

      En se concentrant sur la question du rapport de l’individu à la forme et aux formes, la science de l’art (Kunstwissenschaft) d’#Aby_Warburg permet l’élaboration d’une généalogie singulière de l’angoisse, qui souligne le rôle crucial de cet #affect pour comprendre la #subjectivité moderne. Entretenant un dialogue avec Ernst Cassirer quant à la nécessité d’une philosophie des « formes symboliques », Warburg postule qu’un basculement de la phobie à l’angoisse a lieu par la #création_artistique ; en ce sens, l’angoisse ne témoigne du rapport du sujet à l’être que parce qu’elle implique plus originairement un rapport du sujet à la forme et à l’informe. C’est depuis une pensée de l’individuation entendue comme prise de forme ontogénétique que l’on se propose d’articuler le rapport à l’être et le rapport à la forme, dans une perspective qui fait droit au devenir. La philosophie de Gilbert Simondon peut alors éclairer l’entreprise warburgienne. L’angoisse apparaît comme un affect particulièrement prégnant, en tant qu’elle marque un coup d’arrêt dans l’individuation du sujet et lui révèle le vertige non du néant de l’être mais de sa propre prise de forme. Simondon indique toutefois de manière énigmatique que l’angoisse peut être « départ de l’être », ce que l’histoire de l’art d’Aby Warburg et la philosophie cassirérienne de la culture peuvent, réciproquement, contribuer à éclairer.

      et #merci ! @cdb_77 pour ce signalement.

  • #Saint-Nazaire : #rassemblement de soutien suite aux expulsions de Géronimo
    https://fr.squat.net/2021/01/10/saint-nazaire-rassemblement-de-soutien-suite-aux-expulsions-de-geronimo

    Lundi 11 janvier 2021 à 16:00, rassemblement sur la place François Blancho, devant la mairie de Saint-Nazaire, suite à l’expulsion jeudi 7 janvier à 9h des logements occupés depuis septembre 2020 au 33 rue Émile Littré. Les 10 habitant.e.s restant.e.s de #La_maison_Géronimo se sont retrouvées à la rue sans que des solutions d’hébergement […]

    #33_rue_Émile_Littre #Collectif_Géronimo #expulsion

  • De l’usage des #campements dans les #politiques_migratoires

    La litanie des #expulsions de migrants se poursuit, après Paris place de la République fin novembre, les associations alertent sur l’accélération du phénomène à #Calais au cours du mois écoulé. Alors que l’expérience longue pourrait informer de nouvelles pratiques, pourquoi ce recours systématique à l’expulsion perdure-t-il ? Parce que les campements sont un répertoire des politiques migratoires, et non la conséquence d’un trop plein auquel nos capacités d’accueil ne pourraient plus faire face.

    **

    Lundi 23 novembre 2020, vers 19h, plusieurs centaines de personnes exilées issues du campement de St-Denis n’ayant pu bénéficier de “la #mise_à_l’abri” organisée par la préfecture de Paris la semaine précédente, accompagnées d’associations de soutien, d’avocats, d’élus et de journalistes, déploient 200 tentes sur la #place_de_la_République. Malgré la résistance des exilés et de leurs soutiens, la place sera évacuée le soir même. La police pourchassera jusque tard dans la nuit et en dehors de #Paris celles et ceux qui n’ont plus où aller. La #violence déployée fera l’objet de nombreuses images sur les réseaux sociaux.

    Cette opération est loin d’être inhabituelle, contrairement à ce que laisse penser la médiatisation inédite à laquelle elle a donné lieu et qui s’explique par une conjonction de facteurs : le lieu de la scène (le centre de Paris), le moment (montée des critiques sur les violences policières et adoption d’une loi interdisant de les filmer), les acteurs (des journalistes et des élus violentés et non plus seulement des exilés et leurs soutiens). Depuis le 2 juin 2015 et l’évacuation d’un campement dans Paris (sous le métro la Chapelle), on dénombre soixante-six opérations de ce type dans la capitale et sa petite couronne (une moyenne d’un par mois). Dans le Calaisis, elles relèvent de la routine.

    Les évacuations de campement sont ainsi devenues courantes, relayées par des articles de presse qui se suivent et se ressemblent, préférant souvent à l’analyse un alignement de faits bruts immédiats, peu éloignés des communiqués de la préfecture de police. Que révèle donc la litanie dans laquelle s’inscrit cet énième épisode ? Que cristallise-t-il comme phénomènes ?

    Pour le comprendre, nous proposons de revenir sur la manière dont sont fabriqués ces campements et mises en scène ces évacuations en faisant l’effort d’inverser le regard, de le diriger vers les coulisses que la lumière des projecteurs laisse dans l’ombre.

    La fabrique des campements

    À première vue, le campement apparaît comme le signe d’un #trop_plein, preuve que les étrangers seraient trop nombreux et que nous aurions atteint les limites de nos #capacités_d’accueil, d’un point de vue économique comme social. Les campements sont en réalité davantage fabriqués par les choix de politiques migratoires de l’État, que par une submersion par le nombre.

    Ceux qui survivent dans les campements du Nord de Paris sont majoritairement en demande d’asile, certains attendent une réponse, d’autres de pouvoir simplement déposer une demande, une minorité a été déboutée. Ils sont majoritairement Afghans et Soudanais, mais aussi Ethiopiens et Erythréens et dans une moindre mesure Guinéens et Ivoiriens. Pas de Chinois, de Sri-Lankais, de Maliens… qui sont accueillis – bien ou mal – par des compatriotes installés de longue date. Pas non plus de Syriens – qui sont peu venus en France.

    Les campements sont le résultat de #politiques_publiques qui ont précarisé les demandeurs d’asile au lieu de les laisser doucement s’intégrer au tissu économique et social de notre pays. Car en vertu d’une loi adoptée en 1991, les demandeurs d’asile n’ont pas le droit de travailler. En contrepartie, ils sont censés bénéficier d’un #hébergement, d’une #allocation et de l’#accès_aux_soins. En leur interdisant l’accès au marché de l’emploi, on les assigne à une #dépendance, qui leur est ensuite reprochée. Et qui s’est transformée en #précarité extrême – jusqu’à la rue pour certains – à mesure que les réformes successives ont introduit de nombreuses conditions pour accéder et se maintenir dans le #dispositif_d’aide. Des aides par ailleurs attribuées dans la pratique de manière toujours plus tardive, incomplète et fréquemment suspendues sous divers motifs, ou simplement par erreur.

    Les campements sont également fabriqués par le #choix_politique de sous-dimensionner de manière structurelle le #dispositif_d’hébergement dédié aux demandeurs d’asile. Ce choix, car il s’agit bien d’un choix et non d’une fatalité, est spécifiquement français. On ne trouve en effet aucun campement dans les rues des pays européens comparables à la France. Les seuls pays confrontés à ce phénomène sont ceux qui, situés aux portes de l’Europe, conjuguent arrivées massives et contexte économique dégradé, tels la Grèce, la Bulgarie ou l’Italie.

    Au plus fort des mouvements migratoires vers l’Europe en 2015, la France ne recensait que 79 000 demandeurs d’asile (soit 0,1% de sa population) là où l’Allemagne en comptabilisait un million, mais aucun camp de rue. L’#Allemagne a en effet choisi d’ouvrir des #hébergements, réquisitionner des centaines de gymnases et même un ancien aéroport, plutôt que de laisser les exilés dehors. En France, c’est la théorie de l’#appel_d’air, selon laquelle des conditions favorables risqueraient d’attirer les migrants et des conditions défavorables de les dissuader de venir, qui explique le choix de privilégier une politique basée sur l’#insuffisance_structurelle.

    À la fois issu de dynamiques spontanées (des personnes à la rue qui se regroupent pour passer la nuit) et organisées (des soutiens qui apportent nourritures, tentes et vêtements puis qui exigent des pouvoirs publics l’installation de points d’eau et de WC), les campements apparaissent et s’étendent jusqu’au jour où, jugés trop gros et/ou trop visibles, les autorités décident d’une opération d’évacuation. Ces évacuations laissent cependant toujours dans leur sillage les germes du prochain campement.

    Car si une partie des personnes est effectivement mise à l’abri dans des #hôtels pour entrer dans le #dispositif_national_d’accueil, d’autres sont placées dans des #gymnases avant d’être remises à la rue une ou deux semaines plus tard. Un dernier groupe est systématiquement laissé sur le trottoir sans aucune solution, pas même celle de retourner au campement puisque celui-ci a été détruit pour des raisons sanitaires.

    Un sondage organisé par des associations en 2020 a montré qu’une évacuation laisse en moyenne un quart des personnes sans solution le jour même et que près de la moitié de ceux qui sont mis à l’abri se retrouvent à la rue le mois suivant. Les deux-tiers des personnes évacuées l’auraient ainsi déjà été plusieurs fois.

    Rien d’étonnant donc à ce que les campements succèdent aux opérations de mise à l’abri, et inversement. Cela n’empêche pas la préfecture d’annoncer à chaque évacuation, que cette fois c’est la dernière.

    Une question se pose alors. À la soixante-sixième évacuation, alors que l’expérience longue pourrait informer de nouvelles pratiques, pourquoi rien ne change ?

    Est-ce de l’impuissance ? De l’impréparation ? Et si le campement et l’évacuation constituaient des répertoires de l’#action_publique, plutôt que les manifestations d’un phénomène qui la dépassent ? Ils serviraient alors à cadrer le débat en mettant en scène et en image l’immigration comme un problème, un « trop-plein », justifiant selon la théorie – jamais démontrée – de l’appel d’air, une politique de fermeté.

    Le campement : invisible mais pas trop

    Le campement doit pouvoir servir d’illustration sans cependant prendre trop d’ampleur. D’où une gestion subtile par l’État de la visibilité des campements qui nécessite de naviguer habilement entre la #mise_en_scène du débordement et la maîtrise du #désordre.

    Les campements existent de longue date en France (campements Rroms, campements du Calaisis depuis la fin des années 1990) ainsi que les regroupements informels (à Paris, gare de l’Est au début des années 2000, puis à Austerlitz en 2014) mais ne surgissent dans l’espace médiatique qu’à partir de l’été 2015. Leurs images, relayées par les médias et les réseaux sociaux, entrent en résonance avec les messages, différents selon les publics, que les autorités souhaitent faire passer sur l’immigration.

    Aux citoyens français, on montre l’immigration comme problème en mettant en #spectacle des migrants non seulement trop nombreux mais aussi affamés, sales, malades qui suscitent dès lors un mélange d’#empathie, de #dégoût et de #crainte. La persistance des campements malgré les évacuations fait apparaître l’immigration comme un puits sans fond en donnant l’impression qu’on écume, mais que l’inondation est trop importante.

    Aux migrants, c’est le message du #non-accueil (« il n’y a pas de place pour vous ») qu’on espère faire passer par ces images dans l’objectif de faire fuir ceux qui sont déjà là et décourager ceux qui pourraient vouloir venir.

    Mais les campements ne doivent pas non plus être trop visibles car ils peuvent susciter une #solidarité susceptible de se mettre en travers des politiques migratoires restrictives. Pour peu qu’ils soient au cœur des villes, ils peuvent devenir lieux de rencontre, d’apprentissages, d’engagement et de mobilisation. La quasi-totalité des #collectifs_solidaires est ainsi née dans les campements. Leur recrutement dans les milieux non militants et leur mode de fonctionnement agile et horizontal ont largement renouvelé et même bousculé le champ du soutien aux étrangers.

    Les campements, lieux où personne a priori ne souhaite se retrouver, sont ainsi devenus, dans un renversement, un objectif, un moyen d’obtenir quelque chose pour les exilés et leur soutien. Car, paradoxalement, alors que les évacuations avaient pour objectif affiché de faire disparaître les campements, elles ont abouti à en faire une modalité d’accès à l’hébergement, bien souvent la seule.

    « Faire tenir » un campement est devenu dès lors stratégique pour les personnes exilées et les militants. Il constitue non seulement une solution immédiate bien que précaire mais il permet aussi de rendre visible la situation des exilés et susciter par là une solution plus pérenne. Ce n’est dès lors plus seulement le campement mais aussi sa visibilité qui est devenue une ressource, pour les exilés et leurs soutiens. Et c’est bien en retour la lutte contre cette visibilité qui est devenue un enjeu pour les pouvoirs publics.

    D’où l’ambivalence du traitement étatique à l’égard des campements : les laisser se former tant qu’ils restent de petite taille et peu visibles, les évacuer mais jamais complètement ; les tolérer mais pas n’importe où. Surtout pas au centre, à Paris : depuis 2016, la politique de la préfecture de police de la capitale, appuyée en cela par la Mairie, consiste à repousser les campements à la périphérie puis à l’extérieur de la ville. Les consignes des policiers auprès des personnes exilées sont sans ambiguïté : pour espérer poser sa couverture quelque part, il faut partir en dehors de Paris.

    Le campement revient néanmoins sous les feu des projecteurs au moment de l’évacuation organisée comme un spectacle.

    L’évacuation : le spectacle… et ensuite

    L’évacuation est autant une opération de #maintien_de_l’ordre que de #communication. C’est le moment où l’État met en scène sa #responsabilité et sa #fermeté. Son #humanité aussi. Il doit laisser voir un subtil mélange de deux facettes : non, il n’est pas laxiste en matière d’immigration mais oui, il respecte les valeurs républicaines et humanistes. Il doit aussi faire croire aux habitants du campement, comme aux médias, que tout le monde va être mis à l’abri… tout en ayant prévu un nombre de places insuffisant.

    D’où les deux moments de l’évacuation : celui visible du spectacle sur une scène centrale sous les projecteurs, en présence de nombreux acteurs ; puis quand ces derniers sont partis, la suite en coulisses, où la violence peut se déployer à l’abri des regards.

    Après 66 évacuations parisiennes, il est possible d’identifier un #rituel respecté à la lettre. Les mêmes gestes sont répétés avec précision et minutie, sans presque aucune variation.

    D’abord la date : un vrai-faux mystère est savamment entretenu autour du jour de l’évacuation. Certains acteurs, les structures d’hébergement mais aussi les journalistes, doivent être au courant. D’autres, les associations et les personnes exilées, doivent être tenus dans l’ignorance pour limiter les risques d’installations de dernière minute sur le campement. Les collectifs solidaires seront néanmoins les premiers sur place au petit matin pour distribuer boissons chaudes et informations, tenter de récupérer du matériel et surveiller les comportements des policiers.

    Les opérations proprement dites débutent à 5h du matin par l’encerclement du campement par des policiers lourdement équipés ; le préfet arrive, il ouvre la conférence de presse à laquelle assistent les journalistes, les élus et l’opérateur France Terre d’Asile. Il déclare qu’il convient de lutter contre les « #points_de_fixation » que constituent les campements parce qu’ils sont dangereux « pour les riverains comme pour les migrants », il annonce que suffisamment de places ont été mobilisées pour que tout le monde soit hébergé, que c’est la dernière évacuation et que le campement ne se reformera pas. Les journalistes relaient le nombre de places rendues disponibles et interviewent un exilé et un soutien.

    Les exilés montent dans les bus après avoir été fouillés un par un, pendant que leurs tentes, sacs de couchage et autres affaires sont détruites. Les soutiens profitent de la fenêtre d’attention médiatique pour déployer une banderole destinée à être photographiée et relayée sur les réseaux sociaux.

    Alors que les journalistes et les élus sont partis depuis longtemps, on « s’apercevra » qu’il n’y a pas assez de place. Commence alors la seconde partie de l’évacuation. La mise à l’abri prend un sens différent : il s’agit de mettre à l’abri des regards ceux qui demeurent à la rue. Les policiers laissés seuls face à cette pénurie organisée, ayant ordre de faire disparaître « le campement », piochent alors dans leur répertoire : violence verbale et physique, coups de matraque, coups de pied, gaz lacrymo… pour chasser les personnes vers un ailleurs indéfini. Ce que les exilés et les soutiens encore présents s’efforceront de rendre visible par des photos et films sur les réseaux sociaux.

    *

    Comme les « faux mineurs isolés » et les « étrangers qui abusent » (des allocations, du système de soin et d’asile), les campements et leur évacuation sont une figure centrale du #récit_médiatique sur le phénomène migratoire. Pourtant, ils n’en représentent qu’une toute petite partie et nous en disent moins sur ce dernier que sur nos choix politiques. Ce récit sert tout autant à raconter une histoire qu’à en taire une autre.

    Les campements et les évacuations racontent l’immigration comme #problème et les étrangers comme trop nombreux et trop coûteux pour pouvoir être bien accueillis. L’horizon des politiques migratoires est dès lors restreint à une seule question : comment réduire le nombre des arrivées et éviter les « appels d’airs » ? Ainsi racontée, l’histoire interdit de prendre le recul nécessaire à une compréhension fine du phénomène migratoire. Elle dirige toutes les ressources vers le #non_accueil, le #contrôle et la #répression et les détourne de l’investissement dans l’accueil, la formation, l’insertion et tous les autres outils permettant aux étrangers de construire leur place dans notre société.

    Ce #récit laisse dans l’ombre l’histoire d’un #État qui condamne à la misère les nouveaux arrivants en les privant du droit de travailler, substitué par un système d’accueil structurellement sous-dimensionné et de moins en moins accessible. Il permet enfin de continuer à ignorer les recherches qui depuis maintenant plus de 30 ans démontrent de manière presque unanime que l’immigration est très loin de constituer un problème, économique, social ou démographique.

    Les campements sont un répertoire des politiques migratoires et non la conséquence d’un #trop_plein. Ils perdurent jusqu’à ce jour car ils sont non seulement le résultat mais aussi une justification des politiques migratoires restrictives. À rebours du campement et des impasses qui nous tiennent aujourd’hui lieu de politique, les recherches et les pratiques de terrain, vivifiées par l’émergence en 2015 d’un mouvement solidaire inédit, inventent des #alternatives et dessinent des perspectives où l’immigration n’est ni un problème ni une solution, mais bien ce qu’on en fait.

    https://aoc.media/analyse/2021/01/05/de-lusage-des-campements-dans-les-politiques-migratoires
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