country:italie

  • #Italie, ombres et lumières – À Vérone, congrès traditionaliste et riposte féministe
    https://lemediapresse.fr/international/italie-ombres-et-lumieres-a-verone-congres-traditionaliste-et-riposte-

    La « famille naturelle » face aux « subjectivités opprimées » : depuis Vérone, Filippo Ortona raconte le très conservateur Congrès Mondial des Familles, où se bousculent les figures de proue de l’extrême-droite, et prend les rues avec les manifestantes féministes qui entendent résister à cette « Italie faite d’hommes qui parlent de femmes ». Premier reportage d’une série transalpine, à retrouver chaque semaine d’avril dans les colonnes du Média Presse.

    #International #Féminisme #Italieombresetlumieres #Lega #M5S #RN

  • Gilles Dauvé - La nation dans tout son état. 2e partie : Mort de la nation ?
    https://ddt21.noblogs.org/?page_id=2176

    On comprend que l’État qualifiable en ce sens de national soit le cas le moins fréquent, réalisable seulement par les capitalismes dominants. Et même là, la crise est possible, comme en Allemagne et en Italie, nations inachevées au début du XXe siècle : la république de Weimar a dû affronter le séparatisme bavarois ; quant au Sud italien, et plus encore la Sicile, leur développement est longtemps resté en retard sur le Nord. Ailleurs, dans les pays dominés, un semblant d’État national est viable tant que le capitalisme mondial leur permet un rôle second mais effectif. Lorsqu’ils s’en désarticulent, rien ne masque plus l’artificialité de l’édifice national, qui se déchire.

    #théorie #communisme #communisation #nationalisme

  • Nouvelle #condamnation d’un militant solidaire

    #Loïc, 29 ans, membre de l’Anafé, vient d’être condamné par la cour d’appel d’Aix-en-Provence à 3 000 euros d’amende avec sursis pour « aide à l’entrée d’un étranger en France » alors même qu’il avait été relaxé par le tribunal correctionnel de Nice en première instance le 14 mars 2018.

    « L’Anafé apporte son soutien à Loïc, qui a été condamné alors qu’il a répondu à un élan de solidarité et d’humanité et dont la motivation au quotidien est la défense des droits des personnes à la frontière franco-italienne. Censée sanctionner les personnes et les organisations qui font du passage illégal des frontières un business hautement lucratif, exploitant les personnes étrangères qui souhaitent entrer sur le territoire français, cette pénalisation a une nouvelle fois été déviée de sa cible », déclare Laure Palun, co-directrice de l’Anafé.

    « Cette condamnation montre à quel point il est temps de changer d’approche sur la question des frontières. L’État français a la responsabilité d’administrer sa frontière. Pour autant, cela ne justifie pas que le seul franchissement irrégulier ou l’aide à un tel franchissement, sans contrepartie, puisse être considéré comme un délit, passible d’une peine de prison. C’est pourtant ce que prévoit la loi française. Et les effets produits sur les personnes sont disproportionnés. Ces questions sont de nature administrative. Elles devraient le rester », ajoute Jean-François Dubost, responsable du Programme protection des populations civiles à Amnesty International France.

    Nos associations demandent à ce que la loi française soit modifiée en ce sens.

    Des porte-paroles sont disponibles pour des interviews.

    Complément d’information

    Le 18 janvier 2018 Loïc est arrêté lors d’un contrôle d’identité au péage de La Turbie dans le sens Italie-France. À bord de son véhicule, il y avait un ressortissant éthiopien. Ils ont tous les deux été arrêtés. Loïc a reconnu avoir aidé cette personne dans son parcours migratoire pour des motifs humanitaires. Quelques jours avant, un homme avait été retrouvé mort sur le toit du train en provenance de Vintimille – il avait été électrocuté. Le ressortissant éthiopien a été immédiatement renvoyé en Italie.

    À l’issue de sa garde à vue, Loïc a été présenté au tribunal correctionnel de Nice en comparution immédiate. L’audience a été reportée au 14 mars. Pendant cette période, il avait l’interdiction de sortir du département des Alpes-Maritimes et devait se présenter une fois par semaine au commissariat.

    Le 14 mars 2018, le tribunal correctionnel de Nice a relaxé Loïc en raison notamment de l’absence d’audition du ressortissant éthiopien dans la procédure pénale et de l’absence de procédure relative à la situation administrative de cette personne sur le territoire français. Le tribunal avait en effet estimé que « la culpabilité ne peut être retenue sur la seule base de l’auto-incrimination, le délit poursuivi n’apparaît pas suffisamment caractérisé en l’absence d’enquête sur la situation administrative de l’étranger visé à la procédure ».

    Le parquet avait alors fait appel de la décision. L’audience en appel s’est tenue le 20 mars 2019 à la cour d’appel d’Aix-en-Provence.

    https://solidaires.org/Nouvelle-condamnation-d-un-militant-solidaire-Alerte-Amnesty-Internation
    #solidarité #délit_de_solidarité #France #asile #migrations #réfugiés #frontières #amende #justice

    • France : Un travailleur humanitaire condamné pour un #tweet. Première #condamnation de ce type en France

      La condamnation pour diffamation, le 25 septembre, d’un travailleur humanitaire pour un tweet ironique représente une dangereuse escalade dans le harcèlement officiel d’associations fournissant une aide cruciale aux migrants, a déclaré Human Rights Watch. C’est la première condamnation de ce type en France.

      Le tribunal de Boulogne-sur-Mer, dans le nord de la France, a déclaré #Loan_Torondel coupable de #diffamation pour un tweet qu’il avait publié début janvier et l’a condamné à une amende avec sursis et à verser des dommages et intérêts. Sous une photo montrant deux policiers debout au-dessus d’un jeune homme assis dans un champ, Torondel imagine que le jeune homme proteste du fait que la police lui ait confisqué son sac de couchage alors que la température extérieure est de 2 degrés Celsius, et que l’officier lui répond : « Peut-être, mais nous sommes la nation française, monsieur ».

      « Cette condamnation constitue un dangereux précédent et est symptomatique de la manière pernicieuse dont les autorités françaises cherchent à entraver le travail des personnes travaillant auprès des migrants et des demandeurs d’asile », a déclaré Bénédicte Jeannerod, Directrice France de Human Rights Watch.

      La réplique fictive de l’officier était une allusion à un discours prononcé fin décembre 2017 par le Président Emmanuel Macron dans lequel il exhortait le public à surmonter l’adversité en disant : « N’oubliez jamais que nous sommes la Nation française ». L’expression est rapidement devenue un mème moqueur, y compris parmi ceux qui s’opposaient à la façon dont étaient traités les migrants et autres sans-abri pendant l’hiver très froid.

      Loan Torondel, 21 ans, a passé deux ans au sein de l’association L’Auberge des Migrants à Calais, d’abord comme bénévole, puis en tant que coordinateur des opérations, jusqu’en juillet 2018, date à laquelle il est parti reprendre ses études.

      Le recours à des accusations de diffamation à l’encontre de travailleurs humanitaires est sans précédent en France. Dans le cas de Loan Torondel, les policiers qui apparaissaient sur la photo twittée ont déposé plainte en diffamation à la suite de quoi le Procureur a demandé l’ouverture d’une enquête.

      La diffamation est un délit pénal en France, passible d’une peine maximale de 45 000 euros d’amende. Loan Torondel a été condamné à une amende de 1 500 euros avec sursis et à verser 500 euros de dommages et intérêts et 475 euros de frais de justice. Il a fait appel de cette décision.

      Le droit international relatif aux droits humains prévoit des restrictions à la liberté d’expression pour protéger la réputation d’autrui, mais ces restrictions doivent être nécessaires et étroitement définies. Les lois pénales sur la diffamation sont une restriction inutile et disproportionnée à la liberté d’expression et créent un « effet dissuasif » qui restreint de fait autant les propos légitimes que les propos nuisibles.

      C’est pourquoi le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la liberté d’opinion et d’expression et le Représentant pour la liberté des médias de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), ainsi que le Rapporteur spécial de l’Organisation des États américains pour la liberté d’expression, ont conclu que la diffamation ne constitue « pas une restriction légitime à la liberté d’expression » et ont demandé à ce que ces lois soient supprimées. Dans une autre déclaration conjointe, ces autorités et le Rapporteur spécial de la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples sur la liberté d’expression et l’accès à l’information ont noté que les lois pénales sur la diffamation constituent « une menace à la liberté d’expression ».

      Le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la liberté d’opinion et d’expression a estimé que les États devraient veiller tout particulièrement à ce que les lois sur la diffamation – qu’elles relèvent du droit civil ou pénal – « ne soient jamais utilisées pour empêcher toute critique à l’égard du gouvernement » et « doivent refléter le principe que les personnalités publiques sont davantage exposées aux critiques que les citoyens privés ».

      Les travailleurs humanitaires à Calais ont régulièrement fait état de cas de harcèlement de la part de la police. Nombre d’entre eux ont rapporté à Human Rights Watch, au Défenseur des droits et aux observateurs de l’ONU que la police leur infligeait des amendes répétées pour des infractions mineures ou de stationnement et les soumettait à des contrôles d’identité de manière répétée. Des travailleurs humanitaires ont affirmé que, lorsqu’ils ont photographié ou filmé des agents de police – comme la loi française les y autorise – des policiers ont saisi temporairement leurs téléphones pour effacer ou regarder le contenu, sans autorisation. Dans certains cas, des travailleurs humanitaires ont dit que la police les avait aspergés de gaz lacrymogène, les avait forcés à se mettre à terre ou les avait bousculés.

      Entre novembre 2017 et juillet 2018, quatre associations travaillant à Calais – Help Refugees, L’Auberge des Migrants, Utopia 56 et Refugee Info Bus – ont documenté 600 cas d’intimidation policière contre leur personnel et leurs bénévoles, notamment le recours excessif aux contrôles d’identité, aux amendes de stationnement arbitraires, aux fouilles, menaces, insultes et autres injures ou à la violence physique.

      En juillet, le Conseil constitutionnel a estimé que le fait d’aider des personnes dans le besoin, y compris des migrants en situation irrégulière, était protégé par le principe constitutionnel de fraternité.

      « Cette condamnation risque d’ouvrir la porte à de futures poursuites par les autorités malgré la décision du Conseil constitutionnel », a estimé Bénédicte Jeannerod. « Plutôt que de criminaliser les travailleurs humanitaires qui apportent une assistance vitale aux migrants et aux demandeurs d’asile et dénoncent des pratiques abusives, les autorités françaises devraient mettre un terme à ces abus et sanctionner les responsables. »

      https://www.hrw.org/fr/news/2018/09/27/france-un-travailleur-humanitaire-condamne-pour-un-tweet
      #réseaux_sociaux #justice #twitter

  • Auchan : le paiement en 4 fois, la machine à cash d’Oney Bank Marie-Eve FRÉNAY - 13 mars 2019 - Cbanque
    https://www.cbanque.com/banque/actualites/72933/auchan-le-paiement-en-4-fois-la-machine-a-cash-oney-bank

    En 2018, le groupe Auchan a perdu de l’argent à cause notamment des mauvais résultats de ses supermarchés. Sa banque, en revanche, que la holding de la famille Mulliez s’apprête à céder au groupe bancaire BPCE, a été largement bénéficiaire, grâce à sa nouvelle arme commerciale : le paiement fractionné par carte bancaire.

    En 2018, le point fort d’Auchan ce ne sont pas ses supermarchés, mais sa banque ! Sa filiale Oney Bank a en effet vu ses bénéfices progresser de 38% à 52,6 millions d’euros, quand le groupe dans son ensemble est déficitaire à hauteur de 950 millions d’euros. Présente dans 11 pays, la banque revendique 7,6 millions de clients à fin décembre 2018 et 400 commerçants partenaires.

    Selon Oney Bank, c’est le déploiement de sa solution de paiement fractionné en ligne - que l’enseigne qualifie d’« offre phare » - qui explique ses résultats au beau fixe. Disponible en France, en Espagne, en Italie, au Portugal et en Belgique, ce service de paiement par carte en 3 ou 4 fois va être prochainement étendu à d’autres pays européens.

    « 2018 a été l’occasion de renforcer les liens avec de grands partenaires historiques. Auchan Retail, Leroy Merlin, Norauto, Alinéa ou Electro-Dépôt ont confirmé leur confiance en Oney en renouvelant leurs contrats commerciaux long-terme, preuve de la performance et de la compétitivité des solutions déployées. D’autres enseignes, à l’instar de Showroomprivee, ou Alltricks ont choisi d’élargir leur partenariat en signant des contrats internationaux sur le paiement fractionné », ajoute Auchan dans son rapport annuel.

    Le géant de la grande distribution va toutefois bientôt céder les manettes d’Oney Bank au groupe bancaire BPCE https://www.cbanque.com/banque/actualites/72475/banque-populaire-caisse-epargne-va-mettre-la-main-sur-oney-la-banque-auchan , composé des Banques Populaires et des Caisses d’Epargne. En effet, au deuxième semestre 2019, BPCE va, en achetant 50,1% du capital, prendre le contrôle d’Oney Bank. Objectif : faire de cette dernière la banque digitale de proximité en Europe, probablement en remplacement de Fidor que BPCE souhaite revendre.

    #banque #finance #bpce #auchan #mulliez #carte_bancaire #crédit

  • La première société sans numéraire au monde est là - Un rêve totalitaire devient réalité
    https://www.crashdebug.fr/international/15855-la-premiere-societe-sans-numeraire-au-monde-est-la-un-reve-totalita

    On comprend le boom des implants de puce RFID en Suède...

    Les planificateurs centraux du monde entier mènent une guerre contre l’argent liquide. Ces dernières années :

    L’Italie a rendu illégales les transactions en espèces d’un montant supérieur à 1000 euros ; La Suisse a proposé d’interdire les paiements en espèces supérieurs à 100.000 francs ; La Russie a interdit les transactions en espèces de plus de 10.000 $ ; L’Espagne a interdit les transactions en espèces d’un montant supérieur à 2500 euros ; Le Mexique a rendu illégaux les paiements en espèces de plus de 200.000 pesos ; L’Uruguay a interdit les transactions en espèces de plus de 5000 dollars ; et La France a rendu illégales les transactions en espèces d’un montant supérieur à 1000 (...)

  • Présidentielle en Ukraine : l’humoriste Zelensky vire en tête, devant Porochenko
    https://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/presidentielle-en-ukraine-l-humoriste-zelensky-vire-en-tete-devant-poroche


    Reuters

    Sur fond de "#dégagisme", l’humoriste Volodymyr Zelensky, favori des sondages, a remporté le premier tour de l’élection présidentielle dimanche en Ukraine, avec 30,4% des voix, devançant le président sortant, Petro Porochenko. Un second tour aura lieu le 21 avril prochain.

    Novice en politique, l’humoriste Volodymyr Zelensky est arrivé largement en tête du premier tour de la présidentielle ukrainienne avec 30,2% des voix, abordant en position de force le second tour qui doit l’opposer le 21 avril au sortant Petro Porochenko (16,7%), selon les résultats partiels publiés lundi.

    Surprise de la campagne, le comédien et entrepreneur de 41 ans, dont l’expérience du pouvoir se limite à incarner un président dans une série télévisée, semble avoir dépassé toutes les prévisions, signe de la défiance des Ukrainiens pour leur classe politique après des années de lourdes difficultés économiques et de scandales de corruption. Le "dégagisme" sur lequel il a surfé renvoie à une tendance plus large qui a conduit à l’émergence des contestataires du Mouvement 5 Etoiles en Italie ou même à l’élection de Donald Trump, autre star de la télévision reconvertie en politique.

    L’ex-Première ministre Ioulia dénonce des "manipulations"
    Malgré les doutes de ses détracteurs quant au flou de son programme et sa capacité à gouverner un pays en guerre et au cœur des tensions entre Russie et Occidentaux, il a obtenu 30,2% des voix dimanche, selon les résultats publiés par la Commission électoral. Il devance largement le président sortant Petro Porochenko, 53 ans, dont le score est estimé à environ 16,7%, selon ces résultats qui prennent en compte le dépouillement d’un peu plus de la moitié des bulletins.

    En tête des sondages en début de campagne, l’infatigable ex-Première ministre Ioulia Timochenko, 58 ans, recueille 13,1% et serait donc éliminée si ces résultats encore partiels se confirment.

    Elle avait pourtant revendiqué dimanche soir la deuxième place et dénoncé les sondages comme "malhonnêtes" et relevant de la "manipulation", laissant augurer d’âpres contestations autour des résultats dans ce pays qui a connu deux révolutions en 28 ans d’indépendance. La police a indiqué avoir été saisie de plus de 2.100 plaintes pour des fraudes présumées, la plupart sans gravité. « Le vote s’est déroulé sans violations systémiques », a assuré la présidente de la Commission électorale, Tetiana Slipatchouk.

    La Commission électorale a estimé la participation à presque 64% sur la quasi-totalité dans les circonscriptions, en hausse par rapport 2014.

  • LETTRE OUVERTE À HUGUES JALLON, PRÉSIDENT DES EDITIONS DU SEUIL, À PROPOS DE CESARE BATTISTI
    Serge #Quadruppani
    paru dans lundimatin#185

    ... je suis sûr que je ne t’apprendrai rien, cher Hugues, en rappelant que la défense de #Battisti et de tous les exilés menacés d’#extradition (à propos, on compte toujours sur toi pour signer en faveur de ceux qui pourraient être menacés aujourd’hui), entrait et entre toujours dans une bataille contre le #révisionnisme historique dominant en Italie, qui refuse d’admettre que dans les années 60-70, une partie minoritaire mais conséquente de la population de la péninsule est entrée en sécession contre la vieille société. Pour ces centaines de milliers, ces millions d’ouvriers, étudiants, paysans, habitants de quartiers populaires, femmes et homosexuels en lutte, le fait qu’on veuille s’en prendre physiquement à des gros commerçants qui jouaient au shérif en tirant sur des petits voyous braqueurs et qui s’en vantaient, ou à des matons tortionnaires, n’était discutable que d’un point de vue stratégique, pas éthique. Il faut dire que ces Italiens-là savaient que les auteurs des attentats massacres, les penseurs de la #stratégie_de_la_tension, les assassins d’ouvriers dans les usines, de paysans dans les champs et de détenus dans les prisons, étaient à chercher du côté de l’Etat et de ses forces de l’ordre. Faire porter le chapeau d’une violence sociale généralisée à Battisti et à quelques centaines d’individus ensevelis sous les peines de prison et contraints souvent à des rétractations honteuses, est le tour de passe-passe auquel l’#Italie officielle, celle du PC et de la démocratie chrétienne regroupés aujourd’hui dans le PD ont réussi jusqu’ici, y compris à présent avec l’appui des fascistes de la #Ligue et des sinistres bouffons xénophobes #5_étoiles. Le Seuil n’était pas obligé d’apporter sa caution de vieille maison d’édition à cette vérité officielle-là.

    #innocentisme #édition #gauche #strage_di_stato #prison #isolement #écriture #littérature

    https://lundi.am/Lettre-ouverte-a-Hugues-Jallon-President-des-Editions-du-Seuil-a-propos-de

    • Note d’Irène Bonnaud sur FB sur l’écriture, "ceux qui ont la culture" (et ceux qui "ne l’ont pas"), en complément au texte de Serge Quadruppani : "Merci à Serge Quadruppani qui dit ici l’essentiel. J’ajouterais que la prison coûte cher (cantiner, faire venir la famille au fin fond de la Sardaigne, payer les avocats, etc), et qu’un écrivain enfermé dans des conditions carcérales pareilles (isolement, surveillance visuelle 24h/24), sous le feu d’une campagne de propagande massive, quel recours a-t-il sinon écrire et publier pour faire entendre sa voix ? Dans ce contexte, on peut trouver la décision du Seuil encore un peu plus infâme. "L’heure pour Cesare Battisti n’est pas à la littérature" : mais quelle dose de stupidité peut-on avoir dans la cervelle pour prononcer cette phrase ? À moins que cela ne fasse au fond partie du problème.

      Car cette focalisation délirante des autorités italiennes sur le cas Battisti, alors qu’il n’était qu’un parmi des milliers dans les années 70, et qu’un parmi des dizaines d’autres réfugiés en France, est liée à son refus des deux attitudes qu’on lui offrait : se taire, et accepter d’être objet silencieux du discours des autres, tant la production culturelle sur les « années de plomb » était florissante à l’orée des années 2000, ou se repentir, expier en public les erreurs passées, endosser le rôle d’épouvantail aux oiseaux et d’organisateur de l’autocritique des autres, repenti perpétuel et juge du repentir d’autrui, bref servir l’ordre social existant.

      Ce refus était un scandale, et la provocation immense, d’être devenu écrivain sans y avoir été convié. Pour l’Etat italien, il devenait alors urgent de le remettre à sa place, que tout le monde oublie ses livres et qu’il ne soit plus que « le terroriste », « l’assassin », ou au mieux « l’ex terroriste », « l’ex militant d’extrême-gauche », etc. La négation de Cesare Battisti comme écrivain, le fait que ses livres depuis 2002, et les meilleurs et parmi les plus nettement autobiographiques, Cargo Sentimental, Face au mur, ne soient pas publiés en Italie, n’est pas un hasard d’édition. Sans cesse les articles de presse haineux au Brésil comme en Italie insistaient sur le même thème : ce type est mégalomane, il fait le malin, il crâne, il nous nargue, il fanfaronne, il se prétend écrivain, il "joue à l’écrivain" - sous-entendu : il n’est pas un vrai écrivain, sérieux, respectable, bourgeois, c’est un voyou mal élevé et, comme on dirait dans un mauvais polar, « on va lui montrer où est sa place ». Cesare Battisti a le malheur de ne pas être issu de la bourgeoisie intellectuelle. Fils de paysans pauvres, il fait décidément mauvais genre, ragazzo di vita à la Pasolini, squatteur, chômeur, autodidacte, pas idéologue ni théoricien pour un sou, bref pas sérieux, pas présentable.

      Et comment accepter que ces « années de plomb » dont il paraît si important de faire une décennie de tragédies et de désolation aient pu transformer un enfant de prolo en écrivain ? Ce serait laisser voir qu’elles ont été aussi, pour des dizaines de milliers de jeunes gens, un chemin d’émancipation, un air de liberté. Refuser d’aller travailler aux champs ou à l’usine, rompre avec un Parti Communiste qui chantait la dignité du travail et s’alliait avec la droite réactionnaire la plus corrompue, quitter sa famille, son lycée, vivre dans des squats, braquer des magasins pour « se réapproprier les richesses », mais surtout pour refuser l’obéissance aux contremaîtres, aux patrons, aux syndicats - toute cette politique au jour le jour qui a marqué la décennie de l’après 68 et qui a été une formidable source de créativité et de culture, en Italie plus que partout ailleurs dans le monde, est la matrice des romans de Cesare Battisti, leur sujet parfois, mais surtout ce qui les a rendus possibles.

      "J’ai toujours cru que je n’avais pas le droit d’écrire. Je n’en ai pris conscience qu’après février 2004, dans cette situation extrême. Mon arrestation et toutes les infamies qui s’ensuivirent m’avaient rejeté trente-cinq ans en arrière. A l’époque où mon père, qui n’avait jamais terminé l’école primaire, me disait : « On n’écrit que lorsqu’on a une chose importante à dire, et pas n’importe comment. On peut faire beaucoup de dégâts avec un écrit. Il faut laisser cela à ceux qui ont la culture et les responsabilités." (Cesare Battisti, Ma Cavale)

      Du stalinisme paternel à cette décision du Seuil aujourd’hui, on peut dire qu’il y a une certaine continuité, une façon de dire aux "classes dangereuses" et autres subalternes : "la littérature ne vous appartient pas, la littérature est l’affaire des gens respectables, la littérature est notre affaire". Inutile de dire que c’est tout l’inverse, et que ces gens du Seuil viennent de prouver qu’ils ne comprennent, mais alors rien à la littérature."

    • Selon son avocat, Davide Steccanella, les aveux de Cesare Battisti sont avant tout motivés par sa volonté de soulager sa conscience : « Pendant quarante ans, il a été décrit, en Italie, comme le pire des monstres. Avec ce geste, il veut se réapproprier son histoire. » Agé de 64 ans et sans perspective autre que celle de « pourrir en prison » – selon la promesse faite par Matteo Salvini le jour de son retour en Italie –, l’ancien fugitif n’a en effet plus rien à perdre, et pas grand-chose à gagner.

      La demande, présentée par son avocat, de considérer comme prescrite sa condamnation à six mois d’isolement a été rejetée par la justice italienne. Depuis janvier, l’ancien activiste est emprisonné à Oristano, dans une des prisons les plus difficiles du pays, dans une cellule de 3 mètres par 3, où il fait l’objet d’un traitement « sur mesure », surveillé 24 heures sur 24 par les gardiens, il n’a pas grand-chose de plus à espérer qu’un geste de clémence.

      Pour l’ancien membre des Brigades rouges Enrico Porsia (dont la condamnation à quatorze années de prison est prescrite depuis 2013), qui a bien connu Battisti lors de ses années parisiennes, l’ancien membre des PAC a surtout cédé à la pression à laquelle il est soumis depuis son retour en Italie : « Il a été exhibé lors de son arrestation, il est enfermé dans un “aquarium” et soumis à un traitement inhumain, très proche du “41 bis” réservé aux mafieux… En fait, avec ces aveux, l’Etat italien dit : il nous a suffi de trois mois pour le briser. »

      Jérôme Gautheret (Rome, correspondant)

      https://www.lemonde.fr/international/article/2019/03/25/italie-cesare-battisti-reconnait-sa-responsabilite-dans-quatre-meurtres_5441

    • L’AUTODAFÉ DE CESARE BATTISTI, Paolo Persichetti
      https://lundi.am/L-autodafe-de-Cesare-Battisti

      (...) Présentée comme un changement radical après sa libération en mars 2004, la décision soudaine et brutale de faire recours à la catégorie de l’innocence fut assumée dès le début aux dépens de ses compagnons de destin, comme pour souligner que la distance intervenue avec sa vieille communauté serait devenue une valeur ajoutée. Les autres réfugiés furent accusés de l’avoir mis sous pression, carrément bâillonné, le tout sans épargner les jugements dénigrants à l’égard des autres formations politiques armées des années 70 différentes de celles de son petit groupe d’appartenance. Tandis que ses vieux avocats et compagnons d’exil le mettaient en garde, devant le risque que représentait ce choix, en lui rappelant que la procédure d’extradition n’était pas une anticipation du jugement du procès, ni un dernier degré du procès, mais une instance juridique où les requêtes provenant d’Italie étaient évaluées en fonction de leur conformité aux normes internationales et internes, certains de ses soutiens laissaient entendre que la défense nécessaire n’avait pas été développée auparavant parce qu’elle aurait pu « nuire à la protection collective accordée sans distinction des actes commis », à la « petite communauté des réfugiés italiens, protégée pendant plus de 20 ans par la parole de la France » (Le Monde du 23 novembre 2004). En plus d’insinuer, devant l’opinion publique, que la communauté des exilés était une communauté de « coupables » qui empêchaient l’unique « innocent » de se défendre, on leur attribuait un rôle de censeurs jusqu’à dépeindre les exilés comme une bande de cyniques inquisiteurs qui lançaient des excommunications. (...)

      LES AVEUX

      Dans le système judiciaire italien, la notion de culpabilité a été renversée par l’imposant arsenal législatif des récompenses. Le discriminant essentiel est devenu de fait le comportement du prévenu, la démonstration de sa soumission, le degré de repentir ou de collaboration. A égalité de délit et de responsabilité pénale, sont rendus des jugements et des traitements pénitentiaires très différents. La logique des récompenses a modifié les frontières de la culpabilité et de l’innocence. On peut être coupable et récompensé, innocent et puni. Ce que l’on est compte plus que ce qui a été fait. Battisti, malheureusement, n’a pas eu la force de se battre contre cette situation.

  • Hello Seenthis, rien sur Battisti ? Je dois avouer que les événements récents m’ont échappé, bicoz comme tu sais deuil du rezo, mais j’aimerais bien avoir tes idées là-dessus.

    Y a-t-il eu un retournement de situation, ou bien considère-t-on ces aveux comme la marque (suggéré en dernier paragraphe d’un article du Monde) de la violence carcérale qui a finit par briser un homme usé qui n’a plus rien à espérer qu’un allègement de ses conditions de détention ? Et si les aveux sont tenus pour valables, que penser des prises de positions politiques de ces derniers années (encore il y a quelques semaines) ?

    Si le pronostic est celui d’un aveuglement de la gauche sur base politique, y a-t-il de sérieuses remises en question (une rapide recherche semble limiter les « dénonciations » des soutiens à l’anecdotique BHL, ce que je trouve assez minable pour le coup), dans des milieux qui sont autrement prompts à sauter sur leur chaise pour traquer le confusionnisme, le complotisme, l’antisionisme-qui-glisse-vers-l’antisémitisme et plus généralement un anti-impérialisme dénoncé comme un campisme zombie. Si ce n’est pas le cas, j’aimerais savoir quelle est la posture morale dans ces cas et la justification qui expliquerait l’absence de « on ne doit rien laisser passer » dans l’autre.

    • IL N’Y A [toujours] PAS D’“AFFAIRE BATTISTI” ! | Claude Guillon
      https://lignesdeforce.wordpress.com/2019/03/31/il-ny-a-toujours-pas-daffaire-battisti

      J’imagine, sans avoir tenté une recherche particulière dans ce sens, que ses « soutiens » d’alors ne se précipitent pas pour tirer le bilan d’une telle expérience. Si ces personnes se sentent à postériori trahies, elles n’auront guère envie d’en faire état. C’est compréhensible, mais c’est dommageable. Parce que Battisti n’était pas le seul Italien réfugié en France et parce que l’« innocentisme » qui a animé beaucoup de ses soutiens constituait déjà une erreur politique et stratégique avant qu’il soit ainsi démenti de manière tragi-comique.

    • La lettre ci-dessus rappelle des éléments essentiels. En guise d’ajouts : la ligne dite « innocentiste » n’est apparue qu’en 2004, après la décision d’extradition prononcée par la cour d’appel puis par la cour de cassation, et alors que Cesare Battisti était déjà en fuite, juste avant le dernier recours et dernier niveau de juridiction, le Conseil d’Etat.
      Fred Vergas a autrefois elle-même raconté que c’est ses soutiens français qui l’ont conjuré d’adopter cette ligne, se heurtant à sa forte résistance (les portes claquaient, dit-elle). Contrairement à ce que racontent les gazettes, sa ligne antérieure était d’assumer la responsabilité collective des actions du groupe auquel il appartenait, les Prolétaires Armées pour le Communisme. Son récit des événements dans son roman autobiographique, « Dernières cartouches », qui date de 1998, et que je vous recommande vivement (c’est un excellent livre), est assez proche de ce qu’il raconte dans la transcription des interrogatoires récents.
      Par ailleurs, l’émotion et la mobilisation contre l’extradition en 2004 était surtout liées au fait qu’elle reniait la parole de l’Etat français, qui avait accueilli les anciens militants italiens en échange d’un arrêt total de leurs activités illégales. Après avoir été tolérés, ils avaient reçu des cartes de séjour en règle, et Cesare Battisti avait même reçu en février 2004 un courrier du ministère des Affaires sociales l’informant de son imminente naturalisation, après deux ans d’enquête des renseignements généraux qui concluait à une réinsertion exemplaire. C’est la duplicité du gouvernement Raffarin et du ministre de la justice Dominique Perben, qui avait passé un accord en 2002 avec son homologue italien d’extrême-droite, le politicien raciste de la Ligue du Nord, R.Castelli, qui ont provoqué l’abandon de la parole donnée, le kidnapping de Paolo Persichetti en 2002 et l’affaire Battisti en 2004. La procédure a donc surtout porté à l’époque sur l’aberration de la position française, reniant l’asile offert 25 ans après les faits, alors que Battisti avait deux filles françaises, de 20 et 9 ans, etc, et que les demandes d’extradition italiennes avaient déjà été déboutées par les tribunaux français en 1991. Tout ça n’est pas moins scandaleux aujourd’hui qu’alors.
      Ceci dit, et pour nuancer les jugements négatifs sur les affirmations « innocentistes » qu’a pu propager Fred Vargas par exemple (et qu’elle continue de défendre aujourd’hui), ces thèses ont joué un rôle considérable dans la procédure brésilienne. Le ministre de la justice de Lula qui a concédé l’asile l’a fait sur la foi de la démolition par Fred Vargas du procès par contumace qui s’était déroulé en Italie et qui montrait de très nombreuses irrégularités (témoignages de repentis, gagnant de fortes réductions de peine, voire leur libération, comme preuves pratiquement uniques, documents falsifiés par la magistrature milanaise, etc). Le fait qu’on puisse en Italie être condamné à la perpétuité par contumace, sans pouvoir bénéficier d’un nouveau procès au moment de l’arrestation, et que Battisti ait donc été condamné à perpétuité à l’époque en son absence, sans jamais avoir été interrogé sur les faits ni confronté à ses accusateurs, a été déterminant dans l’imbroglio juridique brésilien, qui s’est transformé en bras de fer, de 2006 à 2010, entre le Parti des Travailleurs au pouvoir et le président et le rapporteur très droitiers du Tribunal Suprême Fédéral. Après quatre ans d’incarcération dans des conditions plus ou moins dantesques (mais où il a écrit un autre beau livre, « Face au mur »), Battisti a obtenu l’asile sur décision du président Lula. On peut dire que la ligne « innocentiste » lui a valu 11 ans de liberté au Brésil, ce qui n’est pas rien.
      La récente « confession », motivée sans doute par le régime de l’isolement qu’il subit dans sa prison sarde, a surtout pour défaut de donner raison sur toute la ligne aux allégations des magistrats milanais dont le dossier d’instruction était très fragile. Même si, d’un autre point de vue, cette confirmation totale la rend suspecte.

  • DÉCÈS D’UN JEUNE CONGOLAIS APRÈS SA GARDE À VUE
    Par NegroNews - 12 Heures
    http://negronews.fr/deces-dun-jeune-congolais-apres-sa-garde-a-vue
    https://i1.wp.com/negronews.fr/wp-content/uploads/2019/03/screenshot_20190331_000036.jpg?fit=1080%2C846

    Nous venons d’apprendre le décès du jeune congolais Ange Dibenesha Marifa. Après avoir été arrêté par la police, suite à un contrôle ce mercredi 27 mars 2019. Ange a été gardé à vue pendant plus de 48 heures sans qu’aucun membre de sa famille ne soit contacté. C’est seulement vendredi 29 mars 2019 que l’hôpitalPitié Salpêtrière (Paris 13ème), et non la police, contacte les membres de la famille et les informe qu’il aurait fait un arrêt cardiaque. Aujourd’hui à 17h, Ange se trouvait encore dans un état grave avec des marques de violences sur le corps. L’hôpital vient de confirmer son décès, il y a quelques minutes.

    #violences_policières

    • Mathilde Larrere
      https://twitter.com/LarrereMathilde/status/1112276640439115776
      06:53 - 31 mars 2019

      il y a trois jours la police demande à un homme de 32 ans qui roulait sur le périph de s’arrêter sa famille n’a pas de nouvelle pendant deux jours vendredi le commissariat du 13e dit à sa famille qu’il est à l’hopital, sans plus d’information

      Arrivée à l’hopital, la famille découvre le jeune homme sous respirateur artificiel. il a subi plusieurs arret cardiaques personne ne leur dit ce qui s’est passé, pourquoi il est dans cet état

      ce matin à 00h 30 Ange a été débranché... qu’est-ce qu’il sait passé ?
      #AngeDibeneshaMarifa

    • Mort d’Ange Dibenesha : la police explique les circonstances de son arrestation
      http://www.francesoir.fr/societe-faits-divers/mort-dange-dibenesha-la-police-explique-les-circonstances-de-son-arrestat

      Le trentenaire a donc subi un contrôle routier porte d’Italie, jeudi, à 1h50 du matin. Il circulait à bord d’une voiture BMW, était « en situation d’annulation de son permis de conduire » et a été « dépisté positif au test de l’imprégnation alcoolique », explique la Préfecture de police.

      « A 2h10, alors que les fonctionnaires interpellateurs étaient en attente d’un véhicule de transport de l’interpellé, ce dernier a ingéré une substance non identifiée. Il a alors été pris de convulsions », poursuit le communiqué.

      Les pompiers sont ensuite intervenus sur place et lui ont prodigué un massage cardiaque. Puis le Samu l’a transporté à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière.

    • La seule certitude aujourd’hui c’est que la famille a été prévenue deux jours après l’hospitalisation, donc il y a de quoi se poser des questions. Chaque affaire est unique, c’est la contestation et la vérification des circonstances alléguées par les flics qui peut permettre d’établir la vérité. Respecter la mémoire d’Ange c’est faire en sorte que la justice fasse son travail, « comme il le faut ». Les conclusions hâtives quelles qu’elles soient c’est s’avouer vaincu.

      #justice_et_vérité

    • ANGE DIBENESHA : SA MORT SERAIT D’ORIGINE TOXIQUE RÉVÈLE L’AUTOPSIE
      Par Sonia KALET - 2 avril 2019
      http://negronews.fr/ange-dibenesha-mort-serait-dorigine-toxique-revele-lautopsie

      Les premiers résultats de l’autopsie du corps d’Ange Dibenesha ont révélé que la mort du jeune homme de 31 ans serait liée à une défaillance cardio-vasculaire probablement « d’origine toxique », selon le médecin légiste.

      Alors que la famille d’Ange Dibenesha attend toujours de comprendre ce qui est arrivé entre le contrôle de police du jeune homme, dans la nuit de mercredi à jeudi à Paris, et le coup de téléphone qu’ils ont reçu vendredi pour leur signaler qu’il était en état de mort cérébrale (avant qu’il ne soit finalement débranché samedi), l’autopsie a livré ses premiers résultats.

      Selon 20 Minutes, le trentenaire serai mort d’une défaillance cardio-vasculaire probablement « d’origine toxique » samedi, à l’hôpital de la Salpêtrière.

      Mais pour l’heure, aucun élément n’a été communiqué sur la substance qui a mené à cette réaction.

      Les investigations se poursuivent pour faire toute la lumière sur les circonstances et les causes exactes de la mort d’Ange Dibenesha.

      Le jeune homme avait fait l’objet d’un contrôle routier jeudi, vers 1h50 du matin au niveau de la porte d’Italie (13e arrondissement de Paris) alors qu’il téléphonait. « En situation d’annulation de son permis de conduire » et était également sous l’emprise de l’alcool, a indiqué dans un communiqué la préfecture de police. Selon nos informations, les policiers ont également découvert dans le véhicule un pochon contenant une quantité assez importante de cocaïne.

  • L’ONG #Sea-Eye va identifier les embarcations en détresse grâce aux #images_satellites

    L’ONG allemande Sea-Eye se lance dans un nouveau projet : le #Space-Eye. Objectif : utiliser les images satellites d’une société privée pour alerter sur la présence de migrants en détresse au large de la Libye, et documenter d’éventuelles violations des droits de l’Homme.

    Après les navires humanitaires et les avions de reconnaissance qui sillonnent les côtes libyennes à la recherche d’embarcations de migrants en détresse, Sea-Eye s’intéresse désormais aux images satellite avec un nouveau projet, Space-Eye. L’ONG allemande vient de signer un contrat avec Planet, une société privée américaine de fournisseur d’images satellites, afin de surveiller les côtes libyennes.

    Les images satellites fournies permettront à Sea-Eye d’alerter les ONG présentes au large de la Libye ou le MRCC italien et maltais, lorsqu’un navire est en difficulté.

    Mais ce n’est pas la seule mission que s’est donné Space-Eye. L’ONG cherche aussi à recenser les canots qui n’ont pas pu être secourus ; comment ? En comparant les images satellites actuelles à celles plus anciennes. En effet, #Planet peut fournir des images remontant sur plusieurs années, qu’elle garde en stock.

    « On veut ainsi vérifier si Frontex [garde-côtes européens, ndlr] vient secourir les migrants ou non lorsqu’ils reçoivent un appel de détresse. On a des doutes. Avec les images satellites et les signaux émis par Frontex, on pourra y voir plus clair », explique à InfoMigrants Hans-Peter Buschheuer, chargé de la communication de Space-Eye.

    La zone de surveillance définie englobe 4 500 kilomètres, au large des côtes libyennes. Elle s’étend sur 100 km de long et 30 km de large, au plus près de la région où les départs sont les plus importants.

    Pour l’ONG, ce projet est nécessaire car la politique européenne les inquiète. En effet, l’Italie n’accueille plus aucun navire sur son sol depuis l’arrivée au pouvoir de Matteo Salvini l’année dernière. Pire, les navires humanitaires sont régulièrement maintenus à quai dans les ports européens. « On pense qu’à terme il n’y aura plus aucun navire humanitaire dans la zone et que les avions comme le #Moonbird seront cloués au sol. Les images satellites seront le seul moyen de surveiller ce qu’il se passe le long des côtes libyennes », précise encore Hans-Peter Buschheuer.
    Space-Eye espère publier un rapport sur d’éventuelles violations des droits de l’Homme au large de la Libye dans les prochains mois.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/15933/l-ong-sea-eye-va-identifier-les-embarcations-en-detresse-grace-aux-ima
    #sauvetage #Méditerranée #ONG #asile #migrations #réfugiés #nouvelle_stratégie #droits_humains #forensic_architecture

    métaliste ici :
    https://seenthis.net/messages/706177

  • Remarques sur l’effondrement de l’Empire romain (par Ana Minski) – Le Partage
    http://partage-le.com/2019/03/de-leffondrement-de-lempire-romain-par-ana-minski

    Les éditions La Découverte ont récemment publié l’ouvrage de Kyle Harper, Comment l’Empire romain s’est effondré, le climat, les maladies et la chute de Rome. Kyle Harper, professeur d’histoire à l’université d’Oklahoma, renouvelle les connaissances sociales, environnementales et épidémiologiques de la chute de l’Empire. S’appuyant sur les dernières données archéologiques, historiques, climatiques et microbiennes, il rend compte du rôle important des changements climatiques, de l’exploitation de l’environnement et des maladies, principales causes de l’effondrement de la civilisation romaine.

    Les récentes études pluridisciplinaires intégrant les conditions climatiques, épidémiologiques et démographiques confirment que les peuples du Paléolithique bénéficiaient d’une structure sociale et d’une écologie des maladies bienveillantes[1]. La révolution néolithique, à l’origine de modes de vie exclusivement sédentaires, de régimes alimentaires plus monotones, d’habitats plus denses, de transformation des paysages, de nouvelles technologies de déplacement et de communication, permet à de nouveaux agents pathogènes de se développer. Les animaux de ferme constituent une partie du réservoir biologique d’où émergent les agents infectieux mais l’exploitation de l’environnement génère des destructions des écosystèmes, des déplacements et modifications de populations non humaines, principaux responsables de nouvelles formes de maladies. L’accroissement de la population, le développement de l’urbanisation, des moyens de subsistances nécessairement intensifs (agriculture et élevage) favorisent l’apparition d’agents infectieux toujours plus dangereux. L’état de santé des Romains, lié à l’impact environnemental de leur culture, était mauvais. « Chaque jour, on peut trouver dix mille personnes souffrant de la jaunisse et dix mille d’hydropisie » écrivit Galien qui n’ignorait pas la sagesse commune : « Quand l’année entière devient humide ou très chaude, survient nécessairement une très grande peste ». Les collines de Rome dominaient un marais, la vallée du fleuve, les bassins, les fontaines, étaient un refuge pour le moustique anophèle, vecteur du paludisme, l’un des principaux tueurs, avec la diarrhée :

    « En ville les rats grouillaient, les mouches pullulaient, les petits rongeurs couinaient dans les passages et les cours. Il n’y avait pas de théorie microbienne, on se lavait peu ou pas les mains, et la nourriture ne pouvait pas être protégée des contaminations. La cité ancienne était un lieu d’insalubrité maximale. Les maladies banales se répandant par contamination féco-orale, causes de diarrhées fatales, étaient sans doute la première cause de mortalité dans l’Empire romain. Hors des villes, la transformation du paysage a exposé les romains à des menaces tout aussi périlleuses. Les romains n’ont pas seulement modifié les paysages  ; ils leur ont imposé leur volonté. Ils ont coupé ou brûlé les forêts. Ils ont déplacé les rivières et asséché des lacs, construit des routes au travers des marais les plus impénétrables. L’empiétement humain sur de nouveaux environnements est un jeu dangereux. Il expose non seulement à de nouveaux parasites inhabituels mais peut provoquer une cascade de changements écologiques aux conséquences imprévisibles […] Les cités fétides de l’Empire étaient des boîtes de Petri grouillantes de parasites intestinaux. […] L’espérance de vie à la naissance variait entre vingt et trente ans. La force brutale des maladies infectieuses était, de loin, le facteur principal du régime de mortalité qui pesait de tout son poids sur la démographie. »

    Cet état de santé médiocre est confirmé par l’examen de la dentition qui montre un important défaut de croissance, l’hypoplasie linéaire de l’émail, qui survient au cours de l’enfance dans les cas de malnutrition et de maladie infectieuse. À l’époque de l’Empire, la civilisation romaine, fortement urbanisée et interconnectée, s’étend jusqu’au tropique, son centre écologique est la Méditerranée et ses parties occidentale et nordique sont sous l’influence de la zone climatique atlantique. La densité de l’habitat urbain, les transformations permanentes des paysages, le développement des routes terrestres et maritimes, contribuent à créer une écologie microbienne unique. Cet impact environnemental, combiné à l’évolution des pathogènes, stimule la propagation des infections chroniques, rendant plus vulnérables les populations, et permettant à la lèpre et à la tuberculose de profiter du système de circulation de l’Empire pour se développer et s’installer. La tuberculose, qui n’aurait pas plus de 5 000 ans, aime particulièrement les villes et laisse sa signature sur les os de ses victimes, ce qui permet aux archéologues de constater sa présence exceptionnelle sur les squelettes des siècles de domination romaine. Jusqu’au XXe siècle, elle est une cause importante de mortalité et reste encore aujourd’hui dangereuse. La lèpre, quant à elle, est connue depuis le IIe millénaire avant J.C. en Inde, mais commence véritablement à se développer dans le contexte archéologique de l’empire romain. Le drame de l’histoire des maladies est le résultat de la collusion permanente entre l’évolution des agents pathogènes et les rencontres humaines. Les croissances territoriale, commerciale et démographique de la civilisation romaine participent à l’explosion souterraine des maladies jusqu’à donner naissance aux premières pandémies.

    L’optimum climatique romain (OCR) est une période de climat chaud, humide et invariable qui domine la plus grande partie du cœur méditerranéen de 200 avant J.-C. à 150 après J.C. La civilisation romaine profite de ce climat bénéfique pour urbaniser des zones jusque-là difficiles à domestiquer. Pour répondre aux exigences de croissances économique et démographique qui caractérisent toute civilisation, l’urbanisation et l’agriculture colonisent la nature, créant des écosystèmes favorables à l’évolution des agents pathogènes : « Les Romains furent submergés par les forces de ce que l’on appelle l’émergence des maladies infectieuses. » Pour lutter contre une forte mortalité infantile causée par le développement des virus, bactéries et parasites, un taux de fertilité élevé est nécessaire, ce qui pèse lourdement sur le corps des femmes chargées de repeupler les rangs. La loi romaine autorise les filles à se marier dès l’âge de 12 ans. Il n’y a pas de célibataire dans le monde romain et le mariage est un engagement à procréer : « Les femmes sont habituellement mariées pour les enfants et la succession, et non pas d’abord pour le plaisir. »[2] À partir d’Auguste, l’État met en place une politique nataliste qui pénalise les personnes sans enfant et encourage la fécondité. Les femmes ont en moyenne six enfants. La principale source de croissance démographique dans l’Empire n’est pas un déclin de la mortalité mais une fertilité importante. Les Romains vivent et meurent en affrontant des vagues incontrôlées de maladies infectieuses. La terre est le principal facteur de production, et l’augmentation démographique oblige à cultiver des terres toujours moins fertiles pour en tirer toujours davantage. Ce besoin expansionniste, intrinsèque à toute civilisation, est l’un des principaux responsables des destructions environnementales :

    « L’augmentation de la population a poussé des personnes à s’installer dans les marges. Mais, de plus, le réseau serré des échanges était un encouragement pour les paysans à s’installer dans des zones où les risques étaient plus importants. Les connexions limitaient les conséquences les plus graves des années de sécheresse. Et la croissance des marchés nourrissait l’expansion entrepreneuriale et les institutions romaines poussaient exprès les paysans à occuper des terres situées aux marges. La circulation des capitaux a favorisé une explosion des travaux d’irrigation dans les régions semi-arides. L’essor économique de l’Afrique romaine a été favorisé par la construction d’aqueducs, de puits, de citernes, de terrasses, de barrages, de réservoirs et de foggaras (de longues canalisations souterraines permettant le transport de l’eau des sommets aux zones cultivées). Les technologies hydrauliques soit d’inspiration indigène soit de nature impériale se retrouvaient dans les hautes terres comme dans les vallées. Grâce à ces dispositifs l’eau était soigneusement collectée et exploitée dans les zones semi-arides occupées comme jamais auparavant par de nouvelle populations. […] Le désert a gagné des zones qui étaient sans conteste cultivées pendant l’OCR. »

    L’Empire, consommateur vorace de sources d’énergie et de matériaux, dénude les montagnes de leur manteau sylvestre, autrefois dense. Cette déforestation est à l’origine des inondations catastrophiques dont est régulièrement victime l’Empire romain, inondations quasiment inexistantes au Moyen-Âge, lorsque les montagnes se recouvrent à nouveau d’arbres. La croissance territoriale et démographique s’accompagne d’un développement commercial toujours plus frénétique et débridé :

    « … cargaison d’or, d’argent, de pierres précieuses, de perles, de fin lin, de pourpre, de soie, d’écarlate, de toute espèce de bois de senteur, de toute variété d’objets d’ivoire, ou en bois très précieux, en airain, en fer et en marbre, de cinnamome, d’aromates, de parfums, de myrrhe, d’encens, de vin, d’huile, de fine farine, de blé, de bœufs, de brebis, de chevaux, de chars, de corps et d’âmes d’hommes. »[3]

    Les marchands, toujours en quête de soie et d’épices, d’esclaves et d’ivoire, ne cessent de franchir le Sahara le long des routes commerciales, traversent l’océan Indien en passant par les ports de la mer Rouge, transportant les animaux exotiques destinés à être massacrés au cours des spectacles romains. Le vivant ayant perdu toute valeur intrinsèque, les autres espèces n’existent plus que pour servir la démesure des Empereurs et de l’élite. Le citoyen romain, incapable de remettre en question l’idéologie de la croissance démographique et économique, incapable d’envisager le monde et ses existants autrement que comme un grenier dont il peut user et abuser, assiste à la mise en scène de la surpuissance de Rome :

    « Les créatures les plus étranges capturées dans le monde entier – un véritable zoo – furent offertes au peuple et massacrées sous ses yeux : trente-deux éléphants, dix élans, dix tigres, soixante lions, trente léopards, six hippopotames, dix girafes, un rhinocéros, et une quantité innombrable d’autres bêtes sauvages, sans oublier mille couples de gladiateurs. »

    La mauvaise santé physique et psychique des sujets de l’Empire et sa destructivité écologique est également le produit d’un régime autoritaire et très hiérarchique. La République des dernières années est une période de pillage sans contrôle, et le maintien de l’Empire nécessite des négociations permanentes avec tous ceux qui vivent à l’intérieur de ses frontières. Le pillage est donc peu à peu transformé en impôts dont la collecte, confiée à la petite noblesse locale qui se voit accorder la citoyenneté, permet de transformer sur tous les continents l’élite en classe dominante au service de l’Empire. Ainsi devient-il possible de diriger un vaste territoire avec seulement quelques centaines de fonctionnaires romains. Le nombre d’habitants double, de plus en plus de territoires sont occupés et toute tentative de résistance écrasée avec violence, comme en Judée et en Bretagne. Sous Auguste, les légions citoyennes permanentes sont remplacées par des armées professionnelles et les hommes libres des provinces deviennent peu à peu des citoyens. La paix n’existe pourtant pas, la zone frontalière est constituée d’un réseau de fortins, de tours de guet et de postes d’observations, de forts construits pour surveiller les populations et les zones inamicales où sont installées d’importantes bases militaires. Avec Auguste, l’expansion territoriale ralentit mais ne s’arrête pas. Les frictions provoquées par cette expansion permanente aboutissent peu à peu à des lignes de séparation démarquant les territoires sous hégémonie romaine, et au développement d’un réseau de communication et de transport destiné à gérer le système et le pouvoir militaire depuis le centre impérial. La machine de guerre approche le demi-million d’hommes et le budget de la défense est de loin la dépense la plus importante de l’État. La paix à l’intérieur de l’Empire dépend de la discipline, de la valeur et de la loyauté d’une gigantesque armée rémunérée. D’autant plus que : « La répartition des richesses était terriblement inégale. La richesse et le statut légal formaient la structure entremêlée d’une hiérarchie sociale exacerbée. En bas, de manière légale, il y avait la vaste classe des personnes totalement non libres. L’Empire romain a été l’un des systèmes esclavagistes les plus importants et les plus complexes de l’histoire – dont l’endurance exceptionnelle est, par ailleurs, un autre signe que la surpopulation n’a pas suffisamment fait baisser le coût d’un travail libre pour rendre inutile le travail servile. »

    La population de l’Empire, constituée principalement de pauvres et de sans terre, augmente au cours des cent cinquante années qui suivent le règne d’Auguste, et atteint son maximum avant que la peste antonine éclate.
    Le livre de Kyle Harper.

    C’est ainsi qu’à la fin de l’OCR, en 165 après J.-C., sous le règne de Marc Aurèle, la peste antonine fait sept millions de victimes. L’agent pathogène de la peste antonine est probablement celui de la variole, maladie contagieuse dont le virus se propage par inhalation de gouttelettes aériennes expulsées par une personne infectée. La variole n’est pas un ennemi si ancien, tout comme la lèpre et la tuberculose, elle semble apparaître au cours des mille dernières années. Elle est particulièrement violente dans les villes et les zones côtières où la densité de la population était importante. Le réseau de transport permet sa diffusion de région en région. La peste antonine est un phénomène létal d’une ampleur telle qu’elle interrompt l’expansion démographique et économique de l’Empire, qui parvient malgré tout à se stabiliser en maintenant toujours un fort autoritarisme.

    Sous le règne des Sévères (193–235 après J.-C.) l’Empire retrouve son équilibre économique et démographique. Le pouvoir de l’armée, dont la paye n’a cessé d’augmenter, est davantage considéré. L’explosion des constructions est un des signes du rétablissement économique et démographique qui caractérisent leur règne. Septime reconstruit le grand temple de la Paix, construit l’arche de Septime, les colonnes géantes de granit d’Assouan, la Forma Urbis Romae, le Septizodium  ; son fils Caracalla finance des bains monumentaux, de grands moulins à eau et greniers gigantesques qui s’élèvent tout autour de la cité.

    « Assurément, il suffit de jeter les yeux sur l’univers pour reconnaître qu’il devient de jour en jour plus riche et plus peuplé qu’autrefois. Tout est frayé  ; tout est connu  ; tout s’ouvre au commerce. De riantes métairies ont effacé les déserts les plus fameux  ; les champs ont remplacé les forêts  ; les troupeaux ont mis en fuite les animaux sauvages  ; les sables sont ensemencés  ; l’arbre croît sur les pierres  ; les marais sont desséchés  ; il s’élève plus de villes aujourd’hui qu’autrefois de masures. Les îles ont cessé d’être un lieu d’horreur  ; les rochers n’ont plus rien qui épouvante  ; partout des maisons, partout un peuple, partout une république, partout la vie », écrit Tertullien.

    L’OCR disparait lentement, sur une durée de trois siècles, laissant place à un climat plus instable. Il y a une forte interaction entre les crues du Nil et le mode de variabilité climatique connu sous le nom de ENSO (El Niño-Southern Oscillation), un El Niño puissant, corrélé avec une crue du Nil faible. Au cours de la période romaine de transition climatique (150 – 450 après J.-C.) les phénomènes ENSO deviennent plus courants, tous les trois ans environ. Devenus dépendants des conditions favorables de la fertile vallée du Nil, les Romains sont confrontés aux oscillation de ses crues. À ces problèmes climatiques s’ajoute la peste de Cyprien, partie d’Éthiopie, qui dure plus de quinze ans, de 249 à 270 après J.-C. « Il n’y eut presque aucune province romaine, aucune cité, aucune demeure qui ne fût attaquée par cette pestilence générale et désolée par elle » (Orose). La peste de Cyprien vida l’Empire, ravage la ville sans épargner les zones rurales, « aucune peste du passé n’a provoqué une telle destruction en vies humaines » (Zosime).

    « La maladie s’abattait d’un coup sur les gens, pénétrant beaucoup plus vite que tout ce que l’on pouvait penser, se nourrissant de leur maison comme le feu si bien que les temples étaient remplis de ceux qui, terrassés par la maladie, avaient fui dans l’espoir d’être guéris. […] Tous ceux qui brûlaient de soif à cause de la faiblesse provoquée par la maladie se pressaient aux sources, aux cours d’eau et aux citernes. Mais l’eau ne parvenait pas à apaiser la flamme de l’intérieur, laissant ceux qui étaient affectés par la maladie dans le même état qu’avant. » (Grégoire de Naziance).

    La pestilence frappe sans considération d’âge, de sexe ou de condition. Il est probable que l’agent pathogène de la peste de Cyprien soit un filovirus proche de celui d’Ebola.

    Les troubles climatiques globaux des années 240 après J.C. suscitent des changements écologiques susceptibles d’être à l’origine de la peste. La pandémie frappe les soldats et les civils, les habitants des villes et des villages. Elle fait éclater l’intégrité structurelle de la machine du pouvoir plongeant l’Empire dans une succession de faillites violentes. Les frontières sont fragilisées et l’économie et l’armée mises à mal par des successions d’attaques aux frontières. L’Empire se disloque. La mortalité ravage l’armée romaine, les casernes étant des lieux propices à la propagation du virus. Le temps des empereurs-soldats commence, et la crise du IIIe siècle permet l’avènement d’une nouvelle religion, le christianisme. Dans les années 260 après. J.C., la fortune et la démographie de l’Empire sont au plus bas. La restauration est lente et les villes, plus petites et moins nombreuses, ne sont plus les mêmes. À partir de 266 après J.C., le climat se stabilise, le IVe siècle est une période de réchauffement sans précédent. Les tendances climatiques sont alors sous l’influence dominante de l’Atlantique Nord. Les fluctuations des différences de pression entre l’anticyclone des Açores et la dépression d’Islande sont connues sous le nom d’Oscillation Nord-Atlantique (ONA), et font partie des grands mécanismes climatiques du globe. Sécheresses et famines sont fréquentes, les données bioarchéologiques témoignent de la lutte contre les maladies infectieuses qui épuisaient les capacités physiques des victimes. Les microbes ne laissent aucun répit aux hommes.

    « Entre la conversion de Constantin et le saccage de Rome en 410 après J.C., nous disposons de milliers de tombes chrétiennes dans la cité impériale gardant la date du jour où le croyant a quitté ce monde (et la baisse brutale après 410 est également le signe des désordres qui ont affligé la vénérable capitale). Une fois agrégées, ces données constituent un dossier sans équivalent sur les rythmes saisonniers de la Grande Faucheuse. Les canicules estivales étaient mortelles, une vague de germes gastro-intestinaux submergeant la ville. La mortalité flambait en juillet et atteignait un pic en août et septembre. Le pic automnal met en évidence la prévalence durable du paludisme. »

    L’État collecte les impôts en or et s’en sert pour payer ses fonctionnaires. Dioclétien réquisitionne le précieux métal en procédant à de vastes expropriations. L’économie de marché se rétablit rapidement, et l’on observe alors une fusion entre les forces du marché et les forces fiscales. Les grandes banques ressuscitent, les preuves d’une activité bancaire et de crédit sont plus fortes à cette époque (au IVe siècle) qu’à aucune autre.

    « Le marchand qui veut s’enrichir équipe un navire, embauche des marins, recrute un capitaine et fait tout ce qui est par ailleurs nécessaire pour prendre la mer, emprunte de l’argent et teste les flots avant de gagner des terres étrangères. » (Jean Chrisostome)

    La renaissance de la monnaie et du crédit réveille les réseaux de commerce en Méditerranée. L’Égypte et la Palestine entrent sérieusement dans le commerce du vin aux IIIe et IVe siècle. La répartition archéologique de la céramique sigillée montre l’essor de l’Afrique jusqu’à occuper une position dominante dans les réseaux connectant l’Empire sur de longues distances. L’appât du gain unifie le monde romain, transformé en une immense zone de libre-échange. Avec la revitalisation de l’économie de marché, le système esclavagiste connaît un renouveau rapide. Comme autrefois, les esclaves sont partout : sans leur sueur et leur peine, pas de fabuleuses fortunes aristocratiques, et la richesse des propriétaires d’esclaves est visible à chaque fois que l’on jette un coup d’œil sur le mode de vie des gens aisés du IVe siècle. Posséder un esclave est le minimum pour un homme respectable. L’ampleur de la stratification sociale est vertigineuse. Il faudra attendre le temps du colonialisme transatlantique pour trouver une élite économique réussissant à accumuler des fortunes privées d’une telle ampleur. Mais l’Empire d’Occident, dont les habitants sont affaiblis par de nombreux germes, perd peu à peu face aux hordes des steppes où le climat sec est plus bénéfique et où le paludisme n’affaiblit pas la population. Les villes de l’Occident se dépeuplent ce qui génère une baisse de la mortalité.

    À la fin de l’Empire romain, les greniers à blé dominent les paysages. Le vaste réseau des villes, des navires et des entrepôts de blé forme un véritable écosystème qui bénéficie particulièrement au rat noir.

    « La fusion du commerce global et de l’infestation par les muridés a été la précondition écologique du plus grand événement sanitaire que la civilisation humaine ait jamais connu : la première pandémie de peste. »

    Elle débute sur les rives de l’Égypte en 541 avant de se répandre dans l’Empire et au-delà. La pandémie de peste bubonique submerge tout par sa durée et son intensité. Son arrivée est le signe d’un nouvel âge, sa persistance sur deux siècles est à l’origine d’une longue période de stagnation démographique.

    Justinien est le dernier des grands ingénieurs environnementaux romains, il façonne tout le paysage local en changeant le cours du Skirtus, creuse un nouveau lit pour le Cydnus, construit un pont imposant, abat une forêt pour remodeler la plaine et contrôler le débit du Drakon, répare et construit de nouveaux aqueducs. Il rêve de soumettre la nature à ses désirs, de restaurer l’Empire d’Occident et mène une campagne pour gagner les provinces occidentales mais n’apporte que la misère. Ce qui n’est rien face à la peste qui s’abat en 541, couvrant les 23 années suivantes de son règne de pestilence. Le commerce de la soie permet au rat noir de voyager vers de nouveaux territoires et le changement climatique constitue le facteur final. L’année 536 est une année sans été. Une série d’explosions volcaniques des années 530 à 540 plongent l’Empire dans un hiver de plusieurs décennies, un des plus froids de l’Holocène. Le taux de mortalité augmente jusqu’à atteindre 50 à 60 % de la population. L’ordre social s’effondre, tous les travaux s’arrêtent, les marchés de détail ferment et une famine s’installe dans la cité. Contrairement aux pandémies précédentes, la peste bubonique touche aussi les zones rurales et toutes les couches de la population dont le système immunitaire est affaibli par l’environnement insalubre du monde romain, et dont les organismes le sont également en raison de la diminution des réserves alimentaires engendrée par les anomalies climatiques des années précédentes. Durant deux siècles, de 543 à 749, la peste jaillit de ses réservoirs, provoquant des épidémies aussi violentes que soudaines. En 589 après J.-C., des pluies torrentielles s’abattent sur l’Italie, l’Agide déborde et la crue du Tibre submerge les murailles de Rome. Des églises s’effondrent, les greniers à blé du pape sont détruits. En 590, la peste emporte le pape Pélage II. En 599, l’Occident subit une nouvelle pestilence. La peste de Justinien est un événement funeste, de même que le petit âge glaciaire de l’Antiquité tardive traversé d’épisodes sismiques.

    « Pour les contemporains de cette première pandémie, c’était une incroyable nouvelle que d’apprendre qu’un peuple avait été épargné des destructions de la peste. Les Maures, les Turcs et les Arabes habitant le désert auraient été exemptés de la catastrophe globale. […] Les Maures, les Turcs et les habitants du centre de l’Arabie partageaient tous un mode de vie nomade. L’explication écologique est évidente : les formations sociales non sédentaires étaient protégées contre la collusion létale rat-puce-peste. »

    L’expansion territoriale, démographique et commerciale de l’Empire romain et son hubris architecturale n’ont eu de cesse de détruire des écosystèmes entiers : un niveau exceptionnel d’urbanisation, plus d’un millier de villes. Fortement inégalitaire et hiérarchisé, l’Empire étend son domaine agraire jusque dans les environnements les plus pauvres, épuisant les sols et la vie des habitants qui ne cessent de lutter contre les maladies et la faim. Les déforestations, l’urbanisation et l’agriculture, bien plus que les effets du changement climatique, ont eu raison de l’Empire romain qui a été incapable de remettre en question les valeurs intrinsèques à toute civilisation : expansion territoriale, croissance démographique et économique, accumulation de richesses, exploitation du monde et des vivants comme source de distraction, d’accumulation matérielle et d’orgueil.

    « Même en ce qui concerne l’environnement physique, où des forces entièrement indépendantes de l’action humaine sont à l’œuvre, les effets du changement climatique dépendaient des arrangements particuliers entre une économie agraire et la machinerie de l’empire. Et l’histoire des maladies infectieuses est toujours profondément dépendante des écologies créées par les civilisations. »

    L’histoire de l’effondrement de l’Empire romain résonne comme un avertissement à l’heure où de nouveaux agents infectieux émergent – Ebola, Lassa, Nipah, SARS, MERS, Zika – où l’urbanisation se répand comme une lèpre sur le monde sauvage, où les monocultures détruisent les sols, où nos environnements sont de plus en plus toxiques et affaiblissent nos systèmes immunitaires, où nous sommes toujours plus entassés dans des mégapoles toujours plus asphyxiantes. Mieux vaut anticiper l’effondrement de l’Empire de la civilisation industrielle et tout mettre en œuvre pour le démanteler plutôt qu’attendre que les inégalités et l’exploitation toujours plus mortifère du vivant ne nous apportent notre lot de pestilences et d’hécatombes.

    Ana Minski

    #pax_romana

  • Marseille : un avocat dénonce des agressions de migrants à la machette sans réponse de la police - France 3 Provence-Alpes-Côte d’Azur
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/provence-alpes-cote-d-azur/bouches-du-rhone/marseille/marseille-avocat-denonce-agressions-migrants-machette-r

    Ces migrants sont confrontés à des milices locales en réseau via l’Italie, explique-t-il. Ils organisent la criminalité au sein de cette communauté : prostitution, racket et tentatives d’assassinat à la machette.

    Il y a eu une dizaine de dépôts de plainte, avec photos des auteurs à l’appui, la police n’agit pas

    Des personnes ensanglantées se présentent devant le commissariat du 14e arrondissement, et personne ne bouge, c’est grave !

    Pour l’avocat, la non réponse des forces de l’ordre permet à cette organisation de s’installer en toute impunité : personne ne leur dit qu’il est interdit en France de se promener avec une machette... Un réseau de prostitution est présent également. Il n’y a même pas d’interpellation en flagrance, affirme-t-il :

    Des gens arrivent avec des balafres et toutes les preuves : mais que fait la police ?

    « Corot, ça devient Calais version ouverte et non contrôlée »… Il va donc déposer plainte dès lundi pour « violation de l’article 40 du nouveau Code de Procédure Pénale » : l’autorité lorsqu’elle est confrontée à une infraction a le devoir d’agir.

  • L’Italie rejoint les « nouvelles routes de la soie » de la Chine
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/03/23/malgre-l-inquietude-de-bruxelles-l-italie-rejoint-les-nouvelles-routes-de-la


    Les gouvernements italien et chinois ont signé samedi 23 mars un protocole d’accord « non contraignant » pour sceller l’entrée de l’Italie dans les nouvelles routes de la soie ».
    ALBERTO PIZZOLI / AFP

    Les gouvernements italien et chinois ont signé samedi 23 mars un protocole d’accord « non contraignant » pour sceller l’entrée de l’Italie dans les « nouvelles routes de la soie », malgré l’inquiétude de Bruxelles et Washington. Au cours d’une cérémonie en présence du président chinois, Xi Jinping, et du chef du gouvernement italien, Giuseppe Conte, l’Italie est devenue le premier pays membre du G7 à intégrer ce projet pharaonique d’infrastructures maritimes et terrestres lancé par Pékin en 2013.

    Au total, 29 contrats ou protocoles d’accord ont été signés, pour les deux tiers institutionnels, portant selon le gouvernement italien sur « 2,5 milliards d’euros et un potentiel total de 20 milliards ». Ils prévoient ainsi des investissements chinois, pour l’instant limités, dans les ports de Gênes et de Trieste, stratégiques pour l’accès maritime au marché européen depuis la Chine.

  • #Turin (Italie) : bloquons la ville le samedi 30 mars 2019 !
    https://fr.squat.net/2019/03/23/turin-italie-bloquons-la-ville-le-samedi-30-mars-2019

    SAMEDI 30 MARS #manifestation A TURIN ! CORTÈGE INTERNATIONAL CONTRE LES FRONTIÈRES / CONTRE LES EXPULSIONS ET LA RÉPRESSION Vous vous êtes réjouis de l’expulsion de l’Asilo Occupato que vous voulez donner aux spéculateurs de la guerre contre les pauvres des périphéries. Vous nous avez arraché.es six compagnon.nes, en les accusant d’avoir lutté contre la détention […]

    #Asilo_occupato #Italie #Opération_Étincelle #prison #sans-papiers

  • L’appel aux troupes ou le retour de la guerre sociale
    21 MARS 2019 PAR ROMARIC GODIN

    En replaçant l’armée dans les stratégies de maintien de l’ordre, le gouvernement renoue avec la logique de l’État du XIXe siècle. Une évolution logique compte tenu de sa politique économique et sociale, qui détricote l’État social issu de la Libération et du Conseil national de la résistance.

    L’utilisation massive de l’#armée dans des opérations de maintien de l’#ordre est une première en #France depuis 1948 lorsque le ministre de l’intérieur socialiste Jules Moch utilisa l’armée pour contraindre les mineurs à reprendre le travail. Ce fut la dernière fois, à l’exception notable (et qu’il ne faut évidemment pas oublier) des guerres coloniales où l’armée française fut mobilisée contre des #manifestants et même contre des émeutiers. Et ce n’est pas un hasard. C’est donc une longue tradition qui, ce week-end, va se fermer. Et cette tradition n’est pas étrangère au système économique et social qui a prévalu jusqu’ici en France.

    L’immédiat après-guerre est en effet marqué par un changement majeur en France. Avec l’application partielle du programme du Conseil national de la résistance (CNR), le pays cherche à apaiser la #lutte_de_classes par la construction d’un système de protection sociale fort et paritaire. Patronat et syndicats sont contraints à discuter et à gérer ensemble cette protection à laquelle contribuent salariés et employeurs. La lutte n’a certes pas disparu, notamment dans le domaine salarial. Mais l’enjeu salarial est relativisé par l’existence de « coussins de protection » auxquels chacun participe.

    En termes de maintien de l’ordre, ce système social a une conséquence directe : l’ordre qu’il faut défendre n’est plus celui d’un clan, d’une caste ou d’une classe. C’est celui de tous. Et dès lors, il ne saurait plus exister « d’ennemi de l’intérieur » dans le domaine social. Logiquement, l’armée, dont la fonction est de combattre un ennemi, ne peut être mobilisée pour maintenir l’ordre social. C’est dans ce cadre que le gouvernement provisoire de la République crée en 1944 les « compagnies républicaines de sécurité » (CRS), excluant de fait l’armée du maintien de l’ordre.

    Certes, le recours à la troupe en 1947 et 1948 se fait après la création de la sécurité sociale et des CRS. Mais c’est un fait alors exceptionnel à plus d’un titre. Ces grèves sont politiques et s’inscrivent dans la logique de la guerre froide. Alors que le président étasunien Harry Truman vient d’appeler, en mars 1947, au « containment » (« endiguement ») de l’influence soviétique, les grévistes peuvent alors apparaître, pour un Jules Moch, comme des « ennemis de l’intérieur ». De fait, une situation du même type a lieu, au même moment, en Italie. L’enjeu du maintien de l’ordre a été compris par le gouvernement français de l’époque comme un enjeu géopolitique, celui du maintien de la France dans le bloc occidental. Et ce fait pouvait justifier, sinon excuser, le recours à l’armée dans un cadre social qui, du reste, était naissant.

    Mais le caractère exceptionnel de ce recours se montre par le fait qu’à aucun moment, depuis, il n’a été de nouveau, jusqu’à ces derniers jours, question de la troupe pour assurer l’ordre social. En mai 1968, Charles de Gaulle, rencontrant le général Massu à Baden-Baden, a pu songer à briser ce tabou. Mais il s’en est bien gardé, choisissant, pour sortir de la crise, la voie politique, par la dissolution, et la voie sociale, par les accords de Grenelle. Il a préféré resserrer l’idée que l’ordre républicain devait avant tout s’appuyer sur la démocratie et la collaboration des classes sociales.

    Il n’en avait pas toujours été ainsi, loin de là. La France a longtemps été le pays de la bourgeoisie triomphante et dominante. En 1944, la France, malgré les avancées du Front populaire, est encore un pays extrêmement en retard sur le plan de la protection sociale. Jusqu’en 1864, la grève est interdite, de même que les syndicats jusqu’en 1884. À l’exception de l’épisode des deux restaurations (1814-1830), l’ordre, c’est alors l’ordre bourgeois. Et pour assurer cet ordre, on n’hésite pas à avoir recours à l’armée.

    C’est, du reste, la convention thermidorienne, formée de ceux qui ont fait tomber Robespierre, qui inaugure ce recours. La révolution de 1789 avait voulu également démilitariser le maintien de l’ordre, jusqu’ici assuré par les mercenaires du roi, avec la création de la garde nationale (qui n’hésita pas cependant à tirer sur le peuple au Champ-de-Mars, le 17 juillet 1791). Les Thermidoriens en appellent à l’armée nationale pour réduire les émeutes venant de la gauche comme de la droite. L’armée sauve la convention lors de l’insurrection populaire (de gauche) du 1er prairial an III (20 mai 1795), puis lors de l’insurrection royaliste du 13 vendémiaire an III (5 octobre 1795), où se distingua le jeune Napoléon Bonaparte. Les « centristes » d’alors, défenseurs des nouvelles classes dirigeantes acheteuses de biens nationaux, se maintiennent grâce à la troupe et le Directoire, avant de succomber au coup d’État de Brumaire, n’aura survécu que par la grâce de l’armée.

    Lorsque la bourgeoisie revient au pouvoir en 1830, elle a un recours massif – et sanglant – à l’armée pour le maintien de l’ordre. Les #émeutes parisiennes de 1832 (contées dans Les Misérables de Victor Hugo), de 1833 et de 1834, engagent la « ligne » (nom alors donné à l’infanterie). C’est aussi la troupe qui mate la #révolte des #Canuts en 1834. Un épisode rappelle alors le danger de la militarisation du maintien de l’ordre. Le 14 avril 1834, une patrouille de la ligne descend la rue Transnonain, actuelle rue Beaubourg. Au passage devant le numéro 12, un coup de feu claque et tue un soldat. Ses camarades, fous de rage, investissent le bâtiment et massacrent ses occupants, souvent encore dans leur sommeil. Il y aura douze victimes et l’épisode sera immortalisé par une gravure de Daumier. Mais la monarchie de Juillet n’a pas le monopole de ces recours à la troupe.

    Au début de la deuxième république, en juin 1848, les ouvriers révoltés dans l’est parisien contre la fin des ateliers nationaux qui les condamnent à la faim, sont écrasés par l’armée dirigée par le terrible général Cavaignac. L’intérêt défendu ici est clair : c’est la rente, l’obligation d’État dans laquelle la bourgeoisie investit sa fortune et qui était menacée par les dépenses sociales. Il y aura plusieurs milliers de morts. En #1871, c’est également l’armée qui mène la guerre contre la Commune. Il y aura plusieurs milliers de morts dans un épisode où se déchaînera la classe dominante qui n’aura de cesse d’appeler à la force militaire.

    La IIIe République entend changer de doctrine, en dépolitisant l’armée. Mais le régime d’alors est encore largement un centrisme bourgeois pour qui toute remise en cause de l’ordre social est un enjeu qui relève de l’armée. Cette dernière intervient encore régulièrement pour défendre les biens et le fonctionnement de l’économie. C’est le cas le 1er mai 1891 à Fourmies où les ouvriers du textile manifestent pour la journée de huit heures. La situation dégénère et le 145e de ligne tire à balles réelles, faisant 9 morts et 35 blessés.

    En 1906 et 1907, #Clémenceau recourt massivement à l’armée pour briser les #grèves et les #manifestations de viticulteurs du Sud-Ouest (qui s’étendent au reste de la population du Languedoc). La mutinerie du 17e de ligne en juin 1907 à Perpignan est une exception, mais elle deviendra un symbole de la lutte sociale grâce à une célèbre chanson « Gloire au 17e » ! où claquaient ces mots : « Vous auriez, en tirant sur nous, assassiné la République ! » Pour le reste, l’armée est utilisée – et avec des morts, là encore – en réponse à une demande profonde de la société. À cette dureté du pouvoir, qui refuse d’instaurer un système social à l’allemande et même un impôt sur le revenu (il faudra attendre 1914 et dans les faits les années 1920 pour qu’il soit instauré en France), répond un syndicalisme de combat frontal, celui de la CGT du congrès d’Amiens (1906). Les classes sont alors face-à-face et l’armée est au service d’un des deux combattants.

    Avec le drame de la Première Guerre mondiale et la conscription universelle, le recours à l’armée pour le maintien de l’ordre est plus délicat et accroît le risque de fraternisation. Les préoccupations des soldats et celles des ouvriers sont parfois les mêmes. Avec toute sa naïveté, « Gloire au 17e » annonçait un changement majeur. La lutte du « peuple » contre la « multitude » devient impossible. Elle est donc progressivement mise en retrait avec, en 1926, la création de la gendarmerie mobile. Parallèlement, l’État social français s’étoffe dans les années 1920, avec les premières assurances sociales et, dans les années 1930, avec le Front populaire. Le conflit social se démilitarise donc progressivement pour aboutir finalement à l’évolution de l’après-guerre.

    Le retour de la guerre sociale

    L’avènement d’un État social ne signifie certes pas la fin de la violence sociale et de la répression policière, loin de là. Mais il se traduit par l’idée que la lutte de classes n’est pas une lutte qui peut être militarisée. Elle ne peut plus l’être, parce que les classes sociales participent, en théorie, ensemble à la gestion de la société. Il n’est alors plus possible de voir dans le maintien de l’ordre une question de vie ou de mort pour l’État. Or, l’armée est une force de destruction au service de la défense de l’État. Si l’État appartient à tous, alors l’armée aussi appartient à tous et, dès lors, elle ne peut être l’arbitre des luttes entre intérêts sociaux parce qu’elle ne peut détruire ce qui la constitue. C’est alors la police, dont la fonction théorique n’est pas destructrice, qui est garante de l’ordre intérieur.

    À l’inverse, lorsque l’État est mis au service des intérêts d’une classe, il n’existe pas d’intérêt pour les oppositions à maintenir cet État et la défense de l’ordre devient existentielle. Elle implique donc que l’armée soit capable de détruire l’adversaire qui n’est pas perçu comme une partie de l’État. Il faut se souvenir de ce discours célèbre à l’Assemblée nationale d’Adolphe Thiers, en 1850, bien avant qu’il soit l’instrument de l’écrasement de la Commune. Pour justifier la nouvelle loi électorale, plus restrictive, il affirmait que « les amis de la vraie liberté, je dirais les vrais républicains, redoutent la multitude, la vile multitude, qui a perdu toutes les républiques ». Et le futur président de la République de préciser : « La France nous juge, elle sait la langue française, quoiqu’on la défigure bien indignement, elle sait ce que veut dire le peuple et ce que veut dire la multitude, elle comprendra mes paroles. Tant pis pour ceux qui veulent défendre la multitude, je leur laisse cet honneur, quelque nom qu’ils portent. Je leur laisse ce triste honneur ; ce n’est pas le peuple, le vrai peuple qui incendie les palais, les statues, égorge à Paris, qui verse le sang… »

    Ce propos est clair et il traversera tout le XIXe siècle français : le « peuple », soutien de l’État et de la liberté, s’oppose frontalement à une masse violente qu’il faut réduire et qui est hors de lui. Cet ennemi est un barbare, qui ne respecte pas les fondements de l’ordre social, donc de l’État qui le garantit. Il faut le contenir, comme il faut contenir un ennemi extérieur. L’armée s’impose donc dans cet exercice. C’est la traduction de la haine de classe.

    Mais, alors, que se passe-t-il aujourd’hui ? Les mots de Thiers prennent ici une actualité brûlante. On pourrait croire, style mis à part, les propos d’un membre de la majorité. Et ce n’est pas un hasard. Que fait en effet le gouvernement Philippe ? Il détricote l’État social issu du compromis de 1944, finalement largement accepté après l’échec des grèves de 1947-48 : l’État gère directement l’assurance-chômage et l’assurance-maladie et s’apprête à réduire les garanties de la retraite ; il privatise des activités d’intérêt général comme la Française des jeux et Aéroports de Paris ; en dépit du bon sens, il mène une politique fiscale largement favorable aux plus fortunés, sans contrepartie ; il promet des réductions de dépenses et un redimensionnement des services publics, de la santé au ferroviaire. Bref, il dynamite les fondements de la société de 1944. L’État redevient celui d’un groupe social, celui qui a intérêt aux « réformes structurelles ».

    Lundi 18 mars, lors du « grand débat des idées », Emmanuel Macron a mis en garde contre la confusion entre « l’extrême violence politique » et « ce que peuvent être les mouvements sociaux dans toute démocratie ». Mais cette distinction fait deux économies majeures. D’abord, elle identifie la violence politique à la dégradation de bâtiment à vocation commerciale et elle identifie donc la politique à un système économique. Ensuite, elle oublie que le mouvement des gilets jaunes est un mouvement social prenant acte de l’impasse des mouvements sociaux dans un contexte de réformes. Or, qui a dit qu’il ignorerait, quoi qu’il arrive, le mouvement social, sinon ce même chef de l’État ? La réalité est bien différente : en cherchant à détruire l’État social, Emmanuel Macron crée un rapport de force en faveur d’une partie de la société. Et cette privatisation conduit naturellement à une guerre sociale et à l’appel à la troupe. Comme en 1795, 1834 ou 1871. Bienvenue au XIXe siècle.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/210319/l-appel-aux-troupes-ou-le-retour-de-la-guerre-sociale?onglet=full

  • Au pays des disparus

    #Taina_Tervonen remonte le fil de l’histoire d’un #migrant_anonyme, décédé à bord du chalutier clandestin qui a fait naufrage dans les eaux internationales, au large de la #Libye. Sa piste l’emmène de Milan à Catane, en passant par le #Niger et le #Sénégal. Sur sa route, elle croise des centaines de destins brisés aux portes de l’Europe, et entend le désarroi de leurs proches face à l’impossible #deuil. Une enquête, aussi bouleversante que vertigineuse, sur un des plus gros enjeux de notre temps.
    18 avril 2015. Un chalutier clandestin transportant
    800 personnes en direction de l’Italie sombre
    dans les eaux internationales, au large de la Libye.
    Au lendemain du naufrage, Matteo Renzi s’engage
    devant la presse à remonter l’épave et à donner à
    chaque victime une sépulture digne et un nom.
    Lorsque la journaliste Taina Tervonen se rend
    à la #morgue de Milan seize mois plus tard, pour
    rencontrer l’équipe en charge des identifications, elle
    découvre parmi les objets personnels des naufragés
    un téléphone Nokia jaune citron en trois morceaux
    et un bout de plastique, destiné à le protéger de l’eau.
    C’est tout ce qui reste de #PM390047, dont le #corps
    resté anonyme est enterré dans le carré des migrants
    du #cimetière de #Catane, en Sicile.
    Qui était-il ? Taina Tervonen décide de remonter
    le fil de son histoire, de Milan à Catane, en passant
    par le Niger et le Sénégal. Sur sa route, elle croise
    des dizaines de destins brisés aux portes de l’Europe,
    et entend le désarroi de leurs proches face à
    l’impossible deuil. Une enquête, aussi bouleversante
    que vertigineuse, sur un des plus gros enjeux de notre
    temps.
    Taina Tervonen est journaliste et réalisatrice.
    Elle a travaillé sur les disparus en Bosnie et en
    Méditerranée.


    https://www.fayard.fr/documents-temoignages/au-pays-des-disparus-9782213712390
    #parcours_migratoire #route_migratoire #mort #décès #livre #mourir_en_mer #migrations #réfugiés #frontières #ceux_qui_restent #anonymat #identification #celleux_qui_restent

    ping @reka @karine4 @isskein @pascaline

  • Côte atlantique. Plus de 1100 dauphins échoués depuis le 1er janvier, un triste record
    Michel ORIOT. Publié le 19/03/2019

    https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/loire-atlantique/cote-atlantique-plus-de-1-100-dauphins-echoues-6270271

    Depuis le 1er janvier, c’est l’hécatombe la plus grave depuis quarante ans. Les échouages de cadavres de petits cétacés dus aux captures accidentelles augmentent de façon inquiétante depuis quatre ans. Les navires fileyeurs sont dans le collimateur…

    Entre le 1er janvier et le 18 mars, 1 107 cadavres de petits cétacés (95 % de dauphins communs) ont été découverts sur les plages de la façade atlantique. Triste record !

    Ils ont été examinés par le Réseau bénévole national échouages

    (RNE). Les premières constations remontent à la mi-janvier, avec 250 dauphins échoués le long des côtes des Landes et de la Gironde. Puis, début février, les échouages se concentrent sur les plages de Vendée et de Charente-Maritime avec plus de 260 cétacés.

    Pour l’observatoire des mammifères marins Pelagis de La Rochelle, « la très grande majorité des dauphins examinés présente des traces de morts dans les engins de pêche » . Ils se retrouvent coincés dans les mailles des filets et asphyxiés – ces mammifères doivent en effet remonter à la surface pour respirer.

    Début mars, les signalements se multiplient sur les côtes de Vendée, de Charente-Maritime et de Loire-Atlantique. Et encore, c’est la partie immergée : il faut imaginer que, suivant les dérives, plus de la moitié des cadavres maillés dans les filets coulent et n’arrivent pas à la côte…

    https://media.ouest-france.fr/v1/pictures/3037306926c10dcab81cf4b9341e9cb6-cote-atlantique-plus-de-1100-dau dauphins échoués cote atlantique NAINdauphins | OUEST-FRANCE

    D’où provient cette hécatombe en explosion ?

    On comptait 200 cadavres par an il y a dix ans, et plus de 700 tous les hivers depuis 2016. Les pratiques de pêche ont sans doute évolué dans le golfe de Gascogne, dans la zone des 100 km, sur le plateau continental. L’hiver, les dauphins y recherchent des poissons, tout comme les pêcheurs…

    À qui la faute ?

    Les chalutiers pélagiques, ces bateaux mi-artisanaux mi-industriels venus de Lorient et La Turballe pour pêcher par paire le merlu ou le bar, avec leur filet à entonnoir entre les deux, sont montrés du doigt par l’ONG Sea Sheperd. « Pas d’accord ! » crient les tenants de cette pêche.

    Ils étaient « au maximum douze paires, cet hiver » , dans le golfe et sont tous équipés, cette année, de pingers, ces répulsifs sonores à dauphins posés sur leur chalut : cela « diminue de 65 % les prises accidentelles de dauphins » , se défend Ludovic Le Roux, propriétaire du Cintharh . Lui, Anthony Le Huche et Eric Morice, trois Turballais, ont expérimenté, l’an dernier, les effaroucheurs sonores Pingers STM DDD (Dolphin Dissuasive Device) fabriqués en Italie.

    Thomas Rimaud, de l’organisation des producteurs Pêcheurs de Bretagne, estime que les patrons de pélagiques jouent le jeu depuis 2016. « Ils travaillent avec l’Ifremer et Pelagis et laissent monter des observateurs indépendants du bureau Sinay », pendant la campagne de pêche d’hiver. Les pingers de la taille d’une fusée de détresse sont placés sur trois côtés du chalut. Cette année, tous les pélagiques de Pêcheurs de Bretagne (du Croisic à Saint-Brieuc) sont équipés de répulsifs efficaces et estiment que « les captures accidentelles, en extrapolant, s’élèvent à quarante-cinq dauphins au maximum » . On est loin du compte…

    Si ce n’est eux, alors qui ?

    L’observatoire Pelagis évoque des captures sur la dizaine de pélagiques espagnols, l’hiver, mais surtout celles de très nombreux fileyeurs (562 recensés sur la façade atlantique, soit 38 % de la flotte totale), sans toutefois savoir quel type de filet est mortel pour les cétacés.

    Alors, des pingers pour tout le monde ? Malheureusement, explique le biologiste rochelais Olivier Van Canneyt, « les pingers ne sont pas adaptables sur des filets qui restent une nuit, voire plusieurs jours, tendus » , à la verticale sur des hauteurs impressionnantes. Comment empêcher les dauphins de s’aventurer dans des zones représentant sans doute des centaines de km de filets ? De plus, les pingers ont une durée d’efficacité limitée dans le temps.

    Alors, que faire ?

    « On n’a pas de solutions techniques connues » , déplore Olivier Van Canneyt. Cette année, démarre le projet Licado en collaboration avec les fileyeurs, l’Ifremer et Pelagis pour mieux cerner les causes et trouver des parades. Il faudra sans doute à terme gérer dans l’espace et le temps les zones de pêche du golfe ou alors changer les pratiques de pêche… Il a fallu vingt ans aux pélagiques pour se responsabiliser efficacement, c’est au tour des fileyeurs de faire leur aggiornamento, vite…

  • Italie : mystère sur la mort d’un témoin dans un procès contre Berlusconi
    http://www.lefigaro.fr/flash-actu/italie-mystere-sur-la-mort-d-un-temoin-dans-un-proces-contre-berlusconi-201

    Le récent décès de l’ex-mannequin Imane Fadil, témoin dans des procès contre Silvio Berlusconi et ses soirées « #bunga-bunga », est entouré de mystère, la jeune femme semblant avoir été empoisonnée avec des substances radioactives, rapporte samedi la presse italienne.

    Imane Fadil, 33 ans, avait été hospitalisée le 29 janvier dans les environs de Milan (nord) et elle est décédée le 1er mars dans le même établissement, a indiqué le procureur de Milan Francesco Greco, annonçant l’ouverture d’une enquête.

    Selon le Corriere della Sera, l’hôpital où se trouvait la jeune femme a procédé à des examens pour tenter de comprendre quelle était la cause de la détérioration de sa santé et, n’ayant rien trouvé, a envoyé des échantillons à un laboratoire spécialisé de Pavie (nord). Citant des sources non identifiées, le quotidien écrit que les résultats sont parvenus le 6 mars, cinq jours après le décès de la jeune femme, et évoquent « la présence d’un mélange de substances radioactives qu’il n’est pas possible de trouver normalement dans le commerce ». Selon Paolo Sevesi, l’avocat d’Imane Fadil, cette dernière lui aurait confié « sa crainte d’avoir été empoisonnée », indique pour sa part l’agence AGI.

    « Je suis navré quand une personne jeune meurt. Je n’ai jamais connu cette personne et je ne lui ai jamais parlé », a affirmé pour sa part Silvio Berlusconi au cours d’une réunion électorale dans la région de Basilicate qui doit élire son président demain. « Ce que j’ai lu concernant ses déclarations m’a toujours fait penser qu’il s’agissait de choses inventées et absurdes », a-t-il ajouté. Dans le dernier procès en cours de la série Ruby, dans lequel Silvio Berlusconi est accusé de subornation de témoin et qui est toujours en cours, le tribunal avait rejeté en janvier la demande d’Imane Fadil de se constituer partie civile.

  • « Trop masculine pour être violée » : le procès scandaleux qui agite l’Italie
    https://www.nouvelobs.com/monde/20190313.OBS1690/trop-masculine-pour-etre-violee-le-proces-scandaleux-qui-agite-l-italie.h

    Ce lundi 11 mars, à Ancône (Italie), ont eu lieu d’importantes manifestations des associations de défense des droits des femmes devant la cour d’appel de la ville, où deux jeunes Péruviens âgés de 24 ans ont été acquittés du viol d’une femme, survenu en 2015.

    C’est le motif de l’acquittement (en 2017), rendu public seulement le 8 mars dernier, qui a suscité la colère des manifestants : selon les trois magistrates, la victime était « trop laide » et « masculine » pour qu’ils aient pu être attirés par elle.

    Les quelque 200 manifestants de ce lundi ont ainsi crié à la « honte » et à la « chasse aux sorcières », tout en accusant le système judiciaire de la ville d’Ancône de misogynie.

    Selon le récit de la victime, elle aussi péruvienne, les deux hommes l’auraient violée lors d’une soirée après avoir mis une drogue dans son verre. L’un surveillait les alentours pendant que l’autre la violait.

    Des médecins avaient établi que les blessures constatées sur le corps de la jeune femme correspondaient bien à celles d’un viol, et avaient retrouvé des traces de drogue dans son sang.
    « Ils ne l’appréciaient pas, ils l’appelaient ’Viking’ »

    Le quotidien italien « Cronache Ancona » rapporte que pourtant, d’après les trois magistrates, les hommes accusés de viol « n’appréciaient pas la jeune femme et avaient même gardé son numéro de téléphone sous le surnom de ’Viking’, une allusion non pas à une figure féminine mais à une figure masculine ».

    Lors du procès, les avocats des accusés ont soutenu que la jeune femme avait incité les deux hommes à avoir un rapport sexuel, qui était donc, selon eux, consensuel.

    Des arguments retenus par la cour d’appel d’Ancône, malgré le rapport médical rédigé par l’hôpital de Salesi, où la jeune femme avait été hospitalisée quelques jours en 2015 après les faits.

    L’affaire sera rejugée par un tribunal de Pérouse à une date ultérieure.

    #viol #misogynie #culture_du_viol #sexisme #beauté #vikings

  • Comme une étincelle à travers la gorge - compil #de textes sur les opérations répressives en Italie
    https://nantes.indymedia.org/articles/44903

    Compil de textes traduits de l’italien sur les deux opérations répressives à Turin, Trento, Rovereto en début de l’année 2019.

    #Répression #Resistances #/ #prisons #centres #rétention #squat #logement #Répression,Resistances,/,prisons,centres,de,rétention,squat,logement

  • La France offre des bateaux aux garde-côtes libyens malgré les abus
    https://www.hrw.org/fr/news/2019/03/13/la-france-offre-des-bateaux-aux-garde-cotes-libyens-malgre-les-abus

    L’aide française pourrait mener à de graves violations des droits humains

    https://www.hrw.org/sites/default/files/styles/open_graph/public/multimedia_images_2019/201903mena_libya_migrants.jpg?itok=tk-H8ay9

    Personnes enchainées, battues, brûlées, écrasées, pendues la tête en bas, menacées, détenues dans des conditions abominables : les images diffusées récemment par la chaine britannique Channel 4, montrant apparemment les actes de torture et les conditions inhumaines infligées aux migrants en Libye, sont insoutenables.

    Ce n’est pas que de l’horreur que l’on ressent face à ces images, mais aussi de la colère, car elles mettent en évidence l’attitude cynique et insensible de la France sur la question de la migration.

    Quelques jours avant la diffusion de ces images, la ministre de la Défense Florence Parly a annoncé que la France allait fournir six bateaux aux garde-côtes libyens. Les garde-côtes utiliseront ces embarcations pour renforcer leurs capacités d’interception des migrants tentant désespérément la traversée de Méditerranée et, s’ils les prennent, les placeront en détention arbitraire, illimitée et abusive.
    Depuis 2016, l’Union européenne a déversé des millions d’euros pour renforcer les garde-côtes libyens du Gouvernement d’Accord National, l’une des deux autorités concurrentes en Libye. De fait, l’augmentation des interceptions par les garde-côtes libyens, y compris dans les eaux internationales, combinée à l’obstruction des navires de sauvetage des ONG par l’Italie et Malte, a contribué à la surpopulation et à la détérioration des conditions sanitaires dans les centres de détention libyens.

  • Bloqués en Suisse

    Des milliers de requérants d’asile #déboutés ne peuvent ni être renvoyés, ni rentrer chez eux. Beaucoup continuent de vivre en Suisse avec l’#aide_d’urgence, sans aucune perspective d’avenir. De jeunes Érythréens se confient.

    Mewael* vit à Genève avec 10 francs par jour. Il n’a pas le droit de suivre une formation ou de travailler. Pour occuper ses journées, il joue au football, réalise de petits travaux dans son centre d’accueil ou cuisine à la maison de quartier. Il fait partie de ces milliers de personnes qui n’ont pas obtenu l’asile, mais qui ne peuvent pas rentrer chez elles et se retrouvent coincées en Suisse. En 2017, elles étaient plus de 8000Lien externe à recevoir l’aide d’urgenceLien externe, la plupart du temps sous forme d’hébergement ou de nourriture.

    Mewael a une vingtaine d’années. Il a fui l’Érythrée et est arrivé en Suisse il y a bientôt trois ans. Il a déposé sa demande d’asile et a appris le français en attendant la décision qui est tombée deux ans plus tard : la requête est rejetée, Mewael doit quitter le territoire. Il a fait recours et s’accroche à ce mince espoir. Le jeune homme aurait voulu faire un apprentissage d’électricien ou de mécanicien, mais aujourd’hui, il n’y croit plus. « La vie est compliquée en Suisse », soupire son ami Samson. « C’est pas compliqué, c’est mort », répond Mewael, les larmes aux yeux.
    Renvoi prononcé, mais pas exécuté

    Les Érythréens sont particulièrement nombreux à se retrouver dans cette situation, car le gouvernement suisse n’a pas signé d’accord de réadmission avec l’Érythrée. Il ne peut donc pas expulser de force les requérants déboutés. « Sur le plan international, la Suisse se démarque en rendant des décisions de renvoi : aucun État européen n’exécute de renvoi vers l’Érythrée », précise un rapport très détaillé de l’Observatoire romand du droit d’asile et des étrangers sur les pressions subies par la communauté érythréenne.

    Samson est en Suisse depuis déjà 4 ans et souffre de ne pas pouvoir travailler : « Je suis bloqué, je ne sais pas quoi faire. C’est très stressant ». Pour sortir de cette situation, certains ont tenté de déposer une demande d’asile dans un autre pays. Yonas est allé jusqu’en Allemagne, mais il a été renvoyé en Suisse en raison des accords de DublinLien externe. Il est aussi là depuis 4 ans et rêve de devenir mécanicien, jardinier ou même avocat. « Quand je suis parti de chez moi, j’ai cru que mes problèmes étaient terminés, mais en fait ils m’ont accompagné jusqu’ici », se désole Yonas.

    Tous ces jeunes Érythréens parlent bien français, mais ils ont la gorge serrée et ne trouvent plus les mots quand ils évoquent leur vie en Suisse et leurs perspectives d’avenir. « Je me sens mal, j’ai des problèmes de sommeil et de concentration, confie Robel, depuis 2 ans à Genève. Ici je pensais trouver le bonheur, la liberté, et je n’ai rien trouvé. »

    Impossible de rentrer

    Lorsqu’elles annoncent aux requérants déboutés leur obligation de quitter la Suisse, les autorités leur proposent une aide au retour, mais aucun d’entre eux n’envisage de rentrer. L’Érythrée est gouvernée par un dictateur qui asservit son peuple et commet de multiples crimes contre l’humanité, comme l’a rapporté l’Organisation des Nations Unies : « Les responsables érythréens s’en prennent aux civils de façon persistante, généralisée et systématique depuis 1991. Ils n’ont cessé depuis lors de commettre des crimes d’esclavage, d’emprisonnement, de disparition forcée et de torture, ainsi que d’autres actes inhumains, des actes de persécution, des viols et des assassinats. »

    Hayat a envie de raconter ce qui lui est arrivé, pour que nous puissions mieux comprendre la situation des réfugiés érythréens. Il explique que chez lui, tout le monde doit faire l’armée pour une durée indéterminée. La population n’est pas libre de se former ou de travailler comme elle le souhaite. Et de nombreuses personnes s’évanouissent dans la nature, sans que les familles ne soient jamais informées de leur emprisonnement ou de leur décès.

    Le père de Hayat a ainsi disparu, et lui-même s’est retrouvé en prison alors qu’il avait seulement 16 ans. Il a été frappé, attaché et enfermé dans une cage. Durant un transfert, le jeune homme a réussi à s’enfuir et à traverser le Soudan, la Libye puis la Méditerranée. Au départ, ils étaient un groupe de 25 personnes. Seules 3 d’entre elles sont arrivées en Italie.

    « On ne vient pas ici pour l’argent, on cherche juste la liberté », déclare Hayat qui vient de recevoir une bonne nouvelle : son recours a abouti, il a obtenu une admission provisoire. Le jeune homme va pouvoir poursuivre sa formation chez un électricien, qu’il aurait due interrompre du jour au lendemain s’il avait été débouté. Mais cette victoire est pour lui bien amère, car tous ses amis attendent encore une décision de justice ou sont définitivement déboutés.

    Un système « kafkaïen »

    « C’est compliqué pour eux, car dans un premier temps ils trouvent un havre de paix et ensuite, on leur dit qu’ils doivent partir », indique une bénévole qui tente d’aider ces jeunes au maximum, mais qui éprouve un grand sentiment d’impuissance. « Il n’y a pas de vision globale de la personne, tout est toujours découpé : il y a un responsable pour les soins, un autre pour le logement, etc. La responsabilité est toujours rejetée sur un autre service et cela devient kafkaïen. »

    Une admission provisoire permettrait au moins aux requérants frappés d’une décision d’asile négative de suivre une formation et de travailler. Mais elle ne peut être délivrée que si le renvoi est contraire aux engagements de la Suisse dans le domaine du droit international, s’il met concrètement l’individu en danger ou s’il est matériellement non réalisable. « Les demandeurs d’asile érythréens déboutés qui font l’objet d’une décision de renvoi sont légalement obligés de quitter la Suisse, explique le Secrétariat d’État aux migrations (SEM). Actuellement les renvois forcés ne sont en effet pas possibles, mais les retours sur une base volontaire le sont. »

    Le SEM estime donc qu’il serait faux de donner une admission provisoire aux individus qui refusent de quitter le pays, simplement parce que la Suisse ne peut pas effectuer de renvoi forcé. « Cela récompenserait les personnes qui, dès le départ, font clairement savoir qu’elles ne respecteront pas leur obligation de quitter le pays, bien qu’elles n’aient pas besoin d’une protection suisse et qu’elles seraient contraintes de partir. »
    Aide limitée

    Le SEM rappelle que l’individu qui décide de rester malgré tout n’a plus droit à l’aide sociale, mais uniquement à l’aide d’urgence. L’objectif étant « de faire en sorte que les personnes concernées s’acquittent volontairement de leur obligation de quitter la Suisse en ne prévoyant plus d’incitations matérielles pour rester. »

    La remise de l’aide d’urgence et la gestion de ces requérants déboutés revient aux cantons, souvent désemparés face à cette population qui ne peut ni travailler, ni se former. « C’est compliqué de rester positif et de garder ces jeunes motivés », confie une éducatrice sociale qui travaille avec eux à Genève.

    Des Assises romandesLien externe sur la question des requérants déboutés privés de formation s’est tenue début février à Lausanne. Des apprentis, des patrons, des professionnels de l’asile et des enseignants ont lancé un appelLien externe pour exiger des autorités cantonales et fédérales de permettre aux jeunes de terminer leur formation, même en cas de décision d’asile négative.

    Des signatures sont aussi récoltées à Genève pour une pétition en ligne qui demande au canton de ne pas exclure les requérants d’asile érythréens de l’aide sociale et de leur permettre de se former et de travailler.

    Politique d’asile plus restrictive

    Toutefois, le mouvement de durcissement de la politique d’asile qui s’est opéré ces dernières années au niveau fédéral ne semble pas prêt de s’arrêter. Le SEM a publié en 2016 un nouveau rapportLien externe sur la situation en Érythrée et a effectué un tour de vis, confirmé par de récentes décisionsLien externe du Tribunal administratif fédéral. Les juges considèrent désormais que les demandeurs d’asile érythréens peuvent être renvoyés dans leur pays, même s’ils risquent d’être enrôlés dans l’armée à leur retour. Le SEM a entrepris le réexamen de plus de 3000 dossiers de requérants érythréens titulaires d’une admission provisoire, afin d’évaluer si un renvoi est exigible.

    Les associations de défense des migrants et la communauté érythréenne se mobilisent contre ces durcissements. Une manifestation réunissant 1500 personnes a eu lieu en mai dernier devant le Palais fédéral à Berne et une pétition munie de plus de 12’000 signatures a été déposée pour que l’asile soit accordé avec effet immédiat à toute personne menacée de mauvais traitements. Mais la Chambre haute du Parlement a refusé de donner suite à cette pétition, car elle soutient en grande majorité le durcissement opéré par le SEM.

    https://www.swissinfo.ch/fre/asile_bloqu%C3%A9s-en-suisse/44772002
    #limbe #attente #stranded_migrants #asile #migrations #réfugiés #Suisse #réfugiés_érythréens #Erythrée #statistiques #chiffres

  • Leçons du mouvement des Gilets jaunes, Badiou
    https://drive.google.com/file/d/1VGECYnlh_LgRRwKvtgd_uSU7liyudQvm/view

    La conséquence de tout cela est que la bourgeoisie française — son oligarchie dominante, les actionnaires du CAC 40 — ne peut plus entretenir à son service, sur le même pied qu’avant, notamment avant la crise de 2008, une classe moyenne politiquement servile. Cette classe moyenne a été en effet le support historique à peu près constant de la prééminence électorale des diverses droites, prééminence dirigée contre les ouvriers organisés des grandes concentrations industrielles, lesquels étaient tentés par le communisme entre les années vingt, et, justement, les années 1980-1990.
    D’où la levée actuelle d’une part importante, et populaire, de cette classe moyenne, qui a le sentiment d’être abandonnée, contre Macron, qui est l’agent de la « modernisation » capitaliste locale, ce qui veut dire : serrer partout la vis, économiser, austériser, privatiser, sans les égards, qui existaient encore il y a trente ans, pour le confort des classes moyennes, en échange de leur consentement au système dominant.

    Où l’on vérifie que « le plus grand penseur français » (Aude Lancelin) se montre apte à dégouter du marxisme voire de toute théorisation tout lecteur un tant soit peu attentif qui se refuse à définir le soulèvement Gilets jaunes comme une mobilisation des « classes moyennes », fussent-elles « populaires ».
    Je vais pas égrener ici le genre de « catégories sociales » qui sont au coeur de ce soulèvement, du cariste à l’aide soignante, de l’infirmière aux intérimeuses. Juste signaler, par exemple, que seule l’idéologie autorise à considérer globalement les #auto_entrepreneurs comme des patrons (de qui ?!, à combien ?).

    #idéologie #Bad_You !! #shame #classes_moyennes #Gilets_Jaunes #marxisme_fossile

    • Une version reçue par mel, histoire de ne pas avoir besoin d’un compte gougueule

      Leçons du mouvement des « gilets jaunes » - Alain Badiou —

      Que faut-il penser, ce qui s’appelle penser, et non courir en aboyant, de la contradiction, violente, durable, entre le mouvement des gilets jaunes et les autorités de l’Etat, conduites par le petit président Macron ?
      J’ai dit fermement, dès le tour final des élections présidentielles, que je ne me rallierai jamais ni bien entendu à Marine Le Pen, capitaine de l’extrême-droite parlementaire, ni à Macron, qui montait ce que j’ai appelé « un coup d’Etat démocratique », au service pseudo-réformateur du grand capital.

      Aujourd’hui, je ne change évidemment rien à mon jugement sur Macron. Je le méprise sans aucune retenue. Mais que dire du mouvement des gilets jaunes ? Je dois avouer qu’en tout cas, dans ses débuts, l’année dernière, je n’y ai rien trouvé, que ce soit dans sa composition, ses affirmations ou ses pratiques, qui soit à mes yeux politiquement novateur, ou progressiste.

      Que les raisons de cette révolte soient nombreuses, et qu’à ce titre on puisse considérer le mouvement comme légitime, je l’accorde sans hésiter. Je connais la désertification des zones rurales, le triste silence des rues abandonnées dans les villes petites, et même moyennes ; l’éloignement continu, pour des masses de gens, des services publics, du reste peu à peu privatisés : dispensaires, hôpitaux, écoles, bureaux de poste, gares de la SNCF, téléphone. Je sais qu’une paupérisation, d’abord rampante, puis accélérée, affecte des populations qui, il y a quarante ans encore, bénéficiaient d’un pouvoir d’achat en progression quasi continue. Il est certain que les formes nouvelles de la fiscalité, son aggravation, peuvent apparaître comme une des causes de cette paupérisation. Je n’ignore nullement que la vie matérielle de familles entières devient un casse-tête, notamment pour de nombreuses femmes, du reste très actives dans le mouvement des gilets jaunes
      En résumé : il y a en France un très fort mécontentement de ce qu’on peut nommer la partie laborieuse, majoritairement provinciale, et aux revenus modérés, de la classe moyenne. Le mouvement des gilets jaunes est une représentation significative, en forme de révolte active et virulente, de ce mécontentement.

      Les raisons historico-économiques de cette levée sont, pour qui veut bien les entendre, parfaitement claires. Elles expliquent du reste pourquoi les gilets jaunes renvoient le début de leurs malheurs à il y a quarante ans : en gros, les années quatre-vingt, début d’une longue contre-révolution capitalo-oligarchique, appelée à tort « néo-libérale » alors qu’elle était libérale tout court. Ce qui veut dire : retour à la sauvagerie du capitalisme du XIXe siècle. Cette contre-révolution venait en réaction aux dix « années rouges » — grosso modo de 1965 à 1975 —, dont l’épicentre français fut Mai 68 et l’épicentre mondial la Révolution Culturelle en Chine. Mais elle fut considérablement accélérée par l’effondrement de l’entreprise planétaire du communisme, en URSS, puis en Chine : plus rien, à échelle mondiale, ne s’opposait à ce que le capitalisme et ses profiteurs, singulièrement l’oligarchie trans-nationale des milliardaires, exercent un pouvoir sans limites.
      Bien entendu, la bourgeoisie française a suivi le mouvement contre-révolutionnaire. Elle en a même été une capitale intellectuelle et idéologique, avec les agissements des « nouveaux philosophes », qui ont veillé à ce que l’Idée communiste soit partout pourchassée, non seulement comme fausse, mais comme criminelle. De nombreux intellectuels, renégats de Mai 68 et du maoïsme, ont été de consciencieux chiens de garde, sous des vocables fétiches et inoffensifs, comme « liberté », « démocratie », ou « notre république », de la contre-révolution bourgeoise et libérale.

      Cependant, la situation de la France, peu à peu, des années quatre-vingt à aujourd’hui, s’est dégradée. Ce pays n’est plus ce qu’il a été pendant les « trente glorieuses » de la reconstruction d’après-guerre. La France n’est plus une puissance mondiale forte, un impérialisme conquérant. On la compare couramment, aujourd’hui, à l’Italie, voire à la Grèce. La concurrence la fait reculer partout, sa rente coloniale est au bout du rouleau et demande, pour être maintenue, d’innombrables opérations militaires en Afrique, coûteuses et incertaines. En outre, comme le prix de la force de travail ouvrière est bien plus bas ailleurs qu’en France, par exemple en Asie, les grandes usines sont toutes peu à peu délocalisées vers l’étranger. Cette désindustrialisation massive entraîne une sorte de ruine sociale qui s’étend de régions entières, comme la Lorraine et sa sidérurgie ou le Nord des usines textiles et des mines de charbon, jusqu’à la banlieue parisienne, du coup livrée à la spéculation immobilière sur les innombrables friches laissées par des industries en perdition.

      La conséquence de tout cela est que la bourgeoisie française — son oligarchie dominante, les actionnaires du CAC 40 — ne peut plus entretenir à son service, sur le même pied qu’avant, notamment avant la crise de 2008, une classe moyenne politiquement servile. Cette classe moyenne a été en effet le support historique à peu près constant de la prééminence électorale des diverses droites, prééminence dirigée contre les ouvriers organisés des grandes concentrations industrielles, lesquels étaient tentés par le communisme entre les années vingt, et, justement, les années 1980-1990. D’où la levée actuelle d’une part importante, et populaire, de cette classe moyenne, qui a le sentiment d’être abandonnée, contre Macron, qui est l’agent de la « modernisation » capitaliste locale, ce qui veut dire : serrer partout la vis, économiser, austériser, privatiser, sans les égards, qui existaient encore il y a trente ans, pour le confort des classes moyennes, en échange de leur consentement au système dominant.

      Les gilets jaunes, arguant de leur bien réelle paupérisation, veulent qu’on leur paie de nouveau ce consentement au prix fort. Mais c’est absurde, puisque précisément le macronisme est le résultat du fait que l’oligarchie, premièrement a moins besoin du soutien des classes moyennes, dont le financement était coûteux, depuis que le danger communiste a disparu ; et deuxièmement n’a plus les moyens de se payer une domesticité électorale de la même envergure qu’autrefois. Et que donc, il faut aller, sous couvert de « réformes indispensables » vers une politique autoritaire : une nouvelle forme du pouvoir d’Etat servira de support à une « austérité » juteuse, étendue du peuple des chômeurs et des ouvriers jusqu’aux couches inférieures de la classe moyenne. Et ce pour le profit des vrais maîtres de ce monde, à savoir les actionnaires principaux des grands groupes de l’industrie, du commerce, des matières premières, des transports et de la communication.

      Dans le Manifeste du Parti communiste, écrit en 1848, Marx examinait déjà ce type de conjoncture, et parlait, au fond, avec précision, de ce que sont aujourd’hui nos gilets jaunes. Il écrivait ceci : La classe moyenne, les petits fabricants, les détaillants, les artisans, les paysans combattent la Bourgeoisie, parce qu’elle compromet leur existence en tant que classe moyenne. Ils ne sont donc pas révolutionnaires, mais conservateurs  ; qui plus est, ils sont réactionnaires  ; ils demandent que l’histoire fasse machine arrière.
      Ils le demandent aujourd’hui d’autant plus âprement que la bourgeoisie française n’est plus en état, vu le tour pris par le capitalisme mondialisé, de soutenir et encore moins d’augmenter leur pouvoir d’achat. Les gilets jaunes « combattent la Bourgeoisie », comme le dit Marx, c’est vrai. Mais ils le font pour restaurer un ordre ancien et périmé, et non pour inventer un nouvel ordre social et politique, dont les noms ont été, depuis le XIXe siècle, « socialisme », ou, surtout, « communisme ». Car pendant presque deux siècles, tout ce qui n’était pas peu ou prou défini selon une orientation révolutionnaire était très justement considéré comme relavant de la réaction capitaliste. Il n’y avait, en politique, que deux grandes voies. Nous devons absolument revenir vers cette conviction : deux voies, en politique, deux seulement, et jamais une poussière « démocratique » de pseudo tendances, sous la houlette d’une oligarchie qui se déclare « libérale ».
      Ces considérations générales nous permettent de revenir aux caractéristiques concrètes du mouvement des gilets jaunes. Ses caractéristiques en quelque sorte spontanées, celles qui ne sont pas dues à des interventions extérieures au courant principal de la levée, sont en réalité « réactionnaires », comme le dit Marx, mais en un sens plus moderne : on pourrait appeler la subjectivité de ce mouvement un individualisme populaire, rassemblant des colères personnelles liées aux formes neuves de la servitude aujourd’hui imposée à tous par la dictature du Capital.

      C’est la raison pour laquelle il est faux de dire, comme le font certains, que le mouvement des gilets jaunes est intrinsèquement fasciste. Non. Le fascisme organise de façon le plus souvent très disciplinée, voire militarisée, des motifs identitaires, nationaux ou racialistes. Il y a dans la présente levée inorganisée – comme l’est toujours la classe moyenne urbaine — et de ce fait même individualiste, des gens de toutes sortes, de tous métiers, qui se pensent souvent, et sincèrement, comme démocrates, qui en appellent aux lois de la République – ce qui, aujourd’hui en France, ne mange pas de pain. A vrai dire, chez la grande majorité d’entre eux, les convictions proprement politiques sont flottantes. Mais à considérer le mouvement — encore une fois tel qu’il se donne dans sa « pureté » initiale – à partir de ses rares aspects collectifs, mots d’ordre, énoncés répétés, je n’y vois rien qui me parle, m’intéresse, me mobilise. Leurs proclamations, leur désorganisation périlleuse, leurs formes d’action, leur absence assumée de pensée générale et de vision stratégique, tout cela proscrit l’inventivité politique. Je ne suis certes pas conquis par leur hostilité à toute direction incarnée, leur crainte obsessionnelle de la centralisation, du collectif unifié, crainte qui confond, comme le font tous les réactionnaires contemporains, démocratie et individualisme. Rien de tout cela n’est de nature à opposer au très odieux et misérable Macron une force progressiste, novatrice et victorieuse au long cours.
      Je sais que les adversaires de droite du mouvement, notamment chez les intellectuels renégats, les ex-révolutionnaires devenus les chantres du pouvoir policier dès lors que l’oligarchie et l’Etat leur assurent des tribunes pour leur bavardage libéral – accusent le soulèvement « gilets jaunes » d’antisémitisme ou d’homophobie, ou encore de « danger pour notre République ». Je sais aussi que s’il existe des traces de tout cela, elles sont le résultat, non d’une conviction partagée, mais d’une présence, d’une infiltration active, de l’extrême-droite dans un mouvement désorganisé au point qu’il est vulnérable à toutes les manipulations imaginables. Mais enfin, ne nous voilons pas la face : Divers indices, notamment des traces évidentes de nationalisme à courte vue, d’hostilité latente aux intellectuels, de « démocratisme » démagogique dans le style crypto-fasciste de « le peuple contre les élites », et de confusion dans les discours, doivent inciter quiconque à être prudent dans toute appréciation trop globale de ce qui se passe aujourd’hui. Acceptons de voir que les ragots des « réseaux sociaux » tenant lieu, pour la majorité des gilets jaunes, d’information objective, la conséquence en est que circulent partout dans le mouvement des pulsions complotistes aberrantes.

      Un proverbe d’autrefois dit que « tout ce qui bouge n’est pas rouge ». Et pour le moment, du « rouge », dans le mouvement des gilets, qui certes « bouge », il n’est pas question : je ne vois, outre le jaune, que du tricolore, toujours un peu suspect à mes yeux.
      Bien sûr, les ultragauches, les anti-fafs, les dormeurs éveillés de nuit-debout, ceux qui sont toujours à l’affût d’un « mouvement » à se mettre sous la dent, les vantards de « l’insurrection qui vient », célèbrent les proclamations démocratiques (en fait, individualistes et à courte vue), introduisent le culte des assemblées décentralisées, s’imaginent refaire bientôt la prise de la Bastille. Mais ce sympathique carnaval ne peut m’impressionner : il a conduit partout, depuis dix ans et plus, à de terribles défaites, payées très chères par les peuples. En effet, les « mouvements » de la dernière séquence historique, de l’Egypte et du « printemps arabe » à Occupy Wall Street, de ce dernier à la Turquie des grandes places, de cette Turquie à la Grèce des émeutes, de la Grèce aux indignés de tous bords, des indignés à Nuit Debout, de Nuit Debout aux Gilets Jaunes, et bien d’autres encore, semblent très ignorants des lois réelles et implacables qui gouvernent aujourd’hui le monde. Passés les grisants mouvements et rassemblements, les occupations de toutes sortes, ils s’étonnent que la partie soit si dure, et que toujours on échoue, voire même qu’on a, chemin faisant, consolidé l’adversaire. Mais la vérité est qu’ils n’ont même pas constitué le début d’un antagonisme réel, d’une autre voie, à portée universelle, au regard du capitalisme contemporain.

      Rien n’est plus important, dans le moment actuel, que d’avoir présentes à l’esprit les leçons de cette séquence des « mouvements », gilets jaunes compris. On peut les résumer en une seule maxime : un mouvement dont l’unité est strictement négative, ou bien échouera, donnant le plus souvent une situation pire que celle qui sévissait à son origine, ou bien devra se diviser en deux, à partir du surgissement créateur, en son sein, d’une proposition politique affirmative qui soit réellement antagonique à l’ordre dominant, proposition soutenue par une organisation disciplinée.

      Tous les mouvements des dernières années, quelle que soit leur localisation et leur durée, ont suivi une trajectoire pratiquement similaire et en vérité catastrophique :
      –- unité initiale constituée strictement contre le gouvernement en place. C’est le moment qu’on peut dire « dégagiste », de « Moubarak dégage » à « Faire la fête à Macron »
      –- unité maintenue par un mot d’ordre complémentaire lui-même exclusivement négatif, après un temps de bagarres anarchiques, quand la durée commence à peser sur l’action de masse, mot d’ordre du genre « à bas la répression », « à bas les violences policières ». Le « mouvement », alors, faute de contenu politique réel, ne se réclame plus que de ses blessures ;
      –- unité défaite par la procédure électorale, quand une partie du mouvement décide d’y participer, une autre non, sans qu’aucun contenu politique véritable ne soutienne ni la réponse positive, ni la négative. Au moment où j’écris ces lignes, la prévision électorale ramène Macron à ses scores antérieurs au mouvement des gilets, le total de la droite et de l’extrême droite à plus de 60%, et le seul espoir de la gauche défunte, la France Insoumise, à 7%.
      –- D’où : venue au pouvoir, par les élections, de pire qu’avant. Soit que la coalition déjà en place les remporte, et ce de façon écrasante (ce fut le cas en Mai 68 en France) ; ou qu’une formule « nouvelle » en fait étrangère au mouvement et fort peu agréable soit victorieuse (en Egypte, les frères musulmans, puis l’armée avec Al Sissi ; Erdogan en Turquie) ; ou que les gauchistes en parole soient élus mais capitulent aussitôt sur le contenu (Syriza en Grèce) ; ou que l’extrême droite soit à elle seule victorieuse (le cas de Trump aux USA) ; ou qu’un groupe issu du mouvement s’acoquine avec l’extrême droite pour s’installer dans le fromage gouvernemental (le cas italien, avec l’alliance du mouvement cinq étoiles et des fascistoïdes de la ligue du nord). Remarquons que ce dernier cas a ses chances en France, si parvient à fonctionner une alliance d’une organisation prétendument venue des « gilets jaunes » et de la secte électorale de Marine Le Pen.

      Tout cela parce qu’une unité négative est hors d’état de proposer une politique, et sera donc en définitive écrasée dans le combat qu’elle engage. Mais pour proposer un au-delà de la négation, encore faut-il identifier l’ennemi, et savoir ce que signifie de faire réellement autre chose que lui, absolument autre chose. Ce qui implique a minima une connaissance effective du capitalisme contemporain à échelle mondiale, de la place décadente qu’y occupe la France, des solutions de type communiste concernant la propriété, la famille (l’héritage) et l’Etat, des mesures immédiates mettant en route ces solutions, comme aussi un accord, venu d’un bilan historique, des formes d’organisation appropriées à ces impératifs.

      Pour assumer tout cela, seul une organisation ressuscitée sur des bases nouvelles peut rallier, en quelque sorte au futur, une partie des classes moyennes en déroute. Il est alors possible, comme l’écrit Marx, que [la classe moyenne] agisse révolutionnairement, par crainte de tomber dans le Prolétariat  : ils défendent alors leurs intérêts futurs et non leurs intérêts actuels  ; ils abandonnent leur propre point de vue pour se placer à celui du prolétariat.

      Il y a là une indication précieuse, qui autorise une conclusion partiellement positive, mais sur un point essentiel : il existe sans doute une gauche potentielle du mouvement des gilets jaunes, une très intéressante minorité : celle que constituent ceux des activistes du mouvement qui, en fait, découvrent qu’il faut penser leur cause au futur et non au présent, et inventer, au nom de ce futur, leur ralliement à autre chose que leurs revendications statiques sur le pouvoir d’achat, les taxes, ou la réforme de la constitution parlementaire.
      On pourrait dire alors que cette minorité peut constituer une part du peuple réel, soit le peuple au sens où il porte une conviction politique stable, incarnant une voie réellement antagonique à la contre-révolution libérale.

      Bien sûr, sans incorporation massive des nouveaux prolétaires, les gilets jaunes ne peuvent représenter, tels quels, « le peuple ». Ce serait le réduire, ce peuple, à la nostalgie de la partie la plus démunie de la classe moyenne pour son statut social en perdition. Pour être, aujourd’hui, en politique, « le peuple », il faut que la foule mobilisée comporte un contingent fort et central du prolétariat nomade de nos banlieues, prolétariat venu d’Afrique, d’Asie, d’Europe de l’Est, d’Amérique latine ; il faut qu’elle affiche des signes clairs de rupture avec l’ordre dominant. D’abord dans les signes visibles, comme le drapeau rouge à la place du tricolore. Ensuite dans ce qui est dit, comme des tracts et des banderoles porteurs de directives et d’affirmations antagoniques à cet ordre. Ensuite encore, dans les exigences minimales qu’il faut clamer, par exemple l’arrêt total des privatisations et l’annulation de toutes celles qui ont eu lieu depuis le milieu des années quatre-vingt. Il faut avoir comme idée maîtresse le contrôle collectif sur tous les moyens de production, tout l’appareil bancaire, et tous les services publics (santé, éducation, transports, communication). Bref, le peuple politique ne peut se contenter, pour exister, de rassembler quelques milliers de mécontents, fussent-ils, ce que je crois, cent mille, et de réclamer d’un Etat — déclaré par ailleurs, à juste titre, détestable — qu’il veuille bien vous « considérer », organiser pour vous des référendums (lesquels, par exemple ?), entretenir quelques services de proximité et remonter un peu votre pouvoir d’achat en diminuant vos impôts.

      Mais passées les exagérations, les rodomontades, le mouvement des gilets jaunes peut être très utile dans l’avenir, comme le dit Marx : du point de vue de son futur. Si en effet nous nous tournons vers cette minorité d’activistes du mouvement des gilets jaunes qui, à force de se réunir, d’agir, de parler, ont compris en quelque sorte de façon intuitive qu’il leur fallait acquérir une vision d’ensemble, à échelle mondiale comme française, de ce qui est la source véritable de leur malheur, à savoir la contre-révolution libérale ; et qui par conséquent sont prêts à participer aux étapes successives de la construction d’une force de type nouveau ; alors, ces gilets jaunes, pensant à partir de leur futur ; contribueront sans aucun doute à l’existence, ici, d’un peuple politique. C’est pourquoi nous devons leur parler, et s’ils y consentent, organiser avec eux des réunions où se constitueront les premiers principes de ce qu’on peut appeler, ce qu’on doit appeler pour être clair, même si le mot est devenu, ces trente dernières années, à la fois maudit et obscur, un communisme, oui, un communisme nouveau. Comme l’expérience l’a montré, le rejet de ce mot a aussi bien donné le signal d’une régression politique sans précédent, celle-là même contre se lèvent, sans trop le savoir, tous les « « mouvements » de la dernière période, y compris ce qu’il y a de meilleur dans les « gilets jaunes » : les militants qui espèrent un nouveau monde.
      Pour commencer, ces nouveaux militants soutiendront ce que je crois être indispensable : créer, partout où on le peut, des grandes banlieues aux petites villes désertées, des écoles où les lois du Capital et ce que veut dire les combattre au nom d’une orientation politique totalement différente, soient enseignées et discutées de façon claire. Si au-delà de l’épisode « gilets jaunes contre Macron blanc », mais porté par ce que cet épisode avait au futur de meilleur, un tel réseau d’écoles politiques rouges pouvait voir le jour, le mouvement, par son indirecte puissance d’éveil, s’avèrerait avoir eu une véritable importance.

    • Considérer les professions intermédiaires uniquement à l’aune de la France est une erreur monumentale, actuellement, et oui, il s’agit bien de la classe moyenne à l’échelle mondiale. Et les Macron, Trump et autres Poutine gouvernent, ou plutôt dirigent, à l’échelle mondiale, eux, dans les sillons des multinationales.