country:mexique

  • Une agence militaire américaine investit 100 millions de $ dans des biotechs d’extinction génétique

    http://www.up-magazine.info/index.php/bio-innovations/bio-innovations/7205-darpa-investit-100-millions-de-dans-des-biotechs-d-extinction-gen



    Des emails révélés en vertu des règles sur la liberté d’information par The Guardian prouvent que le DARPA, l’agence américaine pour la recherche avancée en matière de défense est devenue le plus grand bailleur de fonds des recherches sur le gene drive. Cette technologie de forçage génétique est destinée officiellement à éradiquer les moustiques vecteurs du paludisme, les rongeurs envahissants et d’autres espèces dites nuisibles. Derrière ces bonnes intentions, l’idée de confier à l’armée une si grande puissance de destruction et de transformation du vivant, est-elle si bonne ?

    « Le phénomène court-circuite les régulations de la sélection naturelle. La séquence de forçage génétique peut être assimilée à une mutation auto-amplifiante, qui s’auto-réplique elle-même et qui diffuse plus rapidement que par la génétique habituelle.
    Au regard de sa capacité à faire sauter les trois verrous caractéristiques du rythme évolutionnaire depuis 4 milliards d’années (mutation, hérédité, adaptation), le forçage génétique est probablement l’invention biologique la plus effective et imprédictible qu’on n’ait jamais possédée quant à la gestion du vivant, en nous et hors de nous. » C’est l’alerte que faisaient dans nos colonnes la biologiste Virginie Orgogozo et le philosophe Baptiste Morizot.

    Les alertes ne manquent pas dans le monde scientifique. Un réseau de 160 associations issues du monde entier avait manifesté son opposition à cette technique, lors du sommet de Cancun (Mexique) qui s’est tenu il y a tout juste un an - dédié à la biodiversité. À cette occasion a été présentée une demande de moratoire sur la « nouvelle technique génétique d’extinction ». Les associations estiment qu’« il n’est pas possible de prédire de manière adéquate les effets écologiques en cascade de la diffusion dans les écosystèmes sauvages ». Elles craignent les effets irréversibles et le franchissement des barrières d’espèces. Elles demandent l’arrêt de tout recours au forçage génétique même pour la recherche.

    • Pour avoir passé plusieurs mois à San Cristóbal de Las Casas (Chiapas, Mexique), j’ai pu observer le trafic en mode « UNO » (et enfin compris qu’où vient le nom de ce jeu). Très peu de feux dans la ville et essentiellement des croisement où les voitures passent une par une... les trottoirs sont hyper hauts, mais comme l’autorisation d’utiliser ces trottoirs aux populations indigènes est relativement récent (et que c’est relou de monter sur ces trottoirs), les piétons utilisent aussi la rue régulièrement, et je crois qu’il y a très très peu d’accidents justement parce que tout le monde fait gaffe. L’autre anecdote est que le permis de conduire zapatiste est considéré comme beaucoup plus sûr que le permis étatique, justement aussi à cause de ces bases de comportements moins individualistes. Mais ceci est une vision d’européenne de passage, donc rien de scientifique dans mon observation.

  • Tremblements de terre au Mexique

    Quand la gestion de la catastrophe
    et la catastrophe de la gestion ne font plus qu’un

    Alèssi Dell’Umbria

    https://lavoiedujaguar.net/Tremblements-de-terre-au-Mexique-Quand-la-gestion-de-la-catastrophe-

    Le 7 septembre 2017, un séisme d’une magnitude de 8,2 a frappé le sud du Mexique, principalement les États d’Oaxaca et du Chiapas. L’épicentre se situait dans l’isthme de Tehuantepec, où 78 morts furent recensés dont 37 dans la seule ville de Juchitán. Près de 60 000 maisons furent partiellement ou totalement endommagées. Le 14 septembre, des pluies torrentielles vinrent aggraver le sort des sinistrés sans toit.

    La solidarité assurée par des organisations indigènes ou des réseaux mis en place pour l’occasion a heureusement permis dans un premier temps de ravitailler les gens de l’Isthme et de parer au plus pressé.

    Parallèlement, le gouvernement fédéral dépêchait mille huit cents militaires dans l’Isthme. Ils y sont toujours, officiellement chargés de distribuer les dons provenant de diverses instances gouvernementales et d’organisations civiles type Croix-Rouge. (...)

    #Mexique #Oaxaca #séismes #solidarité

  • Mexique, justice pour les disparus
    (sur Arte ce soir et en replay sur leur site)

    « Cette enquête raconte le combat acharné des défenseurs des droits de l’homme pour réunir des témoignages et saisir la Cour pénale internationale. Ils espèrent ainsi faire comparaître les plus hautes autorités de leur pays sur les bancs des accusés. Un défi aussi titanesque que crucial pour l’avenir d’un Mexique en quête de dignité. »

    https://www.arte.tv/fr/videos/070826-000-A/mexique-justice-pour-les-disparus

    #Mexique #NarcoÉtat #Corruption #CrimeOrganisé #CPI

  • Mexique profond - Guillermo Bonfil Batalla [Extraits]
    https://lundi.am/Mexique-profond-Guillermo-Bonfil-Batalla

    Mexique profond. Une civilisation niée est de ces livres qui marquent leur temps. Publié en 1987 et régulièrement réédité en espagnol, quand il ne circule pas sous forme de photocopies tel un samizdat, cet ouvrage repose sur une thèse simple : il existe deux pays au Mexique, le pays imaginaire et le pays profond. Le premier, fruit de la domination coloniale, régit tous les aspects de la vie publique et a refoulé le second, celui des peuples indigènes, dans les limbes de l’histoire. Le Mexique imaginaire, irréel, ne cesse de se projeter dans un futur fantasmatique tandis que le Mexique profond porte la mémoire de cinq siècles de révoltes et de répressions. L’horizon historique de ce livre est celui d’un conflit séculaire entre deux pans de la réalité.

    #Mexique #colonisation #peuples_originaires #peuples_premiers

    Voir aussi : https://seenthis.net/messages/631416

  • Après les paradis fiscaux, les « paradis » des essais cliniques ?
    http://theconversation.com/apres-les-paradis-fiscaux-les-paradis-des-essais-cliniques-86375

    Désormais, un même essai clinique se déroule bien souvent dans plusieurs zones géographiques. Le cas du Crlx101, une nouvelle approche pour combattre le cancer mise au point par la compagnie américaine de nanopharmaceutique Cerulean, en témoigne. L’étude de phase 1 a été réalisée aux États-Unis, et l’étude de phase 2, en Russie et en Ukraine, comme indiqué sur le site du gouvernement américain consacré aux essais cliniques. Il n’est plus rare de voir une phase d’essai réalisée dans plus de cinq pays à la fois, sur différents continents.

    À date, c’est encore dans les pays occidentaux que l’on mène le plus d’essais cliniques. Selon un article publié dans la revue Nature portant sur l’année 2007, les pays qui en effectuaient alors le plus étaient les États-Unis, suivis – de loin – par l’Allemagne, la France et le Canada. Cependant, comme le montrait le même article, le nombre des sites offshore suivait une courbe exponentielle. La Chine et la Russie étaient les pays qui connaissaient le développement le plus fort, suivis de l’Argentine, de la République tchèque, de la Hongrie et du Mexique.

    En raison de la souplesse de sa législation sur les cellules souches, la Chine est particulièrement engagée dans des essais en médecine régénératrice. C’est également le cas de plusieurs autres pays comme l’Inde, Taïwan ou la Pologne.

    Souvent le seul moyen d’avoir accès à des soins

    Outre l’importante population et la diversité ethnique de ces pays, qui permettent une généralisation plus grande des résultats cliniques, d’autres facteurs d’ordre sociologique expliquent ce mouvement de délocalisation. Dans ces pays, les essais cliniques sont souvent le seul moyen d’avoir accès à des soins de santé pour les couches sociales les plus pauvres. Les essais sont considérés comme faisant partie intégrante des soins de santé depuis que, dans les années 1990, les États ont massivement adopté des politiques réformatrices d’inspiration néolibérale et privatisé le système de santé, en réduisant considérablement l’accès.

    C’est le cas de presque tous les pays de l’ex-Union soviétique, dont le mode de développement économique a suivi les modèles prescrits par l’OCDE et le FMI. La Pologne et l’Ukraine, par exemple, ont adopté des politiques avantageuses pour les entreprises biomédicales.

    #essaiscliniques #labos

    • À ce sujet, les témoignages de deux chercheurs canadiens interrogés au cours de mon enquête s’avèrent particulièrement troublants. Un scientifique spécialisé dans la vectorisation nanoparticulaire a ainsi été contacté par des chercheurs de l’armée chinoise pour tester sa nouvelle méthode d’administration de vaccin utilisant un virus pour convoyer des nanoparticules. Il n’en était qu’à un stade très expérimental de ses recherches :

      « Ils étaient prêts à faire des essais cliniques immédiatement sur leurs soldats. Je ne sais pas si cela se serait vraiment fait, mais au téléphone on me disait qu’ils étaient prêts à tester les échantillons. Du point de vue éthique, c’est inacceptable. [Ici] c’est un laboratoire universitaire. J’ai des collègues qui travaillent sur d’autres pathogènes. Je ne peux pas garantir un niveau de qualité GMP [good manufacturing practice, une bonne pratique de fabrication concernant les médicaments à usage humain], c’est absolument impossible. On ne peut injecter à des humains des produits comme ceux-là. On fait des essais sur les souris dans notre laboratoire, mais pas sur l’humain. »

      En Chine, « un fonctionnement beaucoup plus souple »

      Le directeur d’un important laboratoire québécois a connu une expérience similaire. Des chercheurs d’un hôpital chinois l’ont contacté à la suite de la publication d’un article pour lui proposer de tester sa technologie de délivrance de médicaments utilisant les nanotechnologies :

      « À l’époque, il y a plusieurs années, on n’était pas prêt à faire des tests in vivo sur les humains. On avait fait quelques expériences sur un porc. Je leur ai expliqué que la technologie n’était pas au point. Mais cela ne semblait pas poser problème. Ils étaient prêts à tester notre technologie sur des patients en phase terminale. Ça donne une idée du fonctionnement là-bas, c’est beaucoup plus souple. »

      Avant de lire le texte j’allais conseillé le bouquin « Cobayes humains » de Sonia Shah https://www.amazon.fr/Cobayes-humains-secret-essais-pharmaceutiques/dp/2354570325
      que @fil m’avais recommandé et qui m’a servi pour faire la partie gauche de ce dessin http://www.madmeg.org/delizie/#6/0.561/0.309
      Mais ce livre déjà absolument révoltant parlait d’une délocalisation des essais pharmaceutiques de stade 3 c’est à dire après l’experimentation sur les non-humains. Mais là les personnes sont utilisées à la place des souris et des cochons !! On en est là 6 ans plus tard....

  • Le 9 novembre – Journée mondiale d’action : un monde sans mur
    https://nantes.indymedia.org/articles/39005

    Du Mur d’apartheid d’Israël sur les terres palestiniennes au Mur de la honte étatsunien sur les terres indigènes à la frontière avec le Mexique, les murs sont des monuments d’expulsion, d’exclusion, d’oppression, de discrimination et d’exploitation. En tant que peuples affectés par ces murs et en tant que mouvements qui considèrent la justice, la liberté et l’égalité comme moyens pour résoudre les problèmes de cette planète, nous nous joignons à l’appel du 9 Novembre, Journée Mondiale d’Action pour un Monde Sans Mur.

    #Racisme #Répression #contrôle #social #antifascisme #Racisme,Répression,contrôle,social,antifascisme

  • Engaging City Leaders in the Global Compact Process: Recommendations for Action

    Heads of state and government gathered at the UN General Assembly in New York last month against the backdrop of a burgeoning refugee crisis in South Asia and a lingering one across the Middle East and Europe. City leaders from across the globe also convened to discuss the role that cities play in providing assistance to refugees.

    https://www.brookings.edu/blog/metropolitan-revolution/2017/10/17/engaging-city-leaders-in-the-global-compact-process-recommendations-for-a
    #urban_refugees #réfugiés #asile #migrations #urban_matter #villes #réfugiés_urbains #Global_compact #New_York_Declaration #recommandations

    • Joint ngo recommendations on durable solutions for the global compact on refugees’ programme of action

      The Norwegian Refugee Council, the Danish Refugee Council, the International Rescue Committee and Save the Children are pleased to share with you their joint recommendations on durable solutions for the Global Compact on Refugees’ Programme of Action, ahead of the High Commissioner’s Dialogue on Protection Challenges.

      https://www.nrc.no/joint-ngo-recommendations-on-durable-solutions-for-the-global-compact-on-refugee

    • #Puerto_Vallarta : La route vers le Pacte Mondial pour les Migrations

      Une pensée avant tout aux populations de cette planète qui n’auront jamais la chance ou les moyens
      de mettre un pied dans cette station balnéaire au bord de l’océan Pacifique. Qu’elles sachent que sur
      cette terre, il existe des endroits où les classes moyennes et aisées savourent leurs vacances en
      consommant à longueur de journées tous les plaisirs que peuvent leur apporter les tropiques. Bien
      souvent au nez des autochtones, pauvres, qui se transforment en serviteurs dociles aux petits soins
      des touristes. Tel est Puerto Vallarta, le petit village mexicain devenu une cité touristique prisée par
      les touristes canadiens, américains et européens, avec ses grands hôtels, ses clubs de vacances et
      shopping center, ainsi que tous les méfaits au niveau social et environnemental qu’apporte le
      tourisme de consommation.

      Face à la complexité des problèmes mondiaux, les Etats se plaisent également à se retrouver dans
      ces paradis terrestres, bien loin des populations, pour réfléchir sur le sort de l’humanité. La
      migration, un fait banal et naturel depuis que l’homme est apparu sur terre, est devenue un de ces
      problèmes mondiaux. Le paradoxe est qu’en ce XXIème siècle, qui se veut celui de toutes les
      évolutions et de la démonstration de la puissante maitrise de l’Homme sur la nature, le simple fait
      qu’un homme veuille quitter un endroit pour s’installer dans un autre est devenu un drame mondial.
      Au point que des réunions se multiplient, à coût de millions de dollars, pour trouver des « solutions »
      aux « mouvements migratoires ». La migration est-elle un si grand danger pour l’avenir de notre
      planète ?

      De New York….

      En septembre 2015, en adoptant les Objectifs de Développement Durable (ODD), Les Etats
      membres des Nations Unies ont accepté d’ici à 2030 de « réduire les inégalités dans les pays et d’un
      pays à l’autre » (ODD 10). Mais ils ont surtout donné leur aval pour « faciliter la migration et la
      mobilité de façon ordonnée, sans danger, régulière et responsable, notamment par la mise en
      oeuvre de politiques de migration planifiées et bien gérées. » (Cible 10.7 des ODD). En acceptant
      cette cible, les Etats reconnaissaient implicitement les inégalités dans ce monde en matière de
      migration et surtout de mobilité. Les hommes ne sont pas égaux face au passeport. C’est un fait bien
      connu. Et cette inégalité est profondément injuste car on ne choisit pas l’endroit où l’on nait ni les
      parents qui vous conçoivent. Mais de cette première décision, que l’Homme subit de la nature,
      apparait une inégalité qui fait que des milliards de personnes sur cette terre n’ont pas le droit de
      voyager sans une autorisation de sortie appelée « visa ». Pour se déplacer dans le petit village
      planétaire qu’est le Monde, un passeport allemand ne vaut pas un passeport togolais.

      Alors s’il fallait réduire les inégalités « d’un pays à l’autre » cela devrait donc commencer par
      remettre en place la nature égalitaire des Hommes face au passeport. Et cela par la reconnaissance
      d’une citoyenneté planétaire liée simplement à notre nature d’Homme. Nous sommes, en effet, tous
      des êtres humains vivant sur la même planète, avec un sang rouge dans nos veines, un coeur qui bat
      et des émotions. Nous sommes tout autant co-responsables de la gestion de ce monde qui
      appartient à tous. L’intégration des points sur la mobilité et la migration dans les ODD va constituer
      en soit une révolution par rapport aux Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) des
      années 2000 qui ont passé sous silence ce point délicat dont certains pays ne voulaient surtout pas
      discuter à l’époque. Les tragédies en mer Méditerranée et surtout les drames que vont vivre les
      demandeurs d’asile et les travailleurs migrants sur tous les continents en 2015 et 2016 vont
      rapidement amener la référence à la mobilité et à la migration des ODD au devant de la scène.

      La mise en oeuvre des ODD étant une prérogative des Nations Unies, il revenait donc à cette dernière
      d’ouvrir un débat en son sein une bonne fois pour toutes et de lancer les discussions sur ces sujets
      épineux que sont la mobilité et la migration. Les essais pour ouvrir un tel débat n’avaient pas
      manqué par le passé mais bien souvent les initiatives des Nations Unies pour asseoir un cadre
      normatif afin de gérer les questions liées à la migration ont systématiquement été rejetées par bon
      nombre de pays. Pour preuve, la convention des Nations Unies sur le droit de tous les travailleurs
      migrants et des membres de leur famille du 18 décembre 1990 n’a été ratifiée par aucun pays
      européen et du Moyen Orient, plus d’un quart de siècle après son adoption. Les recommandations
      des conférences internationales sur la population et le développement sont bien souvent restées
      sans suites.

      Il a fallu tout un savoir faire diplomatique pour arriver en 2006 à un début de discussion au sein des
      Nations Unies sur la « Migration et le Développement ». Koffi Annan, alors Secrétaire Général des
      Nations Unies, va réussir à convaincre les Etats de discuter sur les « apports de la migration en
      termes de développement » avec la promesse d’éviter les sujets qui fâchent concernant les visas, le
      regroupement familial, la détention des migrants, les expulsions, l’intégration etc. Du Dialogue de
      Haut Niveau sur la Migration de 2006 naitra le Forum Mondial sur la Migration et le
      Développement. Ce forum, qui a lieu depuis dix ans, va rester un cadre informel, au cours duquel les
      pays se rencontrent et parlent à longueur de journées de l’apport des migrants, sans prendre des
      décisions pour améliorer leur bien être. Après dix années à ce rythme, le monde va finalement se
      réveiller sur le drame quotidien des migrants. Les Nations Unies n’auront plus alors d’autres choix
      que de convoquer un sommet des Chefs d’Etat, le 19 septembre 2016, pour commencer un
      processus multilatéral décisionnel autour de la migration.

      A New York, le 19 septembre 2016, une déclaration va être adoptée reprenant, sous forme de
      constat, la plupart des sujets dont certains pays refusaient jusqu’alors de discuter au niveau
      multilatéral. La déclaration va surtout permettre de s’accorder sur un processus multilatéral devant
      aboutir à l’adoption de deux pactes d’ici à la fin 2018 : Un Pacte Mondial pour des Migrations sûres,
      ordonnées, régulières et Un Pacte Mondial pour les Réfugiés. L’idée de ces deux pactes a été
      acceptée par les Etats les plus réticents à condition qu’ils ne soient pas légalement contraignants. Ces
      pactes devant être selon eux un ensemble d’engagements politiques auxquels doivent adhérer les
      Etats. Ainsi, ces derniers n’auront pas l’obligation juridique en tant que tel de les mettre en oeuvre
      mais se promettent juste d’en tenir compte dans la formulation de leur politique migratoire
      nationale. Un si beau compromis, destiné à satisfaire tout le monde, n’a pas su convaincre Donald
      Trump, le Président américain, qui décida du retrait des Etats Unis du processus multilatéral
      d’adoption du Pacte Mondial pour les Migrations à la veille de la réunion au Mexique.

      … A Puerto Vallarta

      Dans la belle cité ensoleillée de Puerto Vallarta, il s’est agi de faire le bilan général des consultations
      menées ces derniers mois autour du Pacte Mondial pour les Migrations. En tout six réunions de
      consultations thématiques ont rassemblé des centaines d’organisations entre New York, Genève et
      Vienne. A cela il faut ajouter, les consultations multi-acteurs, les discussions lors de grands
      évènements internationaux en lien avec la migration, les consultations au niveau régional. Rien que
      pour l’Afrique, il a fallu organiser cinq réunions de consultations sous régionales interétatiques, une
      réunion de consultation pour la société civile africaine et pour finir une grande réunion de
      consultation continentale à Addis-Abeba afin d’aboutir à un document synthèse des
      recommandations africaines. Les processus onusiens sont connus pour leur empreinte écologique et
      les émissions de gaz à effet de serre en termes de transport aérien, séjour en hôtel et consommation
      d’énergie.

      Les réunions de consultation se sont également étendues au niveau national. Une cinquantaine de
      pays ont pris la peine d’organiser des échanges entre les différentes structures étatiques travaillant
      sur la migration et la société civile afin d’avoir une position à présenter pour le Pacte Mondial.
      Malgré la pluralité des réunions de consultations menées et des rapports délivrés, il a été jugé bon
      d’organiser une ultime réunion bilan à Puerto Vallarta, pour écouter à nouveau l’ensemble des
      acteurs.

      La note officielle envoyée aux délégations en amont de l’évènement présentait la rencontre de
      Puerto Vallarta comme un espace d’échange et de débat entre les pays. La réunion donna donc
      l’occasion aux différents Etats d’exprimer leur position sur le Pacte Mondial et surtout après le retrait
      des Etats Unis d’Amérique. Au-delà de condamnations formulées par quelques Etats, surtout latino-américains,
      sur la position des Etats Unis, l’argument américain a prévalu dans la plupart des
      interventions : « le droit de déterminer en toute souveraineté qui peut ou pas entrer sur son sol ».

      Certains pays, tout en acceptant la prise en compte des différentes conventions internationales sur
      les droits humains dans la rédaction du Pacte Mondial, refusent de voir dans le pacte la
      reconnaissance du droit à la mobilité de tous les Hommes sans aucune restriction. Pour eux, il est
      fondamental que le Pacte Mondial mentionne le droit des pays à contrôler l’entrée et le séjour des
      personnes étrangères dans leur pays en fonction des besoins en main d’oeuvre de leur économie et
      de leur société. Quelques Etats vont même jusqu’à demander que le Pacte Mondial inscrive le fait de
      sanctionner les situations d’irrégularité des migrants. Le Pacte Mondial doit, à leurs yeux, être un
      outil pour lutter contre la migration irrégulière, le trafic des migrants et la traite des travailleurs
      migrants. Il doit, selon eux, clairement notifier la responsabilité partagée des pays face à la gestion
      des migrations et insister sur la responsabilité des pays d’origine d’accepter le retour, même forcé,
      de leurs migrants en situation irrégulière.

      Pour d’autres le Pacte Mondial devra donner des indications claires pour la création de canaux de
      mobilité légale à leurs citoyens. Certaines délégations ont, dans leurs interventions, demandées que
      le Pacte Mondial mette fin au régime des visas qui bloque le droit à la mobilité de leur population.
      Pour la petite histoire, bon nombre de délégations officielles africaines n’ont pas pu prendre part à la
      réunion à cause de l’obligation d’avoir un visa pour transiter par les Etats Unis sans quoi les
      compagnies aériennes ne pouvaient les embarquer. Les déclarations lues par les pays sont revenues
      sur les problèmes liés à l’intégration des migrants et les règles de droits humains devant être
      respectées en cas de retour des migrants en situation irrégulière. Ces pays ont souhaité voir ces
      points pris en compte par le Pacte Mondial. D’autres Etats ont réclamé la fin des détentions pour les
      migrants en situation irrégulière et en particulier pour les enfants en mobilité. Ils ont insisté sur le fait
      que le pacte établisse des règles pour faciliter la réunification familiale afin de résoudre le problème
      des enfants séparés de leur parent à cause des politiques migratoires des pays de destination.

      La discrimination dont sont victimes les migrants et les actes xénophobes qui se multiplient un peu
      partout dans le monde ont été mentionnés par quelques Etats comme devant avoir des approches de
      solution mentionnées dans le Pacte Mondial. Pour ce faire, des Etats en sont venus à présenter des
      exemples de bonnes pratiques qu’ils ont développées sur le plan national ou aux niveaux des villes et
      des communautés à la base pour faciliter l’intégration des migrants en matière d’accès à la
      citoyenneté, à l’éducation, à la santé, au travail, à la protection sociale, etc. Dans l’espoir que ces
      bonnes pratiques fassent échos et que cela soit pris comme norme dans la rédaction du Pacte
      Mondial. Les expériences réussies d’intégration et de libre circulation des personnes au niveau
      régional dans certaines parties du monde ont également été citées comme base à prendre en
      compte pour le Pacte Mondial.

      Un des points les plus importants, des échanges à Puerto Vallarta, a porté sur les mécanismes de
      mise en oeuvre et de suivi du Pacte Mondial après son adoption en 2018. Les Etats, dans leur
      majorité, ont réclamé des indicateurs mesurables pour vérifier le degré auquel les uns et les autres
      respecteront les engagements formulés dans le Pacte Mondial. L’Organisation International pour les
      Migrations (OIM), devenue une agence onusienne depuis le sommet du 19 septembre 2016, est vue
      par beaucoup d’Etats comme la structure de l’ONU devant être à la pointe de la mise en oeuvre du
      Pacte Mondial. Cela n’est pas sans soulever un débat quant au rôle joué jusqu’alors par l’OIM dont
      les projets de prestation de services aux Etats qui le financent rentrent en conflit parfois avec la
      défense des droits des migrants. En outre, la nature mixte des migrations et la complexité des
      déterminants de la migration ont amené quelques pays à proposer que la mise en oeuvre du Pacte
      Mondial soit coordonnée entre les différentes agences onusiennes. Quelques Etats ont réclamé un
      mécanisme indépendant de reporting pour le suivi de la réalisation des engagements et avec des
      cadres dédiés à cet effet, voire la détermination de nouvelles attributions au Dialogue de Haut
      Niveau sur la Migration et au Forum Mondial sur la Migration et le Développement. Et comment
      finance-t-on tout cela ?

      Telle est une des questions à laquelle la réponse sera donnée dans le draft zéro du Pacte Mondial qui
      sera publié au mois de février 2018. Les négociations entre les Etats qui s’annoncent déjà assez
      houleuses s’étaleront jusqu’au mois de juillet avec la possibilité de l’adoption du Pacte et son
      ouverture à signature lors de l’Assemblée générale des Nations Unies de septembre 2018. Le Rendezvous
      est toutefois pris à Marrakech au Maroc au mois de décembre 2018 en marge du prochain
      Forum Mondial sur la Migration et le Développement pour le lancement du nouveau pacte devant
      gérer la mobilité et les migrations humaines dans le monde.

      (Ecrit par Samir ABI, Secrétaire Permanent de l’Observatoire Ouest Africain des Migrations)

      http://www.obsmigration.org/fr/2017/12/puerto-vallarta-route-vers-pacte-mondial-migrations

      En anglais :
      www.obsmigration.org/en/2017/12/puerto-vallarta-the-way-to-the-global-compact-for-migration/

    • @reka

      Je ne suis pas sur de l’intérêt, mais je suis peut-être insensible à ce genre

      Par genre , tu veux sans doute parler de visualisation de données et ou de cartographie expérimentale. Je tâcherai de me souvenir lors de prochains signalements que ce sont là des sujets pour lesquels tu n’a pas d’ intérêt !

      Et donc je tague pour que que tu puisse prendre tes jambes à ton cou la prochaine fois

      #data_visualisation #carto_experiment (c’est pas souvent que je tague, mais là cela me fait rire)

      @fil effectivement. J’étais tout content de constater que la petite flèche ne pointait pas quand j’ai fait le copié-collé de l’URL. normalement je devrais supprimer mon signalement, mais le commentaire de @reka le rend désormais tellement précieux à mes yeux. Par ailleurs cette autre vidéo de Josh Begley signalée hir par @unagi et qui reprend toutes les unes du New York Times depuis 1850 est très belle également.

    • oui, very sorry, je voulais pas faire un crime de lèse-majesté artistique :) (et je ne prendrai pas mes jambes à mon cou) je voulais simplement dire que c’est original et éventuellement estétoque, mais on ne voit pas grand chose. A part ça j’ai du respect pour l’artiste qui a réalisé d’autres projets très intéressants.

    • @reka

      on ne voit pas grand chose

      C’est bien là que je pense que nous ne sommes pas d’accord. Les choses que je vois moi dans cet effort qui n’est pas seulement esthétique : la frontière en question est interminable (best of luck). Dans un premier temps, c’est un trait tout droit comme peuvent l’être les frontières d’un état comme le Colorado dont la carte est hyper fastoche à dessiner, puis dans un deuxième temps, c’est le bordel, c’est le dessin méandrique du Rio Grande qui ringardise un peu les boucles de la Seine. C’est tellement le bordel qu’à certains endroits, c’est le Mexique qui est au Nord et les Etats-Unis qui sont au Sud. Enfin c’est un tel voyage qu’il traverse une diversité géographique dont on n’a pas nécessaireent idée en Europe, et le plus drôle également c’est qu’il y a de nombreux endroits où il semble y avoir des villes de part et d’autre de la frontière qui ne doivent, dans la réalité ne faire qu’une seule ville. Le titre met sur la voie aussi de penser que cela ne va pas être hyper comodede construire un mur là où il y a un fleuve (et quel !). Bref je trouve que l’on voit et qu’on apprend beaucoup de chose à la lecture de ce qui est, avant d’être une oeuvre vidéographique, un exercice de visualisation de données (lesquelles sont aussi objectives que possible puisque ce sont des photographies prises par satellite).

      C’est une carte qui bouge, mais c’est une carte non ?

    • @philippe_de_jonckheere, ton fleuve « à boucles », tu le préfères en tresses ou en anastomoses ? Parce que le Rio Bravo, à côté de ce qu’a pu être le Rhin, c’est du quasi linéaire ;-)

      Tu peux regarder sur les thèmes rectification du Rhin ou correction du Rhin (avec le côté scolaire de la correction : faut filer droit !) Je ne sais pas s’il y a une vue d’ensemble, mais on trouve quelques zooms sympas.
      Un peu sur WP[fr] https://fr.wikipedia.org/wiki/Correction_du_Rhin_Supérieur, quelques un en plus dans sa version WP[de], par exemple la confluence du Neckar (il y a une version 3000x3000)

      ou sur l’Histoire de l’Île du Rhin
      http://www.conservatoire-sites-alsaciens.eu/fr/histo-idr


      Le style en tresses du Rhin sauvage - secteur de Blodelsheim. Carte Lauf des Rheins, 1838


      Le Rhin rectifé et régularisé. Le lit principal représente l’actuel Vieux-Rhin. Carte Lauf des Rheins, 1872.

    • sinon, je suis assez d’accord avec @reka : ça va trop vite !

      La chose que je perçois, outre la variété des environnements que tu mentionnes, c’est tantôt l’homogénéité complète des deux côtés, notamment quand tu vois des amibes se balader dans une boîte de Petri, tantôt la délimitation violente entre deux environnements.

      Tu me diras, on peut aussi se le faire tout seul comme un grand en faisant défiler gg:maps. Et ben, justement, c’est un truc que j’ai déjà fait sur plusieurs bouts de cette frontière avec plusieurs niveaux de zoom…

    • Je rebondis sur le propos de @philippe_de_jonckheere :
      C’est vrai que ce peut être une belle « leçon de choses » sur la géographie humaine de ces lieux (que je ne connais pas). Mettre en pause la vidéo serait un moyen de s’en faire une meilleure idée. Ce que j’ai constaté, c’est la présence de nombreuses habitations modestes du côté mexicain alors que dans son pendant états-unien, on voit surtout des terrains vagues, des terres agricoles ou des installations industrielles. Un peu comme si la population mexicaine attendait que s’entrouvre une porte providentielle qui lui permettrait de s’engouffrer vers une" terre promise". J’ai essayé de visualiser le trajet de la frontière avec Google Map en zoomant à 200 m d’altitude. C’est flagrant pour la ville de Tijuana.
      La frontière raconte une drôle d’histoire de séparation des destins et elle matérialise deux administrations étatiques, l’une (le Mexique) ayant renoncé à assurer le bien-être de ses communautés et l’autre (les États-Unis) voulant se protéger de ces communautés en attente d’une « vie meilleure » en les tenant à distance et en niant leur droit à l’existence.

    • Pour moi c’était un peu moins saccadé en téléchargeant le film en haute def (avec youtube-dl) plutôt que streaming.

    • @simplicissimus Le Rhin est un fleuve impressonnant (dont je peux me vanter de l’avoir traversé à la nage, à Bâle nuitamment, il y a très longtemps, en 1986), tes cartes sont très suprenantes en effet.

      Je me demande si, au choix, je surinterprête et surestime grandement cette vidéo en tant que travail cartographique ou tout du moins de visualisation (et qu’est-ce que j’entends par là m’est sans doute très personnel et sans doute biaisé par l’endroit d’où je parle, pour ainsi parler), ou si, chers amis cartographes, pour lesquels je nourris à la fois admiration et amitié, vous n’êtes pas devant une manière de point aveugle vous concernant : vous ne voyez pas qu’il s’agit quasiment du travail d’un confrère finalement.

      Sur l’argument de cela va trop vite, il me semble que si cela allait moins vite, cette vidéo serait interminable et serait rarement regardée de bout en bout, or c’est une expérience nécessaire, celle d’aller d’un bout à l’autre de la frontière. J’imagine que pour aller moins vite on pourrait filmer de plus haut, mais alors on perd quelque chose aussi.

      Enfin, il me semble que le but pédagogique est atteint : bon courage avec ce mur !

    • ah oui, il faut qu’on publie ce projet sur visionscarto.net très vite (avec le dossier complet qui va avec d’ailleurs, pas seulement la carte, il y a tout un outil méthodo et des esquisses préparatoires, et un texte qui n’a pas - heureusement - été publié dans le diplo).

      Sinon, non, les délits des crapules qui dirigent actuellement le diplo sont totalement imprescriptibles !

  • Quel héritage laisseront les cimetières nucléaires

    http://www.lemonde.fr/idees/article/2017/10/21/memorial-nucleaire_5204103_3232.html

    Les déchets du centre d’enfouissement de Bure (Meuse) resteront létaux pendant des centaines de milliers d’années. Comment prévenir du péril nos lointains descendants ?

    Que pensera dans trois siècles, ou dans trois mille ans, un humain découvrant un sombre bois fait d’aiguilles de granit géantes ? Est-ce qu’il comprendra que ses ancêtres ont voulu le prévenir d’un danger effroyable ? C’est ce que nous espérons, nous qui laissons à l’humanité le cadeau empoisonné de nos cimetières nucléaires.

    En France, c’est dans la commune de Bure (Meuse), à 490 mètres sous terre, au cœur d’une épaisse couche d’argile jurassique, que nous allons enterrer des produits radioactifs dont la toxicité est fatale à l’homme pour des périodes estimées entre 240 000 et 500 000 ans. Les experts de l’Agence nationale pour la gestion des déchets radio­actifs ­(Andra) assurent que cette veine ­d’argilite dure est restée stable depuis sa formation « il y a 160 millions d’années » – ce que, du reste, contestent ­certains géologues.

    On doit donc pouvoir y enfouir pour une éternité provisoire nos indestructibles et mortels poisons. Mais comment prévenir les générations futures qu’un gisement létal est enterré sous leurs pieds ? Déjà, des spécialistes de l’Andra planchent pour savoir sur quel support physique transmettre ces informations. Les technologies changent trop rapidement, il faut donc utiliser le « papier permanent » – durée de vie : plusieurs siècles. Ou graver un disque en saphir qui devrait résister un million d’années – hélas, il est cassant et fragile. Et pour y écrire quoi ? Les ­linguistes s’interrogent : saurons-nous lire notre langue dans cinq cents ans ? Dans mille ans ?

    Humains du futur

    Aux Etats-Unis, les responsables du Waste Isolation Pilot Plant (WIPP), qui, depuis 1999, sont chargés d’enterrer les déchets nucléaires américains au Nouveau-Mexique, ont demandé à des artistes d’imaginer des œuvres pérennes qui alertent les humains du futur. Certains ont proposé de graver dans la pierre une bande dessinée inspirée par Le Cri du peintre norvégien Edvard Munch… L’anthropologue David ­Givens, spécialiste en communication non verbale, s’est demandé si un tel message allait être « pris au sérieux ».

    D’autres artistes voudraient dresser des piliers de granit hauts de 7,5 mètres de haut, encerclés d’un mur de terre incrusté de diamants et de réflecteurs. Michael Brill et Safdar Abidi, se réclamant du land art, ont dessiné un champ d’épines noires colossales. Ce projet a inspiré les images futuristes du film Containment (2015), codirigé par Peter Galison, professeur d’histoire des sciences à Harvard, attentif à faire comprendre au public « les temporalités incommensurables » en jeu.

    En France, l’Andra aussi a lancé un appel à projets auprès d’artistes. Une des œuvres a été primée en 2015, La Zone bleue, de Stéfane Perraud et Aram ­Kebabdjian. Il s’agit d’une forêt géné­tiquement modifiée qui s’oxyde en ­virant au bleu. Au milieu, des stèles expliqueront qu’il s’agit d’une forêt très ­ancienne, légendaire…

    Tous ces projets n’empêchent pas historiens et anthropologues de s’interroger : ces œuvres persuaderont-elles les humains du futur que le lieu est dangereux ? N’y verront-ils pas plutôt des œuvres protégeant des trésors ­extraordinaires, ce qui engagera à aller creuser sous la surface ?

    Le sociologue allemand Ulrich Beck, auteur, en 1986, de La Société du risque (Aubier, 2001), écrivait après la catastrophe de Tchernobyl : « Nous proposons à l’humanité d’embarquer dans un avion pour lequel aucune piste d’atterrissage n’a encore été construite. »

  • La Cité | Un pacte mondial à l’ONU pour changer la perception des migrants
    https://asile.ch/2017/10/19/cite-pacte-mondial-a-lonu-changer-perception-migrants

    Les Nation unies ont reçu, l’an passé, un mandat pour la négociation d’un Traité global pour des migrations sûres, ordonnées et régulées. Le représentant permanent de la Suisse aux Nations unies à New York, l’ambassadeur Jürg Lauber, celui du Mexique, Juan José Gomez Camacho, et la représentante spéciale du secrétaire général pour les migrations internationales, […]

  • Le Jour des morts... Offrande et calaveras

    http://lavoiedujaguar.net/Le-Jour-des-morts-Offrande-et

    L’Association pour l’estampe et l’art populaire a le plaisir de vous inviter à l’exposition « Le Jour des morts... à Paris ! Offrande et calaveras ».

    Exposition ouverte tous les jours
    du 28 octobre au 12 novembre 2017
    de 15 à 20 heures
    au 49 bis, rue des Cascades
    Paris XXe (métro Jourdain)

    Vernissage le samedi 28 octobre à partir de 18 heures.

    Depuis 2001, ce sera la seizième année consécutive que l’Association pour l’estampe et l’art populaire fête les morts à la manière mexicaine, il y aura une offrande ainsi que des gravures satiriques. Cette année, l’installation sera enrichie de nouvelles pièces d’artisanat arrivées du Mexique et de têtes de mort cousues par l’artiste Anne Basaille, qui expose actuellement dans la galerie.

    #Paris #Mexique #Jour_des_morts #calaveras #exposition #offrande #rue_des_Cascades

  • [La 102] Concert solo&duo free/noise/drone
    https://grenoble.indymedia.org/2017-10-10-Concert-solo-duo-free-noise-drone

    Soirée free/noise/drone au 102, 102 rue d’Alembert avec : Meysson-Loubatière - duo impro/free/jazz/noise (Lyon - France) El Toro Que Venció Al Matador - duo hard/noise (Ciudad Guzmán - Mexique) Paulo Sandoval - solo drone/noise (Ciudad Guzmán - Mexique) Michel 31 - solo drone/noise (Grenoble - France) La soirée commence à 19 heures. PAF : 4/5 euros (au choix) Repas vegan sur place Le 102 est un espace autogéré, fonctionnant sans subvention, occupant des locaux appartenant à la Ville de (...)

    #Agenda

    https://le102.net

  • La tempête #Nate fait 22 morts en Amérique centrale et menace les Etats-Unis -
    afp , le 06/10/2017 à 11h45La Croix
    https://www.la-croix.com/Monde/tempete-Nate-fait-22-morts-Amerique-centrale-menace-Etats-Unis-2017-10-06-

    La tempête tropicale Nate a fait 22 morts et près de 30 disparus en Amérique centrale et menace désormais le Mexique et les Etats-Unis où elle pourrait se transformer en ouragan.

    Apportant des pluies diluviennes, Nate a provoqué la mort de onze personnes au Nicaragua, huit au Costa Rica et trois au Honduras, selon les autorités locales.

    Le bilan reste provisoire, car sept personnes sont portées disparues au Nicaragua, 17 au Costa Rica et trois au Honduras.

    Les pluies ont causé des scènes dantesques d’arbres déracinés, de ponts effondrés, de routes transformées en rivières et de maisons inondées dans les trois pays affectés.

    #climat

  • Ce que j’ai appris du peuple mexicain
    Raul Zibechi - traduction du Serpent@Plumes

    J’ai eu l’immense fortune d’avoir été dans la ville de Mexico le 19 septembre. À 13h15 nous étions, avec le compagnon et ami Luis Hernandez Navarro, près du quartier Juarez. Les jours suivants j’étais avec des compañeros et compañeras à Ciudad Jardin et dans la rue Zapata, où s’étaient effondrés des immeubles quand d’autres présentaient de sérieux dommages, nous avons partagé avec les volontaires et les voisins leurs peines et efforts pour surmonter ces moments difficiles.
    Ce que nous avons vécu et partagé ces jours-là dans la capitale mexicaine, et plus tard dans l’état du Chiapas, m’a inspiré quatre réflexions, brèves et incomplètes.

    La première est de confirmer la solidarité du peuple mexicain. Massive, étendue, conséquente, totalement désintéressée, sans la moindre ambition de se mettre en avant. Il ne s’agit pas de charité mais de responsabilité, comme l’a signalé Gloria Munoz lors d’une brève conversation. Une attitude profondément politique, qui disait aux autorités quelque chose comme partez, nous nous en chargeons parce que nous ne vous croyons pas.
    Aux points d’effondrement que j’ai pu visiter il y avait jusqu’à trois mille volontaires qui avaient acheté leurs pelles, casques et gants, qui avaient parcouru des dizaines de kilomètres avec leurs motos, à pieds ou à vélo, apportant des couvertures, de l’eau, de la nourriture et tout ce qu’ils pouvaient. Il est possible que plus de 100 000 personnes se soient mobilisées, rien que dans la capitale. Quantité et qualité, énergie et don de soi qu’aucun parti politique ne peut égaler.
    J’interprète cette merveilleuse solidarité comme une faim de participation pour changer le pays, comme un désir profond de s’engager dans la construction d’un monde meilleur, comme une attitude politique de ne pas déléguer aux institutions ni aux représentants, mais d’aider en passant par le corps. Dans la culture politique dans laquelle s’est formée ma génération, cette attitude s’appelle militante, et c’est ce qui permet de pressentir qu’un pays aussi meurtri que le Mexique possède encore un futur lumineux.

    La deuxième c’est le rôle joué par l’État, depuis les institutions jusqu’aux forces armées et la police. Ils sont arrivés aux points critiques le jour suivant le séisme et ils le firent telles des machines à interdire, à bloquer la participation des volontaires, des les empêcher et de les envoyer vers d’autres sites. Cette tâche de dispersion de la solidarité ils la remplirent avec soin et avec cette discipline qui caractérise les corps armés, qui ne servent pas à sauver des vies mais à protéger les puissants et leurs biens matériels.
    Cela a profondément attiré mon attention que dans les quartiers pauvres, comme Ciudad Jardin, le déploiement des uniformes était bien plus important que dans les quartiers de la classe moyenne, bien que le drame humain face aux immeubles effondrés était le même. Je dirais que les classes dangereuses furent rigoureusement surveillées par les militaires, parce que leurs patrons savent qu’ici se niche la révolte.

    La troisième c’est le rôle du capital. Pendant que les forces armées s’employaient à disperser le peuple solidaire, les entreprises commencèrent à faire du fric. Deux milles édifices endommagés dans la capitale c’est un gâteau appétissant pour les entreprises du bâtiment et le capital financier. Les grandes entreprises se sont gargarisé de la solidarité. La vague de solidarité a été si importante que le capital du faire comme si il laissait de côté sa culture individualiste, pour se composer une culture qui lui est étrangère et le répugne.
    Il est intéressant de noter la division du travail entre l’État et le capital. Le premier disperse le peuple pour que le deuxième puisse faire ses affaires. Jouant avec les mots, nous pouvons dire que la solidarité est l’opium du capitalisme, puisqu’elle neutralise la culture de la consommation et freine l’accumulation. En ces jours de désespoir et de fraternisation, peu pensèrent à s’acheter le dernier modèle et tous se focalisèrent sur le soutien de la vie.

    La quatrième question c’est nous. L’attitude du peuple mexicain, cette générosité qui me fait encore frémir d’émotion, s’écrase contre les digues du système. Ceux d’en-haut ont saisi une bonne partie des dons concentrés dans les centres d’approvisionnement et détournèrent la solidarité : alors qu’il s’agissait d’une relation horizontale, l’investirent pour la convertir en charité verticale.
    Nous savons que le système tient en détruisant les relations entre ceux d’en-bas, parce qu’elles dynamitent le squelette de la domination construit sur les piliers de l’individualisme. Mais il nous manque encore beaucoup pou que les relations entre ceux d’en-bas se déploient avec toute sa puissance. C’est la question de l’autonomie.
    Les jours suivants le séisme j’ai eu de longues conversations avec deux organisations de la ville : la Brigada Calleja et l’Organisation Populaire Francisco Villa de la Gauche Indépendante. Dans les deux cas j’ai retrouvé une attitude similaire, consistant à éviter les centres d’approvisionnement pour travailler directement avec les personnes affectées. Nous nous tenons en réserve, dit une dirigeante de Los Panchos dans la communauté Acapatzingo, à Iztapalapa.
    La solidarité va vers qui en a besoin, mais fonctionne en couche ou cercles concentriques. Elle prend d’abord soin des membres de l’organisation. Puis des membres d’autres organisations amies ou alliées, et aussi des personnes qui ne sont pas organisées, mais dans ce cas elle est aussi directe, face à face, afin d’éviter les détournements.

    Le monde nouveau existe déjà. Il est petit si on le compare avec le monde du capital et de l’État. Il est relativement fragile, mais il fait preuve de résistance et de résilience. Notre solidarité doit parcourir les canaux de ce monde autre, couler par ses veines, parce que si elle ne le fait pas elle s’affaiblit. La tempête est un moment spécialement délicat, comme nous l’éprouvons depuis le 19 septembre. Le système est déterminé à nous détruire et pour ça il est prêt, même, à se faire un camouflage humanitariste.
    L’incroyable solidarité du peuple mexicain mérite un destin meilleur que de grossir les poches et le pouvoir des puissants. Mais ceci dépend de nous, parce que d’eux nous ne pouvons plus rien attendre. Si il est certain que la solidarité est la tendresse des peuples, comme l’a écrit Gioconda Belli, nous devons en prendre soin pour que les oppresseurs ne la salissent pas.

    http://www.jornada.unam.mx/2017/09/29/opinion/032a1pol

  • Nous sommes la brèche, eux l’effondrement
    https://archive.org/details/NousSommesLaBreche

    Nous sommes la brèche, eux l’effondrement Par Rafael Camacho À propos du récent tremblement de terre au Mexique paru dans lundimatin#116, le 1er octobre 2017 https://lundi.am/Nous-sommes-la-breche-eux-l-effondrement-Par-Rafael-Camacho En des temps exceptionnels, des phénomènes normalem....This item has files of the following types : Apple Lossless Audio, Archive BitTorrent, Columbia Peaks, JPEG, JPEG Thumb, Metadata, Ogg Vorbis, PNG, VBR MP3

    #audio/opensource_audio #Mexico
    https://archive.org/download/NousSommesLaBreche/format=VBR+MP3&ignore=x.mp3

  • Kathryn Bigelow, une guerrière à Hollywood

    http://www.lemonde.fr/m-actu/article/2017/09/22/kathryn-bigelow-une-guerriere-a-hollywood_5189747_4497186.html

    La réalisatrice revendique un cinéma sous testostérone, qui lui a valu plus d’un procès en légitimité. Avec « Detroit », récit des émeutes raciales de 1967, c’est sa couleur de peau qui a été au cœur du débat.

    Kathryn Bigelow n’attendait qu’une chose : filmer ce moment. Depuis qu’elle s’était lancée dans le projet de Detroit (en salle le 11 octobre), un film sur les émeutes qui mirent à feu et à sang la ville du Michigan en 1967, la réalisatrice l’avait en tête. Elle avait retrouvé la trace de Larry Reed. Un homme dont la voix suave et délicate aurait dû, en 1967, en faire le chanteur de sa génération. Le jour de leur première rencontre il y a trois ans, il avait désormais près de 70 ans, vivait seul, tenait à peine sur ses deux jambes. « Impossible d’imaginer la vitalité qui l’habitait autrefois », soupire Kathryn Bigelow. Encore moins de déceler le charisme dont il était détenteur.

    A 18 ans, Larry Reed était le chanteur d’un groupe de soul, The Dramatics, et venait de signer un contrat avec Motown, le label de Détroit qui produisait Marvin Gaye, The Temptations ou Stevie Wonder. Dans la nuit du 22 au 23 juillet 1967, au Fox Theatre, dans le centre-ville de Détroit, une salle comble l’attendait. Larry Reed allait monter sur scène lorsque l’Histoire l’a rattrapé.

    Les émeutes de Détroit venaient d’éclater à la suite d’un raid de la police contre un bar clandestin d’un quartier noir, et la salle du Fox Theatre allait être évacuée. S’ensuivirent cinq jours de violences qui engloutirent dans un gigantesque trou noir le grand soir et les ambitions artistiques de Larry Reed et de sa formation. Quand celui-ci a chanté à nouveau, ce fut dans l’enceinte d’une église. Pour remercier le Ciel d’être encore vivant. Et ne plus rien lui demander d’autre.

    Pendant la préparation de Detroit, Larry Reed est retourné sur la scène du Fox Theatre en compagnie de Kathryn Bigelow. C’était la première fois, depuis cette nuit maudite où il était écrit qu’il côtoierait les étoiles. La cinéaste recherchait des détails, une façon de bouger, l’atmosphère d’un lieu pour lui redonner sa vérité lorsque viendrait le moment de le reconstituer.

    « Nous nous sommes avancés sur la scène, se souvient-elle. Il y avait seulement lui et moi. Il s’est souvenu de l’énergie du public. Deux ou trois visages de jeunes filles, près de la sortie de secours, l’avaient marqué tant elles étaient jolies. Il lisait l’excitation sur leur visage. » Un bref moment, Larry Reed a eu l’impression de les revoir sur cette même scène. En vrai. Comme des fantômes. Qui se sont évanouis.

    Il y a ceux qui essaient, et les autres

    Kathryn Bigelow a trouvé sa propre manière de les ressusciter. Dans Detroit, Algee Smith, l’acteur qui incarne Larry Reed, s’avance seul sur scène après l’évacuation de l’assistance. Il se met à chanter, a cappella, devant des fauteuils vides, décidé à ne pas se faire voler ce moment tant attendu. C’est l’instant que la réalisatrice de Point Break et Démineurs préfère dans Detroit. La toute petite histoire à l’intérieur de la reconstitution des émeutes qu’elle propose. Il ne s’agit pas de la scène la plus spectaculaire, ni de la plus complexe à tourner.

    Elle s’est contentée de laisser aller sa respiration. Pour se dire que certaines choses vont de soi, et qu’elle les comprend mieux qu’un autre. Algee Smith fredonne quelques notes. Se met à esquisser un ou deux pas de danse. Puis s’arrête aussitôt. « Le tapis lui est retiré sous les pieds. Il n’accomplira jamais son destin. N’exprimera plus son talent à la mesure de son extraordinaire potentiel. »

    La réalisatrice américaine est obsédée par cette tragédie, cette carrière artistique ratée. L’idée d’une existence inaboutie, d’un destin avorté, d’un potentiel gâché, la rend malade. La ramène à son adolescence. Cette fille unique, élevée dans les années 1950 à San Carlos, au sud de San Francisco, dans un foyer libéral, par une mère professeure d’anglais et un père chef d’une entreprise de peinture en bâtiment, a très tôt perçu que la volonté était une vertu cardinale, et ce, quel que fût votre talent. Sa professeure de piano, affligée par le manque d’aptitude de son élève, lui avait, par dépit, écrasé la main après un concert raté. A la place, la jeune fille choisit le dessin, pour ne plus jamais l’abandonner. Au nom d’un sacro-saint principe où il reste interdit de lâcher.

    Le père de la future cinéaste possédait, lui aussi, un talent certain pour le dessin. « C’était un caricaturiste très doué, passionné. Mais il existait comme un problème de géométrie chez lui, l’incapacité de relier son talent à une fonction capable de l’exprimer, faire de sa passion un métier. Il n’arrivait pas à se rendre du point A au point B. Il s’est perdu en chemin. Et sa vie, du moins ce qu’elle aurait dû être, n’est devenue qu’un souvenir. »

    Ses dessins restaient destinés à sa fille. Avec le temps, son sens de la caricature s’affinait, trouvait sa voie dans l’exagération, devenait un style. Tandis qu’il restait frappé par son propre manque de talent, sa fille en remarquait toute l’évidence. « Il n’en a rien fait », conclut sèchement la réalisatrice, dans un mélange de tristesse et de désespoir. Kathryn Bigelow a décidé d’étudier la peinture pour son père. Non pour lui faire plaisir. Mais pour devenir ce qu’il n’avait pas eu le courage d’être.

    Son monde idéal, reconnaît-elle, ressemblerait à la scène finale de son quatrième film, Point Break (1991). Le surfeur-braqueur de banque incarné par Patrick Swayze a rejoint l’Australie pour se mesurer à la vague du siècle lors de la tempête la plus violente jamais rencontrée par ce pays. Il l’affronte et disparaît. « Sauf qu’il a essayé, et cette volonté est sublime », assène la cinéaste sans ciller, tant il est clair pour elle que le monde se divise en deux catégories : ceux qui essaient et les autres.

    Bain de sang fondateur

    En arrivant à New York, à 19 ans, au début des années 1970, dans le cadre d’un programme organisé par le Whitney Museum of American Art, Kathryn Bigelow voyait les choses en grand. En matière de peinture s’entend. La jeune fille affichait un goût prononcé pour les toiles de Willem De ­Kooning : les coups brossés à la hâte, les lignes fuyantes et enchevêtrées, les couleurs dégoulinantes. Mais, au-delà de cette passion pour le peintre américain, son attirance pour le gigantisme avait fixé très tôt, et une fois pour toutes, son goût et son ambition d’artiste.

    Elle adorait la peinture à l’huile, surtout pas l’acrylique. C’était pour elle une question d’odeur et de consistance. « Je dessinais des toiles gigantesques, une fusion entre l’expressionnisme abstrait et l’art de la Renaissance. Je prenais un minuscule détail d’une toile de Raphaël pour le gonfler et lui donner une teinte expressionniste. » Du studio prêté par le Whitney Museum – en fait le coffre-fort d’une banque désaffectée dans le quartier de Tribeca –, elle se souvient du froid intense new-yorkais. Sa veste en jean, ses bottes de cow-boy étaient en complet décalage avec le climat de la Côte est.

    « Aujourd’hui, on vous parle de Tribeca ou de SoHo pour désigner cette partie basse de Manhattan très chic. Mais au début des années 1970, c’était différent. Un taxi refusait de se rendre là-bas. De ma fenêtre, vous entendiez des coups de feu presque tous les soirs. Me voilà donc dans un sac de couchage, dans un no man’s land, et une atmosphère de guerre en bas de chez moi. Et vous savez quoi ? J’ai adoré ! Il règne une solidarité entre artistes plasticiens qui n’existe pas chez les cinéastes. Du moins, je ne l’ai pas trouvée. »

    Sur le modèle des ateliers de la Renaissance, la recherche d’un maître est devenue la quête d’une vie. Elle fut l’élève d’une des figures centrales de l’art conceptuel, Lawrence Weiner, apparaissant dans plusieurs de ses vidéos, ou en assurant parfois le montage. Puis celle de Robert Rauschenberg et de Richard Serra. Un autre mentor, Andy Warhol, lui aussi passé des arts plastiques au cinéma, avait fait remarquer à la jeune étudiante que le cinéma était l’art populaire par excellence. Moins élitiste, à ses yeux, que la peinture ou la sculpture.

    « Cela m’a frappée. Je suis allée au Museum of Modern Art pour regarder l’huile sur toile de Kazimir Malevitch, Composition suprématiste : carré blanc sur fond blanc, qui consiste en un carré de couleur blanche, peint sur un fond blanc légèrement différent. J’ai aussi pensé aux compositions en rouge, jaune, bleu et noir réalisées par Mondrian. Vous ne pouviez pas spontanément prendre la mesure du génie de ces deux pièces. Il fallait connaître l’histoire de l’art. Le cinéma, c’est différent. C’est plus viscéral, plus accessible. »

    La réalisatrice Kathryn Bigelow, en juillet 2017 à New York.
    Elle s’est rendue dans les salles de cinéma avec la même assiduité que dans les musées, en gardant son regard de plasticienne, afin d’y découvrir un modèle, d’élire ses maîtres. Tout s’est joué dans une salle de Times Square qui proposait un double programme avec Mean Streets de Martin Scorsese et La Horde sauvage de Sam Peckinpah. Il y faisait froid, mais toujours plus chaud que chez elle. Il lui a bien fallu enjamber les corps inertes de plusieurs junkies pour atteindre son siège. Le temps de repérer le fauteuil approprié, face à l’écran, loin des différents trafics dont cette salle restait le théâtre, elle avait acquis la concentration nécessaire.

    À la fin de la séance, sa vie avait changé. Le bain de sang final de La Horde sauvage, cet opéra sanglant, ce tourbillon affolé, filmé en partie au ralenti, où les jets d’hémoglobine offrent une impressionnante conclusion à la cavale de plusieurs malfrats dans le Mexique du début du XXe siècle, était devenu son idéal. L’expression la plus sublime de ce média. Ce vers quoi devraient tendre ses futurs films. Ce à quoi ils échapperaient aussi, loin de tout intellectualisme, pour une conception viscérale, instinctive, animale de cet art.

    « Le bain de sang de La Horde sauvage renvoyait à celui commis par nos troupes au Vietnam. Il ressemblait aussi à une gigantesque peinture de De Kooning. Ou à ­Guernica de Picasso. C’était absolument extraordinaire. C’était un cinéma physique, bodybuildé, sous testostérone. » Un cinéma qu’elle pratiquerait, que ce soit avec les vampires dans Aux frontières de l’aube, avec les surfeurs dans Point Break ou sur la guerre en Irak dans Démineurs.

    Seule réalisatrice à avoir décroché un Oscar

    Devenue réalisatrice, elle s’est installée dans l’ombre d’un autre maître, Douglas Sirk, cinéaste allemand auteur des plus grands mélodrames hollywoodiens des années 1950, Écrit sur vent, Le Temps d’aimer et le temps de mourir et Mirage de la vie. Elle lui a rendu visite en Suisse à plusieurs reprises, a projeté à son attention son premier long-métrage, The Loveless (1982), et noté la moindre de ses remarques.

    Sirk était presque aveugle, se souvient-elle, mais voyait tout à travers les descriptions que lui faisait son épouse. Bien plus tard, Kathryn Bigelow agira dans le même esprit de transmission, au début des années 1990, durant son bref mariage de deux ans avec James Cameron, l’homme qui sait si bien mettre en avant les personnages ­féminins dans ses films d’action – Linda Hamilton dans Terminator, Sigourney Weaver dans Aliens, Kate Winslet dans Titanic.

    Un détail dans La Horde sauvage chiffonnait Kathryn ­Bigelow. Le moment précis où le personnage principal du film, le cow-boy crépusculaire incarné par William Holden, est abattu dans le dos par une femme et se retourne vers elle pour la traiter de « salope ». D’un coup surgissaient synthétisés les apparents paradoxes de sa future carrière : admiratrice d’un cinéaste misogyne – Sam Peckinpah – et réalisatrice de films d’action, un genre qui restait l’apanage des hommes. Un club fermé où même elle, avec son mètre quatre-vingt-cinq, n’était pas la bienvenue.

    L’Oscar de la meilleure réalisatrice reçu en 2010 pour Démineurs – le premier remis à une femme dans cette catégorie –, sur une équipe de déminage de l’armée américaine en Irak, n’a rien arrangé. Il y a d’abord eu la fierté d’être la première à hériter de cette récompense. Puis la lassitude de demeurer la seule. « S’il existe une résistance aux femmes décidées à passer derrière la caméra, ce n’est pas mon problème. J’ai décidé de passer outre. Et ce pour deux raisons : je ne vais pas changer de sexe et je ne vais pas non plus cesser de faire du cinéma. Je me moque de savoir si c’est un homme ou une femme qui a réalisé un film. La seule chose qui me préoccupe reste de comprendre comment je réagis devant celui-ci. »

    Sa méthode, sa volonté, la réalisatrice les exprime aussi avec la rigueur martiale de son uniforme de tournage : jean, tee-shirt uni, casquette sur la tête, pour laisser dépasser ses longs cheveux par la fente arrière. Et par un rituel immuable : avant chaque scène, elle sort de sa poche arrière un papier avec le plan à tourner et les mouvements de caméra à effectuer, le regarde brièvement, et le range. Cela ne lui apprend rien. Elle a de toute façon son film en tête. Mais cette gestuelle la rassure. C’est sa manière de montrer les muscles sur un plateau.

    Le 7 mars 2010, Kathryn Bigelow, ici aux côtés de l’acteur Guy Pearce (à gauche) et du producteur Greg Shapiro, entrait dans l’histoire du cinéma américain en devenant la première femme à décrocher l’Oscar du meilleur réalisateur, pour « Démineurs ».
    Récemment, ce n’est plus son genre qui a posé problème, mais sa couleur de peau. Après la sortie, début août, de Detroit aux États-Unis, plusieurs éditorialistes dans la presse se demandaient si un ou une Noire ne seraient pas davantage qualifiés pour mettre en scène les émeutes de Détroit. La polémique l’a laissée bouche bée. Kathryn Bigelow lui oppose l’intensité de son travail, et la volonté.

    « Nous retournons à ce débat imbécile sur les femmes cinéastes. Je crois qu’un metteur en scène est un metteur en scène. Cela ne signifie pas qu’il n’existe pas une sensibilité masculine ou féminine. Des hommes peuvent diriger une scène d’une intense émotion, et une femme saura s’atteler à des séquences d’une inhabituelle violence. Vous savez, j’ai deux yeux, je regarde le monde en trois dimensions, et dispose de toutes les teintes disponibles. Pourquoi serais-je donc ontologiquement incapable de filmer la violence ? Et au nom de quelle étrange disposition de mon cerveau, liée à ma couleur de peau, serais-je incapable de comprendre les émeutes de Détroit en 1967 et, surtout, de comprendre que le racisme aux États-Unis reste ininterrompu comme le montrent les récentes manifestations de Charlottesville ? »

    Le sens du détail

    Elle revendique sa méthode, et son ­statut d’artiste. Grâce à certains gestes, à son attention à certains détails, elle est sûre d’avoir redonné une vérité et une authenticité à ces événements, et à l’épisode particulier de l’Algiers Motel, devenu le cœur de son film. Situé dans le quartier noir de Virginia Park, ce motel avait été investi par la police après que la présence d’un supposé sniper avait été signalée dans l’établissement. Le résultat a été une nuit de terreur entre le 25 et le 26 juillet : trois adolescents noirs tués par des policiers, neuf autres, dont deux jeunes filles blanches, battus et humiliés par les forces de l’ordre, et le chanteur des Dramatics, Larry Reed, qui y avait trouvé refuge après le couvre-feu.

    En plus de Larry Reed, Kathryn Bigelow a rencontré d’autres témoins de l’époque, longuement, plusieurs heures… Comme Julie Hysell, une jeune femme blanche âgée de 18 ans au moment des émeutes, venue visiter Détroit avec une amie et qui avait terminé sa soirée au Algiers Motel. Ou Melvin ­Dismukes, le policier noir présent sur les lieux lorsque la police a abattu trois adolescents au nom d’une prétendue légitime défense.

    « Un détail m’avait frappée dans le récit de Julie Hysell. Elle tenait la main de son amie alors que la police les tenait en joue. Dans le film, je me suis concentrée sur leurs deux mains. Cette métonymie racontait tout de leur détresse. Comme, autrefois, le détail d’une peinture de Raphaël me permettait de développer une nouvelle toile. Melvin Dismukes était, lui, entré par la porte arrière du bâtiment, puis passé par la cuisine et le salon où gisait un premier cadavre dans une mare de sang qui n’avait pas encore coagulé. Ce détail aussi m’a impressionnée. » Un moment entre chien et loup, entre la vie et la mort, plastiquement aussi marquant qu’une toile de De Kooning, qui place le spectateur dans la situation inconfortable du témoin impuissant, en train de regarder un homme mourir.

    La comédienne Jessica Chastain dans « Zero Dark Thirty », un film sur la traque de Ben Laden, réalisé par Kathryn Bigelow.
    Ces détails qui créent le tableau ou la scène, Kathryn Bigelow peut en citer dans chacun de ses films. L’épilogue de Zero Dark Thirty – qui retrace la traque d’Oussama Ben Laden, depuis les caves de Tora Bora en Afghanistan jusqu’au Pakistan –, Kathryn Bigelow l’a trouvé à la fin de son tournage : Maya, l’agent de la CIA incarnée par Jessica Chastain, monte à bord d’un avion spécialement affrété pour elle, après l’élimination de Ben Laden, et s’effondre en larmes.

    Le prix à payer pour son professionnalisme, la rançon de sa volonté et de son obsession, et une vie placée entre parenthèses, où rien n’a été bâti. Kathryn Bigelow a tourné la scène en une prise, en s’en débarrassant presque, consciente du miroir tendu. Cette vie, c’est la sienne, et elle l’a choisie.

  • « Sauvetage » de la fillette Frida Sofia après le séisme : la fake news qui fait polémique au Mexique - LCI
    http://www.lci.fr/international/frida-sofia-sauvetage-fillette-seisme-fake-news-polemique-mexique-2065159.html

    FAKE NEWS - Alors qu’ils avaient annoncé son sauvetage, les autorités mexicaines ont finalement démenti jeudi la présence d’une jeune fille vivante sous une école de Mexico, frappée mardi par un violent séisme.

    Les journalistes t’expliquent que si tu as trouvé un média qui a relaté cette histoire, ben c’est un média qui diffuse des fake news.

    J’en ai trouvé un :

    VIDÉO - Séisme au Mexique : une fillette retrouvée vivante dans les décombres de l’école où 21 enfants ont été tués - LCI
    http://www.lci.fr/international/video-seisme-au-mexique-une-fillette-retrouvee-vivante-dans-les-decombres-de-l-e

    DRAME - Au moins 21 enfants ont péri dans l’effondrement d’une école de Mexico lors du puissant séisme de magnitude 7,1 qui a frappé le Mexique mardi soir. Une fillette de 12 ans a été extraite jeudi des décombres, mais une vingtaine d’élèves sont toujours portés disparus.

    Mais cépapareil, c’est pas parce qu’ils relaient des fake news qu’ils sont pour autant un média « pas bien ».

    L’autre soir, j’ai entendu une dame qui parle dans le poste télé utiliser l’expression « fake news », à propos de gens méchants... et c’est délirant comme ils ne se rendent pas compte combien ce concept est casse gueule.

    • Ce qui est « marrant » c’est qu’ils font en général la distinction entre une info sciemment construite pour nuire/tromper, et un relais malencontreux, pour se dédouaner de leur conneries.

      Or là l’article débute par « FAKE NEWS - Alors qu’... » pour enchaîner sur « Sauf qu’il s’agit d’une fausse information. ». Or une fausse info ne veut pas forcément dire une fake news dans leur rhétorique, il faut un motif, un émetteur, et j’ai l’impression que souvent l’émetteur médiatise l’info (média méchant, individu méchant sur un réseau social). Bref là on en sait pas assez pour dire que c’est une fake news, par contre ça suffit à relayer l’info en première instance ...

  • Mexique profond, de Guillermo Bonfil Batalla
    (extrait de la préface d’Alèssi Dell’Umbria)

    http://lavoiedujaguar.net/Le-Mexique-profond-de-Guillermo

    Guillermo Bonfil Batalla
    Mexique profond. Une civilisation niée
    Traduit de l’espagnol (Mexique) par Pierre Madelin
    Zones sensibles, Bruxelles, 2017

    Ce livre de Guillermo Bonfil Batalla, disponible pour la première fois en français, est de ceux qui marquent leur temps. Publié en 1987, México profundo fait depuis régulièrement l’objet de rééditions au Mexique. Quand j’arrivais à Oaxaca, encore vibrante de l’insurrection de 2006, ce titre revenait dans les discussions avec les compañeros — à ce moment-là, la dernière édition en date était épuisée et le texte circulait sous forme de photocopies, tel un samizdat. Les analyses avancées avec audace à la fin des années 1980 par Bonfil Batalla étaient devenues vingt ans plus tard l’apanage de toute une génération de jeunes, indigènes ou métis, que les reflets du México imaginario ne faisaient plus rêver. (...)

    #Mexique #peuples_originaires #essai #traduction

  • Communiqué du Congrès national indigène
    pour la solidarité avec les peuples touchés par le séisme
    et dénonçant la continuité de la spoliation capitaliste

    CNI

    http://lavoiedujaguar.net/Communique-du-Congres-national

    Nous, les peuples, nations, tribus et quartiers indigènes du Congrès national indigène, exprimons notre soutien et notre solidarité avec les compañer@s des peuples frères de la région de l’isthme de Tehuantepec, dans l’Oaxaca, ainsi qu’avec nos frères et sœurs de la côte du Chiapas face au séisme survenu durant la nuit du 7 septembre, qui a laissé derrière lui destruction, blessés et la mort de compañeros de nos communautés.

    Nous savons que, comme à leur habitude, les mauvais gouvernements ne vont que se moquer de notre souffrance, se prendre en photo sur les décombres et profiter de la douleur des peuples en disgrâce, raison pour laquelle nous appelons les hommes et femmes de bon cœur, les collectifs de la Sexta nationale et internationale et tout le peuple du Mexique à se solidariser (...)

    #Mexique #Oaxaca #Chiapas #séisme #solidarité #CNI

  • « La destruction de l’environnement est-elle une condition de la croissance ? »

    http://www.lemonde.fr/idees/article/2017/09/16/la-destruction-de-l-environnement-est-elle-une-condition-de-la-croissance_51

    Des études alarmantes sur la dégradation de la biodiversité ne suscitent aucune réaction à la hauteur des enjeux. Peut-être parce que cette destruction de la nature pourrait doper la croissance, estime dans sa chronique Stéphane Foucart, journaliste au « Monde ».

    Ce fut l’étude-choc de l’été. Mi-juillet, dans la revue de l’Académie des sciences américaine, Gerardo Ceballos (Université nationale autonome du Mexique) et ses coauteurs donnaient une idée de ce qu’il reste de vivant – sans compter les sept milliards d’humains et la cohorte immense de leurs animaux domestiques – à la surface de la Terre. Au total, concluaient les chercheurs, sur les quelque 180 espèces de mammifères étudiées, presque toutes ont perdu plus de 30 % de leur aire de répartition depuis le début du XXe siècle et 40 % en ont abandonné plus de 80 %… Depuis 1970, ce sont au moins 50 % des animaux qui ont disparu.

    Ces chiffres suscitent bien sûr l’effroi, comme avant eux une litanie de travaux alarmants sur l’érosion de la vie à la surface de la Terre. Et pourtant, rien ne change. Comment mobiliser les responsables politiques, les capitaines d’industrie, les médias ? Comment convaincre de cette évidence qu’il ne faut pas laisser le vivant s’étioler ?

    Rien de ce qui n’a pas un intérêt économique immédiatement chiffrable ne semble pouvoir être sauvé. Alors, depuis la fin des années 1970 et singulièrement depuis une quinzaine d’années, économistes et écologues ont développé la notion de « services écosystémiques » : il s’agit de chiffrer les services rendus gratuitement par la nature. La pollinisation (service rendu par les abeilles, certains insectes, oiseaux, etc.) « pèse » ainsi plusieurs centaines de milliards de dollars annuels ; les bénéfices d’un kilomètre de mangrove (absorption de carbone, protection des zones côtières, etc.) sont généralement évalués à plusieurs centaines de milliers de dollars par an ; ceux des récifs coralliens de Guadeloupe s’élèvent, chaque année, à une centaine de millions d’euros, etc. Chaque écosystème pourrait, à l’extrême, avoir une valeur chiffrée et être ainsi intégré au fonctionnement des économies. Afin, bien sûr, de le protéger.

    Un terrible malentendu

    Mais il y a peut-être là, hélas, un terrible malentendu. Un malentendu qui pourrait rendre vaine toute volonté de protéger la nature en évaluant la valeur des services qu’elle nous rend gratuitement. Et si la destruction de l’environnement n’était pas seulement une conséquence fortuite de la croissance économique, mais aussi et surtout l’un de ses carburants ? Et si l’érosion des services écosystémiques était, quelle que soit leur valeur, l’une des conditions déterminantes de l’accroissement du produit intérieur brut ? Et si, en un mot, la destruction de la nature était nécessaire à la croissance ?

    C’est l’idée, assez radicale mais aussi stimulante, soutenue en 2002 par deux économistes italiens dans un article publié par la revue Ecological Economics. Voici comment Stefano Bartolini (université de Sienne, Italie) et Luigi Bonatti (université de Trente, Italie) résument l’affaire dans leur jargon : « Nous présentons dans cet article une vision de la croissance différente du paradigme dominant, expliquent-ils, avec un sens aigu de la litote. Nous modélisons la croissance comme un processus dirigé par les réactions de défense des individus face aux externalités négatives générées par le processus de production. »

    Schématiquement, les deux économistes proposent donc une vision dans laquelle l’activité économique dégrade le tissu social et environnemental. Conséquence de cette dégradation, les services que rendent gratuitement l’environnement social (garder vos enfants, aller vous chercher du pain à la boulangerie, réparer votre système d’exploitation Windows, etc.) ou naturel (polliniser vos cultures, maintenir la fertilité des terres agricoles, etc.) s’érodent. Pour pallier la disparition de ces services gratuits, les agents économiques ont recours à des services marchands. Mais pour y avoir recours, ils doivent disposer de moyens financiers plus importants et doivent donc accroître leur activité économique. Et, ainsi, contribuer à nouveau, un peu plus, à la dégradation du tissu social et environnemental, etc. La boucle est bouclée.

    Une sorte de « grand remplacement »

    Si cette vision de la croissance est juste, alors toute politique dont le but ultime est l’augmentation du produit intérieur brut est vouée à détruire l’environnement. Rien ne pourrait être sauvé, car l’objectif ultime à atteindre serait une sorte de « grand remplacement » des services gratuits (offerts par la nature ou les structures sociales) par des services commerciaux qui, eux, dopent le PIB. D’où ce paradoxe : plus un écosystème est précieux, plus il peut être rentable, pour maximiser la croissance, de le détruire.

    Gaël Giraud, économiste en chef de l’Agence française de développement (AFD), réserve son opinion sur les conclusions de MM. Bartolini et Bonatti, mais confirme l’existence de situations dans lesquelles produire une externalité négative (avoir un accident de voiture, polluer une rivière…) peut augmenter le PIB. « La disparition des abeilles n’est d’ailleurs pas une si mauvaise nouvelle pour certains économistes, puisqu’elle pourrait conduire au développement et à la commercialisation de solutions techniques de pollinisation », déplore-t-il. Au reste, ce mouvement est en marche : de plus en plus, pour pallier l’absence des pollinisateurs sauvages, qui disparaissent plus vite encore que les abeilles, des apiculteurs développent des services commerciaux de location de leurs ruches, afin de polliniser les plantations d’amandiers, de pommiers, etc. C’est déjà, en Amérique du Nord, une industrie…

    Il faut donc espérer que nos deux économistes italiens se trompent. Car, s’ils ont raison, le fait de se diriger vers un monde devenant progressivement invivable pourrait ne jamais être signalé à nos responsables politiques par une chute de la croissance. Leur unique boussole les amènerait ainsi, et nous avec, droit sur l’orage.

  • Et tout le monde s’en fout #1 - Les femmes - - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=EDDxAIhHt08

    Mon frère m’a fait passé cette video qui est sympa. Par contre il y a un truc qui m’intrigue et c’est plutot une question pour @simplicissimus
    à 1:23 il est question de l’accusation de « Gronderie » et l’incrimination judiciaire de Mégère.

    J’ai jamais entendu parlé de cette histoire de gronderie et je sais pas ce qu’impliquait le fait d’être « mégère » d’un point de vue pénal. Le videaste dit que ca existait jusqu’au XXeme siècle en France.

    Dans les commentaires une personne demande des sources car comme pour moi les moteurs de recherche ne donnent absolument aucun résultat. Le vidéaste lui dit que ca viens de ce livre : Pourquoi les hommes mentent et les femmes pleurent https://www.amazon.fr/Pourquoi-hommes-mentent-femmes-pleurent/dp/2876916959
    qui me semble assez suspect vu le sexisme du titre et la ref à pourquoi les hommes viennent de mars et ce genre de bouquins. Le résumé du livre sur Amazone me donne pas confiance sur la qualité de leurs sources :

    Pourquoi les hommes mentent ? Les femmes pleurent-elles autant qu’on le dit ? Qu’est-ce qui rend les femmes complètement hystériques à propos des hommes ? Pourquoi les hommes ne peuvent pas vivre sans la télécommande dans les mains ? Pourquoi font-ils tant d’histoires lorsqu’il s’agit d’aller faire les courses ? Pourquoi les femmes parlent-elles tellement de leurs problèmes ? Pourquoi exagèrent-elles et ne vont-elles pas directement à la conclusion ? Pourquoi veulent-elles connaître tous les détails d’une affaire ? Et pourquoi les hommes passent-ils tellement de temps avec leurs copains sans rien connaître de leur vie privée ? Qu’est-ce qui fait tourner la tête des hommes chez les femmes ? Et la tête des femmes à la vue d’un homme ? À ces importantes questions, Allan et Barbara Pease apportent des réponses très nouvelles basées sur une combinaison unique : l’expérience d’un mari et d’une épouse, une expertise fondée sur une observation professionnelle des relations humaines, et last but not least un incomparable humour.

    Comme gogol me donne aucune réponse à part la vidéo d’origine et que j’ai jamais entendu parlé de cette gronderie dans toute la littérature féministe que j’ai lu, et que ca m’étonnerai que j’ai oublié un truc aussi énorme, ainsi que les féministes françaises, ca me semble faux, mais bon j’ai un doute.

    Vu mon intérêt pour les #mégères et le #mégèrisme ca m’intéresse ces « gronderies » et « mégères » pénales. Si @simplicissimus tu trouve des trucs là dessus je suis preneuse, et bien sur si quelqu’une ou quelqu’un a des infos vous êtes bienvenu·e·s aussi.
    #gronderie #femmes #histoire #féminisme #historicisation

  • La main invisible du marché à Miami, au temps des catastrophes

    http://www.lemonde.fr/planete/article/2017/09/13/la-main-invisible-du-marche-a-miami-au-temps-des-catastrophes_5184681_3244.h

    Pénuries et hausses de prix ont émaillé le passage de l’ouragan Irma. Au point que les économistes libéraux eux-mêmes s’interrogent sur leurs dogmes.

    Alors que la population fuyait Miami, menacée de destruction par l’ouragan Irma, la loi de l’offre et de la demande a joué, implacable. Ainsi, la population de cette ville de Floride a assisté à l’envolée des billets d’avion pour fuir : le prix d’un vol aller pour Phoenix, en Arizona, a bondi de 550 dollars jusqu’à 3 250 dollars, provoquant une indignation immédiate. Les compagnies ont assuré ensuite avoir plafonné leurs prix.

    Au contraire, les téméraires, qui par obligation professionnelle, se rendirent dans la tempête de Miami à la dernière minute volèrent à prix cassé : 220 dollars pour partir par l’un des derniers vols vendredi 8 septembre dans l’après-midi, avant la fermeture de l’aéroport, et revenir mardi à New York par le premier avion.

    Rien que de très logique, tout comme le furent la ruée sur l’essence et les supermarchés, qui conduisirent à des pénuries et des hausses de tarifs. Ces dernières ont poussé les habitant de Floride à déposer plus de 8 000 plaintes auprès de la justice pour prix abusifs.

    L’affaire conduit mardi 12 septembre le New York Times à s’interroger sur la spéculation au temps des catastrophes : « Les prix abusifs peuvent-ils aider les victimes ? Pourquoi certains économistes disent oui. » Un brin provocateur, le quotidien de centre-gauche appelle à son secours les disciples libéraux de Milton Friedman, sur l’utilité de laisser jouer le marché.

    « L’éthique des prix abusifs »

    Matt Zwolinski, de l’université de San Diego, auteur d’un article sur « l’éthique des prix abusifs » prend l’exemple d’un hôtel : si le prix est doublé, une riche famille va se serrer dans une chambre au lieu d’en prendre deux tandis qu’une autre serait restée dans sa maison abîmée mais encore habitable. Résultat, de la place disponible pour ceux qui en ont besoin.

    Qu’il soit permis de confronter cette belle théorie à l’expérience de terrain. Vendredi, on réserve in extremis via Internet un appart-hôtel dans le centre-ville. Prix pour quatre nuits : 630 dollars, ménage compris. Imbattable, surtout lorsqu’on découvre les lieux – appartement luxueux avec salon, trois chambres. Encore plus imbattable lorsqu’on compare le prix avec d’autres compagnons d’ouragan, qui ont payé trois fois plus cher dans la même tour pour une seule chambre avec salon.

    Curieux aveuglement de la main invisible du marché, que l’on a fini par comprendre lors d’un dîner avec Andrew, le gérant de la tour.

    Pour lui, Irma est d’abord une très mauvaise nouvelle : tous les touristes annulent leur séjour à Miami, sa tour va se trouver vide. Sauf qu’il remarque que les hôtels de la ville côtière ferment les uns après les autres, forcés de mettre à l’abri leur personnel, et expulsent leurs clients en vertu de l’ordre d’évacuation.

    Une main pas seulement invisible, mais imprévisible

    Lui n’a pas ce souci : l’appart-hôtel peut vivre seul et surtout, sa tour, bâtie selon les normes anti-ouragan les plus strictes, est en léger surplomb de Downtown. Elle sera la dernière prise par les eaux et va devenir un refuge. Andrew flaire la bonne affaire et son intuition est confirmée lorsqu’il reçoit le coup de fil d’une équipe de la chaîne de télévision qatarie Al-Jazira. Elle veut louer des appartements, un par personne, peu importe le tarif : la couverture d’Irma n’a pas de prix. Conforté, Andrew décide de plus que doubler les prix.

    Il tente de convaincre les différentes sociétés dont il gère les appartements de suivre la même politique. Tous le font, sauf la nôtre, persuadée que nul voudra venir à Miami. Elle divise au contraire par deux et demi son tarif habituel. Voilà l’histoire des divergences de prix. La main du marché n’est pas seulement invisible, elle est imprévisible : il fallait parier sur la hausse !

    Au total, dans l’appart-hôtel, tous les lits n’étaient pas occupés. L’allocation des ressources a été gravement perturbée : par les riches insensibles au prix ; par ceux qui avaient fait une bonne affaire, surpris de leur confort. Il est vrai en revanche que les locataires à budget normal avaient choisi de se serrer et de partager les coûts.

    A supposer que le marché ait fonctionné, l’affaire ne résout pas le problème des plus pauvres, restés sous l’ouragan. Interrogées sur la raison de leur présence, les familles modestes ou des touristes esseulés croisés au sud de Miami sur la route des Keys, ces îles submergées par l’ouragan, répondaient invariablement : « Où aller ? » L’envolée des prix des billets d’avions, tous bondés, n’a fait qu’une sélection par l’argent. Le marché oublie les pauvres.

    Problème

    L’école libérale a beau dénoncer les effets pervers du blocage des prix (marché noir, stocks de précaution excessifs créant des pénuries, même s’il était indispensable d’acheter de l’essence pour fuir et d’avoir de l’eau et de la nourriture pour survivre), elle concède qu’il y a un problème.

    « Nous restons avec la difficulté de rendre ces biens accessibles à des personnes et des familles pauvres, dont beaucoup peuvent à peine se les payer en période de prix normaux », confesse sur son blog Joe Carter, contributeur pour le site très protestant et très libéral Acton Institute. Il propose qu’avant les catastrophes, l’Etat émette pour les pauvres des coupons qui compenseraient l’écart entre le prix de marché en temps de crise et le prix normal. On peut objecter qu’il s’agit de faire financer par le contribuable la pénurie de catastrophe au profit d’intérêts privés.

    Fichu marché qui ne fonctionne pas non plus pour les assurances. Depuis 1968 et un ouragan dévastateur dans le golfe du Mexique, les assureurs américains ne couvrent pas les inondations. C’est l’Etat fédéral qui les supplée et rend obligatoire l’assurance en zone inondable. Mais le système d’Etat ne fonctionne pas non plus : les assurés, trop peu nombreux à verser des primes, comptent sur lui et continuent de s’installer en zone inondable.

    En réalité, en période de catastrophe, rien ne marche vraiment. Ce qu’on a constaté, c’est de l’entraide entre amis, en famille, avec d’inconnus compagnons d’infortune. Et des instants de partage : après avoir fait de la cuisine pour plusieurs jours, anticipant coupure d’électricité et pénurie d’eau, l’hôtelier Andrew et son épouse ont convié leurs hôtes, qui mangeaient froid depuis leur arrivée, à un somptueux repas chaud thaïlandais. Parfois, le business sait s’arrêter.

  • Un séisme de magnitude 8,1 a frappé le sud du #Mexique
    http://www.lemonde.fr/international/article/2017/09/08/un-seisme-de-magnitude-8-a-frappe-le-sud-du-mexique_5182635_3210.html

    Un séisme de magnitude 8,1, selon le centre géologique américain USGS, a frappé le sud du Mexique dans la nuit de jeudi à vendredi 8 septembre. Le gouvernement mexicain a fait état d’un risque de tsunami. Selon un bilan officiel fourni vendredi en milieu d’après-midi, il y aurait trente-deux morts : vingt-trois dans l’Etat d’Oaxaca, sept dans celui du Chiapas, et deux dans celui de Tabasco.

    #tremblement_de_terre

    • https://es.earthquaketrack.com/p/mexico/oaxaca/biggest

      Le plus violent depuis plus de 100 ans

      • hace 10 horas 8.1 magnitud, 69 km de profundidad
      El Palmarcito, Chiapas, Mexico
      • hace 89 años 7.9 magnitud, 20 km de profundidad
      Santa Catarina Roatina, Oaxaca, Mexico
      • hace 110 años 7.8 magnitud, 30 km de profundidad
      El Arador, Oaxaca, Mexico
      • hace 39 años 7.7 magnitud, 18 km de profundidad
      San Agustín Loxicha, Oaxaca, Mexico
      • hace 115 años 7.7 magnitud, 0 km de profundidad
      Santa Rosa de Lima, Oaxaca, Mexico
      • hace 90 años 7.6 magnitud, 15 km de profundidad
      Santa María Xadani, Oaxaca, Mexico
      • hace 87 años 7.6 magnitud, 35 km de profundidad
      San Agustín Loxicha, Oaxaca, Mexico
      • hace 18 años 7.5 magnitud, 60 km de profundidad
      San Gabriel Mixtepec, Oaxaca, Mexico
      • hace 89 años 7.5 magnitud, 25 km de profundidad
      San Miguel Panixtlahuaca, Oaxaca, Mexico
      • hace 108 años 7.5 magnitud, 20 km de profundidad
      Llano de la Puerta, Guerrero, Mexico

      très nombreuses répliques