country:norvège

  • Les « ticker tapers » voient la vie en sous-titres

    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2018/08/28/les-ticker-tapers-voient-la-vie-en-sous-titres_5346883_1650684.html

    Plus de 1 % de la population visualiserait les paroles entendues, les pensées, voire les mélodies, sous forme écrite et en temps réel.

    Elle voit défiler en sous-titres les paroles entendues, ses pensées aussi. Tout s’imprime en lettres devant ses yeux. Elle possède une faculté rare, appelée « tickertaping » ou « ticker tape » en anglais, un terme qui fait référence aux bandes des anciens téléscripteurs.

    Informaticienne âgée de 23 ans, Mathilde (son prénom a été changé) affirme que, depuis qu’elle a appris à lire, ses perceptions auditives et ses réflexions s’imposent à elle sous forme écrite : « Quand j’entends ou pense à des mots, je les vois disposés en sous-titres, que je lis en lecture rapide. Ils apparaissent toujours en clair sur un fond plus foncé, dans la même police sans empattement, et se déplacent de gauche à droite sur une faible portion du champ visuel. » Sans majuscules ni ponctuations, « à part le point d’interrogation qui s’ajoute à la fin des questions ambiguës », indique-t-elle. Adepte du solfège, elle visualise aussi les notes des partitions musicales qui lui sont connues, sans rien voir dans le cas contraire. Plus étrange : « Quand quelqu’un parle, je convertis directement son discours en mots écrits. Je lis ce que disent les gens pour les comprendre, autrement je n’entends que du bruit incompréhensible. » Pour la jeune femme, le tickertaping est un « déchiffrage naturel ».

    Des causes inconnues

    Les premiers textes mentionnant cette caractéristique méconnue, sans pour autant la baptiser, remontent à 1883, notamment dans un livre de l’anthropologue Francis Galton, cousin de Charles Darwin. C’est l’an dernier que Mathilde s’est résolue à trouver un nom à cette étrangeté : « Je lisais des témoignages quand je suis tombée sur “ticker tape synesthesia”. » La synesthésie est un phénomène physiologique qui consiste en l’association de deux ou plusieurs sens : un synesthète peut sentir ou entendre une couleur, par exemple.

    La question de savoir si le tickertaping est une forme de synesthésie est ancienne. Plusieurs références anglo-saxonnes la considèrent comme telle. La synesthésie associant des couleurs à des lettres ou des chiffres est l’une des plus communes. Sur un forum, Mathilde a échangé avec un autre ticker taper. Ils ont noté la ressemblance dans leur disposition des mots sur une ligne et sa synchronisation audiovisuelle avec la lecture. Cependant, contrairement à Mathilde, son correspondant cumulait les synesthésies : « Il voyait les mots en couleurs, et distinguait même les consonnes des voyelles. » Voyelles en couleurs, consonnes en noir et blanc.

    « LE TICKERTAPING EST POSSIBLEMENT UNE EXAGÉRATION DE [LA] CONNEXION ENTRE LES REPRÉSENTATIONS MENTALES DE LA PHONOLOGIE ET DE L’ORTHOGRAPHE, À LAQUELLE S’AJOUTE UNE PUISSANTE FORCE DE VISUALISATION. » MARK PRICE, CHERCHEUR DE L’UNIVERSITÉ DE BERGEN

    Chercheur au centre de recherche Cerveau et Cognition à Toulouse, Jean-Michel Hupé souligne la divergence entre synesthésie et tickertaping. Après avoir sondé 3 743 personnes en France, M. Hupé avait signalé ces différences dans une publication parue sur le site Frontiers in psychology en 2013. Il prenait également en compte le non moins étonnant mirror-touch – le sujet ressent une sensation tactile involontaire quand il voit quelqu’un d’autre se toucher le corps – et arrivait aux mêmes conclusions.

    Selon M. Hupé, tout dépendrait des critères adoptés : le tickertaping et la synesthésie seraient tous les deux « subjectifs », mais la seconde serait, elle, « arbitraire » et plus « idiosyncratique ». Il pense que le tickertaping s’expliquerait plutôt par l’enseignement : les tout jeunes élèves, en apprenant à lire et à écrire, auraient développé des capacités de visualisation analogues. « Mais tant que les causes sont inconnues, il n’y aura pas de consensus », prévient M. Hupé.

    Quant à la proportion des ticker tapers dans la population, un article publié dans The Cognitive Neuroscience Journal en 2015 a tenté de l’évaluer. Des chercheurs de l’université de Bergen, en Norvège, recensent six personnes qui présentent un tickertaping « puissamment automatique » dans un échantillon de 425 adultes norvégiens. La mémorisation n’a pas fait partie des critères retenus. Directeur de l’étude, Mark Price se réfère néanmoins à un cas unique de tickertaping qui comptait les signes visualisés avec une rapidité inégalée. Le chercheur a son idée des raisons expliquant le phénomène, qu’il n’associe pas forcément à la synesthésie : « Quand on entend un mot, cela active notre connaissance de sa forme écrite. Mais d’habitude, cela se fait dans l’inconscient. Le tickertaping est possiblement une exagération de cette connexion entre les représentations mentales de la phonologie et de l’orthographe, à laquelle s’ajoute une puissante force de visualisation. »

    Conflit d’attention

    Mathilde se connaissait déjà un trait atypique : le syndrome d’Asperger, un trouble du spectre autistique. Cependant, l’informaticienne reste dubitative quant aux méthodes de diagnostic en France. Les autres ticker tapers qu’elle a connus le présenteraient aussi, remarque-t-elle. Mais M. Price n’a pas de preuve d’un lien entre tickertaping et Asperger : « A ma connaissance, aucun des ticker tapers que j’ai croisés n’était autiste », affirme-t-il. Sur ce point, afin d’éviter toute discrimination, il insiste sur l’importance de ne tirer aucune conclusion hâtive. C’est dire que la recherche a du chemin à faire.

    Quoique les explications tardent à venir, les réactions des ticker tapers à leurs propres capacités ne manquent pas. Pour Mathilde : « Ça facilite ma mémorisation orthographique des mots et consolide les informations de manière visuelle. » En contrepartie, le processus lui coûte en énergie : « Il m’incite à limiter les situations sociales. » Quand plusieurs interlocuteurs discutent à la fois : « Ça devient confus, je vois des mots isolés, je perds des phrases et je ne sais plus vraiment qui a dit quoi. » En regardant un film, Mathilde se fatigue : « Mes sous-titres sont dynamiques, alors que ceux du film sont statiques. » En entendant une langue étrangère qu’elle maîtrise, un conflit est aussitôt créé entre sa traduction et celle aperçue sur l’image.

    Mais peut-on freiner le tickertaping ? M. Price précise que la manifestation peut se présenter de deux manières, volontaire ou pas. Le tickertaping automatique, comme celui de Mathilde, est involontaire. Le chercheur rapporte avoir observé un cas involontaire qui a été privé de sous-titres : alors que le ticker taper vaquait à ses occupations dans un laboratoire, son attention a été un temps rivée ailleurs que sur la conversation en cours.

    La question se poserait plus sérieusement dans des situations perturbantes. M. Hupé évoque un ticker taper atteint de troubles obsessionnels que certains mots visualisés mettaient mal à l’aise. De son côté, Mathilde raconte un épisode troublant, vécu dans son sommeil. Alors que son tickertaping s’y produit rarement, un rêve récent l’a marquée : « Le sous-titrage y est apparu une seule fois, lors d’une écoute, et les mots sont restés figés dans l’espace. Ils ne s’effaçaient plus, même après que le silence fut revenu. J’angoissais. J’ai même essayé d’attraper les mots… » Avant de se réveiller en sursaut.

  • Norvège : les amours contrariées d’un ministre d’extrême droite et d’une réfugiée iranienne - Le Point

    http://www.lepoint.fr/monde/norvege-les-amours-contrariees-d-un-ministre-d-extreme-droite-et-d-une-refug

    C’est asez bien résumé. Le monsieur est ne sorte de Le Pen en un peu plus édulcoré, mais sa « carrière politique » est ponctuée de nombreuses obscénités xénophobes et racistes.

    Norvège : les amours contrariées d’un ministre d’extrême droite et d’une réfugiée iranienne
    Un ministre d’extrême droite a dû démissionner en raison de son idylle avec une réfugiée musulmane avec qui il est parti en secret en excursion en Iran. Par Luc de Barochez

    #norvège #extrême_droite

  • Agderposten — Rosita (20) opplever trakassering på jobb hver eneste dag

    Ça se passe chez moi, dans ma ville de 40 000 habitants, dans la Norvège si parfaite et si policée : Rosita explique au journaliste d’Agderposten qu’elle subit pratiquement tout les jours du harcèlement sexuel, un exemple parmi tant d’autres :

    « Eh toi ! Je vais te ramener chez moi et te punir » [NdT : expresion d’ici pour dire "te prendre"].

    L’établissement "Madame reiersen" est le bar restaurant le plus en vue et le plus connu de la région. Il est très rare que la presse locale s’empare de cette question au niveau local, et nous notons que depuis quelques jours elle commence à le faire régulièrement. Il se trouve que malheureusement, ce harcèlement est très présent dans l’espace public même s’il ne se voit pas, et les femmes qui en sont victimes sont maintenant plus nombreuses à le dénoncer publiquement. Il y a un an, Ce même journal avait aussi commencé à écrire sur les cas de racisme, ce qu’il ne faisait jamais auparavant (ça a commencé avec l’histoire des taxis, lorsque les clients commençaient à demander à la personne du central téléphonique de leur « envoyer un taxi, mais seulement avec un chauffeur blanc ».

    http://www.agderposten.no/Nyheter/1.2470259

    Rosita (20) opplever trakassering på jobb hver eneste dag « Jeg må ta deg med hjem og straffe deg. » Det får Rosita Bordignon (20) høre når hun er på jobb

    #sexisme #harcèlement_sexuel #racisme

    • Litéralement « å straffe » veut dire punir dans le sens punition après une bétise, mais c’est aussi une expression très obscène pour dire « je vais te baiser, je vais te prendre ». C’est très macho, et on est assez éloigné du consentement. C’est une des expressions « à ne pas dire devant sa belle mère » (ikke si det foran stemoren), une autre expression norvégienne sexiste à souhait. On à encore du boulot pour progresser. Bienvenue en Norvège :) le prochain post sera sur le racisme.

  • Un voyage privé en Iran coûte son poste à un ministre norvégien - L’Orient-Le Jour
    https://www.lorientlejour.com/article/1129817/un-voyage-prive-en-iran-coute-son-poste-a-un-ministre-norvegien.html
    https://s.olj.me/storage/attachments/1130/INK01_NORWAY-MINISTER-IRAN_0813_11-1534163551_56_537167_large.jpeg

    Celle-ci est particulièrement pimentée particulièrement pimentée pour les médias en raison de l’identité de la nouvelle conjointe du désormais ex-ministre. De 30 ans sa cadette, Bahareh Letnes est une ex-reine de beauté devenue femme d’affaires. Elle avait été déboutée trois fois de sa demande d’asile en Norvège et expulsée avant d’obtenir finalement un permis de séjour au motif qu’elle risquait un mariage forcé en Iran.

    Favorable à une politique d’immigration stricte, le parti du Progrès préconise l’expulsion rapide des demandeurs d’asile déboutés et est généralement critique à l’égard des étrangers qui retournent dans leur pays d’origine après avoir décroché des papiers dans le royaume nordique.

    #Liban faites ce que je dis, pas ce que je fais...

    • Le même Per Sandberg, un des pire représentant du parti d’extrême-droite "Fremskritpartiet", un des plus raciste et xénophobe écrivait publiquement sur son blog, il y quelques années ; « Jeg hater Islam » [je hais/déteste l’Islam]. Ensuite, il faut comme les membres de la famille Le Pen, il dément en disant que mais non, c’était de lhumour, juste pou dire quil haïssait toutes ls religions et qu’il aurait pu dire "luthérianisme" ou "orthodoxie". Il avoue que le choix de cette religion était malvenu :)

      Par ailleurs, il a posté sur youtube des vidéos le montrant jouer des sketchs, grimés en noir, mettant en scène des femmes de ménages immigrés trainant les pieds, ne voulant pas travailler mais réclamant des augmentations de salaire et exigeant d’avoir la sécurité sociale. Le truc était à vomir.

      Cette affaire occupe la Norvège depuis une semaine, elle est aussi affligeante pour le FrP et Sandberg qui est vraiment minable, que pour le Arbeidspartiet (sociaux-démocrates) qui l’ont attaqué de manière très basse...

      A part le fait que l’extrême-droite est au pouvoir dans un gouvenement de coalistion avec la droite, on essaye de ne pas trop en parler (on se bouche juste le nez) mais avec ds personnalités politiques comme Per Sandberg, ou Silvi Listhaug, la norvège offre hélas ce quelle a de plus minable dans le paysage humain de ses gouvernants.

    • effet d’une surmédiatisation ? il semble que le Pouvoir éjecte plus facilement des femmes ! homosexualisation des natifs à marche forcée ? surpuissance du pouvoir femelle ?

  • Mann (21) tiltalt for forsettlig drap etter frontkollisjon på E18 – NRK Vestfold – Lokale nyheter, TV og radio

    https://www.nrk.no/vestfold/mann-_21_-tiltalt-for-forsettlig-drap-etter-frontkollisjon-pa-e18-1.14155717

    En Norvège, un automobiliste est jugé cette semaine pour avoir intentionnellement provoqué un accident de voiture au cours duquel un père de famille avait été tué (le 1er janvier 2018) : le tribunal retient le motif de « meurtre intentionnel », [avec préméditation] ce qui est très rare pour les accidents de la circulation. Après une enquête de plusieurs mois, la police et le tribunal ont établi que le jeune homme de 21 ans - actuellement incarcéré - a prémédité son acte. Ivre au moment de l’accident, le tribunal considère qu’il ne pouvait pas ignorer le danger qu’il représentait.

    Pour mémoire, il y a trente ans, le meurtier d’Anne Cellier (l’automobiliste complètement ivre qui avait percuté la voiture de la jeune fille sur l’autoroute de l’ouest en 1986) est resorti libre du tribunal de Versailles.

    Frontkolliderte

    Tiltalte kommer fra Bergen, men bor i Skien. Ifølge tiltalen krysset han en sperring for å komme seg over i motgående kjørefelt i forkant av kollisjonen.

    Han skal ha kjørt i motsatt kjøreretning i flere kilometer på E18 mellom Larvik og Langangen før han frontkolliderte med en annen bil. Politiet mener han gjorde dette med vilje.

    Mor, far og tre barn var på vei hjem til Skien da bilen med 21-åringen bak rattet krasjet inn dem. Frontkollisjonen førte til at familiefaren, 47 år gamle Azad Hamam, døde 1. januar.

    #sécurité_routière #justice #approche_juridique #anne_cellier

    • Vu que l’alcool est la drogue autorisée pour les galériens, la société s’est mise d’accord d’accepter une partie de la responsabilité pour leurs actes manqués après consommation du sédatif essentiel pour le bon focntionnement des relations de classe.

      Ces changement d’attitude reflètent l’abandon rampant non pas de la responsabilité collective mais du principe de finalité des mesures ( Finalprinzip = ce qui compte c’est le résultat) afin d’introduire à tous les niveaux de la société le principe de causalité (qui à causé les dommages directement).

      L’abandon de l’intoxication comme circonstance atténuante constitue une tendance à double tranchant. D’un côté il confort notre sentiment de justice de l’autre côté il renforce les tendances antisociales de la société néolibérale.

      #droit #drogues #alcool

  • Tunisie : le mouvement BDS appelle au boycott d’un navire israélien
    Par Pierre Magnan@GeopolisAfrique | Publié le 03/08/2018
    http://geopolis.francetvinfo.fr/tunisie-le-mouvement-bds-appelle-au-boycott-d-un-navire-israel

    TACBI, mouvement tunisien de boycott d’Israël, appelle la Tunisie à empêcher l’arrivée d’un bateau que le mouvement considère comme israélien et demande au syndicat des travailleurs tunisiens UGTT d’« empêcher le déchargement de ce bateau au cas où il serait autorisé à entrer dans le port ».

    « La compagnie maritime israélienne ZIM fera une escale au port de Radès (Tunisie) le 4 ou 5 août avec un bateau battant pavillon turc nommé Cornelius A », affirme le mouvement TACBI (Tunisian Campaign for the Academic and Cultural Boycott of Israel). Radès est le port spécialisé dans les conteneurs du complexe portuaire de Tunis-La Goulette.

    « Il serait extrêmement scandaleux de permettre à ce bateau d’accoster à Radès, d’autant plus que dimanche dernier, la marine israélienne a intercepté la Flottille de la Liberté en eaux internationales et s’est pris à son équipage. L’Awda, le navire amiral de la flottille partie cette année de Suède et de Norvège, a été intercepté par la marine israélienne, et détourné vers le port israélien d’Ashdod. Son équipage et ses passagers ont été arrêtés et sont actuellement détenus en Israël. L’Awda apportait une cargaison de médicaments dont la Bande de Gaza manque cruellement, et devait elle-même être remise en cadeau aux pêcheurs palestiniens de Gaza », estime TACBI sur son site.

    #BDS

    • Le transporteur israélien ZIM ne franchira pas les eaux territoriales tunisiennes
      Soumis par admin le dim 05/08/2018 - 17:40
      http://tacbi.org/node/43

      Le bateau, nommé Cornelius A, appartenant à l’armateur turc Arkas avec lequel ZIM a conclu un accord de partage de navires (Vessel Sharing Agreement) a finalement été déprogrammé alors qu’il aurait dû accoster au port de Radès (Tunisie) le 5 août, d’après le site web de ZIM.

      Le site VesselFinder qui suit la navigation des bateaux par GPS montre que Cornelius A est actuellement à l’arrêt depuis samedi soir jusqu’à l’heure de publication de ce communiqué (dimanche 5/8/2018 à 18h).

      TACBI se réjouit de cette victoire sur la normalisation avec les entreprises du régime sioniste.

      Nous tenons à cette occasion à remercier particulièrement l’UGTT, principale fédération de travailleurs de Tunisie, qui avait qualifié de « grave » la nouvelle de l’arrivée à Radès du bateau lié à Israël et incité les autorités officielles à réagir, et ce dans un communiqué publié sur sa page Facebook. Nos remerciements s’adressent de même aux médias nationaux et internationaux qui ont relayé notre appel, nous saluons vivement la mobilisation qui s’est développée à travers les différents réseaux sociaux ainsi que la solidarité adressée par des organisations arabes et internationales.

    • Le silence assourdissant du gouvernement tunisien sur l’affaire du Cornelius A
      Auteur TACBI - mer 08/08/2018
      http://tacbi.org/node/51

      Tunis le 8 août 2018 — Alors que le gouvernement garde obstinément le silence sur un dossier politique sur lequel il a été interpellé par l’UGTT, à la suite de l’initiative de TACBI, ce n’est qu’une réponse « technique » et, qui plus est inexacte, qui a été donnée par le responsable communication auprès de l’Office de la marine marchande et des ports dans les colonnes du journal la Presse.

      1- Sur la réponse technique : la question n’est pas celle de savoir si le Cornelius A continue à fréquenter les ports de l’occupation. Ce que les documents établissent c’est que le Cornelius A est intégré à la logistique mise en place par la ZIM au service du projet politique sioniste d’enfoncer la porte de la normalisation – violant la souveraineté de la Tunisie et l’esprit même de la Constitution.

      2 - Quelle est la réponse politique à la preuve irréfutable apportée par TACBI de l’existence même d’une ligne maritime régulière de l’entreprise de transport maritime israélienne ZIM entre les ports de Haifa et de Rades via le port de Valence depuis plusieurs années ? La réponse est d’autant plus nécessaire que l’existence même de ce programme démontre que des marchandises israéliennes arrivent par la mer en Tunisie, contrairement aux dénégations officielles. (...)

    • Un navire « infecté », errant en Méditerranée, un gouvernement dans l’embarras, une opinion publique privée de son droit à l’information
      jeu 09/08/2018 - 10:46 | Auteur TACBI
      http://tacbi.org/node/53

      L’UGTT a informé ce matin TACBI que le bateau Cornelius A, affrété par le transporteur maritime israélien ZIM et qui cherchait à accoster au port de Radés avait finalement rebroussé chemin. Selon le site de tracking de navigation VesselFinder, à 10h45 (heure de Tunis), le Cornelius A s’éloigne désormais des côtes tunisiennes ; il est au large de Bijaea (Algérie).
      Le syndicat des dockers du port de Radès, affilié à l’UGTT, avait en effet menacé de bloquer le port de Radès si le navire cherchait à y accoster, menace visiblement très efficace.

      Nous remercions particulièrement l’UGTT et plus largement toute la société civile tunisienne de s’être mobilisée pour faire respecter la loi tunisienne en faisant échouer cette tentative d’infiltration sioniste.

      De leur côté, les autorités tunisiennes avaient auparavant déclaré qu’elles « se réservaient le droit d’empêcher l’accostage du navire si le manifeste (détail de la cargaison) contenait une quelconque marchandise en provenance d’Israël et destinée à la Tunisie » et que « l’autorité maritime procéderait exceptionnellement à un "Port State Control", qui permet à des inspecteurs de monter à bord du bateau avant l’accostage, afin de vérifier la cargaison et les documents. »

  • Israël : les militants dénoncent l’interception d’un bateau anti-blocus
    Libération - Par Hala Kodmani — 3 août 2018 à 15:01
    http://www.liberation.fr/planete/2018/08/03/israel-les-militants-denoncent-l-interception-d-un-bateau-anti-blocus_167

    (...) L’illégalité de l’intervention israélienne dans les eaux internationales ne suscite pas la même protestation partout. Mardi, le gouvernement norvégien a exhorté Israël à lui procurer les raisons juridiques de son action, y compris sur les circonstances de cet arraisonnement. « Israël a violé toutes les règles. C’est terrifiant qu’ils arraisonnent un navire norvégien dans les eaux internationales et lui imposent de s’amarrer en Israël », a dénoncé le capitaine du bateau Herman Reksten dans la nuit de mercredi à jeudi à son retour en Norvège, après avoir passé trois jours dans une prison israélienne. Dans le même temps, le ministère norvégien a indiqué dans un communiqué que ses diplomates en Israël avaient fourni une assistance consulaire à cinq Norvégiens qui faisaient partie des 22 passagers et membres d’équipage à bord de l’Al-Awda.

    En France, « l’attitude du gouvernement a été exécrable », juge Pierre Stambul, qui se plaint de l’absence de réponses à ses sollicitations auprès de la cellule de crise au Quai d’Orsay. Les autorités consulaires françaises en Israël ont pourtant bien rendu visite à Sarah Katz en prison et organisé son rapatriement. Mais les militants de l’UJFP, soutenus par le PCF et la CGT, dénoncent l’attitude politique du gouvernement. Mercredi, lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, la députée communiste Elsa Faucillon a interpellé la ministre aux Affaires européennes, Nathalie Loiseau, au sujet de la flottille. Cette dernière a surtout rappelé la position générale de la France, demandant la levée du blocus de Gaza et une solution politique à deux Etats entre Israël et les Palestiniens.

    #Flottille #Gaza

  • Gaza : le capitaine d’un bateau de militants accuse Israël
    AFP / 02 août 2018 13h20
    https://www.romandie.com/news/Gaza-le-capitaine-d-un-bateau-de-militants-accuse-Isra-l/942051.rom

    Oslo - Le capitaine norvégien d’un bateau de militants pro-Gaza, intercepté dimanche par Israël, a accusé l’État hébreu d’avoir violé le droit en arraisonnant le navire dans les eaux internationales et en molestant l’équipage, des accusations rejetées par les Israéliens.

    Le gouvernement norvégien dit pour sa part avoir demandé des explications à Israël sur les circonstances de cet arraisonnement et « les allégations de recours à une force excessive ».

    « Nous avons été arraisonnés dans les eaux internationales et nous étions plus près de l’Égypte que d’Israël », a affirmé le capitaine du bateau Herman Reksten dans la nuit de mercredi à jeudi à son retour en Norvège, après avoir été détenu trois jours dans une prison israélienne.

    « Israël a violé toutes les règles. C’est terrifiant qu’ils arraisonnent un navire norvégien dans les eaux internationales et lui imposent de s’amarrer en Israël », a-t-il dit, cité par la radiotélévision norvégienne NRK.

    L’armée israélienne avait annoncé dimanche l’arraisonnement d’un bateau au large de la bande de Gaza avec à son bord des militants dénonçant le blocus terrestre et maritime imposé par l’État hébreu à cette enclave palestinienne depuis plus d’une décennie.

    Bateau battant pavillon norvégien, le Kårstein comptait 22 personnes à bord. Toutes ont été relâchées depuis et ont été expulsées d’Israël ou sont en voie de l’être, selon l’organisation Ship to Gaza Norway. Seul le sort d’un Canadien souffrant de problèmes de santé n’était pas totalement éclairci jeudi.

    Herman Reksten a aussi accusé les soldats israéliens d’avoir fait usage d’armes à impulsion électrique contre les militants. « J’ai encore mal à la tête depuis que j’ai été frappé en prison », a-t-il précisé.

    L’ambassade d’Israël à Oslo a rejeté les accusations. (...)

    #Flottille #Gaza

  • Le parasite Toxoplasma gondii qui infecte votre chat inciterait les humains à prendre des risques dans le monde des affaires

    https://www.gurumed.org/2018/07/26/le-parasite-toxoplasma-gondii-qui-infecte-votre-chat-inciterait-les-humains

    Le Toxoplasma gondii infecte plus de 2 milliards de personnes, soit plus du quart de la population mondiale. Ces protozoaires peuvent vivre dans de nombreuses créatures à sang chaud, où ils se reproduisent asexuellement, mais ils veulent finir par se retrouver dans des chats, où ils peuvent se reproduisent sexuellement. Une fois sur place, dans l’intestin des chats, leurs œufs sont déversés dans leurs crottes, où ils peuvent se disperser dans le sol, l’eau ou tout ce qui est contaminé par les excréments.

    Et le germe semble particulièrement aimer infester le cerveau, où il peut avoir d’inquiétants effets sur le comportement. Par exemple, les rats/ souris ont généralement une peur innée de l’urine de chat, une phobie qui s’étend aux rongeurs qui n’ont jamais vu un félin et aux générations qui n’ont jamais rencontré un chat. Cependant, après avoir été infectés par le T. gondii, les rats adorent l’urine de chat, ce qui augmente les chances qu’ils deviennent leur repas.

    Le parasite peut également influencer le cerveau humain. De précédentes recherches ont établi un lien entre le T. gondii et un risque accru de névrose, d’abus de drogues, de schizophrénie, de cancer du cerveau et de suicide.

    Le fait que ce parasite peut “motiver” les rats à adopter un comportement à risque a amené les chercheurs à voir si le germe pourrait avoir des effets similaires sur les humains, en particulier dans le milieu des affaires.

    Les chercheurs ont d’abord testé la salive de près de 1 500 étudiants pour voir s’ils étaient infectés par le T. gondii. Ils ont constaté que ceux qui ont obtenu un résultat positif pour la présence du parasite étaient 1,4 fois plus susceptibles d’être “business majors” (avec un accès à une école de commerce) et 1,7 fois plus susceptibles de mettre l’accent sur la gestion et l’entrepreneuriat comparativement à d’autres emphases liées aux affaires.

    Les scientifiques ont ensuite testé la salive de près de 200 professionnels participant à des activités d’entrepreneuriat. Ils ont découvert que ceux qui ont été testés positifs au protozoaire étaient 1,8 fois plus susceptibles d’avoir démarré leur propre entreprise que les autres participants.

    Enfin, les Johnsons et leurs collègues ont examiné les bases de données mondiales sur les niveaux nationaux d’infection par le T. gondii et sur les niveaux nationaux d’activité entrepreneuriale. Les taux d’infection au T. gondii varient fortement d’un pays à l’autre, allant de 9 % en Norvège à 60 % au Brésil.

    Les scientifiques ont constaté que l’infection par le parasite semblait systématiquement liée à l’esprit entrepreneurial. De plus, les pays ayant des taux d’infection plus élevés avaient également un pourcentage plus faible de personnes répondantes à l’enquête en citant la ” peur de l’échec ” comme les empêchant de lancer de nouvelles entreprises.

  • Le Chili craint une pollution après la fuite de 690’000 saumons ats/tmun - 20 Juillet 2018 - RTS
    https://www.rts.ch/info/sciences-tech/9726050-le-chili-craint-une-pollution-apres-la-fuite-de-690-000-saumons.html

    Quelque 690’000 poissons se sont échappés d’une ferme d’élevage au Chili. Ces poissons traités aux #antibiotiques sont non seulement impropres à la consommation humaine mais pourraient aussi menacer la #biodiveristé marine.

    Pour le gouvernement chilien et les organisations de défense de l’environnement, la fuite des poissons constitue un événement grave et sans précédent.

    Tous deux ont saisi la justice contre l’exploitation qui appartient à la multinationale norvégienne #Marine Harvest, le plus gros producteur de saumons d’élevage au monde.

    Les cages de confinement dans lesquelles se trouvaient les poissons avaient été lourdement endommagées par le passage d’une tempête le 5 juillet sur le littoral de la région de Los Lagos.
    https://www.rts.ch/2018/07/20/08/01/9726057.image?w=900&h=506.jog
    De lourdes conséquences sur l’environnement
    Les saumons ont été traités au #Florfenicol, un antibiotique à usage exclusivement vétérinaire, contre-indiqué pour la consommation humaine.

    Les conséquences sur l’environnement pourraient également être lourdes, affectant l’écosystème et les espèces marines indigènes, ainsi que le retour à la vie sauvage des saumons échappés, susceptibles de transmettre des germes pathogènes et des maladies à d’autres espèces.

    #Chili #Norvège #pêche #alimentation #pollution #santé #mer #poissons #environnement #biodiversité #élevage #aquaculture

  • Ca se passe en Europe : faute de détenus, les Pays-Bas ferment leurs prisons
    https://www.lesechos.fr/monde/europe/0301872037111-ca-se-passe-en-europe-faute-de-detenus-les-pays-bas-ferment-l

    Ainsi, plus qu’ailleurs en Europe, la #surveillance des prévenus au moyen de #bracelets_électroniques est devenue monnaie courante dans le royaume. Par ailleurs, les juges néerlandais s’avèrent plus enclins à prononcer des peines de substitution, comme les #travaux_d'intérêt_général.

    Voici plusieurs années, pour venir à bout du surplus de leurs capacités pénitentiaires, les Pays-Bas avaient aussi surpris en louant leurs prisons à la Belgique et à la Norvège . Confrontés au contraire à une pénurie de cellules, ces deux pays avaient à l’époque accepté de régler 30 millions d’euros par an à La Haye pour loger leurs prisonniers dans les geôles néerlandaises.

    #prison

  • En mathématiques, les filles restent des inconnues - Libération
    http://www.liberation.fr/debats/2018/06/21/en-mathematiques-les-filles-restent-des-inconnues_1660876

    Article déjà mis en lien ici : https://seenthis.net/messages/703974 mais j’ai fait un copier coller pour les personnes qui ne savent pas désactiver javascript vu le paywall de Liberation à partir d’un certain nombre d’articles lus.

    Normale Sup, Polytechnique… Les grandes écoles scientifiques peinent à faire de la place aux filles. Une discrimination insidieuse que certaines vont jusqu’à intégrer. « Libération » a rencontré de jeunes mathématiciennes qui racontent les stéréotypes auxquels elles font face et leur combat pour s’en affranchir.

    Zéro. Aucune fille n’a intégré le département de mathé­­ma­tiques de l’Ecole normale ­supérieure (ENS) de la rue d’Ulm (Paris) l’an dernier. Voilà, un problème réglé. Après la disparition, en 1985, de l’ENS jeunes filles de Sèvres la prédominance des « mâles » n’a cessé de se confirmer.

    Elles s’appellent Edwige, Lola, ­Sonia, Camille, elles ont réalisé un parcours sans faute, mais pas sans douleurs, pour s’imposer parmi les meilleurs élèves de la filière des mathématiques. Elles ont intégré l’une des ENS ou l’Ecole polytechnique, et racontent les petites vexations et les grands préjugés, les révoltes et les victoires remportées contre le mécanisme qui voudrait qu’elles n’aient rien à faire dans le domaine des mathématiques, qu’elles soient appliquées ou fondamentales.

    Il y a d’abord Camille (2), une trajectoire rectiligne à « Stan », Stanislas un établissement privé situé dans le VIe arrondissement de Paris, du collège à la prépa. Brillante, elle a le choix des meilleurs  : l’ENS et Polytechnique, l’X. Elle choisit la seconde. Neuf filles sur 30 élèves en terminale S, neuf sur 50 en math sup, et quatre sur 42 en math spé, sans que cela suscite d’interrogation  : « Je n’ai jamais senti de différence de traitement entre filles et garçons. »

    Pourtant Edwige, Sonia et Lola ont une autre vision des choses. A des degrés différents, elles racontent une discrimination palpable ou impalpable qui leur donne des envies de combattre pour l’égalité des filles et des garçons en maths.

    Egaux devant Pythagore

    A la veille de l’été 2017, Lola était aussi admise à l’ENS, rue d’Ulm d’où sont sorties toutes les médailles Fields de France à l’exception d’Alexandre Grothendieck. Elle préférera elle aussi le campus de l’X à Palaiseau. Au collège à Vanves, celui que les contourneurs de carte scolaire évitent et où elle a voulu rester, Lola est dans les meilleures élèves. Les 17, succèdent aux 19, sans efforts particuliers. Filles ou garçons, il n’y a pas de différence. Tous égaux devant Pythagore.

    Bonne élève, elle intègre le lycée Louis-le-Grand en seconde. Les notes chutent, mais elle bosse et intègre « la » 1ère S1, et la TS1, « la » terminale S qui donne accès à « la » classe prépa qui permettra d’accéder à l’une des quatre ENS (Ulm, Rennes, Lyon, Paris-Saclay, l’ex-Cachan) ou à l’X. En TS1, la parité est respectée 50 % de filles 50 % de garçons.

    C’est ensuite que tout se complique. Lola se voit reléguée tout au fond la classe  : 35e, 35e, 36e aux trois premiers contrôles. En janvier, elle doit choisir entre faire autre chose ou s’accrocher. A la maison, son père ne cesse de lui répéter que les filles sont meilleures que les garçons. Le stéréotype qui veut que les mathématiques ne sont pas faites pour les filles tourne dans l’autre sens. « J’ai repris les bases, repassé les programmes de 1ère et de TS, quand le professeur était déjà passé au programme de math sup. » C’est à ce moment qu’elle découvre le sexisme très ordinaire qui traîne dans les couloirs d’un grand lycée parisien. « On pardonne très facilement aux garçons de ne faire que des maths. Ils peuvent s’enfermer dans le travail, ne faire que bosser, passer de l’internat aux salles de cours en peignoir, en survêtement ou même en pyjama. C’est presque normal. On dira  : “C’est un bosseur”. Des filles, on attend autre chose. Il faut qu’elles soient sympathiques, qu’elles préparent le buffet pour les fêtes, qu’elles s’investissent dans la vie de la classe. Elles doivent “jouer les princesses” et passer du temps à se préparer. On perd un temps fou, et pendant ce temps, les garçons bossent et passent devant. Moi, je descendais comme j’étais, et tant pis si ça provoquait des remarques », s’agace Lola qui refuse la division surhommes et princesses, nouvelle version du « Sois belle et tais toi  ! ». Elle remonte à la 17e place et intègre finalement « la » bonne prépa.

    « Travailler dur »

    Sonia raconte un parcours similaire. Elle aussi se dit « ni bonne ni mauvaise » élève, quand les garçons souligneraient la puissance de leur machine cérébrale. Elle aussi échappe aux stéréotypes familiaux, avec une mère anglaise féministe virulente, un père mexicain, l’un et l’autre artistes plasticiens. Après la seconde à Louis-le-Grand, elle voit les garçons lui passer devant sans qu’elle comprenne bien pourquoi. Pas de 1ère S1, pas de TS1, pas de prépa « étoilée ». « On proposait à des garçons moins bien notés que moi d’aller dans les bonnes math sup, et je me suis retrouvée en MP5 [la classe préparatoire qui ne prépare pas aux meilleures écoles, ndlr]. Ça m’a révoltée, et, du coup, je me suis mise à travailler dur. » Elle raconte les perles du sexisme ordinaire en classe prépa  : « Pour une matheuse t’es bonne », sous entendu « t’es mignonne  ! ». « Une fille, enfin elle compte pour une demie. »« Un jour, un garçon fait le décompte des filles en prépa et il ajoute  : “Elle, elle compte pour une demie.” Il fallait la disqualifier parce qu’elle ne faisait pas assez ­attention à son look  ! » L’un des meilleurs élèves de la prépa lancera en cours de philo que la place de la femme est à la maison pour s’occuper des enfants. Plus tard, une fois intégrée l’X, Lola entendra dire en stage qu’elle n’allait pas toute sa vie faire des maths, qu’il fallait songer à se marier et à faire des enfants.

    Le syndrome de la vieille fille allume des clignotants dans tous les sens  : « Le garçon est prêt à s’enfermer dans les études, quand la fille n’a pas de temps à perdre pour trouver un mec. » En dépit des obstacles, elle intégrera l’ENS-Lyon où le sexisme s’atténue peut-être parce que les femmes ont disparu, elles sont quatre sur 40 élèves. Pour décrire un monde où les mâles dominants s’agrègent, elle évoque la salle du concours où se retrouvent les postulants à Polytechnique  : « Un océan de mecs. Là, j’ai senti la différence, ça n’était pas la place pour une fille. »

    Conscience collective

    Edwige partage le constat de Lola et Sonia sur la mise à l’écart ­insidieuse des filles, mais elle veut transformer le discours individuel en une arme collective dans un domaine où la solidarité féminine est presque inexistante. « Les filles ne se voient pas comme les victimes d’un système, la solidarité féminine est inexistante. Chacune pense qu’il s’agit d’un problème individuel. A chacune de trouver la solution, il n’y a pas de sororité, vraiment il n’y a aucune solidarité », estime Edwige qui a choisi l’ENS-Lyon.

    Pour susciter une prise de conscience collective, Edwige organise dans le cadre d’Animath (1) des week-ends « Filles et Maths » avec des rencontres avec des mathéma­ticiennes de métier et des ateliers d’algèbres, de géométrie ou d’arithmétique. Faut-il faire des quotas dans les préparations aux grandes écoles pour les filles  ? « Pourquoi pas  ? La loi ORE (3) a fixé des quotas pour les boursiers, pourquoi pas pour les filles  ? »

    L’idée a été évoquée à l’ENS-Lyon tant le désarroi est grand face à la raréfaction des filles dans le département de mathématiques, admet Emmanuelle Picard, sociologue impliquée dans un groupe d’études mis en place par les ENS pour comprendre l’incompréhensible. Pourquoi les filles représentent 20 % des élèves en prépa, 16 % des candidats au concours MP des ENS, celui qui privilégie les maths, 8 % des admissibles et 5 % des intégrées par concours  ? Et question subsidiaire  : comment remédier à cette situation  ? « La pression sociale, les stéréotypes qui classent, rangent les garçons du côté des chiffres et les filles du côté des lettres tout cela est vrai, mais il faut comprendre ces phénomènes pour comprendre à quel moment les filles s’éliminent », explique la sociologue.

    « Avoir une barbe »  ?

    Rozzen Texier-Picard, mathématicienne et vice-présidente chargée des questions liées à la diversité à l’ENS-Rennes, avoue ne pas avoir trouvé la solution à un problème qu’elle examine depuis plusieurs années  : « Nous avons intégré les matières littéraires, le français et les langues dès l’admissibilité pour le concours 2018, et nous allons voir ce que cela donne », dit-elle sans attendre un bond spectaculaire.

    Elyès Jouini, mathématicien, vice-président de l’université Paris-Dauphine et coauteur de plusieurs études, n’a pas beaucoup plus de certitudes pour expliquer la sexuation des maths. « Beaucoup d’efforts ont été réalisés pour réduire l’écart entre le niveau moyen des filles et des garçons. Mais, quand on regarde le haut du panier, les 5 % qui se trouvent tout en haut de la pyramide, les garçons s’imposent à chaque fois qu’il y a une sélection. Là, les archétypes et les stéréotypes fonctionnent, et quand il s’agit de se présenter à un concours réputé difficile, les garçons iront quand ils ont 12 ou 13, les filles attendront d’avoir 15 ou 16. Prenez un pays comme la Norvège qui a sans doute le plus fait pour effacer les écarts entre femmes et hommes, le biais mathématiques demeure. »

    La situation est-elle désespérée  ? Pas tout à fait. Elyès Jouini rappelle qu’au XVIIIe siècle, l’un des cerveaux les plus brillants de l’Europe s’éclairant à la raison, Emmanuel Kant, estimait que les filles n’étaient pas faites pour les lettres classiques  : « Une femme qui sait le grec est si peu une femme qu’elle pourrait aussi bien avoir une barbe. » Faudra-t-il attendre un siècle ou deux pour que les choses s’arrangent  ? « Si nous voulons maintenir le niveau de l’école française de mathématiques, on ne peut pas se passer de la moitié de la population », constate un mathématicien pressé de voir les choses bouger, sans savoir comment faire. Inutile de porter attention aux explications mettant en cause des différences fondamentales entre les deux sexes, sinon en donnant la parole à un enfant de 5 ans rentrant de l’école  : « Le cerveau des filles ne tourne pas dans le même sens que celui des garçons. »

    Une autre scène vaut la peine d’être racontée. Un matin de juin, les enfants de l’école maternelle de la rue Clauzel à Paris sont déguisés pour fêter la fin de l’année. Toutes les filles sont en princesses, sauf une, habillée en catwoman. Les garçons sont tous en super-héros, sauf un pirate. Et un tigre pas du tout méchant.
    (1) Animath est une association qui cherche à promouvoir les mathématiques auprès des jeunes.
    (2) Nous ne parlerons à aucun moment du physique des jeunes femmes que nous avons rencontrées, pour ne pas avoir à aborder cette question qui voudrait qu’une fille qui fait des maths sacrifie sa féminité.
    (3) Loi du 8 mars 2018 relative à l’orientation et à la réussite des étudiants.

    Philippe Douroux , Magalie Danican

    Par contre je ne suis pas d’accord avec l’argument qui cite Kant et les lettres classiques. Tout le monde le sait, le problème ce ne sont pas les maths en eux mêmes mais le fait que c’est la matière qui est considérée comme un marqueur d’excellence et de sélection. Donc si les maths cessent d’être cet outil de sélection, il n’y aura aucun souci et les filles deviendront aussi bonnes en maths que les garçons pendant que la matière qui sera devenue matière marqueur d’excellence, la géographie par exemple, sera squattée par les garçons. Ça ne voudra absolument pas dire que l’éducation mettre filles et garçons sur le même pied d’égalité. C’est ce qui s’est passé avec les humanités qui jouaient ce rôle avant les maths, raison pour laquelle Kant évoque les lettres classiques.

    #mathématiques #sexisme #orientation #éducation #discriminations #école #filles #genre

    • Je sais plus ou j’avaiis lu ca et je vais chercher ou c’étais, mais le pbl des choix d’orientations n’est pas lié au fait que les filles ne vont pas en sciences, maths, mais ce déséquillibre serait lié au fait que les garcons desertent les secteurs féminisés. Les filles font des maths, mais les garçons evitent totalement les branches féminisées pour ne pas passer pour féminins. Il ne manque pas de programmes pour inciter les filles a faire des etudes de math, mais des programmes pour inciter les garçons à choisir les fillières féminisées (qui sont méprisées e dévalorisées parceque féminisées, avec tres faibles salaires et progressions de carrières) c’est ca dont on aurais besoin.

      edit c’est ici : https://seenthis.net/messages/704072

      [Les garçons] se retrouvent de manière très concentrée en S (69 %) alors que les filles se répartissent dans les 3 séries de manière plus équilibrée et choisissent préférentiellement la section S, à l’opposé de ce que l’on pense généralement (…). Contrairement aux injonctions qui leur sont faites, les filles n’ont pas, du moins au niveau de l’enseignement secondaire général, un problème de diversification des choix d’#orientation.

      […] C’est l’observation de la répartition des filles et des garçons, pas seulement la proportion des filles dans les filières, qui révèle le jeu du #genre, c’est-à-dire l’impact du système féminin/masculin sur les orientations des deux sexes. C’est cela qui doit nous poser question et non pas seulement le constat de la moindre orientation des filles vers les sciences et techniques. On devrait effectivement se demander d’une part, pourquoi les filles sont attirées par les secteurs du soin, de l’éducation, du social et, d’autre part, pourquoi l’absence des garçons dans ces filières et métiers ne fait pas problème.

      […] Le survol rapide que l’on vient d’en faire [des politiques de promotion de l’égalité] pour les quarante dernières années révèle qu’il est quasi exclusivement question de l’orientation des filles vers les sciences et techniques. On ne se préoccupe pas réellement du fait que la division sexuée de l’orientation touche aussi les choix des garçons, comme nous l’avons souligné plus haut. L’absence des garçons des filières littéraires et sociales, du soin et de l’éducation, ne fait pas question, elle n’est pas une préoccupation sociale et politique. Par ailleurs, ces politiques concentrent beaucoup d’énergie sur l’information, comme si l’absence des filles dans les filières visées provenait essentiellement de leur manque d’informations objectives sur ces secteurs. Enfin, on semble croire que la diversification des choix d’orientation des filles produira de facto l’égalité des sexes en matière de formation et d’emploi. Il suffirait que les filles soient présentes pour que disparaissent les inégalités entre sexes… L’aveuglement, aux rapports sociaux de sexes qui régissent la société, donc l’école et le travail, laisse perplexe.

      Comme d’habitude on rend les filles et les femmes responsables des discriminations qu’elles subissent et jamais on ne dit ni ne fait rien qui puisse vaguement incommodé le moindre garçon ou homme.

  • 1938 : le monde ferme ses portes aux réfugiés

    Des réfugiés qui fuient en masse le nazisme, des gouvernements qui leur barrent l’accès à leur territoire, des exilés contraints d’embarquer clandestinement sur des bateaux de fortune, une diplomatie prête à donner des gages aux pires dictatures et néanmoins impuissante, comme l’atteste l’échec prévisible de la conférence d’Évian en 1938 : les analogies sont décidément troublantes entre l’attitude des États à l’égard des Juifs dans les années 1930 et celle qu’ils adoptent aujourd’hui à l’égard des réfugiés.

    Les États européens, obsédés par le « risque migratoire », mettent depuis de longues années toute leur énergie à tenir à distance les flux de migrants, demandeurs d’asile inclus, et à leur interdire l’accès à leurs territoires. Cette tendance a été poussée à son paroxysme au moment de la « crise migratoire » de 2015, face à l’afflux de réfugiés venus de Syrie, d’Irak, d’Afghanistan ou d’Érythrée. Au point que plusieurs observateurs n’ont pu s’empêcher de faire le parallèle avec l’attitude qui fut celle des États, dans les années précédant la Seconde Guerre mondiale, à l’égard des Juifs fuyant le nazisme [1].

    Ce parallèle non seulement n’a rien de scabreux, mais il s’impose. Il n’a rien de scabreux car si les Juifs, à l’époque, sont persécutés, spoliés, humiliés, pourchassés, physiquement agressés, personne ne peut alors anticiper la « solution finale ». Il s’impose tant les analogies sont frappantes : la fermeture de plus en plus hermétique des frontières à mesure que la persécution s’aggrave et que les flux d’exilés augmentent ; des réfugiés contraints à embarquer clandestinement sur des bateaux de fortune avec l’espoir, souvent déçu, qu’on les laissera débarquer quelque part ; en guise de justification, la situation économique et le chômage, d’un côté, l’état de l’opinion dont il ne faut pas attiser les tendances xénophobes et antisémites, de l’autre ; le fantasme, hier, de la « cinquième colonne » – agitateurs communistes, espions nazis –, aujourd’hui de la menace terroriste ; et finalement une diplomatie qui n’hésite pas à pactiser avec les pires dictatures, hier pour tenter de sauver la paix (on sait ce qu’il en est advenu), aujourd’hui pour tenter d’endiguer les flux de réfugiés.

    L’évocation du passé donne, hélas, le sentiment que l’histoire bégaie : car la Realpolitik qui prenait hier le pas sur les préoccupations humanitaires continue aujourd’hui à dicter l’attitude des États, alors même qu’ils ont collectivement décidé d’accorder au droit d’asile une place éminente parmi les droits de l’Homme et se sont engagés à le respecter.

    Au lendemain de la Première Guerre mondiale, la communauté internationale, inquiète des risques de déstabilisation engendrés par les masses de réfugiés qui, par centaines de milliers, fuient les guerres civiles, les dictatures, les persécutions, décide de se saisir du problème.

    Mais l’action diplomatique en faveur des réfugiés reste subordonnée à la défense par les États de leurs intérêts propres et de leurs prérogatives souveraines. Entre 1922 et 1928, une multitude d’« arrangements » sont passés sous l’égide de la Société des Nations, visant à accorder un minimum de protection aux réfugiés. C’est notamment le fameux « passeport Nansen » qui leur confère, à eux qui ne sont plus reconnus ni protégés par leur pays d’origine, un minimum d’existence juridique. Mais la portée de ces textes, applicables au départ aux réfugiés russes, puis aux Arméniens, puis aux Assyro-Chaldéens, est très limitée, tant par la faiblesse des garanties qu’ils confèrent que par leur absence de caractère obligatoire. Avec l’aggravation de la situation économique consécutive à la crise de 1929, les États n’hésitent pas à refouler ou expulser les réfugiés, considérés comme un fardeau. À l’approche de la guerre, viendront s’ajouter à ces considérations économiques des considérations de police et de sécurité.

    Des arrangements sans contrainte

    C’est dans ce contexte que les États vont être confrontés à la question des réfugiés provenant d’Allemagne puis, après l’Anschluss, d’Autriche. La diplomatie s’active timidement : un « arrangement provisoire intergouvernemental concernant le statut des réfugiés venant d’Allemagne » est signé le 4 juillet 1936, dont les dispositions sont reprises dans la convention du 10 février 1938 : les États s’engagent à délivrer aux réfugiés un titre de voyage ou un document tenant lieu de passeport ; lorsqu’ils les ont autorisés à séjourner, ils ne peuvent les expulser ou les refouler qu’en cas de risque pour la sécurité nationale ou l’ordre public, et, en aucun cas, vers l’Allemagne sauf « s’ils ont de mauvaise foi refusé de prendre les dispositions nécessaires pour se rendre dans un autre territoire ». Mais la convention n’est signée que par sept pays : la Belgique, la Grande-Bretagne, le Danemark, l’Espagne, la France, la Norvège et les Pays-Bas, et elle n’aura guère le temps, de toute façon, de produire des effets avant le déclenchement de la guerre.

    Ayant juridiquement toute latitude pour agir à leur guise, les États n’ont aucun scrupule à fermer leurs frontières. Les États-Unis s’en tiennent à la politique adoptée depuis l’Immigration Act de 1924 et à un quota annuel de 27 370 immigrants pour l’Allemagne et l’Autriche. Après l’Anschluss, le ministre de l’intérieur britannique, s’adressant à la Chambre de communes, affirme que le pays maintient sa tradition d’asile, mais qu’il faut « éviter de donner l’impression que la porte est ouverte aux immigrants de toutes sortes. Car alors de prétendus émigrants se présenteraient dans les ports en si grand nombre qu’il serait impossible de les admettre tous ; les services d’immigration auraient de grandes difficultés à décider qui devrait être admis et d’inutiles épreuves seraient imposées à ceux qui effectueraient un infructueux périple à travers l’Europe [2] ». Pour les Britanniques, au demeurant, la question centrale reste celle de la Palestine : depuis l’arrivée de Hitler au pouvoir, l’immigration est passée de 9 500 personnes par an à 30 000 en 1933 et à près de 62 000 en 1935. Alors que ce territoire apparaît comme le seul lieu de refuge potentiel pour les Juifs, la Grande-Bretagne, confrontée à l’hostilité des Arabes, remet en question son engagement en faveur de l’établissement d’un Foyer national juif : le Livre blanc du printemps 1939 limite le quota annuel d’immigrants vers la Palestine à 10 000 personnes par an pour les cinq années suivantes. Des navires de la Royal Navy patrouillent pour empêcher les réfugiés d’accoster. S’ils n’ont pas de certificat ils sont refoulés ou bien internés à Chypre, sur l’île Maurice ou en Palestine même.

    En France, en 1933, les premiers réfugiés passent facilement la frontière. Mais, très vite, les pouvoirs publics s’inquiètent de cet afflux des exilés et, dès la fin de l’année, l’attitude change : nombre de candidats à l’entrée sont refoulés et ceux qui, ayant réussi à entrer, ne sont pas en règle sont expulsés. L’arrivée au pouvoir du Front populaire marque une accalmie temporaire, mais la situation des réfugiés, considérés comme une menace pour la sécurité, voire comme une porte d’entrée pour les espions et les agitateurs, se dégrade à nouveau sous le gouvernement Daladier. En aucun cas, dit le ministre de l’intérieur de l’époque ,« la France ne saurait consentir à ouvrir ses frontières inconditionnellement et sans limitation à des individus par le fait seul qu’ils se prévaudraient de leur qualité de réfugiés. En effet l’état de saturation auquel nous sommes arrivés en matière d’immigration étrangère ne nous permet plus d’adopter une politique aussi libérale [3] ».

    La Suisse entrouvre sa porte aux réfugiés allemands en 1933 – mais ne peuvent se revendiquer de cette qualité que les personnes menacées pour leurs activités politiques. Une directive du Département fédéral de justice et police dit très explicitement que seuls les « hauts fonctionnaires, les dirigeants des partis de gauche et les écrivains célèbres » doivent être considérés comme réfugiés [4]. Les Juifs, eux, sont considérés comme de simples étrangers en transit et se voient reconnaître au mieux un droit de résidence temporaire, sans possibilité de travailler. Après l’Anschluss, le gouvernement décide la fermeture des frontières à tous ceux qui ne sont pas formellement habilités à entrer et l’expulsion de ceux qui sont en situation irrégulière. Pour faciliter le travail des autorités suisses amenées à faire le tri parmi les ressortissants du Reich, une négociation s’engage avec les autorités nazies pour que soit apposé un cachet spécial sur les passeports des Juifs – un grand J rouge de trois centimètres de hauteur – qui permet de repérer ceux qui doivent demander une autorisation spéciale pour entrer dans le pays [5].

    « Un seul serait déjà trop »

    Il n’est guère étonnant, dans ces conditions, que la #conférence_d’Évian, réunie en juillet 1938 pour chercher des solutions concrètes au problème des réfugiés juifs allemands et autrichiens, se solde par un échec [6]. Face à la détérioration de la situation et à la pression exercée par une partie de l’opinion publique, mais désireux aussi d’éviter un brusque afflux de réfugiés aux États-Unis, Roosevelt a en effet pris l’initiative de réunir une conférence internationale qui se tient à Évian du 6 au 15 juillet.

    Les représentants des 32 États présents, tout en affirmant leur implication dans le règlement de la question des réfugiés, se retranchent derrière des considérations économiques et politiques pour justifier la fermeture de leurs pays à l’immigration et le refus d’accueillir des réfugiés juifs.

    Les pays d’Europe occidentale se disent tous « saturés » : la Grande-Bretagne, la France, la Belgique, le Danemark, la Suède, la Suisse se déclarent les uns après les autres dans l’incapacité d’accueillir des réfugiés et n’envisagent d’accorder que des visas de transit. Le représentant de l’Australie déclare sans complexe que : « N’ayant aucun réel problème racial en Australie, nous ne sommes pas désireux d’en importer en encourageant une large immigration étrangère. » Et le délégué canadien, interrogé sur le nombre de réfugiés que son gouvernement pourrait envisager d’accueillir, répond : « Un seul serait déjà trop. »

    Même les pays d’Amérique du Sud, terres traditionnelles d’immigration, font part de leurs réserves : les uns invoquent la crise économique, les autres craignent de déplaire à l’Allemagne à laquelle les lient des accords commerciaux. La Colombie dit pouvoir accepter des travailleurs agricoles, l’Uruguay également, à condition qu’ils possèdent quelques ressources. Seule la République dominicaine de Trujillo offre d’accueillir 100 000 réfugiés juifs autrichiens et allemands, pour des raisons qui ont peu à voir avec la compassion humanitaire : c’est une occasion de « blanchir » une population jugée trop noire ; et cette offre généreuse vise aussi à redresser l’image d’un pays ternie par le massacre, en octobre 1937, à l’instigation des autorités, de milliers de Haïtiens travaillant dans les plantations.

    La conférence d’Évian se conclut donc sur un constat d’impuissance de la communauté internationale. Ce qui permet au journal allemand Reichswart d’ironiser : « Juifs à céder à bas prix – Qui en veut ? Personne !? » Hitler en effet peut triompher : personne ne veut accueillir ses Juifs.

    Impuissante, cette diplomatie est également sans scrupule, prête à toutes les concessions face à Hitler si tel est le prix à payer pour sauver la paix. Les orateurs à la tribune se bornent à exprimer le vœu d’« obtenir la collaboration du pays d’origine », pays jamais nommé et jamais stigmatisé pour ses agissements ; à aucun moment il n’est fait ouvertement mention du fait que ces réfugiés sont juifs, pour ne pas fournir un argument supplémentaire à la campagne fasciste contre les démocraties « enjuivées ». Dans la résolution finale, purgée de toute appréciation morale sur les persécutions, les termes « réfugiés politiques » sont remplacés par « immigrants involontaires » pour éviter de froisser le Troisième Reich.

    Le seul résultat concret de la conférence est la création d’un Comité intergouvernemental d’aide aux réfugiés allemands et autrichiens qui aura pour mission d’entreprendre « des négociations en vue d’améliorer l’état des choses actuel et de substituer à un exode une émigration ordonnée ». Aux yeux des pays occidentaux, en effet, de la même façon que la voie de la paix doit être recherchée en discutant avec Hitler, le problème des réfugiés ne peut être résolu qu’en accord avec les nazis.

    Les « petits bateaux de la mort »

    Visas refusés, frontières closes : les réfugiés sont acculés, en désespoir de cause, à prendre la mer, le plus souvent clandestinement. À la veille de la guerre, des dizaines, des centaines de bateaux, parfois des paquebots de ligne, souvent des bâtiments de fortune ou de contrebande qui ont pris leurs passagers en charge frauduleusement, naviguent sur les océans à la recherche d’un port où ils seront autorisés à débarquer : le Cairo part le 22 avril 1939 de Hambourg pour Alexandrie ; l’Usaramo pour Shanghai ; l’Orbita pour le Panama en juin 1939 ; l’Orinoco, vers Cuba [7]

    D’autres restent bloqués pendant des semaines ou des mois dans les ports roumains de la mer Noire ou sur le Danube. D’autres encore errent en Méditerranée, avec l’espoir vain de pouvoir accoster en Palestine. La presse française se fait l’écho de ces « vaisseaux fantômes » voguant de port en port sans qu’on laisse leurs passagers débarquer, ne serait-ce qu’en transit, transportant par milliers « ces hommes, ces femmes, ces enfants dont personne ne veut », qui sillonnent les mers en se heurtant à l’inhospitalité des côtes [8].

    Même ceux qui ont des papiers d’immigration en règle ne sont pas assurés d’être admis, comme le montre l’histoire cruelle du Saint-Louis. Ce paquebot transatlantique quitte Hambourg le 13 mai 1939 en direction de La Havane. Ses 937 passagers, presque tous des Juifs fuyant le Troisième Reich, sont en possession de certificats de débarquement émis par le directeur général de l’immigration de Cuba. Mais, dans l’intervalle, le président cubain a invalidé ces certificats. On interdit donc aux passagers de débarquer. Le bateau repart, et lorsqu’il passe le long des côtes de Floride une demande est adressée au président des États-Unis afin qu’il leur accorde l’asile – elle ne reçoit pas de réponse. Le 6 juin 1939, le Saint Louis reprend sa route vers l’Europe. In extremis, avant que le bateau ne soit contraint de revenir en Allemagne, le Jewish Joint Commitee réussit à négocier avec les gouvernements européens une répartition des passagers entre la Grande-Bretagne, la France, la Belgique et les Pays-Bas qui n’acceptèrent de les accueillir qu’à condition qu’il ne s’agisse que d’un transit dans l’attente d’une émigration définitive vers une autre destination. Temporairement sauvés, une majorité d’entre eux connaîtra le sort réservé aux Juifs dans les pays occupés par l’Allemagne.

    Les embarquements clandestins se poursuivent une fois la guerre déclenchée, les réfugiés prenant des risques croissants pour tenter de rejoindre clandestinement la Palestine depuis les ports de la mer Noire, à travers le Bosphore, les Dardanelles et la mer Égée. Un gigantesque marché noir s’organise, avec la bénédiction des nazis qui, avant la programmation de la « solution finale », y voient une façon de débarrasser l’Europe de ses Juifs. Beaucoup de ces « bateaux cercueils », comme on les a appelés, font naufrage, d’autres sont victimes des mines ou des sous-marins allemands, et les épidémies déciment ceux qui ont réussi à survivre [9]. Lorsque, ayant surmonté tous ces obstacles, y compris percé le blocus britannique, ils arrivent à Haïfa ou Tel-Aviv, ils sont, dans le meilleur des cas, arrêtés et incarcérés, sinon refoulés et contraints de reprendre la route vers la Bulgarie ou la Roumanie.

    On voit ici, comme un clin d’œil de l’histoire, la place géographiquement stratégique, déjà à l’époque, de la Turquie, qui contrôle la route empruntée par les réfugiés obligés de traverser les détroits du Bosphore et des Dardanelles. La Turquie interdit l’accès à son territoire aux réfugiés qui ne détiennent pas de visa pour la Palestine et, sous la pression de la Grande-Bretagne, ne laisse pas les bateaux faire escale dans ses ports, ce qui provoquera la catastrophe du #Struma (voir encadré). Décidément, on a parfois l’impression que l’histoire bégaie.
    –------------------------------------

    Le Struma

    Le 12 décembre 1941, 767 réfugiés juifs originaires de Bucovine et de Bessarabie – où sévissent les Einsatzgruppen – embarquent sur le Struma, un navire bulgare vétuste, prévu pour une centaine de passagers. Le navire part du port roumain de Constanza, sur la mer Noire, en direction d’Istanbul où les réfugiés espèrent pouvoir déposer des demandes de visa pour la Palestine. Le 16 décembre le bateau arrive dans un port turc au nord du Bosphore, mais la Grande-Bretagne fait pression sur la Turquie pour qu’elle l’empêche de poursuivre sa route. Le Struma reste ainsi bloqué 70 jours, pendant l’hiver 1941-1942, sur le Bosphore. Les réfugiés souffrent de la faim, de l’entassement. Ils finissent par être ravitaillés grâce aux dons des associations juives et avec l’aide de la Croix-Rouge. Les autorités turques décident de le refouler vers la mer Noire et le 23 février 1942 le bateau reçoit l’ordre d’appareiller : ce sont finalement les garde-côtes turcs qui doivent remorquer le Struma, hors d’état de naviguer. Quelques heures plus tard, il est touché par erreur par une torpille soviétique et coule rapidement. Il n’y aura qu’un seul survivant.)


    https://www.cairn.info/revue-plein-droit-2016-4-p-39.htm
    #fermeture_des_frontières #asile #migrations #réfugiés #juifs #histoire #Evian

  • Chute de l’intelligence : la piste environnementale relancée

    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2018/06/11/chute-de-l-intelligence-la-piste-environnementale-relancee_5313110_1650684.h

    Le QI régresse depuis 1995 dans les pays développés. Une étude permet d’attribuer cette baisse à des facteurs environnementaux.

    Le constat est désormais connu, attesté : nos enfants sont plus bêtes que nous et tout porte à croire que leurs enfants le seront plus encore. Une série d’études conduites dans les pays développés a dressé ce triste constat. Suède, Norvège, Finlande, Pays-Bas, Grande-Bretagne, Australie… les observations convergent – même si, dans le cas de la France, la faible taille de l’échantillon fait débat. Seuls les Etats-Unis semblent, pour l’heure, faire exception.

    L’origine de cette chute, en revanche, fait l’objet d’une vive controverse. Les uns mettent en avant des causes dites environnementales, terme à prendre au sens large. Selon leur spécialité, ils ­invoquent le dérèglement du système éducatif, le recul du livre, l’omniprésence des écrans, la crise de l’Etat-providence et la souffrance des dispositifs de santé publique, ou encore l’influence des perturbateurs endocriniens sur le développement embryonnaire. Les autres privilégient des explications plus biologiques. Ils avancent l’existence d’un effet dit « dysgénique » (par opposition à eugénique), qui voudrait que les familles les moins intelligentes procréent davantage et fassent donc baisser le niveau.

    Le phénomène n’est pas nouveau, disent-ils, mais il a longtemps été masqué par les gains éducatifs de toute la population. Les mêmes voient une autre cause à cette chute : l’immigration. ­Arrivés de pays pauvres, moins éduqués, les ­migrants, puis leurs enfants, lesteraient les performances moyennes. Sujet sensible, voire inflammable. En 2016 et 2017, deux articles, l’un faisant la synthèse de la littérature existante, l’autre analysant les données de treize pays, avaient successivement appuyé cette seconde thèse.

    Trente années de tests cognitifs

    Une équipe norvégienne vient, elle, de relancer la première. Dans un article publié dans les comptes rendus de l’Académie des sciences américaines (PNAS), lundi 11 juin, Bernt Brastberg et Ole Rogeberg affirment de façon catégorique que la baisse du quotient intellectuel présente une « origine environnementale ». Les deux économistes du centre Ragnar Frisch de l’université d’Oslo ont analysé trente années de tests cognitifs des jeunes conscrits norvégiens, de la génération née en 1962 à celle de 1991 (derniers enrôlés dans un service militaire obligatoire). Surtout, ils ont comparé l’évolution au sein même des fratries, de manière à écarter tout effet dysgénique ou migratoire. Leur constat est formel : l’évolution au sein des fratries reproduit avec une étonnante fidélité celle de l’ensemble de la population.

    Le choix de la Norvège n’est pas anecdotique. C’est là qu’en 2004, pour la première fois, a été observée ce que les spécialistes ont appelé « l’inversion de l’effet Flynn ». Portant le nom de son découvreur, le Néo-Zélandais James Flynn, cet effet voulait que, partout dans le monde, le QI suivît une courbe croissante. Les données rassemblées dans les années 1980 par le chercheur de l’université d’Otago, couvrant l’essentiel du XXe siècle dans plusieurs pays, conféraient à son constat une valeur de principe. Amélioration de la scolarisation, du niveau d’études, des conditions sanitaires, de la nature des tâches professionnelles : les causes semblaient elles aussi faire consensus.

    En 2004, pourtant, Jon Martin Sundet et ses ­collègues de l’université d’Oslo constataient une inversion de la courbe à partir de 1995. Une observation confirmée au cours des années suivantes dans une dizaine de pays développés. Autant dire qu’aujourd’hui, plus personne ne s’intéresse au fait que nos parents étaient plus intelligents que nos grands-parents. La question serait plutôt : « Demain, tous crétins ? », pour reprendre le titre d’un documentaire de Sylvie Gilman et Thierry de Lestrade, diffusé en novembre 2017, sur Arte. Et de s’interroger sur les causes de ce qui ressemble bien à une débâcle.

    https://www.youtube.com/watch?v=WWNARPyruoQ

    Les chiffres avancés par les chercheurs norvégiens ne sont pas bien rassurants. De la génération 1962 à celle de 1975, le gain en QI a été de 0,20 point par an, en moyenne. De 1975 à 1991, la chute enregistrée atteint 0,33 point. Et les différentes études conduites depuis trois ans concluent à une accélération du phénomène. L’article publié dans PNAS n’entre pas dans le détail des causes envisagées. En revanche, elles sont bien liées aux conditions de vie extérieures et non à la nature intrinsèque des personnes testées.

    Pour s’en convaincre, l’équipe s’est focalisée sur les familles d’au moins deux garçons – soit quelque 237 000 individus – et a comparé deux jeux de données. Le premier observe l’évolution du QI moyen des aînés. « Il reflète donc les différences entre les familles – les gènes des parents, les conditions sociales, le style éducatif – et les évolutions environnementales susceptibles d’affecter les ­enfants », précise Ole Rogeberg. La deuxième ­série de données compare les performances ­entre les frères. « Cette fois, toute différence ­traduit un effet strictement environnemental puisque les parents sont identiques, poursuit le chercheur norvégien. On exclut même ce qui perdure dans les familles, par exemple une éducation autoritaire ou un climat chaotique. »

    Comparaison

    La comparaison a ensuite rendu son verdict. Pendant la phase croissante, l’indice « intrafamilial » a augmenté de 0,18 point par an (contre 0,20 pour l’ensemble). A l’inverse, à partir de la génération 1975, le retournement de l’effet Flynn a provoqué une baisse de 0,34 point par an à ­l’intérieur des familles (contre 0,33 pour l’ensemble). On le comprend : une telle proximité ne laisse guère de place aux tenants des explications dysgéniques ou migratoires.

    Figure de proue de ces derniers, l’anthropologue britannique Ed Dutton (université d’Oulu, Finlande) rejette ces conclusions. Pour lui, l’étude est entachée d’erreurs méthodiques. A commencer par la sélection de foyers d’au moins deux garçons. « C’est stupide, tranche-t-il. Ça revient à surreprésenter les familles modestes, surtout à mesure que les années passent. » L’équipe norvégienne balaie l’objection : elle a en effet vérifié que, dans son échantillon, les parents présentaient en moyenne les mêmes ­revenus et le même niveau éducatif que la population en ­général. Autre critique de Dutton : « Pour observer un effet migratoire, la Norvège n’est aucunement représentative, c’est évident. »

    Son collègue Michael Woodley, de l’Université libre de Bruxelles, lui aussi tenant de la thèse dysgénique, juge au contraire l’étude « bien ­conduite et approfondie ». Il estime toutefois que « les auteurs ont eu tort de généraliser leurs résultats aux autres pays ». Dans un article publié en 2017, le chercheur a examiné 66 études ­conduites dans 13 pays. Il conclut d’une part que la chute du QI s’accélère, d’autre part que, selon les pays, l’ampleur du déclin « croît avec la proportion d’immigrés ».

    Ole Rogeberg appuie la première observation. Pas la seconde. « L’influence directe du score des immigrés sur la moyenne est écartée par notre étude », assure-t-il : la baisse de QI est visible au sein même des fratries norvégiennes. En revanche, « l’effet indirect, qui voudrait que la présence d’immigrés ait une influence sur les performances des autres – par exemple en réduisant la qualité de l’éducation –, même s’il me laisse sceptique, nous ne pouvons pas formellement l’écarter. » Longue vie à la controverse !

  • Chute de l’intelligence : la piste environnementale relancée
    https://www.crashdebug.fr/sciencess/14962-chute-de-l-intelligence-la-piste-environnementale-relancee

    La théorie d’ « Idiocratie » qui se révèle être vraie… (vidéo ci-dessous), énorme…, mais logique, il suffit de regarder autour de vous…. Du reste pour aider, vous reprendrez bien un peut de Glyphosate dans vos céréales ?

    Le constat est désormais connu, attesté : nos enfants sont plus bêtes que nous et tout porte à croire que leurs enfants le seront plus encore. Une série d’études conduites dans les pays développés a dressé ce triste constat. Suède, Norvège, Finlande, Pays-Bas, Grande-Bretagne, Australie… les observations convergent – même si, dans le cas de la France, la faible taille de l’échantillon fait débat. Seuls les Etats-Unis semblent, pour l’heure, faire exception.

    L’origine de cette chute, en revanche, fait l’objet d’une vive controverse. Les uns mettent en avant des causes dites environnementales, terme à (...)

  • Le QI régresse depuis 1995 dans les pays développés. Une étude permet d’attribuer cette baisse à des facteurs environnementaux.
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2018/06/11/chute-de-l-intelligence-la-piste-environnementale-relancee_5313110_1650684.h

    Le constat est désormais connu, attesté : nos enfants sont plus bêtes que nous et tout porte à croire que leurs enfants le seront plus encore.
    Les uns mettent en avant des causes dites environnementales : dérèglement du système éducatif, le recul du livre, l’omniprésence des écrans, la crise de l’Etat-providence et la souffrance des dispositifs de santé publique, ou encore l’influence des perturbateurs endocriniens sur le développement embryonnaire.
    Les autres privilégient des explications plus biologiques. Ils avancent l’existence d’un effet dit « dysgénique » (par opposition à eugénique), qui voudrait que les familles les moins intelligentes procréent davantage et fassent donc baisser le niveau.

    • Chute de l’intelligence : la piste environnementale relancée

      https://www.lemonde.fr/sciences/article/2018/06/11/chute-de-l-intelligence-la-piste-environnementale-relancee_5313110_1650684.h

      Le QI régresse depuis 1995 dans les pays développés. Une étude permet d’attribuer cette baisse à des facteurs environnementaux.

      Le constat est désormais connu, attesté : nos enfants sont plus bêtes que nous et tout porte à croire que leurs enfants le seront plus encore. Une série d’études conduites dans les pays développés a dressé ce triste constat. Suède, Norvège, Finlande, Pays-Bas, Grande-Bretagne, Australie… les observations convergent – même si, dans le cas de la France, la faible taille de l’échantillon fait débat. Seuls les Etats-Unis semblent, pour l’heure, faire exception.

      L’origine de cette chute, en revanche, fait l’objet d’une vive controverse. Les uns mettent en avant des causes dites environnementales, terme à prendre au sens large. Selon leur spécialité, ils ­invoquent le dérèglement du système éducatif, le recul du livre, l’omniprésence des écrans, la crise de l’Etat-providence et la souffrance des dispositifs de santé publique, ou encore l’influence des perturbateurs endocriniens sur le développement embryonnaire. Les autres privilégient des explications plus biologiques. Ils avancent l’existence d’un effet dit « dysgénique » (par opposition à eugénique), qui voudrait que les familles les moins intelligentes procréent davantage et fassent donc baisser le niveau.

      Le phénomène n’est pas nouveau, disent-ils, mais il a longtemps été masqué par les gains éducatifs de toute la population. Les mêmes voient une autre cause à cette chute : l’immigration. ­Arrivés de pays pauvres, moins éduqués, les ­migrants, puis leurs enfants, lesteraient les performances moyennes. Sujet sensible, voire inflammable. En 2016 et 2017, deux articles, l’un faisant la synthèse de la littérature existante, l’autre analysant les données de treize pays, avaient successivement appuyé cette seconde thèse.

      Trente années de tests cognitifs

      Une équipe norvégienne vient, elle, de relancer la première. Dans un article publié dans les comptes rendus de l’Académie des sciences américaines (PNAS), lundi 11 juin, Bernt Brastberg et Ole Rogeberg affirment de façon catégorique que la baisse du quotient intellectuel présente une « origine environnementale ». Les deux économistes du centre Ragnar Frisch de l’université d’Oslo ont analysé trente années de tests cognitifs des jeunes conscrits norvégiens, de la génération née en 1962 à celle de 1991 (derniers enrôlés dans un service militaire obligatoire). Surtout, ils ont comparé l’évolution au sein même des fratries, de manière à écarter tout effet dysgénique ou migratoire. Leur constat est formel : l’évolution au sein des fratries reproduit avec une étonnante fidélité celle de l’ensemble de la population.

      Le choix de la Norvège n’est pas anecdotique. C’est là qu’en 2004, pour la première fois, a été observée ce que les spécialistes ont appelé « l’inversion de l’effet Flynn ». Portant le nom de son découvreur, le Néo-Zélandais James Flynn, cet effet voulait que, partout dans le monde, le QI suivît une courbe croissante. Les données rassemblées dans les années 1980 par le chercheur de l’université d’Otago, couvrant l’essentiel du XXe siècle dans plusieurs pays, conféraient à son constat une valeur de principe. Amélioration de la scolarisation, du niveau d’études, des conditions sanitaires, de la nature des tâches professionnelles : les causes semblaient elles aussi faire consensus.

      En 2004, pourtant, Jon Martin Sundet et ses ­collègues de l’université d’Oslo constataient une inversion de la courbe à partir de 1995. Une observation confirmée au cours des années suivantes dans une dizaine de pays développés. Autant dire qu’aujourd’hui, plus personne ne s’intéresse au fait que nos parents étaient plus intelligents que nos grands-parents. La question serait plutôt : « Demain, tous crétins ? », pour reprendre le titre d’un documentaire de Sylvie Gilman et Thierry de Lestrade, diffusé en novembre 2017, sur Arte. Et de s’interroger sur les causes de ce qui ressemble bien à une débâcle.

      https://www.youtube.com/watch?v=WWNARPyruoQ

      Les chiffres avancés par les chercheurs norvégiens ne sont pas bien rassurants. De la génération 1962 à celle de 1975, le gain en QI a été de 0,20 point par an, en moyenne. De 1975 à 1991, la chute enregistrée atteint 0,33 point. Et les différentes études conduites depuis trois ans concluent à une accélération du phénomène. L’article publié dans PNAS n’entre pas dans le détail des causes envisagées. En revanche, elles sont bien liées aux conditions de vie extérieures et non à la nature intrinsèque des personnes testées.

      Pour s’en convaincre, l’équipe s’est focalisée sur les familles d’au moins deux garçons – soit quelque 237 000 individus – et a comparé deux jeux de données. Le premier observe l’évolution du QI moyen des aînés. « Il reflète donc les différences entre les familles – les gènes des parents, les conditions sociales, le style éducatif – et les évolutions environnementales susceptibles d’affecter les ­enfants », précise Ole Rogeberg. La deuxième ­série de données compare les performances ­entre les frères. « Cette fois, toute différence ­traduit un effet strictement environnemental puisque les parents sont identiques, poursuit le chercheur norvégien. On exclut même ce qui perdure dans les familles, par exemple une éducation autoritaire ou un climat chaotique. »

      Comparaison

      La comparaison a ensuite rendu son verdict. Pendant la phase croissante, l’indice « intrafamilial » a augmenté de 0,18 point par an (contre 0,20 pour l’ensemble). A l’inverse, à partir de la génération 1975, le retournement de l’effet Flynn a provoqué une baisse de 0,34 point par an à ­l’intérieur des familles (contre 0,33 pour l’ensemble). On le comprend : une telle proximité ne laisse guère de place aux tenants des explications dysgéniques ou migratoires.

      Figure de proue de ces derniers, l’anthropologue britannique Ed Dutton (université d’Oulu, Finlande) rejette ces conclusions. Pour lui, l’étude est entachée d’erreurs méthodiques. A commencer par la sélection de foyers d’au moins deux garçons. « C’est stupide, tranche-t-il. Ça revient à surreprésenter les familles modestes, surtout à mesure que les années passent. » L’équipe norvégienne balaie l’objection : elle a en effet vérifié que, dans son échantillon, les parents présentaient en moyenne les mêmes ­revenus et le même niveau éducatif que la population en ­général. Autre critique de Dutton : « Pour observer un effet migratoire, la Norvège n’est aucunement représentative, c’est évident. »

      Son collègue Michael Woodley, de l’Université libre de Bruxelles, lui aussi tenant de la thèse dysgénique, juge au contraire l’étude « bien ­conduite et approfondie ». Il estime toutefois que « les auteurs ont eu tort de généraliser leurs résultats aux autres pays ». Dans un article publié en 2017, le chercheur a examiné 66 études ­conduites dans 13 pays. Il conclut d’une part que la chute du QI s’accélère, d’autre part que, selon les pays, l’ampleur du déclin « croît avec la proportion d’immigrés ».

      Ole Rogeberg appuie la première observation. Pas la seconde. « L’influence directe du score des immigrés sur la moyenne est écartée par notre étude », assure-t-il : la baisse de QI est visible au sein même des fratries norvégiennes. En revanche, « l’effet indirect, qui voudrait que la présence d’immigrés ait une influence sur les performances des autres – par exemple en réduisant la qualité de l’éducation –, même s’il me laisse sceptique, nous ne pouvons pas formellement l’écarter. » Longue vie à la controverse !

    • On l’ajoute à la troisième compilation :
      https://seenthis.net/messages/680147

      Demain, tous crétins ? Une revue de presse sur seenthis :

      Perturbateurs endocriniens : une menace pour notre QI
      Barbara Demeneix, Le Journal du CNRS, le 6 octobre 2016
      https://seenthis.net/messages/531055

      Tous pris pour des crétins devant Arte
      Martin Clavey, Sound of Science, le 11 novembre 2017
      https://seenthis.net/messages/647278

      Le quotient intellectuel baisse année après année
      Soulas, Urtikan, le 14 novembre 2017
      https://seenthis.net/messages/647278

      Notre QI est-il vraiment en train de baisser ?
      Pauline Moullot, Libération, le 22 novembre 2017
      https://seenthis.net/messages/647278

      Une alerte sans précédent pour la planète
      Philippe Testard-Vaillant, Le Journal du CNRS, le 22 novembre 2017
      https://seenthis.net/messages/646679

      QI des Européens ; Demain, tous crédules ?
      Christophe de la Roche Saint André
      https://seenthis.net/messages/647278

      Demain, tous crétins ? Ou pas…
      Franck Ramus et Ghislaine Labouret, Cerveau et Psycho, le 15 mai 2018
      https://seenthis.net/messages/701497

      #effondrement #collapsologie #catastrophe #fin_du_monde #it_has_begun #Anthropocène #capitalocène
      #perturbateurs_endocriniens #pollution #documentaire #santé #QI #Intelligence #hormones

    • Je suis certaine que la pollution a une grande influence. Pendant mes études, je vivais à Paris et rentrait en avion au bled pour les vacances. La transition entre les deux était violente, surtout au niveau de la qualité de l’air. J’avais des migraines terribles et handicapantes, le temps de me réhabituer à l’air de la capitale et la surstimulation permanente de la vie parisienne nuisait manifestement à mes capacités de concentration, d’apprentissage, de réflexion. C’était flagrant.
      L’arrivée en cambrousse me faisait dormir 24h d’affilée. Le rythme de vie était remarquablement plus calme et le temps de me remettre, je voyais bien que je carburais plus et mieux.

      Le QI, c’est de la merde, on est bien d’accord, mais l’état de santé général, les aptitudes et performances sont des choses mesurables et sensibles. Je ne pense pas que les gens deviennent plus cons (le type de compétences et d’aptitudes mesurées par le test ont tendance à changer socialement dans le temps et par génération, ce sont des choses à prendre en compte).
      Par contre les conditions de vie de milieu urbain (gros temps de transport, grosses fatigues, surmenage, bruit permanent, etc.) ont tendance à diminuer les capacités cognitives. Mais je pense que c’est un phénomène aussi social (de moins bonnes conditions de vies, plus de stress, des nutriments et des logements de moins bonne qualité…).

  • https://www.youtube.com/watch?v=vHZcgPQHfb8

    Bon apparemment en Norvège, ils ont un petit label indépendant de disques de musique contemporaine improvisée ou pas, ça s’appelle Hubro et quand dans youyoutube, vous faites une recherche du genre https://www.youtube.com/results?search_query=hubro+full+album, et bien il y a de la musique pour passer plusieurs dimanches heureux. C’est sans doute un peu tard pour ce dimanche (encore que pour @sinehebdo ), mais dès la semaine prochaine, j’ai dans l’idée qu’@odilon sera très contente de le savoir. Et @reka qui ne nous dit rien, alors que si cela se trouve cela se passe en contrebas de son fjord.

    #les_oreilles_qui_trainent

  • Au Rwanda, des hommes enseignent la « masculinité positive »

    http://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/05/15/au-rwanda-des-hommes-enseignent-la-masculinite-positive_5299312_3212.html

    Pour combattre les violences basées sur le genre, une ONG intervient dans les villages de ce pays qui, sur le papier, figure parmi les plus égalitaires du monde.

    Dans le Rapport mondial sur la parité entre hommes et femmes, ce pays d’Afrique de l’Est de 12 millions d’habitants figure en quatrième position des plus égalitaires, juste derrière l’Islande, la Norvège et la Finlande. Ce classement, dressé tous les ans par le World Economic Forum, examine quatre indicateurs : santé, accès à l’éducation et à la politique, espérance de vie et opportunités économiques. En matière de représentation, le Rwanda arrive loin devant la Suisse (21e), la France (11e) et les Etats-Unis (49e).

    Au lendemain de la guerre, la reconstruction du pays repose sur elles. Elles se rassemblent en coopératives, forment des groupes d’entraide pour les veuves et s’emparent peu à peu de métiers jusqu’ici réservés à leurs époux. « Les femmes sont devenues les hommes de la maison. Elles n’avaient pas le choix : elles ont dû se débarrasser des tabous et du poids de la culture traditionnelle, selon laquelle la femme se tient en retrait. Quant au gouvernement, il n’avait pas le luxe de reconstruire un pays sans la majorité de sa population », souligne Cédric Nsengiyumva, dont la voix grave s’élève sans peine au-dessus du brouhaha du café Canaberra, à Kigali. Ce Rwandais de la diaspora, revenu dans son pays il y a trois ans après avoir vécu au Canada, nourrit une passion pour la presse, à côté de son travail dans une agence publicitaire. Il a lancé le magazine Ingoby, qui relate des success stories féminines.

  • La « crise » de la #masculinité ou la revanche du #mâle

    http://theconversation.com/la-crise-de-la-masculinite-ou-la-revanche-du-male-96194

    Toronto, 23 avril 2018 : un homme s’est lancé avec une camionnette sur des piétons, tuant 8 femmes et 2 hommes et en blessant plusieurs autres. Sans présumer de ses motivations avant de connaître les résultats de l’enquête et le procès, un message qu’il avait publié sur les réseaux sociaux permet tout de même d’associer ce terroriste au mouvement des « célibataires involontaires » (ou « incel », pour « involuntary celibates »).

    Ce mouvement, qui s’exprime surtout sur les réseaux sociaux, prétend que les hommes souffrent du refus des femmes de s’offrir sexuellement, ce qui expliquerait tout à la fois le suicide des hommes ainsi que leur violence contre les femmes, y compris les meurtres de masse. Ce mouvement célèbre d’ailleurs ses héros et martyrs, comme Elliot Rodger – qualifié de « gentleman suprême » par le terroriste de Toronto – qui a tué six personnes en Californie en 2014 et qui a expliqué sur une vidéo avoir ainsi voulu punir les femmes car il n’avait jamais eu de relations sexuelles.

  • « Titanic nucléaire » : la première centrale flottante a quitté la Russie
    https://www.ouest-france.fr/environnement/nucleaire/titanic-nucleaire-la-premiere-centrale-flottante-quitte-la-russie-57313

    La première centrale nucléaire flottante du monde, exploitée par le géant russe Rosatom, a quitté le port de Saint-Pétersbourg, samedi. Sous l’œil des écologistes inquiets pour l’Arctique.

    Elle s’appelle L’Akademik Lomonosov et c’est la première centrale nucléaire flottante du monde. Cette innovation exploitée par le géant Rosatom, contrôlé par l’État russe, a quitté le port de Saint-Péterbourg, samedi.

    Direction Mourmansk, où elle sera chargée en combustible et testée. En 2019, elle devrait être remorquée jusqu’à Pevek son emplacement définitif, situé à 5 000 km de là, pas très loin de l’Alaska.

    Les riverains de la mer Baltique ont vu partir cette usine avec soulagement. Greenpeace l’a baptisée « Titanic nucléaire » ; la Norvège s’y oppose depuis 2013. En juillet, elle a obtenu que les deux réacteurs nucléaires KLT-40 ne soient alimentés en uranium qu’après avoir franchi ses 83 000 km de côtes.

    À Saint-Péterbourg, ce fut aussi le soulagement pour les cinq millions d’habitants, dont beaucoup ont signé la pétition relayée par l’écologiste Alexander Nikitin, de la fondation Bellona. Cet ancien officier russe est aussi inquiet pour l’environnement fragile de l’Arctique.

    Il rappelle que les fonds marins de la baie de Chazhma, près de Vladivostok, dans le Pacifique, sont toujours contaminés après le ravitaillement d’un sous-marin nucléaire qui a mal tourné, en 1985 : « L’explosion a aussi tué dix personnes et n’a été révélée qu’en 1993 ».
     
    Alexei Likhachev, le patron de Rosatom, se veut rassurant. On n’est plus à l’époque soviétique. Il ne faut pas faire fuir la quinzaine de pays déjà intéressés, tels la Chine, l’Algérie, l’Indonésie…
    « Ces centrales flottantes sont dangereuses, insiste Jan Haverkamp, expert nucléaire de Greenpeace pour l’Europe centrale et orientale. Elles ont une coque à fond plat, pas de propulsion et seront basées dans des eaux peu profondes, ce qui les rend particulièrement vulnérables aux tsunamis et aux cyclones. »

    #Chazhma lire #Tchajma