• One Twin Was Hurt, the Other Was Not. Their Adult Mental Health Diverged. - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2024/03/06/health/one-twin-was-hurt-the-other-was-not-their-adult-mental-health-diverged.html

    Protégeons les enfants !!!

    Why do twins, who share so many genetic and environmental inputs, diverge as adults in their experience of mental illness? On Wednesday, a team of researchers from the University of Iceland and Karolinska Institutet in Sweden reported new findings on the role played by childhood trauma.

    Their study of 25,252 adult twins in Sweden, published in JAMA Psychiatry, found that those who reported one or more trauma in childhood — physical or emotional neglect or abuse, rape, sexual abuse, hate crimes or witnessing domestic violence — were 2.4 times as likely to be diagnosed with a psychiatric illness as those who did not.

    If a person reported one or more of these experiences, the odds of being diagnosed with a mental illness climbed sharply, by 52 percent for each additional adverse experience. Among participants who reported three or more adverse experiences, nearly a quarter had a psychiatric diagnosis of depressive disorder, anxiety disorder, substance abuse disorder or stress disorder.

    To disentangle the effects of these traumas from genetic or environmental factors, the researchers narrowed the pool to “discordant” pairs, in which only one twin reported maltreatment in childhood. An analysis of 6,852 twins from these discordant pairs found that childhood maltreatment was still linked with adult mental illness, though not as strongly as in the full cohort.

    “These findings suggest greater influence than I expected — that is, even after very stringent control of shared genetic and environmental factors, we still observed an association between childhood adversity and poor adult mental health outcomes,” said Hilda Bjork Danielsdottir, a doctoral candidate at the University of Iceland and the study’s first author.

    A twin who reported maltreatment was 1.2 times as likely to suffer from a mental illness as the unaffected twin in identical twin pairs, and 1.7 times as likely in fraternal twin pairs. This effect was especially pronounced among subjects who reported experiencing sexual abuse, rape and physical neglect.

    For decades, researchers have been accumulating evidence that links child abuse and maltreatment to illnesses later in life. A landmark 1998 study of 9,508 adults found a direct correlation between childhood maltreatment and heart disease, cancer, lung disease and depression, often linked by behavior like smoking and alcohol use.

    By ruling out the role of genetic factors, the new findings should help dispel any remaining doubt that childhood maltreatment leads to worse mental health in adulthood, said Mark Bellis, a professor of public health at Liverpool John Moores University in Britain, who was not involved in the study.

    The findings add to “the increasingly irrefutable evidence that it is going to cost us all a lot less if we invest in tackling” abuse and neglect of children now, he added, rather than “continuing to pay for the epidemic levels of harm” they cause downstream.

    #Enfance #Mauvais_traitements #Dépression #Jumeaux

  • Une organisation en #souffrance

    Les Français seraient-ils retors à l’effort, comme le laissent entendre les mesures visant à stigmatiser les chômeurs ? Et si le nombre de #démissions, les chiffres des #accidents et des #arrêts_de_travail étaient plutôt le signe de #conditions_de_travail délétères.

    Jeté dans une #concurrence accrue du fait d’un #management personnalisé, évalué et soumis à la culture froide du chiffre, des baisses budgétaires, le travailleur du XXIe siècle est placé sous une #pression inédite...

    L’étude de 2019 de la Darès (Ministère du Travail) nous apprend que 37% des travailleurs.ses interrogés se disent incapables de poursuivre leur activité jusqu’à la retraite. Que l’on soit hôtesse de caisse (Laurence) ou magistrat (Jean-Pierre), tous témoignent de la dégradation de leurs conditions de travail et de l’impact que ces dégradations peuvent avoir sur notre #santé comme l’explique le psychanalyste Christophe Dejours : “Il n’y a pas de neutralité du travail vis-à-vis de la #santé_mentale. Grâce au travail, votre #identité s’accroît, votre #amour_de_soi s’accroît, votre santé mentale s’accroît, votre #résistance à la maladie s’accroît. C’est extraordinaire la santé par le travail. Mais si on vous empêche de faire du travail de qualité, alors là, la chose risque de très mal tourner.”

    Pourtant, la #quête_de_sens est plus que jamais au cœur des revendications, particulièrement chez les jeunes. Aussi, plutôt que de parler de la semaine de quatre jours ou de développer une sociabilité contrainte au travail, ne serait-il pas temps d’améliorer son #organisation, d’investir dans les métiers du « soin » afin de renforcer le #lien_social ?

    Enfin, la crise environnementale n’est-elle pas l’occasion de réinventer le travail, loin du cycle infernal production/ consommation comme le pense la sociologue Dominique Méda : “Je crois beaucoup à la reconversion écologique. Il faut prendre au sérieux la contrainte écologique comme moyen à la fois de créer des emplois, comme le montrent les études, mais aussi une possibilité de changer radicalement le travail en profondeur.”

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/lsd-la-serie-documentaire/une-organisation-en-souffrance-5912905

    #travail #audio #sens #reconnaissance #podcast #déshumanisation #grande_distribution #supermarchés #Carrefour #salariat #accidents_du_travail # location-gérance #jours_de_carence #délai_de_carence #financiarisation #traçabilité #performance #néo-taylorisme #taylorisme_numérique #contrôle #don #satisfaction #modernisation #mai_68 #individualisation #personnalisation #narcissisation #collectif #entraide #épanouissement #marges_de_manoeuvre #intensification_du_travail #efficacité #rentabilité #pression #sous-traitance #intensité_du_travail #santé_au_travail #santé #épidémie #anxiété #dépression #santé_publique #absentéisme #dégradation_des_conditions_de_travail #sommeil #identité #amour_de_soi #santé_par_le_travail #tournant_gestionnaire #gouvernance_de_l'entreprise #direction_d'entreprise #direction #règles #lois #gestionnaires #ignorance #objectifs_quantitatifs #objectifs #performance #mesurage #évaluation #traçabilité #quantification #quantitatif #qualitatif #politique_du_chiffre #flux #justice #charge_de_travail

    25’40 : #Jean-Pierre_Bandiera, ancien président du tribunal correctionnel de Nîmes :

    « On finit par oublier ce qu’on a appris à l’école nationale de la magistrature, c’est-à-dire la motivation d’un jugement... On finit par procéder par affirmation, ce qui fait qu’on gagne beaucoup de temps. On a des jugements, dès lors que la culpabilité n’est pas contestée, qui font abstraction de toute une série d’éléments qui sont pourtant importants : s’attarder sur les faits ou les expliquer de façon complète. On se contente d’une qualification développée : Monsieur Dupont est poursuivi pour avoir frauduleusement soustrait 3 véhicules, 4 téléviseurs au préjudice de Madame Durant lors d’un cambriolage » mais on n’est pas du tout en mesure après de préciser que Monsieur Dupont était l’ancien petit ami de Madame Durant ou qu’il ne connaissait absolument pas Madame Durant. Fixer les conditions dans lesquelles ce délit a été commis de manière ensuite à expliquer la personnalisation de la peine qui est quand même la mission essentielle du juge ! Il faut avoir à chaque fois qu’il nous est demandé la possibilité d’adapter au mieux la peine à l’individu. C’est très important. On finit par mettre des tarifs. Quelle horreur pour un juge ! On finit par oublier la quintessence de ce métier qui est de faire la part des choses entre l’accusation, la défense, l’auteur de faits, la victime, et essayer d’adopter une sanction qui soit la plus adaptée possible. C’est la personnalisation de la peine, c’est aussi le devenir de l’auteur de cette infraction de manière à éviter la récidive, prévoir sa resocialisation. Bref, jouer à fond le rôle du juge, ce qui, de plus en plus, est ratatiné à un rôle de distributeur de sanctions qui sont plus ou moins tarifées. Et ça c’est quelque chose qui, à la fin de ma carrière, c’est quelque chose qui me posait de véritables problèmes d’éthique, parce que je ne pensais pas ce rôle du juge comme celui-là. Du coup, la qualité de la justice finit par souffrir, incontestablement. C’est une évolution constante qui est le fruit d’une volonté politique qui, elle aussi, a été constante, de ne pas consacrer à la justice de notre pays les moyens dont elle devait disposer pour pouvoir fonctionner normalement. Et cette évolution n’a jamais jamais, en dépit de tout ce qui a pu être dit ou écrit, n’ai jamais été interrompue. Nous sommes donc aujourd’hui dans une situation de détresse absolue. La France est donc ??? pénultième au niveau européen sur les moyens budgétaires consacrés à sa justice. Le Tribunal de Nîme comporte 13 procureurs, la moyenne européenne nécessiterait qu’ils soient 63, je dis bien 63 pour 13. Il y a 39 juges au Tribunal de Nîmes, pour arriver dans la moyenne européenne il en faudrait 93. Et de mémoire il y a 125 greffiers et il en faudrait 350 je crois pour être dans la moyenne. Il y avait au début de ma carrière à Nîmes 1 juge des Libertés et de la détention, il y en a aujourd’hui 2. On a multiplié les chiffres du JLD par 10. Cela pose un problème moral et un problème éthique. Un problème moral parce qu’on a le sentiment de ne pas satisfaire au rôle qui est le sien. Un problème éthique parce qu’on finit par prendre un certain nombre de recul par rapport aux valeurs que l’on a pourtant porté haut lorsqu’on a débuté cette carrière. De sorte qu’une certaine mélancolie dans un premier temps et au final un certain découragement me guettaient et m’ont parfois atteint ; mes périodes de vacances étant véritablement chaque année un moment où la décompression s’imposait sinon je n’aurais pas pu continuer dans ces conditions-là. Ce sont des heures de travail qui sont très très chargés et qui contribuent aussi à cette fatigue aujourd’hui au travail qui a entraîné aussi beaucoup de burn-out chez quelques collègues et puis même, semble-t-il, certains sont arrivés à des extrémités funestes puisqu’on a eu quelques collègues qui se sont suicidés quasiment sur place, vraisemblablement en grande partie parce que... il y avait probablement des problèmes personnels, mais aussi vraisemblablement des problèmes professionnels. Le sentiment que je vous livre aujourd’hui est un sentiment un peu partagé par la plupart de mes collègues. Après la réaction par rapport à cette situation elle peut être une réaction combative à travers des engagements syndicaux pour essayer de parvenir à faire bouger l’éléphant puisque le mammouth a déjà été utilisé par d’autres. Ces engagements syndicaux peuvent permettre cela. D’autres ont plus ou moins rapidement baissé les bras et se sont satisfaits de cette situation à défaut de pouvoir la modifier. Je ne regrette rien, je suis parti serein avec le sentiment du devoir accompli, même si je constate que en fermant la porte du tribunal derrière moi je laisse une institution judiciaire qui est bien mal en point."

    Min. 33’15, #Christophe_Dejours, psychanaliste :

    « Mais quand il fait cela, qu’il sabote la qualité de son travail, qu’il bâcle son travail de juge, tout cela, c’est un ensemble de trahisons. Premièrement, il trahi des collègues, parce que comme il réussi à faire ce qu’on lui demande en termes de quantité... on sait très bien que le chef va se servir du fait qu’il y en a un qui arrive pour dire aux autres : ’Vous devez faire la même chose. Si vous ne le faites pas, l’évaluation dont vous allez bénéficier sera mauvaise pour vous, et votre carrière... vous voulez la mutation ? Vous ne l’aurez pas !’ Vous trahissez les collègues. Vous trahissez les règles de métier, vous trahissez le justiciable, vous trahissez les avocats, vous leur couper la parole parce que vous n’avez pas le temps : ’Maître, je suis désolé, il faut qu’on avance.’ Vous maltraitez les avocats, ce qui pose des problèmes aujourd’hui assez compliqués entre avocats et magistrats. Les relations se détériorent. Vous maltraitez le justiciable. Si vous allez trop vite... l’application des peines dans les prisons... Quand vous êtes juges des enfants, il faut écouter les enfants, ça prend du temps ! Mais non, ’va vite’. Vous vous rendez compte ? C’est la maltraitance des justiciables sous l’effet d’une justice comme ça. A la fin vous trahissez la justice, et comme vous faites mal votre travail, vous trahissez l’Etat de droit. A force de trahir tous ces gens qui sont... parce que c’est des gens très mobilisés... on ne devient pas magistrat comme ça, il faut passer des concours... c’est le concours le plus difficile des concours de la fonction publique, c’est plus difficile que l’ENA l’Ecole nationale de magistrature... C’est des gens hyper engagés, hyper réglo, qui ont un sens de la justice, et vous leur faites faire quoi ? Le contraire. C’est ça la dégradation de la qualité. Donc ça conduit, à un moment donné, à la trahison de soi. Ça, ça s’appelle la souffrance éthique. C’est-à-dire, elle commence à partir du moment où j’accepte d’apporter mon concours à des actes ou à des pratiques que le sens moral réprouve. Aujourd’hui c’est le cas dans la justice, c’est le cas dans les hôpitaux, c’est le cas dans les universités, c’est le cas dans les centres de recherche. Partout dans le secteur public, où la question éthique est décisive sur la qualité du service public, vous avez des gens qui trahissent tout ça, et qui entrent dans le domaine de la souffrance éthique. Des gens souffrent dans leur travail, sauf que cette souffrance, au lieu d’être transformée en plaisir, elle s’aggrave. Les gens vont de plus en plus mal parce que le travail leur renvoie d’eux-mêmes une image lamentable. Le résultat c’est que cette trahison de soi quelques fois ça se transforme en haine de soi. Et c’est comme ça qu’à un moment donné les gens se suicident. C’est comme ça que vous avez des médecins des hôpitaux, professeurs de médecine de Paris qui sautent par la fenêtre. Il y a eu le procès Mégnien, au mois de juin. Il a sauté du 5ème étage de Georges-Pompidou. Il est mort. Comment on en arrive là ? C’est parce que les gens ont eu la possibilité de réussir un travail, de faire une oeuvre, et tout à coup on leur casse le truc. Et là vous cassez une vie. C’est pour cela que les gens se disent : ’Ce n’est pas possible, c’est tout ce que j’ai mis de moi-même, tous ces gens avec qui j’ai bossé, maintenant il faut que ça soit moi qui donne le noms des gens qu’on va virer. Je ne peux pas faire ça, ce n’est pas possible.’ Vous les obligez à faire l’inverse de ce qu’ils croient juste, de ce qu’ils croient bien. Cette organisation du travail, elle cultive ce qu’il y a de plus mauvais dans l’être humain. »

    #suicide #trahison #souffrance_éthique

    • Quels facteurs influencent la capacité des salariés à faire le même travail #jusqu’à_la_retraite ?

      En France, en 2019, 37 % des salariés ne se sentent pas capables de tenir dans leur travail jusqu’à la retraite. L’exposition à des #risques_professionnels – physiques ou psychosociaux –, tout comme un état de santé altéré, vont de pair avec un sentiment accru d’#insoutenabillité du travail.

      Les métiers les moins qualifiés, au contact du public ou dans le secteur du soin et de l’action sociale, sont considérés par les salariés comme les moins soutenables. Les salariés jugeant leur travail insoutenable ont des carrières plus hachées que les autres et partent à la retraite plus tôt, avec des interruptions, notamment pour des raisons de santé, qui s’amplifient en fin de carrière.

      Une organisation du travail qui favorise l’#autonomie, la participation des salariés et limite l’#intensité_du_travail tend à rendre celui-ci plus soutenable. Les mobilités, notamment vers le statut d’indépendant, sont également des moyens d’échapper à l’insoutenabilité du travail, mais ces trajectoires sont peu fréquentes, surtout aux âges avancés.

      https://dares.travail-emploi.gouv.fr/publication/quels-facteurs-influencent-la-capacite-des-salaries-faire-
      #statistiques #chiffres

  • Quei bambini chiusi in trappola a Gaza. Il racconto di #Ruba_Salih
    (une interview de Ruba Salih, prof à l’Université de Bologne, 5 jours après le #7_octobre_2023)

    «Mai come in queste ore a Gaza il senso di appartenere a una comune “umanita” si sta mostrando più vuoto di senso. La responsabilità di questo è del governo israeliano», dice Ruba Salih antropologa dell’università di Bologna che abbiamo intervistato mentre cresce la preoccupazione per la spirale di violenza che colpisce la popolazione civile palestinese e israeliana.

    Quali sono state le sue prime reazioni, sentimenti, pensieri di fronte all’attacco di Hamas e poi all’annuncio dell’assedio di Gaza messo in atto dal governo israeliano?

    Il 7 ottobre la prima reazione è stata di incredulità alla vista della recinzione metallica di Gaza sfondata, e alla vista dei palestinesi che volavano con i parapendii presagendo una sorta di fine dell’assedio. Ho avuto la sensazione di assistere a qualcosa che non aveva precedenti nella storia recente. Come era possibile che l’esercito più potente del mondo potesse essere sfidato e colto così alla sprovvista? In seguito, ho cominciato a chiamare amici e parenti, in Cisgiordania, Gaza, Stati Uniti, Giordania. Fino ad allora si aveva solo la notizia della cattura di un numero imprecisato di soldati israeliani. Ho pensato che fosse una tattica per fare uno scambio di prigionieri. Ci sono più di 5000 prigionieri palestinesi nelle carceri israeliane e 1200 in detenzione amministrativa, senza processo o accusa. Poi sono cominciate da domenica ad arrivare le notizie di uccisioni e morti di civili israeliani, a cui è seguito l’annuncio di ‘guerra totale’ del governo di Netanyahu. Da allora il sentimento è cambiato. Ora grande tristezza per la quantità di vittime, dell’una e dell’altra parte, e preoccupazione e angoscia senza precedenti per le sorti della popolazione civile di Gaza, che in queste ore sta vivendo le ore piu’ drammatiche che si possano ricordare.

    E quando ha visto quello che succedeva, con tantissime vittime israeliane, violenze terribili, immagini di distruzione, minacce di radere al suolo Gaza?

    Colleghi e amici israeliani hanno cominciato a postare immagini di amici e amiche uccisi – anche attivisti contro l’occupazione- e ho cominciato dolorosamente a mandare condoglianze. Contemporaneamente giungevano terribili parole del ministro della Difesa israeliano Gallant che definiva i palestinesi “animali umani”, dichiarando di voler annientare la striscia di Gaza e ridurla a “deserto”. Ho cominciato a chiamare amici di Gaza per sapere delle loro famiglie nella speranza che fossero ancora tutti vivi. Piano piano ho cominciato a cercare di mettere insieme i pezzi e dare una cornice di senso a quello che stava succedendo.

    Cosa può dirci di Gaza che già prima dell’attacco di Hamas era una prigione a cielo aperto?

    Si, Gaza è una prigione. A Gaza la maggior parte della popolazione è molto giovane, e in pochi hanno visto il mondo oltre il muro di recinzione. Due terzi della popolazione è composto da famiglie di rifugiati del 1948. Il loro vissuto è per lo più quello di una lunga storia di violenza coloniale e di un durissimo assedio negli ultimi 15 anni. Possiamo cercare di immaginare cosa significa vivere questo trauma che si protrae da generazioni. Gli abitanti di Gaza nati prima del 1948 vivevano in 247 villaggi nel sud della Palestina, il 50% del paese. Sono stati costretti a riparare in campi profughi a seguito della distruzione o occupazione dei loro villaggi. Ora vivono in un’area che rappresenta l’1.3% della Palestina storica con una densità di 7000 persone per chilometro quadrato e le loro terre originarie si trovano a pochi metri di là dal muro di assedio, abitate da israeliani.

    E oggi?

    Chi vive a Gaza si descrive come in una morte lenta, in una privazione del presente e della capacità di immaginare il futuro. Il 90% dell’acqua non è potabile, il 60% della popolazione è senza lavoro, l’80% riceve aiuti umanitari per sopravvivere e il 40% vive al di sotto della soglia di povertà: tutto questo a causa dell’ occupazione e dell’assedio degli ultimi 15 anni. Non c’è quasi famiglia che non abbia avuto vittime, i bombardamenti hanno raso al suolo interi quartieri della striscia almeno quattro volte nel giro di una decina di anni. Non credo ci sia una situazione analoga in nessun altro posto del mondo. Una situazione che sarebbe risolta se Israele rispettasse il diritto internazionale, né più né meno.

    Prima di questa escalation di violenza c’era voglia di reagire, di vivere, di creare, di fare musica...

    Certo, anche in condizioni di privazione della liberta’ c’e’ una straordinaria capacità di sopravvivenza, creatività, amore per la propria gente. Tra l’altro ricordo di avere letto nei diari di Marek Edelman sul Ghetto di Varsavia che durante l’assedio del Ghetto ci si innamorava intensamente come antidoto alla disperazione. A questo proposito, consilgio a tutti di leggere The Ghetto Fights di Edelman. Aiuta molto a capire cosa è Gaza in questo momento, senza trascurare gli ovvi distinguo storici.

    Puoi spiegarci meglio?

    Come sapete il ghetto era chiuso al mondo esterno, il cibo entrava in quantità ridottissime e la morte per fame era la fine di molti. Oggi lo scenario di Gaza, mentre parliamo, è che non c’è elettricità, il cibo sta per finire, centinaia di malati e neonati attaccati alle macchine mediche hanno forse qualche ora di sopravvivenza. Il governo israeliano sta bombardando interi palazzi, le vittime sono per più della metà bambini. In queste ultime ore la popolazione si trova a dovere decidere se morire sotto le bombe in casa o sotto le bombe in strada, dato che il governo israeliano ha intimato a un milione e centomila abitanti di andarsene. Andare dove? E come nel ghetto la popolazione di Gaza è definita criminale e terrorista.

    Anche Franz Fanon, lei suggerisce, aiuta a capire cosa è Gaza.

    Certamente, come ho scritto recentemente, Fanon ci viene in aiuto con la forza della sua analisi della ferita della violenza coloniale come menomazione psichica oltre che fisica, e come privazione della dimensione di interezza del soggetto umano libero, che si manifesta come un trauma, anche intergenerazionale. La violenza prolungata penetra nelle menti e nei corpi, crea una sospensione delle cornici di senso e delle sensibilità che sono prerogativa di chi vive in contesti di pace e benessere. Immaginiamoci ora un luogo, come Gaza, dove come un rapporto di Save the Children ha riportato, come conseguenza di 15 anni di assedio e blocco, 4 bambini su 5 riportano un vissuto di depressione, paura e lutto. Il rapporto ci dice che vi è stato un aumento vertiginoso di bambini che pensano al suicidio (il 50%) o che praticano forme di autolesionismo. Tuttavia, tutto questo e’ ieri. Domani non so come ci sveglieremo, noi che abbiamo il privilegio di poterci risvegliare, da questo incubo. Cosa resterà della popolazione civile di Gaza, donne, uomini bambini.

    Come legge il sostegno incondizionato al governo israeliano di cui sono pieni i giornali occidentali e dell’invio di armi ( in primis dagli Usa), in un’ottica di vittoria sconfitta che abbiamo già visto all’opera per la guerra Russia-Ucraina?

    A Gaza si sta consumando un crimine contro l’umanità di dimensioni e proporzioni enormi mentre i media continuano a gettare benzina sul fuoco pubblicando notizie in prima pagina di decapitazioni e stupri, peraltro non confermate neanche dallo stesso esercito israeliano. Tuttavia, non utilizzerei definizioni statiche e omogeneizzanti come quelle di ‘Occidente’ che in realtà appiattiscono i movimenti e le società civili sulle politiche dei governi, che in questo periodo sono per lo più a destra, nazionalisti xenofobi e populisti. Non è sempre stato così.

    Va distinto il livello istituzionale, dei governi e dei partiti o dei media mainstream, da quello delle società civili e dei movimenti sociali?

    Ci sono una miriade di manifestazioni di solidarietà ovunque nel mondo, che a fianco del lutto per le vittime civili sia israeliane che palestinesi, non smettono di invocare la fine della occupazione, come unica via per ristabilire qualcosa che si possa chiamare diritto (e diritti umani) in Palestina e Israele. Gli stessi media mainstream sono in diversi contesti molto più indipendenti che non in Italia. Per esempio, Bcc non ha accettato di piegarsi alle pressioni del governo rivendicando la sua indipendenza rifiutandosi di usare la parola ‘terrorismo’, considerata di parte, preferendo riferirsi a quei palestinesi che hanno sferrato gli attacchi come ‘combattenti’. Se sono stati commessi crimini contro l’umanità parti lo stabiliranno poi le inchieste dei tribunali penali internazionali. In Italia, la complicità dei media è invece particolarmente grave e allarmante. Alcune delle (rare) voci critiche verso la politica del governo israeliano che per esempio esistono perfino sulla stampa liberal israeliana, come Haaretz, sarebbero in Italia accusate di anti-semitismo o incitamento al terrorismo! Ci tengo a sottolineare tuttavia che il fatto che ci sia un certo grado di libertà di pensiero e di stampa in Israele non significa che Israele sia una ‘democrazia’ o perlomeno non lo è certo nei confronti della popolazione palestinese. Che Israele pratichi un regime di apartheid nei confronti dei palestinesi è ormai riconosciuto da organizzazioni come Amnesty International e Human Rights Watch, nonché sottolineato a più riprese dalla Relatrice speciale delle Nazioni Unite sui territori palestinesi occupati, Francesca Albanese.

    Dunque non è una novità degli ultimi giorni che venga interamente sposata la retorica israeliana?

    Ma non è una novità degli ultimi giorni che venga interamente sposata la narrativa israeliana. Sono anni che i palestinesi sono disumanizzati, resi invisibili e travisati. Il paradosso è che mentre Israele sta violando il diritto e le convenzioni internazionali e agisce in totale impunità da decenni, tutte le forme di resistenza: non violente, civili, dimostrative, simboliche, legali dei palestinesi fino a questo momento sono state inascoltate, anzi la situazione sul terreno è sempre più invivibile. Persino organizzazioni che mappano la violazione dei diritti umani sono demonizzate e catalogate come ‘terroristiche’. Anche le indagini e le commissioni per valutare le violazioni delle regole di ingaggio dell’esercito sono condotte internamente col risultato che divengono solo esercizi procedurali vuoti di sostanza (come per l’assassinio della reporter Shereen AbuHakleh, rimasto impunito come quello degli altri 55 giornalisti uccisi dall’esercito israeliano). Ci dobbiamo seriamente domandare: che cosa rimane del senso vero delle parole e del diritto internazionale?

    Il discorso pubblico è intriso di militarismo, di richiami alla guerra, all’arruolamento…

    Personalmente non metterei sullo stesso piano la resistenza di un popolo colonizzato con il militarismo come progetto nazionalistico di espansione e profitto. Possiamo avere diversi orientamenti e non condividere le stesse strategie o tattiche ma la lotta anticoloniale non è la stessa cosa del militarismo legato a fini di affermazione di supremazia e dominio di altri popoli. Quella dei palestinesi è una lotta che si inscrive nella scia delle lotte di liberazione coloniali, non di espansione militare. La lotta palestinese si collega oggi alle lotte di giustizia razziale e di riconoscimento dei nativi americani e degli afro-americani contro società che oggi si definiscono liberali ma che sono nate da genocidi, schiavitù e oppressione razziale. Le faccio un esempio significativo: la prima bambina Lakota nata a Standing Rock durante le lunghe proteste contro la costruzione degli olelodotti in North Dakota, che stanno espropriando e distruggendo i terre dei nativi e inquinando le acque del Missouri, era avvolta nella Kuffyah palestinese. Peraltro, il nazionalismo non è più il solo quadro di riferimento. In Palestina si lotta per la propria casa, per la propria terra, per la liberazione dalla sopraffazione dell’occupazione, dalla prigionia, per l’autodeterminazione che per molti è immaginata o orientata verso la forma di uno stato laico binazionale, almeno fino agli eventi recenti. Domani non so come emergeremo da tutto questo.

    Emerge di nuovo questa cultura patriarcale della guerra, a cui come femministe ci siamo sempre opposte…

    Con i distinguo che ho appena fatto e che ribadisco – ossia che non si può mettere sullo stesso piano occupanti e occupati, colonialismo e anticolonialismo -mi sento comunque di dire che una mobilitazione trasversale che aneli alla fine della occupazione deve essere possibile. Nel passato, il movimento femminista internazionalista tentava di costruire ponti tra donne palestinesi e israeliane mobilitando il lutto di madri, sorelle e figlie delle vittime della violenza. Si pensava che questo fosse un legame primario che univa nella sofferenza, attraversando le differenze. Ci si appellava alla capacità delle donne di politicizzare la vulnerabilità, convinte che nella morte e nel lutto si fosse tutte uguali. La realtà è che la disumanizzazione dei palestinesi, rafforzata dalla continua e sempre più violenta repressione israeliana, rende impossibile il superamento delle divisioni in nome di una comune umanità. Mentre i morti israeliani vengono pubblicamente compianti e sono degni di lutto per il mondo intero, i palestinesi – definiti ‘terroristi’ (anche quando hanno praticato forme non-violente di resistenza), scudi-umani, animali (e non da oggi), sono già morti -privati della qualità di umani- prima ancora di morire, e inscritti in una diversa classe di vulnerabilità, di non essenza, di disumanità.

    Antropologa dell’università di Bologna Ruba Salih si interessa di antropologia politica con particolare attenzione a migrazioni e diaspore postcoloniali, rifugiati, violenza e trauma coloniale, genere corpo e memoria. Più recentemente si è occupata di decolonizzazione del sapere e Antropocene e di politiche di intersezionalità nei movimenti di protesta anti e de-coloniali. Ha ricoperto vari ruoli istituzionali tra cui membro eletto del Board of Trustees del Arab Council for the Social Sciences, dal 2015 al 2019. È stata visiting professor presso varie istituzioni tra cui Brown University, University of Cambridge e Università di Venezia, Ca’ Foscari.

    https://left.it/2023/10/12/quei-bambini-chiusi-in-trappola-a-gaza-il-racconto-di-ruba-salih

    #Gaza #Israël #Hamas #violence #prison #Palestine #violence_coloniale #siège #trauma #traumatisme #camps_de_réfugiés #réfugiés #réfugiés_palestiniens #pauvreté #bombardements #violence #dépression #peur #santé_mentale #suicide #crime_contre_l'humanité #apartheid #déshumanisation #résistance #droit_international #lutte #nationalisme #féminisme #à_lire #7_octobre_2023

    • Gaza between colonial trauma and genocide

      In the hours following the attack of Palestinian fighters in the south of Israel Western observers, bewildered, speculated about why Hamas and the young Palestinians of Gaza, born and bred under siege and bombs, have launched an attack of this magnitude, and right now. Others expressed their surprise at the surprise.

      The Israeli government responded by declaring “total war”, promising the pulverization of Gaza and demanding the inhabitants to leave the strip, knowing that there is no escape. Mobilising even the Holocaust and comparing the fighters to the Nazis, the Israeli government engaged in an operation that they claim is aimed at the destruction of Hamas.

      In fact, as I am writing, Gaza is being razed to the ground with an unbearable number of Palestinian deaths which gets larger by the hour, with people fleeing under Israeli bombs, water, electricity and fuel being cut, hospitals – receiving one patient a minute – on the brink of catastrophe, and humanitarian convoys prevented from entering the strip.

      An ethnic cleansing of Palestinians in Gaza is taking place with many legal observers claiming this level of violence amounts to a genocide.

      But what has happened – shocking and terrible in terms of the number of victims – including children and the elderly – creates not only a new political scenario, but above all it also imposes a new frame of meaning.

      Especially since the Oslo accords onwards, the emotional and interpretative filter applying to the “conflict” has been the asymmetrical valuing of one life over the other which in turn rested on an expectation of acquiescence and acceptance of the Palestinians’ subalternity as a colonised people. This framing has been shattered.

      The day of the attack, millions of Palestinians inside and outside the occupied territories found themselves in a trance-like state – with an undeniable initial euphoria from seeing the prison wall of Gaza being dismantled for the first time. They were wondering whether what they had before their eyes was delirium or reality. How was it possible that the Palestinians from Gaza, confined in a few suffocating square kilometres, repeatedly reduced to rubble, managed to evade the most powerful and technologically sophisticated army in the world, using only rudimentary equipment – bicycles with wings and hang-gliders? They could scarcely believe they were witnessing a reversal of the experience of violence, accustomed as they are to Palestinian casualties piling up relentlessly under Israeli bombardments, machine gun fire and control apparatus.

      Indeed, that Israel “declared war” after the attack illustrates this: to declare war assumes that before there was “peace”. To be sure, the inhabitants of Sderot and southern Israel would like to continue to live in peace. For the inhabitants of Gaza, on the other hand, peace is an abstract concept, something they have never experienced. For the inhabitants of the strip, as well as under international law, Gaza is an occupied territory whose population – two million and three hundred thousand people, of which two thirds are refugees from 1948 – lives (or to use their own words: “die slowly”) inside a prison. Control over the entry and exit of people, food, medicine, materials, electricity and telecommunications, sea, land and air borders, is in Israeli hands. International law, correctly invoked to defend the Ukrainian people and to sanction the Russian occupier, is a wastepaper for Israel, which enjoys an impunity granted to no other state that operates in such violation of UN resolutions, even disregarding agreements they themselves signed, never mind international norms and conventions.

      This scaffolding has crucially rested on the certainty that Palestinians cannot and should not react to their condition, not only and not so much because of their obvious military inferiority, but in the warped belief that Palestinian subjectivity must and can accept remaining colonised and occupied, to all intents and purposes, indefinitely. The asymmetry of strength on the ground led to an unspoken – but devastatingly consequential – presumption that Palestinians would accept to be confined to a space of inferiority in the hierarchy of human life.

      In this sense, what is happening these days cannot be understood and analysed with the tools of those who live in “peace”, but must be understood (insofar as this is even possible for those who do not live in Gaza or the occupied Palestinian territories) from a space defined by the effects of colonial violence and trauma. It is to Franz Fanon that we owe much of what we know about colonial violence – especially that it acts as both a physical and psychic injury. A psychiatrist from Martinique who joined the liberation struggle for independence in Algeria under French colonial rule, he wrote at length about how the immensity and duration of the destruction inflicted upon colonised subjects results in a wide and deep process of de-humanisation which, at such a profound level, also compromises the ability of the colonised to feel whole and to fully be themselves, humans among humans. In this state of physical and psychic injury, resistance is the colonised subject’s only possibility of repair. This has been the case historically in all contexts of liberation from colonial rule, a lineage to which the Palestinian struggle belongs.

      It is in this light that the long-lasting Palestinian resistance of the last 75 years should be seen, and this is also the key to understanding the unprecedented events of the last few days. These are the result, as many observers – including Israeli ones – have noted, of the failure of the many forms of peaceful resistance that the Palestinians have managed to pursue, despite the occupation, and which they continue to put into play: the hunger strikes of prisoners under “administrative detention”; the civil resistance of villagers such as Bil’in or Sheikh Jarrah who are squeezed between the separation wall, the expropriation of land and homes, and suffocated by the increasingly aggressive and unstoppable expansion of settlements; the efforts to protect the natural environment and indigenous Palestinian culture, including the centuries-old olive trees so often burnt and vandalised by settlers; the Palestinian civil society organisations that map and report human rights violations – which make them, for Israel, terrorist organisations; the struggle for cultural and political memory; the endurance of refugees in refugee camps awaiting implementation of their human rights supported by UN resolutions, as well as reparation and recognition of their long term suffering; and, further back in time, the stones hurled in resistance during the first Intifada, when young people with slingshots threw those same stones with which Israeli soldiers broke their bones and lives, back to them.

      Recall that, in Gaza, those who are not yet twenty years old, who make up about half the population, have already survived at least four bombing campaigns, in 2008-9, in 2012, in 2014, and again in 2022. These alone caused more than 4000 deaths.

      And it is again in Gaza that the Israeli tactic has been perfected of firing on protesters during peaceful protests, such as those in 2018, to maim the bodies – a cynical necropolitical calculation of random distribution between maimed and dead. It is not surprising, then, that in post-colonial literature – from Kateb Yacine to Yamina Mechakra, just to give two examples – the traumas of colonial violence are narrated as presence and absence, in protagonists’ dreams and nightmares, of amputated bodies. This is a metaphor for a simultaneously psychic and physical maiming of the colonised identity, that continues over time, from generation to generation.

      Despite their predicament as colonised for decades and their protracted collective trauma, Palestinians inside and outside of Palestine have however shown an incredible capacity for love, grief and solidarity over time and space, of which we have infinite examples in day-to-day practices of care and connectedness, in the literature, in the arts and culture, and through their international presence in other oppressed peoples’ struggles, such as Black Lives Matter and Native American Dakota protestors camps, or again in places such as the Moria camp in Greece.

      The brutality of a 16 years long siege in Gaza, and the decades of occupation, imprisonment, humiliation, everyday violence, death, grief – which as we write happen at an unprecedented genocidal intensity, but are in no way a new occurrence – have not however robbed people of Gaza, as individuals, of their ability to share in the grief and fear of others.

      “Striving to stay human” is what Palestinians have been doing and continue to do even as they are forced to make inhumane choices such as deciding who to rescue from under the rubbles based on who has more possibility to survive, as recounted by journalist Ahmed Dremly from Gaza during his brief and precious dispatches from the strip under the heavy shelling. This colonial violence will continue to produce traumatic effects in the generations of survivors. Yet, it has to be made clear that as the occupied people, Palestinians cannot be expected to bear the pain of the occupier. Equal standing and rights in life are the necessary preconditions for collective shared grief of death.

      Mahmoud Darwish wrote, in one of his essays on the “madness” of being Palestinian, written after the massacre of Sabra and Shatila in 1982, that the Palestinian “…is encumbered by the relentless march of death and is busy defending what remains of his flesh and his dream…his back is against the wall, but his eyes remain fixed on his country. He can no longer scream. He can no longer understand the reason behind Arab silence and Western apathy. He can do only one thing, to become even more Palestinian… because he has no other choice”.

      The only antidote to the spiral of violence is an end to the occupation and siege, and for Israel to fully comply with international law and to the UN resolutions, as a first and non-negotiable step. From there we can begin to imagine a future of peace and humanity for both Palestinians and Israelis.

      https://untoldmag.org/gaza-between-colonial-trauma-and-genocide
      #colonialisme #traumatisme_colonial #génocide

    • Can the Palestinian speak ?

      It is sadly nothing new to argue that oppressed and colonised people have been and are subject to epistemic violence – othering, silencing, and selective visibility – in which they are muted or made to appear or speak only within certain perceptual views or registers – terrorists, protestors, murderers, humanitarian subjects – but absented from their most human qualities. Fabricated disappearance and dehumanisation of Palestinians have supported and continue to sustain their physical elimination and their erasure as a people.

      But the weeks after October 7th have set a new bar in terms of the inverted and perverse ways that Palestinians and Israel can be represented, discussed, and interpreted. I am referring here to a new epistemology of time that is tight to a moral standpoint that the world is asked to uphold. In that, the acts of contextualising and providing historical depth are framed as morally reprehensible or straight out antisemitic. The idea that the 7th of October marks the beginning of unprecedented violence universalises the experience of one side, the Israeli, while obliterating the past decades of Palestinians’ predicament. More than ever, Palestinians are visible, legible, and audible only through the frames of Israeli subjectivity and sensibility. They exist either to protect Israel or to destroy Israel. Outside these two assigned agencies, they are not, and cannot speak. They are an excess of agency like Spivak’s subaltern,[1] or a ‘superfluous’ people as Mahmoud Darwish[2] put it in the aftermath of the Sabra and Chatila massacre. What is more is the persistent denying by Israel and its Western allies, despite the abundant historical evidence, that Palestinian indigenous presence in Palestine has always been at best absented from their gaze – ‘a problem’ to manage and contain – at worse the object of systemic and persistent ethnic cleansing and erasure aiming at fulfilling the narcissistic image of “a land without a people for a people without a land.” Yet, the erasure of Palestinians, also today in Gaza, is effected and claimed while simultaneously being denied.

      A quick check of the word “Palestine” on google scholar returns one million and three hundred thousand studies, nearly half of them written from the mid 1990s onwards. Even granting that much of this scholarship would be situated in and reproducing orientalist and colonial knowledges, one can hardly claim scarcity of scholarly production on the dynamics of subalternity and oppression in Palestine. Anthropology, literary theory, and history have detected and detailed the epistemological and ontological facets of colonial and post-colonial erasure. One might thus ask: how does the persistent denial of erasure in the case of Palestinians work? We might resort to psychoanalysis or to a particular form of narcissistic behaviour known as DAVRO – Deny, Attack, and Reverse Victim and Offender[3] – to understand the current pervading and cunning epistemic violence that Israel and its allies enact. Denying the radical obstructing and effacing of Palestinian life (while effecting it through settler-colonialism, settler and state violence, siege, apartheid, and genocidal violence in Gaza) is the first stage in Israel’s and western allies’ discursive manipulation. Attacking historicisation and contextualisation as invalid, antisemitic, propaganda, hate speech, immoral, outrageous, and even contrary to liberal values is the second stage. Lastly is the Reversing Victim and Offender by presenting the war on Gaza as one where Israel is a historical victim reacting to the offender, in response to demands that Israel, as the colonial and occupying power, takes responsibility for the current cycle of violence.

      This partly explains why the violent attack that Hamas conducted in the south of Israel last October, in which 1200 people were killed, is consistently presented as the start date of an ‘unprecedented’ violence, with more than 5000 Palestinians killed in carpet bombings of Gaza until 2022 doubly erased, physically and epistemically. With this, October 7th becomes the departure point of an Israeli epistemology of time assumed as universal, but it also marks an escalation in efforts to criminalise contextualisation and banish historicisation.

      Since October 7th, a plurality of voices – ranging from Israeli political figures and intellectuals, to mainstream and left-leaning journalists – has condemned efforts to inscribe Gaza into a long term history of colonialism as scurrilous justification for the killing of Israeli civilians. Attempts to analyse or understand facts through a historical and political frame, by most notably drawing attention to Gazans’ lived experience over the past 16 years (as a consequence of its long term siege and occupation) or merely to argue that there is a context in which events are taking place, such as General UN director Guterres did when he stated that October 7th “did not happen in a vacuum,” are represented as inciting terrorism or morally repugnant hate speech. In the few media reports accounting for the dire and deprived conditions of Palestinians’ existence in Gaza, the reasons causing the former are hardly mentioned. For instance, we hear in reports that Palestinians in Gaza are mostly refugees, that they are unemployed, and that 80% of them are relying on aid, with trucks of humanitarian aid deemed insufficient in the last few weeks in comparison to the numbers let in before the 7th of October. Astoundingly, the 56 years old Israeli occupation and 17 years old siege of Gaza, as root causes of the destruction of the economy, unemployment, and reliance on aid are not mentioned so that the public is left to imagine that these calamities are the result of Palestinians’ own doing.

      In other domains, we see a similar endeavour in preventing Palestine from being inscribed in its colonial context. Take for instance the many critical theorists who have tried to foreclose Franz Fanon’s analysis of colonial violence to Palestinians. Naming the context of colonial violence and Palestinians’ intergenerational and ongoing traumas is interpreted as morally corrupt, tantamount to not caring for Israeli trauma and a justification for the loss of Israeli lives. The variation of the argument that does refer to historical context either pushes Fanon’s arguments to the margins or argues that the existence of a Palestinian authority invalidates Fanon’s applicability to Palestine, denying therefore the effects of the violence that Palestinians as colonised subjects have endured and continue to endure because of Israeli occupation, apartheid, and siege.

      But perhaps one of the most disconcerting forms of gaslighting is the demand that Palestinians should – and could – suspend their condition of subordination, their psychic and physical injury, to centre the perpetrators’ feelings and grief as their own. In fact, the issue of grief has come to global attention almost exclusively as an ethical and moral question in reaction to the loss of Israeli lives. Palestinians who accept to go on TV are constantly asked whether they condemn the October 7th attack, before they can even dare talk about their own long history of loss and dispossession, and literally while their families are being annihilated by devastating shelling and bombing and still lying under the rubbles. One such case is that of PLO ambassador to the UK Hussam Zomlot, who lost members of his own family in the current attack, but was asked by Kirsty Wark to “condemn Hamas” on screen. To put it another way: would it even be conceivable to imagine a journalist asking Israeli hostages in captivity if they condemn the Israeli bombardments and the war on Gaza as a precondition to speak and be heard?

      “Condemning” becomes the condition of Palestinian intelligibility and audibility as humans, a proof that they share the universal idea that all human life is sacred, at the very moment when the sacrality of human life is violently precluded to them and when they are experiencing with brutal clarity that their existence as a people matters to no one who has the power to stop the carnage. This imperative mistakes in bad faith the principle that lives should have equal worth with a reality that for Palestinians is plainly experienced as the opposite of this postulate. Israel, on the other hand, is given “the extenuating circumstances” for looking after Israelis’ own trauma by conducting one of the most indiscriminate and ferocious attacks on civilians in decades, superior in its intensity and death rate to the devastation we saw in Afghanistan, Iraq, and Syria, according to the New York Times. Nearly 20.000 killed – mostly children, women, and elderly – razed, shelled, bulldozed while in their homes or shelters, in an onslaught that does not spare doctors, patients, journalists, academics, and even Israeli hostages, and that aims at making Gaza an unlivable habitat for the survivors.

      Let us go back to the frequently invoked question of “morality.” In commentaries and op-eds over the last few weeks we are told that any mention of context for the attacks of October 7th is imperiling the very ability to be compassionate or be moral. Ranging from the Israeli government that argues that a killing machine in Gaza is justified on moral grounds – and that contextualisation and historicisation are a distraction or deviation from this moral imperative – to those who suggest Israel should moderate its violence against Palestinians – such as New York times columnist Nicholas Kristof who wrote that “Hamas dehumanized Israelis, and we must not dehumanize innocent people in Gaza” – all assign a pre-political or a-political higher moral ground to Israel. Moreover, October 7th is said to – and is felt as – having awakened the long historical suffering of the Jews and the trauma of the Holocaust. But what is the invocation of the Holocaust – and the historical experience of European antisemitism – if not a clear effort at historical and moral contextualisation? In fact, the only history and context deemed evocable and valid is the Israeli one, against the history and context of Palestinians’ lives. In this operation, Israeli subjectivity and sensibility is located above history and is assigned a monopoly of morality with October 7th becoming an a-historical and a meta-historical fact at one and the same time. In this canvas Palestinians are afforded permission to exist subject to inhabiting one of the two agencies assigned to them: guardian of Israeli life or colonised subject. This is what Israeli president Herzog means when he declares that there are no innocents in Gaza: “It’s an entire nation out there that is responsible. This rhetoric about civilians not aware, not involved, it’s absolutely not true. They could’ve risen up, they could have fought against that evil regime”. The nearly twenty thousand Palestinian deaths are thus not Israel’s responsibility. Palestinians are liable for their own disappearance for not “fighting Hamas” to protect Israelis. The Israeli victims, including hundreds of soldiers, are, on the other hand, all inherently civilians, and afforded innocent qualities. This is the context in which Heritage Minister Amichai Eliyahu, of Itamar Ben Gvir’s far-right party in power, can suggest nuking Gaza or wiping out all residents: “They can go to Ireland or deserts, the monsters in Gaza should find a solution by themselves”. Let us not here be mistaken by conceding this might just be a fantasy, a desire of elimination: the Guardian and the +972/Local call magazines have provided chilling evidence that Palestinian civilians in Gaza are not “collateral” damage but what is at work is a mass assassination factory, thanks to a sophisticated AI system generating hundreds of unverified targets aiming at eliminating as many civilians as possible.

      Whether Palestinians are worthy of merely living or dying depends thus on their active acceptance or refusal to remain colonised. Any attempts to exit this predicament – whether through violent attacks like on October 7th or by staging peaceful civil tactics such as disobedience, boycott and divesting from Israel, recurrence to international law, peaceful marches, hunger strikes, popular or cultural resistance – are all the same, and in a gaslighting mode disallowed as evidence of Palestinians’ inherent violent nature which proves they need taming or elimination.

      One might be compelled to believe that dehumanisation and the logic of elimination of Palestinians are a reaction to the pain, sorrow, and shock generated by the traumatic and emotional aftermath of October 7th. But history does not agree with this, as the assigning of Palestinians to a non-human or even non-life sphere is deeply rooted in Israeli public discourse. The standpoint of a people seeking freedom from occupation and siege has consistently been reversed and catalogued as one of “terror and threat” to Israeli state and society when it is a threat to their colonial expansive or confinement plans, whether the latter are conceived as divinely mandated or backed by a secular settler-colonial imaginary. In so far as “terrorists” are birthed by snakes and wild beasts as Israeli lawmaker Ayelet Shaker states, they must be exterminated. Her words bear citation as they anticipate Gaza’s current devastation with lucid clarity: “Behind every terrorist stand dozens of men and women, without whom he could not engage in terrorism. They are all enemy combatants, and their blood shall be on all their heads”. Urging the killing of all Palestinians women, men, and children and the destruction of their homes, she continued: “They should go, as should the physical homes in which they raised the snakes. Otherwise, more little snakes will be raised there. They have to die and their houses should be demolished so that they cannot bear any more terrorists.” This is not an isolated voice. Back in 2016 Prime Minister Netanyahu argued that fences and walls should be built all around Israel to defend it from “wild beasts” and against this background retired Israeli general and former head of Intelligence Giora Eiland, in an opinion article in Yedioth Aharonoth on November 19, argues that all Palestinians in Gaza die of fast spreading disease and all infrastructure be destroyed, while still positing Israel’s higher moral ground: “We say that Sinwar (Hamas leader in Gaza, ndr) is so evil that he does not care if all the residents of Gaza die. Such a presentation is not accurate, since who are the “poor” women of Gaza? They are all the mothers, sisters, or wives of Hamas murderers,” adding, “And no, this is not about cruelty for cruelty’s sake, since we don’t support the suffering of the other side as an end but as a means.”

      But let us not be mistaken, such ascription of Palestinians to a place outside of history, and of humanity, goes way back and has been intrinsic to the establishment of Israel. From the outset of the settler colonial project in 1948, Palestinians as the indigenous people of the land have been dehumanised to enable the project of erasing them, in a manner akin to other settler colonial projects which aimed at turning the settlers into the new indigenous. The elimination of Palestinians has rested on more than just physical displacement, destruction, and a deep and wide ecological alteration of the landscape of Palestine to suit the newly fashioned Israeli identity. Key Israeli figures drew a direct equivalence between Palestinian life on the one hand and non-life on the other. For instance, Joseph Weitz, a Polish Jew who settled in Palestine in 1908 and sat in the first and second Transfer Committees (1937–1948) which were created to deal with “the Arab problem” (as the indigenous Palestinians were defined) speaks in his diaries of Palestinians as a primitive unity of human and non-human life.[4] Palestinians and their habitat were, in his words, “bustling with man and beast,” until their destruction and razing to the ground in 1948 made them “fossilized life,” to use Weitz’ own words. Once fossilised, the landscape could thus be visualised as an empty and barren landscape (the infamous desert), enlivened and redeemed by the arrival of the Jewish settlers.

      Locating events within the context and long durée of the incommensurable injustices inflicted upon the Palestinians since 1948 – which have acquired a new unimaginable magnitude with the current war on Gaza – is not just ethically imperative but also politically pressing. The tricks of DARVO (Denying Attacking and Reversing Victim and Offender) have been unveiled. We are now desperately in need of re-orienting the world’s moral compass by exposing the intertwined processes of humanisation and dehumanisation of Jewish Israelis and Palestinians. There is no other way to begin exiting not only the very conditions that usher violence, mass killings, and genocide, but also towards effecting the as yet entirely fictional principle that human lives have equal value.

      [1] Spivak, G. “Can the Subaltern Speak?” (1988). In Lawrence Grossberg and Cary Nelson, eds., Marxism and the Interpretation of Culture, pp. 271–313. Urbana: University of Illinois Press; Basingstoke: Macmillan.

      [2] Mahmoud Darwish, “The Madness of Being a Palestinian,” Journal Of Palestine Studies 15, no. 1 (1985): 138–41.

      [3] Heartfelt thanks to Professor Rema Hamami for alerting me to the notion of DAVRO and for her extended and invaluable comments on this essay.

      [4] Cited in Benvenisti M (2000) Sacred Landscape: The Buried History of the Holy Land since 1948. Berkeley: University of California Press. pp.155-156.

      https://allegralaboratory.net/can-the-palestinian-speak
      #violence_épistémique #élimination #in/visilité #nettoyage_ethnique #oppression #DAVRO

  • [Pub] La luminothérapie, traitement contre la dépression
    https://www.slate.fr/story/255371/luminotherapie-gadget-traitement-depression-hiver-lumiere

    blues hivernal, dépression saisonnière, la luminothérapie a démontré son efficacité dans les deux cas. Pour le premier, elle peut se suffire à elle-même en apportant du mieux-être et en permettant de mieux démarrer la journée. Dans le second, la luminothérapie, éventuellement associée à une psychothérapie et/ou à un traitement médicamenteux, est une aide précieuse qui permet à la personne d’être à nouveau fonctionnelle.
    de nombreuses études randomisées contre placebo montrent une efficacité de la luminothérapie dans le traitement de la dépression saisonnière
    .
    Reste à poser le contexte de ces découvertes, à comprendre comment fonctionne la luminothérapie et pour quelles indications (spoiler : pas uniquement contre la dépression saisonnière), et à savoir comment et quand utiliser ces fameuses lampes.

    En 1980-1981, deux observations se font de manière concomitante. L’une montre que la lumière modifie les rythmes circadiens (ou #horloge_biologique). L’autre montre que la modification des rythmes circadiens a un effet antidépresseur. Le lien entre les deux est rapidement fait, et il confirme les effets antidépresseurs de la lumière chez des patients déprimés unipolaires et chez des patients bipolaires. Et, en 1984, une célèbre série de cas montre l’efficacité du traitement par la lumière de trente patients souffrant de dépression saisonnière.
    Quand nous nous exposons à la lumière le matin, l’été, nous donnons un signal très fort à notre organisme et inhibons la sécrétion de #mélatonine –qui est l’#hormone_de_l'obscurité et non du sommeil, comme on le dit souvent. Si cette mélatonine fait dormir, c’est parce qu’elle est #chronobiotique et non soporifique. C’est elle qui donne un signal de nuit. Or, l’hiver, cette mélatonine est sécrétée plus longtemps.
    une méta-analyse fournit des preuves solides de l’efficacité de la luminothérapie sur les dépressions saisonnière, non saisonnière, unipolaire, bipolaire, en traitement de première ligne ; en traitement de combinaison ou en traitement “add on”, c’est-à-dire pour booster la réponse à un antidépresseur.
    Nous avons aussi des éléments qui nous laissent à penser que la luminothérapie est utile dans la prévention de la dépression ou de la rechute. Pour l’heure, elle est surtout utilisée en pratique jusqu’à réduction des symptômes dans la dépression, et pendant toute la période à risque pour la dépression saisonnière.
    Il convient d’être vigilant face à d’éventuelles pathologies rétiniennes comme la dégénérescence maculaire liée à l’âge (ou #DMLA) ; dans ce cadre, une consultation chez l’ophtalmologue est indiquée »

    l’autre principal point de vigilance « concerne les troubles #bipolaires : il ne faut pas faire de luminothérapie sans traitement thymorégulateur, au risque de déclencher un virage maniaque »

    #dépressions #prévention #béquille #luminothérapie

  • Une relation d’une année universitaire… et d’un été
    https://academia.hypotheses.org/51044

    Sur une relation pédagogique abusive à l’UPEC Une étudiante, qui a fait son Master à l’UPEC, raconte son expérience d’une relation pédagogique abusive et ses prolongements en trois épisodes. TW : mention de violences psychiques, suicide, VSS. Épisode 1. Une … Continuer la lecture →

    #Academic_Feminist_Fight_Club #Lectures_/_Readings #Libertés_académiques_:_pour_une_université_émancipatrice #Témoignages #abus_de_pouvoir #UPEC

  • Drogue. La Silicon Valley carbure aux substances psychédéliques… y compris au boulot
    https://www.courrierinternational.com/article/drogue-la-silicon-valley-carbure-aux-substances-psychedelique

    Le milieu de la tech aux États-Unis carbure aux drogues psychédéliques, raconte “The Wall Street Journal”. Des entrepreneurs vantent les bienfaits des “microdoses” pour la santé et la créativité, allant parfois jusqu’à encourager tacitement leurs employés. Un mouvement qui n’est pas sans lien avec les perspectives mirobolantes qu’offre le développement des substances hallucinogènes à des fins médicales.

    The Wall Street Journal
    Traduit de l’anglais
    Dessin de Willis, Tunisie.
    [...]
    Tim Sae Koo avait créé une start-up de marketing numérique à San Francisco lorsqu’il a découvert les substances psychédéliques à Coachella, en 2014. Il raconte avoir compris par ce moyen qu’il avait créé son entreprise pour que sa mère soit fière de lui et qu’il était temps de la revendre. “Beaucoup de ces explorations pendant mes voyages psychédéliques m’ont aidé à voir plus clairement que j’avais créé l’entreprise en raison de traumatismes”, témoigne-t-il.

    Depuis cinq ans, il organise des cérémonies d’ayahuasca au Costa Rica pour des entrepreneurs et PDG de la tech. Il compte à ce jour plus de 500 participants, y compris quelques fondateurs de start-up qui pèsent plus d’un milliard de dollars, précise-t-il.

    https://jpst.it/3lcI0

    • https://www.arte.tv/fr/videos/113512-034-A/28-minutes (à partir de 42’25’’) :
      Transcription de l’exposé de Marie Bonnisseau :

      Jean Mathieu Pernin : Marie, vous, ce soir vous allez nous parler de la fin d’un tabou en entreprise, hein, dans les start up de la Silicon Valley, il est désormais courant de cosommer et de parler de drogues.
      Marie Bonnisseau : oui et c’est très sérieux, c’est une tendance qui fait l’objet d’un long article dans le très sérieux Wall Street Journal, la bible des milieux d’affaires américains, et qui racontent comment un demi siècle, plus d’un demi-siècle après le « summer of love », les drogues psychédéliques sont en train de faire leur retour main dans la main avec le capitalisme. Et de citer Elon Musk qui prendrait de la kétamine, Sergey Brin, le cofondateur de Google qui s’autorise parfois quelques champignons hallucinogènes, et plus largement des milliers de cadres de ces start up (j’ai pas le chiffre exact évidemment car c’est illégal) qui, le matin avec leur thé vert, s’administreraient une micro-dose, toute petite dose de LSD, de MDMA, de psylocibe, ce champignon qu’on dit magique, juste avant de se mettre au travail. Ou alors le vendredi avec ce qu’on appelle les « microdosing fridays », oui ça existe.
      Alors pourquoi ? Oui ces substances, nous disent-ils, prises en très très petites quantités régulièrement ne donnent non pas des hallucinations mais seraient sensées aider à se concentrer, à être plus présent sur le moment et à penser « out of the box », hors du cadre, vous savez, cette expression chérie de la tech qui survalorise les idées nouvelles, les innovations constantes. L’i-phone n’aurait jamais existé sans LSD, une phrase qu’on attribue à Steve Jobs, et qui est reprise en boucle par ces adeptes, euh ... de la drogue. Renaissance psychédélique qui est beaucoup plus cadrée professionnelle que dans les années 70, et qui est paradoxalement poussée par une méfiance de la jeune génération envers toute l’industrie pharmaceutique accusée de zombifier les patients, l’expression est d’Elon Musk, à coups d’antidépresseurs. Et comme on est dans la Silicon Valley, ce projet s’accompagne de millions de $ d’investissements dans la recherche et les essais cliniques privés sur ces psychotropes qu’on dit à fin thérapeutique. Même si pour le moment beaucoup sont en train de s’auto-administrer ces drogues sans aucun suivi médical et ignorent délibérément cette réalité que je vous rappelle : « l’usage des produits stupéfiants est dangereux pour la santé et strictement interdit par la loi ». Qu’importe, il y a de gros investisseurs qui sont déjà en train de parier sur une prochaine légalisation, ils y croient, de la MDMA, des champignons, et ils prévoient même un marché de 12 millions de $ d’ci la fin de la décennie. En attendant, ils ne craignent pas grand chose :
      - La FDA (qui est le régulateur américain) se fiche complétement de nous - ça c’est un adepte du micro-dosing qui explique ça avec beaucoup de cynisme au journal les Échos.
      – C’est une industrie, dit-il, qui ne draine pas beaucoup d’argent pour l’instant, qui ne génère pas de violence. Pourquoi aller embêter des Blancs éduqués qui peuvent se payer un avocat ?

      Drogues de riches, drogues de privilégiés, que certains d’ailleurs comparent à la cocaïne qui a ravagée Wall Street dans les années 80, et qui transforment aujourd’hui cette « expérience psychédélique » des hippies d’antan en dopage de bureau.

  • « Aujourd’hui mes #idéaux comptent plus que ma carrière » : #CRS depuis 12 ans, #Laurent_Nguyen préférerait renoncer à son métier qu’à son #humanité

    "Je m’appelle Laurent Nguyen, j’ai 44 ans, #gardien_de_la_paix et affecté en CRS depuis 12 ans. Moi, j’ai pris la décision d’entrer dans la #police quand j’avais 30 ans. J’avais des idées assez proches de l’#extrême_droite, et pour moi, la #sécurité était la première des #libertés qu’on devait garantir. On a tendance à considérer que les #manifestants sont complices des #casseurs. Et puis c’est une manière de se protéger psychologiquement, de se dire : ’De toutes façons, ils n’avaient qu’à pas être là, il y a un ordre de dispersion, il y a des casseurs. Donc, le #droit_de_manifester, bon, ça fait partie de la loi, effectivement, mais à un moment donné, on ne peut pas avoir des manifs tout le temps. Il y a des gens qui sont élus, bah si vous n’êtes pas contents, c’est comme ça’. J’étais dans ce logiciel-là, ça m’allait très bien.
    J’ai été vite déçu en CRS, déjà de ne pas trouver la cohésion que j’espérais trouver. Quand vous arrivez, que vous pensez sauver la France, que vous êtes confrontés aussi au désespoir de certains collègues dans des commissariats qui travaillent dans des conditions abominables. C’est difficile à vivre en tant que policier, ce sentiment d’#impuissance.
    J’ai le souvenir d’une mission à #Calais. On intervient un matin très tôt pour évacuer des migrants qui dorment dans la forêt. Et j’ai en face de moi un garçon qui a trois ans, qui a l’âge de mon fils. Et moi, je pense à mon fils, et que tu laisse ton humanité ressortir, tu te dis : ’Quelle #injustice pour cet enfant d’être là, dormir dans une forêt boueuse de #Dunkerque.' C’est pas normal qu’on en arrive là. Moi, j’en suis arrivé à vivre une très profonde #dépression. Je suis passé pas loin de me foutre en l’air. Et donc moi, après avoir vécu cette période, où je prends le choix que mon fils ait un père, bah, qu’est-ce que je peux lui transmettre ?
    Au départ du mouvement des #gilets_jaunes, j’ai tout de suite éprouvé de la sympathie pour ces gens, parce que c’étaient des revendications qui semblaient tout à fait légitimes. Je pense que beaucoup de policiers ont ressenti aussi cette sympathie, cette proximité. Il y avait une gêne chez beaucoup de mes collègues, et quand on a eu les premières scènes de violence, qui ont été diffusées dans les médias, moi, j’ai eu le sentiment qu’il y avait une forme de soulagement chez certains policiers, parce que ça leur permettait de régler un petit peu ce #problème_de_conscience en désignant un #ennemi. Moi, qui avait pris parti publiquement au sein de ma compagnie en faveur des gilets jaunes, parce que je défendais leurs revendications qui selon moi étaient justes, j’ai commencé à voir des collègues qui m’ont pris à partie, en me reprochant de soutenir les gilets jaunes, parce que si tu soutiens les gilets jaunes, tu soutiens les casseurs. Vous avez des gens qui ne peuvent même plus offrir des cadeaux de Noël à leurs enfants, qui ne peuvent pas les emmener en vacances, qui perdent leur boulot, qui ne savent pas comment ils vont s’en sortir, qui n’ont plus d’espoir. Est-ce qu’on peut comprendre aussi qu’à un moment donné ils puissent péter les plombs ? Alors il y en a qui disent que #réfléchir, c’est #désobéir, ou alors qu’il ne faut pas avoir d’états d’âme. Mais moi, je ne veux pas me priver de mon #âme, je ne veux pas me priver de ma #conscience, et moi, on m’a souvent reproché d’être un #idéaliste, comme si c’était une tare. Mais aujourd’hui je le revendique. Oui, j’ai des idéaux et aujourd’hui oui, mais idéaux comptent plus que ma #carrière et comptent plus que mon avenir personnel. Si je dois perdre mon boulot, bah, je perdrai mon boulot. C’est trop précieux pour moi de m’être trouvé, d’avoir trouvé mon humanité pour courir le risque de la perdre.

    https://twitter.com/ARTEfr/status/1684820991116185600

    Source : le #film_documentaire diffusé sur arte :
    Au nom du #maintien_de_l'ordre


    https://www.arte.tv/fr/videos/101352-000-A/au-nom-du-maintien-de-l-ordre-1-2
    ... qui n’est plus disponible sur le site web d’arte (et que je n’a pas trouvé ailleurs en ligne)

    #travail #forces_de_l'ordre #témoignage #France #liberté #déception #conditions_de_travail

    –—

    ajouté à la #métaliste de #témoignages de #forces_de_l'ordre, #CRS, #gardes-frontière, qui témoignent de leur métier. Pour dénoncer ce qu’ils/elles font et leurs collègues font, ou pas :
    https://seenthis.net/messages/723573

    • #flic, formellement il ne l’est plus depuis deux ans je crois, ex syndicaliste policier, son discours est rodé de manière à présenter les policiers comme victimes de l’administration policière et de leurs supérieurs.

      edit lorsque je ne savais rien de lui, j’avais trouvé son témoignage émouvant, tiens un facho dont le travail ignoble fait évoluer les vues ? là, je vois ces choses comme un marketing qui vise à humaniser la police et me souviens que ces animaux de plateaux sont occupé à faire mentir un dicton adapté au cas ( « flic suicidé à moitié pardonné », winch means : il n’y a pas de pardon qui tienne) en venant se faire aimer. leur pub, c’est un peu comme si il fallait publier du Cantat une fois par semaine. y a un moment où la prise de conscience c’est de fermer sa gueule.
      #hochet_de_gauche #ouin_ouin

  • #smartphone Cet appareil qui tue en classe Sophie Godbout - Le Devoir

    Depuis le début de 2023, trois études québécoises (dont celle du centre de recherche du CHU Sainte-Justine) ont démontré les effets négatifs des médias sociaux sur les jeunes : mauvaise estime de soi, anxiété, dépression et même suicide…

    Monsieur Drainville, je vous en révèle davantage, comme si ce n’était pas suffisant.

    Il est 8 h, j’entre en classe pour m’installer. Plusieurs élèves sont déjà arrivés, mais c’est le silence. Ils sont tous rivés à leur appareil et ne lèvent même pas les yeux pour me saluer. Ils ne se parlent pas : ils regardent leur écran. C’est magique comme ils sont tranquilles et silencieux en cet instant… Aucun échange, que le silence. Chaque fois, je m’étonne qu’on ait crié haut et fort que les jeunes devaient revenir à l’école pour socialiser lors de la pandémie. Je dois dire que ce bout m’échappe parce que, presque tous les matins, ça recommence… C’est une victime, la socialisation, de ce supposé outil de communication. Et si les élèves se parlent, le sujet, c’est le contenu, la vidéo qu’ils regardent.


    Une autre victime : la langue. Les contenus écoutés sont en anglais. En soi, ce n’est pas mauvais. Mais lorsqu’on ne lit plus le français et que l’activité de la soirée est de consulter son téléphone, il ne faut pas se surprendre que le vocabulaire des adolescents diminue et de voir « exercise » couramment dans les copies. La syntaxe y goûte également. Les tournures de phrase ont un penchant pour l’anglais… Lire entre les lignes, les inférences, devient également un problème lorsqu’on ne sait pas lire par manque de pratique.

    Avez-vous déjà tenté de courir un marathon sans entraînement ? L’anxiété peut bien plafonner… face à l’épreuve ! On voit également apparaître beaucoup de plans d’intervention avec des outils comme le dictionnaire électronique ou Lexibar qui sont des prédicteurs de mots, comme lorsqu’on utilise son téléphone… Hasard ou conséquence ? Je dois aider les élèves, au secondaire, à chercher dans le dictionnaire. Triste situation ! Alors, on leur permet de consulter Usito sur leur téléphone. Pourquoi pas ? C’est beaucoup plus rapide, moins exigeant et ils ont tous un téléphone, même ceux qui n’en auraient pas le moyen. C’est essentiel, voyons !

    Ce préambule sur la nécessité du portable me permet d’introduire une troisième victime : l’autonomie, qualité essentielle à la vie adulte. Les parents savent où est leur enfant et peuvent le joindre à tout moment. La joie ! Même pendant les heures de cours, les parents textent. J’ai même déjà répondu à un parent qui avait appelé pendant le cours. Charmant comme attention d’appeler à cette heure pour parler à son fils ! Il n’y a pas de limite à cette omniprésence, et la communication se fait à tout moment : on peut appeler maman ou papa pour se faire rassurer si ça ne va pas bien, pour l’avertir d’une mauvaise note avant qu’elle n’apparaisse en ligne ou pour se faire consoler de cette note.

    Partout, partout, tout le temps ! Il est rassurant de savoir où se trouve notre enfant et de pouvoir le joindre en tout temps, mais à quel moment apprendra-t-il à se débrouiller ? Je vous rappelle qu’il est à l’école, pas dans la brousse ou la jungle. Il doit quitter l’école pour revenir à la maison ? Je pense que, dans l’ensemble, les jeunes devraient y arriver. Il peut arriver un malheur ? Je peux vous rassurer, nous avons survécu, et ce, pour plusieurs générations… Je vous suggère de souper tous ensemble, sans vos téléphones, et de parler du déroulement de vos journées : vous serez informés et développerez la socialisation, le tour de parole, la patience, le respect, l’empathie, et j’en passe…

    Je m’arrête ici, car je pourrais écrire des lignes et des lignes. La situation est inquiétante, d’autant plus que les téléphones, ce sont nous, les adultes, qui les offrons. À qui rendons-nous service et procurons-nous la tranquillité ? Et le pire est à venir : l’IA pensera pour eux…

    #médias_sociaux #enfants #suicide #estime_de_soi #anxiété #dépression #suicide #socialisation #téléphones #ia #tiktok #facebook #bytedance #surveillance #instagram #algorithme #twitter #wechat #publicité #apple #youtube

    Source : https://www.ledevoir.com/opinion/idees/792326/education-cet-appareil-qui-tue-en-classe

  • Parlons d’idées de suicide, par Thierry Marot (sur un horrible réseau social de milliardaire)

    (TRIGUEUR OUARNING : idées suicidaires, idéation morbide et autres joyeusetés folâtres. D’un autre côté, si vous avez besoin d’un avertissement avant de lire quoi que ce soit qui risque de nous percuter, vous devez aussi vous demander si vous ne contemplez pas un peu trop votre nombril).

    On peut sans doute trouver curieux de parler comme ça de sa dépression sur Facebook. Mais si je le fait, c’est parce que je pense qu’au delà d’un cas individuel - le mien en l’espèce -, cette affaire de dépression est, comment dire…intéressante. Pas la mienne, de dépression, qui serait plus intéressante que les autres, elle ne l’est pas, encore une fois on ne devient pas intéressant parce qu’on traverse un épisode de dépression. Ce qui est intéressant en revanche, c’est comprendre, chercher à comprendre. D’où ça vient, qu’est-ce qui y a aboutit, quel entonnoir de circonstances, de chocs, de traumas, de tristesses mal cicatrisées et de fantômes du passé et du présent se sont cristallisés dans cette rupture avec la “normalité”. Le processus et ce qu’on ressent avant pendant et espérons le après l’épisode, ça oui, ça vaut la peine d’écrire dessus et de l’exposer, je crois.
    Et donc malheureusement, l’idée d’en finir m’a traversé. C’est ça dont je parlais quand je disais hier que novembre et décembre ont été épouvantables : le désir morbide qui se fait jour, s’incruste et entame son travail de sape, aidé en cela par les incessantes ruminations tourbillonnantes et obsédantes qui sont le quotidien du déprimé. Et ces ruminations rendent fous. Elles détachent du réel, elles fragmentent, elles fracturent, morceaux par morceaux, tout ce qu’on croyait être soi. Ne reste…presque plus rien sinon la fascination de l’appel du néant.
    Vous savez ce qui se passe, quand on est au bord de faire une connerie ?

    Ce n’est pas du tout ce qui est décrit dans une certaine littérature “romantique” où l’on part se suicider dans la décision tragique, en en faisant des tonnes et en déclamant son dégoût du monde. Esthétisation assez dégoûtante, d’ailleurs, on parle là d’une maladie et pas d’un caprice, mais nous avons lu René Girard et nous savons que le romantisme est un mensonge réactionnaire, donc non, ce n’est pas comme ça que ça se passe.
    On flotte.
    Il finit par se passer un petit “ploc” dans la tête, et on se retrouve à flotter à deux centimètres du sol. On a perdu contact avec le réel et on est dans un état de délire, il n y a pas d’autre mot. Pas nécessairement un délire extravagant, d’ailleurs, avec cris et trucs qui se cassent. Mais c’est un état de délire où ce qui était jusque-là réel est temporairement suspendu.

    C’est là, quand on est à deux centimètres du sol, que c’est dangereux. C’est dans ce moment qu’on peut passer à l’acte. En finir, qui juste avant était encore une idée horrible qu’on rejetait, devient une solution non seulement viable mais pire : évidente.
    C’est d’ailleurs à ce moment que si vous voyez quelqu’un qui jusque là était dans une grande tristesse, depuis longtemps, et qui passait son temps à se plaindre et à vous hurler dessus - le déprimé est en colère, il n’a juste pas les moyens de la diriger sur les bonnes personnes - devenir tout d’un coup presque calme, avec l’air d’être “un peu ailleurs” : faites gaffe et surveillez cette personne de vraiment près. Elle flotte. Là, à ce moment, elle peut vraiment faire une connerie.
    Mais l’instinct de vie est puissant. Très puissant, il vous ramène de force dans le réel, et en reposant les pieds au sol, on s’ébroue, on cligne des yeux et on se demande où on était passé pendant ces quelques minutes étranges et dangereuses.

    Vouloir mourir, se donner la mort, c’est devenir à la fois juge, procureur et accusé. Il y a aussi la partie avocat, mais dans la dépression c’est un avocat timide et timoré qui ne pèse pas lourd face à la férocité de l’accusation et le jugement implacable. Et ce qui frappe, et c’est me rendre compte de ce que je vais dire qui m’a aidé à sortir de ces vilaines idées, c’est la disproportion ridicule entre les fautes dont je m’accusais moi-même, et la sanction. La mort, bigre, rien moins. Mais pour…quoi ? Quels crimes à ce point hideux et impardonnables aurais-je donc commis ? Ai-je tué ? Ai-je violé ? Suis-je responsable d’un accident mortel, est-ce que j’ai pris des décisions qui ont eu des conséquences tragiques pour d’autres, ou insisté pour faire tourner un réacteur nucléaire russe jusqu’à explosion, ou bombardé un orphelinat au napalm, que sais-je ?? Même pas. La vraie raison ? Vous voulez vraiment savoir ? C’est embarrassant.
    Vouloir mourir parce qu’on est pas à la hauteur de l’idée qu’on se fait de soi-même.
    Oui, sur ce coup là, je ne suis pas très fier de moi.
    (J’ai finalement dans ma vie assez peu de choses à me reprocher, mon dernier crime en date est d’avoir tardé à remplir ma déclaration Urssaf. L’administration est certes de plus en plus exigeante, mais je crois que ça ne mérite pas la mort. Je crois, hein).

    Alors, tous les trucs, la vie m’a appelée, ou la vie est fantastique, elle vaut la peine blablabla, je n’y crois pas. Actuellement, ma vie n’est pas fantastique. Elle a une drôle de tronche, et je ne suis pas très sûr de vraiment l’apprécier, pour être honnête.
    Mais bon. C’est celle que j’ai.
    La seule vraie question, désormais, est : quoi faire d’elle pour la suite.
    Et ça en revanche, j’ai quand même un peu l’espoir que ça va être intéressant.
    (Merci d’avoir lu jusqu’au bout).

  • Une épidémie de solitude, désastreuse pour la santé mentale & physique, frappe les Etats-Unis

    Des millions d’Américains se sentent seuls tout le temps, ou presque. Une étude réalisée par des scientifiques de Harvard, en octobre 2020, montre que plus d’un tiers d’entre eux souffrent de solitude.

    (A titre de comparaison, un Français sur cinq environ dit se sentir souvent seul, selon la Fondation de France.)

    Plus précisément, plus d’un tiers des Américains (36 %) affirment qu’ils se sont sentis seuls « fréquemment », « presque tout le temps ou tout le temps » pendant les quatre semaines avant le sondage. Le terme anglais « #loneliness » ne décrit pas forcément un phénomène d’isolement ; il signifie surtout qu’une personne n’a pas autant d’#interactions_sociales qu’elle le souhaite.

    […] Milena Batanova, coauteure du rapport. « La moitié des jeunes qui se sentent seuls parmi les gens que nous avons interrogés affirment que pas une seule personne n’avait pris plus de quelques minutes de leur temps, pendant les dernières semaines, pour leur demander comment ils allaient de façon vraiment attentionnée ». […]

    Ce phénomène n’affecte pas tout le monde de la même façon. Les jeunes filles y sont particulièrement vulnérables, dans un contexte où les adolescents passent de plus en plus de temps sur les #réseaux_sociaux. Un adolescent sur cinq utilise #YouTube « presque constamment » et près de la moitié d’entre eux ouvre #TikTok plusieurs fois par jour ou davantage, selon Pew Research. Même si la causalité est difficile à établir avec certitude, la #santé mentale des jeunes Américains semble se dégrader rapidement ces dernières années.

    Trois jeunes Américaines sur cinq (57 %) disent se sentir continuellement triste ou désespérée - ce qui constitue un marqueur de la #dépression. C’est bien pire que dix ans plus tôt, quand environ un tiers d’entre elles étaient touchées par cette #tristesse_chronique.

    Les jeunes Américains, apparemment moins concernés, ne sont pas épargnés pour autant : 29 % d’entre eux se sentent perpétuellement tristes.

    En parallèle de cette tendance inquiétante, les Américains ont aussi de moins en moins de rapports sexuels. […] Une étude publiée début 2021 montre qu’un quart des Américains n’avait pas eu de rapports sexuels pendant l’année précédente. […] Pendant les décennies précédentes, entre 1989 et 2010, ce chiffre était toujours inférieur à 19 %. Une tendance plus préoccupante qu’il n’y paraît : « Le manque de #rapports_sexuels peut se traduire par moins de socialisation, moins de familles et une population plus susceptible de tomber malade » […]

    Cette #épidémie_de_solitude a des origines multiples, entre omniprésence des réseaux sociaux, culte du travail poussé à l’extrême et #culture_individualiste, qui valorise la performance et l’efficacité, au détriment parfois de la vie en communauté. Le recul de la pratique religieuse joue probablement un rôle. Mais des experts pointent aussi la façon dont les villes américaines sont conçues. Les longues distances et le manque de transports en commun incitent leurs habitants à se déplacer en voiture uniquement, ce qui rend presque impossibles les rencontres spontanées.

    Cette « épidémie de solitude » est un désastre pour la santé mentale des Américains. Mais la solitude se traduit aussi par une plus grande vulnérabilité à plusieurs maladies - problèmes cardiovasculaires, cancer, AVC, hypertension et démence notamment. Une étude publiée en 2017 montre même que les personnes qui se sentent seules développent davantage de symptômes quand elles sont exposées à des virus, même de faible gravité. […]

    L’épidémie de #solitude aux #Etats-Unis explique peut-être en partie pourquoi l’#espérance_de_vie a chuté dans le pays, ces dernières années, alors qu’elle continue à augmenter dans d’autres pays développés. A 76,1 ans en 2021, cette dernière est désormais inférieure à celle enregistrée dans des pays beaucoup plus pauvres, dont Cuba, le Liban ou la Tchétchénie. Les plus jeunes, notamment, sont plus susceptibles de mourir dans des accidents de la route, par homicide, suicide, ou à cause d’une overdose.

    (Les Échos)

    #capitalisme

  • A Fraught New Frontier in Telehealth : Ketamine - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2023/02/20/us/ketamine-telemedicine.html

    Un (long) article passionnant. On retrouve un processus qui a créé la crise des opioides. Même si le danger de la kétamine n’est pas comparable, le pattern de comportement des autorités, comme des fabricants, des médecins et des patients est similaire. Et on retrouve toujours « l’excuse » des mauvais comportement avec un « bon » produit que les fabricants d’opioides, notamment les Sackler, ont utilisé très longtemps (avant qu’ils ne se mettent à fabriquer des produits pour sauver des overdoses, puis se déclarent en faillite pour ne pas payer d’amendes).

    Covid-19 exacerbated the nation’s mental health crisis and underscored the inadequacy of many existing treatments, accelerating a reconsideration of once-stigmatized psychedelics. Because the Food and Drug Administration approved ketamine as an anesthetic more than 50 years ago, federal rules allow doctors to prescribe it for other conditions as well, and its use for depression, anxiety and post-traumatic stress disorder was growing before the pandemic.

    With the rule changes in 2020, the at-home ketamine industry appeared practically overnight.

    Tech start-ups and individual doctors began offering medical services online, and so-called compounding pharmacies, which can make variations of approved drugs, found a market for tablet and lozenge versions of ketamine, normally manufactured as a liquid and distributed in vials.

    Primed by glowing media coverage and aggressive advertising, many patients interviewed by The Times came to regard the drug — and its remote availability — as akin to a miracle cure with few risks.

    Studies of recreational users have documented that ketamine — popularly known as K or Special K, with a reputation as a club drug — can be addictive and, when taken chronically in high doses, can cause severe bladder damage that in the worst cases requires surgical reconstruction of the organ. There are indications that abuse may also lead to cognitive impairment.

    Advocates of increased therapeutic use say those issues are exceedingly rare or nonexistent at the doses and frequencies commonly prescribed. But because treatment is remote and there is little mandatory reporting of side effects, it is nearly impossible to accurately gauge their prevalence.

    Many ketamine patients described the drug as a reset button for the brain. During treatment sessions, they experienced pleasant visualizations, sometimes accompanied by a sense of existing outside themselves and melding with the universe. Afterward, their daily problems seemed less weighty.

    The considerable hype surrounding ketamine stems in part from the drug’s ability to affect brain receptors that traditional antidepressants do not target. The psychedelic-like trip, many believe, is integral to the drug’s therapeutic effect.

    But for some patients who spoke to The Times, including a Tennessee cybersecurity manager and a former Pennsylvania factory worker, the profound experiences of their early sessions faded. Chasing the lost high, they sought increased doses, took multiple days’ worth at once or altered the medicine to release more of its payload.

    For others — a Utah data analyst, a California bartender and a Pennsylvania internet entrepreneur — ketamine treatment eventually meant dealing with a constant urge to urinate, often painfully, as well as other bladder ailments.

    The experiences of the dozens of patients who shared their stories with The Times encapsulate both the well-publicized promise of ketamine and the lesser-discussed risks.

    “We know at a certain point you will get both the neurotoxic and the bladder-toxic effects — we just don’t know at what level,” said Dr. Gerard Sanacora, a psychiatrist and leading ketamine researcher at Yale University.

    In the absence of data, some medical professionals said they were becoming more conservative in their prescribing because of anecdotes in published case reports or online forums.

    Professional groups have developed informal guidelines that emphasize catching symptoms early, reducing the dose and spacing out treatments. But some at-home providers are pushing in the opposite direction, viewing ketamine as just another medicine to be taken regularly.

    “I would be worried about chronic usage,” said Dr. Adam Howe, a urologist at Albany Medical Center who advises a group developing treatment guidance. Damage is avoidable with proper safeguards, he said, but “common sense would tell you, if you’re to use this every day for years on end, then at a certain point, you’re going to be damaging your bladder probably.”

    The literature on addiction and abuse among medical users is also thin and inconclusive. Supporters point to studies indicating that patients on ketamine rarely, if ever, have those issues. Others note a pattern common in drug development: an initial overestimation of benefit, followed by more tempered results and recognition of previously undetected harm.

    Production Is Booming

    For years, mental health clinics have administered the F.D.A.-approved liquid form of ketamine that doctors also use to sedate patients in surgery. But at-home treatment created demand for a version that was less potent and easier to take — something not available from drugmakers.

    Enter a uniquely positioned industry: compounding pharmacies.

    These specialized companies operate in a murky regulatory space somewhere between a corner drugstore and a pharmaceutical manufacturer. They can produce variations of approved drugs but do not have to follow the same quality-control rules as drugmakers.

    Most compounding pharmacies do not have to notify federal regulators when they learn of a patient experiencing a problem, and they are rarely, if ever, inspected by the F.D.A. In many cases, the agency may not even know they exist.

    Companies that once served primarily local customers now ship their products across the country as the ketamine boom has presented an alluring opportunity.

    “It’s become the new buzz in this space,” said Jeanine Sinanan-Singh, chief executive of Vitae Industries, which sells a machine that compounding pharmacies can use to produce doses at a faster clip than with other methods.

    Joyous is the new kid on the at-home ketamine block, a reflection of where market forces and scant regulation have taken the fledgling industry. The company has sought to distinguish itself by promoting its tech-driven, customizable treatment plans, but the real draw for many patients is its pricing.

    “I signed up for Joyous, if we’re being honest, just because of the price,” said Francisco Llauger, who, like Mr. Curl, found in-clinic treatments effective but too expensive.

    Joyous illustrates a reality of how at-home ketamine has evolved: Patients with some of the most serious and complicated mental health challenges are turning to some of the most hands-off treatment, according to The Times’s interviews.

    The company has carved out its place with a novel approach: Instead of prescribing higher doses to be taken once or twice a week, Joyous offers lower doses to be taken daily.

    Melding the argots of Silicon Valley and self-care, Joyous delivers treatment primarily by text message, replete with exclamation points and emojis. Each morning, patients receive a questionnaire on their phones asking about symptoms and side effects, and each evening, they get a text with the next day’s recommended dose.

    “Our algorithms use all of this information to tailor the protocol exactly to your brain and body’s needs,” Sharon Niv, co-founder and chief of customer experience, says in a video. In written responses to questions from The Times, the company said its general treatment approach “has been adapted and used by providers nationally and internationally” for more than five years and its internal data indicated that “this medicine is highly effective for both anxiety and depression.” It declined to provide details about how its technology works.

    The company says lower doses translate to lower risk. Yet most of the eight Joyous patients who spoke with The Times said their doses reached the maximum the company would prescribe within weeks. Some providers who generally support at-home treatment expressed concern that taking ketamine every day, even at lower doses, could heighten the risk of tolerance, addiction and bladder problems.

    “We believe that the patients who choose Joyous understand the risks and feel that the benefits outweigh the potential risks,” the company said, adding that nine out of every 10 patients “report feeling better overall.”

    “We want to emphasize that Joyous is a public benefits corporation,” the company said, “meaning that we prioritize public goods over profits.”

    The future of the ketamine boom depends largely on the actions of the federal government in the coming months. While states have some authority, the most important policy decision rests with the D.E.A. If the agency doesn’t take action before the Covid-19 public health emergency is scheduled to end in May, patients may be required to have at least one in-person visit before they can be prescribed ketamine. The D.E.A. declined to comment on its plans.

    Many patients who spoke with The Times expressed hope for a middle ground: something more stringent than the current laissez-faire approach but not so restrictive that a potentially lifesaving treatment became inaccessible.

    Mr. Curl said he hoped that his and other patients’ negative experiences would not ruin the at-home ketamine experiment more broadly.

    “I’m not on a mission to get them shut down or anything,” he said, “because that’s not going to solve any problems for people like me.”

    #Kétamine #Psychédéliques #Dépression #Abus #Pharmacie #Déontologie #Santé_publique

  • #Dépressions résistantes : de nouveaux traitements suscitent l’espoir
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2022/12/12/depressions-resistantes-de-nouveaux-traitements-suscitent-l-espoir_6154081_1

    En mai 2022, la psychiatre qu’elle voyait en libéral lui a conseillé d’aller consulter au Centre expert santé mentale et physique des Hôpitaux universitaires de Marseille (AP-HM). Au terme d’une consultation de deux heures et demie, le psychiatre a proposé à Jeanne un traitement à base de kétamine – un anesthésiant utilisé depuis des années en chirurgie vétérinaire, également analgésique. L’effet a été immédiat. Ses idées noires ont disparu. Jeanne a l’impression « de revivre ».

    La dépression est la maladie mentale la plus fréquente et la première cause d’invalidité. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime à 300 millions le nombre de personnes touchées. En France, entre 5 % et 15 % de la population connaîtra un épisode dépressif au cours de son existence. Aucun milieu social, aucune tranche d’âge ne sont épargnés. Les femmes sont deux fois plus souvent concernées. Le risque de suicide est particulièrement élevé.

    #paywall

  • Clean With Me (After Dark) - Gabrielle Stemmer - Tënk
    https://www.on-tenk.com/fr/documentaires/france-inter/clean-with-me-after-dark-france-inter

    Sur YouTube, des centaines de femmes se filment en train de faire le ménage chez elles. Un film documentaire exclusivement tourné sur un écran d’ordinateur, dont la trame narrative est constituée de vidéos d’archive disponibles sur Internet. Il interroge ces images, thématise l’envers du décor d’un étrange phénomène de mode, questionne la féminité et la dépression.

    Il fut un temps où l’ennui des journées pluvieuses s’effaçait d’un coup de télécommande et laissait place aux mondes merveilleux des téléshoppings matinaux et feuilletons d’après midi. Au 21e siècle le Keep Calm and Watch a laissé place aux Keep Calm and Clean et autres tutos en ligne. Pas le temps de se morfondre, internet nous propose du coaching en ligne pour prendre nos vies en main. Dans le film de Gabrielle Stemmer, il est question de poussières et de rangement. Sur son écran d’ordinateur, un patchwork de séquences vidéos découvertes sur YouTube, dans lesquelles de parfaites housewives délivrent leurs bons conseils pour une maison impeccable. La réalisatrice s’amuse dans un premier temps de sa fascination, et de la nôtre, pour cet épanouissement familial affiché. Par un virevoltant jeu de montage, le vernis craquelle pourtant, l’hyper dynamisme de ces jeunes américaines ne faisant que trahir une vertigineuse solitude que le tourbillon des likes ne vient pas assez combler.

    #documentaire #travail_domestique

  • Casino accusé « d’atteinte à la santé » de ses salariées
    https://disclose.ngo/fr/article/casino-brise-sante-femmes

    Des documents confidentiels obtenus par Disclose dévoilent la violence subie par les premières lignes du géant Casino. Face à l’inaction de la direction, une expertise indépendante a été déclenchée dans les 400 supermarchés et hypermarchés du groupe. Lire l’article

  • Révélations sur la souffrance des femmes au travail
    https://disclose.ngo/fr/article/revelations-souffrance-femmes-travail

    En l’espace de vingt ans, la santé des femmes au travail s’est lourdement dégradée. Premières victimes de ce fléau invisibilisé par les pouvoirs publics : les travailleuses essentielles. Lire l’article

  • « Une société peut-elle être fatiguée ? », tribune d’Alain Ehrenberg

    L’idée que la société est déprimée, ou fatiguée, pour reprendre le titre du livre de la Fondation Jean Jaurès, met le doigt sur des sujets sensibles, mais elle est trompeuse. En quoi ? Et pourquoi est-ce important de le comprendre ?

    Nombre d’informations récentes vont à l’encontre de mes questions. L’Organisation mondiale de la santé a publié en novembre 2020 une note sur la « pandemic fatigue », « la fatigue nerveuse ou épuisement psychique, qui mène à l’immobilisme ». « Dépression, troubles du sommeil, anxiété… les inquiétants effets psychiques de la pandémie et du confinement », titre un article du Monde le 26 novembre 2020. La pandémie de Covid-19 a mis au premier plan les problèmes de santé mentale. Toutes ces souffrances psychiques sont traversées par la fatigue, le ralentissement de la pensée et de l’action, voire par l’immobilisme.

    L’idée est trompeuse parce qu’elle traite la société comme un gros individu, confondant ainsi « individu » et « individualisme ». Toute société fait place à l’individuel, mais seules les nôtres sont individualistes. Cela signifie que l’individualisme est un esprit social, un esprit commun. Et c’est cet esprit commun qui s’est modifié et qui a favorisé la transformation de questions relevant du domaine spécialisé de la psychiatrie et de la psychologie clinique en souci central de nos sociétés, affectant toute la vie sociale et personnelle, dans l’entreprise, à l’école…

    En quoi ce souci est-il révélateur de l’esprit social de la société individualiste d’aujourd’hui ?

    La fatigue considérée comme épuisement psychique est devenue un thème central, avec la dépression, au cours des années 1970, en même temps que les épidémiologistes constataient, statistiques à l’appui, que cette dernière était désormais le trouble mental le plus développé dans les sociétés occidentales. Non seulement cette pathologie est beaucoup plus répandue qu’on ne le pensait, mais elle change de signification dans la psychopathologie et dans la société. L’évolution de la psychanalyse à son égard permet de comprendre ce double changement.

    Dépressions et angoisses sont d’abord considérées par Freud et les psychanalystes comme un symptôme des névroses (hystérie, phobie, obsession), qui sont l’expression d’un conflit psychique œdipien entre le moi et le surmoi (interdicteur). Il s’agit donc d’un conflit entre le permis et le défendu. Dans une société de discipline, la dépression soulève une question à la fois commune et personnelle : que m’est-il permis de faire ?

    Panne de l’action

    A partir des années 1960 (voire un peu plus tôt aux Etats-Unis) et surtout 1970, les psychanalystes repèrent dans leurs clientèles de nouvelles pathologies non névrotiques qu’ils appellent « narcissiques ». La dépression y occupe une place centrale, et elle est moins le symptôme d’un conflit que d’un sentiment de vide, d’insuffisance affectant le narcissisme de l’individu qui ne parvient pas à être à la hauteur de ses idéaux. La honte a tendance à subordonner la culpabilité.

    De plus, c’est moins la tristesse et la douleur morale qui apparaissent au premier plan que la panne de l’action. Les psychanalystes interprètent généralement ces changements par les nouveaux modes de vie prônant l’émancipation des individus : parce qu’ils affaiblissent les interdits, et en conséquence la force protectrice du surmoi, ils créent de nouvelles souffrances psychiques.

    Nombre de sociologues et de philosophes, de Christopher Lasch, qui publie La Culture du narcissisme [Flammarion, 2008] aux Etats-Unis dans les années 1970, à Marcel Gauchet, qui parle d’une « mutation anthropologique » en France dans les années 2000, ont répondu que nous faisions face à une privatisation inexorable de l’existence. C’est cette interprétation que l’on retrouve dans l’idée de société fatiguée, parce que cette fatigue semble résulter de l’affaiblissement des liens sociaux, donc de l’idée de commun ou de collectif.

    On a plutôt affaire à une transformation de l’esprit social de l’individualisme.

    Entre 1970 et aujourd’hui, nous sommes progressivement entrés dans une société imprégnée par des idées, des valeurs et des normes gravitant autour de l’autonomie individuelle. D’une aspiration collective dans les années 1960-1970, à travers les mouvements de libération des mœurs revendiquant l’indépendance, le choix, la propriété de soi en même temps que l’égalité entre les hommes et les femmes, l’autonomie devient à partir des années 1980 la condition commune, c’est-à-dire un système d’attentes collectives à l’égard de chacun, et pas seulement un choix personnel. Elle relève alors de l’obligation sociale. Ces idéaux encouragent l’expression de l’individualité sous de multiples formes, tout en la mettant à l’épreuve.

    Dimension de plus en plus affective du travail

    C’est le cas de l’entreprise, par exemple. Elle génère des détresses psychologiques qui ne cesseraient de croître. L’imaginaire du travail n’est plus un imaginaire taylorien de l’exécution mécanique des ordres ou du suivi des cadences. On demande aux gens d’être responsables, autonomes, d’avoir de l’initiative, de développer des compétences de « savoir être », etc. Dans le système d’attentes collectives de l’autonomie, la question « que suis-je capable de faire ? » se substitue à « que m’est-il permis de faire ? ». Ce changement de nos régimes d’action exige de chacun des formes d’autocontrôle émotionnel et pulsionnel qui étaient parfaitement marginales dans le taylorisme, ce qui donne une place nouvelle aux dimensions affectives du travail.

    La santé mentale est alors sociologiquement un langage commun permettant d’exprimer des tensions de nos relations sociales, et donc une attitude collective à l’égard de la contingence (de toutes sortes d’adversités, des aléas des événements de la vie et de ceux des relations sociales) dans les sociétés individualistes de masse contemporaines imprégnées par les idées, valeurs et normes de l’autonomie individuelle. Elle permet à la fois de soulever des problèmes noués à cette normativité et d’y répondre, plus ou moins bien, par des accompagnements psychothérapeutiques ou médicamenteux multiples.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/12/22/alain-ehrenberg-une-societe-peut-elle-etre-fatiguee_6106948_3232.html

    #norme #travail #activité #narcissisme #dépression #psychanalyse

  • #COVID-19 : Les femmes et les jeunes plus touchés par la dépression | santé log
    https://www.santelog.com/actualites/covid-19-les-femmes-et-les-jeunes-plus-touches-par-la-depression

    C’est la première étude à analyser l’impact mondial en santé mentale de la pandémie de COVID-19. Les chercheurs ont mené une revue systématique de la littérature et des données d’enquêtes de population publiées entre janvier 2020 et janvier 2021.

    Les 48 études éligibles ont permis d’avoir la prévalence des troubles dépressifs ou anxieux représentatifs en population générale dans les différents pays, avant et pendant la pandémie. La méta-analyse indique que :
     
    – l’augmentation du taux d’infection au COVID-19 et les mesures de restrictions sont directement associées à une prévalence accrue des troubles dépressifs majeurs et des troubles anxieux.

    – en l’absence de pandémie, il y aurait eu 193 millions de cas de trouble dépressif majeur soit 2.471 cas pour 100.000 habitants dans le monde en 2020 ; or 246 millions de cas soit 3.153 pour 100.000 soit une augmentation de 28% (soit 53 millions de cas supplémentaires ont été recensés durant la période ;

    – plus de 35 millions des cas supplémentaires concernaient des femmes, vs 18 millions chez des hommes.

    – en l’absence de pandémie, il y aurait eu 298 millions de cas de troubles anxieux, mais en fait environ 374 millions de cas soit une augmentation de 26% (76 millions de cas supplémentaires) ont été recensés ; près de 52 millions des cas supplémentaires concernaient des femmes, vs environ 24 millions chez des hommes.
     
    Les jeunes ne sont pas épargnés : ils sont fortement touchés par les troubles dépressifs majeurs et les troubles anxieux. La prévalence supplémentaire de ces troubles culmine chez les 20-24 ans (1.118 cas supplémentaires de trouble dépressif majeur pour 100.000 et 1.331 cas supplémentaires de troubles anxieux pour 100.000) puis diminue avec l’âge.
     
    « Les fermetures d’écoles et des restrictions limitant la capacité d’interaction sociale des jeunes, contribuent à expliquer que les jeunes soient également plus durement touchés par les troubles dépressifs majeurs et les troubles anxieux pendant la pandémie" .
     
    Les femmes non plus : les femmes restent toujours plus susceptibles d’être plus touchées par les conséquences sociales et économiques de la pandémie, soulignent les auteurs. Des responsabilités supplémentaires notamment familiales, ont tendance à leur revenir, et les femmes restent toujours plus susceptibles d’être victimes de violence domestique.

    Ce fardeau des troubles dépressifs et anxieux pendant la pandémie met en évidence l’impact de la #pandémie sur la #santé_mentale dans le monde. Il est donc urgent de renforcer aussi les systèmes de santé mentale.
     
    Les auteurs appellent donc à une action urgente des décideurs politiques pour renforcer ces systèmes de santé, à l’échelle mondiale afin de répondre à la demande accrue liée à la pandémie et mieux se préparer aux épidémies futures.

    Source : Global prevalence and burden of depressive and anxiety disorders in 204 countries and territories in 2020 due to the COVID-19 pandemic - The Lancet
    https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(21)02143-7/abstract

    • Les femmes ont du supporter leurs conjoint pendant les confinements, ca se comprend facilement qu’elles soient dépressives depuis. En tout cas cela ne sera pas pris en compte par le corps médicale, les souffrances des femmes, ca ne compte pas, seul la fonctionnalité de leur uterus importe et l’état de leur moral est encore moins important car plus les femmes souffrent plus les hommes en tirent des bénéfices et du plaisir.
      #backlash #depression #femmes

  • Wie hilfesuchende Kinder während der Pandemie allein gelassen werden

    Jonas* ist ein junger Mann, 19 Jahre alt. Gesund. Kräftig. Er hat tiefe Augenringe. Nicht vom Feiern. Er sitzt in seinem Kinderzimmer. In den vergangenen Monaten war er oft hier. Lange. Er streicht sich mit der Hand über die Haare. „Ich habe während der Pandemie starke Depressionen bekommen. Wären meine Freunde nicht für mich da gewesen, wäre ich jetzt nicht hier“, sagt er. Jonas dachte an Selbstmord.

    Jonas heißt eigentlich anders. Er möchte lieber anonym bleiben. Der Schüler hat zwei Leben gelebt: eins vor der Pandemie und eins während der Pandemie. Vor der Pandemie hat er sich gerne mit seinen Freunden und Freundinnen getroffen, ist zum Kampfsport gegangen und wollte nach der Schule soziale Arbeit oder Psychologie studieren. Doch im März 2020 schlossen zum ersten Mal die Schulen, der Unterricht fand nur noch digital statt, Jonas verlor sein soziales Leben: „Alles, wovon ich Energie geschöpft habe, war plötzlich nicht mehr da.“ Der Schüler kam mit dem Homeschooling nicht klar. Seine Noten verschlechterten sich. Er wurde dieses Jahr nicht zum Abitur zugelassen.

    Seit der Pandemie spielt sich sein Alltag fast nur noch in seinem Zimmer ab. Seit einigen Monaten leidet der Schüler an starken Depressionen. Doch professionelle Hilfe bekommt er nicht. Im Februar versuchte er, einen Termin bei einem Psychiater zu bekommen, weil er Selbstmordgedanken hatte. Am Telefon wurde ihm gesagt, dass der nächste Termin im Juli sei. Daraufhin wandte Jonas sich an die Schulpsychologin, mit der er sich ein paar Mal traf. Das Reden half ihm zwar, sagt er. Aber sie habe ihm nichts Neues sagen können, was er nicht schon wusste: „Dass sogar eine Schulpsychologin nicht weiterhelfen konnte, war sehr heftig für mich. Ich bin einer Machtlosigkeit ausgesetzt und ich kann nichts dagegen tun.“ Alles was ihm gut tue, könne er momentan nicht machen.

    Die Kinder- und Jugendhilfe ist während der Pandemie stark eingeschränkt

    Für diese Recherche hat CORRECTIV mit mehreren Schülern und Schülerinnen gesprochen. Sie teilten ihre persönlichen Geschichten, wie es ihnen seit Beginn der Pandemie geht und mit welchen Schwierigkeiten sie zu kämpfen haben. Zudem sprach CORRECTIV mit weiteren Familienangehörigen, Heimen und Beratungsstellen. Das Ergebnis der Recherche: Für notleidende Kinder und Jugendliche steht das Hilfesystem seit der Pandemie fast still. Termine für Therapien und Beratungen sind kaum zu bekommen und Kontrollinstanzen wie Schule und Kita fallen weg.

    Schon im Februar berichtete CORRECTIV, wie dutzende Jugendämter in NRW seit Beginn der Pandemie nur noch in dringenden Fällen Hausbesuche machten. Jetzt zeigt sich: Die Kinder- und Jugendhilfe ist stark zurückgegangen. Für hilfesuchende Kinder und Jugendliche kann das im Extremfall lebensbedrohlich werden.

    Was ein Extremfall bedeuten kann, zeigen die Statistiken der Polizei. Diese Woche wurde in Berlin eine Sonderauswertung der polizeilichen Kriminalstatistik vorgestellt. Daraus geht hervor, dass 2020 sexuelle Gewalt gegen Kinder zugenommen hat. Demnach stieg die Zahl der Misshandlung Schutzbefohlener um zehn Prozent. Der Kindesmissbrauch stieg um 6,8 Prozent im Vergleich zum Vorjahr. Die Statistik erfasst alle Taten, die bei der Polizei gemeldet werden. Die Dunkelziffer ist laut der Sonderauswertung wahrscheinlich viel höher.

    Dazu kommt: Kindern und Jugendlichen geht es grundsätzlich seit Beginn der Pandemie schlechter als vorher. Das zeigt eine Studie von den Universitäten Hildesheim, Frankfurt und Bielefeld, in der rund 3400 Jugendliche zwischen 15 und 19 Jahren befragt wurden. Demnach fühlen sich viele Jugendliche aufgrund der Pandemie einsam, verunsichert und überfordert.
    Ein funktionierendes Hilfesystem kann Kindern das Leben retten

    Wie wichtig gerade jetzt ein funktionierendes Unterstützungssystem für hilfesuchende Kinder und Jugendliche ist, zeigt der Fall von Mira. Die heute 25-Jährige hat das Zusammenleben mit ihrer gewalttätigen Mutter unter großen Leiden überlebt. Sie erinnert sich noch sehr gut an ihre Kindheit. Auch heute muss sie vieles noch verarbeiten: „Wenn ich mal eine schlechte Note auf dem Zeugnis hatte, hat meine Mutter zugeschlagen. Sie hat mich dabei im schlimmsten Fall am Nacken gepackt, sodass ich nicht weglaufen konnte“, erzählt Mira.

    Irgendwann kam für die damals 17-Jährige der Punkt, an dem sie nicht mehr konnte: „Ich dachte mir, ich komme hier entweder raus oder ich bringe mich selber um“, sagt sie. Ihre Hoffnung, dass sich ihre Mutter ändern würde, hatte sie aufgegeben. Doch einfach das Jugendamt von zu Hause aus anrufen ging nicht. Ihre Mutter kontrollierte die Telefonrechnungen. Einmal rief sie die Telefonseelsorge an. Ihre Mutter habe die Anrufe auf der Rechnung gesehen. „Sie ist völlig ausgerastet und hat mich geschlagen“, erzählt sie. Deswegen war es wichtig, dass sie in die Schule gehen und mit einem Lehrer darüber sprechen konnte. Der Lehrer reagierte sofort, die damals 17-Jährige wurde von dem Jugendamt in Obhut genommen.

    Während der Corona-Pandemie wäre das kaum möglich gewesen. Es fehlen wichtige Kontrollinstanzen wie Schulen oder Kitas. So werden Kinder und Jugendliche nur noch eingeschränkt wahrgenommen, Gewalt und Missbrauch schwerer erkannt. Der Präsident des deutschen Kinderschutzbundes, Heinz Hilgers, sagt, dass viele Fälle häufig nicht gesehen werden: „Trotz der erhöhten Gewaltbelastung in den Familien ist die Zahl der Inobhutnahmen nicht gestiegen, denn der Kontakt zu den Familien ist erschwert.“

    Beratungsgespräche werden abgesagt

    Sara* ist auch eine hilfesuchende Jugendliche, die sich noch kurz vor dem ersten Lockdown in ein Heim retten konnte. Die 17-Jährige wurde zu Hause von ihrem älteren Bruder geschlagen. Weil sie noch minderjährig ist, bleibt auch sie anonym. Sara erzählt: „Als mein Bruder herausgefunden hat, dass ich einen Freund habe, ist er komplett ausgerastet.“ Die Eltern sind machtlos gegenüber dem gewalttätigen Bruder. Ihr Vater versteht bis heute nicht, wieso die Schülerin seit über einem Jahr in einem Heim lebt und nicht zuhause. Er gab ihr zu verstehen, dass sie übertreibt.

    Im Februar 2020 erzählt die 17-Jährige ihren Freundinnen in der Schule, dass ihr Bruder sie geschlagen hat. Ihre Freundinnen ermutigen sie, sich einem Lehrer anzuvertrauen. Dann ging alles sehr schnell. Das Jugendamt reagiert sofort und nimmt die Schülerin in Obhut. Das war rund drei Wochen vor dem ersten Lockdown. Seitdem lebt Sara in einem Heim.

    Doch mit der Inobhutnahme verschwinden die Probleme nicht. Das erste Heim, in das die Schülerin kommt, sei dreckig gewesen und sie habe sich dort nicht wohlgefühlt. Eine „Horror-Inobhutnahme“, sagt Sara. Doch die Schülerin braucht Hilfe und vor allem ein stabiles Umfeld. Im Sommer 2020 kann sie das Heim verlassen, weil in einem sogenannten Hilfeplangespräch mit dem Jugendamt besprochen wird, was mit Sara passiert. Sie entscheidet sich für ein anderes Heim, in dem sie jetzt seit fast einem Jahr lebt und sich wohlfühlt.

    Dass Sara ein Hilfeplangespräch bekam und in ein anderes Heim ziehen konnte, ist keine Selbstverständlichkeit während der Pandemie. Denn die sogenannten Hilfeplangespräche wurden laut einer CORRECTIV-Recherche in einigen nordrhein-westfälischen Jugendämtern entweder verschoben oder ganz abgesagt. Eigentlich sollen sie regelmäßig stattfinden, dabei sprechen der betroffene Jugendliche, eine Fachkraft und das Jugendamt über die Zukunft des Jugendlichen und können aktuelle Konflikte thematisieren.

    Kinder und Jugendliche, die Hilfe von außen suchen, brauchen Heime, in denen sie sich wohlfühlen und in denen sie ihre Traumata und ihre Probleme bewältigen können. Genau diese Schutzorte sind durch die Pandemie stark belastet.
    Keine Therapie, schwierige Betreuung: Traumatisierte und hilfesuchende Kinder leiden stärker durch die Pandemie

    Ein Heim, in dem Kinder und Jugendliche vor Gewalt und Missbrauch Schutz finden können, ist das St. Vincenz Jugendhilfe Zentrum in Dortmund. Hier können sie durch verschiedene Angebote ein normales Leben führen. Doch auch an diesem Beispiel zeigt sich, wie stark die Pandemie die Arbeit in dem Heim belastet hat.

    Melanie Mohr arbeitet seit rund 15 Jahren als Sozialarbeiterin in der Wohngruppe. Sie erzählt, dass die Kinder und Jugendlichen extrem frustriert sind: „Ein Jugendlicher von uns ist biologisch ein Mädchen, möchte aber als Junge leben, heißt, er ist transsexuell. Wäre Corona nicht gewesen, hätte der Junge eine stabilere Psyche und könnte dadurch ein geregelteres Leben führen.“ Weil seine Behandlung aber teilweise während der Pandemie abgebrochen worden sei, sei er stark depressiv geworden. Das größte Problem sei vor allem, dass es schwieriger geworden sei, Termine bei Therapeuten zu bekommen. Mohr sagt: „Die Jugendlichen, die sich sowieso schon schlecht gefühlt haben, fühlen sich jetzt noch schlechter, weil es kaum ergänzende Maßnahmen gibt. Die Entwicklungen der Kinder sind stagniert.“

    Das größte Problem der stationären Jugendhilfe sei die große Belastung, erzählt Heinz Hilgers vom deutschen Kinderschutzbund: „Die Heime sind eigentlich so aufgebaut, dass die Kinder zur Schule gehen. Durch die Pandemie sind die Schulen aber teilweise geschlossen und auch ergänzende Unterstützungen sind erschwert. Das müssen die Mitarbeiter und Mitarbeiterinnen in den Heimen selber versuchen aufzufangen“, sagt Hilgers. Er findet, dass die Kinder- und Jugendhilfe in den ganzen Diskussionen rund um die Pandemie kaum Beachtung gefunden hat.

    Familienhilfe: Vertrauen durch persönliche Gespräche aufbauen

    Nachdem die damals 17-jährige Mira von ihrer gewalttätigen Mutter weg konnte, hat sie später angefangen Pädagogik zu studieren. Die heute 25-Jährige schaut besorgt auf die Kinder- und Jugendhilfe während der Pandemie: „Familienhilfe ist nicht einfach. Man kann nicht einfach ein Telefonat führen und direkt mit dem betroffenen Kind Vertrauen aufbauen. Ich habe das am eigenen Leib gespürt.“ Wenn Mira über ihre Kindheit spricht, weiß sie, dass ihr das Hilfesystem das Leben gerettet hat. Sie erzählt, dass sie niemals in der Gegenwart ihrer Mutter Außenstehenden gesagt hätte, dass sie geschlagen wird. Die Angst war zu groß. Über die Erlebnisse konnte sie erst mit einem Lehrer sprechen, dem sie vertraute.

    Persönliche Gespräche sind für hilfesuchende Kinder und Jugendliche sehr wichtig. Doch gerade diese Möglichkeiten sind durch die Pandemie stark eingeschränkt. Die Beratungsstelle „Gegenwind“ aus Bottrop setzt sich dafür ein, dass Kinder und Jugendliche vor sexuellem Missbrauch geschützt werden. Seit dem ersten Lockdown bietet die Beratungsstelle telefonische Beratungen an. Doch das lief am Anfang nicht so gut. Doris Wagner, Mitbegründerin von „Gegenwind“, erzählt: „Die telefonische Beratung lief im ersten Lockdown sehr schleppend an. Wir haben uns große Sorgen um Kinder gemacht, die nicht mehr raus konnten und somit nicht mehr im Blickfeld waren. Die Kinder waren sehr schlecht zu erreichen.“ Das Problem sei vor allem die Kommunikation gewesen. Viele Betroffene hätten gar nicht gewusst, dass Hilfe auch unter Pandemie-Bedingungen möglich war.

    Jugendliche leben während der Corona-Pandemie zwischen Hoffnung und Verzweiflung

    Die Kinder- und Jugendhilfe ist lebensnotwendig. Mira weiß das nur zu gut: „Wäre Corona in meiner Jugend da gewesen, wäre ich wahrscheinlich nicht am Leben, weil ich das nicht überstanden hätte.“ Fast zehn Jahre, nachdem sie ihre gewalttätige Mutter durch das Jugendamt verlassen konnte, hat sie ihrem damaligen Lehrer eine Nachricht geschrieben: „Ich glaube, ihm war gar nicht bewusst, dass er damals mein Leben gerettet hat. Ich wollte mich einfach bei ihm bedanken.“

    Wenn Sara, die von ihrem Bruder geschlagen wurde, an ihre Zukunft denkt, dann wirkt sie hoffnungsvoll. Sie will die Zeit in dem Heim nutzen, ein gutes Abitur ablegen und vielleicht Polizistin oder Sozialarbeiterin werden. „Weil diese Berufsgruppen Menschen vor Gewalt schützen“, sagt die Schülerin. Wenn Sie an Zuhause denkt, dann hat sie noch die Gewalt im Kopf, die sie noch nicht verarbeitet hat. In dem Heim findet sie trotz der Corona-Pandemie Schutz und Hilfe.

    Jonas, der unter starken Depressionen leidet, wirkt mit Blick auf seine Zukunft hoffnungslos. Weil er sein Abitur nicht bestanden hat, muss er Umwege gehen. Aktuell sucht er nach einem Platz für ein freiwilliges soziales oder ökologisches Jahr, um sein Fachabitur zu machen. Er kann aber auch nicht sagen, wie er seine Depression bewältigen soll. Der 19-Jährige weiß nur, dass seit Beginn der Pandemie einiges falsch gelaufen ist: „Es wurde nicht auf das Wohlergehen der Kinder und Jugendlichen geschaut.“

    *Name geändert

    #pandemic #covid #children #youth #lockdown #Germany #depression #suicidal_thoughts #life-threatening #support #violence #domestic_violence #child_abuse #sexualized_violence #isolation #social_system #therapy

    https://correctiv.org/aktuelles/gesundheit/2021/05/28/wie-hilfesuchende-kinder-waehrend-der-pandemie-allein-gelassen-werden

  • Des chercheurs montrent comment le #LSD libère et étend notre perception
    https://trustmyscience.com/chercheurs-montrent-comment-lsd-etend-perception

    « Tout le processus de développement et d’éducation de l’enfant consiste à prendre votre cerveau, qui est extrêmement malléable, et à le forcer à ressembler à celui de tout le monde. Sous les #psychédéliques, vous revenez à un état où des zones du cerveau qui n’ont pas communiqué depuis que vous êtes bébé peuvent le faire à nouveau. Et c’est cette connectivité accrue qui permet aux gens d’obtenir de nouvelles informations sur d’anciens problèmes ».

    La capacité du LSD à libérer l’activité cérébrale peut expliquer pourquoi les psychédéliques peuvent aider les personnes souffrant de dépression, d’anxiété et d’autres troubles de santé mentale tels que le trouble de stress post-traumatique. « Dans la #dépression, les gens sont enfermés dans une façon de penser qui est répétitive et ruminative. C’est comme la pensée jalonnée. Les psychédéliques perturbent ce genre de processus afin qu’ils puissent y échapper », conclut Nutt.

    Source : https://www.biorxiv.org/content/10.1101/2021.05.14.444193v2

  • Dans le camp de Lesbos, une trentaine de migrants testés positifs au Covid - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/32116/dans-le-camp-de-lesbos-une-trentaine-de-migrants-testes-positifs-au-co

    Une trentaine de migrants vivant dans le camp de Mavrovouni, sur l’île de Lesbos, ont été testés positifs au Covid ont annoncé les autorités grecques. Une campagne de vaccination a débuté dans le camp mais beaucoup refusent de se faire vacciner pour protester contre leur conditions de vie désastreuses.C’est la hantise des migrants coincés dans l’enfer de Lesbos. En plus de leurs conditions de vie déjà très précaires, les quelque 6 000 exilés du camp de Mavrovouni, situé sur l’île grecque, doivent faire face à une vague de coronavirus.Une trentaine de personnes ont été testées positives au Covid-19 ces derniers jours, ont indiqué les autorités sanitaires. Ainsi, une centaine d’exilés, y compris les familles de personnes infectées, « ont été placées en quarantaine » dans une partie du camp.
    Depuis l’apparition de la pandémie en mars 2020, le camp de Lesbos a été plutôt épargné par le Covid-19. Quelques cas ont bien été signalés mais le virus ne s’est jamais réellement propagé dans le camp. Il faut dire que les migrants retenus dans les camps grecs sont soumis à des restrictions sévères : ils ne sont autorisés à en sortir que pour un temps limité. De plus, les structures sont pour la plupart situées loin des zones habitables, ce qui rend difficile l’accès à la population et aux commerces.
    En outre, si la pandémie inquiète les exilés, ce n’est pas leur préoccupation principale. La majorité survit dans des conditions déplorables : vivant sous des grandes tentes, ils sont constamment en proie aux intempéries et à l’absence d’électricité. Les migrants se plaignent aussi de ne pas manger à leur faim et affirment avoir des difficultés dans l’accès à l’hygiène tant les sanitaires sont sommaires. Enfin, les retards dans le traitement de leur dossier d’asile rendent leur avenir incertain et créent un sentiment de crispation, voire de dépression.C’est pourquoi, même si une campagne de vaccination a débuté ces dernières semaines à Lesbos, beaucoup refusent de se faire vacciner, principalement des Africains, en signe de protestation contre leurs conditions de vie.Construit à la hâte en septembre 2020 après l’incendie du camp de Moria, celui de Mavrovouni est censé être provisoire. Un nouveau camp, fermé et sécurisé à l’aide notamment de portiques, doit à terme le remplacer, à une date encore indéterminée. Sa construction a pris du retard, selon le gouvernement grec, en raison des protestations de certains habitants ou autorités locales se disant lassés de la présence de migrants sur leur île.

    #Covid-19#migrant#migration#grece#lesbos#mavrovouni#camp#refugie#sante#contamination#vulneralibilte#santementale#depression#hygiene#vaccination

  • Symptômes dépressifs : hospitalisations des moins de 15 ans en hausse de 80 % - France - Le Télégramme
    https://www.letelegramme.fr/france/symptomes-depressifs-hospitalisations-des-moins-de-15-ans-en-hausse-de-


    Photo d’illustration Le Télégramme

    Angèle Consoli, pédopsychiatre à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière et membre du Conseil scientifique, a noté une « augmentation des symptômes dépressifs chez les moins de 15 ans, avec une augmentation des passages aux urgences et du nombre d’hospitalisations après passage de 80 % », ce lundi matin sur France Inter.

    Invitée ce lundi matin sur France Inter, Angèle Consoli est revenue sur la santé des jeunes. Et la pédopsychiatre n’a pas caché son inquiétude : « Il y a des retours de terrain, de l’ensemble des collègues sur tout le territoire national qui montrent qu’il y a beaucoup de demandes de soins, de consultations, d’indications d’hospitalisations, d’idées et de crises suicidaires, avec des jeunes qui relèvent de soins psychiatriques. Il y a aussi des données épidémiologiques fiables qui montrent une augmentation des symptômes dépressifs chez les moins de 15 ans, avec une augmentation des passages aux urgences et du nombre d’hospitalisations après passage de 80 %. De même pour la tranche 12/17 ans, avec des symptômes anxieux, dépressifs et des crises suicidaires ».

    « Un impact sur la santé mentale »
    Angèle Consoli a aussi expliqué déceler les symptômes chez les jeunes : « Certains signes doivent alerter les parents : un changement de comportement, ce qu’on appelle une rupture avec l’état antérieur. Si l’enfant est plus irritable, plus colérique, plus explosif, ou plus en retrait, qu’il s’isole… Ce sont des signes qui doivent alerter, aussi à l’école ou via le réseau de sien. Il faut qu’on soit vigilants : il y a un impact sur la santé mentale. Si cela arrive, il faut parler avec son enfant, quel que soit son âge, avec les mots adaptés. Lui demander ce qui l’inquiète, ce qui l’angoisse ».

  • HCR - Dix ans après le début du conflit, les réfugiés syriens luttent toujours pour leur survie
    https://www.unhcr.org/fr/news/stories/2021/3/604f19e3a/ans-apres-debut-conflit-refugies-syriens-luttent-survie.html

    Alors que le conflit syrien entre dans sa deuxième décennie, plutôt que de s’améliorer, la vie quotidienne des 5,6 millions de réfugiés vivant dans les pays de la région est plus difficile que jamais.La pauvreté et l’insécurité alimentaire ne cessent de croître, le taux de scolarisation et l’accès aux soins de santé sont en baisse, et la pandémie de Covid-19 a fait disparaître en grande partie le travail informel dont dépendaient les réfugiés.
    « Petit à petit, tout ce que j’avais bâti [...] au cours des six ou sept dernières années a été réduit à néant, il ne reste plus rien », a expliqué Yasser, le mari de Hala. « La situation est très dure [...], ça nous a touché au plus profond de nous-mêmes, les enfants sont déprimés. »« J’ai 16 ans - à cet âge, je devrais vivre les meilleurs moments de mon existence », a ajouté leur fils Amer. « Le fait de devoir abandonner l’école m’a donné l’impression d’être indésirable dans cette vie. Je travaillais 12 heures par jour, debout, alors que ma place est à l’école pour étudier. »
    La crise financière au Liban a fait chuter le cours de la monnaie et augmenter les prix des produits de base. Combinée aux effets économiques dévastateurs de la pandémie de Covid-19, cette situation a fait passer le taux de réfugiés syriens dans le pays vivant sous le seuil d’extrême pauvreté à près de 90% à la fin de 2020.Amer et son père Yasser ont tous deux perdu leur emploi au cours de la pandémie, les mettant en difficulté pour subvenir à leurs besoins et leur faisant craindre d’être expulsés de l’appartement humide où deux des enfants ont développé de graves problèmes d’asthme. La situation a également nui à la santé mentale de la famille. Hala passe souvent des journées entières sans pouvoir sortir du lit, et elle et son fils Amer ont des pensées suicidaires. C’est une tendance générale chez les réfugiés syriens, dont les problèmes psychiques sont de plus en plus nombreux, en raison de leur déracinement prolongé, de la pandémie et de la dégradation des conditions économiques. Fin 2020, un centre d’appels au Liban géré par le HCR, l’agence des Nations Unies pour les réfugiés, a fait état d’une augmentation des appels de réfugiés pensant au suicide et à l’automutilation. Yasser résume leur situation en disant que malgré le fait qu’ils aient échappé au conflit en Syrie, « c’est comme si nous vivions une guerre quotidienne ; une guerre silencieuse et intérieure. »

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  • Vivre avec un #Covid par temps de #dépression - Mon blog sur l’écologie politique
    http://blog.ecologie-politique.eu/post/Vivre-avec-un-Covid-par-temps-de-depression

    Je suis tombée malade du Covid il y a quelques jours, avec des symptômes assez classiques et plutôt légers. Les premiers symptômes ressemblant à n’importe quelle crève, j’ai dans un premier temps pris des précautions et je ne suis allée me faire tester qu’à l’emblématique disparition de mon odorat. Et, une fois n’est pas coutume puisque d’habitude je suis plutôt un mauvais esprit, j’étais positive, donc confinée et en arrêt maladie.