• Les nouvelles grenades du maintien de l’ordre - POLITIS
    https://www.politis.fr/articles/2024/02/eclats-et-traumatismes-sonores-les-nouvelles-grenades-du-maintien-de-lordre

    Début novembre, Politis dévoilait en exclusivité le résultat de la dernière commande de grenades de l’État, pour plus de 78 millions d’euros, la plus importante depuis plus de dix ans. En y regardant de plus près, plusieurs de ces grenades de maintien de l’ordre sont encore inconnues.Au milieu de cet achat, on trouve des « grenades à main à effet sonore », le lot n°7. Apparues en 2022, ces armes, classées comme « matériel de guerre », produisent un très fort effet assourdissant. Deux entreprises vont se les partager, et c’est Rivolier qui en remporte la plus grande partie. L’entreprise importe des armes de maintien de l’ordre via sa branche « sécurité-défense ». Mais aucune information n’est disponible sur cette arme.

    • « C’est un modèle de chez Condor », révèle à Politis une source policière. Une information confirmée par des documents techniques que nous avons pu nous procurer auprès de forces de l’ordre. Il s’agit de la #grenade_GL-307. Sous ce nom, on retrouve bien une « grenade à effet sonore ». Sur la fiche technique du fabricant brésilien, le descriptif parle de lui-même. « La grenade à effet sonore GL-307 a été conçue pour produire un effet de souffle bruyant et un aveuglement intense dans les opérations de contrôle des émeutes. » Avec un pictogramme « Ne pas ramasser » inscrit dessus, elle explose au bout de 2,5 secondes.

      Les grenades assourdissantes engendrent « un risque de traumatisme majeur » selon un spécialiste, consulté par Politis. (DR.)

      « À ce niveau, les dommages sur l’audition sont irréversibles »

      Son niveau sonore atteint des records dans l’arsenal français. Avec, jusqu’à 165 décibels à 10 mètres, elle surpasse le modèle actuel qui monte déjà à 160 dB. D’après BruitParif, l’observatoire du bruit en Île-de-France, « le seuil de douleur pour les oreilles est atteint à 120 décibels. À ce niveau, les dommages sur l’audition sont irréversibles. » Selon la documentation de Condor, à une distance de 2 mètres, l’intensité de la grenade de maintien de l’ordre atteint 175 dB.

      À titre de comparaison, même si l’envergure est différente, l’explosion de l’usine chimique d’AZF en septembre 2001 à Toulouse a provoqué un pic sonore inférieur. Estimée à 170 dB, l’explosion a provoqué de graves séquelles auditives pour les victimes (...)

      Avec cet achat de plus de 78 millions d’euros, le gouvernement s’équipe de douze grenades de maintien de l’ordre différentes. Quatre fumigènes, quatre lacrymogènes, trois assourdissantes et une assourdissante et lacrymogène. Plusieurs projettent des fragments pouvant gravement blesser. De quoi faire face à tout type de contestation.

      Maintien de l’ordre : de nouveaux lance-grenades de 40 mm
      https://www.politis.fr/articles/2023/12/maintien-de-lordre-de-nouveaux-lance-grenades-de-40-mm

      Contrairement aux multicoups actuels qui disposent d’un barillet, ce nouveau modèle disposera de deux canons à la place. Depuis plusieurs années, les CRS qui utilisent les lanceurs six coups à barillets se plaignent de dysfonctionnements à répétition tels que l’enrayement régulier de l’arme. Testé depuis plus d’un an, ce nouveau type de lanceurs à double canon était surnommé, à ses débuts, « LGBT » pour « lance-grenades bi-tubes ». D’après l’appel d’offres, il sera accompagné de gilets permettant « d’emporter et d’utiliser rapidement une dotation de 20 grenades complètes ».

      [...]
      Ces dernières années, les commandes de matériel de maintien de l’ordre ont explosé. Depuis l’élection d’Emmanuel Macron en 2017, ce sont environ 380 millions d’euros qui ont été dépensés, en comptant les commandes en cours, comme celle du lance-grenades à double canon. Dans ces achats, on retrouve des armes, mais aussi les blindés de la gendarmerie Centaure, des fourgons aménagés pour le maintien de l’ordre et avec d’autres équipements. En mai 2023, une commande pour des boucliers et casques a également été lancée pour 40 millions d’euros.

      #maintien_de_l’ordre #police #armes_de_la_police #grenades_assourdissantes #lance-grenades

  • Mise à l’écart de la cheffe des urgences de Laval : le ministre de la Santé interpellé - France Bleu
    https://www.francebleu.fr/infos/sante-sciences/mise-a-l-ecart-de-la-cheffe-des-urgences-de-laval-le-ministre-de-la-sante

    Caroline Brémaud n’est plus la cheffe du service des urgences de l’hôpital de Laval depuis le 1ᵉʳ décembre. Très médiatique, celle qui a lancé l’alerte sur le manque criant de moyens à l’hôpital en 2021, est démise de ses fonctions. Des syndicats de soignants et des élus crient au scandale.

  • Software engineers feel unable to speak up about wrongdoing at work
    https://betanews.com/2023/11/20/software-engineers-feel-unable-to-speak-up-about-wrongdoing-at-work

    A new report from software auditing company Engprax finds 53 percent of software engineers have identified suspected wrongdoing at work but many are reluctant to report it due to fear of retaliation from management.

    Of those who have spoken up, 75 percent report facing retaliation the last time they reported wrongdoing to their employers.

    Alongside the risk of retaliation for speaking up, one in six software engineers feel unable to express ideas or concerns, speak up with questions, or admit to mistakes without fear of negative consequences. Nearly one in four say they were unable to take calculated risks without fear of negative consequences.

    Prior research identified in the investigation has also shown that ’those with the lowest programming skill’ are most likely to be most over-optimistic at evaluating software delivery performance in large projects. With 44 percent of those who didn’t report wrongdoing attributing fear of retaliation from colleagues as a reason, the study highlights the need to ensure subjective employee feedback mechanisms are not used as a tool for retaliation.

    Dr Junade Ali, the principal investigator of the study, says, “Recent developments demonstrate the fundamental importance of software engineers being free to raise the alarm when they become aware of potential wrongdoing; unfortunately our research has highlighted that software engineers are not sufficiently protected when they need to do so. From software engineers facing mass retaliation for speaking up and banned gagging clauses still being used, to ’industry-standard’ software development metrics not considering the public’s risk appetite; this investigation has highlighted systematic and profound issues with society-wide impact, given how integral computers are to all our lives. Our investigation has shown a tendency for problems to be swept below the rug until they reach boiling point rather than addressed, this is neither compassionate nor honest for those involved.”

    #Lanceurs_alerte #Complicité #Silence

  • Bercy enfonce la lanceuse d’alerte de l’affaire UBS | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/economie-et-social/140923/bercy-enfonce-la-lanceuse-d-alerte-de-l-affaire-ubs

    Stéphanie Gibaud a permis à l’État de récupérer 1,8 milliard d’euros dans l’affaire UBS. Mais cette lanceuse d’alerte a tout perdu et vit au RSA. Bercy s’oppose pourtant fermement à ce qu’elle touche une indemnisation. Récit d’audience.

  • La note qui révèle comment l’agrobusiness attaque les journalistes bretons - Splann ! | ONG d’enquêtes journalistiques en Bretagne
    https://splann.org/note-agrobusiness-journalistes-bretons

    Une note interne signée par Les Z’Homnivores, association d’industriels de la viande soutenue par la région Bretagne, dépeint le journaliste Nicolas Legendre en militant de la « post-vérité » rattaché à l’« ultra-gauche », en « croisade personnelle [pour] la fin de l’agriculture et la production alimentaire en Bretagne ». Ce document que nous rendons public en intégralité traduit une volonté de nuire étrangère à l’exercice normal du débat démocratique.

    #agrobusiness #agroindustrie #lanceurs_d'alertes

  • Police : enquête sur la formation alarmante aux tirs de lance-grenade Cougar
    https://www.youtube.com/watch?v=A_T-fAmL5uE

    La cellule enquête vidéo du Monde a eu accès à des documents de formation internes de la #police nationale. Ils dévoilent comment les policiers français sont formés à effectuer des #tirs dangereux, non-respectueux des normes de conception, et dans un cadre légal problématique.

    Zineb Redouane dans son appartement en 2017, le Gilet jaune Manuel Coisne en 2018, Serge Duteuil-Graziani à Sainte-Soline en 2023. Tous ont été touché par un tir de #lance-grenade Cougar. La première est morte, le second a perdu son oeil et le dernier se trouvait toujours entre la vie et la mort deux mois après sa blessure.

    Arme centrale du #maintien_de_l’ordre en France, le lance-grenade Cougar est pourtant conçu pour éviter des blessures par impact. Il faut pour cela respecter un certain angle de tir, prévu par son fabricant, le français Alsetex.

    L’analyse des documents, des images de 224 tirs réalisés par des policiers, et une modélisation 3D du comportement d’un tir révèle que ce n’est pas le cas de la police française.

    • Au nom du maintien de l’ordre
      https://www.arte.tv/fr/videos/101352-000-A/au-nom-du-maintien-de-l-ordre-1-2

      Comment a-t-on évolué du maintien de l’ordre à un contrôle des foules qui ressemble à une guerre de basse intensité ? Réalisé par le journaliste et reporter Paul Moreira, qui a couvert notamment les manifestations des « gilets jaunes », ce documentaire se penche sur les nouvelles doctrines de maintien de l’ordre en donnant la parole à de nombreux témoins et spécialistes, dont des responsables policiers et des vendeurs d’"armes à létalité réduite". Mêlant leurs propos d’une désarmante franchise et des immersions, parfois rudes, au sein de cortèges en France, en Allemagne ou aux États-Unis, ces deux épisodes livrent une démonstration : cette évolution du contrôle des manifestants, symbolisée par l’usage massif et non contrôlé des armes à balles en caoutchouc, résulte de schémas pensés et assumés par les hiérarchies policières. La peur se répand dans les cortèges et le constat apparaît aussi évident qu’inquiétant : ce glissement répressif menace les libertés publiques.

  • L’invité de ce journal

    C’est une structure méconnue, chargée de payer les salariés des entreprises qui sont placées en redressement ou en liquidation judiciaire : l’Agence de garantie des salaires (AGS). Liée à l’assurance chômage (l’Unédic) et au patronat (via le Medef), cette institution est financée par des cotisations versées par l’ensemble des entreprises. Or, d’après l’association Anticor, jusqu’à 15 milliards d’euros de ses fonds ont pu être détournés en l’espace de 13 ans, entre 2009 et 2022. Une enquête pour corruption et prise illégale d’intérêts est ouverte depuis 2019. Ce mardi l’ONG anticorruption s’est constituée partie civile dans ce dossier. Jérôme Karsenti, l’avocat d’Anticor dans cette affaire est l’invité de ce journal.
    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/journal-de-22h/journal-de-22h-du-jeudi-04-mai-2023-2970080
    #corruption #anticor

    • Anticor dénonce le possible détournement de plus de 15 milliards d’euros dans l’affaire des faillites d’entreprises
      https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2023/05/03/anticor-denonce-le-possible-detournement-de-plus-de-15-milliards-d-euros-dan

      Anticor explique en effet avoir mis au jour de nouvelles informations exposant un possible système de détournement d’argent à grande échelle, allant au-delà de l’ex-direction de l’#AGS, partie en 2018. L’association pointe du doigt une partie du réseau de #mandataires_judiciaires liés à l’agence, payés en honoraires, dont le rôle est de distribuer aux salariés les fonds gérés par l’AGS. Même s’il s’agit d’argent privé, Anticor estime que l’infraction de détournement de biens publics peut s’appliquer, puisque l’AGS comme les mandataires sont chargés d’une mission de service public.

      Ces soupçons figuraient déjà dans l’une des deux plaintes à l’origine de l’ouverture de l’enquête judiciaire, déposée en octobre 2019 par l’AGS et la délégation Unédic AGS (DUA), l’organisme chargé de la gestion opérationnelle du régime de garantie. Après la mise au jour de possibles infractions par la nouvelle directrice de la DUA, les deux organismes avaient dénoncé à la justice de possibles faits d’abus de confiance, faux et recel commis par des mandataires judiciaires, trop vite « labellisés » pour gérer ces procédures collectives et traitant les dossiers de façon accélérée et « sans contrôle a priori ».
      De nombreuses anomalies de gestion avaient été signalées, comme ces dossiers classés en pertes dans la comptabilité de l’AGS, sur simple déclaration de mandataires, alors même qu’ils n’étaient pas clôturés. Ou bien encore de gros écarts, difficilement justifiables, entre les avances de fonds versées par l’AGS aux mandataires pour payer les salariés et les sommes récupérées in fine par l’agence de garantie auprès des mandataires, une fois les actifs des entreprises défaillantes vendus.

      15,1 milliards d’euros non récupérés

      Mais Anticor livre aujourd’hui de nouveaux éléments qui éclairent, selon elle, « le mécanisme des infractions commises par les mandataires judiciaires ». Des semaines durant, l’association anticorruption s’est penchée sur les comptes de l’AGS et les flux financiers circulant vers les mandataires, en s’appuyant aussi sur le rapport d’audit commandé par la nouvelle direction de l’AGS au cabinet EY. Se fondant sur la « différence conséquente entre les cotisations perçues [par l’AGS], les avances réalisées, et les récupérations », Anticor estime qu’« à chaque étape des transactions, des infractions pénales sont potentiellement commises ».

      Au total, « 15,1 milliards d’euros n’ont pas été récupérés par l’AGS et ont donc potentiellement fait l’objet de détournement de biens », sur une période allant de 2009 à 2022, selon les calculs de l’association. De nouveaux contrôles, plus stricts, ont cependant été instaurés à compter de 2019, réduisant le risque de détournement.

      L’un des points saillants du dossier constitué par Anticor porte sur le préjudice subi par les salariés d’entreprises défaillantes, qui n’auraient pas été payés par certains mandataires en dépit des avances de fonds de l’AGS : selon l’association, « l’absence de contrôle (…) a pu permettre à certains mandataires de détourner ces sommes (…) pour un montant minimum de plus de 700 millions d’euros » sur les vingt dernières années. Elle cite le cas de Mory Ducros, cette société de messagerie dont la liquidation judiciaire prononcée en février 2014 avait fait les gros titres. Une partie de ses 2 882 salariés licenciés n’auraient pas été payés.

      « Corruption systémique »

      « Ce dossier est écœurant car il révèle des dysfonctionnements à toutes les étapes et des malversations présumées d’une ampleur phénoménale au détriment des salariés, estime Elise Van Beneden, la présidente d’Anticor.

      https://justpaste.it/cjr21

      #salaire #droits_sociaux #salariés

  • Irène Frachon, médecin en alerte
    CQFD | Vendredi 6 janvier 2023
    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-science-cqfd/grand-entretien-avec-irene-frachon-1445205


    Avec Irène Frachon docteure, Pneumologue

    Irène Frachon, pneumologue, lanceuse d’alerte dans l’affaire du médiator nous raconte cette affaire aux aspects de polar qui a percuté sa vie dès les années 1990.

    #Mediator #lanceuse_d'alerte
    #le_monde_des_affaires (qui schlinguent)

  • Exclu : découvrez la bande-annonce de “La Syndicaliste”, avec Isabelle Huppert (qui interprète le rôle de Maureen Kearney)
    https://www.telerama.fr/cinema/exclu-decouvrez-la-bande-annonce-de-la-syndicaliste-avec-isabelle-huppert-7

    L’histoire vraie d’une élue syndicale d’Areva violée chez elle, puis accusée d’avoir menti. Ce film-dossier captivant de Jean-Paul Salomé sera présenté en avant-première lors du Festival cinéma Télérama, du 18 au 24 janvier, avant sa sortie en salles le 1er mars. En attendant, voici la bande-annonce.

    D’autres articles en rapport avec "l’affaire Maureen Kearney" :

    https://www.lecourrierdelatlas.com/le-saississant-laffaire-maureen-kearney-de-nina-robert

    Dans cette mini-série documentaire pour France Televisions, la réalisatrice Nina Robert revient sur la vie et la difficulté de la lanceuse d’alerte, Maureen Kearney. Alors syndicaliste à Areva, elle va subir une agression et un viol qui ne seront jamais résolus. Pire, elle se voit reprocher une « dénonciation calomnieuse », un procès qu’elle gagnera en appel.

    https://www.miroirsocial.com/participatif/la-syndicaliste-lhistoire-de-maureen-kearney-lanceuse-dalerte-agressee

    L’enquête réalisée par Caroline Michel Aguirre est exemplaire par l’attention portée aux détails, à l’enquête précise et détaillée et à la fidélité des faits retracés dans le livre. Facile à lire mais parfois insoutenable par la dureté des faits relatés, il apporte un regard objectif sur la violente agression subie par Maureen Kearney un matin de décembre 2012 à son domicile. L’ouvrage est fidèle ; des témoignages et des documents expliquent une situation exceptionnelle par son déroulement et les implications économiques et politiques de l’affaire.

    #lanceuse_d'alerte #syndicalisme #le_monde_des_affaires (qui schlinguent) #business (as usual) #culture_du_viol #culture_d'entreprise

  • Pour nous faire taire, un milliardaire réclame 50 000 euros au Média
    https://www.lemediatv.fr/emissions/2022/pour-nous-faire-taire-un-milliardaire-reclame-50-000-euros-au-media-AT3K5K

    Au Média, on a de la chance. On a des “amis” qui veulent nous faire taire. Le 7 novembre, le Média sera en procès contre la plus grosse société minière de Guinée, adepte de l’évasion fiscale.

    #Afrique #Françafrique #Justice #Lanceurs_d'alerte

  • Pour nous faire taire, un milliardaire réclame 50 000 euros au Média
    https://www.lemediatv.fr/articles/2022/pour-nous-faire-taire-un-milliardaire-reclame-50-000-euros-au-media-AT3K5K

    Au Média, on a de la chance. On a des “amis” qui veulent nous faire taire. Le 7 novembre, le Média sera en procès contre la plus grosse société minière de Guinée, adepte de l’évasion fiscale.

    #Afrique #Françafrique #Justice #Lanceurs_d'alerte

  • Lancement du site Une araignée au plafond (2006)
    https://unearaigneeauplafond.fr/une-araignee-au-plafond

    Je viens en effet de louer un serveur web chez OVH, là encore. Le serveur a pour but d’héberger quelques uns de mes sites, ainsi que les sites de mes proches et amis. C’est un petit serveur d’entrée de gamme basé sur un Intel Celeron 2,6 GHz avec 512 Mo de mémoire, 40 Go de disque dur et une bande passante de 10 Mbps pour le côté matériel. Pour ce qui est du côté logiciel, je n’ai pas voulu prendre de risque en me lançant dès le départ du côté obscur de Linux et j’ai opté pour l’interface web Linux Plesk qui est très simple d’accès. D’un point de vue matériel, le serveur devrait tenir la charge sans problème important, alors que du côté logiciel, mettre en place un nouveau site devient alors un jeu d’enfant, une fois qu’on a compris les opérations de base. Certes, la licence est limitée à un unique utilisateur (à savoir moi-même), mais je n’ai pas l’intention de concurrencer une offre de serveur mutualisé professionnelle, mes utilisateurs étant des non informaticiens comptant sur moi pour toute la partie technique. De plus, l’hébergement des autres sites est gratuite. Et puis bon, pour un début, cela devrait être amplement suffisant.

    J’avais écrit ce premier billet en 2006. Nous sommes en 2022, et je continue à héberger des sites et services personnels et de quelques amis. La différence étant sans doute que j’ai appris quelques rudiments sous Linux ne me réclamant plus d’interface utilisateur autre que la ligne de commande, et que j’héberge désormais mon serveur chez moi, sur un « mini pc ». Oh, j’ai aussi abandonné le .be (désormais entre les mains d’un tiers) au profit du .fr, plus pertinent.

    Sincèrement, je n’en reviens pas que ce billet ait 16 ans. C’était il n’y a pas si longtemps que ça, pourtant. Je n’avais même pas eu le temps de relire ce premier billet jusqu’ici !

    #blog #lancement #intel #plesk #linux #hébergement #serveur

  • VIDEO : Déficience des services de l’Etat

    Lors de la 6ème édition des Rencontres des lanceurs d’alerte, tenue à L’Ile-Saint-Denis en novembre dernier, trois praticiens des services publics et de l’environnement dressaient un tableau accablant des déficiences croissantes des services de l’Etat, détruits par le libéralisme dominant.

    Voir la suite :

    http://www.eauxglacees.com/VIDEO-Deficience-des-services-de-l?var_mode=calcul

  • Brest, tous aux abris Robin des bois
    https://robindesbois.org/brest-tous-aux-abris

    Le lundi 28 juillet 1947, l’ Ocean Liberty est à quai. Il vient de New York. Il est chargé de 3100 tonnes de nitrate d’ammonium. Un départ de feu est signalé à 12h25. Des remorqueurs l’éloignent du port de commerce et de la ville. A 17h25, il explose et projette des milliers de débris incandescents. Brest, en reconstruction après la Deuxième Guerre Mondiale, est ravagée. Le bilan humain est de 26 morts et de centaines de blessés. Si le navire et sa cargaison dangereuse n’avaient pas été éloignés à temps du cœur de la ville portuaire, c’était Beyrouth avant l’heure.


    Vladimir Vize, mer de Kara, 4 mars 2020 © D. Lobusov

    77 ans après, Brest veut rejouer avec le feu. Pour éviter les « lourdeurs administratives » et faire face à la concurrence des chantiers de réparation navale asiatiques, un arrêté modifiant le Règlement des Ports Maritimes (RPM) est en préparation par le ministère de l’Ecologie.
Alors qu’un navire transportant des marchandises dangereuses doit actuellement avoir des citernes vides et nettoyées avant d’entrer dans une cale sèche où il sera captif pendant les réparations, le projet d’arrêté permet l’accueil en cale sèche de navires encore chargés ou contenant des résidus de matières dangereuses comme du pétrole et surtout du Gaz Naturel Liquéfié (GNL). Il s’agit en particulier de favoriser les escales techniques des méthaniers brise-glaces russes qui livrent en Europe de l’Ouest et en Asie du GNL en provenance du terminal gazier de Yamal en Arctique russe opéré par Yamal GNL, propriété du russe Novatek, de TotalEnergies, de la China National Petroleum Corporation et du Fonds d’investissement du gouvernement chinois Silk Road Fund.


    Yakov Gakkel, mer de Sibérie orientale,10 novembre 2021 © Alex Y-FleetPhoto

    Le GNL est inflammable et explosif. Les méthaniers sont comme toutes les autres catégories de navires de commerce atteints par le gigantisme. Le Georgiy Brusilov, le Nikolay Yevgenov, le Boris Vilkitsky, le Yakov Gakkel, le Christophe de Margerie, le Vladimir Vize , tous de 299 m de long, ont fait récemment des arrêts techniques à Brest de plusieurs semaines pour de la maintenance générale, des travaux de peinture, de tôlerie, vérification et remplacement des vannes, des pompes de cargaison, localisation de fuites dans les cuves, travaux de tuyauteries, meulage, soudure à chaud. Les méthaniers sont des bombes flottantes. Grâce à cet arrêté, les méthaniers vont devenir des bombes terrestres. Ils pourront en cale sèche contenir dans leurs cuves des « volumes importants » de gaz.

    Dans les chantiers navals de réparation, qu’ils soient militaires ou civils, les incendies pendant les opérations de maintenance des navires sont fréquents. Un navire à quai sans son équipage complet est plus vulnérable qu’un navire en mer. L’incendie le plus connu et le plus meurtrier est celui du pétrolier Spyros en 1978 à Singapour. 76 morts parmi les ouvriers et 69 blessés.


    Christophe de Margerie, Mer de Sibérie orientale, 8 novembre 2021 © Alex Y-FleetPhoto

    Le chantier Damen de Brest s’inscrit dans un environnement Seveso. Il est voisin de 3 sites qui peuvent être à l’origine d’un accident majeur se propageant aux navires captifs non nettoyés. Dans l’autre sens, un accident sur un navire en cale sèche pourrait avoir des conséquences sur la sécurité des sites Seveso voisins. En juin 2020, l’explosion dans la province du Zhejiang en Chine d’un modeste camion-citerne de GNL et ses effets dominos ont fait 20 morts, 172 blessés dont 24 graves et dévasté des quartiers entiers.

    Robin des Bois estime que cette faveur réclamée par l’industrie de la réparation navale se ferait au détriment de la sécurité industrielle, maritime et du droit à l’information des citoyens. Aucune consultation des populations locales et des maires n’est prévue dans le projet d’arrêté. Mieux vaut quelques « lourdeurs administratives » que la lourdeur de bilans humains et matériels.

    Dans l’Union européenne, les chantiers navals ne sont pas assujettis à la directive Seveso. La France va demander à la Commission européenne si un chantier naval accueillant des tankers de GNL contenant encore des volumes importants de gaz devait ou non être classé Seveso. Robin des Bois attend sans illusion la réponse de la Commission qui vient de décerner le label vert au gaz fossile.

    Les demandes des chantiers Damen à Brest sont relayées par les chantiers Damen à Dunkerque et par les chantiers navals de Marseille.

    #Brest #Dunkerque #Marseille #seveso #france #gouvernement_macron #lourdeurs_administratives #pétrochimie #incendie #gaz #pétrole #gnl #arctique #climat #transport_maritime #pollution #Histoire #catastrophe #commission_européenne

  • à partir de 01:03:30
    C politique - Invités : Lucile Schmid, Olivier Mangin et William Bourdon diffusé le dim. 06.02.22 | France tv
    https://www.france.tv/france-5/c-politique/c-politique-saison-13/3058195-invites-lucile-schmid-olivier-mangin-et-william-bourdon.html

    un doc exceptionnel sur le lanceur d’alerte de la centrale nucléaire du Tricastin.
    - William Bourdon (son avocat)

    #Nucléaire #accident_nucléaire #lanceur_d'alerte

  • Le policier lanceur d’alerte Benmohamed sanctionné pour avoir témoigné à l’Assemblée
    04/02/2022 - Par Mathieu Molard , Christophe-Cécil Garnier | StreetPress
    https://www.streetpress.com/sujet/1643974193-policier-lanceur-alerte-benmohamed-sanctionne-temoigne-assem

    Le policier Benmohamed, qui avait révélé des centaines de cas de maltraitance et de racisme, a été sanctionné une seconde fois. On lui reproche d’avoir témoigné à l’Assemblée. Dans la foulée, sa hiérarchie ouvre une troisième procédure contre lui. (...)

  • « Les lanceurs d’alerte ne seront plus seuls » - Maison des Lanceurs d’Alerte
    https://mlalerte.org/les-lanceurs-dalerte-ne-seront-plus-seuls

    En effet, ce mardi 1er février, députés et sénateurs ont trouvé un accord qui rétablit l’essentiel des avancées adoptées en novembre par l’Assemblée nationale.
    Ils se sont ainsi accordés pour donner la possibilité aux associations et syndicats de devenir « facilitateurs d’alerte » et bénéficier de la protection accordée aux lanceurs d’alerte.
    Les provisions pour frais de justice accordées aux lanceurs d’alerte ne pourront leur être retirées, même s’ils n’obtiennent pas gain de cause.
    Autre exemple : le texte acte l’élargissement des possibilités accordées aux lanceurs d’alerte de divulguer leurs informations à la presse.

    Enfin, la loi met fin, conformément aux dispositions de la directive européenne, à l’obligation pour les lanceurs d’alerte de saisir leur employeur en premier lieu avant d’envisager la saisine d’une autorité et impose à ces dernières un délai de réponse. Le processus s’en trouve fluidifié et clarifié.

  • #Vincent_Brengarth et #Jérôme_Hourdeaux, Revendiquons le droit à la #désobéissance

    Depuis plusieurs années, la France, « patrie des droits de l’homme », connaît une #dérive_autoritaire sans précédent rompant avec son Histoire et ses prétentions d’exemplarité. Les auteurs du présent ouvrage, respectivement journaliste et avocat œuvrant dans le domaine des #libertés_fondamentales, en ont été les témoins privilégiés et ont écrit ce livre autant comme un constat implacable que comme un #appel au #sursaut.
    Quand l’#état_d’urgence sanitaire a été décrété en octobre 2020, ni le Parlement, ni les citoyens, sidérés, ne s’y sont opposés. Pourtant, notre #démocratie souffre dans ses fondements même : la suite des #régimes_d’exception qu’elle connaît depuis plusieurs années donne des prérogatives toujours plus importantes à l’#État. Surtout, l’#épidémie de #Covid-19 aura été une formidable occasion de banaliser les outils de #contrôle et d’y accoutumer les citoyens. Cette manière de gouverner a des conséquences lourdes sur la #justice et sur la société. Cela pourrait être plus grave encore si un parti extrémiste arrivait au pouvoir.
    L’avocat Vincent Brengarth et le journaliste Jérôme Hourdeaux sont à la fois les témoins privilégiés de la dérive à l’œuvre contre les #libertés_publiques et les vigies attentives qui la combattent tous les jours. En ces temps d’affaiblissement extraordinaire des #contre-pouvoirs, ils dressent un bilan implacable du quinquennat #Macron, du tournant répressif contre ceux qui concourent à l’expression de la #pluralité_des_opinions (#gilets_jaunes, #zadistes, #lanceurs_d’alerte…), de l’illusoire course à la #sécurité. Pour mieux nous inciter à résister à la #surveillance_généralisée.

    https://www.fayard.fr/documents-temoignages/revendiquons-le-droit-la-desobeissance-9782213717388
    #livre
    #Etat #droits_humains #répression #résistance

    ping @karine4 @isskein

  • Hervérifie : « On ne peut pas se fier aux études après le Lancegate »

    TLDR comparaison : l’article dans le Lancet a été rétracté par les auteurs eux-mêmes 14 jours après avec des excuses, tandis que les deux études de Raoult sont toujours publiées et citées DEUX ANS plus tard, alors que tout le monde est maintenant d’accord que tout est faux voire falsifié.

    Conclusion : si on peut se fier aux études, il peut y avoir des erreurs chez n’importe qui, ce qui compte c’est que ce soit rétracté sincèrement après signalement (ce qui est le cas souvent).

    🧠 Repost (malheureusement je pense pertinent) d’un classique.

    🩺 J’ai publié ceci pour la première fois en juin 2020, choqué que Mr Raoult n’ait pas rétracté ses études après 3 mois.

    🩺 Depuis il a admis que les conclusions étaient fausses, et je l’ai mise à jour en août 2021… Près d’un an et demi après la publication. Et depuis, des membres de l’IHU affirment que les résultats ont été falsifiés. Ses études n’ont toujours pas été rétractées. Nous approchons de leur deuxième anniversaire.

    🩺 Après la publication, la semaine dernière, de la tragique disparition d’un médecin qui avait eu le malheur d’accorder sa confiance à Mr Raoult au sujet des « traitements précoces », je pense qu’il est bon de rappeler que Mr Raoult, jusqu’à preuve du contraire, est a minima un menteur (il a menti sur les résultats) et un charlatan (il a prescrit un traitement qui n’avait pas fait la preuve de son efficacité).

    🩺 Puisqu’environ 15 000 personnes se sont abonnées depuis le repost d’août 2021, que Mr Raoult continue de mentir sur sa chaîne YouTube et y fait des millions de vues, et que je suis super occupé cette semaine, je mets a jour 🤗
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    🧠 L’étude publiée le 22 mai 2020 dans le Lancet [1] a été rétractée [2] par les auteurs et par le journal ensuite, du fait de graves problèmes.
    ❶ Que peut-on en conclure ?
    ❷ Comment ce désastre - c’en est un - largement dénoncé par Mr Raoult à l’époque - qui s’exprime toujours autant sur sa chaîne YouTube et empile des millions de vues - se compare-t-il aux publications de ce dernier ?
    ❸ Les publications scientifiques en général, et du Lancet ou de Mr Raoult en particulier, sont-elles fiables ?
    ⚠️ Il s’agit d’une publication clivante (j’en suis conscient mais il faut bien s’y attaquer puisque près de deux ans plus tard on me parle encore du Lancet…) et dense, le texte est long (mais résumé au début pas de panique).
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    🧠 Version courte :
    1️⃣ M. Mehra concluait de façon prudente à l’inefficacité de l’Hydroxychloroquine +/- HCQ et à une augmentation de la mortalité, dans un contexte hospitalier uniquement, il n’affirmait pas de lien de causalité, et n’excluait pas les facteurs confondants. Il concluait au final que l’utilisation devait pour le moment être limitée aux essais cliniques.
    ✔︎ Ces conclusions prudentes étaient peut-être valides, ou peut-être fausses, voire mensongères : on ne le saura sans doute jamais puisque les données brutes ne sont pas accessibles (mon avis : le passif de Surgisphère me laisse penser que la 3e option est la plus probable).
    ✔︎ L’étude a été rétractée en 2 semaines, d’un point de vue scientifique elle n’existe littéralement plus depuis plus d’un an et demi, et n’aura existé que 14 jours.
    ✔︎ Le Lancet a modifié son système de revue par les pairs, clairement défaillant pour le coup.
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    2️⃣ M. Raoult concluait de façon extrêmement confiante à des résultats « tellement significatifs et évidents » démontrant l’efficacité indubitable de l’hydroxychloroquine, et n’hésitait pas à recommander son utilisation chez tous les patients COVID-19. Il allait jusqu’à recommander des études pour discuter l’utilisation en préventif chez des patients sains.
    ✖︎ Malgré ces conclusions très affirmatives, les deux études de M. Raoult [3,4] sont au mieux ininterprétables [5], au pire mensongères [6], voire illégales [7,8]. C’est un fait consensuel dans le milieu médical et de la recherche.
    ✖︎ Il a admis après 10 mois et 3500 citations que la première ne montrait pas d’efficacité clinique (au contraire).
    ✖︎ Mais il ne l’a pas rétractée.
    ✖︎ Et il continue d’affirmer que l’hydroxychloroquine est efficace contre la COVID-19 (ce qui est faux).
    ✖︎ En novembre dernier, Mediapart révélait que plusieurs membres de l’IHU accusaient Mr Raoult d’avoir délibérément falsifié les résultats afin de faire croire à une efficacité de l’hydroxychloroquine (en modifiant le seuil de positivité des PCR). Ces accusations graves semblent suffisamment sérieuses pour avoir motivé une enquête de l’Assistance Publique des Hôpitaux de Marseille (toujours en cours à ma connaissance).
    ✖︎ La seconde étude n’a pas été rétractée.
    ✖︎ Nous en sommes à bientôt 2 ans depuis la publication.
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    🧠 Conclusion : dans le domaine de la recherche scientifique, il y aura des gens qui se trompent ou se font avoir, et il y aura des menteurs, c’est attendu (il s’agit d’êtres humains).
    ✔︎ Les premiers reconnaîtront leurs erreurs, et en tiendront compte.
    
✖︎ Les seconds continueront de mentir, et sortiront peut-être même trois livres vendus en supermarché entre temps, qui sait. Notons que M. Raoult n’en est pas à son premier rodéo pour ce qui est de la fraude scientifique [9,10] (si vous le pensiez intègre et « réputé mondialement », accrochez-vous à votre chaise).
    ⛔️ Au demeurant, force est de constater que :
    ⚠️ Le problème de l’étude de M. Mehra a été certes lamentablement loupé par le Lancet, mais il a été repéré en quelques jours par la communauté scientifique, les auteurs et le journal en ont immédiatement tenu compte, et l’étude a été rétractée dans le doute en 2 semaines.
    ➜ Imperfect but good science.
    ⚠️ Les MULTIPLES problèmes autrement plus graves des deux études de M. Raoult ont été lamentablement « loupés » par ses confrères ses amis ses employés ses lieutenants les relecteurs des journaux qui les ont publiées, ils ont été là encore pointés par la communauté en quelques jours, mais M. Raoult a balayé les critiques d’un revers de main en traitant les contradicteurs, globalement, de crétins ignares et corrompus, et il n’a jamais rétracté ses études.
    ➜ Dishonest, bad bad BAD science.
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    🧠 Rappel des faits concernant le Lancet :
    🩺 Cette étude observationnelle massive ne confirmait pas de bénéfice sur l’évolution et/ou la mortalité dans le traitement hospitalier précoce de la CoVid-19 avec des protocoles associant chloroquine ou hydroxychloroquine, seules ou associées à l’azithromycine (principalement).
    🩺 Elle trouvait par ailleurs une association entre ces traitements et une surmortalité d’une part, et des complications cardiaques graves d’autre part, sans inférer de lien de causalité du fait de sa nature observationnelle (possibilité d’un facteur confondant caché non exclue, bien que présenté comme statistiquement peu probable).
    🩺 Elle précisait ne pas démontrer l’inefficacité ou la dangerosité de ces traitements, du fait de sa nature observationnelle, mais appelait à vérifier ces résultats par des études randomisées en double aveugle, avant de prétendre prescrire ces traitements à des patients en dehors d’essais cliniques.
    __________
    1️⃣ Il n’aura fallu que quelques jours pour que la communauté scientifique mondiale s’étonne principalement :
    ● De plusieurs erreurs d’attribution de données, sans conséquences sur les résultats mais très intrigantes.
    ● Du fait que certains hôpitaux cités déclaraient ne pas avoir fourni de données, ce qui était très suspect.
    ● Devant ces anomalies, de l’absence de données brutes (ce qui n’est pas souhaitable, bien que courant) dans la publication, et de l’étonnante rapidité de traitement de ces données massives par le fournisseur des données, une entreprise privée nommée Surgisphère, jeune, petite et passablement inexpérimentée, appartenant à l’un des 4 auteurs.
    ● Ce qui a amené le Lancet a émettre une alerte sur cette étude (ce qui est normal).
    ⚠️ Les remarques sont extrêmement courantes dans le milieu de la publication scientifique, c’est le principe du système :
    ● Le journal publie généralement les questions les plus pertinentes qui lui sont directement adressées.
    ● Il offre ensuite un droit de réponse aux auteurs, souvent accompagné, si besoin, de modifications à l’article original.
    ● L’égo du chercheur peut-être un peu (beaucoup) malmené, mais la science et la connaissance en sortent gagnantes, et... “C’est l’jeu ma pauv’ Lucette” 👍
    __________
    2️⃣ Face ces remarques justifiées, 3 des 4 auteurs ont réagi rapidement et de façon semble-t-il adaptée :
    ● En corrigeant les erreurs pointées dans un premier temps.
    ● En organisant ensuite un audit indépendant de leur fournisseur de données (le 4e auteur...).
    ● L’auditeur a donc contacté Surgisphère pour obtenir le détail des données brutes, données que... Surgisphère lui aurait formellement refusées, pour d’obscurs motifs de confidentialité.
    __________
    3️⃣ Devant l’impossibilité de fournir ces données brutes, et surtout d’en assurer l’authenticité et l’exactitude, les auteurs ont pris la seule décision rationnelle et intellectuellement honnête :
    ● Ils ont présenté leurs excuses pour l’insuffisance de leurs vérifications avant la publication : ils sont en faute, c’est en effet lamentable.
    ● Ils ont demandé la rétractation de leur article (nul doute que le Lancet aurait pris cette décision, si ils ne l’avaient pas fait d’eux-mêmes).
    ● L’ensemble de ce processus aura pris en tout et pour tout moins de deux semaines, entre la publication et le retrait.
    ● L’avenir nous dira que Surgisphère (qui a disparu depuis) était une société hautement suspecte…
    ● Le Lancet, coupable de ne pas avoir vu ce que la communauté scientifique a vu en quelques jours, a depuis annoncé avoir modifié son process de revue par les pairs…
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    🧠 Questions :
    1️⃣ Qu’est-ce que cette rétractation nous apprend au sujet de la chloroquine, de l’hydroxychloroquine, et de leur association avec l’azithromycine ?
    🩺 Absolument rien.
    ● C’est le principe d’une rétractation : peu importe la raison (fraude, erreur, ou comme ici pour le moment impossibilité de vérifier de façon certaine la source des données brutes), les données et/ou conclusions rétractées ne doivent pas être prises en compte, c’est tout.
    ● A moins que les données brutes ne soient un jour fournies, et qu’elles ne s’avèrent exactes (ce qui est tout à fait possible), ”tout se passe comme si” cette étude n’avait jamais existé (et ce, même si elles s’avèrent un jour fausses, voire frauduleuses).
    ● De fait, plus personne dans le monde de la recherche ou de la médecine ne cite cette étude depuis qu’elle a été rétractée, ses résultats et conclusions ont tout simplement cessé d’exister.
    ● Les seules personnes qui en parlent encore sont celles qui ignorent comment la recherche scientifique fonctionne, ou qui trouvent un intérêt à prétendre qu’ils l’ignorent.
    2️⃣ Qu’est-ce que cette rétractation nous apprend au sujet des études scientifiques ?
    🩺 Beaucoup de choses, entre autres :
    ❶ Que les erreurs sont courantes, attendues, et normales dans le monde de la recherche scientifique et médicale. Imaginer que tous les chercheurs “trouvent” du premier coup est absurde. Tous les plus grands scientifiques de l’histoire se sont lamentablement “vautrés”, à un stade ou à un autre de leur carrière, et les 3 co-auteurs de cette étude se sont “vautrés” dans les grandes largeurs en analysant des données dont ils n’avaient pas vérifié la provenance...
    ❷ Que les fraudes sont également possibles, et qu’ici, cette hypothèse n’est pas exclue (le 4e auteur notamment, fournisseur des données, semble suspect…)
    ❸ Que quand un scientifique ne peut pas démontrer son propos avec des données factuelles, vérifiables et reproductibles, aussi réputé soit-il, peu importe le prestige du journal qui le publie, il DOIT se rétracter, et son propos n’existe plus et n’est plus pris en compte (et surtout n’est plus cité par d’autres études… Suivez mon regard), quel qu’il soit.
    ❹ Que quand un scientifique se trompe, et qu’on le lui démontre, il DOIT accepter son erreur, et changer de discours, afin que ce discours soit en accord avec la réalité des faits objectivables.
    ❺ Que si il ne le fait pas, non seulement son propos n’existe pas, mais son honnêteté peut légitimement être mise en doute (l’erreur potentielle devient mensonge factuel).
    ❻ Que quand une faille méthodologique majeure existe dans une étude, peu importe la réputation ou la popularité de l’auteur (ou du journal), la conclusion n’a que peu, ou plus du tout de valeur : elle n’existe pas, pas plus que les données sur lesquelles elle prétendait ou pensait se baser.
    ➐ Que la méthode scientifique est auto-correctrice, et que si l’on respecte cette méthode (lecture par les pairs, prise en compte des critiques, méthodologie solide, publication de la méthodologie et des données brutes, tentative de reproduction des résultats, remise en question, auto-critique, retrait éventuel), les erreurs sont généralement rapidement corrigées.
    ➑ Que le propos de ceux qui se prétendent scientifiques, mais s’asseoient avec panache sur la méthode scientifique, n’a pas plus de valeur qu’un horoscope 🤗
    _________________________________
    🧠 A la lumière de ces enseignements, je vous soumets les critiques les plus courantes concernant les deux premières « études » publiées par M. Raoult en 2020 :
    🩺 Etudes qui selon lui démontraient sans aucune ambiguité l’efficacité de l’Hydroxychloroquine (et de l’Azithromycine) contre la COVID 19.
    🩺 Etudes qui justifiaient selon lui la prescription à tous les cas positifs (!)
    🩺 Ainsi que des études pour discuter d’une prescription préventive (!)
    ⚠️ Après environ 500 jours, soit près de 2 ans, aucune de ces études n’a été rétractée, et la première a été citée plusieurs milliers de fois par d’autres auteurs, en plus d’avoir directement influé sur la politique sanitaire désastreuse du Brésil, de l’Inde, de plusieurs états américains, etc. (Avec le succès retentissant que l’on sait).
    __________
    1️⃣ Etude 1 :
    ⚠️ Des conflits d’intérêts grossiers
    ○ L’un des auteurs est rédacteur en chef de la revue
    ○ C’est aussi un employé de l’IHU
    ➜ Qui travaille donc pour M. Raoult
    ⚠️ Ce qui explique la rapidité de la publication
    ○ Article soumis à publication 4 jours après la fin de l’étude
    ○ Et accepté en 24h (!!!) après « revue par les pairs »
    ➜ Il n’y a pas eu de revue par les pairs
    ⚠️ Effectif (beaucoup) trop faible
    ○ 20 patients traités…
    ○ 16 patients non traités…
    ⚠️ Violations du protocole multiples
    ○ 2 enfants inclus (ni prévu, ni autorisé)
    ○ Ajout azithromycine (ni prévu, ni autorisé)
    ⚠️ Des patients qui apparaissent
    ○ L’HCQ n’était autorisée que chez les patients graves hospitalisés
    ➜ Hospitalisation de patients asymptomatiques
    ➜ Hospitalisation de patients sans test PCR
    ⚠️ Des patients qui disparaissent
    ○ 26 patients traités, 20 comptés
    ○ 6 auraient été « perdus »
    ○ 1 s’est retiré sans raisons données
    ○ 1 n’a pas toléré les effets secondaires
    ○ 4 ont vu leur état s’aggraver
    ➜ Dont 3 ont fini en réanimation
    ➜ Et 1 est décédé
    ⚠️ Pas de groupe témoin valide
    ○ Groupe traité : 51.2 ans
    ○ Groupe « témoin » : 37.3 ans
    ○ Patients non appariés (logique…)
    ➜ Il se s’agit donc pas d’un témoin
    ⚠️ Variable mesurée : ADN via RT-PCR
    ○ Avec deux méthodes différentes
    ○ Qui ne sont pas détaillées
    ⚠️ Des données ininterprétables
    ○ Beaucoup de faux positifs
    ○ Certains négatifs redeviennent positifs
    ➜ Pas de conclusion possible
    ⚠️ Des données manquantes
    ○ Les auteurs ont extrapolé les données
    ○ A partir de données déjà non fiables (cf supra)
    ⚠️ Des données falsifiées ?
    ○ Selon plusieurs membres de l’IHU
    ➜ Enquête de l’APHM en cours
    ⚠️ En incluant tous les patients
    ○ Aucun effet visible
    ○ Sur TOUS les critères (cliniques ou biologiques)
    ⚠️ Taux de mortalité très faible
    ○ 99% des gens guériront sans traitement
    ○ Il faut ÉNORMÉMENT de patients pour voir un effet
    ➜ Impossible de conclure sur aussi peu de patients
    ⛔️ Revue par les pairs indépendantes plusieurs moins plus tard
    💬 « Cette étude souffre de lacunes méthodologiques majeures qui la rendent presque sinon complètement non informative (…) Le ton du rapport, présenté comme une preuve d’un effet de l’hydroxychloroquine et même en recommandant son utilisation, est non seulement non fondé, mais, étant donné la demande désespérée d’un traitement pour Covid-19, couplée avec le côté potentiellement de graves effets de l’hydroxychloroquine, totalement irresponsable »
    __________
    2️⃣ Etude 2 :
    ⚠️ Des conflits d’intérêts grossiers
    ○ L’auteur est rédacteur en chef adjoint de la revue
    ○ C’est aussi un employé de l’IHU
    ➜ Qui travaille donc pour M. Raoult
    ⚠️ Pas de groupe contrôle
    ○ Pas d’évaluation des facteurs confondants (!)
    ○ Notamment le tableau initial (gravité)
    ○ Les comorbidités
    ○ Ou même l’âge
    ➜ Cf infra
    ⚠️ Effectif bien trop faible pour voir un effet sur
    ○ Une maladie qui guérit seule dans 85% des cas
    ○ Une maladie qui guérit dans 99.5% des cas
    ➜ Cf étude 1, il faut BEAUCOUP de monde
    ⚠️ Mensonge sur la nature observationnelle
    ○ Il s’agit d’une étude interventionelle
    ○ Puisque la prescription est hors AMM…
    ○ Chez des patients non graves…
    ➜ Esquivant ainsi l’agrément de l’Agence du Médicament
    ➜ Et l’agrément du Comité de Protection des Personnes
    ➜ Qui n’ont pas été demandés, ou obtenus
    ⚠️ Des malades pas bien malades…
    ○ Âge médian : 52 ans
    ➜ Contre 72 ans pour les patients hospitalisés
    ➜ Sachant que 71% des décès ont plus de 75 ans
    ○ 92% avaient un score de gravité faible
    ○ 85% n’avaient pas de fièvre
    ○ 43% n’avaient pas de comorbidités
    ➜ Contre 22% pour les cas graves
    ○ La moitié n’avait pas d’atteinte pulmonaire
    ○ 85% n’ont pas eu besoin d’oxygène
    ○ 5% étaient carrément asymptomatiques
    ⚠️ Un protocole violé, comme pour la 1e étude
    ○ Les cas graves ont eu de la CEFTRIAXONE
    ○ Les critères de sortie ont changé en cours d’étude
    ⚠️ Malgré tout ceci
    ○ Aucun effet démontré sur la mortalité
    _________________________________
    📚 Sources :
    ▪️Les études dont nous parlons ici, et la rétractation
    [1] https://www.thelancet.com/.../PIIS0140-6736(20.../fulltext
    [2] https://www.thelancet.com/.../PIIS0140-6736(20.../fulltext
    [3] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7102549
    [4] https://www.mediterranee-infection.com/.../COVID-IHU-2-1.pdf
    ▪️La revue par les pairs de la première étude de M. Raoult
    [5] https://www.sciencedirect.com/.../pii/S0924857920302338...# !
    ▪️ Les accusations de fraude
    [6] https://www.lepoint.fr/.../hydroxychloroquine-didier...
    ▪️ L’investigation (encore) de l’ANSM sur la légalité des études de l’IHU
    [7] https://www.egora.fr/.../67530-essais-cliniques-du-pr...
    ▪️L’avis des Comités de Protection de la Personne à l’INSERM
    [8] https://cerpop.inserm.fr/.../couderc-bettina-19-novembre... (Page 36)
    ▪️Plus de lecture sur la « science » selon M. Raoult
    [9] https://www.les-crises.fr/didier-raoult.../comment-page-3 (soft)
    [10] https://rechercheindependante.blogspot.com/.../la-fraude... (à charge, mais accrochez vous à votre chaise)

    #Hervérifie #science #relecture #méthode_scientifique #rétractation #erreur #Didier_Raoult #Lancet

    • Le « fossé » avec la Belgique est probablement à relativiser car il y a de très grosses disparités démographiques, sociales et de couverture santé.

      A ceci j’ajouterai cette observation empirique de dernière minute bruxelloise : des gamins autour de petit poilu en sont à leur deuxième contamination en deux mois (delta puis omicron ?) sachant qu’ils sortent de trois à quatre semaines de congés (une semaine ajoutée en décembre parce que c’était déjà n’importe quoi).
      > OK, forme plus « bénine » mais pas pour tous + quid des covid longs chez les kids ? quid des conséquences de ces infections à répétition ?

      Plus de garderies par manque de personnel (hautement malade), réduction des trains pour la même raison + fréquentation en baisse... ça sent le pâté hospitalier en prévision.

  • Le Sénat veut « bâillonner » les lanceurs d’alerte
    https://reporterre.net/Le-Senat-veut-baillonner-les-lanceurs-d-alerte

    Comment expliquer un tel recul ? Glen Millot, délégué général de la Maison des lanceurs d’alerte, y voit la patte du #lobby_agricole. Une récente enquête de Mediapart montre que les représentants des industries agroalimentaires ont envoyé plusieurs courriels aux sénateurs au cours des derniers mois. Ils les ont invités à réduire l’ambition de la proposition de loi émise par l’Assemblée, allant jusqu’à leur proposer des amendements écrits par leurs soins. Ces courriels insistaient notamment sur la nécessité de priver les associations du statut de #lanceur_d’alerte. Une suggestion reprise, comme évoqué plus haut, par la commission des lois du Sénat.

    #Fnsea pour ne pas la citer

  • #Wirecard. Le scandale financier qui secoue l’Allemagne

    En 2020, Wirecard, une #start-up allemande devenue un géant du #paiement_en_ligne, s’effondre suite à des révélations de fraudes d’une ampleur inouïe. Retour sur l’ascension et la chute d’un mouton noir de la « fintech ».

    Le plus grand scandale financier de ces deux dernières décennies en Allemagne a commencé comme une success-story. Start-up fondée en 1999 et pilotée dès 2002 par l’Autrichien Markus Braun, la société de paiement en ligne Wirecard profite de la croissance exponentielle d’Internet pour élargir massivement sa clientèle. Proposant d’abord ses services à des sites spécialisés dans la pornographie et les jeux d’argent, l’entreprise s’achète rapidement une respectabilité. Vingt ans après sa création, Wirecard a bravé tous les obstacles pour s’imposer comme un fleuron de l’économie numérique allemande et l’un des principaux concurrents de Paypal. Cotée au Dax, l’indice boursier national, et valorisée en Bourse à hauteur de 14 milliards d’euros, la société s’enorgueillit d’un impressionnant portefeuille de quelque 300 000 clients. Sa chute sera aussi fulgurante que son ascension quand, en juin 2020, des fraudes d’une ampleur inédite la concernant sont révélées. Au total, 1,9 milliard d’euros ont disparu des comptes de l’entreprise.

    Accointances douteuses
    Comment des irrégularités aussi colossales ont-elles pu passer sous les radars des autorités de régulation ? Des alertes circulaient pourtant dans le milieu de la finance depuis 2009 et un analyste avait même fourni en 2016 des preuves solides de fraudes chez Wirecard, sans faire réagir l’Autorité fédérale de supervision financière… De la Bourse de Munich à Singapour, cette ahurissante affaire, hautement romanesque, mêle blanchiment d’argent, falsifications, intimidations et menaces de mort, dévoilant la face sombre d’une « fintech » aux accointances pour le moins douteuses. Pour retracer la chronologie de ce dossier, Benji et Jono Bergmann ont rencontré plusieurs de ses acteurs : journalistes d’investigation, commentateurs et analystes, sans oublier le lanceur d’alerte Pav Gill, avocat et ancien employé de Wirecard, qui forme avec sa mère un étonnant duo de justiciers. Si l’ex-PDG Markus Braun, en prison, attend son procès, son ancien bras droit, le charismatique Jan Marsalek, s’est évaporé et reste l’un des criminels en col blanc les plus recherchés de la planète.

    https://www.arte.tv/fr/videos/100289-000-A/le-scandale-financier-qui-secoue-l-allemagne-wirecard
    #film #film_documentaire #documentaire
    #lanceur_d'alerte #finance #Markus_Braun #Jan_Marsalek #escroquerie #industrie_numérique #technologie_numérique #fintech #industrie_du_jeu #jeux_d'argent #Tobias_Bosler #justice #globalisation #mondialisation #rapport_Zatarra #GI_retails #fraude_comptable #blanchissement_d'argent #Michael_Schütt #Bluetool #BaFin #corruption #Allemagne #Jigajig #DAX #Al_Alam #Edo_Kurniawan #paiement_électronique #EY

  • #Nucléaire : un cadre de la centrale du Tricastin dénonce une « politique de dissimulation » d’incidents de sûreté
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/11/12/nucleaire-un-cadre-de-la-centrale-du-tricastin-denonce-une-politique-de-diss
    #criirad

    L’accusation n’émane ni d’une organisation #antinucléaire ni d’une association de défense de l’#environnement. Pour la première fois, c’est un cadre d’EDF, ancien membre de la direction d’une centrale nucléaire française, celle du Tricastin (Drôme), qui a décidé de briser le silence et de saisir la justice pour dénoncer ce qui, selon lui, s’apparente à une « politique de dissimulation » d’incidents et d’écarts en matière de sûreté. Une démarche inédite dans un milieu tenu au secret. Selon les informations du Monde, une plainte a été déposée au début d’octobre devant le #tribunal_judiciaire de Paris. Elle vise #EDF et la direction de la centrale du Tricastin aux chefs de « mise en danger de la vie d’autrui », « #infractions au code pénal, au code de l’environnement, au code du travail et à la #réglementation relative aux installations nucléaires » et « harcèlement ».

    Le plaignant espère que la justice reconnaîtra son statut de #lanceur_d’alerte. En attendant, toujours #salarié d’EDF, il souhaite garder l’anonymat – nous l’appellerons Hugo. Le Monde a pu le rencontrer, à plusieurs reprises. D’emblée, et malgré la gravité des faits qu’il dénonce, Hugo se présente comme « un amoureux du nucléaire ». Mais un amoureux aujourd’hui « tiraillé », « déchiré », qui tente de cacher sa nervosité derrière un large sourire. Cet homme d’une quarantaine d’années apparaît profondément éprouvé par les événements dont il a été témoin, puis #victime : il affirme, en effet, avoir subi un #harcèlement pendant plusieurs années en raison, notamment, de son refus de « couvrir » certaines tentatives de dissimulation.

    Sa plainte fait figure de dernier recours après qu’il a essayé, en vain, de parvenir à une solution en interne, en alertant la direction de la centrale, celle du groupe ainsi que l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Contactés par Le Monde, EDF explique ne pas « faire de commentaires s’agissant des propos rapportés par un salarié » et l’ASN conteste toute dissimulation. La direction de la centrale du Tricastin n’a pas souhaité réagir.

    « Cette plainte rappelle que le lanceur d’alerte est une #vigie_démocratique plus que jamais indispensable lorsque l’opacité qui règne dans le nucléaire sert d’alibi pour dissimuler des graves atteintes à l’intérêt général et à l’environnement », expliquent les avocats William Bourdon et Vincent Brengarth, qui accompagnent Hugo dans sa démarche avec l’association franco-américaine de soutien aux lanceurs d’alerte The Signals Network.

    Le parcours d’Hugo est celui d’un pur produit du nucléaire français. Entré chez EDF au début des années 2000, il gravit très vite les échelons jusqu’à prendre, à moins de 35 ans, la tête du service sûreté de l’une des dix-huit centrales du pays. Preuve de la reconnaissance de ses qualités professionnelles, c’est lui qu’on envoie représenter l’entreprise lors de réunions de l’Agence internationale de l’énergie atomique ou de salons internationaux. Fin 2016, bardé d’états de service élogieux, il est nommé au sein de la direction de la centrale du Tricastin.

    Cette centrale, mise en service en 1980, est l’une des plus vieilles de France. Se profile alors la quatrième visite décennale du réacteur numéro un, programmée en 2019. L’enjeu est de taille pour EDF : ce réacteur est le premier des trente-deux réacteurs de 900 mégawatts (MW) du parc à passer sa « visite des 40 ans », qui doit permettre de prolonger son activité de dix ans – si la réglementation française ne prévoit pas de durée de vie maximale des réacteurs, une partie des équipements a été conçue, à l’origine, selon une hypothèse de quarante ans de fonctionnement.
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    Pour EDF, rappelle Hugo, il est « inenvisageable » de rater ce rendez-vous, qui s’accompagne d’une enquête publique. Or, la centrale du Tricastin est dans le collimateur de l’ASN depuis quelques années en raison de la multiplication d’incidents, au point d’avoir été placée sous « surveillance renforcée » en 2017. Chaque centrale est, en effet, classée en fonction de ses résultats en matière de sûreté, d’environnement, de radioprotection, d’accidentologie et de production : celle du Tricastin est dans les dernières places. Au premier trimestre 2017, un nouveau directeur arrive avec pour mission de redresser la barre. « La pression était maximale, dit Hugo. Il a fallu mettre en œuvre tous les moyens pour améliorer les résultats en vue de la validation de la visite du réacteur numéro un. » Quitte à passer sous silence ou à minimiser certains incidents au mépris des règles fondamentales de sûreté.

    Volonté de la direction

    De nombreux documents, que Le Monde a pu consulter, témoignent de la volonté de la direction de dissimuler à l’ASN des événements, ou en tout cas d’atténuer leur ampleur, ou de les déclarer avec retard – comme l’avait révélé en partie Mediapart en 2019. L’exemple le plus spectaculaire date de l’été 2018. Dans la nuit du 29 au 30 août, le chef d’exploitation fait état, dans un e-mail, d’une « inondation interne dans plusieurs locaux et sur trois niveaux » survenue dans l’un des bâtiments électriques de la centrale, et atteignant 10 centimètres d’eau. Il explique que les prélèvements réalisés ne contiennent pas d’activité radioactive, « sauf dans un local », et que « du matériel sensible au niveau sûreté est présent ». Il s’agit notamment de vannes de l’alimentation de secours des générateurs de vapeur, l’un des systèmes de sauvegarde les plus importants en cas d’accident. Selon son compte rendu, l’incident n’est « toujours pas soldé vingt-quatre heures après sa découverte » et « les moyens humains et surtout matériels ne sont pas à la hauteur de l’enjeu », ce qu’il juge « inacceptable ». C’est avec de simples raclettes et un aspirateur emprunté à un prestataire de nettoyage que les agents d’EDF tentent de résorber l’inondation.

    Hugo découvre cet e-mail, ainsi que des photos et vidéos prises pendant la nuit, le lendemain matin. « Mon supérieur vient me voir et me dit : “Mais c’est quoi ce con de chef d’exploitation qui envoie un e-mail à la Terre entière ?” », rapporte-t-il. Le 31 août a lieu une inspection de l’ASN, prévue de longue date. Alors qu’Hugo s’apprête à expliquer ce qui s’est passé, son chef lui demande de quitter la réunion. Il découvrira seulement plus tard ce qui a été dit aux inspecteurs, en lisant le compte rendu de l’Autorité de sûreté nucléaire daté du 16 octobre : celui-ci fait état non pas d’une inondation mais de « quelques écoulements » qui ont été « immédiatement arrêtés ». Pour Hugo, il est clair, à la lecture de cette version, que la durée de l’événement, sa gravité et le manque de moyens pour y faire face ont été largement minimisés.

    « Le compte rendu du chef d’exploitation a été écrit à chaud dans la nuit, explique aujourd’hui Christophe Quintin, inspecteur en chef à l’ASN. Si j’enlève le facteur [de son] “énervement”, les présentations qui sont faites de l’événement sont cohérentes. » En 2019, l’ASN avait toutefois reconnu que le « manque de moyens de nettoyage n’avait pas été évoqué lors de l’inspection ». Depuis 2017, le « gendarme du nucléaire » avait également demandé à deux reprises à EDF de résoudre le problème de l’étanchéité des joints entre les bâtiments, considérant ces derniers comme « importants pour la protection de l’environnement afin d’éviter toute dispersion d’effluents et de produits dangereux ». En vain.
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    Non-respect des #procédures généralisé

    Deux semaines après la fuite, un autre incident intervient, lié à la non-fermeture d’une vanne. Ce jour-là, comme le veut la procédure, le chef d’exploitation de permanence et l’ingénieur de sûreté, une sorte de « gendarme du nucléaire » local, confrontent leurs analyses : tous deux conviennent qu’il s’agit d’un « événement significatif de sûreté », qui doit donc être déclaré automatiquement. Malgré leur accord, la direction demande une deuxième « confrontation », contrevenant ainsi aux règles. Les deux responsables maintiennent leur position, mais les directeurs persistent et ne déclareront pas l’incident. L’ASN affirme ne pas avoir retrouvé de traces d’échanges avec EDF concernant cet événement. « Si on n’a rien trouvé, c’est qu’on ne l’a pas vu en inspection », commente Christophe Quintin.

    Ce non-respect des procédures semble relever de pratiques généralisées, plutôt que de situations isolées. Un responsable des ingénieurs sûreté s’inquiète auprès d’Hugo des pressions de la direction : « Les ingénieurs sûreté en ont marre que les chefs d’exploitation baissent leur pantalon pour éviter [de déclarer] des événements significatifs de sûreté. » Ainsi, en décembre 2017, le repli d’un réacteur – la pression et la température de son circuit primaire sont abaissées en raison de l’indisponibilité d’une pompe – n’est pas déclaré. L’ASN a toutefois la possibilité, a posteriori, de revenir sur la caractérisation des incidents : en mars 2018, elle affirme ainsi que ce repli aurait dû être déclaré « sans ambiguïté » et demande à l’exploitant de le faire « dans les plus brefs délais ». S’il paraît anodin, ce retard de déclaration de quelques mois ne l’est pas : signalé en 2018, il n’apparaît pas dans le bilan annuel 2017 du #Tricastin. Dans la même note, l’ASN s’interroge officiellement sur « l’écoute de la filière indépendante de sûreté par les représentants de la direction lorsque ceux-ci doivent arbitrer le caractère déclaratif ou non de certains événements ».

    Un autre exemple, encore. Le 15 juin 2017, le réacteur numéro un fonctionne au-delà de la puissance maximale autorisée pendant quarante-cinq minutes. Une situation qui aurait dû être signalée dans les quarante-huit heures – c’est le cas dès que la surpuissance excède six minutes. Elle ne sera déclarée que le 2 août. Pourtant, la direction de la centrale du Tricastin connaît bien le problème : alors que les cas de surpuissance sont rares à l’échelle du parc français, la centrale en a déjà connu deux cette année-là, le précédent ayant même duré six heures. En cas de répétition d’un même événement significatif, l’exploitant peut être amené à déclarer ce dernier en niveau 2 sur l’échelle INES, graduée de 0 à 7 en fonction de la #gravité. Les événements de #niveau_2 sont très rares.

    « Quand il y a un nouvel événement de surpuissance le 15 juin, ce n’est même plus qu’on serre les fesses, se remémore Hugo. La direction nous dit clairement qu’il est hors de question qu’on ait un incident de niveau 2. » Le Monde a pu consulter un SMS envoyé par un supérieur d’Hugo, le 3 juillet. La consigne ne laisse pas de place à interprétation : « Il faut démonter ce qui s’est passé ce jour-là en mesurant sans prendre l’EC [soit la valeur du capteur utilisé dans le calcul de puissance thermique] pour démontrer que moins de six minutes. »
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    Recours à l’intimidation

    Pour tenter de minimiser les écarts de #sûreté, la direction de la centrale du Tricastin peut également avoir recours à l’intimidation, rapporte Hugo. En juillet 2018 a lieu une visite de l’inspection nucléaire (IN), une unité spécifique chargée d’évaluer le niveau de sûreté des centrales, tous les trois ans environ, par le biais d’un audit d’envergure appelé « évaluation globale d’excellence » et pouvant durer plusieurs semaines. Ordre aurait alors été donné de mettre toute la pression possible sur l’un des inspecteurs pour le « pousser à bout et le dégager », raconte Hugo. Il reconnaît d’ailleurs avoir « participé au jeu » : un soir, le rendez-vous avec l’inspecteur s’éternise au lieu d’être expédié en une demi-heure.

    Un SMS témoigne du fait que la direction a donné rendez-vous à Hugo pour « traiter son cas au gars de l’IN ». « On te donne un ordre, tu le fais. Le fonctionnement d’une centrale, c’est très militaire, le directeur est le seul maître à bord. J’ai dû me montrer dur avec quelqu’un qui faisait juste son boulot », regrette Hugo.

    Au-delà de la gravité potentielle des différents incidents, ces pratiques remettent en cause le principe même de la sûreté. Le « gendarme » du nucléaire n’étant pas présent en permanence dans les centrales, le système est fondé sur le processus de déclaration par EDF et sur la transparence. « La sûreté, ce n’est pas qu’une question d’événements ou de valeurs qu’on dépasse, insiste Hugo, c’est une culture. On a tellement bien dissimulé certains incidents que l’ASN ne les a pas vus, c’est très grave. »

    L’ASN, de son côté, conteste cette analyse. « Il est normal qu’il y ait, à certaines périodes, des écarts d’appréciation entre l’ASN et l’exploitant, assure Christophe Quintin. Au Tricastin, il y a effectivement eu en 2017 et 2018 pas mal de divergences, mais elles ont été portées à la connaissance de l’ASN et n’ont pas été mises sous le tapis. Pour tous les événements qui n’avaient pas été déclarés, l’exploitant avait des explications rationnelles. » Egalement contacté par Le Monde, EDF se contente de rappeler que la sûreté des centrales est « la priorité » du groupe et que « la transparence et le respect de la réglementation sont scrupuleusement appliqués et respectés sur tous les sites ».

    Concernant plus particulièrement le Tricastin, l’entreprise souligne que le nombre d’événements significatifs déclarés par la centrale est « stable depuis plusieurs années » et que les bilans sûreté réalisés par l’ASN « ne font aucun état de non-respect du principe de transparence ».
    Entretien avec le physicien Bernard Laponche : Article réservé à nos abonnés « L’état du parc nucléaire français est préoccupant »
    Accidents de travail avec arrêt non transmis

    Un autre aspect de ce que Hugo qualifie de stratégie de dissimulation repose sur la non-déclaration des accidents de travail avec arrêt. Le mode opératoire est souvent le même : si un salarié se voit remettre une déclaration d’accident avec arrêt, signifiant que son état de santé ne permet pas une reprise du travail, la direction met la pression sur ses chefs pour que l’arrêt ne soit pas transmis. Il est alors demandé au salarié de rester chez lui le nombre de jours prévus par le médecin. En cas de suspicion par l’inspection du travail, la direction a la parade : elle explique que le salarié a accepté un « aménagement de poste ».

    L’aménagement de poste sous-entend que celui-ci soit prévu en amont de la délivrance d’un accident du travail avec arrêt, que les conditions dudit poste soient validées par un médecin et, bien entendu, que le poste en question ne soit pas fictif. Hugo indique avoir été témoin d’événements fréquents pour lesquels ces conditions n’étaient pas respectées.

    Ces derniers s’intensifient avant la visite décennale. Le samedi 9 juin 2018, un technicien est victime d’un malaise alors qu’il intervient en salle des machines. Sa tenue vapeur est insuffisamment ventilée pour faire face aux très fortes températures. Selon le médecin qui l’examine, le diagnostic vital aurait pu être engagé : la température corporelle du salarié a atteint 41 °C. Il lui remet un certificat d’accident du travail avec arrêt. Pourtant, deux jours plus tard, la direction déclare l’accident auprès de la Caisse primaire d’assurance-maladie (CPAM) sans arrêt de travail et explique que le salarié a été mis au repos le dimanche avant de reprendre son activité le lendemain.

    Le 18 septembre, un autre accident se produit au sein de la même équipe. Un salarié heurte violemment une vis qui dépasse d’une vanne et est amené aux urgences avec une plaie à la jambe. « Peux-tu suivre avec attention le blessé sur cette fin d’après-midi ? Je suis persuadé que dans le pire des cas un maintien dans l’emploi peut répondre à la situation », demande par SMS un membre de la direction, alors que l’agent n’a pas encore été examiné. Nouveau SMS en fin de journée du supérieur hiérarchique d’Hugo : « L’agent est sorti de l’hôpital sans déchirure grave. Huit jours d’arrêt. La balle est dans votre camp pour le poste aménagé, pas de problème pour tout aménagement. » Le lendemain, la direction transmet à la CPAM une déclaration d’accident du travail sans arrêt.

    Parfois, la stratégie échoue. Le 11 janvier 2018, une chute, un séjour à l’hôpital, un arrêt de travail d’une semaine. Mais le salarié a aussitôt transmis l’arrêt au médecin-conseil. La pression est mise sur les équipes pour rattraper le coup. « On a essayé de faire modifier au médecin de l’hôpital la déclaration, mais il refuse pour question de déontologie. J’ai fait tout ce que l’ai pu », commente, contrit, un adjoint du service d’Hugo dans un échange de SMS. « On va se faire allumer ! », répond un autre. « Attention, un jour, cela apparaîtra que la pression pour ne pas déclarer est démesurée. Il faudra assumer », ajoute un chef de service délégué.

    Cette stratégie de non-déclaration répond à un objectif : l’accidentologie, et plus précisément le taux de fréquence des accidents du travail avec au moins un jour d’incapacité de travail, est un paramètre pris en compte, avec une pondération importante, dans le classement des centrales. Un classement à soigner pour réussir la visite décennale. En 2018, le taux de fréquence du Tricastin est particulièrement bas : 2,7. Plus de deux fois moins que celui d’un secteur comme la banque et l’assurance (6,8), pourtant beaucoup moins à risque.
    Mise à l’écart brutale

    Le refus d’Hugo de « collaborer » à l’ensemble de ces dissimulations va entraîner, selon lui, sa mise à l’écart brutale. Le 25 septembre 2018, peu après l’inondation, il est convoqué par son supérieur, qui lui demande de rédiger un e-mail expliquant qu’il quitte ses fonctions pour raisons personnelles. Hugo refuse, mais, le lendemain matin, son départ est annoncé publiquement devant le personnel. Progressivement, Hugo n’est plus invité aux réunions, disparaît de l’organigramme de la direction, est retiré des listes de diffusion des chefs de service… A bout, il est victime d’une crise de spasmophilie dans son bureau, le 4 octobre, et mis en arrêt de travail. Le premier d’une longue série. « Là, j’ai compris qu’ils allaient me faire taire, dit aujourd’hui Hugo, les nerfs toujours à vif. On a voulu me détruire. »

    Le harcèlement que Hugo évoque passe aussi par des « intimidations » (« une connerie et t’es tondu », envoyé par SMS en pleine réunion) et des « insultes » répétées (« petite nature », « triple nul »). Hugo informe sa direction de la situation. « Ne te mets pas une pression démesurée. Tu n’es pas harcelé », tranche celle-ci, dans un SMS. Il informe les syndicats, saisit l’inspection du travail. Dans le nucléaire, les inspecteurs du travail sont les inspecteurs de l’ASN. Une enquête est diligentée. Elle conclura, en mars 2019, à l’issue d’une soixantaine d’entretiens, que « la pratique de harcèlement moral (…) n’a pas été établie », tout en pointant « des dysfonctionnements au niveau collectif ». « Ces situations sont traitées avec attention, car il n’y a jamais de fumée sans feu et les torts sont toujours partagés, assure Christophe Quintin. L’ASN a proposé un certain nombre d’actions de management à la direction de la centrale au terme de son enquête. »

    Trois jours avant sa date de reprise prévue le 10 décembre, Hugo apprend par un SMS que la direction a l’intention de lui proposer une autre « mission » : un poste de « chef de projet senior ». Il conteste, veut retrouver son poste. Las. Les syndicats l’informent que la direction envisage désormais une « mutation d’office ». L’argument ? « Protéger » sa santé. L’état physique et mental d’Hugo se dégrade. Il est de nouveau arrêté, mais toujours déterminé à retrouver son poste. Le 2 avril 2019, le médecin-conseil de l’Assurance-maladie valide sa reprise du travail. Lorsqu’il se présente, le 4 avril, à la centrale, son employeur le redirige vers le médecin du travail. Ce dernier confirme l’aptitude, mais dans un « contexte professionnel » hors de son service. Depuis, Hugo, qui a contesté en vain ledit certificat médical devant les prud’hommes, attend toujours de reprendre le travail.

    Que savait la direction d’EDF de la situation au Tricastin ? En octobre 2018, Hugo obtient un rendez-vous avec la direction du parc nucléaire. Il expose, une nouvelle fois, les « pratiques dangereuses » qu’il avait déjà relatées par e-mail et SMS. « Tout serait tellement plus simple, et probablement moins douloureux, si tu acceptais un autre poste », lui rétorque-t-on par SMS. Le 23 mai 2019, son avocat alerte le président d’EDF, Jean-Bernard Lévy. Le courrier est clair : il mentionne des manquements graves au principe de sûreté nucléaire, de transparence nucléaire ou au regard des normes environnementales, la volonté de la direction de la centrale du Tricastin de cacher certains événements et la situation de harcèlement moral dont est victime son client. La réponse parvient le 8 juillet 2019 : pour la direction du groupe, « aucun début d’éléments » ne permet de « caractériser l’existence » des faits dénoncés.

    En désaccord total, Hugo s’interroge quant à son avenir, qu’il continue malgré tout à imaginer dans le nucléaire. Le futur du #parc français est, lui aussi, en pleine redéfinition. Le président, Emmanuel Macron, a confirmé mardi 9 novembre vouloir lancer la construction de nouveaux réacteurs. En février, l’ASN a également ouvert la voie à la poursuite de l’exploitation des réacteurs les plus anciens au-delà de quarante ans. Cet avis générique doit être complété par des réexamens au cas par cas de chacun des trente-deux réacteurs, qui ont commencé en 2019 et doivent se poursuivre jusqu’en 2031. La quatrième visite décennale du #réacteur numéro un du Tricastin, qui a mobilisé près de 5 000 intervenants pendant six mois, a été jugée « assez satisfaisante » par le « gendarme du nucléaire ». Une nouvelle enquête publique doit avoir lieu au premier trimestre 2022 à propos de sa prolongation, avant que celle-ci ne soit validée officiellement.
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    Stéphane Mandard et Perrine Mouterde

  • Cinq ans de manifestations disséquées : comment les forces de l’ordre usent des grenades au mépris des règles

    Enquête de fond par Sébastien Bourdon, Emile Costard et Antoine Schirer | Mediapart - 5 juillet 2021
    https://www.mediapart.fr/journal/france/050721/cinq-ans-de-manifestations-dissequees-comment-les-forces-de-l-ordre-usent-

    Cette semaine doivent se tenir de nouvelles tables rondes du « Beauvau de la sécurité ». Au programme, le maintien de l’ordre et le contrôle interne de la police notamment. Après plusieurs années d’opérations caractérisées par un nombre important de blessés et de mutilés, chacun connaît désormais la dangerosité des armes en dotation. Les usages en manifestation de « LBD », « GMD », « GLI-F4 » et autres armes dites de « forces intermédiaires » font débat. Leurs mésusages beaucoup moins.

    Le ministère de l’intérieur ne dispose d’aucune donnée sur cette problématique pourtant centrale. Mediapart a enquêté sur cet angle mort institutionnel pour savoir si l’utilisation de ces armes sur le terrain est conforme à ce que prévoient les textes. Après avoir disséqué et analysé cinq années d’images d’opérations de maintien de l’ordre, nous avons pu établir que plus d’un jet sur deux de grenades de désencerclement (GMD) est non réglementaire. Près d’un tir sur cinq de lance-grenades contrevient également aux réglementations en vigueur. Afin que notre travail ne puisse souffrir de contestations, nous avons décidé de rendre public l’ensemble de notre base de données.
    Contactée par Mediapart, la police nationale rappelle l’existence du « traitement relatif au suivi de l’usage des armes » (TSUA). Chaque fonctionnaire ayant fait usage d’une arme doit indiquer dans ce fichier le lieu, la date et l’heure du tir, ainsi que son motif et ses conséquences. Le tout est validé par un supérieur hiérarchique avant transmission à l’IGPN, qui mentionne ces chiffres dans son bilan annuel. Des données qui ne renseignent néanmoins pas sur le caractère réglementaire de l’utilisation des armes. Et dont sont exclues les grenades lacrymogènes, et donc l’utilisation de lance-grenades.

    À partir des images réalisées par l’agence de presse Line Press et disponibles en ligne sur YouTube, nous avons répertorié et isolé les séquences montrant l’utilisation de grenades de désencerclement et de lance-grenades dans le cadre d’opérations de maintien de l’ordre. Pour ces deux armes, une analyse visuelle permet d’estimer la fréquence à laquelle leur usage est contraire aux textes encadrant leur emploi.

    Au total, notre base de données s’appuie sur plus de 145 heures d’images filmées entre mai 2016 et décembre 2020, qui couvrent donc les grands mouvements sociaux de ces dernières années : manifestations contre la loi travail, contre la loi sécurité globale, mobilisation contre la réforme des retraites, et nombreux « actes » des « gilets jaunes ». Des luttes locales ou sectorielles également : ZAD de Notre-Dame-des-Landes, manifestations de pompiers, soignants, agents pénitentiaires, cheminots… ou bien encore les mouvements contre les violences policières autour des « affaires » Théo, Adama Traoré, Liu Shaoyo… [la liste des vidéos consultées, ainsi que la base de données de cette enquête sont à retrouver dans l’onglet Prolonger ou directement ici accessible ici https://docs.google.com/spreadsheets/d/1vOxy7TTBW35YsoaN7PDXIjMjGZUkzlJkrgVJWA4pEYY/edit#gid=1144164338 ].

    #violences_policieres #maintien_de_l'ordre #armes #grenades #lance-grenades #manifestations #Police #zad #gilets_jaunes #controle_social #terreur

  • Bienvenue en Tchétchénie
    https://www.welcometochechnya.com

    https://www.arte.tv/fr/videos/098158-000-A/bienvenue-en-tchetchenie
    #LGBT+
    #docu_arte

    103 min
    Disponible du 11/05/2021 au 16/07/2021
    Sous-titrage malentendant

    Aux côtés de victimes et d’activistes russes menant de périlleuses opérations d’exfiltration, un témoignage glaçant sur les persécutions de masse qui frappent les homosexuels en Tchétchénie.

    Au bout du fil, une jeune femme expose sa situation : soumise au chantage de son oncle, qui a découvert son orientation sexuelle, Anya craint que son père, membre du gouvernement tchétchène, ne la tue. Dans cette petite république à majorité musulmane inféodée à Moscou, les homosexuels sont emprisonnés, torturés et parfois exécutés, quand la mort n’est pas infligée par les familles elles-mêmes. Informé du drame en 2017, David Isteev, de l’association Réseau russe LGBT, mène de courageuses missions de sauvetage visant à placer les victimes en lieu sûr avant de les envoyer dans des pays disposés à les accueillir. Parmi ces survivants, le Russe Maxim Lapunov a été raflé et passé à tabac alors qu’il travaillait à Grozny. Après un passage par le Centre communautaire de Moscou pour les initiatives LGBT+ et un exil forcé, le trentenaire a décidé de témoigner de son calvaire devant la Cour européenne des droits de l’homme, la Russie ayant rejeté sa plainte. Le président tchétchène Ramzan Kadyrov, soutenu dans ses dénégations par Vladimir Poutine, ne cache pas sa haine des homosexuels et poursuit sa politique de répression en toute impunité.

    L’exil ou la mort
    Des opérations d’exfiltration sous haute tension au quotidien sécurisant au sein du refuge moscovite, cette remarquable investigation de David France nous immerge aux côtés de militants russes qui risquent leur vie pour protéger les victimes de cette persécution. Au plus près de leurs actions, le film fait aussi résonner la parole puissante et déchirante de ces rescapés, dont le visage a été modifié grâce à une technique novatrice de face mapping pour préserver leur anonymat. Un documentaire essentiel sur un crime de masse ignoré.

    Réalisation :
    David France
    Producteur/-trice :
    Public Square Films
    Distributeur :
    Submarine Entertainment
    Pays :
    Etats-Unis
    Année : 2020

    Essentiel, ça force juste le respect.
    #courage

    Et donc c’est le #face_mapping qui permet d’anonymiser les visages de ces #lanceurs_d'alerte