• Opinion | How Democrats Drove Silicon Valley Into Trump’s Arms - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2025/01/17/opinion/marc-andreessen-trump-silicon-valley.html

    Marc Andreessen explains the newest faction of conservatism.

    Un très long interterview de Marc Andreessen : comment la Silicon Valley est passé des démocrates des années 1990 à Trump.
    Un journaliste de droite interviewant un leader économique passé du centre démocrate à l’extrême-droite laisser-fairiste : un véritable éclairage sur la bataille culturelle qui se joue. (qui s’est jouée). Des remarques sur l’esprit hippy de la SV jusqu’à la liberté totale de la crypto et de l’IA comme modèle pour que les Etats-Unis restent à la tête du monde.
    Tout une série de rants and raves sur la bureacratie, les taxes, le deep state...
    Un véritable résumé du programme économique des patrons d’extrême-droite.
    Mais Marc Andreesen avait publié un manifeste l’an passé avec la plupart de ces objectifs. Juste ici, c’est à la fois plus vivant, mais aussi plus insupportable d’auto-satisfaction, de domination assise,de contentement de soi... et de mensonges, approximations et autres renversement des idées.
    A méditer, pour comprendre le trumpisme (ou devrait-on dire le muskisme ou le thielisme).

    #Marc_Andreessen #Extrême-doite #Trumpisme #Silicon_Valley

  • #Pierre_Gaussens, sociologue : « Les #études_décoloniales réduisent l’Occident à un ectoplasme destructeur »

    Le chercheur détaille, dans un entretien au « Monde », les raisons qui l’ont conduit à réunir, dans un livre collectif, des auteurs latino-américains de gauche qui critiquent les #fondements_théoriques des études décoloniales.

    S’il passe son année en France comme résident à l’Institut d’études avancées de Paris, Pierre Gaussens évolue comme sociologue au Collège du Mexique, à Mexico, établissement d’enseignement supérieur et de recherche en sciences humaines. C’est d’Amérique latine qu’il a piloté, avec sa collègue #Gaya_Makaran, l’ouvrage Critique de la raison décoloniale. Sur une contre-révolution intellectuelle (L’Echappée, 256 pages, 19 euros), regroupant des auteurs anticoloniaux mais critiques des études décoloniales et de leur « #stratégie_de_rupture ».

    Que désignent exactement les études décoloniales, devenues un courant très controversé ?

    Les études décoloniales ont été impulsées par le groupe Modernité/Colonialité, un réseau interdisciplinaire constitué au début des années 2000 par des intellectuels latino-américains, essentiellement basés aux Etats-Unis. Il comptait, parmi ses animateurs les plus connus, le sociologue péruvien #Anibal_Quijano (1928-2018), le sémiologue argentin #Walter_Mignolo, l’anthropologue américano-colombien #Arturo_Escobar, ou encore le philosophe mexicain d’origine argentine #Enrique_Dussel (1934-2023). Les études décoloniales sont plurielles, mais s’articulent autour d’un dénominateur commun faisant de 1492 une date charnière de l’histoire. L’arrivée en Amérique de Christophe Colomb, inaugurant la #colonisation_européenne, aurait marqué l’entrée dans un schéma de #pouvoir perdurant jusqu’à aujourd’hui. Ce schéma est saisi par le concept central de « #colonialité », axe de #domination d’ordre racial qui aurait imprégné toutes les sphères – le pouvoir, le #savoir, le #genre, la #culture.

    Sa substance est définie par l’autre concept phare des études décoloniales, l’#eurocentrisme, désignant l’hégémonie destructrice qu’aurait exercée la pensée occidentale, annihilant le savoir, la culture et la mythologie des peuples dominés. Le courant décolonial se fonde sur ce diagnostic d’ordre intellectuel, mais en revendiquant dès le début une ambition politique : ce groupe cherchait à se positionner comme une avant-garde en vue d’influencer les mouvements sociaux et les gouvernements de gauche latino-américains. Il est ainsi né en critiquant les #études_postcoloniales, fondées dans les années 1980 en Inde avant d’essaimer aux Etats-Unis. Les décoloniaux vont leur reprocher de se cantonner à une critique « scolastique », centrée sur des études littéraires et philosophiques, et dépourvue de visée politique.

    Pourquoi avoir élaboré cet ouvrage collectif visant à critiquer la « #raison_décoloniale » ?

    Ce projet venait d’un double ras-le-bol, partagé avec ma collègue Gaya Makaran, de l’Université nationale autonome du Mexique (UNAM). Nous étions d’abord agacés par les faiblesses théoriques des études décoloniales, dont les travaux sont entachés de #simplisme et de #concepts_bancals enrobés dans un #jargon pompeux et se caractérisant par l’#ignorance, feinte ou volontaire, de tous les travaux antérieurs en vue d’alimenter une stratégie de #rupture. Celle-ci a fonctionné, car la multiplication des publications, des revues et des séminaires a permis au mouvement de gagner en succès dans le champ universitaire. Ce mouvement anti-impérialiste a paradoxalement profité du fait d’être basé dans des universités américaines pour acquérir une position de force dans le champ académique.

    La seconde raison tenait à notre malaise face aux effets des théories décoloniales. Que ce soient nos étudiants, les organisations sociales comme les personnes indigènes rencontrées sur nos terrains d’enquête, nous constations que l’appropriation de ces pensées menait à la montée d’un #essentialisme fondé sur une approche mystifiée de l’#identité, ainsi qu’à des #dérives_racistes. Il nous semblait donc crucial de proposer une critique d’ordre théorique, latino-américaine et formulée depuis une perspective anticolonialiste. Car nous partageons avec les décoloniaux le diagnostic d’une continuité du fait colonial par-delà les #décolonisations, et le constat que cette grille de lecture demeure pertinente pour saisir la reproduction des #dominations actuelles. Notre ouvrage, paru initialement au Mexique en 2020 [Piel Blanca, Mascaras Negras. Critica de la Razon Decolonial, UNAM], présente donc un débat interne à la gauche intellectuelle latino-américaine, qui contraste avec le manichéisme du débat français, où la critique est monopolisée par une droite « #antiwoke ».

    Le cœur de votre critique se déploie justement autour de l’accusation d’« essentialisme ». Pourquoi ce trait vous pose-t-il problème ?

    En fétichisant la date de #1492, les études décoloniales procèdent à une rupture fondamentale qui conduit à un manichéisme et une réification d’ordre ethnique. L’Occident, porteur d’une modernité intrinsèquement toxique, devient un ectoplasme destructeur. Cette #satanisation produit, en miroir, une #idéalisation des #peuples_indigènes, des #cosmologies_traditionnelles et des temps préhispaniques. Une telle lecture crée un « #orientalisme_à_rebours », pour reprendre la formule de l’historien #Michel_Cahen [qui vient de publier Colonialité. Plaidoyer pour la précision d’un concept, Karthala, 232 pages, 24 euros], avec un #mythe stérile et mensonger du #paradis_perdu.

    Or, il s’agit à nos yeux de penser l’#hybridation et le #métissage possibles, en réfléchissant de façon #dialectique. Car la #modernité a aussi produit des pensées critiques et émancipatrices, comme le #marxisme, tandis que les coutumes indigènes comportent également des #oppressions, notamment patriarcales. Cette #focalisation_ethnique empêche de penser des #rapports_de_domination pluriels : il existe une #bourgeoisie_indigène comme un #prolétariat_blanc. Cette essentialisation suscite, en outre, un danger d’ordre politique, le « #campisme », faisant de toute puissance s’opposant à l’Occident une force par #essence_décoloniale. La guerre menée par la Russie en Ukraine montre à elle seule les limites d’une telle position.

    En quoi le positionnement théorique décolonial vous semble-t-il gênant ?

    La stratégie de rupture du mouvement conduit à plusieurs écueils problématiques, dont le principal tient au rapport avec sa tradition théorique. Il procède à des récupérations malhonnêtes, comme celle de #Frantz_Fanon (1925-1961). Les décoloniaux plaquent leur grille de lecture sur ce dernier, gommant la portée universaliste de sa pensée, qui l’oppose clairement à leur geste critique. Certains se sont rebellés contre cette appropriation, telle la sociologue bolivienne #Silvia_Rivera_Cusicanqui, qui a accusé Walter Mignolo d’avoir détourné sa pensée.

    Sur le plan conceptuel, nous critiquons le galimatias linguistique destiné à camoufler l’absence de nouveauté de certains concepts – comme la « colonialité », qui recoupe largement le « #colonialisme_interne » développé à la fin du XXe siècle – et, surtout, leur faiblesse. Au prétexte de fonder un cadre théorique non eurocentrique, les décoloniaux ont créé un #jargon en multipliant les notions obscures, comme « #pluriversalisme_transmoderne » ou « #différence_transontologique », qui sont d’abord là pour simuler une #rupture_épistémique.

    Votre critique s’en prend d’ailleurs à la méthode des études décoloniales…

    Les études décoloniales ne reposent sur aucune méthode : il n’y a pas de travail de terrain, hormis chez Arturo Escobar, et très peu de travail d’archives. Elles se contentent de synthèses critiques de textes littéraires et théoriques, discutant en particulier des philosophes comme Marx et Descartes, en s’enfermant dans un commentaire déconnecté du réel. Il est d’ailleurs significatif qu’aucune grande figure du mouvement ne parle de langue indigène. Alors qu’il est fondé sur la promotion de l’#altérité, ce courant ne juge pas nécessaire de connaître ceux qu’il défend.

    En réalité, les décoloniaux exploitent surtout un #misérabilisme en prétendant « penser depuis les frontières », selon le concept de Walter Mignolo. Ce credo justifie un rejet des bases méthodologiques, qui seraient l’apanage de la colonialité, tout en évacuant les critiques à son égard, puisqu’elles seraient formulées depuis l’eurocentrisme qu’ils pourfendent. Ce procédé conduit à un eurocentrisme tordu, puisque ces auteurs recréent, en l’inversant, le « #privilège_épistémique » dont ils ont fait l’objet de leur critique. Ils ont ainsi construit une bulle destinée à les protéger.

    Sur quelle base appelez-vous à fonder une critique de gauche du colonialisme ?

    En opposition aux penchants identitaires des décoloniaux, nous soutenons le retour à une approche matérialiste et #dialectique. Il s’agit de faire dialoguer la pensée anticoloniale, comme celle de Frantz Fanon, avec l’analyse du #capitalisme pour renouer avec une critique qui imbrique le social, l’économie et le politique, et pas seulement le prisme culturel fétichisé par les décoloniaux. Cette #intersectionnalité permet de saisir comment les pouvoirs néocoloniaux et le capitalisme contemporain reproduisent des phénomènes de #subalternisation des pays du Sud. Dans cette perspective, le #racisme n’est pas un moteur en soi, mais s’insère dans un processus social et économique plus large. Et il s’agit d’un processus historique dynamique, qui s’oppose donc aux essentialismes identitaires par nature figés.

    « Critique de la raison décoloniale » : la dénonciation d’une « #imposture »

    Les études décoloniales constitueraient une « #contre-révolution_intellectuelle ». L’expression, d’ordinaire réservée aux pensées réactionnaires, signale la frontalité de la critique, mais aussi son originalité. Dans un débat français où le label « décolonial » est réduit à un fourre-tout infamant, cet ouvrage collectif venu d’Amérique latine apporte un bol d’air frais. Copiloté par Pierre Gaussens et Gaya Makaran, chercheurs basés au Mexique, Critique de la raison décoloniale (L’Echappée, 256 pages, 19 euros) élève le débat en formulant une critique d’ordre théorique.

    Six textes exigeants, signés par des chercheurs eux-mêmes anticoloniaux, s’attachent à démolir ce courant, qualifié d’« imposture intellectuelle ». Les deux initiateurs du projet ouvrent l’ensemble en ramassant leurs griefs : l’essentialisation des peuples à travers un prisme culturel par des auteurs qui « partagent inconsciemment les prémisses de la théorie du choc des civilisations ». Les quatre contributions suivantes zooment sur des facettes des études décoloniales, en s’attaquant notamment à la philosophie de l’histoire qui sous-tend sa lecture de la modernité, à quelques-uns de ses concepts fondamentaux (« pensée frontalière », « colonialité du pouvoir »…) et à son « #ontologie de l’origine et de la #pureté ». Un dernier texte plus personnel de la chercheuse et activiste Andrea Barriga, ancienne décoloniale fervente, relate sa désillusion croissante à mesure de son approfondissement de la pensée d’Anibal Quijano, qui lui est finalement apparue comme « sans consistance ».

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/11/24/pierre-gaussens-sociologue-les-etudes-decoloniales-reduisent-l-occident-a-un
    #décolonial

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    • En complément :
      https://lvsl.fr/pourquoi-lextreme-droite-sinteresse-aux-theories-decoloniales

      L’extrême droite veut décoloniser. En France, les intellectuels d’extrême droite ont pris l’habitude de désigner l’Europe comme la victime autochtone d’une « colonisation par les immigrés » orchestrée par les élites « mondialistes ». Renaud Camus, théoricien du « grand remplacement », a même fait l’éloge des grands noms de la littérature anticoloniale – « tous les textes majeurs de la lutte contre la colonisation s’appliquent remarquablement à la France, en particulier ceux de Frantz Fanon » – en affirmant que l’Europe a besoin de son FLN (le Front de Libération Nationale a libéré l’Algérie de l’occupation française, ndlr). Le cas de Renaud Camus n’a rien d’isolé : d’Alain de Benoist à Alexandre Douguine, les figures de l’ethno-nationalisme lisent avec attention les théoriciens décoloniaux. Et ils incorporent leurs thèses, non pour contester le système dominant, mais pour opposer un capitalisme « mondialiste », sans racines et parasitaire, à un capitalisme national, « enraciné » et industriel.

      Article originellement publié dans la New Left Review sous le titre « Sea and Earth », traduit par Alexandra Knez pour LVSL.

    • Les pensées décoloniales d’Amérique latine violemment prises à partie depuis la gauche

      Dans un livre collectif, des universitaires marxistes dénoncent l’« imposture » des études décoloniales, ces théories qui tentent de déconstruire les rapports de domination en Amérique latine. Au risque de la simplification, répondent d’autres spécialistes.

      PourPour une fois, la critique ne vient pas de la droite ou de l’extrême droite, mais de courants d’une gauche marxiste que l’on n’attendait pas forcément à cet endroit. Dans un livre collectif publié en cette fin d’année, Critique de la raison décoloniale (L’échappée), une petite dizaine d’auteur·es livrent une charge virulente à l’égard des études décoloniales, tout à la fois, selon eux, « imposture », « pensée ventriloque », « populisme » et « contre-révolution intellectuelle ».

      Le champ décolonial, surgi dans les années 1990 sur le continent américain autour de penseurs comme Aníbal Quijano (1928-2018), reste confidentiel en France. Ce sociologue péruvien a forgé le concept de « colonialité du pouvoir », qui renvoie aux rapports de domination construits à partir de 1492 et le début des « conquêtes » des Européens aux Amériques. Pour ces intellectuel·les, les vagues d’indépendances et de décolonisations, à partir du XIXe siècle, n’ont pas changé en profondeur ces rapports de domination.

      La première génération des « décoloniaux » sud-américains, autour de Quijano, de l’historien argentino-mexicain Enrique Dussel (1934-2023) et du sémiologue argentin Walter Mignolo (né en 1941), a développé à la fin des années 1990 un programme de recherche intitulé « Modernité/Colonialité/Décolonialité » (M/C/D). Ils ont analysé, souvent depuis des campus états-uniens, la « colonialité », non seulement du « pouvoir », mais aussi des « savoirs » et de « l’être ».

      Pour eux, 1492 est un moment de bascule, qui marque le début de la « modernité » (le système capitaliste, pour le dire vite) et de son revers, la « colonialité » : le système capitaliste et le racisme sont indissociables. Selon ces auteurs, « le socle fondamental de la modernité est le “doute méthodique” jeté sur la pleine humanité des Indiens », doute qui deviendra un « scepticisme misanthrope systématique et durable » jusqu’à aujourd’hui, expliquent Philippe Colin et Lissell Quiroz dans leur ouvrage de synthèse sur les Pensées décoloniales. Une introduction aux théories critiques d’Amérique latine, publié en 2023 (éditions de La Découverte).

      « Au-delà des indéniables effets de mode, la critique décoloniale est devenue l’un des paradigmes théoriques incontournables de notre temps », écrivent encore Colin et Quiroz. Depuis la fin des années 1990, cette manière de critiquer le capitalisme, sans en passer par le marxisme, s’est densifiée et complexifiée. Elle a été reprise dans la grammaire de certains mouvements sociaux, et récupérée aussi de manière rudimentaire par certains gouvernements étiquetés à gauche.

      C’est dans ce contexte qu’intervient la charge des éditions L’échappée, qui consiste dans la traduction de six textes déjà publiés en espagnol (cinq au Mexique en 2020, un autre en Argentine en 2021). Parmi eux, Pierre Gaussens et Gaya Makaran, deux universitaires basé·es à Mexico, l’un Français, l’autre Polonaise, s’en prennent à ces « discours académiques qui veulent parler à la place des subalternes » et dénoncent une « représentation ventriloque des altérités ».

      Préoccupé·es par l’influence grandissante des théories décoloniales dans leur milieu universitaire, Gaussens et Makaran veulent exposer leurs « dangers potentiels ». Dont celui de contribuer à « justifier des pratiques discriminatoires et excluantes, parfois même ouvertement racistes et xénophobes, dans les espaces où celles-ci parviennent à rencontrer un certain écho, surtout à l’intérieur du monde étudiant ».

      Les critiques formulées par ces penseurs d’obédience marxiste sont légion. Ils et elles reprochent une manière de penser l’Europe de manière monolithique, comme un seul bloc coupable de tous les maux – au risque d’invisibiliser des luttes internes au continent européen. Ils contestent la focalisation sur 1492 et jugent anachronique la référence à une pensée raciale dès le XVe siècle.

      De manière plus globale, ils dénoncent un « biais culturaliste », qui accorderait trop de place aux discours et aux imaginaires, et pas assez à l’observation de terrain des inégalités économiques et sociales ou encore à la pensée de la forme de l’État au fil des siècles. « L’attention qu’ils portent aux identités, aux spécificités culturelles et aux “cosmovisions” les conduit à essentialiser et à idéaliser les cultures indigènes et les peuples “non blancs”, dans ce qui en vient à ressembler à une simple inversion de l’ethnocentrisme d’origine européenne », écrit le journaliste Mikaël Faujour dans la préface de l’ouvrage.

      Ils critiquent encore le soutien de certains auteurs, dont Walter Mignolo, à Hugo Chávez au Venezuela et Evo Morales en Bolivie – ce que certains avaient désigné comme une « alliance bolivarienne-décoloniale », au nom de laquelle ils ont pu soutenir des projets néo-extractivistes sur le sol des Amériques pourtant contraires aux intérêts des populations autochtones.

      Dans une recension enthousiaste qu’il vient de publier dans la revue Esprit, l’anthropologue Jean-Loup Amselle parle d’un livre qui « arrive à point nommé ». Il critique le fait que les décoloniaux ont « figé », à partir de 1492, l’Europe et l’Amérique en deux entités « hypostasiées dans leurs identités respectives ». « Pour les décoloniaux, insiste Amselle, c’est le racisme qui est au fondement de la conquête de l’Amérique, bien davantage que les richesses qu’elle recèle, et c’est le racisme qui façonne depuis la fin du XVe siècle le monde dans lequel on vit. »

      La parole d’Amselle importe d’autant plus ici qu’il est l’un des tout premiers, depuis la France, à avoir critiqué les fondements de la pensée décoloniale. Dans L’Occident décroché. Enquête sur les postcolonialismes (Seuil, 2008), il consacrait déjà plusieurs pages critiques en particulier de la pensée « culturaliste », essentialiste, de Walter Mignolo lorsque ce dernier pense le « post-occidentalisme ».

      À la lecture de Critique de la raison décoloniale, si les critiques sur les partis pris téléologiques dans certains travaux de Walter Mignolo et Enrique Dussel visent juste, la virulence de la charge interroge tout de même. D’autant qu’elle passe presque totalement sous silence l’existence de critiques plus anciennes, par exemple sur le concept de « colonialité du pouvoir », en Amérique latine.

      Dans une recension publiée dans le journal en ligne En attendant Nadeau, l’universitaire David Castañer résume la faille principale du livre, qui « réside dans l’écart entre ce qu’il annonce – une critique radicale de la théorie décoloniale dans son ensemble – et ce qu’il fait réellement – une lecture du tétramorphe Mignolo, Grosfoguel [sociologue d’origine portoricaine – ndlr], Quijano, Dussel ». Et de préciser : « Or, il y a un grand pas entre critiquer des points précis des pensées de ces quatre auteurs et déboulonner cette entité omniprésente que serait le décolonial. »

      Tout se passe comme si les auteurs de cette Critique passaient sous silence la manière dont ce champ s’est complexifié, et avait intégré ses critiques au fil des décennies. C’est ce que montre l’ouvrage de Colin et Quiroz dont le dernier chapitre est consacré, après les figures tutélaires des années 1990 – les seules qui retiennent l’attention de Gaussens et de ses collègues –, aux « élargissements théoriques et militants ».
      Méta-histoire

      L’exemple le plus saillant est la manière dont des féministes, à commencer par la philosophe argentine María Lugones (1944-2020), vont critiquer les travaux de Quijano, muets sur la question du genre, et proposer le concept de « colonialité du genre », à distance du « féminisme blanc », sans rejeter pour autant ce fameux « tournant décolonial ».

      Idem pour une pensée décoloniale de l’écologie, à travers des chercheurs et chercheuses d’autres générations que celles des fondateurs, comme l’anthropologue colombien Arturo Escobar (qui a critiqué le concept de développement comme une invention culturelle d’origine occidentale, et théorisé le « post-développement ») ou l’Argentine Maristella Svampa, devenue une référence incontournable sur l’économie extractiviste dans le Cône Sud.

      La critique formulée sur la fixation problématique sur 1492 chez les décoloniaux ne convainc pas non plus Capucine Boidin, anthropologue à l’université Sorbonne-Nouvelle, jointe par Mediapart : « Les auteurs décoloniaux font une philosophie de l’histoire. Ils proposent ce que j’appelle un méta-récit. Ce n’est pas de l’histoire. Il n’y a d’ailleurs aucun historien dans le groupe des études décoloniales. Cela n’a pas de sens de confronter une philosophie de l’histoire à des sources historiques : on ne peut qu’en conclure que c’est faux, incomplet ou imprécis. »

      Cette universitaire fut l’une des premières à présenter en France la pensée décoloniale, en invitant Ramón Grosfoguel alors à l’université californienne de Berkeley, dans un séminaire à Paris dès 2007, puis à coordonner un ensemble de textes – restés sans grand écho à l’époque – sur le « tournant décolonial » dès 2009.

      Elle tique aussi sur certaines des objections formulées à l’égard d’universitaires décoloniaux très dépendants des universités états-uniennes, et accusés d’être coupés des cultures autochtones dont ils parlent. À ce sujet, Silvia Rivera Cusicanqui, une sociologue bolivienne de premier plan, connue notamment pour avoir animé un atelier d’histoire orale andine, avait déjà accusé dès 2010 le décolonial Walter Mignolo, alors à l’université états-unienne Duke, d’« extractivisme académique » vis-à-vis de son propre travail mené depuis La Paz.

      « Contrairement à ce que dit Pierre Gaussens, nuance Capucine Boidin, Aníbal Quijano parlait très bien, et chantait même, en quechua. C’était un sociologue totalement en prise avec sa société. Il a d’ailleurs fait toute sa carrière au Pérou, à l’exception de voyages brefs aux États-Unis durant lesquels il a échangé avec [le sociologue états-unien] Immanuel Wallerstein. Pour moi, c’est donc un procès d’intention qui fait fi d’une lecture approfondie et nuancée. »
      L’héritage de Fanon

      Au-delà de ces débats de spécialistes, les auteur·es de Critique de la raison décoloniale s’emparent avec justesse de nombreux penseurs chers à la gauche, de Walter Benjamin à Frantz Fanon, pour mener leur démonstration. Le premier chapitre s’intitule « Peau blanche, masque noire », dans une référence au Peau noire, masques blancs (1952) de l’intellectuel martiniquais. Le coup est rude : il s’agit d’accuser sans détour les décoloniaux d’être des « blancs » qui se disent du côté des peuples autochtones sans l’être.

      Pierre Gaussens et Gaya Makaran insistent sur les critiques formulées par Fanon à l’égard du « courant culturaliste de la négritude », qu’ils reprennent pour en faire la clé de voûte du livre. « Si le colonisé se révolte, ce n’est donc pas pour découvrir une culture propre ou un passé glorieux, ni pour prendre conscience de sa “race”, mais parce que l’oppression socio-économique qu’il subit ne lui permet pas de mener une existence pleine et entière », écrivent-ils.

      Dans l’épilogue de sa biographie intellectuelle de Fanon (La Découverte, 2024), Adam Shatz constate que des critiques de l’antiracisme contemporain, depuis le marxisme notamment, se réclament parfois du Martiniquais. « Ce qui intéressait Fanon n’était pas la libération des Noirs, mais celle des damnés de la Terre », confirme-t-il. Mais Shatz se montre aussi plus prudent, alors que « l’horizon de la société post-raciale [que Fanon appelait de ses vœux – ndlr] s’est considérablement éloigné » par rapport à 1961, année de sa mort à 36 ans à peine.

      À lire Shatz, Fanon menait une critique des pensées binaires telles que certains universalistes et d’autres identitaires la pratiquent. La nature de son œuvre la rend rétive aux récupérations. Il juge aussi que les décoloniaux, et des mouvements comme Black Lives Matter, qui se revendiquent tout autant de Fanon que les marxistes critiques de l’antiracisme, « sont plus fidèles à la colère » du psychiatre martiniquais, avec « leur style d’activisme imprégné d’urgence existentielle ».

      Aussi stimulante soit-elle, la publication de Critique de la raison décoloniale témoigne surtout, en creux, de la trop faible circulation des textes originaux des théories décoloniales en France, et du trop petit nombre de traductions disponibles en français (parmi les exceptions notables, la publication aux PUF en 2023 de Philosophie de la libération, de Dussel, classique de 1977). Le livre des éditions de L’échappée est une entreprise de démontage d’un champ encore peu documenté en France, ce qui donne à sa lecture un abord inconfortable.

      Et ce, même si Mikaël Faujour, collaborateur au Monde diplomatique, qui a traduit une partie des textes du recueil en français, avec l’essayiste partisan de la décroissance Pierre Madelin, insiste, dans une préface périlleuse, sur une clé de lecture française, qui complique encore la réception de l’ouvrage. Le journaliste s’inquiète des « cheminements » de la pensée décoloniale dans l’espace francophone, d’abord via les revues Multitudes et Mouvements, puis à travers le parti des Indigènes de la République (PIR) autour notamment de Houria Bouteldja, jusqu’à déplorer « le rapprochement, à partir de 2019, entre les décoloniaux autour du PIR et La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon ».

      La charge n’est pas sans rappeler le débat suscité en 2021 par le texte du sociologue Stéphane Beaud et de l’historien Gérard Noiriel, sur le « tournant identitaire » dans les sciences sociales françaises. Au risque d’ouvrir ici une vaste discussion plus stratégique sur les gauches françaises, qui n’a que peu à voir avec les discussions théoriques posées par les limites des premières vagues de la théorie décoloniale en Amérique latine ?

      Joint par Mediapart, Faujour assure le contraire : « Il n’y a pas d’étanchéité entre les deux espaces [français et latino-américain]. D’ailleurs, le livre [original publié en 2020 au Mexique] contenait un texte critique de Philippe Corcuff sur les Indigènes de la République. Par ailleurs, Bouteldja salue Grosfoguel comme un “frère”. Dussel et Grosfoguel sont venus en France à l’invitation du PIR. Tout l’appareillage lexical et conceptuel, la lecture historiographique d’une modernité débutée en 1492 unissant dans la “colonialité”, modernité, colonialisme et capitalisme, mais aussi la critique de la “blanchité”, entre autres choses, constituent bel et bien un fonds commun. »

      Mais certain·es redoutent bien une confusion dans la réception du texte, dans le débat français. « Pierre Gaussens et Gaya Makaran travaillent depuis le Mexique, avance Capucine Boidin. Je comprends une partie de leur agacement, lorsqu’ils sont face à des étudiants latino-américains, de gauche, qui peuvent faire une lecture simplifiée et idéologique de certains textes décoloniaux. D’autant qu’il peut y avoir une vision essentialiste, romantique et orientaliste des cultures autochtones, dans certains de ces écrits. »

      « Mais en France, poursuit-elle, nous sommes dans une situation très différente, où les études décoloniales sont surtout attaquées sur leur droite. Manifestement, Pierre Gaussens est peu informé des débats français. Ce livre arrive comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, avec le risque de donner à la droite des arguments de gauche pour critiquer les études décoloniales. »

      https://www.mediapart.fr/journal/international/271224/les-pensees-decoloniales-d-amerique-latine-violemment-prises-partie-depuis

  • « Malgré Elon Musk, la Silicon Valley reste un bastion du parti démocrate »
    https://www.nouvelobs.com/idees/20241109.OBS96127/malgre-elon-musk-la-silicon-valley-reste-un-bastion-du-parti-democrate.ht

    Entretien avec Fred Turner sur la situation post-électorale dans la Silicon Valley

    Propos recueillis par Xavier de La Porte

    Publié le 9 novembre 2024 à 9h30
    Elon Musk au meeting de Donald Trump au Madison Square Garden, à New York, le 27 octobre 2024.

    Entretien La victoire de Donald Trump risque de bénéficier au patron de Tesla. Mais ce n’est pas toute la Tech américaine qui a basculé dans le camp républicain. Analyse avec l’historien de la Silicon Valley, et professeur à Stanford, Fred Turner.

    La participation d’Elon Musk à la campagne de Donald Trump a été spectaculaire. Mobilisation sur X (ex-Twitter), dons financiers, participation à des meetings… Au point que le patron de X, Tesla, SpaceX, Neuralink et Starlink a été longuement remercié par le nouveau président le soir de sa victoire. Il n’est pas le seul personnage important de la Silicon Valley à s’être engagé dans cette campagne auprès de Donald Trump : Peter Thiel (autre membre de la « mafia Paypal »), l’investisseur Marc Andreessen et d’autres encore. Eu égard à la timidité de Jeff Bezos, le patron d’Amazon et propriétaire du « Washington Post », qui a refusé que son journal s’engage pour Kamala Harris, et au silence relatif d’autres patrons de cette industrie longtemps favorable aux démocrates, on peut avoir l’impression que quelque chose a changé dans la Silicon Valley, que ce lieu jadis plein d’ingénieurs utopistes et post-hippies a cédé aux sirènes de l’alt-right. Fred Turner, auteur notamment de « Aux sources de l’utopie numérique » et historien de la Silicon Valley, nuance ce sentiment, tout en notant les effets néfastes que pourrait avoir l’influence de Musk sur Donald Trump.
    La victoire de Trump est-elle aussi, d’une certaine manière, celle d’Elon Musk ?

    Fred Turner Bien sûr. Et celle de Jeff Bezos aussi. En soutenant Trump de manière aussi agressive, Musk a fait du nouveau président son débiteur. Celui-ci lui doit maintenant bien des faveurs que le patron de X ne manquera sûrement pas de lui réclamer dans les années à venir. Elles peuvent aller d’avantages réglementaires pour ses entreprises à une influence directe dans le gouvernement.

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    Il est difficile de déterminer si l’implication de Musk découle d’une conviction politique sincère ou d’un opportunisme entrepreneurial. Quelle est votre hypothèse ?

    Avec quelqu’un comme Musk, il est difficile de démêler le personnel du politique. Comme d’autres magnats de la tech, il considère les affaires et la politique comme deux moyens de changer le monde, et comme deux systèmes nécessitant des « hommes forts » à leur tête.
    La technologie a déjà conduit à la privatisation de nombreux aspects de la vie. Ce lien fort entre Trump et Musk pourrait-il accélérer cette tendance ?

    Aux Etats-Unis, cela mènera certainement à davantage de dérégulations. Le contrôle des entreprises sur des fonctions historiquement assumées par l’Etat pourrait aussi se voir renforcé. Le système de satellites Starlink de Musk, conçu et entièrement détenu par une entreprise privée, est déjà une infrastructure critique pour l’armée américaine. Quand les oligarques accèdent au pouvoir, ils ont souvent tendance à céder les ressources de l’Etat à leurs partisans pour s’assurer de leur loyauté. On verra si cela se produit ici. Il faudra garder un œil sur le secteur de l’éducation, par exemple… et sur la possibilité d’une privatisation et d’une numérisation de l’instruction publique.
    L’implication d’Elon Musk (et, plus largement, de la « PayPal mafia »), combinée au refus de Jeff Bezos que le « Washington Post », journal dont il est propriétaire, ne prenne parti pour Kamala Harris, indiquent-ils une évolution politique de la Silicon Valley ?

    Non. Pas vraiment. Il existe une grande fracture entre les dirigeants des grandes entreprises technologiques et les employés de base. Comme l’ont montré les résultats du vote, la Silicon Valley reste un bastion du Parti démocrate, même si ses leaders promeuvent des dirigeants autoritaires – et se comportent d’ailleurs comme tels.
    Quels sont les aspects du message de Trump qui ont séduit ces dirigeants ?

    Pour des figures comme Musk, l’image de l’homme fort est assez attirante. De même que les appels à la dérégulation et la promesse de privilégier les intérêts des entreprises et le profit, au détriment de l’environnement et du bien public.
    Y a-t-il une forme de luttes des classes au sein de Silicon Valley ?

    Il existe dans cette région des Etats-Unis une inégalité immense. Dans notre livre « Visages de la Silicon Valley », nous avons tenté avec Mary Beth Meehan de rendre visible la classe ouvrière de la vallée. Malgré l’immense richesse produite ici, une grande partie de la population vit sous le seuil de pauvreté et, selon la banque alimentaire Second Harvest, un habitant sur six dépend régulièrement de leurs services.
    Y a-t-il encore des utopistes post-hippies à Silicon Valley ?

    Oui. Les utopistes des années 1960, qui ont joué des rôles clés dans l’essor de la Silicon Valley, ont aujourd’hui autour de 80 ans. Mais une nouvelle génération a pris le relais dans leur croyance que les technologies peuvent remplacer la politique et résoudre les problèmes sociaux, dont ils estiment par ailleurs qu’elle est la cause. Leur foi dans la promesse utopique portée par les machines et la technologie est visible partout, que ce soit dans la pratique du microdosage de LSD au travail (pour, pensent-ils, devenir plus intelligents) ou dans la création de systèmes d’Intelligence Artificielle censés doter les humains d’aptitudes quasi-divines. Chez beaucoup de personnes de la Silicon Valley, il persiste, comme c’était le cas dans les communautés des années 1960 qui en furent à l’origine, une grande cécité sur les conditions ordinaires de la vie ordinaire, et un manque d’intérêt pour trouver les moyens de l’améliorer.

    Kamala Harris a-t-elle adressé un message spécifique au monde de la tech ?

    Pas à ma connaissance. Mais elle y est bien connue évidemment, puisqu’elle est originaire de la région de la baie de San Francisco.
    Quel rôle les podcasts (notamment ceux de Joe Rogan et de l’alt-right) ont-ils joué pendant la campagne ? Voyez-vous cela comme un déplacement de l’influence des médias traditionnels vers les nouveaux médias ?

    Un des grands enseignements de cette élection est que les médias de masse comptent beaucoup, beaucoup moins qu’auparavant. Pensez-y : Kamala Harris a réussi à mobiliser en sa faveur la plupart des grandes figures d’Hollywood, de l’industrie musicale et de la télévision. Beyoncé a ouvert un de ses meetings, et Taylor Swift l’a soutenue publiquement. De nombreux grands journaux américains ont appuyé sa candidature, tacitement ou explicitement. Malgré tout, cela n’a pas suffi à convaincre les électeurs.

    Il est trop tôt pour produire une analyse satisfaisante de ce qui s’est passé, néanmoins il est de plus en plus évident que les gens vivent dans des silos informatifs très distincts et ne font plus confiance aux médias destinés à ce que nous appelions autrefois le grand public.

    BIO EXPRESS

    Fred Turner enseigne l’histoire des médias à l’université Stanford, en Californie. Il est l’auteur d’un ouvrage devenu un classique, « Aux sources de l’utopie numérique. De la contre-culture à la cyberculture, Stewart Brand, un homme d’influence » (C & F Editions, 2012).

    Propos recueillis par Xavier de La Porte

    #Fred_Turner #Xavier_de_La_Porte #Silicon_Valley #Elections #Musk #Mary_Beth_Meehan

  • The Failures of Neoliberal Governance Paved the Way for Uber’s Conquest of the City
    https://jacobin.com/2023/10/uber-gig-work-neoliberal-city-governance-washington-dc

    22.10.2023 by Sara Wexler - An interview with Katie J. Wells, Kafui Attoh, Declan Cullen

    Uber conquered cities around the world in part by offering false, tech-based “solutions” to long-standing problems like broken public transit and underemployment. The company’s victory was made possible by decades of failed neoliberal policies.

    Uber and fellow rideshare companies like Lyft are now ubiquitous in US cities, a symbol of the success of Silicon Valley capitalism and the growth of precarious, low-wage gig work in the twenty-first century. Uber’s rise was far from peaceful; under the banner of “disruption,” the company has displaced traditional taxicabs and conquered markets by violating labor law and other regulations with impunity.

    In their book, Disrupting D.C.: The Rise of Uber and the Fall of the City, Katie J. Wells, Kafui Attoh, and Declan Cullen chart how Uber overcame early resistance to its operations in Washington, DC, a victory that provided a model for the company’s conquest of other cities around the globe. The authors argue that failed neoliberal policies by city governments in DC and elsewhere helped lay the groundwork for Uber’s rise — in large part by undermining citizens’ confidence that government could solve long-standing problems like broken public transit and underemployment. Jacobin contributor Sara Wexler recently interviewed Wells, Attoh, and Cullen about the conditions that allowed Uber to flourish, the false “solutions” it has offered to policymakers, and how we might restore faith in the public sphere.

    Sara Wexler

    Disrupting D.C. is about Uber’s rise to market dominance, but it’s equally about the material conditions that enabled Uber’s success. What were those conditions?

    Katie J. Wells

    Some of the conditions are more proximate and can be traced to the last fifteen years of capitalism’s development. Uber’s growth — and the rise of platform-based gig work more generally — can be traced to the specific political-economic conditions that emerged following the Great Recession. Those conditions were favorable for raising the necessary venture capital that underpinned Uber’s growth, as postrecession investors were incentivized to look for Silicon Valley start-ups and “unicorns” in the face of limited investment options.

    The Great Recession was also key to producing a workforce among the recently laid-off and those made precarious by the global downturn. Contextualizing Uber’s growth within these processes is key to contesting the idea that tech companies’ urban dominance is simply the result of innovation or progress.
    “Postrecession investors were incentivized to look for Silicon Valley start-ups and ‘unicorns’ in the face of limited investment options.”

    The conditions that gave rise to Uber’s dominance can also be traced to a set of longer-standing trends in cities. Since at least the early 1980s, US cities have faced financial limits brought on by deindustrialization and dwindling tax bases. A key response to these limits has been disinvestment in public services and a broader turn toward neoliberal governance that seeks market-based solutions, increasingly married with technology, to urban issues.

    Uber’s political project has shown a keen awareness of the problems facing cities and has succeeded in offering itself as a solution, even if it is a poor solution. Uber presents itself as an alternative to a crumbling public transit system, a poorly regulated taxi industry, increasing precarity for low-wage workers, and even an answer to deep-seated racial inequity. The ground for Uber’s attack on cities was prepared by a four-decade attack on the public sector.

    Sara Wexler

    The technology-driven answers to city problems proposed by companies like Uber may seem apolitical, but you argue that’s not the case. Can you explain your argument here? What do you find problematic about Uber’s “solutions”?

    Kafui Attoh

    One of Silicon Valley’s key successes has been to reframe urban problems as technical ones. The idea that technology offers solutions that are free from politics is not a new one. In fact, one could argue “tech solutionism” has been a key plank of neoliberal governance, but it has reached new heights over the past decade and a half.

    Automated vehicles (AVs) are a great case in point. The rise of Uber in the 2010s went hand in hand with a promise that Uber would build the city of the future. The media reported endlessly on the impending transformation of urban life by new technologies. Cities, lacking a different vision, bought into this futuristic vision that promised us smarter cities seamlessly connected by AVs and flying cars. Beyond limited testing, of course, we don’t really see AVs at work in Washington, DC, though there is an increasing scaling up in other cities like San Francisco where they have been fiercely resisted.

    We argue that questions around AVs — when they will arrive, how do we prepare for them, and so on — are largely a distraction from more pressing issues. Instead, we should focus on what the idea of AVs does right now to how we think about urban politics. When we hear claims that delivery robots can help eliminate food deserts, we foreclose other, nontechnological means of addressing urban problems. Food deserts don’t exist because we have absentmindedly placed people too far from food. They are a result of structural issues tied up with real estate, uneven urban development, social inequities, and public transport.
    “The solutions to urban problems are political in nature. We already have the technologies we need to begin to address them; what we lack is the political will.”

    Furthermore, there is very little evidence that these technological fixes even work and don’t make cities more unequal. In Washington, DC, for example, we show that many of these technological solutions — delivery and security robots, AVs, and platform technologies like Uber itself — build on and intensify the very problems they purport to solve. Delivery robots and limited AV routes tend to be deployed on college campuses and in DC’s glittering new condo complexes that mark the front line of the city’s rapidly gentrifying landscape. They are not catchall solutions; rather, they feed on and intensify the yawning gaps in the city’s landscape.

    The solutions to urban problems are political in nature. They involve deep discussions and struggles that ask what kind of city we want to live in and who should be able to live in it. We already have the technologies we need to begin to address them; what we lack is the political will. Uber’s promises are narrow and technocratic, inhibiting our ability to pursue democratic solutions that center normative ideals and public goods like public transport.

    Sara Wexler

    One way Uber cultivated friendly relations with local politicians early on was by promising to share its data with city governments. City officials argue that this data is valuable because it will help them solve issues like traffic congestion and transit deserts. You object to this idea.
    Declan Cullen

    First, the question of data production and ownership is important. Drivers produce the data that Uber commodifies and turns into big data. Uber can then use this data to do a wide range of things, from perfecting its algorithms and surveilling drivers to attracting capital and negotiating with city governments.

    The relationship with data is, however, asymmetrical. Uber has the data and cities want it. As we argue in the book, the lure of data is both real and understandable for cities. For urban planners, for example, data appears to be an unqualified good. They can use data to get a better picture of congestion, road usage, parking management, among many other things.

    At the same time, a single-minded focus on data is misplaced. The idea that city officials can sit down and look at screens that show the city working in real time is a popular one. Neoliberal and technocratic ideologies seek to convince us that everything from your daily routine to cities can be hacked.

    This ideal doesn’t reflect the reality of data. When a city like Washington, DC, receives data from Uber, it is not in real time. The data must be cleaned and shaped into a usable form. That process takes time, money, and expertise that cities often lack.

    Even if we could make that data usable, what might it tell us that we don’t already know about life in cities? This deification of quantitative data is a political strategy that seeks to advance technological solutions at the expense of democratic ones. Data can be very helpful, but it is not prescriptive.

    Sara Wexler

    You cite the challenges that gig work poses to workers’ organizing, such as atomizing workplace conditions: Uber makes it very difficult for its drivers to ever meet and talk with one another.

    However, your interviews with Uber drivers seem to show that most Uber drivers do not see themselves as workers — many see themselves as smarter than the average driver and think of Ubering as a side gig rather than a main career. This would seem to be an additional obstacle to organizing. How do you think these sorts of attitudes can be changed or overcome?
    Kafui Attoh

    The platform workplace, like many workplaces, is made up of strangers. But the platform workplace is unique in the extent to which it keeps workers strangers and creates barriers to them interacting with each other.

    The atomized and flexible nature of the work, including workers’ employment status as independent contractors, has limited expressions of worker solidarity. Uber’s claims that it employs independent contractors and the gamification of the app means that workers increasingly see themselves as not just trying to outsmart that app, but as pitted against one another in competition. The individualized and competitive nature of this work is difficult to overcome.

    The lack of physical space, like a shop floor or dispatch office, in which platform workers meet or congregate creates another material barrier to the possibility for notions of collective worker consciousness to emerge. There is no obvious place where you can turn a stranger — someone unknown and not one’s own — into someone for whom you do the hard work of caring, trusting, and maintaining relationships.
    “The platform workplace is unique in the extent to which it keeps workers strangers and creates barriers to them interacting with each other.”

    These relationships may not simply emerge from drivers being in the same place. There are also class and racial divisions among drivers. Some middle-class drivers we spoke to were embarrassed that they had to resort to Uber to make ends meet and feared the day someone they knew would get in their car. Others pointed out that they were aware of Uber’s exploitative nature, but they had figured out how to make it profitable for them by outsmarting the app and other drivers.

    Declan Cullen

    Despite these challenges, workers have succeeded in organizing. One example of this we show was at Washington, DC’s airport, where the ride-hailing parking lot put drivers in contact with each other and saw them able to strategize and organize, resulting in a moderately successful strike. Uber managed to successfully defeat this movement, but these processes of resistance are in their infancy and will hopefully grow as the nature of platform exploitation becomes more obvious.

    When workers see each other, talk with each other, and start to care about each other, the seeds of meaningful solidarity are sown. Without that collectivity, which requires physical proximity and place to be together, it feels hard to imagine that the attitudes common to workers in the gig economy will be overcome.

    Sara Wexler

    One of the central claims of your book is that Uber has been so successful because citizens have lowered their expectations of the government. As a result, citizens (and politicians) have looked to corporations instead of the government for solutions to structural problems.

    You argue that to combat this, confidence in the public realm needs to be restored. How might this be achieved?

    Katie J. Wells

    Few of the people we interviewed for Disrupting D.C. saw Uber as a perfect solution for the problems that so often define cities like DC. Yet one of our major findings was that even fewer saw such solutions coming from either city government or through the work of “politics proper.”

    In short, Uber’s success emerged in the context of the very low expectations we have that our political system can offer the kinds of solutions we need. The question of how to restore confidence in the possibility of politics is a difficult but crucial one.

    We don’t offer any prescriptive answers to this question in the book. Instead we point to all the different groups that are already building a new common sense not defined by Uber’s narrow worldview. We can pursue this achievement by collectively resisting Uber’s politics and by pursuing alternatives — like that of the Green New Deal, for instance.

    Contributors

    Katie J. Wells is a postdoctoral fellow at Georgetown University.

    Kafui Attoh is associate professor of urban studies at the School of Labor and Urban Studies at the City University of New York.

    Declan Cullen is assistant professor of geography at George Washington University.

    Sara Wexler is a member of UAW Local 2710 and a PhD student at Columbia University.

    #USA #villes #science #technologie #neoliberalisme #Uber #Silicon_Valley #urbanisme #gig_economy

    • Naufragio Mar Ionio, 17.6.2024. I morti invisibilizzati e il silenzio delle istituzioni

      1. Il naufragio

      La notte tra il 16 e 17 giugno scorso al largo del Mar Jonio, un’imbarcazione partita dal porto di Bodrum in Turchia con circa 67 persone a bordo (di cui 26 minori) è naufragata a circa 120 miglia dalle coste della Calabria.

      La barca era rimasta alla deriva per diversi giorni, con uno scafo semi affondato, probabilmente a seguito dell’esplosione di un motore.
      Secondo le persone sopravvissute, diverse imbarcazioni sarebbero passate in quell’arco di tempo senza intervenire: la barca è stata soccorsa solo il 17 giugno dopo il lancio del “mayday” da parte di una nave francese che aveva intercettato il veliero affondato.
      sono state tratte in salvo 12 persone, tra cui una donna poi deceduta prima di arrivare a terra, che sono state portate in salvo a Roccella Jonica, nella provincia di Reggio Calabria.

      Il numero dei sopravvissuti, 11, è attualmente l’unico certo. Imprecise sono state le informazioni circa il numero dei corpi totali recuperati, che in data odierna è stato confermato essere 36, di cui quello di una donna deceduta dopo i soccorsi del 17 giugno scorso. Le 35 salme recuperate in mare appartengono a 10 uomini, 9 donne, 15 minori e 1 non noto. Le nazionalità delle persone che viaggiavano a bordo dell’imbarcazione dovrebbero essere: Afghanistan, Iran, Iraq, Siria, Pakistan.

      All’indomani della strage, la Guardia Costiera avrebbe iniziato le ricerche in mare recuperando a più riprese i corpi. Decine sarebbero le persone ancora disperse, in un naufragio che ricorda per certi versi quello di Steccato di Cutro del 26 febbraio 2023, dove morirono almeno 94 persone: stessa rotta, numerose vittime e la possibilità di una sottovalutazione da parte delle autorità nell’autorizzazione al soccorso dei naufraghi.

      Infatti, il 16 giugno Alarm Phone aveva allertato il Cmrcc di Roma avvisando di aver ricevuto richieste di aiuto relative alla barca in difficoltà nello Ionio e aveva fornito alle autorità competenti la posizione esatta dell’imbarcazione in pericolo affinché le persone a bordo potessero essere soccorse.

      2. Sopravvissuti e deceduti: procedure di ricerca, identificazione e rimpatrio delle salme

      Diverse realtà della società civile sono state allertate da quei familiari che nei Paesi di origine ma anche in Italia cercavano informazioni circa le sorti dei loro congiunti e che – per mancanza di comunicazioni chiare da parte delle autorità italiane – non riuscivano a comprendere né i luoghi né gli uffici preposti a gestire le conseguenze del naufragio.
      Mem.Med, ricevute diverse segnalazioni dall’Afghanistan, dalla Siria e dall’Iran, si è recata in Calabria per dare supporto ai familiari in arrivo e monitorare quanto accade.

      Recupero e sbarco delle salme
      In queste ore le operazioni di ricerca e recupero delle salme in mare stanno proseguendo. La comunicazione delle istituzioni su queste operazioni è stata fin da subito carente e in alcuni casi fuorviante: le informazioni fornite sono state dosate in brevi comunicati che spesso sono risultati incompleti e incoerenti. C’è scarsa trasparenza sui numeri e sugli spostamenti delle salme delle vittime.

      Il blocco del lavoro dei giornalisti ha impedito di documentare correttamente e tempestivamente gli arrivi delle salme, giunte sempre in piena notte e distribuite su diversi porti della regione Calabria, tra cui Roccella Ionica e Gioia Tauro. Gli ultimi 5 corpi sono arrivati a Crotone la notte del 24 giugno, in un posto blindato e chiuso ai giornalisti.

      I corpi delle salme dovrebbero essere stati collocati nelle camere mortuarie di diversi ospedali calabresi, tra questi sappiamo esserci Locri, Polistena, Soverato, Siderno, Gioia Tauro, Reggio Calabria. Tuttavia, anche su questo, le informazioni fornite dalle autorità non sono state chiare e ulteriori camere mortuarie di altri ospedali potrebbero essere state utilizzate con questo scopo.

      Tracing e richiesta di informazioni
      Le procedure attivate nei giorni immediatamente successivi al naufragio hanno riguardato, in mare, le manovre per il recupero dei corpi da parte della Guardia Costiera; in terra, l’apertura di un punto informativo nel Porto delle Grazie di Roccella Ionica dove i familiari potessero recarsi per ricercare o identificare i propri parenti. Tale punto informativo dovrebbe restare attivo e operativo fino alla fine del mese di giugno.
      Sono stati attivati dei canali di comunicazione telefonica e mail dedicati alle famiglie alla ricerca, gestiti dalla Prefettura di Reggio Calabria e dal progetto RFL della Croce Rossa.

      Le persone sopravvissute
      Le persone sopravvissute – curdo irachene, curdo iraniane, siriane – sono state destinate a ricoveri prolungati in diversi ospedali del territorio regionale, in attesa di individuare una struttura di accoglienza che eviti il passaggio in luoghi non idonei (come è stato per il naufragio di Cutro quando i sopravvissuti furono collocati all’interno delle strutture fatiscenti del Cara di Isola Capo Rizzuto).

      Tra i sopravvissuti c’è Nalina, la bambina di 10 anni irachena che ha perso tutta la sua famiglia nel naufragio. Nalina si è ricongiunta con la zia materna, proveniente dalla Svezia insieme al marito. Tra gli altri sopravvissuti noti ci sono anche Ismail, siriano di 22 anni e Wafa, curdo di 20 anni.

      Identificazione dei corpi
      All’interno del punto informativo al porto, oltre ai rappresentanti della Prefettura di Reggio Calabria e della Polizia scientifica, stanno lavorando le operatrici di Croce Rossa Italiana (CRI), Medici Senza Frontiere (MSF) e Save The Children che offrono supporto ai sopravvissuti e ai loro congiunti. Dopo alcuni giorni dal naufragio è stato attivato anche il servizio Restoring Family Links (RFL) della Croce Rossa il cui team è impegnato nella raccolta dati utile all’identificazione dei corpi.

      Da quanto riportato, fin dall’inizio un campione del DNA è stato prelevato da tutte le salme recuperate, quasi tutte in avanzato stato di decomposizione. Successivamente è stato autorizzato anche il prelievo di un campione del DNA dei parenti consanguinei giunti a Roccella. Questa pratica, che sappiamo non essere mai scontata né automatica, è molto importante per garantire un’effettiva identificazione anche a distanza di tempo, per corpi che non sono più riconoscibili visivamente.

      Bisognerebbe garantire ai familiari che si trovano nei Paesi di origine e sono impossibilitati a recarsi in Italia di effettuare il prelievo e l’invio in Italia del DNA utile alla comparazione con quello delle vittime.

      Rimpatrio delle salme
      Al momento di tutti i corpi recuperati solo una salma è stata identificata: quella di Akbari Sobhanullah, afghano di 29 anni.
      Delle operazioni di rimpatrio della salma non si farà carico lo Stato italiano e neanche quello del Paese di origine. La famiglia accorsa a Roccella, due cugini e uno zio della vittima, stanno in queste ore attendendo il rilascio del certificato di morte e delle autorizzazioni necessarie allo spostamento della salma, documenti richiesti insistentemente dalla famiglia che deve ripartire.
      Come sempre accade, è lasciato alle famiglie e alla società civile che le sostiene l’onere di dover gestire e pagare i costi per il ritorno a casa dei parenti morti mentre attraversavano i confini degli Stati europei.

      3. Le istituzioni assenti e la strategia dell’invisibilizzazione e della dispersione

      In questi giorni, mentre camminiamo sulla spiaggia adiacente al porto dove la prima vittima è stata depositata, riflettiamo sull’assenza di qualunque segno materiale di quella strage. Non ci sono resti dell’imbarcazione – ancora inabissata in alto mare – non sono visibili oggetti dei sopravvissuti o delle vittime, non ci sono messaggi di solidarietà. A malapena ci sono notizie di stampa che raccontano le mere vicende attorno alle morti.

      Il naufragio del 17 giugno, al contrario di Cutro, è stato completamente ignorato. Nessuna camera mortuaria con file di bare ha occupato la televisione pubblica, nessun cordoglio delle istituzioni, nessun commento delle cariche di governo e dello Stato.

      Da un punto di vista mediatico, dove non si sono potuti vedere i corpi, le bare, il dolore straziante, la narrazione si è ritratta lasciando un grande vuoto.

      A Roccella Ionica si nota il tentativo di frammentare: i sopravvissuti in diversi reparti di ospedali, i corpi distribuiti in diversi obitori di tutta la regione. I familiari, sono stati disorientati dall’assenza di informazioni certe: in queste ore stanno giungendo a Roccella da varie parti d’Europa per riconoscere i propri congiunti e, nel disbrigo delle procedure frammentate a cui sono costretti, devono spostarsi continuamente tra i diversi luoghi individuati dalla Prefettura di Reggio Calabria per le procedure di riconoscimento, identificazione e rimpatrio: porto, camera mortuaria, ospedali, comuni, luoghi di alloggio e di ristoro distribuiti in più province.

      Con la dispersione di corpi e famiglie su tutta la regione, è stata evitata l’incontro e la coesione tra i familiari e la costruzione di un luogo unico di ritrovo collettivo, di condivisione e di preghiera come è stato il Palamilone di Crotone, dove la sala sportiva aveva avuto funzione non solo di camera mortuaria per le 94 vittime, ma anche di luogo strategico per famiglie e società civile di riconoscimento reciproco, di condivisione, di rivendicazione di diritti, di memoria collettiva.

      Invece, a Roccella Jonica la strategia della dispersione esprime la volontà di affermare una gestione dell’evento, della morte e dei corpi che eviti il piano pubblico: impedire la circolazione di notizie ufficiali, la visibilità mediatica e politica del naufragio e limitare la diffusione delle parole dei familiari sembra essere la direzione che la Prefettura e le istituzioni da cui essa dipende hanno assunto.

      Questa strategia non è nuova: certamente è costante il tentativo di ostacolare la denuncia delle necropolitiche che caratterizzano il regime di frontiera. Come monitoriamo in Sicilia, in Sardegna, in Tunisia, nei piccoli naufragi che non fanno notizia e che vengono chiamati “minori”, nelle morti nei centri di detenzione o lungo le frontiere interne dell’UE, si tende a nascondere voci, lotte, storie e memorie, anche attraverso l’impedimento di quegli incontri fisici tra persone, associazioni, territori, comunità.
      4. Rumore oltre il silenzio per le morti di frontiera

      Nonostante questo silenzio assordante, la sera del 22 giugno una cerimonia interreligiosa organizzata dalla Chiesa locale ha attraversato il lungomare di Roccella Ionica fino a raggiungere il porto. Centinaia di cittadini calabresi e diversi familiari delle persone decedute o scomparse nel naufragio hanno marciato con delle candele in mano fino al luogo di primo approdo dei corpi.
      Qui si è consumato l’unico atto pubblico attorno alla strage, tra preghiere di diversi credi religiosi, parole di cordoglio e di denuncia dei sindaci locali, deposizione di fiori da parte dei volontari della Croce rossa locale.

      Il timore fondato è che l’attenzione su queste morti e su questi eventi cali rapidamente grazie all’occultamento politico e alla mancanza di una presa di posizione e di una mobilitazione pubblica.

      Il silenzio più preoccupante non è quello delle istituzioni, su cui si fonda la gestione migratoria di questi eventi, percepiti e raccontati come fatti di cronaca: bensì quello dell’opinione pubblica sempre più abituata alla morte per mano delle frontiere.

      Oltre i minuti di silenzio, bisogna continuare a stare su tutte le frontiere interne ed esterne, a fare rumore, a indagare le dinamiche di queste morti, a ribadire le responsabilità dietro queste stragi, i ruoli delle guardie costiere e delle polizie di frontiera, gli accordi europei con i Paesi terzi.

      5. Richieste alle autorità

      Soprattutto, bisogna continuare a sostenere e diffondere le parole e le azioni delle persone protagoniste di queste violenze, coloro che reclamano verità e giustizia, i sopravvissuti e le famiglie che ricordano le vittime delle frontiere, le storie che rappresentano, le rivendicazioni che incarnano, sfidando i confini e le violazioni degli stati.

      I familiari di Akbari Sobhanullah – unico viaggiatore della barca ad oggi identificato – hanno chiesto più volte aiuto nelle procedure di rimpatrio: “vogliamo riportare a casa il corpo, è nostro diritto, questa morte è un dolore straziante per tutta la famiglia, vogliamo almeno riportarlo a casa dove lo reclamano le persone che lo amano, la sua famiglia. Aiutateci a far sì che il corpo di Sobhanullah torni a casa”.

      Anche diversi familiari di vittime delle strage di Cutro, che hanno appreso della sorte di molti dei loro connazionali nel naufragio del 17 giugno scorso, hanno mandato messaggi di solidarietà e vicinanza ai parenti afghani, iraniani, curdi che – come loro stessi un anno fa – sono alla ricerca di verità e giustizia.

      Tra questi messaggi, ci sono le parole di Shahid Khan, pakistano, che ha perso nel naufragio di Cutro suo fratello Rahim Ullah Khan e che nella sua testimonianza inviataci dal Pakistan ha dichiarato:

      “non è la prima volta che un’imbarcazione che trasportava migranti affonda in mare. Conosco personalmente la condizione delle famiglie delle vittime, perché quel periodo è duro e insopportabile per loro. chiedo ai membri della famiglia della vittima di sopportare questo momento difficile e di pregare per i vostri cari, perché loro non possono tornare da noi ma un giorno lasceremo questo mondo (…) vorrei dire al governo italiano che la migrazione irregolare nel vostro Paese è un problema internazionale. Per salvare l’umanità e il mondo, il governo dovrebbe rilasciare dei visti legali per i diversi Paesi (..)”

      Non possiamo che condividere le parole della famiglia Akbari, di Shahid e delle madri, sorelle, fratelli e padri delle vittime del regime di frontiere.

      In particolare, alla luce delle criticità riscontrate nell’accesso alle informazioni e sulla base delle mancanze sistemiche che sono state monitorate in questi anni rispetto alla gestione delle morti e delle scomparse delle persone migranti e straniere, le associazioni Mem.Med Memoria Mediterranea e l’Associazione per gli Studi Giuridici sull’Immigrazione (ASGI) hanno provveduto a inviare una comunicazione ufficiale alle autorità competenti regionali e nazionali raccomandando di porre attenzione ad una serie di questioni rilevanti regolamentate da normative nazionali e internazionali.

      In particolare si sollecita che:

      - continuino le operazioni di ricerca in mare per il recupero dei corpi;
      - che si continui a prelevare il DNA sia dalla salme che dai familiari, unitamente alla raccolta dei dati ente e post mortem utili all’identificazione delle salme;
      - che sia garantita la possibilità, anche posteriormente, di identificare i corpi e di seppellirli secondo la volontà e il credo espresso dalle famiglie;
      - che la sepoltura sia tracciabile e disposta con assoluta certezza del luogo;
      - che sia agevolata ogni procedura necessaria al trasferimento dei corpi nei paesi di origine;
      – che le famiglie possano essere informate debitamente e tempestivamente riguardo alle procedure in corso per il recupero di corpi, riguardo al luogo di conservazione delle salme, riguardo ai risultati della comparazione del DNA, riguardo alle procedure relative alla tumulazione e al rimpatrio;
      - che venga garantita adeguata accoglienza alle persone sopravvissute e ai familiari che in queste ore si stanno recando a Roccella Jonica.

      https://www.meltingpot.org/2024/06/naufragio-mar-ionio-17-6-2024-i-morti-invisibilizzati-e-il-silenzio-dell

  • Les #viols de #Mazan et le juste #silence des #hommes

    Au beau milieu du #procès des viols de Mazan, surgit la question de la #parole_masculine. Si l’on doit reconnaître que l’expression des hommes est peu présente aux côtés de celle des féministes, il faut s’interroger sur les raisons de notre #mutisme et sur certains de ses bienfaits.

    Il serait erroné de penser que le #silence_masculin face à l’étalage d’une #brutalité comme celle des viols de Mazan ne serait que le signe d’une #indifférence, voire d’une sorte #complicité inconsciente vis-à-vis des accusés. Bien sûr, il n’est plus à démontrer qu’une partie d’entre nous continue de rêver de viol, de brutalité et de torture. L’analyse que j’avais faite des sites de Punters (sorte de Trip Advisor de la prostitution où les « clients » partagent leurs commentaires sur les femmes prostituées, dont ils parlent comme d’animaux à consommer1) montre combien certains peuvent s’extraire de toute forme de compassion, dès qu’il s’agit de s’approprier le corps d’une femme.

    Pour le reste, face à cette affaire, c’est, chez beaucoup d’entre nous, la #sidération qui domine. Que #Dominique_Pélicot ait pu endormir sa femme, Gisèle, à coups de somnifères pour la louer à des dizaines d’inconnus demeure éloigné des fantasmes de beaucoup d’hommes, peut-être de la majorité d’entre nous, en tout cas on peut l’espérer.

    Du coup, exprimer notre #dégoût, notre #incompréhension, voire notre #colère vis-à-vis de la #souffrance ainsi infligée à des #femmes, peut rapidement se transformer en un discours « #not_all_men ». Beaucoup d’intellectuels masculins ont peut-être compris que le temps où l’on pouvait dire « je suis un homme bien et je condamne toutes ces violences » est peut-être terminé.

    En effet, si, individuellement notre comportement est exempt de toute forme de #violence_sexuelle, cela ne postule pas pour autant notre non-participation à une #culture_de_domination_masculine qui trouve son expression dans toutes sortes de domaines et de situations possibles. La plupart des hommes occidentaux, nous condamnerons facilement l’interdiction faite aux petites afghanes d’aller à l’école et de s’instruire, soucieux que nous sommes d’envoyer nos filles à l’université. Sommes-nous, pour autant, sortis d’un mode de #domination_patriarcale, collectivement et individuellement ? Notre société est-elle égalitaire ? C’est un raisonnement souvent entendu.

    La #justification par « l’autre » est au cœur de la #stratégie_de_défense de nos #privilèges (comme j’en parlerai bientôt dans des vidéos à propos de ce sujet 2). A côté des Talibans, nous ressemblons à des hommes égalitaires. Face à la violence raciste systémique des États-Unis, nous pouvons nous bercer dans l’illusion que la France, par exemple, est un refuge universaliste où la République chérit tous ses enfants. Nous savons qu’il n’en est rien. Mais pourtant le problème est toujours à rechercher chez « l’autre » : l’étranger, l’homme des quartiers populaires, l’alcoolique, le Musulman...

    Dans cette perspective, la figure du « #monstre » de Mazan, du "#détraqué", est bien commode car elle permet d’oublier que certains « faits divers » représentent seulement la partie saillante d’un système où, même l’homme le plus doux sur le plan intime, joue un rôle de premier plan, parfois même malgré lui, dans la domination. Et cette fois « #all_men ».

    Car on peut être le plus respectueux des compagnons et à la fois terroriser ses collègues femmes, les harceler, les discriminer. Comme le montrent souvent ces affaires médiatiques, il est possible d’être un père aimant tout en consommant en cachette de la pédopornographie, en ne pouvant ignorer l’existence de victimes bien réelles. On peut être un « saint vivant » statufié de son vivant et dans le même temps, un violeur en série. Combien d’hommes autoproclamés « féministes » finissent par se retrouver sur la longue liste des personnalités qui ont agressé ou violé des femmes ? On se souvient d’un député écologiste qui posait pour des campagnes féministes, du rouge aux lèvres, avant d’apparaître comme un des « porcs » de la saga #MeToo. On ne peut oublier tel humoriste, tel sportif, tel artiste. Tous tellement formidables avec les femmes… On a connu des hommes merveilleux qui tabassaient leur compagne jusqu’à la tuer. On se souvient des hommes « universalistes » qui militaient contre la parité en politique. On se souvient. Et nous devons en tirer les leçons, même si nous n’en venons personnellement à aucune de ces extrémités.

    La seule question qui devrait nous occuper consiste à découvrir, face à l’affaire de Mazan et puisque nous appartenons au groupe hiérarchiquement valorisé, quels sont les domaines où, individuellement, nous sommes en position de provoquer de l’#injustice, de la #souffrance, en tant qu’hommes, en tant que blancs (et blanches), hétérosexuel.le.s, sans handicap, etc.

    L’accumulation de tous nos silences, de toutes nos indifférences et surtout de toutes nos petites #participations au renforcement de notre position privilégiée pourrait monter jusqu’au ciel. Avec pour avantage que cette montagne passe inaperçue, en permanence, en toute légitimité et dans le sentiment d’être du bon côté de la #masculinité et de la #blanchité. Le camp dont l’#hégémonie et la #toxicité sont émiettées, mosaïques, invisibilisées derrière des discours « universalistes », « féministes » au masculin. Derrière les « justes » et les « alliés ».

    Une certaine forme de silence des hommes face au procès de Mazan pourrait être une bonne chose s’il consiste, même inconsciemment, à se sentir personnellement impliqué dans cette culture dont nous jouissons en secret et qui parfois prend les formes les plus inouïes, jusqu’à occuper la Une des chaines d’information.

    C’est dans la coulisse qu’il nous faut chercher, dans nos angles morts. Mais ça, c’est une autre question.

    https://blogs.mediapart.fr/patricjean/blog/130924/les-viols-de-mazan-et-le-juste-silence-des-hommes

  • La #démographie, prochain #défi global à haut risque

    Les dernières #projections des Nations unies promettent un #recul de la population mondiale à la fin du siècle, pour la première fois depuis sept cents ans. Un défi pour les sociétés et les économies contemporaines avec des risques politiques majeurs.

    « Le« Le plus grand défi auquel notre monde fait face. » Comme souvent, l’éditorialiste du Financial Times Martin Wolf résume parfaitement, dans un texte du 28 mai dernier, le sentiment qui domine les salles de marché, les bureaux des grandes organisations internationales et les rédactions des journaux économiques. Depuis quelques mois, la crainte d’un « hiver démographique » généralisé, autrement d’un affaiblissement plus rapide que prévu de la population mondiale, agite politiques, économistes et observateurs.

    Ce sont les dernières tendances statistiques publiées qui ont alimenté cette angoisse. Le 10 juillet dernier, les « Perspectives de la population mondiale » pour 2024 des Nations unies ont fait l’effet d’un choc. Alors que le précédent rapport d’il y a deux ans prévoyait un « plateau » de la population mondiale à partir de 2080 aux alentours de 10,4 milliards d’individus, celui-ci prévoit désormais un déclin à partir de cette date.
    Une nouvelle ère démographique ?

    Selon ces dernières perspectives, la population mondiale progresserait de 8,2 milliards d’individus aujourd’hui à 10,3 milliards en 2084 avant de se réduire de 100 millions de personnes en 2100. La nuance peut paraître mince et ne modifie pas le tableau d’une croissance de près de 25 % de la population mondiale d’ici la fin du siècle.

    Mais l’annonce a fait l’effet d’une bombe car, à l’horizon de la fin de ce siècle, la croissance démographique aura entièrement disparu de la surface du globe. Et cela, ce n’est pas un fait mineur. Ce serait la première fois depuis la grande peste du XIVe siècle que la population mondiale se réduit.

    Ce qui participe aussi de cette ambiance, c’est que, comme le décrit au Financial Times, le sous-secrétaire général de l’organisation pour les affaires sociales et économiques, Li Junhua : « Le paysage démographique a beaucoup évolué. » Voici quelques années, nul n’aurait parié sur cette baisse de la population mondiale. La question de la surpopulation était plutôt sur toutes les lèvres. On assiste indubitablement à un vrai changement de régime et nul ne sait si cette tendance baissière peut encore s’accélérer.

    C’est pourquoi tout le monde a l’œil sur les « indices de fécondité », c’est-à-dire le nombre moyen d’enfants par femme en âge de procréer. Celui-ci recule partout, y compris dans des régions jusqu’ici caractérisées par une forte fécondité et cela avec une grande rapidité. Or ce chiffre est l’indicateur avancé de l’évolution de la population. Plus il est faible, moins les naissances sont nombreuses et moins le « potentiel » de croissance démographique est important.

    Or une étude publiée dans la revue médicale The Lancet en mai dernier dressait là aussi un tableau préoccupant de la situation. L’article estime, à partir de données multiples, incluant notamment des données médicales liées aux maladies, que « le nombre annuel global de naissance a atteint son pic en 2016 à 142 millions pour tomber en 2021 à 129 millions ». Et le taux de fécondité, lui, va basculer au niveau mondial sous la barre des 2,1 enfants par femme, c’est-à-dire sous le seuil dit de « renouvellement des générations » qui permet, théoriquement, de stabiliser la population.

    Ce chiffre était de 4,84 enfants par femme en 1950, il n’est plus que de 2,3 enfants par femme en 2021. En 2050, il ne serait plus que de 1,81 enfant par femme et en 2100 de 1,59… En conséquence, le nombre de naissances annuelles passera à 112 millions en 2050 et 72,3 millions en 2100. À partir de 2064, il pourrait y avoir plus de décès au niveau mondial que de naissances.

    Évidemment, ces projections de trente à soixante-quinze ans à l’avance sont toujours sujettes à caution, mais elles décrivent une tendance de fond. Une tendance à laquelle les zones de fertilité encore solides que sont l’Afrique subsaharienne et l’Asie du Sud n’échapperont pas. Selon les projections publiées dans The Lancet, en 2100, seuls six pays auront encore un indice de fécondité supérieur à 2,1 : la Somalie, les Samoa, le Tchad, le Niger et le Tadjikistan. Et aucun ne dépassera le niveau de 2,5, la Somalie affichant alors un taux record de 2,45.
    Une « bonne nouvelle » ?

    Une telle situation est-elle si dramatique pour que chacun s’en émeuve ainsi ? La fin de la croissance effrénée de la population mondiale qui aura donc été multipliée par 6,4 en deux siècles, entre 1900 et 2100, pourrait finalement ne pas être une si mauvaise nouvelle.

    Chacun le sait, une population en forte croissance exige toujours davantage de la planète. Bien sûr, on peut, comme par le passé, espérer améliorer la productivité agricole. Mais outre que cette dernière a des limites intrinsèques, l’agro-industrie épuise les sols, ravage la biodiversité et accélère la crise écologique.

    Bien sûr, la démographie n’est pas le seul critère de la crise écologique. On y reviendra : tout dépend des modes de vie. Mais il faut bien reconnaître, sans cynisme, qu’une vie humaine a un « coût » écologique qu’il faut aujourd’hui prendre en compte. Une stabilisation de la population de la planète, par ailleurs à un niveau élevé, est donc plutôt bienvenue.

    Elle l’est, ici, d’autant plus que ces projections s’appuient sur des évolutions « naturelles » et non, comme au XIVe siècle, sur les effets d’une pandémie dévastatrice ou, dans certains moments de l’histoire, de guerres ou de massacres de grande ampleur.

    Après ce que certains démographes ont appelé la « transition démographique » – c’est-à-dire un taux de mortalité puis un taux de natalité faibles –, on trouverait un nouvel équilibre « humaniste » sans recourir à l’augmentation de la mortalité. Cette vision peut apparaître comme « néo-malthusienne », mais elle est plus humaniste que celle du vieil économiste anglais. Et surtout, pour être tenable, elle suppose de remettre en cause ce que ce dernier cherchait à sauvegarder, l’organisation sociale existante.

    Une population mondiale plus stable serait en effet une chance pour organiser la répartition des ressources mondiales dans le contexte de crise écologique majeure. L’idée serait alors de tenter de satisfaire les besoins de ces dix milliards d’êtres sans mettre en danger leur capacité à habiter la planète. Et pour cela, il faudrait évidemment changer entièrement de conception desdits besoins, autrement dit changer d’organisation sociale. Finalement, tout cela serait logique : la croissance démographique a été le fruit du capitalisme dominant, la stabilisation démographique appellerait un autre mode de production.

    Mais si l’on cherche à faire entrer cette nouvelle situation démographique dans un système économique fondé sur la croissance de la population, alors on va indéniablement au-devant de fortes turbulences. Et comme la plupart de nos observateurs réfléchissent à système social stable, il est logique qu’ils soient parcourus par un frisson d’angoisse.
    Un poids au pied de la croissance

    Dans les manuels d’économie, la première équation de base de la croissance économique est celle-ci : l’addition de la croissance démographique et des gains de productivité. C’est dire si le capitalisme a été, c’est le cas de le dire, « biberonné » à la hausse de la population. Car si l’expansion économique a permis la « transition démographique », l’inverse est tout aussi vrai.

    Pour créer toujours plus de valeur, il faut inévitablement des bras pour produire et des consommateurs pour acheter. Et si l’on veut toujours plus produire et acheter, il faut bien avoir toujours plus de producteurs et de consommateurs.

    En réalité, même les gains de productivité ne permettent pas de se passer de la croissance de la population, ils réduisent simplement cette dépendance. Car c’est ce que nous apprend l’histoire économique : si l’on peut produire avec moins de bras, il faudra, à terme, plus de bras pour produire toujours davantage.

    Mais il y a davantage. Le système productif est aussi sensible aux classes d’âge. Le choc démographique qui s’est engagé est aussi un choc de vieillissement de la population. Les naissances reculent, les décès sont plus tardifs. La part de la population âgée augmente donc mécaniquement. Cela signifie qu’une part « productive » de plus en plus restreinte de la population doit satisfaire les besoins d’une population « non productive » de plus en plus importante. Selon l’ONU en 2079, il y aura dans le monde plus de personnes âgées de plus de 65 ans que de jeunes de moins de 18 ans.

    Il faut le reconnaître : le capitalisme tel qu’on le connaît aujourd’hui n’est pas prêt à faire face à un tel choc. La croissance, déjà en net ralentissement depuis un demi-siècle, ne pourrait encore que ralentir. D’autant que, autres éléments de la croissance économique, les gains de productivité sont de plus en plus réduits. Et que la doxa de la science économique affirme que les travailleurs plus âgés tendent à devenir moins productifs…

    Moins de producteurs, moins de productivité… On comprend donc la panique générale. Les systèmes d’État-providence, et particulièrement d’assurance-vieillesse, conçus autour de l’idée d’une croissance continue du PIB et de la population, vont subir la nouvelle évolution de plein fouet.

    Bien sûr, comme dans le cas de la crise écologique, certains secteurs se réjouissent et annoncent que le vieillissement de la population ouvre de « nouvelles perspectives ». Certains appellent cela la « silver economy » (l’économie « argentée ») : les personnes âgées ont des besoins spécifiques et des entreprises y voient déjà des opportunités de profits.

    Mais c’est là très largement une illusion. Ces « besoins » sont en effet largement des besoins de services à la personne. Or, les services de ce type sont très largement incompatibles avec la production capitaliste et, encore plus, dans un environnement de démographie faible. Ces activités sont en effet intenses en travail, un travail qui sera de plus en plus rare, et peu propices aux gains de productivité qui, souvent sont contraires à la satisfaction du client.

    L’exigence de profit vient alors percuter les besoins réels, laissant peu d’options : soit une dégradation dangereuse du service, comme les récents scandales dans les Ehpad l’ont montré ; soit des subventions publiques massives, alors même que les coûts liés au vieillissement vont exploser et qu’un service public est alors souvent plus efficace. Bref, les coûts de « l’hiver démographique » risquent d’être plus élevés que les bénéfices en termes de PIB et de finances publiques.

    Au niveau global, le ralentissement de la croissance du fait de la démographie sera sans doute plus marqué dans les pays avancés et dans certains pays asiatiques comme la Chine. Mais avec moins de croissance mondiale, les pays les plus pauvres risquent de rester piégés dans une forme de sous-développement, alors que, comme le remarquent les auteurs de l’étude du Lancet, « ces pays porteront une part de plus en plus croissante des naissances à venir » et que les modèles actuels de développement sont déjà en crise. Le monde sera donc plus instable et plus inégalitaire.
    La peur de « l’effacement »

    En avril dernier, le gouvernement sud-coréen a engagé une étude pour tester dans l’opinion la généralisation et l’étatisation d’une mesure déjà pratiquée par certaines entreprises : accorder une prime de 100 millions de wons, soit environ 67 300 euros, par enfant nouveau-né. En Corée du Sud, où un ministère des naissances a été installé en juillet dernier, la question démographique est, désormais, une priorité nationale.

    La fécondité y est la plus basse au monde et elle chute rapidement. Le seuil de renouvellement des générations a été enfoncé dans les années 1980, mais depuis vingt ans, le pays affiche la fécondité la plus basse du monde. En 2023, l’indice de fécondité était de 0,72 et il est attendu à 0,68 en 2024. C’est le seul pays du monde où les femmes en âge de procréer ont moins d’un enfant en moyenne.

    La situation est désormais préoccupante. Dans une tribune parue en décembre 2023 dans le New York Times, un éditorialiste, Ross Douthat, se demandait même si la « Corée du Sud n’était pas en train de disparaître ». En tout cas, les projections prévoient que la population sud-coréenne passerait de 52 millions d’habitants en un an à 38 millions en 2070, soit autant qu’en 1980.

    De ce point de vue, la Corée ne serait, comme le dit Ross Douthat, « qu’un aperçu de ce qui est possible pour nous », entendez en Occident. Aux problèmes économiques vient alors s’ajouter un enjeu « existentiel » qui, inévitablement a des conséquences politiques. La crise démographique ne peut se comprendre au seul niveau mondial, ses rythmes régionaux et nationaux en sont des aspects cruciaux. Pour certains pays, la population progressera plus lentement, pour d’autres, elle reculera franchement.

    La Corée du Sud n’est donc que la pointe avancée d’un iceberg de régions où la population est menacée de déclin : Chine, Japon et Europe. Car sur le Vieux Continent, la vague est déjà arrivée. Selon Eurostat, le pic de population de l’Union européenne devrait être atteint en 2026 à 453 millions d’habitants.

    À partir de ce moment, la population des Vingt-Sept devrait reculer pour atteindre 419 millions de personnes en 2100. Une baisse de 8 % qui prend néanmoins en compte un solde migratoire positif. Le solde naturel, lui, c’est-à-dire la différence entre les naissances et les décès, est déjà négatif. Entre 2022 et 2099, il y aura dans l’UE 125 millions de décès de plus que de naissances.

    Les pays les plus avancés dans ce déclin sont l’Espagne (avec un indice de fécondité de 1,13), l’Italie (1,24) et plusieurs pays d’Europe centrale. Mais la vague emporte tout le monde. Proche du seuil de renouvellement des générations dans les années 2005-2015, l’indicateur de fécondité français a chuté ces dernières années pour atteindre 1,68 en 2023, selon l’Insee.

    Face à cette situation, deux solutions se présentent. La première est celle de l’immigration en provenance de pays à la démographie encore solide qui permet de réduire l’impact économique en fournissant aux pays des travailleurs et des consommateurs. C’est une réponse qui peut être efficace sur le plan économique. Une étude de la Fed de Dallas a montré en avril 2024 que l’immigration avait joué un rôle central dans la bonne performance de la croissance en 2022 et 2023 aux États-Unis. Une situation que l’on pourrait plaquer sur l’Espagne en Europe.

    Certes, ce n’est pas une solution miracle, comme le montre le cas allemand où le solde migratoire positif n’a pas sauvé la croissance. Cette option pose, par ailleurs, la question de l’égalité économique entre travailleurs arrivants et travailleurs « natifs ». C’est, de toute façon, une solution temporaire compte tenu du déclin global à venir des populations. Mais elle permet de tenir la tête hors de l’eau en cas de faibles naissances.

    Mais le choix de compenser les pertes de population par l’immigration est considéré par beaucoup comme une autre forme de « danger existentiel », culturel cette fois. Le déclin démographique devient un symptôme d’un déclin civilisationnel plus large. Ce réflexe nationaliste enclenche alors une autre solution fondée sur la priorisation des politiques natalistes pour les populations « natives » au détriment d’une politique d’immigration.

    Ce combat est mené par l’extrême droite, bien sûr, à commencer par les gouvernements hongrois ou italiens, mais pas seulement. En Corée et au Japon, les gouvernements « libéraux » se refusent à ouvrir les frontières. Et le président français Emmanuel Macron n’a pas hésité à faire du « réarmement démographique » une de ses priorités alors même qu’il durcissait les lois sur l’immigration. Comme dans d’autres domaines, la pression culturelle de l’extrême droite fait son œuvre.
    La réaction comme réponse

    La référence en termes de politique nataliste, c’est bien évidemment la Hongrie de Viktor Orbán. Ce dernier a mis en place des politiques de soutien à la natalité qui s’élèvent à pas moins de 5 % du PIB. Par comparaison, la France dépense 2,1 % de son PIB en politique familiale. Dans un premier temps, l’indice de fécondité hongrois s’est redressé, passant de 1,23 enfant par femme en âge de procréer en 2011 à 1,59 en 2020. Mais depuis, cet indice a stagné avant de retomber à 1,36 au premier semestre 2024.

    En Italie, où Giorgia Meloni a fait de la natalité une de ses priorités, un milliard d’euros a été mis sur la table pour soutenir les « mères italiennes » en plus des primes mises en place en 2021 par le précédent gouvernement de Mario Draghi. Mais, pour l’instant, cela ne fonctionne pas. En 2023, le pays a connu son plus faible nombre de naissance depuis sa création en 1861, soit 393 000.

    Cela confirme les affirmations des auteurs de l’article du Lancet : « l’indice de fécondité va continuer à décliner au niveau mondial et restera faible même avec la mise en place de politiques natalistes à succès ». Le mouvement est donc plus profond que ce que les politiques croient et ne se réglera pas à coups de subventions massives des naissances.

    Mais cette résistance même vient alimenter le discours de l’extrême droite. Car si la faible fécondité résiste à l’attrait de l’argent, ce serait en raison de la corruption des valeurs traditionnelles qui détournent les femmes de leur « naturelle » fonction génitrice. Tout cela est en conformité avec le discours d’un déclin démographique à enjeu civilisationnel. Le discours nataliste s’accompagne alors d’une rhétorique anti-wokiste qui peut aller très loin.

    Les responsables de la menace d’effacement démographique deviennent donc, pour l’extrême droite, les féministes et les « lobbies LGBT », mais, aussi, plus globalement tous les droits acquis par les femmes, y compris le droit à l’avortement. Les politiques natalistes sont donc aussi des politiques idéologiques. En Hongrie, les femmes se plaignent d’une « objectivation » de leur corps, considéré comme une « machine à bébés ». En d’autres termes : l’urgence démographique mène à une volonté de domination de la « production d’êtres humains » qui est la première pierre à un projet totalitaire et réactionnaire.
    Pourquoi la crise ?

    Et comme on l’a dit, les « libéraux » ne sont pas loin derrière… Et pour cause, l’analyse des causes de la situation démographique provenant de ces milieux est souvent assez bas de plafond, pas très éloignée d’une discussion de café du commerce. En tout cas, faute de pouvoir aller plus loin, on se contente souvent d’une explication « morale ».

    Dans le Financial Times, le responsable d’un centre viennois spécialisé avance ainsi ce type d’analyse : « Il est probable que la situation démographique ait à voir avec un changement de valeur dans la nouvelle génération pour qui avoir des enfants est moins important comme élément clé d’une vie réussie que pour les générations précédentes. »

    Autrement dit : la baisse des naissances serait le produit d’un choix souverain de l’individu fondé sur des critères hédonistes. Tout cela ressemble furieusement à une analyse sectorielle lambda. Mais on ne saura pas ce qui peut expliquer ces comportements. In fine, cette vision rejoint celle de l’extrême droite sur les effets délétères du « libéralisme sociétal » sur les naissances. Il s’ensuit que, là aussi, au nom de la rationalité économique, on s’efforcera de prendre le contrôle de la reproduction humaine.

    Dans toute cette affaire, on évite soigneusement de réfléchir aux conditions matérielles concrètes de la production d’êtres humains. Comme le rappelle l’essayiste états-unien Jason Smith dans un remarquable texte paru en juillet dans la revue new-yorkaise The Brooklyn Rail, « il n’y a pas d’indice “naturel” de fécondité ». La reproduction humaine est toujours étroitement liée aux conditions de reproduction sociale et aux besoins sociaux.

    Avant le capitalisme, les sociétés rurales « régulaient strictement les naissances » rappelle Jason Smith. Dès lors, les « transitions démographiques » ne sont pas étrangères au besoin massif de main-d’œuvre du capitalisme naissant et à l’apport du travail des enfants à la sauvegarde des ménages. Progressivement, le capitalisme a mué avec l’augmentation rapide de la productivité et a permis progressivement, et non sans mal, une libération du choix des femmes en matière de reproduction.

    Mais cette libération s’est faite au moment où le capitalisme occidental, avec la crise des années 1970, est entré en mutation. L’épuisement des gains de productivité a pesé sur les salaires réels et a conduit au développement du travail féminin, souvent cantonné à des salaires plus faibles. Alors les inégalités se creusaient, la progression sociale devenait de plus en plus difficile. Enfin, en accélérant son développement pour tenter de sauvegarder la croissance, les conditions écologiques n’ont cessé de se dégrader.

    Tous ces éléments peuvent être corrigés, mais pas réparés durablement par les politiques natalistes. On ne fait pas un enfant, même pour 100 millions de wons, lorsque l’on est incertain de son avenir personnel et de notre avenir collectif. Lorsque la pression sur le statut social, la santé ou le logement ne cesse d’augmenter, la difficulté à élever des enfants, mais aussi à projeter pour eux un avenir meilleur se dégrade. Or voici des certitudes que le capitalisme contemporain ne saurait donner.

    Ce qui est ici essentiel, c’est de bien percevoir que les données de la « production d’êtres humains » sont non seulement complexes, mais relatives à la situation dans laquelle on se situe. Les besoins et les exigences ne sont pas les mêmes dans les différentes sociétés. Comme le note Jason Smith, dans certains pays émergents, comme le Nigeria, le travail des enfants reste essentiel à la survie des ménages, mais, progressivement, le succès du développement capitaliste atteint ses propres limites, ce que même les Nations unies doivent reconnaître. Et de ce fait, il devient incapable de satisfaire les besoins qu’il crée pour son propre intérêt.
    L’avenir du capitalisme face à la crise démographique

    À quoi peut ressembler une économie en crise démographique ? On a vu que la pression du vieillissement d’une population en déclin sera sévère et en partie insoluble. Mais il n’y a pas de situation désespérée pour le capitalisme. Comme le rappelle Jason Smith, un des apports de Marx a été de précisément montrer la capacité du capital à produire de la valeur quelle que soit l’évolution de la population.

    Le capitalisme contemporain va donc s’efforcer de contourner l’obstacle pour continuer à produire de la valeur et, au moins, gagner du temps. Les tentatives de reprise en main sociale de la reproduction par une attaque directe sur les droits des femmes représentent la réponse de long terme possible, celle censée permettre de faire repartir la fécondité. C’est aussi pour cette raison qu’extrême droite et néolibéraux se retrouvent sur ce point. Mais il y a aura aussi des réponses plus directes.

    Le problème central de la nouvelle donne démographique pour le capitalisme est double : c’est, d’une part, une pénurie de travail qui le renchérirait et, d’autre part, un coût croissant des dépenses sociales. Pour continuer à produire de la valeur, il existe des réponses à ces deux défis. Le premier est évidemment d’automatiser le plus d’activités possible. L’intelligence artificielle (IA) ouvre là une possibilité permettant de relancer la productivité et maintenir un « surplus de population ». Mais son développement suppose des politiques classiques de soutien à « l’innovation » : financiarisation, baisses d’impôts sur le capital et subventions au secteur privé. Mais nul ne sait si ce développement est possible, que ce soit en termes techniques ou en termes de soutenabilité économique.

    Pour les emplois non automatisables, de nouvelles dérégulations du marché du travail permettant plus de précarité et offrant moins de droits permettront de contenir, malgré la pression, les salaires vers le bas. C’est d’ailleurs ce que l’on constate déjà dans plusieurs pays avancés comme les États-Unis où la croissance des salaires réels reste faible, malgré le plein-emploi.

    Enfin, il faudra achever d’en finir avec l’État social pour éviter que les dépenses publiques n’explosent et ne pèsent sur les profits. The Economist profitait en mai de la publication de l’étude du Lancet pour proposer ses solutions incontournables et notamment le report de l’âge de la retraite de plus de cinq ans « même si l’espérance de vie recule » et, bien évidemment, la privatisation le plus possible des pensions.

    Globalement, le monde que promet la crise démographique est un monde d’intensification des politiques actuelles. Une intensification qui finira immanquablement par aggraver la crise démographique. C’est bien pour cela que cette crise est aussi une opportunité pour construire une autre organisation sociale fondée sur la solidarité internationale, sur le respect des choix individuels et sur une logique de sortie de l’obsession de croissance.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/010924/la-demographie-prochain-defi-global-haut-risque
    #diminution #monde #scénario #chiffres #statistiques
    #fécondité #hiver_démographique #population_mondiale #vieillissement #vieillissement_de_la_population #capitalisme #croissance #productivité #croissance_économique #silver_economy #Corée_du_Sud #immigration #natalité #déclin_démographique #extrême_droite #crise_démographique

  • Heat aggravated by carbon pollution killed 50,000 in Europe last year – study

    Continent is warming at much faster rate than other parts of world, leading to fires, drought and health problems.

    Hot weather inflamed by carbon pollution killed nearly 50,000 people in Europe last year, with the continent warming at a much faster rate than other parts of the world, research has found.

    The findings come as wildfires tore through forests outside Athens, as France issued excessive heat warnings for large swathes of the country, and the UK baked through what the Met Office expects will be its hottest day of the year.

    Doctors call heat a “silent killer” because it claims far more lives than most people realise. The devastating mortality rate in 2023 would have been 80% higher if people had not adapted to rising temperatures over the past two decades, according to the study published in Nature Medicine.

    Elisa Gallo, an environmental epidemiologist at ISGlobal and lead author of the study, said the results showed that efforts taken to adapt societies to heatwaves had been effective.

    “But the number of heat-related deaths is still too high,” she warned. “Europe is warming at twice the rate of the global average – we can’t rest on our laurels.”

    Heatwaves have grown hotter, longer and more common as people have burned fossil fuels and destroyed nature – clogging the atmosphere with gases that act like a greenhouse and heat the planet. Globally, 2023 was the hottest year on record, and scientists expect 2024 to soon take its place.

    Researchers have found that cooler countries in Europe such as the UK, Norway and Switzerland will face the greatest relative rise in the number of uncomfortably hot days. But the absolute death toll will continue to be greatest in southern Europe, which is better adapted to hot weather but more exposed to scorching temperatures.

    The scientists found heat-related mortality in 2023 was highest in Greece, with 393 deaths per million people, followed by Italy with 209 deaths per million and Spain with 175 deaths per million.

    On Monday firefighters in Greece battled wildfires outside Athens which forced authorities to evacuate several suburbs in the capital and a children’s hospital. Repeated heatwaves had dried out the surrounding forest and turned trees into tinder.

    In 2003, a heatwave killed 70,000 people across the continent and sent officials scrambling to save lives by setting up early warning systems and prevention plans. But nearly two decades later, the death toll from the record-breaking heat in 2022, which claimed more than 60,000 lives, left researchers wondering how effective the measures had been.

    The scientists modelled the effects of heat on health for different time periods since the turn of the century and estimated last year’s death toll to be 47,690. They found the mortality rate would have been 80% greater if the temperatures of 2023 had hit in the period 2000–2004 than in the pre-pandemic reference period 2015-2019. For people over the age of 80, the heat would have proven twice as deadly.

    Dominic Royé, the head of data science at the Climate Research Foundation, who was not involved in the study, said the results were consistent with published studies. He added that there was a need to better monitor the effects of heat on groups most at risk, as well as the implementation of plans to prevent deaths.

    “We monitor temperature very well, but not health impacts in the same way,” said Royé. “Social adaptation to rising temperatures has played a crucial role in preventing mortality in Europe but remains insufficient.”

    Scientists say that governments can keep people safe from heatwaves by designing cool cities with more parks and less concrete, setting up early warning systems to alert people to imminent danger, and strengthening healthcare systems so doctors and nurses are not pushed into overdrive when temperatures soar.

    But individual actions like staying indoors and drinking water also have powerful effects on death tolls. Checking in on older neighbours and relatives who live alone can spell the difference between life and death.

    Dr Santi Di Pietro, an assistant professor of emergency medicine at the University of Pavia, said his colleagues were treating more patients a day than they did in early January during the flu season.

    Heatwaves must be tackled at all levels, he said, but people could take “simple measures” to protect themselves and their loved ones. These included avoiding the sun during the hottest hours of the day, seeking shade when outside and swapping alcohol for water.

    “As obvious as it may sound, drinking water is paramount to prevent dehydration,” he said. “Elderly people often do not perceive thirst, so we should keep an extra eye on them.”

    More work is needed to adapt to climate change and mitigate the rise in temperatures, said Gallo. “Climate change needs to be considered as a health issue.”

    https://www.theguardian.com/world/article/2024/aug/12/heat-aggravated-by-carbon-pollution-killed-50000-in-europe-last-year-st
    #décès #mortalité #Europe #chaleur #pollution #chiffres #statistiques #santé #silent_killer

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    voir aussi :
    Europe : la #pollution aux #particules_fines a tué 253 000 personnes en 2021, selon un #rapport
    https://seenthis.net/messages/1028557

    via @freakonometrics

  • Il ritorno della Bestia. Come questo governo ha risvegliato il peggio dell’Italia

    Nessuno pensa che possa tornare il fascismo storico, il regime dittatoriale dell’olio di ricino e del manganello, delle camicie nere e del fez. Ma il successo elettorale e l’arrivo al governo degli eredi diretti di un partito fondato dai reduci del Partito nazionale fascista e della Repubblica sociale italiana ha spalancato scenari imprevedibili fino a poco tempo fa e tuttora impensabili in gran parte d’Europa. Nell’Italia del 2024, in parlamento, al governo, ai vertici di istituzioni statali ci sono persone che celebrano le ricorrenze e le personalità del Ventennio, manifestano apertamente la loro allergia a tutto ciò che sa di antifascismo, assorbono e diffondono l’antisemitismo e il razzismo compendiati nel mito complottista della «sostituzione etnica», si impegnano per limitare i diritti di donne, gay, lesbiche, persone transgender e famiglie non tradizionali, intrattengono relazioni pericolose con gruppi apertamente neofascisti e neonazisti che glorificano e praticano la violenza verbale e fisica. Il libro di #Paolo_Berizzi è il racconto di un ritorno: il ritorno della Bestia, nella forma di un fascismo pop che si confonde con un senso comune eternamente fascista. È la storia della lenta transumanza, nell’Italia repubblicana uscita dalla Resistenza, dell’"#Idea" - la parola in codice con cui i camerati vecchi e nuovi si riferiscono al fascismo - incarnata nella fiamma tricolore del #Movimento_sociale ancora presente nel simbolo di #Fratelli_d'Italia; e poi dello sdoganamento da parte di Berlusconi e del disperato tentativo di sorpasso a destra messo in opera dalla Lega di Salvini. Ma questo saggio è anche il tentativo di capire dove sta andando l’Italia che ha portato al governo #Giorgia_Meloni.

    https://www.libreriarizzoli.it/ritorno-Bestia-Come-questo-Paolo-Berizzi/eai978881718469
    #fascisme #néo-fascisme #Italie #Lega #Matteo_Salvini #flamme #flamme_tricolore #néo-nazisme #Silvio_Berlusconi #extrême_droite
    #livre

  • Face au pire, nos aveuglements contemporains

    « La #polarisation a empêché l’#information d’arriver. » Iryna Dmytrychyn est parvenue à cette conclusion après avoir disséqué ce que la presse écrivait sur l’Holodomor, la grande famine de 1932-1933 en Ukraine, au moment où elle avait lieu.

    Malgré tous les efforts du pouvoir soviétique, quelques reporters avaient réussi à rendre compte de la catastrophe en cours, le plus célèbre étant le Gallois Gareth Jones et la plus effacée peut-être Rhea Clyman, une journaliste canadienne. En France, Suzanne Bertillon avait publié le témoignage circonstancié d’un couple de paysans américains d’origine ukrainienne dans le journal d’extrême droite Le Matin.

    Dans le paysage médiatique des années 1930, terriblement clivé selon l’orientation politique, la #presse d’extrême droite couvre la famine, tandis que les titres liés au Parti communiste, à commencer par L’Humanité, la taisent voire la nient. Dans les deux cas, la lecture politique des événements s’impose.

    Les #faits comptent moins que les #opinions : selon que l’on soit communiste ou anticommuniste, on croit ou non à l’existence de la famine, comme si les personnes affamées relevaient d’un point de vue. « Au-delà des faits, c’était une question de #foi », résume Iryna Dmytrychyn dans son livre. Peu importe le réel, ce qui fait « foi », c’est l’idée que l’on veut s’en faire.

    Si la presse fasciste a eu raison, c’était parce que les circonstances l’arrangeaient. Et encore, tous les journaux de l’extrême droite n’ont pas couvert cette gigantesque famine avec la même intensité : l’Ukraine, périphérie d’un empire colonial, avait moins d’importance aux yeux de Rivarol ou de L’Action française que ce régime communiste honni pour ne pas rembourser les emprunts russes, remarque Iryna Dmytrychyn.

    #Dissonance_cognitive

    « La presse du centre n’en parle pas car elle manque d’informations ou considère n’en avoir pas suffisamment », ajoute la chercheuse. L’approche sensationnaliste, quant à elle, exacerbe les récits déjà terribles. Des millions de morts sur des terres fertiles, en paix, des cas de cannibalisme… « Une disette peut se concevoir, mais manger ses enfants ? L’entendement se dérobe, conclut Dmytrychyn en reprenant la formule de l’historien Jean-Louis Panet. Notre cerveau ne pouvait l’admettre. »

    L’écrivain hongrois Arthur Koestler fut l’un des rares compagnons de route du parti communiste à être lucide sur l’#Holodomor, parce qu’il s’est rendu sur place. Il a fait l’expérience de cette « trieuse mentale » qui le poussait à refuser ce qui heurtait ses convictions. Il en va de même, aujourd’hui, pour les catastrophes en cours : les dizaines de milliers de morts aux frontières de l’Europe, les guerres meurtrières plus ou moins oubliées (au Soudan, à Gaza, en Ukraine, en Éthiopie…), ou encore le changement climatique. Ce dernier fait l’objet de nombreuses recherches pour tenter d’expliquer l’apathie, l’indifférence, voire le déni, qu’il suscite, comme d’autres catastrophes.

    La philosophe Catherine Larrère propose de reprendre le concept de dissonance cognitive, développé dans les années 1950 par le psychologue Leon Festinger. « Notre vie suppose une forme de #croyance dans l’avenir car cette #confiance nous permet d’agir. Quand quelque chose met en question ces #certitudes, on préfère trouver une autre #explication que de remettre en cause nos croyances. On préfère croire que le monde dans lequel on vit va continuer », résume l’intellectuelle.

    Les #neurosciences confirment le « coût » biologique de renoncer à ce qu’on pensait établi. « Lorsque les faits contredisent nos représentations du monde, le cerveau envoie un signal d’erreur en produisant des “#hormones_du_stress” », décrit Sébastien Bohler, docteur en neurosciences et rédacteur en chef du magazine Cerveau & Psycho. Créer des stratégies pour s’adapter à la nouvelle donne nécessite d’activer d’autres parties du cerveau, dont le cortex préfrontal, ce qui est « très consommateur d’énergie », poursuit le chercheur.

    Plutôt que de procéder à ces remises en cause, la première réaction consiste à s’en prendre au messager. « Les porteurs de mauvaises nouvelles, on les met à mort, au moins symboliquement », note le psychanalyste Luc Magnenat, qui a publié La Crise environnementale sur le divan en 2019. « On impute aux écologistes la #responsabilité de ce qui arrive parce qu’ils en parlent », précise Catherine Larrère, en suggérant nombre d’illustrations tirées de l’actualité : les inondations dans le nord de la France seraient causées par l’interdiction de curer les fossés afin de protéger les batraciens, et non par le changement climatique qui provoque des pluies diluviennes… Ou encore les incendies seraient dus « à des incendiaires », et non à la sécheresse.

    « Être écologiste, c’est être seul dans un monde qui ne veut pas entendre qu’il est malade », reprend Luc Magnenat en citant Aldo Leopold, le père de l’éthique environnementale. Dans sa chanson From Gaza, With Love, le rappeur franco-palestinien Saint Levant le dit dans son refrain : « Continuez à parler, on vous entend pas. »

    Cette difficulté à dire une catastrophe que personne ne veut entendre est étudiée dans l’ouvrage collectif Violence et récit. Dire, traduire, transmettre le génocide et l’exil (Hermann, 2020). « La #violence limite toute possibilité de #récit, mais aussi toute possibilité d’#écoute et de réception. Elle hante une société d’après-guerre peu encline à admettre la dimension impensable du #génocide […]. Elle se traduit par l’#effroi : d’un côté la #négation de ceux dont le récit ne peut pas se dire ; de l’autre le déni et la #peur d’une société qui ne veut pas être témoin de la #cruauté_humaine dont atteste le récit. Comment dire et entendre les rafles, les morts de faim ou sous la torture dans les prisons ou sur les routes d’Arménie ou dans les camps nazis ? […] Le témoignage met des décennies à pouvoir se tisser, le temps de sortir du #silence_traumatique et de rencontrer une #écoute possible », pose en introduction la directrice de l’ouvrage, Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky, à la tête de l’Institut Convergences Migrations du CNRS.

    #Responsabilités_collectives

    Anthropologue et psychologue clinicienne, elle s’est concentrée sur la parole des personnes exilées, qui subissent une « triple violence » : une première fois sur le lieu du départ, ce qui constitue souvent la cause de l’exil (opposition politique, risques en raison de son identité, etc.) ; lors de la #migration pour éviter les risques inhérents à la clandestinité ; à l’arrivée en France où l’#administration impose un cadre qui ne permet pas à la #parole de s’exprimer librement.

    La possibilité du récit disparaît donc dans la société qui ne veut pas l’entendre, car elle se retrouverait sinon face à ses responsabilités dans ces violences. « Les #morts_aux_frontières relèvent de l’intentionnel, c’est une politique économique qui érige des murs », synthétise Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky.

    Refuser d’« attester de la violence » est l’une des formes du déni, qui en revêt d’autres. « Plus l’#angoisse est forte, plus le déni est fort », relève Luc Magnenat.

    Au-delà de son intensité, il trouve différentes manifestations. Dans son livre States of Denial (non traduit, « les états du déni »), le sociologue Stanley Cohen propose une typologie : le déni peut être littéral (cet événement ne s’est pas produit), interprétatif (la signification des faits est altérée), implicatif (les conséquences et implications sont minimisées). Surtout, Stanley Cohen sort le déni du champ psychologique en montrant qu’il peut relever de #politiques_publiques ou de #pratiques_sociales.

    Dans ses recherches sur les massacres des opposants politiques dans les prisons iraniennes en 1988, l’anthropologue Chowra Makaremi a observé ces « reconfigurations du discours du déni ». Après des décennies de négation pure et simple, le régime iranien a, sous la pression d’une mobilisation de la société civile, tenté d’en minimiser l’ampleur, puis a dénié aux victimes leur statut en considérant qu’elles n’étaient pas innocentes, avant de se présenter lui-même en victime agissant prétendument en légitime défense.

    Indispensable « #reconnaissance »

    Sortir du déni n’est pas un phénomène linéaire. S’agissant du #changement_climatique, Sébastien Bohler a observé une prise de conscience forte en 2018-2019. À ce « grand engouement », incarné notamment par les manifestations pour le climat, a succédé « un retour du climato-rassurisme », « nouvelle tentative de ne pas poursuivre la prise de conscience ».

    La théorie d’un #effondrement global simultané, qui a connu un nouvel essor à ce moment-là, a constitué un « #aveuglement », estime pour sa part Catherine Larrère dans le livre Le pire n’est jamais certain (Premier Parallèle), coécrit avec Raphaël Larrère, parce qu’elle empêchait de regarder la « multiplicité des catastrophes locales déjà en cours ». « La fascination pour le pire empêche de voir ce qui est autour de soi », en déduit la philosophe.

    Malgré les retours en arrière, des idées progressent inexorablement : « Au début des années 1990, il allait de soi que le progrès et les innovations techniques allaient nous apporter du bien-être. C’était l’évidence. Ceux qui émettaient des réserves passaient pour des imbéciles ou des fous. Aujourd’hui, c’est l’inverse, la croyance dans l’évidence du progrès fait passer pour étrange. »

    Le mur du déni se fissure. Ce qui l’abattra, c’est le contraire du déni, c’est-à-dire la reconnaissance, selon Stanley Cohen. Indispensable, la connaissance des faits ne suffit pas, ils doivent faire l’objet d’une reconnaissance, dans des modalités variables : procès, commissions vérité et réconciliation, compensation, regrets officiels…

    L’Ukraine a dû attendre la chute de l’URSS pour qualifier officiellement l’Holodomor de génocide, une reconnaissance qui a pris la forme d’une loi adoptée par le Parlement en 2006. Après l’invasion de son territoire par la Russie le 24 février 2022, plusieurs États européens, dont la France, ont fait de même, reconnaissant, 90 ans après, que cette famine organisée par le pouvoir soviétique n’était pas une « disette », ni une « exagération colportée par les ennemis du régime », mais bel et bien un génocide.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/180824/face-au-pire-nos-aveuglements-contemporains

    #déni #aveuglement

    • Violence et récit. Dire, traduire, transmettre le génocide et l’exil

      Face au désastre, peut-il y avoir un récit ? Au sortir du camp de Buchenwald, à l’heure des dizaines de milliers de morts en Méditerranée, que dire, que traduire, que transmettre ? Le récit peut-il prendre forme lorsqu’il s’agit d’attester du mal et de la cruauté, dont la conflagration mine l’écrit ? La violence empêche le récit lorsque les mots manquent radicalement pour dire l’expérience génocidaire ou exilique. Elle l’abîme, tant sa transmission et son écoute sont hypothéquées par le déni et le silence de la société qui le recueille. À travers l’étude de plusieurs formes de récits – chroniques de ghetto, récits de guerre ou poèmes et fictions – émerge l’inconscient de l’Histoire qui ne cesse de traduire les expériences de domination et de persécution de populations marginalisées. Comment décentrer la violence pour rendre le récit audible ? Les dispositifs d’écoute, d’interprétariat et de transmission se renouvellent. Ce livre apporte une lecture inédite des récits de violence, en proposant un parallèle entre les violences génocidaires et les exils contemporains dans une perspective résolument pluridisciplinaire.

      https://www.editions-hermann.fr/livre/violence-et-recit-marie-caroline-saglio-yatzimirsky

      #livre

    • States of Denial: Knowing about Atrocities and Suffering

      Blocking out, turning a blind eye, shutting off, not wanting to know, wearing blinkers, seeing what we want to see ... these are all expressions of ’denial’. Alcoholics who refuse to recognize their condition, people who brush aside suspicions of their partner’s infidelity, the wife who doesn’t notice that her husband is abusing their daughter - are supposedly ’in denial’. Governments deny their responsibility for atrocities, and plan them to achieve ’maximum deniability’. Truth Commissions try to overcome the suppression and denial of past horrors. Bystander nations deny their responsibility to intervene.

      Do these phenomena have anything in common? When we deny, are we aware of what we are doing or is this an unconscious defence mechanism to protect us from unwelcome truths? Can there be cultures of denial? How do organizations like Amnesty and Oxfam try to overcome the public’s apparent indifference to distant suffering and cruelty? Is denial always so bad - or do we need positiv...

      https://www.wiley.com/en-us/States+of+Denial%3A+Knowing+about+Atrocities+and+Suffering-p-9780745623924

  • @resistenze_in_cirenaica a publié 5 « carnets de Cyrène » (I quaderni di Cirene), publiés par #Resistenze_in_Cirenaica (https://resistenzeincirenaica.com).
    #Cyrène, du nom d’une ville de Cyrénaïque, en Libye actuelle...

    Les cahiers sont peuvent être achetés sur ce site : https://openddb.it/case-editrici/ric

    Moi, je les ai achetés lors d’un événement qu’ils ont organisés à Bologne en mai 2024 :
    https://resistenzeincirenaica.com/2024/05/14/24-e-25-maggio-due-giorni-di-ibridazioni-in-cirenaica
    (https://seenthis.net/messages/1053726)

    https://resistenzeincirenaica.com/category/i-quaderni-di-cirene

  • ‘We will coup whoever we want!’: the unbearable hubris of Musk and the billionaire tech bros
    https://www.theguardian.com/books/2023/nov/25/we-will-coup-whoever-we-want-the-unbearable-hubris-of-musk-and-the-bill

    25.11.2023 by Douglas Rushkoff - Challenging each other to cage fights, building apocalypse bunkers – the behaviour of today’s mega-moguls is becoming increasingly outlandish and imperial

    Even their downfalls are spectacular. Like a latter-day Icarus flying too close to the sun, disgraced crypto-god Sam Bankman-Fried crashed and burned this month, recasting Michael Lewis’s exuberant biography of the convicted fraudster – Going Infinite – into the story of a supervillain. Even his potential sentence of up to 115 years in prison seems more suitable for a larger-than-life comic book character – the Joker being carted off to Arkham Asylum – than a nerdy, crooked currency trader.

    But that’s the way this generation of tech billionaires rolls. The Elon Musk we meet in Walter Isaacson’s biography posts selfies of himself as Marvel comic character Doctor Strange – the “Sorcerer Supreme” who protects the Earth against magical threats. Musk is so fascinated with figures such as Iron Man that he gave a tour of the SpaceX factory to the actor who plays him, Robert Downey Jr, and the film’s director, Jon Favreau. As if believing he really has acquired these characters’ martial arts prowess, in June Musk challenged fellow übermensch Mark Zuckerberg to “a cage match” after Zuck launched an app to compete with the floundering Twitter. Musk and Zuck exchanged taunts in the style of superheroes or perhaps professional wrestlers. “I’m up for a cage match if he is,” tweeted Musk. “Send Me Location,” responded Zuck from Instagram’s Threads.

    Billionaires, or their equivalents, have been around a long time, but there’s something different about today’s tech titans, as evidenced by a rash of recent books. Reading about their apocalypse bunkers, vampiric longevity strategies, outlandish social media pronouncements, private space programmes and virtual world-building ambitions, it’s hard to remember they’re not actors in a reality series or characters from a new Avengers movie.

    Unlike their forebears, contemporary billionaires do not hope to build the biggest house in town, but the biggest colony on the moon

    Unlike their forebears, contemporary billionaires do not hope to build the biggest house in town, but the biggest colony on the moon, underground lair in New Zealand, or virtual reality server in the cloud. In contrast, however avaricious, the titans of past gilded eras still saw themselves as human members of civil society. Contemporary billionaires appear to understand civics and civilians as impediments to their progress, necessary victims of the externalities of their companies’ growth, sad artefacts of the civilisation they will leave behind in their inexorable colonisation of the next dimension.

    While plans for Peter Thiel’s 193-hectare (477-acre) “doomsday” escape, complete with spa, theatre, meditation lounge and library, were ultimately rejected on environmental grounds, he still wants to build a startup community that floats on the ocean, where so-called seasteaders can live beyond government regulation as well as whatever disasters may befall us back on the continents.

    To escape “near-term” problems such as poverty and pollution, Jeff Bezos imagines building millions of space colonies housing trillions of people on the moon, asteroids and in other parts of the solar system, where inhabitants will harvest the resources of space for themselves and those left back on Earth. Elon Musk is convinced he will build a city of a million people on Mars by 2050 at a cost of up to $10bn a person. The ChatGPT impresario Sam Altman, whose board of directors sacked him as CEO before he made a dramatic comeback this week, wants to upload his consciousness to the cloud (if the AIs he helped build and now fears will permit him).

    Oddly enough, while their schemes are certainly more outlandish, on an individual basis today’s tech billionaires are not any wealthier than their early 20th-century counterparts. Adjusted for inflation, John Rockefeller’s fortune of $336bn and Andrew Carnegie’s $309bn exceed Musk’s $231bn, Bezos’s $165bn and Gates’s $114bn.

    But, as chronicled by Peter Turchin in End Times, his book on elite excess and what it portends, today there are far more centimillionaires and billionaires than there were in the gilded age, and they have collectively accumulated a much larger proportion of the world’s wealth. In 1983, there were 66,000 households worth at least $10m in the US. By 2019, that number had increased in terms adjusted for inflation to 693,000. Back in the industrial age, the rate of total elite wealth accumulation was capped by the limits of the material world. They could only build so many railroads, steel mills and oilwells at a time. Virtual commodities such as likes, views, crypto and derivatives can be replicated exponentially.

    What evidence we do see of their operations in the real world mostly take the form of externalised harm. Digital businesses depend on mineral slavery in Africa, dump toxic waste in China, facilitate the undermining of democracy across the globe and spread destabilising disinformation for profit – all from the sociopathic remove afforded by remote administration.

    Zuckerberg’s wife joked that three people went on their honeymoon to Rome: Mark, Augustus Caesar and herself

    Indeed, there is an imperiousness to the way the new billionaire class disregard people and places for which it is hard to find historical precedent. Zuckerberg had to go all the way back to Augustus Caesar for a role model, and his admiration for the emperor borders on obsession. He models his haircut on Augustus; his wife joked that three people went on their honeymoon to Rome: Mark, Augustus and herself; he named his second daughter August; and he used to end Facebook meetings by proclaiming “Domination!”

    While we should be thankful he has chosen to emulate Augustus instead of, say, Caligula, he is nonetheless aspiring toward the absolute power – and hairstyle – of a Roman dictator. Zuckerberg told the New Yorker “through a really harsh approach, he established two hundred years of world peace”, finally acknowledging “that didn’t come for free, and he had to do certain things”. It’s that sort of top down thinking that led Zuckerberg to not only establish an independent oversight board at Facebook, dubbed the “Supreme Court”, but to suggest that it would one day expand its scope to include companies across the industry.

    At least Zuckerberg’s anti-democratic measures are expressed as the decrees of a benevolent dictator. Musk exercises no such restraint. In response to the accusation that the US government organised a coup against Evo Morales in Bolivia in order for Tesla to secure lithium there, Musk tweeted: “We will coup whoever we want! Deal with it.”

    Musk now has the ability to tweet this way as much as he likes: Twitter/X is his own platform. He bought it. So is Tesla. And that may be the key distinction of this strange moment. In the last gilded age, each titan owned and controlled pretty much one major industry. Rockefeller may have had the monopoly in oil but Carnegie dominated steel, Vanderbilt had shipping and the railroads, and JP Morgan was the banker.

    #USA #fascistes #silicon_valley #elon_musk #coup_d_état

  • Elon Musk et Peter Thiel mettent leurs fortunes et leurs réseaux au service de Donald Trump et de J. D. Vance
    https://www.lemonde.fr/pixels/article/2024/07/16/elon-musk-et-peter-thiel-mettent-leurs-fortunes-et-leurs-reseaux-au-service-

    Depuis plusieurs jours, la presse américaine montre qu’une partie des figures de la #Silicon_Valley, dont la population vote très majoritairement démocrate, a lourdement investi dans la candidature de Donald Trump à la Maison Blanche. Elon Musk va ainsi financer la campagne de ce dernier à hauteur de 45 millions de dollars (41,3 millions d’euros) par mois, soit environ 180 millions de dollars d’ici à la présidentielle de novembre, a révélé le Wall Street Journal, lundi 15 juillet.

    [...]

    Elon Musk et Peter Thiel ont cofondé l’America PAC, un nouveau Super PAC (un « comité d’action politique », qui permet notamment de collecter des dons) destiné à soutenir Donald Trump. Les deux hommes ont pour cela largement puisé dans leur réseau : selon les informations du New York Times, l’un des directeurs du fonds est Joe Lonsdale, cofondateur avec Peter Thiel de la start-up spécialiste du traitement de données et du renseignement Palantir, qui a personnellement contribué au Super PAC à hauteur de 1 million de dollars.

    edit trouvaille : https://justpaste.it/g5ivd

    #bitcoins #surveillance #capitalisme_de_plateforme

  • Donald Trump et Elon Musk, l’alliance techno-populiste
    https://www.latribune.fr/economie/international/donald-trump-et-elon-musk-l-alliance-techno-populiste-1001628.html

    Les deux magnats se sont rencontrés cet hiver. Une partie de la Silicon Valley glisse vers la droite extrême, prônant la supériorité de la technologie sur les règles démocratiques.

    Étienne de Metz, correspondant à New York
    07 Juill 2024, 6:20


    Elon Musk et Donald Trump en mai 2020, en Floride. (Crédits : © LTD / ALEX BRANDON/AP/SIPA)

    Mais pourquoi Donald Trump s’est-il trouvé un soudain intérêt pour la Silicon Valley ? Dans ce bastion ultralibéral, où près de 38 % de la population est née à l’étranger, à peine 25 % d’entre eux ont voté pour lui en 2020, manifestant une certaine indifférence sinon de la méfiance à l’égard de son discours populiste. « Une personne sur deux a l’anglais pour seconde langue », remarque Fred Turner, professeur de communication à Stanford, spécialiste des technologies.

    Lire aussiLa Cour suprême américaine étend l’immunité de Trump, son procès fédéral est repoussé

    Une raison évidente est que la Vallée est devenue au fil des ans un mécène prépondérant des campagnes électorales. « Beaucoup de gens viennent ici à la recherche d’argent et de pouvoir », souligne Fred Turner. Et « avoir des amis dans la tech, c’est avoir accès à beaucoup de moyens financiers », complète l’analyste Carolina Milanesi, fondatrice de The Heart of Tech, qui fournit entre autres des expertises en matière d’environnement et de gouvernance. Comme en 2020, la course au cash passe à nouveau par la baie de San Francisco : Joe Biden y est venu lever des fonds à la mi-mai, son concurrent conservateur le 6 juin. Mais si les démocrates attirent 72 % des dons de la tech contre à peine plus de 22 % pour les républicains, selon une étude du groupe non partisan OpenSecrets, il faut toutefois scruter au-delà du seul volet financier. En frayant avec l’idéologie libertaire qui caractérise la Silicon Valley, Donald Trump réussit à séduire de plus en plus d’entrepreneurs avec son projet populiste. Et pas n’importe lesquels.
    « Subtile comme une brique »

    Le 3 mars, à l’autre bout du pays, le candidat prenait langue avec Elon Musk. Il avait invité le fondateur de Tesla à discuter avec un cénacle de riches donateurs conservateurs dans sa forteresse floridienne de Mar-a-Lago. L’information, révélée par le New York Times, a produit ses hoquets médiatiques, le frisson des démocrates et l’ivresse des républicains. « Pour être super clair, je ne donne d’argent à aucun des candidats à la présidentielle », a twitté Elon Musk le surlendemain, comme pour apaiser la bronca.

    Une tentative de masquer sa préférence pour l’ogre blond « subtile comme une brique », a ironisé la journaliste Kara Swisher, chroniqueuse acerbe des frasques des techno-milliardaires depuis trois décennies. Car si les deux magnats ont toujours entretenu des rapports houleux, cela ne les a jamais empêchés de trouver des terrains d’entente. Fin mai, le Wall Street Journal rapportait que Donald Trump envisageait même de proposer à Elon Musk un poste de conseiller dans une éventuelle seconde administration.
    Anti-Biden

    Depuis 2008 à la tête de Tesla, la première firme commercialisant en masse des véhicules électriques, propriétaire du réseau X (ex-Twitter), le milliardaire a une conception « absolument sélective » de la liberté d’expression, selon Wayne Steger, politologue spécialisé des réseaux sociaux à l’université DePaul. Ainsi, deux ans après la fin du mandat de Trump, Elon Musk appelait de ses vœux en 2022 l’élection d’un Congrès républicain à mi-mandat.

    Depuis, il épouse chaque jour un peu plus les thèses de l’extrême droite américaine. « Musk s’est beaucoup exprimé sur l’affirmative action [une politique de discrimination positive en place depuis les années 1960 dans les universités américaines retoquée par la Cour suprême en novembre dernier], explique Carolina Milanesi. Il voudrait que son interdiction s’étende au monde du business. » Le richissime industriel s’inquiète aussi d’une prétendue importation de migrants orchestrée par Joe Biden pour les faire voter, préparant, selon lui, « quelque chose de bien pire que le 11-Septembre ».
    1,25 million de dollars

    Musk n’est pas un cas isolé. Il n’est d’ailleurs pas le premier gourou de la tech à chuchoter à l’oreille de Trump. En 2016, le capital-risqueur Peter Thiel, d’habitude aussi discret qu’influent, scandalisait ses pairs en participant à la convention républicaine qui canonisa l’ancien producteur de télévision. Voilà un « bâtisseur » qui n’a pas peur de dire la vérité au sujet d’une Amérique en ruine, déclamait alors l’investisseur le plus célèbre de la Silicon Valley, glissant une enveloppe de 1,25 million de dollars dans la tirelire de sa campagne. Thiel a cofondé en 1998 PayPal, l’une des plus grosses compagnies de paiement en ligne. Certains de ses anciens collègues, qui se font appeler la « mafia PayPal », ont monté d’autres entreprises influentes (LinkedIn, YouTube, Yelp...), et « ils adorent ce que fait Musk », témoigne Nick Pinkston, un startuper intégré à l’écosystème local depuis quinze ans : « Ils pensent que c’est un grand guerrier qui défend leurs idées. »

    Paradoxalement, la Silicon Valley est pétrie d’« idéaux culturels progressistes » et d’« idéaux politiques libertaires proches de la droite », explique Matt Carlson, qui enseigne à l’université du Minnesota. On y encourage les politiques d’inclusion migratoire des démocrates, tout en applaudissant aux projets de libéralisation économique proposés par les républicains. Si elle n’épouse pas strictement le programme du parti trumpiste, la tech américaine s’inscrit donc dans une défiance de l’establishment et aspire à une réduction de l’influence de l’État. Certaines innovations servent même à s’en émanciper. « L’adoption des crypto-monnaies, par exemple, vise en grande partie à s’éloigner du pouvoir centralisé et des institutions traditionnelles », poursuit Matt Carlson. Et même si les opinions culturelles du libertaire Musk sont plus libérales que celles de Trump, les deux hommes s’accordent sur la nécessité d’assouplir les réglementations gouvernementales.
    Marivauder avec des autocrates

    Aussi, la toile horizontale d’un village mondial qu’ont toujours revendiqué tisser les Gafam « pourrait tout autant muer en un système interconnecté autoritaire », met en garde Fred Turner, le professeur de communication. Il suffirait que ces mêmes dirigeants marivaudent avec des autocrates. Elon Musk le fait déjà, même si sa boussole pointe toujours vers l’opportunisme. Avec la montée des nationalismes, il calque son lexique sur celui des populistes en croisade contre le « virus du wokisme ».

    Après l’Inde de Modi, la Chine de Xi Jinping ou le Brésil de Bolsonaro, le « Technoking » - son titre officiel à la tête de Tesla - ne cache plus son admiration pour l’Argentine de Javier Milei. Là-bas gisent d’énormes réserves de lithium, un métal stratégique devenu le « nouveau pétrole » essentiel à la confection des batteries qui équipent les voitures Tesla. Au printemps, Javier Milei a rendu visite à Musk sur l’un de ses sites texans. Ce dernier lui a rendu la politesse en participant mi-juin, en visioconférence, à une messe libérale à Buenos Aires sur le rôle économique du nouveau gouvernement argentin.

    Ce vent nouveau souffle de plus en plus fort en Californie. Dans la Baie, certaines digues lâchent. « Depuis quelques années, les idées nationalistes font leur chemin dans les think tanks, sur Twitter ou dans les médias spécialisés, remarque Nick Pinkston. On commence à entendre un langage patriote qu’il n’y avait pas avant. » Le startuper, lui-même plutôt politisé à gauche, constate une polarisation grandissante parmi ses collègues.
    Mythologie des grands hommes

    Ce qui se traduit en espèces sonnantes et trébuchantes. David Sacks, un ami de Musk, incarne ce virage assumé. En 2021, il estimait le président sortant « disqualifié » en raison de son implication dans le putsch raté du 6 janvier. En 2024, il a participé au financement de la campagne de Ron DeSantis, ex-candidat républicain qui pensait battre Trump en le pastichant. Depuis que le gouverneur de Floride a jeté l’éponge, se rangeant derrière la bannière Trump, Sacks est devenu fan du leader républicain. Il a justifié son ralliement dans un long tweet posté le 6 juin, où il jugeait que Biden avait fait « une violente sortie de route ».

    Une autre figure de la tech, Marc Andreessen, cofondateur de Netscape, illustre ce tournant populiste. Proche par le passé du démocrate Al Gore, il a depuis pris la gauche progressiste en grippe. Au printemps, il se réjouissait de contribuer avec Elon Musk et d’autres sommités à canaliser le flot des donations en provenance de la Vallée vers le candidat populiste, révélait fin avril le magazine Puck. « Les plus grands soutiens de Trump se trouvent parmi les dirigeants ayant une influence disproportionnée », constate la doctorante Becca Lewis, chercheuse en histoire des technologies et de l’extrême droite à Stanford. Une réaction au fait que, ces dernières années, plusieurs chefs d’entreprise ont interagi avec le Parti démocrate sans trop de succès à leur goût ? « Ils se demandent s’ils pourraient sortir de l’impasse autrement », répond Nick Pinkston. En bas de l’échelle, « les jeunes ingénieurs ont beau être généralement plus progressistes que leurs patrons, ils n’en demeurent pas moins des fantassins », justifie pour sa part Fred Turner.

    Donald Trump envisageait de proposer à Elon Musk un poste de conseiller dans une éventuelle seconde administration

    La mythologie des grands hommes reste tenace dans le secteur. « Ce qui compte dans la tech, c’est d’être le bon leader avec la bonne machine : il subsiste une vieille croyance en la supériorité de la technologie sur la démocratie », explique Fred Turner. Elle a même été théorisée par Marc Andreessen, qui a publié l’automne dernier un « manifeste techno-optimiste ». Ce texte très commenté assure que c’est la technologie qui soignera notre monde malade, quitte à faire sauter certains verrous. « Les plus riches et politisés se demandent si le système démocratique n’est pas dépassé », témoigne Nick Pinkston. Pour Fred Turner, la question est déjà tranchée. Ces dirigeants « gèrent leurs entreprises de manière autoritaire et sont ouverts à un style de management similaire dans d’autres endroits, y compris à Washington », avertit-il.

    L’époque où la Silicon Valley avait « une relation privilégiée avec Barack Obama durant sa présidence » puis avait « publiquement soutenu Hillary Clinton » semble bien révolue, rappelle Margaret O’Mara, spécialiste de l’histoire de la tech à l’université de Washington. Dès la prise de fonction du magnat new-yorkais de l’immobilier, en 2017, les barons de la tech avaient montré patte blanche, diplomatie économique oblige, un défilé dans le Bureau ovale médiatisé à coups de sourires et de poignées de main. « De Sundar Pichai [Google] à Satya Nadella [Microsoft], tout le monde y est passé, se rappelle Carolina Milanesi, car il fallait s’assurer que l’administration Trump n’allait pas limiter leur champ d’action. »
    Normaliser les idées réactionnaires

    Certes, aujourd’hui, tout le monde dans la Vallée, où les intérêts restent très privés, n’est pas enthousiaste à l’idée d’un second mandat de Donald Trump : « Un tel degré de volatilité n’est pas bon pour le marché », estime Margaret O’Mara. Pour les entrepreneurs les moins excentriques, Musk fait figure de repoussoir, et « Biden est une option plus prévisible et plus sûre » pour de nombreuses entreprises, juge Carolina Milanesi. Mais la perspective de juteux contrats avec des fondations et instituts nationaux pour produire des biotechnologies ou des technologies militaires et de défense pourrait faire pencher la balance.

    En réalité, les promesses d’une tech qui allait apporter plus de liberté et d’égalité se sont heurtées aux réalités. En 2009, le mouvement populaire du Tea Party (la droite de la droite américaine) avait pris son essor grâce à Facebook, l’application lui servant de relais pour organiser des événements locaux. Depuis, d’autres plateformes normalisent les idées réactionnaires « en se disant garantes de la liberté d’expression », souligne Becca Lewis. L’entrepreneur conspirationniste Andrew Torba a lancé Gab, aux règles d’utilisation très souples. En rachetant Twitter (devenu X), Musk a « libéré l’oiseau », qui a viré à tribord, lesté de filtres de modération. Emblématique de cette tendance, Trump a créé son propre réseau, Truth Social (Vérité), relais favori des idées d’extrême droite. Et l’appli Parler, chambre d’écho de l’assaut du Capitole, suspendue un temps, a fait son grand retour cette année. « Sans compter les applications chrétiennes, ou de prière, que vous n’auriez jamais vues il y a dix ans », énumère Nick Pinkston.

    Depuis quelques années, les idées nationalistes font leur chemin dans les think tanks

    Nick Pinkston, start-uper

    Les outils de l’alt-tech, ou tech alternative, se sont fortement développés sous Trump « à un moment où le scepticisme envers les institutions était croissant », relève Margaret O’Mara. Et ils continuent de s’épanouir, « la frontière avec la tech traditionnelle étant de plus en plus poreuse », selon Becca Lewis. Dernièrement, Brad Parscale, le gourou numérique qui avait pris attache avec Cambridge Analytica - et ainsi contribué à la victoire de Donald Trump en inondant Facebook de publicités en 2016 - s’est vanté d’avoir mis au point une plateforme numérique reposant sur l’IA qui « révolutionnera les campagnes électorales » du monde entier.

    Cela montre le chemin parcouru depuis 1989, quand Ronald Reagan prédisait, quelques mois avant la chute du mur de Berlin : « Le Goliath du totalitarisme sera terrassé par le David de la puce électronique. » Les progrès technologiques allaient, disait-il, mater la dictature communiste : « La révolution des communications sera la plus grande force de promotion de la liberté humaine que le monde ait jamais connue. » Maintenant que David a bien grandi, il faut espérer qu’il ne chaussera pas les sandales de Goliath.

    #Politique #Silicon_Valley

  • Les hommes de la rue du Bac : des faits glaçants et un récit à visage découvert – Libération
    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/editorial/les-hommes-de-la-rue-du-bac-des-faits-glacants-et-un-recit-a-visage-decou
    https://www.liberation.fr/resizer/uKbwj-6JSGX5Iy4XG_6F-ZEkwc0=/1200x630/filters:format(jpg):quality(70):focal(1498x1488:1508x1498)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/GHHGOAJDJZGNNGZVG22Z77BBQ4.jpg

    Mais cette histoire a aussi un lieu, le triangle du VIIe arrondissement de Paris où le pouvoir politique, culturel et médiatique régnait dans une totale impunité. « Jusqu’au dernier moment, j’ai pensé ne pas y arriver », nous dit Inès Chatin de son audition, qui fait aujourd’hui partie d’un dossier judiciaire de centaines de pages documentant l’univers pédocriminel de la rue du Bac, dans un somptueux appartement acheté à la famille d’Ormesson par le docteur Jean-François Lemaire, l’homme qui livra entre autres ses enfants adoptifs, dans des séances sordides dont la mise en scène cauchemardesque n’a d’égal que l’infâme sadisme, à l’écrivain Gabriel Matzneff et ses amis. « Si l’adolescent sait qu’il se soumet à des règles condamnées par la société mais qui apportent finalement une certaine jouissance, euh pourquoi pas ? » expliquera froidement le docteur Lemaire à sa fille adoptive, que Matzneff surnommait « ma petite chose exotique ». Eu égard à l’extrême violence des scènes rapportées par Inès Chatin, il a été convenu, avec elle et ses avocats, de ne pas en rapporter certaines à la première personne du singulier. Libération publiera donc dans les jours à venir son récit, et s’appuiera sur le dossier judiciaire, pour raconter ces faits glaçants qui témoignent de la cruauté de ces hommes de pouvoir, et du courage de la femme qui leur a survécu. Et qui parle aujourd’hui.

    #viols_collectifs #pédocriminalité #matzneff #mephitis #germanopratins

    #Jean-François_Lemaire
    #Claude_Imbert
    #Jean-François_Revel
    #académie_française
    #le_point

  • In Tunisia continuano le violazioni dei diritti delle persone migranti
    https://www.meltingpot.org/2024/04/in-tunisia-continuano-le-violazioni-dei-diritti-delle-persone-migranti

    In un comunicato congiunto 36 organizzazioni della società civile, tra cui il Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux (FTDES), Avocats Sans Frontières (ASF) e Migreurop, a un anno dal discorso razzista del presidente Kaïs Saïd, denunciano la sistematizzazione della violenza commessa dalle autorità tunisine contro le persone africane. A più di un anno dal comunicato emesso dalla Presidenza della Repubblica tunisina a seguito della riunione del Consiglio di sicurezza nazionale, che collegava la presenza dei migranti “a un complotto per cambiare la composizione demografica della Tunisia“, le violazioni sistematiche e le campagne razziste e xenofobe contro le (...)

    #Approfondimenti #Silvia_Di_Meo #Luca_Ramello #Ludovica_Gualandi #Vincent_Bianco

  • On a parlé science-fiction, technologies et rapport au vivant en randonnée avec Alain Damasio
    https://www.nouvelobs.com/idees/20240407.OBS86782/on-a-parle-science-fiction-technologies-et-rapport-au-vivant-en-randonnee

    L’auteur culte de science-fiction publie un essai inspiré d’un séjour dans la Silicon Valley. Pour en parler, il nous a reçus chez lui, dans les Alpes-de-Haute-Provence.

    Par Xavier de La Porte
    Publié le 7 avril 2024 à 8h30, mis à jour le 8 avril 2024 à 10h18

    Alain Damasio marche au pas de course dans les sous-bois d’une colline du Luberon, et disserte en haletant : « Le numérique a tout dématérialisé… Tout est devenu information et flux… Même les voitures d’aujourd’hui sont moins des machines de tôle que des réceptacles à données personnelles… On en conçoit une forme de nostalgie pour la matière qu’on constate jusque dans la SF… les auteurs passent leur temps à décrire avec mélancolie des usines et des… » Damasio se fige avant la fin de sa phrase. Il passe la main sur le tronc d’un arbre où apparaissent des formes qu’on dirait gravées par un artiste : « Tu vois ça ? Ces traces sont laissées par des vers qu’on appelle typographes. Avec Vinciane Despret, on s’amuse à confronter nos interprétations de ces écritures. C’est très marrant. » On a à peine le temps de jeter un coup d’œil au tronc qu’il reprend la marche encore plus vite.

    A l’origine, l’idée était juste de discuter avec Alain Damasio d’un essai qu’il publie ces jours-ci, « Vallée du silicium », fruit d’un voyage dans la Silicon Valley effectué en sortie de confinement. En soi, c’était déjà intrigant : lui, l’auteur de trois romans de science-fiction devenus des classiques, dont le dernier, « les Furtifs », peut se lire comme une critique en règle des technologies de surveillance, lui, le militant connu pour ses engagements politiques très à gauche, lui, à l’aura intellectuelle puissante mais très européenne, qui se promène dans l’épicentre mondial de la tech et du capitalisme numérique, cela attise la curiosité. Mais s’est ajoutée une autre dimension quand il a fixé le lieu du rendez-vous : la Zeste (zone d’expérimentation sociale terrestre et enchantée) qu’il a cocréée dans les Alpes-de-Haute-Provence.

    #Silicon_Valley #Alain_Damasio #Xavier_de_La_Porte

  • #Liban. Sur les #traces des #disparus de la #guerre_civile

    Comment filmer la #disparition ? Traduire par l’image ce qui n’est plus ? C’est un travail de #remémoration contre l’#amnésie_officielle et collective, et donc un travail pour l’histoire, que propose l’équipe du film The Soil and the Sea (« La terre et la mer »), qui sillonne le Liban sur les traces des #charniers de la guerre civile.

    Image trouble, son étranglé, vagues menaçantes… The Soil and the Sea (« La terre et la mer ») commence littéralement à contre-courant, la caméra submergée dans une lutte contre les vagues, dont nous tire la voix de l’écrivain libanais Elias Khoury lisant en arabe son poème « La mer blanche ». Ce sauvetage n’est pourtant qu’une illusion : c’est bien une noyade longue d’un peu plus d’une heure qui commence avec le film réalisé par Daniele Rugo, véritable plongée cinématographique dans la violence de la guerre civile libanaise.

    Partant de la côte beyrouthine, le film nous fait entrer au Liban par le charnier méditerranéen qui le borde, cette mer dans laquelle la guerre a souvent dégurgité ses #cadavres. The Soil and the Sea interroge les disparitions, exhume les histoires des #victimes et de leurs familles, creuse les bas-fonds de près de quinze années de #guerre_civile.

    Un pays amnésique et imprégné de #violence

    Au Liban, 17 415 personnes auraient disparu de 1975 à 1990, pendant la guerre civile qui a opposé de très nombreuses factions locales et internationales, mais dont les victimes ont été en majorité libanaises, palestiniennes et syriennes. Ce chiffre est tiré de la recherche constituée par le Lebanon Memory Archive, un projet piloté par l’équipe du film qui met en lumière cinq sites libanais abritant des #fosses_communes datant de la guerre1. Massacres délibérés, emprisonnements, torture, enlèvements, assassinats arbitraires ou ciblés, des lieux tels que #Damour, #Chatila, #Beit_Mery, #Aita_Al-Foukhar ou #Tripoli, sont emblématiques de toutes les facettes de la violence devenue routinière dans le Liban des années 1980. Leurs noms seuls suffisent à réveiller le souvenir d’une opération militaire, d’une prison ou d’une hécatombe dont les histoires sont tues dans un pays qui s’est remis de la guerre civile en instaurant un fragile statu quo.

    Afin de saisir la force de The Soil and the Sea, il faut comprendre la portée politique du simple geste de prise de parole proposé par le film. Dans les années 1990, la principale barrière mise en place pour éviter de retomber dans les méandres d’un affrontement civil a été le #silence. Aucune #politique_mémorielle n’a été mise en place à l’échelle du pays, les programmes scolaires s’arrêtent notoirement à la veille de la guerre civile, et la guerre est un arrière-plan anecdotique dans les conversations des Libanais·es. Des organisations de la société civile plaident pourtant depuis longtemps en défense des familles des personnes disparu·es, et une loi de 2018 promettait même d’éclaircir leur sort, mais le silence reste de mise pour la majorité de la société libanaise. La faute en revient surtout à l’absence de politiques publiques et d’institutions dédiées : il n’existe pas au Liban d’histoire « objective » de la guerre, scientifiquement constituée, et admise par l’État et la population. The Soil and the Sea donne un exemple saisissant de cette #amnésie_collective avec l’anecdote d’une mère qui pose une plaque et plante un olivier en mémoire de son fils Maher, disparu devant la faculté des sciences dans la banlieue sud de la capitale. Alors que cette faculté relève du seul établissement supérieur public du pays - l’Université libanaise -, les étudiant·es et les professeur·es rencontré·es par la mère de Maher sont effaré·es d’apprendre qu’une fosse commune « de trente mètres de long » a été enfouie sous les dalles de leur campus à la suite d’une bataille entre des factions libanaises et l’armée israélienne pénétrant dans Beyrouth en 1982.

    Pour recomposer l’histoire d’un pays amnésique, The Soil and the Sea choisit d’enchaîner les #témoignages, comme celui de la mère de Maher. Les #récits sont racontés en « voix off », superposés à des images montrant les lieux banals, gris, bétonnés, où les Libanais·es foulent souvent sans s’en douter - ou sans y penser - les corps de centaines de leurs semblables. Les voix des proches ou des survivant·es qui témoignent sont anonymes. Seuls ces lieux du quotidien incarnent la violence. Le film offre l’image d’un Liban pâle et quasi désert, où l’immobilier aussi bien que la végétation ont recouvert les plaies mal cicatrisées de la guerre. Des silhouettes lointaines parcourent ruines antiques et bâtiments modernes, gravats et pousses verdoyantes, mais on ne verra jamais les visages des voix qui racontent, par-dessus des plans savamment composés, les disparitions des proches, l’angoisse des familles, parfois de précieuses retrouvailles, plus souvent des vies passées dans l’errance et la nostalgie. Filmant le présent pour illustrer les récits du passé, The Soil and the Sea met au défi l’expérience libanaise contemporaine en montrant des lieux imprégnés jusque dans leurs fondations par une violence rarement nommée, qui prend enfin corps à l’écran dans les récits des familles laissées pour compte. Le travail de mise en scène du témoignage oral est aussi soigné du point de vue de l’image que du son, les mots crus des proches étant délicatement accompagnés par les arrangements légers et angoissants de Yara Asmar au synthétiseur.

    Géographie de l’oubli

    Faut-il déterrer les cadavres ? Serait-ce rendre justice aux familles que de retourner aujourd’hui la terre, et risquer ainsi de raviver les blessures d’un pays jamais guéri de la violence ? Ces questions, posées par un survivant du massacre commis par les milices palestiniennes à Damour en 1976, reçoivent plus tard une réponse indirecte de la part de la mère de Maher : « S’ils exhument des restes, où est-ce que je les mettrais ? » Juxtaposant des témoignages qui se font écho, The Soil and the Sea devient un jeu de questions et réponses qui exprime le paradoxe de l’#amnésie libanaise. Aux dépens de nombreuses victimes et de leurs familles, l’oubli a été un geste d’amnistie qui a permis à la société libanaise de se reconstruire, d’élever des banques et de déployer des champs sur une terre ravagée par le conflit. Beaucoup de victimes ont aussi été acteur·rices de la violence, à commencer par Maher, mort au service d’une milice, dont le récit de la disparition entame et conclut le film. En exhumant leurs corps, on risquerait de raviver des colères enfouies avec eux. Au lieu de prendre un tel risque, et outre l’impossibilité matérielle et politique d’une telle entreprise, le documentaire et le projet de recherche auquel il s’adosse se contentent de recueillir des #souvenirs sans les commenter autrement que par des images du quotidien, familières à tous·tes les Libanais·es.

    L’absence de protagonistes à l’écran, le choix de filmer les lieux représentés à des moments où ils sont inhabituellement déserts, illustrent d’abord la #disparition, thème principal de l’œuvre. Nous, spectateurs et spectatrices, sommes invité·es dans ces espaces comme dans des arènes cinématographiques qui réverbèrent les récits de la violence et abattent le quatrième mur, nous mettant au centre d’un récit oral, musical et visuel. Nous qui foulons le sol libanais, nous qui partageons sa mer et contemplons ses espaces, sommes responsables de constater la violence gravée en eux, nous dit le film. Si on ne peut résoudre les disparitions sans raviver la violence qui les a causées, si on ne peut déterrer les cadavres sans risquer d’exhumer la guerre qui les a tués, on peut au moins admettre l’amnésie, s’en reconnaître responsable, et apaiser par des #actes_mémoriels la violence fantôme qui hante le Liban.

    The Soil and the Sea apporte sa pierre à l’édifice mémoriel par la constitution d’une #géographie qui relève un à un des #lieux de l’oubli libanais. Les récits qui permettent l’enquête ne sont jamais exhaustifs. Ils permettent d’incarner cette géographie, lui donnant le relief et la profondeur qui manquent aux images du quotidien libanais contemporain. Par des procédés fins et dépouillés, le film de #Daniele_Rugo nomme l’innommable, montre ce qui ne peut être montré, et parvient ainsi à nous remémorer notre #oubli.

    https://orientxxi.info/lu-vu-entendu/liban-sur-les-traces-des-disparus-de-la-guerre-civile,7167
    #film #documentaire #film_documentaire

  • La Confessione

    Perché soltanto in Italia non è ancora scoppiato il caso degli abusi nella Chiesa cattolica? Perché il sistema di copertura degli abusatori è ancora in piedi ed efficace, coinvolge decine e decine di preti e vescovi ed è tacitamente approvato da papa Francesco. Il podcast La Confessione ricostruisce come la Chiesa italiana silenzia le denunce delle vittime, copre i preti sotto accusa e nasconde lo scandalo

    https://podcast24.fr/podcasts/la-confessione
    #podcast #audio #Eglise #Eglise_catholique #abus_sexuels #Italie #enquête #abus #silence #impunité #pape_François

  • N.N. – No Name, No Nation, Not Necessary, No Noise
    https://www.meltingpot.org/2024/03/n-n-no-name-no-nation-not-necessary-no-noise

    di Diego Saccora, Lungo la rotta balcanica APS e Andrea Rizza Goldstein, Arci Bolzano-Bozen É a partire dalla fine del 2017 che il flusso delle persone in movimento per le rotte dei Balcani ha cominciato a interessare in maniera sempre più consistente la Bosnia-Erzegovina. Se all’inizio del 2018 la via di accesso principale passava dal Montenegro e prima ancora dalla Grecia e dall’Albania, già qualche segnale di quella che sarebbe poi diventata la via più utilizzata dal 2019 lo si registrava lungo le rive del fiume Drina, al confine tra Serbia e Bosnia-Erzegovina. Uno degli indicatori di questi attraversamenti, (...)

    #Notizie #Confini_e_frontiere #Redazione