@baroug : non, Amazon n’est pas un éditeur et ne fabrique pas les livres. S’il faut comparer, c’est le distributeur/détaillant. Sauf erreur, dans le marché du livre imprimé, tu signes avec un éditeur (exclusivité, et tu lui transmets la gestion de tes droits) et 95% du prix de vente part dans le travail éditorial, la fabrication et l’impression du livre, la distribution et le détail. L’auteur récupère 5 à 10% du prix final. En tant qu’auteur, une fois que tu as signé (si tu signes…), tu restes là. Avec Amazon, l’auteur signe pour la vente, touche 70% du prix final, qu’il fixe lui-même, et peut distribuer en même temps sur Amazon, Fnac Store, Apple Store…
La fabrication du livre lui-même n’est plus un processus industriel. Ça peut être, évidemment, un travail effectué par des professionnels qui apportent une véritable valeur ajoutée, mais il n’y a pas d’obstacle économique en dehors de la compétence (qui est par ailleurs pour l’instant assez limitée).
Et c’est, boudiou, comme nos webzines/blogs face aux médias traditionnels. On a gagné un accès direct au public, alors qu’auparavant l’accès à l’expression publique était monopolisé par un investissement capitalistique lourd. Ce qui ne signifie pas pour autant qu’on fabrique nos propres serveurs et qu’on tresse notre propre fibre optique et qu’on est totalement autosuffisants. Mais c’est bien le fait qu’on passe des médias « sur papier » à des médias hors papier qui a été une véritable révolution. Après, on peut toujours dire que c’est pas mal qu’il y ait des médias qui paient, qui relisent, qui assurent la cohérence éditoriale… mais c’est tout de même largement passer à côté de l’intérêt de la chose.
Proclamer son amour du livre-papier à tout bout de champ, tourner autour du pot sur la qualité, la relecture, la promotion, le conseil, le métier d’éditeur, de libraire passionné, c’est se préparer des jours mauvais. Le monde du livre va changer, qu’on le veuille ou non. Je pense qu’il y a des choses très positives là-dedans. Et, si on veut préserver les aspects positifs du livre papier, il devient très urgent de trouver des arguments un peu plus costauds que l’odeur du vrai papier ou la durée des piles.
Encore une fois, et vraiment je ne pige pas qu’on passe à côté de ça : le Quid est mort ! Toute ma vie a été rythmée par les sorties du Quid, annoncées à la téloche, gamin j’en voulais un (j’en ai jamais eu), les libraires faisaient leur année avec ça (et le Robert et le Larousse…). Et ça n’existe plus.