• Expulsions à Mayotte : Bruno Retailleau annonce des « vols groupés » de Congolais en situation irrégulière - InfoMigrants
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    Expulsions à Mayotte : Bruno Retailleau annonce des « vols groupés » de Congolais en situation irrégulière
    Par La rédaction Publié le : 03/10/2024
    Le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a annoncé que des vols allaient décoller ce mois d’octobre pour ramener chez eux des Congolais en situation irrégulière. Les Africains de la région des Grands Lacs sont de plus en plus nombreux à entrer de manière clandestine à Mayotte. Depuis des années, l’île française n’arrive plus à faire face au flux d’arrivées de migrants.
    Le ministre français de l’Intérieur Bruno Retailleau a annoncé mercredi 2 octobre avoir ordonné au préfet de Mayotte, archipel français dans l’océan Indien, d’organiser des « vols groupés » pour reconduire les ressortissants en situation irrégulière de République démocratique du Congo (RDC) dans leur pays."Dès ce mois d’octobre, le préfet de Mayotte [en a eu] l’instruction", a déclaré Bruno Retailleau à l’Assemblée nationale lors des questions au gouvernement.
    L’entourage du ministre a précisé à l’AFP que quatre vols groupés avaient été organisés depuis février et qu’il y en a « au moins trois prévus pour le seul mois d’octobre pour vider en partie le centre de rétention administrative » (CRA) de Mayotte.La coopération avec la RDC est « excellente », selon la même source. Le ministre français de l’Intérieur a également annoncé des « accords de sécurité bilatéraux avec les pays » de la zone de l’Afrique des Grands Lacs (RDC, Burundi, Rwanda, Tanzanie) pour « arrêter les flux ».
    Depuis la fin des années 2010, des centaines de migrants originaires de l’Afrique des Grands Lacs, en particulier de la République démocratique du Congo et du Rwanda rentrent chaque année sans autorisation à Mayotte après un voyage en « kwassa kwassa » (petites barques en bois) depuis les côtes de l’Afrique de l’Est, de Madagascar ou des Comores voisines.
    Au 1er décembre 2023, les Africains représentaient 48% des 3 000 demandes d’asile déposées sur l’année dans le 101e et dernier département français. En 2022, ils comptaient pour 25% des dossiers examinés par la France. Une hausse qui inquiète les autorités. « C’est une situation que l’on ne connaissait pas il y a encore 10 ans, et qui prend aujourd’hui des proportions considérables », confirmait déjà en février 2022 à InfoMigrants un policier en fonction sur l’île.
    À Mayotte, le réseau d’hébergement des demandeurs d’asile – un statut qui octroie aux exilés le droit d’être hébergé par l’État - est complètement saturé. Ses 600 places sont occupées en permanence. Les migrants et les demandeurs d’asile s’installent donc dans des camps de fortune, notamment celui du stade de Cavani, à Mamoudzou, le chef-lieu de l’île - désormais démantelé. Mais cette situation a provoqué des tensions avec des habitants : les exilés se disent régulièrement victimes de violences et d’intimidations d’une partie de la population du territoire.
    « Les agressions sont quotidiennes, encore plus récurrentes que lorsque nous étions dans le camp », racontait en juin à InfoMigrants Desire*, une Rwandaise qui a vécu trois mois à Cavani. Elle décrivait des prises à partie qui interviennent de jour comme de nuit par des « jeunes délinquants » armés de bâtons, machettes et pierres.Au mois de janvier 2024, les habitants de l’île, excédés, avaient aussi bloqué les principaux axes routiers de l’île principale.
    Pour désengorger Mayotte, les autorités françaises ont également mis en place un dispositif permettant à toutes les personnes ayant obtenu le statut de réfugié d’obtenir un « laissez passer » afin de prendre l’avion et rejoindre la Métropole, à condition de pouvoir payer le billet d’avion. Près de la moitié des habitants ne possèdent pas la nationalité française à Mayotte, où la population au 1er janvier était estimée à 321 000 personnes par l’Institut national de la statistique (Insee).

    #Covid-19#migrant#migration#france#mayotte#RDC#charter#migrationirreguliere#violence#rwanda#politiquemigratoire#sante

  • TRIBUNE COLLECTIVE : Justice : contre l’introduction du consentement dans la définition du viol

    🟥 Nous publions cet appel collectif d’organisations, de personnalités et de militantes féministes suite aux annonces faites par le nouveau ministre.

    👉 Didier Migaud, nouveau ministre de la Justice vient d’affirmer, suivant en cela la position du Président Macron exprimée en mai dernier, qu’il était favorable à l’idée de faire évoluer la définition du viol en droit français en y intégrant la notion de consentement.

    En effet, depuis quelques années une petite musique se fait entendre qui tente d’expliquer le peu de condamnations pour viol en France et bien ailleurs dans le monde par le fait que la notion de consentement ne figure pas dans la définition du viol.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/09/09/oui-cest-oui-le-consentement-a-lepreuve-de-la-justice/#comment-62454

    #feminisme #viol #consentement

  • Procès de Mazan : « Le sexisme est omniprésent, y compris dans l’attitude des accusés »

    La photojournaliste Anna Margueritat couvre le procès des violeurs de Mazan. Elle raconte, dans ce texte inédit, l’ambiance sexiste dans la salle d’audience et la violence différemment perçue par les hommes et femmes journalistes présent·es.

    https://www.politis.fr/articles/2024/09/proces-mazan-le-sexisme-est-omnipresent-y-compris-dans-lattitude-des-accuses
    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/09/13/proces-des-violeurs-de-mazan-ils-mont-traitee-comme-un-sac-poubelle/#comment-62453

    #viol

  • Deux policiers jugés jeudi à Bobigny pour une salve de tirs graves après un refus d’obtempérer
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/10/03/deux-policiers-juges-jeudi-a-bobigny-pour-une-salve-de-tirs-graves-apres-un-

    Le conducteur, Nordine A., est touché cinq fois, à l’abdomen, aux bras, à l’aine et au thorax, provoquant cent vingt-sept jours d’incapacité totale de travail (ITT). A l’arrière, une balle atteint la passagère, Merryl, à la rate. Elle s’est vu prescrire cent jours d’ITT. Mis en examen en 2022, les fonctionnaires, âgés respectivement de 29 et 32 ans, ne peuvent plus travailler sur la voie publique ni détenir une arme.

    [...]

    Nordine A. (...) avait été jugé en comparution immédiate pour refus d’obtempérer et violences volontaires. En appel, il a été condamné à deux ans d’emprisonnement.

    #police #délit_de_fuite #refus_d'obtempérer #violences_policières la tentative de meurtre a été qualifiée de #violences_volontaires_avec_arme #justice

  • "Tous doivent être décapités" : Révélations sur les #atrocités commises dans le bastion africain de #TotalEnergies

    Les villageois de la péninsule d’#Afungi, dans le nord du Mozambique, connaissaient bien ces conteneurs : une douzaine de boîtes en acier collées les unes contre les autres pour former un mur, avec une barrière au milieu. Ils servaient de portail de fortune pour un site de production de #gaz_naturel en cours de construction par TotalEnergies, dans une région isolée en proie à une violente insurrection islamiste.

    Ces mêmes villageois avaient été pris entre les feux croisés de l’#armée_mozambicaine et des combattants affiliés à l’#Etat_islamique. Après avoir fui leurs maisons, ils étaient allés chercher la protection des soldats du gouvernement. Au lieu de cela, ils ont trouvé la violence.

    Les soldats ont accusé les villageois d’avoir participé à l’#insurrection. Ils ont séparé les hommes — un groupe de 180 à 250 personnes — de leurs femmes et de leurs enfants. Puis ils les ont entassés dans les deux conteneurs situés de part et d’autre de l’entrée, les frappant à coups de pied et de crosse.

    Les soldats ont détenus ces hommes pendant trois mois. Ils les ont battus, affamés, torturés puis finalement exécutés. Finalement, seuls 26 prisonniers ont survécu.

    En discutant avec des survivants et des témoins et en faisant du porte-à-porte, j’ai pu reconstituer un récit détaillé des #atrocités perpétrées au cours de l’été 2021 par un #commando_mozambicain, dirigé par un officier qui disait avoir pour mission de protéger “le projet de Total”.

    La nouvelle du massacre ne peut qu’ajouter aux airs de désastre qui entourent désormais un projet qui — avec le développement d’un second #champ_gazier par #ExxonMobil — a été présenté comme le plus gros investissement privé jamais réalisé en Afrique, avec un coût total de près de 50 milliards de dollars.

    La construction de la #concession_gazière est interrompue depuis 2021, date à laquelle les rebelles islamistes ont envahi la région, massacrant plus de 1000 personnes. La justice française a déjà ouvert une enquête sur la gestion de TotalEnergies à la suite de la mort de sous-traitants lors de cette attaque.

    Ce second #bain_de_sang, que nous révélons, a été perpétré non pas par des islamistes mais par une unité militaire mozambicaine opérant à partir de la guérite de TotalEnergies.

    L’alliance de la major pétrolière avec l’armée mozambicaine soulève inévitablement des questions sur la gestion de #Patrick_Pouyanné, PDG de TotalEnergies.

    Il avait prévu de faire du mégaprojet mozambicain la vitrine de ses ambitions pour un avenir à faible émission de carbone. Au lieu de cela, sa stratégie d’investissements risqués dans des régions instables du monde risque désormais de se heurter aux efforts juridiques croissants visant à traduire les #multinationales devant la justice internationale.

    Pour évaluer à quel point l’entreprise est exposée, deux questions sont primordiales : TotalEnergies savait-elle qu’elle travaillait avec des tortionnaires et des tueurs ? Savait-elle — ou aurait-elle dû savoir — que des atrocités avaient été commises dans ses conteneurs ?

    En réponse à un résumé détaillé de cet article, #Maxime_Rabilloud, directeur général de #Mozambique_LNG, la filiale de TotalEnergies dans le pays, a déclaré que son entreprise n’avait “aucune connaissance des événements présumés décrits” ni “aucune information indiquant que de tels événements ont eu lieu”.

    Il a également déclaré que la société n’était pas présente sur le terrain au moment des #meurtres, ayant confié le site aux forces de sécurité mozambicaines. “Néanmoins, étant donné la gravité des allégations, nous prenons votre message très au sérieux”, a-t-il ajouté.

    https://www.politico.eu/article/totalenergies-mozambique-patrick-pouyanne-atrocites-afungi-palma-cabo-delga
    #Afrique #Françafrique #Mozambique #viols #violence #torture #massacre

    • L’explosion de Deepwater Horizon en 2010 — qui a tué onze travailleurs de la plate-forme et dont la marée noire a dévasté des centaines de kilomètres de côtes du golfe du Mexique, au large des Etats-Unis — a été un moment charnière pour le secteur des combustibles fossiles, a déclaré Patrick Pouyanné lors d’une conférence à Londres en 2017.

      Les pénalités financières “absolument énormes” de 62 à 142 milliards de dollars (selon le calcul utilisé) imposées au géant pétrolier britannique BP ont annoncé l’arrivée de ce que Patrick Pouyanné a appelé un nouveau “risque juridique” interdisant d’opérer dans les pays où de telles amendes pourraient être prononcées.

      La solution de Patrick Pouyanné a consisté à chercher des territoires moins réglementés au Moyen-Orient, où l’entreprise a débuté, et en Afrique, berceau d’Elf Aquitaine, le producteur de pétrole absorbé par Total en 1999.

      Opérer dans ces régions comporte souvent un risque politique plus élevé — corruption, instabilité, insurrection — reconnaît Patrick Pouyanné. Mais c’est le genre de risque face auquel Total, l’une des plus grandes entreprises du monde (cotée à 150 milliards d’euros), est bien équipée. La taille de l’entreprise lui a également permis de diversifier ses investissements dans le monde entier, en veillant à ce qu’aucun projet ne soit suffisamment important pour faire couler l’ensemble de l’entreprise.

      C’est ainsi qu’en mai 2019, Patrick Pouyanné a annoncé la pièce maîtresse de sa nouvelle stratégie : l’achat d’une participation de 26,5% et le rôle d’opérateur principal dans un champ gazier géant situé dans une zone de guerre à l’autre bout de la planète. “Nous aimons le risque, c’est pourquoi nous avons décidé de nous lancer dans l’aventure du Mozambique”, a-t-il déclaré une semaine plus tard à l’Atlantic Council de Washington.

      “L’avantage d’être une grande entreprise avec un portefeuille très important est que nous pouvons absorber ce type de risque…” Mentionnant la Papouasie-Nouvelle-Guinée comme “un autre bel endroit” dans lequel Total investit, il a ajouté : “[Ni l’un ni l’autre], même s’il y a un effondrement, ne mettront Total en danger.”

  • Procès des violeurs de Mazan : « Le sexisme est omniprésent, y compris dans l’attitude des accusés », la carte blanche d’Anna Margueritat - POLITIS
    https://www.politis.fr/articles/2024/09/proces-mazan-le-sexisme-est-omnipresent-y-compris-dans-lattitude-des-accuses

    La photojournaliste Anna Margueritat couvre le procès des violeurs de Mazan. Elle raconte, dans ce texte inédit, l’ambiance sexiste dans la salle d’audience et la violence différemment perçue par les hommes et femmes journalistes présent·es.

  • Tunisie : Kaïs Saïed, l’allié embarrassant de la politique migratoire européenne, prêt à sa réélection
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/10/01/tunisie-kais-saied-l-allie-embarrassant-de-la-politique-migratoire-europeenn

    Tunisie : Kaïs Saïed, l’allié embarrassant de la politique migratoire européenne, prêt à sa réélection
    Par Nissim Gasteli (Tunis, correspondance)
    Quelques planches de bois éparpillées sur le sol et des bâches déchirées : il ne reste plus grand-chose de la cabane qui servait d’abri de fortune à Ibrahim (un prénom d’emprunt) et ses proches. Le camp de migrants, comme il en existe de nombreux dans les environs de la bourgade d’El-Amra sur le littoral de l’est de la Tunisie, où ce Sierra-Léonais de 29 ans s’est installé depuis environ dix mois, a été balayé au cours du mois de septembre par de fortes pluies.Les quelques centaines d’hommes, de femmes et d’enfants originaires de plusieurs pays d’Afrique anglophone, qui vivaient déjà dans des conditions d’insalubrité, sans eau courante, sans électricité et sans sanitaires, ont presque tout perdu. Ils n’ont même plus de quoi manger. « Quelques Tunisiens ont de l’empathie et nous donnent un peu de nourriture, mais c’est très rare, déplore Ibrahim. Notre vie est misérable ici. »
    La terre est encore humide en ce jour de la mi-septembre. Il n’y a, à l’horizon, que des oliviers. A l’est, une vaste plage s’ouvre sur la mer et l’espoir qu’elle représente. « Nous voulons juste partir ! Nous ne sommes pas venus pour nous installer ici mais pour rejoindre l’Italie », soutient Ibrahim. Mais la forte présence policière, sur terre comme en mer, complique cette échappée vers l’Europe.Les corridors migratoires, qui sillonnent le continent africain et convergent vers l’île italienne de Lampedusa, située à seulement une centaine de kilomètres, butent désormais sur le dispositif sécuritaire mis en place grâce à un accord signé le 16 juillet 2023 entre le président Kaïs Saïed et ses partenaires européens. Depuis début 2024, les arrivées en Italie en provenance de la Tunisie ont chuté de 82 % selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.
    Alors que M. Saïed apparaît comme le grand favori du scrutin présidentiel prévu le 6 octobre, au cours duquel seuls deux candidats – dont l’un est emprisonné – lui seront opposés, l’Union européenne (UE) peine à adopter une position claire face au glissement autoritaire du chef de l’Etat tunisien.
    Dans une note diffusée le 7 juillet aux vingt-sept ministres des affaires étrangères, que Le Monde s’est procurée, le service diplomatique européen s’inquiète, entre autres, d’une « nette détérioration du climat politique et un espace civique qui se rétrécit » avec près de « trente politiciens, activistes, journalistes, avocats et hommes d’affaires arrêtés », d’un « régime unipersonnel avec un système politique présidentiel hautement centralisé » et du « traitement des migrants, des demandeurs d’asile et des réfugiés [qui] suscite une préoccupation croissante ».
    Depuis que M. Saïed s’est approprié l’ensemble des pouvoirs le 25 juillet 2021, en démantelant les institutions démocratiques et en réprimant sévèrement ses opposants, ses partenaires européens montrent de l’embarras. Mais leur préoccupation a rapidement été dépassée par une autre urgence lorsque, début 2023, la Tunisie est devenue le premier point de départ de migrants irréguliers à destination de l’Europe.
    Pour juguler les arrivées sur son territoire, la présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni, a noué une relation privilégiée avec M. Saïed, ponctuée de quatre visites en Tunisie, où elle a soigneusement évité d’aborder la question des droits humains et des libertés individuelles. Ce sont ces voyages qui ont débouché sur la signature en juillet 2023 du mémorandum d’entente entre l’UE et la Tunisie. Etaient alors aussi présents la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le premier ministre néerlandais, Mark Rutte.
    L’accord, assorti d’environ 260 millions d’euros d’aides, qui scelle un partenariat politique et économique sonstruit autour de cinq axes dont la migration, a-t-il convaincu la Tunisie de reprendre en main le contrôle, presque inexistant jusque-là, de sa frontière maritime ? Bien qu’il ait maintes fois affirmé que la Tunisie ne sera pas le « garde-frontière » de l’Europe et qu’elle ne sera ni « une terre de transit ni une terre d’accueil pour les migrants », M. Saïed a tenu les objectifs du mémorandum.« Kaïs Saïed a un langage électoraliste et populiste, destiné à ses partisans, à travers lequel il affirme sa souveraineté vis-à-vis des Européens. Mais, derrière, il signe avec eux », analyse Ghazi Ben Ahmed, président du groupe de réflexion Mediterranean Development Initiative (MDI) et auteur de Echos de Tunisie : populisme, transition et espoirs de démocratie (éd. L’Harmattan, 2024).
    « Avec la migration, son objectif est simple : réduire la pression de ses partenaires européens et, de fait, c’est ce qui se passe aujourd’hui car il ne reçoit que très peu de critiques publiques », observe pour sa part l’analyste politique Hatem Nafti, auteur de Notre ami Kaïs Saïed, essai sur la démocrature en Tunisie (éd. Riveneuve, 2024).
    La réduction des flux migratoires s’est faite pourtant au prix d’un coût humain très élevé. Des milliers de personnes ont été abandonnées dans le désert au cours de vastes campagnes d’expulsions et au moins vingt-neuf personnes en sont mortes, selon une enquête du Monde et de ses partenaires de Lighthouse Reports, publiée en mai 2024. Ces pratiques valent aujourd’hui à Tunis une demande d’enquête pour de « potentiels crimes contre l’humanité », déposée mardi 24 septembre devant la Cour pénale internationale (CPI) par un collectif lié à l’opposition tunisienne.
    Par ailleurs, la ville portuaire de Sfax, dans le centre-est du pays, a été vidée de la majorité de ses migrants subsahariens par les forces de l’ordre tunisiennes qui ont procédé à de nombreux refoulements vers la région d’El-Amra, abandonnant des centaines de personnes comme Ibrahim dans une plus grande précarité, tout en empêchant l’aide d’associations et d’activistes locaux. Ces derniers sont « constamment surveillés », dénonce un membre de la société civile sfaxienne qui préfère conserver l’anonymat par peur des autorités.
    Des dirigeants d’organisations non gouvernementales (ONG) ont été arrêtés en mai alors que certaines de leurs structures recevaient des financements de l’UE. Le mémorandum d’entente « n’implique pas la société civile tunisienne, regrette la source précédemment citée. Nos partenaires européens ont opté pour un accord qui vient ériger Kaïs Saïed en joueur incontournable pour fermer les frontières européennes et renforcer son appareil sécuritaire, celui-là même qui réprime la population locale ». L’Union européenne est bien consciente de la dérive autoritaire du chef de l’Etat tunisien mais craint plus encore une rupture qui pourrait l’amener à privilégier d’autres alliés, comme la Russie, la Chine et l’Iran, avec lesquels il a déjà multiplié les contacts au cours de son premier mandat. Dès lors, préserver le partenariat euro-tunisien, estime le service diplomatique européen dans sa note interne, « impliquera de trouver un équilibre de plus en plus difficile entre la crédibilité de l’UE en termes de valeurs et son intérêt à rester engagé de manière constructive avec les autorités tunisiennes ».

    #Covid-19#migration#migrant#tunie#UE#italie#droit#accordmigratoire#fluxmigratoire#corridormigratoire#securité#violence#sante

  • La verità sul “calo degli sbarchi”: tra stupri, violenze e respingimenti con la complicità di Italia e UE

    Le persone non hanno smesso di partire, semplicemente muoiono altrove.

    Durante l’incontro tra la presidente Giorgia Meloni e il primo ministro inglese Keir Starmer avvenuto il 16 settembre a Roma, quest’ultimo si è complimentato 1 con la prima per il successo ottenuto sul calo degli sbarchi in Italia dalla Tunisia. Starmer sarebbe ora interessato ad adottare il “modello italiano” sulle migrazioni, con un particolare interesse rivolto al nuovo Memorandum Italia-Albania e ai metodi di deterrenza utilizzati dall’Unione Europea (UE) e dall’Italia per contrastare le partenze dalle coste nordafricane. Tuttavia, ciò che il Governo o il Ministro dell’Interno Matteo Piantedosi omettono durante le conferenze stampa o i post trionfali sui social è a quale prezzo ottengono tali risultati.
    Una lunga e costosa tradizione di accordi e memorandum sulla pelle delle persone migranti

    Tra i metodi di deterrenza utilizzati dall’UE per contrastare le migrazioni, spicca quello di stipulare accordi con i Paesi terzi (di provenienza o quelli da cui partono maggiormente le persone migranti) 2. Tali accordi si basano sull’esternalizzazione delle frontiere, ossia sull’appaltare le operazioni di respingimento o contenimento dei flussi migratori ad altri Paesi. Si tratta di operazioni estremamente costose e poco trasparenti che il progetto di Action Aid e Irpi Media The Big Wall cerca attualmente di tracciare 3.

    Un esempio tra tutti è l’accordo Italia-Libia – nato nel 2017 durante il governo Gentiloni – che ha la funzione di impedire alle persone migranti di partire o di raggiungere la penisola. Tramite gli ingenti finanziamenti – da centinaia di milioni di euro 4 – dell’Italia e dell’UE che dal 2017 vengono devoluti in Libia, oltre alle motovedette italiane, le milizie libiche catturano le persone migranti che partono dalle coste del Paese per riportarle nei centri di detenzione. In questi centri le persone di ogni età vengono sistematicamente torturate, violentate o uccise.

    “Secondo un rapporto del giugno 2022 della missione d’inchiesta indipendente delle Nazioni Unite sulla Libia 5, le persone migranti nel paese subiscono omicidi, sparizioni forzate, torture, schiavitù, violenze sessuali, stupri e altri atti inumani in relazione alla loro detenzione arbitraria. Nel settembre 2022, il Procuratore della Corte Penale Internazionale ha dichiarato in un comunicato che, secondo la valutazione preliminare del suo ufficio, gli abusi contro i migranti in Libia possono costituire crimini contro l’umanità e crimini di guerra”, riportava Human Rights Watch nel 2023 6.

    Ciononostante, il Ministro Piantedosi continua a pubblicare tweet in cui afferma di aver condotto con successo operazioni di respingimento tramite la collaborazione della Libia. Tale dichiarazione, peraltro, è stata recentemente denunciata al Tribunale Penale Internazionale dalla Ong Mediterranea Saving Humans 7 in quanto la Libia non è paese sicuro e il respingimento si configura quindi come violazione delle norme internazionali ed europee in materia – come già stabilito da una sentenza della Cassazione sul caso del respingimento illegale condotto dalla nave italiana Asso 28 8.

    In aggiunta, ricordiamo che mentre il governo sostiene di voler “combattere il traffico di esseri umani” tramite questi accordi, è stato provato come le stesse milizie libiche che si occupano della cattura delle persone migranti siano composte da trafficanti a loro volta.

    Primo fra tutti Abdul Rahman al-Milad, detto “Bija” – recentemente ucciso a Tripoli – che non solo era presente nella lista nera dei trafficanti e ricercati internazionali Onu, ma che nel 2017 era perfino presente a un incontro al Viminale.

    “Nel settembre del 2019 “Avvenire” aveva pubblicato le immagini che ritraevano proprio Bija, allora capitano della cosiddetta “guardia costiera libica”, durante un viaggio in Italia nel 2017, tenuto a lungo riservato dalle autorità. […] Ad oggi, cinque anni dopo la pubblicazione e sette anni dopo i fatti, i governi italiani che si sono succeduti non hanno mai chiarito quali fossero le tappe della missione di al-Milad in Italia, nonostante due dozzine di interrogazioni parlamentari in gran parte rimaste inevase”, si legge su Avvenire. Bija stesso gestiva il centro di detenzione di Zawyia e si è reso artefice dell’annegamento di decine di persone migranti contro cui aveva sparato.

    Lontano dagli occhi, lontano dalle coste italiane: stupri e respingimenti illegali in Tunisia

    Anche la Tunisia è uno dei partner strategici di Italia e UE per le operazioni di esternalizzazione delle frontiere. A questo proposito ricordiamo l’accordo siglato nel giugno del 2023, in seguito a una conferenza a cui hanno partecipato la presidente Meloni, la Commissaria UE Ursula von Der Leyen e il primo ministro olandese Mark Rutte e il presidente tunisino Kais Saied. L’accordo prevedeva lo stanziamento di 100 milioni di euro volto, almeno sulla carta, a “operazioni di ricerca e soccorso”, “gestione delle frontiere”, “lotta contro il traffico di esseri umani” e “politica dei rimpatri”.

    Tuttavia, già nell’agosto dello stesso anno, come riporta l’Irpi 9, l’Ufficio delle Nazioni Unite per i diritti umani (Ohchr) si chiedeva se non ci fosse il pericolo che l’accordo UE-Tunisia potesse facilitare casi di violazioni dei diritti umani a danni di persone migranti nere e di altre fasce di popolazione vulnerabile. Questo perché, come è ormai noto, lo stesso presidente Saied da tempo sta adottando politiche sempre più repressive nei confronti delle persone migranti perlopiù provenienti dai Paesi dell’Africa sub-sahariana.

    La testata giornalistica indipendente tunisina Inkyfada, nel mese di maggio, ha pubblicato un articolo 10 in cui, sviscerando le attuali politiche di Saied in materia di immigrazione e repressione del dissenso, ha affermato che il presidente ha lanciato una campagna d’odio razzista contro le persone migranti nere, associando l’immigrazione a “un piano criminale per cambiare la composizione del panorama demografico in Tunisia”.

    Da lì in poi sono nate vere e proprie persecuzioni contro le persone nere, non solo immigrate ma anche di cittadinanza tunisina 11. L’impiego massiccio delle forze dell’ordine tunisine non ha fatto altro che acuire le violenze contro le persone migranti, le quali non solo vengono illegalmente respinte e scaricate nel deserto 12 , al confine con l’Algeria – come hanno rivelato Irpi Media, Lighthouse Reports e altre testate giornalistiche in un’importante inchiesta internazionale 13 – ma subiscono stupri e altre forme di violenza.

    Su quest’ultimo punto, l’ultima inchiesta del Guardian 14 riporta testimonianze agghiaccianti. Una di queste è quella di Marie, ivoriana di 22 anni, che racconta di essere stata aggredita sessualmente a pochi chilometri da Sfax. “Era chiaro che mi avrebbero violentata”, [afferma Marie]. Le sue urla l’hanno salvata, allertando un gruppo di rifugiati sudanesi di passaggio. I suoi aggressori si sono ritirati in un’auto di pattuglia. Marie sa di essere stata fortunata. Secondo Yasmine, che ha creato un’organizzazione sanitaria a Sfax, centinaia di donne migranti sub-sahariane sono state violentate dalle forze di sicurezza tunisine negli ultimi 18 mesi”, si legge nell’inchiesta.

    Nonostante l’UE sia consapevole delle denunce inerenti agli abusi subiti dalle persone migranti da parte delle stesse autorità con cui collabora per tenerle lontane dall’Europa, secondo il Guaridan “[l’UE] sta chiudendo un occhio”, puntando a esternalizzare il confine meridionale dell’Europa all’Africa. Inoltre, “si prevede di inviare alla Tunisia più denaro di quanto ammesso pubblicamente”.

    Un’altra testimonianza raccolta dall’inchiesta, è quella di Moussa, 28enne originario di Conakry (Guinea). Dopo essere stato catturato in mare dalla guardia nazionale tunisina e riportato a Sfax – insieme ad altre 150 persone, tra cui minori – ha affermato di aver assistito a una scena brutale in cui le stesse autorità hanno iniziato sistematicamene a stuprare le donne.

    “C’era una piccola casa […] ogni ora circa prendevano due o tre donne […] e le violentavano lì. Hanno preso molte donne. Potevamo sentirle urlare, chiedere aiuto. A loro non importava che c’erano 100 testimoni”. Inoltre, Moussa spiega che alcune riuscivano a malapena a camminare, ad altre sono stati restituiti i loro bambini ed altre ancora furono brutalmente picchiate. “C’era una donna incinta e l’hanno picchiata finché il sangue non ha cominciato a uscirle dalle gambe. È svenuta”.

    Oltre alla violenza sessuale, quindi anche le percosse fisiche e sistematiche. Lo racconta Joseph, keniano di 21 anni, che è stato prelevato dal campo profughi di El Amra lo scorso settembre durante un raid della guardia nazionale tunisina. “Siamo stati ammanettati e messi su un autobus. La polizia picchiava tutti con i manganelli: bambini, donne, anziani. Tutti”. E ancora, si legge nell’inchiesta: “Sono stato colpito molte volte [afferma Joseph]”.

    Ad altri è andata peggio: una guardia ha sparato un proiettile di gas lacrimogeno in faccia a un amico. “Il suo occhio pendeva dall’orbita e la sua gamba era stata rotta dalla polizia, quindi doveva saltare”. Joseph racconta che le autorità lo hanno infine abbandonato al confine con l’Algeria, rubandogli il passaporto, il cellulare e i soldi.

    La guardia nazionale tunisina, oltre a violenze sessuali e trattamenti inumani e degradanti, utilizza come forma di deterrenza anche l’intimidazione nei confronti di bar o caffè che offrono i loro prodotti alle persone migranti, blindando soprattutto la città di Sfax: “Adesso Sfax è off-limits. La polizia ha “ripulito” i quartieri dalle persone migranti […]. I proprietari dei bar vengono arrestati se una persona migrante viene sorpresa a ordinare un caffè. Squadracce della polizia [effettuano raid] nei distretti come Haffara, pronti a rimuovere qualsiasi persona migrante”. Le persone sono quindi segregate ad El Emra, dove non arrivano neanche gli aiuti umanitari.

    Benché l’UE continui ad affermare che lo scopo sia porre fine al traffico di esseri umani, quello che continuano a denunciare le organizzazioni umanitarie e le inchieste giornalistiche è che spesso i trafficanti fanno affari con le stesse autorità con cui collabora l’Europa.

    Infatti, sottolinea il Guardian: “L’UE afferma di voler migliorare il codice di condotta per la polizia tunisina, un’ambizione che incorpori la formazione sui diritti umani. I contrabbandieri di Sfax, tuttavia, raccontano al Guardian di una corruzione diffusa e sistematica tra loro e la guardia nazionale. La guardia nazionale organizza le barche del Mediterraneo. Li guardano entrare in acqua, poi prendono la barca e il motore e ce li rivendono”.

    Un circolo vizioso quindi, dove sostanzialmente l’UE e l’Italia si rendono artefici di false “soluzioni” securitarie da centinaia di milioni di euro, finanziando ed equipaggiando forze di polizia di paesi terzi che a loro volta collaborano con trafficanti. Trafficanti che, a differenza di chi poi viene incriminato o incriminata per “scafismo” come capro espiatorio solo perché sull’imbarcazione aiutava compagni e compagne di viaggio, si guardano bene dal rischiare la vita nel Mediterraneo. Resta quindi da chiedersi chi siano allora i veri mandanti di trafficanti, torturatori e autorità di frontiera violente.

    Calano gli sbarchi, ma muoiono altrove

    Utilizzando motovedette fornite dall’Europa, si legge nell’inchiesta del Guardian, la guardia nazionale marittima della Tunisia ha impedito a più di 50.000 persone di attraversare il Mediterraneo, da qui nasce il calo del numero di persone che arrivano in Italia e per cui Starmer si è complimentato con Meloni.

    “Si sostiene che 127 milioni di sterline (ossia oltre 151 milioni di euro) come parte di un più ampio accordo su migrazione e sviluppo siano stati trasferiti direttamente a Saied. Alla richiesta di chiarimenti, la Commissione europea afferma che il pagamento è avvenuto in seguito all’incontro con la Tunisia”, riporta il Guardian. Quindi se da un lato è vero che c’è stato un calo degli sbarchi, dall’altro il governo Meloni si guarda bene dal rivelare a microfoni e telecamere a quale prezzo.

    Di fatto, le persone migranti continuano a partire, semplicemente vengono uccise o muoiono altrove, nella piena consapevolezza di una Fortezza Europa che preferisce da un lato stipulare accordi con Paesi dove il rispetto dei diritti fondamentali non esiste; dall’altro, continuare a trincerarsi senza creare alternative sicure e percorribili che tutelino il diritto alla libertà di movimento.

    https://www.meltingpot.org/2024/09/la-verita-sul-calo-degli-sbarchi-tra-stupri-violenze-e-respingimenti-con
    #migrations #réfugiés #frontières #arrivées #statistiques #diminution #débarquements #invisibilisation #externalisation #dissuasion #pull-backs #refoulements #push-backs #viols #Tunisie #racisme #VSS #violences_sexuelles #violence

  • ENQUÊTE. Violences, surdosages médicamenteux, travail forcé : comment l’Aide sociale à l’enfance a travaillé avec des familles d’accueil sans agrément
    https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-choix-franceinfo/enquete-violences-surdosages-medicamenteux-travail-force-comment-l-aide


    Légende Un sans-abri né en France de moins de 25 ans sur deux a côtoyé l’ASE à un moment de sa vie. (W. G. ALLGOEWER / BLICKWINKEL MAXPPP)

    Au total, le montant des indemnités indûment versées durant sept ans par l’ASE du Nord à ces familles d’accueil illégales s’élève à 630 000 euros. Cette somme correspondant à l’hébergement d’une soixantaine d’enfants et d’adolescents.

    « L’#ASE était parfaitement au courant des conditions d’accueil de ces enfants, et n’a volontairement pas levé le petit doigt : qu’elle ne soit pas appelée à la barre, c’est de l’hypocrisie pure ».

    « Il y a une dilution des responsabilités dans cette affaire », estime Jean Sannier, qui regrette qu’aucun médecin, membre de l’ASE ou responsable du conseil départemental du Nord ne soit poursuivi, ni même cité comme témoin lors de l’audience. Contactée par la cellule investigation de Radio France, l’ASE du Nord n’a pas souhaité répondre à nos questions.

    #ASE #enfance #familles_d'accueil #appel_a_temoins #violences #agressions_sexuelles #soumission_chimique #justice #défaillance_politique #justice #politique #macronisme

  • “La honte doit changer de camp” : rassemblement féministe à Montpellier

    À l’initiative de collectifs et d’associations féministes, 600 personnes se sont rassemblées sur la place de la Comédie ce samedi 14 septembre en soutien à Gisèle Pélicot et à toutes les victimes de violences sexistes et sexuelles

    https://lepoing.net/la-honte-doit-changer-de-camp-rassemblement-feministe-a-montpellier
    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/09/13/proces-des-violeurs-de-mazan-ils-mont-traitee-comme-un-sac-poubelle/#comment-62391

    #feminisme #viol

  • Tunisie : l’UE réclame une enquête, après des accusations de viols sur des migrantes perpétrés par la police - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/60171/tunisie--lue-reclame-une-enquete-apres-des-accusations-de-viols-sur-de

    Tunisie : l’UE réclame une enquête, après des accusations de viols sur des migrantes perpétrés par la police
    Le journal britannique The Guardian dénonce, dans un article, les viols dont sont victimes de nombreuses femmes migrantes en Tunisie, et commis par les forces de l’ordre. Des révélations qui ont poussé la Commission européenne à demander une enquête sur les faits. « La Tunisie est un pays souverain. Lorsqu’il y a des allégations d’actes répréhensibles concernant ses forces de sécurité (...) nous attendons qu’elle enquête dûment sur ces cas ». Mardi 24 septembre, l’Union européenne (UE), par la voix d’une des porte-parole de la Commission Ana Pisonero, a réclamé une enquête aux autorités tunisiennes après la publication d’un article du Guardian. Le journal britannique relate des témoignages accusant les forces de l’ordre tunisiennes de violences sexuelles, dont des viols, sur des femmes migrantes.
    Selon la fondatrice d’une association de santé à Sfax (centre-est) – qui a requis l’anonymat - des centaines de femmes migrantes subsahariennes ont été violées par les forces de sécurité tunisiennes au cours de ces 18 derniers mois. (...)
    Le quotidien affirme également que des officiers collaborent avec des passeurs pour organiser des traversées de la Méditerranée. « La Garde nationale organise les départs de bateaux en Méditerranée, atteste Youssef, un passeur. Ils les regardent aller à l’eau, les interceptent, récupèrent le moteur et nous les revendent ». Interrogées par The Guardian, les autorités tunisiennes contestent des allégations « fausses et sans fondement », et soutiennent que leurs forces de sécurité opèrent avec « professionnalisme pour faire respecter l’État de droit sur [le] territoire, tout en respectant pleinement les principes et normes internationaux ». Ces publications alimentent une nouvelle fois la controverse face à l’accord migratoire signé en juillet 2023 entre l’UE et la Tunisie. Depuis cette date, la gestion de l’immigration dans le pays est en partie financée par des fonds européens, d’un montant de 105 millions d’euros.
    Interpellée par le journal britannique sur son financement au regard de ces accusations de viols, la Commission n’a pas répondu sur le fond mais insisté sur le fait que son financement pour les programmes de migration en Tunisie était acheminé « via des organisations internationales, des États membres de l’UE et des ONG présentes sur le terrain ». Des « experts indépendants chargés de vérifier le respect du principe de ‘ne pas nuire ‘ dans le cadre des programmes financés par l’UE » seront aussi dépêchés sur place, a-t-elle fait savoir. En mai, la Commission européenne avait déjà reconnu une « situation difficile », après une enquête journalistique documentant la manière dont des dizaines de milliers de migrants ont été arrêtés et abandonnés en plein désert au Maroc, en Tunisie et en Mauritanie.
    Signé pour faire baisser le nombre d’arrivées de migrants en provenance de Tunisie – en 2023, plus de 150 000 personnes, dont une majorité depuis les côtes tunisiennes, ont gagné l’Italie après une traversée de la Méditerranée – ce « partenariat stratégique » suscite régulièrement des critiques d’ONG et d’élus de gauche, qui dénoncent l’autoritarisme du président tunisien Kaïs Saïed et les atteintes aux droits humains dont sont victimes les migrants subsahariens dans le pays. InfoMigrants a reçu quantité de témoignages faisant état des conditions déplorables dans lesquelles les exilés vivent en Tunisie. Chassés des centres villes, une grande partie sont installés dans des camps informels le long d’une route reliant Sfax à Jebeniana. Sans aucune assistance de l’État, la vie s’y organise de manière anarchique, sans eau potable ni sanitaires et dans un climat de violence de plus en plus alarmant. De nombreuses personnes ont été blessées à l’arme blanche ou à feu lors d’affrontements communautaires ou par des Tunisiens. D’autres souffrent de maladies graves telles que le choléra ou la typhoïde.
    Des témoignages d’abandons aux frontières avec l’Algérie et la Libye sont aussi régulièrement dévoilés. (...)
    Huit mois après cet été meurtrier, en avril 2024, la médiatrice de l’UE Emily O’Reilly, a annoncé l’ouverture d’une enquête sur la manière dont la Commission s’assure du respect des droits de l’Homme, en lien avec son accord avec la Tunisie. Ses conclusions sont attendues dans les prochaines semaines.

    #Covid-19#migrant#migration#UE#tunisie#accordmigratoire#violence#droit#femme#morbidite#sante#vulnerabilite

  • La guerre des signes
    https://laviedesidees.fr/Jeremie-Foa-Survivre

    De 1562 à 1598, alors que les #guerres_de_religion privent la France de ses repères, les stratégies pour maîtriser, travestir et éliminer les signes confessionnels deviennent un enjeu de survie. Les marques extérieures de l’identité révèlent alors ce que la guerre civile fait à la société.

    #Histoire #violence #sociologie #signe #Montaigne
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20240926_foa.pdf

  • Procès des viols de Mazan : plus de 200 hommes signent une feuille de route contre la domination masculine

    Beaucoup disent que le procès des 51 violeurs est en réalité le procès de la masculinité. Beaucoup s’en offusquent, trouvant de bon ton de s’indigner parce qu’ils sont mis dans le même panier plutôt que de s’insurger face aux atrocités orchestrées par Dominique Pelicot et adoubées par tant d’autres hommes. Aujourd’hui pourtant, la question se pose : sept ans après le début de #MeToo, où en sommes-nous ? Qu’avons-nous appris ? Comment nous sommes-nous positionnés ? Où sommes-nous lorsque nos potes, nos collègues, nos frères ont des comportements ou des propos sexistes ? Où sommes-nous lorsque les femmes sont agressées ? Sans doute occupés à questionner la crédibilité de la victime, tout en affirmant que « pas tous les hommes », encore moins nous.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/09/23/proces-des-viols-de-mazan-plus-de-200-hommes-s

    #viol

  • À l’occasion du procès des viols de Mazan, nous mettons en accès libre Une culture du viol à la française.
    Valérie Rey-Robert poursuit actuellement son travail d’analyse et publiera Dix questions sur la culture du viol, aux éditions Libertalia, en mars 2025.

    Téléchargez librement Une culture du viol à la française :

    https://editionslibertalia.com/IMG/pdf/libertalia-valerie_rey_robert-une_culture_du_viol_a_la_francaise

    https://editionslibertalia.com/blog/une-culture-du-viol-a-la-francaise-libre-telechargement
    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2020/01/06/ne-nous-dites-pas-comment-nous-comporter-dites-leur-de-ne-pas-violer/#comment-62334

    #feminisme #viol

  • Autopsy and State Violence: Implications in the Death Investigation of #George_Floyd

    The killing of George Floyd by former officer Derek Chauvin of the Minneapolis Police Department on May 25th, 2020 proved to be the catalyst for yet another set of contestations between people of color and the punitive structures of the U.S. state. One part of this contestation played out in Minneapolis, where protestors took to the streets to express their sadness, shock, and rage at Floyd’s murder. These protests took center stage in the consciousness of the world, and once again demanded a reckoning with the pervasiveness of state-sanctioned murder of Black, Indigenous, and other people of color in the United States. These protests were soon followed by another contestation, one that garnered significantly less media attention, but was no less important: the struggle to properly assign a cause of Floyd’s death. While a criminal trial against Chauvin eventually proceeded, the process of determining the definitive cause of death required an additional autopsy due to doubts regarding the initial report by the Hennepin County Medical Examiner. This second autopsy was critical in the criminal trial against Chauvin and in his ultimate conviction.

    In a system where coroners and medical examiners are empowered to make definitive statements as to the cause of one’s death, Floyd’s death reveals the gaps and structural weaknesses of these processes. How might we critically examine the assumed ‘objectivity’ and ‘neutrality’ of the autopsy process in cases where law enforcement structures play a significant role in the initial death investigation, especially in cases that are imbued with questions of police violence and racialized death?

    To understand these gaps, assumptions, and the biases revealed in the aftermath of Floyd’s death, I define what the act of autopsy is and how law enforcement is served by it. I recount the events surrounding the autopsy of George Floyd and the differing causes of death that were declared. Turning to the ways coroners/medical examiners work in the service of law enforcement, I show how forensic work becomes intertwined with state power, demonstrating how ‘objectivity’ often protects said power. Finally, I contemplate the implications of these queries in regard to autopsy and the medical examiner/coroner position, given the increased attention in American society to BIPOC deaths at the hands of the state.

    My hope is that this writing can spur conversations on how we approach the politics of death investigations, especially in a time where death is all-too widespread in the public consciousness, in both public health and state brutality contexts. This work touches upon questions of systemic racism, the disproportionate killing of Black Americans by the police, and the ways in which autopsy implicates both of these things within structures of state power. This work is not novel to me, as I have written and researched the fraught nature of autopsy in Indigenous communities for most of my academic career, particularly in the context of Minnesota (Smiles 2018, 2020). The aftermath of Floyd’s death and the ensuing controversy over the autopsy of his body thus was all too familiar and saddening to me. Additionally, the location of Floyd’s death is a neighborhood in South Minneapolis where I spent much of my childhood. For this, I feel compelled in this moment to address the myriad legal and medical structures that define the act of autopsy, to assess how it comes to bear on the dead, and to account for how it factored into the contestations over the documented cause of Floyd’s death.

    https://agitatejournal.org/article/autopsy-and-state-violence-implications-in-the-death-investigation-o

    #violence_d'Etat #autopsie

  • Les demandes d’asile en France de Palestiniens en hausse
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/09/20/les-demandes-d-asile-en-france-de-palestiniens-en-hausse_6325614_3224.html

    Les demandes d’asile en France de Palestiniens en hausse
    Par Julia Pascual
    Les demandes d’asile provenant de Palestiniens sont en forte hausse en France, bien qu’elles demeurent marginales au regard des volumes globaux de demandes de protection (142 000 en 2023). Ainsi, sur les huit premiers mois de l’année, quelque 190 Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie ont requis une protection de la France, contre 67 sur toute l’année 2023, 31 en 2022 et trente en 2021, selon les données de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra).
    Ces demandes ne proviennent pas nécessairement de Palestiniens qui ont fui après le 7 octobre 2023, jour de l’attaque perpétrée par le Hamas contre Israël, pour diverses raisons. En revanche, depuis l’opération militaire israélienne, « des demandeurs invoquent de plus en plus régulièrement l’aggravation de la situation sécuritaire dans les territoires palestiniens, en premier lieu à Gaza », soulignait l’Ofpra, dans son rapport de 2023.
    Depuis le début de l’année, 90 % des demandeurs d’asile de Gaza ou de Cisjordanie ont obtenu une protection, selon l’Ofpra.La Cour nationale du droit d’asile (CNDA), qui a examiné une poignée de recours de Palestiniens non protégés par l’Ofpra, a de son côté affiné sa jurisprudence en tenant compte de la situation à Gaza. Par une décision du 12 février, la cour a ainsi jugé que, depuis le 7 octobre 2023, « la bande de Gaza connaît une situation de violence aveugle d’intensité exceptionnelle », susceptible de frapper indistinctement les civils et engendrant une « situation humanitaire dramatique ». Ce qui justifie l’octroi d’une protection subsidiaire (elle est attribuée à une personne étrangère qui ne remplit pas les conditions d’obtention du statut de réfugié, mais qui est exposé à des risques de mort ou torture).
    Par ailleurs, dans une autre décision de jurisprudence du 13 septembre, la Cour a jugé que le statut des Palestiniens bénéficiant d’une protection des Nations unies, par l’intermédiaire de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés palestiniens au Proche-Orient (UNRWA), était voué à basculer en statut de réfugié en France, en raison de l’ineffectivité de la protection de l’UNRWA dans la bande de Gaza. La CNDA s’appuie sur des données de l’ONU selon lesquelles, depuis le début des hostilités, huit Palestiniens sur dix ont été déplacés, près de 40 000 ont été tués et plus de 90 000 blessés. En outre, près de 350 000 personnes connaissent la famine. Et 50 % des installations d’eau et d’assainissement sont endommagées ou détruites.

    #Covid-19#migrant#migration#palestinien#gaza#cisjordanie#refugie#france#UNRWA#CNDA#ONU#protection#asile#sante#violence

  • Face aux violences, le silence assourdissant de la direction du Collège Stanislas

    Après la condamnation de l’ancien directeur de l’internat pour violences, Stanislas a choisi de garder le silence. Nous, vingt anciens élèves et pensionnaires de Stanislas, demandons que l’institution fasse toute la lumière sur ces violences.

    « Il faut toujours dire ce que l’on voit ; surtout il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l’on voit » (Charles Péguy, Notre Jeunesse)

    Monsieur Igor le Diagon, directeur du Collège Stanislas,
    Lundi 9 septembre 2024, la justice a reconnu Olivier P. coupable de violences physiques et psychologiques sur quatre de vos anciens élèves de classes préparatoires. Certaines victimes ont témoigné à l’audience de graves traumatismes et de séquelles psychologiques. Ces violences, désormais reconnues par la justice en première instance, ont été commises entre vos murs, sous l’autorité de la direction [1], pendant cinq ans, par un homme qu’elle avait recruté et qui affirme qu’elle lui avait donné toute latitude pour les commettre [2].

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/09/20/face-aux-violences-le-silence-assourdissant-de

    #ecole #violence

  • Évènement « Protéger les victimes de violences conjugales et prévenir les féminicides : retour d’expérience des forces de sécurité 5 ans après le Grenelle des violences conjugales »

    À l’occasion de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, l’Observatoire régional des violences faites aux femmes du Centre Hubertine Auclert vous invite à la présentation de sa nouvelle étude sur l’évaluation du danger et la protection des victimes.

    L’inscription est obligatoire et gratuite, dans la limite des places disponibles.
    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/05/20/communique-cessons-de-banaliser-les-cyberviolences-conjugales/#comment-62310

    #feminisme #violence

  • Pour la première fois, à la barre, Gisèle Pelicot hausse le ton : « J’ai l’impression que la coupable, c’est moi »
    https://www.lefigaro.fr/faits-divers/j-ai-l-impression-que-la-coupable-c-est-moi-et-que-les-50-victimes-c-est-ce

    Gisèle Pelicot arrive, déterminée, à la barre. Pour la première fois, elle hausse le ton. « Depuis que je suis arrivée dans cette salle d’audience, je me sens humiliée. Je serais complice de Monsieur Pelicot ? Je serais alcoolique ? Exhibitionniste ? Je suis une femme pudique. L’échangisme et le triolisme ne font pas partie de ma culture. En tant que femme, l’humiliation est totale. C’est tellement dégradant. Et très éprouvant », déclare-t-elle avec une certaine fermeté. Et ajoute, indignée : « je comprends que les victimes de viol ne portent pas plainte : on doit passer par un déballage humiliant ».

    La septuagénaire, droguée et violée à son insu par 51 hommes, dont son mari Dominique Pelicot, se dit également profondément choquée par toutes les questions concernant l’horodatage des vidéos filmées par son ex-mari. « Est-ce que c’est une question de temps, le viol ? Trois minutes c’est pas un viol, mais une heure c’est un viol ? Si, à cet instant, ces hommes avaient devant eux leurs filles, est-ce qu’on aurait le même débat sur l’horodatage des vidéos ? Aujourd’hui, j’ai l’impression que la coupable, c’est moi, et que les 50 victimes, ce sont ceux qui sont derrière moi. » Tout à coup, Gisèle Pelicot lève la voix, s’emporte : « Je m’interroge : à partir de quel moment on considère qu’un mari décide pour sa femme ? Quand on voit une femme inerte, comme ça, dans son lit, on la viole ? ». Et, désignant les accusés : « Ils n’ont pas de cerveau ? C’est quoi ces hommes, des dégénérés ? »

    • « Vous l’avez dit ou vous ne l’avez pas dit ? »

      Quelques accusés se raclent la gorge, protestent. Mais plus rien n’arrête Madame Pelicot. « Oui ! Je le dis : dégénérés ! Et j’ai le droit de le dire : ce sont des dégénérés ! ». Pas un des mis en cause ne bronche cette fois-ci. L’avocat général, resté jusqu’alors assez silencieux, l’interroge sur les propos tenus la semaine dernière par le bâtonnier Me Guillaume de Palma qui, défendant 6 accusés, avait déclaré : « il y a viol et viol. Sans intention de le commettre, il n’y a pas viol ». Interpellée par la question du ministère public, Gisèle Pelicot, d’habitude si calme, s’emporte et sort de ses gonds : « Je n’ai pas l’habitude de m’énerver, mais là, franchement, ça suffit ! Non, il n’y a pas “viol et viol” ! », martèle la septuagénaire, « ce bâtonnier aurait-il dit cela si c’était sa fille qui se présentait aujourd’hui à la barre ? Non, je le redis : un viol est un viol. Point ». 

      Réagissant aux propos de Gisèle Pelicot, le bâtonnier, Me Guillaume de Palma, s’avance. Et, s’adressant au ministère public : « Vous vous faites le relais de ce que disent les médias ! Je ne veux pas qu’on spécule sur ma mère, ma fille ou autre ». Des voix s’élèvent, des robes noires s’agitent, une confusion s’installe. « Ce n’est pas le moment d’entrer dans un débat périphérique à ce débat », proteste le président de la cour Roger Arata, tentant d’apaiser la salle : « quand nous aurons terminé l’audition de Madame Pelicot, nous nous réunirons, et nous viderons l’abcès » concernant cette polémique. Des avocats s’offusquent. Gisèle Pelicot, imperturbable, reprend le dessus et s’adresse au bâtonnier : « Alors, vous l’avez dit, ou vous ne l’avez pas dit ? ». Peu audible au milieu du brouhaha, elle hausse le ton et réitère, ferme et définitive : « Vous l’avez dit ou vous ne l’avez pas dit, qu’il y a viol et pas viol ? ». 

      « Madame, je voulais dire qu’il y avait viol dans son acceptation journalistique et dans son acceptation juridique », répond le bâtonnier, peu convaincant, « je suis désolée que ces propos vous aient blessée et choquée. Mon intention était de rappeler la règle de droit ». Il marque une pause. Puis : « nous devons tous assurer la sérénité des débats. Il ne s’agit pas de... », sa voix s’élève tout à coup, résonne dans toute la salle, il fulmine, s’égosille, « ...de jeter du sel, encore et encore, sur une polémique ! », tonitrue Me de Palma. Le président lui demande « d’arrêter de hurler ». Alors, le bâtonnier se tourne vers ses confrères : « Cette polémique a été alimentée à tel point que, nous, avocats, nous avons désormais le sentiment d’être devenus des accusés... » La salle se tait. Me de Palma retourne à sa place. L’un de ses confrères prend sa défense : « Madame, les avocats défendent les criminels... Et pas les crimes ».

    • Elle a quelque chose de Dimitrov.
      Je lis les CR de Le Monde par le journaflic maison Henri Seckel, descendu dans le sud pour l’occase. Elle, elle assure grave. Tout le monde doit l’admettre. Avoir choisi la publicité des débats permet de rendre visible la partition usuelle des avocat.es de la défense en matière de viol (accuser celle qui a été violée). Là, ils ont du se modérer car la presse était là, et pourtant.

      https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/09/19/au-proces-pelicot-l-accusatrice-accusee-je-comprends-que-les-victimes-de-vio

      (...) deux avocats de la défense avaient obtenu que soient diffusées devant la cour criminelle du Vaucluse quelques photos de Gisèle Pelicot extraites d’un disque dur de son époux, estimant qu’elles seraient « utiles à la manifestation de la vérité ». Gisèle Pelicot est donc venue à la barre mercredi après-midi, sa fille Caroline, qui l’épaule chaque jour, avait quitté la salle à la demande de sa mère, et vingt-sept clichés ont défilé dans le silence : Gisèle Pelicot nue et visiblement consciente, des positions lascives, des gros plans sur son entrejambe.
      L’intéressée dit n’avoir aucun souvenir de ces instantanés – pris, selon elle, à son insu ou lorsqu’elle était sédatée par son mari –, mais elle comprend très bien la manœuvre : « On cherche à me piéger avec ces photos, on veut montrer que j’ai appâté ces individus chez moi et que j’étais consentante. »

      « En fait c’est moi la coupable, c’est ça ? »

      « J’observe que Mme Pelicot est éveillée, on la voit sourire, dit en effet Isabelle Crépin-Dehaene, avocate de la défense à l’initiative de cette diffusion. Toutes les femmes n’accepteraient pas ce type de photos. Elles montrent qu’il y a eu une demande de la part du mari parfaitement connue par l’épouse. J’en déduis qu’il y avait au sein du couple Pelicot un jeu sexuel qui leur est propre. »
      Me Crépin-Dehaene suggère que certains clichés aient pu servir à Dominique Pelicot pour attirer chez lui des hommes à qui il offrait, dans leur chambre, sa femme préalablement droguée. « Peut-être ces photos ont-elles pu légitimement faire penser à l’homme recruté sur Internet que madame était désireuse du jeu sexuel et consentante pour un moment à trois. »

      Gisèle Pelicot peine à garder son flegme [déjà légendaire, ndc] : « J’ai appâté, j’ai fait semblant, j’étais ivre, j’étais complice… Il faut un sacré degré de patience pour supporter tout ce que j’ai pu entendre. Maintenant on montre ces photos prises à mon insu. En fait c’est moi la coupable, c’est ça ? » « Je vous rassure, ce n’est absolument pas votre procès », s’est-on senti obligé de lui dire, du côté de la défense. « Un petit peu quand même », a-t-elle répondu.

      [...]

      La réalité est que la publicité des débats choisie contre toute attente par Gisèle Pelicot dérange terriblement les accusés. L’hostilité à son endroit, mercredi, de la part de certains avocats de la défense pourtant bridés par la présence des journalistes, donne une idée du jeu de massacre qu’aurait été ce procès s’il s’était tenu à huis clos.

      (ce sur quoi travaille la police-justice, dans ce cas comme dans d’autres, c’est l’intention. ici c’est la thèse du viol sans en avoir conscience qui est servie par les accusés et leurs avocat.e.s)

      #viol #justice #culture_du_viol #Gisèle_Pelicot #justice

  • The brutal truth behind Italy’s migrant reduction : beatings and rape by EU-funded forces in Tunisia | Global development | The Guardian
    https://www.theguardian.com/global-development/2024/sep/19/italy-migrant-reduction-investigation-rape-killing-tunisia-eu-money-kei
    Reportage à Sfax

    “nine in 10” of all African female migrants arrested around Sfax had experienced sexual violence or “torture” by security forces.

    Il y a 100.000 migrants bloqués à Sfax, espérant passer en Europe. L’article indique que Kaïs es Saïd, tout en les vouant aux gémonies et donc en lachant sa police sur eux, cultive ce nombre comme une menace pour forcer l’Europe à payer

    Using patrol boats provided by Europe, Tunisia’s maritime national guard has prevented more than 50,000 people crossing the Med this year, prompting the steep fall in numbers reaching Italy that so piqued Starmer’s interest this week. “Tunisia is being paid to become Europe’s coastguard,” says Amami.

    It is a well-remunerated role, seemingly for its president too. It is claimed that £127m as part of a wider migration and development deal was transferred directly to Saied. Asked for clarification, the European Commission says the payment followed Tunisia meeting “mutually agreed conditions”.

    There are also questions about why no EU human rights impact assessment into Tunisia was commissioned before the pact was announced. Similarly, why it has avoided parliamentary oversight.

    Emily O’Reilly, the EU ombudsman, says it is inconceivable the EU had no idea the police were repeatedly abusing migrants. “They would not be unaware of the situation in Tunisia.”

    Even so, no apparent attempt has been made to suspend payments to Tunis.

    Next month O’Reilly publishes the result of her inquiry into the agreement, findings likely to raise fresh questions over its integrity.

    A European Commission spokesperson says about reports of abuses by the national guard: “The EU remains engaged to improve the situation on the ground.”

    A person walking through the desert
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    A figure walks through the Tunisian desert in Nefta, near the Algerian border. Long journeys by migrants are often ended in squalid camps. Photograph: Stefanos Paikos
    Documents indicate payments have already been made to the national guard. Circulated last December, an action plan indicates that £21m has been “delivered” for patrol vessels, training and equipment for the maritime national guard.

    Reports suggest the EU is already planning to extend funding up to £139m over the next three years to Tunisia’s security forces.

    The Tunisian authorities have rejected the Guardian’s allegations as “false and groundless”, saying that their security forces operate with “professionalism to uphold the rule of law on our territory, while fully observing international principles and standards”.

    A statement says Tunisian authorities “spared no efforts” to meet migrants’ basic needs, combat criminal networks that “exploit vulnerability” and tackle irregular migration by complying with international human rights law.

    #Tunisie #viols #migrants #migrantes #assassinats

    • Les méchants, ce ne seraient pas ceux qui proposent de l’argent contre la mise en place de camps de rétention. Les méchants, seraient ceux qui appliquent ces plans, et dont on dit qu’ils demandent de l’argent pour continuer à appliquer ces plans, parce qu’en fait, les camps sont toujours plus grands et toujours plus inhumains, et que les maintenir coûte toujours plus cher.

      Ceux qui pensent que des camps en lisière de l’Europe pourront résoudre quoi que ce soit sont des criminels. On le sait. On a mis les mots qui conviennent à l’encontre d’un des directeurs de Frontex. Et il faudrait le faire pour tous les directeurs de Frontex. Que plus personne n’ose prendre la tête de cette institution odieuse.

  • « La banalité du mâle ? »

    Les viols de Mazan : ce cauchemar vivant doit absolument être l’occasion de réfléchir sur les hommes avec les femmes. Ceux qui doivent réfléchir, travailler sur eux-mêmes, affronter leurs démons, ce sont les hommes. J’en suis un, j’essaye. J’essaye en particulier d’examiner si cette affaire est vraiment « hors normes », ou n’est pas, au contraire, un reflet d’une partie de la société humaine.

    https://blogs.mediapart.fr/michel-broue/blog/160924/la-banalite-du-male
    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/09/13/proces-des-violeurs-de-mazan-ils-mont-traitee-comme-un-sac-poubelle/#comment-62279

    #feminisme #viol

  • #Detention_landscapes. Mapping violence in detention

    An evidence-based platform that documents human rights violations inside immigration detention facilities.


    This is an ongoing collaborative project, between Border Criminologies, Mobile Info Team and the Border Violence Monitoring Network. It seeks to develop and maintain an interactive, open access database of human rights violations inside immigration detention facilities, with an initial focus on Greece. Detention has become a worrying fixture of asylum and removal procedures across Europe, subjecting individuals to reprehensible conditions and systematised violence that takes place within closed structures that are increasingly restricted from the public. This results in a vacuum whereby detainees find it virtually impossible to claim their rights. By pooling knowledge and making it freely available, this project documents the conditions and behaviour of law enforcement personnel inside detention centres, serving as an evidence base to support further research, legal action and advocate for justice and accountability. The database also hopes to facilitate trans-regional learning and maximise opportunities for advocates and lawyers in other parts of the world to access information that could strengthen their work. The database has been funded by ESRC-IAA grants and Open Society Foundations.

    https://detentionlandscapes.uwazi.io/en
    #violence #rétention #détention_administrative #cartographie #visualisation #base_de_données #Grèce #migrations #réfugiés #photographie #cartographie_participative #crowd-sourcing

  • Les #viols de #Mazan et le juste #silence des #hommes

    Au beau milieu du #procès des viols de Mazan, surgit la question de la #parole_masculine. Si l’on doit reconnaître que l’expression des hommes est peu présente aux côtés de celle des féministes, il faut s’interroger sur les raisons de notre #mutisme et sur certains de ses bienfaits.

    Il serait erroné de penser que le #silence_masculin face à l’étalage d’une #brutalité comme celle des viols de Mazan ne serait que le signe d’une #indifférence, voire d’une sorte #complicité inconsciente vis-à-vis des accusés. Bien sûr, il n’est plus à démontrer qu’une partie d’entre nous continue de rêver de viol, de brutalité et de torture. L’analyse que j’avais faite des sites de Punters (sorte de Trip Advisor de la prostitution où les « clients » partagent leurs commentaires sur les femmes prostituées, dont ils parlent comme d’animaux à consommer1) montre combien certains peuvent s’extraire de toute forme de compassion, dès qu’il s’agit de s’approprier le corps d’une femme.

    Pour le reste, face à cette affaire, c’est, chez beaucoup d’entre nous, la #sidération qui domine. Que #Dominique_Pélicot ait pu endormir sa femme, Gisèle, à coups de somnifères pour la louer à des dizaines d’inconnus demeure éloigné des fantasmes de beaucoup d’hommes, peut-être de la majorité d’entre nous, en tout cas on peut l’espérer.

    Du coup, exprimer notre #dégoût, notre #incompréhension, voire notre #colère vis-à-vis de la #souffrance ainsi infligée à des #femmes, peut rapidement se transformer en un discours « #not_all_men ». Beaucoup d’intellectuels masculins ont peut-être compris que le temps où l’on pouvait dire « je suis un homme bien et je condamne toutes ces violences » est peut-être terminé.

    En effet, si, individuellement notre comportement est exempt de toute forme de #violence_sexuelle, cela ne postule pas pour autant notre non-participation à une #culture_de_domination_masculine qui trouve son expression dans toutes sortes de domaines et de situations possibles. La plupart des hommes occidentaux, nous condamnerons facilement l’interdiction faite aux petites afghanes d’aller à l’école et de s’instruire, soucieux que nous sommes d’envoyer nos filles à l’université. Sommes-nous, pour autant, sortis d’un mode de #domination_patriarcale, collectivement et individuellement ? Notre société est-elle égalitaire ? C’est un raisonnement souvent entendu.

    La #justification par « l’autre » est au cœur de la #stratégie_de_défense de nos #privilèges (comme j’en parlerai bientôt dans des vidéos à propos de ce sujet 2). A côté des Talibans, nous ressemblons à des hommes égalitaires. Face à la violence raciste systémique des États-Unis, nous pouvons nous bercer dans l’illusion que la France, par exemple, est un refuge universaliste où la République chérit tous ses enfants. Nous savons qu’il n’en est rien. Mais pourtant le problème est toujours à rechercher chez « l’autre » : l’étranger, l’homme des quartiers populaires, l’alcoolique, le Musulman...

    Dans cette perspective, la figure du « #monstre » de Mazan, du "#détraqué", est bien commode car elle permet d’oublier que certains « faits divers » représentent seulement la partie saillante d’un système où, même l’homme le plus doux sur le plan intime, joue un rôle de premier plan, parfois même malgré lui, dans la domination. Et cette fois « #all_men ».

    Car on peut être le plus respectueux des compagnons et à la fois terroriser ses collègues femmes, les harceler, les discriminer. Comme le montrent souvent ces affaires médiatiques, il est possible d’être un père aimant tout en consommant en cachette de la pédopornographie, en ne pouvant ignorer l’existence de victimes bien réelles. On peut être un « saint vivant » statufié de son vivant et dans le même temps, un violeur en série. Combien d’hommes autoproclamés « féministes » finissent par se retrouver sur la longue liste des personnalités qui ont agressé ou violé des femmes ? On se souvient d’un député écologiste qui posait pour des campagnes féministes, du rouge aux lèvres, avant d’apparaître comme un des « porcs » de la saga #MeToo. On ne peut oublier tel humoriste, tel sportif, tel artiste. Tous tellement formidables avec les femmes… On a connu des hommes merveilleux qui tabassaient leur compagne jusqu’à la tuer. On se souvient des hommes « universalistes » qui militaient contre la parité en politique. On se souvient. Et nous devons en tirer les leçons, même si nous n’en venons personnellement à aucune de ces extrémités.

    La seule question qui devrait nous occuper consiste à découvrir, face à l’affaire de Mazan et puisque nous appartenons au groupe hiérarchiquement valorisé, quels sont les domaines où, individuellement, nous sommes en position de provoquer de l’#injustice, de la #souffrance, en tant qu’hommes, en tant que blancs (et blanches), hétérosexuel.le.s, sans handicap, etc.

    L’accumulation de tous nos silences, de toutes nos indifférences et surtout de toutes nos petites #participations au renforcement de notre position privilégiée pourrait monter jusqu’au ciel. Avec pour avantage que cette montagne passe inaperçue, en permanence, en toute légitimité et dans le sentiment d’être du bon côté de la #masculinité et de la #blanchité. Le camp dont l’#hégémonie et la #toxicité sont émiettées, mosaïques, invisibilisées derrière des discours « universalistes », « féministes » au masculin. Derrière les « justes » et les « alliés ».

    Une certaine forme de silence des hommes face au procès de Mazan pourrait être une bonne chose s’il consiste, même inconsciemment, à se sentir personnellement impliqué dans cette culture dont nous jouissons en secret et qui parfois prend les formes les plus inouïes, jusqu’à occuper la Une des chaines d’information.

    C’est dans la coulisse qu’il nous faut chercher, dans nos angles morts. Mais ça, c’est une autre question.

    https://blogs.mediapart.fr/patricjean/blog/130924/les-viols-de-mazan-et-le-juste-silence-des-hommes

  • Contre la banalité des violences sexistes et sexuelles

    Communiqué LDH

    Rassemblements le samedi 14 septembre 2024, à 14h place de la République à Paris, et partout en France

    Le procès de Mazan, où sont jugés une cinquantaine d’hommes pour les viols sous soumission chimique dont ils sont accusés à l’encontre de Gisèle Pelicot pendant 10 ans, est exceptionnel quant à la durée, la méthode en cause et le nombre de prévenus impliqués. Nous saluons le courage dont cette femme a fait preuve en refusant le huis clos afin que puisse émerger un vrai débat de société sur la soumission chimique et pour que le public soit informé pour mieux la combattre.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/09/13/proces-des-violeurs-de-mazan-ils-mont-traitee-comme-un-sac-poubelle/#comment-62254

    #viol