Nicole Garreau

Poétesse sans talent et dictateuse sans vergogne

  • n’avait-elle pas promis qu’elle postulerait pour pouvoir participer à cette nouvelle saison de « Secret Story » ?
    — Si, mais la production l’a recalée lors du casting : il paraît que « Je suis une punkàchienne goudou nullipare stoïco-nihiliste kimilsungiste-kimjongiliste-kimjonguniste cacochyme et valétudinaire  » était un secret tellement facile à deviner que ça allait tuer le game puisque les autres candidat·e·s auraient juste eu à regarder sa tronche pour trouver instantanément l’intitulé exact.

    • Après j’en avais un deuxième au cas-z-où, j’avais « J’ai brûlé mes soutifs sur les barricades pendant la guerre de 176 et maintenant j’ai les seins qui tombent », mais soi-disant que là aussi j’aurais été démasquée immédiatement.

      On se demande bien pourquoi.

  • écoute « Le Journal intime d’Édith Piaf », sur France Musique — enfin ce n’est pas son vrai journal intime, bien sûr, la Môme n’était pas diariste et c’est donc un truc rédigé par une tierce personne.

    N’empêche, voilà que dans le secret de la thébaïde la cacochyme punkàchienne se surprend à fredonner :

    « Ouiiiiiiii, tout de tout
    Ouiiiiii, je regrette presque tout
    Et le bien qu’ j’ai pas fait
    Et le mal
    Tout ça ne m’est pas égal
    Ouiiiiiiii, tout de tout
    Ouiiiiii, je regrette presque tout
    Ressassé, répété, martelé
    Prisonnière du passé.

    Avec mes souvenirs
    J’ai vécu très très peu
    Mon chagrin, l’ déplaisir
    M’ont tuée à petit feu
    Balayée sans bravoure
    Vieillarde sans libido
    Balayée pour toujours
    Je suis bloquée à zéro. »

    Faut vraiment être mégalo et ne rien avoir à faire.

  • doit dire que les ceusses la font bien rire : iels s’extasient devant un·e écureuil·le ou un·e hérisson·ne parce que c’est « kro mignon », mais poussent des cris d’orfraie dès qu’il y a un·e rat·e qui passe à moins de deux cents mètres. Eh, oh ! Iels sont au courant qu’un·e rat·e c’est juste un·e écureuil·le ou un·e hérisson·ne qui s’est coupé les cheveux ?

    En fait de musophobie c’est seulement de la discrimination capillaire, et fort heureusement ça tombera sous le coup de la proposition de Loi n°1640 de la seizième législature — du moins dès qu’à l’issue de la navette parlementaire ladite Loi sera votée.

    Pour une fois que quelque chose va dans le bon sens au sein de la République bananière, il faut le noter aussi.

    Rongeureuses de tous pays, unissez-vous !

  • y songe quotidiennement, bien sûr, c’est même une pensée de presque tous les instants mais celle-ci l’envahit principalement le matin au réveil, lorsque la vieille punkàchienne constate dépitée que le monde (ou du moins l’illusion d’icelui) est toujours là — pire, qu’il est toujours identique à celui qu’elle avait laissé en se couchant.

    Aller s’allonger sur les rails de chemin de fer et y attendre le passage du train ? C’est évidemment la méthode qui aurait sa préférence mais en province il n’y a qu’une Micheline® tous les trente-six du mois et elle roule à 0,05 km/h, alors la/le conducteurice aurait mille fois le temps de s’arrêter.

    Se jeter d’une falaise ou d’un promontoire rocheux ? Dans le coin il n’y en a pas beaucoup d’assez hauts et les rares qui le seraient surplombent de la végétation, alors tout ce qu’elle réussirait à faire c’est se retrouver accrochée à une branche d’arbre avec une jambe cassée.

    Se mettre la tête dans le four thermostat 12 ? Dans un vieux four électrique le résultat est hypothétique, elle parviendrait certainement à gratiner un peu mais plus difficilement à se débarrasser de la vie.

    Avaler quinze boîtes de barbituriques ? Déjà elle n’en a pas et surtout ce truc-là ne fonctionne jamais, on le voit bien dans les bouquins, l’héroïne se retrouve à chaque fois sur un brancard avec des tuyaux partout et une leçon de morale judéo-chrétienne à la clef.

    Plonger dans le lac avec un parpaing autour du cou ? Elle sait nager et puis si elle n’a pas le talent de Virginia Woolf, force est de reconnaître qu’elle n’en a pas le cran non plus.

    Pffffff, non, ce qu’il lui faudrait c’est une bonne petite capsule de cyanure — pour une cynique cela paraît tout indiqué — ou, mieux, une arme à feu — elle a vu que l’on faisait maintenant de très beaux petits pistolets très girlys, pratiques et maniables, avec des crosses roses et des balles parfum patchouli. Elle s’amuse à imaginer la trajectoire compliquée que le projectile à la recherche désespérée du cerveau décrirait dans son crâne, la petite explosion, le bien absolu que cela doit procurer, et cette pensée l’apaise. Imaginer que l’on clabote c’est déjà claboter un peu.

    Allez, vivement demain matin qu’elle se remette à joyeusement ruminer tout ça.

  • vous en conjure, les bourges, essayez au moins d’aborder la question dans le bon sens ! « Ouin ouin, les réseaux sociaux sont nocifs pour nos enfants ! », qu’iels pleurnichent, les ceusses, dans la radio. C’EST L’INVERSE, vains dieux ! Ce sont vos monstres qui sont nocifs pour les réseaux sociaux !

    Tenez, c’est comme quand vous versez des larmes de crocodile en vous demandant dans quel état vous allez leur laisser la Terre : demandez-vous plutôt quelles horreurs de mioches vous allez laisser à cette pauvre planète !

    Visiblement la parentalité fait perdre toute objectivité.

  • connaissait un peu Beth Hart, oui — enfin elle connaissait sa très chouette tessiture, elle l’avait déjà entendue chanter, du rock, du prog, du jazz, de la soul, du blues et toutes ces choses. C’est grave, c’est rauque, c’est profond, bref, c’est vrai que vocalement la meuf envoie du pâté ; étant donné que sur ce flux SeenThis on a le sens de la mesure on n’ira pas jusqu’à la comparer à Janis Joplin, Amy Winehouse ou Etta James m’enfin bon, compte tenu des zigouigouis que sa voix provoque dans la colonne vertébrale, on n’est parfois pas très loin.

    Seulement voilà, quelle déception en la voyant aujourd’hui pour la première fois en vidéo ! On dirait une hétérote — ou plutôt une sorte d’image d’Épinal pour hétéros sudistes souhaitant s’encanailler ! À voir les regards concupiscents des spectateurs mââââââles braqués sur son popotin, difficile d’être certaine que les ceusses soient là par pure mélomanie, la rockeuse en surjoue à l’envi, renforce les stéréotypes honnis et cette très basique « érotisation », outre le fait qu’elle fasse assez peu rebelle, gâche le plaisir que l’on pouvait avoir à écouter la véritable chanteuse qu’elle est pourtant.

    Comment ils disaient, déjà, les Buggles ? Ah oui, voilà : « Video Killed the Radio Star ».

  • ne l’a pas fait, non, cette fois-ci — les années précédentes, lorsque les ceusses organisaient de grandes randonnées pédestres autour du patelin, la veille au soir elle allait subrepticement ficher la pagaille dans le balisage : elle changeait les piquets de place, inversait les panneaux directionnels, obligeant les Parisien·ne·s à revenir sur leurs pas ou à tourner en rond, les envoyant dans des culs-de-sac, les dirigeant vers des cours de fermes où les koulaks les accueilleraient à coups de fourches, les précipitant dans des ravins ou des marécages desquels certain·e·s ne reviendraient jamais.

    Las ! cela ne sert plus à rien : désormais le balisage iels s’en fichent, iels « randonnent » le pif collé sur l’écran de leurs espèces de talkies-walkies — il paraît qu’il y a tout là-dessus, les itinéraires, la topographie, les temps, les distances, leurs pulsations cardiaques (oh, les pauv’ choux), la météorologie et même le portrait du président de la République. Avec tant de guides infaillibles il n’y a plus moyen de les perdre en se contentant de saboter la signalétique au bord du chemin : iels n’en ont pas besoin et ne l’utilisent simplement pas.

    Cette saleté de technologie aura privé la très méchante Garreau d’un de ses derniers petits plaisirs.

  • a beau être asociale, lors de sa promenade elle salue toujours les époux Vantail :

    « Bonjour madame Vantail !
    Vous avez là un bien beau papeau ;
    Bonjour monsieur Vantail !
    Qu’est-ce que c’est que ces oripeaux ?
    Vous effrayez peut-être la volaille
    Mais vraiment pas les vieilles Garreau. »

    En fait son problème est toujours le même, hein : trois ans d’âge mental dans un corps de centenaire.

  • écoute une spécialiste du bonheur déblatérer à la radio sa recette pour être heureuse : un joyeux mélange de « pensée positive » (lol) avec une pincée de bondieuserie orientale, une cuillerée à café de philosophes allemands, un bon nappage de programmation neuro-linguistique, une grosse louchée de lieux communs, le tout saupoudré d’une sérieuse couche de déni et de quelques grains de méthode Coué.

    Les gens heureux sont une secte.

  • vous jure... iels ne savent plus quoi inventer... là elle revient du petit temple commercial du village où maintenant les ceusses vendent des bougies « parfum végane » ! Si si ! C’est marqué dessus ! Non mais allô, quoi ! D’abord en bon français il y a un mot et c’est « végétalien·ne », ensuite « parfum végane » ça ne veut rien dire ! Depuis quand les bougies mangeraient-elles autre chose que de la cire et de l’oxygène ? Ou alors... c’est l’inverse, ça s’applique aux gens qui les bouffent ? Il existe des bougivores ? Dans ce cas aussi le terme serait inapproprié, puisque ce sont eux les « véganes » et non les bougies elles-mêmes !

    Il y a bien une troisième solution, c’est qu’à la place de la cire lesdites bougies soient composées de petits morceaux d’herbivores — mais ça la vieille Garreau n’ose l’envisager, elle frôlerait encore l’obtention d’un énième point Godwin.

    Misère de misère de misère.

  • n’est pas et n’a jamais été très rimbaldienne : elle reconnaît que le ceusse a écrit deux-trois trucs techniquement pas mal (mais, à choisir, son injustement éclipsé compère Verlaine s’en euh... s’en tirait plus efficacement), elle admet que sa vie de patachon était hors du commun (mais dans le genre mâche-laurier qui a roulé sa bosse elle préfère aduler Eberhardt, qui fut un temps considérée comme sa fille spirituelle et qui a vécu des trucs idéologiquement moins douteux et mille fois plus inspirants), cependant et au pas très humble avis de votre vieille acariâtre préférée il n’y a pas non plus dans l’œuvre ou l’existence du Carolopolitain de quoi casser trois pattes à un canard, et son statut de super-star de la poésie est largement usurpé.

    Pourquoi la Garreau déblatère-t-elle cela tout à trac ? Parce qu’elle a tenté de regarder hier soir « Splendide Hôtel : un voyant en enfer », sorte d’objet cinématographique mal défini qui traînait sur le site d’Arte. Las ! se proposant de gloser autour des pérégrinations arabo-africaines du poète auto-déchu le film dérive en une espèce de voyage hallucinatoire sans grande cohérence, et les perpétuels anachronismes paraissant à l’image empêchent tout ancrage dans quelque époque ou réalité que ce soit. Ça aurait pu être une bonne idée, un bon parti pris, l’envie de montrer un certain universalisme du propos : au lieu de cela ça s’enlise dans un verbiage masturbatoire, on sent bien qu’en tombant dans toutes les caricatures le cinéaste se gargarise du génie qu’il est persuadé posséder, et après une grosse demi-heure de visionnage la vieille spectatrice s’endormit devant son écran comme la bienheureuse qu’elle n’est pas.

    Qui plus outre elle est presque sûre que si ce Rimbaud vivait actuellement le ceusse serait un petit arriviste macrono-lepeniste ou lepeno-macroniste ; c’est tout à fait le genre.

    Flûte, ce dazibao est aussi décousu que le film qu’il était censé éreinter.

    #MamieNicoleEstAigrie.

    • La jambe de Rimbaud
      De retour à Marseille
      Comme un affreux cargo
      Chargé d’étrons vermeils
      Dérive en immondices
      À travers les égouts
      La beauté fut assise
      Un soir sur ce genou

      Horreur Harrar Arthur
      & tu l’as injuriée
      Horreur Harrar Arthur
      Tu l’as trouvée amère…/…La beauté ?

      Une saison en enfer
      Foudroie l’Abyssinie
      Ô sorcière ô misère
      Ô haine ô guerre voici
      Le temps des assassins
      Que tu sponsorisas
      En livrant tous tes flingues
      Au royaume de Choa

      Horreur Harrar Arthur
      Ô Bentley ô château
      Horreur Harrar Arthur
      Quelle âme, Arthur…/…Est sans défaut ?

      Les poètes aujourd’hui
      Ont la farce plus tranquille
      Quand ils chantent au profit
      Des derniers Danakils
      Juste une affaire d’honneur
      Mouillée de quelques larmes
      C’est quand même un des leurs
      Qui fournissait les armes

      Horreur Harrar Arthur
      T’ es vraiment d’outre-tombe
      Horreur Harrar Arthur
      & pas de commission
      Horreur Harrar Arthur
      & pas de cresson bleu
      Horreur Harrar Arthur
      Où la lumière pleut

      (HF Thiéfaine)

  • se dit que finalement la seule chose qui la différencie réellement des complotistes, c’est qu’elle sait bien que l’humanité est beaucoup trop bête et orgueilleuse pour comploter quoi que ce soit : pour conspirer il faut être plusieurs, ce qui est impossible dans un monde capitaliste où tout·e un·e chacun·e n’a de cesse qu’iel ait tiré toute la couverture à ellui.

    Dommage, parce que c’était vraiment tentant de se mettre à soupçonner les satanistes illuminatis francs-maçons islamo-gauchistes judéo-droitistes LGBTQQIP2SAA++.

    • Qu’est-ce que j’avais dit, déjà, jadis, pour amuser le Lectorat ? Ah voilà, le Service des Archives de la Dictatature du Punkàchiennariat vient de retrouver la citation : « Les complotistes c’est comme Vladimir Vladimirovitch : les bonnes méthodes au service des mauvaises causes ».

  • ferait volontiers sienne la remarque ouïe à l’instant dans « La Chute de Lapinville », un feuilleton baladodiffusé d’Arte mettant notamment en scène une podcasteuse tyrannique : « À la radio tout s’entend ; même si tu es mal peigné·e ça s’entend ». Tellement vrai ! On gagne tellement en perception et en précision quand on n’est pas parasité·e par des images ! Ah vous pouvez vous aligner, hein, avec vos espèces de Minitel en couleurs ! Rien n’arrivera jamais à la cheville d’un roman ou d’un bon vieux transistor !

    Haro sur vos technologies bling-bling, vos vidéogrammes et vos connexions 4G, 5G ou on-ne-sait-plus-combien-de-G ! Mettez Arte Radio sur la bande FM et tant que vous y êtes rendez-nous aussi les Grandes Ondes !

    #MamieNicoleEstUneVieilleRéac, surtout le matin au réveil.

  • a marché aujourd’hui pendant au moins deux cent cinquante mètres — elle qui, d’habitude, agit comme dans la chanson de Brel et ne va plus guère que du lit à la fenêtre, du lit au fauteuil et du lit au lit — ce qui fait qu’elle est aussi crevée que si elle avait couru trois marathons.

    N’empêche que si tout le monde adoptait un comportement aussi responsable que le sien leurs saletés de Jeux Olympiques petits-bourgeois ne coûteraient pas un seul centime, ni en infrastructures ni en organisation.

  • n’en parle plus, des rat·e·s qui cohabitent avec elle dans la thébaïde : après quelques mois de vie commune c’est devenu un non-événement, chacun·e semble avoir à peu près trouvé ses marques, moyennant quelques précautions de part et d’autre la coexistence ne se passe pas si mal, même la vieille chienne amorphe et la scutigère véloce sont maintenant indifférentes à la présence des rongeurs.

    Mais il y a un truc, quand même, qui reste incompréhensible : ces animaux particulièrement chapardeurs ne trouvant sans doute rien de bien intéressant ou appétissant à voler (les bouquins qui pourtant traînent un peu partout n’ont pas l’air d’être à leur goût, désormais la Garreau débranche et range les fils électriques inutilisés, le garde-manger est presque inviolable et souvent vide), leur cible préférée est apparemment devenue... la brosse des sanitaires ! Non mais allô, quoi ! Si la vieille dame oublie de mettre l’objet en sécurité en la suspendant « hors sol » à la tuyauterie, elle le retrouve quelques minutes plus tard à l’autre bout de la cahute, derrière un meuble ou au milieu de la cour. Comment une bestiole dont l’intelligence n’est plus à prouver peut-elle faire ainsi une fixette sur un simple balai de cabinet d’aisance ?

    Remarquez qu’avoir des goûts de ch***te, ça renforce encore la ressemblance entre Rattus Rattus et Sapiens Sapiens.

    #PardonPourTantDeTrivialité.

  • commence à comprendre (un peu) le rap et plus largement le hip-hop. Dix à douze minutes avant de mourir. Misère de misère de misère : en écoutant la programmation d’un site de « musique approximative » la voilà même qui fait des mouvements saccadés avec les bras et remue son popotin telle une gamine prépubère.

    Jusqu’au bout elle ne se sera épargné aucune humiliation.

  • le sait bien que les souvenirs sont des reconstructions — et donc des inventions : c’est valable pour ceux qui nous assaillent lorsque l’on est en état de veille, ça l’est au moins autant pour ceux qui nous sautent à la gorge durant notre sommeil.

    Ça n’empêche pas que le petit matin la trouve presque systématiquement hébétée, le souffle court, le cœur tel une mitraillette. C’est le contenu de son rêve, c’est la mémoire ou ce qu’elle imagine être la mémoire des jours anciens qui la laisse dans cet état ; la résurgence d’âges d’or qui, objectivement, n’avaient jamais existé — ou du moins n’avaient absolument pas été vécus comme tels à l’époque où les faits s’étaient sensément déroulés.

    Que croire, qui croire et comment croire lorsque l’on a pris conscience que l’on ne pouvait par définition plus faire confiance à son cerveau ?

    (Ce n’est pas une vraie question, hein. Que personne ne se sente obligé·e d’y répondre.)

  • la voit bien, la tête de ses contemporain·e·s qui déambulent dans la grand-rue : les ceusses ont tellement l’air d’être au bout de leur life qu’elle se demandent s’iels ne sont pas tou·te·s abonné·e·s à son flux Facebook.

    Mais non, c’est malgré tout assez peu probable : ici nous sommes suicidaires parce que nous sommes trop lucides tandis qu’à l’inverse dans la « vraie » vie les gens sont plutôt désespérés par manque de clairvoyance.

    N’empêche, il n’y a jamais eu autant d’individus sinistres au kilomètre carré.

  • ne sait pas comment iels parviennent à jouer la surprise et l’offuscation à chaque fois. « Quooooooi ? La guerre ? Mais... ça alors ! Si on s’attendait à ça ! Comment se fait-ce ? Oh la la non, c’est trop affreux ! »

    Non mais sans rire ? Les mêmes causes produisent les mêmes effets, le scénario est identique depuis trois cent mille ans ! Vous passez votre temps à la préparer et à l’exalter, la guerre ! Même en temps dit de paix toutes vos soi-disant sacro-saintes « valeurs », toutes les relations humaines tendent vers ça ! La religion, le commerce, l’industrie, la propriété, la masculinité, le sport, la performance, la mise en concurrence de tou·te·s contre tou·te·s, ce n’est pas la guerre, peut-être ? Ce n’est pas la mise en condition, l’entraînement, le Sésame pour aller ensuite se ficher des missiles sur la tronche ? Et pourtant ce sont bien ces modèles de Société que vous vantez à longueurs de journées !

    On n’en a rien à carrer que ce soit Bidule qui tape sur Machin qui tape sur Trucmuche qui tape sur Tartempion qui à son tour tape sur Bidule — chacun·e se trouvant de bonnes raisons de le faire puisque c’est toujours de la faute de l’autre.

    « Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage », disait Jaurès.

    Quant à Sapiens Sapiens, franchement, c’est bien l’animal qu’aucun des autres ne regrettera.

  • voit tout de même un (et un seul) avantage au retour de la saison sèche, c’est que l’on peut de nouveau aller farfouiller dans la boîte à livres du village sans risquer de n’y trouver que des bouquins détrempés et gondolés par la pluie — c’est le « Conseil municipal des jeunes » (sic) qui est censé s’occuper du bon état et de l’étanchéité du dispositif, mais tout le monde s’accordera à dire que les jeunes sont par définition des incapables et des pignoufs.

    Bref, moisson du jour, « Un Soir au club » d’un certain Christian Gailly — auteur absolument inconnu au bataillon mais comme la quatrième de couverture promettait du jazz et de l’amoralité il était difficile de ne pas se laisser tenter. Las ! dès l’incipit l’enthousiasme dégringole : non mais qu’est-ce que c’est que cette prose ? Pitié, pas ça ! Ça pourrait s’annoncer intéressant, mais ne flanquez pas des phrases de trois mots en mettant des points partout ! C’est tellement lourd, tellement « années Quatre-vingts » ! On dirait du Duras sous alcool ou du Navarre sous amphètes !

    La Littérature c’est avant tout de la musique, cher écrivain, du rythme, de la pulsation, du beat ! Ça ne sert à rien d’avoir quelque chose à raconter, si on en a tant mieux mais c’est accessoire ! Il faut que ça swingue ! Ce sont notamment Kerouac et sa joyeuse bande de toxicos qui avaient particulièrement bien pigé ça. Or comment voulez-vous qu’un texte swingue si l’on butte sur un point à tout bout de champ ? On n’a même pas le temps de prendre son élan qu’il faut déjà s’arrêter !

    Tenez : la vieille Garreau, que la modestie n’étouffe décidément pas, s’est amusée à la réécrire à sa façon, votre première page, et elle la reproduit ci-dessous. Mêmes mots, mêmes propos, quasiment juste en jouant sur la ponctuation — et donc sur le flow. Bien sûr même une dictateuse de sa trempe ne saurait être juge et partie, mais sans avoir cassé trois pattes à un canard vous ne trouvez pas que ça décoiffe déjà un tout petit peu plus ? Hein, soyez franc, monsieur l’écrivain ? Sans être révolutionnaire ça ne chaloupe pas un chouïa davantage ?

    En tout cas si jamais c’est un métier c’est celui-ci qu’elle voudra faire lorsqu’elle sera grande : pas écrivaine mais simple dealeuse de cadratins et de points-virgules.

    Quand elle sera grande ? Ah mince, elle a encore oublié qu’il ne lui restait que dix à douze minutes d’espérance de vie.

  • est évidemment d’accord avec vous, monsieur Dostoïevski : « Sapiens Sapiens agit contre la raison pour protéger son libre-arbitre » — il existe cependant un moyen de le dire plus efficacement en un seul mot : orgueil.

    C’est le seul et unique péché capital puisque les six autres n’en sont que l’expression.

    Signé : la femme de la thébaïde, qui n’a décidément plus grand-chose à envier à votre homme du sous-sol.

  • apprend amusée que le chef-lieu et unique bled de l’île Umnak, en Alaska, ne compte que dix-huit habitant·e·s et se nomme... Nicolski. Nicolski ! Pour un patelin désertique et glacial du bout du bout du bout du monde ! C’est comme s’il y avait dans ce radical, « Nicol- », quelque chose qui prédestine à la solitude et l’isolement.

    En tout cas ça semble confirmer que ce sont bien les lieux, les objets et les gens qui finissent toujours par ressembler au nom qu’elles portent.

  • écoute de la musique de jeunes, maintenant ? Ha ha, non, enfin si mais non, pas tout à fait, elle est seulement tombée sur ce morceau par pure sérendipité et certes elle reconnaît que ce n’est pas Mozart mais la mélodie est entêtante et les paroles ressemblent presque à un manifeste auquel on ne peut qu’avoir envie d’adhérer. Ce qui l’étonne c’est que sauf erreur de sa part ce « La Mort avec toi » de Gargäntua n’ait pas fait l’objet d’une bronca à sa sortie — il lui semble en effet que par le passé la petite-bourgeoisie décadente a déjà poussé des cris d’orfraie contre des chansons pourtant infiniment moins virulentes et explicites que celle-ci.

    Bon, « au cas-z-où » la censure internautique finisse par se réveiller un jour la vieille Garreau s’est enregistré le titre sur la cassette de son walkwoman. C’est rigolo, les ceusses qui la croisent avec un casque sur les oreilles doivent penser qu’à son âge on n’écoute que du Charles Trenet et du Berthe Sylva. Les pauvres, s’iels savaient ce qu’on trouve dans les tympans et surtout dans le ciboulot des vieillardes indignes, tout le quatrième âge serait fiché S.

    [Pour les autres subclaquant·e·s que ça intéresserait, le lien est dans le premier commentaire parce que les liens insérés directement dans les dazibaos c’est moche et ça fait cassos.]