Recriweb

« … en deçà d’un monde qui ne sait plus nourrir que son propre cancer, retrouver les chances inconnues de la fureur » (André Breton)

  • Comment gagner une lutte contre une réforme des retraites en France ?

    Réponse de #Chat-GPT

    « La lutte contre une #réforme_des_retraites en France peut être difficile, car elle implique souvent des changements importants dans le système de retraite qui affectent de nombreuses personnes. Cependant, voici quelques stratégies qui peuvent aider à gagner la lutte :

    1. Organisez-vous : L’organisation est la clé de toute lutte réussie. Créez ou rejoignez des groupes de défense des droits des travailleurs et des retraités, tels que des syndicats, des associations ou des collectifs. Mettez en place des actions communes et coordonnées.

    2. Communiquez : Faites connaître vos revendications auprès des médias et du grand public. Utilisez les réseaux sociaux et les sites web pour diffuser des informations sur la réforme des retraites et les impacts qu’elle pourrait avoir.

    3. Mobilisez : Organisez des manifestations, des rassemblements et des grèves pour montrer votre détermination et votre solidarité. Faites pression sur les décideurs politiques et les employeurs pour qu’ils prennent en compte vos revendications.

    4. Proposez des alternatives : Proposez des solutions alternatives à la réforme des retraites, comme l’augmentation des cotisations sociales, la lutte contre la fraude fiscale, ou encore la mise en place d’un système de retraite universel qui garantit à tous une pension décente.

    5. Soyez persévérant : La lutte pour la défense de vos droits peut être longue et difficile. Il est important de rester déterminé et persévérant, même si les premières négociations ou mobilisations ne donnent pas les résultats escomptés.

    En somme, la clé pour gagner une lutte contre une réforme des retraites en France est l’organisation, la communication, la mobilisation, la proposition d’alternatives et la persévérance. »

    Merci camarade GPT !

    http://r.info.lesmutins.org/mk/mr/R1jfx7bRKlWm6vB5AI1lNhfuNCOCeuy0opQwWkubUYibJVs_yZgd4LO3cLZqomzXW1

  • Quand, dans une banque, un jeune pioupiou du capitalisme découvre la déshumanisation du travail et des rapports humains

    https://www.lemonde.fr/campus/article/2023/04/02/j-ai-decouvert-le-quotidien-monotone-et-deshumanise-de-la-vie-d-un-jeune-cad

    Rapidement, j’ai ressenti comme un grand vide, dans cette ambiance si aseptisée. J’ai d’ailleurs listé quelques éléments. Il y a, par exemple, la volonté de tout quantifier, qui aboutit à la création d’indicateurs absurdes, comme « atteindre les 100 % d’excellence relationnelle » comme si les relations humaines pouvaient être quantifiées. Je pourrais aussi parler du langage « corporate », ou du management très vertical, voire infantilisant. Je suis évidemment conscient que tout milieu social ou professionnel implique des concessions. Mais cela devient alarmant quand celles-ci se font au détriment des individus eux-mêmes.

    Pour être très honnête, ce que j’ai trouvé le plus alarmant, c’est l’influence du milieu sur le comportement des employés. Il y a comme un filtrage d’émotions. Chaque collaborateur est dans le contrôle de soi, ne laissant paraître qu’une image lissée de lui-même. Attention, je ne dis pas là que c’est un problème d’individu, bien au contraire, les rares moments de discussions sincères me donnaient à voire des personnalités variées et sensibles. Simplement, les injonctions à l’homogénéité agissent comme une chape de plomb qui masque tout ce qu’il y a de plus vivant chez chacun.

    […]

    A l’heure de choisir mon premier poste, alors que mon parcours me prédestine à devenir le #jeune_cadre_dynamique idéal qui « relève les défis du monde de demain », je ressens un profond dégoût. Evoluer dans un environnement si vide de vie rend, aigri et terne, et je n’ose imaginer ce que cela ferait de moi après trente ans de #carrière. Peut-être est-ce propre à ma jeunesse ? Mais la résignation que j’ai pu constater, ce renoncement à aspirer à quelque chose de plus beau, me fait vraiment flipper.

    De cette expérience, je ressors avec la conviction que le seul moyen de changer vraiment les choses, c’est de bousculer le système économique actuel. Le mantra « changer les choses de l’intérieur » n’est qu’un appât à #bonne_conscience qui permet aux entreprises d’esquiver toute remise en question trop profonde du bien-fondé de leurs activités. A titre personnel, je n’ai ni prêt à rembourser ni famille à nourrir, je suis libre de choisir mon métier, et c’est une énorme chance. Dans le contexte climatique actuel, je vois cette chance comme un devoir de sortir d’un système économique destructeur pour tracer un autre chemin, et de « bifurquer ».

    #réification #capitalisme #petite_bourgeoisie #petit_bourgeois

  • La situation aux États-Unis

    https://mensuel.lutte-ouvriere.org//2023/02/25/etats-unis-apres-les-elections-de-mi-mandat_521783.html

    Les élections (de mi-mandat) de 2022 marquent une nouvelle forte poussée vers la droite

    Parler de «  gauche  » et de «  droite  » à propos des #démocrates et des républicains n’est pas approprié. Ces deux grands partis ont été les seuls à alterner au pouvoir pour diriger l’appareil d’État de la bourgeoisie au cours des 166 dernières années. En effet le système électoral américain favorise le #bipartisme. Les termes «  gauche  » et «  droite  » sont devenus des étiquettes utilisées pour distinguer les discours et les électorats des deux #partis_bourgeois. Ainsi, les travailleurs se sont rangés dans le camp des démocrates pendant une bonne partie du 20e siècle et les couches plus aisées dans celui des républicains.

    Quoi qu’il en soit, le soutien de la classe ouvrière aux démocrates ne cesse de diminuer depuis des années et, à l’approche des élections, cette tendance s’est confirmée  : le vote ouvrier pour les démocrates a baissé de près de 15 % en 2022.

    Le glissement des travailleurs blancs vers le camp républicain n’est pas nouveau. Il remonte au moins à l’élection de #Reagan en 1980, voire plus loin encore. Mais, en 2022, l’écart en faveur des républicains a été de 33 points, soit 8 points de plus qu’en 2020.

    Le recul des démocrates dans les électorats noir, latino et asiatique a été beaucoup moins important mais, à bien des égards, il pèse encore plus lourd. En grande majorité issus de la classe ouvrière, ces électeurs constituent depuis longtemps une sorte de socle sur lequel les démocrates comptent. En 2022, 80 % de l’#électorat_noir votait démocrate – ce qui reste considérable – mais ce résultat représente une baisse de sept points depuis les dernières élections de mi-mandat et s’inscrit dans la continuité de l’érosion qui a suivi la période 2008-2016, durant laquelle entre 90 et 97 % des Noirs votaient démocrate. Quant au vote hispanique, il s’est porté à environ 60 % sur les démocrates, soit une baisse de 10 points en quatre ans. Enfin, les électeurs d’origine asiatique ont voté démocrate à 64 %, soit une baisse de 7 points.

    Les Démocrates  : un parti «  progressiste  » qui a longtemps ratissé large

    […] Le #Parti_démocrate s’est attribué le mérite des réformes et des avancées que ces mouvements ont arrachées à la bourgeoisie pendant la longue période où l’hégémonie de l’#impérialisme américain, générant un surplus de richesses, permettait cette redistribution. Quels qu’aient été les tensions et les antagonismes – et ils étaient nombreux – entre les différents groupes composant le monde du travail, leur regroupement au sein du Parti démocrate semblait offrir une voie sur laquelle chacun pouvait poursuivre la lutte pour «  le progrès  ». De 1932 à 1980, le Parti démocrate domina la scène politique, les républicains ne jouant un rôle significatif que pendant l’intervalle de la période du #maccarthysme, la chasse aux sorcières contre les communistes, au début des années 1950.

    Avec le début de la crise économique en 1971, puis son aggravation à la fin des années 1970, la situation des travailleurs commença à se dégrader. Pour l’État de la bourgeoisie, l’heure n’était plus à distribuer des miettes pour maintenir la paix sociale. Frappée par la crise, la classe capitaliste attendait d’abord de l’État qu’il l’aide à maintenir ses profits, et cela impliquait d’abaisser le niveau de vie des travailleurs. Il fallait donc démanteler les #programmes_sociaux et les services publics créés pendant la longue expansion de l’après-guerre. Le Parti démocrate, en loyal serviteur de la bourgeoisie, fut en première ligne pour mener ces attaques.

    L’une des premières attaques importantes fut la faillite de la ville de #New_York en 1975, qui frappa durement les employés, les programmes sociaux et les services municipaux. Cette attaque fut supervisée par deux maires démocrates successifs. En 1978-1979 puis dans les années 1980, des pressions furent exercées sur les travailleurs de l’automobile pour qu’ils acceptent toute une série de concessions lors du renouvellement de leurs contrats. D’abord présentées comme temporaires, ces concessions furent ensuite rendues permanentes, et rapidement étendues au reste de la classe ouvrière. Et, là encore, l’attaque fut conduite par des politiciens démocrates, qui justifiaient les nouveaux contrats au nom de la sauvegarde des emplois dans l’#industrie_automobile.

    Pour décourager les travailleurs de faire valoir leurs revendications salariales au travers de grèves, les deux grands partis bourgeois se relayèrent. En 1981, les démocrates passèrent la main aux républicains, et #Ronald_Reagan mit tout le poids de l’État pour briser la grève des #contrôleurs_aériens. Les caciques du Parti démocrate et des syndicats prétendent que Reagan fut à l’origine du déclin constant qui s’est poursuivi jusqu’à aujourd’hui. En fait, la porte fut ouverte dès 1978, lorsque le président démocrate #Jimmy_Carter tenta d’utiliser la #loi_antisyndicale_Taft-Hartley, adoptée à l’ère McCarthy, pour briser une grève dans les mines de charbon qui dura 110 jours. Le dégoût des travailleurs envers Carter, après ce qui apparaissait comme une trahison, ne fut pas pour rien dans la victoire éclatante de Reagan en 1980.

    Entre les travailleurs et la bourgeoisie, un fossé en passe de devenir un gouffre

    La crise dans laquelle l’économie américaine est plongée depuis un demi-siècle a entraîné un effondrement du niveau de vie de la classe ouvrière.

    En 2022, le salaire horaire minimum au niveau fédéral était de 7,25 dollars. S’il avait suivi le rythme officiel de l’inflation depuis le pic de sa valeur réelle en 1968, il aurait été de 12 dollars. Et s’il avait suivi le rythme de la croissance de la productivité depuis 1968, comme entre 1938 et 1968, il aurait été de près de 26 dollars en 2022.

    L’évolution du #salaire_minimum illustre le fossé qui s’est creusé entre la #classe_ouvrière et les couches aisées au cours du dernier demi-siècle. Presque tous les gains de la croissance économique depuis le début de la crise ont été absorbés par la plus-value et les mille et une manières dont cette plus-value est répartie au sein des classes riches de cette société.

    Cette évolution s’est poursuivie jusqu’aux élections de 2022. En 2021, dernière année pour laquelle on dispose de données, la marge bénéficiaire nette des entreprises a été de 9,5 %, soit la valeur la plus élevée jamais enregistrée. Cette même année, la rémunération moyenne des PDG des 350 plus grandes entreprises a été 399 fois plus élevée que celle des salariés. En 1965, elle n’était «  que  » 20 fois plus élevée.

    La condition des travailleurs se détériore non seulement par rapport à celle des classes aisées, dont la situation s’améliore nettement, mais aussi en termes absolus

    L’inflation a grignoté la valeur réelle des salaires. Selon le département américain du Travail, le salaire horaire médian réel est au même niveau qu’en 1973. Lorsqu’il y a eu des augmentations, elles ont presque toutes bénéficié au décile supérieur de l’échelle des revenus. Ceux qui se situent dans les 40 % inférieurs ont vu leurs salaires baisser. De plus, les chiffres de l’inflation sont trafiqués et donnent une image déformée de la situation. Qui plus est, ces chiffres ignorent tous les autres facteurs qui ont réduit le revenu réel des travailleurs, à commencer par l’élimination des pensions et d’autres avantages sociaux autrefois considérés comme faisant partie de la masse salariale, ainsi que l’énorme augmentation des frais médicaux, qui constituent une ponction sur les revenus.

    Les statistiques gouvernementales masquent la réalité

    En témoigne le taux de chômage officiel avant les élections de 2022, de 3,5 % de la population active. Or, 37 % de la population en âge de travailler est exclue de ce que le gouvernement considère comme la population active. De nombreuses personnes sont exclues de ce comptage  : celles qui s’occupent d’enfants en bas âge, dans un pays où il n’existe pas de structures d’accueil publiques  ; celles dont les compétences et diplômes sont insuffisants pour occuper les emplois disponibles, dans un pays où le système scolaire public est incapable d’apprendre à lire à 40 % des enfants des écoles des grandes villes  ; ou encore les personnes handicapées à la suite d’accidents du travail, en raison de maladies professionnelles, voire par le Covid long qui a touché des millions de personnes, les empêchant de travailler, dans le pays affichant le pire taux de décès par Covid de tous les pays développés. Sont également exclues de la population active les personnes trop âgées pour être embauchées, mais qui n’ont pas encore atteint l’âge pour toucher les maigres aides sociales versées aux seniors. Les entreprises de la high-tech, en particulier le commerce en ligne et ses entrepôts, recherchent des travailleurs jeunes, forts, agiles et rapides, dont une grande partie sont relégués à des emplois temporaires ou à temps partiel, à des contrats ou à des emplois de type Uber.

    Les difficultés immédiates des travailleurs ont été aggravées par la dégradation sur le long terme des services publics et l’élimination ou la privatisation des services sociaux

    Lors des élections de 2022, les services publics comptaient près d’un million de travailleurs de moins que juste avant la pandémie. La classe capitaliste, avide d’aspirer une part croissante des richesses produites, cherche à s’approprier une portion croissante des sommes que le gouvernement dépensait jusqu’alors pour les infrastructures, les programmes sociaux et les services publics. Derrière la vitrine de cette grande et riche démocratie américaine, il y a peu de lois qui limitent le temps de travail, il y en a encore moins qui prévoient le paiement des arrêts maladie, et il n’y en a aucune garantissant des congés payés. Autrement dit, tout cela dépend de la bonne volonté de chaque patron. On a pu voir comment cela se traduit concrètement en 2020, aux pires moments de la pandémie, lorsque la moitié des travailleurs des industries dites essentielles n’ont pas eu droit à un seul jour de congé payé. Voici donc un pays où le système de santé est de plus en plus contrôlé par des entreprises privées, qui peuvent refuser des soins médicaux à qui ne peut pas payer.

    Telle est la réalité à laquelle est confrontée la population laborieuse aujourd’hui

    Telle est la réalité à laquelle est confrontée la population laborieuse aujourd’hui. Ses conséquences sont dramatiques. L’espérance de vie moyenne a diminué de près de deux ans et demi depuis 2019, après une baisse de deux ans en 2015-2016. Cela est imputable au Covid, certes, mais seulement en partie. Il y a tous les autres décès, dont beaucoup sont appelés par les médias «  morts par désespoir  »  : suicides, homicides, overdoses, abus d’alcool… Au premier rang des victimes, les anciens combattants des guerres – déclarées ou non – menées par l’impérialisme américain, et leurs proches. Mais il y a aussi les jeunes gens abattus dans la rue après avoir intégré, faute de la moindre perspective d’avenir, tel ou tel gang de quartier. Il y a les quelque cinq mille personnes tuées chaque année dans des accidents du travail, et les milliers d’autres qui meurent de la mort lente causée par les fumées, les produits chimiques et les Un encouragement pour l’extrême droite

    Faute d’une autre possibilité pour exprimer son mécontentement, la population s’est longtemps contentée de voter contre tous ceux qui semblaient diriger l’État. Dans un contexte où les démocrates étaient au premier plan pour imposer une détérioration des conditions de vie, et en l’absence d’un parti représentant la classe ouvrière, la porte était ouverte à un démagogue comme Trump.

    Donald Trump a su jouer sur le ressentiment éprouvé par beaucoup de gens du fait qu’ils étaient de plus en plus pauvres, marginalisés et méprisés par ceux d’en haut. Il a su toucher une population en plein désarroi, plongée dans une crise économique grandissante. Il a instrumentalisé la colère et la frustration des travailleurs, en tournant en dérision les institutions prétendument civilisées qui leur donnent des leçons et les regardent d’en haut  : les chefs des deux grands partis politiques, les médias, les universités et leurs experts, les agences gouvernementales et leurs hauts fonctionnaires, voire les stars de Hollywood, etc. Il s’en est pris à tout le monde, sauf à ceux dont le contrôle sur la société a mené à la crise, c’est-à-dire à la classe capitaliste. substances toxiques présentes sur leur lieu de travail. Il y a les tragédies des violences domestiques, qui sont la conséquence et le signe des pressions indicibles qui s’exercent au quotidien sur la vie des travailleurs.

    Un encouragement pour l’extrême droite

    Faute d’une autre possibilité pour exprimer son mécontentement, la population s’est longtemps contentée de voter contre tous ceux qui semblaient diriger l’État. Dans un contexte où les démocrates étaient au premier plan pour imposer une détérioration des conditions de vie, et en l’absence d’un parti représentant la classe ouvrière, la porte était ouverte à un démagogue comme Trump.

    #Donald_Trump a su jouer sur le ressentiment éprouvé par beaucoup de gens du fait qu’ils étaient de plus en plus pauvres, marginalisés et méprisés par ceux d’en haut. Il a su toucher une population en plein désarroi, plongée dans une crise économique grandissante. Il a instrumentalisé la colère et la frustration des travailleurs, en tournant en dérision les institutions prétendument civilisées qui leur donnent des leçons et les regardent d’en haut  : les chefs des deux grands partis politiques, les médias, les universités et leurs experts, les agences gouvernementales et leurs hauts fonctionnaires, voire les stars de Hollywood, etc. Il s’en est pris à tout le monde, sauf à ceux dont le contrôle sur la société a mené à la crise, c’est-à-dire à la classe capitaliste.

    Trump a servi les capitalistes en mettant au grand jour toutes les idées violentes et dévalorisantes que renferme l’idéologie dans laquelle baigne la société  : suprématie blanche, nativisme anti-immigrants, misogynie, intolérance envers la manière dont les gens vivent leur intimité, machisme et violence. Autrement dit, il a incité implicitement les gens à s’en prendre les uns aux autres. Et il a emballé tout cela dans le drapeau américain, le serment d’allégeance et la croix chrétienne qui décoraient ses réunions publiques.

    Rien de tout cela n’a commencé avec Trump. Il suffit de penser au rituel des réunions syndicales dans des salles ornées du drapeau américain

    Ces réunions commencent par la prière d’un prêtre local, souvent chrétien, et par le serment d’allégeance, ce verbiage patriotard pondu lors de la période McCarthy pour renforcer les attaques contre les militants communistes et syndicalistes. Chaque réunion syndicale qui commence ainsi entretient la soumission des travailleurs et leur loyauté à l’égard des dominants, et renforce les attaques contre eux-mêmes et toute leur classe.

    Trump a-t-il transformé le #Parti_républicain de manière temporaire ou permanente  ?

    Les républicains eux-mêmes n’en savent rien. Mais la question va bien au-delà du Parti républicain. Trump a donné à ses partisans une sorte de programme  : se défendre en attaquant tous les «  autres  ». Ce faisant, il a courtisé consciemment l’extrême droite. Quand, après la série de rassemblements d’extrême droite à Charlottesville en 2018, il a dit qu’il y avait des «  gens bien  » dans cette foule (ce qu’il a répété plusieurs fois par la suite), il déroulait le tapis rouge au Ku Klux Klan, aux nazis et aux Proud Boys.

    Le problème dépasse la personne de Trump

    Dans un nombre croissant de pays, des démagogues de son espèce jouent un rôle très similaire. Cela signifie que quelque chose, dans la situation internationale actuelle, sur les plans politique et économique, favorise ce mouvement vers la droite, renforçant les formations d’#extrême_droite existantes.

    Aux États-Unis, des organisations comme le #KKK, les nazis, la #Black_Legion, les Know Nothing, les mafias et les gangs font partie du paysage depuis longtemps. La plupart du temps marginales mais toujours là, elles ont périodiquement joué un rôle de supplétifs pour renforcer la violence étatique  : dans le Sud, pour réimposer l’esclavage pendant les décennies qui ont suivi la guerre de Sécession  ; dans les quartiers d’immigrants, pour maintenir un ordre que la police était incapable d’imposer  ; à #Chicago, où le gang #Black_P_Stone_Nation, de concert avec le maire démocrate Richard J. Daley, expulsa l’équipe SCLC de #Martin_Luther_King du ghetto du West Side  ; dans les régions minières, où les Pinkerton massacrèrent des mineurs comme les #Molly_Maguires  ; ou à Centralia dans l’État de Washington, où l’American Legion exécuta des militants de l’#IWW en 1919, et à #Minneapolis où elle assassina des grévistes  ; ou dans le Michigan en 1934, où la #Black Legion tua des militants du syndicat #UAW. Et puis tous ceux, de Jimmy Hoffa à Dow Wilson, qui furent tués par la mafia.

    Ces forces marginales ont toujours existé aux États-Unis, mais #Trump leur a permis de gagner en crédibilité aux yeux de certains travailleurs. Si le climat devait à nouveau se détériorer, cette crédibilité pourrait leur donner un poids leur permettant d’amener une partie de la classe ouvrière à attaquer l’autre.

    L’absence aux États-Unis d’un parti ouvrier, qui représenterait les intérêts tant immédiats qu’à long terme de la classe ouvrière, a constitué une opportunité pour un démagogue comme Trump, mais pourrait aussi jouer un rôle dans un développement de l’extrême droite au sein même de la classe ouvrière.

    Une voix pour les travailleurs

    Depuis l’époque d’#Eugène_Debs, il y a plus d’un siècle, il n’a pas existé d’organisation politique capable de s’adresser à tous les travailleurs, sur la base de leurs intérêts de classe immédiats et à long terme. Le Parti socialiste du temps de Debs ne le faisait pas, mais il constituait pour Debs une tribune qui lui permettait de s’adresser à la classe ouvrière à travers tout le pays, et il le fit avec un langage correspondant aux problèmes auxquels elle faisait face et aux possibilités dont elle disposait. Il affirmait qu’il avait confiance dans la capacité de la classe ouvrière à «  détruire toutes les institutions capitalistes qui asservissent et avilissent et à rebâtir des institutions libres et humaines  ». En pleine Première Guerre mondiale, lors du procès qui le conduisit en prison pour s’être opposé à l’entrée en guerre des États-Unis, il déclara  : «  Je ne suis pas un soldat capitaliste  ; je suis un révolutionnaire prolétarien… Je suis opposé à toutes les guerres, à une seule exception… et, dans cette guerre-là, je m’engagerai corps et âme… je parle de la guerre mondiale de la révolution sociale. Dans cette guerre, je suis prêt à combattre de toutes les manières que la classe dominante rendra nécessaires, même sur les barricades.  »

    Aujourd’hui, il n’y a toujours pas de parti de la classe ouvrière. C’est même pire qu’à l’époque de Debs

    Mais le but reste le même  : ceux qui veulent mettre en place une nouvelle société et ont confiance dans la capacité de la classe ouvrière à le faire doivent trouver les moyens de s’adresser à elle, en parlant des problèmes actuels des travailleurs, mais en le faisant à partir de la perspective du combat que la classe ouvrière devra mener pour diriger la construction d’une société socialiste.

    C’est exactement ce que des militants ont tenté de faire en utilisant les élections de 2022 dans le #Michigan, le #Maryland et l’#Illinois pour parler au nom du #WCP (#Working_Class_Party – Parti de la classe ouvrière). Cette poignée de militants ne prétendent pas être le #parti_révolutionnaire dont on a besoin et qui n’existe pas encore. Ils ne peuvent certainement pas prétendre faire ce que Debs a pu faire grâce à sa propre expérience de la lutte des travailleurs et à l’activité de toute une génération de militants.

    Mais ceux qui ont mené, dans ces trois États, la campagne pour un Parti de la classe ouvrière se sont au moins donné les moyens de dire ce qui devait l’être sur la dégradation de la condition ouvrière, sur la croissance des forces de droite et sur les possibilités dont dispose la classe ouvrière du fait de son rôle clé au cœur même du système de production et de tout ce qui lui est lié.

    Il n’y aura pas de solution à la misère croissante tant que la classe ouvrière ne se préparera pas à la bataille

    #capitalisme #États-Unis

  • À Lagos, l’« agbero » devenu parrain de la vie politique (Les blogs du Diplo, 16 mars 2023) https://blog.mondediplo.net/a-lagos-l-agbero-devenu-parrain-de-la-vie

    […] MC Oluomo est le Olori (président en yoruba) de tous les #gangs ». […]

    #Mc_Oluomo règne désormais sur la centaine de gare routières et parkings de Lagos dont les nouveaux terminaux, flambants neufs, de son quartier. L’ensemble de ces zones d’embarquement et de débarquement des passagers est sous la coupe de la nouvelle organisation que…

    … l’État de Lagos a chargé de diriger — le Parks Management Committee (Comité des parcs de Lagos) — après la dissolution de la précédente organisation qui les contrôlait — la branche locale du NURTW, le Syndicat national des travailleurs du transport routier. […]

    La NURTW, note Laurent Fourchard, est une organisation qui aura accru sous le règne de MC Oluomo « le pouvoir et la richesse de ses dirigeants grâce à la privatisation des moyens de transport ». Jusqu’à son éviction, rappelle le chercheur, la NURTW réglementait ainsi les parcs automobiles non « pas dans le but d’organiser une zone de marché libre, mais pour accumuler des revenus à redistribuer aux membres des syndicats, aux responsables des gouvernements locaux et à la police ». […]

    #Nigéria #corruption

  • En France, des nappes phréatiques quasiment vides et toujours une agriculture intensive dédiée à une plante tropicale (le maïs).

    Ou de la rationalité du capitalisme en matière agricole.

    LE GOUVERNEMENT n’a pas fini de patauger dans les bassines. La dernière manif antimégabassines, qui a eu lieu ce week-end dans les Deux-Sèvres, a de nouveau fait le plein, avec près de 8 000 opposants remontés comme des coucous.

    L’occasion de se pencher sur le grand siphonnage de la flotte en France. Première surprise avec 3,5 milliards de mètres cubes pompés tous les ans dans les #nappes_phréatiques et les cours d’eau, nos agriculteurs sont parmi les moins assoiffés. Comptez 6 milliards de mètres cubes annuels pour l’eau potable et 15 milliards de mètres cubes soit la moitié du volume global siphonné chaque année rien que pour refroidir les centrales électriques. Tout irait donc pour le mieux dans les champs sans le #réchauffement_climatique. Selon les dernières projections des climatologues, le thermomètre va grimper particulièrement fort dans l’Hexagone, avec 4 °C de plus à la fin du siècle. De quoi s’éponger le front, vu qu’un degré supplémentaire c’est 7 % de flotte en plus dans l’atmosphère, ce qui fait autant d’eau en moins en surface et en sous-sol. Un gros pépin à venir pour les 10 % des terres cultivées qui ont besoin d’être irriguées à gogo, comme les grandes #cultures_intensives de #céréales, d’oléagineux et de protéagineux. De toutes ces plantes boit-sans-soif, la pire est le maïs, qui a besoin d’ eau en été, au plus mauvais moment. D’où la solution magique des mégabassines, prônée par la #FNSEA, syndicat agricole chantre du productivisme, avec le soutien du gou vernement. De gigantesques trous, dont la surface peut atteindre jusqu’à 8 ha, creusés dans les champs pour stocker l’eau pompée l’hiver dans les nappes phréatiques. Ces « réserves de substitution », comme on les appelle également, sont financées à 70 % par de l’argent public.

    Dans les Deux-Sèvres, la moitié de l’eau des deux #mégabassines prévues devrait ainsi servir a arroser le maïs. Et ce bien que le dé partement affiche des précipitations en moyenne deux fois inférieures à celles enregistrées dans le reste du pays. Comme le pointe un ingénieur agronome, « pour garder notre rang de premier producteur européen de maïs, dont on exporte 38 % de la production, on s’entête sur une culture inadaptée au #changement_climatique, alors que dans le même temps on importe 28 % de nos légumes et 71 % de nos fruits ». Les mauvaises langues écolos diront que c’est (méga)aberrant.

    (Le Canard Enchaîné)

    #agriculture #capitalisme

  • Dangers des grands modèles de langage : des chercheuses avaient prévenu
    https://www.nextinpact.com/article/71011/dangers-grands-modeles-langage-chercheuses-avaient-prevenu

    ChatGPT et ses diverses déclinaisons, toutes basées sur les grands modèles de langage, commencent à subir quelques critiques. Mais des chercheuses avaient déjà rassemblé beaucoup de griefs contre cette technologie en 2020 dans un article scientifique qui, pour certaines, leur a coûté leur poste.

    Fin octobre dernier, le PDG d’OpenAI a présenté ChatGPT comme un outil utilisant la technologie des grands modèles de langage (Large Langage Models en anglais, LLM), mais avec « encore beaucoup de limites – c’est vraiment une version de recherche ». Plusieurs mois plus tard, le grand public a pu se rendre compte de ces limites à chaque publication d’outils similaires, que ce soit quand Microsoft intègre ChatGPT dans Bing, quand Google présente Bard ou quand Meta a sorti et rapidement retiré Galactica.

    Si on ne peut reprocher à la presse et au grand public de n’avoir réagi que sur pièces, après avoir testé les différentes versions publiques de ces outils, les chercheurs et ingénieurs des GAFAM qui les ont confectionnés ne peuvent faire semblant de ne pas avoir été prévenus.

    En effet, en 2020, quatre chercheuses, Emily Bender, Timnit Gebru, Angelina McMillan-Major et Margaret Mitchell finalisaient un article scientifique qui rassemblait les différentes critiques qui pouvaient être faites (par elles-mêmes, mais aussi par d’autres chercheurs qu’elles citent), à l’époque, sur l’utilisation des grands modèles de langage et intitulé « On the Dangers of Stochastic Parrots : Can Language Models Be Too Big ? 🦜 » [PDF] (en français, « À propos des dangers des perroquets stochastiques : les modèles de langages peuvent-ils être trop gros ? 🦜 »).

    Timnit Gebru et Margaret Mitchell, qui travaillaient à l’époque chez Google, se sont vu reprocher le contenu de l’article par leur employeur et ont été licenciées. L’article finira par être publié en mars 2021 (avec la signature d’une certaine Shmargaret Shmitchell appartenant à l’institution de « l’Éther » à la place de celle de Margaret Mitchell).

    Google, IA et éthique : « départ » de Timnit Gebru, Sundar Pichai s’exprime
    IA et éthique : aprés Timnit Gebru, Google enquête sur Margaret Mitchell, une autre de ses employées

    Leur licenciement a fait grand bruit à l’époque, mais les arguments de l’article ont finalement eu peu de répercussions médiatiques. La sortie des ChatGPT et les critiques actuelles en ont eu beaucoup plus, sans doute parce qu’il était difficile de se rendre compte, concrètement, des implications que cette technologie pouvait avoir.

    Revenons un peu sur les critiques que les chercheuses formulaient à l’époque sur les modèles de langage (ML).
    Des robots perroquets probabilistes

    S’ils sont maintenant utilisés pour créer des chatbots, les quatre chercheuses prévenaient dans leur article que « le texte généré par un ML n’est pas fondé sur une intention de communication, un modèle du monde ou un modèle de l’état d’esprit du lecteur. Il ne peut pas l’être, parce que les données d’entrainement n’ont jamais inclus le partage de pensées avec un auditeur ».

    Pourtant, ChatGPT et autres ont permis de l’expérimenter : quand nous les utilisons, l’impression de discuter avec la machine est grande. Les quatre chercheuses reconnaissaient les « qualités de plus en plus fluides du texte généré automatiquement ».

    Mais ce qu’elles soulignaient, c’est que même si c’est contre-intuitif, c’est en fait « notre perception du texte en langage naturel [...] [qui] est médiée par notre propre compétence linguistique et notre prédisposition à interpréter les actes de communication comme véhiculant un sens et une intention cohérents ». C’est-à-dire que ce n’est pas ChatGPT qui met du sens et des intentions dans le texte qu’il génère, mais la personne qui lit sa réponse. Et nous nous créons ainsi une illusion.

    Timnit Gebru et ses collègues expliquaient bien que, contrairement à cette illusion que nous donne le texte en sortie, « un ML est un système qui assemble au hasard des séquences de formes linguistiques qu’il a observées dans ses vastes données d’apprentissage, en fonction d’informations probabilistes sur la façon dont elles se combinent, mais sans aucune référence à la signification ». Elles le résument en deux mots, les modèles de langage sont des « perroquets stochastiques » (« Stochastic Parrots », en anglais), ou en termes plus accessibles, des perroquets probabilistes.
    Des données d’entrainement problématiques

    La fluidité des textes générés par ces modèles de langage est due à l’utilisation de la masse de données accessible sur le web comme données d’entraînement. Mais dès 2020, les chercheurs ont pointé des problèmes dans cet entrainement : l’enregistrement de stéréotypes et de dénigrements à propos de genres, de « races » (au sens de catégorie sociale), d’ethnies et de handicaps. Les quatre autrices expliquent dans leur article que « la taille ne garantit pas la diversité ».

    Et effectivement, puisque les modèles de langage créent des textes en fonction de probabilités de retrouver des groupes de mots dans les données d’entrainement, plus des groupes de mots se retrouvent dans ces données, plus il y a de chances qu’ils se retrouvent dans le texte généré. « Les voix des personnes les plus susceptibles d’adhérer à un point de vue hégémonique sont également les plus susceptibles d’être retenues », concluent-elles.

    Concrètement, elles expliquent que « dans le cas de l’anglais américain et britannique, cela signifie que les opinions suprémacistes blanches, misogynes, âgistes, etc. sont surreprésentées dans les données d’entraînement, ce qui non seulement dépasse leur prévalence dans la population générale, mais permet également aux modèles entraînés sur ces ensembles de données d’amplifier davantage les biais et les préjudices ».

    Les chercheuses citaient plusieurs études montrant que ce genre de modèles présentaient divers types de préjugés sur des caractéristiques surveillées comme le sexisme, le racisme etc. Mais elles expliquaient aussi que d’autres biais étaient beaucoup moins étudiables car, si nous sommes conscients de l’existence du racisme, d’autres sujets sur lesquels nous sommes moins attentifs peuvent subir aussi des biais qu’il est dès lors difficile de repérer.

    Les chercheuses pointaient aussi le fait que ces données d’entrainement et donc les modèles de langage qui se basent dessus sont statiques. Alors que le monde et notre perception de celui-ci bougent en permanence, que les mouvements sociaux déstabilisent les récits dominants et que les contenus publiés sur internet bougent en permanence, les modèles de langage, eux, restent figés sur une représentation du monde donnée à un moment donné. Dans leur article, elles insistent sur le fait que toute volonté de rationaliser des définitions de sujets sociaux est nécessairement politique, « que les développeurs choisissent ou non la voie du maintien du statu quo ».
    Risques de dissémination des biais et de désinformation

    Pour Timnit Gebru et ses collègues, le risque d’utiliser ces grands modèles de langage qui vont produire ces textes biaisés est aussi de disséminer sur internet encore plus de textes biaisés. Puis que les prochains grands modèles de langage soient entrainés sur ces textes générés par des grands modèles de langage, perpétuant et amplifiant les biais encodés dans les premiers modèles.

    L’article pointait aussi, déjà, le risque de générations automatiques et massives de textes de désinformation. Les autrices citent notamment un rapport des chercheurs du Centre sur le terrorisme du Middlebury Institute of International Studies Kris McGuffie et Alex Newhouse, mis en ligne en septembre 2020, qui montre comment GPT-3 pourrait être utilisé pour générer du texte à la manière d’un théoricien conspirationniste. McGuffie et Newhouse écrivaient : « Si les mesures préventives d’OpenAI sont solides, la possibilité d’une copie non réglementée de cette technologie représente un risque important pour la radicalisation et le recrutement en ligne à grande échelle. En l’absence de mesures de protection, il est probable que la mise en place d’armes efficaces qui nécessitent peu d’expérimentation soit un succès ».

    Un autre article, du chercheur du Alan Turing Institute de Londres Luciano Floridi et de Massimo Chiriatti d’IBM Italie, publié lui aussi fin 2020, prévoyait que « D’une part, la publicité en ligne en profitera. Compte tenu des modèles commerciaux de nombreuses entreprises en ligne, les appâts à clics de toutes sortes seront stimulés par des outils comme GPT-3 [...]. D’autre part, les fausses nouvelles et la désinformation peuvent également être stimulées. »
    Coûts environnementaux

    Dans l’article de Timnit Gebru et de ses collègues, les questions de coûts économiques et environnementaux étaient aussi soulevés. Elles y expliquaient que l’émission d’un entrainement d’un modèle de langage de la famille GPT était estimée à 284 tonnes de CO2. L’amélioration successive des techniques et le caractère statique des données d’entrainement évoqué ci-dessus impliquent qu’un modèle de langage est voué à être mis à jour, ne serait-ce que pour prendre en compte les nouveaux événements qui ont eu lieu.
    Des dangers constatés depuis la sortie de ChatGPT

    Ces dangers pointés par ces chercheuses et chercheurs en 2020, nous les constatons maintenant que chatGPT et ses copies sont sortis. L’entreprise Newsguard a, par exemple, observé que dans 80% de cas de fausses informations qu’elle a soumises à ChatGPT, celui-ci a produit des mensonges et des discours violents très convaincants. Des biais sexistes et racistes ont aussi été dévoilés sur ce même agent conversationnel. Le chatbot de Bing s’est noyé dans l’outrance après avoir été provoqué. Celui-ci et Bard (la version de Google) ont aussi affirmé des bêtises lors de leurs présentations respectives. Même si la question environnementale a fait l’objet de moins d’attention, le « sale secret » de leur forte émission de CO2 a quand même été évoquée par Wired.
    Peu de garde-fous mis en place depuis l’alerte

    En comparant les alertes lancées par les chercheuses et chercheurs en 2020 et les constats que nous pouvons faire maintenant, il est difficile de constater une réelle amélioration de la technologie pour éviter les problèmes signalés.

    En ce qui concerne les propos les plus biaisés, certes, OpenAI a rendu son modèle de langage un peu plus responsable, mais rapidement un outil comme DAN (pour « Do Anything Now ») a permis de contourner ses protections contre les dérives. Et si ChatGPT a ensuite été plus restrictif pour bloquer DAN, une version permet de passer outre. De plus, OpenAI n’a finalement mis qu’une rustine sur les trous les plus visibles. Les biais moins saillants restent.
    OpenAI en cheval de Troie

    On ne peut que constater que les alertes qu’ont lancées les chercheurs, et notamment ces quatre chercheuses, n’ont fait que retarder un peu l’arrivée des grands modèles de langage devant le grand public. La technologie n’a pas beaucoup évolué depuis 2020. D’ailleurs, Baidu prévoit de reprendre son modèle de langage publié en 2021 pour développer son propre agent conversationnel.

    Le défi, pour les grandes multinationales, depuis, était plutôt de faire accepter l’utilisation de ces modèles de langage malgré les critiques. Quelques semaines avant la publication de ChatGPT, Meta s’y est risqué avec son Galactica et a d’ailleurs essuyé une salve de critiques qui l’a obligé à le retirer au bout de trois jours.

    La structure de la relation entre OpenAI et Microsoft a permis à ce dernier de profiter d’un éventuel paravent en cas d’une même salve. Si ChatGPT était critiqué, ce n’était finalement que la startup OpenAI qui échouerait. Finalement, alors que le robot conversationnel a fait l’objet d’un buzz positif dans l’ensemble, Microsoft a pu assumer d’en être le partenaire principal et a même rajouté quelques milliards dans la startup.

    Depuis, c’est la course au chatbot reposant sur les grands modèles de langage et il va être difficile d’imposer aux géants du numérique de répondre aux dangers que soulignaient les chercheurs et chercheuses en 2020. Microsoft est pourtant au courant des biais discriminants et de la tendance à la désinformation que peuvent prendre ces machines depuis qu’il a testé de brancher l’agent conversationnel Tay sur Twitter en 2016.

    #ChatGPT #Modèles #Dangers

  • Un pur chef d’oeuvre : Ténèbre, de Paul Kawczak
    (La Peuplade, 2020 ; J’ai lu, 2021)

    Un grand livre passé inaperçu en France, malgré un prix des lecteurs L’express/BFMTV 2020 et une critique de François Angelier le 28 août 2021.

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    Le roman raconte le parcours de Pierre Claes, géomètre belge mandaté par le roi qui mène une expédition en Afrique pour matérialiser les limites des terres civilisées. Il remonte le fleuve Congo en compagnie de travailleurs bantous et de Xi Xiao, maître tatoueur chinois et bourreau spécialisé dans l’art de la découpe humaine. Ce dernier devine les horreurs de la colonisation à venir.

    « Dans ce premier roman, Paul Kawczak revisite et dynamite le récit de voyage à la façon du XIXe siècle, pour en faire un livre baroque, oppressant, violemment érotique, d’une beauté barbare, servi par un style superbe »

    estime Jean-Claude Perrier dans son avant-critique du roman paru dans le Livres Hebdo du 17 janvier.

    Paul Kawczak est un éditeur, né en 1986 à Besançon, en France. Ses études doctorales en littérature l’ont mené en Suède puis au Québec. Avec le goût de l’exil lui est venu celui de l’écriture, comme forme de retour. Ténèbre sortira en format poche chez J’ai lu en 2021.

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    L’extraordinaire Ténèbre dans laquelle Paul Kawczak immerge ses personnages, celle de l’énorme et impénétrée forêt congolaise des années 1890, tient moins de la lice héroïque que d’un salon de torture fin de siècle. Imprégné par le Mirbeau du Jardin des supplices (1899) et le Conrad d’Au cœur des ténèbres (1899) – Conrad qui fait une apparition, « Polonais aux yeux polaires » –, le roman de Kawczak offre une peinture au rasoir, d’une part d’une Afrique coloniale hagarde, en sang et en larmes, que l’Europe franco-belge dilacère avec cupidité, confiant ses basses œuvres tant à des nervis soûls de sadisme qu’à des aventuriers à la mysticité délirante, et, d’autre part, du « charnier divin » d’une Belgique à la Ensor d’où vient le héros, le géomètre Pierre Claes, ethnie bourgeoise et délirante. A lire cul sec.

    https://www.lemonde.fr/livres/article/2021/08/28/james-fenimore-cooper-paul-kawczak-william-seabrook-la-chronique-poches-de-f

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    Les libraires conseillent (février 2020)

    En 1890, au cœur d’une Afrique que les grands pays colonisateurs se disputent âprement, Pierre Claes, géomètre de son état, se voit confier par son Roi la tâche d’aller délimiter la #frontière nord du Congo. Mais le jeune Claes, qui n’a rien de l’aventurier viril requis pour une telle charge, sombre peu à peu dans l’horreur coloniale, dont les extrémités semblent sans limites. Formée d’une horde de personnages aussi denses qu’énigmatiques, du bourreau chinois Xi Xiao au danois Mads Madsen, capitaine du Fleur de Bruges, sans oublier Mpanzu le Bantou, Vanderdorpe au cœur brisé ou encore Léopold, un chimpanzé apprivoisé, l’expédition Claes progresse péniblement sur le fleuve Congo, ponctuant son périple de rencontres inusitées et de péripéties abracadabrantes, pénétrant toujours plus avant la noirceur terrifiante des jungles antédiluviennes d’où toute morale s’est depuis longtemps évanouie. Servi par l’élégance d’une prose véritablement géniale et doté d’un art narratif empruntant aussi bien à Jules Verne qu’à Hemingway ou même à Poe, ce roman immense au romantisme sombre devrait vous hanter longtemps après avoir tourné la dernière page.

    Attention : chef-d’œuvre !

    Philippe Fortin, librairie Marie-Laura (Jonquière)

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    « L’histoire qui suit n’est pas celle des victimes africaines de la colonisation. Celle-ci revient à leurs survivants. L’histoire qui suit est celle d’un suicide blanc dans un monde sans Christ ; celle d’un jeune homme oublié dans un labyrinthe de haine et d’aveuglement : l’histoire du démantèlement et de la mutilation de Pierre Claes. » (page 12)
    Ce chant de la mutilation, — pour reprendre le titre du livre de Jason Hrivnak [1] ­—, relate l’histoire de Pierre Claes, géomètre belge, mandaté par le roi Léopold II pour délimiter les frontières du Congo. Le jeune homme se lance en 1890 dans une première expédition à bord du Fleur de Bruges, glissant sur le fleuve Congo, en compagnie de travailleurs bantous et de Xi Xiao, un ancien bourreau spécialisé dans l’art de la découpe humaine, maître tatoueur et devin.

    Paul Kawczak ne fait pas ici le pari de la #reconstitution mais plutôt celui d’écrire un roman comme s’il avait été écrit au XIXème siècle, sans pour autant tomber dans les travers du pastiche ou de la parodie.
    L’ironie est présente dans Ténèbre, mais il s’agit d’une ironie subtile, de celle à l’œuvre dans le Dracula (1897) de Bram Stoker, roman épistolaire brillant dans lequel l’auteur raille subtilement l’héroïsme des personnages qui pourchassent le vampire. L’atmosphère et le style flamboyant de Ténèbre ne sont pas non plus sans rappeler le génial roman gothique Melmoth ou l’Homme errant (Melmoth the Wanderer, 1820) de Charles Robert Maturin.

    « Des mains dont les ongles avaient continué de pousser et dont les corps avaient disparu, emportant avec eux le jour et la nuit, les arbres géants et les cris animaux, le temps des regrets et la parole humaine. Ces mains hurleraient et perceraient le monde jusqu’à le déformer, l’étirant hors de toute mesure suivant l’attraction de leur cri ; elles se rendraient au berceau de chaque nouveau-né, au chevet de chaque vieillard, au seuil de chaque foyer pour porter l’horrible nouvelle, la portant à la barbe de Léopold II même, qu’elles finiraient par arracher, comme elles arracheraient chaque Christ de sa croix pour le gifler, le fesser et lui annoncer, rieuses, piailleuses et chantantes, comme les mésanges nègres du fleuve Congo, l’avènement de la Peur, de la Mort et de l’Apocalypse. » (p. 147)

    Ténèbre n’a rien d’un pastiche, disions-nous. Il suffit pour s’en convaincre de prêter attention aux premières citations en exergue, celle de l’artiste taïwanais Chen Chieh-Jen, tout d’abord, qui rappelle que si « nous ne voyons pas la violence de l’histoire […] nous avons besoin de méditer les images de l’horreur et de nous en pénétrer » (p. 7). Puis celle de l’historien congolais Isidore Ndaywel è Nziem : « de 1880 à 1930, environ 10 millions de Congolais […] auraient disparu, victimes de l’introduction de ‘‘la civilisation’’. » (ibid.)

    La troisième épigraphe est de #Marx :

    « Le #capital naît dégouttant de sang et de boue des pieds à la tête », écrit l’auteur du Capital (p. 11).

    L’intention du romancier est claire : Ténèbre se veut une généalogie du Mal, ce Mal qui ronge l’Europe dans les derniers feux d’un romantisme à l’agonie : le capitalisme et son corollaire, le colonialisme, avec son abominable litanie de crimes contre l’humanité commis au nom de « la civilisation », — une civilisation blanche, mâle, chrétienne.

    Dieu est mort. L’argent est roi

    C’est le Mal qui ronge Pierre Claes, le géomètre dont le lecteur suit l’errance dans ce dédale tracé par Paul Kawczak. Les références à l’Enfer et au Paradis sont nombreuses dans le roman. Le Congo, en premier lieu, comparé à un nouvel Éden :

    « Le jardin d’Éden n’avait dû être qu’un simple brouillon comparé à la jungle africaine. À plusieurs reprises, [Pierre Claes] se dit que son enfance eût été plus facile s’il avait eu connaissance de l’existence des fleurs qu’il voyait alors, s’il avait su qu’il y avait, quelque part sur la Terre, un Paradis plus mystérieux que celui de la catéchèse, un lieu d’où pas une couleur n’était absente, où la mort même était extraordinaire, un lieu dont le calvaire quotidien de l’extrême chaleur et des insectes consacrait la beauté en vérité au lever du soleil. » (p. 106)

    Claes est chargé de cartographier ce Paradis [2], une mission qu’il accomplit en scrutant le ciel pour abaisser sur Terre les étoiles :

    « À cette époque, un géomètre marquait la terre mais scrutait le ciel. Les frontières idéales se matérialisaient à partir des étoiles dont l’apparente fixité était encore l’aune de l’absolu pour les hommes. Pierre Claes, par de savants calculs, abaisserait sur Terre les étoiles, au sol, et de leur majesté ne resterait que le tracé invisible d’un pouvoir arbitraire : là passerait la frontière. Claes réduirait l’infini en politique. » (p. 32)

    Autre motif lié au Paradis terrestre et à l’Enfer, celui du serpent, présent sur la couverture du livre et dont nous trouvons de nombreuses occurrences dans le texte [3]. Le serpent est un motif polysémique dans Ténèbre, mais la référence au texte de la Genèse (3, 1-24) est évidente. Dans la scène d’agonie de Baudelaire (pp. 127-128), Paul Kawczak décrit les yeux de l’auteur des #Fleurs_du_Mal comme ceux d’un serpent, faisant du poète le témoin et la victime de ce Mal qui dévore l’ancien monde.

    La question du mot ténèbre, si rare au singulier, a été éludée par les exégètes [4]. Plus fréquent au pluriel, notamment lorsqu’il fait référence à l’absence de Dieu et à l’Enfer, le mot a perdu sur la couverture du livre son S qui s’y trouve, par magie, incarné sous la forme d’un serpent [5]. Contrairement à la doctrine de la théologie chrétienne du péché originel, Paul Kawczak distingue la ténèbre, qui est intérieure, du Mal (représenté par le serpent) extérieur à l’homme : ici l’homme ne naît pas pécheur, il devient mauvais, corrompu par le capitalisme dont l’un des symboles est celui du dollar américain, un S doublement barré.

    L’errance géographique de Claes, se double d’une errance d’ordre psychique, un labyrinthe mental [6] tracé par le Mal à l’œuvre sur Terre : l’Enfer n’est pas un lieu, il est le socle brut de notre condition humaine, planté au cœur des hommes broyés par le capitalisme triomphant.

    « Chaque nuit un peu plus, Claes prenait la mesure de la progression de l’ombre en lui, de sa catabase africaine vers la Ténèbre intérieure. Pierre Claes pleurait alors comme un enfant, inconsolable de sombrer et effrayé par la violence à venir et les promesses tristes de la mort. » (p. 107)

    Ces leitmotive font signe au-dessus de la jungle du texte, la phrase Kawczakienne étant elle-même à l’image de cette jungle : sa syntaxe est prolifération, luxuriance, toute bruissante de ses rumeurs. La riche prose de Ténèbre passerait aisément l’épreuve du « gueuloir » chère à Flaubert, et l’on devine d’ailleurs que Paul Kawczak partage envers l’auteur de L’Éducation sentimentale l’admiration qu’il prête à l’un de ses personnages (Polonais) pour « son style, non pas prosodique, mais ironique, toujours double, comme chaque chose » (p. 87).

    Les pages sublimes sont nombreuses dans le livre. Citons notamment celle-ci, sidérante de sa noire beauté :

    « Repassait incessamment dans son esprit l’image claire et brutale de la vulve coulante de Camille Claes, ouverte comme le désir précipité et précipitant, en fleur de chair, intolérable ou, plutôt, qui ne le tolérait pas, lui, le raidissait à mourir dans la trahison de son père qui ne l’avait jamais peint, et la lune, ouverte comme la plaie du Christ, comme le bec de certaines pieuvres qu’on avait amenées de la côte, du port d’Ostende, une fois, et que l’on avait montrées à la boucherie, monstrueux miracles roses et gris de gélatine, comme les récits de son grand-père, rejetant, vomissant le lait et le sang, il l’avait vue, écartée et baveuse et jamais, jamais, il n’avait eu aussi peur qu’au réveil ce matin-là, il devait s’excuser auprès de ses chiens avant qu’ils ne l’accusent trop violemment des mots que lui avait murmurés Camille Claes, de ce qu’elle lui offrait comme on offre à un homme, de ce tout petit secret de fourche, pas plus grand que le quart de la paume d’une main, plus petit même peut-être, comme la vérité et le monde qui l’avaient toujours tué. » (p. 182)

    Une des plus belles idées du livre tient dans la métaphore filée de l’écriture tout au long du roman : les tatouages et la découpe des chairs. L’écriture de Paul Kawczak est double, ainsi que celle de Flaubert. Elle est le Mal qui dit le Mal. Le poison et son antidote. La Fleur du Mal.

    « Un soir, Xi Xiao n’eut plus de nouveau récit à raconter. Pierre Claes lui demanda à être la prochaine histoire. Pierre Claes demanda à Xi Xiao de lui tatouer sur le corps le tracé d’une découpe et de le lingchéifier au cœur de l’#Afrique. Pierre Claes voulait être ouvert aux étoiles pour quitter l’horreur de sa vie. » (p. 151)

    Riche de ses références, tant aux romans populaires d’aventures et gothiques, qu’au symbolisme, au #décadentisme et au #romantisme crépusculaire, Ténèbre est un premier roman brillant et résolument postmoderne, porté de bout en bout par une écriture puissante et superbe.

    https://chroniquesdesimposteurs.wordpress.com/2020/05/22/tenebre-de-paul-kawczak

    [1] À lire ici notre recension du roman de Jason Hrivnak : https://LesImposteurs/le-chant-de-la-mutilation-de-jason-hrivnak

    [2] Nous pourrions également évoquer le Paradis qu’est pour Vanderdorpe « le giron tiède » de Manon Blanche, « terre où il eût dû mourir et où il n’avait pu naître », dont il « était déchu et banni sans possibilité de rachat » (p. 134).

    [3] La couleuvre pp. 96, 127-128 ; la vipère p. 209 ; le python pp. 227-228 ; ou encore pages 292 et 299.
    [4] Pour étayer notre analyse de cet ouvrage que nous disions écrit à la manière d’un roman du XIXème, notons que le rare ténèbre, au singulier, est attesté chez Huysmans en 1887.

    [5] L’illustration de première de couverture est l’œuvre de Stéphane Poirier.

    [6] Notons quelques occurrences du motif du labyrinthe dans le texte : « Cela, que les hommes ignorent, / ou dont ils n’ont pas idée,
 / à travers le labyrinthe du cœur,/ chemine dans la nuit. » (p. 239) ; « Congo-Minotaure » (p. 86) et « le Minotaure jaune » (p. 247) à propos de Xia Xiao.

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    Plus son bateau remonte le fleuve et plus Claes réalise à quel point l’entreprise dans laquelle il s’est embarqué est folle. Pour dompter un continent, il convient de le découper, de tailler à même sa chair géographique. Instrument et victime de ce projet, Claes en fait les frais. Entre un Chinois maître-tatoueur, un père désespéré, un singe doté d’émotions, Verlaine saoul, Baudelaire agonisant et une foule de colons détestables, Ténèbre navigue dans les eaux troubles de la fin de siècle et impressionne par son réalisme foisonnant.

    Entrecroisant les destins et les lieux, Kawczak emporte son lecteur de la #jungle africaine aux trottoirs parisiens, en passant par une boucherie bruxelloise et l’université britannique de St Andrews. À l’image de ses personnages, Ténèbre est un livre charnel, désespéré, exalté, qui suinte d’humeurs et de transpiration. C’est le tableau grouillant d’un XIXe siècle malade, halluciné, en état d’ébriété, de délire mystique et poétique permanent.

    C’est aussi un hommage décalé au Coeur des ténèbres de Joseph Conrad, mais bien plus qu’une variation sur le thème, ce pastiche, au sens noble, trouve sa propre force dans une galerie de portraits splendides et misérables, dans l’évocation de tous ces pauvres êtres meurtris par l’amour et qui courent à leur perte avec panache.

    Ténèbre est un livre total, parfaitement maîtrisé, et dont la plus belle réussite, peut-être, est de nous faire ressentir physiquement les fièvres qu’endurent les personnages. Un livre malade, en somme, et hautement contagieux.

    Grégoire Courtois, Libraire Obliques (Auxerre)

    https://actualitte.com/article/5206/chroniques/tenebre-de-paul-kawczak-impitoyable-et-hautement-contagieux

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    "Ténèbre" : Paul Kawczak, détonnant voyageur
    https://www.ledevoir.com/lire/571423/fiction-quebecoise-paul-kawczak-detonnant-voyageur

    Le 23 février 1885, de triste mémoire, à l’issue de la Conférence de Berlin, une poignée de pays européens se sont partagé l’Afrique sans états d’âme. Une charcuterie géopolitique qui a notamment inspiré Congo au romancier français #Éric_Vuillard en 2012.

    D’un coup de baguette magique, un territoire de 2,3 millions de kilomètres carrés couvrant une bonne partie du bassin du fleuve Congo est ainsi devenu un État indépendant et la propriété privée de Léopold Louis-Philippe Marie Victor de Saxe-Cobourg-Gotha, dit Léopold II, qui a dirigé le Royaume de Belgique entre 1865 et 1909.

    Le temps de l’#exploration est fini. Livingstone est mort de la dysenterie en 1873 dans un coin reculé de l’actuelle Zambie en cherchant les sources du Nil. Pierre Savorgnan de Brazza, nommé commissaire général du Congo français en 1885, a la main trop douce aux yeux de certains. L’heure est venue de passer aux choses sérieuses.

    Une alliance inédite

    Au nom de l’exploitation effrénée du #caoutchouc et de l’#ivoire, « dans l’intérêt de la civilisation et pour le bien de la Belgique », sur un territoire 80 fois plus grand que le petit royaume belge, vont se répandre l’appât du gain, la terreur et les crimes contre l’humanité. Une alliance inédite entre le colonialisme et le capitalisme dans sa forme la plus sauvage.

    Au menu : mauvais traitements, #esclavage, #torture, #mutilations et dilatation des profits. Une aventure quasi génocidaire sans précédent, trop mal connue, alors que certains historiens estiment que l’aventure coloniale au Congo — qui ne deviendra une #colonie_belge qu’en 1908 — aurait fait 10 millions de morts. Le monarque « philanthrope » belge, lui, n’y mettra jamais les pieds.

    C’est la matière sombre, l’espèce de trou noir où convergent et qu’aspire tout le mal dont l’homme semble être capable, qui est au cœur de Ténèbre, le premier roman magistral et « détonnant » de Paul Kawczak.

    En donnant à son livre une puissance qui est à la hauteur de son sujet, le romancier sort de l’ombre avec éclat.

    Une plongée dans l’horreur

    Mandaté par #Léopold_II pour y « découper un territoire volé », Pierre Claes, un jeune géomètre belge originaire de Bruges, débarque en mars 1890 dans un port du Congo.

    Sur place, le géomètre va s’assurer les services de Xi Xiao, un ancien bourreau chinois adepte du lingchi — appelé aussi supplice des « cent morceaux » — venu tenter l’aventure africaine et qui y survit comme maître tatoueur et homme à tout faire.

    Cette méthode de torture raffinée qu’il pratiquait consistait à prélever par tranches fines les muscles et les organes du supplicié, engourdi d’opium, jusqu’au coup de grâce. Un art du dépeçage qui fait ici écho, à l’évidence, au saccage méticuleux de l’Afrique.

    « Jamais n’avait-on vu encore, à une telle échelle, d’organisation si rationnelle et si intéressée de la mort. En chaque coin du pays, des subordonnés de cet État mortifère et raciste, amorçant ce qui reviendrait, en dernier lieu, au suicide de leur propre civilisation, assassinaient par centaines de milliers des vies africaines qu’ils eurent voulu oublier dans les brumes de leur délire. Le sang et la boue se mêlaient au sol comme ces insectes qui s’aiment d’une étreinte mécanique et furieuse, se dévorant le cou, les yeux ouverts sur la mort, le fond impossible de la vie. »

    -- Ténèbre, de Paul Kawczak, page 246

    Fasciné par les photographies d’un de ces supplices, l’écrivain français Georges Bataille a voulu, lui, y voir une forme d’érotisme.

    À sa manière, l’auteur prend la balle au bond. Xi Xiao va tomber amoureux de Pierre Claes, qui deviendra la victime consentante de ce Chinois de la douleur et de son art de la « découpe humaine divinatoire ».

    « Jamais la mort n’avait tenté de s’emparer de manière aussi vivante et imaginative d’un corps. » Un destin que Paul Kawczak semble lier, si on s’autorise à lire entre les lignes — ce que la richesse du roman permet —, au « suicide » de la civilisation européenne.

    Père manquant, fils vengé

    Au même moment, dans un coin reculé du Congo, avant de croiser un couple de missionnaires anglais exaltés, des porteurs bantous, un serpent baptisé Léopold et #Paul_Verlaine lui-même, Pierre Vanderdorpe, un médecin belge au service d’un puissant de la Société belge du Haut-Congo, traîne une peine immense.

    Un temps amoureux de la mère de Pierre Claes, enfant qu’il avait adopté avant de disparaître sans se retourner et de faire de sa vie une peine d’amour, Vanderdorpe traîne ses regrets au milieu des fièvres et de la pourriture équatoriale.

    Pour ce médecin sans remèdes, « l’existence est une aberration » et l’homme avoue rechercher en Afrique la meilleure façon de mourir. Il va la trouver.

    Né en 1986 à Besançon, dans l’est de la France, après un détour par la Suède, Paul Kawczak vit à Chicoutimi depuis 2011, où il a soutenu en 2016 à l’UQAC une thèse de doctorat intitulée Le roman d’aventures littéraire de l’entre-deux-guerres français : le jeu du rêve et de l’action. Auteur de deux livres, L’extincteur adoptif (Moult éditions, 2015) et Un long soir (La Peuplade, 2017), il est depuis juin 2017 éditeur à La Peuplade.

    En fait de roman d’aventures, il ne fait aucun doute que Paul Kawczak connaît ses classiques. Ténèbre en fait la preuve, et l’écrivain lance un clin d’œil appuyé à #Joseph_Conrad, qui y fait une discrète apparition. Ce dernier fut marin polonais sur le vapeur Roi des Belges sillonnant le #fleuve_Congo, avant de devenir un écrivain anglais et de dénoncer lui-même en 1899 le régime d’exactions au #Congo dans Au cœur des ténèbres, sa nouvelle la plus célèbre. Récit de passions mortifères, d’amour sublimé, de catastrophes intimes et collectives, Ténèbre déploie avec force sa magie noire. Une grande part de la réussite du roman tient à ce que tous les fils du récit finissent par converger en une finale, disons, explosive.

    Aux commandes de ce roman sombre à l’écriture impeccable, dosant avec justesse l’action et la profondeur, les injustices et les vengeances, #Paul_Kawczak nous tient en haleine du début à la fin. Du grand art.

    #littérature #massacre #colonialisme #impérialisme

  • Aux origines, lointaines et proches, de la révolte des peuples arabes https://lutte-ouvriere.org/documents/archives/cercle-leon-trotsky/article/aux-origines-lointaines-et-proches-14843

    #archiveLO #conférenceLO | #CLT du 1er avril 2011

    https://videos.lutte-ouvriere.org/download/video/20110401_CLT_PaysArabes_part1.mp4

    Sommaire :

    Introduction

    Le déclin de l’Empire Ottoman
    – La perte de l’Algérie et de la Tunisie
    – L’Égypte : tentative de développement national
    – Premier sentiment national
    – Les rivalités impérialistes et la Première Guerre mondiale

    Les rivalités franco-britanniques
    – La fin de la Première Guerre mondiale
    – La révolution russe
    – Révolte en Égypte en 1919
    – Révolte à Damas
    – L’Irak en insurrection
    – Bilan d’après guerre

    La crise des années 1930, nouvelle vague de contestation dans le monde arabe
    Bilan

    Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale

    La révolte coloniale
    – La France réprime en Algérie
    – ... et est chassée de Syrie
    – 1945-1947, révoltes ouvrières en Irak
    – ... et en Égypte
    – A propos d’Israël
    – La guerre israélo-arabe
    – Les « officiers libres »
    – Nasser et la guerre froide
    – L’expédition de Suez
    – Le panarabisme
    – Usure du nassérisme

    La lutte du peuple palestinien

    La révolte actuelle des peuples arabes

    La classe ouvrière porte l’avenir

    https://videos.lutte-ouvriere.org/download/video/20110401_CLT_PaysArabes_part2.mp4

    #Empire_Ottoman #Tunisie #Egypte #Algérie #impérialisme #nasser #nassérisme #Guerre_Mondiale #colonialisme #Palestine #Israël #Suez #panarabisme #peuple_palestinien #Israël #Égypte #lutte_de_classe #irak #révolution_russe

  • L’Italie bloque l’usage de #ChatGPT
    https://www.france24.com/fr/%C3%A9co-tech/20230331-l-italie-bloque-l-usage-de-l-intelligence-artificielle-chatgpt

    Dans un communiqué, l’Autorité italienne de protection des données personnelles prévient que sa décision a un « effet immédiat » et accuse le robot conversationnel de ne pas respecter la réglementation européenne et de ne pas vérifier l’âge des usagers mineurs.

    #ia #intelligence_artificielle #OpenAI

    • ChatGPT de nouveau autorisé en Italie
      https://www.liberation.fr/economie/economie-numerique/chatgpt-de-nouveau-autorise-en-italie-20230429_HZAXWZDVXFBYLP2H5IHUDVJQBU

      L’Autorité italienne de protection des données personnelles avait bloqué fin mars ChatGPT, qu’elle accusait de ne pas respecter la réglementation européenne et de ne pas avoir de système pour vérifier l’âge des usagers mineurs.

      Bloqué il y a un mois pour atteinte à la législation sur les données personnelles, le programme d’intelligence artificielle ChatGPT est de nouveau autorisé en Italie depuis vendredi. « ChatGPT est de nouveau disponible pour nos utilisateurs en Italie. Nous sommes ravis de leur souhaiter à nouveau la bienvenue et restons engagés dans la protection de leurs données personnelles », a indiqué un porte-parole de OpenAI vendredi 28 avril.

      L’Autorité italienne de protection des données personnelles avait bloqué fin mars ChatGPT, qu’elle accusait de ne pas respecter la réglementation européenne et de ne pas avoir de système pour vérifier l’âge des usagers mineurs. L’Autorité reprochait aussi à ChatGPT « l’absence d’une note d’information aux utilisateurs dont les données sont récoltées par OpenAI […] dans le but “d’entraîner” les algorithmes faisant fonctionner la plateforme ».

      En outre, alors que le programme est destiné aux personnes de plus de 13 ans, l’Autorité mettait « l’accent sur le fait que l’absence de tout filtre pour vérifier l’âge des utilisateurs expose les mineurs à des réponses absolument non conformes par rapport à leur niveau de développement ».

      Sonnets et code informatique
      OpenAI publie désormais sur son site des informations sur la façon dont il « collecte » et « utilise les données liées à l’entraînement » et offre une « plus grande visibilité » sur la page d’accueil de ChatGPT et OpenAI de la politique concernant les données personnelles. La compagnie assure aussi avoir mis en place un outil « permettant de vérifier en Italie l’âge des utilisateurs » une fois qu’ils se branchent.

      L’Autorité italienne a donc donné acte vendredi « des pas en avant accomplis pour conjuguer le progrès technologique avec le respect des droits des personnes ».

      ChatGPT est apparu en novembre et a rapidement été pris d’assaut par des utilisateurs impressionnés par sa capacité à répondre clairement à des questions difficiles, à écrire des sonnets ou du code informatique. Financé notamment par le géant informatique Microsoft, qui l’a ajouté à plusieurs de ses services, il est parfois présenté comme un concurrent potentiel du moteur de recherche Google.

      Le 13 avril, jour où l’Union européenne a lancé un groupe de travail pour favoriser la coopération européenne sur le sujet, l’Espagne a annoncé l’ouverture d’une enquête sur ChatGPT.

  • Polémique sur Michel-Ange en Floride : l’oeuvre d’"ignorants", dénonce-t-on à Florence
    https://www.france24.com/fr/info-en-continu/20230327-pol%C3%A9mique-sur-michel-ange-en-floride-l-oeuvre-d-ignorants-d%

    La directrice d’une école sous contrat à Tallahassee, capitale de la Floride, a été contrainte de démissionner après avoir montré à ses élèves de 11 et 12 ans une photo de la célèbre sculpture nue de l’artiste florentin, une initiative qualifiée de « pornographique » par des parents.

    « Il y a une grande différence entre nudité et pornographie », a tenu à souligner Cecilie Hollberg, directrice de la Galerie de l’Académie de Florence, dans un entretien avec l’AFP. « Il faut vraiment avoir l’esprit tordu pour confondre » les deux.

    « Ceux qui dérangés (par la nudité de David) ont un sérieux problème avec les racines de la culture occidentale », tranche-t-elle, alors que « c’est la justement la nudité qui est le symbole de sa pureté ».

    L’historienne allemande, qui dénonce « un puritanisme déplacé », juge cette affaire « assez grave » parce qu’elle révèle que « nous perdons le lien avec notre culture et avec l’Histoire ».

    (...)

    Le président du conseil des parents d’élèves de l’école de Floride, Barney Bishop, a assuré à la télévision américaine CNN qu’il ne s’agissait pas d’interdire l’image, qui est montrée chaque année en cours d’arts.

    Mais selon lui, les parents n’ont pas été informés en amont comme le prévoit la procédure et même si la quasi totalité d’entre eux étaient satisfaits du cours, l’établissement a reçu une plainte jugeant l’image pornographique.

    Tout en reconnaissant la beauté esthétique de l’oeuvre, M. Bishop a expliqué que le concept des droits parentaux, suprême en Floride, prévalait.

    La directrice et enseignante, Hope Carrasquilla, a reçu l’ordre de démissionner sous peine d’être limogée. « Cela m’attriste que ma mission ici ait dû se terminer ainsi », a-t-elle confié au quotidien Tallahassee Democrat.

    Interrogé par Slate sur le fait de savoir si cette décision était due à la polémique, M. Bishop a confirmé que « c’était un problème, parmi bien d’autres ».

    La Floride accorde une grande importance aux droits parentaux dans l’éducation, une politique menée par le gouverneur Ron DeSantis, qui devrait se présenter contre Donald Trump comme candidat du Parti républicain pour l’élection présidentielle de 2024.

  • The Only Way to Deal With the Threat From AI ? Shut It Down | Time

    https://time.com/6266923/ai-eliezer-yudkowsky-open-letter-not-enough

    Many researchers steeped in these issues, including myself, expect that the most likely result of building a superhumanly smart AI, under anything remotely like the current circumstances, is that literally everyone on Earth will die. Not as in “maybe possibly some remote chance,” but as in “that is the obvious thing that would happen.” It’s not that you can’t, in principle, survive creating something much smarter than you; it’s that it would require precision and preparation and new scientific insights, and probably not having AI systems composed of giant inscrutable arrays of fractional numbers.
    More from TIME

    Without that precision and preparation, the most likely outcome is AI that does not do what we want, and does not care for us nor for sentient life in general. That kind of caring is something that could in principle be imbued into an AI but we are not ready and do not currently know how.

    Absent that caring, we get “the AI does not love you, nor does it hate you, and you are made of atoms it can use for something else.”

    Bon bah y’avait les monstres #Nucléaires et #ChangementClimatique. On peut rajouter #IntelligenceArtificielle dans les menaces à l’échelle de l’espèce humaine.

  • Démystifier les conneries sur l’IA – Une #Interview
    https://framablog.org/2023/02/22/demystifier-les-conneries-sur-lia-une-interview

    Cet article a été publié à l’origine par THE #Markup, il a été traduit et republié selon les termes de la licence Creative Commons Attribution-NonCommercial-NoDerivatives Démystifier le buzz autour de l’IA Un entretien avec Arvind #Narayanan par JULIA #Angwin Si … Lire la suite­­

    #Communs_culturels #Traductions #AI #Bullshit #chatGPT #CNET #Dall-E #IA #Intelligence_articielle #JuliaAngwin #Kapoor #Meta #openAI

  • « Demain ce sont des ChatGPT qui vous expliqueront que vous n’avez plus droit aux aides sociales »
    https://qg.media/2023/03/24/demain-cest-chatgpt-qui-vous-expliquera-que-vous-navez-plus-droit-aux-aides-so

    Pour QG, l’entrepreneur Tariq Krim, fondateur de Netvibes, et ancien vice-président du Conseil national du numérique, souligne combien ChatGPT, et l’IA en général, relèvent d’une trajectoire accompagnée par le pouvoir politique, qui mène droit à une « bureaucratie numérique » et à une réservation des contenus qualitatifs et des postes clés à une élite.

    • Avec ce genre d’exemple médiatisé, il y a la volonté de démontrer notamment qu’en France la technologie va transformer le gouvernement. Peut-être d’ailleurs en créant un État sans fonctionnaires, ce qu’on appelle dans le jargon « l’État plateforme« . C’est une idéologie très inspirée des suprémacistes numériques américains tels que Peter Thiel. La machine décide mieux que les hommes donc donnons-lui les manettes. La numérisation et l’automatisation de l’État sont le prélude à une forme de privatisation des fonctions régaliennes de la France. Rappelez-vous que, pendant le Covid, ce sont des acteurs privés qui ont géré la prise de rendez-vous pour la vaccination. Ainsi « l’État plateforme » est-il une doctrine ultralibérale très prisée par les hauts fonctionnaires français et la majorité actuelle. Il y a cette idée que, pour pallier le manque de fonctionnaires, on va les remplacer par des algorithmes. Le problème, et on le voit dans tous les domaines aujourd’hui, c’est qu’on est passé d’une bureaucratie analogique, avec des acteurs humains, à une bureaucratie numérique dans laquelle il n’y a plus aucun recours. Depuis quelques années, il n’y a même plus de numéros de téléphone pour appeler. Et demain ce sont des ChatGPT qui vous expliqueront que vous n’avez plus droit à vos aides sociales.

  • Une épidémie de solitude, désastreuse pour la santé mentale & physique, frappe les Etats-Unis

    Des millions d’Américains se sentent seuls tout le temps, ou presque. Une étude réalisée par des scientifiques de Harvard, en octobre 2020, montre que plus d’un tiers d’entre eux souffrent de solitude.

    (A titre de comparaison, un Français sur cinq environ dit se sentir souvent seul, selon la Fondation de France.)

    Plus précisément, plus d’un tiers des Américains (36 %) affirment qu’ils se sont sentis seuls « fréquemment », « presque tout le temps ou tout le temps » pendant les quatre semaines avant le sondage. Le terme anglais « #loneliness » ne décrit pas forcément un phénomène d’isolement ; il signifie surtout qu’une personne n’a pas autant d’#interactions_sociales qu’elle le souhaite.

    […] Milena Batanova, coauteure du rapport. « La moitié des jeunes qui se sentent seuls parmi les gens que nous avons interrogés affirment que pas une seule personne n’avait pris plus de quelques minutes de leur temps, pendant les dernières semaines, pour leur demander comment ils allaient de façon vraiment attentionnée ». […]

    Ce phénomène n’affecte pas tout le monde de la même façon. Les jeunes filles y sont particulièrement vulnérables, dans un contexte où les adolescents passent de plus en plus de temps sur les #réseaux_sociaux. Un adolescent sur cinq utilise #YouTube « presque constamment » et près de la moitié d’entre eux ouvre #TikTok plusieurs fois par jour ou davantage, selon Pew Research. Même si la causalité est difficile à établir avec certitude, la #santé mentale des jeunes Américains semble se dégrader rapidement ces dernières années.

    Trois jeunes Américaines sur cinq (57 %) disent se sentir continuellement triste ou désespérée - ce qui constitue un marqueur de la #dépression. C’est bien pire que dix ans plus tôt, quand environ un tiers d’entre elles étaient touchées par cette #tristesse_chronique.

    Les jeunes Américains, apparemment moins concernés, ne sont pas épargnés pour autant : 29 % d’entre eux se sentent perpétuellement tristes.

    En parallèle de cette tendance inquiétante, les Américains ont aussi de moins en moins de rapports sexuels. […] Une étude publiée début 2021 montre qu’un quart des Américains n’avait pas eu de rapports sexuels pendant l’année précédente. […] Pendant les décennies précédentes, entre 1989 et 2010, ce chiffre était toujours inférieur à 19 %. Une tendance plus préoccupante qu’il n’y paraît : « Le manque de #rapports_sexuels peut se traduire par moins de socialisation, moins de familles et une population plus susceptible de tomber malade » […]

    Cette #épidémie_de_solitude a des origines multiples, entre omniprésence des réseaux sociaux, culte du travail poussé à l’extrême et #culture_individualiste, qui valorise la performance et l’efficacité, au détriment parfois de la vie en communauté. Le recul de la pratique religieuse joue probablement un rôle. Mais des experts pointent aussi la façon dont les villes américaines sont conçues. Les longues distances et le manque de transports en commun incitent leurs habitants à se déplacer en voiture uniquement, ce qui rend presque impossibles les rencontres spontanées.

    Cette « épidémie de solitude » est un désastre pour la santé mentale des Américains. Mais la solitude se traduit aussi par une plus grande vulnérabilité à plusieurs maladies - problèmes cardiovasculaires, cancer, AVC, hypertension et démence notamment. Une étude publiée en 2017 montre même que les personnes qui se sentent seules développent davantage de symptômes quand elles sont exposées à des virus, même de faible gravité. […]

    L’épidémie de #solitude aux #Etats-Unis explique peut-être en partie pourquoi l’#espérance_de_vie a chuté dans le pays, ces dernières années, alors qu’elle continue à augmenter dans d’autres pays développés. A 76,1 ans en 2021, cette dernière est désormais inférieure à celle enregistrée dans des pays beaucoup plus pauvres, dont Cuba, le Liban ou la Tchétchénie. Les plus jeunes, notamment, sont plus susceptibles de mourir dans des accidents de la route, par homicide, suicide, ou à cause d’une overdose.

    (Les Échos)

    #capitalisme

  • Israël-Palestine : « De quelle démocratie parlons-nous ? »
    29 mars | Collectif pour Le Monde | - AURDIP
    Un collectif d’universitaires et de chercheurs, parmi lesquels Judith Butler, Shlomo Sand et Thomas Vescovi, ainsi que le médecin Rony Brauman, rappellent, dans une tribune au « Monde », que colons, militaires et politiques israéliens bénéficient d’une impunité totale, et que les Palestiniens vivent sans protection internationale
    https://www.aurdip.org/israel-palestine-de-quelle-5070.html

    (...) L’occupation, la colonisation et l’annexion en Cisjordanie comme à Jérusalem-Est, ainsi que le blocus total de la bande de Gaza, n’ont pas commencé par l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir. Alors que, depuis des décennies, colons, dirigeants militaires et politiques israéliens bénéficient d’une impunité totale, les Palestiniens vivent dans l’absence d’une protection internationale. Plus de cinq millions d’entre eux, qui habitent les territoires occupés, n’ont aucune voix au chapitre dans la constitution et le fonctionnement d’institutions israéliennes qui régissent la quasi-totalité de leur vie quotidienne.

    Au-delà, c’est toute voix contestataire palestinienne que les gouvernements israéliens successifs se sont employés à faire taire et criminaliser. Sous le gouvernement Naftali Bennett-Yaïr Lapid, en octobre 2021, six ONG palestiniennes parmi les plus actives dans la défense des droits humains ont été déclarées « terroristes », sans que leurs responsables puissent avoir accès aux dossiers d’instruction pour organiser leur défense. L’Union européenne n’a pas suivi cette décision, faute de preuves fournies par Israël.

    Attachés tout autant à la démocratie qu’au respect du droit international et des droits humains, nous estimons qu’il est impératif de dénoncer les agissements du pouvoir israélien actuel, que ses opposants internes qualifient, à juste titre, de « fasciste ». Mais s’y limiter et ne pas voir comment il s’ancre dans l’histoire d’Israël revient à passer à côté de l’essentiel, à commencer par le crime d’apartheid. Cet ensemble de dispositifs qui participe à nier chaque jour les droits des Palestiniens, où qu’ils vivent, a été mis en place et légitimé par des gouvernements de gauche comme de droite, et validé par la Cour suprême d’Israël, depuis la fondation de l’Etat. (...)

  • Continuer la lutte, nombreux et déterminés ! https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/03/29/continuer-la-lutte-nombreux-et-determines_580131.html #éditoLO

    En recourant au 49.3 et en étalant sa morgue, Macron a donné un second souffle à la mobilisation. Depuis ce moment, les manifestations spontanées, les rassemblements de soutien aux grévistes des raffineries ou du nettoyage, les distributions de tracts et les débrayages dans les entreprises se multiplient.

    Les journées de jeudi 23 et mardi 28 ont confirmé ce regain de colère. Après plus de deux mois de contestation et dix journées de mobilisation, les cortèges ont partout été massifs et renforcés par la présence de la jeunesse, atteignant parfois un record de participation. Tous ceux qui ont manifesté étaient fiers de répondre comme il le fallait au passage en force de Macron.

    Le retour des black blocs a nourri les chaînes de télévision, avides d’images spectaculaires. Pour ces chaînes, qui appartiennent pour la plupart à la grande bourgeoisie et servent ses intérêts, c’était l’occasion rêvée pour dénigrer la mobilisation, assimiler les manifestants à des casseurs et surtout faire peur. Autrement dit, pour servir la soupe à Macron.

    Mais l’essentiel à retenir, ce ne sont pas les poubelles en feu et les affrontements avec les forces de répression en marge des cortèges syndicaux. Le plus important est que le sentiment d’injustice et de colère grandit dans le monde du travail. C’est que de plus en plus de travailleuses et de travailleurs rejoignent la mobilisation et s’opposent à la politique férocement antiouvrière du gouvernement et du grand patronat.

    La grève des éboueurs en est le symbole. Bas salaires, absence de reconnaissance, mauvaises conditions de travail, faibles possibilités d’évolution… les éboueurs représentent une des catégories les plus exploitées du monde ouvrier. Eh bien, ils nous montrent comment relever la tête !

    Ils nous rappellent la force que représentent les travailleurs qui font tourner la société. Une minorité richissime peut trôner au sommet et acheter à peu près tout ce qu’elle veut grâce à ses milliards, mais s’il n’y a personne pour ramasser ses poubelles, son monde peut vite devenir un enfer.

    La radicalité n’est pas de mettre le feu aux poubelles, c’est de ne pas les ramasser tant que les travailleurs n’ont pas obtenu satisfaction. Pour se faire respecter, à la fois de Macron et du grand patronat, rien n’est plus radical et efficace que de se mettre en grève, d’arrêter la machine à profits des capitalistes et d’occuper les lieux de travail.

    Le pouvoir mise sur la répression, les coups de matraque, les violences policières et les réquisitions de grévistes pour mettre un terme à ce mouvement. Cela lui serait impossible avec une grève se propageant à toutes les entreprises. Aucune compagnie de CRS ne serait en mesure de déloger les millions de grévistes et encore moins de les remplacer à leurs postes de travail.

    C’est la grève qui peut nous donner la force de faire plier Macron. Pour l’instant, il joue les inflexibles. Il a néanmoins dû renoncer aux fastes de Versailles et au dîner royal prévu avec Charles III. Pour le reste, il n’a pas bougé d’un centimètre. Il s’est même moqué des chefs syndicaux en se disant à leur disposition pour discuter de tout, sauf de la retraite à 64 ans !

    Son attitude ne s’explique pas seulement par une mégalomanie aiguë. Macron est dans son rôle. Il gouverne pour la bourgeoisie, c’est-à-dire contre les travailleurs.

    Macron l’a expliqué dans son interview au journal télévisé : « Il n’y a pas 36 solutions pour équilibrer le régime des retraites. » C’est vrai, il y en a deux : faire payer la grande bourgeoisie dont les coffres forts débordent ou prendre sur la retraite des travailleurs.

    Alors, le bras de fer est là, il faut le mener jusqu’au bout. Le combat n’est pas facile car la bourgeoisie, même richissime, est déterminée à ne rien céder. Malgré des profits et des dividendes record, elle est toujours sur le pied de guerre pour aggraver l’exploitation, baisser les salaires et écraser les droits des travailleurs. Car il lui faut conserver son rang, et donc accumuler toujours plus et plus vite que ses concurrents, cela dans une situation économique qui se tend avec la crise, les faillites bancaires et les menaces de guerre.

    Alors, oui, la bourgeoisie et Macron ne veulent pas céder. Eh bien, à nous de faire preuve d’autant de détermination dans le combat !

    Avec cette contestation, une brèche a été ouverte. Profitons-en pour nous regrouper et exprimer nos revendications dans chaque entreprise. Partout, discutons et organisons-nous. Et continuons de nous retrouver le plus nombreux possible dans la rue.

    Ce que le gouvernement fait, les travailleurs en grève peuvent le défaire !

  • Protectionnisme : une arme des capitalistes dans la concurrence, un piège pour les travailleurs

    https://mensuel.lutte-ouvriere.org//2018/03/31/protectionnisme-une-arme-des-capitalistes-dans-la-concurrenc

    Lutte de classe n°191 | #archiveLO (27 mars 2018)

    – Libre-échange et protectionnisme, deux armes complémentaires pour les capitalistes
    – Le commerce international est régi par la loi du plus fort
    – Les grands groupes capitalistes s’adaptent toujours
    – Défendre le protectionnisme, un piège pour les travailleurs
    – Renouer avec l’internationalisme et les perspectives communistes

    #protectionnisme #souverainisme #lutte_de_classe #nationalisme #libre-échange #marxisme #communisme #internationalisme

  • Mai 68, le courant trotskyste et la question du parti révolutionnaire

    https://mensuel.lutte-ouvriere.org/2018/03/31/mai-68-le-courant-trotskyste-et-la-question-du-parti-revolut

    Lutte de classe n°191 | #archiveLO (29 mars 2018)

    – Mai-juin 1968  : les révolutionnaires sortent de leur isolement
    – La nécessité d’un regroupement des organisations révolutionnaires
    – Notre attitude vis-à-vis du courant trotskyste après 1968
    – Le suivisme de l’OCI et de la LCR envers les partis de gauche
    – Une longue suite de renoncements et de reniements
    – Comment poser la question aujourd’hui  ?

  • Bourgeoisie & capitalisme ne peuvent pas répondre aux défis posés à l’humanité

    Meeting de campagne du 29 mars 2019 : discours de Jean-Pierre Mercier https://lutte-ouvriere.org/multimedia/meetings/discours-de-jean-pierre-mercier-118449.html

    https://www.lutte-ouvriere.org/publications/brochures/meeting-de-campagne-du-29-mars-2019-discours-de-jean-pierre-mercier-

    Militer pour faire avancer le sort des travailleurs, c’est militer pour l’expropriation de la bourgeoisie

    Meeting de campagne du 29 mars 2019 : discours de Nathalie Arthaud https://lutte-ouvriere.org/multimedia/meetings/discours-de-nathalie-arthaud-118438.html

    L’intérêt vital des travailleurs est d’imposer l’interdiction des licenciements et la répartition du travail entre tous sans baisse de salaire

    #archiveLO (29 mars 2019)

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    Dénoncer la dictature de la bourgeoisie

    – Arlette Laguiller : "La continuité des idées communistes révolutionnaires” https://journal.lutte-ouvriere.org/2017/03/29/arlette-laguiller-la-continuite-des-idees-communistes-revolu

    – Nathalie Arthaud : “Dénoncer la dictature de la bourgeoisie” https://journal.lutte-ouvriere.org/2017/03/29/nathalie-arthaud-denoncer-la-dictature-de-la-bourgeoisie_850

    #archiveLO (29 mars 2017)

  • Socialisme utopique et socialisme scientifique

    « Engels publia à l’époque du congrès de Copenhague [29 mars - 2 avril 1883] pour exposer dans ses grandes lignes le passage du socialisme utopique au socialisme scientifique, était maintenant dévoré avec avidité par les masses dans une édition à gros tirage ; bientôt aussi… avec le même résultat, il était traduit dans la langue de tous les pays où existait un mouvement ouvrier. » [Histoire de la social-démocratie allemande (1863-1891), de Franz Mehring / thread https://twitter.com/recriweb/status/1532088975787171845?s=20 ]

    https://marxists.org/francais/marx/80-utopi/utopie.pdf

  • Chaos du capitalisme : la seule perspective est celle que les travailleurs en lutte ouvriront

    https://lutte-ouvriere.be/chaos-du-capitalisme-la-seule-perspective-est-celle-que-les-travaille
    Dernier éditorial de LO-Belgique

    Après l’effondrement aux USA de la #Silicon_Valley_Bank le 10 mars dernier, la plus grosse faillite bancaire depuis 2008, les banquiers centraux se sont empressés de déclarer que « tout était sous contrôle ». La #banque_centrale (#Fed) a ouvert un nouveau fonds de financement d’urgence et les banques lui ont emprunté au moins 164 milliards de dollars. En Europe, les banquiers centraux ont vite annoncé qu’il n’y avait pas de risque de contagion !

    Quelques jours plus tard, le #Crédit_Suisse, une des trente plus grandes #banques du monde était au bord de la faillite. La banque centrale de Suisse décida elle aussi d’ouvrir les robinets : en quelques heures plus de 50 milliards d’euros ont été mis à disposition du Crédit suisse, puis 200 milliards… avant que ne soit décidé son rachat par UBS, la plus grosse banque du pays. La banque est « sauvée », les milliards des capitalistes sont sauvés, mais pas les 10 000 employés en doublon que les banques ont prévu de licencier…

    Le 24 mars, les actions de la première banque allemande #Deutsche_Bank chutaient, ravivant la menace d’une crise financière internationale. Les dirigeants politiques ont à nouveau répété qu’ils n’avaient aucune inquiétude, pour tenter d’enrayer la panique. En réalité, ils sont bien incapables de faire la moindre prévision. Depuis des années, les krachs financiers, les crises, se succèdent, et l’économie capitaliste s’enfonce toujours plus dans le chaos. À chaque fois, les gouvernements répondent en inondant les capitalistes de liquidités, en faisant tourner la planche à billets, creusant ainsi les déficits publics. Et les capitalistes font payer aux travailleurs le prix de leur fuite en avant !

    Et plutôt deux fois qu’une. D’un côté tout cet argent emprunté gratuitement, les banques et les financiers l’utilisent pour acheter des actions en espérant les revendre plus cher, engendrant ainsi des profits faciles. Avec le déclenchement de la #guerre_en_Ukraine, les spéculateurs ont ainsi parié sur l’augmentation des #prix_du_gaz, achetant et revendant les cargaisons au point de faire exploser les prix de l’énergie puis tous les autres prix… Ils ont ainsi aggravé la pauvreté partout sur la planète, plongeant une large proportion des ménages des classes populaires dans des situations intenables où il faut choisir entre se chauffer et manger à sa faim.

    D’un autre côté, les capitalistes font pression sur leurs États pour faire payer aux travailleurs l’argent dépensé en sauvetage de banque, en subsides aux entreprises ou en armes pour la guerre en Ukraine ! Les gouvernements s’empressent alors d’imposer toutes les mesures nécessaires pour pressurer davantage les travailleurs. Tout y passe : de la crèche communale où une puéricultrice doit faire le travail de trois collègues car « il n’y a pas assez de financement » jusqu’au passage en force par Macron de l’augmentation de l’#âge_de_départ_à_la_retraite de 62 à 64 ans car « les retraites coûtent trop cher dans une population vieillissante ».

    Mais ces mensonges prennent de moins en moins, et la situation s’aggravant de plus en plus pousse inévitablement à des révoltes.

    En France, depuis le 19 janvier, il y a des #manifestations massives presque toutes les semaines, accompagnées de grèves dans quelques secteurs. Si les manifestations ont été aussi massives, c’est que la coupe est pleine. Elle l’est pour les plus âgés, cassés par le travail, et à qui on promet une pension réduite ou pour celles et ceux qui n’auront jamais de pension vu qu’un nombre important de travailleurs en France meurent avant la #retraite ! Elle l’est pour tous les ménages populaires confrontés à l’explosion des prix de l’alimentation et de l’énergie et pour celles et ceux qui voient bien que tout s’aggrave, en particulier la guerre économique qui fait craindre que les guerres actuelles se généralisent en une troisième guerre mondiale. C’est un ras-le-bol général.

    Malgré la #répression_policière, les gardes à vues et les fouilles en sous-vêtement, les mobilisations contre le recul de l’âge de la retraite continuent. Dans cette lutte qui dure depuis deux mois, le camp des travailleurs mesure ce que peut être la force du nombre. Car si certains députés de droite n’ont finalement pas voté la loi et que #Macron a dû faire recours au 49.3 (en se passant du vote des députés) c’est que la pression des grèves leur a fait penser à leur prochaine élection !

    La force du nombre peut peser sur le monde politique, mais c’est seulement si la #grève se généralise et s’étend aux grandes entreprises privées que le rapport de force s’inversera réellement et que la loi pourra être repoussée.

    #réforme_des_retriates #capitalisme #régression_sociale #lutte_de_classe #inflation #pouvoir_d'achat

  • Selon Goldman Sachs, #ChatGPT et l’#automatisation liée à l’IA générative menacent 300 millions d’emplois dans le monde et pourraient contribuer à faire progresser de 7 % le #PIB annuel

    Dans le détail, le rapport indique qu’environ deux tiers des emplois actuels sont exposés à un certain degré d’automatisation par l’IA, tandis qu’elle pourrait remplacer jusqu’à un quart du travail actuel. Les #cols_blancs sont parmi les plus susceptibles d’être affectés par ces nouveaux outils.

    Le rapport souligne aussi qu’aux Etats-Unis, les ​métiers du juridique ainsi que du support et de l’administratif sont particulièrement menacés par ces nouvelles #technologies. En Europe, les #cadres et les métiers liés à l’administratif sont aussi les plus en danger.

    #Goldman_Sachs suggère également que si l’IA générative est largement adoptée, elle pourrait entraîner d’importantes économies de coûts de main-d’oeuvre et la création de nouveaux emplois. […]

    Une étude réalisée conjointement par #OpenAI et l’université de Pennsylvanie a ainsi calculé de son côté que 80 % des employés américains seraient affectés par l’#IA générative pour au moins 10 % de leurs tâches et que 19 % d’entre eux seraient touchés pour plus de la moitié de leurs tâches. L’étude note que les plus diplômés doivent se préparer à davantage d’ajustements que les moins diplômés.

    (Les Échos)