https://www.ladn.eu

  • Comment l’économie de la surveillance a profité du covid-19
    https://www.ladn.eu/tech-a-suivre/interview-olivier-tesquet-etat-urgence-technologique

    Pour le journaliste Olivier Tesquet qui publie État d’urgence technologique, la pandémie banalise la surveillance et permet aux entreprises du secteur de blanchir leur réputation en pivotant des marchés sécuritaires vers des marchés sanitaires. En janvier 2020, Olivier Tesquet, journaliste chez Télérama, publiait À la Trace, un ouvrage décrivant la manière dont la surveillance s’immisce dans tous les recoins de notre vie quotidienne. Il ne s’attendait pas à remettre le couvert si tôt mais la pandémie (...)

    #Palantir #technologisme #bénéfices #COVID-19 #santé #surveillance

    ##santé

  • Comment la Silicon Valleyr réagit au COVID19 et à BlackLivesMatter ?
    https://www.ladn.eu/tech-a-suivre/silicon-valley-covid19-black-lives-matter-interview-fred-turner

    Interview de Fred Turner par Nastasia Hadjadji

    Alors que la pandémie mondiale de COVID-19 est pour les GAFAM une opportunité de marché en or, les grandes entreprises des nouvelles technologies font face à des contestations venues de différents pans de la société américaine.

    Historien, professeur à l’université de Stanford, Fred Turner est un spécialiste de la contre-culture américaine, de l’utopie numérique et de l’histoire des médias américains. Il est notamment l’auteur de Aux sources de l’utopie numérique : De la contre culture à la cyberculture, C&F Editions, 2013. Son prochain essai, L’usage de l’art : de Burning man à Facebook, art, management et innovation dans la Silicon Valley, paraîtra à l’automne aux Editions C&F.

    #Fred_Turner #Usage_art #Technocritique

  • Comment les entreprises tech utilisent l’art et la créativité pour manager
    https://www.ladn.eu/mondes-creatifs/burning-man-facebook-silicon-valley-art-management

    Un long entretien avec Fred Turner par Margaux Dussert

    Dans son ouvrage L’usage de l’art, paru fin 2020, le chercheur Fred Turner, professeur de communication à l’université de Stanford, montre comment les entreprises de la Silicon Valley utilisent l’art pour bâtir un style de management « cool » et ultra-libertaire. De quoi cacher leurs logiques de pouvoir sous un épais vernis de créativité et une rhétorique de l’émancipation bien huilée.

    #Fred_Turner #Usage_art #Interview

  • Clubhouse, le nouveau réseau social hype, est une pompe à données - L’ADN
    https://www.ladn.eu/media-mutants/reseaux-sociaux/clubhouse-le-nouveau-reseau-social-hype-est-une-pompe-donnees

    On ne voudrait pas casser l’ambiance. Mais le réseau vanté par ses fondateurs comme humain et authentique a une politique de confidentialité des données douteuse, selon certains observateurs.

    Si vous travaillez dans la tech ou le marketing, vous n’avez sans doute pas échappé au phénomène Clubhouse. Ce réseau social vocal accessible uniquement sur invitation attise la curiosité de nombreux internautes depuis quelques semaines (plus de 2 millions d’inscrits pour le moment). Mais des observateurs pointent déjà du doigt la politique de confidentialité problématique d’Alpha Exploration Co, l’entreprise à l’origine de l’application.

    #Clubhouse #Données_personnelles #Médias_sociaux

  • Comment le #maquillage peut nous protéger de la #reconnaissance_faciale ?
    https://www.ladn.eu/mondes-creatifs/maquillage-camouflage-devient-une-arme-anti-surveillance

    Dans les rues de Londres, le collectif anti-surveillance The Dazzle Club milite silencieusement et à couvert. Son arme de prédilection ? Le maquillage asymétrique pour tromper les dispositifs biométriques de reconnaissance faciale. Trois de ses fondatrices, Emily Roderick, Georgina Rowlands et Anna Hart, nous racontent.

    Août 2019. Le quartier de King’s Cross à Londres prévoit de déployer un système de #caméras de #surveillance utilisant la reconnaissance faciale sans consulter les #habitants. Les masques ne font pas encore partie de leur quotidien, mais le #collectif d’artistes The #Dazzle_Club s’interroge : « peut-on encore être libres dans l’espace public ? »

    Affublées de maquillages mystérieusement graphiques, Emily Roderick, Georgina Rowlands, Anna Hart et Evie Price se mettent alors à marcher, en silence, dans les rues de la capitale. Derrière la performance artistique se cache une véritable technique de camouflage, CV Dazzle, développée en 2010 par le chercheur Adam Harvey. Le but ? Protéger nos visages des algorithmes de reconnaissance faciale.

  • Balance ta startup, la marque Lou Yetu accusée de harcèlement et mensonge
    https://www.ladn.eu/entreprises-innovantes/transparence/balance-startup-marque-lou-yetu-tourmente

    La promesse ? « Des bijoux espiègles et made in France ». La réalité ? Des conditions de travail déplorables et des produits made in China. Le tout documenté par des centaines de témoignages, venus d’un compte Instagram. Et ça fait déjà bouger les choses.

    « Inhumaine », « L’enfer sur terre », « Abus de biens sociaux », « Production en Asie », « Bijoux achetés chez des fournisseurs chinois »… les témoignages à l’encontre de Lõu Yetu dénotent avec les commentaires élogieux que les médias consacraient à l’entreprise de bijoux il y a encore quelques années. À l’époque, on vantait les mérites de sa créatrice, le « brillant succès » de son Insta-marque, et la qualité de ses bijoux fantaisie. Sauf que depuis quelques jours, les langues se délient. Le succès de Lõu Yetu est peut-être né sur Instagram, mais c’est aussi le réseau qui pourrait causer sa perte. À l’origine du tourment, le compte @balancetastartup, qui cumule plus de 110 000 followers et des centaines de témoignages.

    #Travail #Instagram #Chine

  • Moodbeam, le bracelet qui tracke le moral des salariés
    https://www.ladn.eu/tech-a-suivre/moodbeam-bracelet-connecte-moral-des-salaries

    Quelle foutaise ne vont-ils pas inventer encore ?

    Si tout va bien, appuyer sur le bouton jaune, sinon c’est le bouton bleu.

    On connaissait les bracelets connectés pour mesurer le rythme cardiaque, le nombre de pas effectués par jour, les cycles de sommeil… Celui-ci, commercialisé par la société Moodbeam, contrôle le moral des salariés. Il est doté de deux boutons. Vous ne vous sentez pas bien ? Appuyez sur le bouton bleu. Tout roule ? Appuyez sur le bouton jaune.

    L’entreprise britannique, lancée en 2016, estime sa technologie particulièrement appropriée au télétravail généralisé, rapporte la BBC. « Les entreprises essaient de rester connectées à leurs salariés qui travaillent depuis chez eux. Le bracelet permet de demander "ça va ?" à 500 collaborateurs sans avoir à décrocher son téléphone », argumente Christina Colmer McHugh, fondatrice de Moodbeam, qui affiche sur son site une petite dizaine d’entreprises clientes dont la banque Barclays et le groupe britannique de construction Morgan Sindall.
    Tableau récapitulatif de votre humeur

    Le gadget est connecté à une application. Sur celle-ci, le salarié et son manager peuvent voir divers graphiques représentant les changements d’humeur durant la journée et la semaine écoulée. Chaque jour l’application calcule le « happiness score » du salarié et de son équipe. Il est également possible de comparer le moral des différents employés, et de repérer des « tendances ». Tiens, tiens, mais pourquoi Jean-Mi n’est jamais heureux vers 22h30 ?

    Pour s’assurer que chacun mette régulièrement à jour son humeur, Moodbeam propose un système de rappel, qu’il est possible de paramétrer.
    Un pansement pas très efficace

    Il est évident que la progression de l’anxiété est un sujet dont les managers doivent s’emparer. Selon CoviPrev, une enquête nationale de Santé publique France, qui interroge à intervalles rapprochés des échantillons indépendants de 2 000 personnes, le taux d’états anxieux était estimé fin novembre à 18,5 % pour l’ensemble de la population, et le taux d’état dépressif à 23 %, soit deux fois plus qu’en septembre. Mais pas sûr qu’appuyer sur un bouton bleu et voir son humeur comparée à celle des autres soient des outils très efficaces.

    Chris Rowley, professeur en ressources humaines à la Cass Business School, University of London, interrogé par la BBC, estime que le risque est de voir ce type de technologie utilisée comme des pansements appliqués à la va-vite. Il faut que cela soit accompagné d’un réel support pour les salariés, estime-t-il. « Les employeurs doivent essayer de réduire le sentiment d’isolement en créant un sentiment d’appartenance. »

    #Nouvelle_domesticité #Foutaises #Mood

  • Comment les entreprises tech utilisent l’art et la créativité pour manager
    https://www.ladn.eu/mondes-creatifs/burning-man-facebook-silicon-valley-art-management

    Interview par Margaux Dussert.

    Dans son ouvrage L’usage de l’art, paru fin 2020, le chercheur Fred Turner, professeur de communication à l’université de Stanford, montre comment les entreprises de la Silicon Valley utilisent l’art pour bâtir un style de management « cool » et ultra-libertaire. De quoi cacher leurs logiques de pouvoir sous un épais vernis de créativité et une rhétorique de l’émancipation bien huilée.

    Pourquoi les ingénieurs et les créatifs de la Silicon Valley se rassemblent-ils en masse au festival Burning Man ? Comment un événement, originellement anti-consumériste et enraciné dans la contre-culture américaine des années 60, est-il devenu le terrain de jeu d’anglicismes corpo bien connus (networking, team building et autres manifestations de personal branding) ? Et puis, quelle est cette obsession de Mark Zuckerberg pour le street art et le design militant ? Autant de questions que le chercheur américain Fred Turner pose dans son dernier ouvrage L’usage de l’art : de Burning Man à Facebook, art, technologie et management dans la Silicon Valley, paru aux éditions C&F.

    De Menlo Park (Facebook) à Mountain View (Google) en passant par la tentaculaire Black Rock City, célèbre ville éphémère du festival Burning Man, l’auteur dresse une fresque ironique du modèle managérial des entreprises de la Silicon Valley ; entre célébration de la créativité et mise en commun des données, absence apparente de règles et habile invisibilisation des relations de pouvoir. Entretien.

    #Fred_Turner #Usage_art

  • Élection présidentielle américaine : WhatsApp a joué un rôle déterminant
    https://www.ladn.eu/tech-a-suivre/dark-social-whatsapp-election-interview-olivier-ertzcheid

    Les élections américaines ont vu monter le phénomène du « dark social » : le lobbying politique a quitté la surface des réseaux sociaux pour migrer vers les messageries privées comme WhatsApp, explique Olivier Ertzscheid, chercheur en sciences de l’information.

    Olivier Ertzscheid est maître de conférences en Sciences de l’information et de la communication à l’université de Nantes. Il est aussi l’auteur du blog Affordance.info sur lequel il analyse depuis plus de 15 ans des faits d’actualité liés à notre usage du web, avec un oeil avisé et un regard souvent critique vis-à-vis des grandes plateformes du numérique. Il publie Le monde selon Zuckerberg aux éditions C&F. Un essai qui décrit comment le monde du web a tourné au cauchemar, et pourquoi les plateformes nuisent à notre démocratie. Cette interview est un extrait édité du podcast de L’ADN à écouter ci-dessous.

    Votre livre peut se lire comme un appel à l’action. Notre passivité face aux réseaux sociaux que l’on critique sans jamais quitter vous inquiète-t-elle ?

    O. E : J’ai souvent des écrits pessimistes, mais je reste optimiste. Si on arrive à jouer sur ces trois leviers : l’éducation (expliquer aux gens comment fonctionnent ces plateformes), la régulation (faire en sorte que le pouvoir public agisse à un bon niveau d’intervention (le RGPD par exemple)), et l’opinion publique, on peut retrouver des usages vertueux. Nous arrivons à un moment démocratique charnière. Des figures politiques comme Trump et Bolsonaro émergent et soulignent l’importance des plateformes. Par ailleurs, Facebook et d’autres jouent un rôle fondamental pour faire naître certains mouvements revendicatifs, comme celui des Gilets Jaunes. Toute une frange de la population française est allée chercher sur Facebook un espace démocratique et médiatique auquel elle n’avait pas accès. Ces plateformes sont idéales pour faire naître des revendications, à condition d’en sortir. S’ils restent dans l’espace discursif des plateformes, ces mouvements finissent par vriller, tourner en boucle, produire un sentiment de rancoeur…

    Ce que nous montre l’adhésion massive à Facebook et la difficulté à en sortir malgré les critiques, c’est peut-être qu’il y a un manque, un vide qui n’est pas occupé. Facebook prend cette place et s’en sert pour satisfaire ses intérêts économiques. Ce qui est un risque pour la démocratie. On pourrait alors réfléchir à une espèce de Facebook public. Ou à un espace délibératif numérique qui ne soit pas la propriété d’une société américaine, qui ne soit pas financé par la publicité, qui ne soit pas uniquement disponible sur inscription et description exhaustive de sa vie, ses pensées, ses opinions…

    #OLivier_Ertzscheid #Monde_Zuckerberg #Podcast

  • Sinon, après un gros mois de confinement, il y a toujours une proportion phénoménale d’abrutis qui se fait un devoir de laisser ostensiblement le nez en dehors du masque. (Je dis ostensiblement, parce que vraiment, la plupart du temps ça se fait avec un regard de défiance façon pseudo-rebelle qui sachions mieux que les autres.)

    • À part ça, avec mon beau-frère hier, on se faisait la remarque que, quand tu prononces « Pfizer », tu postillonnes tellement que tu dois facilement contaminer une vingtaine de personnes.

      « Pfizer », c’est le genre de mot qui fait mécaniquement remonter le R_effectif.

      #pffft

    • abrutis très largement de sexe masculin
      #masculinité
      https://www.ladn.eu/nouveaux-usages/usages-par-genre/masques-hommes-refusent-porter

      Une étude de la Middlesex University de Londres et du Mathematical Science Research Institute de Berkeley montre que les hommes sont moins enclins à observer le port du masque que les femmes. Et ce, alors que les hommes sont plus durement touchés par le virus. Cette différence de comportement n’est pas due à de l’insouciance ou une mauvaise information mais à une certaine idée de la masculinité.

      L’étude menée par Valerio Capraro et Hélène Barcelo indique que les hommes sont plus à même de penser que le port d’un masque est « un signe de faiblesse, honteux et pas cool. » Bref, le masque n’est pas assez viril pour ces messieurs. Si on avait besoin d’exemple pour illustrer le concept de « masculinité toxique », en voilà un tout trouvé. Dans Scientific American, la journaliste Emily Willingham qualifie même le masque de « préservatif du visage ». Comme le masque, le préservatif, pourtant essentiel dans la lutte contre la pandémie de VIH, a fait l’objet d’un rejet de la part d’hommes qui adhèrent à l’idéologie de la masculinité.

      Le problème, c’est que le masque sert surtout à protéger les autres.

    • Évidemment je ne suis pas prêt de retourner au cinéma. Déjà qu’en temps normal, il y a toujours quelqu’un pour regarder son écran de téléphone-qui-fait-loupiotte en plein milieu du film, ou pour retirer ses chaussures et te glisser ses arpions dégueulasses sous le nez, je suis bien persuadé qu’en temps de Covid il y a aura toujours un bon quart de la salle qui profitera de la pénombre pour ne pas porter correctement son masque.

    • Meg, désolé c’est pas clair, mais je suis bien d’accord : c’est un truc de mecs, oui. Au supermarché où je vais, en dehors du centre, où il n’y a pas de bandes de copines, c’est 100% des mecs.

      Mais parmi les groupes de jeunes femmes hier dans l’hyper-centre (dont la présence n’est pas anecdotique, le centre-ville de Montpellier un samedi après-midi de shopping, les groupes de jeunes copines en goguette, c’est beaucoup de monde), je dirais que c’était pas loin de la moitié qui se faisaient un devoir de jouer les rebelles-sans-masque. Et hier, sur l’ensemble des andouilles qui arboraient fièrement leur refus de porter un masque correctement, ça m’a frappé, mais je dirais que pas loin d’un tiers, c’étaient ces jeunes filles en groupe (je précise parce que justement, c’est le fait que ça ne m’a pas semblé un comportement ultra-minoritaire par rapport aux mecs qui croient que le masque ça fait rétrécir la bite).

      Donc, oui, la masculinité toxique pour les mecs qui affichent ostensiblement qu’ils sont au-dessus de ces conneries de masque, je suis très très d’accord. Par contre, quel est le processus qui fait que quasiment la moitié des groupes de post-adolescentes, quand elles se promènent bras-dessus-bras-dessous, s’esclaffant bruyamment en fendant la foule (ce qui est très sympa, et c’est une des raisons d’habiter une ville comme Montpellier, dont le centre-ville est à la fois très jeune, très féminin et très vivant), décident aussi qu’on va ostensiblement porter le masque sous le menton, c’est pas juste réductible à la masculinité toxique (je suspecterais un peu le même genre de processus, à cet âge, qui fait qu’on se met à cloper, parce qu’on pense que c’est un symbole de liberté).

    • Très bien mais comment je fais pour deviner que ton propos se limite strictement à ton observation personnelle d’un seul centre ville très spécifique ? Aussi j’ai pas trop confiance en la perception d’un homme blanc sur la visibilité des étudiantes (masquées ou pas) en centre ville. Il suffit qu’il y ai 30% de meufs pour avoir l’impression qu’elles sont majoritaires dans un groupe, si tu parle d’un bon tiers, je traduit ca par 5% grand max. J’avais documenté ce biais sur seenthis mais je ne sais pas ou, pas le temps de rechercher. On trouve le même biais de perception pour les personnes racisées, pas besoin qu’il y en ai beaucoup pour qu’on les perçoivent comme majoritaires.
      #biais_de_perception

    • Ah ah, le coup du centre-ville de Montpellier, j’étais resté bloqué sur le fait que je venais « tout juste » de poster (c’est-à-dire « il y a 16 heures » avant, m’informe Seenthis) une anecdote comme quoi on était allées faire pipi au centre commercial, et que j’avais posté ou référencé pas plus de quatre nouveaux messages entretemps…
      https://seenthis.net/messages/889802

      Pour une raison inconnue (mais sans doute inquiétante), j’en avais présupposé que ça devrait être évident pour tout le monde :-)))

    • j’ai énormément de monde au moi, la morgue en moins, qui a décidé de plus trop faire gaffe parce que ça tue surtout les vieux, que de toute façon on est exposé au taf, qu’un pote l’a eut et ça va, etc. Plus qu’énormément même, il n’y a presque plus que moi qui semble inquiet, ne serait-ce que de continuer à le faire circuler. C’est très très chelou.

    • (plus trop faire gaffe, ça veut dire rien de plus que tout les nouveaux gestes masques, lavage des mains, pas de bises etc (aussi très très chelou d’estimer à quel point on est en train de se viander ou pas)).

    • On est au creux de la vague, donc, oui, c’est normal d’alléger la pression. Mais l’exponentielle est à priori repartie à la hausse. Aussi, je dirais qu’on peut être à moitié insouciant pour encore 15 jours... Comme dit par ailleurs, on n’est pas descendu en dessous de 300 morts quotidiens lors de cette 2nde vague, 10000 morts par mois du Covid. Il n’y a pas volonté collective de faire plus d’effort. C’est autant de morts que le cancer, avec juste la difficulté que ça mobilise plus de personnel. Je parle en terme de gouvernance, vous l’aurez compris. On se satisfait de la fatalité des cancers... alors le covid, finalement...

    • Oui, fatalisme, c’est le mot... plein de gens qui me disent aussi « pour moi, je m’en fout »... Et/Ou « j’ai pas peur de la mort »... (ça, je ne sais pas, pour moi, c’est des gens qui pensent qu’Achille est un modèle, alors que c’est juste l’erreur incarnée).

    • C’est quand j’aborde la question des séquelles et des covids longs que je congèle l’ambiance.
      Les gus sont d’autant + prêts à clamser qu’ils estiment le risque négligeable pour leur gueule, mais quand tu commences à dérouler des données OMS qui estiment qu’on est sur du 20-30% de séquelles sur l’ensemble des infectés (et pas seulement sur les cas sévères ou même juste les symptomatiques) et que les premiers prix, ce sont des fibroses pulmonaires, des atteintes neuro avec chute significative du QI et des cardiopathies, avec risques ↗️ d’infarcts, AVC, y compris chez les jeunes en bonne santé préalable, ça rigole nettement moins…

    • Un autre argument qui porte, quand même, c’est l’ampleur de la réduction de durée de vie (10 ans), y compris parmi les générations qui considèrent que les vieux ont joui d’une existence meilleure que la leur lors d’une époque où « le progrès » comportait encore des aspects positifs et qui sans oser le formuler voient la mortalité covid comme un « juste retour des choses », une revanche sociale enfin (de nouveau) à portée de main.

      COVID-19 : How Many Years of Life Lost ?
      https://www.medrxiv.org/content/10.1101/2020.06.08.20050559v2

      Each COVID-19 death causes more than a decade of lost life in the US.

      #covid-19 #plateau ou #faux-plat (descendant) #séquelles #mortalité #jeunisme #troisième_vague

    • bon je note les arguments... C’est pas des gus dont je parle, mais de mon entourage, trento-quarante piges, relativement éduqués et tout et tout. On dirait que tout ce monde part dans les tranchées sous taz.

    • (après moi même je fais de la Rdr, mais je confine pas à bloc et je voudrais pas être jugeant, juste que le niveau d’alerte est super faible je trouve, pour la merde qui nous tombe dessus).

    • Je pense qu’on doit en revenir à l’erreur originelle qui vient en bonne partie de notre gouvernement et qui a consisté à nous prendre pour des cons et distiller au fur et à mesure de l’épidémie des vérités mélangées à des contre-vérités. Cela a excité un peu tout le monde dans un sens ou dans un autre car peu de gens sont vraiment au clair sur ce qu’il faut faire. Je ne suis pas certain que dans mon entreprise (où beaucoup de monde continue à venir alors qu’on pourrait faire du 100% télétravail) l’aréosolisation a bien été comprise. Et donc on voit plein de comportements absurdes. Et j’ai pas fait d’études hommes/femmes, cela dit je ne dirais pas que la proportion serait 95% d’hommes qui font n’importe quoi contre 95% de femmes qui seraient au taquet, à vue d’oeil on est sûrement pas loin du 50/50, la connerie se partage toujours très bien même si les motivations ne sont pas les mêmes.

  • Proctorio, ExamSoft... Les logiciels anti-triche multiplient les ratés
    https://www.ladn.eu/tech-a-suivre/fonctionnalites-invasives-bugs-logiciels-surveillance-examens

    Aux États-Unis comme en France, des étudiants angoissés par la surveillance des examens passés à distance, se mobilisent contre les logiciels comme Proctorio et ExamSoft. Proctorio, ProctorU, ExamSoft… Les logiciels de surveillance utilisés pour contrôler les examens se sont généralisés aux États-Unis depuis le début de la pandémie. Sur les réseaux sociaux et dans la presse américaine, des étudiants rapportent des situations de stress, des dysfonctionnements du logiciel, des exemples de fonctionnalités (...)

    #algorithme #enseignement #surveillance #bug

  • Subprime Attention crisis : la publicité ciblée ne fonctionne pas
    https://www.ladn.eu/adtech-et-martech/publicite-ciblee-moteur-economique-web-arnaque

    Dans son livre Subprime Attention Crisis, Tim Hwang explique que la publicité ciblée, la base financière d’une grande partie du web, est survalorisée et à l’origine d’une bulle financière qui pourrait mettre en péril l’économie. Interview.

    Lorsqu’il travaillait chez Google, une question taraudait le chercheur Tim Hwang. Pourquoi personne ne parle de la manière dont le géant du web gagne 80 % de ses revenus : la publicité ciblée ? Ces encarts publicitaires dont le contenu est censé être personnalisé pour chaque internaute selon son activité sur le web, son âge, son genre... En creusant le sujet, il se rend compte que ce moteur financier qui fait rouler le web (les GAFA, les médias et bien d’autres services en ligne), qui façonne nos usages (pensez au bouton like, un simple moyen de collecter des données et proposer des pubs personnalisées), et qui agite beaucoup de peurs autour de la surveillance de masse, est bien plus fragile qu’il en a l’air.

    Le fruit de ses recherches, le livre Subprime Attention Crisis, jette un pavé dans la marre. Il décrit le fonctionnement opaque de l’industrie de la publicité en ligne et explique que le ciblage issu de la collecte de données est largement survalorisé. À ses yeux, la pub en ligne est à l’origine d’une nouvelle bulle financière qui pourrait mettre en péril des pans entiers de l’économie. De la même manière que l’éclatement de la bulle des subprimes a provoqué la crise de 2008.

    #Publicité_ciblée #Economie_numérique

  • Qui sont les étudiants qui gagnent de l’argent en vendant leurs données ?
    https://www.ladn.eu/tech-a-suivre/data-big-et-smart/etudiant-vendre-donnees-tadata-weward

    De jeunes étudiants et étudiantes téléchargent des applications comme TaData, WeWard et SweatCoin. Elles leur permettent de gagner un maigre butin en échange de leurs données personnelles.

    Fini le dog-sitting et la tonte de pelouse : pour gagner de l’argent de poche certains GenZers préfèrent monnayer leurs données personnelles. Ce nouveau petit boulot du web peu cher payé se fait via des applications comme TaData, WeWard, Vazee ou encore SweatCoin.

    Lise (les prénoms ont été modifiés), 21 ans, étudiante en master à Sciences Po, utilise TaData, une plateforme spécialement ciblée pour les (très) jeunes : 15-25 ans. Depuis deux mois, elle se connecte régulièrement à l’appli pour répondre à des formulaires marketing. « Il s’agit la plupart du temps de questionnaires sur nos préférences de consommation (types de musique que j’aime écouter, quel électroménager je souhaite acheter…). Je reçois une notification dès qu’un nouveau questionnaire est en ligne, et je le fais, ça prend moins de 5 minutes », explique-t-elle. Bilan des courses ? Une quinzaine d’euros, pas de quoi remplir le frigo, mais la somme « n’est pas négligeable », « surtout quand on est étudiant », estime Lise.

    #Données_personnelles #TaData #Arnaque_attentionnelle #Boulots_de_merde #Neolibéralisme #Libertarianisme

  • Une enquête pour percer les bulles de filtres sur les réseaux sociaux
    https://www.ladn.eu/tech-a-suivre/ia-machine-learning-iot/enquete-decrypter-algorithmes-facebook-youtube

    Pendant plusieurs mois, le site d’information The Markup va analyser les contenus proposés par les plateformes à 1 200 personnes.

    On sait que les réseaux sociaux utilisent nos informations, nos likes et nos recherches pour mieux nous cerner, nous conforter dans des bulles de filtres et nous proposer certains types de contenus et publicités. Mais malgré les nombreuses enquêtes sur le sujet, nous connaissons encore mal tous les rouages des algorithmes utilisés.
    Un navigateur fait-maison pour mener l’enquête

    Pour tenter d’y voir plus clair, The Markup, un site d’information à but non lucratif, a lancé le 16 octobre un navigateur baptisé The Citizen Browser. 1 200 personnes de différents âges, origines ethniques, genres, opinions politiques, ont été choisies (et seront payées) pour l’utiliser pendant plusieurs mois lors de leurs visites sur Facebook et YouTube. Il s’agit d’un panel représentatif de la population américaine, souligne The Markup.

    Le but est de savoir quel contenu est proposé à quelle personne. Les journalistes derrière ce projet pourront faire des connexions entre le profil démographique des participants et les contenus qui apparaissent sur leurs fils. Les données des panélistes seront anonymisées, précise le site.

    Selon Julia Angwin, rédactrice en chef de The Markup interrogée par Fast Company, cette enquête menée en partenariat avec le New York Times permettra de savoir si les plateformes proposent les même contenus à une personne noire et une personne blanche par exemple, ou si certaines informations (ou fausses informations) sont davantage mises en avant sur le fil d’un conservateur versus celui d’un libéral. On sait déjà, grâce à une récente enquête de Radio France, que Facebook ne propose pas les mêmes offres d’emplois aux hommes et aux femmes. Il est donc possible que d’autres différences existent.
    Percer les bulles de filtres

    « Les réseaux sociaux dictent les informations que le public consomme grâce à des algorithmes “boîtes noires” conçus pour maximiser les profits au détriment de la vérité et de la transparence. Le Citizen Browser Project est un puissant moyen de contrôler la responsabilité de ce système, de percer les bulles de filtres et d’orienter le public vers un discours plus libre et démocratique », expose Julia Angwin sur le site de The Markup. La vérité d’un algorithme ne réside pas tant dans la manière dont il est écrit, mais dans les résultats qu’il produit, considère la journaliste qui a mené plusieurs enquêtes sur le sujet.

    Les résultats de cette grande investigation au procédé inédit seront publiés l’année prochaine.

    #Facebook #Bulle_filtre #Algorithme #Enquête #Individualisation

  • Pourquoi le nombre de start-up est en plein boom aux États-Unis
    https://www.ladn.eu/tech-a-suivre/creation-dentreprises-plein-boom-etats-unis

    Comme on ne peut plus être salarié, on crée une auto-entreprise pour vendre sa force de travail sous contrat. Le grand retour du XIXème siècle.

    Les gens ont donc eu à la fois le besoin (puisque sans emploi) et les moyens (en plus du chèque, certains ont bénéficié d’assurance chômage) de prendre le risque de créer une entreprise, analyse The Economist. Autre piste : les entreprises n’ayant pas pu se créer en mars et avril, au début de la pandémie, ont reporté leur projet. Cette raison n’est toutefois pas suffisante pour expliquer un boom de cet ampleur.
    Shopify-cation de l’économie

    Par ailleurs, cet essor témoigne d’une tendance de fond accélérée par la crise du Covid : la montée en puissance du travail indépendant et des micro-entreprises, favorisées par l’apparition de plateformes permettant de créer son business en ligne. The Hustles parle d’une Shopify-cation de l’économie. Un néologisme créé à partir de l’interface Shopify, qui permet à tout un chacun de créer son propre e-commerce contre abonnement mensuel et commission à chaque vente. La plateforme canadienne (qui existe aussi en France) est l’un des plus gros gagnants de la pandémie, selon le Wall Street Journal. Le nombre de nouveaux magasins créés via le site a bondi de 71% entre le premier et le deuxième trimestre 2020.

    #Travail #Auto-entreprise #Regression _sociale

  • Contre la solitude pendant la pandémie, les robots animaux connaissent un regain d’intérêt - L’ADN
    https://www.ladn.eu/tech-a-suivre/contre-la-solitude-pendant-la-pandemie-les-robots-animaux-connaissent-un-regain

    Ils sont mignons, doux et ils ne transmettent pas le Covid. Les pet robots ont trouvé un cas d’usage parfait : lutter contre la solitude des seniors isolés par la crise sanitaire.

    Il y a Paro, le bébé phoque, Qooba, le robot queue de chat, ou encore ce chiot golden retriever à bandana rouge. Ils remuent la queue, clignent des yeux, tournent la tête quand on leur parle, émettent quelques sons, et surtout : ils ne transmettent pas le coronavirus (à condition d’être bien désinfectés). Cette petite ménagerie composée de fausse fourrure et d’électronique est une alliée de choix contre la solitude en temps de pandémie. En particulier pour les personnes âgées, qui se trouvent isolées de leurs proches. Aux États-Unis notamment, des seniors s’en servent pour pallier le manque de relations sociales, raconte The New York Times.

    Ces animaux robotiques sont déjà utilisés par les établissements de santé depuis plusieurs années - y compris dans les Ephad en France. Mais la pandémie a accéléré leurs usages, comme cela a été le cas pour les chatbots psychologues. En France, l’entreprise Inno3med (qui distribue Paro) prête ses robots phoques à des maisons de retraite depuis mai. Aux États-Unis, plusieurs États et associations ont acheté des centaines de robots compagnons pour les distribuer aux seniors isolés, explique Vox.
    Une expérience tactile

    « Le Covid a créé un monde bizarre où personne ne peut se prendre dans les bras », explique Laurie Orlov, analyste du secteur des technologies pour senior et fondatrice du site Aging and Health Technology Watch, interrogée par le NYT. « L’idée d’un animal que vous pouvez tenir - une expérience tactile - transcende quelque peu cela. »

    « Nous voyons un regain d’intérêt depuis la pandémie », confirme Tom Turner, directeur général de Paro, cité par le média américain. L’entreprise enregistre 50 commandes annuelles (un robot vaut la coquette somme de 6120 dollars, soit 5 250 euros) et s’attend une forte hausse cette année.
    Moflin, le robot peluche qui apprend tout seul

    La tendance inspire les entrepreneurs. Sur Kickstarter, la start-up japonaise Vanguard Industries présente Moflin, une petite boule de poils capable d’apprendre et de « développer sa propre personnalité ». « Nous croyons que Moflin a la capacité d’améliorer la qualité de vie en devenant un moyen de communication alors que de nouvelles valeurs et modes de vie émergent en ces temps incertains de pandémie », écrit l’entreprise.

    Ces peluches améliorées apportent-elles un réel bénéfice ? Plusieurs études cliniques menées sur le robot phoque Paro poussent à le croire. Il permettrait d’améliorer certains troubles du comportement et de réduire l’anxiété chez des patients atteints d’Alzheimer et de démence.
    Vers une banalisation des robots de compagnie

    Les spécialistes de la bioéthique sont eux plus sceptiques. Shannon Vallor, philosophe spécialiste des technologies à l’Université d’Edimbourg interrogée par Vox, craint que la pandémie banalise l’utilisation des robots animaux - certains comme ceux de Joy For All sont vendus pour seulement 130 dollars. « Dans le contexte de la pandémie, nous avons de bonnes raisons d’utiliser les robots. Mais que se passera-t-il lorsque la menace du virus sera moins importante ? Nous pourrions nous faire à l’idée que nous avons normalisé la substitution des soins humains par des machines. Et cela m’inquiète. (...) Nous sous-investissons déjà les soins humains »

    Marine Protais

    #Paro #Robots #Compagnie

  • Christopher Wylie : interview du lanceur d’alerte de Cambridge Analytica
    https://www.ladn.eu/tech-a-suivre/data-big-et-smart/christopher-wylie-cambridge-analytica-menaces-democraties

    Une parole publique confisquée

    Hyper-segmentation, profilage psychologique, exploitation des biais cognitifs des individus pour activer les recoins les plus sombres de la psyché. Les techniques imaginées et mises en œuvre par Cambridge Analytica continuent d’être appliquées, autant par des entreprises que des gouvernements. Pour Christopher Wylie, elles ont très largement contribué à fragmenter durablement les groupes sociaux. « Ces méthodes sont essentiellement de la ségrégation. Les individus deviennent incapables d’éprouver le sentiment de cohésion, d’identité commune partagée qui est le propre de toute nation », prévient-il. À moins de cinquante jours de la prochaine élection présidentielle américaine, et alors que d’autres élections majeures se déroulent en Bolivie, au Chili ou au Burkina Faso cet automne, le lanceur d’alerte estime que les menaces qui pèsent sur les démocraties sont importantes.

    Plus encore, cette affaire a permis de révéler le phénomène très inquiétant de la privatisation du discours politique et de la parole publique. Lorsqu’une entreprise est capable de s’immiscer dans la vie quotidienne des gens, en agrégeant des centaines de kilos octets de données à leur sujet, et qu’elle est aussi en mesure de les écouter en temps réel via la somme d’objets connectés qui compose désormais notre environnement quotidien, alors le débat public perd de sa vigueur pour ne devenir qu’une somme de conversations privées. « La parole et le débat public sont des piliers des démocraties », rappelle le lanceur d’alerte. Mais on le voit aujourd’hui : la majorité des discussions qui ont trait à des sujets publics, comme la gestion de la pandémie, se tiennent sur des plateformes privées comme Facebook. « A-t-on vraiment envie de confier la gestion de la parole publique à un milliardaire de la Silicon Valley ? A-t-on vraiment envie de faire de Mark Zuckerberg le seul arbitre de nos prises de décision politiques, et donc in fine de notre processus électoral ? La fonction publique est trop importante pour qu’on la confie à une entreprise privée. »

    Ethique : aucun standard pour les ingénieurs

    Pour résoudre l’équation qui consiste à encadrer les GAFAM, sans renoncer pour autant aux produits et services qu’ils proposent, Christopher Wylie propose de renverser la perspective. Plutôt que de s’attaquer à la structure, il propose de repartir des produits, et de ceux qui les conçoivent. « Les produits Facebook sont conçus par des ingénieurs, des designers-produit, des data scientist. Or, à l’inverse de leurs collègues d’autres secteurs, comme l’aéronautique ou la construction, ces derniers n’ont aucun cadre éthique auquel se référer. La construction d’un avion ou d’un bâtiment repose sur des cahiers des charges précis, il doit en être de même pour les produits des plateformes digitales ».

    Qu’est-ce qu’un code sûr et respectueux des utilisateurs ? Quels sont les standards minimums de sécurité ? Quel encadrement éthique pour les architectes de ces plateformes ? Autant de questions qui ne trouvent pas de traduction dans les chartes d’entreprise des géants du numérique. « Si un ou une employé·e se rend compte que son employeur lui demande de construire un produit qui n’est pas conforme aux standards éthiques, son droit d’opposition doit être sanctuarisé », rajoute le lanceur d’alerte, qui a lui-même du ferrailler contre Cambridge Analytica dans les premiers moments de son parcours de lanceur d’alerte. « Les décideurs et les ingénieurs des grandes entreprises du numérique étant majoritairement blancs et privilégiés, il est indispensable d’avoir des équipes les plus diverses possible pour réfléchir à ce cadre éthique. L’inclusivité permet d’envisager les risques et les failles sous des perspectives plus riches et complémentaires ».

    #Cambridge_analytica #Christopher_Wylie #Industrie_influence #Facebook

  • L’ADN - Interview de Fred Turner : Comment la Silicon Valleyr réagit au COVID19 et à BlackLivesMatter ?
    https://www.ladn.eu/tech-a-suivre/silicon-valley-covid19-black-lives-matter-interview-fred-turner

    Alors que la pandémie mondiale de COVID-19 est pour les GAFAM une opportunité de marché en or, les grandes entreprises des nouvelles technologies font face à des contestations venues de différents pans de la société américaine.

    Historien, professeur à l’université de Stanford, Fred Turner est un spécialiste de la contre-culture américaine, de l’utopie numérique et de l’histoire des médias américains. Il est notamment l’auteur de Aux sources de l’utopie numérique : De la contre culture à la cyberculture, C&F Editions, 2013. Son prochain essai, qui paraît à l’automne, analyse le marché de l’art dans la Silicon Valley.
    Les Etats-Unis sont le pays le plus touché par la pandémie. Dans le même temps, les entreprises de la Silicon Valley réalisent des profits exceptionnels à la faveur de cette crise. Que dit cette situation des enjeux actuels du pays ?

    Fred Turner : La crise du coronavirus est pour les Big Tech ce que le 11 Septembre 2011 a été pour l’industrie de la défense : une opportunité de marché parfaite. Ces entreprises ont logiquement profité de la crise pour générer du chiffre d’affaires et de la croissance. D’autant que les outils technologiques qui sont utiles pour contenir la pandémie (applications de traçing, données de santé) sont contrôlées par ces mêmes entreprises. Imaginez donc l’opportunité que cette situation représente.

    À mon sens, il s’agit d’un problème social majeur. Notamment parce que l’État américain est incapable d’encadrer ce phénomène. En fait, c’est l’inaction de l’administration qui crée la faille dans laquelle se sont engouffrées les grandes entreprises du numérique. La responsabilité de Donald Trump est immense dans cette situation. Son incompétence est directement responsable de la mort de centaines de milliers de personnes.
    Le pays vit également une période très intense sur le plan des revendications pour la justice sociale, contre le racisme et les violences policières. Comment réagissent les entreprises de la Silicon Valley ?

    F. T. : Il y a deux manières de voir les choses. D’un côté, la Silicon Valley a produit les infrastructures qui permettent au mouvement #BlackLivesMatter de se déployer et aux groupes de se coordonner. Les réseaux sociaux contribuent largement à mettre le mouvement en action. Mais, d’un autre côté, l’enjeu de la diversité ethno-raciale continue d’être très largement ignoré par ces mêmes entreprises dès lors qu’il est question de recrutement. Ce décalage ne se résorbera qu’à une condition : que le mouvement #BlackLivesMatter parvienne à avoir une influence qui ne soit pas que symbolique et performative. Il faut que ce mouvement conduise à un véritable changement institutionnel. J’ai l’habitude de dire que les mouvements sociaux n’ont d’impact que s’ils se transposent de la rue au Congrès. Si le mouvement y parvient, les entreprises devront opérer des changements structurels, elles ne pourront plus se contenter de faire circuler des images ou afficher des déclarations d’intention.
    L’idéologie selon laquelle les entreprises des nouvelles technologies contribuent à « rendre le monde meilleur » est très prégnante. Cette intention contraste-t-elle avec la réalité de ces entreprises ?

    F. T. : Cette idée n’est pas neuve, elle préside à la naissance de la Silicon Valley. Elle a émergé dans la contre-culture américaine au moment de la guerre du Vietnam (1955-1973). L’enjeu était alors d’utiliser le progrès technologique comme un outil pour faire évoluer la société dans le sens de plus de bienveillance, mais aussi d’utilitarisme. À l’époque, l’idée de cette transformation culturelle et technologique laissait déjà largement de côté les populations autochtones, les afro-américains ou les hispaniques.

    L’utopie numérique se pense comme profondément apolitique, or c’est tout l’inverse. La dimension politique est soigneusement évitée dans le discours des GAFAM. Ces dernières années, pour les dirigeants de la tech, les affaires politiques, telles qu’elles ont court à Washington DC, étaient considérées comme de la « politique à papa », quelque chose de dépassé et anachronique. Pour les Big Tech la transformation positive du monde est affaire de réseaux et de technologies. Une technologie performante, mise à disposition du grand nombre, permettra aux utilisateurs et utilisatrices de nouer des liens plus honnêtes, authentiques, et donc de faire société d’une meilleure manière.

    Il faut comprendre que ce positionnement - qui peut paraître simpliste - est aussi excellent pour le business. C’est plus compliqué de remettre en question une entreprise qui explique qu’elle « fait le bien dans le monde ». Par ailleurs, l’une des stratégies pour les dirigeants consiste à brandir les bons résultats financiers comme un argument pour justifier que leur produit a du succès, donc qu’il est bon. Il ne faut jamais oublier que l’aspect financier est au fondement de cette utopie technologique.
    Les Big Tech sont-elles capables de se réformer et de faire évoluer leurs pratiques ?

    F. T. : Je pense qu’un changement structurel ne s’obtient que par la pression exercée de l’extérieur par les institutions en charge de l’intérêt général. L’industrie des nouvelles technologies n’est finalement qu’une industrie parmi tant d’autres, dotée des mêmes rouages. La motivation principale de Facebook, Google ou Apple n’est pas la qualité du service, c’est le profit, comme pour toutes les firmes industrielles. Dans ce contexte, le profit passera toujours avant les conséquences socialement néfastes des produits que ces entreprises développent. C’est dont à l’état et à ses institutions de les réguler.
    L’affaire Cambridge Analytica a-t-elle eu des répercussions concrètes ? Qu’en est-il aujourd’hui, les choses ont-elles changé depuis ?

    F. T. : J’aurais aimé vous dire que les choses se sont arrangées depuis l’affaire Cambridge Analytica, mais ce n’est pas le cas. Nous vivons des Cambridge Analytica tous les jours. C’est directement lié au fait que les plateformes sociales des GAFA sont plus que des « réseaux sociaux », ce sont des espaces de publication de contenu. De ce fait, tout ce qui apparaît devrait être régulé, selon les mêmes règles qui s’appliquent pour les médias et les éditeurs. Or ce n’est pas encore le cas. Des pas timides ont été réalisés, comme par exemple Twitter qui a retiré de sa plateforme les posts émanant du groupe conspirationniste QAnon. Je pense que cette décision est un effet collatéral positif de l’affaire Cambridge Analytica.

    Mais chez Facebook, Mark Zuckerberg, qui assume ses liens avec le financier libertarien Peter Thiel, fait tout ce qui est en son pouvoir pour préserver la fameuse « liberté d’expression ». Dans ce contexte là, liberté d’expression est synonyme d’autorisation implicite à la diffusion de contenus haineux et conspirationnistes par l’alt-right. Tout est fait pour encourager la diffusion de contenus de ce type. Tout ce qui est clivant, stimulant, excitant est valorisé par l’algorithme de Facebook. C’est une manière de susciter les réactions, pour retenir les utilisateurs et utilisatrices plus longtemps et ainsi générer plus de données donc de revenus publicitaires. Mark Zuckerberg dirige une entreprise qui autorise ce genre de publications, les laisse se déployer. En ne prenant pas de mesures strictes, il est indirectement responsable du fait que de nouvelles affaires Cambridge Analytica ont lieu tous les jours.
    Comment répondre à cette menace ?

    F. T. : L’enjeu majeur est la taille de ces entreprises. Lorsque l’on regarde Amazon, Facebook, on voit l’équivalent de la Standard Oil du XIXème siècle [première compagnie majeure des Etats-Unis qui a par la suite dominé le marché mondial, ndlr]. Ou bien l’équivalent des quatre majors de l’automobile au 20ème siècle. Ce sont des multinationales colossales avec un pouvoir d’influence démesuré. L’état américain a la responsabilité de les réguler, comme il l’a fait avec les compagnies pétrolières au 20ème siècle.
    La sénatrice Elizabeth Warren avait fait du démantèlement des GAFAM un pilier de son programme lors de la primaire démocrate. Que pensez-vous de cette proposition ?

    F. T. : Je défends l’idée d’Elizabeth Warren de démanteler les GAFAM, mais je n’ai pas le même avis qu’elle quant à la méthode à appliquer pour le faire. Je me reconnais plus dans les idées que défends Timothy Wu, professeur à l’université Columbia. Nous avons deux options : la première, démanteler purement et simplement les GAFAM. L’autre option consiste à les nationaliser, comme ce qui a été fait au 19ème siècle pour les chemins de fer. Les réseaux sociaux sont devenus des services utilisés chaque jour par des milliards de personnes. Mais, aujourd’hui, on les traite juridiquement comme des objets légaux neutres, alors qu’elles sont tout sauf neutres. Elles ont même une influence majeure sur nos démocraties. Il faut donc un nouveau cadre juridique pour les GAFAM. C’est en substance ce que défend Timothy Wu.
    Shoshana Zuboff, professeure à Harvard, a publié l’an dernier un ouvrage sur le capitalisme de surveillance. En quoi est-il complémentaire avec la réflexion sur le démantèlement des GAFAM ?

    F. T. : Le cadre de réflexion du capitalisme de surveillance est extrêmement puissant. Il permet de rassembler toutes les pièces du puzzle, de les connecter entre elles. La surveillance s’est instillée dans notre vie quotidienne et elle est utilisée pour nous vendre des produits, mais aussi pour nous manipuler en orientant nos comportements. Shoshana Zuboff dévoile l’architecture qui sous-tend ce système. Elle révèle les intérêts de ceux qui l’ont construit mais aussi de ceux qui en profitent : les entreprises mais aussi l’état.
    Cet ouvrage a-t-il rencontré un écho en dehors des cercles universitaires, chez les décideurs politiques notamment ?

    F. T. : La critique de Shoshana Zuboff est systémique, mais le discours public américain est avant tout centré sur l’individu. C’est comme si on n’avait pas le langage pour comprendre les logiques systémiques qui traversent le corps social, précisément parce que l’on ne se concentre que sur la dimension individuelle. De ce fait, aux Etats-Unis, le discours qui consiste à appeler à une politique publique centralisée pour répondre à des problèmes sociaux collectifs, comme le racisme ou les pandémies, a tôt fait de se faire taxer de communiste.

    Friends, watch this great conversation for insight into #SurveillanceCapitalism right now. Comprehension is the first step toward resistance. Thank you, #RightsCon. https://t.co/X14L9zSYpj

    — Shoshana Zuboff (@shoshanazuboff) August 12, 2020

    #Fred_Turner #Interview

  • Pourquoi l’agrégateur Apple News a perdu le New York Times
    https://www.ladn.eu/media-mutants/presse-et-nouvelles-ecritures/pourquoi-agregateur-apple-news-perdu-new-york-times

    Pour la Directrice d’exploitation du journal, le temps est venu de réexaminer les relations entre les médias et les grandes plateformes du Web.

    Dans un monde où les audiences passent de plus en plus par les plateformes sociales pour accéder aux contenu des médias, est-il judicieux pour ces derniers de s’émanciper des GAFAM ? C’est en tout cas la décision qu’a prise Meredith Levien, la COO du New York Times. Cette dernière a récemment annoncé que le journal quittait le service Apple News. Elle reproche à la plateforme de ne pas offrir à l’audience la possibilité d’aller directement sur l’environnement du média, environnement où il est possible de contrôler la présentation des reportages, la relation avec les lecteurs et la nature des règles commerciales.
    Les trois questions à se poser

    Dans un article de Nienlab, la directrice d’exploitation du journal explique qu’elle a posé trois grandes questions avant de prendre sa décision de s’émanciper d’un agrégateur de contenu touchant 125 millions de personnes. La première consiste à savoir si la plateforme jouait un vrai rôle dans l’accès d’une audience au média. La seconde question posée était : « est-ce que la plateforme nous aide vraiment à faire notre travail, à savoir, faire de la mise en relation à grande échelle avec les consommateurs de média, créer des habitudes et les inciter à payer pour l’information ? » Enfin, la troisième question concernait la valeur du travail journalistique. Est-ce que les grandes plateformes capitalisent sur du journalisme de qualité ou bien se contentent-ils de n’importe quel contenu, du moment qu’il rapporte de l’audience ?

    Sortir des plateformes ou les faire payer ?

    Une telle décision pourrait-elle s’étendre à d’autres plateformes d’agrégation comme Google ou Facebook ? Pourrait-elle concerner d’autres médias ? La réponse n’est pas si évidente, car le NYT et ses 6 millions d’abonnés sont dans une position de force plutôt rare. Grâce à l’argent des lecteurs, le média est capable d’investir et d’embaucher cette année près de 130 personnes, dont 47 journalistes écrits ou audio, 7 data-analystes et une douzaine de développeurs. Pour, Meredith Levien, c’est bien cette capacité qu’a le journal de pouvoir investir dans le journalisme et non dans les tuyaux des plateformes qui lui permet d’acquérir son indépendance au fur et à mesure.

    Même si la question de sortir de l’écosystème de Google ou Facebook ne se pose pas vraiment, les choses sont en train de changer. Le 25 juin dernier, Google a annoncé la signature d’accords avec des éditeurs de presse en Allemagne, en Australie et au Brésil tandis que la France continue de mettre la pression sur le géant américain pour lui faire respecter la directive européenne du droit voisin. Cette dernière oblige théoriquement les réseaux sociaux à payer les médias dont ils diffusent les contenus. Quoi qu’il arrive, les grandes plateformes vont devoir passer à la caisse pour financer la presse, voire payer directement pour avoir des articles à relayer.

    #Journalisme #Médias #Agrégateurs

  • La fausse application 👁👄👁 qui a affolé Twitter soutient Black Lives Matter
    https://www.ladn.eu/tech-a-suivre/emojis-fausse-appli-twitter

    Un groupe de jeunes salariés américains de la tech a créé un buzz autour d’une fausse application baptisée 👁👄👁. Une blague virale qui s’est transformée en message politique. Le tout en 48 heures.

    Une bouche entourée de deux yeux ébahis. Il n’en a pas fallu plus pour intriguer la communauté tech pendant quelques jours. Jeudi 25 et vendredi 26 juin, plusieurs milliers de personnes ont partagé sur Twitter la combinaison d’émojis 👁👄👁 suivie de la phrase « It Is What It Is ».

    Cette étrange tendance a été initiée par le site https://👁👄👁.fm et son compte Twitter associé @itiseyemoutheye. Sur ces derniers, les curieux sont invités à donner leur adresse mail, ajouter 👁👄👁 à leur nom Twitter et partager l’URL du site sur le réseau social.

    Une blague pour se moquer des applis ultra-confidentielles...

    Vendredi 26 juin, un texte est finalement publié sur le site https://👁👄👁.fm et donne le fin mot de l’histoire : il n’y a pas et n’aura pas d’application. L’équipe derrière ce site web, qui se décrit comme un groupe de jeunes professionnels de la tech, voulait, au départ, simplement s’amuser en reprenant un mème de TikTok. L’idée est aussi de se moquer de la culture du FOMO (la peur de rater quelque chose) dans la tech et de l’engouement artificiel pour certaines applis hyper-confidentielles. À l’image du réseau social ClubHouse, réservé à quelques privilégiés de la Silicon Valley. La blague rappelle celle d’Oobah Butler il y a quelques années. Ce critique gastronomique avait réussi à classer un faux restaurant numéro 1 sur TripAdvisor.
    ... et défendre la communauté noire

    Mais notre histoire d’emojis ne s’arrête pas là. L’équipe de 👁👄👁.fm a voulu utiliser la « hype » créée autour de leur projet pour la bonne cause. Les personnes qui s’intéressent à 👁👄👁 sont invitées à donner à trois associations qui défendent la communauté noire : Loveland Foundation Therapy Fund, The Okra Project, et The Innocence Project. 200 000 dollars ont été déjà récoltés, assure l’équipe. Le site propose désormais des articles de merchandising à l’effigie de l’émoji dont les ventes serviront à soutenir le mouvement Black Lives Matter.

    #TikTok #Memes #Politique #Médias_sociaux