• L’écrivain Serge Livrozet, anarchiste et militant anti-carcéral, est mort à 83 ans
    https://www.francetvinfo.fr/culture/livres/l-ecrivain-serge-livrozet-anarchiste-et-militant-anti-carceral-est-mort

    Il était une figure des milieux anarchistes et anti-carcéraux, du Comité d’action des prisonniers de Michel Foucault à Mai-68 et il avait participé aux débuts du quotidien Libération. Serge Livrozet est mort dans la région de Nice à 83 ans, ont annoncé mercredi ses proches à l’AFP. L’intellectuel s’est éteint "des suites d’une longue maladie", ont-ils précisé, rappelant qu’il fut "l’un des meneurs des révoltes qui secouèrent les prisons françaises dans les années 1970"_.

    Plombier, perceur de coffres-forts, puis écrivain

    Né le 21 octobre 1939 à Toulon, issu d’un milieu modeste, Serge Livrozet racontait avoir commencé à travailler comme plombier à 13 ans, avant de percer des coffres-forts : "Le seul moyen de sortir de ma condition sociale, c’était (de) prendre de l’argent là où je considérais qu’il y en avait trop", déclarait-il dans un documentaire qui lui a été consacré en 2017, La Mort se mérite de Nicolas Drolc.

    Parmi ses combats, il a participé à Mai-1968 et cofondé avec le philosophe Michel Foucault le Comité d’action des prisonniers, militant pour l’abolition des prisons. Il a fait partie des tout premiers fondateurs du journal Libération, qu’il a quitté très rapidement. Serge Livrozet est l’auteur d’une quinzaine de romans et d’essais, dont De la prison à la révolte et Lettre d’amour à l’enfant que je n’aurai pas (réédité en 2022 par L’Esprit frappeur). Par ailleurs, il est apparu au cinéma chez Laurent Cantet (L’emploi du temps en 2001).

    Emprisonné dans une affaire de faux-monnayage, puis acquitté

    Dans les années 1980, Livrozet avait défrayé la chronique judiciaire, étant soupçonné d’avoir géré une imprimerie parisienne de faux billets, dans ce qui paraissait alors comme la plus grosse affaire de faux-monnayage de l’Histoire. Il avait été incarcéré préventivement dix mois dans cette affaire, le temps d’écrire L’empreinte, dénonçant l’acharnement à son encontre, et a finalement été acquitté.

    "Chaque fois que je me suis trouvé confronté à un pouvoir quelconque, carcéral, judiciaire, économique, hospitalier ou encore religieux, je me suis retrouvé confronté à des gens qui voulaient s’emparer de mon esprit", confiait-il dans La Mort se mérite. "La société a besoin d’avoir la mainmise sur les cerveaux... Un type comme moi, je suis gênant parce que je ne rentre dans aucun moule prédéfini."

    LA MORT SE MÉRITE, Nicolas Drolc - 2017 - 90 minutes
    https://vimeo.com/199226893


    L’écrivain français Serge Livrozet le 13 novembre 1989, lors de sa comparution devant la cour d’assises de Paris pour contrefaçon de billets, une affaire dans laquelle il fut acquitté. (JEAN-LOUP GAUTREAU / AFP)

    #Serge_Livrozet #film #prison #luttes_anticarcérales

    • Mort de Serge Livrozet : société, tu l’auras pas
      https://www.liberation.fr/societe/police-justice/serge-livrozet-societe-tu-ne-las-pas-eu-20221202_D4DXLGGCDZE7XNUQKMZVKI7CL4/?redirected=1

      Taulard, écrivain, militant, figure de la contestation des prisonniers dans les années 70, éphémère compagnon de route de « Libé », acteur chez Laurent Cantet… Serge Livrozet s’est refusé toute sa vie à la société, luttant contre l’injustice et le déterminisme social. Il est mort à 83 ans.

      Serge Livrozet est enfin mort. Taulard, écrivain, militant, figure de la contestation des prisonniers dans les années 70, dont la voix et la pensée se font entendre par-delà les murs des maisons d’arrêt, étendard des luttes contre l’administration pénitentiaire derrière « les barreaux du silence », l’homme représentait aussi la marge, l’exceptionnelle marge libertaire de celui qui se refuse à la société tout en refusant de la quitter pour mieux la combattre. Né en 1939 à Toulon (Var), issu d’un milieu modeste, marqué dans son enfance par la guerre, fréquentant des voyous quand sa mère, prostituée, travaillait la nuit, apprenti plombier à 13 ans, il est incarcéré dans les années 60 pour des séries de cambriolages. « Pour moi, le seul moyen de sortir de ma condition sociale, c’était d’ouvrir des coffres-forts et de prendre de l’argent là où je considérais qu’il y en avait trop », expliquait-il à la télévision dans les années 70. Vingt ans plus tard, devant Mireille Dumas, il précisait : « Pourquoi la société ne m’a pas donné, à cet âge-là, les mêmes chances qu’à tout le monde ? Je n’aurais jamais fait délinquant. C’est pour cela que je lui en ai voulu à la société, et que je lui en voudrai toujours, non pas pour moi car je m’en suis tiré, mais pour les autres. » Une guerre contre la structure et ses règles, contre l’injustice et le déterminisme social, au nom de tous mais avec des effets limités, qu’il aura longtemps menée. « Si je ne m’étais pas révolté, je n’aurais rien fait de ma vie. »

      « Faire savoir ce qu’est la prison »

      L’organisation de sa révolte commence derrière les barreaux, où les conditions de détention sont insupportables, et où Livrozet se forme intellectuellement, notamment à la prison de Lille-Loos, où il lit Marx et passera ensuite le bac et un diplôme de comptabilité, puis à la prison de Melun (Seine-et-Marne), où il fait valoir des droits pour les prisonniers, comme les congés payés. En 1971, Livrozet participe au Groupe d’information sur les prisons, lancé par Michel Foucault – avec qui Livrozet correspond –, Pierre Vidal-Naquet et Jean-Marie Domenach. Le GIP, en donnant la parole aux prisonniers, notamment via des formulaires passés aux familles, et aux acteurs du secteur pénitentiaire, veut faire connaître la réalité de l’univers carcéral, « l’une des régions cachées de notre système social. […] Nous nous proposons de faire savoir ce qu’est la prison : qui y va, pourquoi et comment on y va, ce qui s’y passe, […] comment on en sort et ce que c’est, dans notre société, d’en être sortis », écrivait Foucault dans un manifeste auquel souscrivent magistrats, avocats, médecins ou journalistes. En naissent des doléances, prison par prison, des documents sur les conditions intolérables que subissent les prisonniers.

      « La chose qui m’a le plus écœurée et le plus fait de peine, c’est d’avoir vu les gens attachés pendant une semaine et plus. Je puis affirmer sous la foi du serment qu’on ne les détachait pas pour manger », témoigne par exemple la psychiatre de la maison d’arrêt de Toul (Meurthe-et-Moselle) en septembre 1971. Ce même mois, aux Etats-Unis, les révoltes de la prison d’Attica font 39 morts. En France, Claude Buffet et Roger Bontems, après des violences exercées sur des détenus, prennent trois otages à la centrale de Clairvaux (Aube) avant d’en tuer deux. Les prisons sont des poudrières aveugles, qui exploseront quelques mois plus tard.

      Livrozet, libéré en 1972, adoubé par Foucault avec qui il noue une solide amitié, prend ensuite la relève du GIP, que l’auteur de Surveiller et Punir dissout la même année, en créant le Comité d’action des prisonniers, mouvement constitué de détenus qui demandent alors l’abolition de la prison – « la prison ne réhabilite pas le “taulard” mais l’entraîne dans un engrenage sans fin » – et avancent des motivations politiques qui se retrouvent ensuite dans le premier ouvrage de Livrozet, De la prison à la révolte. Sorti en 1973, le livre fait naître un auteur original, taulard au réalisme documenté autant qu’intellectuel de la condition de prisonnier, penseur d’une « philosophie du peuple », comme l’écrit Foucault dans sa préface.

      « On le croisait, il n’avait aucune place précise »

      A l’automne 1972, rue de Bretagne, à Paris, dans la salle enfumée au fond du couloir de l’Agence de presse Libération, Livrozet participe à certaines réunions préparatoires à la naissance du quotidien que vous lisez en ce moment même. « C’était un compagnon, dans le premier cercle du journal, se souvient un ancien directeur de la rédaction. On le croisait, il n’avait aucune place précise. Je ne crois pas qu’il ait jamais fait partie de l’équipe au sens strict. C’était une grande gueule, un très bon orateur, qui défendait beaucoup de choses. » Le journal relaie les luttes sociales ainsi que la situation catastrophique des prisons, et Livrozet, en militant, « appuyait ce projet qui pouvait être en mesure de défendre ses propres combats ». Des divergences de vues et une fibre anarchiste résolument contestataire le tiennent néanmoins à l’écart du noyau de l’équipe.

      En revanche, sa femme Annie, claviste, « une fille extrêmement amusante, blonde péroxydée, qui vibrait de passion pour lui et chantait Dans la vie faut pas s’en faire », comme la décrit une ancienne journaliste, travaille à Libé et participe notamment à la rubrique Taulards. C’est l’époque où les petites mains du journal achètent des carnets de timbres pour que les prisonniers puissent correspondre. « On cantinait, on était à fond là-dedans », sourit une autre, en évoquant le Comité d’action des prisonniers. Livrozet, ombre qui passe parfois discuter des prisons dans la rédaction, est, lui, décrit tantôt comme « un gars nonchalant, qui cultivait le look négligé – à cette époque, la matérialité n’était pas essentielle », tantôt comme « assez beau mec, grand, sec, plutôt élégant, parlant beaucoup, dragueur, charmeur, baratineur, hâbleur… mais un véritable bandit. Du grand banditisme, pas de la délinquance. Qui estimait toutefois qu’il y avait des choses anormales qui se passaient dans les prisons ».

      Neuf ans au total derrière les barreaux, un cigarillo entre les lèvres et voilà Livrozet devenu homme de lettres dans la mitterrandie des années 80. Il fonde sa maison d’édition, les Lettres libres, délivre des essais, des fictions… Et patatras, il est arrêté, « ainsi que trois autres personnes, le 29 août 1986 après la découverte, dans l’imprimerie parisienne de sa maison d’édition, de 70 millions de fausses coupures de 100 francs », nous apprend sèchement le Monde. Après une longue bataille judiciaire et quelques mois de détention, Livrozet est relâché, son associé ayant reconnu avoir fabriqué les faux billets à son insu.

      « Mieux vaut fumer, boire et baiser, tu meurs plus tard »

      Libre, Livrozet retourne alors dans le Sud, à Nice, ainsi qu’à l’écriture, une quinzaine d’ouvrages : plaidoyer contre la peine de mort, thriller policier en forme de variation sur l’affaire du sang contaminé, participation à la collection du « Poulpe » de Jean-Bernard Pouy… En promo, il n’oublie jamais un petit coup de pique à cette société honnie. « Je ne pense pas que l’homme naisse bon ou mauvais, criminel-né ou pas. Ce sont des recherches d’explications qui culpabilisent plus l’individu qu’elles ne cernent les causes sociales, économiques voire psychologiques de la délinquance, explique-t-il à France 3 en 1992 alors que la France découvrait les émeutes à Sartrouville ou Vaulx-en-Velin. Quand on voit les banlieues qui explosent, on cherche toujours à dire : oui, mais c’est des voyous. Ce ne sont pas des voyous-nés, ils sont nés là et ça les rend voyous. Pourquoi la société fait naître et vivre des gens dans des endroits pareils ? » « Cette société pourrie crée les conditions de la misère. Il ne faut pas pleurer, il faut s’indigner », complète-t-il sur Radio libertaire, où il a aussi animé l’émission Humeur noire.

      Au tournant des années 2000, Livrozet abandonne la plume et s’essaie au cinéma, cette usine à reconversion. Derrière la caméra comme conseiller technique dans le téléfilm Femme de voyou (1991) de Georges Birtschansky. Devant la caméra pour Laurent Cantet, qui le remarque lors d’une de ses interventions télé, et lui offre dans l’Emploi du temps (2001) le rôle d’un malfaiteur (lire ci-dessous). Il remet le couvert quinze ans plus tard aux côtés de Gilbert Melki dans Vendeur. Il participe aussi au documentaire de Nicolas Drolc, Sur les toits (2014), où au côté d’Henri Leclerc et d’anciens détenus, il ausculte la trentaine de mutineries dans les prisons françaises durant les années 1971-1972. Avant que le cinéaste ne le suive pour un formidable portrait en grand : La mort se mérite (2017). Dans ce film en noir et blanc, Serge Livrozet, vieilli mais toujours souriant, sorti d’une opération lourde, livre ses considérations libertaires sur la vie, la prison, la mort. Et la société. Avec une pointe d’amertume : « On pensait que la révolte allait arriver, elle n’est pas arrivée. Et elle n’est pas près d’arriver. » Ou d’humour : « Regardez le Christ, il fumait pas, il buvait pas, il baisait pas, il est mort à 33 ans, en étant fils de Dieu. Mieux vaut fumer, boire et baiser, tu meurs plus tard. »

      Il ressort aussi de ce parcours fracassé que cette vie, inégalitaire, injuste, Livrozet ne l’aime pas. « La vie est absurde, c’est éphémère, c’est rien du tout, explique-t-il, cigare en main. C’est très précaire, moi je n’en voulais pas de ça. C’est pourquoi j’ai écrit des livres qui incitaient à ne pas donner naissance à d’autres personnes en mesure de souffrir comme je souffre moi-même. » Mardi, Serge Livrozet a enfin quitté ce monde « où [il] n’aurait pas voulu naître » et qui l’aura détenu 83 ans.

      Laurent Cantet, cinéaste de « l’Emploi du temps » : « Un homme tellement singulier »

      « Ce qui le caractérisait, c’est le romanesque, qu’il incarnait de plain-pied. Sa vie a été romanesque, et il adorait la raconter, sans en tirer gloire, mais avec un plaisir de conteur gourmand. C’était un grand séducteur, et son œil souriait chaque fois qu’il sentait qu’une phrase faisait mouche. « Le personnage que j’ai imaginé s’est largement inspiré de lui. J’étais en train d’écrire quand je l’ai vu pour la première fois dans un talk-show. L’impression tout de suite d’être face à un homme tellement singulier que l’envie de lui proposer le rôle s’est imposée instantanément. Dès le lendemain, je l’ai contacté, et sans aucune hésitation, il a accepté la proposition. Il n’avait jamais joué dans un film mais je lui proposais une expérience de plus dans sa vie qui en comptait déjà tellement, et ça l’amusait je crois. « J’ai un souvenir très précis des journées de répétition où progressivement, il a endossé le personnage, ou plutôt donné corps au personnage, prêté sa voix au timbre chaleureux, à la rythmique très particulière, qui la rend reconnaissable entre toutes. Il corrigeait des dialogues, ajoutant un mot d’argot, qui était sa langue, et donc qui sonnait tout de suite très juste. Il rectifiait un rouage d’une arnaque qu’il ne trouvait pas à la hauteur. Je me félicite d’avoir compris tout de suite qu’il fallait le prendre d’un bloc, adapter le personnage à ce qu’il proposait et pas l’inverse. En assumer l’étrangeté aussi, qui faisait tout son charme. « Je crois qu’il aimait beaucoup le film, qu’il a présenté à de multiples reprises lors de la sortie, avec un plaisir et une chaleur qui me touchaient beaucoup. » Recueilli par Didier Péron

      #voyou #philosophe #comité_d'action_des_prisonniers #CAP

    • Un journal militant anti-carcéral : le comité d’Action des Prisonniers (CAP) de 1972 à 1980

      https://paris-luttes.info/un-journal-militant-anti-carceral-925

      Créé par d’anciens détenus, dont Serge Livrozet, Claude Vaudez, Michel Boraley, le C.A.P (Comité d’Action des Prisonniers), est une association lancée fin novembre 1972 qui publie un journal mensuel avec textes d’analyse, informations sur les prisons et lettres de prisonniers. Il y aura 67 numéros jusqu’en 1980.

      Sur les toits., film complet, précédemment référencé par @unagi et @rezo https://www.youtube.com/watch?v=rsHXdpCKBEM


      et dont @vanderling avait signalé la très bonne bande son https://seenthis.net/messages/827114

      #journal_des_prisonniers #prisonniers #révolte

    • En guise d’hommage, lundimatin republie cet article de Corinne Morel Darleux.
      https://lundi.am/De-luttes-de-taule-et-de-mots-Corinne-Morel-Darleux

      Sur le travail de Nicolas Drolc et sa rencontre avec Livrozet
      https://seenthis.net/messages/827114#message844813
      et la bande originale de son doc « Sur les toits » par King Automatic & Mr Verdun sur le label nantais Kizmiaz records
      https://kizmiazrecords.bandcamp.com/album/kz026-sur-les-toits

  • Sur la catastrophe en cours et comment en sortir - Serge Quadruppani & Jérôme Floch
    https://lundi.am/Sur-la-catastrophe-en-cours-et-comment-en-sortir

    Il y a tout de même pas mal de choses intéressantes dans cet article de Quadruppani (qu’on sait déjà mais dites au public antibiopolitique).

    On a pourtant aussi toutes les raisons d’écouter le cri de rage d’un ami infirmier, à qui j’ai fait lire l’interview de Lamarck : « Je voudrais surtout pas tomber dans le pathos, mais le subjectif est là, et je vais pas le refouler : quand tu as vu des personnes âgées qui ont un nom : Marthe, Francis, Suzanne, Mario, Huguette , Gilberte et tant d’autres, magnifiques, qui ne demandaient qu’à finir leurs vies tranquilles, sereines et entourées, partir en 24 heures, emballées dans des housses mortuaires, sans préparation, sans que leurs proches ne puissent les voir, ne serait-ce qu’une dernière fois, quand tu as vu tes collègues infirmières et aides-soignantes, pourtant pleines d’expérience, et qui savent tenir la « bonne distance » professionnelle avec la mort, te tomber dans les bras et pleurer de détresse, que tu as vu toute l’équipe soignante aller au tapis, frappée de plein fouet par le virus, et les rares soignantes encore valides rester à poste 18h sur 24, que tu as vu le quart des personnes prises en charge mourir en une semaine, les poumons bouffés par le virus, et qu’il s’en fallait à peine d’un mois pour que des vaccins soient disponibles... alors le gus qui te déclare, du haut de son Olympe conceptuel : « c’est la porte ouverte à la modification moléculaire de l’humain », tu as juste envie de lui hurler : « ta gueule, connard ! Tu n’as aucune idée de ce dont tu parles... ! » C’est con, hein ? »

    Non, c’est pas con, et d’autant moins que c’est assorti d’une critique des affirmations lamarckienne qui peut s’avérer fort utile pour dissiper les fantasmes attachés à ce vaccin à ARNm souvent au cœur des argumentaires antivax. « Bien, alors le truc affreux [d’après Lamarck] ce serait ces vaccins à ARN messager modifié « enrobés dans un vecteur complètement artificiel ». Le mot est lâché : « artificiel », sûrement opposé à « naturel ». Ne relevons même pas que bien des produits artificiels se sont révélés forts utiles, et que nombre de produits naturels peuvent être extrêmement nocifs. Le truc ici consiste à faire peur : c’est « artificiel » ! Pas bon ça ! Le vecteur en question est une microparticule avec 4 lipides (dont du cholestérol), 4 sels (chlorures de sodium, de potassium, dihydrogénophosphates de sodium, de potassium), du sucre (saccharose) et de l’eau... (c’est presque Bio !) Non, faut que ça fasse peur ! Car nous disent-ils tout ça « est injecté massivement depuis décembre 2020 sans tests cliniques suffisants tant sur l’innocuité que sur l’efficacité ». C’est évidement faux, les essais de phase I, II, et III ont bien eu lieu, et si la phase III se poursuit c’est pour étudier les effets secondaires inattendus, la durée de protection induite par la production d’anticorps et la mémoire immunitaire induite, et d’envisager le calendrier vaccinal de rappels le cas échéant … à ce jour près de 8 milliards de doses de vaccins contre la Covid ont été administrées, et près de 55% de la population mondiale a reçu au moins une dose (dont seulement 6% dans les pays pauvres). Jamais dans l’histoire des traitements et vaccins il n’y a eu une telle surveillance de pharmacovigilance. »

    Et jamais peut-être il n’a été aussi important d’éclaircir nos rapports avec la science en général, et avec la science médicale en particulier. L’humeur antivax est ancienne, en particulier dans des milieux où les ennemis du capitalisme se recrutent en grand nombre. Au risque de déplaire à bien des amis ou des alliés, disons-le sans détour : cette humeur repose pour l’essentiel sur des fantasmes sans fondement. Deux reproches principaux ont alimenté longtemps le refus de la vaccination, et, malgré tous les démentis, ont resurgi à la faveur de celle contre le Covid : son lien avec l’autisme et les accidents consécutifs à la présence d’aluminium. La première rumeur, qui eut d’abord les honneurs du Lancet, a ensuite été démentie et il s’est avéré que celui qui l’avait lancée était un escroc. Quant à la seconde, s’il est vrai que de l’aluminium a bien été ajouté à certains vaccins pour les booster, et que ce métal a, dans quelques cas, déclenché des réactions locales à l’endroit de l’injection, il n’a jamais entraîné d’accidents graves.

    […]

    On se gardera pourtant de reprendre à notre compte le vocable de « Big Pharma ». Pas seulement parce qu’on le retrouve systématiquement dans des bouches qui ont très mauvaise haleine, — est-ce un hasard ? — mais parce qu’il charrie une vision simpliste de ce à quoi nous faisons face et ne permet donc pas d’en saisir la complexité, les dynamiques et les rouages. « Big Pharma » est à l’ère des gouvernements biopolitiques revendiqués ce qu’était le mythe des deux cents familles au XIXe siècle. Il n’y a pas plus de gouvernement mondial secret que de Big Pharma, ce à quoi nous faisons face c’est à une coalition d’intérêts qui opèrent et prospèrent au sein d’un ordre du monde et d’une organisation sociale organisés par et pour eux. Il y a donc fort à parier que, à l’instar de toutes les structures étatiques, l’INSERM ne soit pas à l’abri de du lobbying général des grandes compagnies pharmaceutiques comme de l’influence de telle ou telle d’entre elles. Mais c’est justement parce qu’il s’agit d’une coalition d’intérêts particuliers et non pas d’une entité monolithique, qu’on peut compter sur l’existence de contradictions en son sein. Peut-on imaginer que s’il existait le moindre soupçon d’effets secondaires néfastes avec l’ARN, Johnson&Johnson et Astrazeneca, les concurrents sans ARN, épargneraient leurs rivaux d’une intense campagne de lobbying pour effrayer la population et récupérer tout le marché ? Et comment s’expliquer, sous le règne omnipotent de « Big Pharma » et du déjà un peu ancien « nouvel ordre mondial » que les stratégies sanitaires, idéologiques et politiques aient été aussi radicalement différentes des Etats-Unis à la France, d’Israël au Brésil, de la Suède à la Chine ?

    […]

    La vérité est à la fois beaucoup plus simple et complexe. Face à la pandémie, à la profondeur de ce qu’elle venait remettre en cause et au risque qu’elle faisait peser soudainement sur l’économie mondiale, les gouvernants ont paniqué. Et c’est cela que leurs litanies de mensonges devaient recouvrir, alors que tout leur pouvoir repose sur leur prétention à gérer et anticiper, ils ont dû bricoler, dans un premier temps du moins. Non pas pour sauver des vies mais pour préserver leur monde de l’économie. Au moment même où les appareils gouvernementaux de toutes les plus grandes puissances mondiales connaissaient leur plus grande crise de légitimité, certains ont voulu y voir le complot de leur toute puissance. Le complotiste aime les complots, il en a besoin, car sans cela il devrait prendre ses responsabilités, rompre avec l’impuissance, regarder le monde pour ce qu’il est et s’organiser.

    […]

    Dans la vidéo « La Résistance », dont le titre est illustré sans honte par des images de la seconde guerre mondiale, le Chant des Partisans en ouverture et Bella Ciao à la fin, on voit défiler les gourous anti-vax sus-cités. Renard Buté y nomme l’ennemi suivant le vocabulaire typique de QAnon : c’est l’ « Etat profond » et les « sociétés secrètes », il nous dit que le vaccin tue, que c’est un génocide qui est en cours, et qu’il faut s’y opposer par toutes sortes de moyens. La vidéo semble vouloir rallier les différentes chapelles antivax, de Réinfocovid au CNTf (organisation délirante, mêlant islamophobie, revendication du revenu garanti et permaculture, et partisane de rapatrier les troupes françaises pour… surveiller les frontières contre la « crise migratoire » et les banlieues), et après un appel à la fraternisation avec l’armée et la police (thème de prédilection du CNTf) débouche sur un autre appel… à la constitution d’une nouvelle banque qui serait entre les mains du peuple. Tout cela se mêle à des thèmes qui peuvent paraître pertinents aux yeux d’opposants radicaux au capitalisme : l’autonomie comme projet de vie, la manière de s’organiser et de faire des manifestations moins contrôlables, la démocratie directe… autant de thèmes et revendications qui pourraient sortir de bouches amies, voire des nôtres. Que ce genre de salmigondis touche pas mal de gens qui pourraient être des alliés, et que des amis proches puissent éventuellement avoir de l’indulgence pour ce genre de Renard fêlé, nous paraît un signe de l’ampleur de la secousse que la crise du Covid a provoquée dans les cerveaux.

    […]

    On a tendance, dans notre tradition très hégélienne de l’ultragauche à considérer que tout ce qui est négatif est intrinsèquement bon. Comme si par la magie de l’Histoire, la contestation de l’ordre des choses produisait automatiquement et mécaniquement la communauté humaine disposée à un régime de liberté supérieur. Pourtant, lorsque l’on se penche sur la nébuleuse anti-vaccin, c’est-à-dire sur les influenceurs et porte-paroles qui captent l’attention sur les réseaux sociaux, organisent et agrègent les énoncés et les rassemblements, on s’aperçoit qu’une écrasante majorité baigne depuis de longues années dans l’extrême droite la plus bête et la plus rance. Militaires à la retraite, invités hebdomadaires de radio courtoisie, lobbyistes contre les violences féminines (oui, oui...), il suffit de passer une heure à « googliser » ces porte-paroles autoproclamés pour avoir une idée assez précise des milieux dans lesquels ils grenouillent. Certes, on pourrait être magnanimes et essayer d’imaginer que l’épidémie de Covid ait pu transformer de telles raclures en généreux camarades révolutionnaires mais comment s’expliquer que les seules caisses de résonances que trouvent leurs théories alternatives sur le virus et l’épidémie soient Egalité et Réconciliation, Sud Radio, France Soir, Florian Phillipot, on en passe et des pires ? En fait, si on se peut se retrouver d’accord sur des énoncés formels, on bute bien vite sur un point fondamental, c’est-à-dire éthique : la manière dont on est affecté par une situation et à la façon que l’on a de se mouvoir en son sein. En l’occurrence, ce qui rend tous ces « rebelles » anti-macron aussi compatibles avec la fange fasciste c’est l’affect de peur paranoïaque qu’ils charrient et diffusent et qui sans surprise résonne absolument avec une longue tradition antisémite, xénophobe, etc. Et c’est là que l’on peut constater une différence qualitative énorme avec le mouvement gilets jaunes. Eux, partaient d’une vérité éprouvée et partagée : leur réalité matérielle vécue comme une humiliation. C’est en se retrouvant, sur les réseaux sociaux puis dans la rue, qu’ils ont pu retourner ce sentiment de honte en force et en courage. Au cœur du mouvement antivax se loge une toute autre origine affective, en l’occurrence la peur, celle qui s’est distillée des mois durant. La peur d’être contaminé, la peur d’être malade, la peur de ne plus rien comprendre à rien ; que cette peur du virus se transforme en peur du monde puis du vaccin, n’a finalement rien de surprenant. Mais il nous faut prendre au sérieux cette affect particulier et la manière dont il oriente les corps et les esprits. On ne s’oriente pas par la peur, on fuit un péril opposé et supposé, quitte à tomber dans les bras du premier charlatan ou sauveur auto-proclamé. Il n’y a qu’à voir les trois principales propositions alternatives qui agrègent la galaxie antivax : Didier Raoult et l’hydroxychloroquine, Louis Fouché et le renforcement du système immunitaires, l’Ivermectine et le présumé scandale de son efficacité préventive. Le point commun de ces trois variantes et qui explique l’engouement qu’elles suscitent, c’est qu’elles promettent d’échapper au virus ou d’en guérir. Toutes disent exactement la même chose : « Si vous croyez en moi, vous ne tomberez pas malade, je vous soignerai, vous survivrez. » Mot pour mot la parole biopolitique du gouvernement, dans sa mineure.

    […]
    Dans la soirée évoquée, ce n’est pas « quelqu’un du public » mais bien Matthieu Burnel lui-même qui avait ironisé sur les suceurs de cailloux !

    Parce que le pouvoir n’a jamais été aussi technocratique, livide et inhumain, certains tendent une oreille bienveillante aux premiers charlatans venus leur chanter « le vivant ». Mais l’engrenage est vicieux et une fois qu’on a adhéré à une supercherie du simple fait qu’elle prétende s’opposer au gouvernement, on a plus d’autre choix que de s’y enferrer et d’y croire. Lors d’une discussion un lundisoir, une personne du public avait commis quelques blagues peu finaudes à propos d’antivax qui lécheraient des pierres pour se soigner du cancer, et cela a apparemment provoqué quelques susceptibilités. Le problème en l’occurrence, c’est que cette plaisanterie n’était caricaturale que dans sa généralisation certainement abusive. Il n’en est pas moins vrai qu’Olivier Soulier, cofondateur de Réinfocovid assure soigner l’autisme et la sclérose en plaque par des stages de méditation et de l’homéopathie, que ce même réseau promulguait des remèdes à base de charbon aux malheureux vaccinés repentis pour se « dévacciner ». Autre nom, autre star, Jean-Dominique Michel, présenté comme l’un des plus grands experts mondiaux de la santé, il se propulse dès avril 2020 sur les devants de la scène grâce à deux vidéos sur youtube dans lesquelles il relativise l’importance et la gravité de l’épidémie, soutient Raoult et son élixir, et dénonce la dictature sanitaire à venir. Neurocoach vendant des séances de neurowisdom 101, il est membre d’honneur de la revue Inexploré qui assure soigner le cancer en buvant l’eau pure de l’une des 2000 sources miraculeuses où l’esprit des morts se pointe régulièrement pour repousser la maladie. Depuis, on a appris qu’il ne détenait aucun des diplômes allégués et qu’il s’était jusque-là fait remarquer à la télévision suisse pour son expertise en football et en cartes à collectionner Panini. Ses « expertises » ont été partagées par des millions de personnes, y compris des amis et il officie désormais dans le Conseil Scientifique Indépendant, épine dorsale de Réinfocovid, première source d’information du mouvement antivax. Ces exemples pourraient paraître amusants et kitchs s’ils étaient isolés mais ils ne le sont pas.

    […]

    Historiquement, ce qui a fait la rigueur, la justesse et la sincérité politique de notre parti, - et ce qui fait qu’il perdure-, c’est d’avoir toujours refusé de se compromettre avec les menteurs et les manipulateurs de quelque bord qu’ils soient, de s’être accrochés à une certaine idée de la vérité, envers et contre tous les mensonges déconcertants. Que le chaos de l’époque nous désoriente est une chose, que cela justifie que nous perdions tout repère et foncions tête baissée dans des alliances de circonstances en est une autre. Il n’y a aucune raison d’être plus intransigeant vis-à-vis du pouvoir que de ses fausses critiques.

    […]

    Au moment où l’idée même que l’on se faisait de la vie se trouvait acculée à être repensée et réinventé, on a critiqué les politiciens. Quand le gouvernement masquait si difficilement sa panique et son incapacité à exercer sa fonction fondamentale et spirituelle, prévoir, on a entendu certains gauchistes même anarchistes caqueter : si tout cela arrive, c’est qu’ils l’ont bien voulu ou décidé. Ironie cruelle, même lorsque l’État se retrouve dans les choux avec le plus grand mal à gouverner, il peut compter sur ses fidèles contempteurs pour y déceler sa toute puissance et s’en sentir finauds.

    Faire passer des coups de force, de l’opportunisme et du bricolage pour une planification méthodique, maîtrisée et rationnelle, voilà le premier objectif de tout gouvernement en temps de crise. En cela, il ne trouve pas meilleur allié que sa critique complotiste, toujours là pour deviner ses manœuvres omnipotentes et anticiper son plein pouvoir. C’est en cela que le gouvernant a besoin du complotiste, il le flatte.

    #Serge_Quadruppani #covid #antivax #gauche #émancipation #réflexion #science

  • Les bonnes - et moins bonnes - affaires de Bernard-Henri Lévy Jamal Henni

    “Je n’ai, pas plus aujourd’hui qu’hier, de sympathie particulière pour ce fameux capitalisme généralisé, totalisé, déchaîné, qu’on appelle mondialisation des échanges et de la production”, assure Bernard-Henri Levy dans son dernier livre, Sur la route des hommes sans nom, paru le 5 mai. Pourtant, ce capitalisme assure la fortune et le train de vie du philosophe millionnaire. L’origine de cette fortune est connue : elle provient de la Becob, une société de négoce de bois créée par son père, André. Lorsque le patriarche décède, le 8 novembre 1995, la famille décide dans un premier temps de conserver l’entreprise, qui réalise alors 450 millions d’euros de chiffre d’affaires. Deux semaines après son décès, lors d’un conseil de surveillance, BHL rend hommage à son père qui “avait préparé sa succession avec beaucoup de sagesse [...] en associant son fils à ses décisions” (André avait notamment nommé BHL vice-président du conseil de surveillance). Le fils aîné promet alors de “mettre tout en oeuvre pour assurer le maintien du l’identité de la Becob ainsi que sa prospérité. C’est de cette façon qu’il entend rester fidèle à la mémoire de son père”, indique le procès-verbal.


    Mais, deux ans plus tard, la famille change d’avis. Elle cède les 76,9% qu’elle détient dans la Becob à Pinault Bois et Matériaux, une filiale du groupe PPR (devenu aujourd’hui Kering). Montant de la cession : 49,2 millions d’euros, indiquent les comptes. La famille aurait touché une cinquantaine de millions d’euros supplémentaires en vendant aux Pinault d’autres actifs (immobilier, filiales à l’étranger…), à en croire le livre Une imposture française de Nicolas Beau et Olivier Toscer.

    Ce pactole était en partie logé dans une holding familiale baptisée Finadeux. Son capital était réparti en trois parts à peu près égales entre les trois enfants d’André Levy : Bernard-Henri, Philippe et Véronique. Mais des désaccords apparaissent avec la soeur, qui remet en cause la stratégie de Finadeux. Finalement, en 2002, un accord est trouvé selon lequel les deux frères rachètent les actions de leur soeur. Mais ils expliquent à leur soeur que les actifs de Finadeux ne sont pas liquides, ce qui entraîne une décote de sa valorisation, qui s’élève à seulement 17,5 millions d’euros (pour 100% du capital). Mais le fisc, examinant la transaction, estime que les deux frères ont été plutôt pingres, et que Finadeux vaut en réalité presque le double (29,5 millions d’euros). BHL fait alors un recours devant la commission de conciliation du fisc, qui valorise Finadeux à 26,2 millions d’euros, et inflige un redressement de 169.576 euros aux frères Levy. Toujours trop pour BHL, qui conteste ce redressement devant le tribunal de grande instance de Paris, qui, sur la base d’une expertise, valorise finalement Finadeux à 23,6 millions d’euros, et réduit donc le redressement fiscal à 119.400 euros.

    Finadeux est ensuite absorbée par une autre holding baptisée Finaquatre, puis une autre baptisée BPL Finances. En 2008-09, BHL sort à son tour du capital, empochant à cette occasion 12 millions d’euros de cash. Toutefois, les statuts prévoient qu’il continue à toucher 20% des bénéfices en échange de “l’apport de ses compétences professionnelles, son crédit et son concours, à concurrence de 50 heures par mois”. L’an dernier, BHL a finalement repris 12,5% du capital de BPL Finances pour 347.500 euros.

    Entretemps, la fortune familiale n’a pas dormi sur un compte en banque. Selon les informations réunies par Capital, elle a été investie dans des entreprises les plus variées, en France et en Grande-Bretagne.

    Dans ces investissements, BHL a pu profiter des bons conseils de ses nombreuses relations dans le CAC 40 et ailleurs. A son mariage avec Arielle Dombasle étaient ainsi invités Liliane Bettencourt et Jean-Luc Lagardère, dont il fera plus tard l’éloge funèbre. Il revendique aussi son amitié avec François Pinault, Alain Minc, Jean-Baptiste Descroix-Vernier... A la soirée des 20 ans de sa revue La règle du jeu https://laregledujeu.org/2010/12/02/3558/anniversaire-de-la-regle-du-jeu-les-dessous-de-la-fete , ont aussi assisté Xavier Niel, Pierre Bergé, Françoise Bettencourt, Maurice Levy, Serge Weinberg, François Henrot, Anne Méaux…

    L’industrie : un éclectisme profitable
    En 2000, BHL investit d’abord 685.000 euros dans Jaber’s Negoce, une société qui exporte sucre, farine ou riz vers l’Afrique, et créée par un négociant d’origine libanaise, Abbas Jaber. BHL revend ses parts quelques années après, pour une somme estimée à 430.000 euros. Depuis, Jaber’s Negoce s’est rebaptisé Advens et a racheté les Grands moulins de Strasbourg et Geocoton, un des principaux producteurs de coton en Afrique.

    En 2001, BHL crée une nouvelle société aux initiales de son père André, AL Industries, pour investir dans le rachat de Picard, aux côtés du fonds britannique Candover, Claude Bébéar, Louis-Jean de Nicolay (futur sénateur LR), Bertrand Collomb (PDG de Lafarge), Richard Ortiz (héritier du groupe propriétaire de Miko et Vivagel), et une mystérieuse société panaméenne, Interinvest Atlantic Inc. BHL prend un petit ticket (1,55 million d’euros) dans le rachat par LBO (leverage buy out) de la chaîne de surgelés, alors valorisée 920 millions d’euros. A peine trois ans plus tard, Picard est revendu au fonds BC Partners sur une valorisation de 1,3 milliard d’euros. La société de BHL empoche alors 2,3 millions d’euros de dividendes.

    A partir de 2006, AL Industries investit 2,3 millions d’euros dans Candover 2005 UK n°1 LP https://find-and-update.company-information.service.gov.uk/company/LP010583 , un véhicule immatriculé à Guernesey du fonds britannique Candover. L’investissement se fait par l’intermédiaire d’une société belge, CPIW SA, qui compte aussi pour actionnaires Richard Ortiz, Philippe Beaufour (héritier des laboratoires Ipsen), et une autre panaméenne, Alca Investors Corp. Las ! La crise éclate juste après. “Les investisseurs de Candover 2005 ont perdu environ 45% de leur mise”, indique à Capital Cyrille Chevrillon, à l’époque directeur général de Candover.

    Enfin, en 2017, BHL rachète 25% de Sanotech, une chaîne de salles de sports à l’enseigne Bodyhit (ex-Bodytec club), spécialisée dans l’électrostimulation. Créée par Kevin Sanson, un coach sportif certifié, la société se développe rapidement, revendiquant aujourd’hui 110 salles franchisées dans toute la France. Sur l’exercice clos fin juin 2019, elle a réalisé un bénéfice de 141.050 euros sur un chiffre d’affaires de 1,4 million d’euros.

    L’immobilier : plutôt du flair
    BHL a aussi fait de bonnes affaires dans l’immobilier. Il a longtemps habité dans le quartier de Saint Germain des Prés à Paris dans un appartement de 350 m², dont il est locataire à partir de 1994 (pour 6.860 euros par mois), puis qu’il achète pour 2,6 millions d’euros en 2004. Cinq ans plus tard, l’appartement est valorisé 5,4 millions d’euros dans la déclaration d’ISF de BHL pour 2009. Lors d’un contrôle, le fisc estime que le pied à terre vaut plutôt 6,2 millions d’euros, et inflige un redressement de 26.830 euros à notre philosophe. Ce dernier conteste l’addition devant le tribunal de grande instance, puis la cour d’appel, mais en vain… Finalement, l’appartement est revendu en 2010 pour 7,1 millions d’euros. Entre-temps, en 2001, BHL a acheté un second appartement dans le quartier pour 680.000 euros.

    En 2012, notre philosophe migre dans le 8ème arrondissement de Paris, à deux pas de l’Elysée. Il y achète un pied à terre pour 2,9 millions d’euros, qu’il hypothèque ensuite pour 4,55 millions d’euros.

    BHL affectionne aussi Saint Paul de Vence, où il achète en 2002 une vaste demeure à une famille de la région, qui elle-même l’avait achetée en 1971 via un montage fictif mis en place pour tromper le fisc. Montant du rachat : pour 1,6 million d’euros. Mais la famille se déchirera jusqu’à la cour de cassation https://www.legifrance.gouv.fr/juri/id/JURITEXT000021999851 pour savoir qui doit encaisser ce chèque… Entretemps, notre philosophe a revendu cette villa en 2014 pour 4 millions d’euros.

    Dernière terre de prédilection : le Maroc. A Marrakech, en 1998, BHL rachète à Alain Delon le palais de la Zahia https://www.wsj.com/articles/an-exclusive-tour-of-a-french-iconoclasts-moroccan-getaway-1505210280 , un riad ayant appartenu autrefois à John Paul Getty Jr. Montant de la transaction : 2 millions d’euros, selon les déclarations de BHL à Nicolas Beau et Olivier Toscer.

    A Tanger, il rachète en 2000 un palais maure de 620 mètres carrés, qui a aussi servi de maison close. Il le fait ensuite redécorer par Andrée Putman. En 2017, il remet en vente la demeure pour 6 millions d’euros. “J’ai trop de maisons à travers le monde”, explique-t-il https://www.bloomberg.com/news/articles/2017-07-03/bernard-henri-l-vy-puts-7-million-tangier-mansion-on-the-market alors. La vente n’a visiblement toujours pas abouti, car l’annonce https://www.prestigeinternational.fr/tanger/villa_putman est toujours en ligne sur plusieurs sites.

    A côté de ces placements fructueux, BHL a aussi investi dans divers projets culturels lui tenant à coeur, le plus souvent en pure perte, mais qui pourrait l’en blâmer ? Heureusement pour lui, les montants investis étaient beaucoup moins élevés.

    La presse : des investissements à perte
    En 1975, BHL lance avec Michel Butel un quotidien baptisé l’Imprévu, financé par son père André. La diffusion s’effondre rapidement, tombant de 25.730 à 2.524 exemplaires sur Paris. L’aventure s’arrête donc au bout de onze numéros. Elle a coûté 3 à 4 millions de francs, selon la biographie BHL de Philippe Cohen.

    Dix ans plus tard, en 1985, BHL participe au mensuel Globe de Georges-Marc Benamou, dont il est un des contributeurs, mais aussi un actionnaire : il avait investi 3.800 francs pour 38% du capital. Le mensuel s’arrête en 1992, mais est relancé l’année suivante sous forme d’hebdomadaire par de riches mécènes (GAN, Crédit lyonnais, famille Vuillème...), qui rachètent notamment la marque aux actionnaires initiaux. Selon Nicolas Beau et Olivier Toscer, BHL touche à cette occasion 7,6 millions de francs.

    En 1990, BHL crée une revue baptisée La règle du jeu. Sa publication est ensuite reprise par une maison d’édition créée par BHL en 2001, LDL Editions, rebaptisée La règle du jeu SARL. A fin 2017, cette société a cumulé 248.042 euros de pertes, et affiche des capitaux propres négatifs de -240.043 euros. En 2013, BHL a cédé 25% du capital à la rédactrice en chef de la revue, Maria de França e Sila, pour un euro symbolique. Parallèlement, la revue est aussi financée par le groupe Lagardère au titre du mécénat d’entreprise (le groupe d’Arnaud Lagardère édite aussi les livres de BHL, via sa filiale Grasset).

    En 2008-09, BHL investit dans Libération, aux côtés notamment d’Edouard de Rothschild, et Carlo Caracciolo. Le philosophe apporte 113.300 euros à une holding baptisée Refondation, qui devient le principal actionnaire du quotidien. Il rentre aussi au conseil de surveillance. Mais l’argent de Refondation est rapidement absorbé par les pertes récurrentes du quotidien. En 2014, Refondation est diluée à zéro au profit de Bruno Ledoux.

    En 2011, BHL investit 20.000 euros dans le site Owni. Il raconte https://bernard-henri-levy.com/il-faut-sauver-le-soldat-shalit-pierre-olivier-sur-et-la-nouvell ainsi l’épisode : “son patron, Nicolas Voisin, fait savoir, un beau matin, que sa société est en péril. Sur quoi me vient une idée. Une idée simple. Très simple. Mais qui va marcher. L’idée est de partager la charge [entre] quelques-uns des partenaires, ou des rivaux bons camarades, ou parfois des lecteurs du site menacé. Et c’est ainsi que s’opère la levée de fonds la plus fraternelle et, sûrement, la plus rapide de l’histoire de l’Internet. De Xavier Niel à Marc Simoncini et Jean-Baptiste Descroix-Vernier, de Patrick Bertrand à Stéphane Distinguin ou au patron de Wikio [Pierre Chappaz], tous les emblèmes du Net sont là – et le fait est, oui, qu’Owni est tiré d’affaire”. Mais les 200.000 euros ainsi levés ne suffiront pas, et Owni sera liquidé un an et demi après.

    Le cinéma : des films d’auteur coûteux au succès d’estime
    En 1993, BHL crée les Films du lendemain, une société détenue à 50/50 par la famille Levy et Artémis, le family office de la famille Pinault. Fin 2012, la société est revendue pour un euro symbolique à sa directrice générale, Kristina Larsen. Dans l’intervalle, la société, présidée par BHL en personne, a englouti 809.255 euros de capitaux, et cumulé 530.000 euros de pertes. Cet argent a servi à produire 25 films, dont une partie à la gloire du philosophe : son film de fiction Le jour et la nuit, son documentaire Bosna !, l’adaptation de son livre American vertigo, un documentaire sur sa maison de Tanger, et quelques films mettant en valeur Arielle Dombasle : le Temps retrouvé, les Âmes fortes, les Infortunes de la beauté et Gradiva. Pour le reste, les Films du lendemain ont surtout produit des films d’auteur aux budgets confortables. Mais les trois quarts des long-metrages produits ont réalisé moins de 100.000 entrées en salles. Et un seul, Lady Chatterley de Pascale Ferran, a remporté une récompense notable (César du meilleur film).

    La mode et la musique : les coups de coeur d’Arielle
    BHL s’est aussi associé à deux proches de son épouse Arielle Dombasle.

    En 2008, BHL investit 100.000 euros dans les Éditions Darré, la société de Vincent Darré, un styliste devenu décorateur. C’est un vieil ami d’Arielle Dombasle : il a dessiné sa robe de mariage puis a été directeur artistique des films réalisés par la blonde sylphide. A fin 2018, les Éditions Darré ont cumulé 338.576 euros de pertes.

    BHL s’est aussi associé avec Matthieu Tarot, le manager et producteur d’Arielle Dombasle, pour produire les disques de son épouse. Les deux hommes ont créé deux maisons de disques baptisées Tempest Music. La première, une société britannique détenue à 49% par Matthieu Tarot, a été créée en 2004 et a été dissoute en 2016, après avoir cumulé 38.000 livres de pertes. La seconde, une société française détenue à 50% par Matthieu Tarot, a été créée en 2007 et liquidée en 2015, après avoir perdu 17.955 euros cumulés.

    Contacté, l’avocat de BHL Olivier Cousi n’a pas souhaité faire de commentaires. Pour leur part, Abbas Jaber, Kevin Sanson et Vincent Darré n’ont pas répondu.
    Les résultats des Films du lendemain (en kE) => https://www.capital.fr/entreprises-marches/les-bonnes-et-moins-bonnes-affaires-de-bernard-henri-levy-1403144

    Les sociétés de Bernard-Henri Levy
    • Finadeux Création : 1979. Fusion avec Finaquatre en 2006. Actionnaires en 2002 : Bernard-Henri Levy (34,9%), Philippe Levy (32,7%) et Véronique Levy (32,4%). Valeur nette comptable : 46 millions d’euros en 2006. Participations : Becob, les Films du Lendemain, LDL Editions, AL Asset Management, PL Finances, SCI Aurelia (appartement à Saint Germain de Prés), ADSI (maison à Saint Paul de Vence)
    • Finatrois Création : 1998. Actionnaire : Bernard-Henri Levy (97,5%)
    • Finaquatre Création : 1999. Fusion avec BPL Finances en 2010. Actionnaires : Bernard-Henri, Philippe et Véronique Levy. Valeur nette comptable : 31 millions d’euros en 2010. Participations : les Films du Lendemain, La règle du jeu (ex-LDL Editions), AL Asset Management, PL Finances, SCI Aurelia, ADSI
    • BPL Finances Création : 2002. Actionnaires : Philippe Levy (99% de 2010 à 2020, 87,5% depuis 2020), Bernard-Henri Levy (12,5% depuis 2020). Participations : les Films du Lendemain, La règle du jeu, AL Asset Management, PL Finances, SCI Aurelia, ADSI, Sanotech
    • PL Finances Création : 2000. Dissolution : 2011. Actionnaires : Finadeux, puis Finaquatre, puis BPL Finances (99%). Participations : Jaber’s Negoce
    • BL & PL Ltd (ex AL Asset Management Ltd) Société britannique. Création : 1998. Actionnaire : Finadeux, puis Finaquatre, puis BPL Finances (100%). Actifs : 8 millions de livres fin 2019. Participations : AL Industries, PL Asset Management
    • PL Asset Management Ltd Société britannique. Création : 2002. Dissolution : 2016. Actionnaire : AL Asset Management (100%). Participation : Tempest Music Ltd
    • AL Industries Création : 2001. Dissolution : 2015. Actionnaire : AL Asset Management (100%). Participations : Picard, CPIW, Refondation (Libération), Editions Darré, Tactilize (Owni)
    • Levy Institute (ex Levy Consulting) Création : 2018. Actionnaire : Bernard-Henri Levy (100%)

    Source : https://www.capital.fr/entreprises-marches/les-bonnes-et-moins-bonnes-affaires-de-bernard-henri-levy-1403144

    #bhl #argent #pognon #haute_bourgeoisie #médias #philosophie #colonisation #politique #en_vedette #philosophe

  • Une philosophe féministe oubliée : Jenny d’Héricourt (1809-1875), alias Jeanne-Marie Poinsard
    https://maitron.fr/spip.php?article159559
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Jenny_d%27H%C3%A9ricourt

    Quand en 1856 Jenny P. d’Héricourt (1809-1875), sage-femme, féministe et philosophe, critiqua Pierre-Joseph Proudhon pour sa théorie sur l’infériorité féminine, celui-ci refusa tout discussion, invoquant son infériorité intellectuelle naturelle. Néanmoins d’Héricourt continua de publier de ferventes critiques des théories des philosophes sociaux de son époque sur l’inégalité des sexes.

    Caroline Arni, « La toute-puissance de la barbe » Jenny P. d’Héricourt et les novateurs modernes
    https://journals.openedition.org/clio/139

    Quand l’auteure de La Femme Affranchie. Réponse à MM. Michelet, Proudhon, É. de Girardin, A. Comte et aux autres novateurs modernes, 1860, propose une discussion à Proudhon, il répond :
    « Il y a chez vous, au cerveau comme dans le ventre, certain organe incapable par lui-même de vaincre son inertie native et que l’esprit mâle est seul capable de faire fonctionner, ce à quoi il ne réussit même pas toujours. »

    Comme quoi, pour la grenouille au fond du puits, l’univers n’est qu’un petit disque bleu...

    #Jenny_d'Héricourt #féminisme #femmes #philosophe #théories_sociales #sexisme #Proudhon #grand_homme

    • Le pire dans tout ça, c’est qu’en tant que patriarche de l’#anarchisme, aujourd’hui encore ce type d’idées phallocrates persistent chez les anarchistes où le féminisme est souvent relégué en seconde zone, traitée de bourgeoise, bien après la libération sociale des hommes.

      #militantisme
      #masculinisme

      Partout et dans tous les temps, on rencontre de ces créatures excentriques, ridicules dans leur sexe, et insupportables au nôtre : elles sont de plusieurs espèces. Chez les unes, ce chic masculin est l’effet du tempérament et d’une grande vigueur corporelle : on les appelle des virago. Ce sont les moins à craindre ; elles ne font pas de prosélytes, et il suffit de la critique des autres femmes pour les ramener à l’ordre. Chez d’autres, la tendance à l’émancipation procède, ou d’un travers d’esprit, ou de la profession qu’elles exercent, ou bien enfin du libertinage. Celles-ci sont les pires : il n’y a pas de forfait auquel l’émancipation ne les puisse mener. À certaines époques, l’esprit de secte s’en mêle ; la défaillance des mœurs publiques vient compliquer le mal : la lâcheté des hommes se fait l’auxiliaire de l’audace des femmes ; et nous voyons apparaître ces théories d’affranchissement et de promiscuité, dont le dernier mot est la PORNOCRATIE. Alors c’est fini de la société.

    • Dans Les femes de droite, Andrea Dworkin cite Jenny P. d’Héricourt qui, en 1860, tente de faire admettre au socialiste Joseph Proudhon que tant que la femme sera tenue pour inférieure, le travail salarié ne peut la libérer : sous-payée, elle demeure condamnée à vendre aussi du sexe – se vendre à un mari ou à des prostitueurs. Proudhon lui oppose une fin de non-recevoir, décrétant « naturelle » l’infériorité des femmes. Cent ans plus tard, dans la contre-culture américaine, Dworkin et Robin Morgan repèrent le même sexisme chez les hommes de gauche, au nom cette fois de la libération sexuelle. Ils « estiment trop les putains et pas assez les épouses ». Ce que voient très bien les femmes de droite, qui tiennent les féministes pour naïves et impuissantes et optent, en désespoir de cause, pour le « modèle de la ferme » contre celui du bordel et de la pornographie.
      (https://www.ababord.org/Les-femmes-de-droite)

    • « En vertu de quel droit et au nom de quel principe voudrait-on séparer l’humanité en deux camps, dont l’un aurait le privilège de prendre librement son essor, cependant que l’autre — pour éviter toute concurrence — se verrait forcé de limiter le sien ? »

      Madeleine Tribolati (1905-1995), syndicaliste (à la CFTC) ayant participé aux négociations pour les conventions collectives de 1936, in Joceline Chabot, notice dans le dictionnaire Maitron.

      (Merci à Florence Montreynaud pour ces citations quotidiennes, du site Encoreféministes@gmail.com)

    • Difficile de remplacer ce que l’on ignore et que l’on refuse de connaitre. J’adorerai me passer de citations nauséabondes, et n’être que proposition positive, mais sans celles-ci comment comprendre que même la première Internationale (car avec des proudhoniens dedans) ait refusé que les femmes travaillent quand cela a imprégné salement toutes les pensées progressistes de gauche jusqu’à maintenant.
      Oui, profiter des leçons de celles qui se sont battues contre ces hommes infects et misogynes pour que nous puissions reconnaitre leurs ennemis, celleux qui tiennent à peu de chose près le même discours aujourd’hui.
      D’autant qu’en tant que femme et femme vivante pour un monde plus juste, je m’estime victime de ce merdier dans lequel ils nous ont mises et continuent d’en être misérablement fiers.
      #survivantes

  • Covid-19 : un couvre-feu à l’étude pour Paris et l’Île-de-France - Le Point
    https://www.lepoint.fr/societe/covid-19-un-couvre-feu-a-l-etude-pour-paris-et-l-ile-de-france-12-10-2020-23

    Ce mardi matin, un conseil de défense se déroulera à huis clos à l’Élysée pour arbitrer de nouvelles mesures de restriction. Mardi soir, les ministres concernés par la crise du Covid-19 seront également conviés discrètement à Matignon. Ce lundi matin, leurs directeurs de cabinet se sont d’ores et déjà retrouvés à l’Élysée autour du secrétaire général du palais, Alexis Kohler. Selon plusieurs sources au sommet de l’État, l’hypothèse d’un couvre-feu nocturne dans les zones le plus à risque, en particulier Paris et l’Île-de-France, est à l’étude avec différents scénarios de mise en application : à partir de 20 heures, 22 heures ou 23 heures, comme à Berlin ou Francfort, en Allemagne, depuis ce week-end.

    J’ai laissé la photo du Point, non légendée mais ressemblante. Ici, il y a beaucoup de cafés ouverts - à vue de nez, moins chez les Kabyles ; idem, les kebabs turcs refusent de servir à boire sans manger ; des Asiatiques gardent le tabac ouvert mais ferment la partie bar - les terrasses étant le seul lieu où on peut ne pas être masqué à l’extérieur.

    • Ile-de-France : 17% des personnes testées pour le coronavirus sont positives, du jamais vu
      https://www.francebleu.fr/infos/sante-sciences/ile-de-france-17-des-personnes-testees-pour-le-covid-sont-positives-du-ja

      La « grande marée » de patients Covid annoncée la semaine dernière serait-elle en route ?

      [le directeur de l’Agence régionale de santé, Aurélien Rousseau] a aussi indiqué que 42% de patients Covid se trouvaient dans les services de réanimation de la région. Il y a « plus de 1.480 personnes dans les lits d’hospitalisation conventionnelle, 672 dans les soins de suite et de réadaptation et presque une centaine dans les lits de psychiatrie », a-t-il précisé.

      Selon l’ARS, il y a des signes alarmants. Par exemple « aujourd’hui à Paris chez les 20-30 ans plus de 800 cas positifs pour 100.000. Le seuil d’alerte c’est 50 ».

      « Et surtout, depuis trois jours, ces chiffres augmentent très rapidement chez les personnes âgées, or le passage entre les générations, c’est ça qui est notre préoccupation majeure », explique Aurélien Rousseau.

      Pour le directeur de l’Agence régionale de santé, il n’y a pas de doute, dans les 15 prochains jours, on aura plus de cas graves.

      Aurélien Rousseau pense qu’il y aura « sans doute jusqu’à 300 personnes par jour dans les prochains jours qui vont arriver dans les hôpitaux d’Ile-de-France ».

      Par ailleurs, sur les 700 Ehpad d’Ile-de-France, 127 comptent au moins un cas de Covid-19, a-t-il dit.
      Les hôpitaux sont en alerte

      Il a été demandé aux hôpitaux d’activer tous leurs dispositifs de crise pour ne pas se laisser surprendre et dépasser par une nouvelle grande vague de malades.

      Les hôpitaux déprogramment des interventions non-urgentes quand c’est nécessaire et ils peuvent aussi repousser les congés des soignants.

      Le secteur privé est aussi très mobilisé, souligne l’ARS qui indique que « dans les lits de réanimation, 24% des malades sont dans le privé ».

    • Reconfinement, couvre-feu… Face à la deuxième vague, quelles sont les options du gouvernement ?
      https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/10/13/reconfinement-couvre-feu-face-a-la-deuxieme-vague-quelles-sont-les-options-d

      Evoqué dans le dernier avis du conseil scientifique, le couvre-feu apparaît comme une alternative moins « coûteuse » [que le confinement, pas évident à réaliser au niveau local, ndc] économiquement et socialement. Il a été mis en œuvre avec succès en Guyane, en juin et juillet. En semaine, il a d’abord été interdit aux habitants de circuler à partir de 23 heures, puis cette limite a été abaissée à 21 heures, avant de passer à 19 heures, puis 17 heures. Le week-end, chacun devait rester chez soi à partir de 13 heures le samedi. « Combiné avec d’autres mesures, comme la fermeture des frontières et des limitations de déplacement, cela a permis d’abaisser le R de 1,7 à 1,1 », détaille Simon Cauchemez, modélisateur à l’Institut Pasteur, auteur d’une étude sur le sujet, prépubliée en ligne.

    • ILE-DE-FRANCE : LE DIRECTEUR DE L’AP-HP PRÉVOIT L’OCCUPATION DE « 70 À 90% » DES LITS DE RÉANIMATION FIN OCTOBRE

      https://www.bfmtv.com/paris/pour-martin-hirsch-70-a-90-des-lits-de-reanimation-d-ile-de-france-seront-occ

      Au regard des indicateurs actuels de suivi de l’épidémie,
      "aux alentours du 24 octobre, il y aura au minimum entre 800 et 1000 patients Covid dans les services de réanimation"
      franciliens, alerte ce mardi Martin Hirsch, directeur général de l’AP-HP, dans une interview au Parisien. Soit "70 à 90% de nos capacités actuelles" , précise-t-il.

      Pour le directeur de l’AP-HP, cet afflux dans les services de réanimation "est inéluctable" . "La situation est grave" , ajoute-t-il, précisant qu’environ "20% des interventions non prioritaires sont en cours de déprogrammation" dans les 39 hôpitaux du groupement.

      Pour tenter de ne pas aggraver la situation à venir dans les services de réanimation et d’éviter de « faire un choix entre les patients », « c’est aujourd’hui qu’il faut agir », assure Martin Hirsch, qui préconise une « politique bien plus systématique de télétravail » au sein des entreprises. Mais aussi et surtout une diminution significative des interractions sociales des Franciliens.

      "Nous devons − vous, moi, tout le monde − avoir 20 % de contacts sociaux en moins" , explique-t-il dans les colonnes du Parisien.

    • Faire en français signifie chier. Exemple : Ne forçons pas notre talent. Nous ne FAIRIONS rien avec grâce.
      Traité du style, Aragon.

      Le Monde avec AFP, le 14 octobre à 01h30

      « Il ne s’agit pas de prendre une mesure pour quinze jours, un coup on ferme, un coup on rouvre. Il faut des mesures bien plus longues, selon son entourage. « Les Français ont besoin de clarté sur le moyen et long terme. Il faut leur donner une trajectoire, un calendrier pour les mois qui viennent » , ajoute l’entourage du chef de l’Etat, pour qui les six à huit prochaines semaines seront une période charnière.

      Un couvre-feu permettrait de limiter les déplacements nocturnes, donc les réunions de famille ou d’amis, en particulier chez les jeunes, dont les fêtes dans des lieux privés, très difficiles à contrôler, sont autant de clusters potentiels.

      « Des villes de différentes tailles seront concernées par ces mesures, en fonction de la circulation du virus », ajoute la même source. « Mais il faut faire peser le minimum de contacts sur la vie de tous les jours, dont l’école ou l’université. » Le ministre de l’éducation Jean-Michel Blanquer a d’ailleurs exclu mardi sur RTL « a priori » l’annonce par Emmanuel Macron de mesures concernant les écoles, collèges et lycées.

      L’hypothèse d’un couvre-feu inquiète les oppositions

      Le chef de l’Etat devrait par ailleurs annoncer une accélération des tests, grâce à l’arrivée de nouvelles techniques beaucoup plus rapides, comme les tests salivaires.

      [...] « Les restrictions c’est quand on a tout raté » , a lancé (...) Le Pen...

      On est puni parce que « La mission indépendante présidée par le Suisse Didier Pittet (...) chargée d’évaluer l’exécutif sur la gestion de la crise sanitaire en France [a] rend[u] ce mardi son rapport d’étape » https://seenthis.net/messages/880780
      Le gouvernement a tout faux, il doit faire.

      #couvre-feu #Paris et ...

    • Cela fait 3 jours qu’on nous bassine avec le « couvre-feu ». Encore des gesticulations stupides. Il semble que rien ne va être fait pour les écoles, facs et entreprises qui je le rappelle sont globalement ouvertes entre 8h et 18h, soit bien avant l’éventuel couvre-feu. Imposer le télétravail là où on peut serait une option simple que le gouvernement se refuse à prendre car le Medef n’en veut pas (et je ne parle pas de faire respecter le port du masque, c’est encore un autre sujet...). Et si ledit couvre-feu a lieu à 23h je pense qu’on aura là une preuve très très claire du foutage de gueule.

    • Apparemment, il n’y aura aucune mesure pour les lieux d’enseignement. En tout cas, rien à ce sujet ne semble fuiter dans les principaux canaux d’informations de l’officialité. Ce qui en soit est à mon sens une information.

      Et donc, si ce soir, le pouvoir prend des décisions qui de toute évidence n’auront que des effets à la marge sur le sujet qui nous occupe tous, ce sera à mon sens un moyen de répondre à la question : « Ont-ils décidé de mettre en œuvre une stratégie d’immunité collective, ou bien sont-ils juste incompétents ? »

      De très nombreux indices laissaient penser qu’ils étaient incompétents et que leurs objectifs étaient ailleurs (sauver les actionnaires du CAC40). Mais entre les fumigènes grossiers (loi sur le séparatisme), et les contrevérités manifestes (cf. propos de la ministre de l’enseignement supérieur sur les lieux d’enseignement qui ne sont pas des lieux de contamination), et à nouveau, ce soir, avec ce spectacle médiocre en préparation, il me semble que nous pourrons conclure : ils ont fait le choix de l’immunité collective.

      Nous avons regardé en famille, l’autre WE, le film « Les sentiers de la gloire », vieux film, mais quel film ! On le sait, la guerre de 14, c’était avant tout une guerre de massacre, où des généraux tenant des coupes de champagne décidaient d’envoyer des milliers d’êtres humains à l’abattage, quitte à en fusiller quelques uns pour l’exemple, sans considération autre que leur carrière. Je ressens ces gens qui nous gouvernent actuellement comme héritiers de cette façon de gouverner. Nous les avons déjà comparé aux Versaillais de la Commune... Nous pouvons aussi les comparer aux généraux de la WWI.

    • « On recule pour sauter plus mal », Dominique Costagliola, JDD

      Peut-on encore éviter un ­#reconfinement total ?

      Je n’en suis pas sûre. On ne connaît pas encore l’impact des couvre-feux. L’exemple de la Guyane, où les conditions de vie sont différentes, n’est pas forcément transposable à la métropole. Ces mesures peuvent jouer un rôle dans la réduction du nombre de contacts. La concomitance avec la fermeture des #écoles, dont on a négligé le fait qu’elles puissent être une source de contamination, peut aussi se révéler favorable. Mais si au lieu de se voir à 20 heures, on se voit à 18 heures, cela ne servira à rien.

      [...]

      En juillet, le rapport du conseil scientifique annonçait tout ce qui se passe maintenant. Personne ne l’a pris au sérieux.

      #conseil_scientifique #télétravail #économie

  • #Achille_Mbembe, l’#universel_africain
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/02/24/achille-mbembe-l-universel-africain_6030591_3232.html

    Achille Mbembe décrit un monde où, y compris au sein des démocraties libérales, « l’état de guerre se répand au sein de l’état civil »

    Il est des fantômes qui accompagnent les vivants et les marquent à jamais. Les pas de l’historien et philosophe Achille #Mbembe, depuis sa plus tendre enfance, sont portés par ceux de #Ruben_Um_Nyobè, leader nationaliste camerounais tué par l’armée française, puis effacé des mémoires par le régime camerounais après l’indépendance. « L’histoire de #Um_Nyobè m’a longtemps hanté et a marqué ma trajectoire intellectuelle au point que l’écriture a été, pour moi, un acte de réparation », explique le #philosophe, qui est l’un des penseurs les plus en vue d’#Afrique_francophone.

    [...]

    Dans #Brutalisme, il dénonce d’ailleurs la « #frontiérisation » des espaces qui entrave la liberté de mouvement des femmes et des hommes à l’intérieur du continent, mais également sur l’ensemble du #globe.

    « La #frontière est devenue le nom de la violence organisée », écrit-il, « le lieu de la non-relation » où s’opère le « déni d’une humanité commune », à tel point que le monde se transforme en une multitude de camps où l’on parque des populations, y compris des enfants, que l’on ne saurait accepter chez soi, réactivant ainsi la haine de l’autre. Revenant sur le développement de la technologie au service d’une surveillance généralisée, Achille Mbembe décrit un monde où, y compris au sein des démocraties libérales, l’état d’exception devient la norme, où « l’état de guerre se répand au sein de l’état civil », et où les polices emploient des armes habituellement utilisées sur les champs de bataille. « Naturalisation de la #guerre_sociale », le brutalisme est le symptôme de « l’âge de la #prédation et de l’#extraction » qui tue notre #planète. C’est « l’âge de la #combustion_du_monde ».

  • #Philosophes emprisonnés (1) : #Socrate, mort et naissance du philosophe
    https://www.franceculture.fr/emissions/lsd-la-serie-documentaire/philosophes-emprisonnes-1-socrate-mort-et-naissance-du

    Bertolt Brecht, dans La Vie de Galilée, fait dire au savant florentin que « la pensée est le plus grand divertissement de l’espèce humaine. Nul ne peut résister à la séduction des preuves ». C’était avant que l’Inquisition romaine ne le contraigne à abjurer ses idées et le condamne à la prison à vie. Pouvoir politique et pouvoir religieux de tous bords ont entretenu des rapports violents avec la philosophie et la libre pensée. Livres interdits et brûlés, sommation à abjurer et se renier, humiliation publique, exil, bannissement, emprisonnement, mise à mort…

    –—

    Philosophes emprisonnés (2) : Parce qu’elle tourne. Giordano Bruno et Galilée face à l’Inquisition romaine
    https://www.franceculture.fr/emissions/lsd-la-serie-documentaire/philosophes-emprisonnes-2-parce-quelle-tourne-giordano-bruno-et

    Le 17 février 1600, le philosophe Giordano Bruno est brûlé vif sur le Campo de Fiori de Rome sur décision de l’Inquisition catholique romaine. En 1616, les thèses de Copernic sur la rotation de la terre autour du soleil sont mises à l’Index, et Galilée reçoit l’interdiction de les enseigner. Dix-sept ans plus tard, le grand savant qui a posé les bases de la science moderne, est condamné à abjurer et à la prison à vie.

    Pourquoi le pouvoir religieux s’est-il senti si menacé par la théorie héliocentrique ? Le soleil est-il l’arbre qui cache la forêt ?

    –---

    Philosophes emprisonnés (3) : La Bastille ou l’exil. #Voltaire, #Diderot, Sade et les « #Rousseau du ruisseau »
    https://www.franceculture.fr/emissions/lsd-la-serie-documentaire/philosophes-emprisonnes-3-la-bastille-ou-lexil-voltaire-diderot

    Le 14 juillet 1789, prendre la Bastille, c’était abattre le symbole de l’arbitraire de la monarchie absolue qui enfermait sans justice. Passer par la Bastille était presque devenu un fait d’armes pour les écrivains, tant ils étaient nombreux, qui y furent détenus. Comment, dans le Siècle des Lumières, s’est exercée la répression contre les philosophes et les libres penseurs ? Voltaire embastillé et exilé, Diderot arrêté et traumatisé par sa détention, Montesquieu ou Rousseau publiant à l’étranger : c’est tout le monde du livre et des idées qui subit la censure du pouvoir royal, et les peines pour le délit de librairie peuvent aller jusqu’à la peine de mort.

    Trois cents ans après l’embastillement de Voltaire, nous sommes dans le quartier de la Bastille à Paris et au château de Vincennes, où Diderot et Sade furent emprisonnés, pour tenter de mesurer le prix de la révolution de civilisation menée par les philosophes et tout un peuple des Lumières.

    –---

    Philosophes emprisonnés (4) : #Rosa_Luxemburg, #Antonio_Gramsci, Varlam Chalamov : penser à l’épreuve de la violence
    https://www.franceculture.fr/emissions/lsd-la-serie-documentaire/philosophes-emprisonnes-4-rosa-luxemburg-antonio-gramsci-varlam

    Rosa Luxemburg, emprisonnée pour son engagement contre la guerre à la veille de la « grande boucherie ». Antonio Gramsci, prisonnier du régime fasciste. Varlam Chalamov, enfermé 17 ans dans les camps de la Kolyma soviétique. Trois destinées frappées par l’emprisonnement, trois penseurs dont l’œuvre s’est faite à l’épreuve de la violence qui pousse l’humain dans ses limites extrêmes.

    #philosophes #philosophie #repression

  • Pourquoi l’actualité récente rappelle si furieusement l’année #1938 - Les Inrocks
    https://www.lesinrocks.com/2019/04/19/idees/idees/pourquoi-lactualite-recente-rappelle-si-furieusement-lannee-1938

    10 ans après le #krash du #jeudi_noir (sept. #1929)...

    Dans un essai subtil, “#Récidive, 1938” (éd. Puf), le #philosophe Michaël #Fœssel enquête sur l’année 1938 en France. Sans forcer le trait, il montre à quel point elle hante le présent, par des #ressemblances_troublantes.

  • Nouveaux programmes de Philosophie : Blanquer prépare le retour de Dieu dans l’école de la République Fédération Nationale de la Libre Pensée - Communiqué - 28 Mars 2019
    https://www.fnlp.fr/news/660/17/Nouveaux-programmes-de-Philosophie/d,lp_detail.html

    Le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, vient d’introduire comme notion dans les prochains programmes de philosophie «  L’idée de Dieu  ». Les notions du «  bonheur  » et du «  travail  » disparaissent. Freud ou Marx disparaîtront comme auteurs référencés. Force est de constater que le ministre cherche à conditionner les futurs bacheliers à un monde où le travail salarié se fera de plus en plus rare pour être remplacé par la recherche d’une divinité. Cette nouvelle notion, dans un contexte où la notion de religion était déjà au programme, n’est pas étrangère à l’architecture de «  l’école de la confiance  », chère au Ministre de l’Education, où le baccalauréat doit s’adapter aux critères européens en favorisant «  l’insertion dans l’emploi  ». Remplacer la lutte des classes par « l’Idée de Dieu », c’est annihiler l’école gratuite et laïque de Jules Ferry, « L’instruction religieuse appartient aux familles et à l’église » (lettre aux instituteurs 1883), c’est revenir à l’école du Moyen-Age où les cours sont dispensés par des professeurs de morale, et où «  De ta condition sociale tu te satisferas !  ». C’est immanent !

    Service national universel, Parcoursup et maintenant Dieu

    Après avoir instauré l’Ost (le service militaire dû au suzerain du Moyen-Age), le Service national universel, après avoir développé la sélection sociogéographique avec Parcoursup, voilà que le Ministre pense diriger « la communauté éducative » en lui proposant une vie cénobitique. C’est le retour de Saint-Benoît où «  une communauté vie sous une Règle et un Abbé  ». Les Lycéens devront débattre de «  l’idée de Dieu  », comme d’une évidence déjà de son existence, de sa réalité, de sa singularité. Il n’y a pas plusieurs Dieux, il n’y a pas absence de Dieu, il n’y a pas inexistence de Dieu, il y a une idée. Une idée qui s’impose, passant de la représentation abstraite à une réalité dans les programmes.


    Le cléricalisme n’avance plus masqué, en promouvant Augustin et Thomas d’Aquin qui font une entrée fracassante dans les programmes de philosophie. Il cloisonne le débat des idées à une pensée unique qui tend à se restreindre, notamment avec Thomas d’Aquin, qui place au sommet de son éthique la figure du Sage, désignant «  celui dont l’attention est tournée vers la cause suprême de l’Univers, à savoir Dieu  » ; avec Augustin, père du «  croire pour comprendre  » , c’est le retour de l’âme, du dogmatisme le plus cru où «  Dieu étant Créateur et Gouverneur de l’univers  » (Augustin). Faut-il comprendre alors que l’enseignant doit représenter ce Sage ? Dès lors, où est la liberté d’enseignement ? Quelle latitude reste-t-il aux enseignants, qui doivent dispenser un message divin ?


    Il y a une unité inquiétante de la part d’un gouvernement corporatiste à dessiner les limites de la République dans le cadre de l’employabilité et de la précarité (Travail), de la communauté divine (Famille), des drapeaux tricolore et européen (Patrie). En choisissant l’Idée de Dieu comme concept, c’est l’idée de verticalité qui tend à dominer, la négation d’un imaginaire horizontal où la contestation même verbale devient un acte contre l’intégrité de l’Etat, surtout de son chef. Après le corps et les conditions sociales (SNU et Parcoursup), c’est l’esprit des lycéens qu’il faudrait forger dans le moule de la Foi.

    Eduquer les consciences à l’idée de Dieu
    . . . . . . . . .

    #education #école #philosophe #enseignement #religions #SNU #Parcoursup #dieu #laïcité #enmarche vers #pétain #cléricalisme

    • le propre lien :

      https://www.telerama.fr/divers/clement-rosset,100844.php

      #Clément_Rosset, l’auteur du Réel et son double (1976), est décédé, huit ans après avoir cru mourir dans une crique de Majorque, épisode qu’il avait raconté dans Récit d’un noyé. Né en 1939 à Carteret en Normandie, le #philosophe, qui enseigna à la faculté de Nice entre 1967 et 1998, fin connaisseur de Schopenhauer et de Nietzsche, n’aura cessé de défendre un réalisme sans concession, décapant, mordant. Un réalisme rivé au sol du réel, et traqueur de tous les masques, illusions, doubles que l’homme s’invente pour échapper à cette insoutenable réalité, toujours trop idiote ou trop cruelle. En 2013, Clément #Rosset, féru de littérature, de cinéma, de bande dessinée et de musique, était notre invité à l’occasion d’un numéro double consacré au… mensonge. Voici cet entretien.

      [...]

      Que cachent ces masques ?

      Si, comme la vérité, le mensonge n’avait qu’un visage, nous serions en meilleurs termes avec lui, note encore #Montaigne. Or, il existe une multiplicité de mensonges, affichant des facettes logiques et psychologiques très différentes. Dans son acception la plus simple, le mensonge est un déni de la vérité, de la réalité. Il nie ce qui est, ou affirme ce qui n’est pas. Un homme a tué, mais soutient qu’il n’a pas tué. Ainsi #Raskolnikov, dans Crime et châtiment, dira au juge d’instruction Porphyre qu’il n’a pas assassiné la vieille usurière. Il avance le faux, alors qu’il sait le vrai qu’il choisit de dissimuler. Mais, à partir du moment où le mensonge est enclenché, la vérité peut éclater à tout instant. Le menteur prend ainsi toujours le risque d’être démasqué, même si la fausse version a quelquefois la puissance d’instiller le doute, et d’encombrer les cours d’assises pendant de longues années. Le mensonge se révèle souvent plus plausible, plus vraisemblable que la réalité, parfois si rocambolesque qu’elle en devient peu crédible.

      Comment le mensonge parvient-il à s’imposer ?

      Toute sa force consiste à singer la vérité, à en prendre les couleurs. Le mensonge est un caméléon qui doit avoir l’apparence du vrai ; il doit pouvoir être cru, sans quoi il perd sa raison d’être. Et, pour être cru, il doit être consolidé par d’autres boniments. Le mensonge s’accompagne donc toujours d’une volonté de tromper. Celui qui énonce une proposition contraire à la vérité, sans vouloir tromper autrui, mais juste parce qu’il se trompe lui-même, est dans l’erreur, et non dans le mensonge. Le menteur, lui, est un charlatan, un spécialiste du faux qui, mieux que quiconque, sait reconnaître le vrai au premier coup d’oeil. Le menteur est au fait de la vérité, et c’est là tout le paradoxe du #mensonge.

      [...]

      #philosophie

  • Sortir ses griffes face à la fin du monde
    3 février 2019

    Le futur sera catastrophique. Les signes se multiplient en ce sens, les modèles scientifiques, aussi différents soient-ils, convergent vers le même résultat. Les terribles dérèglements climatiques annoncent la fin de l’humanité, si des événements politiques ou guerriers ne les précèdent pas.

    Face à cette situation, Pierre-Henri Castel1 suggère que nous avons au moins une chance : pour une fois, nous pouvons faire l’effort de penser en-dehors de notre présent, et à partir de ce sombre futur. Dans cette optique, son petit livre Le Mal qui vient s’efforce de questionner la nature complètement nouvelle du Mal qui ne manquera pas de s’imposer dans un monde où l’horizon de l’humanité se restreint à celui des survivants. Ce qui ne va pas sans la nécessité de penser à ce que pourrait être un Bien « avec des crocs et des griffes » qui viendrait s’y opposer. L’auteur a bien voulu répondre à nos questions.

    https://grozeille.co/sortir-ses-griffes-face-a-la-fin-du-monde

  • Le #luxe mène t-il à la #luxure ? En voilà une question qu’elle est bonne ! En tout cas c’est sur elle que #philosophes, #érudits et #écrivains s’écharpaient publiquement au 18ème siècle. Retour vers le Siècle des #Lumières...

    http://sms.hypotheses.org/4221

    #luxe, #luxure, #philosophie, #philosophe, #écrivain, #débat, #lumière, #progrès, #aristocratie, #puissants, #littérature, #politique, #littéraire

  • Comme je suis bloqué par jonkheer depuis fort longtemps je peu pas commenter les commentaires sur ses blagues sur les dyslexiques et les viols alors je le fait ici .
    https://seenthis.net/messages/718631
    Je remet le commentaire qui me fait réagir ;

    Marie-Lou Chatel :
    Risible, avec tout ce qu’il ingurgite par jour en vin et alcool, il y a longtemps que le kiki est rikiki, avec la langue peut-être...C’est tout de même saisissant toutes ces femmes qui soudain se souviennent avoir été violées par des hommes toujours (très) riches - et donc solvables - et célèbres ...Bon ! Je retourne à mes occupations.... :-))

    @marie_lou Le viol c’est pas obligatoirement avec un penis, le définition légale parle de « tout acte de pénétration » ca veut dire qu’un doigt, un objet suffit et que Depardieu puisse bander ou pas c’est pas le problème.
    Pour tes soupçons de mensonges de la part des accusatrices, est-ce que tu connait des noms de victimes de viol qui se sont enrichie en France en passant par les tribunaux ? On est pas aux USA, il y a pas des millions en dommages et intérêts, seulement éventuellement une condamnation de l’agresseur (très très rare entre 2 et 5% des plaintes https://www.bastamag.net/En-France-moins-de-2-des-affaires-de-viols-aboutissent-a-une-condamnation- ) et une humiliation publique de la victime y compris par tes soins.

    Avec le peu d’info qu’on a dans les journeaux, spontanément tu blâme la plaingante et tu innocente l’accusé. Sans aucun élément, tu prend parti non seulement contre une femme dont tu ignore tout, mais tu en profite pour jetter le discredit sur les femmes qui dénoncent des agressions contre des hommes puissants ("toutes ces femmes qui soudain ..."). Je te conseil de lire sur le stress post-traumatique pour que tu comprenne ce qui provoque ces plaintes « soudaines » et parfois longtemps après les faits. https://www.memoiretraumatique.org/assets/files/v1/Articles-Dr-MSalmona/2018-l-amnesie-traumatique.pdf

    Pour ta remarque tu la richesse des accusés, c’est un peu normal que seuls les cas d’hommes riches et puissants soient médiatisé, les 150000 agressions sexuelles par an commises en France ne sont pas toutes l’objet d’une médiatisation. La presse ne s’interesse qu’aux cas impliquant des célébrités.

    Sur les fausses accusations , Les études sur les fausses accusations faites en Angleterre, disent qu’il y en a autour de 2% à 8% des plaintes, c’est très peu mais ca en fait quant même un peu.
    Par contre se servir de ces cas minoritaires pour traiter de menteuses cupides les 95% des victimes c’est pas une démarche neutre, c’est une démarche qui perpétue les intérêts des violeurs et agresseurs sexuels. Même si c’etait plus que 5%, mettons 20%, ca reste de toute façon minoritaire vu la galère de porter plainte (va voire paye ta police pour les témoignages de comment les flics traitent les femmes qui viennent porter plainte https://seenthis.net/messages/716099 ), partir du principe que les victimes sont des maitresses chanteuses ca reste l’expression d’un parti pris pro-violeurs.

    Ici un article fait le point sur la culture du viol
    https://seenthis.net/messages/523508

    1) Qu’est-ce que la culture du viol ?
    La culture du viol est un concept féministe utilisé pour caractériser une société (la nôtre) où le viol, l’agression sexuelle et le harcèlement sexuel sont banalisé.e.s, voire encouragé.e.s. Une telle société crée un climat propice au contrôle du corps des femmes par les hommes. Voici certains de ses présupposés et conséquences :

    · Le viol est fréquent et banalisé, et ce, même si on prétend que le viol est un crime grave (double discours)

    · Les victimes de viol sont blâmées (victim blaming)

    · Les victimes de viol ne sont pas crues

    · Les stéréotypes sur le viol sont très présents

    · Le système exige des victimes de viol qu’elles rapportent le crime, tout en leur fournissant un processus hostile

    · Le viol est encouragé subtilement (ou pas) dans la culture populaire

    · Les violeurs sont glorifiés, ou du moins excusés (notamment, en raison de leur statut)

    · L’habillement et la présentation des femmes et des petites filles est contrôlé

    · Un sentiment d’insécurité est cultivé chez les femmes relativement aux inconnus et au monde extérieur (malgré que 80% des agresseurs soient connus de leur victime)

    · Les femmes ont la responsabilité de prévenir le viol

    · Beaucoup, beaucoup de personnes ignorent ce que signifie le consentement...

    #culture_du_viol #sexisme #vitctime_blaming

    • Sur les fausses allégations voire ceci :

      Alors, comprenez : je suis fais partie des statistiques de “fausses accusations de viol”. Lorsqu’ils ont écrit leurs rapports et ont envoyé les nombres au département de la justice pour compiler les informations, j’y suis inscrite comme une menteuse, une fausse accusation, même si aucune plainte n’a été portée à mon égard. (Je ne sais pas si c’est parce qu’ils ne pensaient pas pouvoir me faire un procès, ou parce qu’ils ne voulaient pas faire un procès à une fille de flic.) Et vous savez quoi ? Je ne suis pas la seule. C’est horrifiant, le nombre de femmes que j’ai rencontrées en groupes d’entraide et à des réunions d’activistes qui partagent des expériences très similaires. Elles aussi, elles sont des statistiques de fausses accusations de viol. Nous avons toutes été violées.
      Alors gardez cela en tête, lorsque vous citez le nombre de 6-8%, les statistiques de “fausses accusations”. Je sais qu’on doit se fier aux informations qu’on a, et j’utilise aussi cette statistique lorsque je discute de ça. Mais je me souviens toujours que ce nombre n’est certainement pas une représentation exacte. (Peut-être qu’elle devrait toujours être accompagnée d’un astérisque ?)
      S’il vous plaît, souvenez-vous de mon histoire lorsque vous voyez des statistiques de “fausses accusations de viol”. Souvenez-vous de mon amie, qui a avoué une fausse accusation dans le but de garder ses prestations d’ancien combattant après avoir été réformée (le bon pote de son violeur et supérieur direct a traité l’affaire ; un acquittement était inévitable). Souvenez-vous de cette femme d’âge moyen que j’ai rencontrée, encore traumatisée, qui, adolescente, s’est rétractée lorsque son violeur (et beau-père) a menacé de tuer sa famille. Et les nombreuses, nombreuses autres, toutes inconnues, toutes oubliées - même dans les strictes statistiques, qui sont souvent le seul testament de nos expériences. Au lieu de cela, nos histoires, nos traumatismes, sont utilisés pour stigmatiser et traumatiser davantage les nouvelles victimes. Ça me rend malade de savoir que les masculinistes peuvent prendre nos nombres et les utiliser pour justifier leur “ces salopes mentent, comme d’hab”. Je ne peux pas trouver les mots tant c’est dévastateur.

      http://prenezcecouteau.tumblr.com/post/104337680803/alors-comprenez

      et le texte de Crèpe Georgette
      http://www.crepegeorgette.com/2014/10/13/fausses-allegations-viol

      La réalité autour des fausses accusations de viol

      En Angleterre, un rapport du Crown Prosecution Service relève qu’il y a eu 5651 procès engagés pour viol déposées entre 2011 et 2012 et 35 pour de fausses allégations de viol. Il y a eu au départ 121 personnes accusées de fausses accusations et sur ces 121 personnes, 35 ont été poursuivies. On constate que face à l’important nombre de personnes poursuivies pour viol, seul un très petit nombre de personnes est poursuivie pour avoir menti.La plupart des cas où les personnes étaient poursuivies pour avoir menti étaient des personnes très jeunes souvent vulnérables : 8% avaient moins de 16 ans. 13%entre 16 et 17 ans et 30% entre 18 et 21 ans.
      Le British Home Office sponsorisa une enquête sur les 348 cas de viol durant les 3 premiers mois de 1985. 8.3% furent déterminés comme faux.
      Une autre étude menée en 2005 souligna que 8% des accusations étaient fausses. les chercheurs remarquèrent que de nombreux préjugés de la part des policiers les avaient amenés à classer des affaires (victime ivre ou droguée, malade mentale etc). En retravaillant sur les cas, ils tombèrent à 2.5% de fausses déclarations.
      Une étude américaine de 2008 révisée en 2013 tend à démontrer qu’il y aurait entre 2 et 8% de fausses allégations. Sur les 2059 cas collectés par les services de police et de justice, 7% (240 cas) étaient faux.
      Une étude de 2010 menée auprès d’une université américaine en étudiant les archives de la police de l’université sur 10 ans, entre 1998 et 2007 révèlent que 5.9% des accusations étaient fausses.
      Une étude australienne a été menée sur 850 cas de viol : 2.1% étaient faux.
      Une étude menée par Theilade et Thomsen en 1986 à l’Institut de médecine légale de Copenhague entre 1981 et 1985 montrent qu’on oscille entre 1.5% et 10% de fausses déclarations.

      Une enquête, constatée rapportée, menée par Eugène Kanin en 1994 a étudié les plaintes pour viol dans une ville du midwest américain ; sur 109 étudiés, 40% seraient faux. De nombreuses études contradictoires ont montré que seuls les policiers avaient jugé de la véracité des témoignages sans que Kanin réétudie leurs critères pour classer une affaire. La proposition de faire passer les victimes au polygraphe peut, aussi, les intimider et les pousser à se rétracter. Kanin le dit lui même "Rape recantations could be the result of the complainants’ desire to avoid a « second assault » at the hands of the police. " (la rétractation peut être dû au désir de la plaignante d’éviter « un deuxième viol » de la part de la police).

      Des accusations de viol ont été jugées fausses car la victime était soûle ou droguée, avait tardé à porter plainte, avait omis des détails, ou était mentalement déficiente ou souffrait d’une maladie mentale. La sexualité de la victime, son passé avec celui qu’elle accuse sont aussi des éléments à charge pour dire qu’une accusation est fausse. Un manque de preuve peut aussi servir à déclarer qu’il y a eu mensonge.

      Une fausse accusation n’est pas le fait de ne pouvoir prouver qu’il y a eu viol. Une fausse accusation de viol sera avérée si et seulement on peut prouver qu’il n’y a pas eu viol.

    • @mad_meg Je n’ai pas de leçons à recevoir de toi.
      « Je crois qu’on a le droit de rire de tout. Mais rire avec tout le monde, ça, peut-être pas. Le rire est un exutoire et je ne comprends pas qu’on dise qu’il ne faut pas rire de ce qui fait mal . Ça fait moins mal quand on en a ri. » Pierre Desproges.

    • @mad_meg merci de nous amener à réfléchir sur notre soumission commune (les hommes comme les femmes) à la #culture_du_viol. Ces principes éducatifs de merde nous ont été si profondément entrés dans la chair que même des jeunes femmes peuvent ne pas se rendre compte qu’elles participent à glorifier les prédateurs sexuels et à humilier les victimes de viol.

      @marie_lou, je ne te connais pas, mais le fait de tenir de tels propos témoigne d’une certaine immaturité, en tout cas j’espère que tu es jeune ! Je vais donc y aller mollo pour que tu puisses relire sans animosité ce qu’a écrit @mad_meg et peut-être les propos que nous avons sur seenthis, sur le tag #féminisme. Ne rejette pas ces propositions en pensant que tu as de meilleures occupations, il me semble que c’est d’abord à toi que cela va servir et pendant longtemps :)

    • Bien bien, j’ai fait un gros effort, je me suis farcie Badinter :)
      Pauvre Elisabeth Badinter qui nage en pleine confusion, elle se pose en experte du harcèlement sexuel lorsqu’on lui parle des mouvements #metoo & Co, fait cet amalgame curieux et le dénonce dans le même temps, faudrait savoir de quoi on parle effectivement. Elle distribue les bons points, ce qu’il faut ou pas faire, mais surtout ne pas dénoncer, c’est mal, juste témoigner ça va suffire (scandaleux quand on connait les difficultés à porter plainte pour viol). Peu après elle hiérarchise le harcèlement en 3 catégories de lieu (public/travail/intime) comme si celui de la sphère intime n’était pas le plus dangereux pour les femmes. Comme si elle ne considère à aucun moment le sexisme comme systémique, elle tient un discours où « chaque femme est différente, chaque homme est différent » ce qui évite d’évoquer la #culture_du_viol ou le #patriarcat.
      Et pour finir, voila le #backslash avec le #blame_the_victim soit l’accusation du « discours victimiste des victimes » et descente direct vers « Les femmes ne sont pas des anges … les femmes sont aussi des harceleuses » "j’ai même entendu des femmes qui se plaignent de leur patronne."

      Elle n’a pas l’excuse de l’âge, parce qu’après tout, elle a toujours tenu ce discours accusateur contre les femmes (capture d’écran au-dessus) . Ici encore elle veut diviser les femmes. C’est très symptomatique que le terme « les femmes » l’irrite alors que pour beaucoup de féministes c’est le terme « la femme » qui est insupportable.
      Cette distinction individualistes entre les femmes qu’elle voudrait effectuer « car certaines femmes aiment se faire siffler dans la rue » lui permet d’éviter de parler du soutien du capitalisme au patriarcat, du système d’asservissement dans lequel LES femmes sont maintenues. Elle est même incapable de considérer si il faut ou non légiférer sur une question féministe et répond qu’elle ne sait pas, comme si encore une fois la réponse ne devait surtout pas venir du politique.

      Je ne sais sincèrement pas comment on peut l’écouter en trouvant constructif ce qu’elle dit, à part en rideau de soutien au patriarcat.

    • T’est bien courageuse @touti , @Marie-Lou n’a probablement lu aucun lien que j’ai fournis.

      @marie_lou Si tu m’interpelle et que tu me propose de débattre c’est pas possible que tu me bloque par ailleurs. https://seenthis.net/messages/719014
      Quand je suis bloqué je ne peu pas te répondre. J’ai pas spécialement envie de débattre avec toi, j’ai du travail et c’est pas interessant ce que tu dit sur la bite de Depardieu ou sur la vénalité des femmes. Je réagit seulement à tes propos misogynes et anti-féministes car ca me heurte en tant que femme. Je te bloque pas aujourd’hui au cas ou tu veuille répondre encore ici, mais je vais bientôt faire comme toi tu l’a deja fait.
      Sur ce bonne journée

    • Même chose que @mad_meg ! @marie_lou tu fais semblant de vouloir débattre avec moi et dans le même temps tu me bloques ? J’en conclus que tu es incapable de défendre les propos que tu tiens et qu’il vaut mieux que tu t’isoles pour t’en rendre compte par toi même.

    • Cette manie de coller des étiquettes sur tout le monde, beaucoup trop à droite, trop libéral, trop directrice...
      Si je vous ai bloqué, ce n’est pas, par malhonnêté. D’abord, c’est mon droit. Je ne supporte pas l’intolérance, je ne supporte pas non plus le féminisme de la troisième vague qui tire sur tout ce qui n’est pas d’accord avec elles.
      Juger les autres parce qu’elles ne parlent pas comme vous, n’utilisent pas les mêmes terminologies féministes, n’aident pas la cause.
      @mad_meg Tu me demandes la nuance ?
      Je suis pour défendre les intérêts spécifiques des femmes avec les hommes plutôt que contre eux, et en faisant passer le réel avant l’idéologie. Certaines y arrivent très bien, même en ayant vécu des situations pénibles, je suis fière d’en faire partie.
      Le féminisme victimaire, paranoïaque, obsédé par la théorie du genre et sa lecture patriarcale de la société, profondément sexiste. NON MERCI ! Avec ce féminisme, il n’y a plus de revendications d’une place égalitaire dans notre société, vous choisissez de déshumaniser, d’intimider et d’abuser des hommes en raison de vos propres insécurités.
      Donc en tant que femme, je ne me reconnais pas du tout dans ces discours. Je dois être d’une autre génération ou anti féministe... et donc, forcement voué aux gémonies.
      Ce sera ma dernière intervention, je n’ai plus de temps à perdre avec ces débats stériles et stupides. @touti

    • @marie_lou tu es gentille de faire la démonstration que tu te prends les pieds dans ton propre tapis. Tu apparais maintenant comme une gamine inculte et fière d’être aussi une conservatrice acariâtre. Revendiquer d’être antiféministe, hihi, excellent. Bon vent :)

    • Le seen à l’origine de cette discussion a été supprimé par @philippe_de_jonckheere et il explique pourquoi il l’a supprimé
      https://seenthis.net/messages/718977
      Pour la fonction du bloquer/débloquer sur Seenthis, indispensable à bon escient, pour ne pas se laisser submerger où couper court à la conversation et aussi censurer. J’en ai bloqué 2 ou 3 pour la première raison ou ne plus les suivre, ce qui est plus soft. Bloqué @touti (et réciproquement) une fois pour des broutilles. Merci @touti d’avoir résumé l’extrait de La Grande Librairie proposé par @marie_lou , j’ai essayé de me le fader au réveil et je suis un peu plus convaincu que madame Badinter est une #philosophe_sénile.
      Le flot de @mad_meg et ses nombreux seen sur le viol, le féminisme, les violences sexistes, le mégérisme... peut paraître rébarbatif pour certains·es mais pour un mec comme moi il est roboratif et m’évite de penser avec ma bite. J’ai bien quelques copines et des échanges avec elles au sujet de toute cette violence mais c’est plus construit avec @mad_meg et pertinent car je peux lire, relire, réfléchir et admirer ses dessins qui parlent beaucoup aussi.
      Merci mesdames et merci @seenthis

      https://www.heyheyhey.fr/fr/events

    • Merci @vanderling j’avais pas vu la réponse sur la dyslexie. J’ai pas mon mot à dire vu que je suis bloqué et de toute façon c’est comme je disait des le début : c’est le commentaire misogyne de Marie lou qui m’a fait réagir et j’ai expliqué longuement pourquoi. J’ai pas demander la censure du message d’origine et j’ai copié la partie sur laquelle je réagissait et j’ai bien fait vu que l’histoire a été ré-écrite. Sinon je pense que ça serait bien d’en rester là. Je vais bloqué Marie lou vu qu’elle a pu répondre et que je vais éviter de la lire dirénavant.
      Bonne fin de journée

  • 4 expériences de retour à la nature (1/4) : Sur les sentiers de la liberté : Henry David Thoreau, Elisée Reclus
    https://www.franceculture.fr/emissions/lsd-la-serie-documentaire/retours-a-la-nature-14-sur-les-sentiers-de-la-liberte-henry-david-thor

    Que signifie la beauté de la #nature quand les hommes sont vils ? (…) Le souvenir de la bassesse des politiciens trouble mes promenades. Je nourris d’homicides pensées. En vain j’essaie d’observer la Nature. Involontairement, je me remets à conspirer. Tous les justes en feront autant, je l’espère. (Henry David #Thoreau, Journal, Après-midi du 16 juin 1954)

    En promenade dans le bois de Phénix avec Joël Cornuault, écrivain, éditeur de textes d’#Elisée_Reclus et traducteur de textes de Thoreau. Nous cheminons sur les sentiers de #Dordogne au fil des mots et des idées de ces deux savants et poètes bien loin des figures de spécialistes qui émergent au XIXe siècle dans les milieux académiques corsetés par la séparation des disciplines.

    On a l’impression à chaque fois d’une oeuvre vie. Dans l’écriture, la vie n’est pas indifférente, ou à côté, ou à part. Elle transparaît à chaque ligne. Ce sont des écrivains qui écrivent comme ils vivent.(Bertrand Guest)

    Le #géographe #anarchiste et le #philosophe #naturaliste, observateurs des arbres, des pierres et des rivières, tous deux doués d’un vif sentiment de la nature, veulent « dépouiller le vieil homme, abolir un dégradant esclavage. (…) Simplifier radicalement le mode de vie des civilisés » (J. cornuault).

  • « Les nazis n’ont rien inventé. Ils ont puisé dans la culture dominante de l’Occident libéral » – Entretien avec Johann Chapoutot
    http://lvsl.fr/nazis-nont-rien-invente-ont-puise-culture-dominante-de-loccident-liberal-entret

    Johann Chapoutot est professeur d’ #histoire à l’Université Paris-Sorbonne, spécialiste de l’ #Allemagne nazie. Il a consacré de nombreux ouvrages à l’étude de l’idéologie #nationale-socialiste (La loi du #sang, le #nazisme et l’ #Antiquité…) traduits en sept langues et récompensés par de nombreux prix. Il s’intéresse aux fondements philosophiques, historiques et (pseudo-)scientifiques du nazisme ; il étudie les moyens par lesquels cette vision du monde a pu devenir hégémonique en Allemagne à partir de 1933. Ses analyses mettent en lumière certains aspects peu connus de ce phénomène historique ; nous avons décidé de le rencontrer.

    [...]

    LVSL : Vous mentionnez à plusieurs reprises l’importance du darwinisme social dans la vision du monde nationale-socialiste, ce courant de pensée selon lequel les individus les plus faibles d’une société sont destinés à mourir, en vertu de la loi impitoyable de la sélection naturelle. À l’origine, c’était une grille de lecture utilisée par des penseurs #libéraux anglo-américains, destinée à justifier la mortalité que causait le capitalisme au sein des classes populaires… Existe-t-il une continuité entre ce courant de pensée, et l’ #eugénisme racialiste propre au national-socialisme ?

    Totalement. Les #nazis sont des gens qui n’inventent rien. Lorsque j’ai commencé à étudier le nazisme il y a quinze ans, je l’ai fait dans l’idée qu’il était un phénomène monstrueux, maléfique, incompréhensible, en rupture radicale avec ce qui l’avait précédé… Mais quand j’ai lu les nazis, j’ai découvert qu’ils disent des choses tout à fait banales par rapport aux penseurs de leur temps. L’idée que toute vie est combat est d’une banalité absolue dans l’ #Europe du XXème siècle. Le #darwinisme_social a été introduit en Allemagne par un britannique, #Houston_Stewart_Chamberlain, gendre de #Wagner et mélomane. Il avait lu #Darwin et surtout les darwinistes sociaux : #Spencer, #Galton… En 1897, il rédige les Fondements du XIXème siècle, un livre qui pose les bases du darwinisme social allemand. Cet ouvrage est la passerelle culturelle entre le darwinisme social anglo-saxon et sa version allemande.

    Cette idée d’une lutte pour la vie, et d’une vie comme zoologie, d’une lutte zoologique pour l’existence en somme, qui passe par la sécurisation des approvisionnements et de la reproduction, se retrouve partout, singulièrement en Grande-Bretagne et en France ; en effet, le darwinisme social est la théorie d’une pratique politique – l’ordre #capitaliste, et géopolitique – la #colonisation. Il se trouve qu’au XIXème siècle, l’aventure coloniale allemande n’est pas très importante par rapport à ce qu’elle est en #France et en #Grande-Bretagne. Elle a donc été introduite tardivement dans ce pays, par #Chamberlain. Cette idée prospère rapidement, se développe, et nourrit les argumentaires pangermaniques : les Germains sont supérieurs aux #Slaves comme les #Britanniques le sont aux « #Nègres » ; par conséquent, les Germains doivent conquérir leur espace vital au détriment des Slaves. Les nazis récupèrent ces idées banales radicalisées par la Grande Guerre. La guerre de 14-18 prouve que les darwinistes sociaux ont raison : tout est guerre, lutte et combat. Les nazis décident de faire de cette expérience une politique : si les Allemands ne veulent pas mourir, ils doivent être réalistes, et laisser choir l’ #humanisme et l’humanitarisme. Il faut accepter que toute vie est combat, sous peine de mourir.

    J’irais plus loin que le cadre de votre question. Je trouve que ce darwinisme social se porte très bien aujourd’hui. Il se retrouve dans des petits tics de la langue qui se veulent bienveillants (« t’es un battant toi« …). Il se retrouve dans la bêtise de certaines personnes que l’on prétend #philosophes et qui vous parlent des gens qui ne sont rien, des #assistés, des #fainéants… Si l’on se retrouve au sommet de la société parce qu’on a été #banquier, haut fonctionnaire, président de la #République, alors on a tendance à croire que c’est un #ordre_naturel qui nous a élu, que l’on est là parce qu’on est le meilleur, naturellement ; que l’on s’est affirmé dans la lutte pour la vie, en somme. Cela part d’un manque de lucidité stupéfiant sur la fabrique sociale de la « réussite ».

    LVSL : Les historiens marxistes mettent l’accent sur une autre forme de continuité : la continuité économique et sociale qui existe entre l’ordre pré-nazi et le IIIème Reich, c’est-à-dire la perpétuation de la domination d’une classe de financiers et d’industriels sur celle des travailleurs. Que pensez-vous de la thèse marxiste classique, qui analyse le fascisme et le nazisme comme « expressions politiques du capitalisme monopolistique » ?

    C’est la thèse officielle du Komintern à partir de 1935. Les membres du Komintern se sentent fautifs, car jusqu’alors c’est la stratégie « classe contre classe » qui a prévalu ; elle a abouti à ce que les communistes combattent les sociaux-démocrates davantage que les nazis. L’arrivée d’ #Hitler au pouvoir a constitué un vrai choc pour eux. D’où l’abandon de la stratégie « classe contre classe » au profit de la tactique du « #Fron_Populaire ».

    Les #communistes allemands ont été traumatisés par la disparition de la #gauche la plus puissante d’Europe, la gauche allemande. Pour penser ce traumatisme, ils ont élaboré cette herméneutique, en stricte orthodoxie marxiste, qui consiste à dire que le “fascisme” constitue la dernière tentative d’une bourgeoisie aux abois pour se maintenir en position de domination sociale, économique, politique, financière… Le « #fascisme » devient un terme générique qui désigne tout aussi bien la doctrine de Mussolini que celle des nationaux-socialistes allemands (en Europe de l’Est, on parlait de « deutsche Faschismus« , fascisme allemand), alors que ce n’est pas du tout la même chose. Dans sa formulation la plus résumée et la plus dogmatique, cette grille de lecture devient un catéchisme un peu idiot. Cette lecture orthodoxe issue du Komintern est demeurée celle d’une historiographie de gauche fortement marquée par l’histoire sociale, qui n’est pas à rejeter, car elle a produit de grands travaux.

    La grande industrie allemande et la finance allemande ont évidemment trouvé tout leur intérêt à l’arrivée des nazis au pouvoir. Les répercussions de la crise de 1929 sont terribles en Allemagne. L’Allemagne est le pays le plus touché, parce qu’il était le mieux intégré au circuit du capital international ; il a beaucoup souffert de la fuite brutale des capitaux américains. À l’été 1932, l’Allemagne compte 14 millions de #chômeurs ; si on prend en compte les chômeurs non déclarés, elle en compte 20 millions. La crise signifie pour les Allemands la famine et la tuberculose. Les nazis ont été vus comme les derniers remparts possibles contre une #révolution bolchévique. D’où la lettre ouverte de novembre 1932 à Hindenburg qui l’appelle à nommer Hitler chancelier, signée par des grands #patrons de l’industrie et de la banque. Le parti nazi reçoit des soutiens financiers considérables. C’est grâce à eux qu’il peut fournir à des centaines de milliers de SA des bottes, des casquettes, des chemises, de la nourriture. Les campagnes électorales des nazis coûtent une fortune, notamment du fait de l’organisation de leurs gigantesques meetings ; Hitler ne cesse de se déplacer en avion, à une époque où l’heure de vol est hors de prix. Les #mécènes qui financent le parti nazi voient en lui le dernier rempart contre le péril rouge. Ils sont gâtés, car d’une part les nazis détruisent de fait la gauche allemande, les syndicats, l’expression publique ; de l’autre, ils relancent l’économie comme personne ne l’avait fait avant eux par la mise en place de grands travaux d’infrastructure à vocation militaire, et par des commandes d’armement inédites dans l’histoire de l’humanité. Les commandes d’armement font travailler le charbon, l’acier, la chimie, les composants électriques, le cuir, la fourrure, la mécanique, l’aviation…

    Les #industriels savent très bien que l’Etat allemand ne peut pas financer ce qu’il est en train de faire. L’Etat commande des chars, des avions, mais ne paie pas ; il joue un jeu assez complexe et plutôt malin (je vais simplifier, mais le principe est là). Il paie les industriels en bons à intérêt… et leur déclare que ceux-ci seront versés grâce au pillage de l’Europe. Tout le monde est au courant, les industriels au premier rang, parce qu’ils ne sont pas payés, ou très peu : l’heure des comptes va sonner plus tard, quand le Reich aura les moyens d’envahir l’Europe. Les industriels ont donc été les complices et les bénéficiaires du Reich.

    Ne parlons même pas de ce qu’est devenue leur activité après 1940. Leurs commandes augmentent, et l’industrie obtient via Himmler que l’on mette le système concentrationnaire à son service. On en arrive à la loi d’airain des salaires de Karl Marx : vous ne rémunérez la force de travail qu’autant que nécessaire, afin qu’elle puisse se renouveler pour se maintenir. La loi d’airain des salaires dans les années 1940, c’était les camps de concentration, c’est-à-dire l’exploitation jusqu’à son terme de travailleurs que l’on n’a même pas besoin maintenir en vie, parce qu’il y avait une telle rotation que si un travailleur mourait en deux jours, un autre le remplaçait aussitôt.

    [...]

    • Dans mon propre bouquin qui creuse la même question, j’ai plutôt trouvé la source à ce qui est, pour moi, le nœud de l’histoire occidentale : 1492. Cela marque la fin du Moyen-Âge, la fin de la cosmologie chrétienne et c’est même pour cela qu’elle est devenue si virulente et le début de l’ère des grands #génocides systématiques qu’il fallait bien justifier d’une manière ou d’une autre. Et tout cela est lié à l’émergence du capitalisme, le système prédateur qui doit se trouver une assise idéologique au fait de piller les autres pour accumuler toujours plus.

    • Fillon et le Blitzkrieg
      https://blogs.mediapart.fr/bernard-gensane/blog/220217/fillon-et-le-blitzkrieg

      Le terme “Blitzkrieg” est apparu en 1935 dans la revue Die Deutsche Wehr (L’Armée allemande). D’après les théoriciens de cette organe, les États pauvres en ressources alimentaires et en matières premières (comme l’Allemagne de l’époque) devaient gagner la guerre au plus vite par un engagement massif et violent. Cette notion sera utilisée pour évoquer la guerre civile espagnole : « Nazi-Deutschland testete in Spanien seine späteren Blitzkrieg gegen Frankreich (L’Allemagne nazie a testé en Espagne sa future guerre éclair contre la France). Le 25 septembre 1939, l’hebdomadaire étasunien Time Magazine décrivait ainsi l’invasion de la Pologne par l’Allemagne : « This is no war of occupation, but a war of quick penetration and obliteration – Blitzkrieg, lightning war » (Ce n’est pas une guerre d’occupation mais une guerre de pénétration et de destruction rapides – le #Blitzkrieg, la guerre éclair).

      https://www.youtube.com/watch?v=rlQ3cfBMhFY&feature=youtu.be


      c’était en 2017 et aujourd’hui #macron a siphonné les idées de #fillon

  • Auteur, auteure ou autrice ? | Page Seauton | Audrey Alwett
    http://www.audreyalwett.com/auteur-auteure-ou-autrice

    [Richelieu] a créé l’Académie Française et a ordonné à cette institution, composée uniquement d’hommes, d’effacer les femmes de la vie intellectuelle et politique.
    (...) À l’époque, on disait #philosophesse, #poétesse, #autrice, #mairesse, #capitainesse, #médecine, #peintresse, etc. Tous ces mots ont été supprimés pour ne garder que leur masculin

  • “Pour sortir de notre impuissance politique...”.
    http://bibliobs.nouvelobs.com/idees/20160219.OBS4979/pour-sortir-de-notre-impuissance-politique.html

    Il existe en effet aujourd’hui une vérité à laquelle celles et ceux qui se situent du côté du progrès et de l’émancipation doivent se confronter avec lucidité : depuis quelques mois, peut-être plusieurs années, nous perdons les combats. Dans presque tous les domaines, les gouvernements mettent en place des mesures que nous savons êtres dangereuses, nocives ou non éthiques. Et pourtant, nous avons du mal à les en empêcher, à les orienter vers des solutions plus acceptables : nous intervenons, nous protestons, nous manifestons... mais cela débouche de moins en moins sur des transformations effectives.

    #politique #philosophe #gauche #actions #temps #etat #langages

    • La situation est la suivante : nous sommes face à deux fondamentalismes – le fondamentalisme économique des gouvernements - de droite, de gauche, d’extrême droite ou d’extrême gauche, il n’y a dans tout le spectre politique que des partisans de l’économie, du calcul, du travail, de la mesure, de la comptabilité et de l’ingénierie sociale – et le fondamentalisme idéologique des tenants du Califat. L’un pas plus que l’autre n’est prêt à discuter le moindre de ses articles de foi, alors même que leurs religions sont également défuntes, ne survivant qu’à force de volontarisme, de massacres absurdes, de crises sans fin, d’acharnement thérapeutique. Il entre un fanatisme évident dans le fait de répondre à la crise du néo-libéralisme par un déchaînement de celui-ci. Si peu sont prêts à mourir pour l’économie, nul, en Occident, n’a jamais eu de scrupule à tuer, ou à laisser mourir, en son nom. Chaque jour de la vie en France en atteste suffisamment. L’effet de sidération qu’ont produit les attaques de vendredi tiennent au reste justement à leur caractère spectaculairement anti-économique : y a-t-il acte plus énigmatique, plus inexplicable pour le calculateur rationnel qui tente de maximiser son utilité et sa satisfaction, que cette bande de gars qui dézinguent à tout va des vies humaines pour finalement se donner la mort – du pur capital humain, culturel, social, accumulé patiemment, par des efforts quotidiens, parvenu à l’âge de sa productivité maximale et sacrifié pour rien, dirait l’économiste, atterré. Qu’ont-ils gagné là ? N’ont-ils pas tout perdu, sans raison valable ? Ceux qui parlent dans ce cas du « mystère du terrorisme » négligent de préciser que ce mystère n’existe en tant que tel que du point de vue de l’économie. Ils ne voient pas que cela est fait exprès : la jouissance du suicidaire qui tire dans la foule est justement de réduire l’arrogante créature économique occidentale au rang de rat, enjambant ses semblables gémissants pour survivre, de faire éclater la supériorité de sa fausse transcendance face à la misérable immanence du struggle for life. S’il y a là une attaque contre un certain bonheur, elle réside autant dans le massacre que dans le réflexe, après le carnage, de défendre ce bonheur – car un bonheur qui doit se défendre ne tarde jamais à devenir un mensonge.

      Puissent les attentats de vendredi, et ceux qui ne manqueront pas de suivre au vu de l’engrenage que les gouvernants ont délibérément choisi d’enclencher, nous rendre plus vrais et moins distraits, plus profonds et moins hypocrites, plus sérieux et plus communistes.

    • À propos du dessin de Johan Sfarr :

      On ne sait trop pourquoi, mais les massacres revendiqués par l’EI semblent avoir la vertu de déclencher, en réponse, des accès de confusion extrêmes, et chez beaucoup de rares crises d’hypocrisie. Comme si le règne effectif de l’hypocrisie en presque tous domaines dans les sociétés occidentales ne pouvait se défendre que par un surcroît de la même drogue - ce qui ne peut mener, à terme, qu’à une fatale overdose. Ainsi, on ne peut attribuer à un défaut d’information le fait qu’un dessinateur à la mode ait réagi aux attentats d’une bulle disant : « Les gens qui sont morts ce soir étaient dehors pour vivre, boire, chanter. Ils ne savaient pas qu’on leur avait déclaré la guerre. » À l’heure des réseaux sociaux, il faut être singulièrement ivre pour prétendre ignorer que les forces armées françaises sont projetés sur une bonne demi-douzaine de théâtres d’opérations extérieures, et que certaines interventions, notamment au Mali, en Syrie, en Irak ou encore en Afghanistan, ont passablement échauffé certains esprits bombardés. Nous ne mentionnons pas ici la militarisation du maintien de l’ordre, les morts de manifestants à coups de grenades offensives et autres éborgnés par des flashballs – que resterait-il du confort du dessinateur s’il s’avisait que tout gouvernement mène fondamentalement une guerre continue pour le contrôle de sa population ? Et que resterait-il de sa désinvolture revendiquée s’il s’avisait que son « champagne », sa « joie » et ses « baisers » sont quelque peu situés sociologiquement, culturellement, éthiquement – en un mot : que sa « liberté » est celle des vainqueurs.

    • À propos de la rengaine « et nous qu’on est libre et que même c’est ça qu’ils veulent attaquer chez nous » :

      Toute cette affaire de « liberté », que l’on trouve moulinée depuis trois jours à longueur de tweets, d’articles et de discours, sonne d’ailleurs bien faux. Cela sonne comme une grossière façon de se jeter des fleurs. D’abord parce que nous ne serons pas les premiers ici à défendre l’antique thèse que la liberté commence par le fait de ne pas redouter la mort, et qu’en la matière il semble que les assaillants de vendredi dernier soient un peu plus affranchis que « nous ». Ensuite, parce que la liberté dont chacun dispose sur le marché sexuel, professionnel, culturel ou simplement social est si strictement encadrée par la féroce concurrence qui y règne que cette liberté mériterait plutôt le nom de « terrible servitude ». Enfin parce que la liberté du « je fais ce que je veux avec mes cheveux/ avec mon cul / avec ma bite / avec ma langue, etc. » a quand même tout, le lendemain matin, une fois dégrisé, d’une parfaite dérision. L’adage bourgeois qui, du Moyen-Âge jusqu’à Michelet, n’a pas cessé de claironner que « l’air de la ville émancipe » (Stadtluft macht frei) est frappé de la même péremption qu’à peu près tout ce que la bourgeoisie a inventé : le travail non plus ne rend plus libre, et depuis bien longtemps. À l’épreuve, l’air de la métropole rend plutôt seul, connecté, déprimé, misérable, narcissique, sociable, compétitif, dur, opportuniste, baiseur, baisé, bref : tout ce que l’on veut, mais pas libre.

    • La petite-bourgeoisie cognitivo-communicationnelle, l’éclate, la drague, le salariat branché, l’hédonisme du trentenaire cool, n’arriveront pas à se faire passer pour « notre mode de vie », « nos valeurs », ni même pour « la culture ». C’est une certaine forme de vie, comme il y en a tant d’autres dans cette époque, dans ce pays, et qui ne suscite pas que de la tendresse. L’instrumentalisation des attentats par certains propagandistes afin d’assurer l’hégémonie morale de cette forme de vie-là ne peut que contribuer à la rendre haïssable.

      Les ascètes de @lundimatin, épris de vérité pratique, ne sont pas des petits bourgeois, ne vendent pas leur temps à un patron ou à un client, ne vont pas au troquet, ne boivent pas, ne vont pas au concert, y compris dans des salles marchandes. mais il savent revenir à leur théorie moralisatrice, celle du bloom par exemple.

    • Confusion (très foucaldienne, en l’occurence) entre « style de vie » et « forme de vie »...

      L’opposition entre « fondamentalisme économique » et « fondamentalisme idéologique » ou le soi-disant « caractère spectaculairement anti-économique » des attaques du 13 novembre tombent notamment dans ce travers.

      Il y a des styles de vie produisant du ressentiment ou du rejet réciproques, mais ils sont distillés à partir d’une forme de vie partagée, en cours de décomposition mais non dépassée, de part et d’autre.

    • je sais pas, le spectacle du refus de l’économie, il est bien là, en grand (quel soit par ailleurs la comptabilité avec la banque, la vente de pétrole, la rétribution des affidés dans les territoires de Daech), logé dans l’absence de critique en acte de l’économie.

      « Style de vie » c’est la saisie par l’esthétique (et le marketing) et il s’agit de les distinguer/différencier, si la forme de vie est partagée, ce ne peut être qu’aux deux sens de ce terme que Rancière s’obstine à mettre en rapport, le partage comme ce qui est commun, et le partage comme division.

      Ce qui est détestable dans ce texte publié par Lundi matin, c’est le #moralisme, l’injonction à un #devoir-être dont s’émancipe par avance l’énonciateur.

      Il en était de même avec la critique du garantisme en matière juridique, qui dû bien être mis en pratique lorsque la DCRI intervint, et du garantisme en matière salariale, dont ricanent à loisir des rentiers et des enfants de rentiers comme le peuvent aussi ceux qui jouissent des miettes (RSA, APL et CMU) concédées par l’État du capital, comportements qui loin de servir de sol à une politisation sont décrits comme de la débrouille, de la ruse. Des qualités personnelles (individuelles) et amicales (communautaire), de l’alternativisme où toute conflictualité est évacuée.

      En l’occurrence, ce discours moral contre les intégrés béats de la conso de loisir (et oui, leurs moeurs peuvent susciter l’hostilité, d’abord, on est plus chez nous à Paris, même par interstices, devenues fort rares, et toujours plus révocables, c’est d’un brutalité inouïe, le fric règne en maître par le bais de comportement massifs , pas seulement du fait d’une élite) n’aurait pas pu être tenu si le projet d’#attentat_massacre au stade n’avait pas échoué.

      Ambiance #mortifère. Tout ferait fasciser... La dictature de l’ordre public ne nous tombe pas seulement dessus d’en haut, elle est aussi désirée (réduire l’incertitude et le danger, déléguer, disposer d’hommes forts qui fassent exception à nos faiblesses). Et d’autre part, la glorification de la mort comme vérité et comme salut. On va voir comment, après les attaques meurtrières, l’assaut donné à Saint Denis va conforter la voie de la sortie de l’impuissance par la surpuissance assassine. On a encore rien vu.

      On peut accuser la gauche, ou la France, il y a matière. Mais dans ces évènements terribles, c’est plus encore qu’hier la faillite de l’émancipation, d’une perspective révolutionnaire qui est démontrée. Qu’avons nous fait de et avec le soulèvement de 2005, par exemple ?

    • Daesh, lundi matin...
      http://lemoinebleu.blogspot.fr/2015/11/daesh-lundi-matin.html

      Tu veux gerber un bon coup ?
      C’est là [url de "la guerre véritable].
      On en parlera pas plus, nous. Autre chose à foutre. Et puis on craindrait d’être grossier, de s’en prendre - de manière extrêmement non-chirurgicale - autant au style littérairement inimitable qu’aux habitudes annexes (habitus) pluri-séculaires de ces gens-là. On risquerait alors par trop de donner dans l’intime et, du coup, dans l’injuste. Un peu à la manière de ces fusilleurs fascistes, au fond, dont ils-et-elles célèbrent, dedans leur texte infâme, la « liberté anti-économique, affranchie de la peur de mourir »...
      Qu’ils crèvent, donc, et jusqu’au dernier : jusqu’à ce dernier des derniers formé par eux collectivement, en tant que très-débile et très-prophétophile organisme.
      Et que crèvent avec eux TOUS LES CURÉS du monde.

      #heideggeriens_de_gauche #philosophes

    • Ajoutons à cette crapulerie générale, la lâcheté spécifique de leurs précautions liminaires (allez-y voir, c’est ailleurs sur le même site) : « Nous aussi, COMME TOUT LE MONDE, vendredi 13 nous avons craint pour des proches, passé des coups de téléphone, etc ». Autrement dit : « nous aussi, étions susceptibles de fréquenter ces décadents méritant de crever pour n’avoir comme seuls horizons existentiels misérables que la bibine en terrasse ou le rock n roll... ». Faudrait savoir, poto ! Bref, comment vouloir gagner sur les deux tableaux. D’ailleurs, craignant sans doute la fureur de quelques individus étranges, suite à la publication de cette très objective saloperie, nos chevaliers du nihil s’équipent fissa d’autres précautions périphériques : « certains de nos amis (les fameux » à nos amis...") s’énerveront peut-être de nos remarques, etc « ... Tu m’étonnes. Nous pensons juste qu’il y a là-dedans la volonté toute pragmatique de jouer, une fois de plus, les Monsieur-Plus de la radicalité. Si l’esstrème-gôche, avec le NPA et toussa, dit que les massacrés de vendredi, eh ben c’est la faute à l’impérialisme, etc, alors et ben eux y diront que les massacrés, et ben, en vrai, y méritaient de l’être à cause de leur médiocrité d’enchaînés salariés soumis au spectacle. Car ça tient à ce genre de détail, la gloire théorique dans ce milieu-là. Ce sont les mêmes qui débarquaient sur les plages aux mois de Juillet-Août, voilà quelque temps, avec des banderoles guillerettes proclamant, à l’adresse du prolo ensablé, sous le soleil exactement : » Vous allez mourir, et toutes vos misérables vacances n’y changeront rien ".

    • "Toute cette affaire de « liberté », que l’on trouve moulinée depuis trois jours à longueur de tweets, d’articles et de discours, sonne d’ailleurs bien faux. Cela sonne comme une grossière façon de se jeter des fleurs."

      C’est vrai pour cette idée de "ils ont voulu s’attaquer à notre mode de vie", mais c’est vrai aussi pour "ce n’est pas ça qui va me faire renoncer à boire des coups". Les gens qui retournent boire des coups ne le font pas par courage, pas plus que les gens qui, au lendemain d’un attentat à Bagdad, retournent faire des courses. On continue de vivre, c’est tout...

    • Le GUÈRE VÉRITABLE ou : la pathétique quête de Monsieur Plus
      http://horslesclous.blogspot.fr/2015/11/le-guere-veritable-ou-la-pathetique.html

      Il y a d’un côté des poseurs de bombes (dont Monsieur Plus n’est pas) et de l’autre côté, des poseurs de l’ultra-gauche que seule, la posture – qui se voudrait l’étalon de la radicalité – intéresse, et là... Monsieur Plus apparaît !
      Entre les deux, tout le monde en prend pour son grade, dans un même vomi au sein duquel chacun est prié de se reconnaître, qu’on soit aux commandes des Rafale au-dessus des zones de guerre, caissière au supermarché, prolo à l’usine, étudiant en psycho, pute au bois de Vincennes, patron du CAC 40, adepte des ballons de rouge au bistrot ou du ballon de foot au stade ; le tout au milieu des morceaux de chair « United Colors of Benetton » des morts de tous genres, tous âges, toutes races et de toutes classes sociales, explosés façon puzzle, par ceux, qui – EUX – à n’en pas douter, ont fait preuve d’un véritable sens de la fête et du discernement...
      Le problème de Monsieur Plus, c’est qu’à force de vouloir – à défaut d’être le dernier des Mohicans – être le dernier néo-situationniste, il en perd l’essentiel, à savoir : la simple intelligence des situations. Il compare l’incomparable, selon la même vieille grille de lecture rouillée depuis 1914, qui ne lui sert plus, aujourd’hui, qu’à le protéger du monde, duquel il se retire volontiers pour distribuer, depuis quelque base de repli (pardon ! quelque haut lieu de la réflexion pré-insurrectionnelle), les bons et les mauvais points. Les mauvais points étant les « accès de confusion extrême » et « chez beaucoup, les rares crises d’hypocrisie » qui ont suivi le massacre du 13 novembre dernier.
      Il convient de relever que ces enfoirés mondains, de putains-d’enculés-de-leur-race-de-mort (qu’ils méritaient donc...) n’étaient pas – un vendredi soir – à la mosquée pour prier, à la maison en train de préparer les makrouds de Shabbat, ou de bouffer le vénéré pouascaille hebdomadaire, mais des salauds qui, au stade (il fut pourtant une époque où Monsieur Plus adorait les hooligans...), au bar (merde ! fait chier, Debord était alcolo ! Mais ça fait rien, les djeuns, ils le savent pas...), ou en train de draguer des salopes – forcément (sauf la mère, la soeur et la femme voilée de ces sympathiques djihadistes)...
      De ce merdier – sans nom (bien que celui de religion vienne spontanément à l’esprit de Lilith, qui doit, sans doute, être en plein délire) – il convient donc de traquer l’hypocrisie.
      Lilith ne s’attardera pas sur le fait que Monsieur Plus estime que cette jeunesse issue de l’immigration, en France ou en Belgique, a de bonnes raison de se sentir (puisqu’elle n’y vit pas) « bombardée » au Mali, en Syrie, en Irak, ou encore, en Afghanistan, et d’en être « passablement échauffée » (mystérieuse puissance de la sensation, légitimée – ici – par les habituels détracteurs – à juste titre – du foutu sentiment d’insécurité), là où elle n’a cure de la guerre sociale menée contre ses parents, prisonniers de guerre économique, contre celles et ceux qui luttent dans leurs usines, leurs quartiers ou dans les ZAD (liste non exhaustive), sur le territoire où elle a eu le grand malheur de voir le jour et de vivre quand – il faut bien le reconnaître – le territoire libéré de l’État Islamique serait de nature à lui assurer un plein épanouissement...
      Non, en revanche, Lilith s’interroge sur le point de savoir s’il n’y aurait pas une certaine hypocrisie à – ici-bas – proscrire l’alcool, la débauche, refuser même de connaître l’amour avant le mariage, et à se faire sauter le caisson – pourquoi ? Pour baiser 70 vierges et se prendre une murge de tous les diables, une fois arrivé au paradis. Monsieur Plus appelle ça : « ne pas redouter la mort » et être « plus affranchis que nous ». Monsieur Plus serait-il devenu boubourse, au point de ne pas voir la différence entre ne pas craindre de risquer sa vie pour une vie meilleure – sur Terre – et signer une pitoyable assurance-Mort avec l’au-delà ?

      Le premier sait qu’il n’a qu’une vie et que ce sera – ici et maintenant – ou jamais. Lui seul fait oeuvre de liberté en ne craignant pas la mort. Le second agit, au contraire, au service du « divin » et vit dans la crainte des représailles de son dieu s’il s’écarte du « droit chemin ». Il n’y a donc aucune liberté à respecter des principes édictés et à faire exactement ce à quoi on est destiné.

      Curieuse sincérité de l’engagement politique (tout de même !) de celui qui exige en retour, non seulement une contrepartie garantie, mais encore, que celle-ci soit l’exacte antinomie – pour l’éternité – des préceptes et des prêches qu’il aura dispensés – durant les quelques années qu’aura duré sa vie. De ce marché « gagnant-gagnant », Monsieur Plus, quant à lui, décèle un « caractère spectaculairement anti-économique », l’enjeu en terme de plus-value lui ayant totalement échappé.
      C’est ainsi que dans son impitoyable guerre véritable à l’hypocrisie ambiante, il valide donc toutes les traîtrises et autres promesses non tenues. Le voilà fin prêt à devenir chef de parti et à mener une brillante carrière politique. Ses disciples sont désormais prévenus : qu’ils ne viennent pas se plaindre – après – d’avoir été trompés sur la qualité d’un ennemi de la marchandise... Car, au terme de ce « second éditorial », Monsieur Plus s’est dit qu’il était temps de se définir ainsi et de glisser le mot de « communiste », avant que certains lecteurs(trices) ne soient tentés de déduire de ce texte, qu’il lui préfèrerait, peut-être, celui de « fasciste ».
      Mais si les religieux nous promettent le paradis, à quoi ressemblerait le « communisme » de Monsieur Plus ? À lire sa prose, il y a peu de chance qu’on y serait « joyeux », « libertin », « décomplexé », « athée », « festif », qu’on boirait du « champagne », qu’on se retrouverait au « bistrot », qu’on aimerait ou pratiquerait des jeux de balles, qu’on irait au « concert », qu’on jouerait ou écouterait « du rock ». Tout ceci n’étant que du « divertissement », auquel Tartuffe/Monsieur Plus ne s’adonne JAMAIS, et que le « communisme » proscrirait, cela va sans dire.
      Alors, c’est pourquoi les cacahouètes que, dans sa grande mansuétude, Monsieur Plus nous jette pour nourrir nos esprits défaillants, Lilith leur trouve un sale goût de rance, quand elles ne lui sont pas carrément restées coincées en travers de la gorge !

      #heideggeriendegauche #mektoub

    • Un post qui fait suite à « Le GUÈRE VÉRITABLE ou : la pathétique quête de Monsieur Plus »

      Ce texte de lundi matin se trompe sur tout. ça pourrait, aux yeux d’une âme charitable, le rendre touchant.
      Sans revenir sur tous les points – trop nombreux et qui forment au final un fatras, soyons honnête, plus qu’indigeste :

      1°. Les attentats seraient d’abord une réaction à la politique étrangère de la France ? C’est ce que sous-entend « À l’heure des réseaux sociaux, il faut être singulièrement ivre pour prétendre ignorer que les forces armées françaises sont projetés sur une bonne demi-douzaine de théâtres d’opérations extérieures, et que certaines interventions, notamment au Mali, en Syrie, en Irak ou encore en Afghanistan, ont passablement échauffé certains esprits bombardés. » Déjà c’est fascinant de tenter d’expliquer (justifier ?) le fondamentalisme religieux islamiste comme une réaction à l’impérialisme occidental. Les auteurs de lundi matin seraient-ils aussi cons que Julien Salingue ? Mais bon, c’est vrai qu’il est plus facile de branler du concept que d’ouvrir des livres d’histoire. Et l’anti-impérialisme primaire n’est pas la chasse gardée des staliniens, ni des trotskystes.

      Je rappellerais juste qu’en 2003, l’Etat français n’a pas participé à l’intervention de la coalition occidentale menée par les États-Unis contre Saddam Hussein. Que malgré les appels de l’ASL et des rebelles syriens, la France n’a rien fait en Syrie (malgré une tentative en 2013 à laquelle se sont opposés les Etats-Unis) dans les premières années du conflit. C’est pas le boucher Assad qui dirait le contraire (250 000 morts en 4 ans). Même au Mali, l’intervention militaire s’est faite sur demande des autorités maliennes, quand le risque était imminent de voir le pays tomber aux mains des tarés de Boko Haram (qui sont, au passage, davantage un produit des années GIA en Algérie, que celui d’un ressentiment à l’égard de "l’impérialisme islamophobe" occidental)). Il ne s’agit pas d’exonérer l’Etat français mais de considérer la complexité d’une situation qui dépasse, de loin, la seule question de l’interventionnisme occidental (antagonismes sociaux, conflits d’intérêts entre Etats de la région, etc. (Et puis que dire, de la guerre dans laquelle sont engagés les Kurdes contre Daesh ? Les Kurdes sont-ils aussi d’ »arrogantes créatures économiques occidentales » ?). Si le merdier qu’a engendré l’intervention américaine en 2003 a favorisé l’émergence de Daesh, il faut aussi rappeler aux philosophes du lundi matin que Daesh est la fusion d’Al Quaida (qui est apparu en Afghanistan avec l’invasion soviétique) et de hauts dignitaires du parti baasiste de Sadam Hussein. Reprendre les arguments des terroristes pour expliquer/justifier leurs actes c’est comme de croire les Nazis quand ils disent que c’est de la faute aux Juifs. Pour finir, il y a, semble-t-il un réflexe ethnocentré à analyser la situation moyen-orientale du point de vue du seul Occident et de sa seule responsabilité. J’invite les communistes du lundi matin à écouter davantage les communistes irakiens, syriens, iraniens. Ça ne peut pas leur faire de mal.

      2°. « il semble que les assaillants de vendredi dernier soient un peu plus affranchis que « nous » ». Persuadés qu’ils sont d’aller au paradis, d’obéir à Dieu et espérer se taper 72 vierges, les bouchers du 13 novembre seraient donc « plus affranchis » ? Les auteurs du lundi matin n’ont peut-être pas tort : c’est mieux que de ne croire en rien.

      3°. « parce que la liberté dont chacun dispose sur le marché sexuel, professionnel, culturel ou simplement social est si strictement encadrée par la féroce concurrence qui y règne que cette liberté mériterait plutôt le nom de « terrible servitude » ». Entre la « terrible servitude » occidentale et la « terrible servitude » d’une république islamique, j’avoue préféré la première, inch’ Allah.

      4°. « Si l’on voulait être plus cruel, et puiser dans un héritage plus indiscutable encore, il faudrait plutôt dire que les attaques de vendredi – contre un stade, des bistrots, une salle de concert – sont une offensive sanglante, et sans charité, contre le divertissement. Là, c’est carrément Pascal que l’on retrouverait dans le camp des « terroristes ». » Je croyais la race du pro-situ éteinte. J’ignorais en fait que le pro-situ était devenu djihadiste, suivant les gerbes de l’illuminé voyériste.

      5°. Enfin, je dirais aux écrivaillons du lundi matin que les formes-de-vie qu’ils proposent sont tout aussi mortifères et artificielles, si ce n’est plus, que celles qu’ils exècrent. Le programme du lundi matin fait autant rêver que la promesse d’un week end en kolkhoze. On trouvera toujours plus de vie dans n’importe quel bistrot embourgeoisé (même tenu par des hipsters !) que dans leur « communisme vécu ». C’est la triste réalité qu’ils se refusent à voir. Comme disait ma grand mère, y a pas plus falso que des gauchistes qui reprochent à tout bout de champs à la réalité d’être falso.