• Y-a-t-il des morts acceptables ? ou comment finir une pandémie
    https://freakonometrics.hypotheses.org/63595

    Zylberman (2021) notait « cette pandémie a commencé avec le premier cas, mais elle ne se terminera pas avec le dernier cas (…) on ne peut pas dater la fin d’une pandémie et le début d’une endémie ». Pourtant, mi-avril, le président français a glissé dans une entrevue (Garnier (2022)) que « la société [est] en sortie de COVID » laissant entendre que la pandémie de SARS-CoV-2 était terminée. À la même époque, le virus tuait encore plus d’une centaine de personnes par jour, selon les statistiques officielles. S’il est légitime de s’interroger sur ce qu’est précisément un « mort de la COVID », il peut sembler étonnant que 100 morts par jour (pendant plus de 3 mois consécutifs) aient suscité autant d’indifférence, et qu’un tel niveau soit interprété comme la fin de la pandémie (....) Est-ce si difficile d’anticiper les risques, et de faire des dépenses préventives qui permettront de sauver des milliers de vies demain ? Plus de deux ans et demi après les premiers cas d’une pandémie qui restera dans l’histoire, on reste surtout avec ce goût amer que rien n’a été appris, rien n’a été compris, et que le désir de tourner la page en faisant comme si rien ne s’était passé l’aura finalement emporté.

  • Val de Fontenay : jeunes regards sur la ville
    https://visionscarto.net/val-de-fontenay-jeunes-regards

    par Abdelkarim, Amine, Amy, Anthony, Aymeric, Ba-Hamidou, Cathy, Clément, Emma D., Emma L., Enzo, Florian, Nathan, Nawel, Neva, Rafaël, Robin et Tommy ll y va sans doute en pédagogie un peu comme en art : un projet initié avec une classe n’est jamais ficelé d’avance, il réserve des surprises, il nous mène vers des chemins parfois laborieux, souvent réjouissants. Cette année le projet mené avec 18 élèves de première spécialité HGGSP (histoire-géographie-géopolitique-sciences politiques) du lycée Picasso a (...) #Billets

  • « D’habitude je ne fais pas de prédictions mais là je redoute vraiment... » - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=1WjWqAYnaKY

    … une épidémie de poux, avec les maladies qui vont avec : le typhus, la borréliose à poux, la fièvre des tranchées,… Ça tue à une vitesse folle !
    […]
    Ça se traite avec des choses très simples, j’espère qu’il n’y aura pas d’embargo sur ces médicaments, parce que comme c’est des médicaments qui ne rapportent rien,…
    Les poux, ça se traite avec l’ivermectine en dose unique.

    • Bingo !

      Traitement anti-poux - Faut-il utiliser l’ivermectine ? - Actualité - UFC-Que Choisir
      (article du 19/09/2019)

      https://www.quechoisir.org/actualite-traitement-anti-poux-faut-il-utiliser-l-ivermectine-n70755

      Indiquée dans le traitement de certaines affections parasitaires comme la gale, l’ivermectine n’est pas autorisée en France dans le traitement des poux. Des études ont pourtant prouvé son efficacité dans cette indication. Mais le risque de voir émerger des résistances incite les professionnels à la prudence.
       
      Sur le papier, l’ivermectine a tout du traitement idéal. Ce médicament antiparasitaire que l’on trouve en France sous le nom Stromectol (laboratoire Merck Sharp and Dohme) ou ses formes génériques (laboratoires Mylan, Biogaran, Pierre Fabre…) s’avère non seulement efficace contre les poux de tête mais il ne nécessite qu’une seule prise par voie orale (avec un nombre de comprimés déterminé en fonction de l’âge et du poids). C’est pourquoi certains parents et médecins y voient le remède miracle contre cette infestation certes sans danger (les poux de tête ne transmettent aucune maladie) mais extrêmement désagréable et laborieuse à endiguer.

      NON INDIQUÉ CONTRE LES POUX MALGRÉ SON EFFICACITÉ
      Pourtant, en France, la substance n’est pas indiquée dans le traitement des poux, faute d’autorisation de mise sur le marché (AMM). Les médecins qui la prescrivent « hors AMM » engagent donc leur responsabilité. L’ivermectine reste en effet réservée au traitement d’autres infections parasitaires telles que la gale et des parasitoses tropicales (filariose lymphatique et anguillulose). Des aspects économiques pourraient en partie expliquer cet « oubli », comme l’expliquait en 2014 le professeur Didier Raoult, spécialiste des maladies infectieuses, dans le magazine Le Point : « Est-ce que le laboratoire l’ayant découvert (Merck) ne veut pas investir d’argent, car décrocher l’agrément d’une indication nouvelle pour un médicament est un processus très coûteux […] ? Probablement, car ce médicament ancien peut être utilisé comme générique et, dans ces conditions, les études de mise sur le marché ne seront jamais rentabilisées pour le laboratoire. »

      Mais au-delà de ces considérations économiques existent également des arguments scientifiques. Les spécialistes redoutent l’émergence de résistances qui ont déjà rendues inefficaces un pan entier des traitements anti-poux, à savoir la famille des insecticides neurotoxiques. Ces produits très populaires il y a une vingtaine d’années ont alors peu à peu disparu du marché français. Ainsi le Prioderm (malathion), leur dernier représentant, a cessé d’être produit fin 2018. Or dès 2010, une étude parue dans The New England Journal of Medicine indiquait que le traitement par ivermectine présentait une efficacité significativement supérieure aux traitements insecticides habituels (malathion). Et à l’époque déjà, l’article concluait que cette prescription devait demeurer exceptionnelle en raison du risque d’émergence de résistances.

  • Visualisation dans l’histoire du street art

    vu à la nouvelle expo Hey ! à Paris, où on peut voir notamment des croquis de certains des premiers grapheurs, super modernes, mais datant des années 70 et tout début 80. (Et plein plein d’autres choses, l’expo a vraiment beaucoup de choses.)

    https://www.hallesaintpierre.org/2022/01/03/hey-le-dessin
    https://www.heyheyhey.fr/fr/art-exhibitions/hey-le-dessin

    #visualisation #histoire #graff #street-art #hey #exposition #Paris

  • « un idéologue à l’école » : les connexions avec l’extrême droite et l’enseignement privé ainsi que sur la main-mise opérée sur la haute administration.


    https://www.politis.fr/articles/2022/02/jean-michel-blanquer-un-ideologue-a-lecole-44067
    Autoritaire et sensible aux idéologies d’extrême droite, Jean-Michel Blanquer a patiemment tissé ses réseaux.

    Avec la rédaction de #Politis, nous avons dressé le bilan réel de la macronie. Après 5 ans de #blanquérisme, l’école et ceux qui la font vivre se sentent usés, relégués, méprisés. Mais sous les cendres de la fatigue et du renoncement, la braise de la résistance est encore vive.

    Comment la #macronie a abimé l’école !

    • « Quel drôle de signal, à deux mois de la présidentielle, que de mettre en lumière un inspecteur général de philosophie manifestement très préoccupé par la place du christianisme dans le champ éducatif »

      https://www.telerama.fr/debats-reportages/conseil-superieur-des-programmes-blanquer-tend-il-le-baton-pour-se-faire-ba

      L’image du ministre de l’éducation ne risque pas de s’améliorer : il a nommé Mark Sherringham à la tête de la stratégique instance. L’homme, controversé, avait plaidé pour la réintroduction du christianisme dans l’école publique.

      Maso, le ministre de l’Éducation ? On va finir par croire que Jean-Michel Blanquer a décidé de se saborder, accablé par une année 2022 qui lui file entre les doigts. Rien ne va plus depuis ce dimanche 2 janvier où il réserva la primeur de l’annonce d’un nouveau protocole sanitaire – conçu à Ibiza – aux lecteurs du Parisien. Une grève monstre des enseignants est venue pointer sa méthode de gouvernance. Ces derniers jours, le recul problématique du nombre d’heures de mathématiques dispensées au lycée remet en cause ses réformes elles-mêmes.

      Et voilà que le ministre nomme à la tête du Conseil supérieur des programmes un ancien conseiller de Raymond Barre, François Fillon et Xavier Darcos, connu pour vanter « l’idéal civilisateur du christianisme » et plaider pour sa réintroduction dans l’école publique. L’annonce a déclenché l’indignation sur les réseaux sociaux.

      Drôle de signal

      Nous ne ferons pas ici le procès de Mark Sherringham, nous ignorons ses intentions. Mais tout de même, quel drôle de signal, à deux mois de la présidentielle, que de mettre en lumière un inspecteur général de philosophie manifestement très préoccupé par la place du christianisme dans le champ éducatif. On le sait, le Conseil supérieur des programmes, créé en 2013 par la loi Peillon, est une instance hautement stratégique.

      « C’est un outil pour imprimer une marque idéologique sur les programmes », dénoncent régulièrement les syndicats enseignants. Assurément le théâtre de vives tensions, particulièrement sous le mandat de la philosophe Souâd Ayada qui, avant de laisser sa place à Mark Sherringham, aura rudement bataillé contre les « pédagos », ces partisans de l’Éducation nouvelle honnis par Jean-Michel Blanquer. On doute que son successeur change de cap.

    • Tiens Ali Baddou a invité le macroniste #Philippe-Aghion sur #franceinter : en direct du monde parallèle de la macronie ; sur l’#éducation un programme disruptif : réinventer les gadgets sarkozystes pour imposer l’autonomie des établissements, gérer les écoles sur le modèle de la compétitivité, donner une allocation de 800 euros aux jeunes sortis du foyer fiscal mais conditionnée à la réussite et financée par l’allongement de l’âge de départ à la retraite...

      On lui fait remarquer que sa proposition est décalé par rapport à ce que propose Macron, il répond « vous n’avez pas vu encore son programme ! »

      Aghion :"j’ai cru à la réforme par points et j’ai eu tort ". « Les enseignants ont eu bien raison de pas croire au système par points, ils ont vu tout de suite qu’ils se faisaient avoir, moi je ne l’avais pas vu. »

      Aghion veut rétablir la propédeutique ! il s’est pas aperçu que parcours sup et la réforme du lycée conduit à des logiques d’orientation précoces et inégalitaires ! Aghion est visiblement un adepte de « l’entreprise organique » un peu comme le startuper millionnaire principal financeur de la #primairepop.

      « Le quinquennat précédent a été celui de la libéralisation, le prochain doit être celui de l’investissement ».

      « les inégalités ont explosé » Aghion : « mais pas chez nous », « le modèle social a tenu ».

      Le modèle social ne doit rien ni à Macron ni à Aghion qui ne cessent de le dégrader !

      Aghion professeur d’une pseudo science prétentieuse « ce qui est nouveau c’est qu’on confronte les théories avec les données »

      Ce clown d’Aghion comme d’habitude depuis 5 ans nous dit que le macronisme sera social, dans un futur proche.

      https://rf.proxycast.org/d8c1ea2d-cc72-4de1-b707-f45ba366a37c/18558-12.02.2022-ITEMA_22931027-2022F30378S0043-22.mp3


      à partir de 55.53 (jeunesse retraite éducation)

      Emission du samedi 12 février de 12h à 14h.

      ► Philippe Aghion, économiste et professeur au Collège de France (titulaire de la chaire Economie des institutions, de l’innovation et de la croissance) et à la London School of Economics, est l’invité de cette édition autour du thème : La République a l’épreuve des inégalités : comment réinventer le modèle social français ?

  • Décès de Jean-Claude Deville - 30/10/2021
    https://www.sfds.asso.fr/newsletter-1677-84d78c50c0dabb0f279bb775c07819f4


    Jean-Claude DEVILLE lors de sa présentation aux JMS 2018 « Calage à poids bornés : que fait-on au juste ? »
    (Crédit photo Jean-Claude Hibert)

    Chers toutes et tous,

    C’est avec beaucoup de tristesse que je vous informe du décès de Jean-Claude Deville le mois dernier à l’âge de 77 ans.

    Ancien Inspecteur général de l’Insee, Jean-Claude Deville a consacré une grande partie de sa carrière à la recherche en statistique. Ses travaux précurseurs en statistique sur données fonctionnelles et en analyse factorielle sont d’une grande importance. Il est mondialement connu pour ses recherches en sondages qui ont permis de grandes avancées en la matière. Ses travaux sur le calage, l’équilibrage ou le partage des poids ont eu un impact considérable sur le plan international.

    Jean-Claude avait été élu membre de l’International Statistical Institute en 1979 et a été impliqué dans les activités de l’International Association of Survey Statisticians dont il a été membre du Conseil de 1993 à 1997. Il fut également à l’origine de la création des Journées de Méthodologie Statistique de l’Insee organisées depuis 1991. A la tête du Laboratoire de statistique d’enquête du Centre de recherche en économie et statistique de l’ENSAI de 1998 à 2010, il a encadré de nombreuses thèses dans ce domaine. En 2018, il s’est vu décerner le prix Waksberg qui distingue les statisticiens internationalement reconnus pour leurs travaux innovants combinant théorie et pratique dans le domaine de la méthodologie d’enquête.

    Statisticien brillant et passionné, Jean-Claude était un homme extrêmement curieux, à l’écoute et d’une grande culture. Ceux qui ont eu le privilège de le rencontrer et d’échanger avec lui savent à quel point il était un personnage attachant. Notre communauté perd un grand homme. Un hommage lui sera rendu à l’occasion des prochaines Journées de Méthodologie Statistique de l’Insee qui auront lieu à Paris en mars prochain.

    Bien à vous,

    Aurélie Vanheuverzwyn
    Présidente du groupe Enquêtes, Modèles et Applications de la Société Française de Statistique

    • J’apprends, avec retard, son décès. Ce fut l’un de mes professeurs. Ses contributions à la statistique d’enquête mais aussi sa forte personnalité ont marqué la communauté des statisticiens français et au delà et lui ont valu, disons, une place particulière à l’INSEE où il a assumé longtemps le rôle de champion de la statistique face aux tenants de l’économétrie.

    • Sous l’Occupation, René Carmille, polytechnicien, fonde ce qui deviendra l’#INSEE et crée le futur #numéro_de_sécurité_sociale. Ce militaire devenu cadre dans l’administration de Vichy y développe sa vision moderniste de la mécanographie, l’ancêtre de l’informatique, et multiplie les #enquêtes_statistiques sur la population française, au risque de les voir servir la politique antisémite menée par Pétain. Mais Carmille poursuit secrètement un but résistant : il détourne clandestinement des millions de données et identifie près de 300 000 combattants en zone libre capables de participer à la libération de la France, le jour venu. Trahi en 1944, il mourra en déportation. Entre #collaboration et #résistance, René Carmille incarne ces trajectoires troubles de l’Occupation qui font encore débat aujourd’hui.
      Le film est réalisé par Youssr Youssef, 25 ans, fraîchement diplômée de l’École nationale de la statistique, fondée en 1942 par Carmille. Un héritage encombrant. Elle décide alors d’enquêter sur le sujet, qui va résonner pour elle avec nombre de questions contemporaines sur le #Big_Data et les données personnelles.

      Un film de Youssr Youssef produit par Tournez s’il vous plaît et Public Sénat

      se conclue aimablement sur la nécessité de se former en #éthique_et_droit_des_données
      #polytechnique #nationalisme #carte_nationale_d'identité #recensement (projet de) #carnet_signalétique_individuel

    • merci, très intéressant, excellent documentaire
      les interludes d’échanges entre les élèves sont bien vus, sauf, comme le souligne @colporteur, le dernier qui n’est pas loin du grotesque…

      n’ayant jamais mis les pieds dans les nouveaux locaux, ça m’a permis de découvrir ce qu’est devenue l’école…

      plus sérieusement, le nom de René Carmille était plus ou moins connu à l’époque, deuxième moitié des années 70, où j’étais sur les bancs de l’école, époque où je m’intéressais déjà à l’histoire et, en particulier, à l’histoire de cette période avec une interrogation qui ne m’a jamais quittée et à laquelle je ne suis toujours pas sûr de connaître la réponse : qu’aurais-je fait à cette époque ?

      On savait, pour le numéro d’inscription au répertoire (NIR, ou « numéro de sécurité sociale », on savait, plus ou moins précisément, mais je pense un peu plus tard – je ne saurai dire exactement quand – qu’il avait été envisagé d’autres chiffres que le 1 et le 2 pour le chiffre situé en première position (cf. WP)

      Numéro de sécurité sociale en France — Wikipédia
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Num%C3%A9ro_de_s%C3%A9curit%C3%A9_sociale_en_France

      « la première composante est ainsi définie : 1 et 2 [selon le sexe] désignent les citoyens français y compris les Juifs, 3 et 4 les « Indigènes d’Algérie et de toutes colonies sujets français, à l’exception des Juifs », 5 et 6 les « Juifs indigènes sujets français », 7 et 8 les « étrangers y compris les Juifs ». »

      Mais, cela restait dans une pénombre et, surtout, un silence officiel, sans doute parce qu’il n’était toujours pas possible de reconnaître officiellement que certains anciens de la Résistance avaient pu servir loyalement le régime de Vichy, y compris dans une logique de « revanche », au moins au début.

      Et puis, des textes plus explicites et plus précis sont sortis et la personne de Carmille a commencé à sortir de la pénombre. Je trouve, p. ex. en ligne, ce numéro de Population & Sociétés de février 1989 dont l’auteur et, à l’époque, le rédacteur en chef, est le Michel-Louis Lévy du documentaire, qui signe l’article de son NIR… La quasi totalité de la page 2 est consacrée à René Carmille et à son fichier. Il n’est d’ailleurs pas tout-à-fait neutre que ce texte soit publié non pas à l’INSEE, mais à l’INED…

      Cette vidéo est donc vraiment intéressante, en ouvrant la question à un public (bon, c’est quand même très orienté vers les statisticien·ne·s…) et surtout qu’il ouvre sur l’actualité de la question (on oubliera la séquence finale…)

    • je connaissais les locaux, pour avoir essuyé les plâtres la première année d’installation (et gouter la joie des nouilles sodexo réchauffées au micro-ondes faute de cantine pour manger le midi) ; par contre, je n’en avais jamais entendu parler de René Carmille avant... (mais j’ai toujours gardé l’INSEE a distance raisonnable)

    • Pour finir, j’ai été vérifier, le lieutenant-colonel Zeller qui le soutient dans la constitution du fichier comme vivier de recrutement de l’armée future est Henri Zeller,
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Zeller
      frère d’André Zeller, le putschiste d’Alger
      https://fr.wikipedia.org/wiki/André_Zeller

      (oui, je suis aussi de la génération qui se souvient du nom de chacun des membres du quarteron de généraux en retraite…)

      pour l’intonation, c’est là :
      https://www.youtube.com/watch?v=Nn3_5m5vALg

    • Au service de la France, excellente série d’Arte.

      Justement, le personnage du Colonel est typique de la vision qui dominait dans les années 70-80 : on avait été soit maréchaliste, jusqu’au bout, soit gaulliste, depuis le début (ou presque, …)

      À la réflexion, deux remarques :
      • je n’ai pas souvenir d’avoir eu connaissance d’un fondateur de l’ENSAE,…
      • l’INSEE se vit fondamentalement comme le successeur de la vénérable SGF (Statistique générale de la France) avec un rattachement ministériel similaire, son personnel initial en provenait d’ailleurs très largement. L’absorption par le Service de la démographie, sous l’égide des militaires a certainement été plutôt mal vécue par les « vrais » statisticiens et René Carmille, militaire, en était la marque flagrante et la « création » de l’INSEE revendiquant fièrement la filiation avec la SGF a permis de placer au second plan (voire plus loin encore…) ce moment délicat.

    • Pour terminer, (esprit de l’escalier…) c’est intéressant de voir que cette question du #fondateur n’apparaît que maintenant.

      Hasard ? Je ne crois pas… :-D

      L’ENSAE était une école dépendant directement de l’INSEE, direction du ministère des Finances. En 1994, le GENES regroupe les écoles et la recherche de l’INSEE et reste une direction de l’INSEE.
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Groupe_des_écoles_nationales_d%27économie_et_statistique
      En 2010, avec effet au 1/01/2011, le groupe acquiert son autonomie juridique et financière avec le statut de Grand établissement
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Grand_établissement
      et pour finir (?) au 1/01/2020, le GENES accède aux RCE (Responsabilités et compétences élargies) au sens de la LRU, lui conférant une autonomie identique à celle des universités.
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_relative_aux_libertés_et_responsabilités_des_universités#Nouvelles

      À l’issue de cette mise à distance progressive, l’INSEE est toujours présent mais n’assure plus qu’une tutelle technique.

      On comprend, dans ce contexte, que l’École, le Groupe d’écoles, revisite son passé et relise son histoire, un peu dégagée des cadres mentaux hérités dudit passé et reprenne à son compte certains aspects passés sous le tapis. Au premier chef, la séquence SNS, sous tutelle militaire, dont Carmille, tout martyr de la déportation qu’il soit, est un rappel douloureux, où vient se mélanger, qui plus est, un fichage généralisé de la population mis en œuvre, certes avec de nobles motifs, à une époque troublée.

      Vues sous l’angle de l’autonomie universitaire, les rivalités passées (?) entre administrations ne pèsent plus grand chose si l’on peut se revendiquer d’un fondateur résistant.

  • Geographies of Digital Exclusion: Data and Inequality

    Today’s urban environments are layered with data and algorithms that fundamentally shape how we perceive and move through space. But are our digitally dense environments continuing to amplify inequalities rather than alleviate them? This book looks at the key contours of information inequality, and who, what and where gets left out.

    Platforms like Google Maps and Wikipedia have become important gateways to understanding the world, and yet they are characterised by significant gaps and biases, often driven by processes of exclusion. As a result, their digital augmentations tend to be refractions rather than reflections: they highlight only some facets of the world at the expense of others.

    This doesn’t mean that more equitable futures aren’t possible. By outlining the mechanisms through which our digital and material worlds intersect, the authors conclude with a roadmap for what alternative digital geographies might look like.

    https://www.oii.ox.ac.uk/research/publications/geographies-of-digital-exclusion-data-and-inequality
    #données #inégalités #exclusion #exclusion_digitale #biais #cartographie #visualisation #alternative
    #livre

  • L’insolente santé de l’enseignement supérieur privé -

    Le secteur est en pleine croissance et joue sur l’image dégradée de l’université. La réforme de l’apprentissage, qui a accru le soutien financier de l’Etat, a boosté ces établissements.

    [...]
    Réguler davantage le secteur serait donc nécessaire… D’autant que si ces écoles sont en plein essor, c’est aussi grâce aux fonds publics. Certes, la subvention annuelle versée aux écoles supérieures privées associatives (20 % du secteur privé environ, les autres étant des sociétés commerciales à but lucratif), votée chaque année dans le cadre de la loi de finances, a augmenté de 10 % cette année (94 millions d’euros).
    Mais ce rebond, les écoles le doivent surtout à la manne que représente l’apprentissage, réformé par la loi « avenir professionnel » de 2018. Cette loi a permis de décupler le nombre d’élèves en contrat d’apprentissage (qui suivent ainsi leur licence ou leur master en partie à l’école et en partie en entreprise) dans ces écoles, et a permis aux établissements d’attirer un nouveau public, qui ne paie pas les frais de scolarité.

    A cela s’est ajoutée la prime octroyée, depuis la crise sanitaire, aux employeurs d’apprentis (8 000 euros par an), qui a facilité les recherches de contrats pour les étudiants. A l’EM Normandie, le nombre d’alternants a bondi de 50 % à la rentrée. A Omnes, cette année, la moitié de l’effectif (14 000) est en alternance.
    Un système vertueux (le taux d’insertion des étudiants qui ont suivi leurs études en apprentissage est plus favorable que celui constaté en formation initiale), mais coûteux pour l’Etat. En lourd déficit, France compétences, le nouvel opérateur public financeur du système, a déjà été renfloué à hauteur de 2,7 milliards d’euros à la fin de l’année 2021. Aujourd’hui, ce dispositif est remis en cause par le gouvernement : un plafonnement des montants pris en charge par l’Etat est sur la table, alors que les frais de scolarité de certaines écoles de commerce frisent les 15 000 euros par an. En cette période de campagne électorale, les écoles privées mènent d’intenses actions de lobbying pour préserver ce système.

    Si l’apprentissage constitue un booster pour ces écoles, il n’est pas le seul : le recrutement d’étudiants internationaux continue d’être un puissant relais de croissance. La France est d’ailleurs le pays dont les établissements disposent du plus grand nombre de campus « offshore », devant les Etats-Unis, comme le montre un rapport du Leibniz Institute for Researsh on Society and Space publié en 2020. L’étude en recense 122 – la Chine est le premier pays d’implantation, suivi du Maroc.
    https://justpaste.it/5a5k2

    #étudiants #apprentis #enseignement_supérieur #enseignement_supérieur_privé #apprentissage #loi_avenir_professionnel

  • Les marins toujours victimes de la fermeture des frontières
    https://www.franceculture.fr/emissions/la-bulle-economique/la-bulle-economique-du-samedi-25-decembre-2021


    Depuis la découverte du nouveau variant Omicron, les frontières se ferment, mettant une fois de plus des centaines de milliers de marins dans la difficulté. Vers une nouvelle crise humanitaire en mer, alertent les organisations internationales. Dans un complet silence.
    Depuis 18 mois, la fermeture des frontières liée à la pandémie complique la relève des marins (dont 1/3 de Philippins), obligés de rester travailler à bord.
    Passer noël loin de la Terre et des siens, pour les marins (ils sont un million 900 000), cela fait partie du métier. Mais cette année encore, une fois sa traversée terminée, ce marin Nigérian, comme beaucoup d’autres, ne sait pas comment il va rentrer chez lui, ni quand. Depuis l’arrivée du Covid, au rythme des nouveaux variants, les ports et les frontières terrestres se ferment, les règles changent d’un jour à l’autre, et cette galère dure depuis presque deux ans. Crew crunch, crise des relèves d’équipage, c’est comme cela qu’on appelle dans le milieu maritime, ce qu’il faut bien nommer une crise humanitaire en mer. L’ONG Human Right at Sea retrace 20 mois de crise dans ce document. Au plus fort de cette crise il y a quelques mois, 400 000 marins ont dû rester à bord, interdits qu’ils étaient de débarquer, même malades et en attente de soins urgents. Certains ont dû travailler 18 mois d’affilé, quand la limite légale est de 11 mois. 400 000 autres marins ont été empêchés de rejoindre leur navires."Alors que les Etats se barricadent à nouveau face au variant Omicron, les marins vont être les premières victimes de ces fermetures, ne les oublions pas" prévient l’Association Française des capitaines de navires. Certains pays qui délivraient des exemptions de quarantaines aux marins vaccinés les ont annulées. De nombreux pays (dont des pays européens de façon unilatérale) ont fermé leurs frontières et ont suspendu les liaisons aériennes avec l’Afrique australe ce qui va de facto augmenter les difficultés de relèves des équipages. Les marins souffrent depuis bientôt deux ans, ils continuent de faire fonctionner l’économie en mettant leur santé en danger (je rappelle que la majorité des marins dans le monde n’a toujours pas eu accès au vaccin). Ils mériteraient un peu plus de considération. Association Française des capitaines de navires.
    Oubliés… les gens de mer ne le sont pas des instances internationales. On ne compte plus les alertes, déclarations, avertissements, et tribunes pour s’inquiéter de leur sort. Dès le début du premier confinement, le 19 mars 2020, le secrétaire général de l’Organisation Maritime international, Kitack Lim pressait les Etats membres à prendre en compte la dimension stratégique du commerce maritime dans leur décision contre le Coronavirus. I Urge, dit-il, je presse instamment… expression forte pour cette institution acculée à édicter des protocoles spécial Covid non contraignants. Quelques mois plus tard, c’est l’Organisation International du Travail, qui condamnait le manque de diligence des gouvernements envers les gens de mer, un avertissement rarissime, et une fois de plus sans effet. Les pays ne doivent pas s’attendre à ce que les gens de mer travaillent indéfiniment pour fournir des biens vitaux, tout en les privant de leurs droits fondamentaux, en tant que travailleurs, et en tant qu’être humain. Observation générale sur les questions découlant de l’application de la convention du travail maritime, 2006, telle qu’amendée (MLC, 2006) pendant la pandémie de COVID-19. 80 à 90% des marchandises voyagent par les océans. Après un creux en 2020, le commerce mondial a retrouvé en 2021 son niveau d’avant covid. Essentielles sont bien les marchandises, mais toujours pas ceux et celles qui les transportent. Si les Etats les considéraient comme travailleurs clés, comme le demande encore cette semaine l’Organisation maritime internationale, les marins pourraient, une fois leur travail achevé, éviter les quarantaines et les montagnes de bureaucratie pour passer les frontières. 62 pays l’ont fait à ce jour, dont la France, la Russie, les Philippines, mais plus de 100 pays manquent à l’appel, dont la Chine, alors que 8 des 10 ports les plus fréquentés au monde sont chinois. La mondialisation des échanges reste reine, mais les Etats souverains et les marins les victimes de ce hiatus. Une nouvelle crise des relèves d’équipage se profile sans doute. Pour l’éviter la profession a lancé un programme spécial quarantaine, pour fournir aux marins des lieux de repos à terre à la fin de leur passage en mer. Aux ports de Singapour, Anvers Rotterdam et Houston, on vaccine gratuitement les marins… car c’est un autre souci, seulement un quart des marins sont vaccinés, et encore faut-il que leur vaccin soit reconnu dans le pays qu’ils doivent traverser. Malgré les goulots d’étranglement de l’automne, les cadeaux de Noël sont arrivés pour la plupart à temps, mais "la maltraitance infligée par les gouvernements aux salariés des transports aura des conséquences à long terme", prévenait dès le mois d’août le directeur de la Chambre international de la marine marchande dans le Financial Times.
    Étonnamment, les marins ne se disent pas plus malheureux qu’en 2019, constate l’organisation chargée de mesurer chaque année, un index du bonheur dans la profession, mais ils se sentent humiliés, "toujours considérés comme des lépreux à tenir aussi loin que possible de la population" écrit Steven Jones, celui qui anime ce « Seafarer Happiness Index » dans un article édifiant. Dans un aéroport, on peut apercevoir des marins, vêtus de combinaisons de protection contre les matières dangereuses bon marché, rassemblés. Il ne manque que les cloches de la peste pour avertir les gens des dangers liés à leur présence. Certains ont même été obligés de porter des combinaisons de sauna en plastique ! Pouvez-vous imaginer… ! Steven Jones du Seafarer Happiness Index.
    Une fois rentrés chez eux, beaucoup disent qu’ils ne reprendront pas la mer. Surtout les plus expérimentés. La profession estime qu’il manquera 75 000 officiers de marine d’ici 4 ans. Les prix des containers pour aller d’Europe en Chine ont été multiplié par 10 en un an, ce n’est pas sans effet sur l’inflation qui revient… qu’en sera-t-il quand il n’y aura plus assez de candidats pour conduire les 74 000 navires de commerce ? Si la flambée actuelle des taux de fret conteneurisé se poursuit, les niveaux des prix des importations mondiales augmenteront en moyenne de 11% mais les PEID (Petits Etats Insulaires en Développement) qui dépendent principalement du transport maritime pour leurs importations pourraient faire face à des augmentations allant jusqu’à 24%. Rapport de la CNUCED.
    Après le crew crunch, le no crew at all… ? Les marins ne sont pas les seuls travailleurs dont l’activité n’a jamais cessé avec le covid, et pour qui le covid a accru la difficulté d’un métier déjà dur et contraignant.
    Souhaitons leur, où qu’il soit sur la mer, pour l’an prochain, un meilleur noël. J’ai conscience de me répéter en finissant cette chronique ainsi, car c’est aussi ce que je disais l’an dernier… Les routiers français, selon la porte parole de la FNTR (Fédération Nationale des Transporteur Routier), n’ont pas eu les mêmes problèmes qu’avec le variant anglais de l’an dernier, mais pour les marins, la situation reste aujourd’hui plus que difficile avec Omicron.

    #Covid-19#migrant#migration#monde#sante#marin#mondialisation#echange#circulation#frontiere#economie#OIT#pandemie

  • Jérôme Sainte-Marie : « Il y a un choc de dépolitisation »
    https://lvsl.fr/jerome-sainte-marie-il-y-a-un-choc-de-depolitisation

    Déjà l’auteur de Bloc contre bloc. La dynamique du macronisme en 2019, Jérôme Sainte-Marie publie un nouvel ouvrage aux éditions du Cerf : Bloc populaire. Une subversion électorale inachevée. Là où son premier livre filait la métaphore entre notre époque et les événements décrits par Karl Marx dans Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte, le second prend Gramsci pour guide afin de mieux comprendre la cartographie exacte d’un bloc populaire qui peine à advenir. Dans cet entretien, nous revenons avec lui sur la polarisation de la société française en deux blocs antagonistes, sur le concept de vote de classe, sur l’anesthésie du corps social provoquée par la pandémie ou encore sur les implications de la crise d’hégémonie actuelle. Entretien réalisé par Antoine Cargoet et Léo Rosell.

    • La mise en place d’un projet « progressiste » a été vécue comme une violence insupportable, pas seulement économique et financière mais aussi culturelle. Nous sommes dans une situation où l’on note une série de victoires culturelles pour les classes populaires, dans la mesure où leur rôle économique est enfin reconnu. On a bien vu qui faisait réellement tenir le pays lors de la pandémie, cependant que la crise des gilets jaunes avait déjà rappelé à tous l’importance des questions d’inégalités de revenus.

      La situation actuelle paraît inversée par rapport à celle de 2017 en ceci qu’il y a une prise de conscience du caractère profondément inégalitaire de la société française, du rôle crucial des catégories populaires et de la légitimité de leurs attentes, du fait qu’on ne peut plus les stigmatiser en « beaufs » comme auparavant.

    • ...le vote des professions libérales pour la droite et celui des professeurs de l’Éducation nationale pour la gauche sont des alignements électoraux.

      ce genre de propos convenu disqualifie pour partie (.) le reste de l’analyse (.). l’ultime défaite des profs (pour celle en cours, on verra), lors de la grève de 2003, a fini de les faire moisir, et quatre ans après ce fut le succès imprévu du vote Sarkozy dans leurs rangs. on y a souvent remplacé l’espérance par la nostalgie de l’autorité perdue, à défaut de salaire et d’éducation, on compte sur une revalorisation symbolique du prof comment tenant de l’ordre symbolique, du prof comme étant celui qui commande (en plus de produire et évaluer) les élèves.

    • Tout à fait ! @colporteur

      Ce genre de propos convenu disqualifie pour partie leur auteur et donc le reste de l’analyse qu’il propose.

      « La lutte des classes est de retour. A bas bruit, mais la multiplication des grèves dans des secteurs peu syndiqués est le vrai phénomène de ces derniers mois. C’est pour cela que l’oligarchie pousse l’ordure #Zemmour. »

    • La (re)formation de la classe ouvrière
      "Toute stratégie de la classe ouvrière et du socialisme devra tenir compte de l’instabilité hégémonique des États-Unis dans le contexte d’une crise capitaliste mondiale sans précédent depuis les années 1930. Comme au cours de la première moitié du vingtième siècle, la crise actuelle du capitalisme global prend la forme d’une énorme crise de légitimité : le mot d’ordre « socialisme ou barbarie » devient une question brûlante."
      Beverly J. Silver
      http://www.inprecor.fr/article-La-(re)formation-de-la-classe-ouvri%C3%A8re?id=2501
      #bloc-populaire

  • Ça se confirme, cette saison de chasse à l’électeur de droite sera un excellent millésime…

    Le contrôle des chômeurs va augmenter de 25 % dans les six prochains mois - Économie - Le Télégramme
    https://www.letelegramme.fr/economie/le-controle-des-chomeurs-va-augmenter-de-25-dans-les-six-prochains-mois

    Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a indiqué ce mercredi matin que les chômeurs vont davantage être contrôlés dans les six prochains mois pour vérifier qu’ils cherchent activement un emploi.

    C’est l’une des « annonces » à retenir de l’allocution d’Emmanuel Macron, mardi soir : les contrôles vont être renforcés pour vérifier si les chômeurs recherchent bien activement un emploi, sans quoi leur indemnité pourra être « suspendue ». Ce mercredi matin, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a précisé sur franceinfo que les contrôles vont effectivement augmenter de 25 % dans les six prochains mois.

    • Les chômeurs sommés par Emmanuel Macron de démontrer qu’ils veulent travailler
      https://blogs.mediapart.fr/wael-mejrissi/blog/101121/les-chomeurs-sommes-par-emmanuel-macron-de-demontrer-quils-veulent-t

      L’allocution présidentielle a duré vingt-sept minutes mais une phrase ne va pas manquer de faire couler beaucoup d’encre : « les demandeurs d’emploi qui ne démontreront pas une recherche active verront leur allocation suspendue ».

      Une phrase qui résonne comme une déflagration sociale absolument inouïe et dont les retombées vont durer un certain temps. Nul besoin de savoir l’éventail des mesures prises lors de cette intervention télévisée. Emmanuel Macron a livré toute la mesure de son inconséquence morale et sociale aux Français par cette phrase rappelant cruellement qu’il est et restera le président des riches. La réforme tant décriée de l’assurance-chômage est entrée en vigueur le premier octobre et déjà nombre de nouveaux chômeurs sont dans l’impasse. Entre des allocations chômage en baisse et des allocations chômage refusées à des chômeurs parce qu’ils ne cumulent pas au moins six mois d’activité, la pilule était déjà très dure à avaler. Mais voilà ces chômeurs renvoyés au rang de pestiférés de la nation. La vindicte présidentielle lancée contre les privés d’emplois face à des millions de téléspectateurs sera donc la contrepartie de cette allocation qu’ils percevront. Ces rejetés de la nation restent donc désespérément le maillon faible du paradigme macroniste. Les chômeurs, les précaires, les vulnérables, les malades, les intérimaires, les travailleurs pauvres comprennent alors que l’heure n’est plus à la solidarité entre les riches et les nécessiteux mais à une logique du chacun pour soi.

      Quelle arrière pensée sa cache derrière cette assertion prononcée par le président de la République ? Il faut bien évidemment comprendre que les chômeurs aiment l’oisiveté rémunérée et que pour bon nombre d’entre eux, cette situation qui les prive d’un salaire digne serait davantage choisie que subie. Une idée qui en dit long sur cette dichotomie entre Emmanuel Macron et la réalité du marché du travail. Plus subtile encore, ceux n’acceptant pas des emplois sous-payés seront également dans la catégorie de ces mal-aimés qui se complaisent dans le farniente. Face à un discours aux airs de dernière sommation pour les chômeurs, l’allocation chômage devient dans ce contexte non plus un droit mais une aumône piétinant par là-même la dignité de ces privés d’emploi. L’ubérisation de notre économie a créé en effet des milliers d’emplois mais des emplois précaires, sans protection contre les aléas de la vie et qui sont donc loin d’être des vecteurs d’émancipation sociale. Ils enracinement ceux qui les occupent dans une pauvreté persistante créant un cercle vicieux durable pour rester dépendant des quelques subsides gagnés parfois au péril de leur vie.

      Voilà ce qu’il faut donc faire aujourd’hui pour s’attirer les faveurs de l’Élysée et même comme ça, pas sûr que ces travailleurs seront touchés par la grâce présidentielle car ces « riens » ne seront jamais plus que les faire-valoir d’une politique économique prétendument vertueuse au moyen de statistiques montrant la courbe du chômage baisser mais sans jamais dévoiler l’ampleur de la détresse sociale qui se cache derrière ces emplois misérables.

      C’était donc bien ça « notre projet » tant vanté par l’actuel président d’une caste qui ne connaît même pas l’odeur de la pauvreté, c’est une économie qui brade la force de travail des plus fragiles pour financer l’évasion fiscale des plus aisés. En somme un monde qui marche sur la tête.

    • Annonces d’Emmanuel Macron : comment Pôle emploi va contrôler les chômeurs
      https://www.leparisien.fr/economie/emploi/annonces-demmanuel-macron-comment-pole-emploi-va-controler-les-chomeurs-1

      250000 contrôles vont être réalisés entre décembre et mai prochain, soit 25 % de plus qu’en temps normal. Les agents s’inquiètent déjà « de ce rôle de sanction » qui va s’intensifier. Voici comment Pôle emploi va procéder.

      #paywall #chômeurs #emploi #contrôle #ORE

    • Pour paraphraser son allocution et son projet, il devrait afficher dans toutes les préfectures cette pensée impavide du glacial Richelieu : « La raison ne permet pas d’exempter les peuples de toutes charges, parce qu’en perdant en tel cas la marque de leur sujétion, ils perdraient aussi la mémoire de leur condition ; et que s’ils étaient libres de tributs, ils penseraient l’être de l’obéissance. Il faut les comparer aux mulets qui, étant accoutumés à la charge, se gâtent par un long repos plus que par le travail. »
      citation de « Grève en consigne » dans Un anonyme de la fin du XXᵉ siècle – L’INSOMNIAQUE. Collection à couteaux tirés (épuisé)
      illustration du même éditeur


      http://www.insomniaqueediteur.com/publications-categories/a-couteaux-tires

      Macron sur les pas du cardinal de Richelieu « l’esprit de notre nation ». De nation à nationalisme il n’y a qu’un pas.
      En visite sur le site Richelieu de la Bibliothèque nationale de France, tout juste restauré, le président a salué un lieu d’histoire contribuant à « l’art d’être Français ».
      https://www.lefigaro.fr/culture/a-la-bnf-emmanuel-macron-met-en-garde-contre-le-retrecissement-de-la-france
      Discours du président frappadingue à la BNF le 28 septembre 2021 :
      https://www.elysee.fr/index.php/emmanuel-macron/2021/09/28/le-president-emmanuel-macron-visite-la-fin-de-chantier-de-la-bibliotheque-nat

  • Je me retrouve malgré moi via Twitter à entendre parler d’émissions télévisées de merde où des blagues racistes sont prononcées. Ce qui me surprend plus, c’est comment des personnes intelligentes ont encore la moindre illusions sur le rôle néfastes de personnes telles que léa salamé ou laurent ruquier par exemple (je veux dire par là qu’ils regardent ces émissions puis les commentent). Ce sont des gens qui contribuent depuis des années avec constance à empêcher tout débat réellement constructif.

    • La question qu’on se pose systématiquement : est-ce que CNews et ses saloperies d’émissions façon L’heure-des-fafs, c’est réellement regardé, ou bien est-ce que ça existe surtout parce que des petits clips des moments les plus dégueulasses sont repris par les indignés de l’interwebz ?

    • C’est une question que je me pose également : est-ce que l’importance accordée circulairement par les autres médias aux étrons pondus quotidiennement sur les chaînes de télés, notamment les dites tout-info est représentative de leur véritable audience ? J’étais vraiment dubitatif jusqu’au jour où j’ai appris que la famille du petit ami de mini-grommeleuse mangeait devant BFM/CNEWS ... Il existe donc de véritables téléspectateurs de ces trucs.

  • Voilà, c’est aujourd’hui jeudi 7 octobre la sortie du livre

    « Cartographie radicale : explorations »
    par Nepthys Zwer @nepthys et @reka de chez
    @visionscarto
    disponible dans toutes les librairies avec une semaine d’avance sur le planning (on a de la chance).

    https://www.editionsladecouverte.fr/cartographie_radicale-9782373680539

    C’est un ouvrage à quatre mains, un dialogue entre l’historienne (Nepthys) et le géographe (Reka) qui abordent les mille et une façons cartographiques de parler, dessiner, représenter le monde, nos espaces de vie. Nous y présentons une multiplicité d’approches théoriques et conceptuelles, et nous exposons le résultat de trois décennies de pratiques et "d’expérimentations" cartographiques.

    Dans l’intro nous écrivons :

    « C’est en imaginant ces nouvelles approches, en se hasardant à inventer de nouvelles formes, en bravant les contraintes techniques et surtout en osant défier, voire pervertir les conventions que la cartographie fait émerger une réflexion alternative riche. Non seulement elle produit un savoir nouveau sur le monde, mais elle instaure aussi un autre rapport à la connaissance. Car le savoir « -politique- » des simples citoyennes et citoyens subissant diverses formes d’aliénation sociale, économique et politique devient un outil d’émancipation quand il prend la forme d’une carte. Même si elle semble, de prime abord, moins engagée, la carte sensible qu’une personne produit sur sa propre vie ou ses propres émotions actionne les mêmes ressorts de la prise de conscience et d’une nouvelle confiance en soi »

    « Cette autre façon de concevoir les cartes constitue, même si elle la bouscule un peu, un prolongement de la cartographie conventionnelle. Cette dernière revendique un statut de science exacte, s’appuyant sur des données réputées fiables, et croit produire des images neutres et fidèles de la réalité. Au mieux, ces cartes s’approchent au plus près de la réalité du terrain, en le représentant le plus fidèlement possible, ce qui les rendabsolument nécessaires : il faut pouvoir se repérer, se déplacer d’un point à un autre, il faut que les avions puissent voler, que les bateaux puissent naviguer. La cartographie alternative se veut plus modeste, car elle questionne en permanence les données et les informations dont elle se nourrit et, surtout, assume – et revendique même – sa nature subjective : les images cartographiques ne sont que des visions, des interprétations du réel. »

    #cartographie #cartoexperiment #truc_super_chouette

    • « La cartographie radicale est un acte social et politique »

      Pour sortir du brouillard et de la confusion politiques, des activistes, chercheurs et artistes créent des cartes expérimentales. Elles mettent au jour les dominations systémiques et les relations sensibles au monde. Un livre illustré, Cartographie radicale, leur rend hommage, écrit par Nepthys Zwer et Philippe Rekacewicz.

      https://seenthis.net/messages/940509

    • Cartographie radicale de Nepthys Zwer & Philippe Rekacewicz

      Il est des cartes qui disent non. Des cartes radicales, qui dévoilent et dénoncent, qui protestent. Pour comprendre ces cartes rebelles, leur fonctionnement, leurs forces, leurs possibilités, ce livre entreprend un voyage d’exploration au cœur de la création cartographique. Que se passe-t-il exactement quand nous élaborons une carte, qu’elle soit radicale, expérimentale (on parle aussi de cartographie critique ou de contre-cartographie) ou conventionnelle ­ ? Quelles intentions président à sa fabrication et à sa mise en oeuvre­ ?
      La première fonction des cartes est de nous aider à nous repérer dans l’espace et à nous déplacer d’un point à un autre. Elles permettent aux bateaux de naviguer et aux avions de voler. Avec des cartes, on fait la guerre, puis éventuellement la paix. Elles sont aussi de formidables machines à rêves, qui façonnent notre image du monde, en fixent la mémoire et finissent par fabriquer notre réalité. Qu’est-ce qui motive cet acte très particulier de mise en forme symbolique du monde, de Strabon à l’anarchiste Élisée Reclus, de la bénédictine Hildegard von Bingen à l’explorateur Alexander von Humboldt, des portulans à la carte d’état-major­ ? Quelle part de fantaisie créatrice, quelle part de fantasme faustien d’une possible maîtrise de notre environnement, quelle part de sincérité scientifique sont-elles à l’oeuvre­ ?
      Entre l’émergence de la cartographie thématique audacieuse de l’ingénieur Charles-Joseph Minard, ou celle des designers d’information Otto et Marie Neurath, et l’approche sémiologique conceptuelle de Jacques Bertin, se situe un point de rupture avec les conventions de la représentation cartographique. Un point libérateur qui a ouvert le champ de l’expérimentation et rendu possible la démocratisation des cartes. Autour des années 1900, le sociologue W.­E.­B.­ du Bois et son équipe inventaient de nouvelles façons graphiques de représenter des données statistiques sur la situation des personnes noires aux États-Unis. Quelque soixante ans plus tard, c’était pour dénoncer le même racisme culturel et économique qu’un petit institut de géographie de Détroit, animé par William Bunge et Gwendolyn Warren, donnait ses contours à ce qui deviendra la géographie radicale­ : une géographie engagée.
      Alors, le rapport à l’objet carte change. S’opère une prise de conscience quant à son usage et à ses possibilités. La cartographie radicale va spatialiser les données économiques et sociales, produire des cartes délibérément politiques qui montrent et dénoncent les situations d’inégalités de vie et de droits, les compromissions politico-économiques, les accaparements de terres, la destruction des milieux par l’agro-industrie, la pollution de la planète et tout ce qui hypothèque, d’une façon ou d’une autre, le bonheur et l’avenir de l’humanité. Les cartes, qui jouent traditionnellement le jeu du pouvoir, se font outils de la contestation et instruments d’émancipation politique et sociale quand la société civile se les approprie. Politique, art et science entrent alors en dialogue permanent pour proposer une image non convenue et libre du monde.
      Nepthys Zwer, chercheuse en histoire et culture des pays de langue allemande (Allemagne et Autriche, XIXe‑ XXe siècle), est une spécialiste de l’œuvre d’Otto Neurath et du système graphique d’information Isotype. Elle est notamment l’autrice de L’Ingénierie sociale d’Otto Neurath, paru aux PURH en 2018. Elle a rejoint le groupe de recherche indépendant visionscarto.net en 2018.
      Philippe Rekacewicz, géographe, cartographe et information designer, a dirigé la cartographie d’un programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE/GRID) et a été un collaborateur régulier de plusieurs journaux d’analyse géopolitique en Europe. Depuis 2006, il participe à diverses manifestations carto-artistiques et mène de nombreux projets internationaux liés au mouvement de la cartographie radicale et expérimentale. Il est l’un des membres fondateurs de visionscarto.net et, depuis 2016, chercheur associé à l’Université de Helsinki.

      https://aligrefm.org/podcasts/le-vie-est-un-roman-18-janvier-2022-cartographie-radicale-de-nepthys-zwer-

  • #Liberté, #exigence, #émancipation. Réinstituer l’#Université

    Les strates successives de #réformes subies par l’Université depuis vingt ans, même si elles ne sont pas dénuées d’incohérences, reposent sur un socle politique et idéologique relativement précis [1]. Celui-ci trouve notamment son articulation dans les travaux de sociologie des établissements d’enseignement supérieur par Christine Musselin [2] ou dans le rapport Aghion-Cohen de 2004 [3] sur “éducation et croissance”[4]. Pour une part, ce socle reprend les théories de la #croissance par l’#innovation et la “#destruction_créatrice” inspirées de #Joseph_Schumpeter [5] , surtout pertinentes pour la #recherche. Le socle intellectuel présidant aux réformes récentes combine cet héritage avec une vision de l’#aménagement_du_territoire fondée sur la partition entre des #métropoles intelligentes et concurrentielles et un vaste hinterland tributaire du #ruissellement_de_croissance, ce qu’Olivier Bouba-Olga et Michel Grossetti [6] appellent la « #mythologie_CAME » (#compétitivité-#attractivité-#métropolisation-#excellence). Dans cette perspective, hormis quelques cursus d’élite, les formations universitaires doivent surtout offrir des gages “d’#employabilité” future. Au fil des reconversions professionnelles, le “portefeuille de #compétences” initial se verra étoffé par des #certificats_modulables attestant de quelques #connaissances_spécialisées, ou de “#savoir-faire” dont certains relèveront probablement surtout du conditionnement opérationnel. Dans le même temps, #évaluation et #valorisation sont devenus les termes incontournables et quasi indissociables de la formulation d’une offre “client” qui débouche sur une organisation par marché(s) (marché des formations diplômantes, des établissements, de l’emploi universitaire…). Dans les variantes les plus cohérentes de ce programme, ces #marchés relèvent directement du #Marché, d’où la revendication d’une #dérégulation à la fois des #frais_d’inscription à l’université et des #salaires des universitaires.

    Sortir l’Université de l’ornière où ces réformes l’ont placée impose de construire un contre-horizon détaillé. Les mots d’ordre défensifs de 2008 et 2009 n’avaient sans doute que peu de chances d’arrêter la machine. Aujourd’hui, la demande d’une simple abrogation des dispositions prises à partir de 2007 ne serait pas à la hauteur des changements internes que ces politiques ont induits dans l’Université. On ne saurait de toute façon se satisfaire d’une perspective de restauration de l’ancienne Université. C’est en ce sens que nous parlons de ré-institution ou de refondation.

    Émanciper qui, de quoi, pour quoi faire

    Il est impératif de prendre comme point de départ la question des finalités sociales et politiques de l’Université. Si la référence à la notion d’émancipation est indispensable à nos yeux, elle ne suffit pas non plus à définir un nouvel horizon. La capacité du discours réformateur néolibéral à assimiler et finalement dissoudre le projet émancipateur n’est plus à prouver, y compris en matière scolaire : le recours à la notion de compétence, du primaire à l’université, renvoie ainsi, cyniquement, à une idée généreuse de pédagogies alternatives visant à libérer l’institution scolaire de ce qui était perçu comme un carcan autoritaire transformant les élèves en singes savants. Cet idéal scolaire émancipateur systématiquement dévoyé a pris des formes multiples et parfois contradictoires, et ce n’est pas ici le lieu de les analyser. Au moins depuis Boltanski & Chiapello [7], on sait qu’il ne faut pas sous-estimer la capacité du management à digérer la “critique artiste du capitalisme”, pour mettre en place un nouveau modèle de néolibéralisme autoritaire. L’auto-entrepreneur·euse de soi-même assujetti·e aux normes de valorisation par le marché est pour nous un épouvantail, mais il s’agit d’une figure d’émancipation pour certains courants réformateurs.

    L’émancipation n’est jamais une anomie : c’est un déplacement collectif et consenti de la nature des normes et de leur lieu d’exercice. Poser la question de la finalité émancipatrice de l’#enseignement_supérieur, c’est demander qui doit être émancipé de quoi et pour quoi faire. Ce “pour quoi faire”, en retour, nous renvoie au problème du comment, dans la mesure où devant un tel objectif, c’est sans doute la détermination du chemin qui constitue en soi le seul but atteignable.

    L’#autonomie_étudiante

    À première vue, la réponse à la question « qui » est tautologique : il s’agit d’émanciper les étudiant·es — mais comme on va le voir, si l’on pose l’existence d’un cycle auto-amplificateur entre étudiant·es et enseignant·es, cela pose aussi la question de l’émancipation de l’ensemble des universitaires. Il importe de souligner que les étudiant·es ne sont pas forcément « la jeunesse », ni la jeunesse titulaire du baccalauréat. Quant à savoir de quoi il s’agit de les émanciper, la réponse est d’abord : du déterminisme par le milieu social, culturel et géographique d’origine [8]. Cela représente à la fois un enjeu démocratique et un enjeu social majeur.

    L’Université doit être librement et gratuitement accessible à toute personne détenant le baccalauréat à tout âge de la vie ; tout établissement universitaire doit proposer une voie d’accès, le cas échéant via une propédeutique, aux personnes ne détenant pas le baccalauréat mais désirant entamer des #études_supérieures ; l’#accès gratuit à l’Université et à son ouverture intellectuelle et culturelle ne doit pas être conditionné à l’inscription à un cursus diplômant.

    Ce programme impose la mise en œuvre parallèle d’une politique d’#autonomie_matérielle des étudiant·es. Nous souscrivons à l’essentiel des propositions formulées par le groupe Acides [9] en faveur d’un “#enseignement_supérieur_par_répartition”, c’est-à-dire d’un système socialisé d’#accès_aux_études, pour qu’elles soient menées dans les meilleures conditions de réussite. Nous proposons que l’#allocation_d’autonomie_étudiante soit versée de droit pour trois ans, prolongeables d’un an sur simple demande, à toute personne inscrite dans une formation diplômante de premier cycle, avec possibilité de la solliciter pour suivre une formation universitaire non-diplômante, mais aussi une formation de deuxième ou de troisième cycle. Pour ces deux derniers cycles, toutefois, ce système nous semble devoir coexister avec un dispositif de pré-recrutement sous statut d’élève-fonctionnaire dans les métiers d’intérêt général que la collectivité a vocation à prendre en charge : médecine et soins infirmiers, enseignement primaire et secondaire, recherche scientifique, aménagement du territoire et transition écologique…

    Pour une #géographie de l’#émancipation_universitaire

    Ces premiers éléments nécessitent de se pencher sur ce qu’il est aujourd’hui convenu d’appeler “le #paysage_universitaire”. Il faut ici distinguer deux niveaux : un niveau proprement géographique, et un niveau sociologique qui conduit immanquablement à poser la question des différents cursus post-bac hors universités, et notamment des grandes écoles.

    Au plan géographique, il est nécessaire de s’extraire de la dichotomie mortifère entre des établissements-monstres tournés vers la compétition internationale et installés dans des métropoles congestionnées, et des universités dites “de proximité” : celles-ci, à leur corps défendant, n’ont pas d’autre fonction aux yeux des réformateurs que d’occuper une jeunesse assignée à résidence géographiquement, socialement et culturellement [10]. Le #maillage_territorial actuel est dense, du fait de l’héritage de la dernière vague de création d’#universités_de_proximité. Pour autant, il s’organise selon une structure pyramidale : l’héritage évoqué est en effet corrigé par une concentration des investissements au profit de quelques établissements hypertrophiés. A contrario, nous préconisons une organisation en réseau, dont les cellules de base seraient des établissements de taille moyenne, c’est-à-dire ne dépassant pas les 20.000 étudiants. Nous avons besoin d’universités à taille humaine, structurées en petites entités autonomes confédérées. Ces établissements doivent offrir aux étudiants des perspectives d’émancipation vis-à-vis du milieu d’origine et de la sclérose intellectuelle qui frappe le pays ; ils doivent permettre une recherche autonome, collégiale et favorisant le temps long.

    Pour cela, nous proposons un plan en deux temps. D’une part, un surcroît d’investissement doit être consenti vers des pôles de villes moyennes pour en faire, non des “universités de proximité” centrées sur le premier cycle, mais des établissements complets proposant également une activité scientifique de pointe et exerçant une attraction nationale, afin de décentrer le système universitaire actuellement structuré par l’opposition entre métropoles et hinterland. D’autre part, nous préconisons d’installer trois à cinq nouvelles universités dans des villes moyennes ou des petites villes, à bonne distance des métropoles, en prenant appui sur le patrimoine bâti abandonné par l’État et sur les biens sous-utilisés voire inoccupés appartenant aux collectivités. Certaines #villes_moyennes voire petites disposent en effet d’anciens tribunaux, de garnisons ou même des bâtiments ecclésiastiques qui tombent en déshérence. Notons qu’il ne s’agit pas seulement de les transformer en laboratoires et en amphithéâtres : au bas mot, notre pays a aussi besoin d’une centaine de milliers de places supplémentaires de cités universitaires à très brève échéance.

    L’#utilité_sociale de l’enseignement supérieur ne se réduit pas à “former la jeunesse” : cette nouvelle géographie ne saurait être pensée sur le mode du phalanstère coupé du monde. Au contraire, les #universités_expérimentales doivent être fondues dans la ville et dans la société. La refondation de l’Université s’accompagne donc d’un projet urbanistique. L’#architecture de l’université doit être pensée en sorte que les #campus soient des #quartiers de la ville, avec les services publics et privés nécessaires à une intégration vivante de ces quartiers dans le #territoire. Les lieux de vie universitaires doivent inclure des écoles maternelles, primaires et secondaires, des commerces, des librairies, des théâtres, des zones artisanales et des quartiers d’habitation pour celles et ceux qui feront vivre ces lieux. Les bibliothèques universitaires et les bibliothèques municipales des villes universitaires doivent être rapprochées, voire fusionnées.

    La question des #Grandes_Écoles

    Les politiques de différenciation entre établissements de recherche et de proximité croisent la problématique des grandes écoles, mais ne se confond pas avec elle : en atteste l’échec du projet de fusion de Polytechnique avec l’université d’Orsay-Saclay, ou la survivance d’une myriade d’écoles d’ingénieur·es et de commerce proposant des formations indigentes avec un taux d’employabilité équivalent à celui d’une licence d’une petite université de proximité. La refondation esquissée ici sera compromise tant que la question de la dualité Université / Grandes Écoles n’aura pas été réglée. On ne fera pas l’économie d’une instauration effective du monopole de l’Université sur la collation des grades. Cela implique une montée en puissance des #capacités_d’accueil, c’est-à-dire du nombre d’établissements, des moyens récurrents et des postes d’universitaires titulaires dans tous les corps de métier, de façon à pouvoir atteindre une jauge de 600.000 étudiant·es par promotion de premier cycle, 200.000 étudiant·es par promotion de deuxième cycle, 20.000 étudiant·es (rémunéré·es !) par promotion de troisième cycle, soit un total d’environ 2,4 millions d’étudiant·es. Précisons qu’il y avait en 2019-2020 1,6 millions d’étudiants à l’Université, 600.000 dans d’autres établissements publics, majoritairement des lycées (CPGE, BTS), et 560.000 dans le secteur privé. Le chiffre de 2.4 millions d’étudiants à l’Université correspond donc à une estimation basse des effectifs une fois le monopole universitaire sur la collation des grades rétabli.

    Dans le détail, l’application de ce programme signifie que les formations d’ingénieurs pourront et devront être assurées à l’Université, avec un pré-recrutement dans certains domaines, l’écologie notamment ; les sections de technicien supérieur (STS) seront soit rattachées aux instituts universitaires de technologie (IUT) existants, soit constituées en IUT. Pour ce qui est des écoles de commerce, on pourra se contenter de supprimer la reconnaissance de leurs diplômes dans les conventions collectives et les concours de la Fonction publique. L’Institut d’Études Politiques de Paris doit devenir une université de droit commun. Les IEP de Province et les antennes régionales de l’IEP Paris ont vocation à intégrer l’université la plus proche sous la forme d’une UFR de sciences politiques, tandis que la Fondation Nationale des Sciences Politiques doit être dissoute, et son patrimoine transféré, par exemple à la Fondation Maison des Sciences de l’Homme [11].

    La question des #Écoles_Normales_Supérieures (#ENS), initialement pensées pour pré-recruter des enseignants et des chercheurs au service de l’Université, peut être résorbée par l’extension de ce pré-recrutement à travers le pays, le décentrage vis-à-vis de Paris et Lyon, la construction de cités étudiantes dotées de bibliothèques et la mise en place de formations expérimentales par la recherche interdisciplinaire. Les ENS seraient ainsi rendues caduques du fait de l’extension à l’Université du mode de fonctionnement qui était censé être le leur.

    Une fois privées de leur débouché de principe, on peut se demander quelle utilité resterait aux #classes_préparatoires : beaucoup fermeraient, mais certaines pourraient être maintenues pour aider au maillage territorial à un niveau de propédeutique, si l’on souhaite rétablir une sorte de trivium occupant les trois ou quatre premiers semestres, fonction que le DEUG assurait jadis. En tout état de cause, la licence elle-même ne pourra être obtenue qu’à l’Université.

    Que faire des #cursus ?

    Cela nous amène au problème de l’organisation des enseignements et des cursus, lequel nous impose de faire retour à la question initiale : émanciper qui, de quoi, comment et pour quoi faire ? Pour nous, l’existence de l’Université comme institution d’enseignement distincte du lycée se justifie par un lien spécifique entre la formation universitaire et la #recherche_scientifique. L’enseignement secondaire a pour fonction de transmettre des savoirs déjà stabilisés, ce qui n’est pas exclusif d’un aperçu de l’histoire complexe de cette consolidation, ni même des contradictions subsistant dans les corpus enseignés. La formation universitaire a ceci de spécifique qu’elle ne dissocie jamais totalement la production, la transmission et la critique des #savoirs. Par conséquent, seul le niveau propédeutique, encore essentiellement consacré à l’acquisition de bases communément admises d’une discipline, peut à la rigueur être dispensé hors Université, dans la mesure où il ne donne pas lieu à la collation d’un grade.

    Inversement, la licence (ou le titre qui pourrait lui succéder) impose un saut qualitatif avec une première confrontation aux réalités de la recherche scientifique, entendue comme pratique collégiale de la dispute argumentée, sur une problématique construite par la communauté au vu d’un état de la recherche. Aucune licence ne devrait pouvoir être accordée sans une première expérience en la matière, ne serait-ce qu’en position d’observation. Cette première expérience doit prendre des formes différentes selon les disciplines : stage d’observation en laboratoire, brève étude de terrain, traduction commentée… assortis de la rédaction d’un état de l’art. De ce fait, un #cursus_universitaire doit reposer sur un enseignement dispensé par des scientifiques ayant une activité de recherche. On peut penser qu’en-deçà de deux tiers du volume horaire d’enseignement assuré directement par des scientifiques titulaires, le caractère universitaire d’un cursus est remis en jeu. Reconnaître ce seuil aurait également le mérite de limiter réglementairement le recours aux #vacataires et contractuel·les, qui s’est généralisé, tout en laissant une marge suffisamment importante pour offrir aux doctorant·es qui le souhaitent une première expérience de l’enseignement, et en ménageant une place à des intervenant·es extérieur·es qualifié·es dont le point de vue peut être utile à la formation.

    S’agissant des formes d’#enseignement, nous ne croyons pas qu’il soit possible de s’abstraire dès le premier cycle d’une présentation argumentée et contradictoire de l’#état_de_l’art sur les grandes questions d’une discipline. Le #cours_magistral garde donc une pertinence, non comme instrument de passation d’un savoir déjà établi, mais comme outil de liaison entre transmission et critique des savoirs existants. La dimension expérimentale et créative de la formation doit toutefois monter en puissance au fur et à mesure que cette phase propédeutique initiale approche de son terme. De même, la forme du #séminaire_de_recherche doit avoir sa place dans le ou les derniers semestres de licence, et ce quel que soit le cursus.

    Nous ne nous inscrivons pas dans la distinction binaire entre cursus professionnalisants et non-professionnalisants. Cette question de la qualification nous paraît relever d’une pluralité de pratiques qui doit être réglée à l’échelle des disciplines et des mentions. Pour tenir les deux bouts, l’Université doit proposer un éventail de formations présentant des degrés divers d’imbrication avec la recherche finalisée et non-finalisée, des formes plurielles d’application, et des objectifs professionnels différents. Elle doit être conçue comme une grande maison rassemblant la diversité des formations supérieures ; à cet égard, elle ne doit pas reproduire l’opposition des trois baccalauréats (général, technologique et professionnel), ni leur hiérarchie.

    #Disciplines et #indiscipline

    La progression chronologique des cursus et leur cohérence académique ont une importance particulière. Nous persistons à penser que la connaissance scientifique a une dimension historique et cumulative, qui inclut aussi une part de contradictions. C’est ce qui fait l’importance de l’initiation à la notion d’état de la recherche. De ce fait, la temporalité des cursus doit être pensée en conformité avec une progression intellectuelle, pédagogique et scientifique, et non réduite à une combinaison de modules qu’il faudrait faire entrer au chausse-pied dans des maquettes obéissant à des contraintes essentiellement administratives. De là découlent plusieurs conséquences, qui s’appliquent aussi aux cursus interdisciplinaires et expérimentaux que nous appelons de nos vœux. Tout d’abord, les contraintes bureaucratiques ne doivent pas conduire à malmener la #temporalité_pédagogique des étudiant·es. Cela signifie en particulier que l’allocation d’autonomie étudiante en licence devra pouvoir être portée à quatre ans sur simple demande.

    Sur le plan de l’organisation de l’offre de cours, l’insistance sur la #progression_pédagogique et intellectuelle implique de définir quels enseignements fondamentaux doivent impérativement être validés pour permettre le succès dans les étapes ultérieures de la formation. Cela pose la question de la “compensation” des sous-disciplines entre elles : dans sa forme la plus radicale, ce dispositif permet notamment de passer à l’année supérieure si l’on obtient une moyenne générale supérieure à 10/20, sans considération des enseignements non-validés. Il ne nous semble pas pertinent d’abolir toute forme de compensation, car ce dispositif procède assez logiquement de l’idée qu’un cursus n’est pas une juxtaposition de certificats, mais représente l’agencement cohérent d’enseignements obéissant à une structure systématique. En revanche, nous pensons que pour chaque cursus, un bloc disciplinaire doit être dégagé, à l’échelle duquel un niveau minimal doit être atteint par l’étudiant·e pour être en situation de bénéficier des enseignements ultérieurs. Pour augmenter les chances de succès des étudiant·es après une première tentative infructueuse, les enseignements fondamentaux du premier cycle doivent être répétés à chaque semestre.

    On touche ici à un équilibre délicat : en effet, l’exigence d’une progression pédagogique cohérente, qui requiert un cadrage disciplinaire national, ne doit pas être mise au service d’une conception privilégiant la pure transmission au détriment de la production, de la critique et de la reconfiguration des savoirs et in fine des disciplines elles-mêmes. La discipline représente un stade socialement stabilisé de la pratique scientifique, mais elle émerge à partir d’un réseau social (au sens littéral du terme) de scientifiques, qui développent un jargon, des modèles de pensée, des revues, des conférences, dans une dialectique de l’évolution et de la conservation. Les maquettes de cursus et les instances d’élaboration du cadrage national doivent donc impérativement maintenir le caractère évolutif des disciplines, ainsi que la possibilité de leur hybridation, de leur scission ou de leur fusion.

    Si le contact avec la production et la critique des savoirs, au niveau licence, peut se réduire à une simple observation, il n’en va pas de même en master. Tout master, y compris ceux qui préparent à l’enseignement secondaire et ceux qui ouvrent le droit au titre d’ingénieur, doit inclure une part significative de séminaires de recherche et/ou de séjours en laboratoires et de terrains d’analyse. Considérant la définition que nous donnons de la recherche scientifique comme pratique argumentative contradictoire empiriquement étayée, reposant sur un état de l’art et faisant appel à un appareil probatoire objectivable, il nous semble que la mobilité des étudiants d’un établissement ou d’un laboratoire vers un autre doit être encouragée. Cela passerait par la mise en place de dispositifs d’accompagnement financier et logistique pour favoriser une pratique démocratique de la peregrinatio étudiante. En particulier, elle peut être systématisée dans les cursus donnant lieu à un pré-recrutement sous statut d’élève-fonctionnaire.

    Échapper à la Tour d’Ivoire

    La finalité sociale d’une refondation de l’enseignement supérieur ne doit pas se réduire à la formation initiale des corps mettant en œuvre l’accès aux droits fondamentaux (soin, santé environnementale, génie civil, justice, éducation…). Plus généralement, le rôle de l’Université excède la question de l’émancipation “des étudiant·es” au sens d’un groupe social à la recherche d’une formation précise ou d’une qualification. À la crise environnementale qui frappe la terre entière selon des modalités différentes s’ajoute en France une crise sociale et démocratique profonde. L’objectif de refondation de l’Université est une étape de la réponse politique à cette triple crise.

    Nous devons satisfaire trois exigences : la première est l’autonomie intellectuelle et matérielle maximale de la jeunesse ; la deuxième nécessité est la réévaluation de l’utilité sociale des savoirs et des qualifications, contre les hiérarchies actuelles : il s’agit d’aller vers une organisation où un·e bachelier·e professionnel·le maîtrisant les bonnes techniques agro-écologiques ne se verra plus placé.e socialement et scolairement en-dessous d’un·e trader·euse polytechnicien·ne, ni un·e professeur·e des écoles en-dessous d’un·e publicitaire. Le troisième objectif, par lequel nous souhaitons terminer cette contribution, est l’octroi d’une formation scientifique, technique et artistique de qualité pour le plus grand nombre, condition nécessaire à un traitement démocratique et contradictoire des grands problèmes scientifiques, techniques et écologiques du moment.

    Ce dernier point impose un double mouvement. L’imbrication de l’Université dans la ville doit également concerner les formations elles-mêmes. L’Université doit être sa propre “#université_populaire”, dispensant des enseignements ouverts à toutes et tous. Cela peut se faire pour partie sous la forme d’une #formation_continue gratuite ; l’argent actuellement versé au titre de la formation continue serait alors converti en cotisations patronales à l’enseignement supérieur “par répartition”. Mais au-delà des formations continues, l’Université doit continuer de proposer des formations scientifiques non diplômantes et des cours libres à destination des publics intéressés, et étoffer cette offre lorsqu’elle existe.

    Réinstituer une #communauté_universitaire

    Ce plan suppose une émancipation des universitaires, en particulier des corps enseignants, qui soit l’œuvre des universitaires eux-mêmes. Or après vingt années de fabrication managériale du consentement, le refus ou la difficulté de penser la science et ses modalités de production, de réception et de critique prévalent dans l’esprit d’un grand nombre d’enseignant·es-chercheur·euses. Répondre en détail à ce défi imposerait un retour sur les #politiques_de_recherche qu’il s’agit de reconstruire, et sur l’organisation collective de l’#autonomie_du_monde_savant, avec ses conditions budgétaires et statutaires notamment. Cette affirmation ne relève pas du mot d’ordre catégoriel mais de la nécessité intellectuelle : une recherche scientifique de qualité, participant du libre exercice de la #disputatio ou discussion argumentée et orientée vers la recherche de la vérité, demande des garanties matérielles contre toute tentative d’intimidation ou toute dépendance vis-à-vis de donneur·euses d’ordres, de financeur·euses extérieur·es ou tout·e collègue plus puissant·e et susceptible de prendre ombrage d’un travail. La #liberté_académique a ses conditions de réalisation, et la première est d’offrir aux universitaires un statut pérennisant leur indépendance [12].

    La #précarisation objective et subjective des emplois universitaires et scientifiques change la nature de leur métier, et par ricochet, l’essence même de la recherche, et des formations dispensées à l’Université. En droit, cette protection statutaire s’étend à tous les corps de métier vitaux à l’exercice des missions universitaires. Pour nous, les personnes concernées ne sont pas des “personnels des universités” : elles sont l’Université en tant que communauté de pratiques et de buts. Aujourd’hui, une sphère bureaucratico-managériale s’est constituée par accrétion d’une partie de ces corps de métier (au premier rang desquels certain·es enseignant·es-chercheur·euses). Cette sphère se trouve de fait dans une situation de sécession vis-à-vis du reste de l’Université. Ses prébendes reposent sur la dépossession pratique des agent·es qui constituent la sphère académique. Pour le dire autrement : la sphère gestionnaire des universités se construit sur la négation de l’idée d’Université, et la reconstruction de celle-ci passera nécessairement par le démantèlement de celle-là.

    Le réarmement rationaliste critique a des implications pour l’organisation même de l’Université, qui doit être intégralement revue dans le sens d’une gestion collégiale à échelle humaine, avec rotation des responsabilités, réduction maximale de la division du travail, reconnaissance de la valeur de tous les métiers de l’enseignement supérieur et de la recherche, protection contre les différentes formes de harcèlement et d’intimidation, qu’elles émanent de l’intérieur ou de l’extérieur de l’institution. Cette auto-administration au plus près du terrain doit être redoublée par des garanties nationales en termes de péréquation territoriale et disciplinaire et par la présence d’instances démocratiques de coordination en réseau, selon le principe d’équilibre territorial énoncé plus haut. Les prérogatives accaparées par les bureaucraties depuis vingt ans doivent être reprises démocratiquement, à la fois au sommet (au niveau du pilotage national), et au niveau de l’organisation du fonctionnement des établissements.

    Il y a quelques années, un dirigeant d’université parisienne déplorait que son établissement, alors occupé par des étudiants, soit devenu un “capharnaüm” avec “de la violence, de la drogue, du sexe même” — il y aurait beaucoup à dire sur la hiérarchie des maux que construit cette formule. Signalons simplement que l’Université promue par ces dirigeants est une maison qui rend fou, pleine de violence, de CAME et de souffrance. L’avenir démocratique du pays dépend en partie de notre capacité à leur opposer une vision de l’Université comme tiers-lieu plein de controverses argumentées, d’invention intellectuelle et de #plaisir.

    [1] L’objet de cette contribution n’est pas de récapituler la littérature abondante consacrée à la critique de l’existant ou à la documentation des réformes. Pour une synthèse informée, on se reportera notamment à l’ouvrage de Chr. Granger La destruction de l’Université française (La Fabrique, 2015). On lira également avec intérêt, pour ce qui est des questions de formation, L’Université n’est pas en crise de R. Bodin et S. Orange (Le Croquant, 2013) et La Société du concours d’A. Allouch (Le Seuil, 2017). Le séminaire « Politique des Sciences » et la revue Contretemps Web proposent également des suivis analytiques intéressants de la mécanique réformatrice sur la moyenne durée. Pour une critique des premières étapes du programme réformateur, on lira notamment les travaux de Chr. Charle et Ch. Soulié, comme Les ravages de la « modernisation » universitaire en Europe (Paris : Syllepse, 2007) et La dérégulation universitaire : La construction étatisée des « marchés » des études supérieures dans le monde (Paris : Syllepse, 2015).

    [2] Chr. Musselin, Le Marché des universitaires. France, Allemagne,États-Unis, Paris, Presses de Sciences Po, 2005 ; Chr. Musselin, La grande course des universités,Paris, Presse de Sciences Po, 2017.

    [3] Ph. Aghion, É. Cohen (avec É. Dubois et J. Vandenbussche). Éducation et croissance. Rapport du Conseil d’Analyse Économique, 2004. https://www.cae-eco.fr/Education-et-croissance.html

    [4] Il faudrait également analyser sur la durée la production de think tanks et de revues proches des milieux réformateurs. Citons par exemple plusieurs rapports de l’Institut Montaigne : J.-M. Schlenker, Université : pour une nouvelle ambition, avril 2015 ; G. Babinet & E. Husson (dir.), Enseignement supérieur et numérique : connectez-vous !, juin 2017 ; R. McInness (dir.), Enseignement supérieur et recherche : il est temps d’agir !, avril 2021. On pourra également prendre connaissance avec intérêt du dossier « Universités : vers quelle autonomie ? » paru dans Esprit en décembre 2007, sous la codirection d’Yves Lichtenberger, Emmanuel Macron et Marc-Olivier Padis.

    [5] On pourrait contester l’interprétation que Philippe Aghion, notamment, donne de Schumpeter, en objectant que les théories de celui-ci sont pensées pour l’innovation industrielle et prennent pour point de départ le profit lié au cycle de la marchandise. L’application de tels modèles à un capitalisme de crédit faisant une place importante à la dette étudiante représente une rupture par rapport au cadre initial de Schumpeter, rupture dont les tenants et aboutissants en terme d’économie politique gagneraient à être explicités par les économistes défendant de ce nouveau modèle.

    [6] O. Bouba-Olga et M. Grossetti, “La mythologie CAME (Compétitivité, Attractivité, Métropolisation, Excellence) : comment s’en désintoxiquer ?”, 2018. hal-01724699v2

    [7] L. Boltanski et E. Chiapello, Le Nouvel Esprit du Capitalisme, Paris, Gallimard, 1999.

    [8] La réflexion politique de RogueESR étant articulée autour des notions d’autonomie et de liberté, nous employons de préférence le terme d’ »émancipation », à la fois pour sa dimension simultanément collective et individuelle, pour sa capacité à désigner l’autoritarisme réformateur comme adversaire central, et pour sa faculté à souligner qu’il ne s’agit pas d’offrir l’éducation à celles et ceux qui en sont privés, mais aussi de libérer celle-ci. Mais au moins pour ce qui est de son premier volet, ce programme d’émancipation rejoint la problématique de la « démocratisation » posée par le Groupe de Recherches pour la Démocratisation Scolaire.

    [9] D. Flacher, H. Harari-Kermadec, L. Moulin. “Régime par répartition dans l’enseignement supérieur : fondements théoriques et estimations empiriques », Économie et Institutions, 2018. DOI : 10.4000/ei.6233

    [10] Le projet de “collège de premier cycle” de l’université Paris-Saclay a montré que le même établissement peut parfois jouer tour à tour les deux rôles via des dispositifs de différenciation interne.

    [11] Assurément, ces changements, qui n’affecteront qu’une minorité d’étudiant·es, se heurteront à une résistance considérable compte tenu du rôle que les corps concernés jouent dans l’appareil d’Etat. C’est l’une des raisons pour lesquelles nous récusons l’idée qu’une refondation de l’enseignement supérieur pourrait se faire sur la seule base de revendications catégorielles ou à plus forte raison strictement budgétaires : le concept d’Université, pour être réalisé, demande une articulation à un programme de ré-institution plus large de la société.

    [12] Cela implique un plan de rattrapage pour l’emploi titulaire, à destination des universitaires précaires qui assurent aujourd’hui des tâches fondamentales dans tous les corps de métiers. Dans la mesure où le chiffre de 15.000 postes parfois avancé est manifestement insuffisant puisqu’inférieur à ce que nécessiterait le simple maintien des taux d’encadrement tels qu’ils étaient en 2010, nous ne nous avancerons pas sur un chiffrage : celui-ci devra être réalisé a posteriori, sur la base d’un audit des besoins qui en définisse le plancher – et non le plafond. Pour un chiffrage des besoins, voir https://tinyurl.com/2jmfd5k9. Le collectif Université Ouverte a également publié des éléments de chiffrage : https://tinyurl.com/4uptvran

    https://mouvements.info/liberte-exigence-emancipation-reinstituer-luniversite

  • C’est pour bientôt, et bientôt un peu de matos sur visionscarto

    Ceci est l’annonce de la sortie d’un ouvrage qui parle de cartographie radicale aux éditions La Découverte avec @nepthys et @reka.

    En librairie le 14 octobre.

    https://www.editionsladecouverte.fr/cartographie_radicale-9782373680539

    Ce livre est né de la rencontre entre une historienne et un géographe. La spécialiste du système de représentation statistique Isotype développé par Otto Neurath décortique le fonctionnement de la carte en tant qu’image et discours sur le monde. Le géographe, s’appuyant sur quelques dizaines d’années de recherche et de pratique cartographique (donc sémiologique et géométrique), revient sur le pouvoir de la carte, autant oppressive et aliénante que résistante et combattante, et raconte comment elle révèle l’invisible.

    À la croisée de ces analyses, l’objet carte se fait tour à tour instrument, outil ou arme pour faire naître la possibilité de la carte radicale et critique, mais aussi expérimentale. L’ouvrage cherche à en définir les contours.

    Cette exploration, toute en images, promène lectrices et lecteurs dans le monde multiforme des cartes, à la découverte de cet art de la carte qui met en dialogue science et politique, oscillant sans cesse entre le réel et l’imaginaire.

    

  • On n’a jamais parlé de Once Upon a Time in China (1991) de Tsui Hark avec Jet Li sur Seenthis ? Vraiment ? Et Once Upon a Time in China II (1992) avec Jet Li et Donnie Yen ? Ni le III (1993) ?

    https://www.youtube.com/watch?v=3vyfizkaAvU

    Comment c’est possible, ça ?

    Parce que Jet Li c’est quand même le meilleur acteur de tous les temps (si je te le dis), et que ça c’est la meilleure trilogie de tous les temps, et que Tsui Hark dans les années 80-90, hein tout de même…

    Alors le gros défaut de Jet Li, c’est qu’une fois que tu as vu un de ses films, tu ne peux plus regarder un Matrix sans ricaner (« I know kung-fu », et toi le spectateur tu te dis : « ben non mon petit bonhomme, Jet Li il sait faire du kung-fu, toi tu sais pas faire du kung-fu »).

  • Covid-19 : le conseil scientifique recommande de dépister davantage dans les écoles pour éviter les fermetures de classes
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/08/27/covid-19-le-conseil-scientifique-recommande-de-depister-davantage-dans-les-e

    L’instance consultative regrette « l’abandon du dépistage », qui aiderait à atteindre l’objectif « de maintenir les classes et les écoles ouvertes ».

    Les tests de dépistage du Covid-19 dans les écoles primaires devraient être généralisés et plus réguliers que ce qui est prévu par le ministère de l’éducation nationale, faute de quoi la rentrée pourrait être « très complexe », avec des fermetures de classes à répétition, préconise le conseil scientifique dans une note d’alerte rendue publique vendredi 27 août.

    « Dans cette population non vaccinée, le risque de circulation intense du virus à la rentrée est très élevé et la règle de fermeture des classes dès le premier cas pourrait rendre la réouverture du primaire très complexe, notamment en cas de fermeture » répétée d’une même classe, prévient l’organe de conseil du gouvernement dans sa note d’alerte.

    Aussi, il « regrette l’abandon du dépistage [généralisé ou plus réactif dans la classe lors d’un cas détecté] », qui aiderait à atteindre l’objectif « de maintenir les classes et les écoles ouvertes afin de préserver l’éducation et la santé mentale des enfants », selon le document remis au gouvernement le 20 août, actualisé mercredi et mis en ligne vendredi.

    « Le passe sanitaire ne dispense pas des gestes barrières »
    Jeudi, le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a annoncé « un objectif de 600 000 tests salivaires hebdomadaires » dans les écoles primaires, qui accueillent environ 4 millions d’élèves. S’appuyant sur une étude de modélisation récente, le conseil explique qu’« un dépistage bihebdomadaire » avec « une adhésion de 50 % de la population scolaire (…) permettrait de garder les classes ouvertes si les enfants trouvés infectés sont renvoyés à leur domicile ».

    « Les études réalisées montrent qu’au-dessus de 50 % il y a une valeur à dépister de manière régulière », avait souligné le président du conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, mercredi sur France 2. « Chez les adolescents, le dépistage pourrait également apporter un bénéfice important pour le contrôle de l’épidémie, ce d’autant qu’il sera pratiqué dans une population partiellement vaccinée (supérieur à 50 %) et où les efforts à réaliser pour contrôler la circulation du virus seront de fait moins importants », selon la note.

    Le passe sanitaire « ne doit pas être compris ni mis en œuvre comme une protection absolue contre la contamination », avertit l’instant consultative dans le même document. Il « ne dispense en rien » de « respecter le plus possible les gestes barrières », tels que la distanciation physique, l’aération des locaux et le port du masque, « en particulier pour les personnes les plus à risque », ajoute-t-il.

  • #Déclassement_professionnel et #fragilité des #privilèges en migration

    Les immigré·es diplômé·es du supérieur font souvent l’expérience d’un déclassement lors de leur arrivée en #France. Cette #mobilité_sociale vers le bas se traduit par l’obtention d’un premier #emploi dans une profession moins privilégiée que celle occupée avant la migration.

    D’après les données de l’enquête Trajectoires et Origines, la migration donne globalement lieu à un déclassement professionnel chez les diplômé·es du supérieur qui s’installent en France. Ce phénomène se retrouve dans d’autres pays d’arrivée, comme l’Allemagne sur laquelle j’ai travaillé dans ma thèse. Il reflète les difficultés à faire reconnaître les #diplômes et l’#expérience_professionnelle acquises en amont de la migration.

    Le risque de déclassement est plus fort pour les personnes nées au Maghreb, en Afrique subsaharienne et en Europe de l’Est. Cela s’explique d’abord par des mécanismes d’exclusion juridiques qui touchent en priorité ces catégories. L’accès à certaines professions supérieures (notamment de la santé et de l’enseignement) est en effet soumis à des conditions de nationalité à l’obtention d’un diplôme français ou de l’Union européenne. Plus largement, les diplômes obtenus à l’étranger sont souvent moins bien reconnus en France, en raison d’inégalités entre systèmes éducatifs à l’échelle internationale. Cela explique que les personnes formées dans des pays étrangers d’Europe de l’Ouest soient relativement épargnées par ce déclassement. Enfin, une partie des diplômé·es du supérieur sont exposé·es à des discriminations liées à leur couleur de peau, leur patronyme ou leur accent. Ces mécanismes d’exclusion plus informels sont particulièrement visibles chez les personnes qui reprennent des études en France et obtiennent la nationalité française. Dans leur cas, les difficultés ne peuvent être simplement imputées à des obstacles juridiques.

    La mobilité sociale dans la migration varie aussi selon le sexe. Les hommes sont davantage concernés par le déclassement professionnel que les femmes, tandis que ces dernières connaissent plus souvent une ascension – notamment lorsqu’elles sont originaires d’Europe de l’Ouest. Ce résultat doit être interprété avec précaution. D’abord, les femmes diplômées du supérieur sont moins nombreuses que leurs homologues masculins à occuper une profession supérieure dans leur pays d’origine. Partant de moins haut, elles risquent moins de vivre une détérioration de leur position à l’arrivée. Ensuite, les femmes sortent plus souvent de l’emploi que les hommes après leur arrivée en France. En effet, celle qui migrent en couple hétérosexuel interrompent fréquemment leur carrière à l’occasion de la migration.

    https://www.icmigrations.cnrs.fr/2021/07/07/defacto-027-05
    #migrations #asile #réfugiés #travail #statistiques #chiffres
    ping @isskein @karine4

  • Decolonising Asylum ?

    From the outset, I have to warn you, dear reader, that I am not trying to dispute the subject matter of ‘decolonising asylum’ in this short blog but rather raise a fundamental question, thus: How can we ‘decolonise’ our relation with the ‘Other’? Indeed, this represents an invitation for everyone interested to imagine a way of life beyond the mere conventional framing of ‘coloniality’.

    As Professor Nelson Maldonado-Torres has written (caribbeanstudiesassociation.org/docs/Maldonado-Torres_Outline_Ten_Theses-10.23.16.pdf), coloniality is:
    ’the catastrophic transformation of whatever we can consider as human space, time, structure, culture, subjectivity, objectivity, and methodology, into dehumanizing coordinates or foundations that serve to perpetuate the inferiority of some and the superiority of others.’

    Decoloniality is a mode of critique that seeks to understand and challenge these exclusive practices of othering and the hierarchical understanding of the human. As typical subjects of coloniality, refugees and people seeking asylum are often exposed to regimes of othering, bordering and ordering. Thus, countering the persistence of these exclusive practices would necessitate decolonising asylum.

    In a bid to better formulate my question, let me now turn to what I would call ‘the refugee’s triple loss’, or rather, the loss of ‘home’, loss of ‘humanity’, or arguably the worst, loss of ‘hope’. Home is neither a place nor does it necessarily constitute specified persons; it is a relation of sociality – “the self and its relation to the other in time and space”. Involuntarily displaced, the refugee has lost his/her human-to-human connectivity, along with spatial and temporal relations. What this loss of home means in actuality is that refugees are stripped of their capacity for socio-political existence and situatedness in time and place. Once rendered unintelligible, they succumb with total submission to biopolitical and necropolitical b/ordering. This total surrender is epitomised by accompanying apocalyptic imagery of refugees dying at borders, in deserts, in camps, or lost at sea. Indeed, unfortunately they often die in the process of seeking the asylum that they are so often denied systematically.

    In the global order in which we live, the state has assumed the role of policing one’s access to being classified as a human entity. And in this system of b/ordering, the homeless refugee is thrown into the realm of the sub-human. We all know that refugees lose their lives merely to be human. Refugee life is a life lived amid the daily admission of vulnerability and violability. Once they have lost state protection, humanity for the refugees is a condition of impossibility within the frame of coloniality. They are taken hostage in a state of an “incomplete death” as Frantz Fanon famously said. Or, according to Maldonado-Torres, they “live with death and are not even “people””.

    The last point I wish to raise concerns the issue of ‘hope’. Hope remains the most potent force refugees have at their disposal. It is the only means available to them to sustain their survival and aim at effecting change. In that sense, hope is the struggle of the oppressed – one that is propelled into the future. To put it more succinctly, it is a tacit resistance against the ‘coloniality’ of the future and conditions of impossibility for its decolonisation. Losing hope, therefore, is an involuntary admission of coloniality to be the norm of the present and the future. The state reifies this involuntary admission of hopelessness by negating refugees’ humanity, rendering them rightless corporealities.
    I have now briefly introduced what I mean by the refugee’s triple loss. I have also suggested that refugees are rendered homeless, sub-human and hopeless by the very same world order in which we all reside. Here now comes a more fundamental question, thus: If the ‘world-order’ we live in is rendering our fellow human beings politically untilligible and reduces them to sub-humanity, and if it is keeping them hopeless in an impoverished and precarious state of being, then what kind of b/ordering is this? And, most importantly, what can we do about it? Is the right to asylum the only answer?

    Well, asylum might represent a potential response but for success we must inherently decolonise the asylum system itself. We have to imagine beyond the conventional thresholds and parameters set by the state in conjunction with its mutant twins: charity and humanitarianism.

    It is time to accept that neither the granting of declaratory ‘right to remain’ nor the provision of ‘daily bread’ can shake the omnipresence of coloniality.

    We have to think of repairing the losses of home, humanity and hope. These losses cannot be permanent, however institutionalised they might appear to be. Thus, the impermanence of these seemingly permanent losses must be examined and subjected to a permanent disclosure from which possibilities for radical change can be inferred. Furthermore, decolonial work – the work of destroying the conditions of impossibility while also opening multiple possibilities for co-existence – is the ultimate activation of the decolonisation of the notion of asylum.

    I cannot offer a shred of thought, at least for the purposes of this blog, on how decolonising asylum can be achieved at empirical, conceptual, or, indeed, policy levels. I therefore leave the question open for the more inquisitive among us through the most tremendous tool in our possession: imagination. I wish to orient the question as an invitation for a ‘decolonial turn’, which according to Maldonado-Torres, is “the definitive entry of enslaved and colonized subjectivities into a realm of thought at before unknown institutional levels”.

    https://righttoremain.org.uk/decolonising-asylum

    #colonialité #décolonial #décolonisation #asile #réfugiés #migrations #colonialité #alterité #home #b/ordering #espoir

    #Hyab_Yohannes

    ping @isskein @karine4