kaparia

animateur d’un espace de création dans le quartier de Kypseli, Athènes

  • L’illusion dangereuse de l’égalité devant l’épidémie - Didier Fassin - Santé publique (2019-2020) - Collège de France
    https://www.college-de-france.fr/site/didier-fassin/L-illusion-dangereuse-de-legalite-devant-lepidemie.htm

    La première disparité concerne les milieux socialement défavorisés dont les types de logement et les conditions de travail rendent malaisé le respect des consignes de prévention, dont l’accès au dépistage s’avère souvent plus difficile et qui doivent plus fréquemment renoncer à des soins. Cette disparité touche surtout les quartiers populaires, les grands ensembles d’habitat social et les campements plus ou moins licites des gens du voyage. Il s’agit d’inégalités auxquelles s’ajoute une double injustice : en se contentant d’incriminer leur comportement, on leur impute le risque plus élevé auquel ils sont exposés, phénomène bien connu consistant à blâmer les victimes ; et dans le cadre de l’état d’urgence, on les soumet à des mesures de contrôle plus répressives que ce n’est le cas pour le reste de la population.

    #crise_sanitaire #inégalité #contrôle #stigmatisation

  • "Une génération est en train de moisir de désespoir à Moria, nous lançons une sonnette d’alarme." / Campagne de financement participatif en soutien au collectif RAD MUSIQUE (île de Lesvos, camp de réfugiés de Moria, Grèce)

    En 2018, j’ai créé le groupe RAD MUSIQUE sur l’Île de Lesvos. Il s’agit d’une activité culturelle en soutien aux demandeurs d’asile qui attendent sur l’île. L’activité est tournée autour de la danse et de la musique et s’adresse autant aux réfugiés qu’au Grecs. Elle est menée en collaboration avec les organismes qui sur place travaillent déjà dans différents domaines humanitaires en faveur des demandeurs d’asile.

    Hélas, les difficultés, à l’heure actuelle, sont immenses.
    Personne n’ignore que dans le camp de Moria, prévu pour recevoir, provisoirement, quelques milliers de personnes, plus de vingt mille personnes sont installées durablement dans des conditions inhumaines, dans la « jungle » des champs d’oliviers.
    Personne n’ignore les violences récentes liées à la fatigue des Grecs et des demandeurs d’asile, les uns et les autres voudraient bien que les demandeurs d’asile puissent déposer leur demande dans d’autres pays d’Europe que la Grèce, les uns et les autres voudraient bien que l’île ne soit pas une prison.
    Là-dessus, la pandémie mondiale du covid-19 vient nous fragiliser davantage.
    Le gouvernement grec vient de décider de ne plus verser la petite aide d’état due aux demandeurs d’asile, afin d’éviter les allers retours des personnes du camp à la ville. 

    La situation n’a jamais été aussi précaire ni violente. 

    Les soins médicaux, par exemple, sont inaccessibles, par manque de services sanitaires suffisants pour la population en attente ici, de multiples femmes seules avec enfants et jeunes gens hommes vulnérables se trouvent rejetés de leur requêtes d’asile.
    Plus que jamais, notre projet culturel, autour de la musique et de la danse nous semble utile, nous permettant de faire du lien et de donner de l’espoir.

    Mais cela n’est pas tout.
    J’ai décidé de bien identifier les difficultés que les membres du groupe RAD MUSIQUE rencontrent dans leur vie quotidienne, dans le Camp de l’enfer, Moria, et de les aider concrètement à dépasser les difficultés immenses que la suspension des aides provoquent.

    Le groupe RAD MUSIQUE évolue sans appui financier et ne peut plus, seul, répondre aux besoins de ses membres, démoralisés par les rejets de leur demande d’asile et par la peur devant la pandémie mondiale de Covid19, dans un environnement où le système de santé est si précaire.

    En ma qualité d’initiateur du groupe RAD MUSIQUE, et témoin des difficultés vécues à Moria, je sollicite votre secours.Vos contributions et donations nous parviendront à cœur et bras ouverts, et permettront aux membres de notre groupe et à leurs familles, toutes communautés confondues, à faire face aux urgences.

    Une génération est en train de moisir de désespoir à Moria, nous lançons une sonnette d’alarme.

    https://www.lepotsolidaire.fr/pot/3vgwjpsy

     

  • Spain to implement universal basic income in the country in response to Covid-19 crisis.

    “But the government’s broader ambition is that basic income becomes an instrument ‘that stays forever, that becomes a structural instrument, a permanent instrument.”

    https://www.bloomberg.com/news/articles/2020-04-05/spanish-government-aims-to-roll-out-basic-income-soon

    #revenu #revenu_universel #revenu_garanti #garantisme #espagne #covid19 #coronavirus

  • Efficacy of hydroxychloroquine in patients with COVID-19 : results of a randomized clinical trial | medRxiv
    https://www.medrxiv.org/content/10.1101/2020.03.22.20040758v1

    En preprint, cette étude chinoise (Wuhan) indique que l’#hydroxychloroquine prescrite aux patients présentant des symptômes légers peut aider à accélérer la guérison. D’après la revue faite par les spécialistes de virologie de Mt Sinai (NYC), l’étude a été faite correctement. Elle ne permet pas de conclure sur l’intérêt de l’emploi de HCQ pour les cas graves de COVID-19.

    Significance

    Despite its limitations, the study design has good rigor as a double blind RCT and consistent symptom checks on each day of the trail. Now that the FDA has approved HCQ for treatment of COVID-19 in the USA, this study supports the efficacy of HCQ use early in treatment of patients showing mild symptoms, to improve time to clinical recovery, and possibly reduce disease progression. However, most of the current applications of HCQ have been in patients with severe disease and for compassionate use, which are out of the scope of the findings presented in this trial. Several additional clinical trials to examine hydroxychloroquine are now undergoing; their results will be critical to further validate these findings.

    Reviewed by Rachel Levantovsky as a part of a project by students, postdocs and faculty in the Immunology Institute at the Icahn school of Medicine at Mount Sinai.

    via @neoviral

    • Un autre essai, signalé par Prescrire, est moins positif :

      Au total, dans cet essai randomisé chinois et dans une étude marseillaise médiatisée mi-mars 2020 (avec des résultats complémentaires rendus publics le 27 mars 2020), l’état de santé de plusieurs patients s’est aggravé, tous parmi les patients exposés à l’hydroxychloroquine. Cette donnée peut être interprétée comme un signal de risque d’aggravation du covid-19 par l’hydroxychloroquine

      https://www.prescrire.org/fr/203/1845/58619/0/PositionDetails.aspx

      (discuté ici https://seenthis.net/messages/836776 )

    • Des médecins alsaciens voudraient permettre aux soignants infectés par le virus de tester le traitement à l’hydroxychloroquine en participant à une étude nationale dédiée.

      Six praticiens, dont quatre alsaciens, ont signé ce message adressé à Emmanuel Macron.

      Quand des soignants sont malades on leur demande de rester chez eux mais on les rappelle au bout de 7 jours. On ne sait absolument pas s’ils ne sont pas encore contagieux. Avec l’hydroxychloroquine, la charge virale se négative assez rapidement . Donc nous souhaitons leur proposer en premier lieu cette possibilité", avance-t-elle encore, en précisant qu’ au CHU de Strasbourg, plus de 350 professionnels seraient infectés par le virus .

      Concernant le protocole, rédigé par plusieurs professeurs de médecine entre Paris, la Guadeloupe et l’Est de la France, « il est extrêmement simple », indique le professeur Jean Sibilia. « Il n’y aura pas de groupes témoins, pas de randomisation. On est dans de l’ observationnel ». Pour le praticien hospitalier, doyen de la faculté de médecine de Strasbourg et soutien du projet, l’intérêt sera donc scientifiquement modeste, « mais on donne la chance aux soignants de pouvoir bénéficier de ce traitement-là, précocement. C’est ça l’intérêt », reconnaît-t-il, avant d’admettre que « de nombreux médecins se sont déjà administrés du Plaquenil où hydroxychloroquine, quand ils ont été infectés . A partir du moment où on a des soignants qui ont déjà pris du Plaquenil dans une action empirique, pourquoi devrait-on laisser faire sauvagement et pourquoi ne pourrait-on pas guider cette attitude. On aura les résultats qu’on aura, mais au moins on aura essayé d’organiser un peu les choses. C’est une position de sagesse ».

      Reste à faire valider le test par la Direction Générale de la Santé, consultée le 27 mars dernier. « Pour l’instant c’est silence radio »

      Le CHU de Strasbourg aurait déjà fait savoir qu’il ne souhaitait pas soutenir l’étude, préférant se concentrer sur les protocoles de recherche validés par le Ministère de la Santé.

      https://france3-regions.francetvinfo.fr/grand-est/bas-rhin/strasbourg-0/coronavirus-medecins-alsaciens-veulent-tester-traitemen

      #Coronavirus #Covid-19 #hydroxychloroquine

    • La Food and Drug Américaine (FDA) et le département américain de la santé (HHS) ont autorisé en urgence la prescription de l’hydroxychloroquine contre le COVID19 car même si les preuves scientifiques de son efficacité sont légères, son bénéfice potentiel excède les risques potentiels connus

      https://www.hhs.gov/about/news/2020/03/29/hhs-accepts-donations-of-medicine-to-strategic-national-stockpile-as-possible-t

      HHS accepts donations of medicine to Strategic National Stockpile as possible treatments for COVID-19 patients

      FDA issues emergency use authorization for donated hydroxychloroquine sulfate, chloroquine phosphate

      The U.S. Department of Health and Human Services (HHS) today accepted 30 million doses of hydroxychloroquine sulfate donated by Sandoz, the Novartis generics and biosimilars division, and one million doses of chloroquine phosphate donated by Bayer Pharmaceuticals, for possible use in treating patients hospitalized with COVID-19 or for use in clinical trials. These and other companies may donate additional doses, and companies have ramped up production to provide additional supplies of the medication to the commercial market.

      “President Trump is taking every possible step to protect Americans from the coronavirus and provide them with hope,” said HHS Secretary Alex Azar. “Scientists in America and around the world have identified multiple potential therapeutics for COVID-19, including chloroquine and hydroxychloroquine. The President’s bold leadership and the hard work of FDA and HHS’s Assistant Secretary for Preparedness and Response have succeeded in securing this large donation of medicine. We’ll continue working around the clock to get American patients access to therapeutics that may help them battle COVID-19, while building the evidence to evaluate which options are effective.”

      HHS’ Office of the Assistant Secretary for Preparedness and Response (ASPR) worked with colleagues within HHS, the companies, the Department of State, and the Department of Homeland Security to secure the donated shipments. Given the importance of understanding the efficacy of these medications for the treatment and prevention of COVID-19, federal agencies, such as the National Institutes of Health and ASPR’s Biomedical Advanced Research and Development Authority (BARDA), are working together to plan clinical trials.

      The U.S. Food and Drug Administration (FDA) issued an Emergency Use Authorization (EUA) to BARDA to allow hydroxychloroquine sulfate and chloroquine phosphate products donated to the Strategic National Stockpile (SNS) to be distributed and prescribed by doctors to hospitalized teen and adult patients with COVID-19, as appropriate, when a clinical trial is not available or feasible.

      The EUA requires that fact sheets that provide important information about using chloroquine phosphate and hydroxychloroquine sulfate in treating COVID-19 be made available to health care providers and patients, including the known risks and drug interactions.

      The SNS, managed by ASPR, will work with the Federal Emergency Management Agency (FEMA) to ship donated doses to states. The SNS does not regularly stock either drug.

      Hydroxychloroquine sulfate and chloroquine phosphate are oral prescription drugs approved to treat malaria and other diseases. Although there are no currently approved treatments for COVID-19, both drugs have shown activity in laboratory studies against coronaviruses, including SARS-CoV-2 (the virus that causes COVID-19). Anecdotal reports suggest that these drugs may offer some benefit in the treatment of hospitalized COVID-19 patients. Clinical trials are needed to provide scientific evidence that these treatments are effective.

      When the Secretary of Health and Human Services declares that issuance of an EUA is appropriate, the FDA has the regulatory emergency use authority to facilitate access to unapproved medical countermeasures or unapproved uses of approved medical countermeasures needed to prepare for and respond to chemical, biological, radiological and nuclear threats.

      An EUA may be issued if the FDA determines that, among other criteria, the known and potential benefits of the product, when used to diagnose, prevent, or treat the identified disease or condition, outweigh the known and potential risks of the product, and there are no adequate, approved, available alternatives. Emergency access to a medical product under an EUA is separate from use of a medical product under an investigational drug application.

      #Coronavirus #Covid-19 #hydroxychloroquine

    • France : 73 Bulgares venus travailler comme saisonniers ont été refoulés à #Roissy

      Bien que ressortissants de l’Union européenne, 73 Bulgares, venus travailler comme saisonniers ont été refoulés jeudi après leur arrivée à l’aéroport de Roissy. Pour les défenseurs de ces migrants, ces refoulements vont à l’encontre des #dérogations annoncées par le ministère de l’Intérieur.

      Soixante-treize Bulgares, qui avaient atterri mardi à l’#aéroport de Roissy, en banlieue parisienne, pour venir travailler comme saisonniers, ont été refoulés jeudi 7 mai du territoire français.

      Dès leur arrivée, ces ressortissants de l’Union européenne ont été placés en #zone_d'attente au sein de l’aéroport, zone où sont notamment maintenues les personnes non admises, en vue de leur renvoi en Bulgarie, a affirmé à l’AFP Laure Palun, directrice de l’Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers (Anafé).

      Ils étaient pourtant munis d’#attestations_de_travail en France, prouvant qu’ils avaient été recrutés par des entreprises pour travailler dans le #maraîchage ou le #BTP, poursuit Laure Palun, qui s’est rendue sur place.

      Interrogée par l’AFP, une source aéroportuaire a affirmé que les 73 Bulgares avaient été refoulés car leur motif d’entrée en France ne relevait pas d’un « #intérêt_économique_national », comme la production de masques.

      ’’Violation des droits fondamentaux’’

      Pour les défenseurs des migrants toutefois, ce motif va directement à l’encontre des annonces du gouvernement. Si les restrictions aux frontières de la France avec les pays de l’espace européen (Union européenne, espace Schengen, Royaume-uni) seront prolongées a minima jusqu’au 15 juin, « certaines dérogations supplémentaires seront rendues possibles », a expliqué, jeudi 7 mai, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner. Parmi les dérogations, « un #motif-économique_impérieux, en particulier les #travailleurs_saisonniers_agricoles », a énoncé ce dernier.

      https://twitter.com/anafeasso/status/1258327723908481024

      « D’après les dernières circulaires, [ces ressortissants bulgares] avaient la possibilité de se déplacer », déplore encore Laure Palun, qui affirme avoir saisi en vain le Défenseur des droits ainsi que la Contrôleure générale des lieux de privation de liberté. Ces travailleurs ont été « refoulés en violation de la #protection_de_la_santé et des #droits_fondamentaux », explique-t-elle.

      L’Observatoire de l’enfermement des étrangers (OEE) a pour sa part estimé dans un communiqué que les 73 personnes renvoyées avaient « subi les pressions non seulement du gouvernement français mais aussi des autorités bulgares qui se sont rendues en zone d’attente (mercredi) soir ».

      « Contrairement à ce qui est annoncé depuis plusieurs semaines, les frontières ne sont pas ’fermées’, les refoulements continuent et ce, au mépris des préconisations de l’OMS quant aux risques d’exportation du virus », a dénoncé l’OEE.

      https://www.infomigrants.net/fr/post/24617/france-73-bulgares-venus-travailler-comme-saisonniers-ont-ete-refoules

      #Bulgarie #migrants_bulgares #travailleurs_bulgares #refoulement #saisonniers #fermeture_des_frontières

    • 78 Européens enfermés dans la zone d’attente de Roissy en pleine épidémie du Covid-19 : L’acharnement du gouvernement doit cesser !

      Depuis le 5 mai, 73 ressortissant·es européen·nes sont maintenu·es dans la zone d’attente de l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle après s’être vu refuser l’entrée sur le territoire français. La plupart ont des contrats de travail avec des attestations de déplacements professionnels national et international. Il y a, parmi elles, une famille avec un enfant de plus de 13 ans et 6 résidents permanents en France.

      Arrivées le matin à l’aéroport, ces personnes ont été entassées toute la journée, et pour certaines une partie de la nuit, dans deux pièces sans fenêtre d’une quinzaine de mètres carrés chacune, devant les postes de police dans les aérogares A et E du terminal 2. Au cours de la soirée et durant une partie de la nuit, elles ont progressivement été transférées dans le lieu d’hébergement de la zone d’attente de Roissy, la ZAPI 3.

      Ces personnes viennent s’ajouter aux 5 ressortissants chinois maintenus en ZAPI, qui se sont vu refuser l’entrée sur le territoire lundi 4 mai. En provenance de Shanghai, ces derniers ont été refoulés depuis Mexico à Paris. La PAF (police aux frontières) veut les renvoyer vers Shanghai.

      Les gestes barrières et la distanciation sociale ne peuvent pas être respectés en ZAPI. L’étage où se trouvent les chambres, les couloirs et les sanitaires et douches n’est pas équipé en gel hydroalcoolique. Les cabines téléphoniques et lieux collectifs ne sont pas désinfectés après chaque usage. Chaque occupant·e se verrait délivrer un masque par jour, alors que les préconisations sanitaires recommandent le changement de masque toutes les 4 heures maximum.

      Cette situation met en danger à la fois les personnes maintenues et le personnel qui travaille dans la ZAPI 3, lequel ne dispose pas toujours, lui non plus, du matériel nécessaire pour se protéger.

      Depuis le début de la crise sanitaire liée au Covid-19, l’Observatoire de l’enfermement des étrangers n’a cessé d’alerter sur les risques sanitaires et les atteintes aux droits humains du fait de la privation de liberté en zone d’attente. Ses inquiétudes actuelles concernent principalement les conditions de maintien en ZAPI, notamment l’impossibilité de respecter les gestes barrières et la distanciation sociale, mais aussi la violation des droits des personnes.

      Des avocats des barreaux de Bobigny, de Paris et de Pontoise ont saisi le juge des référés du tribunal administratif de Montreuil pour qu’il mette un terme à cette situation inacceptable.

      Contrairement à ce qui est annoncé depuis plusieurs semaines, les frontières ne sont pas « fermées », les refoulements continuent et ce, au mépris des préconisations de l’OMS quant aux risques d’exportation du virus. Les 73 ressortissants bulgares qui avaient explicitement manifesté leur volonté d’entrer sur le territoire, ont subi les pressions non seulement du gouvernement français mais aussi des autorités bulgares qui se sont rendues en ZAPI hier soir. Ce matin, elles ont été réveillées vers 5h et sont en cours de tentative d’embarquement, un vol étant prévu à 10h20.

      L’OEE demande une nouvelle fois que le gouvernement en finisse avec son acharnement. Il faut fermer les zones d’attente et tous les lieux privatifs de liberté. La politique migratoire ne saurait prévaloir ni sur l’impératif de protection de la santé, quels que soient le statut et la nationalité des personnes concernées, ni sur le respect des droits fondamentaux.

      https://www.gisti.org/spip.php?article6390

    • Des réfugiés à la rescousse d’exploitants agricoles en #Aquitaine

      Dans le sud-ouest de la France, l’association bordelaise #Ovale_Citoyen a créé un pont entre des réfugiés sans activité professionnelle et des exploitants agricoles en manque de personnel à cause de la pandémie de Covid-19.

      Arshad, un Afghan de 22 ans, n’avait jamais rêvé d’être charpentier. Réfugié statutaire à Bordeaux, il a pourtant suivi une formation dans ce sens et s’est retrouvé à exercer ce métier, faute d’autre option. Mais voilà que, le confinement venu et son activité professionnelle mise à l’arrêt, une nouvelle opportunité s’est présentée à ce jeune homme : travailler dans l’agriculture.

      Grâce à l’association Ovale Citoyen, qui oeuvre en temps normal à l’intégration des migrants et personnes en situation d’exclusion via la pratique du rugby, Arshad a suivi en avril une formation de deux jours pour apprendre les rudiments de la viticulture. Depuis, il a commencé à travailler dans une exploitation. « Quand on lui parle d’agriculture, il a les yeux qui pétillent, il est hyper heureux », commente Jeff Puech, président de cette association basée en Aquitaine, dans le sud-ouest de la France.

      Arshad fait partie d’un groupe de 70 personnes qui ont pu bénéficier d’une formation professionnelle accélérée mise sur pied en pleine crise sanitaire. « Nous sommes partis d’un double constat : d’une part, tous nos réfugiés statutaires et jeunes de quartiers défavorisés vont pâtir de cette période de confinement due au Covid-19 au niveau professionnel. C’est déjà compliqué pour eux de trouver du travail, alors avec la crise économique qui s’annonce… », explique Jeff Puech. « D’autre part, le monde agricole manque de bras [en raison des fermetures de frontières qui causent une pénurie de travailleurs saisonniers, venus principalement du Maroc, de Tunisie et de Turquie, NDLR]. Or l’agriculture représente un pôle économique crucial pour la région Aquitaine. »

      L’idée a donc germé de mettre en relation ces personnes dans le besoin et ces agriculteurs en attente de main d’oeuvre. Un peu comme une « agence d’intérim » mais constituée de bénévoles, s’amuse Jeff Puech. Après avoir obtenu l’aval de la préfecture, le projet « Un drop dans les champs », inspiré du terme « drop » qui désigne un type de coup de pied au rugby, était né.

      « Beaucoup ne savaient pas ce qu’était un pied de #vigne »

      Le monde viticole a été le premier à être ciblé par l’association, qui envisage de collaborer dans un futur proche avec les exploitations de maïs et d’autres cultures maraîchères. Pour ce faire, Jeff Puech a pu compter sur l’aide de Jacky Lorenzetti, président du club de rugby Racing 92, partenaire d’Ovale Citoyen, qui possède des exploitations dans le Bordelais.


      https://twitter.com/OvaleCitoyen/status/1258073068150427661?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E12

      « Le personnel d’une de ces exploitations a été mis à disposition des apprentis », se réjouit l’organisateur. « Certains apprentis avaient déjà des connaissances en agriculture mais beaucoup ne savaient pas ce qu’était un pied de vigne. Ils ont notamment été formés à l’épamprage, une opération qui consiste à couper les branches en trop sur un pied. »

      Depuis, 38 personnes, âgées de 18 ans à 48 ans, ont déjà commencé à travailler. Parmi ce groupe, 75% sont des réfugiés statutaires, originaires majoritairement d’Afghanistan, d’Érythrée, de Somalie et d’Éthiopie, 10% sont des personnes « en très grande précarité, parfois logées dans les hébergements du 115 », et le reste vient des quartiers défavorisés de Bordeaux.

      « Une opération d’urgence qui va peut être aboutir à un projet pérenne »

      Cette mobilisation de main d’oeuvre fait écho à un appel lancé dès le mois de mars par le ministre français de l’Agriculture, lequel avait encouragé les personnes sans activité à rejoindre « la grande armée de l’agriculture française » sujette à un manque de 200 000 travailleurs saisonniers.

      L’initiative « Un drop dans les champs » est considérée comme la bienvenue par les premiers concernés. « La réaction du monde agricole a été plus que favorable, se félicite » Jeff Puech. « Cela n’arrive pratiquement pas que l’on nous dise ’Ah non, je ne veux pas de ces gens-là dans mon champs !’, au contraire, on reçoit des appels d’agriculteurs qui ont entendu parler du projet et qui sont intéressés. »

      Face à la demande, Ovale Citoyen, qui depuis la mi-mars organise des distributions de nourriture pour environ 900 personnes par semaine, compte mettre en place de nouvelles formations. L’association a déjà recensé 150 candidats et espère pouvoir faire travailler entre 200 et 220 personnes au plus fort de la saison. « Certains ont signé des CDD de six mois jusqu’à la fin des vendanges », commente Jeff Puech. « D’autres sont partis sur des contrats de deux-trois mois, comme cela se fait généralement dans ce secteur. » Plusieurs, en tout cas, se projettent plus loin.

      « Beaucoup m’ont déjà dit qu’ils avaient envie de continuer à travailler dans l’agriculture. Il y a, par exemple, un gros manque de conducteurs de tracteur, cela pourrait être un débouché… Au final, cette opération qui répondait à une urgence va peut être aboutir à un projet sur le long terme », veut croire Jeff Puech. À condition, toutefois, précise ce dernier, que des solutions soient trouvées pour la mobilité de ces salariés souvent sans permis et devant se rendre dans des zones rurales non desservies par les transports en commun. « Il faudrait un plan d’action permis de conduire pour les réfugiés. »

      En attendant, l’activité principale de l’association, le rugby, ne devrait pas reprendre de sitôt en raison de la pandémie. « Durant les matchs, on doit être au contact et on ne veut prendre aucun risque avec le coronavirus », dit encore le président de l’association. Certains réfugiés pourraient cependant avoir trouver une solution à ce problème. « On me demande de plus en plus de jouer au cricket. Mais ça, ça ne va pas être possible », rit Jeff Puech.

      https://www.infomigrants.net/fr/post/24635/des-refugies-a-la-rescousse-d-exploitants-agricoles-en-aquitaine

    • Communiqué - Collectif de Défense des travailleur-euses étranger-ères dans l’agriculture

      Créé en 2003, les objectifs du CODETRAS restent la lutte contre l’exploitation de la main-d’œuvre étrangère, contre les dénis de droits, contre les discriminations et contre toutes formes d’exploitation dans l’agriculture. Il associe en son sein des paysans, des syndicats, des associations, des militants, des chercheurs.ses, des journalistes, des avocats et juristes…

      Une main d’œuvre saisonnière aux abonnés absents et une armée de « volontaires » sur la paille pour sauver les productions agricoles, arboricoles, horticoles, assurer une distribution logistique de proximité, achalander les rayons frais des supermarchés et alimenter les populations confinées.

      « Continuez à aller faire vos courses, nous nous occupons du reste... »

      Dès le début de la pandémie, les questions liées à l’approvisionnement de l’alimentation ont pris une ampleur politique et médiatique rare. Les images de rayons de supermarchés vides ont vite laissé place aux mots d’ordre pour la reconstitution des stocks et le maintien de l’approvisionnement. La grande distribution a martelé qu’il n’y aurait pas de rupture de stock.

      Pourtant, en France comme d’autres pays, la fermeture des frontières et l’arrêt des flux migratoires a révélé la survaleur du travail des saisonnier-ères étranger-ères dans la chaîne productive du travail de la terre : de la taille aux semis, jusqu’au conditionnement et à l’expédition des récoltes. Depuis quelques semaines, le gouvernement a appelé les chômeur-euses, étudiant-es, réfugié-es et autres précaires à remplacer ces travailleur-euses saisonnier-ères immigré-es via la plateforme numérique « des bras pour ton assiette », largement relayé par la Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles (FNSEA).

      La crise sanitaire liée au Covid-19 a bien mis en difficulté le modèle « agro-industriel » qui garantit aux consommateurs d’avoir toute l’année des fruits et légumes à foison et à bas prix. Ce dernier s’appuie sur une production intensive sous serre et en plein champs, une distribution reposant sur une logique de « flux tendus » et, à la base de cette filière, sur une main-d’œuvre migrante précarisée qui pourvoit habituellement à (main)tenir l’intensité du travail et la constitution des stocks alimentaires, assurant ainsi la performance économique des filières des secteurs agricole et agro-alimentaire. La fermeture des frontières a rendu manifeste la dépendance de la société entière dans tous les États européens à ces travailleur-euses issu-es du Maroc, d’Espagne, de Pologne, de Roumanie ou encore d’Equateur.

      Le travail de cette main-d’œuvre agricole immigrée prend différentes formes : du travail non-déclaré des sans-papiers, aux contrats de l’Office national d’immigration en 1945 (Maroc, Pologne, Italie), puis aux contrats d’introduction de main-d’œuvre de l’Office des Migrations Internationales, jusqu’aux contrats de mission dans des exploitations de mise à disposition, via des agences d’intérim internationales basées en Europe (ETT).

      Censée répondre au besoin de main d’œuvre « temporaire » des exploitations agricoles françaises, la présence annuelle de ces travailleur-euses étranger-ères est en réalité une base invariable de l’agro-industrie intensive, prédatrice et exportatrice. En effet, ce statut de « travailleur saisonnier » ne décrit pas une réalité liée au cycle des saisons mais la nécessité capitaliste de réduire les coûts dans le cadre d’une production intensive sous serres et en plein champs. Cette fiction d’une temporalité saisonnière naturelle permet par contre au secteur de justifier une main-d’œuvre flexible, révocable à tout moment, moins chère et non informée de ses droits. Non-paiement des heures supplémentaires, logement indigne et harcèlement moral, physique et sexuel dans le cas des ouvrières, sont monnaie commune.

      La crise actuelle a mis en évidence l’invisibilité de ces travailleur-euses dans l’espace public et leur division dans les espaces privés des exploitations. La loi et l’imaginaire politique dominant en font une catégorie périphérique et marginalisée alors qu’ils occupent au contraire le cœur de la production et reproduction de notre société. Cette exclusion sociale est d’ailleurs redoublée par une ségrégation spatiale, puisqu’ils et elles sont souvent logé-es directement sur les exploitations ou dans des campings, loin des regards mais toujours disponibles pour l’employeur. Cela éloigne et complexifie l’organisation de réseaux de solidarité entre et avec ces travailleur-euses de l’ombre.

      Leur absence a créé un vide dans la filière logistique et agro-industrielle, conduisant dans un premier temps les employeurs agricoles et les pouvoirs publics à s’assurer de la disponibilité d’autres catégories de la population pour répondre à la demande des consommateurs et continuer à faire tourner la machine de l’agriculture intensive : ont été « volontairement » enrôlé-es les chômeur-euses, les étudiant-es, les demandeur-euses d’asile, les solidaires...

      De même, à l’heure où de nombreux pays européens mettent en place des ponts aériens pour acheminer des travailleur-euses dans les zones agricoles sous tension, la crise révèle à quel point la question sanitaire se révèle cruciale. En dépit des dangers sanitaires encourus habituellement dans le secteur (surexposition aux produits phytosanitaires, surcharge de travail, non-respect des règles de sécurité, absence de fourniture des équipements de protection), les travailleur-euses étranger-ères « temporaires » n’ont ni prévenance, ni prévoyance, ni assurance face aux risques de maladie, d’accident, de péril... dans les pays de mise à disposition. En outre, les risques de contracter le Covid-19 sont exacerbés par la promiscuité des espaces de travail et l’exiguïté des lieux résidentiels qui ne garantissent pas les distances spatiales de sécurité. L’urgence liée à la crise sanitaire et économique ne peut supplanter le respect des conditions de vie, d’accueil et de travail décent de ces travailleur-euses.

      Suivre la composition du travail agricole dans les prochains mois et ses effets au-delà de la pandémie permettra de comprendre, au croisement d’enjeux sociaux, économiques et géopolitiques, les éxigences de « libre » circulation des travailleur-euses pour assurer la « libre circulation » des marchandises dans le marché unique. Alors que la crise a mis en lumière la centralité structurelle et la performance, dans les circonstances actuelles, de ces travailleur-euses étranger-ères intra et extracommunautaires dans les agricultures européennes, comment faire pour que la parenthèse ouvre un champ de lutte réunissant premier-ères concerné-es, réseaux solidaires et acteur-rices du monde paysan ?

      #CODETRAS - Collectif de défense des travailleur-euses étranger-ères dans l’agriculture

      https://mars-infos.org/communique-collectif-de-defense-5051

  • Sans réquisition, les stocks d’anti-douleurs et de sédatifs seront épuisés en « quelques jours » dans les hôpitaux
    https://www.bastamag.net/Covid-19-penurie-medicaments-Conseil-Etat-requistions

    Plusieurs organisations, dont les collectifs Inter-Hôpitaux, Inter-Urgences et Act Up-Paris, ont déposé le 30 mars une requête au Conseil d’État pour exiger des mesures d’urgences face aux manque de masques, mais aussi de médicaments pour traiter les patients Covid-19. Les masques, les tests, les tenues de protections… partout en France, le matériel manque pour lutter contre le Covid-19. La menace d’une pénurie de certains médicaments pèse aussi, en particulier certains sédatifs et anti-douleurs (...) #Décrypter

    / Santé , #Services_publics, #Protections_sociales

    #Santé_

  • Didier Raoult, homme de réseaux et enfant terrible de la recherche - Page 1 | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/270320/didier-raoult-homme-de-reseaux-et-enfant-terrible-de-la-recherche?page_art

    Depuis plusieurs semaines, Didier Raoult est au cœur d’une polémique aux dimensions planétaires sur les meilleures stratégies pour combattre la pandémie. Loin d’être un chercheur qui fait soudain irruption sur la scène médiatique, le Marseillais a construit patiemment son ascension en jouant de ses réseaux d’amitiés et des travers de la science moderne. Une enquête de notre partenaire Marsactu.

    Allez hop, je brise le paywall pour que vous profitiez du portrait complet du personnage #raoult

    #coronavirus

    Depuis la longue file de patients qui mène à l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection, on entend de temps à autre quelques salves d’applaudissements. Les gens venus se faire dépister ont reconnu la silhouette désormais mondialement célèbre du professeur Didier Raoult. L’homme salue brièvement, ne s’arrête pas, tête baissée et mèches au vent. Il a de quoi faire avec des centaines de malades à dépister, d’autres à traiter, sans compter la controverse internationale qui met soudainement son travail au-devant de la scène et son visage à la une de tous les journaux.

    La polémique, Raoult adore. Faire trembler l’establishment. Même ses cheveux longs, sa barbe éparse et ses chemises colorées sont un pied de nez permanent aux apôtres de la norme, fussent-ils du bon goût. Son look improbable est devenu un mème sur les réseaux sociaux où tout le monde s’écharpe entre pro et anti. Lui, se place ailleurs, au-dessus forcément. « Il a un comportement de chef de meute, c’est vrai. Pour lui, la science est un sport de haut niveau. Elle ne supporte pas la médiocrité », explique un journaliste qui l’a longuement côtoyé.

    Les 144 pages de son curriculum vitae parlent pour lui. Didier Raoult est un géant de la recherche en infectiologie. Lui et ses équipes cumulent les records du monde. Forcément, le colosse fait de l’ombre. Il charrie une cohorte de polémiques et n’en a cure. Sabre au clair, il fait de la science comme Louis Pasteur ou Marie Curie en leur temps. Dépasser Darwin ne lui fait pas peur, assure-t-il. Il est le mâle alpha qui mène sa troupe de médecins. Il en fait même son dogme pour dynamiser la recherche en France.

    En revanche, il n’est pas ce savant, génial ou fou, qui fait irruption sur la scène politique et médiatique à l’occasion d’une crise majeure. Chroniqueur au Point, adepte des vidéos d’auto-promo, il cultive depuis longtemps les réseaux politiques et sait jouer à plein des travers de la science pour tenir la ligne qu’il pense juste.

    L’équipe qu’il a constituée autour de lui est d’une fidélité sans faille, parfois depuis des décennies. Ce sont eux ces professeurs, médecins, chercheurs qui signaient ce dimanche un communiqué défiant les préconisations du ministère de la santé en précisant qu’il n’était pour eux « pas moral que cette association [de molécules, utilisée par l’IHU – ndlr] ne soit pas incluse systématiquement dans les essais thérapeutiques concernant le traitement de l’infection par le Covid-19 ».
    Bras de fer au ministère

    Le ministre de la santé prend un arrêté pour limiter la prescription de l’hydroxychloroquine ? Qu’importe, il claque la porte du comité scientifique qui conseille le gouvernement depuis le début de l’épidémie et poursuit ses prescriptions. Au point d’obtenir du ministre qu’il maintienne celle-ci pour les médecins en première ligne face à l’épidémie.

    Une position qui lui revient forcément, et confortée par la vue des centaines de personnes qui, malades, inquiètes ou simplement fébriles, patientent à la porte de son institut. Elles espèrent savoir si elles sont atteintes et peuvent avoir accès au traitement censé faire chuter la charge virale, sans preuve scientifique de cette efficience (lire l’article à ce sujet).
    L’ami des politiques

    Parmi les thuriféraires parfois béats, il y a aussi les élus majoritairement LR qui sont venus se faire dépister et soigner par les équipes du professeur Raoult avant et surtout après le premier tour des municipales. La députée LR Valérie Boyer multiplie les plateaux TV pour soutenir la thèse du professeur Raoult, faisant fi des méthodes scientifiques et de la rigueur nécessaire à la mise en œuvre d’un traitement médicamenteux, non sans effets secondaires.

    Ces élus, Didier Raoult les connaît bien. Il les fréquente depuis de longues années. Médecin, ancien ministre et président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Renaud Muselier fait partie du conseil d’administration de l’institut hospitalo-universitaire que Didier Raoult porte à bout de bras depuis plusieurs dizaines d’années. L’homme politique ne tarit pas d’éloges pour « son ami » et a marqué son soutien dès le début de l’épidémie. Le maire de Nice, Christian Estrosi, monte lui aussi au créneau sur les réseaux sociaux. Lui est un intime du professeur depuis leurs années communes au lycée à Nice.

    L’ancien journaliste de La Provence Hervé Vaudoit décrit ce réseau de relations dans l’ouvrage qu’il a consacré à l’homme et son institut, L’IHU Méditerranée Infection - Le défi de la recherche et de la médecine intégrées (Robert Lafon). Outre son indéniable talent, Didier Raoult doit son ascension éclair au sein de la faculté de médecine à un baron du gaullisme local, Maurice Toga, que Renaud Muselier considère comme son « père politique », raconte dans son bouquin le journaliste.

    Ce député (1986-1988) lui met le premier le pied à l’étrier et lui permet de devenir professeur de médecine puis chef de service dès 1988. Mais l’idée de l’IHU naît vraiment avec la peur du bio-terrorisme et les attentats à l’anthrax qui ont effrayé le monde après ceux du 11-Septembre. « Les politiques avaient une trouille bleue, se souvient Didier Raoult dans l’ouvrage d’Hervé Vaudoit. Pour leur faire péter les plombs, il suffisait de prononcer un mot : bioterrorisme. »
    Plus de 100 millions pour bâtir l’IHU

    Il profite de l’arrivée au gouvernement Chirac du Marseillais Jean-François Mattéi pour pousser le pion d’un infectiopôle destiné à lutter contre ce risque médical et militaire. En 2003, il écrit un rapport sur ce thème qui finit par convaincre les hauts fonctionnaires et les politiques de la nécessité d’un soutien à ses recherches. Car loin de l’image véhiculée du Marseillais mal-aimé contre le reste du monde, Didier Raoult a des réseaux bien implantés.

    À l’orée des années 2010, son projet de pôle d’infectiologie rencontre les programmes d’investissement d’avenir portés par le président Sarkozy. Son entregent lui permet d’obtenir des soutiens dans les ministères. Pour défendre son IHU devant le jury chargé de faire le tri parmi les projets présentés, Didier Raoult est accompagné par Yvon Berland, qui deviendra quelques années plus tard président de l’université unique, et Jean-Paul Segade, le directeur général de l’AP-HM d’alors. L’infectiopôle du professeur Raoult emporte la mise et le précieux financement d’État.

    Son IHU est le plus gros investissement public dans la recherche des vingt dernières années avec plus de 48 millions de l’Agence nationale de la recherche uniquement pour le bâtiment high tech qui borde le Jarret. Il a aussi pris soin de réunir autour de table la plupart des collectivités locales pour un investissement colossal. Dans la mise de départ, 1,5 million pour la Région, quatre pour le département, un million de la Ville de Marseille et autant de la communauté urbaine d’alors.

    Même chose pour les équipements où les collectivités remettent gentiment au pot au nom du rayonnement international de ce chercheur et de ses équipes. Récemment, Renaud Muselier a annoncé que la participation de la Région était de 16 millions alors qu’elle était de 11 millions en 2018.
    Changement de gouvernance

    Avec le débarquement de Jean-Paul Segade, en 2012, étrillé par un rapport de la Chambre régionale des comptes, Raoult perd un soutien. Cela correspond aussi au changement politique à la tête de l’État où Didier Raoult doit refaire ses contacts.

    En 2014, avec le changement de gouvernance à l’AP-HM, l’enthousiasme connaît des hauts et des bas. Le successeur de Segade à la tête de l’AP-HM, Jean-Jacques Romatet, est beaucoup moins partant. Il voit dans ce projet un formidable outil qui s’installe au sein de l’assistance publique comme un virus qui prospère à son détriment. Les deux hommes ne s’entendent pas, s’accrochent dur tant sur la question du loyer que l’AP-HM devra payer à l’IHU en fonction des lits d’hospitalisation qu’il abrite, mais aussi sur celui de l’autorisation d’occupation temporaire qui lie la fondation de droit privé qui pilote l’IHU au propriétaire du terrain.

    Même chose pour le permis de construire, délivré sans aucun aller et retour avec le service d’urbanisme. L’élue chargée de l’urbanisme, Danielle Servant, découvre un projet juché sur un haut escalier, au lieu d’être de plain-pied. Maître d’ouvrage du chantier, Raoult n’est pas ouvert à la discussion. Il appelle directement le maire qui somme son élue de donner un avis positif au permis.
    Défections

    Aujourd’hui, Jean-Jacques Romatet refuse de s’exprimer publiquement sur ces années de tension autour du projet d’IHU. Mais, à certains, il confie volontiers que son départ anticipé de la direction de l’AP-HM en 2015 est aussi dû aux capacités de nuisance et à l’entregent politique de Didier Raoult. Lequel ne le nie pas. Lorsque les négociations piétinent avec l’AP-HM, c’est la ministre socialiste de la recherche Geneviève Fioraso qui vole à son secours. Comme son prédécesseur Philippe Douste-Blazy avant elle, elle en est remerciée en siégeant au conseil d’administration de l’IHU.

    Ce que regrette Romatet, c’est la violence dont Didier Raoult fait preuve dans sa volonté de voir aboutir son projet. Car, en cumulant la recherche et les soins en infectiologie, l’IHU aspire les services qui, éparpillés dans les différents sites de l’AP-HM, traitent de bactériologie, de virologie ou de parasitologie. Ainsi les médecins qui, depuis des décennies, travaillent auprès des malades du sida à l’hôpital Nord sont contraints de rejoindre le bâtiment de la Timone. Avec le risque de perdre le lien avec des patients des quartiers Nord. Il faudra qu’ils bataillent en interne pour conserver une consultation à l’hôpital Nord.

    D’autres ne se sont pas contentés de faire le dos rond. Chef du service parasitologie à la Timone, le spécialiste du choléra Renaud Piarroux a fini par claquer la porte des hôpitaux marseillais pour rejoindre la Pitié-Salpêtrière, à Paris. « J’ai du mal à obéir lorsque je ne suis pas d’accord avec la façon dont les choses sont gérées », dit-il au Monde en 2016. Son service en pointe sur les questions de parasitologie et mycologie a tout simplement été aspiré par l’IHU, quittant ainsi le seul giron de l’AP-HM pour se retrouver sous la tutelle de Didier Raoult et de ses équipes. Effrayés par la réputation du bonhomme, la moitié des techniciens de laboratoire n’ont pas rejoint l’IHU, préférant parfois quitter le CHU.
    « De la science comme on mène une bataille »

    « Didier Raoult est un guerrier, explique ainsi un de ses adversaires à l’AP-HM. Il fait de la science comme on mène une bataille. Ceux qui ne sont pas avec lui sont contre lui. Il fout une trouille terrible parce qu’il peut vous détruire professionnellement. » Nombreux sont ceux qui contestent ces méthodes, toujours à mots couverts. Co-découvreurs des virus géants en 2003 avec Didier Raoult, Jean-Michel Claverie et sa femme, Chantal Abergel, ont construit une association scientifique fructueuse avant de rompre brutalement. Contacté par Marsactu en 2018, il refusait de commenter les causes de cette rupture. « On a travaillé ensemble, on a fait de belles publications ensemble et puis on s’est engueulés très fort », confie-t-il au Monde le 25 mars tout en saluant le brio scientifique du professeur Raoult.

    Comme Hervé Vaudoit le décrit dans son ouvrage, Didier Raoult est un des premiers à Marseille à comprendre comment l’indexation scientifique des publications permet de rationaliser la compétition entre les savants. Soudain la réputation ne relève plus de la subjectivité mais de données statistiques, objectives. Le mandarinat vole en éclats, remplacé par des algorithmes qui évaluent les chercheurs en fonction du nombre de publications, de leur impact scientifique mais aussi du nombre de fois où le chercheur est cité par d’autres.
    3 000 articles scientifiques en huit ans

    Depuis le début des années 1990, Didier Raoult a fait du séquençage génomique l’une des bases de ses recherches pour dénombrer et identifier de nouvelles bactéries parmi la multitude qu’abrite le corps humain. Ouvert sur le monde, ses unités de recherche comme son institut accueillent de nombreux doctorants venus d’Afrique ou d’Asie qui sont les petites mains de son système.

    Même s’il publie dans des revues prestigieuses, parmi les plus reconnues au monde, la grande partie des milliers de publications qu’il co-signe ont un « faible impact scientifique ». Une recherche récente sur le portail PubMed qui dépend de la Bibliothèque nationale de médecine américaine évalue à plus de 3 000 les articles scientifiques signés par lui. Le double de la même recherche effectuée en 2012 par une journaliste de la revue Science dans un article critique sur Didier Raoult.

    « Son fonctionnement est très simple, explique un de ses adversaires. Un chercheur apparaît comme auteur d’un article à partir du moment où il y a contribué. Dans un cycle normal de travail, on peut cosigner 10 à 20 articles par an de 3 500 mots chacun. Lui, il génère de la matière première en faisant travailler ses doctorants notamment sur du séquençage de gènes de bactéries et il co-signe tout. Il arrive ainsi à un nombre de publications annuel absolument dément. Il est impossible qu’il puisse toutes les vérifier. »
    « Je rapporte 11 millions par an »

    Or, ce nombre de publications pléthoriques compte aussi financièrement. Ainsi la dotation annuelle attribuée à chaque CHU repose-t-elle sur les publications de ses chercheurs et praticiens, les fameux Sigaps, pour Système d’interrogation de gestion, d’analyse des publications scientifiques. Mis en place par le CHU de Lille, il a été étendu à l’ensemble des centres hospitaliers en 2006. Or, Didier Raoult et ses équipes pèsent lourd. « Je rapporte au moins onze millions d’euros par an à l’AP-HM », lançait-il à Marsactu en 2018, lors de l’inauguration de son IHU. La même année, Hervé Vaudoit évalue ce poids relatif à 25 % des crédits de recherche attribués à l’AP-HM.

    « Je pense que sans Raoult et ses équipes, Aix-Marseille Université serait placée moins haut dans le classement de Shanghai », affirme le journaliste. Pour le coup, Didier Raoult étend son influence sur l’AP-HM et l’université, l’une des tutelles de l’IHU dont les personnels et étudiants dépendent.

    Compagnon de route scientifique, professeur d’université, médecin et président d’université comme lui, Yvon Berland a suivi de très près l’ascension de son collègue. Quand les histoires de mal-être au travail et de harcèlement finissent par éclabousser l’université, il n’hésite pas à appeler Didier Raoult en déplacement à Dakar pour que ce dernier réponde aux journalistes qui souhaitent recueillir son point de vue.
    Retrait de labels

    Si Didier Raoult a mal vécu cet épisode que Marsactu a longuement détaillé en son temps (lire notre article sur la visite des comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail des quatre tutelles), c’est qu’il venait éclairer son navire amiral au moment où son unité de recherche historique, l’Urmite, devait se transformer en deux unités sœurs.

    Or, après des avis négatifs des conseils scientifiques de l’Inserm et du CNRS, les deux principales institutions de la recherche française dans le champ bio-médical ont retiré leur label à Vitrome et Mephi, les deux unités « filles » de l’Urmite. Les personnels CNRS ont été maintenus dans une structure provisoire, FRE, avant d’acter la séparation. « C’est embêtant. Je ne peux pas bien l’accueillir », reconnaissait Yvon Berland, président d’Aix-Marseille Université en 2018. Les deux unités continueront d’avoir le label AMU, et donc le personnel et les financements universitaires.

    L’affaire des risques psychosociaux et le contrôle des CHSCT ne sont qu’un élément périphérique dans les décisions des conseils scientifiques de l’Inserm et du CNRS. Dans celle du CNRS que nous avons pu consulter, l’accent est mis sur les aspects scientifiques qui ne convainquent pas suffisamment les pairs réunis à titre consultatif. « Je crois savoir qu’ils reprochent une approche de la recherche, pas assez fondamentale », commente encore Yvon Berland.
    Conflits d’intérêts à la tête

    Pour Didier Raoult qui s’en explique longuement dans l’ouvrage d’Hervé Vaudoit, cette crise est un règlement de comptes venu de tout en haut : le PDG de l’Inserm, par ailleurs époux de l’ancienne ministre de la santé, Agnès Buzyn, ne croit pas au modèle des IHU et aurait tout fait pour qu’une nouvelle génération d’instituts ne voie pas le jour. « Nous allons perdre 400 000 euros de dotations que nous versaient l’Inserm et le CNRS, précise-t-il à Hervé Vaudoit en 2018. C’est un mauvais coup mais nous ne sommes pas inquiets : des solutions de financement existent ailleurs. Et, à la fin, ce seront peut-être eux les grands perdants de l’histoire. »

    Pour assurer sa survie, Didier Raoult croit en son modèle. Il s’appuie aussi sur des amitiés indéfectibles comme celle de l’ancien président de l’IRD Jean-Paul Moatti. Époux de la présidente de la fondation de l’IHU, Yolande Obadia, il a renouvelé son soutien financier à l’IHU en dépit du conflit d’intérêts patent de signer une convention financière avec sa propre épouse (lire notre article sur ce conflit d’intérêts).

    Selon nos informations, cette question figurait dans la liste des sujets soumis à l’inspection des magistrats de l’agence française anticorruption lors de son contrôle de l’IRD en 2018. Ce rapport n’a pas vocation à être rendu public. Tout comme celui de l’inspection générale de l’éducation nationale et de la recherche sur les cas de harcèlement moral et sexuel au sein des unités de recherche abritées par l’IHU. En 2018, Didier Raoult balayait tout ça d’un « ça se dégonfle ». Depuis, le Covid-19 achève de gonfler sa renommée.

    • Coup sur coup, trois détracteurs publics de Raoult sur les plateaux télé
      – Karine Lacombe
      – Xavier Lescure
      – Gilbert Deray
      --TOUS LES TROIS en lien d’intérêt patent avec Gilead science, le labo qui vendait son médicament contre l’Hépatite C à 40 000 $ le traitement.

      Un premier article donc :
      https://www.liberation.fr/checknews/2020/03/26/cette-professeur-critique-des-methodes-de-didier-raoult-est-elle-en-confl

      Et bien sûr Gilbert Deray, comme l’a dit un twittos « c’est un panneau publicitaire en blouse blanche »

      Enfin vous vous demandez pourquoi BFMTV tabasse Raoult matin et soir ? Peut-être est-ce en partie parce qu’Altice (BFM) et Gilead, le labo qui a tout à perdre si le protocole Raoult est efficace, ont une grande part d’actionnaires en commun...

      https://twitter.com/idrissaberkane/status/1243839715054362625

    • Le monde d’hier s’accroche à ses royalties. GILEAD sur les starting block pour vous soigner (ou pas) et faire un gros paquet de pognon à l’occasion.
      https://theintercept.com/2020/03/25/gilead-sciences-coronavirus-drug

      In 2017, a group of academics at Yale Law School made the case for the government’s use of Section 1498 to procure a lifesaving treatment for hepatitis C called Sofosbuvir, also manufactured by Gilead, which is too expensive for many people who need it. Sofosbuvir costs $48,000 for a 24-week course, or about $1,000 a pill. Because of the exorbitant price, insurers have refused to cover it for all of the roughly 5 million people infected with hepatitis C, instead making the drug available to only the sickest patients.

      Gilead, which is valued at more than $100 billion, has repeatedly come under fire for its pricing. Although its preventative HIV drug Truvada costs only $6 to manufacture, it costs almost $2,000 a month in the U.S — out of reach for many people who could use it to avoid infection.

      “Gilead is notorious for price gouging,” said Rizvi. “Gilead holds the key to bringing down and ending both HIV and hep C epidemics, and in both cases, prices have played a real factor in our inability to stop both epidemics. And that’s terrifying.”

      Joseph Grogan, who has led the Trump administration’s efforts on drug pricing in addition to serving on the White House coronavirus task force, served as head of federal affairs for Gilead from 2011 to 2017, while it was setting prices for both drugs.

      When asked about price gouging, Gilead provided The Intercept with the following statement :

      Gilead is acutely aware of the urgent medical needs of people and communities around the world in the face of the Covid-19 pandemic. We are working around the clock to study the safety and efficacy of remdesivir as a potential Covid-19 treatment and to responsibly provide emergency access to remdesivir while these studies are ongoing, to respond to this public health crisis. If remdesivir is proven to be safe and effective to treat Covid-19, we are committed to making remdesivir both accessible and affordable to governments and patients around the world.

      The penchant for putting profits over public health and individuals’ lives is particularly terrifying as Covid-19 infections soar. When private companies have exclusive rights to these drugs, they not only have complete discretion over the price, but they also have a monopoly over supply.

      “It makes no sense for one company to have the power to dictate who gets what, when, where,” said Rizvi. “There’s going to be unprecedented global demand if it proves to be effective.”

    • Entretien | La recherche se focalise sur les traitements et les vaccins, analyse le professeur Didier Sicard, mais elle néglige l’origine animale de l’épidémie. Spécialiste des maladies infectieuses, il affirme qu’il faut retourner sur le terrain, étudier de plus près la chaîne de transmission des coronavirus.

      https://www.franceculture.fr/amp/sciences/didier-sicard-il-est-urgent-denqueter-sur-lorigine-animale-de-lepidemi

    • « Bien la transparence de ce conseil scientifique. La page wikipedia de Karine Lacombe a été supprimée hier. »

      C’était vraiment un très bon choix de prendre cette médecin militante pleine de conflits d’intérêts pour se livrer à un « exercice de vérité » et rassurer les Français !
      On vous croit...

      Pr Karine Lacombe, infectiologue sur les masques :

      Il n’y a pas de problèmes d’accès aux masques pour les soignants en hôpitaux

      #Covid_19 #ilyaeuduretard #IlsSavaient #KarineLacombe

      https://twitter.com/AiphanMarcel/status/1244376369137618945

    • « Pendant que les chiens de garde cacochymes et vulgaires comme Cohn Bendit s’acharnent sur Raoult, l’Italie utilise maintenant massivement la chloroquine en phase 1 » :

      Dépassée par l’ampleur de l’épidémie, l’Italie compte sur la chloroquine... Le point de vue du Pr Christian Perronne, chef du service d’infectiologie à l’hôpital universitaire de Garches

      En Italie, qui nous précède de seulement huit jours et ou la situation devient presque incontrôlable, une course de vitesse contre le Covid-19, vient d’être enclenchée avec pour arme clé l’hydroxychloroquine (Plaquenil®, forme la mieux tolérée de la chloroquine). Tout particulièrement dans le Lazio, région très touchée, où elle est désormais largement prescrite aux patients ayant des signes débutants, avec d’ores et déjà des résultats très encourageants en termes de protection des sujets traités. Dans le journal « Corriere della Sera » le Dr Pierluigi Bartoletti, vice président de la Fédération Italienne des médecins généralistes, explique que toute personne isolée, Covid-19 positive avec des signes débutants (toux, fièvre par exemple), est aujourd’hui traitée par l’antipaludique. Le produit est remboursé par l’assurance maladie italienne. Il peut être obtenu facilement sur prescription d’un médecin (généraliste notamment), dans les pharmacies hospitalières, qui transmettent toutes les données relatives au patient à l’Agence italienne du médicament (AIFA).

      "Nous venons de comprendre, ajoute le Dr Bartoletti, que le virus a une évolution en deux phases et que c’est au cours de la seconde, après quelques jours (une semaine environ), que la situation peut brutalement, en 24 ou 48h, s’aggraver et conduire à une insuffisance respiratoire réclamant des soins intensifs. Les résultats que nous commençons à accumuler suggèrent que l’hydroxychloroquine administrée tôt, donne la possibilité d’éviter cette évolution à une majorité de patients et de désencombrer les salles de réanimation"

      Le point de vue du Pr Christian Perronne, chef du service d’infectiologie à l’hôpital universitaire de Garches, interrogé par le Dr Philippe Gorny :

      Participez-vous à l’Etude Européenne Discovery qui évalue des traitements antiviraux ?
      Pr Christian Perronne. J’ai refusé d’y participer car cette étude prévoit un groupe de patients sévèrement atteints qui ne seront traités que symptomatiquement et serviront de témoins-contrôles face à quatre autres groupes qui recevront des antiviraux. Ce n’est pas éthiquement acceptable à mes yeux. On pouvait parfaitement, dans la situation où nous sommes, évaluer ces traitements en appliquant un protocole différent. De surcroît, le groupe hydroxychloroquine (qui a été ajouté à cette étude à la dernière minute), devrait être remplacé par un groupe hydroxychloroquine plus azithromycine, traitement de référence actuel selon les données les plus récentes. Enfin, le modèle de protocole choisi ne fournira pas de résultats avant plusieurs semaines. Pendant ce temps là, l’épidémie galope. Nous sommes pressés, nous sommes en guerre, il faut des évaluations rapides.

      Etes-vous pour où contre une prescription plus large de l’hydroxychloroquine que celle actuellement autorisée en France ?
      Même si les preuves irréfutables que donnent les études randomisées à grande échelle manquent encore, je suis en faveur d’une prescription large pour les raisons suivantes :
      1. Nous disposons d’un nombre important de preuves montrant qu’in vitro l’hydroxychloroquine bloque le virus. Nous disposons également de plusieurs résultats cliniques indiquant que ce produit est bénéfique s’il est administré précocement et nous n’avons aucune mention qu’il nuit ou est dangereux dans cette infection (une seule étude, mal détaillée, chinoise, sur 30 patients avec groupe contrôle, n’a pas observé de bénéfices mais pas non plus d’effets délétères). Que risque-t-on en administrant la chloroquine d’emblée : rien !
      2. Ce médicament est très peu coûteux
      3. Il est bien toléré en traitement longue durée (recul de plusieurs décennies sur des milliards de sujets). Personnellement, je l’utilise en clinique dans la forme chronique de la maladie de Lyme, avec succès depuis 30 ans à la dose de 200 mg voire 400 mg/jour. J’ai pu juger et des centaines d’autres médecins avec moi, de son excellente tolérance chez l’homme. Les principales contre-indications sont les maladies sévères de la rétine et cardiaques non équilibrées. Les évènements cardiovasculaires restent exceptionnels si on prend soin : de proscrire l’automédication - de vérifier chez les personnes âgées prenant beaucoup de médicaments qu’il n’existe pas d’interactions médicamenteuses (avec des diurétiques au long cours notamment) et que le taux de potassium sanguin est dans les normes. Hors ces précautions, les effets indésirables sont mineurs. Ils le sont d’autant plus que le traitement est court, ce qui est le cas contre Covid-19. Il serait donc sage de produire sans plus tarder de l’hydroxychloroquine en très grande quantité, pour la rendre facilement accessible aux personnes infectées, dès lors que son efficacité sera définitivement prouvée. A défaut il suffira d’arrêter la production. Je signale que l’Italie vient d’autoriser la large diffusion de l’hydroxychloroquine sur prescription médicale dès le début de l’infection et que d’autres pays s’apprêtent à faire de même. Qu’attendons-nous ? D’avoir davantage de morts ?

      Etes-vous au courant d’études en cours, avec ce produit en France ou ailleurs ?
      Les résultats d’une 2e étude ouverte du Pr Didier Raoult, chez 80 patients Covid-positifs en PCR, ayant des signes pulmonaires cliniques et radiologiques, viennent de paraître. Ils confirment les effets spectaculaires de sa première étude (avec le traitement combinant l’hydroxychloroquine et l’azithromycine), ainsi que ceux de la première étude chinoise sur 100 patients. Son équipe a constaté qu’au 5e jour, 97.5 % des patients ne sont plus porteurs du virus ! Un seul décès concernant un patient âgé de 86 ans est survenu ; un autre sujet âgé de 74 ans est en soins intensifs.

      Aux USA le Dr Zev Zelenko qui travaille dans deux centres hospitaliers des communautés juives orthodoxes de la région de New-York (au sein desquelles le taux d’infection est élevé), a administré depuis le 19 mars, à 500 personnes, sans test PCR préalable (pour ne pas perdre de temps), la combinaison du Pr Raoult à laquelle il a ajouté du zinc qui freine la réplication virale. Les patients traités furent : les adultes de tous âges ayant des signes débutants (toux, fièvre, courbatures..) avec une comorbidité associée (diabète, obésité, maladie pulmonaire, cardiovasculaire, cancer, immunodépression) - les adultes de tous âges ayant des signes débutants, sans comorbidité - tous ceux, quelque soit l’âge, ayant des signes pulmonaires (essoufflement ou davantage). Seuls les sujets jeunes avec signes débutants mais aucune comorbidité, ne furent pas traités. Au 26 mars aucune des personnes ayant reçu cette thérapie n’a été hospitalisée, aucune n’a évoluée vers une forme grave nécessitant une réanimation, aucune n’est décédée. Ce n’est pas une étude certes, mais ces résultats ont une valeur indicative notable. En marge de cette initiative communautaire, des essais institutionnels préventifs (protection des gens exposés avant même l’apparition de signes débutants) avec l’hydroxychloroquine, vont débuter aux USA !

      Dans quels délais pouvons-nous espérer avoir les premiers résultats de l’étude Discovery ?
      Dans plusieurs semaines selon moi. Mais il n’y aura rien à espérer de cette étude concernant l’hydroxychloroquine qui est administrée trop tard. Le protocole indique que le produit peut être donné seulement si la saturation en oxygène des patients est inférieure à 95% , c’est à dire à des malades justiciables d’un apport massif en oxygène ou qui doivent être mis sous ventilation artificielle. Ce n’est pas la bonne indication.

      Quel est votre avis sur les traitements qui pourraient s’avérer les plus efficaces dans les formes sévères et graves ?
      Des médicaments autres que les antiviraux et que l’hydroxychloroquine et qui peuvent lutter contre l’inflammation broncho-pulmonaire , c’est à dire des anti-inflammatoires (non stéroïdiens exclus car délétères) tels que : des anticorps monoclonaux contre les interleukines (IL6, IL1) substances qui stimulent l’inflammation, ou contre des facteurs de croissance vasculaire (VGEF) – peut-être aussi des corticoïdes comme par exemple la methylprednisolone ( nette réduction de la mortalité pour les formes très graves dans une étude chinoise). Toutes ces options sont en cours d’évaluation. Ce qu’il faut éviter, c’est d’arriver à ce stade !

      Que pensez-vous de la pénurie des masques en France… et de son inimaginable persistance ?
      J’ai présidé pendant 15 ans la Commission des maladies transmissibles des instances officielles de conseil, dont le Haut Conseil de la Santé Publique. Nos groupes de travail ont recommandé des mesures concernant la production de masques notamment lors des épidémies dues au SARS. Cette pénurie est absolument navrante et incompréhensible. A Hong-Kong, une des villes les plus denses du monde, où le port des masques en épidémie est traditionnel pour ne pas dire culturel, on a compté, à la date du 17 mars, au total que quatre décès dus à Covid-19 ! Là-bas, contrairement à la France où la pénurie a contraint le Ministère de la Santé précédent à ne le recommander que pour les sujets malades, le port des masques concerne aussi les gens sains ! On mesure là toute l’importance de cette protection et l’impréparation choquante des autorités françaises en ce domaine…

      https://twitter.com/Poulin2012/status/1244524900599070722

    • @marielle Le fait que l’Italie essaye ce produit ne prouve pas que ca soit une bonne idée ni que ca soit plus ou moins efficace qu’un placébo. Le fait que Cohn Bendit soit pour ou contre ne prouve rien non plus. Il y a des cacochymes dans les deux camps. Cette seconde étude ne sert toujours à rien à part qu’elle a permis de probables contaminations au pied des locaux de Raoult et qu’elle fait perdre de l’énergie et du temps pour des guerres d’égo cacochymes. Pendant qu’on s’écharpe sur ce vieux politicien en blouse blanche on ne s’occupe pas de ce que fait ce gouvernement.

      Je comprend que l’Italie se raccroche à des solutions désespérés. J’espère en tout cas que ça ne sera pas un nocébo.

  • Chez moi hors de moi
    Lor Zevan (statut FB, 28 mars 2020)

    J’attends de la revoir. Je n’applaudis pas les soignants tous les soirs à 20h. Le spectacle de l’hôpital en ce moment me donne envie de hurler, pas d’applaudir. Je suis subjective, là ? Je serai objective quand je serai un objet. Pour le moment je suis sujette à la peur et à la colère. Ma fille est parmi les soignants dans un hôpital public qui naufrage « grâce » à nos bons maîtres. Je n’ai pas envie d’applaudir. Les soignants ne sont pas des héros. Ils travaillent. Dans l’enfer où on les a mis, ils font leur travail. Ils ne veulent ni mourir ni laisser mourir. Depuis deux ans, ils sont dans la rue pour dire la détresse et le danger de l’hôpital « managé », l’hôpital à conférences budgétaires, l’hôpital amputé de lits, de matériel, de personnel pour accueillir et soigner tout le monde, l’hôpital à faire fric mais à salaires minables, l’hôpital amputé de sa vocation à soigner et faire vivre.

    Chez moi hors de moi. Si je branlais des hashtags je dirais ça. Chez moi hors de moi. Deux êtres que je chéris sont parmi les soignants : un médecin et une infirmière. L’ infirmière, c’est ma fille. Je n’applaudis pas les soignants tous les soirs à vingt heures à ma fenêtre. J’ai envie de hurler pas d’applaudir. Je ne dors pas et, dans la nuit, j’ai peur et je veux parler d’elle, un peu. Ma fille, voyez vous, est une jeune-femme remarquable. Elle est née artiste et, dès l’enfance, elle nous a cloué le bec en dessinant le monde d’un trait. Attentive et attentionnée. Rien, du vivant, ne lui échappe. Elle est comme ça. Magique. Attentive et attentionnée. Elle aime la vie, elle aime la protéger, l’embellir, la préserver, la soigner. Elle est diplômée en arts appliqués, bien, mais avec ou sans diplômes, elle est artiste et, en plus, elle est devenue une adulte d’une rare gentillesse. La vraie gentillesse, celle qui est une force. Rare. Un jour, elle a changé de cap. Pas facile. Elle l’a fait. Ma fille, aujourd hui, depuis un an, est infirmière en chirurgie. Ma fille est infirmière et j’ai peur. J’ai peur.
    J’attends de la revoir. Je n’applaudis pas les soignants tous les soirs à 20h. Le spectacle de l’hôpital en ce moment me donne envie de hurler, pas d’applaudir. Je suis subjective, là ? Je serai objective quand je serai un objet. Pour le moment je suis sujette à la peur et à la colère. Ma fille est parmi les soignants dans un hôpital public qui naufrage « grâce » à nos bons maîtres. Je n’ai pas envie d’applaudir. Les soignants ne sont pas des héros. Ils travaillent. Dans l’enfer où on les a mis, ils font leur travail. Ils ne veulent ni mourir ni laisser mourir. Depuis deux ans, ils sont dans la rue pour dire la détresse et le danger de l’hôpital « managé », l’hôpital à conférences budgétaires, l’hôpital amputé de lits, de matériel, de personnel pour accueillir et soigner tout le monde, l’hôpital à faire fric mais à salaires minables, l’hopital amputé de sa vocation à soigner et faire vivre. Les soignants crient depuis des mois : « Nous devons retrouver un hôpital humain. » Personne ne les a écoutés. Dans l’hôpital délabré, ils étaient là. Ils ont dit. Personne n’a applaudi, ni compris, ni agi. Aujourd’hui, en plein fléau, dans l’hôpital carrément naufragé, ils sont toujours là. Comme avant. Quand ça allait très mal mais pas pour tout le monde, on n’écoutait pas. Quand ça va très mal mais pour tout le monde, là on applaudit. Qu ’est-ce qui fait applaudir aujourd’hui ? La prise de conscience d’un danger dont on se croyait préservé mais qui déborde ? La peur d’être touché aussi ? C’est le nombril de quelle angoisse personnelle qui applaudit tous les soirs à 20 heures ? L’hopital débordé, ça fait des mois que les soignants le crient partout où ils peuvent. Les soignants ne sont pas des héros. Le héros étouffe l’ humain. Le héros, on l’applaudit et on l’oublie. Le héros est éjecté de l’humain. Je n’ai pas mis au monde une héroïne. Je n’ai pas mis au monde un sacrifice sur pattes. Ma fille est infirmière. Elle travaille à l’hôpital public. Elle a choisi l’hôpital public. Elle travaille. Elle ne se sacrifie pas. Elle travaille. Elle fait très bien son métier et, comme tous les soignants, et tous les malades, elle est mise en danger par le contexte de ce travail, hôpital délabré par des choix politiques délibérés, dans l’indifférence générale jusqu’à présent.
    Ce métier, elle l’a choisi pour sa dimension humaine. Elle est comme ça. Je n’applaudis pas, je l’aime infiniment. D’être si vraie, si vivante. Ça fait grandir encore. Ma fille me fait grandir encore. Je n’applaudis pas. Seul, le silence peut.
    Quand mes enfants étaient petits, souvent me revenait une phrase entendue dans un film de Théo Angelopoulos, « l’Apiculteur ». Une scène dans laquelle, autour d’un nouveau-né, chacun y va de sa prophétie « Il sera roi, il sera acteur, il sera un génie, un héros ! » et l’apiculteur les arrête d’une voix douce : « S’il vous plait, si vous devez lui apprendre une seule chose, apprenez-lui à être comme tout le monde. » J’ai essayé d’ apprendre, ça, à mes enfants, être comme tout le monde. Ça ne veut pas dire faire ou avoir les mêmes choses. Ça veut dire être. Comme tout le monde. C’est-à-dire essayer de retrouver encore et toujours, n’importe quand, n’ importe où, en n’importe qui, le chemin de l’humain en soi-même et dans les autres. Ne pas perdre le code du vivant. Ce n’ est pas si facile. Surtout dans un monde où certains expliquent à d’autres qu’il y a des gens qui réussissent et des gens qui ne sont rien. Et qui reviennent, un jour de grand désastre, dire « Je compte sur vous. » Y compris sur ceux-là qui « ne sont rien » ? Oui. Simplement parce qu’il n y a pas de gens qui ne sont rien. Parce que chacun est tout et rien. Tout le monde est tout et rien. Nous le mesurons en ce moment.
    Le monde n a pas besoin de héros. Le monde a besoin d’humanisme et d’honnêteté. Et ça ira.

    Lor Zevan

    #hôpital #coronavirus #covid19 #santé #infirmières #infirmiers #soignants #néolibéralisme #austérité #HP

  • Coronavirus : le sommet de l’Etat redoute de devoir « rendre des comptes »
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/03/25/coronavirus-le-sommet-de-l-etat-redoute-de-devoir-rendre-des-comptes_6034430

    Par Jean-Baptiste Jacquin, Cédric Pietralunga, Alexandre Lemarié et Olivier Faye

    Accusant l’exécutif d’« impréparation » ou de « manque de réaction » face à la crise, responsables de l’opposition et membres du milieu sanitaire annoncent le lancement d’enquêtes parlementaires ou de procédures pénales.

    C’est un sujet tabou, qui représente pourtant une source d’inquiétude majeure au sommet de l’Etat : la peur d’éventuelles poursuites judiciaires contre des membres du gouvernement suite à la gestion de la crise du coronavirus. Selon nos informations, le premier ministre, Edouard Philippe, a évoqué le sujet pour la première fois, mardi 24 mars, lors du petit déjeuner de la majorité, qui se déroulait en visioconférence.

    Le locataire de Matignon a notamment regretté, selon un participant à la réunion, que les oppositions, Les Républicains (LR) en tête, aient annoncé leur volonté de lancer plusieurs commissions d’enquêtes parlementaires. En parallèle, des médecins et des malades menacent le gouvernement d’éventuelles poursuites pénales. Une véritable épée de Damoclès pour le pouvoir.

    Ces derniers jours, plusieurs responsables de l’opposition et une partie des milieux sanitaires ont ainsi accusé l’exécutif d’« impréparation » face à la crise du coronavirus ou de « manque de réaction », pointant notamment du doigt le déficit de masques, de tests ou de lits dans les services de réanimation. Avec un mot d’ordre : le sommet de l’Etat devra « rendre des comptes ».

    « Pression supplémentaire »
    Le 22 mars, le président des députés LR, Damien Abad, a été le premier à lancer l’offensive, en annonçant au Journal du dimanche (JDD) que son groupe allait créer à l’automne une commission d’enquête parlementaire afin de « tirer toutes les leçons de l’épidémie ». Avec l’objectif « d’identifier les éventuelles défaillances et dysfonctionnements » de la part du gouvernement « pour les corriger et en tirer des leçons ».

    Les sénateurs LR prévoient également une commission d’enquête au Palais du Luxembourg, « quand le moment sera venu », a indiqué le même jour leur chef de file, Bruno Retailleau. Mardi, enfin, le vice-président du groupe socialiste au Sénat, Rachid Temal, a annoncé à son tour « avoir demandé », au nom de son groupe, la création d’une commission d’enquête sur la gestion de la pandémie, « une fois la crise passée ». « La transparence devra être faite car des questions se posent », a-t-il expliqué au JDD.

    Autant de déclarations qui agacent dans les coulisses du pouvoir. « Sous le vernis de l’unité nationale affichée, ces annonces sont ressenties clairement comme des menaces – elles en sont d’ailleurs – et nuisent au bon fonctionnement de l’Etat dans la lutte contre la crise, en mettant aux ministres et aux services une pression supplémentaire en plus de celle, déjà lourde, qu’ils supportent », explique un responsable de la majorité. Avant de souligner : « Les menaces sont évidentes. Une commission d’enquête peut déboucher sur des sanctions pénales. »

    • Coronavirus : le sommet de l’Etat redoute de devoir « rendre des comptes », Jean-Baptiste Jacquin, Cédric Pietralunga, Alexandre Lemarié et Olivier Faye
      https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/03/25/coronavirus-le-sommet-de-l-etat-redoute-de-devoir-rendre-des-comptes_6034430

      Accusant l’exécutif d’« impréparation » ou de « manque de réaction » face à la crise, responsables de l’opposition et membres du milieu sanitaire annoncent le lancement d’enquêtes parlementaires ou de procédures pénales.

      C’est un sujet tabou, qui représente pourtant une source d’inquiétude majeure au sommet de l’Etat : la peur d’éventuelles poursuites judiciaires contre des membres du gouvernement suite à la gestion de la crise du #coronavirus. Selon nos informations, le premier ministre, Edouard Philippe, a évoqué le sujet pour la première fois, mardi 24 mars, lors du petit déjeuner de la majorité, qui se déroulait en visioconférence.

      Le locataire de Matignon a notamment regretté, selon un participant à la réunion, que les oppositions, Les Républicains (LR) en tête, aient annoncé leur volonté de lancer plusieurs #commissions_d’enquêtes parlementaires. En parallèle, des médecins et des malades menacent le gouvernement d’éventuelles #poursuites_pénales. Une véritable épée de Damoclès pour le pouvoir.
      Ces derniers jours, plusieurs responsables de l’opposition et une partie des milieux sanitaires ont ainsi accusé l’exécutif d’« impréparation » face à la crise du coronavirus ou de « manque de réaction », pointant notamment du doigt le déficit de #masques, de #tests ou de lits dans les services de #réanimation. Avec un mot d’ordre : le sommet de l’Etat devra « rendre des comptes ».

      « Pression supplémentaire »
      Le 22 mars, le président des députés LR, Damien Abad, a été le premier à lancer l’offensive, en annonçant au Journal du dimanche (JDD) que son groupe allait créer à l’automne une commission d’enquête parlementaire afin de « tirer toutes les leçons de l’épidémie ». Avec l’objectif « d’identifier les éventuelles défaillances et dysfonctionnements » de la part du gouvernement « pour les corriger et en tirer des leçons ».
      Les sénateurs LR prévoient également une commission d’enquête au Palais du Luxembourg, « quand le moment sera venu » , a indiqué le même jour leur chef de file, Bruno Retailleau. Mardi, enfin, le vice-président du groupe socialiste au Sénat, Rachid Temal, a annoncé à son tour « avoir demandé », au nom de son groupe, la création d’une commission d’enquête sur la gestion de la pandémie, « une fois la crise passée » . « La transparence devra être faite car des questions se posent », a-t-il expliqué au JDD.

      Autant de déclarations qui agacent dans les coulisses du pouvoir. « Sous le vernis de l’unité nationale affichée, ces annonces sont ressenties clairement comme des menaces – elles en sont d’ailleurs – et nuisent au bon fonctionnement de l’Etat dans la lutte contre la crise, en mettant aux ministres et aux services une pression supplémentaire en plus de celle, déjà lourde, qu’ils supportent », explique un responsable de la majorité. Avant de souligner : « Les menaces sont évidentes. Une commission d’enquête peut déboucher sur des sanctions pénales. »
      Pour cadrer les différentes enquêtes parlementaires annoncées, l’Assemblée nationale a annoncé, mardi 24 mars, la création d’une #mission_d’information sur la gestion de l’épidémie, qui devrait être présidée par le président de l’institution, Richard Ferrand, proche d’Emmanuel Macron. Cette mission, qui va contrôler chaque semaine les mesures prises par le gouvernement, pourrait se doter des prérogatives d’une commission d’enquête. Ce travail ne se fera pas « dans une optique à charge, ni contre cette majorité ni contre la précédente », a prévenu le patron des députés La République en marche (LRM), Gilles Le Gendre. Une manière de couper l’herbe sous le pied à l’offensive des oppositions.

      Plusieurs plaintes envoyées à la CJR
      Déjà, les premières poursuites se profilent. Mardi 24 mars, un patient atteint du Covid-19 a porté plainte contre X pour « entrave aux mesures d’assistance » devant la #Cour_de_justice_de_la_République (CJR), seule instance habilitée à juger des actes commis par des membres du gouvernement dans l’exercice de leurs fonctions, a révélé BFM-TV. En cause : la supposée « inaction » du gouvernement à mesure que les avertissements de la communauté scientifique se multipliaient.
      En fin de semaine dernière, un collectif de médecins appelé C19 a également annoncé son intention de porter plainte contre l’ex-ministre de la santé, Agnès Buzyn, et le premier ministre, Edouard Philippe, devant la CJR, estimant que ces derniers « avaient conscience du péril et disposaient des moyens d’action, qu’ils ont toutefois choisi de ne pas exercer » . Leur initiative est appuyée par une pétition en ligne, qui a déjà recueilli près de 200 000 signatures en quatre jours.

      Selon une source judiciaire, la CJR a déjà reçu cinq plaintes – quatre contre Edouard Philippe et Agnès Buzyn, et une contre le premier ministre et l’actuel ministre de la santé, Olivier Véran. Les motifs ? Blessures involontaires, homicides involontaires ou mise en danger de la vie d’autrui. La commission des requêtes de la CJR doit désormais se prononcer sur leur recevabilité.
      Ces différents plaignants s’appuient notamment sur les déclarations d’Agnès Buzyn au Monde, qui a affirmé avoir alerté dès janvier le premier ministre sur la gravité de l’épidémie. Au sein de l’appareil d’Etat, certains voient d’ailleurs dans les confidences de l’ex-ministre de la santé une volonté de se couvrir en amont. « L’interview de Buzyn est une bombe atomique car elle prépare l’étape d’après sur les commissions d’enquête à venir et les éventuels procès », analyse un haut fonctionnaire, au fait de ces sujets.

      « Rendez-vous au procès »
      La présidente du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, a tenté d’instrumentaliser cette polémique en estimant que « Mme Buzyn sera probablement amenée à donner des explications à la Cour de justice ». « Se rend-elle compte qu’elle engage sa responsabilité pénale et celle des autres personnes qu’elle dit avoir prévenues ? », a commenté pour sa part le chef de file des « insoumis », Jean-Luc Mélenchon.

      D’autres plaignants préfèrent se tourner vers le #Conseil_d’Etat, qui a été saisi à plusieurs reprises par des soignants pour obliger l’exécutif à prendre certaines décisions. Lundi, le juge des référés de l’institution a donné 48 heures au gouvernement pour durcir les conditions de confinement, ce qui a poussé Edouard Philippe à annoncer la fermeture des marchés ouverts ou à limiter les sorties à une heure par jour. Jeudi, le Conseil d’Etat devait de nouveau examiner une demande de syndicats d’infirmiers et de médecins sur l’approvisionnement en masques et en matériel pour les soignants, ainsi que la mise en place d’un dépistage massif.

      Sur les réseaux sociaux, les menaces de poursuites se multiplient également, de la part de particuliers mais pas seulement. « Rendez-vous au procès », a ainsi tweeté le 24 mars Jérôme Marty, président du syndicat de médecins UFML, en exergue d’un article où la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, disait ne pas craindre de rendre des comptes sur l’épidémie. « L’imprévoyance du gouvernement et de l’administration française a été totale » et les autorités « auront des comptes à rendre », avait déclaré deux jours plus tôt Jean-Paul Hamon, président de la Fédération des médecins de France (FMF).
      « Il faut s’attendre à une déferlante de #plaintes contre l’Etat », reconnaît un membre du Conseil national des barreaux. « Etant donné les polémiques sur l’absence de protection des personnels soignants et l’impréparation de l’Etat et des hôpitaux, les familles de victime voudront demander des comptes », poursuit-il. De fait, un site Internet proposant des modèles de plainte pour les particuliers a déjà vu le jour. Selon que l’on est personnel soignant, personne malade ou non malade, trois types de plaintes contre X à adresser au procureur de la République peuvent être téléchargées. Il s’agit de plainte pour homicide volontaire, violences volontaires, mise en danger de la vie d’autrui, etc.

      « Prêts à répondre »
      Pour l’heure, aucune plainte de ce type n’est arrivée au parquet de Paris, explique Rémy Heitz, le procureur de la République. Au ministère de la justice, la direction des affaires criminelles et des grâces n’a pas non plus fait remonter d’information sur de telles procédures. Elle en serait immédiatement informée car derrière ces plaintes contre X, ce sont des ministres et des responsables d’administrations qui seraient visés.
      Face à ces menaces, la sérénité est officiellement de mise au sein de l’exécutif. Le gouvernement « a pris ses responsabilités » et ne craint pas de « rendre des comptes » sur sa gestion de la crise du coronavirus devant une commission d’enquête parlementaire, a assuré, le 23 mars, sa porte-parole, Sibeth NDiaye. « Cela ne m’inquiète pas parce que je crois que nous avons, avec beaucoup de professionnalisme, de détermination et de gravité regardé cette crise en face (…) et nous avons pris nos responsabilités », a-t-elle estimé sur CNews. Avant d’ajouter : « C’est normal qu’on puisse rendre des comptes et c’est normal qu’une commission parlementaire interroge le processus de cette crise. » « Nous serons évidemment prêts à y répondre, ça fait partie du jeu démocratique », a poursuivi la secrétaire d’Etat.
      A l’Elysée, on réfute également par avance le procès en inaction. « Le président a été le premier à mobiliser nos partenaires étrangers, il a été le premier dirigeant au monde à appeler à la mobilisation internationale, c’est lui qui a provoqué le sursaut européen, énumère l’entourage d’Emmanuel Macron. Dès janvier, on a rapatrié nos compatriotes. Dès janvier, on a mis en place des instances de suivi de l’épidémie. Les faits et la chronologie sont là, il n’y a pas de polémique à avoir. »

      Sur le fond, l’exécutif appelle néanmoins à une forme d’indulgence, pointant les nombreuses inconnues autour du virus. « Le président n’a jamais dit qu’il avait toutes les solutions, au contraire. Cette crise nous met dans une position de grande humilité », reconnaît un proche du chef de l’Etat. Mais, ajoute cette source, « le président met tout en œuvre pour répondre à la crise. Il est transparent, réactif, sur tous les fronts. L’heure des comptes viendra mais plus tard. Le temps est aujourd’hui à l’action. Certains veulent nous punir alors que nous devons agir. Ce n’est pas responsable. »
      En attendant, pas question de se défiler. Le moment venu, l’exécutif assumera ses choix, dit-on au sommet de l’Etat. « Les décisions ne sont pas prises par le conseil scientifique mais par le gouvernement, qui par nature est responsable », estime un proche d’Edouard Philippe. « Le comité scientifique va être responsable des avis qu’il émet. Ceux qui prennent des décisions, c’est le gouvernement, à la lumière des avis du comité scientifique », abonde la députée LRM Marie Guévenoux, rapporteuse du projet de loi sur les mesures d’urgence.

      Au sein de l’exécutif, on assure d’ailleurs que la perspective de devoir rendre des comptes est présente dans les esprits depuis le départ. « Sang contaminé, amiante : le grand public a reproché le manque de transparence à chaque fois. Nous, nous avons ouvert le capot, vantait une ministre, début mars. Nous donnons à voir comment se passe la gestion d’une crise épidémiologique. » Il y a dix jours, une secrétaire d’Etat soupirait, plus sceptique : « C’est sûr qu’on se fera engueuler sur la gestion de la crise, quoiqu’on fasse. Ça finira par arriver. »

      Rémy Heitz, procureur de Paris, explique au « Monde » avoir relevé en une semaine près de 10 000 infractions au confinement et une quinzaine de trafics de masques.

      Rémy Heitz : « Je réfléchis à des peines de travail d’intérêt général en milieu hospitalier après la fin de l’état d’urgence sanitaire »
      https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2020/03/25/remy-heitz-je-reflechis-a-des-peines-de-travail-d-interet-general-en-milieu-

      Le procureur de la République de Paris, Rémy Heitz, songe à des alternatives aux amendes pour les personnes, souvent jeunes, qui violent les règles du confinement, notamment des #travaux_d’intérêt_général. Il détaille la politique du parquet pendant l’état d’urgence sanitaire.

      Quelle réponse pénale apportez-vous aux violations des règles du confinement ?
      Mardi 24 mars, nous étions à Paris juste en dessous de 10 000 #infractions constatées depuis le début du confinement. Jusqu’ici, il s’agissait d’une amende forfaitaire de catégorie 4, de 135 euros. Mais depuis la promulgation de la loi d’urgence, les peines sont alourdies en cas de #récidive. Je vais donner des directives pour adapter les mesures pénales, notamment en privilégiant le travail d’intérêt général (#TIG). Ces infractions concernent souvent une population jeune pour qui une amende de 3 750 euros est sans doute trop élevée, et une peine de prison n’est pas vraiment d’actualité [la troisième récidive en trente jours est punissable de six mois de prison et 3 750 euros d’amende]. Une peine de TIG, même si elle ne sera exécutée qu’après la sortie de l’état d’urgence sanitaire, aura plus de sens. Je réfléchis d’ailleurs à la possibilité de les faire exécuter en milieu hospitalier. De même, plutôt qu’une amende de cinquième catégorie [1 500 euros pour la première récidive], je compte privilégier la sanction de travail non rémunéré [qui est aux contraventions ce que le TIG est aux délits].

      Quelle évolution de la délinquance observez-vous dans la capitale en lien avec la crise sanitaire ?
      Nous avons une quinzaine d’affaires de trafics de masques. Souvent, il s’agit de petits trafics, faits par des pharmacies ou parapharmacies qui n’ont pas répondu aux demandes de réquisition de masques par le gouvernement et en vendaient sous le manteau. Il y a quelques trafics plus importants. Au total, nous avons déjà saisi plusieurs dizaines de milliers de masques, que nous faisons porter aux hôpitaux. Par ailleurs, nous commençons à voir des dossiers de violences conjugales ou intrafamiliales. Le fait nouveau est qu’il y a des auteurs primo-itérants, inconnus jusqu’ici. Mais soyons prudents dans l’interprétation de ce phénomène plus visible alors que le reste de la délinquance baisse et que, contrairement à certaines atteintes aux biens dont nous retardons les procédures, les violences conjugales font partie des infractions que nous continuons de traiter en priorité.

      Comment le parquet de Paris est-il organisé pour travailler ?
      Nous sommes en dessous du plan de continuité d’activité, qui prévoit de tourner à près de trente magistrats. Nous sommes à moins de vingt [sur 125 magistrats au parquet de Paris]. L’activité en comparutions immédiates est fortement réduite et tient beaucoup aux conséquences de la grève des avocats du début d’année. Cet après-midi, par exemple, sur les sept dossiers de l’audience des comparutions immédiates où je vais requérir, six sont des renvois qui avaient été demandés lors de la grève, un seul est nouveau. Il s’agit d’une affaire de violences conjugales.
      Jean-Baptiste Jacquin

    • Sous le vernis de l’unité nationale affichée, ces annonces sont ressenties clairement comme des menaces – elles en sont d’ailleurs – et nuisent au bon fonctionnement de l’Etat dans la lutte contre la crise, en mettant aux ministres et aux services une pression supplémentaire en plus de celle, déjà lourde, qu’ils supportent », explique un responsable de la majorité.

      A propos du « vernis de l’unité nationale » que penser de l’attitude d’Édouard Philippe qui est rappelée ici :
      https://seenthis.net/messages/834069

      Le 28 février est publié le rapport crucial de l’OMS sur ce qui a été fait en Chine. Il montre que seule une mobilisation de « tout le gouvernement » (all-of-government) et « toute la société » (all-of-society) permet de vaincre l’épidémie. On se souviendra sans doute longtemps du fait que le lendemain, le samedi 29 février d’une année bissextile, le premier ministre Édouard Philippe a décidé de détourner un conseil des ministres « exceptionnel dédié au Covid-19 » pour annoncer l’utilisation de l’article 49.3 de la Constitution afin d’adopter sans vote la réforme des retraites. Alors que l’OMS démontrait l’urgence de l’action collective et solidaire face à une pandémie bientôt incontrôlable, le gouvernement s’est dit que le plus urgent était de profiter de la dernière fenêtre de tir pour faire passer son projet de loi tant décrié.

      Le « vernis » est abondamment étalé par le gouvernement lui-même.

    • Du vernis sur une belle grosse merde !

      « Je réfléchis à des peines de travail d’intérêt général en milieu hospitalier après la fin de l’état d’urgence sanitaire »

      Il faudrait confiner ce con fini ! J’espère qu’on va pas attendre 150 ans pour les mettre dans nos indulgentes prisons et sans masques (illes ne savent pas s’en servir de toute façon).

    • Pour cacher les défaillance, à l’instar de Mme Buzyn, l’ensemble du gouvernement a préféré la dissimulation à la planification. Selon les prises de paroles officielles, les masques étaient inutiles, difficiles d’utilisation, ou réservés aux seuls soignants. Tout cela à l’encontre des recommandations du Haut Conseil de la Santé Publique qui recommandait en 2013 des masques pour toutes les professions de contact. Tout a été dit ou presque pour minimiser le virus du Covid-19 et rassurer les Français, pendant que la Chine et la Corée prenaient des mesures drastiques.

      Un guide sur mesure, sans masques, sans confinement

      Le gouvernement a édité dès le 20 janvier 2020 un guide méthodologique Covid-19. Ce plan a été déroulé au mot près par Jérôme Salomon et le gouvernement. Ne figure pas dans ce guide les termes de confinement, de quarantaine et le stade 2 renforcé n’existe pas. Les masques ne sont destinés qu’aux malades et personnels de santé.

      Il a été dit que ce plan était une déclinaison du plan 2011 contre la grippe H1N1

      On peut se demander pourquoi le gouvernement a crée un mini plan COVD 19 plutôt qu’une mise à jour du plan pandémie grippal 2011 est particulièrement complet. Contrairement au guide méthodologique de 2020, le plan pandémie grippale prévoit à chaque phase de l’épidémie l’utilisation des Masque FFP, notamment FFP2, en phase avec la doctrine de 2013 sur la protection des travailleurs.

      D’ailleurs on peut constater la cohérence de tous les acteurs publics concernant la protection de la population en cas de pandémie grippale ainsi par exemple on trouvera nombre d’information sur les port des masques avec les liens suivant :

      https://gouvernement.fr/risques/pandemie-grippale

      https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/Que_faire_si_je_pense_avoir_la_grippe_030210.pdf

      https://ansm.sante.fr/Dossiers/Pandemie-grippale/Les-masques-medicaux/(offset)/7

      Les mesures et les explications de port de masques sont donc nombreuses dans la réponse à une pandémie, mais devant la pénurie et l’absence de préparation, le gouvernement a préféré mentir aux populations concernant la réel protection des masques.

      Ceci est d’autant plus grave que le gouvernement a encouragé à la continuité économique du pays, sans organiser ou superviser la protection des salariés, notamment dans les métiers de contacts.

      https://www.lemondemoderne.media/labsence-de-masques-met-en-danger-les-travailleurs

      https://reflets.info/articles/il-faut-une-enquete-penale-sur-la-gestion-de-la-pandemie-covid19

    • Coronavirus : l’impossible communication de crise d’Emmanuel Macron

      « La gestion des masques et des tests , on dirait Coluche qui disait : “dites-moi quel est votre besoin, je vous expliquerai comment vous en passer”_
      https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/03/29/coronavirus-l-impossible-communication-de-crise-d-emmanuel-macron_6034796_82


      Le président Emmanuel Macron porte un masque lors de sa visite de l’hôpital militaire à Mulhouse (Haut-Rhin), le 25 mars. MATHIEU CUGNOT / AFP

      Pour répondre à la crise sanitaire, le chef de l’Etat doit à la fois rassurer et effrayer. Un paradoxe qu’il tente de résoudre en saturant l’espace et en adoptant un ton martial.

      C’est le cauchemar de tous les conseillers en communication : vivre une crise où chaque événement du jour peut remettre en cause ce que vous aviez décidé la veille.
      C’est pourtant ce qu’affronte Emmanuel Macron depuis l’apparition du SARS-CoV-2, un virus qui oblige l’exécutif à adapter sa #communication tout autant à l’avancée de l’#épidémie qu’à celle des connaissances scientifiques. « Cette crise est inédite, il est normal de tâtonner », estime Gaspard Gantzer, ancien conseiller en communication de François Hollande.

      Pour affronter la #crise_sanitaire, « la plus grave qu’ait connue la France depuis un siècle », comme l’a qualifiée le chef de l’Etat dès le 12 mars, l’exécutif avait au départ fait le pari de placer en première ligne le ministre de la santé, Olivier Véran, fraîchement nommé à ce poste après le départ d’Agnès Buzyn, et le directeur général de la santé, l’infectiologue Jérôme Salomon. « Ils doivent devenir les “François Molins” du coronavirus », entendait-on alors dans les rangs de la majorité, en référence à l’ancien procureur de la République de Paris, qui avait incarné la lutte contre le terrorisme après les attentats de 2015.

      Hyperprésence d’Emmanuel Macron

      Las ! Depuis son premier déplacement lié au Covid-19, le 27 février, à l’hôpital parisien de la Pitié-Salpétrière, le chef de l’Etat s’impose par son hyperprésence.
      Un jour dans une maison de retraite, un autre dans un centre de régulation du SAMU, le suivant dans un laboratoire de l’Institut Pasteur ou dans un hôtel réquisitionné pour les SDF… En un mois, Emmanuel Macron s’est déplacé ou s’est exprimé une dizaine de fois sur le Covid-19. Sans parler de ses trois allocutions solennelles, les 12 et 16 mars depuis l’Elysée et le 25 mars à Mulhouse (Haut-Rhin). Des interventions suivies massivement : le 16 mars, son annonce du confinement a été regardée par 35 millions de Français, du jamais vu.

      « Emmanuel Macron n’a pas le choix. Dans une période comme celle que nous vivons, le président doit se déplacer, aller sur le terrain, comme les généraux vont sur le front , approuve Gaspard Gantzer. Il faut remettre de l’humain, montrer une forme de courage physique, ça fait du bien aux gens. »
      C’est cette ligne qu’avait choisie François Hollande après l’attaque de Charlie Hebdo en janvier 2015 ou les attentats de novembre 2015. « En période de crise, le pouvoir politique doit parler très souvent à son peuple, il doit s’exprimer », abonde Arnaud Dupui-Castérès, directeur général du cabinet Vae Solis et spécialiste de la communication de crise.

      « Prendre de la hauteur »
      « A partir du moment où le pouvoir fait le choix de la pédagogie et de la transparence, il doit prendre la parole quotidiennement. Dans une crise comme celle que nous vivons, il n’y a jamais assez de communication » , confirme Clément Léonarduzzi, président de Publicis Consultants. Pour l’ex-bras droit de Marie-France Lavarini, ancienne communicante de Lionel Jospin à Matignon, le gouvernement devrait d’ailleurs instaurer un point quotidien sur la situation économique du pays, comme il le fait pour la situation sanitaire avec Jérôme Salomon. « Quand il y a des questionnements, il faut y répondre », estime le consultant.

      A l’Elysée, on assume en tout cas cette posture jupitérienne retrouvée du chef de l’Etat, alors qu’Emmanuel Macron avait tenté de la gommer après la crise des « gilets jaunes ». « Le président est transparent, réactif et sur tous les fronts », résume son entourage.
      Au point d’inquiéter certains soutiens, qui le trouvent exagérément exposé. « Macron est trop seul. A part [Olivier] Véran et [Jérôme] Salomon, qui s’occupent du sanitaire, personne n’imprime. Ce devrait être le rôle du premier ministre [Edouard Philippe] ou du [ministre de l’intérieur Christophe] Castaner de gérer l’opérationnel, mais ils n’y arrivent pas, il manque un échelon », estime un communicant réputé proche de l’Elysée.

      « Dans une crise, on est souvent obsédé par la gestion opérationnelle. C’est une erreur. Un président ou un premier ministre doivent prendre de la hauteur et de la distance, pas s’occuper de la fermeture des marchés », abonde Arnaud Dupui-Castérès.
      Sur la forme, l’exécutif a fait le choix d’une communication au ton très martial. « Nous sommes en guerre », a répété à six reprises Emmanuel Macron lors de son allocution télévisée du 16 mars, évoquant un « ennemi (…) invisible, insaisissable » contre lequel il faut sonner « la mobilisation générale ».

      « Le président s’inspire beaucoup de Clemenceau »
      Le 25 mars, le chef de l’Etat s’est volontairement mis en scène devant l’hôpital de campagne installé par l’armée sur le parking du centre hospitalier de Mulhouse, y annonçant même le lancement d’une opération militaire baptisée « Résilience ». « Le président s’inspire beaucoup de Clemenceau, qui fait partie de son panthéon personnel. Son appel à la mobilisation vient de là » , explique un proche.
      Mais certains s’interrogent sur la durabilité de ce ton martial. S’il a permis de mobiliser les Français et d’obtenir une forme d’union nationale contre le virus, poursuivre sur la même tonalité comporte aussi des risques, estiment les professionnels de la communication.

      « Le vocabulaire guerrier peut s’user très vite , met en garde Gaspard Gantzer. Les gens voient bien qu’il ne s’agit pas d’une guerre au sens classique. » « C’est une sémantique qui met immédiatement dans une position de #chef_de_guerre. Cela provoque un choc utile et nécessaire. Mais comme dans une guerre, il faut ensuite donner une perspective sur les batailles et la victoire à venir », abonde Clément Léonarduzzi.

      D’autres se montrent aussi sceptiques sur le choix de médiatiser les #experts du conseil scientifique ou du comité analyse, recherche et expertise (CARE), deux instances installées ces dernières semaines par l’exécutif pour le conseiller sur la crise sanitaire.

      « Cela donne un sentiment de fébrilité, que le pouvoir cherche à s’abriter derrière les scientifiques. C’est une ligne Maginot illusoire » , tance un conseiller de l’ombre. Des réserves balayées par l’Elysée. « Le président a mis en place ces conseils pour créer un lien de confiance avec les Français, pas pour se défausser », explique un membre du cabinet de M. Macron. « Le président s’entoure beaucoup mais il n’est pas prisonnier. Il ne veut pas d’un gouvernement d’experts. C’est lui qui prend les décisions et il l’assume », ajoute un autre conseiller.

      Trouver un chemin de crête

      N’empêche, l’exécutif a donné le sentiment de ne pas toujours savoir quelle stratégie tenir, notamment en matière de #masques ou de #tests, ce qui a provoqué le trouble.
      « Ce type de crise nécessite des décisions quotidiennes, mais il faut choisir une ligne et éviter de se dédire. On ne peut pas être sur la face nord et sur la face sud en même temps, sinon plus personne n’y comprend rien », met en garde M. Dupui-Castérès. « La gestion des masques et des tests , on dirait Coluche qui disait : “dites-moi quel est votre besoin, je vous expliquerai comment vous en passer”. Cela va revenir comme un boomerang pour l’exécutif » , craint un communicant ayant ses entrées à l’Elysée.
      « Nous n’avons pas d’autre choix que de nous adapter, les scientifiques eux-mêmes changent d’avis ! Il y a encore quinze jours, l’OMS [l’Organisation mondiale de la santé] disait que généraliser les tests ne servait à rien ! », se défend-on à Matignon.

      Reste à savoir combien de temps Emmanuel Macron pourra tenir ce rythme et maintenir ce ton. Depuis le début de la crise, l’exécutif est confronté à deux écueils, entre lesquels il tente de trouver un chemin de crête : celui d’en faire trop et celui de ne pas en faire assez.
      « La plus grosse difficulté est ce paradoxe à gérer : il faut faire #peur pour que les gens se confinent, mais aussi rassurer pour qu’ils gardent le moral. Cela n’a rien d’évident sur le long terme » , reconnaît M. Gantzer.

      « Montrer le bout du tunnel »

      Pour éviter de tomber de ce fil d’équilibriste, tous les communicants s’accordent à dire que le chef de l’Etat n’a qu’une solution : ouvrir rapidement la séquence de #l’après. « Pour garder la confiance de ses troupes, un chef de guerre doit aussi se projeter dans la victoire , estime Mayada Boulos, directrice générale adjointe de Havas Paris et ancienne conseillère de Marisol Touraine au ministère de la santé. Le temps est aujourd’hui comme suspendu, il faut montrer le bout du tunnel. Expliquer qu’il y aura un stade 4 après le stade 3 de l’épidémie. »

      Un changement de discours qui passe aussi par des symboles, estiment d’autres conseillers. « Pour donner le moral aux Français, on pourrait imaginer que la patrouille de France passe au-dessus de l’Arc de triomphe comme la patrouille italienne est passée au-dessus de la Péninsule au son de Pavarotti. Ou annoncer dès maintenant que des soignants de l’AP-HP [Assistance publique-Hôpitaux de Paris] défileront sur les Champs-Elysées le 14 juillet, propose M. Gantzer, qui avait été de ceux à imaginer le grand défilé parisien après l’attaque contre Charlie Hebdo, qui avait réuni 1,5 million de personnes en janvier 2015. Les Français vivent des moments difficiles, ils ont aussi besoin d’être flattés, d’être considérés, de se sentir comme des résistants… »

      #communication_de_crise

    • L’article du Monde est vraiment mauvais. La vérité, c’est que l’ensemble de nos gouvernants est franchement mauvais, mauvais et incompétents et même pas capables d’une bonne communication.

      La seule bonne option, violemment rejetée par Macron, serait de reconnaitre qu’ils (il…) se sont (s’est) trompé(s) au lieu de ramer derrière les pitoyables justifications sur le manque de masques, de tests, d’organisation a minima de l’outil industriel pour le réorganiser en urgence sur ces manques,…

      Dans leur bulle, ils ne perçoivent pas le discrédit profond qui les atteint, sans parler de l’immense colère qu’ils déclenchent. Pour museler toute critique, Monsieur le Premier ministre, il faudrait commencer par reconnaître qu’il y a eu lacune (grave !) et agir avec détermination et non pas le nez fixé sur la (mauvaise) comm’. Annoncer 15 jours de prolongation du confinement pour, le lendemain, laisser entendre que c’est (très) grave et donc, que ça sera certainement nettement plus, un seul mot, c’est minable.

      Ouvrir la séquence de l’après, non mais c’est quoi ces communicants de m… ! On n’y est pas !
      Pour garder la confiance de ses troupes, un chef de guerre doit être à la hauteur de la situation. On n’y est pas !

    • Même Léa Salamé, relayée par Gala, exprime ses doutes. et suggère de reconnaître l’erreur (voilà où on en est, Léa Salamé est meilleure conseillère que la batterie d’experts en comm’ de crise…)

      VIDEO – Olivier Véran “challengé” par Léa Salamé : tension sur le plateau de France 2 - Gala
      https://www.gala.fr/l_actu/news_de_stars/video-olivier-veran-challenge-par-lea-salame-tension-sur-le-plateau-de-france-2

      UN ÉCHANGE TENDU
      Olivier Véran fait partie des ministres en première ligne dans la lutte contre le coronavirus. Alors qu’il multiplie les interventions télévisées depuis des semaines et sa nomination au ministère de la Santé, il était une nouvelle fois présent sur France 2, dans l’émission Vous avez la parole, présentée par Thomas Sotto et Léa Salamé. Lors de sa prise de parole, le ministre de la Santé a évoqué plusieurs sujets, notamment les tests, en s’appuyant sur des chiffres. « Nous étions à 4.000 tests, nous sommes ensuite montés à 5.000 tests, nous sommes aujourd’hui à 10.000 tests. Il y a dix plateformes haut-débit qui sont capables chacune de réaliser 2.000 tests par jour qui sont en train d’arriver en France », a-t-il déclaré en préambule. Avant de se faire interrompre par Thomas Sotto : « Mais l’Allemagne est à 500 000 tests par semaine », a noté le journaliste de _France 2. Un brin agacé, Olivier Véran a alors rétorqué : « Vous voyez, j’essaie de vous donner un certain nombre d’informations et vous êtes déjà en train de me challenger par rapport à la situation de l’Allemagne », a-t-il réagi.

      La passe d’armes ne s’est pas arrêtée là. Le ministre de la Santé a tenté de poursuivre son raisonnement et de conclure : « Ces tests, ils peuvent venir de Corée, d’Europe, de France ou des Etats-Unis, à mesure qu’ils arrivent, nous les achetons et nous les mettons en disponibilité pour les Français. Plus de 2 millions de tests le mois prochain, si vous faites le calcul avec l’Allemagne, vous aurez votre réponse », a-t-il déclaré. Léa Salamé a alors pris à son tour la parole afin de faire une mise au point qu’elle jugeait nécessaire : « Monsieur le ministre, on n’essaie pas de vous challenger, on essaie de comprendre et de vous faire passer les questions des Français », a-t-elle précisé. Et d’ajouter : « Au début de la crise, il y a trois semaines encore, les messages du gouvernement, c’était de dire : ’n’achetez pas forcément des masques, c’est inutile » ou ’les tests, ce n’est pas l’alpha et l’oméga’. Vous nous avez dit ça dans un premier temps (...) Est-ce qu’au fond, il ne fallait pas dire la vérité plus simplement ?", s’est-elle interrogée.

    • A mon avis il n’y a pas d’experts en communication à l’Elysée (à moins que Sibeth puisse etre considéré comme telle !), Jupiter n’écoute que lui, et peut être Brigitte à la limite, mais c’est tout. Les autres sont simplement des exécutant·es minables et viles qui se sont rabaisser au service d’un pur dictateur pour se faire du fric. Et c’est pas un problème de communication, choisir le conseil des ministres spécial coronavirus pour imposer le 49.3 c’est pas un problème de conseillés en marketing. Choisir de contracté 45 millliards d’euros de dettes sur notre dos pour les patrons du cac40 et dire aux soignants « la meilleur prime pour les soignants c’est de respecté les gestes sanitaires » c’est pas non plus une erreur c’est de la provocation. Dire que les soignant·es contractent le virus non sur leur lieu de travail mais dans les transports c’est pas une erreur non plus c’est juste pour que les soignant·es sachent qu’illes vont crevé sans que ca soit considéré comme relavant du code du travail.
      Quelle urgence y a-t il à supprimer le code du travail, les droits des prévenu·es à une défense, les droits à une retraite.... En fait Macron utilise la stratégie du choc, et il se venge sur les soignant·es, avocat·es et toutes celles et ceux qui ne sont rien.
      Il promet une prime aux soignant·es pour après mais il donne de suite une prime au cac40. Pourquoi ne pas donné immédiatement cette prime plutot que de parler d’un après qui n’adviendra pas... Il a peur d’avoir à rendre des comptes mais si on est en guerre comme il dit, alors il doit être arrêté pour haute trahison et fraternité avec le virus.

    • « Pour donner le moral aux Français, on pourrait imaginer que la patrouille de France passe au-dessus de l’Arc de triomphe comme la patrouille italienne est passée au-dessus de la Péninsule au son de Pavarotti. Ou annoncer dès maintenant que des soignants de l’AP-HP [Assistance publique-Hôpitaux de Paris] défileront sur les Champs-Elysées le 14 juillet, propose M. #Gantzer, qui avait été de ceux à imaginer le grand défilé parisien après l’attaque contre Charlie Hebdo …

      #sérieux ?
      Ben quand tu vois qu’ils en sont là face à une pandémie prévisible où ils sont au mieux des criminels, au pire des criminels, il faut se dépêcher de mettre nos masques, dès aujourd’hui. Et de les recycler pour les manifs qui viendront. Puisque la loi devrait changer maintenant sur les masques auparavant interdits pour cause d’identification biométrique. (je dis ça, je dis rien)

    • Oui, @simplicissimus l’article est mauvais. L’ai publié pour la formule Coluche utilisé par un conseiller (ils savent qu’on sait), et pour mémoire quant aux circonvolutions empapaoutées de L’imMonde, voix de la France. Non @mad_meg il y a évidemment des conseillers en communication ! Et ils sont géniaux. Voir un autre article du Monde avec le même Gantzer (ex PS-CAC40 et Ville de Paris)

      https://seenthis.net/messages/835629#message835632

      « S’il veut garder le soutien de l’opinion, Emmanuel Macron ne pourra pas se contenter d’appeler à la mobilisation générale. Il faut aussi qu’il donne de l’espoir, qu’il montre le bout du tunnel, qu’il réintroduise de la joie de vivre » , estime Gaspard Gantzer, ancien conseiller en communication de François Hollande, qui suggère par exemple d’ « annoncer dès maintenant que des soignants défileront sur les Champs-Elysées le 14 juillet » . Où ils pourront crier : « On l’a eu ! » (fuckin’ sic, ndc)_

    • Brio et inventivité, probité, libre arbitre, efficacité, faut peut-être pas se faire une trop haute idée de ce que sont les communicants ou les journalistes, ou les avocats ou les professeurs, et tous les professionnels de la profession du monde.
      "Plus le mensonge est gros, plus il passe" était le mot d’un #communicant nommé Goebbels, et il a fait école, y compris banalement dans la pub.
      Sibeth Ndiaye assure : « J’assume parfaitement de mentir pour protéger le président ». De là à inventer des mensonges qui soient beaux, fassent envie, donnent confiance, agrège, des mensonges qui fonctionnent vraiment....
      Parce que ce qui structure tout le champ, le souci actuel des militants de l’économie, c’est qu’ils n’ont rigoureusement aucune #perspective à offrir, à part le transhumanisme, mais c’est une promesse de niche qui largue tout le monde, au lieu d’intégrer. Un capitalisme vert ou moralisé ? On rigole (ou bien on est à EELV, Attac et d’autres). C’est ce qui rend difficile l’exercice, au de-là du déni actif. "Il n’y pas de violences policières" nous dit-on depuis 4 ans. "L’épidémie ne passera pas par la France car nous sommes prêts à la combattre efficacement", façon Buzyn en janvier. Certes, on continue à nous dire "enrichissez-vous" et avec le chômage de masse on y a ajouté "intégrez-vous" à la société ("mieux vaut être Uber que cassos", etc), sans avoir rien à proposer qui soit réellement partageable. D’où "la guerre" : nous partageons au moins une chose, un ennemi. Mais est ce que ces ennemis de notre ennemi - ici la mort en masse et dépit du possible - sont bien nos amis ?

      À cette limite, l’absence totale d’horizon impliquée par leur propre position, ils sont bien adaptés. Le regard braqué sur des "perspectives" et indicateurs de profit, d’une part, l’audimat, les sondages, et ce qui reste d’électeurs d’autre part, il sont devenus incapables d’incarner le capitaliste collectif, l’État. Ce dernier étant d’ailleurs devenu nébuleux en prenant une dimension transnationale et globale, entre multinationales, organisations et instances internationales, tou en étant arrimé à des institutions vues comme infra étatiques (villes, régions, syndicats, institutions diverses).
      Ils communiquent sans cesse, mais ils ont perdu la consistance (Hollande n’aime pas la littérature, un autre dira que la sociologie sert d’excuse sans arriver à rien en tirer pour son compte) et l’intelligence nécessaires pour faire une job devenue infaisable. Ça ne veut pas dire que ça va tomber de soi même (façon Lundi matin).

      Si leur communication est en crise au point qu’une communication de crise soit difficile à mettre au point, c’est aussi sur un fond de montée exponentielle du contrôle dans un contexte de crise de la société de contrôle.
      Là dessous, il y le désir, qui reste n’importe quoi, puissant. L’histoire Raoult me semble en témoigner. Porté par divers appuis et le buzz des réseaux sociaux, il s’est imposé à un gouvernement qui n’a rien pour l’instant rien trouvé d’autre pour répondre à une demande, à des affects de masse qui se sont cristallisés sur cette "solution", dans la peur et la méfiance des institutions (ça manière de jouer l’outsider).

      Voilà, je résiste pas à citer pour finir ce que tu risques je le crains de prendre comme un argument d’autorité, pris dans

      Gilles Deleuze : « L’information, c’est la société de contrôle »
      https://iphilo.fr/2018/01/12/gilles-deleuze-linformation-cest-la-societe-de-controle

      Les déclarations de police sont dites, à juste titre, des communiqués. On nous communique de l’information, c’est-à-dire on nous dit ce que nous sommes tenus de croire, ou même pas de croire mais de faire comme si l’on croyait. On ne nous demande pas de croire, on nous demande de nous comporter comme si l’on croyait. C’est cela l’information, la communication – et indépendamment de ces mots d’ordre et de la transmission de ces mots d’ordre, il n’y a pas de communication, il n’y a pas d’information.

      Indulgence pour le vrac, svp. Ça manque de points d’interrogation et de développement. Rien n’est trop clair dans le changement épocal en cours. Avec ces semaines confinées je trouverais peut-être moyen de scriber autrement et ailleurs.

      #horizon

    • Ne t’inquiète pas @colporteur l’autorité de Deleuze ne vaut pas tripette à mes yeux et le vrac ne me dérange pas. J’ai été un peu vite aussi , car il est vrai que je ne sais pas bien distingué les communiquants des politiques. Heureusement qu’à ce niveau d’incompétence illes (les communiquant·es) ne peuvent pas rattraper le coup. Il serait temps qu’on contemple enfin la grosse dégueulasserie capitaliste en face.

  • « De nombreux patients ne seront plus soignés » : le désarroi des hôpitaux psychiatriques face au coronavirus

    Le secteur de la santé mentale s’organise comme il peut, dans l’urgence, afin de maintenir les soins pour les cas les plus difficiles et éviter la propagation du Covid-19 au sein des établissements.

    Par Catherine Vincent

    Pas de masques, nulle part ou presque. Pas même au Groupe hospitalier universitaire (GHU) psychiatrie et neurosciences de Paris, qui regroupe les hôpitaux Sainte-Anne, Maison-Blanche et Perray-Vaucluse – soit 70 000 patients par an et un millier de lits. « Dans la distribution, nous avons tout simplement été oubliés par les autorités sanitaires, constate le docteur Raphaël Gaillard, chef de pôle à l’hôpital Sainte-Anne. Comme si la psychiatrie était une spécialité accessoire, un luxe que l’on peut se permettre en temps de paix. » Dans le secteur de la santé mentale, parent pauvre d’un système hospitalier lui-même dégradé, la crise sanitaire actuelle suscite les pires inquiétudes. Pour les soignants, et plus encore pour les malades.

    Partout, que ce soit dans les services de psychiatrie des hôpitaux généraux ou dans les établissements psychiatriques de secteur, le confinement en vigueur depuis le 17 mars entraîne les mêmes réorganisations. Avec deux objectifs : éviter au maximum le rapprochement des personnes et libérer des lits. La sortie des patients dont l’état est jugé satisfaisant est accélérée, la plupart des consultations reportées ou effectuées par téléphone. « J’avais entre 70 et 100 patients à voir dans les trois prochaines semaines, j’ai demandé à seulement deux d’entre eux de venir », précise Matthieu Gasnier, du service de psychiatrie de l’Hôtel-Dieu (Paris). On s’adapte dans l’urgence. Et non, parfois, sans une certaine amertume.

    « Une médecine humanitaire, en plus difficile »
    Janine Carrasco travaille à l’hôpital psychiatrique Etienne-Gourmelen, à Quimper (Finistère). Si le centre médico-psychologique (CMP) y est resté ouvert, les structures ambulatoires, elles, ont fermé. Dans cet important établissement (1 000 salariés, 250 lits), une partie des personnels a été réaffectée pour renforcer les structures d’accueil des patients atteints du Covid-19. « En prévision de l’absentéisme des collègues qui vont tomber malades, ils ont déjà fermé les structures de jour qui assurent les urgences. De nombreuses personnes ne seront plus soignées. Une fois de plus, c’est la psychiatrie qui doit diminuer la voilure », déplore cette éducatrice spécialisée.

    Familière des missions de Médecins sans frontières, avec qui elle a longtemps travaillé, la pédopsychiatre Marie Rose Moro, qui dirige la maison des adolescents de l’hôpital Cochin, à Paris, évoque quant à elle « une médecine humanitaire, en plus difficile, car [ils n’ont] jamais connu ça ici ». En quelques jours, tout a dû être réorganisé : plus de visites des parents et des enseignants, activités de groupe réduites à l’extrême, mesures d’hygiène draconiennes. « On recentre tout sur l’essentiel pour pouvoir soigner ceux qui vont le plus mal. »

    Globalement, la vingtaine d’adolescents hospitalisés dans cet établissement réagissent plutôt bien au confinement et à la réduction des visites. « Ils comprennent ce qui se passe, et le fait d’avoir des consignes claires – se tenir à un mètre les uns des autres, ne pas se toucher – les aide à contrôler leurs angoisses internes. Mais cela peut aussi précipiter leur décompensation. Il y a quelques jours, deux jeunes se sont mis à délirer. »

    « Montée des tensions et de l’angoisse »
    Comprendre ce qui se passe : un luxe que tous les malades psychiatriques ne peuvent pas s’offrir. Sarah Iribarnegaray, psychiatre à l’hôpital de la Pitié-Salpétrière, à Paris, travaille dans l’unité des patients difficiles. « Pour beaucoup d’entre eux, délirants ou très déprimés, l’épidémie est très loin de leurs préoccupations. Ce qui les touche directement, c’est l’absence de visites et la suppression des permissions de sortie », relate-t-elle.

    « Pour les patients les plus fragiles ou les plus difficiles, le confinement risque, sur la durée, de faire monter les tensions et l’angoisse », renchérit Marie-Victoire Ducasse. A l’hôpital Sainte-Anne où exerce cette jeune psychiatre, les malades mangent désormais en chambre et non plus dans la salle commune. L’accès au parc est fermé. La salle de télé, en revanche, est restée accessible. « Certains patients comprennent qu’il faut faire respecter les gestes barrières, mais pour ceux qui sont très désorganisés, c’est compliqué, reconnaît-elle. On ne va pas non plus les enfermer 24 heures sur 24 dans leur chambre, ça n’a aucun sens. »

    Pour la plupart des psychiatres, les bouleversements qu’entraîne la gestion de l’épidémie laissent craindre deux types de risques. Le premier concerne le suivi et la qualité des soins, critère particulièrement essentiel pour ces populations au psychisme fragilisé. « Les consultations par téléphone, pour le moment, se passent plutôt bien, constate Raphaël Gaillard. Mais pour combien de temps ? L’expérience que nous avons tirée de l’explosion de l’usine AZF, à Toulouse, en 2001, qui avait soufflé un hôpital psychiatrique situé juste à côté, c’est que, dans les situations aiguës, nos patients se comportent plutôt de façon remarquable. Mais il y a forcément un effet rebond. »

    « Un afflux de patients »
    Déjà, la tension se fait sentir pour certains d’entre eux. « Toutes les structures extra-hospitalières ferment, et nous assistons à un afflux de patients isolés, qui pètent les plombs. Les schizophrènes paranoïdes notamment, qui ont tendance à se sentir persécutés », constate Delphine Rousseau, psychologue à l’hôpital psychiatrique de Ville-Evrard (Bondy, Seine-Saint-Denis) et dans le service addictologie du Centre hospitalier intercommunal André-Grégoire de Montreuil (Seine-Saint-Denis). Privés de leurs recours habituels, les plus vulnérables, ceux qui sont à la rue ou zonent de place en place, risquent fort d’atterrir aux urgences psychiatriques.

    Deuxième crainte grandissante des psychiatres : la propagation du coronavirus au sein d’un établissement. Aucun foyer de contamination n’a pour le moment été déclaré, mais la perspective est plausible, et très inquiétante. « On sait que certains malades voient leurs familles et que les familles véhiculent le virus. Nous allons avoir des malades Covid +, et il sera particulièrement difficile de les prendre en charge, prévoit le docteur Norbert Skurnik, psychiatre hospitalier et président du comité d’éthique du GHU de Paris, qui rappelle que, « lorsqu’un schizophrène délirant a un infarctus, c’est déjà l’abomination pour trouver des soins ».

    Que fera-t-on de ces malades contagieux, s’ils sont en détresse vitale ? Il n’y a pas de service de réanimation dans les hôpitaux psychiatriques. « On est en train de chercher des solutions un peu partout. Mais on n’a aucune directive, aucune consigne claire, se désole le docteur Skurnik. C’est le far west. »

    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/03/25/les-hopitaux-psychiatriques-en-plein-desarroi-face-au-coronavirus_6034308_32

    #santé #santé_mentale #psychiatrie #far_west_néolibéral #maladie #coronavirus #covid19 #HP

  • Il y a donc désormais les confiné.e.s et les non-confiné.e.s qui assurent la vie quotidienne des premiers...

    (Françoise Vergès sur FB :)

    Il y a donc désormais les confiné.e.s et les non-confiné.e.s qui assurent la vie quotidienne des premiers - qui apportent les denrées aux boutiques, qui rangent sur les étagères, nettoient, tiennent la caisse, les éboueurs, les postier.e.s, les livreurs (j’en ai vu 3 déjà depuis ce matin), les conductrices/conducteurs de transport, les femmes de ménage des hôtels et les serveuses/serveurs des hôtels (qui restent ouverts et assurent un room service), et tant d’autres. Classe, genre, âge, racialisation, santé traversent les deux groupes mais les non-confiné.e.s sont les plus exposé.e.s. Dans les éléments du confinement, il y a celles/ceux qui vivent dans 12m2 et celles/ceux dans 150m2, qui peuvent se faire livrer ou pas, qui ont de quoi s’abonner à des tas de sites de streaming ou pas, qui ont un grand débit pour assurer les cours à la maison ou pas, qui peuvent aider les enfants à faire les leçons ou pas, qui ont un ordinateur et une imprimante ou pas, qui sont totalement isolées ou pas, qui ont des papiers ou pas, qui sont financièrement à l’aise ou pas, les femmes et enfants qui vivent avec des compagnons violents, les femmes seules avec des enfants, bref, des milliers et milliers de situations noyées sous le discours d’union nationale dans un pays où les inégalités, les violences d’état, le racisme et le sexisme organisent la vie sociale depuis des années. Les actes de solidarité, nombreux, qui s’organisent et sont formidables ne doivent pas remplacer les responsabilités de l’état. (Je parle là de la vie quotidienne, pas du personnel médical et de toutes les personnes qui assurent la vie d’un hôpital - donc aussi celles/ceux qui nettoient, gardent, font l’administration...- évidemment très exposé).

    Le confinement est rendu possible grâce à toutes ces personnes invisibilisées et bien trop souvent mal payées et exploitées.

    #confinement #coronavirus #nettoyage #soins #supermarché #caissières #livreurs #nettoyage #racisme #inégalités #vergès

  • « Face au coronavirus, les politiques n’ont pas eu le cran de poser le débat » Tribune d’Yves Sintomer
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/03/18/face-au-coronavirus-les-politiques-n-ont-pas-eu-le-cran-de-poser-le-debat_60

    Le gouvernement n’a pas profité des deux derniers mois pour élaborer un plan B : faire des provisions suffisantes de masques, préparer un système hospitalier malmené depuis des années par les restrictions budgétaires pour le cas où la pandémie frapperait le pays.

    La politique à l’égard du coronavirus est à l’image de celle menée sur d’autres fronts : un mélange d’amateurisme, d’improvisation et d’arrogance. Les simples citoyens ont été privés des débats nécessaires sur les choix à faire. Ils ont logiquement eu du mal à suivre le réveil soudain de leurs responsables.

    Le virus vient nous rappeler que les humains font partie de la nature et qu’ils courent à la catastrophe s’ils oublient cette donnée. Il nous rappelle aussi qu’il faut changer la politique. Radicalement. Faute de quoi, son déclin s’accentuera et les scénarios les plus noirs seront à l’ordre du jour.

  • Didier Raoult [un charlatan d’élite qui est aussi climatolo-sceptique et écrivait un article en 2015 sur l’ampleur gravissime des accidents de vélo, plus dangeureux que le terrorisme et blablabli, ndc] sur le coronavirus : « Il ne faut pas jouer avec la peur »
    https://www.marianne.net/societe/didier-raoult-sur-le-coronavirus-il-ne-faut-pas-jouer-avec-la-peur

    (...) En scientifique, je m’intéresse à ce qui se fait dans le monde pour analyser les solutions associées aux meilleurs résultats. La plupart des pays n’avait pas pris le type de décision annoncée par la France, sauf l’Italie avec un succès pas vraiment remarquable. L’Allemagne n’a pas fait ce choix, la Corée du Sud non plus, bien qu’elle ait été frappée de plein fouet. En Chine, il n’y a que la région de Wuhan qui ait été mise en quarantaine, là où il y a eu 2.500 morts, alors que le virus a été partout ailleurs. Mais la mortalité ne s’est pas étendue. On prend des mesures qui n’ont rien à voir avec celles de pays qui ont contrôlé l’épidémie. Peut-être est-ce un trait de génie, ou pas. Il importe surtout de ramener les choses à leur proportion, car l’interprétation que l’on en donne fini par biaiser complètement la vision.

    Ce virus n’est-il pas particulièrement contagieux et dangereux ?

    La dangerosité, je ne sais pas ce que cela veut dire. Elle dépend de l’échantillon qu’on observe. On peut regarder en Corée du Sud où l’on a fait ce que je préconise depuis le début, à savoir détecter et traiter, ou dans la plus grande folie réalisée au Japon en coinçant des personnes âgées sur un bateau de croisière, un modèle expérimental équivalent à mettre ensemble vingt souris dont quatre infectées pour regarder combien seront contaminées. Dans ces deux cas, la mortalité a été relativement faible, et en Corée elle a été une des plus faibles au monde. Dans notre centre à Marseille, le seul cas mortel est arrivé après avoir erré d’hôpital en hôpital. Une dame de 89 ans qui était en réanimation depuis dix jours quand on l’a diagnostiquée. La mortalité sera évidemment plus importante pour des gens repérés en réanimation qu’avec une détection précoce. Elle va dépendre de la qualité de la prise en charge, et on ne peut tester cette mortalité que si l’on intègre des formes peu symptomatiques.

    En Chine, on rapporte des suicides de gens angoissés

    Nous avons sans doute fait plus de tests du coronavirus que tous les autres laboratoires français réunis, avec aussi bien des formes modérées que graves. Le PACA est peut-être épargné avec un seul décès, mais ça prouverait que les généralisations sont fausses. Les écosystèmes sont différents entre Paris intra-muros, Wuhan, la région PACA, et il y a le risque non mesurable car chaotique des super-contaminateurs, difficilement compréhensibles. On sait tout de même maintenant mesurer les charges virales et on voit que des gens ont des quantités de virus un million de fois plus importantes que d’autres. Logiquement, cela peut jouer un rôle dans la contamination, avec d’autres choses comme le comportement. Reste qu’aujourd’hui la plupart de nos patients viennent pour des symptômes respiratoires dus à la vingtaine d’autres virus qui circulent, ou parce qu’ils ont rencontré quelqu’un qui avait le coronavirus. Ils sont affolés et veulent savoir s’ils n’ont pas un truc qui va les tuer. La peur est très contagieuse. En Chine, on rapporte des suicides de gens angoissés. Il ne faut pas jouer avec la peur.

    Pensez-vous qu’on s’emballe dangereusement ?

    Oui. Quelles sont les données pratiques ? En 2019, il y a eu 2,6 millions de morts dans le monde par infection respiratoire aiguë. A votre avis, quelle influence aura là-dedans le coronavirus ? Avant de modifier sensiblement ces statistiques, il va falloir qu’il tue beaucoup... Et qui sait s’il ne s’arrêtera pas du jour au lendemain sans qu’on sache pourquoi comme le SRAS, ou si l’on en aura fini avec lui en mars, comme habituellement avec la grippe. Tout cela fait que je ne suis pas particulièrement ému, et pense surtout à détecter et à traiter.

    Vous menez un essai clinique sur un traitement par la #chloroquine. Avez-vous des premiers résultats ?

    Je les présenterai cette semaine, mais n’inventerai rien. Le docteur Zhong Nanshan, qui a géré l’épidémie de coronavirus chinois avec succès, a montré que la chloroquine améliore le tableau clinique. En Arabie saoudite, pays où il y a eu le plus de coronavirus ces dernières années, Ziad Memish la recommande également comme traitement de base. Ces deux scientifiques sont les meilleurs au monde pour traiter les coronavirus, mais en France, peut-être parce que l’un est chinois et l’autre arabe, on ne les écoute pas. En Corée du sud, la chloroquine est aussi dans le protocole officiel, comme en Iran.

    En France on réclame de fournir des résultats déjà trouvés ailleurs

    Les coronavirus viennent de ces pays et ceux qui proposent ce produit les connaissent. Je transmets des choses que d’autres devraient aussi transmettre s’ils lisaient, suivaient ce qui se fait à l’étranger et avaient réalisé que les Chinois sont devenus les plus grands producteurs de science au monde. Je ne fais qu’une étude de confirmation au niveau de la charge virale, seul élément vraiment mesurable aujourd’hui, sauf à inclure des milliers de personnes pour des analyses qui arriveront dans plusieurs mois, sans résultat immédiat.

    La charge virale est en revanche facile à regarder et elle répond à la question essentielle de la transmissibilité. Sa durée moyenne est de 12 à 14 jours, et le docteur Zhong a déjà montré que la chloroquine réduisait la persistance du virus à quatre jours. Parmi tous les produits testés, c’est le plus anodin au niveau des effets secondaires, le moins cher, et il a montré au moins partiellement son efficacité. Une bonne nouvelle à annoncer. Cela aura un effet, y compris dans une population où l’on peut redouter de mourir de quelque chose qu’on ne peut pas traiter. Je ne comprends pas qu’on ne s’en serve pas. C’est bizarre à une époque où l’on parle sans cesse de mondialisation. En France on réclame de fournir des résultats déjà trouvés ailleurs.

    On a parlé de « fake news » à propos de vos déclarations sur la chloroquine.

    Fin février, j’ai fait une vidéo dans laquelle je présentais les résultats chinois. Elle a été postée et partagée sur Facebook, qui l’a qualifié de « fake news » après avis d’un décodeur du Monde. Le site du ministère de la Santé a alors affiché que je propageais une fake news, mais l’a vite retiré. Et deux semaines après, le ministère me demandait de rentrer dans le conseil scientifique dédié au #coronavirus...

    • Nivaquine 100, préventif et curatif (pour le palu), prix de la boite de 100 4€55...

      Contrairement aux test covid 19 utilisés massivement en Corée du sud et à Taiwan, c’est pas cher. Et il ne semble pas que le test soit indispensable pour suivre ce traitement qui a connu une hausse de prescription (avec prescriptions médicales)

      Test de dépistage au coronavirus Covid-19 : qui, où et comment ?
      https://www.santemagazine.fr/sante/examens-medicaux/prelevements/test-de-depistage-au-coronavirus-covid-19-qui-ou-et-comment-432724

      Le test réalisé en laboratoire de ville sera facturé 54 euros et remboursé à hauteur de 60 % par la Sécurité sociale. La somme restante sera prise en charge par les mutuelles. Jusqu’à présent, les tests de dépistage réalisés en milieu hospitalier étaient facturés dans le cadre de la Tarification à l’activité (T2A), certains au prix de 135€

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      Les stratégies de dépistage du coronavirus laissent perplexes patients et professionnels , 11 mars 2020
      https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/03/11/coronavirus-les-strategies-de-depistage-laissent-perplexes-patients-et-profe

      Depuis quelques jours, confrontés à un nombre croissant de demandes de tests, plusieurs hôpitaux ont fait le choix de faire évoluer leur politique.

      Une infirmière du CHU de Bordeaux transporte des échantilons prélevés sur des patients, le 9 mars. GEORGES GOBET / AFP
      Au centre de régulation du SAMU des Yvelines, où le nombre d’appels a été multiplié par quatre en moins d’un mois, le coronavirus est le sujet de presque toutes les demandes. « Les gens veulent tous être testés, il y a une anxiété épouvantable avec ce qui se passe en Italie », raconte le docteur Wilfrid Sammut, le représentant départemental de l’Association des médecins urgentistes de France (AMUF).

      Passage obligé pour obtenir une prescription pour un test, le 15 limite désormais ses ordonnances. « On est hors cadre par rapport à ce qu’on nous demande », à savoir continuer à tester des personnes pas ou peu symptomatiques pour « rechercher le cas zéro », explique le docteur Sammut. « Vu le nombre de personnes contaminées, dit-il, on a pris le parti de ne tester que les cas potentiellement graves, les sujets âgés symptomatiques et les soignants. »

      Tests réservés aux cas les plus graves
      En ligne avec ce changement de stratégie, plusieurs hôpitaux ont aussi fait évoluer leur politique en matière de dépistage. Reconnaissant ne pas être « en capacité » de tester les autres patients, Marc Noizet, le chef des urgences de l’hôpital Emile-Muller de Mulhouse (Haut-Rhin), a annoncé, mardi 10 mars, ne plus prélever depuis une semaine tous les patients présentant une suspicion de coronavirus, mais uniquement ceux « qui sont hospitalisés et qui présentent des critères de sévérité ». Une décision similaire a été prise à l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). « Nous sommes limités par le nombre de tests que nous pouvons réaliser : les virologues ne peuvent pas travailler vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept », lâche le professeur Eric Caumes, chef de service des maladies infectieuses à la Pitié-Salpêtrière à Paris.

      « Il nous arrive exactement la même chose qu’en Chine : au début, les médecins testaient tout le monde, et ils ont fini par établir des diagnostics à partir de radios », analyse Eric Caumes, qui s’interroge aussi sur la pertinence de ces tests pour établir le bilan quotidien du Covid-19.
      Rappelant que certains décès attribués au coronavirus peuvent avoir pour cause d’autres pathologies dont souffraient les patients, l’infectiologue estime qu’il y a dans le bilan publié chaque jour par le ministère de la santé « trop de morts et pas assez de cas, puisqu’on ne teste pas tout le monde ». Le décompte est d’autant plus biaisé que les critères pour obtenir un test varient d’un département à l’autre. Là où le virus est encore peu présent, l’objectif reste de dépister tous les cas suspects, et d’identifier les « patients zéro » pour circonscrire sa diffusion. Là où il circule activement, cette approche est abandonnée, et les tests réservés aux soignants pour orienter les soins.

      Les généralistes n’ont pas accès aux tests
      Cette stratégie à deux vitesses laisse perplexes des patients présentant des symptômes grippaux ou estimant avoir été exposés, contraints de rester à l’isolement sans pour autant avoir la certitude d’être contaminés. « Il semblerait que les tests soient inaccessibles pour le commun des mortels », déplore une habitante de l’Oise contrainte au confinement. Un constat partagé par les médecins généralistes. « Nous, les médecins de base, on peut savoir si un cas est grave ou pas, mais on a besoin d’un test pour savoir s’il s’agit d’un coronavirus, d’une bronchite ou d’un autre virus », explique Brigitte Tregouet, généraliste à La Roche-sur-Yon, en Vendée.
      Après avoir appelé une fois le 15 pour solliciter un avis sur un cas suspect, elle n’a pas renouvelé l’expérience. « Sur une consultation de vingt minutes, je n’ai pas le temps d’appeler quelqu’un qui va décrocher au bout de quinze minutes pour me dire “je ne sais pas” et me refuser un test », raconte-t-elle. Elle-même un peu enrouée depuis quelques jours, elle aurait bien aimé être fixée afin de savoir si elle est contagieuse. « Mais je ne rentre pas dans les critères, ce n’est pas possible… », regrette-t-elle.

      Cette situation pourrait toutefois rapidement changer. Un décret paru dimanche 8 mars autorise désormais les laboratoires de ville à réaliser les tests d’infection au SARS-CoV-2. Le retentissement médiatique autour de cette annonce a toutefois pris de court les biologistes. « Tous les quarts d’heure, on nous appelle pour nous demander si on fait le test », soupire Annie Vatré, biologiste à la tête du laboratoire d’analyses Richelieu, situé dans le 2e arrondissement, à Paris. « On a donné aux patients l’impression que c’était en accès libre ! », s’esclaffe Laurent Kbaier, biologiste à la tête du laboratoire de la Gare à Hyères (Var).

      Les biologistes en première ligne
      Désormais en première ligne face à des malades anxieux, les biologistes s’avouent pour l’instant un peu démunis. « Le 15 vient de nous envoyer un patient pour un dépistage du Covid, mais rien n’est prêt », s’agace M. Kbaier. Les tests ne sont pas encore arrivés, pas plus que les équipements de protection indispensables au prélèvement des patients. « En pleurant à la pharmacie, nous avons obtenu une boîte de cinquante masques chirurgicaux. Une boîte !, s’étonne encore Annie Vatré. Et pour prélever les malades, nous devons nous habiller comme des cosmonautes, mais nous n’avons rien reçu. »
      Les biologistes de ville ne figuraient en effet pas sur la liste des bénéficiaires des dix millions de masques chirurgicaux distribués la semaine dernière par l’Etat aux professionnels de santé. « C’est un gros bug du ministère », juge Lionel Barrand, le président du Syndicat des jeunes biologistes médicaux (SJBM), pour qui il est « hors de question de pratiquer ces tests invasifs sans masques FFP2 », des modèles renforcés aujourd’hui indisponibles pour les médecins libéraux.
      Surtout, les biologistes craignent les contaminations croisées dans les salles d’attente, souvent remplies de personnes fragiles. « Ce matin, une trentaine de personnes attendaient d’être prélevées debout, les unes à côté des autres. Je me suis dit : si une seule a le coronavirus, toutes les autres vont être infectées », témoigne Laurent Kbaier, qui s’est décidé à placarder une affiche sur sa porte, demandant aux malades présentant des symptômes grippaux de ne plus entrer. Une situation à laquelle le ministère a en partie répondu lundi soir. Les laboratoires sont encouragés à « se déplacer au domicile » des patients qui devront être testés, a annoncé le directeur général de la santé, Jérôme Salomon

    • Sérieusement ? (Toujours le même et unique sosie du Big Lebowski, vedette – peut-être malgré lui – des complotistes.)

      Quelles sont les données pratiques ? En 2019, il y a eu 2,6 millions de morts dans le monde par infection respiratoire aiguë. A votre avis, quelle influence aura là-dedans le coronavirus ? Avant de modifier sensiblement ces statistiques, il va falloir qu’il tue beaucoup... Et qui sait s’il ne s’arrêtera pas du jour au lendemain sans qu’on sache pourquoi comme le SRAS, ou si l’on en aura fini avec lui en mars, comme habituellement avec la grippe. Tout cela fait que je ne suis pas particulièrement ému, et pense surtout à détecter et à traiter.

      Là-dedans, il y a une seule et unique « données pratiques » (oui, parce qu’il a mis ça au pluriel), qui concerne « le monde », essentiellement les pays en voie de développement. Je n’arrive pas à trouver les chiffres de la grippe en Italie, mais si c’est comme la France, ça doit être entre 5 et 10.000 décès par an. Covid-19 a déjà tué plus de 1000 personnes en Italie rien que ces 4 derniers jours (350 par jours ces deux derniers jours, presque 2000 en dix jours). Par ailleurs, dans le cas de la grippe il me semble que les chiffres sont généralement des évaluations de la surmortalité. Dans le cas du coronavirus, si on commence à prendre en compte la saturation des services de santé, la surmortalité va être énormément plus importante que le nombre de morts strictement dus au coronavirus (les gens meurent de toutes sortes d’autres pathologies parce que les services hospitaliers sont débordés – ce sont donc des morts évitables attribuables au coronavirus sans être directement causées par lui).

      L’idée que le curseur ne bougerait quasiment pas est une escroquerie intellectuelle.

      Le reste du paragraphe est assez sidérant : « qui sait s’il ne s’arrêtera pas du jour au lendemain… », « ou si l’on en aura fini avec lui en mars ». Ça c’est de la « donnée pratique » du niveau du café du commerce…

    • Tu as raison et ces propos relativistes et infondés m’ont aussi fait douter du sérieux de ce type, un sauveur qui nous vend une solution clé en main. Que cet excellent journal ne pose pas la question « pourquoi pas de test de masse ici ? » alors que c’est l’une des manières dont l’épidémie a été (est) sous évaluée rend aussi l’article bien léger. Mais divers arguments ont plus de poids : désintérêt pour les travaux scientifiques pas rédigés en anglais (même si il me parait étonnant que la Chine ne valorise pas ses recherches en publiant en anglais, ce serait à vérifier), même si attribuer au racisme une telle ignorance est plutôt démago ; appui sur les expériences sud coréenne, chinoise et (implicitement) taïwanaise (baisse des contaminations en cours).
      Malgré cela, difficile de savoir en l’état si la chloroquine est indiquée...

  • Coronavirus : la #chloroquine, une piste pour lutter contre l’épidémie
    Une vingtaine d’essais cliniques sont en cours en Chine pour évaluer l’effet de cet antipaludéen, mais cette approche thérapeutique ne fait pas l’unanimité.

    Par Sandrine Cabut Publié aujourd’hui à 09h36, mis à jour à 17h44

    La course aux traitements contre le nouveau #coronavirus a remis sur le devant de la scène la chloroquine (Nivaquine), un antipaludéen commercialisé depuis soixante-dix ans. En Chine, près d’une vingtaine d’essais cliniques sont en cours pour explorer l’efficacité de cette molécule ou d’un analogue, l’hydroxychloroquine (Plaquenil), chez des patients infectés par le SARS-CoV-2, selon le registre chinois des essais cliniques.

    En France, une étude clinique vient d’être lancée par le professeur Didier Raoult, directeur de l’IHU Méditerranée Infection (Marseille). Evoqués lundi 16 mars dans une vidéo par ce dernier, les résultats préliminaires semblent spectaculaires : au bout de six jours de traitement par #Plaquenil, 25 % seulement des patients seraient encore porteurs du virus, la proportion étant de 90 % chez ceux ne recevant pas le traitement. La charge virale à J + 6 serait encore plus basse chez les malades traités en plus par un antibiotique, l’#azithromycine.

    Dans sa présentation, le professeur #Raoult ne précise pas si ces résultats portent sur l’ensemble des 24 malades prévus dans le protocole, une publication scientifique est attendue.

    Mais, pour ce spécialiste des maladies infectieuses, membre du conseil scientifique sur le nouveau coronavirus qui vient d’être mis en place par le ministre de la santé, il y a suffisamment d’arguments pour utiliser dès maintenant ce traitement, très peu onéreux, chez des malades du #Covid-19. « En Chine, en Iran, en Corée du Sud, en Arabie saoudite, l’hydroxychloroquine et la chloroquine font déjà partie des protocoles thérapeutiques, conseillés par des experts, pour certains de renommée mondiale. Il y a urgence à organiser de telles recommandations en France, et c’est ce que j’ai proposé aux autorités sanitaires », indique-t-il. D’autres équipes hospitalières françaises ont manifesté leur intérêt pour le protocole marseillais, qui est proposé, on ne sait pas à quelle échelle, à des patients hospitalisés, hors cadre d’étude clinique.

    De son côté, le gouvernement britannique a récemment inscrit sur la liste des médicaments interdits à l’exportation parallèle la chloroquine, l’hydroxychloroquine, et une combinaison d’antiviraux, pour parer aux besoins éventuels de patients britanniques atteints de Covid-19 et anticiper des ruptures de stock de ces produits.

    Des précautions en cas de grossesse

    Les spécialistes français sont cependant partagés sur l’efficacité antivirale de ces molécules et sur leur rapport bénéfice-risque. La question est notamment posée du risque d’intoxication à forte dose et d’une potentielle génotoxicité (effet délétère sur les gènes). Depuis 2018, en France, les RCP (résumé des caractéristiques du produit) de la chloroquine puis de l’hydroxychloroquine – toutes deux commercialisées par Sanofi – ont été modifiés. Ces documents officiels d’information stipulent désormais que les femmes et hommes en âge de procréer doivent utiliser une contraception efficace pendant le traitement et jusqu’à huit mois après son arrêt.

    La chloroquine ne doit pas être administrée pendant la grossesse, sauf en l’absence de thérapeutique plus sûre. Des précautions jugées excessives par des professionnels de santé, mais qui, après l’affaire de la Dépakine (responsable de malformations et de troubles du neurodéveloppement chez les enfants de femmes traitées avec cet antiépileptique pendant leur grossesse), ont de quoi interroger si la Nivaquine et le Plaquenil devaient être prescrits largement dans un contexte d’épidémie. Le point en cinq questions.

    Quelles sont les indications actuelles de ces médicaments ?

    Antipaludéen de synthèse mis au point dans les années 1930 en Allemagne, la chloroquine a été commercialisée en 1949. D’abord arme essentielle de prévention et de traitement du paludisme, son utilisation a décliné du fait du développement de résistances des plasmodiums et d’autres médicaments. Un arrêt de commercialisation de ce médicament, délivrable uniquement sur ordonnance, est désormais prévu en France. « Suite à la baisse de la demande, liée à la présence sur le marché d’autres options thérapeutiques, notre fournisseur a arrêté la production du principe actif », précise Sanofi.

    La chloroquine, et surtout l’hydroxychloroquine, ont aussi des indications dans des maladies auto-immunes comme le lupus et la polyarthrite rhumatoïde, et en prévention des lucites (allergies au soleil). « Le Plaquenil est aujourd’hui l’un des traitements de base du lupus systémique, maladie qui touche une personne sur 2 000 », explique la professeure Nathalie Costedoat-Chalumeau, interniste (hôpital Cochin, AP-HP).

    Que sait-on de leurs effets sur le SARS-CoV-2 ?

    Les rares publications scientifiques sur le sujet sont, pour l’instant, issues du premier pays touché chronologiquement par le virus : la Chine. Un premier article publié le 25 janvier dans la revue Cell Research fait état d’une grande efficacité in vitro de la chloroquine sur ces virus. Rapidement, des essais cliniques ont été lancés en Chine et des résultats préliminaires positifs portant sur une centaine de malades ont été annoncés lors d’une conférence de presse le 15 février, puis repris le 19 février dans une lettre au journal spécialisé BioScience Trends, sans données chiffrées.

    Fin février, Zhong Nanshan, scientifique de renom et principal conseiller médical du gouvernement chinois sur le sujet, a précisé, lors d’une conférence de presse, que le SARS-CoV-2 devenait indétectable en quatre jours chez les malades traités par chloroquine (alors que le temps moyen d’excrétion chez des patients dans d’autres études serait de l’ordre de douze, voire vingt jours). Face à ces données préliminaires, peu précises et non validées par les canaux habituels de la science, une partie du corps médical reste réservée.

    Louant le pragmatisme des Chinois, Didier Raoult a lancé un essai clinique, qui a reçu l’approbation d’un comité de protection des personnes (CPP) et de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Prévue chez 24 malades, l’étude évalue les effets de 600 mg/jour d’hydroxychloroquine pendant dix jours, sur la durée d’excrétion du virus et la sévérité de l’infection. Il s’agit d’un essai ouvert, l’évolution des malades inclus étant comparée à celle de patients pris en charge ailleurs et traités de façon symptomatique. « Je connais bien l’hydroxychloroquine, dont j’ai découvert l’efficacité dans deux pathologies dues à des bactéries intracellulaires, la maladie de Wipple et la fièvre Q, et j’ai une expérience sur 4 000 patients », souligne le professeur Raoult, qui plaide, dans ce contexte, pour un partage en temps réel des résultats.

    Sont-ils efficaces sur d’autres virus ?

    Dans un article de synthèse de deux pages (Antiviral Research, en ligne le 5 mars), Frank Touret et Xavier de Lamballerie (unité des virus émergents, université de Marseille) appellent la communauté scientifique à considérer les publications sur la chloroquine et le nouveau coronavirus à la lumière de précédentes expériences avec cette molécule comme antiviral.

    L’activité antivirale in vitro de la chloroquine a été identifiée dès la fin des années 1960, écrivent les deux chercheurs, en précisant que cette propriété, qui existe aussi avec l’hydroxychloroquine, concerne de nombreux virus différents, y compris le coronavirus du SRAS. Une efficacité contre une variété de virus (dont Zika, le virus grippal A H5N1) a été montrée chez des souris et d’autres modèles animaux. Mais, jusqu’ici, aucun essai clinique dans le cadre d’infection virale aiguë (chikungunya, dengue) ou chronique (HIV) n’a été couronné de succès, soulignent les deux chercheurs. « In vitro, la chloroquine a une activité antivirale directe. Elle empêche le cycle viral de s’effectuer normalement, en modifiant le pH, explique Xavier de Lamballerie. In vivo, c’est moins clair, l’action antivirale pourrait être plutôt indirecte, par des effets anti-inflammatoires, immunomodulateurs, comme avec la ribavirine. Je ne pense pas que l’activité antivirale de la chloroquine soit très puissante chez l’homme, mais l’immunomodulation qu’elle induit peut être intéressante à certaines phases d’une infection. »

    A l’IHU Mediterranée Infection, au sein de l’hôpital de la Timone à Marseille, un chercheur montre des tablettes de Nivaquine, contenant de la chloroquine, et de Plaqueril, contenant de l’ hydroxychloroquine. GERARD JULIEN / AFP
    Par ailleurs, certains soulignent la capacité de la chloroquine à faciliter l’entrée du zinc dans les cellules ciblées par le coronavirus, ce qui permettrait à ce métal sous forme ionique d’entraver sa réplication. Face à cette hypothèse, Xavier de Lamballerie invite à la prudence.

    Ces médicaments sont-ils difficiles à manier ?

    La chloroquine, considérée comme un médicament à marge thérapeutique étroite, est « hautement toxique en cas de surdosage, particulièrement chez les enfants », écrit le réseau français des centres régionaux de pharmacovigilance (CRPV) sur son site, dans un texte daté du 5 mars. La gravité de l’intoxication aiguë « provient du caractère précoce et brutal de survenue des troubles cardio-vasculaires », souligne le réseau.

    « Chez l’adulte, la dose dangereuse est estimée à partir de 2 g de chloroquine en une prise » (une dose à comparer avec les 500 mg deux fois par jour recommandés dans le protocole chinois de traitement du Covid-19). « En l’état des connaissances actuelles, (…) la chloroquine ne présente pas une balance bénéfice-risque favorable dans la prise en charge des infections à coronavirus Covid-19, estime le réseau des CRPV. Ainsi, son utilisation dans cette indication doit donc être actuellement exclue, en dehors d’essais cliniques ou de prises en charge spécialisées. »

    La chloroquine est-elle à risque pour les femmes enceintes ?

    En 2018, Sanofi a demandé à l’ANSM une modification des informations concernant la chloroquine, les autorités japonaises ayant identifié en 2015-2016 un risque génotoxique (délétère sur les gènes) pour un médicament de la même famille, la primaquine.

    L’analyse conduite par l’Agence, à partir de données de la littérature et de celles fournies par le laboratoire, « a mis en évidence que la chloroquine est génotoxique, qu’il existe des incertitudes sur le risque cancérogène et qu’elle a un impact sur la fertilité et des effets tératogènes [malformations] et fœto-létaux chez le rat », indique l’ANSM. Compte tenu de ces éléments et « conformément aux recommandations européennes », précise-t-elle, l’Agence a demandé de faire figurer sur les notices et les RCP la nécessité pour les femmes et les hommes d’une contraception pendant le traitement par chloroquine et jusqu’à 8 mois après son arrêt. Il est aussi précisé que cette molécule ne doit pas être utilisée en cas de grossesse, sauf en absence d’alternatives plus sûres. Le RCP de l’hydroxychloroquine a été modifié dans le même sens.

    A la demande de l’ANSM, les laboratoires Sanofi sont en train de réaliser des études complémentaires pour mieux caractériser le risque génotoxique de ces deux molécules.

    « La génotoxicité peut concerner les cellules reproductrices, spermatozoïdes et ovocytes. A un certain niveau de risque, cela pose donc la question de l’obligation de contraception et d’une contre-indication pendant la grossesse, explique la docteure Sophie Gautier (CRPV de Lille), membre du groupe de travail « grossesse » de l’ANSM. En ce qui concerne le risque tératogène de la chloroquine, on ne peut pas l’exclure mais il n’y a pas de signal clinique. »

    En décalage avec ces mentions sur les RCP et les notices, le site Internet du centre de référence sur les agents tératogènes (CRAT), destiné aux médecins, écrit que, « dans le paludisme, l’utilisation de la chloroquine est possible, quel que soit le terme de la grossesse ». Dans les autres pathologies, « si la chloroquine est nécessaire à l’équilibre maternel, son utilisation est possible quel que soit le terme de la grossesse, à la dose efficace la plus faible possible ». Une discordance assumée par la docteure Elisabeth Elefant, responsable du CRAT, qui insiste sur les « très nombreuses et rassurantes » données chez les femmes enceintes exposées à la chloroquine.

    « Cette molécule a été très largement utilisée en Afrique pendant des décennies et il n’a pas été observé de malformations, précise-t-elle. Quant aux données de génotoxicité, ce sont des tests faits en premier lieu pour évaluer les risques cancérigènes et, de ce point de vue, nous n’avons pas d’inquiétude documentée pour la chloroquine. Enfin, s’agissant d’une potentielle atteinte des cellules reproductrices qui conduirait à des problèmes en cas de grossesse, on s’inspire des données des médicaments cancéreux comme le cyclophosphamide, mais ici c’est un risque théorique. »

    Face aux nouvelles préconisations, « ingérables et infondées », selon les termes de la docteure Elefant, surtout pour l’hydroxychloroquine (Plaquenil) – largement plus prescrite que la chloroquine pour des maladies inflammatoires –, la responsable du CRAT et des sociétés savantes de médecine interne de rhumatologie et de dermatologie ont plaidé en 2018 auprès de l’ANSM pour faire évoluer le dossier. « La France est le seul pays à demander une contraception jusqu’à huit mois après la fin du traitement, alors même que le Plaquenil fait l’objet d’un essai chez des femmes, en prévention des fausses couches à répétition », note encore Mme Elefant.

    Pour les prescripteurs, c’est surtout la perspective de contre-indication pendant la grossesse qui posait problème. « Je n’ai aucune arrière-pensée sur le rapport bénéfice-risque du Plaquenil dans le lupus. L’interdire pendant la grossesse, compte tenu des données rassurantes dont nous disposons, aurait été extrêmement problématique. Heureusement, en concertation avec l’ANSM, nous avons pu faire évoluer la mention sur la grossesse dans le RCP, avec des termes un peu plus positifs », souligne la médecin interniste Nathalie Costedoat-Chalumeau. En pratique, les médecins continuent à prescrire ce médicament chez les femmes enceintes qui en ont besoin. Quant à la contraception pendant le traitement et huit mois après, aucun des prescripteurs que nous avons interrogés ne l’exige.

    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2020/03/17/la-chloroquine-une-piste-pour-lutter-contre-le-sars-cov-2_6033364_1650684.ht

    • Le #Plaquenil semble être une piste thérapeutique sérieuse, à condition de ne pas avoir d’antécédents cardiaques : à Marseille les 24 personnes prises en charge par D. Raoult ont quasiment toutes été guéries. La Salpêtrière s’y est mise depuis vendredi (avec précautions et limites évoquées plus bas), Lille aussi, depuis hier, le labo qui produit la molécule en met aujourd’hui à dispo pour traiter 300 000 malades après des essais jugés « prometteurs » (voir article du « Monde » d’aujourd’hui) et tout un pan de l’élite médicale parisienne se voit obligée d’avaler son chapeau (voir le mea culpa tweeté par l’épidémiologiste de la Pitié qui a fait un virage à 180° sur la question...)

      Mais d’après une amie soignée / suivie en ambulatoire par l’équipe de la Salpêtrière les équipes soignantes déconseillent formellement l’automédication et la prise de Plaquenil chez soi et sans suivi médical, dès les premiers symptômes ; pas de prise de Plaquenil sans surveillance médicale constante et notamment sans avoir fait d’électrocardiogramme préalablement, car risque cardiaque (ce risque est-il lié directement au Plaquenil ou à un antibiotique associé, ce n’est pas encore clair).

      N’étant pas hospitalisée, donc, elle n’en prend pas (ils ne l’hospitaliseront qu’en cas de détresse respiratoire). A charge au corps de se défendre tout seul, comme un grand… (C’est douloureux, et avec le #Plaquenil administré sous contrôle la charge virale baisserait probablement beaucoup plus vite.)

      En résumé, pour prendre ce médicament (à condition de ne pas avoir de problème cardiaque), il faut être hospitalisé. Or Il y a une incapacité des hôpitaux à prendre en charge tous les patients (fermetures de milliers de lits de ces 20 dernières années) : ils n’admettent que les cas critiques, les cas les plus légers sont traités en ambulatoire. La prescription du Plaquenil se fait dans ce cadre et ces contraintes-là.

    • Concernant la chloroquine, il est très probable qu’elle soit efficace, au vu de son mode d’action connu. Mais il est impératif de disposer d’une confirmation la plus rapide possible, scientifiquement évaluée, des essais cliniques en cours.

      « Face aux coronavirus, énormément de temps a été perdu pour trouver des médicaments » Bruno Canard, directeur de recherche au CNRS et spécialiste des coronavirus

      https://www.lemonde.fr/sciences/article/2020/02/29/bruno-canard-face-aux-coronavirus-enormement-de-temps-a-ete-perdu-pour-trouv

    • Un antipaludéen pourra-t-il contrer l’épidémie de Covid-19 ?

      La chloroquine, efficace in vitro sur le SARS-CoV-2, a été adoptée dans l’arsenal thérapeutique par les autorités sanitaires chinoises à la suite d’essais cliniques encore très peu détaillés.

      (LeMonde - Par Hervé Morin Publié le 26 février 2020 à 15h00 - Mis à jour le 27 février 2020 à 15h25)

      https://www.lemonde.fr/sciences/article/2020/02/26/un-antipaludeen-pourra-t-il-arreter-l-epidemie-de-covid-19_6030931_1650684.h

      Dans une vidéo intitulée « Coronavirus : fin de partie ! » mise en ligne mardi 25 février, l’infectiologue Didier Raoult fait état d’une « excellente nouvelle » sur le front de la lutte contre le coronavirus SARS-CoV-2 : la chloroquine, un antipaludéen ancien et peu onéreux, aurait apporté des « améliorations spectaculaires » chez des patients infectés. Le Covid-19 « est probablement l’infection respiratoire la plus facile à traiter », ajoutait le directeur de l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée infection.

      https://www.youtube.com/watch?v=8L6ehRif-v8&feature=emb_logo

      Le « repositionnement » de cette molécule (principe actif de la Nivaquine et de la Savarine) peut-il donc résoudre la crise actuelle, comme le laisse entendre Didier Raoult ? La chloroquine avait déjà été testée contre le SARS-CoV lors de l’épidémie de SRAS, en 2003, et son efficacité avait alors été établie « et oubliée », selon le chercheur français. Le 15 janvier, il rappelait déjà dans un court article bibliographique de l’International Journal of Antimicrobial Agents, signé avec deux de ses collègues, le potentiel de la chloroquine face au Covid-19, citant nombre des travaux effectués depuis l’épidémie de SRAS montrant son efficacité comme antiviral.

      L’épidémie engendrée par le nouveau coronavirus a poussé des équipes à tester l’efficacité de la chloroquine contre le SARS-CoV-2 in vitro. Une étude publiée début février a ainsi montré sa capacité d’inhibition du virus sur des cultures cellulaires, combiné au Remdesivir du laboratoire Gilead, un antiviral déjà expérimenté lors des épidémies d’Ebola.

      Essais cliniques en Chine

      L’irruption du nouveau coronavirus a aussi suscité de nombreux essais cliniques mis en place en urgence notamment auprès de patients chinois. Le site Clinical.org, géré par les instituts de santé américains (NIH), fait état de plusieurs dizaines d’essais en lien avec Covid-19, mais aucun cependant ne porte la mention « chloroquine ». En revanche le site chinois recensant les essais cliniques nationaux est plus fourni concernant cette molécule.

      L’annonce du professeur Raoult s’appuie sur une très courte « lettre » adressée à la revue BioScience Trends le 18 février et publiée en ligne le même jour. Trois chercheurs de la ville de Qingdao (est de la Chine) mentionnent des essais cliniques en cours dans plus de dix hôpitaux chinois. « Pour l’instant, les résultats sur plus de cent patients ont démontré que le phosphate de chloroquine est supérieur au médicament contrôle [traitement habituel] dans l’inhibition de la pneumonie, qu’il améliore les résultats de l’imagerie pulmonaire, favorise la disparition du virus et réduit la durée de la maladie », écrivent-ils.

      Le contenu de l’article scientifique reprend en fait celui d’un point presse du gouvernement central chinois qui s’est tenu le 17 février, au cours duquel les autorités ont annoncé qu’un consensus s’était dégagé pour inscrire la chloroquine dans l’arsenal thérapeutique national contre l’épidémie de Covid-19. Ces guides destinés aux soignants sont régulièrement actualisés : on en est actuellement à la sixième version pour la présente épidémie.

      Contre-indications pour les plus de 65 ans

      Le 20 février, dans le Chinese Journal of Tuberculosis and Respiratory Diseases, des experts de la province du Guangdong publiaient un article de consensus reprenant ces conclusions. La posologie indiquée était de 500 mg deux fois par jour pendant dix jours. Ils listaient un certain nombre de contre-indications – parmi lesquelles l’âge : les plus de 65 ans, la tranche d’âge dont la létalité est la plus élevée, faisaient partie des personnes chez qui l’administration de chloroquine était considérée comme contre-indiquée. Le point presse et les préconisations d’usage de la chloroquine avaient été mentionnés par l’agence de presse Xinhua le 17 février.

      Le faible nombre de patients concernés par ces essais cliniques, l’absence de précisions sur le traitement de référence qui a servi de point de comparaison et l’absence d’éléments chiffrés et de détails sur l’état clinique initial des patients invitent cependant à une lecture prudente de cette annonce.

      Pour l’heure, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) n’a pas inclus la chloroquine dans la liste des traitements prioritaires face au Covid-19, mais les études où ce médicament est testé dans cette nouvelle indication figurent bien dans la liste des essais en cours dressée par l’institution.

      Pour Bruno Canard, directeur de recherche au laboratoire architecture et fonction des macromolécules biologiques (Centre national de la recherche scientifique - Aix-Marseille université), « il est très probable que la chloroquine fonctionne ». Mais « il est impératif de disposer d’une confirmation la plus rapide possible, évaluée scientifiquement », des essais cliniques évoqués par Didier Raoult. Il faudra aussi prendre en compte les facteurs de risques liés à l’utilisation de cette molécule.

      La chloroquine pourrait être un « cas parfait de repositionnement », mais des précédents incitent à la « prudence » : face au chikungunya, malgré une efficacité sur des cultures de cellules infectées, la chloroquine avait été abandonnée, rappelle Bruno Canard, « faute d’efficacité réelle » lors de l’essai clinique. Contre la dengue et Zika, la chloroquine n’avait pas non plus tenu les promesses initiales.

      D’autres spécialistes sont circonspects face aux données chinoises encore lacunaires, mettant aussi en garde contre l’automédication, s’agissant d’un médicament dont certains effets secondaires peuvent être redoutables - même si la chloroquine n’est disponible que sur prescription, elle est présente dans de nombreuses armoires à pharmacie familiales.

      Ces réserves ne découragent pas l’équipe de Didier Raoult, qui sera en première ligne pour soigner d’éventuelles personnes infectées, et espère pouvoir faire usage de la chloroquine. Il lui faudrait pour cela disposer du feu vert des autorités sanitaires. Pour l’heure, celles-ci semblent dans l’expectative. Mercredi 26 février, le directeur de la santé, Jérôme Salomon, lors d’un point presse consacré au nouveau coronavirus, a constaté qu’« aujourd’hui, la communauté scientifique n’est pas très convaincue. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut pas s’y intéresser ».

      Une voix autorisée chinoise pourrait changer l’appréciation de la molécule : lors d’une conférence de presse donnée jeudi 27 février à Pékin, Zhong Nanshan, qui dirige le groupe d’expert chargé de la lutte contre le virus à la Commission nationale de la santé chinoise, a indiqué que parmi les traitements testés dans les essais cliniques en cours, un seul avait un impact positif, rapporte l’AFP. Il s’agit de la chloroquine, qui permettrait de rendre indétectable le virus chez les patients après environ quatre jours de traitement, indique la même dépêche.

    • #coronavirus : le traitement à la #chloroquine réduit la charge virale à 6 jours pour 75 % des patients selon le Pr Raoult
      | 17 mars 2020 | par Caducee.net | | Partager

      Dans une vidéo de 18 minutes, le professeur Raoult annonce des résultats spectaculaires dans le cadre de l’essai clinique mené sur 24 patients. Au bout de 6 jours de traitement, 75 % des patients traités avec du Plaquenil ne seraient plus porteurs du virus contre 10 % seulement des patients qui n’ont pas reçu ce traitement.

      « C’est spectaculaire. La charge virale moyenne avec ce virus est normalement de 20 jours. Et tous les gens qui meurent à cause du coronavirus ont encore le virus. Ne plus avoir de virus, ça change le pronostic. »
       

      « Si vous n’avez plus de microbe, vous êtes sauvés. »
      Un traitement de 600 mg par jour de Plaquenil pendant 10 jours

      Ces premiers résultats semblent confirmer les résultats obtenus en chine lors d’un essai sur plus de 100 patients. Le traitement à la chloroquine avait également favorisé une conversion négative des patients au virus ainsi que la réduction de la durée des symptômes ».

      L’azithromycine pour les cas les plus sérieux

      Le virologue recommande dans la vidéo d’associer à la chloroquine un antibiotique et de préférence l’azithromycine.

      Selon le Pr Raoult, l’azithromycine a montré son efficacité in vitro contre un grand nombre de virus, bien que cela soit un antibiotique. C’est pour cela que quitte à administrer un antibiotique il recommande l’azithromycine.

       « L’azithromycine améliore le pronostic des gens infectés en réduisant le risque de complication bactérienne »

      Selon les documents transmis par le Pr Raoult, quasiment tous les patients traités sous Plaquenil azithromycine sont négatifs au Coronavirus SARS-COV2 au bout de 6 jours de traitement.

       
      Le Pr Raoult recommande également de dépister systématiquement tous les patients présentant des symptômes comme la toux et de la fièvre afin de démarrer le traitement en cas de positivité sans attendre les signes de gravité. La reduction de la contagiosité serait alors d’autant plus forte. 

      Même si ces résultats doivent être confirmés sur un nombre de patients plus important pour être probants, il n’en demeure pas moins que le Plaquenil pourrait rapidement devenir une option thérapeutique pour un grand nombre de cas.

      https://www.caducee.net/actualite-medicale/14783/coronavirus-le-traitement-a-la-chloroquine-reduit-la-charge-virale-a-6-jour

  • I’m an epidemiologist. When I heard about Britain’s ‘herd immunity’ coronavirus plan, I thought it was satire | William Hanage | Opinion | The Guardian
    https://www.theguardian.com/commentisfree/2020/mar/15/epidemiologist-britain-herd-immunity-coronavirus-covid-19

    Tous les échos que j’ai de médecins et épidémio disent la même chose : la stratégie de l’"immunité de groupe" est une vaste blague, une théorie fumeuse, bollocks, débile, criminel, assassin, inhumain, irresponsable, aberrant…

    Cet article donne des arguments détaillés sur le sujet.

    (La rubrique « Opinion » est ici bien mal nommée.)

  • D’où viennent les coronavirus ?

    Contre les pandémies, l’écologie

    Sonia Shah - Le Monde diplomatique

    Même au XXIe siècle, les vieux remèdes apparaissent aux yeux des autorités chinoises comme le meilleur moyen de lutter contre l’épidémie due au coronavirus. Des centaines de millions de personnes subiraient des restrictions dans leurs déplacements. N’est-il pas temps de se demander pourquoi les pandémies se succèdent à un rythme de plus en plus soutenu ?

    Serait-ce un pangolin ? Une chauve-souris ? Ou même un serpent, comme on a pu l’entendre un temps avant que cela ne soit démenti ? C’est à qui sera le premier à incriminer l’animal sauvage à l’origine de ce coronavirus, officiellement appelé Covid-19, dont le piège s’est refermé sur plusieurs centaines de millions de personnes, placées en quarantaine ou retranchées derrière des cordons sanitaires en Chine et dans d’autres pays. S’il est primordial d’élucider ce mystère, de telles spéculations nous empêchent de voir que notre vulnérabilité croissante face aux pandémies a une cause plus profonde : la destruction accélérée des habitats.

    Depuis 1940, des centaines de microbes pathogènes sont apparus ou réapparus dans des régions où, parfois, ils n’avaient jamais été observés auparavant. C’est le cas du virus de l’immunodéficience humaine (VIH), d’Ebola en Afrique de l’Ouest, ou encore de Zika sur le continent américain. La majorité d’entre eux (60 %) sont d’origine animale. Certains proviennent d’animaux domestiques ou d’élevage, mais la plupart (plus des deux tiers) sont issus d’animaux sauvages.

    Or ces derniers n’y sont pour rien. En dépit des articles qui, photographies à l’appui, désignent la faune sauvage comme le point de départ d’épidémies dévastatrices (1), il est faux de croire que ces animaux sont particulièrement infestés d’agents pathogènes mortels prêts à nous contaminer. En réalité, la plus grande partie de leurs microbes vivent en eux sans leur faire aucun mal. Le problème est ailleurs : avec la déforestation, l’urbanisation et l’industrialisation effrénées, nous avons offert à ces microbes des moyens d’arriver jusqu’au corps humain et de s’adapter.

    La destruction des habitats menace d’extinction quantité d’espèces (2), parmi lesquelles des plantes médicinales et des animaux sur lesquels notre pharmacopée a toujours reposé. Quant à celles qui survivent, elles n’ont d’autre choix que de se rabattre sur les portions d’habitat réduites que leur laissent les implantations humaines. Il en résulte une probabilité accrue de contacts proches et répétés avec l’homme, lesquels permettent aux microbes de passer dans notre corps, où, de bénins, ils deviennent des agents pathogènes meurtriers.

    Ebola l’illustre bien. Une étude menée en 2017 a révélé que les apparitions du virus, dont la source a été localisée chez diverses espèces de chauves-souris, sont plus fréquentes dans les zones d’Afrique centrale et de l’Ouest qui ont récemment subi des déforestations. Lorsqu’on abat leurs forêts, on contraint les chauves-souris à aller se percher sur les arbres de nos jardins et de nos fermes. Dès lors, il est facile d’imaginer la suite : un humain ingère de la salive de chauve-souris en mordant dans un fruit qui en est couvert, ou, en tentant de chasser et de tuer cette visiteuse importune, s’expose aux microbes qui ont trouvé refuge dans ses tissus. C’est ainsi qu’une multitude de virus dont les chauves-souris sont porteuses, mais qui restent chez elles inoffensifs, parviennent à pénétrer des populations humaines — citons par exemple Ebola, mais aussi Nipah (notamment en Malaisie ou au Bangladesh) ou Marburg (singulièrement en Afrique de l’Est). Ce phénomène est qualifié de « passage de la barrière d’espèce ». Pour peu qu’il se produise fréquemment, il peut permettre aux microbes issus des animaux de s’adapter à nos organismes et d’évoluer au point de devenir pathogènes.

    Il en va de même des maladies transmises par les moustiques, puisque un lien a été établi entre la survenue d’épidémies et la déforestation (3) — à ceci près qu’il s’agit moins ici de la perte des habitats que de leur transformation. Avec les arbres disparaissent la couche de feuilles mortes et les racines. L’eau et les sédiments ruissellent plus facilement sur ce sol dépouillé et désormais baigné de soleil, formant des flaques favorables à la reproduction des moustiques porteurs du paludisme. Selon une étude menée dans douze pays, les espèces de moustiques vecteurs d’agents pathogènes humains sont deux fois plus nombreuses dans les zones déboisées que dans les forêts restées intactes.

    Dangers de l’élevage industriel

    La destruction des habitats agit également en modifiant les effectifs de diverses espèces, ce qui peut accroître le risque de propagation d’un agent pathogène. Un exemple : le virus du Nil occidental, transporté par les oiseaux migrateurs. En Amérique du Nord, les populations d’oiseaux ont chuté de plus de 25 % ces cinquante dernières années sous l’effet de la perte des habitats et d’autres destructions (4). Mais toutes les espèces ne sont pas touchées de la même façon. Des oiseaux dits spécialistes (d’un habitat), comme les pics et les rallidés, ont été frappés plus durement que des généralistes comme les rouges-gorges et les corbeaux. Si les premiers sont de piètres vecteurs du virus du Nil occidental, les seconds, eux, en sont d’excellents. D’où une forte présence du virus parmi les oiseaux domestiques de la région, et une probabilité croissante de voir un moustique piquer un oiseau infecté, puis un humain (5).

    Même phénomène s’agissant des maladies véhiculées par les tiques. En grignotant petit à petit les forêts du Nord-Est américain, le développement urbain chasse des animaux comme les opossums, qui contribuent à réguler les populations de tiques, tout en laissant prospérer des espèces bien moins efficaces sur ce plan, comme la souris à pattes blanches et le cerf. Résultat : les maladies transmises par les tiques se répandent plus facilement. Parmi elles, la maladie de Lyme, qui a fait sa première apparition aux États-Unis en 1975. Au cours des vingt dernières années, sept nouveaux agents pathogènes portés par les tiques ont été identifiés (6).

    Les risques d’émergence de maladies ne sont pas accentués seulement par la perte des habitats, mais aussi par la façon dont on les remplace. Pour assouvir son appétit carnivore, l’homme a rasé une surface équivalant à celle du continent africain (7) afin de nourrir et d’élever des bêtes destinées à l’abattage. Certaines d’entre elles empruntent ensuite les voies du commerce illégal ou sont vendues sur des marchés d’animaux vivants (wet markets). Là, des espèces qui ne se seraient sans doute jamais croisées dans la nature se retrouvent encagées côte à côte, et les microbes peuvent allègrement passer de l’une à l’autre. Ce type de développement, qui a déjà engendré en 2002-2003 le coronavirus responsable de l’épidémie de syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), est peut-être à l’origine du coronavirus inconnu qui nous assiège aujourd’hui.

    Mais bien plus nombreux sont les animaux qui évoluent au sein de notre système d’élevage industriel. Des centaines de milliers de bêtes entassées les unes sur les autres en attendant d’être conduites à l’abattoir : voilà des conditions idéales pour que les microbes se muent en agents pathogènes mortels. Par exemple, les virus de la grippe aviaire, hébergés par le gibier d’eau, font des ravages dans les fermes remplies de poulets en captivité, où ils mutent et deviennent plus virulents — un processus si prévisible qu’il peut être reproduit en laboratoire. L’une de leurs souches, le H5N1, est transmissible à l’homme et tue plus de la moitié des individus infectés. En 2014, en Amérique du Nord, il a fallu abattre des dizaines de millions de volailles pour enrayer la propagation d’une autre de ces souches (8).

    Les montagnes de déjections produites par notre bétail offrent aux microbes d’origine animale d’autres occasions d’infecter les populations. Comme il y a infiniment plus de déchets que ne peuvent en absorber les terres agricoles sous forme d’engrais, ils finissent souvent par être stockés dans des fosses non étanches — un havre rêvé pour la bactérie Escherichia coli. Plus de la moitié des animaux enfermés dans les parcs d’engraissement américains en sont porteurs, mais elle y demeure inoffensive (9). Chez les humains, en revanche, E. coli provoque des diarrhées sanglantes, de la fièvre, et peut entraîner des insuffisances rénales aiguës. Et comme il n’est pas rare que les déjections animales se déversent dans notre eau potable et nos aliments, 90 000 Américains sont contaminés chaque année.

    Bien que ce phénomène de mutation des microbes animaux en agents pathogènes humains s’accélère, il n’est pas nouveau. Son apparition date de la révolution néolithique, quand l’être humain a commencé à détruire les habitats sauvages pour étendre les terres cultivées et à domestiquer les animaux pour en faire des bêtes de somme. En échange, les animaux nous ont offert quelques cadeaux empoisonnés : nous devons la rougeole et la tuberculose aux vaches, la coqueluche aux cochons, la grippe aux canards.

    Le processus s’est poursuivi pendant l’expansion coloniale européenne. Au Congo, les voies ferrées et les villes construites par les colons belges ont permis à un lentivirus hébergé par les macaques de la région de parfaire son adaptation au corps humain. Au Bengale, les Britanniques ont empiété sur l’immense zone humide des Sundarbans pour développer la riziculture, exposant les habitants aux bactéries aquatiques présentes dans ces eaux saumâtres. Les pandémies causées par ces intrusions coloniales restent d’actualité. Le lentivirus du macaque est devenu le VIH. La bactérie aquatique des Sundarbans, désormais connue sous le nom de choléra, a déjà provoqué sept pandémies à ce jour, l’épidémie la plus récente étant survenue en Haïti.

    Heureusement, dans la mesure où nous n’avons pas été des victimes passives de ce processus, nous pouvons aussi faire beaucoup pour réduire les risques d’émergence de ces microbes. Nous pouvons protéger les habitats sauvages pour faire en sorte que les animaux gardent leurs microbes au lieu de nous les transmettre, comme s’y efforce notamment le mouvement One Health (10).

    Nous pouvons mettre en place une surveillance étroite des milieux dans lesquels les microbes des animaux sont le plus susceptibles de se muer en agents pathogènes humains, en tentant d’éliminer ceux qui montrent des velléités d’adaptation à notre organisme avant qu’ils ne déclenchent des épidémies. C’est précisément ce à quoi s’attellent depuis dix ans les chercheurs du programme Predict, financé par l’Agence des États-Unis pour le développement international (Usaid). Ils ont déjà identifié plus de neuf cents nouveaux virus liés à l’extension de l’empreinte humaine sur la planète, parmi lesquels des souches jusqu’alors inconnues de coronavirus comparables à celui du SRAS (11).

    Aujourd’hui, une nouvelle pandémie nous guette, et pas seulement à cause du Covid-19. Aux États-Unis, les efforts de l’administration Trump pour affranchir les industries extractives et l’ensemble des activités industrielles de toute réglementation ne pourront manquer d’aggraver la perte des habitats, favorisant le transfert microbien des animaux aux humains. Dans le même temps, le gouvernement américain compromet nos chances de repérer le prochain microbe avant qu’il ne se propage : en octobre 2019, il a décidé de mettre un terme au programme Predict. Enfin, début février 2020, il a annoncé sa volonté de réduire de 53 % sa contribution au budget de l’Organisation mondiale de la santé.

    Comme l’a déclaré l’épidémiologiste Larry Brilliant, « les émergences de virus sont inévitables, pas les épidémies ». Toutefois, nous ne serons épargnés par ces dernières qu’à condition de mettre autant de détermination à changer de politique que nous en avons mis à perturber la nature et la vie animale.

    Sonia Shah
    Journaliste. Auteure de Pandemic : Tracking Contagions, From Cholera to Ebola and Beyond, Sarah Crichton Books, New York, 2016, et de The Next Great Migration : The Beauty and Terror of Life on the Move, Bloomsbury Publishing, Londres, à paraître en juin 2020. Ce texte a été publié dans The Nation.
    (1) Kai Kupferschmidt, « This bat species may be the source of the Ebola epidemic that killed more than 11,000 people in West Africa », Science Magazine, Washington, DC - Cambridge, 24 janvier 2019.

    (2) Jonathan Watts, « Habitat loss threatens all our futures, world leaders warned », The Guardian, Londres, 17 novembre 2018.

    (3) Katarina Zimmer, « Deforestation tied to changes in disease dynamics », The Scientist, New York, 29 janvier 2019.

    (4) Carl Zimmer, « Birds are vanishing from North America », The New York Times, 19 septembre 2019.

    (5) BirdLife International, « Diversity of birds buffer against West Nile virus », ScienceDaily, 6 mars 2009.

    (6) « Lyme and other tickborne diseases increasing », Centers for Disease Control and Prevention, 22 avril 2019.

    (7) George Monbiot, « There’s a population crisis all right. But probably not the one you think », The Guardian, 19 novembre 2015.

    (8) « What you get when you mix chickens, China and climate change », The New York Times, 5 février 2016. En France, la grippe aviaire a touché les élevages durant l’hiver 2015-2016, et le ministère de l’agriculture estime qu’un risque existe cet hiver pour les volatiles en provenance de Pologne.

    (9) Cristina Venegas-Vargas et al., « Factors associated with Shiga toxin-producing Escherichia coli shedding by dairy and beef cattle », Applied and Environmental Microbiology, vol. 82, n° 16, Washington, DC, août 2016.

    (10) Predict Consortium, « One Health in action », EcoHealth Alliance, New York, octobre 2016.

    (11) « What we’ve found », One Health Institute.

    https://www.monde-diplomatique.fr/2020/03/SHAH/61547

    #coronavirus #écologie #habitat #extinction #ebola #santé #pandémie #déchets #sras #écosystème

    • Merci beaucoup pour celle leçon d’#écologie ! Je voulais acheter ce numéro du Diplo, on est le 16. Il est plus que temps.

      Sur l’élevage, oui mais je vois des végans commencer à sortir leur propagande : il s’agit de faire attention à l’état de santé global de notre environnement, pas de faire la même merde en végétal. Parce que l’agriculture sans animaux, donc pas bio, elle est basée sur des intrants chimiques et fout en l’air les sols et la microfaune, un autre équilibre à préserver.

    • @kassem: merci! je mets le texte en texte intégral:

      The Ecology of Disease
      By Jim Robbins
      July 14, 2012

      THERE’S a term biologists and economists use these days — ecosystem services — which refers to the many ways nature supports the human endeavor. Forests filter the water we drink, for example, and birds and bees pollinate crops, both of which have substantial economic as well as biological value.

      If we fail to understand and take care of the natural world, it can cause a breakdown of these systems and come back to haunt us in ways we know little about. A critical example is a developing model of infectious disease that shows that most epidemics — AIDS, Ebola, West Nile, SARS, Lyme disease and hundreds more that have occurred over the last several decades — don’t just happen. They are a result of things people do to nature.

      Disease, it turns out, is largely an environmental issue. Sixty percent of emerging infectious diseases that affect humans are zoonotic — they originate in animals. And more than two-thirds of those originate in wildlife.

      Teams of veterinarians and conservation biologists are in the midst of a global effort with medical doctors and epidemiologists to understand the “ecology of disease.” It is part of a project called Predict, which is financed by the United States Agency for International Development. Experts are trying to figure out, based on how people alter the landscape — with a new farm or road, for example — where the next diseases are likely to spill over into humans and how to spot them when they do emerge, before they can spread. They are gathering blood, saliva and other samples from high-risk wildlife species to create a library of viruses so that if one does infect humans, it can be more quickly identified. And they are studying ways of managing forests, wildlife and livestock to prevent diseases from leaving the woods and becoming the next pandemic.

      It isn’t only a public health issue, but an economic one. The World Bank has estimated that a severe influenza pandemic, for example, could cost the world economy $3 trillion.

      The problem is exacerbated by how livestock are kept in poor countries, which can magnify diseases borne by wild animals. A study released earlier this month by the International Livestock Research Institute found that more than two million people a year are killed by diseases that spread to humans from wild and domestic animals.

      The Nipah virus in South Asia, and the closely related Hendra virus in Australia, both in the genus of henipah viruses, are the most urgent examples of how disrupting an ecosystem can cause disease. The viruses originated with flying foxes, Pteropus vampyrus, also known as fruit bats. They are messy eaters, no small matter in this scenario. They often hang upside down, looking like Dracula wrapped tightly in their membranous wings, and eat fruit by masticating the pulp and then spitting out the juices and seeds.

      The bats have evolved with henipah over millions of years, and because of this co-evolution, they experience little more from it than the fruit bat equivalent of a cold. But once the virus breaks out of the bats and into species that haven’t evolved with it, a horror show can occur, as one did in 1999 in rural Malaysia. It is likely that a bat dropped a piece of chewed fruit into a piggery in a forest. The pigs became infected with the virus, and amplified it, and it jumped to humans. It was startling in its lethality. Out of 276 people infected in Malaysia, 106 died, and many others suffered permanent and crippling neurological disorders. There is no cure or vaccine. Since then there have been 12 smaller outbreaks in South Asia.

      In Australia, where four people and dozens of horses have died of Hendra, the scenario was different: suburbanization lured infected bats that were once forest-dwellers into backyards and pastures. If a henipah virus evolves to be transmitted readily through casual contact, the concern is that it could leave the jungle and spread throughout Asia or the world. “Nipah is spilling over, and we are observing these small clusters of cases — and it’s a matter of time that the right strain will come along and efficiently spread among people,” says Jonathan Epstein, a veterinarian with EcoHealth Alliance, a New York-based organization that studies the ecological causes of disease.

      That’s why experts say it’s critical to understand underlying causes. “Any emerging disease in the last 30 or 40 years has come about as a result of encroachment into wild lands and changes in demography,” says Peter Daszak, a disease ecologist and the president of EcoHealth.

      Emerging infectious diseases are either new types of pathogens or old ones that have mutated to become novel, as the flu does every year. AIDS, for example, crossed into humans from chimpanzees in the 1920s when bush-meat hunters in Africa killed and butchered them.

      Diseases have always come out of the woods and wildlife and found their way into human populations — the plague and malaria are two examples. But emerging diseases have quadrupled in the last half-century, experts say, largely because of increasing human encroachment into habitat, especially in disease “hot spots” around the globe, mostly in tropical regions. And with modern air travel and a robust market in wildlife trafficking, the potential for a serious outbreak in large population centers is enormous.

      The key to forecasting and preventing the next pandemic, experts say, is understanding what they call the “protective effects” of nature intact. In the Amazon, for example, one study showed an increase in deforestation by some 4 percent increased the incidence of malaria by nearly 50 percent, because mosquitoes, which transmit the disease, thrive in the right mix of sunlight and water in recently deforested areas. Developing the forest in the wrong way can be like opening Pandora’s box. These are the kinds of connections the new teams are unraveling.

      Public health experts have begun to factor ecology into their models. Australia, for example, has just announced a multimillion-dollar effort to understand the ecology of the Hendra virus and bats.

      IT’S not just the invasion of intact tropical landscapes that can cause disease. The West Nile virus came to the United States from Africa but spread here because one of its favored hosts is the American robin, which thrives in a world of lawns and agricultural fields. And mosquitoes, which spread the disease, find robins especially appealing. “The virus has had an important impact on human health in the United States because it took advantage of species that do well around people,” says Marm Kilpatrick, a biologist at the University of California, Santa Cruz. The pivotal role of the robin in West Nile has earned it the title “super spreader.”

      And Lyme disease, the East Coast scourge, is very much a product of human changes to the environment: the reduction and fragmentation of large contiguous forests. Development chased off predators — wolves, foxes, owls and hawks. That has resulted in a fivefold increase in white-footed mice, which are great “reservoirs” for the Lyme bacteria, probably because they have poor immune systems. And they are terrible groomers. When possums or gray squirrels groom, they remove 90 percent of the larval ticks that spread the disease, while mice kill just half. “So mice are producing huge numbers of infected nymphs,” says the Lyme disease researcher Richard Ostfeld.

      “When we do things in an ecosystem that erode biodiversity — we chop forests into bits or replace habitat with agricultural fields — we tend to get rid of species that serve a protective role,” Dr. Ostfeld told me. “There are a few species that are reservoirs and a lot of species that are not. The ones we encourage are the ones that play reservoir roles.”

      Dr. Ostfeld has seen two emerging diseases — babesiosis and anaplasmosis — that affect humans in the ticks he studies, and he has raised the alarm about the possibility of their spread.

      The best way to prevent the next outbreak in humans, specialists say, is with what they call the One Health Initiative — a worldwide program, involving more than 600 scientists and other professionals, that advances the idea that human, animal and ecological health are inextricably linked and need to be studied and managed holistically.

      “It’s not about keeping pristine forest pristine and free of people,” says Simon Anthony, a molecular virologist at the Center for Infection and Immunity at Columbia University’s Mailman School of Public Health. “It’s learning how to do things sustainably. If you can get a handle on what it is that drives the emergence of a disease, then you can learn to modify environments sustainably.”

      The scope of the problem is huge and complex. Just an estimated 1 percent of wildlife viruses are known. Another major factor is the immunology of wildlife, a science in its infancy. Raina K. Plowright, a biologist at Pennsylvania State University who studies the ecology of disease, found that outbreaks of the Hendra virus in flying foxes in rural areas were rare but were much higher in urban and suburban animals. She hypothesizes that urbanized bats are sedentary and miss the frequent exposure to the virus they used to get in the wild, which kept the infection at low levels. That means more bats — whether from poor nutrition, loss of habitat or other factors — become infected and shed more of the virus into backyards.

      THE fate of the next pandemic may be riding on the work of Predict. EcoHealth and its partners — the University of California at Davis, the Wildlife Conservation Society, the Smithsonian Institution and Global Viral Forecasting — are looking at wildlife-borne viruses across the tropics, building a virus library. Most of the work focuses on primates, rats and bats, which are most likely to carry diseases that affect people.

      Most critically, Predict researchers are watching the interface where deadly viruses are known to exist and where people are breaking open the forest, as they are along the new highway from the Atlantic to the Pacific across the Andes in Brazil and Peru. “By mapping encroachment into the forest you can predict where the next disease could emerge,” Dr. Daszak, EcoHealth’s president, says. “So we’re going to the edge of villages, we’re going to places where mines have just opened up, areas where new roads are being built. We are going to talk to people who live within these zones and saying, ‘what you are doing is potentially a risk.’ ”

      It might mean talking to people about how they butcher and eat bush meat or to those who are building a feed lot in bat habitat. In Bangladesh, where Nipah broke out several times, the disease was traced to bats that were raiding containers that collected date palm sap, which people drank. The disease source was eliminated by placing bamboo screens (which cost 8 cents each) over the collectors.

      EcoHealth also scans luggage and packages at airports, looking for imported wildlife likely to be carrying deadly viruses. And they have a program called PetWatch to warn consumers about exotic pets that are pulled out of the forest in disease hot spots and shipped to market.

      All in all, the knowledge gained in the last couple of years about emerging diseases should allow us to sleep a little easier, says Dr. Epstein, the EcoHealth veterinarian. “For the first time,” he said, “there is a coordinated effort in 20 countries to develop an early warning system for emerging zoonotic outbreaks.”

      Correction: July 22, 2012
      An earlier version of this article described imprecisely the affiliation of Simon Anthony, a molecular virologist. While he works with EcoHealth, an organization of scientists devoted to wildlife conservation, his primary affiliation is as a postdoctoral research fellow at the Center for Infection and Immunity at Columbia University’s Mailman School of Public Health.

  • « Immunisation de groupe » : le choix très risqué de Boris Johnson - Page 1 | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/international/130320/immunisation-de-groupe-le-choix-tres-risque-de-boris-johnson?onglet=full

    « Immunisation de groupe » : le choix très risqué de Boris Johnson
    13 mars 2020 Par Amandine Alexandre

    Le premier ministre britannique n’a annoncé aucune mesure drastique face au Covid-19, jeudi 12 mars, lors d’une conférence de presse attendue. Le gouvernement mise sur le développement d’une « immunisation de groupe », processus qui risque de faire plusieurs centaines de milliers de victimes.

    –--------

    #Coronavirus : la stratégie controversée de l’"immunité collective" montre ses limites au Royaume-Uni | LCI

    https://www.lci.fr/international/coronavirus-covid-19-l-immunite-collective-strategie-controversee-de-boris-johns

    OVID-19 - Le gouvernement britannique misait tout sur l’"immunité collective" pour faire face au coronavirus, se refusant à interdire les grands rassemblements. Mais face aux critiques de l’OMS et à l’inquiétude de la population, Boris Johnson s’apprête à changer de méthode.
    14 mars 18:12 - La rédaction de LCI

    Alors que l’Italie est confinée et que la France ferme ses écoles, la Grande-Bretagne n’a pas encore pris de mesures strictes pour lutter contre le coronavirus. Depuis le début de l’épidémie, le Premier ministre Boris Johnson adopte une attitude plutôt détendue, et mise sur la stratégie de l’"immunité collective".

    #Coronavirus

  • Coronavirus : pourquoi la stratégie sanitaire française pose question, Franck Nouchi
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/03/14/coronavirus-pourquoi-la-strategie-sanitaire-francaise-pose-question_6033106_

    Le chef de l’Etat a décidé de maintenir les élections municipales en s’appuyant sur des expertises scientifiques qu’il n’a pas rendues publiques.

    Sur quelles bases scientifiques, médicales, épidémiologiques, la stratégie actuelle de lutte contre l’épidémie de #coronavirus a-t-elle été mise en œuvre en France et, plus généralement, en Europe ? Pourquoi les autorités sanitaires ont-elles, dans ces pays, décidé de ne suivre ni les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ni l’exemple chinois de lutte contre l’épidémie ? En décidant de laisser l’épidémie suivre son cours et d’attendre samedi 14 mars pour tenter de l’arrêter en fermant tous les lieux publics non indispensables, les pouvoirs publics français ont, sans le dire, accepté l’idée qu’une part importante de la population va être, dans les prochains mois, infectée par le coronavirus. Avec à la clé, à tout le moins, probablement, des dizaines de milliers de personnes décédées dans l’Hexagone. Une telle stratégie, encore une fois non avouée mais de facto mise en œuvre, ne devrait-elle pas être au minimum discutée ?

    On sait aujourd’hui pas mal de choses sur la maladie à coronavirus 2019 (#Covid-19), maladie infectieuse causée par le coronavirus SARS-CoV-2. Son taux de #mortalité est de 20 à 30 fois supérieur à celui de la grippe saisonnière. Très contagieux, le SARS-CoV-2 est sensible aux désinfectants usuels. En France, le #diagnostic spécifique de la Covid-19 est réalisé actuellement par une méthode de biologie moléculaire (RT-PCR spécifique) sur un écouvillonnage nasopharyngé dont le résultat est obtenu en 24 heures. Aucun #test commercial simple n’est actuellement disponible.

    Le SARS-CoV-2 infecte toutes les classes d’âge, mais de façon différenciée. 87 % des patients ont entre 30 et 79 ans, alors que moins de 1 % sont dans la classe d’âge inférieure à 10 ans. La fréquence des formes sévères et le taux de mortalité augmentent avec l’âge (15 % chez les patients de plus de 80 ans et 8 % chez les patients entre 70 et 79 ans).

    Deux stratégies

    Lors de l’apparition des premiers « clusters » sur le sol français, une première stratégie a été mise en œuvre. Il est alors apparu que le diagnostic précoce, y compris chez des #patients_asymptomatiques, permettait d’identifier et d’isoler très tôt les sujets porteurs dans des conditions appropriées en termes de confinement et d’acceptation psychologique. Ces mesures ont été appliquées, par exemple dans la station de ski des Contamines-Montjoie (Haute-Savoie), avec une efficacité remarquable.

    Les Chinois n’ont rien fait d’autre, mais à une échelle beaucoup, beaucoup plus large. Dès lors qu’ils ont cessé de nier l’existence même de l’épidémie, ils ont mis en œuvre un dépistage rapide des cas infectés avec un isolement des cas symptomatiques non encore testés et la mise en quarantaine de leurs contacts. Ces mesures ont été maintenues et renforcées jusqu’à la fin de l’épidémie dans le Hubei, ce qui a permis d’y éteindre l’épidémie. L’arrêt complet des déplacements à partir de cette région vers les autres régions chinoises à permis à la Chine d’y contrôler très efficacement les « départs de feux » secondaires. Il ne s‘est donc jamais agi en Chine d’une stratégie de « phase » où les premières mesures sont remplacées par les suivantes avec un train de retard, mais d’une stratégie cohérente impliquant des approches complémentaires et pas successives.

    En France, comme dans la plupart des pays européens, il a été décidé que cette stratégie n’avait plus cours. On a laissé filer les choses de manière à espérer voir se mettre en place une « #immunité_de_groupe ». En clair, attendre qu’une bonne partie de la population ait été infectée, et donc vraisemblablement immunisée, pour espérer voir s’interrompre la transmission du virus. Pourquoi, et dans quelles conditions, a-t-on décidé de renoncer à la stratégie mise en place en Chine ? A-t-on complètement mesuré les conséquences, en termes de morbidité et de mortalité d’une telle stratégie ?

    « Pour sauver des vies, nous devons réduire la transmission. Cela signifie qu’il faut trouver et isoler le plus grand nombre de cas possibles, et mettre en #quarantaine leurs contacts les plus proches », vient de déclarer le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, avant d’ajouter : « Même si vous ne pouvez pas arrêter la transmission, vous pouvez la ralentir et protéger les établissements de santé, les maisons de retraite et d’autres espaces vitaux – mais seulement si vous testez tous les cas suspects. » A l’évidence, aujourd’hui, de nombreux pays, à commencer par la France, ont renoncé à tester « tous les cas suspects ». Et, par voie de conséquence, à isoler les cas contacts potentiellement contaminés.

    Quels arguments scientifiques ?

    Les pouvoirs publics font valoir qu’ils ne font que se fier aux avis des « experts ». Problème : ces avis demeurent confidentiels. Personne ou presque ne sait sur quoi ils reposent. Un exemple ? Durant toute la journée qui a précédé l’intervention télévisée du président de la République, jeudi 12 mars, des rumeurs ont couru dans Paris. Pour des raisons de santé publiques évidentes, le chef de l’Etat allait annoncer le report des élections municipales. Quelques heures plus tard, revirement complet. A écouter Emmanuel Macron, les « experts » ayant affirmé qu’il n’y avait pas de risques, le scrutin devait être maintenu.

    Avant d’aller voter pour le second tour dans un environnement épidémiologique qui se sera, malheureusement, considérablement aggravé, les citoyens-électeurs, ne seraient-ils pas en droit de connaître les détails de l’argumentation des scientifiques qui conseillent les pouvoirs publics ? Sans quoi, il y a fort à parier que nombre d’entre eux préféreront voter avec leurs pieds. En n’allant pas voter.

  • Répétition générale d’une apocalypse différenciée
    http://www.platenqmil.com/blog/2020/03/10/repetition-generale-dune-apocalypse-differenciee

    Suite à l’extension de la quarantaine obligatoire à toute la péninsule italienne avec un décret d’urgence, nous reprenons une intervention à propos des enjeux socio-politiques du #Covid-19, publiée par Luca Paltrinieri la semaine dernière sur le site Antinomie. Critiquant ironiquement le débat entre Giorgio Agamben, Jean-Luc Nancy et Roberto Esposito sur cette question, l’auteur propose comme grille d’analyse non pas la répétition ad libitum du concept d’"état d’exception", ni l’idée d’une sombre puissance totalitaire du « bio-pouvoir », mais plutôt le lien organique entre le déséquilibre environnemental, le risque d’effondrement des systèmes sanitaires et le tournant autoritaire du néolibéralisme. La « catastrophe » qui se dessine à l’horizon se révèle ainsi historiquement et socialement déterminée, c’est-à-dire différenciée selon les positions de classe et les rapports hiérarchiques structurant la société.
    C’est au point de croisement entre crise écologique, crise reproductive et militarisation de la société que, nous parait-il, une perspective de lutte crédible et puissant pourrait en effet se développer face à cet événement épochal.
     

    On ne comprends pas si l’arrivée du SARS-CoV-2 en Italie annonce la fin de la liberté, la fin de l’économie ou la fin d’Agamben. Probablement, direz-vous, aucun des trois. Je dirais, quant à moi, sûrement la fin des trois, et l’on peut à peu près résumer ces trois événements à la fin du monde ou plutôt d’un certain monde.

    • Malgré la polémique que peut susciter une théorie non-scientifique et contestable sur de nombreux points il me semble utile de partir de la définition minimale de l’effondrement : il y a effondrement quand l’État n’est plus capable de répondre aux besoins primaires d’une partie considérable de la population (eau, vivres, chauffage, santé). Cela signifie que la notion d’effondrement est locale et différenciée parce qu’elle dépend d’un certain rapport entre politique, écologie et territoire. L’effondrement n’arrivera pas d’un coup, comme les anges de l’apocalypse, mais de manière plus ou moins sensibles dans diverses parties du monde : des États comme le Yémen, le Congo, la Syrie, le Venezuela peuvent aujourd’hui déjà se dire effondrés ou en voie de l’être. L’Inde est un exemple de fascisation de l’État et d’effondrement politico-social sur fond de crise climatique.

      #effondrement #apocalypse #surnuméraires #épidémie #coronavirus