Lukas Stella

INTOXICATION MENTALE, Représentation, confusion, aliénation et servitude, Éditions L’Harmattan, 2018. — L’INVENTION DE LA CRISE, 
Escroquerie sur un futur en perdition, Éditions L’Harmattan, 2012. — STRATAGÈMES DU CHANGEMENT De l’illusion de l’invraisemblable à l’invention des possibles Éditions Libertaires, 2009. — ABORDAGES INFORMATIQUES (La machine à réduire) Croyances informatisées dans l’ordre des choses marchandes, Éditions du Monde libertaire - Alternative Libertaire, 2002 — http://inventin.lautre.net/linvecris.html

  • L’AUSTÉRITÉ SUR UNE ERREUR DE CALCUL

    -- On découvre qu’une prestigieuse étude en économie, citée des centaines de fois dans le monde occidental, contient une erreur de débutant.
    Nombre d’économistes, au moins 500 articles universitaire, ont répercuté les conclusions de leurs collègues, sans jamais vérifier leurs calculs. Le 13 février 2013, Olli Rehn, Commissaire européen aux affaires économiques, faisait référence à cette étude pour soutenir sa politique d’austérité en europe.
    -- Mardi dernier, 16 avril, un chercheur américain, Mike Konczal, semait la pagaille parmi les défenseurs de la théorie économique de l’austérité : c’est-à-dire ceux pour qui la crise économique dans laquelle nous vivons depuis 2008 ne sera résolue que par une vigoureuse réduction des dépenses gouvernementales, afin de réduire la dette. Ce que révélait Konczal, c’était qu’une des principales justifications des politiques d’austérité ces dernières années, une étude signée par deux économistes de Harvard en 2010, était construite sur une erreur dans un tableau Excel.
    -- Les premiers à s’y être attelés sont trois économistes de l’Université du Massachusetts. En gros, ils concluent que Kenneth Rogoff (Chef économiste du FMI) et Carmen Reinhart avaient commis trois erreurs, dont celle du tableau Excel. Ils avaient notamment exclu du calcul du taux de croissance cinq des pays à la dette élevée (dont le Canada).
    -- Mises bout à bout, ces trois erreurs annulent la conclusion de Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff qui était devenue la base « scientifique » des politiques d’austérité : leur « calcul » semblait en effet démontrer que, passé le seuil magique où la dette représente 90% du PIB, un pays basculerait du côté de la dépression, d’où l’urgence de couper dans les dépenses. Or, une fois l’erreur corrigée, à 90 % du PIB on obtient une croissance positive de 2,2%.
    -- En attendant, ironise l’économiste Paul Krugman dans son blogue du New York Times, on est en présence d’une erreur Excel qui a, grosso modo, « détruit les économies du monde occidental ».
    Les dérives de la finance ont été falsifiées en dérives des dépenses. On peut aujourd’hui constater que l’économie n’est pas scientifique, mais bien l’idéologie de la caste qui domine le monde.

  • QUAND L’OMISSION CRÉE L’ILLUSION

    "Dans ce vieux monde de machines informatisées, nos prothèses de communication numérique nous isolent chaque jour un peu plus en réduisant au minimum les relations humaines, et nous conditionnent insidieusement jusqu’à notre manière d’appréhender et de comprendre notre situation de survie."
    L’invention de la crise, Éditions L’Harmattan, 2012.

    Un flot d’images surabondantes et de préjugés conformistes, largement diffusés et rabâchés par tous les moyens, crée un réel artificiel où nous croyons vivre. Ces images que nous consommons quotidiennement par les flux de distractions et d’informations sont prises pour la réalité d’un monde qui nous échappe.

    L’accumulation des représentations fragmentées répandue par les médias de masse crée une réalité morcelée du monde où les interactions, les liaisons et les rapports sociaux entre individus ont été exclues. L’ensemble dans son fonctionnement interactionnel n’y est plus accessible, le système global n’est plus compréhensible. L’info en représentation est une mise en scène de morceaux choisis juxtaposés, recomposés en dehors de leur histoire, séparés de leurs situations particulières, une succession de clichés conformes au système. Comme expérience quotidienne de la déformation fragmentée du monde, l’information spectacle est une formation au consentement, l’intégration servile à la réalité marchande.
    Tout ce qui n’est pas compatible avec le monde des affaires se retrouve exclu du spectacle de l’information. Ce qui n’est pas dit dans la communication d’informations est souvent plus important que ce qui est exprimé. Les omissions en disent plus long sur les intentions que son contenu.

    Les infos ne vous diront jamais qu’en quelques dizaines d’années, les 1 % les plus riches se sont approprié 99 % des mass-médias. Ils diffusent maintenant de partout leur point de vue, protégeant ainsi leurs intérêts. Les autres médias suivent par peur d’être dépassés. Leur manière de voir les choses, répandue de partout, est une idéologie qui domine tellement le monde, qu’elle n’est même plus perçue comme la propagande de la classe dominante. Ce conditionnement a envahi tout l’espace de son temps. Tout ce qui pourrait nuire aux intérêts des actionnaires de ces multinationales médiatiques est effacé de la réalité qu’ils produisent. Ce qui est tu en dit beaucoup plus sur le fonctionnement.

    Suite au krach des Subprimes, nombre de chefs d’État ont déclaré qu’ils allaient réglementer les spéculations financières et s’attaquer aux paradis fiscaux. Les attaques contre la banque suisse UBS ont abouti à la fin du secret bancaire. Elles ont permis de faire croire à une action de grande ampleur contre les évasions fiscales. Mais ce qui n’a pas été dit et qui en dit long, c’est que UBS représentait à peine 2 % des avoirs évadés américains (3 % des français). Cette grande opération politico-médiatique a occulté 98 % des évasions fiscales américaines, masquant le trafic des grands trusts internationaux anglo-saxons et des multiples sociétés offshore par lesquelles transitent plus de 13 500 milliards de dollars.
    La Suisse a été prise comme bouc émissaire, et les sanctions surmédiatisées ont permis aux 98 % des évasions fiscales d’être plus florissantes que jamais, bien à l’abri à l’ombre des projecteurs. Les paradis fiscaux sont en pleine expansion dans le silence médiatique. Ce trafic maffieux se développe dans un secret hyperprotégé, ce qui le rend très efficace et prospère.

    Ce qui est mis en avant de la représentation du monde cache ce qui gêne les affaires, qui disparaît ainsi du spectacle de l’info. Ce qui n’est pas communiqué est toujours plus important pour la compréhension du fonctionnement des interactions du système. Le conditionnement à la soumission fonctionne par représentations de morceaux isolés du contexte, de parcelles détachées de leur situation en faisant abstraction de l’ensemble, et omissions de l’essentiel trop injuste et trop scandaleux.

    La critique de la production de camelotes beaucoup trop éphémères est toujours passée sous silence. Il est aujourd’hui techniquement possible de produire de la qualité en moindre quantité. La plupart des marchandises pourraient avoir une durée de vie deux fois plus longue pour un coût de production similaire, ce qui permettrait d’en produire deux fois moins, et ainsi d’augmenter le pouvoir d’achat et réduire la pollution. Cela pourrait provoquer du chômage, à moins que l’on réduise le temps de travail équitablement par une juste répartition des richesses. Mais ce sujet reste tabou, car il remet en cause tout le système.

    La question qui ne sera jamais posée dans les représentations des mass-médias, consiste à savoir qui paye pour l’austérité dans un monde qui n’a globalement jamais été aussi riche. Ce n’est pas une crise de manque de richesse, au contraire. Il y a beaucoup trop d’argent qui circule dans les réseaux trop juteux de la spéculation financière qui parie à la baisse sur les dettes des États affaiblis par leur renflouement des banques, et sur les risques d’une économie ravagée par la récession qu’ils ont eux-mêmes provoquée.

    Le volume des dettes des États dépend des notes que les agences de notation américaines leur ont données. Lorsque la note baisse, les taux d’intérêt de la dette augmentent. Ce qui n’est pas dit par la propagande de la soumission, c’est que cette note n’est pas le résultat d’une enquête sérieuse, approfondie et impartiale sur la solvabilité de cet État, mais seulement une référence indexée sur les cours du marché des dérivés, un baromètre des spéculations en cours, un outil financier au service des gangsters de la mondialisation.

    On omet de vous dire que la hausse des taux d’intérêt sur les dettes des États correspond étonnamment aux gains engrangés par les spéculateurs qui misaient sur la baisse. Par ailleurs, en France, le paiement de ces intérêts est une somme à peu près équivalente à la totalité des impôts sur le revenu. On peut donc considérer que ces impôts passent directement dans les poches de ces milliardaires, qui ont organisé ces dettes par des taux d’intérêt prohibitifs et une évasion fiscale sans faille, mise en place dans le secret et le silence médiatique. Ainsi, c’est la majorité des populations qui payent pour surgonfler les fortunes gigantesques d’une poignée d’escrocs, ce petit groupe fermé de la haute bourgeoisie.

    Sous prétexte de sauver l’économie, le renflouement des banques par des États serviles a facilité les trafics des spéculateurs de l’ombre et stimulé les affaires des truands de la finance mondiale. Les liquidités abondent sur les marchés parallèles opaques et les bulles spéculatives recommencent à gonfler dangereusement.

    Les informations ne diront rien sur un nouveau krach majeur, bien plus important que celui de 2008, qui semble aujourd’hui plus que probable. Les gouvernements, déjà désarmés, n’auront plus d’argent pour sauver le système, car ils se sont fait plumer et ont déjà tout donné pour les banques et les sauvetages abracadabrantesques des pays en faillite. Pillant les États et ruinant l’économie, ces milliardaires maffieux raflent tout ce qu’ils peuvent avant les autres, et surtout avant qu’il ne soit trop tard...

    C’est le black-out médiatique sur ces seigneurs de l’escroquerie globale qui règnent sur un monde d’illusions et de risques, complexe et obscur, le milieu des affaires louches où tout n’est qu’objet de profits et de surexploitation, grands destructeurs de la nature et de la vie sur une planète ravagée. Leur seul projet consiste à en faire plus, en gagner beaucoup plus ; baisser les salaires, les diviser par deux et même plus, supprimer la sécu, les allocations chômage et les retraites, parier sur tout et n’importe quoi, dérober tous les dividendes, s’accaparer tous les intérêts, s’emparer de tous les gains le plus vites possible, monter de nouvelles grandes escroqueries fumeuses encore plus lucratives, tant qu’il est encore temps.

    Peu m’importe de prévoir l’imprévisible dans la confusion et les contradictions d’un monde en perdition, à savoir si l’euro s’écroulera avant le dollar, si la bulle financière crèvera avant que la guerre n’éclate, si le réchauffement climatique sera plus meurtrier que les pollutions chimiques ou nucléaires, si les mouvements populaires l’emporteront sur la répression et montée du fascisme... De toute façon, il semble évident que si on les laisse faire, la misère et le « bien pire » restent à venir.

    Ce système, qui prétend pouvoir tout contrôler, ne peut fonctionner que si l’on y croit, sans aucun doute. Mais dès lors que les informations deviennent contestables, que les politiciens sont pris pour des menteurs, que les spécialistes experts apparaissent comme des manipulateurs, que la pub devient ridicule et l’exploitation insupportable, alors le conditionnement n’opère plus, l’idéologie dominante se fissure et s’effrite, et les usurpateurs de pouvoir, égarés dans la confusion générale, ne maîtrisent plus grand-chose. Quand l’irruption du désordre déchaîne l’irrespect des règles et le refus des contraintes émergent de multiples possibilités imprévisibles, révélant au grand jour la vitalité des désirs dans l’ébauche spontanée d’un changement inévitable.

    Lukas Stella, janvier 2013.

  • NIQUE LE PAPE

    Monsieur Joseph Ratzinger, ci-devant chef d’une association de malfaisants qui diffuse depuis des siècles le poison de la soumission aux pouvoirs, vient de rappeler urbi et orbi l’obligation imposée aux moutons de se reproduire pour fournir à leurs maîtres la main d’œuvre dont ils ont besoin. Autrement dit : les petits hommes asservis ont le devoir de s’accoupler pour faire des gosses à l’économie, c’est-à-dire à l’État. Dans ce but, les prêtres ont institué un permis de niquer appelé «   mariage   », dont l’obtention est nécessaire pour ne pas être poursuivi, embastillé, voire torturé, exécuté, pour toute relation dite « sexuelle ». Les petits d’hommes sont ainsi assimilés par leurs bergers à n’importe quelle espèce domestiquée - bovins, ovins, gallinacées - et tenus de respecter la « loi naturelle » de la saillie contrôlée en vue du renouvellement du cheptel. Autrement dit encore : chaque mâle est habilité à niquer une femelle identifiée pour l’engrosser.

    N’oublions pas que le même Ratzinger, avant de se cacher sous le pseudo de Benoît numéro 16 à la tête de l’église dite catholique, dirigeait la Congrégation de la Foi, c’est-à-dire en fait la Sainte Inquisition, organisation de malfaiteurs internationaux en soutanes qui, plusieurs siècles durant, a fait torturer des milliers, voire des millions de gens dont la conduite s’écartait des règles imposées par le pouvoir de droit divin. Ce vieillard souffreteux est l’héritier d’une horde de prêtres assassins qui n’aimaient rien tant qu’envoyer les sodomites sur le bûcher.

    Pour ce grimaçant prélat, l’autonomie individuelle, la liberté de conscience et de conduite, le plaisir de vivre, la jouissance sans entraves, sont autant d’inventions du diable qu’il s’agit d’éradiquer par tous les moyens. Eh quoi, l’État français voudrait accorder aux sodomites le même permis de niquer qu’aux bons et loyaux serviteurs de la «   morale naturelle    »    ? Certes, cela permettrait de redonner au «   mariage   » un peu de l’attrait qu’il a perdu. Mais prendre pour normale l’inversion   ? Accepter des couples se livrant à l’abomination des abominations   ? Ce serait installer le démon sur le trône de Saint-Pierre.

    Pourtant les bonnes âmes qui ont concocté le projet du «    mariage pour tous    » ne visent d’autre but que relooker à la sauce moderne la vieille institution matrimoniale. En accordant aux « gays » le droit de se passer la bague au doigt, ils déplacent seulement d’un cran la limite au delà de laquelle les conduites sexuelles cessent d’être acceptables. OK pour «   papa-papa    » ou pour «   maman-maman   », mais pas question de liberté tout azimut. Comme pour les hétéros, il y aura les homos convenables – et les autres. L’Inquisition laïque saura trouver moyen de poursuivre les hérétiques.

    Des humoristes irrévérencieux ont relevé qu’il n’y aurait bientôt que les pédés et les curés pour vouloir se «   marier    ». N’oublions pas les bourgeois bien-pensant, qui ont toujours aimé s’afficher à la messe avant de rejoindre leurs maîtresses ou leurs gitons dans des alcôves secrètes. En cela, ils prenaient la suite des prêtres qui, chacun le sait, ont grâce à la confession la possibilité de se constituer un fichier de toutes les perversions de leur paroisse et d’y puiser pour leurs petites manies personnelles. Quitte à s’en repentir à chaudes larmes pour remettre le couvert à la première occasion. Car plus sévère est l’inquisition, plus grande est l’hypocrisie. Il y a peu, chacun savait que les religieux chargés de l’éducation des enfants abritaient dans leurs ordres de vicieux tartuffes qui profitaient de leur position pour repérer parmi leurs protégés ceux qui seraient les plus enclins à céder aux tentations de leurs fantasmes. Le pire n’était pas qu’ils fussent «   pédophiles    », mais en même temps curés, frères, ou autres masques grâce auxquels ils soufflaient en même temps sur le feu qu’ils étaient chargés d’étouffer. En somme, des pompiers pyromanes de la pire espèce, puisqu’usant de l’autorité pour soumettre les faibles à leur pouvoir de séduction. Mais au fond, de leur point de vue, n’était-ce pas le meilleur moyen d’éliminer les pulsions dangereuses que leur montrer la pourriture comme seul objectif   ? D’ailleurs ne dit-on pas «   je te nique    » à celui ou celle qu’on humilie    ? Et l’humilité est la vertu du serviteur soumis. La femme à son mari ou le giton à son curé. Du moment que la nuque est pliée, peu importe la méthode. C’est dire qu’il n’y a pas tant de contradiction pour un prêtre à pouvoir à la fois consacrer des époux et séduire des enfants de chœur.

    En notre époque de tsunamis sociaux et d’apocalypses écologiques, alors que l’économie mondiale ne sait plus comment empêcher de s’écrouler tout l’édifice grâce auquel une poignée de nantis imbéciles asservit une multitude domestiquée, alors que les conditions mêmes de la vie sont menacées d’extinction par le développement de la production des marchandises, alors que des conflits moyenâgeux conduisent à des massacres de masse grâce à l’emploi de technologies de guerre moderne, il est réjouissant de constater qu’il existe un pays où le combat politique consiste à mobiliser dans la rue les partisans et les ennemis d’un permis de niquer nouvelle formule. Comme disait Einstein, la bêtise n’a pas de limite.

    Même quand on menaçait de les pendre, écarteler, brûler vifs, les jouisseurs et jouisseuses de toutes tendances ont continué de satisfaire leurs penchants particuliers. Gageons qu’en ces temps de désordre et de tumulte, ils ou elles sauront tirer profit des vaines querelles de leurs mentors pour s’en payer en douce de bonnes et juteuses tranches. La morale, disait Rimbaud, est une faiblesse de la cervelle. Laissons-en donc l’usage aux mous du cerveau   : les benêts et leurs bouffons de maîtres. Comme aurait dit Claudel, s’il n’avait trempé sa queue dans un bénitier pour écrire des fadaises   : rira toujours bien mieux, qui rira le dernier.

    Paul, janvier 2013

    • Au nom de l’égalité des droits, des millions de personnes célibataires vivants en unions libres, exigent l’abolition des privilèges octroyés aux couples mariés.
      L’égalité est pour tous ou bien pas du tout.
      Il s’agit aujourd’hui de critiquer la normalité conformiste d’où quelle vienne.
      --
      Le premier mai 1971, le Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire gueulait dans la rue :
      A bas la famille !
      A bas la dictature des « nornaux » !
      --
      FHAR, Rapport contre la normalité
      http://inventin.lautre.net/livres/FHAR.pdf

  • BON AN, MAL AN

    Je me souviens d’un étudiant de troisième cycle venu d’un pays de l’est africain, qui m’assurait ne pas connaître son âge à cinq années près, car tout ce qu’il savait de sa naissance était qu’elle avait eu lieu entre une inondation et un autre événement de la vie de son village. Au consulat, on lui avait attribué une date de naissance parce qu’il fallait bien remplir la case correspondante. Mais le savoir avec exactitude ne lui paraissait d’aucune importance.

    A notre époque où tout se compte et se mesure, on se doit de fêter collectivement le changement de matricule du numéro d’année. Rien n’arrive de spécial ce jour-là, sinon le nouveau chiffre d’identification des 365 jours suivants, au regard des démarches administratives. Si c’est un événement, c’est seulement pour ceux qui utilisent encore des tampons encreurs pour inscrire la date sur un papier officiel. Autant dire que le nouvel an est tout au plus une petite affaire d’État.

    L’obligation de souhaiter le joie et le bonheur à l’occasion des jours de haute consommation qu’on appelle « les fêtes », n’a d’égal que l’absence d’empathie et d’amour qui préside à leur célébration quasi obligatoire. Ceux que Noël et la Saint-Sylvestre ne comblent pas d’ennui, engrossés par la pub et le spectacle télévisuel, roteront leur dernière bulle de vin mousseux au seuil de la série des jours sans intérêt qui porteront le même millésime. Sauf catastrophe, qu’on leur souhaite malgré tout, il ne se passera rien pour eux qui vaille la peine ou le plaisir d’être mentionné. Le pire a toutes les chances d’être à venir.

    Lorsque j’étais enfant, les magazines et les journaux nous promettaient monts et merveilles pour « l’an 2000 ». On nous faisait rédiger des textes pour qu’on y dise comment nous imaginions notre vie à ce moment-là. Les guerres auraient disparu, les maladies, les disputes, la misère. On aurait une seule nation sur la Terre et des navettes permettraient d’aller et venir sur Mars. Ces balivernes inventées par le productivisme n’ont rien apporté du bonheur promis, pas plus que le communisme en URSS ou le développement du christianisme en Occident. L’an 2000 n’a jamais eu lieu.

    En 2012, de vagues brocanteurs amateurs de légendes ont déterré une prophétie d’un peuple oublié dont tous ou presque ignoraient l’existence pour annoncer une énième « fin du monde » aux benêts de tous les pays. Ce nouveau non-événement a fait bavasser les commentateurs et les experts. Car les années n’existent que dans les compteurs à mesurer le temps. Rien ne change qui doive sa raison aux calendriers.

    Les économistes de tous bords vont se remettre à leurs calculs, pour déduire des statistiques les courbes de croissance et de décroissance qui illustreront la séparation de tout un chacun d’avec sa propre vie. Alors que tout est à la disposition de tout le monde pour peu qu’on se l’approprie, on planifiera la pénurie afin d’augmenter les cadences, les embouteillages, la pollution de l’air, les suicides, les ventes d’armes et le désespoir du plus grand nombre. Travail, famille, patrie. On en restera aux fondamentaux. Les travailleurs s’useront ; les chômeurs aussi. La famille obligatoire s’enrichira de parents homos, pendant qu’un peu partout de jeunes gens se feront trouer la panse pour défendre un drapeau. Parions que l’année qui vient aura son lot de bêtise et de méchanceté, comme celles qui l’ont précédé.

    Toute cette désillusion est fort banale, j’en conviens, et je me fous du premier janvier comme de ma première chaussette. Pourtant, je persiste à rêvasser d’un jour qui serait le premier d’un an toujours 01, sans aucun programme pour la suite, sans comptabilité du temps, pour le début d’un monde sans personne pour contraindre quiconque. En quoi serait-ce plus naïf que d’attendre la fin de l’année civile pour se souhaiter du bonheur ?

    Paul, 31 décembre 2012

  • PRÉSAGES D’IMPOSTEURS

    « Le passé et le futur sont des manières d’être au présent. »
    Humberto Maturana et Francisco Varela, L’arbre de la connaissance.

    Dans le contexte de la crise, le changement apparaît momentanément en panne à tous ceux qui recherchent la solution finale en se projetant dans un avenir abstrait qui n’est qu’une projection de cette crise en représentation. Le futur est alors déterminé par une prédiction issue de cette représentation. Mais une prédiction ne peut se vérifier d’elle-même que si, et seulement si on lui porte une croyance aveugle.

    Personne ne peut prédire l’avenir, encore moins en ces temps d’incertitude et de confusion.
    L’hypothèse d’une catastrophe imminente permet de faire disparaître artificiellement le désastre mortifère qui est déjà là. Ainsi, le spectre de la catastrophe est utilisé comme conditionnement d’une soumission renforcée.

    La condition humaine n’est pas un destin marqué par une histoire déjà écrite, mais l’émergence de mouvements, d’accidents et d’erreurs qui se font et se défont dans le cours de situations imprévues...
    Si l’on se permet de ne plus considérer le futur comme une projection que le présent consomme en le précipitant dans un passé toujours plus présent, on peut alors se l’approprier comme un devenir désirable vécu au présent, plein de nouvelles possibilités qui ne cherchent qu’à se réaliser, un avenir sans entraves qui se construit ici et maintenant.

    Lukas Stella,
    extraits de "L’invention de la crise, escroquerie sur un futur en perdition".
    http://inventin.lautre.net/linvecris.html

  • Les lutins du Père Austère en ont assez de la politique du Père Austère ! Contrairement à leur patron, ils se soucient du pouvoir de tous toujours en baisse. Aujourd’hui ils se rebellent et offrent un picnic gratuit dans un supermarché.
    La solution contre la pauvreté c’est le partage... Si le gouvernement ne prend pas de réelles mesures contre la dégradation de nos conditions de vie lors de la conférence contre la pauvreté du 10 et 11 décembre, alors nous organiserons de nouveaux repas et goûters de Noël en supermarchés.

    http://www.pere-austere.fr
    https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=-pHpJ8pI01I


    https://www.youtube.com/channel/UCDwwKRruEzITPqtu7PFv1bQ?feature=watch

  • LE PROGRAMME DES "RÉJOUISSANCES" À VENIR

    Crise, austérité, traité européen, misère et matraque

    J’aimerais me tromper mais l’actualité me désespère ; bref une chronique que je vous recommande de sauter si vous avez le moral en berne… Mieux vaut pourtant être conscient des enjeux et surtout des conséquences à venir de la crise actuelle ; mieux vaut aussi être lucide concernant la valeur des emplâtres que certains Diafoirus cherchent à poser sur des jambes de bois ; bref ne pas se leurrer. On va s’essayer quand même à une conclusion un peu optimiste, mais il va falloir mobiliser des ressources insoupçonnées pour y arriver. Mon propos n’a en effet pas pour but de vous décourager, du moins pas dans le style « sauve qui peut, on coule ». Tant qu’on n’est pas noyé il y a sans doute un canot de sauvetage à portée de mains ; reste à avoir la possibilité et peut-être aussi la volonté de l’atteindre pendant qu’il en est encore temps.

    Les manifestations contre l’austérité programmée se suivent et se ressemblent ; certains peinent de plus en plus à contenir leur colère et je les comprends : un jour la Grèce, un jour l’Espagne, un jour l’Italie, une heure la CGT. Une réponse, toujours la même : les gardiens du temple lâchent leurs dobermans puis les magiciens de service emballent tout ça dans leur verbiage habituel : « sécurité, casse, provocation, violence, terrorisme… » Moi je pense qu’une société qui n’a plus que la matraque à offrir comme réponse aux interrogations de sa jeunesse est une société qui est bien proche du dernier stade de la décomposition. Le plus tristement drôle c’est que ces gens se réclament de l’ordre, de la morale, du bien-être public… Ces nantis qui n’ont à proposer comme exemple à suivre que leur propre turpitude, leur outrecuidance obscène, et leur absence totale de scrupules. Ils ont fait « leur » le bien commun ; ils se sont approprié ou cherchent à s’approprier des valeurs sur lesquelles il était encore impensable, il y a quelques décennies, que l’on puisse accoler une étiquette « prix » (l’eau, l’air, la vie et dieu seul sait quoi ils arriveront à mettre dans leur foutu catalogue). Ils sont prêts à brader la survie même de l’humanité pour assurer leurs profits immédiats, et se moquent ouvertement de l’avenir de ceux qui ne font pas partie de leur pré-carré. Terribles images que celles de ces jeunes et moins jeunes tentant de s’approcher du parlement à Madrid pour faire valoir leur droit à la parole, leur droit à la vie, que l’on accueille avec des jets de grenades assourdissantes et que l’on repousse avec des balles en caoutchouc. Terribles images que celles de l’expulsion musclée des occupants de la zone de construction de l’aéroport bidon de Notre Dame des Landes. Regardez bien l’image : tous sortis du même moule ces robocops automatisés… Images interchangeables d’Athènes à Tunis, de Rome à Barcelone, de Montréal à Bucarest… N’y aurait-il plus qu’un seul fabricant de matraques, de casques, de vestes rembourrées pour tous ces « Ken » super virils qui gardent les temples de la finance ? Comment peut-on réussir à robotiser à ce point un cerveau humain ? Questions posées depuis des lustres et restées sans réponses vraiment satisfaisantes…

    La France joue à l’autruche. Le torchon brûle chez les voisins, mais comme au temps de Tchernobyl, notre beau pays, épargné grâce au courage politique de ses dirigeants, de droite comme de gauche, garde le cap dans la tempête. Jour après jour, les mesures d’austérité s’accumulent, mais elles sont présentées, avec une habileté diabolique, comme de simples traitements préventifs. En France on prévient la casse pour éviter un séjour trop long chez le carrossier. Regardez comment vivent nos voisins du Sud, comme ils sont malheureux. Ils ont dû prendre – aujourd’hui – des mesures que nous prendrons sans doute demain. Les hausses d’impôts sont à l’ordre du jour ; cela passe mieux que les baisses de salaire. Mieux vaut que je te donne 1000 pour te reprendre 500 ; si je te donne 500 directement, ça la fout mal. Demain seulement viendront les baisses de salaire, les baisses de pension, les baisses d’allocation… Pour l’instant on restreint, comme une peau de chagrin, le nombre de ceux qui y ont droit, à la grande joie de tous ces larbins qui osent les traiter de « privilégiés » ou de « profiteurs ». Les signes prémonitoires d’une amplification de la crise ne manquent pas, mais, heureusement, on ne fait que tourner autour du pot. Les banquiers ont trouvé un petit jeu très drôle ; on ne voit pas pourquoi ils changeraient… Si je faisais mes courses avec la carte bleue de mon voisin, je ne vois pas pourquoi je me contenterais d’un panier ! L’enfumage fonctionne à plein débit. Les données dérangeantes sont mixées avec d’autres insignifiantes : miracle des statistiques et des sondages. Le nombre réel de chômeurs est sous-estimé. Les emplois précaires explosent. Pour conserver une certaine opulence visible dans la sphère sociale, les ménages font des coupes sombres dans des budgets essentiels : soins médicaux de base de plus en plus reportés vers le futur, choix alimentaires conduisant à la malnutrition… Un ménage français consacre maintenant près de la moitié de ses revenus à se loger et à se chauffer…

    Les services publics gèrent la pénurie organisée par leur ministère de tutelle. C’est la dèche universelle, de la santé à la recherche en passant par les services sociaux. Un exemple que je connais bien ? L’Education Nationale. On voit maintenant des collègues travaillant dans des zones défavorisées avec des classes à cours double de 30 élèves et plus… Il faut avoir fait l’expérience d’essayer d’apprendre à lire à trente mômes en même temps, pleins de bonne volonté mais pas forcément d’attention, pour comprendre ce que cela signifie. Lorsque l’enseignant se plaint à ses supérieurs de conditions de travail non pas difficiles, mais ingérables, on lui répond gentiment que c’est bien dommage mais que son école est « juste en dessus du seuil d’ouverture »… Il y a bien en effet un « seuil d’ouverture » pour les créations de classe ; c’est un concept un peu singulier. De mon temps, l’inspection de l’étage supérieur répondait de façon fort diplomatique que l’on n’aurait pas de création de poste car on était juste en dessous de la barre. Dans un second temps, le critère de refus s’est aligné avec le seuil lui-même. Le « juste en dessus », j’ai sans doute quitté la marine à voiles trop tôt pour l’entendre. Si ce n’était pas tragique, ce serait cocasse. Imaginez le sauteur à la perche aux championnats du monde : « non monsieur, désolé, vous n’aurez pas la médaille parce que vous êtes passé juste en dessus de la barre… » Les différents maillons de la hiérarchie, comme dans toutes les autres administrations, ne savent plus quel verbiage inventer. La seule consigne que leur a donnée le maillon supérieur étant : « faites passer la pilule ; il est obligatoire de l’avaler ; ça ne se négocie pas »… Il serait peut-être plus honnête d’annoncer clairement que le seuil critique est fixé à 35, 50 ou 80, mais ça pourrait heurter l’opinion publique.

    Les retraités roumains ou portugais auxquels on a supprimé 30% d’une pension qui n’était déjà pas bien haute n’en peuvent plus d’austérité. Les handicapés grecs qui ne perçoivent bientôt plus rien du tout se moquent éperdument des tourments moraux que subissent les banquiers de leur pays. Même nos voisins anglais qui s’en prennent plein la tronche depuis l’heureux règne de Miss Thatcher, commencent à ruer sérieusement dans les brancards. Le nouveau traité européen qui vient d’être paraphé par les gardiens du temple, sans assentiment aucun des peuples concernés (sans même qu’ils soient consultés d’ailleurs) fait penser à une représentation de la Comedia dell’Arte : du grand guignol, mais du grand guignol tragique car il s’agit ni plus ni moins que d’encadrer de façon un peu plus stricte encore, la marge de manœuvre de chacun des gouvernements concernés. Qu’on se le dise : il n’y a qu’une seule politique économique permise ; les clous du passage piéton sont électrifiés pour la plus grande béatitude des troupeaux qui vont traverser les routes. « Réduire les déficits », « rembourser les dettes », « serrer la vis d’un tour », voici les têtes de chapitre du nouveau petit livre rouge édité par et pour les gardiens du temple capitaliste sacré. Silence radio sur les livres de messe : on ne s’interroge pas sur la légitimité des dettes en question, sur les taux d’intérêts pratiqués… Lorsque quelques esprits dérangés en Italie font remarquer que si l’Eglise Catholique payait des impôts fonciers sur les biens terrestres qu’elle possède dans ce doux pays, et un impôt sur les bénéfices concernant les profits qu’elle réalise, il n’y aurait plus de déficit , on les considère comme des farfelus ou des anticléricaux primaires. Mieux vaut amuser les foules avec des histoires à connotation raciste, c’est un miroir qui a toujours fonctionné avec les alouettes simplettes. Quant à évoquer les budgets militaires, personne ne s’y risque. On ne touche pas à la bombinette, cela fâcherait les galonnés.

    Au cas où les esprits des gueux s’échaufferaient un peu trop parce qu’ils supportent mal les mesures d’austérité préventives que l’on prend (contraint, forcé mais chagriné) à leur dépens (mais pour leur éviter l’austérité curative contrainte et forcée), reste toujours les fanfreluches à agiter d’une croisade pour défendre la civilisation occidentale ou pour faire payer aux « salauds d’ailleurs » les brimades que l’on subit des « gens biens de chez nous ». Les marchands d’armes tiennent toujours quelques tisons bien au chaud : Républiques Caucasiennes, Moyen-Orient, Chine et Japon… Comptez sur leur imagination, mais de grâce ne leur apportez pas votre soutien implicite. Nulle guerre n’a jamais de juste cause. Je vous assure que l’on n’est pas obligé de tenir toujours le même rôle dans la même comédie. Ce n’est pas parce que la colère ouvrière a débouché sur 1914/18 ou que la crise de 1929 a allumé le brasier de 39/45 qu’on est contraint de marcher au pas de l’oie. Le péril est grand cependant si l’on observe attentivement la montée des extrêmes droites en Europe. La Grèce est dans une situation périlleuse. La percée du mouvement « aube dorée » augure d’un futur plutôt inquiétant. Les financiers savent très bien qu’il n’y a rien de tel qu’un gouvernement à poigne de fer pour remettre le peuple dans le droit chemin de la résignation. Marche au pas ! Ecoute les sermons de la télé ! Sinon gare !

    Un espoir ? Toujours !

    En fait la note optimiste finale de cette chronique toute noire, c’est que la crise présente, une de plus dans la longue histoire du capitalisme (mais non la moindre), est peut-être l’occasion de tester, en marge du système, la construction de nouveaux rapports économiques, plus humains, plus respectueux de la planète. Si je me permets d’énoncer cette hypothèse c’est parce que la porte est ouverte et que nombreux (relativement) sont ceux qui s’y sont déjà engouffrés. Cette marginalité nouvelle, en mouvement, ne doit cependant pas oublier sur le bord de la route ceux qui n’ont plus vraiment la liberté de choix, pour des raisons d’âge, de santé, ou de moyens intellectuels. Ceux-là sont dans le système ; ils en sont dépendants ; ils n’ont pas la possibilité de choisir une alternative. Il ne faudrait pas les laisser en plan. Ils sont dans la situation d’un poisson rouge dans un bocal fissuré et ils n’ont ni ailes ni poumons. On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs… sans doute. Or, ce n’est pas d’une omelette dont nous avons besoin mais d’un monde nouveau. Signe positif, annonciateur d’un changement – peut-être ? – de nombreux documentaires (livres, vidéos, articles de journaux) sont mis à disposition du public, en général sur le web, parfois (mais bien trop rarement) à la télé. Ils témoignent avec naïveté parfois, mais toujours avec énergie, du fait qu’une partie de l’humanité n’a pas envie de se laisser noyer sans réagir. Espérons que ces exemples d’auto-émancipation feront tache d’huile le plus rapidement possible… ou amèneront au moins certains de nos concitoyens à réfléchir. Plus on est de fous, plus on délire !

    Paul, octobre 2012

  • LE MYTHE ÉCONOMIQUE COMME RÉALITÉ ILLUSOIRE
    Addenda à « L’invention de la crise »

    « L’humanité se situe en dehors de l’économie politique, l’inhumanité au dedans. » Karl Marx, Œuvres.

    Le capital est malade de trop d’argent. Le vol d’une partie de la force de travail s’est tellement accumulé dans le capital, au cours du temps, que la production mondiale de marchandises, plus les services qui s’y attachent, ne représentent plus que 3 % des richesses du monde. Il n’y a jamais eu dans l’histoire du monde, autant de richesses accumulées par un aussi petit nombre d’individus, que depuis l’invention spectaculaire de la crise. La réalisation sans fin de dettes crée de la monnaie et produit une richesse illimitée libérée des contraintes inhérentes à la production de marchandises. Cet enchaînement effréné de dettes cumulées est devenu pour quelques-uns, le seul moyen de rafler très rapidement des fortunes gigantesques sur le dos de populations conditionnées dans l’obsession permanente d’une crise inévitable, devenue fatalité.

    Contrairement aux idées reçues de l’économie-spectacle certains faits vérifiables peuvent permettre de remettre en question tout le système. Les dépenses de l’État français ont baissé depuis vingt ans, cependant deux fois moins que la baisse des recettes. Les cadeaux fiscaux effectués par l’État depuis l’an 2000 représentent un manque à gagner de plus de 100 milliards d’euros par an. Plus de 600 milliards d’avoirs, bien planqués dans des paradis fiscaux, manquent à l’État français. Si la banque centrale européenne (BCE) avait accepté de prêter directement aux pays de la zone euro comme elle le fait pour les banques, c’est-à-dire au taux de 1 %, comme cela se passe aux États-Unis, il n’y aurait plus de dette de l’État français aujourd’hui. Et s’il n’y avait plus de cadeaux fiscaux, plus de paradis fiscaux, si l’on fonctionnait comme dans les années 60, l’État pourrait plus que doubler ses dépenses, sans aucune dette... Si l’on discerne comment on a pu en arriver là, on peut alors comprendre ce qui se passe aujourd’hui.

    La crise, dont les cycles se sont accélérés jusqu’à devenir permanente, n’est plus une exception temporaire du capitalisme, mais bien son fonctionnement routinier. Le processus d’appauvrissement sans limites des populations, l’institutionnalisation du racket des États, sont devenus le moteur d’un système qui s’emballe en pillant tout ce qu’il trouve, son économie, son futur, pour sauver l’expansion des gains des truands milliardaires, dans un instant sans devenir.
    La croyance en la crise est de l’ordre de la foi en la divine économie. Penser la crise avec les yeux de l’économie politique, c’est non seulement l’accepter, mais se soumettre aveuglément à ce système d’exploitation et s’y résigner religieusement.

    L’économie est une escroquerie

    La dette augmente irréversiblement, quand les recettes disparaissent. Depuis le début de la crise, les paradis fiscaux, remis temporairement en question et déjà oubliés, se réorganisent et se développent rapidement. Plus de 26 000 milliards de dollars d’actifs financiers de particuliers, seraient dissimulés dans les paradis fiscaux, par des montages complexes entre trusts, financiers et sociétés offshore. Le secret bancaire suisse ayant été réduit, le « Trust discrétionnaire et irrévocable » est devenu le principal instrument de l’évasion fiscale en pleine expansion.

    Le lobby de la finance, le plus puissant des lobbys, achète les politiques en payant leurs campagnes. Les politiques servent le capital et l’État gère le système d’exploitation en place.
    L’Article 123 du Traité de Lisbonne oblige les États européens à emprunter, non plus à la Banque de France ou à la BCE sans intérêts, mais sur les marchés financiers avec des taux importants. Actuellement, l’État ne rembourse que les intérêts.
    En 2008 nous avons payé en France plus de 55 milliards aux prêteurs, pour les seuls intérêts et pour une seule année, c’est plus que la totalité des impôts sur le revenu. C’est ce qu’on appelle « la charge de la dette ». L’État a payé plus de 1300 milliards d’euros d’intérêts entre 1980 et 2008. C’est la rançon à payer aux financiers pour avoir le droit d’exister. Si l’on avait emprunté à la Banque de France sans intérêts, comme on le faisait jusqu’aux années 70 (droit de création monétaire), on aurait déjà remboursé la dette.
    La création monétaire est aujourd’hui aux mains de banques et de financiers privés qui exigent des intérêts. En créant de la monnaie, on imprime de la nouvelle dette. La dette consiste en un capital assorti d’intérêts dus. C’est davantage de dettes qui sortent des banques et des transactions financières. Cet argent, qui n’est plus le fruit d’un travail, est créé électroniquement sur l’écran d’un ordinateur à partir de dettes.

    Avec l’acceptation de la « Règle d’or » et du Mécanisme Européen de Stabilité les politiciens au pouvoir ont remis la maîtrise de leur budget aux mains de technocrates européens, larbins des milliardaires. L’État se dissout dans une Europe en décomposition.

    Contrairement aux apparences du spectacle de l’économie, les États les plus endettés au monde ne sont pas la Grèce et l’Espagne, mais d’abord les États-Unis, puis le Royaume-Uni et le Japon, pourtant tous bien notés.
    Les attaques de fonds spéculatifs américains sur les dettes des États européens provoquent une augmentation des taux d’intérêt. La valeur d’un CDS qui parie sur la dette d’un État, augmente avec la probabilité de défaut de paiement du pays. Ce sont des transactions privées qui ne sont ni enregistrées ni recensées ni contrôlées. Les trafics financiers abondent. Même les banques françaises, qu’on a renflouées, spéculent sur le risque de faillite de la France.

    L’austérité, payée par les populations, est égale à la différence entre le prix de départ des obligations d’État et leur prix à l’arrivée, après la chute que les financiers ont eux-mêmes provoquée. Cette différence, payée par la population, est empochée par les spéculateurs milliardaires.

    Dans le système de la dette, la solvabilité d’un État se définit comme la capacité à générer une croissance positive soutenue, qui doit excéder les obligations vis-à-vis des créanciers, afin de couvrir le capital, plus les intérêts, plus la création de richesse. L’État est condamné à soutenir ce rythme de croissance effrénée, sinon le déclin abyssal, budgétaire et fiscal, le guette. Il ne peut y échapper qu’en s’endettant encore plus. Imprimer de la nouvelle dette pour soutenir à bout de bras la dette existante a pour conséquence de s’enfoncer dans le cercle infernal des dettes sans fin.

    La spéculation explose à l’ombre spectacle

    Il y a d’abord les Hedges funds, des fonds alternatifs qui se composent d’actions, de matières premières, de dettes, d’immobilier et de produits dérivés. Ils ont des rendements illimités quand ils se regroupent afin de mieux manipuler le marché avec un fort effet de levier. Ces fonds spéculatifs qui représentent près de 2 000 milliards de dollars, sont à 80 % en dollars, et n’attaquent jamais les États-Unis, car les trois quarts d’entre eux sont américains ou britanniques.

    Les produits dérivés parient toujours sur la chute. Ces fonds spéculatifs jouent gros et les investisseurs suivent comme des moutons apeurés. Les agences de notation ne font que suivre les indications du marché opaque des CDS, régi dans l’ombre par quelques escrocs milliardaires. Avec l’austérité, les populations payent les gains que les spéculateurs empochent. La complexité du système permet de maintenir le secret sur la plus gigantesque escroquerie de l’Histoire, grâce à la supercherie de la crise. Le concept de crise est un leurre médiatique qui cache une stratégie spéculative de grande ampleur qui doit rester secrète.

    Pendant la crise financière de 2008, les dérivés OTC (Over the counter ou de gré à gré) ont propagé le séisme financier. Un dérivé OTC est une sorte d’assurance, un contrat conclu entre deux parties et dont la valeur est dérivée d’un actif sous-jacent, tel qu’un taux d’intérêt, une devise, une action... La vocation première de ces contrats est de se protéger contre les risques (taux d’intérêt, de change, de crédit...). Ces contrats ne sont pas standardisés et ne sont donc pas négociés sur des marchés organisés et échappent aux régulateurs. Ces fonds spéculatifs propagent un risque général sur l’ensemble du système en cas de panique.

    D’un marché de gré à gré (OTC), une partie du marché des CDS est en passe de s’organiser et d’être règlementé. Les dérivés standardisés seraient désormais régulés par des autorités de contrôle, sur des marchés organisés dans des chambres de compensation.
    Le Marché des dérivés de crédit non standardisés, est un marché qui semble rester non organisé (OTC), dominé par un nombre restreint d’acteurs, et qui continuerait à se traiter sans chambres de compensation. Les dérivés OTC sont traités et négociés directement entre deux parties. L’utilisation de plateformes électroniques est rare pour ces instruments, davantage traités à la voix. Le fait qu’une transaction ne soit pas confirmée par écrit n’a pas d’incidence sur sa validité. L’enregistrement des conversations téléphoniques peut servir d’éléments prouvant l’existence d’une transaction. Ce contexte, qui le met hors de contrôle, a permis au marché des dérivés OTC de connaitre une croissance exponentielle ces dix dernières années, en multipliant par six leur volume.

    Pour les produits complexes appelés aussi « titrisation », ils répartissent et étalent un risque diversifié par mixage et éparpillement. L’information sur ces titres est très chère et réservée aux market makers (teneurs de marché). Aucune information utilisable n’est disponible sur les volumes traités, ni sur les paramètres essentiels de valorisation. De fait, ni les utilisateurs finaux, ni leurs auditeurs, ni les régulateurs ne peuvent, à de rares exceptions, disposer du cadre nécessaire et suffisant pour suivre les valeurs et les risques sur les produits OTC complexes. La crise financière a été aggravée par l’incompréhension des experts, des modes pratiques de fonctionnement des marchés complexes qui s’effectuent en dehors des marchés organisés.
    On peut compter environ 800 000 milliards de dollars de produits dérivés en circulation aujourd’hui, soit plus de 13 fois l’économie mondiale (PIB mondial à 60 000 milliards de dollars).

    En 2010, le volume du marché des changes (Forex) est situé aux environs de 4000 milliards de dollars par jour (BRI), quasi uniquement en transactions de gré à gré, dont près de la moitié au Royaume-Uni et aux États-Unis. La grande majorité des transactions de change de devises sont spéculatives et ne durent pas plus de 7 jours. Il est impossible de connaître précisément les volumes traités sur ce marché.

    Quelques gros fonds spéculatifs attaquent stratégiquement un pays et les petits investisseurs suivent comme des moutons. Les agences de notations s’alignent sur les cours des CDS, leurs notes sont directement dictées par ce marché de truands et de voleurs, dans l’opacité et le secret.
    La complexité volontaire des transactions financières entretient la confusion et permet de maintenir dans le secret ses escroqueries planétaires. On ne voit jamais ce qui est hors champ de l’objectif du spectacle. Les grands financiers ont maintenant la maîtrise et le contrôle de la presse et de l’information. Le spectacle économique est leur idéologie qu’ils imposent au monde entier.
    La régulation du système financier n’est qu’un leurre. La puissantissime haute finance s’adaptera et ne sera jamais contrôlée. Ces quelques spéculateurs ont chacun des revenus annuels supérieurs au milliard de dollars. Cette nouvelle aristocratie financière domine le monde et maîtrise l’information spectacle dont elle est propriétaire.
    Mais « les gens de la haute » pourraient bientôt chuter de haut. Il s’agit maintenant de sécher le cours d’un temps révolu.

    Les paris sont ouverts, la guerre aussi

    Un petit groupe de spéculateurs a volontairement coulé la Grèce afin de faire effondrer l’Europe par effet de dominos. Leur but est de pourrir l’euro pour sauver le dollar. Les agences de notations, qui sont des instruments aux mains des spéculateurs américains, n’attaquent que la dette européenne.
    L’euro a été attaqué pour l’empêcher de devenir la monnaie de référence dans le monde à la place du dollar. La guerre économique a été déclarée contre l’Europe pour sauver la suprématie américaine.

    Pour parfaire l’attaque sur les États européens, les spéculateurs lancent un raid sur les banques européennes tout en interdisant à leurs propres banques d’aider les banques en Europe.
    La crise de l’euro permet aux Américains de maintenir leur taux d’intérêt à 2 %. Leur solvabilité dépend de l’aggravation de la crise en zone euro. La crise européenne ne pourra que s’aggraver, et c’est cela qui va soutenir le marché financier américain, car les investisseurs n’ont pas d’autre choix.
    La sauvegarde des États-Unis dépend de l’échec de l’Europe. Leurs coûts de financement dépendent de l’aggravation de la crise en zone euro. La plus grande bulle spéculative se trouve actuellement dans les bons du Trésor américain.

    D’un coté, plus de 3000 Milliards de dollars spéculent contre l’Europe, mais de l’autre les investissements des Banques centrales et fonds souverains des pays émergents (Chine, japon, Russie...), se montent à près de 6000 milliards de dollars.

    La guerre mondiale actuelle oppose les États-Unis et l’Europe. Deux blocs qui, dans le contexte de la montée en puissance de la Chine, se retrouvent dans un combat fatal pour trancher lequel sera le représentant de l’Occident dans le futur. Les États-Unis ont la puissance financière mais un dollar qui ne vaut plus grand-chose. C’est une guerre contre les paradis fiscaux d’Europe qui ont cédé la place aux paradis fiscaux anglo-saxons, une guerre monétaire contre l’euro qui a bien failli voler en éclats, une guerre spéculative généralisée contre la dette des États européens qui a fortement déstabilisé l’Europe. Le gagnant aurait fatalement dû être les États-Unis. La seule donne incontrôlable fut le soutien important et régulier apporté par la Chine à l’euro et aux obligations de la zone. Sinon, l’Europe aurait été enterrée en 2010. La banque centrale chinoise achète massivement de l’euro ce qui, pour le moment, empêche sa chute.
    La solvabilité des États-Unis ne repose, aujourd’hui, que sur l’échec de l’Europe. Cette guerre a apporté de colossaux bénéfices à Washington. Les taux américains, c’est-à-dire le coût de financement du gouvernement, n’ont jamais été aussi bon marché, malgré l’explosion du risque lié à l’endettement excessif du pays. Et ce, grâce au report massif des investisseurs paniqués par la situation en Europe.

    Cette guerre ne date pas d’aujourd’hui. Il y a quarante ans des conflits entre groupes d’intérêts divergents, le Bilderberg et la Trilatérale, présageaient du pire qui est déjà arrivé. Peu importe qui va l’emporter, car, dans ce système, c’est toujours le peuple qui en paye les frais.
    Ce système dégueulasse, construit sur la compétition permanente et la guerre généralisée, est le pire des systèmes : gagner coûte que coûte, écraser la concurrence, éliminer l’adversaire, exploiter à outrance tant qu’on le peut, tout rafler avant que d’autres ne le fassent, abandonner tous les pouvoirs aux accapareurs de richesses des mafias affairistes, piller le monde en intoxiquant toute forme de vie...

    Trop de dollars tuent le rêve américain

    L’empire américain a beaucoup trop créé de monnaie en faisant marcher la planche à billets. Trop d’argent tue le capital en dépréciant sa propre valeur. La dette des États-Unis est estimée à 14 000 milliards de dollars, mais son déficit fiscal basé sur ses engagements futurs dépasserait 200 000 milliards de dollars. C’est le pays le plus endetté du monde, qui paye sa dette en créant de la monnaie, en imprimant des billets, en comblant ses dettes avec des dettes et encore des dettes, en pillant un futur qui n’est plus crédible.

    Le dollar a perdu 97 % de sa valeur depuis 1913, date de création de la FED. La fin des pétrodollars arrive, la demande de dollars, parce qu’il est surévalué, commence à s’effondrer. Les matières premières augmentent parce que le dollar, monnaie de référence, dévalue. La dette américaine ne sera jamais remboursée. La confiance et l’armée la plus puissante du monde, qui maintiennent la valeur du dollar, s’effritent et l’illusion se dissipe.

    La crise de la dette américaine risque d’avoir lieu bientôt, la chute violente de l’économie américaine prochainement, et l’effondrement du dollar d’ici quelques années. Si l’on calculait selon les méthodes utilisées dans les années 80, l’inflation américaine s’élèverait à plus de 10 %, et le nombre de chômeurs a plus de 20 %. Les chiffres sont manipulés, truqués, falsifiés... Le dollar n’est plus qu’une illusion, une monnaie de singe, de la poudre aux yeux. La croyance aveugle en l’Amérique s’effrite déjà. Le dollar est le début d’une gangrène mondiale qui pourrait commencer par un crack obligataire. La bulle de la réserve fédérale (FED), Banque Centrale privée des États-Unis, éclatera probablement bientôt, suite aux liquidités excessives qu’elle émet pour compenser sa dette. La plus grande bulle spéculative est sur le point d’exploser. L’effet « dominos » ou « boule de neige », le risque global est toujours sous-estimé par les économistes, car c’est là que se situe l’angle mort du spectacle, incapable d’envisager sa perte.

    Face à la faillite américaine et la fin du monopole du dollar, le monde se diversifie pour devenir multimonétaire. L’économie réelle réagit aux attaques spéculatives américaines qui la menacent.
    En juin 2012, le Japon et la Chine ont cessé de commercer en Dollar entre eux, la Russie et l’Arabie Saoudite sont en train de suivre le mouvement.

    Dans la panique, la ruée vers l’or est lancée

    La Grèce risque de se faire confisquer tout son or par les banques européennes insolvables, et de manière tout à fait légale. La Grèce possède 111 tonnes de réserves d’or. Combien de tonnes seront effectivement pillées par les banques ? Le Portugal, l’Italie, l’Irlande, la Grèce et l’Espagne possèdent, à eux cinq, 3234 tonnes d’or, qui représentent 183 milliards de dollars. Il est fort probable qu’ils subissent tous le même sort.

    Israël se prépare à attaquer l’Iran... Les États-Unis ne pourront certainement pas l’empêcher. L’Inde et la Chine qui s’opposent à des sanctions contre l’Iran, achètent 40 % du pétrole iranien. L’Inde serait le premier acheteur de brut iranien à accepter de régler ses achats en or plutôt qu’en dollars. La Chine s’apprêterait à faire de même.
    La Chine est en train de prendre le contrôle du marché de l’or. De loin le premier producteur mondial d’or, elle produit 350 tonnes par an. La Chine pompe tout l’or qu’elle peut sur les marchés internationaux. Tous ces achats d’or se font dans le plus grand secret. Elle rafle l’or jusque dans les sous-sols des autres...
    La Chine détient des centaines de milliards de dollars, qui ont déjà perdu la moitié de leurs valeurs en onze ans. L’or peut servir à neutraliser ces pertes… Elle met en place un méga hedge (couverture) contre la chute inévitable du dollar. La Chine pourrait bien avoir l’intention de faire du yuan la monnaie de référence de demain, garantie par de l’or physique.

    « La catastrophe que l’on nous dit d’attendre est déjà advenue ».
    Guy Debord, Lettre à Annie Le Brun, 1992.

    Quand tous les détails confirment un fonctionnement d’ensemble, l’imbécile expert n’y voit qu’une succession de détails bien séparés. Le spectacle est l’unité fictive, perdue et oubliée, de ce monde fragmenté, où s’accumulent les séparations.

    L’économie ne pourra pas nous sauver de la dégradation mortifère de nos conditions d’existence. Elle a déjà fait la preuve de son ignominie. Son fonctionnement même est son essence barbare, la réalisation magnifiée de sa supercherie antisociale et inhumaine.
    En cette période de confusion généralisée, personne ne trouvera la sortie à cette situation sans solution, sans un renversement de perspective. La recherche du remède économique miracle renforce ce blocage infernal. Les solutions idéales n’ont toujours réalisé que le pire, qu’elles n’ont jamais pu prédire.

    Il n’est pas possible d’appréhender les contradictions croissantes d’un système avec le point de vue de son idéologie dominante, qui prétend fallacieusement, en tant que seul système cohérent possible, n’avoir aucune contradiction. On ne voit jamais ce qui est hors champ, ce qui sort du cadrage de l’objectif du spectacle, mais il suffit de l’inventer en changeant de perspective pour effectuer un recadrage qui peut entraîner une compréhension complètement différente de la situation.

    Aucune règle n’est absolument définitive et l’on peut toujours se jouer des règles que l’on croit immuables. Seuls les révolutionnaires de la vie sachant métacommuniquer sur le système peuvent comprendre son fonctionnement global dans son contexte et toutes ses interactions. S’inclure dans ses observations comme être vivant dans sa situation particulière, permet de devenir le sujet agissant de sa vie occupant son propre monde.
    En s’inventant des pratiques utopiques réalisables, des incroyances fonctionnelles, utilisant les situations dans un renversement de perspective, nous pourrons libérer l’instant vécu des calculs rentables et de l’oppression marchande, pour construire ensemble, sans idéaux préconçus, les germes d’un monde nouveau, dont on n’arrive pas encore à imaginer l’ampleur de ses possibilités.

  • #crise
    L’INVENTION DE LA CRISE, 
Escroquerie sur un futur en perdition
    Éditions L’Harmattan, 2012.

    La crise n’est pas une fatalité, ni un accident de parcours, c’est une invention construite de toutes pièces, qui permet au capitalisme financier de parfaire sa domination en usurpant tous les pouvoirs. Nous sommes entrés dans l’État d’urgence d’une guerre ouverte contre les populations. Ce n’est pas le dysfonctionnement du système qui est ici en cause, mais bien l’économie elle-même dans son fonctionnement, son achèvement inévitable.

    Il s’agit maintenant d’appréhender le système sous tous ses aspects et dans toute la complexité de ses interactions, pour mieux comprendre comment la création de richesses a été accaparée par la haute bourgeoisie dans le processus de la mondialisation, accéléré par l’informatisation généralisée, la prolifération des dettes, et par le pillage d’un futur déjà ruiné. L’escroquerie de ce temps décompté se précipite, l’espace se restreint aux marchandages et aux spéculations dévastatrices, c’est alors que notre survie s’amenuise dans les restrictions, la misère et la barbarie.

    Le règne de l’exploitation et de sa servitude, des séparations guerrières et des arnaques mafieuses, paraît se réduire aujourd’hui au scénario d’une catastrophe programmée. Quand il n’y a plus d’avenir, on peut alors abandonner les préjugés réducteurs d’un passé révolu. C’est le moment de prendre le pouvoir sur ses propres conditions d’existence au cours de situations incertaines, par des pratiques libertaires en coopérant tous ensemble à l’auto-organisation d’une démocratie générale.

    http://inventin.lautre.net/linvecris.html