person:françois burgat

  • L’antisionisme est une opinion, pas un crime - Libération
    https://www.liberation.fr/debats/2019/02/28/l-antisionisme-est-une-opinion-pas-un-crime_1712216

    Tribune. Monsieur le Président, vous avez récemment déclaré votre intention de criminaliser l’antisionisme. Vous avez fait cette déclaration après en avoir discuté au téléphone avec Benyamin Nétanyahou, juste avant de vous rendre au dîner du Crif.
    PUBLICITÉ
    inRead invented by Teads

    Monsieur le Président, vous n’êtes pas sans savoir que la Constitution de la République énonce en son article 4 que « la loi garantit les expressions pluralistes des opinions. » Or, l’antisionisme est une opinion, un courant de pensée né parmi les juifs européens au moment où le nationalisme juif prenait son essor. Il s’oppose à l’idéologie sioniste qui préconisait (et préconise toujours) l’installation des juifs du monde en Palestine, aujourd’hui Israël.

    L’argument essentiel de l’antisionisme était (et est toujours) que la Palestine n’a jamais été une terre vide d’habitants qu’un « peuple sans terre » serait libre de coloniser du fait de la promesse divine qui lui en aurait été donnée, mais un pays peuplé par des habitants bien réels pour lesquels le sionisme allait bientôt être synonyme d’exode, de spoliation et de négation de tous leurs droits. Les antisionistes étaient, et sont toujours, des anticolonialistes. Leur interdire de s’exprimer en prenant prétexte du fait que des racistes se servent de cette appellation pour camoufler leur antisémitisme, est absurde.

    Monsieur le Président, nous tenons à ce que les Français juifs puissent rester en France, qu’ils s’y sentent en sécurité, et que leur liberté d’expression et de pensée y soit respectée dans sa pluralité. L’ignominie des actes antisémites qui se multiplient ravive le traumatisme et l’effroi de la violence inouïe dont leurs parents ont eu à souffrir de la part d’un Etat français et d’une société française qui ont largement collaboré avec leurs bourreaux. Nous attendons donc de vous que vous déployiez d’importants moyens d’éducation, et que les auteurs de ces actes soient sévèrement punis. Mais nous ne voulons certainement pas que vous livriez les juifs de France et leur mémoire à l’extrême droite israélienne, comme vous le faites en affichant ostensiblement votre proximité avec le sinistre « Bibi » et ses amis français.

    C’est pourquoi nous tenons à vous faire savoir que nous sommes antisionistes, ou que certains de nos meilleurs amis se déclarent comme tels. Nous éprouvons du respect et de l’admiration pour ces militants des droits humains et du droit international qui, en France, en Israël et partout dans le monde, luttent courageusement et dénoncent les exactions intolérables que les sionistes les plus acharnés font subir aux Palestiniens. Beaucoup de ces militants se disent antisionistes car le sionisme a prouvé que lorsque sa logique colonisatrice est poussée à l’extrême, comme c’est le cas aujourd’hui, il n’est bon ni pour les juifs du monde, ni pour les Israéliens, ni pour les Palestiniens.

    Monsieur le Président, nous sommes des citoyens français respectueux des lois de la République, mais si vous faites adopter une loi contre l’antisionisme, ou si vous adoptez officiellement une définition erronée de l’antisionisme qui permettrait de légiférer contre lui, sachez que nous enfreindrons cette loi inique par nos propos, par nos écrits, par nos œuvres artistiques et par nos actes de solidarité. Et si vous tenez à nous poursuivre, à nous faire taire, ou même à nous embastiller pour cela, eh bien, vous pourrez venir nous chercher.

    Premiers signataires : Gilbert Achcar universitaire Gil Anidjar professeur Ariella Azoulay universitaire Taysir Batniji artiste plasticien Sophie Bessis historienne Jean-Jacques Birgé compositeur Simone Bitton cinéaste Laurent Bloch informaticien Rony Brauman médecin François Burgat politologue Jean-Louis Comolli cinéaste Sonia Dayan-Herzbrun sociologue Ivar Ekeland universitaire Mireille Fanon-Mendès France ex-experte ONU Naomi Fink professeure agrégée d’hébreu Jean-Michel Frodon critique et enseignant Jean-Luc Godard cinéaste Alain Gresh journaliste Eric Hazan éditeur Christiane Hessel militante et veuve de Stéphane Hessel Nancy Huston écrivaine Abdellatif Laâbi écrivain Farouk Mardam-Bey éditeur Gustave Massiah économiste Anne-Marie Miéville cinéaste Marie- José Mondzain philosophe Ernest Pignon-Ernest artiste plasticien Elias Sanbar écrivain, diplomate Michèle Sibony enseignante retraitée Eyal Sivan cinéaste Elia Suleiman cinéaste Françoise Vergès politologue.

    Liste complète des signataires disponible sur : https://bit.ly/2BTE43k

    • L’ancien commissaire Darquier de Pellepoix osait avancer qu’à Auschwitz on n’a gazé que des poux, chevauchant l’hyper-criticisme de Robert Faurisson qu’a si justement déconstruit Pierre Vidal-Naquet dans Les Assassins de la mémoire. La rhétorique de M. el Khal, qui se situe dans le registre du premier pas vers le négationnisme - équivalence entre victimes et bourreaux - aboutira un jour à une ignominie semblable sur la Ghouta ou Alep si l’on n’y prend pas garde.

      Voilà qui habille Le Média pour l’hiver.

      #invectives

    • Ah ! mais oui chez Ballast c’est beaucoup mieux quand on enfonce ses consoeurs et confrères ! Bravo !

      Claude El Khal est notre correspondant au Moyen-Orient. Il a sa vision des événements et il affirme se méfier des manipulations provenant du régime syrien tout autant que des belligérants américains ou européens. Il a raison. Les guerres sont des moments où l’information est manipulée à des fins stratégiques. Le journalisme consiste à prendre ses distances avec les sources belligérantes. À rappeler que les civils sont des victimes innocentes. Sa position est raisonnable, et juste. Il ne choisit qu’un seul camp : celui de la paix et de la préservation des vies. Ceux qui attaquent sa position trouvent peut être qu’être tué par une bombe américaine est moins condamnable que par une bombe russe ? Pour moi, ceux qui bombardent sont tous coupables. On peut bien condamner le régime syrien soutenu par les Russes. On peut aussi condamner la Turquie d’Erdogan soutenue par les américains et les européens. On peut condamner l’Arabie saoudite armée par la France. On peut condamner l’Iran qui arme le Hezbollah. On peut condamner les djihadistes armés par les américains. On peut condamner la France, les européens, les USA qui organisent le chaos dans cette région du monde. On peut condamner les intérêts des multinationales de l’armement, du pétrole et du gaz qui tirent profit de la situation. Mais on ne peut pas condamner un journaliste comme Claude El Khal qui a le courage de dire tout haut que le seul camp qu’il fait sien est celui des civils, des enfants, qui vivent l’enfer. Claude El Khal a raison de refuser que l’on diffuse des images dont on ignore la provenance, dont on ignore la véracité. Chaque fois que vous voyez des vidéos sur la Ghouta : demandez-vous qui a filmé, sous la protection de qui, pour faire passer quel message, pour servir les intérêts de qui ? ce n’est pas la première guerre de communication, ce n’est pas la première fois que « l’opinion publique internationale » est soumise au matraquage et à la propagande des belligérants. Au Média, nous n’acceptons pas l’instrumentalisation. Nous disons clairement que les belligérants doivent cesser leurs bombardements que ce soit à Damas, la Ghouta, au Yémen. Qu’ils cessent de massacrer des civils. Si d’autres médias estiment qu’il faudrait prendre le parti des USA et des européens, qu’ils le fassent. mais ne rêvez pas : Le Média ne s’alignera sur aucun camp. Notre camp c’est la paix et la vie humaine. Ce sont vos guerres, pas les nôtres. Nous sommes avec les peuples. Et si vous trouvez nos positions angéliques, laissez nous penser que les vôtres sont belliqueuses, sources de haine, de souffrance. Nous ne faisons de mal à personne. Et vous ? Comme Jean Jaurès : nous défendrons la paix. Que ceux qui veulent la guerre y envoient leurs enfants.

    • Nous passerons sur le fait que les propos sur le conflit syrien de Robert Fisk - ne connaissant qu’un seul ennemi : l’Occident — ont été dénoncés non seulement par des confrères journalistes [16], mais aussi par les chercheurs et experts de la révolution syrienne.

      Fisk en prend lui aussi pour son grade. La note 16 sensée servir, j’imagine d’argument contre Fisk, pointe vers le Courrier International, article de 2007 (!) publié initialement dans Haaretz. On devra se contenter de cela pour conclure que Fisk n’est pas crédible (et négationniste, donc, cf. la conclusion).

    • Pour mieux comprendre son engagement au sein de la « résistance civile à l’occupation syrienne du Liban » évoqué dans l’article d’Audrey Kucinskas pour L’Express

      Je n’oublierai jamais le 13 Octobre 1990.

      Je n’oublierai jamais les avions syriens qui lançaient leurs missiles sur les dernières régions libres du Liban. Je n’oublierai jamais la terreur des femmes, des hommes et des enfants sous le feu aveugle des canons du régime baathiste. Je n’oublierai jamais les larmes des pères, des mères, des fils et des filles au moment de la reddition.

      Je n’oublierai jamais les soldats de l’armée libanaise massacrés alors qu’ils étaient prisonniers. Je n’oublierai jamais le silence de mort qui a accompagné l’entrée des troupes syriennes à Baabda. Je n’oublierai jamais les tirs de joie de la soldatesque d’occupation quand l’invasion fut achevée.

      Je n’oublierai jamais que parmi ceux qui se divisent aujourd’hui en 8 et 14 Mars beaucoup ont applaudi et crié victoire, certains après avoir pilonné sauvagement les régions libres, d’autres après avoir participé aux combats contre l’armée libanaise.

      Je n’oublierai jamais que tout ça s’est passé avec la bénédiction du monde entier, de ceux qui veulent aujourd’hui abattre le régime syrien, ceux qui le décrivent depuis si peu comme criminel et barbare : les Etats-Unis, l’Europe, la France socialiste à laquelle appartenaient déjà messieurs Fabius et Hollande, la Ligue Arabe, les monarchies du Golfe, la Turquie… Même l’Iran et Israël étaient à l’unisson.

      Je n’oublierai jamais les heures noires de ce jour funeste et la nuit sans étoiles qui s’est abattue sur nous. Je n’oublierai jamais les 15 ans qui ont suivis. 15 ans de répression, de pillage organisé, de corruption institutionnalisée. Je n’oublierai jamais la peur, la rage, la tristesse, la mort.

      https://claudeelkhal.blogspot.fr/2015/10/je-noublierai-jamais-le-13-octobre-1990.html

    • Je reviens à ma première question, et la chaleur de « nos » commentaires sur SeenThis me fait me la poser de manière encore plus lancinante : qu’y a-t-il dans la question syrienne pour susciter de telles passions au sein d’une certaine gauche (française et au-delà européenne) ? Sur le Chili, le Vietnam, d’autres conflits encore, à tort ou à raison, je peux m’expliquer la ferveur de certains engagements. Peut-on dire la même chose de la Syrie ? Une fois posé le despotisme très connu par un demi-siècle d’expérience du régime, on ne sort pas d’un constat assez simple à faire : la majorité de la population n’a pas vraiment rejoint le mouvement (y compris à ses débuts), par peur, par calcul, par expérience, etc., c’est un fait. Si la majorité silencieuse s’est exprimée en Syrie, c’est par le départ, dans les pays voisins, en Europe et ailleurs... Et du côté des adversaires du régime, quel est le poids de mouvements révolutionnaires qu’on peut raisonnablement soutenir quand on a précisément une sensibilité de gauche, par rapport à des milliers de « rebelles » puisque c’est le terme utilisé, mercenaires, pillards, fanatisés, manifestement à la tête des opérations à partir de l’été 2011 ?
      Je précise que ma question est aussi naïve que sincère et que je serai ravi d’entendre des explications qui tiennent...

    • Selon Le Courrier international : @gonzo

      Comme le rappelle Michael Jansen, spécialiste du Moyen-Orient au quotidien The Irish Times, « les villes […] de Ghouta orientale sont tombées sous le contrôle des combattants rebelles en 2013 et sont aujourd’hui le dernier refuge de fondamentalistes de la Faylaq Al-Rahman (Légion de Rahman) et de la Jaish Al-Islam ( Armée de l’islam ), soutenue par l’Arabie Saoudite , dans la région de Damas ». Le régime de Bachar El-Assad cherche actuellement à « exercer des pressions militaires » sur cette zone pour se débarrasser de ces combattants.

      https://www.courrierinternational.com/article/syrie-sous-les-bombardements-du-regime-la-ghouta-orientale-re

      Raisonnablement je ne peux soutenir aucun de ces mouvements fondamentalistes (Faylaq Al-Rahman), salafistes (Jaish Al-Islam) et djihadistes (Tahrir Al-cham) qui prennent la population en otage de même que le régime de Bachar et je continue de partager le point de vue de Claude El Khal et du Média :

      Au Média, nous n’acceptons pas l’instrumentalisation. Nous disons clairement que les belligérants doivent cesser leurs bombardements que ce soit à Damas, la Ghouta, au Yémen. Qu’ils cessent de massacrer des civils. Si d’autres médias estiment qu’il faudrait prendre le parti des USA et des européens, qu’ils le fassent. mais ne rêvez pas : Le Média ne s’alignera sur aucun camp. Notre camp c’est la paix et la vie humaine. Ce sont vos guerres, pas les nôtres. Nous sommes avec les peuples. Et si vous trouvez nos positions angéliques, laissez nous penser que les vôtres sont belliqueuses, sources de haine, de souffrance. Nous ne faisons de mal à personne. Et vous ? Comme Jean Jaurès : nous défendrons la paix. Que ceux qui veulent la guerre y envoient leurs enfants .

    • Sur un point qui a l’air important dans le débat, l’article de @lundimatin dit uniquement que « Faylaq al Rahman » est affilié à l’ASL et que d’autres groupes les considèrent comme « laïcs et apostats » (mais on ne sait pas ce qu’en pense réellement les auteurs de l’article). Du coup ce serait des « gentils » ?

      Mais en revanche la carte du Monde, elle, dit que « Faylaq al Rahman » se revendique de l’ASL, et surtout que c’est un groupe « à dominante islamiste » !
      (Et je suppute qu’il est possible et peut-être courant que des groupes islamistes traitent d’autres groupes islamistes de laïcs et apostats car ils ne sont pas d’accord, mais bon je n’y connais rien…)

      L’effectif d’environ 30% est le même dans les deux, mais par contre du coup ils disent donc plutôt l’inverse sur ce groupe :
      – Dans un cas le groupe EST affilié à l’ASL et est présenté comme pas islamiste du tout (mais c’est l’avis d’un autre groupe islamiste et non des auteurs eux-mêmes).
      – Dans l’autre, le groupe SERAIT affilié à l’ASL, au conditionnel car c’est le groupe lui-même qui se revendique, et il est présenté comme majoritairement islamiste.

      Je n’ai rien à en dire mais c’était juste pour souligner la différence.

    • @baroug : non. Burgat n’a pas attendu autant de morts avant de s’attaquer directement à la gauche anti-impérialiste (thème fondateur des fanboys de la révolution syrienne) dès août 2012 :
      https://www.facebook.com/francois.burgat/posts/318712458225901

      Rappel encore : 2 mois plus tôt il prétendait aussi avec Caillet que Nusra n’existait pas et était une invention du régime commentant des attentats false flag. Fadaise complotiste dont l’utilité est de maintenir la supériorité morale des partisans de la militarisation de la contestation syrienne.

      L’attaque contre Oumma par le même Burgat, c’est l’année d’après, juin 2013 :
      https://seenthis.net/messages/147381
      (l’attaque contre le nationalisme arabe classique étant aussi un thème favori de la part de fanboys).

    • Le pire dans toute cette histoire, c’est que la guerre idéologique, de la vérité ou des contre-vérités (peu importe) risque non seulement de masquer les réalités de ce conflit qui perdure depuis le printemps 2011 mais aussi de banaliser auprès de l’opinion ce genre de situation. Saura-t-on jamais combien de victimes aura fait cette guerre parmi les civils désarmés ? Combien de personnes ont fui devant ces atrocités (Syrie et pays voisins) ? La première erreur commise le fut (à mon avis) par le « camp occidental » qui décida de livrer des armes aux « rebelles » et d’envoyer des instructeurs auprès des factions belligérantes. On connait ensuite l’enchainement fatal : la Russie poutinienne intervint à son tour parce que, hein, on allait pas laisser les États-Uniens tripatouiller tout seul dans ce merdier, déjà que,avec les précédentes ingérences en Irak et en Afghanistan (depuis 1979, juste après l’invasion soviétique), ils avaient déjà bien pourri l’ambiance, sans compter le soutien inconditionnel qu’ils accordent à l’état d’Israël. La guerre des communiqués prit rapidement le relais. Chaque « camp » se dota d’alliés de circonstances (Turquie, Iran, n’oublions pas non plus les nations euro-atlantistes) qui en rajoutèrent dans la désinformation et le brouillage médiatique.
      Ce qui se passe au Proche-Orient (Moyen-Orient, Levant) depuis la fin de l’empire ottoman et surtout depuis la découverte de la manne pétrolière dans cette région est un naufrage de la soit-disant civilisation et, comparés à cela, les camions d’essence de « Mad Max Fury » ressemblent juste à une histoire de petit chaperon rouge pour faire frissonner les enfants avant qu’ils ne s’endorment. Bonne nuit ! Pour le brouillard, on a ce qu’il faut en magasin ...

      Et - pardonnez-moi si j’m’excuse, j’allais oublié un point TRÈS important dans la série des « on ne saura jamais » ; c’est le chiffre d’affaire des marchands d’armes (toutes catégories confondues) lié à ce conflit.

    • Non mais que certains, et Burgat et Filiu dont l’un est connu depuis longtemps pour croire et entretenir l’idée d’un islamisme « de gauche » et l’autre fétichise peut être les révolutions arabes en général, aient été en avance sur cette fracture c’est une chose. Mais de toute façon, elle est ancienne, et vous la connaissez tous puisque bien antérieure au conflit syrien ; vous en étiez déjà acteurs.
      Après, je pense que l’intensité du conflit, qui est le plus meurtrier de la décennie, doit jouer un rôle dans la généralisation de la fracture à gauche, si l’on peut dire.

    • Tout à fait @sombre

      @nidal La faute à la vieille gauche aveugle et égoïste !

      « C’est triste et cruel mais c’est comme ça : la force d’inertie intellectuelle d’un pan entier de cette bonne vieille gauche arabe et européenne est en train de l’empêcher de prendre un virage historique ! Son aveuglement dans le dossier syrien a plusieurs causes. L’une des toutes premières est une surenchère égoïste et intolérante dans l’appropriation privative du label anti-impérialiste :
      « Personne d’autre que nous, et surtout pas la génération de l’Islam politique ».

      Pour François Burgat, les islamistes ont toujours raison !
      https://mondafrique.com/francois-burgat-islamistes-ont-toujours-raison

      Peut on classer Burgat dans cette sphère de l’islamo-gauchisme dans le milieu intellectuel français, et qui joue le rôle des avocats du projets islamiste, d’une manière ou d’une autre ?

      Je n’aime pas du tout l’expression « islamo-gauchisme » qui est souvent employé par les islamophobes ou les milieux français islamophobes. Par ironie, je dirai, pour commencer, que F. Burgat n’est, de mon point de vue, certainement pas de gauche, si l’on se réfère simplement aux messages Facebook qu’il n’a cessé de diffuser au cours de la dernière campagne présidentielle française, dénigrant surtout Jean-Luc Mélenchon et ne manifestant pas, semble-t-il, beaucoup plus de sympathie politique ou électorale pour Benoît Hamon. Il est peut-être un peu plus « macroniste », une tendance plutôt sociale-libérale. Par certains côtés, j’ai l’impression que le politiste français veut être plus royaliste que le roi, soit en trouvant toujours de bonnes excuses aux islamistes légalistes dans leurs échecs, soit en étant encore plus optimiste qu’eux dans la capacité à mener à bien des combats politiques démocratiques et à gérer sans heurts des sociétés.

      Haoues Seniguer

    • Bon, si je résume ce que j’ai compris (pour @Baroug notamment) :
      – la gauche se mobilise parce qu’il y a beaucoup de victimes, ou encore la fracture devient plus importante du fait du nombre de morts : mais alors, pourquoi ce silence sur le Yémen ?)
      – on peut à la rigueur soutenir en fonction d’un pourcentage pas trop élevé d’islamistes vraiment méchants. En acceptant que ce soit possible, cela signifie qu’on se résigne à soutenir un truc qui ne sent pas très bon alors qu’on nous demande justement de ne pas nous poser de questions (et qu’on cloue au pilori celui qui le fait, El Khal en particulier)
      – le Moyen-Orient, terrain de jeu du capitalisme sauvage, OK @Sombre_Hermano mais pourquoi tant de personnes à gauche se sentent-elles obligées à coopérer ? Tout de même, et quelles que soient les souffrances passées, il y a (un peu) plus de lucidité sur le sionisme !
      _ quelques acteurs (Burgat, mais peut-être moi aussi, je ne m’exclus pas) ne seraient pas vraiment de gauche, d’où leurs positions étranges. Mais il ne s’agit pas de ces quelques exceptions, le nécessaire soutien aux types qui se battent dans la Ghouta est une opinion très largement majoritaire.
      Merci aux contributions, mais je reste avec mes questions :-(

    • Je peux parler de ce que j’en pense de mon côté :
      1) troubles internes (la « révolution »), dont à aucun moment il n’a été tout à fait possible de savoir si l’opération de « regime change » la récupérait ou l’initiait ;
      2) militarisation quasi-instantanée, daech simultanément en Irak et en Syrie, pertes gouvernementales très fortes ;
      3) on finit par avoir des informations sur daech et ses soutiens, et sur al qaida et ses soutiens, on apprend que les mécènes (comme l’article en parle sur Lundi Matin) sont la Turquie et quelques autres pays reconnus pour leur absence totale de respect de la vie humaine ;
      4) finalement, le régime s’en sort, et par force, c’est un carnage, les belligérants y jouant tous leur survie. On sait ce que c’est, on a quelques guerres derrière nous pour nous le rappeler.

      Je suis allé voir « Pentagon Papers », où on te rappelle obligeamment que dès 1954 des opérations de regime change et +++ étaient réalisées en sous main pour déstabiliser le Vietnam.

      Donc, il faudrait cesser de critiquer la couverture actuelle des évènements en Syrie au prétexte que les forces gouvernementales gagnent du terrain, parce que c’est bien de ça qu’il s’agit ?

      C’est une guerre à mort, entre deux armées visiblement de force plus ou moins équivalentes, les pertes équivalentes en nombre de chaque côté en attestent il me semble. Oui, les pertes civiles sont odieuses, un petit « Dresde » pour le moment. Je ne ferais pas de référence aux pertes de la Corée du Nord pour ne pas commettre de Point... CIA ?

      Deux armées bien équipées, qui font des massacres des deux côtés, des civils qui trinquent. Une documentation abondante sur les livraisons d’armes et sur les mécènes.

      Et donc, on reproche à certains que l’on dit « de gauche » de ne pas vouloir prendre parti dans ce tourbillon de propagande.

      Ce serait quoi le but ultime de cette prise de position que l’on devrait réaliser sans remettre en doute aucune des informations transmises ? De faire « encore plus de guerre » ?

      Notez que je n’ai pas encore parlé du droit international et de souveraineté. Je serais immédiatement accusé de parler comme Poutine. Mais... Bon... L’ONU, on lui demande beaucoup de juger si tel ou tel crime pris dans la multitude est un crime de guerre ou pas, mais on pourrait aussi l’utiliser pour dire si l’intervention de telle ou telle nation, en tant que « mécène » d’un des nombreux groupes anti-gouvernementaux, est légale ou pas, au regard du droit international. C’est moins vendeur que de laisser parler ses tripes en regardant des images de gamins ensanglantés, évidemment.

      Alors, 300000 morts, ça veut dire quoi ? Qu’on doit cesser tout esprit critique ? Ou ça veut juste dire que des deux côtés, aucun décideur n’a jugé nécessaire de cesser d’alimenter les belligérants ?

    • @biggrizzly, dans ton décompte, tu ne dis pas que sur les 100 000 civils tués, la très grande majorité l’a été par le régime. Je pense que c’est un des arguments majeurs de ceux qui considèrent que faire une équivalence entre les « camps » est problématique, pour le moins.

      Par ailleurs, je ne vais pas me faire l’avocat de la gauche anti-Assad (ou comme vous voudrez la nommer), je n’ai pas moi-même de position claire (et je vous lis tous avec intérêt pour essayer d’y comprendre quelque chose), mais il ne me semble pas qu’ils considèrent qu’il faut cesser d’exercer son esprit critique, mais encore une fois que renvoyer les deux camps dos à dos n’est pas une position tenable.

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_civile_syrienne#Pertes_civiles

    • @gonzo Une de mes théories, est que justement sur la Syrie il y a eu une sorte de « résistance », ou méfiance, relativement large, et qu’elle s’est assez tôt exprimée contre la militarisation de l’opposition (donc début/mi-2012). Et ces résistances sur la Syrie ne se sont pas exprimées seulement dans les cercles militants de la gauche française, mais également dans les gauches arabes (article dès août 2012 dans le Diplo) :
      https://www.monde-diplomatique.fr/2012/08/DOT_POUILLARD/48029
      Les résistances et méfiances se sont plus largement exprimées assez tôt dans le monde arabe, notamment dans les milieux nationalistes arabes old school et leurs alliés (notamment en France) : Afrique-Asie, Labévière, toute la bande, désormais considérés comme de nouvelles incarnations du diable.

      Mais aussi dans des cercles officieux qui, normalement, doivent se taire. Je pense que, très tôt, les articles sceptiques de Malbrunot sur le sujet reflétaient, venant de ce bonhomme, le scepticisme des milieux du renseignement et de la défense en France.

      Et même chez les opposants syriens historiques, la militarisation n’a pas du tout fait l’unanimité. On a beaucoup cité ici Haytham Manna, et comment il a été largement mis sur la touche dès qu’il a dénoncé les dangers de la militarisation début 2012.

      Et plus largement, le sujet tabou que tu évoques de temps en temps : l’opinion syrienne n’a pas forcément basculé aussi unanimement qu’on a bien voulu se le raconter. Et surtout pas en faveur d’une escalade militaire à base de milices – pas par amour du régime, mais parce que ça ne s’était déjà pas bien passé à côté (Liban, Irak).

      Or, sur des révolutions précédentes, ça n’avait pas tellement moufté, ou pas aussi bruyamment. En particulier, la guerre sur la Libye, ça a été beaucoup plus discret. Il y a bien eu Herman (justement !) se payant la tête Gilbert Achkar (accusé de prétendre « micromanager » les bombardements de l’OTAN), mais ça doit être à peu près tout.

      Je pense que, notamment pour la Libye, il n’y a pas réellement eu besoin d’une bataille sur l’opinion publique ; on a eu du bombardement occidental old school, silence dans les rangs et le doigt sur la couture du pantalon. Sur la Syrie, ça n’a pas été le cas. Très rapidement il y a eu des résistances (voir ci-dessus), et cela par des gens très légitimes et ayant accès habituellement aux médias mainstream.

      Cette résistance inattendue, de la part de franges légitimes des militants, et de milieux acceptés dans les grands médias, je pense que c’est un des éléments qui ont rendu l’ambiance aussi féroce, parce que dès que la militarisation des « rebelles » se met en place, il y a un gros enjeu de conviction de la part de l’opinion publique. Et à ce moment on voit apparaître illico des attaques directes contre l’establishment du renseignement et de l’armée (un ramassis de fachos pro-Bachar), et contre la gauche pro-arabe (je te rappelle pas les délires). Parce qu’on n’est pas dans une discussion : il y a un besoin prioritaire de délégitimation de sources qui sont largement perçues, y compris dans les médias mainstream, comme usuellement légitimes et qui commencent à faire entendre leur opposition à la militarisation des « rebelles ».

    • @baroug Pour le Yémen, je pense comme toi que, comme personne ne France n’exige une intervention militaire dans le conflit au Yémen (ni dans un camp ni dans l’autre), c’est un gros élément qui évite qu’il y ait réellement des exclusions et des condamnations en hérésie.

      En revanche, pour le nombre de morts, la « comparaison » n’est pas si farfelue : mi-mars 2012, on évoque ici 8000 morts en Syrie :
      http://www.liberation.fr/planete/2012/03/14/quand-la-syrie-se-revolta_803029
      Or, la mi-mars 2012, c’est le fameux débat sur France 24 plein d’enthousiasme pour la militarisation de la rébellion, qu’Haytham Manna dénonce vigoureusement :
      https://seenthis.net/messages/225755

      Encore une fois : ce n’est pas pendant la première année que le débat s’envenime. C’est à partir de mi-2012 que les excommunications sont prononcées, et elles accompagnent la montée en puissance de la militarisation de l’opposition.

      Et puisque tu évoques la responsabilité de l’explosion du nombre de morts : c’est à partir de la militarisation, de la livraison d’armements (de la part de la France : en violation de l’embargo européen) et de l’alignement sur les partisans du renversement de régime par l’action militaire (et donc, l’exclusion à partir de ce moment des autres, tels Manna), que le nombre de morts explose. On part de 8000 la première année, on arrive à des dizaines de milliers l’année suivante, et des centaines de milliers ensuite.

      C’est bien l’aspect pervers de ce non-débat : c’est qu’on traite de paranoïaques, de pro-Bachar, de négationnistes, de mépris pour les civils, justement tous ceux qui, dès 2012, disent que si on militarise l’opposition et qu’on part dans une grande guerre civile en Syrie, ça ne va pas bien se passer du tout, que le régime n’est pas si faible, qu’il n’est pas isolé du tout et que ses alliés interviendront, et que les types qu’on arme sont extrêmement dangereux. Or, depuis ce moment, ce sont ceux qui soutiennent la militarisation et l’escalade qui ont causé des centaines de milliers de morts, en agonissant d’injures ceux qui ont mis en garde constamment, qui continuent à revendiquer la posture de supériorité morale.

    • Encore une remarque sur le Yémen. La question n’est pas sa savoir pourquoi les fanboys de la révolution syrienne ne dénonceraient pas la situation au Yémen – parce qu’en gros, ils condamnent.

      Mais plutôt pourquoi ils ne réclament pas la militarisation de la « rébellion yéménite », l’envoi d’armes et de financements, voire l’escalade contre le méchant agresseur qui massacre la population. Ailleurs, pourquoi on n’a jamais lu d’appels à armer, entraîner, financer, militariser, l’opposition égyptienne en réponse au coup de Sissi et au massacre du 14 août 2013 (on estime à plus de 800 morts en une journée).

    • Merci @nidal, je crois que tu as bien résumé notre (le mien en tout cas) malaise depuis le début :

      C’est bien l’aspect pervers de ce non-débat : c’est qu’on traite de paranoïaques, de pro-Bachar, de négationnistes, justement tous ceux qui, dès 2012, disent que si on militarise l’opposition et qu’on part dans une grande guerre civile en Syrie, ça ne va pas bien se passer du tout, que le régime n’est pas si faible, qu’il n’est pas isolé du tout et que ses alliés interviendront, et que les types qu’on arme sont extrêmement dangereux.

    • Sur la page Wikipédia, j’ai ce genre d’information que je ne sais pas trop comment interpréter... Le régime tue les alaouites aussi ?

      In May 2013, SOHR stated that at least 41,000 of those killed during the conflict were Alawites.[21] By April 2015, reportedly a third of the country’s 250,000 Alawites that were of fighting age had been killed.[22] In April 2017, a pro-opposition source claimed 150,000 young Alawites had died.[23]

    • @BigGrizzly ; Je me disais qu’il fallait grasser précisément les mêmes lignes !
      @baroug : faut-il faire des comptabilités entre les guerres ? Sinon, outre les remarques de Nidal sur le tournant de 2012, faut-il compter les 8 millions de Yéménites en urgence alimentaire selon l’ONU ?
      @nidal : merci de tes interventions mais, tout de même, on peut sérieusement continuer des années après (7 bientôt) à faire semblant de ne pas voir les problèmes ? J’ai du mal à y croire.
      Une petite question à la communauté SeenThis : pourquoi un taré des banlieues qui s’engage, non sans risques pour sa vie, en Syrie est un dangereux terroriste dont on espère qu’il sera vite tué pour qu’il n’aille même pas jusqu’à la prison, tandis que l’intello (de gauche) qui soutient (de tout son coeur mais sans trop de risques persos) la même révolution en Syrie est la coqueluche des plateaux télé ?

    • Oui, Gonzo, j’y pense régulièrement. Encore il y a quelques jours suite à un texte navrant de Lundi Machin, où l’on dit sa « honte » de l’inaction et de la complicité de la France en faveur de Bachar (on rêve).

      La tolérance pour la lecture confessionnelle des conflits de la région, la répétition systématique des foutaises à base de « sunnites humiliés » (qu’est-ce qu’on en a bouffé, de l’argumentaire à base de sunnite humilié), l’envoi de Colonel Salafi à Beyrouth pour donner un crédit universitaire à l’escroc salafiste al-Assir, retapissé en voix de la rue sunnite libanaise (humiliée, hein), les éructations de Leverrier et Filiu dans ce genre…

      Ces dénonciations systématiques (et volontairement fausses de la part d’individus directement impliqués dans la politique du Quai d’Orsay) de la « passivité » et de l’« inaction » de la France, associées à une tolérance quasi institutionnalisée pour l’excitation sectaire, effectivement je pense que ça pèse très lourd dans la décision de plusieurs centaines de jeunes français d’aller prendre les choses en main pour défendre les sunnites-humiliés avec Nusra et Daech.

    • La réponse de Claude El Khal @lundimatin

      La nouvelle Inquisition et les moukhabarat parisianistes

      Mon intervention consacrée à la Ghouta en Syrie dans le JT du Média du 23 février m’a valu un lynchage en règle sur les réseaux sociaux et dans plusieurs médias. Les amateurs de guerre ont sorti l’artillerie lourde. Il fallait s’y attendre. Mais comme ils n’avaient pas vraiment d’arguments à m’opposer, à part la traditionnelle propagande à laquelle plus grand monde ne croit, ils ont été fouiller mon compte Twitter à la recherche d’anciens péchés qu’ils pourraient utiliser pour me salir.

      Convaincus d’avoir trouvé les trésors d’infamie qu’ils cherchaient, ils les ont partagés sur les réseaux sociaux, essayant de me faire passer pour ce que je ne suis pas. En anglais on appelle ça character assassination . Il n’y a pas d’équivalent en français. Il faudrait en trouver un, ça éviterait à d’autres de subir le même sort.

      Le sentiment que j’ai eu ces derniers jours m’était familier, mais je pensais qu’il faisait partie du passé. Je pensais qu’il a avait été emporté dans les bagages des troupes d’occupation syriennes quand elles se sont retirées du Liban. Ce sentiment d’être traqué, épié, dénoncé, accusé puis jugé sans autre forme de procès était lié aux méthodes des moukhabarat syriens et de l’État policier qui a sévi entre 1990 et 2005. En 2018, les moukhabarat ne sont plus syriens mais parisianistes. Ils ne sont plus ces agents hirsutes et mal fagotés qui faisaient régner la terreur au Liban mais des bien-pensants propres sur eux qui règnent sur les plateaux de télévision et dans les médias mainstream.

      Ce n’est pas à eux que je m’adresse ici. Eux ne méritent que le mépris que tout homme ou femme libre a pour les totalitaristes en tout genre. Si j’ai décidé de m’expliquer, c’est pour certains de mes amis qui ont été affectés par la campagne de diffamation dont je suis la cible, pour les lecteurs qui me suivent, et pour les socios du Média qui me connaissaient depuis peu et qui me découvrent.

      Parmi les choses dénichées qu’on utilise pour me salir, trois articles ou notes de blog, et un jeu de mots...

      https://claudeelkhal.blogspot.fr/2018/03/la-nouvelle-inquisition-et-les.html

      character assassination = campagne de diffamation ou comme l’a bien expliqué @nidal :

      On lui reproche des choses qui n’ont rien à voir avec la Ghouta, alors qu’il est clair que c’est à cause de ce qu’il a dit sur la Ghouta qu’on veut le faire virer

      ou le salir.

    • Tandis que la Turquie, à l’aide des tanks allemands et le soutien de l’OTAN, écrase depuis des semaines Afrine sous les bombes, que l’Arabie Saoudite extermine les femmes et les enfants du Yemen avec des armes dont certaines livrées par la France, les médias en France n’ont d’inquiétude que pour “la Goutha” en Syrie. Une enclave majoritairement contrôlée par des milices islamistes soutenues par l’occident (Jaich al-Islam, Faylaq al–Rahmane et Ahrar al-Cham*), d’où ces derniers bombardent et mènent des attentats contre Damas et dont l’armée syrienne a entrepris de reprendre le contrôle.

      La machine médiatique à mentir pour mieux broyer tourne à nouveau à plein régime : TOUS les médias d’État, toute la presse oligarchique (du Figaro à Libé, huit milliardaires détiennent l’ensemble des journaux « qui comptent » !) accusent l’État syrien légal de crimes de guerre et s’emploient à l’unisson à vendre à l’opinion un nouveau prétexte pour relancer la guerre en Syrie. « Jupiter » Macron n’a-t-il pas récemment menacé la Syrie de « frappes » en vertu d’on ne sait quel mandat du Ciel accordé à la France pour faire la loi en Syrie (mais aussi en Libye, au Mali ou ailleurs !). En fait de « nouveau monde », la politique macroniste continue le vieux néocolonialisme français réduit désormais au rôle de valet d’armes de l’Oncle Sam. Étrangement, les arguments « humanitaires » mis en avant par les éditorialistes bien-pensants laissent ces mêmes journalistes « pacifistes » de marbre quand les armes françaises, vendues à l’Arabie saoudite, dévastent la population civile, femmes et enfants compris, au Yémen ou à Bahreïn…

      Il faut bien entendu que les armes, toutes les armes, celles de l’armée syrienne, mais celles aussi des milices intégristes qui utilisent les civils comme des boucliers humains, se taisent sur tout le territoire syrien. Il faut évidemment que les organisations humanitaires réellement indépendantes puissent au plus tôt intervenir en Syrie pour apporter sur place les vivres et les soins nécessaires. Mais pour cela, TOUTES les parties en conflit doivent faire preuve de retenue. Pour commencer, les États impérialistes occidentaux et pétro-monarchiques qui ont attisé la guerre civile en Syrie doivent revenir aux principes fondateurs de l’ONU : le respect de la souveraineté de chaque pays, de l’égalité entre les nations, le refus absolu des ingérences dans les affaires intérieures d’autrui.

      https://www.initiative-communiste.fr/articles/international/syrie-pyromanes-imperialistes-crient-de-nouveau-feu

    • Même les opposants historiques au régime syrien le disent : on ne peut pas faire comme si à la Ghouta une armée rebelle internationaliste résistait vaillamment à Bachar el-Assad, alors même qu’il s’agissait notoirement d’un nid d’islamistes et de djihadistes tenant en otage des civils. Tant pis pour Lundi matin, c’est le genre d’erreurs qui fait tache face à l’histoire. On imagine en tout cas assez mal Debord livrant clé en main un argumentaire à BHL et Raphaël Enthoven pour faire triompher les positions de l’Otan sur le cadavre de la gauche critique. Ou bien publiant dans l’Internationale situationniste des textes suitant de moraline commençant par « Je t’écris de la Ghouta… » C’est un peu triste, mais pas dramatique en soi. Foucault avait eu l’Iran, ils auront la Syrie.

      Ce qui est grave en revanche, c’est que cette publication irresponsable a offert à des dizaines d’éditorialistes, rédacteurs en chef et journalistes allant du Parisien au Monde en passant par Mediapart ou RTL, l’occasion de lyncher Le Média. Les réseaux sociaux offrent aujourd’hui aux lyncheurs des procédés discrets, ne nécessitant pas un grand courage. En l’occurrence, le retweet sournois d’un texte dont on ignore les sources, les états de service des auteurs, le tout sur un théâtre d’opérations dont on n’a pas la moindre connaissance, dont on n’a même que foutre la plupart du temps, et cela dans le seul but d’atteindre à la réputation d’un titre concurrent ou d’un adversaire idéologique. Et ce sont ces gens, oui ces journalistes, ceux-là mêmes qui se piquent ordinairement de fact checking, de neutralité et de rigueur journalistique, qui ont massivement utilisé comme texte de référence contre Le Média un fatras de mensonges grandiloquents publié par un site anarcho-autonome dont ils ignoraient hier jusqu’à l’existence. Le journalisme est décidément dans un état de déliquescence morale et intellectuelle très préoccupant. Je ne sais même pas à ce stade – plusieurs générations ayant été sacrifiées – à quel moment nous pourrons commencer à remonter la pente.

      https://comptoir.org/2018/04/06/aude-lancelin-la-deliquescence-morale-et-intellectuelle-du-journalisme-est

    • Chers lecteurs de lundi.am,

      Le Média a été gravement mis en cause dans un article paru sur le site lundi.am le 28 février dernier, sous le titre « Le Média sur la Syrie : naufrage du ‘journalisme alternatif’ » et portant la signature de Mme Sarah Kilani et M. Thomas Moreau. Si nous avons attendu avant de répondre aux contre-vérités et aux divagations qu’il contient, c’est que, tout d’abord, nous n’avons pas estimé qu’il s’agissait d’un travail sérieux.

      Mais nous avons été ensuite surpris par l’intérêt suscité par un agglomérat aussi peu solide et des critiques aussi infondées. En quelques jours, grâce au pouvoir multiplicateur des réseaux sociaux et à l’hostilité que Le Média inspirait avant même d’avoir produit le moindre programme, le texte des contributeurs de lundi.am a été largement diffusé par toutes sortes « d’autorités » de la presse française, disposant de puissants relais, à l’image de l’improbable Bernard-Henri Lévy qui, dans Le Point, a repris leur argumentaire. Que cette publication de la gauche critique, lundi.am, se soit alignée sur la position des néo-conservateurs atlantistes nous a d’abord étonné. Mais le pouvoir de nuisance de ce texte ayant propagé des mensonges, il faut nous résoudre à devoir défaire méthodiquement ses raisonnements spécieux, bien que nous aurions préféré utiliser notre énergie pour participer à un débat utile sur la couverture des conflits contemporains, plutôt que de perdre notre temps à dissiper des sottises. Mais enfin, la bulle médiatique unanime nous étant tombé dessus avec les armes que lundi.am lui a fournies, nous devons bien aujourd’hui nous efforcer de montrer que les attaques de leurs contributeurs sont aberrantes.

      Voici donc notre réponse à ce pamphlet bâclé qui a tant plu et tant servi à l’ordre médiatique dominant. Ordre dont lundi.am s’est fait, ironie de l’histoire pour des héritiers du situationnisme, le porte-flingue du moment (...)

      Enfin, la conclusion de l’article des contributeurs de lundi.am est d’une indécence rare, qui ne peut pas rester sans réponse. Dans un court paragraphe honteux, ils avancent le nom de l’immonde Darquier de Pellepoix et les mensonges ignobles de Robert Faurisson pour prétendre que « la rhétorique » de Claude El Khal « se situe dans le registre du premier pas vers le négationnisme ». Non seulement les contributeurs de lundi.am imputent à Claude El Khal, et par extension au Média, la commission d’un crime puni par le code pénal, mais ils ajoutent une injure infâme à la diffamation caractérisée en sous-entendant que le travail de l’un de nos collaborateurs pourrait aboutir « un jour à une ignominie semblable sur La Ghouta ou Alep si l’on n’y prend pas garde ». Eh bien non, c’est maintenant clair, ce n’est pas Le Média qui prône l’intensification de la guerre et l’aggravation des violences contre les civils.

      Au fond, chers lecteurs de lundi.am, vous le voyez : les contributeurs qui nous ont injurié ont pris leur désir pour des réalités et leurs préjugés pour des arguments. C’est pourquoi nous voulons faire connaître notre position, de manière à ne pas vous laisser être insultés par la médiocrité du travail fourni par ces personnages.

      https://lemediapresse.fr/syrie/lundi-am-et-bhl-convergence-des-luttes

  • En désaccord avec le traitement médiatique du conflit syrien, Nöel Mamère quitte Le Média — RT en français
    https://francais.rt.com/international/48352-desaccord-traitement-conflit-syrien-depart-mamere-media

    Une première raison avancée qui est suivie par une seconde, d’une autre nature : « Je n’accepte pas qu’on établisse un parallèle dans le conflit syrien meurtrier, entre les responsabilités du "boucher de Damas" et celles de ses opposants. » Une attaque à peine voilée contre l’analyse du chroniqueur spécialiste du Moyen-Orient du Média, Claude El Khal, au sujet de la situation dans la région syrienne de la Ghouta orientale, thème principal du journal télévisé de 20h diffusé le 23 février.

    Etonnant cette soudaine hyper-sensibilité d’un homme qui a vécu, comme tout le monde, environ un demi-siècle avec le pouvoir Assad en Syrie sans que cela ne le bouleverse outre mesure... Je vois sur sa fiche Wikipedia qu’il est en politique depuis 1988 après avoir été journaliste. Il devait être au courant tout de même ! Par ailleurs, sa participation au « Média » doit-elle être remise en cause à cause d’un désaccord sur une chronique (pourtant fort prudente à mon avis) à propos d’une question qui n’est tout de même pas centrale par rapport à son engagement, enfin j’imagine. Etrange tout de même cette brusque passion de #syrie aujourd’hui...

    • J’ai assisté à cette chronique, exceptionnellement, chronique qui reprenait essentiellement les faits relatés par Robert Fisk.

      J’ai trouvé cette chronique vraiment équilibrée.

      Noël Mamère est bizarre, sur ce sujet. Je n’ai pas entendu son argumentation, mais bon sang, il lui faut quoi ? On n’a plus le droit de dire que Al Qaida, ce sont des gros méchants ? Finalement, Assad, c’est pire que Al Qaida ? Il est capable, lui, de faire un classement dans l’horreur ? 6 ans que ça dure, et que l’Occident entretient le conflit (en dépit des pertes humaines odieuses)... encore maintenant, par exemple en incitant les Kurdes Syriens à ne pas s’entendre avec Assad... Mais c’est toujours Assad le « méchââânt », et l’armée de Assad, y sont rien que des nazis méchants transformés en démons décérébrés pour conquérir le monde !...

      Ils sont désespérants. Noël Mamère aussi. Il va finir oublié, comme Cochet et quelques autres qui confondent équilibre et... sentimentalisme.

      Il était où Noël Mamère au moment de la destruction de Mossoul il y a quelques mois ? Pourquoi est-ce que l’OSDH n’a pas décompté les morts à Mossoul ? Parce que cépapareil ?

    • Il se trouve que je l’ai regardée aussi (grâce à SeenThis, signalé je crois me souvenir par @Palestine). Très équilibré, de fait, trop même à mon goût dans le genre si je dis du mal des Israéliens il faut tout de même que j’en dise un peu des Palestiniens. Mais, de fait, pas le gloubi-boulga qu’on martelle depuis des jours. Quiconque à jamais les pieds dans la région rigole quand on compare la densité d’Alep à celle de la Ghouta à cet endroit, après des années de guerre. M’enfin...

    • Très équilibré, de fait, trop même à mon goût dans le genre si je dis du mal des Israéliens il faut tout de même que j’en dise un peu des Palestiniens.

      J’y ai pensé à ce « renvoi dos à dos gage d’équilibre », mais ce n’est évidemment pas tout à fait pareil dans ce contexte. Les « pauvres-rebelles-syriens » sont tout de même bien mieux équipés et soutenus que les « palestiniens-pas-tout-a-fait-innocents ».
      L’équilibre du commentaire à mon sens était plutôt du type : « la guerre, c’est vraiment moche, et les deux partis participent à égalité dans cette guerre ».

    • Justement, ce matin, j’avais envie de poster un message sur le thème : « J’ai comme l’impression qu’une campagne va bientôt démarrer pour faire virer Claude El Khal de Le Média. » Parce que je voyais monter les messages indignés du fan club de la rébellitude syrienne après sa chronique, je sentais le truc monter.

      Ça n’aura donc pas traîné.

    • Article de Patrick Cockburn, avec témoignages des deux côtés

      Trapped in eastern Ghouta: How both sides are preventing civilians escaping the horror in Syria siege | The Independent
      http://www.independent.co.uk/news/world/middle-east/eastern-ghouta-syria-civilians-deaths-trapped-damascus-siege-assad-re

      What does emerge is that the armed opposition groups in Eastern Ghouta as well as the government have been stopping people leaving. This is confirmed by a UN-backed report called Reach, which says: “Women of all ages, and children, reportedly continued to be forbidden by local armed groups from leaving the area for security reasons.” This has been the pattern in all the many sieges in Syria conducted by all sides who do not want their own enclaves depopulated and wish to retain as much of the civilian population as possible as human shields.
      […]
      But there is another reason why people fleeing Eastern Ghouta might be in danger in government held-Damascus. Seven years of civil war has ensured that Syrians on different sides, many of whom will have lost relatives in the violence, regard each other with undiluted hatred. In Damascus, the shellfire and bombing are largely by the government into rebel areas, but there is also outgoing fire from Eastern Ghouta, mostly from mortars, into government-controlled districts.

    • @biggrizzly Non, tu n’as pas besoin d’avoir un CV impeccable pour l’ouvrir. Comme tu le sais, tu as besoin d’être impeccable si tu décides d’aborder la Syrie d’une manière à peine hétérodoxe. Autrement tout te sera pardonné.

      C’est le principe du character assassination. On lui reproche des choses qui n’ont rien à voir avec la Ghouta, alors qu’il est clair que c’est à cause de ce qu’il a dit sur la Ghouta qu’on veut le faire virer.

      Si on prend le CV de François Burgat et Romain Caillet, ils ont quand même pondu un texte utilisant leur vernis universitaire à l’époque, prétendant démontrer que Nusra n’existait pas, et que les attentats revendiqués par Nusra, en réalité, avaient été commis par le régime lui-même, sous faux-drapeau, pour accuser les rebelles.
      http://ifpo.hypotheses.org/3540
      Wladimir Glasman, Hénin et Filiu ont également largement joué de la corde paranoïaque sur la Syrie.

      Je veux dire : je ne crois pas avoir vu personne reprocher à Burgat et Caillet leurs « positions pour le moins… étranges » à propos de la Syrie à chaque fois qu’ils l’ouvrent. Bon, Colonel Salafi a eu droit à un traitement spécifique pour sa fiche S, mais personne ne lui avait alors reproché les positions complotistes de cet ancien article. Et aujourd’hui, Conspiracy Watch participe au character assassination d’El Khal directement dans le flux Tweeter de Caillet, comme quoi il y a du complotisme qu’on a le droit, même pour un sujet aussi sensible que le jihadisme en Syrie.

    • Claude El Khal
      ‏3 hours ago

      Quand autant de gens malhonnêtes s’emploient à vous lyncher, c’est que vous avez raison. Ils utilisent les méthodes les plus abjectes pour vous faire taire. Mais ce néo-maccarthysme ne passera pas. Et je ne me tairai pas. Merci à celles et ceux qui me soutiennent ! #NoPasaran

    • Lundi matin hurle avec la meute !

      Quand on en est à colporter les propos de Raphaël... Enthoven sur Twitter et à s’en faire le messager c’est qu’on est en plein « naufrage » dixit Sarah Kilani et Thomas Moreau sur Lundi matin . @colporteur
      Pour ma part il me semble qu’il y autant de fanatiques en ISraël qu’en ISIS ; et ceci ne relève pas de la théorie du complot :)

    • Comment Mathilde s’est pris les pieds dans le tapis...

      FranceQ a donc confié la tâche de l’estocade anti LeMedia à une jeune chroniqueuse des Matins, Mathilde Serrell.

      A priori, les vieux routiers de l’info FranceQ ont préféré s’abstenir, ... pour le moment.
      Cette jeune journaliste est donc revenue, ce matin, sur la « démission » de Noël Mamère, laquelle fut annoncée sur cette chaîne de radio publique.
      Et voilà que notre Mathilde s’est pris les pieds dans le tapis.
      Elle aussi, à son insu, est victime des techniques de persuasion clandestine utilisées par les « mass media indépendants ».
      En effet, pour défendre Noël Mamère et ses arguments, elle reprend la vision dichotomique du conflit syrien : le méchant dictateur qui bombarde les gentils « rebelles » encerclés dans la Ghouta. Et elle sous entend que Claude Elkhal se situerait plutôt du côté du fils Assad (dur, dur, pour quelqu’un qui combattit les armées du père Assad au sein de l’armée libanaise...).

      https://www.franceculture.fr/emissions/le-billet-culturel/le-billet-culturel-du-mercredi-28-fevrier-2018

      Claude Elkahl a bien pris soin de rappeler que les « rebelles » en question étaient des groupes affiliés au Djihad et à Al Quaïda. Et, (ne te vexe pas Mathilde), je fais davantage confiance à Claude Elkhal qu’à toi pour définir plus avant la véritable nature de ces « rebelles ».
      Donc, Claude ne veut point diffuser d’images se rapportant à ce conflit sans pouvoir vérifier l’origine de ces images vidéo. Il redoute de se faire manipuler tout autant par les media du complexe dictatorial russo-syrien que par ceux des groupes djihadistes
      Il ne prend pas parti pour un clan ou un autre, il en revient simplement aux fondamentaux de son métier de journaliste...

    • La nouvelle Inquisition et les moukhabarat parisianistes
      https://seenthis.net/messages/673469

      ISISRAEL et les articles sur la Daech conspiracy

      Avant tout, je me dois de préciser que le jeu de mots et les articles en question ne sont en rien liés. Le jeu de mots déniché par les inquisiteurs pour me faire passer pour un antisémite a été publié sur les réseaux sociaux pendant la guerre contre Gaza en 2014. Les massacres de civils commis par l’armée israélienne dans cette prison à ciel ouvert qu’est la bande de Gaza n’ont rien à envier, à mes yeux, aux méthodes barbares de Daech (ISIS). Les crimes commis par Tsahal contre la population civile palestinienne ont été documentés et dénoncés par tous les organismes internationaux, les organisations de défense des droits de l’homme, la presse de gauche israélienne et de nombreux citoyens et artistes israéliens, comme la regrettée Ronit Elkabetz.

      On peut trouver le jeu de mot excessif, on peut en débattre, mais l’utiliser pour m’accuser de telle ou telle chose n’est rien d’autre que de la diffamation. Ils auraient pu dénicher d’autres jeu de mots de la même facture qui dénonçaient les exactions du régime syrien, comme Bachar d’assaut ou Blood Baath, ou même Bilad el Shame. Mais non, ils ont précisément choisi ISISRAEL pour leur entreprise de character assassination.

      Par ailleurs, on peut se demander en quoi ce jeu de mots qui les choque tant est plus grave que le négationnisme de Benjamin Netanyahu qui a osé déclarer en octobre 2015 qu’Adolf Hitler ne voulait pas exterminer les Juifs. Curieusement, les hurleurs d’aujourd’hui n’ont pas poussé des hauts cris comme ils auraient dû le faire face aux propos scandaleux du Premier ministre israélien. Moi, par contre, je l’ai dénoncé avec force dans une note intitulée When Netanyahu absolves Hitler.

      Quant aux articles sur la Daech conspiracy, ils ont été écrits après que l’organisation terroriste s’est implantée au Liban, au su et au vu de toute la communauté internationale, sans que celle-ci ne bouge le petit doigt pour l’en empêcher. Si Daech, comme le prétendent encore certains, n’a existé que pour combattre le régime syrien, pourquoi s’est-il implanté au Liban ? Je me suis donc penché sur le sujet et cherché à comprendre.

      Le Liban est entouré par la Syrie et Israël, qui ont chacun de leur côté cherché à le dominer et à détruire tout ce qui leur résistait. Ils l’ont parfois fait de concert, comme le 13 octobre 1990, quand l’aviation syrienne, chapotée par l’aviation israélienne, a bombardé ce qu’on appelait alors le « réduit chrétien » et mis fin au rêve d’indépendance des Libanais.

      Israël n’est pas un ami du Liban – c’est le moins qu’on puisse dire. Depuis que je suis né, il y a déjà 50 ans, l’état hébreu bombarde régulièrement la population civile libanaise. Pendant les cinq décennies qui nous séparent de ma naissance, l’armée israélienne a envahi le pays des cèdres à plusieurs reprises, l’a occupé pendant plus de vingt ans, y a créé une milice qui n’avait rien à envier à celle qui a sévi en France durant l’occupation allemande (souvenez-vous de la prison de Khiam), y a commis de nombreux massacres (peut-on oublier Cana ?), a pillé ses ressources naturelles (notamment l’eau du Litani), et violé un nombre incalculable de fois sa souveraineté, ses eaux territoriales et son espace aérien.

      Les terroristes de Daech, venus de Syrie, sont entrés au Liban dans un silence international assourdissant. Et Israël, d’habitude si soucieux des organisations paramilitaires qui s’implantent au Liban, et qui n’hésite jamais à les dénoncer et à les attaquer, n’a ni moufté ni bronché. De quoi se poser des questions. Des questions légitimes que je me suis évidemment posé, tout comme bon nombre de Libanais.

      J’ai donc fait des recherches et posé la problématique dans un premier article : What’s Daech doing in Lebanon ? Dans cet article, j’ai cité, entre autres, une source attribuée à Edward Snowden (en précisant qu’elle n’était pas vérifiée), et une correspondance attribuée à David Ben Gourion et Moshe Sharett qui préconisait la division du Moyen-Orient en mini-états confessionnels, que Daech a mis en œuvre en créant un mini-état sunnite à cheval entre l’Irak et la Syrie. Dans un second article, qui faisait suite au premier, j’ai écarté ces deux éléments – la source attribuée à Snowden s’étant révélé être une fake news, et je n’avais pas pu vérifier la véracité de la correspondance entre Ben Gourion et Sharett.

      Ne pouvant, en toute honnêteté, rien affirmer, j’ai posé des questions légitimes et claires. Mais ma réflexion sur les origines de la création de Daech ne s’est pas limitée à ces questions auxquelles je n’ai pas encore trouvé de réponses, et à Israël. J’ai exploré d’autres possibilités et écrit plusieurs articles sur le sujet (Daech est sans doute le sujet que j’ai le plus traité sur mon blog), dont l’un s’interroge sur le parallèle géopolitique troublant entre la montée du nazisme en Europe et du daechisme au Moyen-Orient : History repeating ?

      Mais pour Éric Naulleau ou Raphaël Enthoven (pour ne citer qu’eux, le second étant plus fin que le premier qui a implicitement demandé mon renvoi du Média), la lecture ne peut être que franco-française, voire parisiano-parisienne. Leur monde, c’est Paris et ses plateaux télé. Pour eux, je ne suis peut-être qu’un Arabe sans grande importance, sans Histoire et sans passé. Qui n’a pas le droit à sa singularité, voire son individualité, et surement pas à sa liberté de penser, de s’interroger et de s’exprimer en dehors de leurs clous à eux.

      Je leur rappelle, ainsi qu’à tous les autres, que j’ai combattu l’occupation de mon pays par une armée étrangère, les milices totalitaires qui y régnaient en maître et le régime policier qui y sévissait, que j’ai risqué ma vie pour avoir le droit d’être libre et de m’exprimer comme bon me semble. Avant de m’interpeller du haut de leur célébrité et me jeter à la gueule toutes sortes d’anathèmes, qu’ils me montrent donc leur CV, qu’ils me fassent part de leurs combats et des risques qu’ils ont pris pour défendre leurs idées, qu’ils me démontrent ce qui leur donne le droit de me juger !

      Bref. Tout ce que j’ai écrit n’a rien à voir avec le complotisme (quel mot imbécile pour faire taire celles et ceux qui osent questionner les versions officielles des gouvernements, comme si ces derniers ne mentent jamais) et l’antisémitisme. Prétendre que je suis antisémite est aussi ridicule que d’affirmer que je mesure 1m90, que je suis blond aux yeux bleus et que je chausse du 54. Et surtout, de par mon passé, de par mes amitiés et mes amours, cette accusation m’est insupportable. Tout futur accusateur devra en répondre devant la justice française.

      Quant au complotisme, on m’accuse d’être un partisan de la théorie du complot liée aux attentats du 11 septembre (the 9/11 conspiracy explained in less than 5 minutes). Ils ont balayé d’un revers de main méprisant l’explication que j’ai donnée sur Twitter, qui disait que c’était de l’humour et du second degré. Mais si ces inquisiteurs à la petite semaine avaient fait correctement leur sale boulot, ils auraient trouvé d’autres notes de blog qui se moquent des théories du complots : The Gay conspiracy, The iPhone X anti-Lebanese conspiracy, Red Moon : the communists are taking over the heavens, sans oublier Le complot dont personne ne parle, celui de mes voisins du dessus qui ne font du bruit que lorsque je me mets à écrire !
      Claude El Khal

      @colporteur

    • Soutien et Total Respect à Claude El Khal ! Son intervention pour refuser la dictature si facile de l’opinion dominante m’a convaincue. Parce que je suis contre ceux @ colporteur « qui ont jeté aux chiens l’honneur d’un homme ».

      J’ai dit au cours d’un débat téléphonique sur France culture diffusé ce matin : « Il n’y a rien de plus similaire à une image de guerre qu’une autre image de guerre ». Voici un exemple en deux images, l’une a été prise en #Syrie et l’autre en #Irak (les deux nous viennent de l’AFP)


      Conclusion hallucinante de la présentatrice qui invitait Claude El khal ou plutôt le prenait en tenaille : "Faisons confiance aux journalistes...". Puis, juste après, le slogan de la station "FranceCulture, l’esprit d’ouverture"...
      sauf aux critiques du journalisme !

      #Syrie #meute_médiatique #character_assassination #attaques_en_diffamation #lynchage_médiatique_parisianiste
      #nouvelle_inquisition #police_de_la_pensée_dominante
      #bouffon_c'est_celui_qui_dit_qui_y_est !

    • « Le Média » est sur la bonne voie. Le journal du vendredi 2 mars était excellent, et en progrès sensible. Les interviews- chloroforme de Noël Mamère ne manqueront pas à la qualité de son contenu, et son départ, ainsi que les volte-face d’autres représentants de la mouvance ex-PS ne soulignent, une fois de plus, que l’instabilité de leurs opinions.

      Bon Vent ! aussi à

      – Aurélie Filippetti
      – Gérard Mordillat (dommage !)
      – Patrick Pelloux
      – François Morel et Judith Chemla
      – Cécile Amar de L’Obs
      – Edouard Perrin de Cash investigation
      – Giovanni Mirabassi et Médéric Collignon.

      Les rats quittent le navire ?
      La ligne de flottaison n’en sera que plus haute !  ;)

  • L’aura de Sifaoui et Chalgoumi donne le tournis à Kamel Daoud - RipouxBliqueDesCumulardsVentrusGrosQ
    http://slisel.over-blog.com/2017/09/l-aura-de-sifaoui-et-chalgoumi-donne-le-tournis-a-kamel-daoud.html

    Sifaoui -Chalghoumi et leurs mentors
    Dans son dernier "opus", KD "explique" pourquoi il n’est pas "solidaire" de la Palestine ! Pour ceux qui ne le connaissent pas, ils seraient tentés de croire en "un revirement" de position et de conviction. Mais au fait, c’est un secret de polichinelle. Depuis quand "les chroniqueurs" de la veine de KD se sont souciés (et encore moins solidarisé) des cas des peuples (arabes à fortiori, et palestinien justement) ?

    Avant de continuer, je me dois de clarifier, que nulle n’est mon intention de discuter ses arguments égrenés au fil de son écrit, pour justifier cette position "chevaleresque", en essayant de se bunkeriser derrière le drame de nos frères de Ghardaia ou d’ailleurs, en fait KD n’a pas à s’inventer des arguments pour expliquer ce courage d’être en porte à faux avec les émotions "primitives", qu’il pourrait même trouver "antisémite" du ghachi que nous sommes, lui qui vient de raccorder son violon sur des notes culturellement correctes et adapté au solfège de l’autre rive, et semble en être ébloui au point de "transgresser" tous les tabous, en particulier ceux qui lui prodigueraient les sésames des plateaux TV gaulois.

    Ce genre de plumes, de tous les temps se sont mis du côté des "seigneurs" et se sont acoquinés avec les porteurs des bourses et des baïonnettes, depuis qu’ils ont connu les news rooms. N’a-t-il pas, il y a à peine quelques jours, traité le peuple algérien (incongru à son gout) avec dédain et mépris, sur ces nouveaux plateaux devenus sa prime convoitise ? Veut-il nous faire oublier qu’il n’y a pas si longtemps, il faisait partie du lot de ce qu’on appelle les journalistes "Embedded", enrôlés par les officines du DRS au nom de la lutte antiterroriste, ceux qui signaient des articles rédigés par les officiers du DRS, comme l’a relevé l’ancien journaliste du Matin Ahmed Semiane, dans son écrit "Au refuges des balles perdues", ces plumes ont toujours été de l’autre côté de la barrière, et ce n’est que lorsque le pole unique du pouvoir s’est effrité, que nos KD se sont découvert un courage et un franc parlé "désintéressé" pour abattre leur glaive sur la carcasse de celui qui leur semblait en perte de grâce. On les a vu d’ailleurs, se donner à cœur joie dans du punching ball "sécurisé", sur un président en fauteuil roulant : Bouteflika IV. Seulement, maintenant, à l’ère de la globalisation, qui rime et se conjugue à la vente de conscience et de la plume à l’échelle planétaire, notre KD s’est hissé avec son nouveau art, à une échelle internationale.

    Ne cherchez pas très loin le pourquoi de cette dite "désolidarisation" de KD, elle est de nature humaine, dans son sens basique, celle qui pour glaner certains "satisfécits" s’enfonce dans l’art de caresser dans le sens du poil du pole au commande, surtout quand ceux "qu’on flagelle" se trouvent dans une position "inoffensive", sans risque de nuire. Dans son "opus" on sent ce parfum, qui trahit une volonté hargneuse de la part de KD de concurrencer un certain Sifaoui, qui, depuis qu’il s’est autoproclamé expert "es" antiterrorisme, s’est vu ouvrir devant lui les plateaux des Telavivision comprendre France TV (emprunté à François Burgat), où il est quasi impossible, voire un crime de lèse-majesté , d’entendre une autre version de ce qui se passe à Gaza, autrement que de la manière conforme et agréé par les Enrico Macias, BHL, André Gluksman, Eric Zemour, M Sifaoui, et maintenant KD, à savoir la seule thèse acceptable, celle qui donne "exclusivement" à Israël le droit de se défendre, et la légitimité d’éradiquer des terroristes fussent-ils des enfants ou des femmes, sur des plateaux qui ne laissent pas un iota d’espace à l’autre version, celle du meurtre de population civile, chose que Sifaoui, Chalgoumi et maintenant KD semblent avoir bien "digéré". Certes pour faire dans l’humanisme, on condamnera "subtilement" les "dépassements", on dira "en sibylline", que les coups sont disproportionnés, et autres "stupidités" israélienne (nonobstant des corps d’enfants et de femmes déchiquetés que ces plateaux auront le soin de zapper, pour ne pas choquer les esprits, nous dit-on,), ces images sanglantes arrivent quand même à échapper à la vigilance des gardiens du temple, qui écument la toile, au grand regret de ces "humanistes", qui se seraient bien passés de pareilles "images encombrantes", et face auxquelles ils arborent leur rôle d’équilibriste, en usant du subterfuge bien rodé : la compassion conditionnée, celle de regretter les pertes humaines (qui sont toujours palestiniennes), comme si elles sont le résultat du néant ou de catastrophe, et non de l’hégémonie d’une force aveugle d’occupation, cet équilibrisme va jusqu’à porter la responsabilité de ces "pertes humaines" aux victimes elles-mêmes, qu’on accusera d’avoir provoqué, d’avoir obligé, d’avoir tout fait, sauf d’être des victimes d’un blocus assassin qui dure depuis des années, et d’être des cible "fair game" d’une armada israélienne, et d’être victime d’un "mass murder" sur leur propre sol, en leur déniant tout droit de se défendre (droit exclusif à Israël). Que reste-t-il, (que propose-t-on) au peuple palestinien en blocus, réprimé et privé de tous ses droits, sur son sol, et dont le seul tort est de lutter avec les moyens dont il dispose pour exprimer le refus de son aliénation et de recouvrer son indépendance ? On lui miroite la capitulation, sous un euphémisme reluisant, épousé par KD : une certaine paix, concoctée entre Sissi et Netanyahou.

    KD s’est depuis sa désolidarisation, semble-t-il, avoir rejoint le peloton, pour parfaire son harmonie avec ses nouveaux employeurs potentiels.

    A cet effet il est indispensable pour KD de présenter un CV consistant et convainquant, en "tolérance", comprendre banalisation des crimes sionistes, les réduisant en simple conflit, ce qui expliquerait son courage de la 13heure, pour pouvoir prétendre rejoindre et pourquoi pas détrôner les Sifaoui, Chalagoumi sur les plateaux auxquels il a pris gout, car KD semble ne plus se suffire des apparitions occasionnelles ; monsieur pour gagner son label d’expert en affaire terroriste, et casseur de tabous, est prêt à tout, quitte à puiser profondément dans la surenchère, dont il vient de faire preuve de sa première primeur, sa désolidarisation de Palestine, le reste est question de temps.

    En fait si on décarcasse l’"opus" de KD, de ses "arguments" justifiant sa dite "désolidarisation" on trouve son "opus" réduit à sa forme la plus commerciale, offre/demande : un CV clinquant à l’intention des maitres des plateaux TV, une manière d’étaler son savoir et son aptitude de plume indigène, prête à se surpasser dans l’art qu’il excelle, casser de l’arabe, quitte à justifier platement, leur épuration "salvatrice", d’autant qu’à l’ère de la sionisation globalisante, casser de l’islamo-arabe est devenu une affaire win/win, un sport sans risque et aux dividendes juteux, ça se vent tellement bien que KD s’en est découvert une passion et s’en est converti à cette vague new âge d’or.

    Ce sont en fait autant de pièces nécessaires et pas forcément suffisantes, pour embellir son CV, des prérequis à tout candidat à la banalisation des crimes sionistes et l’art de tordre le cou aux réalités du terrain, comme trouver des vocables visqueux, comme par exemple imputer la responsabilité du drame aux Palestiniens eux-mêmes des crimes dont ils sont victimes, une manière de criminaliser toute velléité de résistance à l’hégémonie sioniste, sous couvert de real politik, et de paix aux connotation de Dahlan et Mahmoud Abbas et en surfant sur les désirs de leurs employeurs et le sang des infra humains que sont les peuples arabes, c’est dans cette ambiance propice que KD a trouvé sa vocation ad hoc, longtemps récessive, et qui fait surface en ce moment de grande opportunité, alors pourquoi s’en priver !

    Alors que Noam Chomsky, Naomi Klein, et autres Finkelstein, affrontent avec magnanimité la machine sioniste à fabriquer le business de l’antisémitisme qui rapporte à ses gourous des milliards, tout en muselant toutes voix dissonantes qui osent condamner le génocide du peuple palestinien, et parce que cette lignée d’hommes et de femmes libres, étant juifs, ne peuvent pas être accusés antisémites, ils se trouvent taxés de "self hating jews", pendant ce temps nos KD et MS et Chalgoumi, se drapent du sceau de la tolérance, et d’un courage polarisé, qui leur permet de légitimer ces crimes sionistes. On serait tenté de leur apposer, le qualificatif de "self hating arabs", mais en fait le terme le plus approprié qui pourrait les qualifier, est un terme bien de chez nous : "rokhs".

    Evidemment il ne faudrait pas s’étonner qu’il nous fasse étaler les lettres de menace qu’il nous dira avoir reçu des "hordes" intégristes salafistes islamistes obscurantistes, et tous les chapelets de qualificatifs dont il détient le secret, et qu’il manie à la pavlovienne, n’est-ce pas d’ailleurs une autre "pièce jointe" toute aussi cruciale à ajouter à son palmarès pour renforcer son CV, et le hisser au rang des "victimes" de crimes de blasphème, tant valorisant, à l’image de Salman Rushdie, Teslima Nesrine et autre Ayann Hirsi.

    Quant au courage de KD et de ses congénères, pour "casser" de l’arabe (le pauvre petit peuple), il n’a d’égal que celui du Tsahal face à l’enclave d’hommes désarmés, d’enfants, de femmes et de vieillards, une situation décrite on ne peut mieux par… Chomsky : "Israël utilise des avions sophistiqués, des navires de guerre pour bombarder les camps de réfugiés surpeuplés, des écoles, des habitations, les mosquées, des bidonvilles, pour bombarder une population qui n’a ni armée de l’air, ni défense aérienne, ni marine, ni armes lourdes, aucune unités d’artillerie, pas d’unités mécanisées, aucune commande au sol, ni armée, et avec cela Israël appelle cela une guerre ; non ce n’est pas une guerre, c’est un MEURTRE".

    Rachid Ziani-Cherif
    20 juillet 2014

    *

    Ce pourquoi je ne suis pas « solidaire » de Gaza

    Non, le chroniqueur n’est pas « solidaire » de la Palestine. Le mot solidaire est entre guillemets. Car il a deux sens. D’abord non à la « solidarité » sélective. Celle qui s’émeut du drame palestinien parce que se sont des Israéliens qui bombardent. Et qui, donc, réagit à cause de l’ethnie, de la race, de la religion et pas à cause de la douleur. Celle qui ne s’émeut pas du M’zab, du Tibet ou de la Kabylie il y a des ans, du Soudan, des Syriens et des autres douleurs du monde, mais seulement de la « Palestine ». Non donc à la « solidarité » par conditionnement religieux et « nationaliste ». Cette « solidarité » qui nuit à la victime et au solidaire parce qu’elle piège la Palestine comme « cause arabe et musulmane », dédouanant le reste de l’humanité par appropriation abusive. La « solidarité » qui se juche sur l’histoire d’un peuple malmené et presque sans terre au nom de la haine de l’autre. Cette « solidarité » concomitante que le chroniqueur a vomi dans les écoles, les manuels scolaires, les chants et l’arabisme et l’unanimisme religieux.

    Le drame palestinien a été « arabisé » et islamisé à outrance au point où maintenant le reste de l’humanité peut se sentir débarrassé du poids de cette peine. C’est une affaire « arabe » et de musulmans. Cette solidarité qui a transformé un drame de colonisation entre clashs de religions, de haines et d’antiques mythologies exclusives. Cette solidarité VIP que le chroniqueur ne veut pas endosser, ni faire sienne. Cette « solidarité » qui préfère s’indigner de la Palestine, mais de chez soi, et ne rien voir chez soi de la « palestinisation » du M’zab ou du Sud ou des autres territoires du monde. Cette solidarité au nom de l’Islam et de la haine du juif ou de l’autre. Cette solidarité facile et de « droit public » dans nos aires. Qui au lieu de penser à construire des pays forts, des nations puissantes pour être à même d’aider les autres, de peser dans le monde et dans ses décisions. Cette « solidarité » pleurnicharde et émotive qui vous accuse de regarder le mondial du Brésil au lieu de regarder Al Jazeera. Cette « solidarité » facile qui ferme les yeux sur le Hamas et sa nature pour crier à l’indignation, sur les divisons palestiniennes, sur leurs incapacités et leurs faiblesses au nom du respect aux « combattants ». Au nom de l’orthodoxie pro-palestinienne que l’on ne doit jamais penser ni interroger.

    Non donc, le chroniquer n’est pas solidaire de cette « solidarité » qui vous vend la fin du monde et pas le début d’un monde, qui voit la solution dans l’extermination et pas dans l’humanité, qui vous parle de religion pas de dignité et de royaume céleste pas de terre vivante ensemencée.

    Si le chroniqueur est solidaire, c’est par une autre solidarité. Celle qui ne distingue pas le malheur et la douleur par l’étiquette de la race et de la confession. Aucune douleur n’est digne, plus qu’une autre, de la solidarité. Et solidarité n’est pas choix, mais élan total envers toutes et tous. Solidarité avec l’homme, partout, contre l’homme qui veut le tuer, le voler ou le spolier, partout. Solidarité avec la victime contre le bourreau parce qu’il est bourreau, pas parce qu’il est Israélien, Chinois ou Américain ou catholique ou musulman. Solidarité lucide aussi : que l’on cesse la jérémiade : le monde dit « arabe » est le poids mort du reste de l’humanité. Comment alors prétendre aider la Palestine avec des pays faibles, corrompus, ignorants, sans capitaux de savoir et de puissance, sans effet sur le monde, sans créateurs ni libertés ? Comment peut-on se permettre la vanité de la « solidarité » alors qu’on n’est pas capable de joueur le jeu des démocraties : avoir des élus juifs « chez nous », comme il y a des élus arabes « chez eux », présenter des condoléances pour leurs morts alors que des Israéliens présentent des condoléances pour le jeune Palestiniens brûlé vif, se dire sensible aux enfants morts alors qu’on n’est même pas sensible à l’humanité. Le chroniqueur est pour l’autre solidarité : celle totale et entière et indivise. Celle qui fait assumer, par votre dignité, au reste du monde, sa responsabilité envers une question de colonisation, pas de croyances. Celle qui vous rehausse comme interlocuteur, négociateur et vis-à-vis. Celle qui vous impose la lucidité quant à vos moyens et votre poids, à distinguer votre émotion de vos élans. Celle qui commence par soi, les siens pour justement mieux aider l’autre, partout, dans sa différence comme dans sa communauté. La solidarité avec le chrétien pourchassé en Irak et en Syrie, des musulmans de Birmanie, des habitants de l’Amazonie ou du jeune encore emprisonné à Oum El Bouaghi pour un casse-croute durant un ramadan.

    Les images qui viennent de Gaza sont terribles. Mais elles le sont depuis un demi-siècle. Et nos indignations sont encore aussi futiles et aussi myopes et aussi mauvaises. Et nos lucidités et nos humanités sont aussi rares et mal vues. Il y a donc quelque chose à changer et à assumer et à s’avouer. La « solidarité » n’est pas la solidarité.

    Ce que fait Israël contre Gaza est un crime abject. Mais nos « solidarités » sont un autre qui tue le Palestinien dans le dos.

    Que les amateurs des lapidations se lèvent donc : c’est la preuve que mis à part les jets de cailloux, ils ne savent rien faire d’autre.

    Kamel Daoud
    12 juin 2014
    Publié dans Le Quotidien d’Oran

    Tribune Libre - Ziani-Cherif Rachid

    http://www.hoggar.org

  • Grandeur et décadence des révolutions arabes - En attendant Nadeau
    http://www.en-attendant-nadeau.fr/2017/02/05/revolutions-arabes-achcar

    ’agissant du désastre syrien dont il retrace les étapes, la cause, selon Achcar, en est double : d’une part, la politique américaine ; et de l’autre, un « intégrisme islamiste » tous azimuts. Ce schéma interprétatif, que l’on retrouve tout au long du livre, manque, pour le moins, de complexité. Il ne tient pas compte du fait que l’adhésion à des partis ou à des mouvements (différents les uns des autres et sujets à des divisions internes) se référant à l’islam a fait également partie du processus révolutionnaire. François Burgat ne cesse de le répéter et de le démontrer [2]. Dans un article récent (Nawaat.org, 9 janvier 2017), l’intellectuel tunisien Sadri Khiari observait que « l’enracinement populaire d’Ennahdha n’était pas qu’une histoire de ‟conservatisme religieux” ou de manipulation, qu’il était, que l’on s’y reconnaisse ou non, l’une des expressions de la révolution – la révolution réelle, belle et moche à la fois – et non de la contre-révolution ». Mais il n’est pas toujours facile d’admettre ces faits et d’en tirer les conséquences.

  • Fabrice Balanche : « Sur le dossier syrien, la domination d’une école de pensée marque la fin du pluralisme » | Le Lanceur | 24 janvier 2017 Par Mathilde Régis
    http://www.lelanceur.fr/fabrice-balanche-sur-le-dossier-syrien-la-domination-dune-ecole-de-pensee-

    Spécialiste reconnu de la Syrie, Fabrice Balanche s’est aujourd’hui exilé aux États-Unis pour poursuivre ses recherches. Écarté d’un poste de maître de conférence à Science-Po Lyon en 2014, il regrette le poids de l’idéologie en France à propos de l’Islam et du Moyen-Orient.

    Le Lanceur : Le tribunal administratif a reconnu que votre candidature pour un poste de maître de conférences profil “Monde arabe : histoire, géographie, institutions et gouvernance” à Science Po Lyon avait été écartée de manière irrégulière en 2014. Vous faites le lien avec vos analyses sur la révolution syrienne, pourquoi ?

    Fabrice Balanche : Au départ, ce sont deux directeurs de thèse qui ont voulu m’écarter pour des raisons clientélistes, pour placer leurs poulains. Mais le reste de la commission a dû être convaincu, car si l’on comparait les dossiers, il était clair que je ne méritais absolument pas d’être placé derrière cinq jeunes candidats. Je pense que les arguments utilisés pour cela ont pu être politiques. Mes analyses sur la Syrie vont à l’encontre d’une certaine posture idéologique, qui s’avérait être la ligne du ministère des Affaires étrangères à propos de la révolution syrienne. Selon moi, mon écartement a été fait par lâcheté pour les uns et par sympathie idéologique pour les autres. Quand Laurent Fabius était ministre des Affaires étrangères, il ne devait pas y avoir de voix discordantes. Il y a eu une période où dès que je faisais une conférence à Lyon sur la Syrie, une personne des Affaires étrangères débarquait pour faire une conférence concurrente.

    Éric Dénécé, le directeur du centre français de recherche sur le renseignement (CF2R) évoque une énorme falsification de l’information sur la Syrie. Vous partagez ses propos ?

    Les langues se délient aujourd’hui du fait des positions beaucoup plus réalistes de François Fillon sur la Syrie. Finalement, l’Histoire a donné raison a ceux qui, comme moi, disaient que le régime de Bachar Al-Assad n’allait pas tomber. Non pas parce que nous sommes pro-Assad, mais parce que dès le départ nous avons fait des analyses sérieuses sur la résilience du régime et sur la situation géopolitique. Laurent Fabius a balayé cela et a écarté ceux, au-delà du ministère, qui avaient une analyse différente, se disant que les diplomates sont disciplinés et tiennent aussi à leur carrière. Certains d’entre-eux ont préféré se tenir à l’écart et demander des postes ailleurs que dans la division Afrique du Nord-Moyen Orient pour ne pas être en porte à faux avec le ministre et ne pas non plus trahir leur morale et leur déontologie. Les journalistes Christian Chesnot et Georges Malbrunot le décrivent bien dans leur livre “Les chemins de Damas”. D’un autre côté, des personnalités comme François Burgat ou Jean-Pierre Filiu ont placé leurs élèves : ils ont les postes, les bourses et peuplent les médias. Ils sont pourtant en dehors de la réalité et projettent leur idéologie sur la Syrie. Jean-Pierre Filiu, ancien trotskiste, voit dans le printemps arabe la révolution communiste de sa jeunesse. (...)

    #Syrie

  • Les islamophilistes français, idiots utiles du terrorisme islamiste - En point de mire | 11 janvier 2017 | René Naba
    http://www.renenaba.com/islamophilistes-francais-idiots-utiles-terrorisme-islamiste

    François Burgat Burqa, le Bachagha de l’islamologie néo-colonialiste

    Erhal Erhal Ya Burqa, Erhal Erhal bila Awdat :

    Parmi les grands naufragés de Syrie figurent les trois anciens résidents français de Damas, Pierre Vladimir Glassman, servant multicartes de la mission française en Syrie, François Burqa Burgat, son alter à l’ego surdimensionné, ainsi que Jean Pierre Filiu, dont ses révélations sur son chemin de Damas n’ont pas fini de provoquer en lui des déflagrations aux effets pervers.

    Faux nez de l’administration, ils se porteront aux avants postes de l’offensive médiatique déployant un zèle omnidirectionnel pensant compenser ainsi leur mutisme sur les abus du pouvoir baasiste lors de leur immersion en pré-positionnement en Syrie. Ce trio d’intellectuels embedded fera long feu, démasqué et déconsidéré au grand dam de leur commanditaire. (...)

  • François Burgat : « C’est la victoire usurpée d’une minorité soutenue par des régimes autoritaires »
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/12/13/francois-burgat-c-est-la-victoire-usurpee-d-une-minorite-soutenue-par-des-re

    Je sélectionne dans la partie en accès libre de la "libre opinion" de Burgat ces passages. Adopte-t-il ici le discours délirant d’une (grosse) partie de l’opposition qui consiste à déligitimer le gouvernement syrien du seul fait qu’il serait minoritaire ? Les crimes de ce régime ne sont donc pas un argument suffisant ? Il faut aussi lui reprocher de ne pas être la majorité légitime ? Les sunnites sont-ils "humiliés" de ne pas être au pouvoir bien que religieusement majoritaires ? Quant à la dénonciation de l’occupation russe d’Alep, c’est tout de même une grosse ficelle rhétorique, pas vraiment digne de son auteur.

    François Burgat : « C’est la victoire usurpée d’une minorité soutenue par des régimes autoritaires » (...) En Syrie, quelle que soit la teneur de l’actualité des jours prochains, une page de notre histoire contemporaine, aussi noire qu’importante, est en train de se tourner. Ce ne sont point les Russes qui vont quitter Alep mais bien ses habitants les plus légitimes. Car cette fausse « victoire » est celle d’une minorité politique déchue, très artificiellement perfusée par une double ingérence étatique, sur une majorité abandonnée de tous.

    Toujours dans ce bref extrait accessible, l’opposition qui est construite ferait sourire si la question n’était pas si tragique. On lit ainsi qu’il y a d’un côté une minorité (le régime syrien) soutenue par des régimes autoritaires, les Iraniens et les Russes avec leurs soutiens chiites et, de l’autre, une majorité abandonnée par "les prétendus défenseurs de la démocratie"... Je passe sous silence les pays occidentaux pour ne pas être inutilement polémique, mais la Turquie, les Saoudiens, les Qataris, des "défenseurs de la démocratie" ? Pourquoi faut-il que l’engagement aux côtés d’une partie du soulèvement syrien s’accompagne d’un tel parti-pris, voire même d’une telle mauvaise foi ?

    Ce faux triomphe n’est pas celui d’une partie de la société syrienne sur une autre. Seule l’a rendu possible la conjonction de la passivité irresponsable des Occidentaux face à une intervention étrangère directe – iranienne et plus largement chiite puis russe – hors de proportion avec celles des soutiens, arabes ou autres, de l’opposition. C’est donc la victoire d’une minorité perfusée par des autoritarismes étrangers sur une majorité abandonnée par les prétendus défenseurs de la démocratie. C’est une victoire des armes de l’hiver autoritaire sur les espoirs du printemps démocratique.

    • Et le coup de pied l’âne (ça ne choque personne ?) :

      Oui, il se trouve que les élites nationalistes étaient, au moment des indépendances, plus directement influencées par la culture laïque du colonisateur. Elles n’ont pas hésité à contrarier le sentiment religieux populaire, notamment pour affirmer le primat du développement économique sur les exigences de la culture religieuse. Bourguiba boit un jus en plein ramadan, Boumédiène met le Coran au défi de nourrir la population.

      Alors de manière pas du tout étonnante, toute cette interview est mot pour mot l’inverse de ce que raconte Georges Corm :
      https://www.youtube.com/watch?v=OCcCyKUSrjw

    • « l’islamisme représente une dynamique au travers de laquelle les acteurs de l’ex-périphérie coloniale ont entrepris de parfaire, sur le terrain symbolique cette fois, la rupture indépendantiste [c.-à-d. moderniste] » - me fait penser au mouvement Nation of Islam aux Etats-Unis où l’Islam a été utilisé dans un contexte non-arabe original mais également pour s’émanciper de la domination coloniale. #Nation_Of_Islam

    • (1) D’abord, il y a ce flottement sur ce que serait l’« islamisme » : une affirmation identitaire post-coloniale, mais comment il passe de cet aspect à l’islam politique, c’est-à-dire l’affirmation du rôle premier de l’islam dans la vie politique, ce n’est pas explicité. Et c’est le premier piège : on part d’une affirmation identitaire, d’une réaction au colonialisme, à l’autoritarisme, etc., et on se retrouve avec l’organisation du politique selon des règles religieuses. Or il y a une grande différence entre une affirmation identitaire personnelle par un retour à un certain mode de vie qui serait « islamique », et le rôle politique de la religion.

      (1b) Dans ce passage de l’identitaire au politique, il y a ainsi le glissement du personnel, de l’intime (beaucoup de gens sont religieux et veulent avoir un mode de vie en accord avec les préceptes de leur religion) au politique qui s’impose à tous (une identité musulmane imposerait des formes d’organisation politique islamiques). Ainsi le choix personnel devrait s’imposer à toute la société.

      Par ailleurs ça introduit des difficultés à discuter, car la critique du mouvement politique reviendrait, grâce à ce discours, à une critique d’un mode de vie, et donc à de l’islamophobie (difficulté accentuée, évidemment, par le fait que l’islamophobie a été et est centrale dans l’occident colonial et post-colonial ou néo-colonial). Et Burgat joue ce petit jeu de prétendre que la critique des groupes soutenus par l’Arabie séoudite serait de l’islamophobie. Voir ma remarque sur ce passage où il prétend qu’on réclamerait à l’Arabie et à l’Iran de « changer de culture » :
      https://seenthis.net/messages/313869#message313960

      (2) Burgat reprend ici l’idée assez banale chez les islamistes selon laquelle certaines idées de la modernité, dont la séparation du politique et du religieux (mais aussi, partant, le droit de discuter les interprétations des textes religieux, le rôle fondamental de l’éducation, l’émancipation des femmes…) seraient des éléments inauthentiques, exogènes, importés, voire hérités de la colonisation, et fondamentalement hostiles à l’islam. C’est ici l’intérêt de l’extrait de la conférence de Corm, qui fait remonter ces idées « modernes » à l’histoire médiévale de l’islam puis à la Nahda. Encore une fois, « Pensée et politique dans le monde arabe », de Georges Corm, est une épatante vulgarisation sur ce sujet.

      Et même si on n’accepte pas ces principes ont des racines profondes dans l’histoire de l’Islam, présenter des revendications politiques d’émancipation individuelle comme inauthentiques ou importées ou impérialistes, c’est tout de même une vieille lubie à manier avec précaution.

      Pour quelqu’un qui prétend dénoncer l’orientalisme, je trouve la position de Burgat fondamentalement contradictoire. D’ailleurs, repris par ses copains moins subtiles que lui, tels que Leverrier ou Caillet, ça donne des choses que j’ai régulièrement qualifiées d’orientalisme crasseux.

      Par exemple de chef-d’œuvre de Leverrier en 2014 :
      https://seenthis.net/messages/325084#message325089

      (3) De manière centrale, je trouve indéfendable sa façon de présenter l’islamisme comme quelque chose de simplement issu des peuples, de grassroot, quasiment spontané. Ici, on le retrouve dans sa mention des « élites nationalistes » qui « contrarient » le sentiment religieux des peuples.

      Alors évidemment il a des arguments tout à fait valables sur l’aspect populaire de nombreux islamismes : la destruction du politique et de toute forme de société civile par les colonisateurs et par les dictateurs, l’instrumentalisation du religieux par les colonisateurs et par les régimes autoritaires eux-mêmes, les invasions et les occupations…

      Mais dans le même temps, en se focalisant sur le « personnel » plutôt que sur les organisations politiques (retour au glissement du premier point), il occulte systématiquement les aspect politiques et géopolitiques de ces mouvements. Et notamment les très fortes subventions de la part des pays du Golfe, Arabie en tête.

      a. Par exemple, si l’on parle de revendication identitaire ou culturelles post-coloniale, alors pourquoi toute une partie des mouvements islamistes adoptent-ils des formes identitaires qui ne sont pas tirées de leurs traditions locales, mais considérées par beaucoup de leurs contemporains comme des produits d’importation. Georges Corm intègre d’ailleurs dans ses critiques l’influence de la révolution iranienne, qui serait parfois « visible » dans certains coins du Liban. Les copains de Burgat ont d’ailleurs eu beau jeu de dénoncer l’« iranisation » de quartiers de Damas en Syrie avec l’affichage de formes de religiosité et de processions « importées ». Curieusement, ils sont beaucoup moins choqués par le fait que leurs copains « adoptent » des versions de l’islam historiquement ultra-minoritaires dans les pays du Machrek ; ce qui évidemment interrogerait sur l’« authenticité » spontanée de ces mouvements.

      Évidemment, l’influence wahhabite est tout de même largement documentée et critiquée, et sa grande contribution à la #catastrophe_arabe.

      b. Mais l’aspect fondamental que Burgat évite dans son idée de revendication populaire grassroot, c’est qu’on ne parle jamais d’argent ni d’intrumentalisation politique par leurs gentils créanciers.

      Un document très intéressant à mon avis, c’est cette prestation de Burgat dans une commission parlementaire en France, exhortant nos élus à « par pitié, cessez de croire que les Séoudiens se lèvent le matin en rêvant d’exporter le wahhabisme », parce qu’en fait, ce qu’ils veulent c’est conserver le pouvoir à tout prix. C’est très vrai, et important à rappeler. Mais ce qui m’intéresse surtout au delà de ce truisme, c’est ce qu’il occulte : dans ce cas, pourquoi exportent-ils le wahhabisme et pourquoi financent-ils autant des mouvements islamistes et l’exportation de leur version de l’islam ? Si ce n’est pas pour des raisons religieuses, pourquoi y consacrent-ils des milliards de dollars ?

      Si, comme Burgat, on accepte l’idée que la conviction religieux n’est pas le moteur du régime séoudien, c’est donc que les mouvements soutenus, financés (voire pour certains armés) par les Séoudiens sont considérés par eux comme des agents de leur propre influence.

      c. Et si on suit la logique de cette volonté d’influence, et son alignement systématique avec les intérêts états-uniens, on ne peut plus prétendre à des mouvements ni authentiques ni grassroots. (Élément qui invalide, au passage, l’analogie avec les Black Panthers.)

      Le cas d’école en la matière, c’est le programme américain de distribution de livres scolaires totalement tarés en Afghanistan, prônant ce que serait un vrai musulman :
      https://seenthis.net/messages/299999

      (4) Assez habituellement, privilégier la revendication identitaire et réduire les enjeux économique et développementaux. Ce n’est pas formalisé d’une façon forcément évidente, mais ça ressort par endroits.

      (5) Un élément plus récent du discours de Burgat, c’est de vouloir une explication globale au sujet des jeunes jihadistes, en allant de la Syrie au Maghreb et en Europe. Ce qui se résume, dans une de ses tribunes, à dénoncer le déficit d’islam politique en France. Or on peut considérer que la position d’Olivier Roy est totalement pertinente quand il parle des jeunes français, mais pas du tout adaptée à la Syrie ; mais c’est ce que Burgat refuse, et je trouve cette volonté d’une explication globale à la fois inefficace et dangereuse.

    • Votre conclusion résonne comme une alerte : « Le partage ou la terreur »…

      Rien de très nouveau. Cette formule a fait l’objet d’une tribune dans Libération il y a dix ans déjà. Il ne s’agit pas de partager seulement des ressources économiques. Il faut également partager les ressources symboliques : le droit à la parole publique, la représentation politique - l’avis de l’autre en général. Il faut donc partager aussi les efforts de réforme et ne pas en attendre, sempiternellement, que de l’autre ! La redistribution sérieuse et sincère, qui reconnaît la place de l’autre, c’est effectivement la véritable « arme de destruction massive du terrorisme ». Mais personne ne veut l’employer : elle coûte trop cher.

      Dans le genre #partage : à part Gilles Kepel, Olivier Roy et François Burgat, il n’y aurait pas un.e politiste français.e d’origine arabe avec qui ils pourraient partager la tribune ?

      #Gilles_Kepel :
      https://seenthis.net/messages/539856

      #François_Burgat :
      https://seenthis.net/messages/539816

      #Olivier_Roy :
      https://seenthis.net/messages/535344

  • #François_Burgat : « La violence dite islamique ne vient pas de l’islam »
    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/011116/francois-burgat-la-violence-dite-islamique-ne-vient-pas-de-l-islam

    Le deuxième entretien de notre série sur l’islam se focalise sur les politiques, démocratiques ou djihadistes, pratiquées au nom de l’islam. François Burgat y voit une dimension moins « sacrée » qu’endogène et culturelle, au sens où elle est, avant tout, le fruit d’une histoire coloniale qui fait aujourd’hui retour.

    #Culture-Idées #djihadisme #Essais #islam #islamisme #musulman

  • #François_Burgat : « La violence islamique ne vient pas de l’islam »
    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/011116/francois-burgat-la-violence-islamique-ne-vient-pas-de-l-islam

    Le deuxième entretien de notre série sur l’islam se focalise sur les politiques, démocratiques ou djihadistes, pratiquées au nom de l’islam. François Burgat y voit une dimension moins « sacrée » qu’endogène et culturelle, au sens où elle est, avant tout, le fruit d’une histoire coloniale qui fait aujourd’hui retour.

    #Culture-Idées #djihadisme #Essais #islam #islamisme #musulman

  • There is an orchestrated campaign for war in Syria, and it is in sync with the rise of Hillary Clinton
    http://angryarab.blogspot.fr/2016/10/there-is-orchestrated-campaign-for-war.html

    Make no mistake about it. There is a universal campaign for war on Syria. The rise of Hillary has emboldened the war mongers out there. There are many elements of this campaign: it includes the leadership of Democratic and Republican parties; the Gulf regimes and their lobbyists in Washington, DC, and of course the Zionist lobby through all of its branches. The DC think tanks are now part and parcel of the Zionist-Gulf lobbies in the capital of the US. Gulf regimes are utilizing their media in its vicious and determined campaign, and they are resorting to the same Zionist tactics of vilification and defamation against Arab progressives and Western progressives who oppose war and destruction in Syria.

    When you read that Arab leftists have supported Bashshar Al-Asad and his mafia regime, you should not believe that. It is rather hilarious for this writer to read that by people who only a few years were official apologists or diplomats of the Bashshar regime when I, for example, was banned by the Syrian regime for years from entering Lebanon (for writings against the father tyrant, Hafidh Al-Asad), and was accused by official Syrian TV in 2012 of receiving money from the West to attack the Syrian regime. Arab leftists are not supportive of the Bashshar regime (there are some who are but they are in the minority) while the overwhelming majority of Arab liberals are supporters and apologists and stooges of Gulf regimes. Arab leftists are on the whole opposed to the Syrian regime and its brutality while also condemning the Western-Zionist-Gulf transparent conspiracy against Syria and the Arab world.

    Those who advocated NATO bombing of Libya and who are responsible for the mess and destruction of Libya today are trying to replicate the Libyan scenario in Syria, under different headings and titles—or under the same headings and titles: the same propaganda techniques are being used, nakedly. And they are resorting to a variety of tactics and tricks: they sometimes roll out a Syrian supporter of Gulf regimes and label him as a leftist when he has not been a leftist for more than 30 years and when he writes against Arab leftists in Gulf regimes newspapers; they roll out people working for Gulf regime media and present them as neutral observers and as representatives of the silent majority; they roll out former Ba‘thists and operatives of the Syrian regime who now pretend they have been fighting for “peace and democracy” all their lives; they roll out people who have never studied the Middle East and present them as the foremost experts on the region because they want to push for war and destruction in Syria; they roll out Western journalists who never in their lives expressed emotions or sentiments toward Arab victims but allow them to pose for the moment in the media as arbiter of sentimentality and humanitarianism and as new lovers of the Syrian people. They roll out Zionist haters of Arabs and Muslims and tell us that they are the real champions of the interests of the Syrian people. They use people like Obama administration officials—people who have been in the administration of war and destruction throughout the world—and ask them to counsel for war and destruction in Syria.

    They are willing to revive the rhetoric of the Cold War to present the war on Syria as the only safe and rational option for the US and “national interests”. They even rely on the authority and opinions of a Jordanian regime royal who was put in the UN to handle human rights from the standpoint of the US-Israeli alliance—which put him in his post. It is time to raise our voice and to warn of the deadly and devastating consequences of war—or more war—on Syria.

    Those who are still laughably claiming that there are some secret secular and feminist and democratic Syrian rebels (whose names and identities are never revealed and identified) are engaged in the same propaganda which preceded the US war on Iraq and on Libya. The scenario is all too obvious for all to see. Too many leftists and progressives have been intimidated from speaking out against Western conspiracies in Syria for fear of being labeled as Asad regime supporters, just as Zionists have intimidated people from speaking out against Israel for fear of being labeled anti-Semites.

    Don’t let it happen, not this time, not any time. Western governments and media don’t want an end to the war in Syria; they want what has been the most favored Western policies for decades: the continuation of bloodshed by Arabs against Arabs, or by Muslims against Muslims. They want what they worked for in the Iran-Iraq war and the Lebanese civil war: they want a continuation of the war in order to keep Israeli aggression and occupation safe and protected.

    • La lecture des textes signalés dans la discussion suivante :
      https://seenthis.net/messages/530032
      (merci @sinehebdo pour le boulot) rend assez évident le fait qu’il y a une campagne de communication spécifiquement destinée à « la gauche internationale ». Toute une série de textes au ton plus ou moins acrimonieux, qui systématiquement moquent et parodient les positions de tous ceux, à gauche, qui ne partagent pas l’enthousiasme pour la rébellitude syrienne.

      Je pense que ce texte d’Angry Arab réagit précisément à cela.

  • Je m’étais résolu à ne pas t’enquiquiner avec ça, mais je n’arrive pas à m’y tenir : alors voilà, il y a eu un nouveau papier de François Burgat sur l’Iran et la Syrie (oui, je sais…) : Le soulèvement syrien au prisme iranien
    http://orientxxi.info/magazine/le-soulevement-syrien-au-prisme-iranien,1291,1291

    Déjà le sous-titre te laisse deviner l’idée finale :

    Les mêmes aveuglements que l’Occident sur l’islam politique sunnite

    Puis le chapeau :

    Il a été frappé par le parallélisme entre le discours tenu sur le rôle de l’islam politique sunnite et celui tenu par les Occidentaux. Pourtant l’Iran n’aurait-il pas dû être en mesure de comprendre le schématisme du discours occidental sur « l’islam de l’autre » dont il a été lui-même victime ?

    Enfin dans le texte lui-même :

    Et ce wahhabisme est mis en scène avec une absence de contextualisation qui ressemble étonnamment au discours de nos élites médiatiques les moins exigeantes. Étrange impression d’entendre à Qom (la capitale religieuse) comme à Téhéran les héros de la Révolution islamique de 1979 emprunter, pour décrire « l’islam de l’Autre », les raccourcis dont l’Occident a systématiquement usé pour essentialiser et criminaliser leur propre trajectoire révolutionnaire.

    (Oui parce que Burgat déteste les critiques décontextualisées du wahhabisme.)

    Ce qui logiquement conduit à cette énormité dans le dernier paragraphe :

    Paris et Téhéran combattent désormais ensemble (en rivalisant parfois d’un même sectarisme) un ennemi djihadiste commun.

    (Je mets en gras parce que c’est vraiment épatant.)

    (1) Alors j’aimerais savoir de quel « ennemi jihadiste commun » il parle. Ce n’est pas faute de nous avoir expliqué depuis des lustres que Téhéran, soutenant le régime syrien, ne combat pas réellement Daesh (c’est tout même Burgat et Caillet qui ont savamment expliqué que le Front al-Nusra était certainement une invention des services sécuritaires du régime pour commettre des attentats false flag et ternir l’image des gentils islamistes modérés). Et c’est le même Burgat qui reproche à la France de ne combattre que Daesh « et seulement Daesh ». Je ne vois pas comment Téhéran qui combattrait principalement des rebelles mainstream et la France qui ne combat que Daesh auraient un « ennemi jihadiste commun » - qu’ils combattraient "ensemble" qui plus est.

    (2) La France a été, et certainement grâce à l’influence de Burgat, l’un des premiers et principaux soutiens, avec le Qatar, de l’opposition syrienne dite « de l’extérieur », essentiellement constituée des Frères musulmans. La France a sciemment écarté l’opposition « de l’intérieur », et le Quai d’Orsay a partagé la détestation affichée de Burgat pour quelqu’un comme Haytham Manna. Là encore, je ne vois pas comment on peut parler sans rire d’un « sectarisme » de la politique étrangère française à l’encontre de l’« islam politique sunnite » dans le « soulèvement syrien ».

    (3) Je suis tout à fait convaincu du sectarisme français, et j’ai peu de doute sur une forme de sectarisme iranien. Mais de là à parler « d’un même sectarisme » ! La France est une république laïque pratiquant de manière désormais quasi ouverte une islamophobie d’État sur la plan intérieur, tout en se proclamant le plus fidèle allié du régime wahhabite séoudien sur le plan extérieur. L’Iran est une république islamique en guerre quasiment ouverte avec l’Arabie séoudite. Parler d’un « même sectarisme » est un raccourci particulièrement malhonnête.

    (4) Bon, ressasser les motifs « sectaires » du camp pro-régime et les dangers de l’agitation sectaire chiite par l’Iran, alors que les gentils islamistes sunnites sont, eux, tolérants et inclusifs, c’est une théorie que Burgat soutient en Syrie depuis des années. Heureusement, il vient d’aller en Iran, où il a pu scientifiquement confirmer que c’est bien le sectarisme qui motive la politique syrienne de l’Iran.

  • Sur l’article du Monde : Avec la reprise de Palmyre, le régime Assad s’offre une victoire militaire et médiatique
    http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2016/03/28/avec-la-reprise-de-palmyre-le-regime-assad-s-offre-une-victoire-militaire-et

    (1) Benjamin Barthe n’attend pas : après avoir annoncé que les forces pro-régime avaient tout de même perdu 180 combattants dans l’attaque contre Palmyre, dès le paragraphe suivant il embraie sur le thème imposé d’une « opération hautement symbolique ».

    Toujours cette tendance insupportable de nos médias à analyser tout, y compris des opérations militaires impliquants des centaines de morts, sous l’angle des relations de presse. J’avais évoqué cet axe de comm. pour Palmyre avant-hier :
    http://seenthis.net/messages/473274

    Cette confusion entre les réalités militaires (allant de la répression froide aux grandes opérations à l’échelle de villes) et les prestations médiatiques (plus ou moins mauvaises) de nos ennemis me semble fondamentale. (C’est un point à travailler.)

    (2) Tout en consacrant plusieurs paragraphes à la « tactique d’évitement du régime », qui « évitait » de se confronter à Daech, l’article livre deux phrases qui devraient lourdement interroger cette narrative :

    La trêve en vigueur depuis la fin février avec les rebelles a aussi permis à Damas et ses alliés d’affecter à cette opération hautement symbolique un nombre très élevé de forces, puisées dans différents corps…

    et, de manière encore plus explicite à la fin :

    Si la trêve se poursuit avec les rebelles, les troupes loyalistes pourraient aussi faire mouvement vers Rakka, plus au nord, dont les Forces démocratiques syriennes, une alliance kurdo-arabe, se rapprochent depuis quelques semaines.

    Il faut ici rappeler le vilain petit secret balancé par François Burgat fin janvier :
    http://seenthis.net/messages/458752

    en bombardant ISIS, nous avons « renforcé le régime, indirectement, en le libérant de la pression militaire de Daech », et du coup, il n’a plus « d’intérêt existentiel à négocier »…

    À mon avis, toute l’importance de l’agitation et de la focalisation médiatique du point 1 consiste à éviter que le public n’arrive à la conclusion évidente du point 2 : si Daesh constituait une « pression militaire » contre le régime dans l’intérêt de la rébellion, à l’inverse « les rebelles » constituent tout autant une « pression militaire » sur le régime qui interdisait au régime de combattre ISIS.

    Bien que la conclusion soit évidente, il ne faut surtout pas formuler cette autre évidence : dans le cas où la trêve cesserait et que les combats reprendraient entre le régime et les « rebelles mainstream », il ne fait aucun doute que le régime s’empresserait d’interrompre ses combats contre Daesh et faire largement savoir qu’il ne peut pas avancer contre ISIS alors qu’il se fait « poignarder dans le dos » par les rebelles. Ça me semble aussi évident que 1+1=2… Les points (1) et (2) ci-dessus me semblent mener tout droit à ce cauchemar pour le fan-club de la rébellitude syrienne.

  • À la fin d’une longue bouffée délirante sur RFI, le 23 janvier dernier, François Burgat balance un vilain petit secret : en bombardant ISIS, nous avons « renforcé le régime, indirectement, en le libérant de la pression militaire de Daech », et du coup, il n’a plus « d’intérêt existentiel à négocier »

    C’est vers la trentième minute, j’en ai fait la transcription :
    http://telechargement.rfi.fr/rfi/francais/audio/magazines/r192/geopolitique_le_debat_20160123.mp3

    Burgat : L’urgence est plus que jamais là, mais la difficulté que vous connaissez qu’il y a eu à fixer le timing de ces négociations, montre bien que nous sommes dans une conjoncture particulièrement difficile. Il faut revenir à mon sens à l’essentiel, l’attitude du camp des dits "Amis de la Syrie" – fermez les guillemets – depuis août 2014, qui ont adopté cette option à mon sens paradoxale, à mon sens dangereuse, restrictive, pour plusieurs raisons, du « Tous contre Daech, et seulement contre Daech », hein. Après avoir expliqué pendant des années que nous ne voulions pas, nous ne pouvions pas, c’était dangereux, c’était contre-productif… nous impliquer, non pas dans une ingérence, mais dans un rééquilibrage de l’ingérence russe et iranienne massive, nous l’avons fait, mais nous l’avons fait paradoxalement contre un acteur dont la responsabilité dans le flux des réfugiés est de un à dix par rapport aux bombardements du régime – donc c’est très paradoxal, hein – nous l’avons fait, si j’étais très méchant, je dirais que Agnès Levallois tout à l’heure aurait pu employer un mot à propos de l’Iran qui est l’"électoralisme", c’est-à-dire… il y a des considérations de politique intérieure… hé bien moi j’ai le sentiment, que notamment en France, notre durcissement très sélectif contre un seul des acteurs… on envoie le Charles de Gaulle, est-ce qu’un expert militaire pourrait nous démontrer que nous avons rehaussé le niveau de sécurité des français en envoyant le Charles de Gaulle, ou est-ce que nous avons virilisé l’image du Président, comme l’avait fait Nicolas Sarkozy en Afghanistan – avec le succès que l’on sait – donc j’ai l’impression que la posture occidentale et notamment française s’est mâtinée de considérations électoralistes, qui nous ont amenés à prendre une posture qui a renforcé le régime, indirectement, en le libérant de la pression militaire de Daech, nous lui avons permis de se concentrer contre l’opposition utile, avec l’aide substantielle de Poutine. Donc nous nous retrouvons dans une posture où il n’a pas d’intérêt existentiel à négocier. Et donc, ça légitime, cela explique son arrogance relative : « je vais faire la liste, enfin, je vais faire faire par les Russes la liste des représentants de mon opposition ». Et donc, bien sûr, cette configuration ne nous permet pas à l’heure où nous parlons d’être optimiste sur l’issue de ces négociations.

    Trois jours plus tard, dans son billet de l’Obs, le même reprend son explication quasiment mot pour mot ; en revanche, cette histoire de « pression militaire de Daech contre le régime » s’exprime dans une forme tellement euphémisée que le sens n’en est plus du tout évident : Syrie : notre stratégie "tous contre Daech" est une impasse. Elle renforce Bachar Al-Assad
    http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1473438-syrie-notre-strategie-tous-contre-daech-est-une-impasse-el

    Le difficile départ des négociations vient par dessus tout de confirmer que l’option française du « tous contre Daech, et seulement contre Daech » a envoyé à Bachar Al-Assad une bouffée d’oxygène telle qu’elle lui a permis de différer, en multipliant des exigences inacceptables, la solution d’alternance négociée à laquelle nous aurions dû nous employer à le pousser.
     
    Il fallait pour cela que le régime ait, autant que son opposition non djihadiste aujourd’hui écrasée sous les bombes russes, un identique intérêt existentiel à négocier. Or, le soulagement que lui ont apporté les armes françaises, en prenant sa place sur le front anti-Daech, a permis au président syrien de concentrer ses efforts répressifs, avec de surcroît le soutien décisif de la Russie, contre la seule opposition non djihadiste.
     
    C’est à l’affaiblissement militaire du régime, et non à son renforcement, fût-il indirect, que nous aurions dû œuvrer.

    (Merci à Houari Boumediene.)

    • Au passage, j’aime beaucoup la novlangue qui consiste à expliquer que notre ingérence ne serait pas de l’ingérence, mais seulement « un rééquilibrage de l’ingérence russe et iranienne massive ». Oh… (admiratif)

  • Pétition : Nous appelons au boycott des produits israéliens !
    La Campagne BDS France, le 21 janvier 2016
    http://www.bdsfrance.org/petition-nous-appelons-au-boycott-des-produits-israeliens

    Le 19 janvier, des personnalités lançaient un appel au boycott des produits israéliens : « Nous ne nous plierons pas à la décision de la Cour de cassation du 20 octobre 2015 ! ». Cet appel est maintenant suivi d’une pétition allant dans ce sens : « Nous nous associons à l’appel publié dans le Club de Mediapart le 19 janvier 2016, nous appelons à soutenir et renforcer le mouvement BDS et à boycotter les produits israéliens. »

    Les 1760 signatures obtenues les premières 24h sont sur le site de la Campagne BDS France :
    http://www.bdsfrance.org/petition-nous-appelons-au-boycott-des-produits-israeliens

    Les suivantes, près de 5000, sont recueillies ici pour les francophones :
    http://boycottproduitsisraeliens.wesign.it/fr

    Ici pour les anglophones :
    http://boycottproduitsisraeliens.wesign.it/en

    Et ici pour les "académiques" :
    Academics in support of the right to call for a boycott of Israeli goods in France
    http://www.aurdip.fr/academics-in-support-of-the-right.html

    Sign on : French intellectuals call for boycott of Israel, defy state repression
    http://www.usacbi.org/2016/01/sign-on-french-intellectuals-call-for-boycott-of-israel-defy-state-repressio

    Ont déjà signé :
    les philosophes Etienne Balibar et Jacques Rancière
    l’historien Enzo Traverso
    le politologue François Burgat
    les sociologues Zahra Ali, Saïd Bouamama, Sonia Dayan-Herzbrun, Christine Delphy, Nacira Guénif et Nicolas Jounin
    les écrivains Rony Brauman, Julien Cendres et Christian Salmon
    le journaliste Alain Gresh
    l’éditeur Farouk Mardam Bey
    les juristes Paul Alliès et Monique Chemillier-Gendreau
    le physicien Jean-Marc Lévy-Leblond
    les mathématiciens Ahmed Abbes, Arnaud Beauville, Ivar Ekeland, Michael Harris et Joseph Oesterlé
    le peintre Ernest Pignon-Ernest
    les cinéastes Alain Guiraudie et Eyal Sivan
    les dessinateurs Tardi et Siné
    les chanteuses Dominique Grange, Elli Medeiros et Francesca Solleville
    la député européenne Marie-Christine Vergiat
    le maire Azzedine Taïbi
    l’ancienne sénatrice Alima Boumedienne
    les militant.e.s Sihame Assbague, Olivier Besancenot, Ismahane Chouder, Annick Coupé, Mireille Fanon Mendes-France, Jean-Baptiste Libouban, Michèle Sibony et Omar Slaouti

    Tou.te.s bravent l’arrêt scandaleux de la Cour de Cassation et affirment : "Nous appelons au boycott des produits israéliens !"

    L’appel initial :
    Nous appelons au boycott des produits israéliens !
    Ahmed Abbes, Sihame Assbague, Etienne Balibar, Saïd Bouamama, Rony Brauman, Sonia Dayan, Christine Delphy, Alain Gresh, Nacira Guénif, Christian Salmon, Azzedine Taïbi, Marie-Christine Vergiat, Médiapart, le 19 janvier 2016
    https://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/190116/nous-appelons-au-boycott-des-produits-israeliens

    http://seenthis.net/messages/451644
    http://seenthis.net/messages/442912

    #Palestine #France #BDS #Boycott #Justice #Cour_de_cassation #Censure #Liberté_d_expression #JeSuisBDS #criminalisation_des_militants

  • 6 janvier 2012 : une attaque suicide en plein Damas fait un carnage, nos médias se mettent à utiliser le terme « terroriste » entre guillemets.

    Syria : Up to 25 killed in Damascus blast
    http://usatoday30.usatoday.com/news/world/story/2012-01-06/syria-suicide-bomb/52410276/1

    The government blamed “terrorists,” saying a suicide bomber had blown himself up in the crowded Midan district.

    Damascus bomb kills 25 as regime suffers high level defection
    http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/middleeast/syria/8997209/Damascus-bomb-kills-25-as-regime-suffers-high-level-defection.html

    There was no independent confirmation of the number of fatalities. The regime was quick to blame the attack on “terrorists”, which it says have been at the forefront of the uprising against President Bashar al-Assad that erupted last March.

    Une autre habitude se met en place à ce moment : l’opposition accuse le régime syrien d’être derrière ces attentats pour (si si) donner une mauvaise image de l’opposition. En France, les fanboys de la rébellitude s’aligneront sur cette accusation, allant jusqu’à prétendre que ce nouveau « Front al-Nousra » est certainement un faux-nez du régime syrien perpétrant des attentats false flag.

    Syria pledges ’iron fist’ response to Damascus bombing
    http://www.bbc.com/news/world-middle-east-16452984

    Maj Maher al-Naimi, a spokesman for the armed anti-government movement the Free Syrian Army (FSA), said the blast was “planned and systematic state terrorism by the security forces of President Bashar al-Assad”.

    Qui sont les djihadistes en Syrie ?
    http://geopolis.francetvinfo.fr/qui-sont-les-djihadistes-en-syrie-12129

    D’autres chercheurs font la même analyse. « Les milieux de l’opposition, rejoints par plusieurs analystes occidentaux, ont estimé que ce mode opératoire relevait d’une mise en scène du pouvoir. Les auteurs des premiers attentats ont, en effet, évité de causer de vrais dégâts à la cible sécuritaire supposée. Ils auraient utilisé, pour crédibiliser la tuerie, des corps de manifestants tombés plusieurs jours plus tôt en prenant soin de rendre impossible toute identification des victimes », estiment François Burgat et Romain Caillet sur le site de l’Ifpo.

    et bien sûr ce grand moment d’excellence sur le site de l’IFPO : Le groupe Jabhat an-Nusra ou la fabrique syrienne du « jihadisme » – François Burgat et Romain Caillet
    http://ifpo.hypotheses.org/3540

  • Syrie, la révolution volée
    https://mars-infos.org/syrie-la-revolution-volee-624

    Soirée d’information et de soutien aux activistes syriens. Discussion avec François Burgat, de l’Institut de Recherches et d’Etudes sur le Monde arabe et musulman. Et GLAMMOUR, les auteurs de « Syrie, la révolution volée », paru dans CQFD n°136 en octobre 2015. C’est le jeudi 7 janvier à 19h30 au Bal (...) — CQFD n°136, "Nous voulons un pays en couleurs " de Charlotte Rouault, "Réfugiées syriennes à Istanbul" de Mickael Correia

  • Scholars in solidarity with Ismail Alexandrani

    Ismail Alexandrani was detained by Egyptian authorities on November 30th as he was coming back to his country to visit his sick mother. Alexandrani is one of Egypt’s brightest young researchers, who has spent the last few years doing ground-breaking work on the marginalized areas of Egypt – a blind spot in academic studies of the country – as well as on political Islam. His articles have featured in numerous publications and have been presented in international academic conferences, and they have earned him awards and fellowships. In his work, he has constantly demonstrated a genuine intellectual independence. He is a well respected member of the academic community, and someone we personally enjoyed working with. Alexandrani’s arrest is a repression of free speech and should be condemned. We hope that he will be released promptly and return to his friends and to the research community.

    First signatures
    Francois Burgat, Research Director, CNRS (Centre National pour la Recherche Scientifique). Vincent Geisser, Research Director, CNRS. Alain Gresh, Le Monde Diplomatique. Miriam Catusse, Director of Contemporary Studies, IFPO (Institut Français du Proche–Orient). Claire Beaugrand, Researcher, IFPO. Nicolas Dot-Pouillard, Researcher, IFPO. Laurent Bonnefoy, Researcher, CERI/Sciences Po. Matthieu Rey, Researcher, College de France. Stéphane Lacroix, Associate Professor, Sciences Po. Mounia Bennani-Chraïbi, Professor, Lausanne University.
    Ellen Lust, Professsor, Yale and Gottenberg. Gibert Achcar, SOAS. John Chalcraft, LSE. Asef Bayat, University of Illinois
    Khaled Fahmy Professor, AUC. Rabab al Mahdi, Professor, AUC.

    http://freealexandrani.wesign.it/ar

  • Le djihadisme est une révolte générationnelle et nihiliste

    La France en guerre ! Peut-être. Mais contre qui ou contre quoi ? Daech n’envoie pas des Syriens commettre des attentats en France pour dissuader le gouvernement français de le bombarder. Daech puise dans un réservoir de jeunes Français radicalisés qui, quoi qu’il arrive au Moyen-Orient, sont déjà entrés en dissidence et cherchent une cause, un label, un grand récit pour y apposer la signature sanglante de leur révolte personnelle. L’écrasement de Daech ne changera rien à cette révolte.

    Le ralliement de ces jeunes à Daech est opportuniste : hier, ils étaient avec Al-Qaida, avant-hier (1995), ils se faisaient sous-traitants du GIA algérien ou pratiquaient, de la Bosnie à l’Afghanistan en passant par la Tchétchénie, leur petit nomadisme du djihad individuel (comme le « gang de Roubaix »). Et demain, ils se battront sous une autre bannière, à moins que la mort en action, l’âge ou la désillusion ne vident leurs rangs comme ce fut le cas de l’ultragauche des années 1970.

    Il n’y a pas de troisième, quatrième ou énième génération de djihadistes. Depuis 1996, nous sommes confrontés à un phénomène très stable : la radicalisation de deux catégories de jeunes Français, à savoir des « deuxième génération » musulmans et des convertis « de souche ».

    Le problème essentiel pour la France n’est donc pas le califat du désert syrien, qui s’évaporera tôt ou tard comme un vieux mirage devenu cauchemar, le problème, c’est la révolte de ces jeunes. Et la vraie question est de savoir ce que représentent ces jeunes, s’ils sont l’avant-garde d’une guerre à venir ou au contraire les ratés d’un borborygme de l’Histoire.

    Quelques milliers sur plusieurs millions

    Deux lectures aujourd’hui dominent la scène et structurent les débats télévisés ou les pages opinions des journaux : en gros, l’explication culturaliste et l’explication tiers-mondiste. La première met en avant la récurrente et lancinante guerre des civilisations : la révolte de jeunes musulmans montre à quel point l’islam ne peut s’intégrer, du moins tant qu’une réforme théologique n’aura pas radié du Coran l’appel au djihad. La seconde évoque avec constance la souffrance postcoloniale, l’identification des jeunes à la cause palestinienne, leur rejet des interventions occidentales au Moyen-Orient et leur exclusion d’une société française raciste et islamophobe ; bref, la vieille antienne : tant qu’on n’aura pas résolu le conflit israélo-palestinien, nous connaîtrons la révolte.

    Mais les deux explications butent sur le même problème : si les causes de la radicalisation étaient structurelles, alors pourquoi ne touche-t-elle qu’une frange minime et très circonscrite de ceux qui peuvent se dire musulmans en France ? Quelques milliers sur plusieurs millions.

    [...]

    Islamisation de la radicalité

    Presque tous les djihadistes français appartiennent à deux catégories très précises : ils sont soit des « deuxième génération », nés ou venus enfants en France, soit des convertis (dont le nombre augmente avec le temps, mais qui constituaient déjà 25 % des radicaux à la fin des années 1990). Ce qui veut dire que, parmi les radicaux, il n’y a guère de « première génération » (même immigré récent), mais surtout pas de « troisième génération ». Or cette dernière catégorie existe et s’accroît : les immigrés marocains des années 1970 sont grands-pères et on ne trouve pas leurs petits-enfants parmi les terroristes. Et pourquoi des convertis qui n’ont jamais souffert du racisme veulent-ils brusquement venger l’humiliation subie par les musulmans ? Surtout que beaucoup de convertis viennent des campagnes françaises, comme Maxime Hauchard, et ont peu de raisons de s’identifier à une communauté musulmane qui n’a pour eux qu’une existence virtuelle. Bref, ce n’est pas la « révolte de l’islam » ou celle des « musulmans », mais un problème précis concernant deux catégories de jeunes, originaires de l’immigration en majorité, mais aussi Français « de souche ». Il ne s’agit pas de la radicalisation de l’islam, mais de l’islamisation de la radicalité.

    Qu’y a-t-il de commun entre les « deuxième génération » et les convertis ? Il s’agit d’abord d’une révolte générationnelle : les deux rompent avec leurs parents, ou plus exactement avec ce que leurs parents représentent en termes de culture et de religion. Les « deuxième génération » n’adhèrent jamais à l’islam de leurs parents, ils ne représentent jamais une tradition qui se révolterait contre l’occidentalisation. Ils sont occidentalisés, ils parlent mieux le français que leurs parents. Tous ont partagé la culture « jeune » de leur génération, ils ont bu de l’alcool, fumé du shit, dragué les filles en boîte de nuit. Une grande partie d’entre eux a fait un passage en prison. Et puis un beau matin, ils se sont (re)convertis, en choisissant l’islam salafiste, c’est-à-dire un islam qui rejette le concept de culture, un islam de la norme qui leur permet de se reconstruire tout seuls. Car ils ne veulent ni de la culture de leurs parents ni d’une culture « occidentale », devenues symboles de leur haine de soi.

    La clé de la révolte, c’est d’abord l’absence de transmission d’une religion insérée culturellement. C’est un problème qui ne concerne ni les « première génération », porteurs de l’islam culturel du pays d’origine, mais qui n’ont pas su le transmettre, ni les « troisième génération », qui parlent français avec leurs parents et ont grâce à eux une familiarité avec les modes d’expression de l’islam dans la société française : même si cela peut être conflictuel, c’est « dicible ».

    [...]

    Des jeunes en rupture de ban

    Les jeunes convertis par définition adhèrent, quant à eux, à la « pure » religion, le compromis culturel ne les intéresse pas (rien à voir avec les générations antérieures qui se convertissaient au soufisme) ; ils retrouvent ici la deuxième génération dans l’adhésion à un « islam de rupture », rupture générationnelle, rupture culturelle, et enfin rupture politique. Bref, rien ne sert de leur offrir un « islam modéré », c’est la radicalité qui les attire par définition. Le salafisme n’est pas seulement une question de prédication financée par l’Arabie saoudite, c’est bien le produit qui convient à des jeunes en rupture de ban.

    [...]

    En rupture avec leur famille, les djihadistes sont aussi en marge des communautés musulmanes : ils n’ont presque jamais un passé de piété et de pratique religieuse, au contraire. Les articles des journalistes se ressemblent étonnamment : après chaque attentat, on va enquêter dans l’entourage du meurtrier, et partout c’est « l’effet surprise : « On ne comprend pas, c’était un gentil garçon (variante : “Un simple petit délinquant”), il ne pratiquait pas, il buvait, il fumait des joints, il fréquentait les filles… Ah oui, c’est vrai, il y a quelques mois il a bizarrement changé, il s’est laissé pousser la barbe et a commencé à nous saouler avec la religion. » Pour la version féminine, voir la pléthore d’articles concernant Hasna Aït Boulahcen, « Miss Djihad Frivole ».

    [...]

    La violence à laquelle ils adhèrent est une violence moderne, ils tuent comme les tueurs de masse le font en Amérique ou Breivik en Norvège, froidement et tranquillement. Nihilisme et orgueil sont ici profondément liés.

    Cet individualisme forcené se retrouve dans leur isolement par rapport aux communautés musulmanes. Peu d’entre eux fréquentaient une mosquée. Leurs éventuels imams sont souvent autoproclamés. Leur radicalisation se fait autour d’un imaginaire du héros, de la violence et de la mort, pas de la charia ou de l’utopie. En Syrie, ils ne font que la guerre : aucun ne s’intègre ou ne s’intéresse à la société civile. Et s’ils s’attribuent des esclaves sexuelles ou recrutent de jeunes femmes sur Internet pour en faire des épouses de futurs martyrs, c’est bien qu’ils n’ont aucune intégration sociale dans les sociétés musulmanes qu’ils prétendent défendre. Ils sont plus nihilistes qu’utopistes.

    Aucun ne s’intéresse à la théologie

    Si certains sont passés par le Tabligh (société de prédication fondamentaliste musulmane), aucun n’a fréquenté les Frères musulmans (Union des organistions islamiques de France), aucun n’a milité dans un mouvement politique, à commencer par les mouvements propalestiniens. Aucun n’a eu de pratiques « communautaires » : assurer des repas de fin de ramadan, prêcher dans les mosquées, dans la rue en faisant du porte-à-porte. Aucun n’a fait de sérieuses études religieuses. Aucun ne s’intéresse à la théologie, ni même à la nature du djihad ou à celle de l’Etat islamique.

    Ils se radicalisent autour d’un petit groupe de « copains » qui se sont rencontrés dans un lieu particulier (quartier, prison, club de sport) ; ils recréent une « famille », une fraternité. Il y a un schéma important que personne n’a étudié : la fraternité est souvent biologique. On trouve très régulièrement une paire de « frangins », qui passent à l’action ensemble (les frères Kouachi et Abdeslam, Abdelhamid Abaaoud qui « kidnappe » son petit frère, les frères Clain qui se sont convertis ensemble, sans parler des frères Tsarnaev, auteurs de l’attentat de Boston en avril 2013). Comme si radicaliser la fratrie (sœurs incluses) était un moyen de souligner la dimension générationnelle et la rupture avec les parents. La cellule s’efforce de créer des liens affectifs entre ses membres : on épouse souvent la sœur de son frère d’armes. [...]

    Les terroristes ne sont donc pas l’expression d’une radicalisation de la population musulmane, mais reflètent une révolte générationnelle qui touche une catégorie précise de jeunes.

    Pourquoi l’islam ? Pour la deuxième génération, c’est évident : ils reprennent à leur compte une identité que leurs parents ont, à leurs yeux, galvaudée : ils sont « plus musulmans que les musulmans » et en particulier que leurs parents. L’énergie qu’ils mettent à reconvertir leurs parents (en vain) est significative, mais montre à quel point ils sont sur une autre planète (tous les parents ont un récit à faire de ces échanges). Quant aux convertis, ils choisissent l’islam parce qu’il n’y a que ça sur le marché de la révolte radicale. Rejoindre Daech, c’est la certitude de terroriser.

    Olivier Roy

    http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/11/24/le-djihadisme-une-revolte-generationnelle-et-nihiliste_4815992_3232.html

    • Deux petites questions :

      1) « Daech n’envoie pas des Syriens commettre des attentats en France pour dissuader le gouvernement français de le bombarder ». Même si j’apprécie beaucoup le reste de l’article, je ne vois pas en quoi le fait que Daech envoie des Français plutôt que des Syriens rend cette hypothèse ("pour dissuader le gouvernement français de le bombarder") fausse ?

      2) Quelles sont les différences fondamentales (autres que politiques ou religieuses bien sûr, plutôt du côté psychologique ou social entre autres) entre un jeune qui aujourd’hui s’engage dans Daech et un jeune qui dans les années 1970 s’engageait dans la bande à Baader ?

    • Quelles sont les différences fondamentales (autres que politiques ou religieuses bien sûr, plutôt du côté psychologique ou social entre autres) entre un jeune qui aujourd’hui s’engage dans Daech et un jeune qui dans les années 1970 s’engageait dans la bande à Baader ?

      Le niveau de décomposition de la synthèse sociale capitaliste.

      Au-delà et en-deçà des phénomènes « économiques » (chômage de masse, crise environnementale, démantèlement de l’état-providence...) la synthèse sociale capitaliste produit aussi une certaine forme de sujet qui lui est propre et dont les évolutions sont liées à sa décomposition.

      Historiquement, le capitalisme a d’abord forgé le sujet autoritaire, dans lequel des dimensions pré-capitalistes ont été reprises et re-déterminées par les nécessites de la valorisation du capital (c’est le capitalisme de caserne vécu, subi, mais aussi souvent promu aussi bien par l’État, les patrons que par les organisations ouvrières)

      Et puis, au tournant des années 1970, le capitalisme ne peut plus reproduire sa forme de vie sur ses propres base. Le travail productif, pfuitt, disparait à un rythme qui ne peut plus être contré par des tendances compensatrices. Sous les coups de butoir du capitalisme lui-même, sa course à la productivité le mine, contradiction interne qui l’anime et le condamne tout à la fois.

      Du coup, le noyau profond du sujet capitaliste émerge, raboté par l’éviction des dernières scories pré-capitalistes. C’est le règne explicite, au grand jour, du sujet narcissique, du sujet évidé, sans contenu propre (et par là bien conforme aux besoins du capitalisme qui a besoin de personnalités fluides, mais par là-même fragile, prête à s’effondrer à tout moment)

    • Peut-être aussi des parallèles à faire avec la politisation des skinheads dans les années 80... Lumpenproletariat flirtant avec la délinquance et embrigadé comme milice... Et plus loin on peut penser à une partie du vivier de recrutement des Sturmabteilungen.

    • Effectivement, il répond en partie... alors que cette interview date d’il y a un an !!! Merci ! (bon, sauf qu’à l’époque, Olivier Roy différencie Al Qaida de Daech, par le fait que Daech n’intervient pas en occident, tout en reconnaissant que ça peut encore dégénérer, ce en quoi il n’avait pas tort, et en donnant des pistes pour l’éviter, mais il n’a pas été écouté...)

      http://www.franceinter.fr/emission-le-79-olivier-roy-les-jeunes-djihadistes-sont-fascines-par-la-v

    • Effectivement, on ne peut pas mettre la R.A.F. et Daesh dans le même sac d’une « radicalité en soi », se fourvoyant ad nauseam dans une violence nihiliste et non interrogée. C’est la limite de l’analyse de Roy, de faire de la radicalité une catégorie stable à promener d’une époque à l’autre en la rhabillant avec les frusques du moment. Le sujet « radical » est ajusté à chacune des phases et, loin d’être un sujet inchangé dans le fond, qui ferait juste le choix opportuniste de telle ou telle « cause », il exprime l’état courant de la synthèse sociale. A ce titre, le terroriste du 13 novembre est plus proche d’un Andreas Lubitz que d’une Ulrike Meinhof

    • je plussoies sur l’intervention de @ktche
      et ajoute, oui, il y a islamisation, mais il n’y a aucune radicalité dans cette affaire, le soit disant retour aux soit disant racines de l’islam n’est pas une #radicalité, sauf pour les journalistes et autres pense mou, selon eux, ce qui est violent serait radical, voilà ce qui tient pour eux lieu de définition, comme si un #attentat_massacre se devait d’être radical, comme si une bastonnade de babas par la FNSEA était radicale, et les coups de matraques de gazeuses, de flash ball de la police sont-ils radicaux ? ah ben non, c’est les forces de l’odre. Au prie c’est un mauvais emploi de la force.
      ces tueurs ne prennent rien à la racine, ils retournent à la racine pour se chosifier et chosifier, le soit retour aux origines est pas radical, il est conservateur.

    • Des meurtres de masse, Alain Badiou
      http://la-bas.org/la-bas-magazine/textes-a-l-appui/alain-badiou-penser-les-meurtres-de-masse-du-13-novembre-version-texte#III-L

      Ces jeunes se voient donc à la marge à la fois du salariat, de la consommation et de l’avenir. Ce qu’alors leur propose la #fascisation (qu’on appelle stupidement, dans la propagande, une « radicalisation », alors que c’est une pure et simple régression) est un mélange d’héroïsme sacrificiel et criminel et de satisfaction « occidentale ». D’un côté, le jeune va devenir quelqu’un comme un mafieux fier de l’être, capable d’un héroïsme sacrificiel et criminel : tuer des occidentaux, vaincre les tueurs des autres bandes, pratiquer une cruauté spectaculaire, conquérir des territoires, etc Cela d’un côté, et de l’autre, des touches de « belle vie », des satisfactions diverses. Daech paye assez bien l’ensemble de ses hommes de main, beaucoup mieux que ce qu’ils pourraient gagner « normalement » dans les zones où ils vivent. Il y a un peu d’argent, il y a des femmes, il y a des voitures, etc. C’est donc un mélange de propositions héroïques mortifères et, en même temps, de corruption occidentale par les produits. (...) Disons que c’est la fascisation qui islamise, et non l’Islam qui fascine.

    • Réponse à Olivier Roy : les non-dits de « l’islamisation de la radicalité », François Burgat
      http://rue89.nouvelobs.com/2015/12/01/reponse-a-olivier-roy-les-non-dits-lislamisation-radicalite-262320

      Dans les rangs de Daech, après avoir annoncé par deux fois leur disparition, Roy ne pouvait donc logiquement plus accepter de voir des islamistes, ni même des acteurs politiques. Il botta donc en touche en déclarant n’y voir que des « fous » à qui il ne donna... « pas un an ».

      Aujourd’hui, j’ai pour ma part beaucoup de difficulté à ranger les frères Kouachi, fort construits dans l’expression de leurs motivations, dans la catégorie de simples paumés dépolitisés – et de reconnaître chez Coulibally (auteur de l’attaque contre l’Hyper Cacher) quelqu’un qui, entre autres, « ne s’intéresse[nt] pas aux luttes concrètes du monde musulman (Palestine) ».

      Disculper nos politiques étrangères

      Si une telle hypothèse permet à Roy de demeurer cohérent avec la ligne de ses fragiles prédictions passées, elle n’apporte en fait qu’une nouvelle pierre (celle de la pathologie sociale, voire mentale) à une construction qui reproduit le même biais que l’approche culturaliste qu’elle prétend dépasser : elle déconnecte d’une façon dangereusement volontariste les théâtres politiques européen et proche-oriental.

      La thèse qui disculpe nos politiques étrangères a donc tout pour séduire tant elle est agréable à entendre.

    • du même texte de Burgat :

      cette thèse de « l’islamisation de la radicalité » ne s’en prend pas principalement à la lecture culturaliste. Elle condamne surtout, avec dédain, en la qualifiant de « vieille antienne » « tiers-mondiste », une approche dont – sans en reprendre la désignation péjorative – nous sommes nombreux à considérer que, bien au contraire, elle constitue l’alpha et l’oméga de toute approche scientifique du phénomène djihadiste.

      Le discrédit du « tiers-mondisme » consiste ici ni plus ni moins qu’à refuser de corréler – si peu que ce soit – les conduites radicales émergentes en France ou ailleurs avec... selon les termes mêmes de Roy, « la souffrance post-coloniale, l’identification des jeunes à la cause palestinienne, leur rejet des interventions occidentales au Moyen-Orient et leur exclusion d’une France raciste et islamophobe ».

    • S’il faut mettre en lumière les corrélations, comme le propose Burgat, il faut aussi être en mesure d’expliquer les différences d’une façon qui soit ni contingente, ni déterministe.

      Si Burgat esquisse parfois un lien avec l’économie (L’islamisme à l’heure d’Al-Qaida , p.29), il n’y voit qu’un effet « adjuvant » (op. cit. p.83). Mais l’économie n’est pas une sphère juxtaposée à celles de la politique ou de la culture, c’est une forme sociale totale. La « troisième temporalité de l’islamisme » proposée par Burgat peut alors être aussi bien interprétée comme une réaction à la modernisation (une tentative de freiner ou de retourner en arrière) qu’une sorte d’accompagnement de la décomposition de la synthèse sociale capitaliste (sans perspective d’émancipation), avec des variations résultant des stades différenciés dans lesquels cette synthèse sociale s’est trouvée au moment où cette décomposition devient manifeste.

      http://seenthis.net/messages/328965

  • Les ressorts politiques de la mobilisation jihadiste en Europe | Les carnets de l’IREMAM
    https://iremam.hypotheses.org/6060#more-6060
    Ce long entretien de François Burgat avec Sari Hanafi m’avait échappé. Il développe une intéressante analyse des motivations au départ des djihadistes.
    En revanche, concernant les causes de l’extension du conflit régional, je suis surpris du peu d’intérêt accordé à l’action des monarchies du Golfe et notamment de l’Arabie Saoudite.

    Il est raisonnable de considérer ainsi que bon nombre des futurs jihadistes français partent d’abord en Syrie en réaction à des stigmatisations individuelles ou collectives : ségrégation à l’éducation, ségrégation plus sévère encore à l’emploi, bien sûr. Des agressions directes (comme le crachat ou toutes autres formes d’insultes dont une épouse ou une sœur peuvent être les destinataires parce qu’elles portent le voile) font partie intégrante de ce registre de la radicalisation programmée.
    Mais, on le dit moins souvent, la sensation de ségrégation résulte également et plus largement d’un banal, mais essentiel, déni de représentation politique. Ce déni se manifeste à plusieurs niveaux. Il est d’abord évident sur le terrain de la représentation élective, où les carences du système sont statistiquement évidentes. Mais il résulte également de restrictions plus pernicieuses et néanmoins particulièrement systématiques dans l’accès à la parole publique, phénomène dont les grilles des radios et des chaines du service audiovisuel public suffisent à fournir un éloquent témoignage, lorsque la voix « des uns » trouve assez systématiquement un accès plus facile que celle « des autres ». Ce déni de représentation institutionnelle et médiatique est de surcroît aggravé par une pratique qui est particulièrement développée en France : celle de la promotion médiatique très artificielle de « personnalités » musulmanes particulièrement peu représentatives. Cette méthode est en fait directement issue de la longue tradition coloniale de fabrication d’élites domestiquées (les Agha et les Bachaga de l’administration algérienne) et/ou, dans une logique plus directe encore, des différents corps des troupes indigènes dites « supplétives ». C’est dès les premières décennies de la période coloniale que ce double mécanisme de domination des « Français musulmans » avait été élaboré. La minorité de ces citoyens musulmans de seconde zone ne se voyait pas seulement imposer de facto un quasi-silence institutionnel. Il leur fallait assister à la mascarade de la promotion de ceux qui étaient réputés être leurs « représentants », fabriqués par des nominations verticales ou par des scrutins grossièrement manipulés, et dont la mission était d’exprimer en leur nom l’adhésion aux fondements de leur propre domination. C’est sans doute dans ce que je nomme la « chalghoumisation »[5] de la représentation des musulmans de France que réside l’un des tout premiers moteurs du mécontentement extrême d’une très large majorité des musulmans de France et de la radicalisation d’une infime partie d’entre eux. Les grands médias audiovisuels publics, ruisselants de bonne conscience « républicaine » et friands de plateaux télés ou de titres accrocheurs sur les « jihadistes », sont de ce fait eux-mêmes les tout premiers pourvoyeurs de ces « filières » dont ils se délectent. Il y a vingt ans déjà, dans le contexte de la guerre civile algérienne en 1995, de jeunes musulmans français que je rencontrais avaient résumé en ces termes l’origine de cette faille béante du « vivre ensemble » dont ils souffraient : « Lorsqu’à la télévision française, on parle de l’Algérie, de la Palestine ou de l’Islam, on est obligés de zapper ! Eh bien ! croyez-moi, monsieur, à force de zapper, on a mal au doigt ! »

    SH : Il y a ensuite des motivations que vous qualifiez de « positives » ?

    FB : Oui, le besoin de rompre avec un univers qui contredit les aspirations existentielles de certains citoyens, jeunes ou moins jeunes, est manifestement « complété » par d’autres motivations, plus positives celles-là. Elles s’ajoutent, mais parfois aussi elles se substituent, chez des individus parfaitement intégrés socialement et économiquement, il est essentiel de le souligner, aux motivations négatives pour déclencher à elles seules un engagement radical dans le conflit syrien d’abord, dans ses prolongements internationaux ensuite. Historiquement, l’engagement dans le conflit syrien procède banalement de l’expression d’une solidarité idéologique ou confessionnelle transnationale. Les motivations prioritairement énoncées par une majorité des partants relèvent de leur désir de porter secours à leurs frères de religion, qu’à leurs yeux, l’Occident laisse massacrer sous les barils de produits chimiques lancés par les hélicoptères du régime d’Assad. « Si ma compagnie néerlandaise était venue au secours des Syriens, j’aurais alors combattu dans ses rangs », témoignait ainsi un jeune militaire néerlandais d’origine turque. Dans l’histoire européenne, de telles solidarités infraétatiques transnationales n’ont rien de réellement nouveau. On connaît l’élan de solidarité activiste, relayé alors par des formations politiques ayant pignon sur rue, qui s’est exprimé, en 1936 en faveur des Républicains espagnols en nourrissant les rangs de « brigades internationales » où de nombreuses personnalités, notamment françaises, se sont illustrées. Ou l’engagement du Français Régis Debray dans les rangs de la guérilla bolivienne. On sait moins que la guerre civile libanaise a vu la mobilisation de plusieurs centaines de citoyens notamment des Français de confession chrétienne, qui ont combattu dans les rangs phalangistes. On ne saurait évidemment omettre la trajectoire de ces Français de confession juive qui s’enrôlent dans les rangs de l’armée israélienne, quand bien même celle-ci agit hors des cadres reconnus de la légalité internationale dans les territoires qu’elle occupe. Mentionnons incidemment enfin qu’à l’extrême opposé du spectre du « jihadisme », quelques centaines d’Européens de religion chrétienne ont rejoint la Syrie pour s’enrôler dans les rangs des combattants syriens – essentiellement kurdes – en lutte contre l’OEI.
    Par delà l’expression d’une solidarité de type humanitaire, l’OEI me semble ensuite, et plus fondamentalement encore, tirer sa force d’attraction du fait qu’elle incarne, en écho de ce que fut en 1979 l’Iran khomeyniste pour les chiites, l’utopie d’une sorte de « Sunnistan » libéré d’un tyran qui était avant tout l’expression de la mainmise occidentale. Il offre un territoire perçu tout d’abord comme permettant à ces musulmans de vivre leur religion selon la représentation qu’ils s’en font, sans aucune des entraves existantes dans le terroir européen (ou arabe) de départ. C’est ensuite un monde où, pour l’adepte de l’OEI, la défense du « Sunnistan libre », tout comme celle des victimes des politiques occidentales (et donc son autodéfense personnelle), peuvent être mise en œuvre, y compris par les armes. Le jihadiste peut répondre ainsi sur un pied d’égalité aux violences symboliques comme militaires, c’est-à-dire résultantes de stigmatisations symboliques (les caricatures) ou d’agressions physiques (les bombes) dont se rend coupable à ses yeux le camp dont il a pris le parti de se démarquer.

    Cette matrice échappe trop fréquemment aux perceptions officielles. L’appréhension de la motivation des assaillants parisiens du 7 janvier 2015 s’est limitée trop systématiquement aux seules victimes des Kalachnikovs. Il a inscrit ce faisant la confrontation dans une territorialité (et dans une temporalité) franco-française extrêmement réductrice. Or, seul un important « zoom arrière » peut permettre de considérer dans leur intégralité la territorialité et la temporalité de la confrontation et, ce faisant, d’avoir une chance d’entrapercevoir ses clefs de lecture et, le cas échéant, de traitement. Seule la prise en compte de cette territorialité large et d’une temporalité moins immédiate permet de comprendre que les motivations négatives des adeptes de la radicalisation ne se traduisent en actes que parce qu’elles résonnent au cœur d’une profonde fracture politique — largement internationale celle-là — creusée dans le sillage historique direct de la vieille fracture coloniale, par l’unilatéralisme des politiques de la France (et de ses alliés) dans le monde musulman : directement (au Mali ou en Irak) ou par allié privilégié interposé, israélien (à Gaza) ou américain (au Yémen). Rien de ce qui s’est produit à Paris n’aurait très vraisemblablement eu lieu sans ces incursions guerrières qui, pourtant, échappent presque systématiquement aux « analyses » obsédées par la « lutte contre les dérives sectaires », et concentrées sur les seuls ressorts « sociologiques » de la motivation des révoltés. Un rappel comparatif permet de souligner ce qui devrait être une évidence : pour la compréhension du message lancé par les attentats du 11 septembre 2001, quel a été l’apport de cette sociologie au rabais des auteurs des attaques ? Proche de zéro peut-on, me semble-t-il, répondre aujourd’hui.

  • « WITH OR WITHOUT THE BROTHERS » un colloque à ne pas rater, aujourd’hui et demain à Sciences Po Paris.

    http://www.sciencespo.fr/ceri/evenements/#/?lang=fr&id=4225

    Organisé par Laurent Bonnefoy, François Burgat et Stéphane Lacroix, il réunit des chercheur-e-s français, arabes, etc dont les travaux sont des références.

    WITH OR WITHOUT THE BROTHERS. DOMESTIC, REGIONAL, AND INTERNATIONAL TRENDS IN ISLAMISM (2013-2015)
    du 29/10 | 09h30 au 30/10 | 18h00

    Dans le cadre du projet ERC When Authoritarianism Fails in the Arab World

    En partenariat avec l’IREMAM, l’IFPO, et l’Université d’Oslo


    Thursday 29th of October, 2015

    9:30-9:45 Opening address by Alain Dieckhoff, Sciences Po-CERI, CNRS

    9:45-10:30 Keynote address by François Burgat, WAFAW, IREMAM
    From Ghannouchi to al-Baghdadi: The ubiquitous diversity of the Islamic lexicon

    Panel 1: Linking political exclusion to violence?

    10:30-13:15

    Chair: Loulouwa Al-Rachid, WAFAW, Sciences Po-CERI

    Sari Hanafi, WAFAW, American University of Beirut
    Transnational movement of Islamic reform: New configurations

    Bjorn Olav Utvik, Oslo University
    Myths of Ikhwan disaster: Anatomy of the 2011-1013 power struggle in Egypt

    Amal-Fatiha Abbassi, IREMAM, Sciences Po Aix
    The Muslim Brotherhood and political disengagement. The consequences of an authoritarian situation

    11:45-12:00 Coffee break

    Monica Marks, WAFAW, Oxford University
    Survivalist club or dynamic movement? Generational politics in Ennahda today

    Joas Wagemakers, Utrecht University
    With or without the others: Consolidating divisions within the Jordanian Muslim Brotherhood (2013-2015)

    Amel Boubekeur, SWP, Berlin
    Algerian Islamists and Salafis after the Arab Spring: Eroding or reloading the regime?

    Panel 2: A Resilient Muslim Brotherhood?

    14:30-16:45

    Chair: Stéphane Lacroix, WAFAW, CERI-Sciences Po

    Rory McCarthy, Oxford University
    When Islamists lose an election

    Marc Lynch, George Washington University
    Evolving transnational networks and media strategies of the Muslim Brotherhood

    Marie Vannetzel, WAFAW, CURAPP
    #R4bia: The dynamics of the pro-Mursi mobilizations in Turkey

    Dilek Yankaya, WAFAW, IREMAM
    A “transnational Islamic business network”? Rethinking the connections between Turkish, Egyptian and Tunisian “Islamic businessmen” after the Arab Springs

    16:45-17:00 Coffee break

    17:00-17:45 Open discussion on contemporary Muslim Brotherhood dynamics

    *

    Friday 30th of October, 2015

    Panel 3: The Iraqi/Syrian matrix of violence

    9:30-11:30

    Chair: Bjorn Olav Utvik, Oslo University

    Loulouwa Al-Rachid, WAFAW, CERI-Sciences Po
    The Disarray of Iraqi Sunnis

    Truls Tonnesen, FFI, Oslo
    The Iraqi origins of the “Islamic State”

    Yahya Michot, Hartford Seminary
    Ibn Taymiyya in ’Dabiq’

    Thomas Pierret, Edinburgh University
    Farewell to the vanguard: Syria’s Ahrar al-Sham Islamic movement and wartime de-radicalisation

    Tine Gade, Oslo University
    Sunnism in Lebanon after the Syrian war

    11:30-11:45 Coffee break

    Panel 4: Al-Qaeda vs. the Islamic State

    11:45-13:30
    Chair: François Burgat, WAFAW, IREMAM

    Hasan Abu Hanieh, Independent researcher
    New Jihadism: From harassment to empowerment (In Arabic)

    Brynjar Lia, Oslo University
    The jihadi movement and rebel governance: A reassertion of a patriarchal order?

    Stéphane Lacroix, WAFAW, CERI-Sciences Po
    Saudi Arabia, the Brothers and the others: the ambiguities of a complex relationship

    Abdulsalam al-Rubaidi, Al-Baidha University
    Ansar al-Sharia in South Yemen: configuration, expansion and discourse (In Arabic)

    Ismail Alexandrani, Independent researcher
    Sinai with and without the Brothers: did it matter?

    Panel 5: Muslim Brothers and their Islamist competitors

    14:30-16:45
    Chair: Sari Hanafi, WAFAW, American University of Beirut

    Muhammad Abu Rumman, Jordanian University
    Dilemmas in Salafi dynamics in the wake of the Arab democratic revolutions (In Arabic)

    Stéphane Lacroix, WAFAW, CERI-Sciences Po
    Being Salafi under Sisi: Examining the post-coup strategy of the al-Nour party

    Ahmed Zaghlul, CEDEJ, Cairo
    The nationalization of the religious sphere in Egypt (In Arabic)

    Myriam Benraad, IREMAM
    Iraqi Muslim Brothers: Between the Islamic State and a hard place

    Nicolas Dot-Pouillard, WAFAW, IFPO
    Hizbullah and Muslims Brothers: A political rupture or a contract renegotiation?

    Laurent Bonnefoy, WAFAW, Sciences Po-CERI, CNRS)
    Islahis, Salafis, Huthis: reconfigurations of the Islamist field in war torn Yemen


    16:45-17:00 Coffee break

    17:00-18:00 Concluding remarks and discussion with François Burgat (WAFAW, IREMAM) and Bernard Rougier (Paris III University).

    Conference in English and Arabic (with translation)

    Responsables scientifiques: Laurent Bonnefoy (Sciences Po-CERI, CNRS), Stéphane Lacroix (Sciences Po-CERI),François Burgat (IREMAM), Bjorn Olav Utvik (Oslo University)

    Sciences Po-CERI: 56, rue Jacob 75006 Paris (salle de conférences)

    INSCRIPTION OBLIGATOIRE auprès de nathalie.tenenbaum@sciencespo.fr

    langueAnglaislieuSalle des conférences, Bâtiment SorganisateurCERI