• affordance.info : Pourquoi je vais fermer mon compte Twitter.
    http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2018/10/pourquoi-je-vais-fermer-mon-compte-twitter.html
    http://www.affordance.info/.a/6a00d8341c622e53ef022ad3b7fa9b200b-600wi

    Je vais donc fermer mon compte Twitter lorsque j’atteindrai les 10 000 followers parce que j’ai envie d’avoir l’impression que je reste maître des espaces discursifs dans lesquels je m’exprime, pour garder une vague impression d’y être encore libre de m’y exprimer comme je l’entends afin, justement, de pouvoir me rassurer sur le fait que j’y sois entendu. Et que cette maîtrise, en tout cas sur Twitter, passe par une mesure. Et que 10 000 ce n’est plus une mesure mais, à mon échelle, la limite d’une dé-mesure.

    Je vais fermer mon compte Twitter parce que même si j’ai régulièrement pris le temps de faire un peu le ménage dans mes followers pour en éliminer l’essentiel des « bots » ou des comptes en quête de « Growth Hacking », je n’ai honnêtement plus trop le temps de le faire.

    Et puis fermer un compte (Twitter ou autre) c’est aussi mesurer, à l’échelle de la subjectivité de ses propres usages, quelle est la vraie valeur du service associé au dit compte. Pour Twitter en l’occurence, cette valeur est toute entière dans le liste des 666 comptes dont je suis moi-même le suiveur et qui alimentent l’essentiel de mon activité de veille personnelle, professionnelle et sociale. Et pour lesquels je suis à la recherche d’une méthode rapide voire automatique pour m’y réabonner depuis mon futur nouveau compte (à vos avis et conseils :-)
    Voilà pourquoi je vais fermer mon compte Twitter ... et en ouvrir un autre bien sûr.

    Je vais bien sûr conserver tout ce que j’ai dit sur Twitter depuis la création de mon (premier) compte. Je déposerai cette archive sur ce blog. Ou quelque part ailleurs sur les internets. Elle est peut-être probablement déjà archivée dans une bibliothèque américaine pour la période 2006-2017 en tout cas. Et j’avoue avoir autant de raisons de faire cela que de garder de vieux cartons de cours de classe de première chez moi. C’est à dire aucune autre que l’illusion que cela pourrait un jour servir sans vraiment savoir à qui ou à quoi.

    Et je continuerai de m’exprimer dans ces espaces numériques divers qui sont autant d’espaces distincts : sur ce blog en premier lieu, sur Facebook également, sur Twitter constamment, dans des médias ou des congrès et revues scientifiques plus rarement. Il est vital de préserver la diversité de ces espaces discursifs. De tous ces espaces discursifs. De disposer d’espaces différenciés pour des pratiques différenciées.

    #Olivier_Ertzscheid #Affordance #Twitter

  • affordance.info : « Le » numérique, la maman et la putain.
    http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2018/09/les-jeunes-les-ecrans-youtube-les-ordinateurs-en-cours-toussa.ht
    http://www.affordance.info/.a/6a00d8341c622e53ef022ad3b41ce7200b-600wi

    par Olivier Ertzscheid

    La question centrale qui nous taraude à des niveaux divers en tant qu’enseignants, particulièrement à l’université, c’est celle de la meilleure articulation possible entre ces deux injonctions a priori contradictoires et ces deux postures disposant chacune d’arguments imparables sur la/les meilleure(s) manière(s) de réguler l’attention et sur celle(s) de la capter : comment peut-on justifier le fait de vouloir à la fois interdire l’usage d’internet dans les amphis et en même temps reconnaître l’importance de ce média dans les processus d’apprentissage et lui laisser une place de choix comme « ressource » dans les mêmes processus d’apprentissage ? Injonction contradictoire qui fonctionne aussi si vous remplacez « internet » par « ordinateurs » dans la phrase précédente.

    #Economie_attention #Education

  • We need to talk. A propos du père Noël, des mensonges d’état et des interfaces vocales.
    http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2018/09/we-need-to-talk.html

    Alors donc les lecteurs réguliers de ma prose connaissent ma fascination pour le secteur des assistants vocaux. En même temps je ne suis pas le seul à être fasciné par les machines qui parlent, c’est carrément un pan entier de la littérature de science-fiction. Bref. Pour les autres quelques indices : Mars 2012 : la voix du web. Mai 2013 : il ne lui manquait plus que la parole. Mars 2014 : D’après « Elle » de Spike Jonze. Avril 2014 : Conversations capitales. Novembre 2014 : Alpha papa tango charlie. (...)

    #Alexa #HomePod #domotique #Home #voix #algorithme

    http://www.affordance.info/.a/6a00d8341c622e53ef022ad36d55ae200c-600wi

  • Aucun algorithme jamais, ne pourra défendre la démocratie.
    http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2018/09/qui-veut-proteger-democratie.html

    (Mais n’importe lequel d’entre eux opérant au sein d’architectures techniques toxiques à large échelle est capable de la corrompre.) Le 4 septembre 2018, Mark Zuckerberg a publié sur le Washington Post une tribune intitulée « Protéger la démocratie est une course aux armements. Voici comment Facebook peut nous y aider ». Dix jours plus tard c’est sur sa plateforme qu’il annonce « se préparer pour les élections » : il liste les risques, les biais, les détournements, les logiques d’influence et de (...)

    #Facebook #algorithme #manipulation #domination #solutionnisme #vote #prédictif #marketing (...)

    ##profiling

    • « le problème de Facebook n’est pas un problème de contrôle des esprits mais un problème de corruption : Cambridge Analytica n’a pas convaincu des gens ordinaires de devenir racistes mais ils ont convaincu des racistes d’aller voter »

  • Il faut re-civiliser internet.
    http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2018/09/il-faut-re-civiliser-internet.html

    Non mais là faut arrêter Mounir. Sérieux. Va redécorer les murs de la start-up nation avec des post-it fluos, va contempler des gifs animés de chats qui parlent, va tirer une latte sur le joint d’Elon Musk si tu veux, fais tout ce que tu jugeras nécessaire pour te détendre mais s’il te plaît arrête de vouloir re-civiliser l’internet.

    Dans la « vraie vie » aussi Mounir, il y a des gens qui se font insulter dans le bus. Et dans le vrai Twitter, Mounir, il y a plein, mais alors vraiment plein de gens parfaitement civilisés et usant de civilités. Alors oui ce ne sont pas ceux que l’on voit ou que l’on entend le plus quand on a un compte de « ministre » ou de « personnalité publique ». Ce ne sont pas ceux que tu vois le plus. Certainement. Mais ça c’est la faute à un vieux truc qu’internet n’a pas inventé et qui s’appelle la notoriété. 

    Si j’avais le temps je te renverrai bien une bibliographie fournie sur les logiques virales et les comportements en ligne. Si j’avais 5 minutes je te conseillerai volontiers de regarder les travaux que je cite lorsque, sur ce blog ou ailleurs, j’évoque la question de la lutte contre la haine sur le web. Mais je n’ai pas le temps Mounir. J’ai un bus à prendre avec des copains de Twitter.

  • Les algorithmes du Dr Frankenstein (ou pourquoi faut pas pousser la créature algorithmique dans les Datas)
    http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2018/09/algorithmes-frankenstein.html

    Pour le dire autrement, à l’échelle de l’hypothèse d’une gouvernementalité algorithmique qui serait ou se verrait souveraine, le risque de faux-positifs est perçu et traité comme un biais nécessaire pour optimiser la gouvernance ; alors que dans une société démocratique le risque de faux-positif est un signal qui permet de repérer et d’éviter des dysfonctionnements législatifs, politiques et institutionnels. Une démocratie non-algorithmique n’acceptera jamais de mettre 10 innocents en prison si elle a la certitude qu’un seul coupable figure parmi eux, une gouvernance algorithmique considèrera que c’est un mal nécessaire pour optimiser statistiquement la mise en sécurité de la population.

    Ces Franken-algorithmes ont deux caractéristiques : ils sont opaques (y compris donc souvent pour ceux qui en conçoivent la version initiale) et imprévisibles. A l’opposé on trouve des algorithmes également opaques (pour des raisons commerciales) mais par contre parfaitement prévisibles. Algorithmes que l’article du Guardian qualifie de « Dumbs » (idiots).

    Les algorithmes à la fois opaques et prévisibles sont donc en effet « stupides ». Parmi les exemples on pourra citer le processus qui, sur Facebook, classe systématiquement comme « pornographie » toute photo ou représentation d’organes génitaux masculins et féminins, incapable ainsi de reconnaître des oeuvres d’art ("L’origine du monde" de Courbet) ou des photos à caractère historique (comme celle du prix Pulitzer de la petite Kim fuyant les bombardements au Vietnam).

  • affordance.info
    http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2018/08/fiabilite-facebook.html
    http://up6.typepad.com/6a00d8341c622e53ef00e54ff2c10e8833-220si

    par Olivier Ertzscheid

    Nous sommes en Août 2018 et le Washington Post nous apprend que Facebook vient de mettre en place un système de notation de la « fiabilité » de ses utilisateurs.
    Pourquoi un indice de fiabilité est une fable.

    En plus d’être déjà « classés » et indexés en fonction de nos activités, de nos géo-localisations ou de nos centres d’intérêts, nous allons désormais l’être aussi en fonction d’un score de crédibilité ou plus exactement d’un score de « fiabilité » ("Trustworthiness") étalonné entre 0 et 1 et dont seule la plateforme disposera.

    Facebook en réalité se moque de savoir si nous sommes « crédibles », c’est à dire de savoir si ce que nous écrivons ou relayons renvoie à une forme de vérité objectivable ; ce dont Facebook se soucie et ce qu’il veut donc désormais mesurer c’est bien notre « fiabilité », et la nuance est d’importance. La « fiabilité » est une métrique qui est raccord avec le moteur de la plateforme qui est la notion « d’engagement ». Ainsi un utilisateur néo-nazi qui relaie une info annonçant que les migrants mangent leurs enfants et qu’il va aller les jeter au bout de la terre qui est plate, ce néo-nazi est un utilisateur qui n’est pas une seconde crédible mais qui est en revanche totalement fiable dans la constance - par ailleurs navrante - de ses convictions. C’est cette fiabilité que Facebook cherche à quantifier pour - c’est en tout cas ce qu’ils prétendent - permettre de mieux repérer les faux-comptes ou ceux qui relaient le plus souvent de fausses informations.

    Sur le fond, on peut d’ailleurs se réjouir que Facebook préfère évaluer notre « fiabilité » plutôt que notre « crédibilité », l’inverse indiquerait en effet que la plateforme adopte une position morale pour définir ce qui est vrai / crédible et ce qui ne l’est pas. Et à l’échelle de 2,5 milliards d’utilisateurs ce serait excessivement dangereux. Et dans le même temps, l’exemple de l’utilisateur néo-nazi que j’ai choisi montre bien à quel point cette « fiabilité » ne permettra aucunement de résoudre le problème des logiques de désinformation ou de « fake news », qui, comme j’ai souvent essayé de l’expliquer, n’ont rien à voir avec l’information mais sont liées aux architectures techniques toxiques qui favorisent et entretiennent certains modes de circulation et de diffusion garants d’un modèle économique.

    Pour Facebook comme pour d’autres, le seul et unique moyen de revenir à des interactions saines à l’échelle collective est d’abandonner le modèle économique qui est le sien et qui continuera inexorablement de susciter diverses formes spéculatives du discours haineux. Ce qu’il ne fera jamais. Ce modèle économique définissant son rapport à la vérité au travers de l’unique vecteur de « l’engagement » (apparaît comme « vrai » ce qui suscite le plus d’engagement et donc d’interactions), et Facebook ne pouvant ni ne voulant abolir ce modèle, la plateforme s’attaque alors « logiquement » au rapport à la crédibilité de ses propres utilisateurs au travers de cette notion de « fiabilité ». C’est à dire qu’une fois de plus et conformément à une forme diluée de libertarianisme qui nourrit l’idéologie de la plateforme, celle-ci considère que la meilleure réponse ne se trouve pas à l’échelle collective mais à l’échelle individuelle. On en avait déjà eu la démonstration lors de la lettre de Zuckerberg à la nation Facebook en Mars 2017, dans laquelle pour résoudre les problèmes liés à la représentation de la violence ou de la nudité il avait renvoyé chacun à ses propres critères de tolérance ou d’acceptabilité.

    Et c’est enfin car derrière ce score de « fiabilité » ne cherche même plus à se cacher l’idée aussi folle qu’inquiétante d’une rationalisation automatisée ou automatisable d’un rapport individuel à l’information absout de tout rapport collectif à une quelconque forme de vérité(s) objectivable(s). Le solutionnisme technologique est intrinsèquement lié à une forme de relativisme moral individualiste.

    Même si, en première intention, on peut se rassurer en se disant, comme le rappelle Numérama qu’il s’agit juste pour la plateforme de « déterminer le degré de confiance que le site peut raisonnablement avoir face aux actions de chaque inscrit », même si ce « scoring » n’est qu’un « indice comportemental parmi des milliers d’autres », il est aussi et surtout une manière tout à fait perverse et biaisée de fabriquer des représentations sociales individuelles et collectives tout en se défendant de le faire, des représentations qui ne reposent le plus souvent que sur la dimension pulsionnelle du rapport à l’information.

    Libertarianisme (économico-politique), solutionnisme (technologique) et relativisme (moral) : la sainte trinité de l’évangile des plateformes.

    #Facebook #Calculabilité #Fiabilité

    • En macro-économie la #loi_de_Goodhart indique que «  lorsqu’une mesure devient un objectif, elle cesse d’être une bonne mesure.  » Est-il besoin de développer ?

      J’oublie toujours le nom de cette loi… Sans doute, parce que c’est, pour moi, une évidence. Sa reformulation dans l’intertitre qui suit a plus de chance de me rester en mémoire…

      Dans chaque « métrique » il y a des coups de trique.

      #KPI ;-)

    • Et c’est enfin car derrière ce score de «  fiabilité  » ne cherche même plus à se cacher l’idée aussi folle qu’inquiétante d’une rationalisation automatisée ou automatisable d’un rapport individuel à l’information absout de tout rapport collectif à une quelconque forme de vérité(s) objectivable(s). Le solutionnisme technologique est intrinsèquement lié à une forme de relativisme moral individualiste.

    • Passionnant, #merci !

      Géolinguistique.
      La Chine est depuis cette année la première puissance économique de la planète, passant devant les Etats-Unis. Elle est également, le fait est connu au moins depuis Jacques Dutronc, la première puissance démographique de la planète. Et donc également, grâce au mandarin, la première puissance linguistique de la planète en nombre de locuteurs natifs.

      D’une certaine manière, Google est également la première puissance linguistique de la planète. Le « volume » du matériau linguistique capté, collecté, traité et analysé chaque jour par le moteur de recherche depuis désormais 20 ans est sans aucun équivalent tant dans l’aspect quantitatif (volumétrie pure des données linguistiques) que dans l’aspect « qualitatif » renvoyant au nombre de langues analysées et au niveau de service proposé pour chacune (de la traduction à la volée en passant par la consultation de textes rares et l’ensemble des services « vocaux » nécessitant une compréhension minimale de la langue concernée).

      C’est donc un affrontement de nature géo-linguistique qui fait tout l’intérêt des rapports entre Google et la Chine, entre la libellule et la muraille.

      Et ce que définit la langue est d’abord un rapport au territoire. Un passe-muraille.

    • Dystopy, is what we need my friend.
      […]
      Il me semble que nous sommes aujourd’hui à la phase d’après. Celle où les gens ont cliqué sur suffisamment de publicités et ont, ce faisant, accepté suffisamment de technologies de traçage actif ou passif pour que les conditions d’existence d’une forme de pouvoir autoritaire soient réunies et surtout pour qu’elle soient en passe d’être acceptées comme naturelles ou, pire, comme légitimes.

      La question essentielle se déplace donc : il ne s’agit plus de savoir si nous acceptons ou si nous refusons ce traçage publicitaire (débat permis et en partie résolu par le RGPD) ; il s’agit de savoir si nous acceptons ou si nous refusons cette forme de néo-fascisme documentaire propre au totalitarisme littéral des plateformes et le cadre économico-politique qui est sa condition d’existence première.

    • rien que les intertitres…

      Géolocaliser et punir.
      […]
      Police partout, politique nulle part.
      […]
      Ce qui me semble le plus frappant dans cette histoire, finalement, c’est l’absence totale de réflexion et de prise de position politique (autre que celle visible de quelques dîners mondains ou celle, invisible, de formes aussi classiques que perverses de lobbying). Croire que les états n’ont pas à se mêler de la stratégie d’entreprises comme Google, Facebook ou Amazon au motif que nous ne serions, justement, pas en Chine ou dans un pays communiste est aujourd’hui le triple aveu d’un dépassement, d’une impuissance et d’une incapacité à penser ce qui se joue réellement à l’échelle politique.

      Et en même temps ... imaginer que des états, que nos états actuels, gouvernés par des bouffons narcissiques de la finance ou par des clowns égocentriques ivres de leur nationalisme, imaginer que ces états puissent aujourd’hui se mêler du projet politique de ces mêmes firmes n’apparaît pas davantage comme une solution souhaitable.

    • “Our findings suggest that censorship in China is effective not only because the regime makes it difficult to access sensitive information, but also because it fosters an environment in which citizens do not demand such information in the first place,” the scholars wrote."

      Latour, un peu plus loin, très bonne citation :

      Des questions liées : subsistance, visualisation, protection et défense. Mais supposez que vous n’ayez aucune idée précise de ce qui vous permet de subsister, ou une idée tellement abstraite que vous restiez suspendu en l’air, pratiquement hors sol, quand je vous pose la question : « Qui êtes-vous, que voulez-vous, où habitez-vous ? » Eh bien, je prétends que n’ayant pas de monde concret à décrire, vous êtes devenus incapables de définir vos « intérêts » et qu’ainsi, vous ne pourrez plus articuler aucune position politique vaguement défendable. Je prétends que la situation actuelle de retour général à l’Etat-nation derrière des murs vient directement de cette totale impossibilité de préciser quels intérêts on défend. Comment avoir des intérêts si vous ne pouvez pas décrire votre monde ?

  • Lettre type contre le captcha google

    et bonjour à @seenthis pour son google analytics

    je vous invite à utiliser cette lettre type lorsqu’un site vous oblige à utiliser le captcha de google, voir également https://seenthis.net/messages/665225

    Bonjour,

    Je vous écris pour m’insurger sur l’usage d’un captcha mis à disposition par Google pour accéder à mon compte sur votre site nom url http://…

    Vous l’ignorez peut-être, mais les développeurs web de votre site ont intégré des scripts externes comme le captcha de cette page de login https://…

    Malgré un simulacre de gratuité ces scripts permettent à Google de s’enrichir à nos dépens et aux dépens de nos libertés, individuelles et collectives :

    – via ce captcha, Google récupère l’adresse IP unique de chacun·e de vos visiteurs et visiteuses, ce qui permet de recroiser les données éparses de navigation web et alimente la surveillance des personnes mais aussi des entreprises, dont la vôtre ;

    – via ce captcha, Google, qui a signé une collaboration avec la défense militaire américaine améliore l’apprentissage IA des drones tueurs en les aidant à reconnaître des objets.
    http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2018/03/im-a-digital-worker-killing-an-arab.html
    Utiliser ce captcha est se rendre complice de leurs exactions militaires, ce qui m’est insupportable ;

    – via ce captcha, Google me prive de tout accès à mon compte sur votre site, me fait perdre du temps à vous écrire pour vous éduquer/signaler la dépendance dangereuse que vous entretenez face à Google, et me donne envie de quitter vos services.

    Pour toutes ces raisons, je vous demande de faire cesser l’usage de scripts externes sur le site de … et de faire suivre ce mail à votre direction.

    Espérant une réponse prochaine, je vous prie d’accepter mes salutations.

    signature

    #captcha_Google_kill #maven

    • Merci @aude_v corrigé !
      Ce texte est perfectible, mes tournures de phrases ne sont pas forcément les bonnes et son écriture peut tout à fait se repenser même à plusieurs, voire proposer différentes versions. Mais encore faut-il que cela fasse écho, ce qui n’a pas l’air d’être trop le cas ici.

      J’avais juste envie que l’idée soit au moins lancée et avoir sous la main un texte à coller dans un mail facilement.

      Pratiquement tous les sites des administrations françaises sont maintenant truffées de ces pourritures avec obligation d’usage. Par exemple sur le site de Pole Emploi comme le raconte @ninachani. Comme les jeunes devs ne semblent pas formés à la critique technologique, les sites des entreprises qu’ils mettent en place sont eux-mêmes construits avec les outils google, ce texte s’adresse aussi à leur sens des responsabilités.

    • Je suis dans une association... le bureau a été renouvelé récemment, ce qui est une bonne chose, il faut du renouvellement !
      Il y a deux ou trois ans, on avait besoin de faire un sondage aux adhérents. J’avais monté un Lime Survey sur l’hébergement de l’association. Et on l’avait réutilisé l’an dernier.
      Et donc, ce matin, je reçois un lien, en provenance du nouveau président de l’association, et qui propose de remplir un sondage, chez Survey Monkey, une énième boite à proposer « gratuitement » de faire ce que des produits libres et auto-hébergeables font très bien.
      Je n’ai même pas cliqué sur le lien.
      Et puis ça démontre que la mémoire d’une association, ça n’est pas un truc naturel.
      Et enfin, ils sont vraiment pénibles tous ces outils gratuits et commerciaux à la fois...

    • @biggrizzly naïve j’ai donné mon vrai mail pour participer aux rdvs de militantes féministes bien connue et voila que je reçois des mails de leur google group 8-s
      1/ je n’ai jamais donné mon accord pour qu’elles m’ inscrivent sur google
      2/ je suis sur le cul de voir des militantes monter des actions sur google groups, c’est aussi désespérant que si tu téléphonais aux flics avant chaque rdv pour leur donner l’heure et le lieu

    • Super @aude_v mieux vaut effectivement simplifier le propos et les phrases, du coup je propose

      Je me permets de vous signaler que ce simulacre de gratuité permet à Google de s’enrichir à nos dépens et aux dépens de nos libertés, individuelles et collectives :

    • Booonnn, alors j’ai repris ta proposition, resimplifié quelques passages, essayé d’inclure la complicité de meurtre et il me semble que ça commence à être mieux :) merci @aude_v et les autres et surtout si quelque chose vous gêne n’hésitez pas !

    • C’est marrant, j’ai l’impression que ça n’intéresse personne sur seenthis le sujet de la défense des libertés et des données personnelles, aucune des pages écrites récemment contre le #fichage_généralisé #doctolib ou contre les gafa comme https://seenthis.net/messages/665225 n’est suffisament étoilé pour franchir la barre de @7h36
      Ce sont des sujets que je documente régulièrement et que je ne vais pas aller aborder sur FB ou Twitter pour des raisons évidentes. Seulement j’ai l’impression que cela ne fait jamais tilt ici et je m’en désole.

    • Sur ce sujet, le plus réactif semble être #Mastodon, sauf qu’avec la grosse limite du bridage du moteur de recherche, je n’arrive pas à en faire mon support principal. Du coup je trouve qu’ici, c’est le support le plus adéquat. Je comprends ta frustration...

  • Ma thèse en 180 secondes. Et ma main dans ton pitch à la con.

    http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2018/06/ma-these-en-180-secondes.html

    Alors oui je suis énervé. Depuis quelques temps le concours « ma thèse en 180 secondes » inonde mes réseaux sociaux et ma radio (France Inter étant partenaire dudit concours).

    Aujourd’hui le « pitch » est devenu l’alpha et l’omega d’une pensée exclusivement formatée pour ne rien faire d’autre que convaincre de son propre intérêt et de sa propre supériorité supposée. Une pensée repliée sur sa propre vanité, c’est à dire l’inverse d’une réflexion tournée vers le monde. Une pensée « magique » à la recherche d’argent magique. Et en rythme s’il vous plaît. Au pas cadencé. Pitcher ce n’est pas expliquer et ce n’est surtout pas raisonner.

    Pitcher c’est manger et chier en même temps, en oubliant l’étape de la digestion. Accepter de pitcher c’est accepter une humiliation d’autant plus perverse et retorse qu’elle est en apparence librement consentie et qu’elle s’exerce dans des couleurs pastels devant des parterres de Business Angels à la recherche de la prochaine « Licorne ».

    Rien que ça d’ailleurs : des « Business Angels » à la recherche de la prochaine « licorne ». Des « Anges » ??? Qui cherchent des « licornes » ??? Sérieusement ??? A quel moment est-ce qu’on a collectivement raté l’étape consistant à demander à tous ces gens d’aller consulter en psychiatrie et d’arrêter de fantasmer leur rôle sociétal à l’aune de la rationalité de Télétubbies bloqués au stade anal ???

  • « De l’inconvénient d’être né » ... connecté.
    http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2018/06/inconvenient-etre-ne-connecte.html

    Dans un article récent sur les interfaces cerveau-machine, j’écrivais ceci : "Le passage à l’échelle, la « scalabilité » de toutes ces technologies numériques de la mesure, fait que le moindre startupper ne devrait plus pouvoir faire l’économie d’une réflexion éthique et politique sur le service qu’il souhaite lancer. Mais c’est - presque - un autre sujet." C’est de cet « autre sujet » que je voudrais vous parler aujourd’hui rapidement. Je suis tombé sur cet entretien de Ferdinand Rousseau, co-fondateur (...)

    #Weenect #géolocalisation #famille

  • affordance.info : Le code, la loi, la start-up nation et le business-model de mes burnes.
    http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2018/05/code-loi-start-up-nation-business-model-burnes.html
    http://www.affordance.info/.a/6a00d8341c622e53ef0223c84f17dc200c-600wi

    Il y a des journées fatigantes. De celles où tu te demandes si la totalité de la start-up nation n’a pas monté une coalition du nimp afin d’éprouver les limites de ta patience. Hier était l’une de ces journées.

    Il faudrait citer tout l’article, donc juste le début et allez lire le reste ;-)

    J’suis d’accord avec tout.

  • Les aventures de la gouvernance sont de plus en plus drôles, si c’était drôle. Mais ce n’est pas drôle. Nous sommes bien d’accord. Depuis un peu plus d’un an des peigne-culs de droite qui nous viennent tout droit du milieu de l’entreprise comme ils et elles disent ― mon esprit retors entend souvent l’entreprise du milieu, pour ne pas dire la mafia, mais j’ai l’esprit retors ―, ces peigne-culs donc, ne cessent de nous expliquer que comme ils et elles ont su diriger leurs entreprises, vous allez voir ce que vous allez voir, ils et elles vont faire des étincelles, une merveille de gestion, de gouvernance, ça va être autre chose. Ça va même piquer un peu.

    Pour celles et ceux, qui comme moi, subissent déjà de telles méthodes dans leur environnement professionnel, cela n’a, en fait, rien de très tranquillisant que ce qui relève des avanies quotidiennes de cette saloperie de gouvernance puisse être agrandi et porté à une échelle supérieure, celle nationale, non, cela n’a rien de très rassurant, parce que c’est assez drôle, si c’était drôle, de constater quotidiennement que la gouvernance, même pour des choses nettement plus simples que de, disons, pas tout à fait au hasard, répondre à la demande de formation de toute une promotion de bacheliers et bachelières, même pour des choses moins grandes, nettement moins grandes et nettement moins compliquées, force est de constater que la gouvernance, les procédures, le management, bref cette façon contemporaine de saloper le boulot, ça ne porte pas beaucoup ses fruits et on ne va pas vers la qualité, tant s’en faut.

    Pour tout vous dire, à 53 ans, quand à mon travail de (très) modeste ingénieur informaticien entiè-rement dépassé, imposteur since 1984, je pressens que la gouvernance nous pousse tout droit vers le ratage, il y a longtemps que d’une part j’ai cessé de m’en faire, mais d’autre part, il faut bien l’avouer, il m’arrive même, esprit retors, et un peu pervers, d’en concevoir un peu de plaisir, je sais c’est mal. Parce qu’après tout quand une Très Grande Entreprise trébuche, c’est assez plaisant à contempler. Et puis je boude mal le plaisir de constater que des raisonnements issus de feuilles de calculs ― la feuille de calcul c’est l’invention du diable ― accouchent d’échecs dont on se rend compte au travers des mêmes feuilles de calcul, mais disons replacées et relues dans le bon sens, celui de la réalité, oui, oui, tout ceci est un peu pervers, mais tellement plaisant.

    En revanche, ces façons, la gouvernance, la pensée-feuille de calcul, quand elles s’appliquent à notre destinée à toutes et tous, aux affaires de la cité, à la politique donc, là déjà cela m’amuse moins et même cela m’effraie. Parce que c’est effrayant.

    Donc les peigne-culs de la gestion, des procédures, de la gouvernance de l’entreprise du milieu avaient promis de nous en remontrer pour ce qui était de l’orientation des bacheliers de 2018 ― ça serait un peu autre chose que la version précédente, qui, de fait, était perfectible, c’est mal dire. Et le moindre que l’on puisse dire, c’est que le résultat est au rendez-vous et dépasse toutes les espérances d’efficacité : la moitié des futures bachelières et bacheliers sont sans affectation. Alors on a tôt fait de se moquer, de dire que l’algo ceci, l’algo cela, et je suis à peu près certain que dans le Sinistère de la Rééducation, cela doit monter dans les tours, qu’est-ce qu’on a encore foutu à l’informatique ? Et je ne doute pas que nous aurons bientôt droit à des commentaires, en off bien sûr, de ces grands gestionnaires du milieu pour dire que voilà évidemment, on a donné cela à faire à des fonctionnaires de l’informatique et que voilà le résultat, et ne doutez pas que la prochaine fois on confiera cela au privé (si, au passage, ce n’est pas déjà fait).

    Et bien n’y voyez aucune solidarité professionnelle d’un ingénieur informaticien en fin de carrière pour ses compagnes et compagnons soutiers de misère, mais je pense que le résultat de cette cam-pagne est juste et même que cette justesse saute aux yeux. En effet, il est confondant pour moi de constater à quel point l’outil informatique de cette gouvernance merdique renvoie à ses commandi-taires l’image exacte qu’ils et elles se font, en fait, de la jeunesse : refusée et en attente pour la plus grande part.

    Et de tels impensés de la gouvernance sont de plus en plus visibles et même saillants. Et c’est bien cela que je trouve stupéfiant dans cette gouvernance, c’est que son mensonge est de plus en plus visible. Il est transparent.

    Oui, ça commence à se voir.

    #pendant_qu’il_est_trop_tard

  • Le jeune président de la Start-up Nation était en fait un vieux con comme les autres (Olivier Ertzscheid, affordance.info)
    http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2018/05/jeune-president-vieux-con.html

    La logique du truc m’est apparue.

    J’ai compris que le projet politique de notre jeune président était de semer une graine : celle de l’humiliation quotidienne, celle de l’intranquillité permanente qui fait grandir la résignation qui, à son tour, façonnera le corps et l’âme de la chair à Managers dont a besoin le patronat. Et puis bien sûr, la graine de la concurrence. Toujours mettre les gens en concurrence.

    #éducation #université #sélection #éducation_supérieure #lycée #secondaire #humiliation #jeunesse #concurrence

    Pour en savoir plus sur #Parcoursup : https://seenthis.net/messages/696583

  • affordance.info : Le jeune président de la Start-up Nation était en fait un vieux con comme les autres.
    http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2018/05/jeune-president-vieux-con.html

    Ce pari de l’humiliation de la jeunesse, s’il était mené à son terme, serait une victoire éclatante : la victoire des managers. Car toute cette histoire n’est rien d’autre qu’un conditionnement, une préparation aux formes routinières de management par le stress qui attend cette jeunesse et que réclame le Medef.

    Comme dans tout pari osé bien sûr il y avait un risque. Le risque d’une rébellion. Et que cette rébellion prenne. Toute étincelle si faible qu’elle soit devait immédiatement être douchée.

    Ils sont une vingtaine de lycéens et de lycéennes, tous et toutes mineur(e)s, à avoir passé 48 heures en garde à vue et à être aujourd’hui mis en examen. A 17 ans. Motif ? Refus de résignation. Refus d’humiliation. Refus du bâillon. Ils ont, avec des adultes dont certains sont enseignants, osé tenté d’occuper un lycée parisien. Je dis bien « tenté d’occuper ». Pacifiquement qui plus est. Le jeune président et son ministre de l’intérieur cacochyme, mais le jeune président avant tout, a collé en garde à vue et mis en examen plus d’une vingtaine de lycéens mineurs parce qu’ils ont voulu manifester leur sentiment d’humiliation devant une machinerie sociale qui craque de toute part et où chaque repère est patiemment foutu en l’air par une agitation qui se veut « réformatrice » et qui n’est que destructrice.

    On n’est pas sérieux quand on a 17 ans. On n’est pas sérieux, on n’est pas en garde à vue, on n’est pas mis en examen. La honte et la colère que je ressens ce soir n’est pas prête de s’éteindre. Mais ma colère ne compte pas.

    #parcoursup

  • Cherchez et vous trouverez. L’évangile médical selon Google - affordance.info
    http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2018/03/cherchez-et-vous-trouverez-evangile-medical-google.html

    L’appétence des GAFAM pour le domaine de la santé n’est plus à démontrer. Leur stratégie pour dénicher « le prochain milliard » d’utilisateurs est aussi lisible et assumée que problématique (les enfants et les pays émergents et surtout les enfants des pays émergents). Enfin, les situations (et les pays) où ces mêmes GAFAM assument et assurent toujours davantage de missions anciennement régaliennes, en raison des carences structurelles de certains états ou du choix politique de certains autres d’abandonner certains services publics, ces situations se multiplient dans le domaine de l’éducation, de la médecine, du transport, de l’accès à l’emploi, de la formation, etc ...

  • affordance.info : Fifty Shades of Fake. Le jour des fous et des mensonges. Et les 364 autres.
    http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2018/04/fifty-shades-of-fake.html
    http://www.affordance.info/.a/6a00d8341c622e53ef0224e033b5f3200d-600wi

    par Olivier Ertzscheid

    De mon point de vue, trois raisons suffisent à expliquer et à circonscrire l’ampleur actuelle du phénomène des Fake News et à constater qu’à rebours du poisson qui n’est pas que d’Avril, l’affaire, elle, est quasi-insoluble :

    une architecture technique toxique au service du faux,
    nos biais cognitifs (dont notre appétence pour le faux),
    les régimes de vérité propres à chaque plateforme.

    Au demeurant la différence entre ces régimes de vérité explique le récent (22 mars 2018) « clash » entre Google et Facebook sur le sujet des Fake News. Facebook défend un positionnement « hybride » qui l’amènerait à accréditer certaines sources et certains journalistes alors que Google s’y refuse en y voyant un risque pour la liberté d’expression. De fait, la popularité - le régime de vérité de Google - est une externalité, alors que celui de Facebook - l’engagement - suppose un contrôle total des internalités. De son côté, Twitter ayant toujours autant de mal à trouver un modèle économique qu’un régime de vérité, préfère officiellement se reposer sur un postulat d’auto-organisation en feignant d’oublier les effets de la tyrannie des agissants qu’entretient là encore sa propre architecture de la viralité.

    Il serait naïf de croire que les changements de règle annoncés (comme par exemple le fait de « purger » des pages ou des sites de presse qui masqueraient délibérément leur pays d’origine) seront pérennes. Chacun des GAFAM nous a habitué à des évolutions de leurs CGU aussi floues que brutales et ne correspondant à aucune autre logique que celle d’éteindre un incendie médiatique entamant leur image ou de permettre d’augmenter leurs marges et leurs revenus. La seule règle que les plateformes appliquent avec constance est celle de la dérégulation.

    Il est illusoire de croire que les actionnaires des plateformes renonceront à une partie de leurs dividendes au prix d’une lutte contre la désinformation. Ils l’ont explicitement indiqué, la garantie de leurs marges ne se négocie pas. Un écho aux fabriquants de Fake News qui assument à titre individuel des motivations au moins autant financières qu’idéologiques (lire également le reportage saisissant de Wired sur les jeunes rédacteurs de Fake News en Macédoine).

    Il n’y a rien à attendre de la rémunération des éditeurs et des sites de presse par des plateformes, plateformes dont l’architecture technique est la condition d’existence du problème qu’elles prétendent vouloir régler. Facebook rémunérant des Fact-Checkers c’est aussi pertinent que l’industrie du tabac rémunérant des pneumologues.

    Sinon on peut aussi laisser le même Facebook financer un programme de recherche sur la désinformation, ou faire confiance au Figaro pour enquêter sur Serge Dassault.

    De son côté Facebook avait annoncé en Août 2017 qu’il allait priver de publicité (= de la possibilité de lui acheter de la publicité) les pages diffusant des Fake News. Mais que la mesure était temporaire et que si les pages se remettaient à publier de vraies informations elles pourraient de nouveau acheter de la publicité, et que bien sûr les pages (détectées on ne sait pas trop sur quelle base ni avec quel systématisme ou quelle régularité) ne seraient pas supprimées. Notez bien que dès Novembre 2016, au lendemain de l’élection de Trump, Google et Facebook annonçaient déjà leur intention de restreindre et de limiter l’accès à leurs régies publicitaire pour les sites « douteux ». Il faut croire que ces mesures n’ont pas été suivies d’effet probants. A moins bien sûr qu’elles n’aient que très mollement été mises en oeuvre ...

    Internet a bouleversé, durablement et radicalement, les régimes de construction des opinions. C’est un fait et non un faux. Et il faut l’accepter et le comprendre comme tel.

    Internet a - entre autres - inauguré une société des avis. Tout est noté et notable. Avisé et avisable. Des avis déposés sur tout et sur n’importe quoi, des objets, des compétences, des gens, des lieux, et des avis autorisés seulement par l’entremise des mêmes infrastructures et architectures techniques qui les nécessitent pour entretenir un modèle d’affaire qui devient toxique pour toute forme de diversité dès qu’il passe à l’échelle industrielle.

    A ce stade du raisonnement, du constat et des propositions ci-dessus, n’oublions pas que le principal problème de nos sociétés, démocratiques autant que connectées, n’est pas celui des Fake News mais celui de phénomènes spéculatifs qui relèvent d’une triple forme de capitalisme : capitalisme cognitif (à l’échelle macro), capitalisme de la surveillance (à l’échelle structurelle) et sémio-capitalisme à l’échelle conjoncturelle

    Plus globalement ce qui est en cause ici c’est l’explosion circonstancielle ou délibérée de nos cadres collectifs d’énonciation, d’éducation et d’entendement. Et des repères mémoriels qu’ils contribuent à construire, à préserver et à expliciter. Et à ce titre lutter contre les architectures techniques toxiques doit être une priorité. Une priorité absolue. En profiter pour lutter pied à pied contre chaque nouvelle avancée du capitalisme de la surveillance doit en être une autre. Et plus que tout, par-dessus et au-delà de tout, il nous faut investir massivement dans l’éducation. La mémoire collective construite par l’éducation comme rempart aux contre-vérités individuelles instruites par des logiques marchandes se déployant au sein d’architectures techniques toxiques. Le combat est celui-là. Et aucun autre.

    #Fake_news #Médias_sociaux #Vérité #Olivier_Ertzscheid

  • affordance.info: I’m a digital worker, killing an arab. Chronique de la guerre algorithmique.
    http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2018/03/im-a-digital-worker-killing-an-arab.html

    Les Captcha font depuis longtemps partie intégrante de notre « expérience utilisateur ». Parfois amusants lorsqu’ils sont détournés, souvent énervants, ils sont omniprésents. On sait depuis longtemps que ces Captcha, loin de leur finalité initiale (distinguer utilisateurs humains de robots malveillants), sont aussi et surtout un moyen d’entraîner des technologies ... diverses. Technologies linguistiques principalement où, reconvertis en travailleurs numériques bénévoles, nous « aidons » à affiner d’immenses corpus, nous permettons aux technologies de reconnaissance optique de caractère (OCR) de progresser et donc aux acteurs économiques disposant desdites technologies d’être plus performants.

    Nous « aidons » et « entraînons » aussi en permanence les technologies de reconnaissance d’images. Car c’est compliqué pour un algorithme de reconnaître une image, ou de différencier deux images présentant de très fortes similarités. Alors nous aidons et nous entraînons tout cela. En permanence. Au détour d’un nombre toujours plus grand de services. Toujours gratuitement. Sans jamais avoir le choix.

    Il y a quelques années de cela, de nouvelles « Captcha » sont arrivées. Sous forme de tableau découpé en 9 ou 12 cases, on y voit des paysages, des immeubles d’habitation, des panneaux de signalisation, et l’on nous demande de « cliquer » sur les cases qui comportent ou ne comportent pas tel ou tel élément.

  • affordance.info : Autodafécebook. De l’interdiction des livres sur Facebook et de l’inquisition de certaines formes instrumentales de viralité.
    http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2018/03/de-linterdiction-des-livres-sur-facebook-et-de-linquisition-de-l
    http://www.affordance.info/.a/6a00d8341c622e53ef01bb09f9ae7d970d-600wi

    Par Olivier Ertzscheid

    L’histoire occupe probablement une bonne partie de votre mur Facebook depuis quelques jours. L’histoire c’est celle du livre « on a chopé la puberté » publié par les éditions Milan Jeunesse.

    Il ne s’agissait bien sûr que d’un extrait et très peu de journaux et de journalistes ont fait le travail d’aller lire en intégralité l’ouvrage, beaucoup préférant se contenter de décrire la montée du bad buzz sur les réseaux sociaux en reprenant d’ailleurs uniquement les éléments visuels déjà jetés en pâture. Exception notable, cet article de Madmoizelle paru le 2 Mars qui fut l’un des rares (le seul ?) à prendre le temps de rappeler que les extraits diffusés ne rendaient pas compte de l’ensemble et devaient à tout le moins être regardés avec davantage de circonspection et dans le contexte général de l’ouvrage, bien moins caricatural que ce qu’en donnaient à voir les extraits choisis.

    Quelques jours plus tard, 148 249 personnes avaient signé une pétition réclamant, et obtenant le retrait du livre paru à ... 5000 exemplaires.

    Ce qui est en train de se jouer c’est que nous avons tous pris conscience de l’immense pouvoir que nous conférait la viralité.

    Et que les grandes plateformes, où ce sentiment de toute puissance est seul à pouvoir se construire et s’exercer, jouent l’exacerbation de manière systématique, programmatique.

    Dans cette affaire comme dans d’autres les mécanismes de la viralité sont tout à fait connus et documentés, comme le sont les effets souvent pervers qui l’alimentent : tyrannie des agissants et autres biais cognitifs surjouent une indignation qui vise surtout à marquer notre appartenance opportuniste à une agitation organisée en catharsis d’on ne sait plus vraiment trop quoi, plutôt que notre adhésion sincère aux thèses à l’origine de ladite agitation.

    Puisqu’il est à peu près certain que jamais les plateformes ne renonceront à instrumentaliser cette viralité qui est le paradigme premier de leur modèle d’affaire, puisqu’il est également certain qu’il faudra encore beaucoup de temps pour que le design attentionnel en vienne à intégrer des perspectives éthiques « by default », alors il faut nous éduquer à ces grammaires du pulsionnel qui font de la viralité une forme de partage qui ne vise rien d’autre que la reproduction de sa propre et formidable inertie en se nourrissant d’une hystérisation qu’elle secrète elle-même. Nous éduquer donc à ces grammaires du pulsionnel, et s’efforcer d’y éduquer nos proches. Ou nous en éloigner avec eux par différents moyens.

    #Edition #Censure #Médias_sociaux #Viralité #Olivier_Ertzscheid