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  • Coronavirus : les praticiens étrangers « font le boulot dont les médecins français ne veulent pas »
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/04/16/coronavirus-les-medecins-etrangers-en-premiere-ligne-sans-la-reconnaissance-

    Ils sont entre 4 000 et 5 000 à faire tourner les services des urgences ou de réanimation des hôpitaux publics, mais avec des salaires très inférieurs à ceux de leurs homologues diplômés en France. [...]

    Un interne Padhue touche 1 300 euros net par mois et 100 euros la garde, rappelle le chef des urgences de l’hôpital de Saint-Denis, quand un jeune médecin diplômé en France commence sa carrière à 3 900 euros (et 200 euros la garde). « Il y a un vrai prolétariat organisé dans les hôpitaux, résultat d’une gestion malthusienne à l’œuvre depuis trente ans », dénonce Amine Benyamina.

    #santé #travail #exploitation #paywall

    • Oui, mais les « médecins français » y veulent pas mettre les mains dans le corona-cambouis paske y z’ont peur et qu’y sont en colère, comme celui qu’est venu « couiner » dans le micro du Huff’post, l’aut’ jour ...

      (So sorry @odilon, c’était mon dernier coup de gueule de la journée mais tous ces petits-bourges, ils commencent par me baver sur les ornements, mais grave ...)

    • Coronavirus : les praticiens étrangers « font le boulot dont les médecins français ne veulent pas », Stéphane Mandard, le 16 avril 2020

      Ils sont entre 4 000 et 5 000 à faire tourner les services des urgences ou de réanimation des hôpitaux publics, mais avec des salaires très inférieurs à ceux de leurs homologues diplômés en France.

      « Sans ces médecins-là, non seulement nous ne pourrions pas faire face à la vague de Covid-19, mais mon service serait fermé. » Mathias Wargon dirige les urgences de l’hôpital Delafontaine, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Ces « médecins-là » sont tunisiens, algériens, syriens, libanais, congolais… Sur les dix-huit praticiens du service du docteur Wargon, quinze sont ce que l’administration française appelle des praticiens hospitaliers à diplôme étranger hors Union européenne (Padhue).

      Ils sont entre 4 000 et 5 000 en France, majoritairement originaires du Maghreb, et surtout répartis dans les établissements publics. Ce sont ces #internes ou praticiens dits associés, qui enchaînent les gardes la nuit et le week-end, font tourner les urgences mais aussi les services de réanimation, de radiologie ou de psychiatrie. Bref, des rouages essentiels dans le système de soins français.

      « Ils sont en première ligne dans tous les services où il y a une énorme pénibilité du travail » , résume Hocine Saal, vice-président du syndicat (Snpadhue) qui les représente. « En gros, ils font le boulot que les médecins français ne veulent pas faire, mais sans la reconnaissance ni la rémunération , dit plus crûment Mathias Wargon. Tous les soirs, on donne la claque pour remercier les soignants, on parle de revaloriser leurs salaires, de primes [jusqu’à 1 500 euros, a annoncé le gouvernement mercredi 15 avril], de Légion d’honneur, mais, ces gens-là, on les oublie. »
      Pas certain, en effet, que le chef de l’Etat pensait à ce bataillon de #médecins_étrangers, lorsqu’il assurait, lundi 13 avril, lors de son intervention télévisée : « il nous faudra nous rappeler aussi que notre pays, aujourd’hui, tient tout entier sur des femmes et des hommes que nos économies reconnaissent et rémunèrent si mal » .

      Parcours du combattant

      Un interne Padhue touche 1 300 euros net par mois et 100 euros la garde, rappelle le chef des urgences de l’hôpital de Saint-Denis, quand un jeune médecin diplômé en France commence sa carrière à 3 900 euros (et 200 euros la garde). « Il y a un vrai prolétariat organisé dans les hôpitaux, résultat d’une gestion malthusienne à l’œuvre depuis trente ans » , dénonce Amine Benyamina. Chef du service psychiatrie-addictologie de l’hôpital Paul-Brousse, à Villejuif (Val-de-Marne), ce Franco-Algérien est à l’initiative d’une pétition (qui avait reçu plus de 25 000 signatures jeudi matin) et d’une lettre ouverte adressée à Edouard Philippe le 5 avril visant à obtenir « l’intégration des médecins étrangers engagés dans la lutte contre la pandémie » .

      « Ces médecins à diplôme étranger qui luttent au quotidien méritent la reconnaissance de la République pour leur engagement en première ligne, alors que leur #salaire est souvent dérisoire par rapport à ceux de leurs collègues, et qu’ils risquent de retourner à la précarité et à l’incertitude sur leur avenir en France une fois la crise surmontée » , indique le texte, signé par une douzaine de médecins, dont l’ancien ministre de la santé Bernard Kouchner, le généticien Axel Kahn, ou l’ancien directeur de Santé publique France, François Bourdillon.

      Ces derniers exhortent le premier ministre, « par souci de justice, d’engager immédiatement l’intégration pleine et entière dans le système de santé (égalité de statut, de déroulement de carrière et de rémunération, avec une reconnaissance immédiate fondée sur les attestations de services effectués pendant la crise) de tous ces praticiens afin que leur dévouement ne soit pas occulté, comme cela a pu être le cas dans certaines périodes de l’histoire de notre pays » .

      Car la carrière d’un médecin à diplôme étranger ressemble à un parcours du combattant. Première embûche de la longue et incertaine procédure dite d’autorisation d’exercice : les épreuves de vérification des connaissances. Cette année, elles ont été reportées à cause de la pandémie. « Le niveau exigé est très élevé, note M. Wargon. Un cardiologue tunisien a eu 16,75 mais a été recalé. Pourtant, depuis vingt ans que je travaille avec des médecins étrangers, je peux vous assurer que leur niveau s’est nettement amélioré et n’a souvent plus rien à envier à celui des jeunes médecins français. »

      Pour ceux qui réussissent le concours viennent ensuite les trois ans de pratique dans un service avant de passer devant une commission. « Cette période de “mise à niveau” est souvent vécue comme une humiliation par des professionnels qui travaillent sous tension » , commente M. Benyamina, « ulcéré » que cette situation perdure vingt-cinq ans après l’avoir lui-même connue lorsqu’il débarquait en France, ses diplômes algériens en poche.

      Pour son confrère M. Wargon, également signataire de la lettre ouverte, la crise sanitaire actuelle doit être l’occasion d’ « en finir avec cette hypocrisie » : « Ils doivent passer sous les fourches Caudines des examens pour espérer être payés un jour comme leurs confrères français. Mais, pour s’occuper des malades, là, ils n’en ont pas besoin ! »

      « C’est du foutage de gueule »

      Pour l’heure, le premier ministre n’a pas répondu à leur lettre. « Les conditions d’obtention de l’autorisation d’exercice sont devenues de plus en plus drastiques. Aujourd’hui, il faut attendre un an à un an et demi pour avoir les résultats de la commission. Comme si cette précarisation arrangeait tout le monde » , s’offusque Hocine Saal, chef des urgences au centre hospitalier André-Grégoire, à Montreuil (Seine-Saint-Denis).
      La nouvelle loi santé prévoit, pour les médecins déjà dans le système de soins français, de remplacer le concours par une étude de dossier au niveau régional, puis national. Cette évolution est saluée par le Snpadhue, qui n’est « pas opposé au principe d’une évaluation » . Mais le décret d’application se fait attendre : « Il devait être publié en septembre, puis en octobre, puis en décembre et, maintenant, avec la pandémie, il est tombé aux oubliettes » , déplore M. Saal.

      Le ministère de la santé a cependant publié une note, lundi 13 avril, afin de permettre aux établissements de santé de recruter plus facilement des médecins à diplôme étranger pour faire face à la crise sanitaire… mais pour occuper « des fonctions non médicales (aides-soignants, accueil et orientation…) » « C’est du foutage de gueule » , s’emporte Mathias Wargon. « C’est complètement à côté de la plaque. C’est la pire réponse qu’on puisse apporter à des médecins » , s’indigne Amine Benyamina. Contactés par Le Monde, ni le ministère de la santé ni le conseil national de l’ordre des médecins n’ont répondu.

  • L’INSERM contredit Macron sur la réouverture des écoles, Le Monde
    censure discrètement…

    Comment@Marc : petite entourloupe dans l’air du temps. Benkimoun (Le Monde) relaie une étude de l’Inserm qui s’oppose à la réouverture des écoles annoncée par Macron. Le Monde place l’article sous paywall et ne relaie bien évidemment pas l’info ailleurs…

    Voir l’article intégral ci-après.

    « Test et isolement des malades sont inévitables

    Une équipe de l’Inserm a modélisé l’impact du déconfinement en
    Ile-de-France et évalué différentes hypothèses

    Tout le monde l’a compris, le confinement va durer longtemps, mais
    c’est maintenant qu’il faut établir une stratégie de sortie, en
    identifiant les meilleures conditions afin de se prémunir contre une
    seconde vague plus violente que la première.

    Alors que le président de la République a annoncé son prolongement
    jusqu’au 11 mai, l’équipe de Vittoria Colizza et Pierre-Yves Boëlle
    (Institut Pierre-Louis d’épidémiologie et de santé publique, Inserm et
    Médecine Sorbonne Université) a évalué l’impact en Ile-de-France de ce dispositif instauré le 17 mars à l’échelle nationale et l’efficacité
    potentielle de diverses interventions grâce à un modèle qu’elle a
    développé.

    Il en ressort que le confinement ne devrait être levé au mieux que
    courant mai, voire fin mai ou en juin. Il ne pourrait intervenir qu’au
    moment où il serait possible d’appliquer à grande échelle des mesures agressives d’identification par des tests des personnes porteuses du virus et de leurs contacts, afin de les isoler, et de maintenir une distanciation sociale avec des établissements scolaires restant FERMES et des personnes âgées en isolement.

    (…)

    https://www.lemonde.fr/planete/article/2013/05/13/l-isolement-des-malades-devrait-endiguer-la-propagation-du-coronavirus_31784

    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/04/12/une-levee-du-confinement-sans-mesures-strictes-de-tests-et-d-isolements-sera

    http://www.pierremansat.com/2020/04/test-et-isolement-des-malades-sont-inevitables-par-paul-benkimoun-dans

    • « En même temps », petite musique lancinante depuis hier matin : « les enfants, porteurs asymptomatiques » ne seraient peut-être pas aussi contaminants que cela...Une étude vient d’être lancée...

      Sur le plan judiciaire : jusqu’à présent Macron et sa bande n’étaient que partiellement responsables de l’incurie générale : destruction de l’hopital, masques, tests, etc.

      Si le projet de déconfinement progressif à dater du 11 mai s’inscrit dans les faits on change totalement de registre. Macron et tous les membres du gouvernement seront directement et pénalement responsables de ce qui s’en suivra.

      Comme le mois prochain il n’y aura toujours pas ni masques ni test pour tout le monde, ni procédure d’isolement des malades...

      Voir aussi que l’annonce d’hier est à mettre en lien avec la période de DEUX mois accordée au gouvernement par l’état d’urgence sanitaire (les ordonnances exorbitantes du droit commun). A l’issue de cette période le gouvernement devait revenir devant le parlement et justifier une nouvelle période de pleins pouvoirs.

      Ajouter enfin que si les enfants retournent à l’école c’est bien évidemment pour un seul motif : que les parents retournent trimer, sans davantage de garanties de sécurité sanitaire de leurs employeurs. C’est pas gagné...

  • #Coronavirus : la gestion de la #pandémie par l’#OMS sous le feu des critiques
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/04/14/la-gestion-de-la-pandemie-par-l-oms-sous-le-feu-des-critiques_6036500_3244.h

    ... l’Organisation mondiale de la santé est aussi victime des faibles marges de manœuvre laissées par les Etats membres.

    Je dirais : surtout.

  • La chasse aux #gros est définitivement ouverte.
    Ce matin, en promenant mon chien, deux joggeurs trentenaires, improvisés médecins et épidémiomachins #grossophobes :

    - Non, mais on devrait juste confiner les diabétiques...
    – Oui, les statistiques le disent pas mais les jeunes qui meurent, ils sont obèses, c’est chiant de devoir rester confinés à cause de gens qui font pas d’efforts...
    – Oui, mais on va te dire qu’il faut pas les discriminer les pauvres gros diabétiques...

    Et tout ça, à cause d’articles mal rédigés, comme ceux du quotidien vespéral des marchés, qui n’ont rien à dire et des journalistes qui lisent trop vite les publications médicales sur le covid-19, elles même trop vite publiées.

    Coronavirus : les personnes obèses représentent une proportion très élevée des patients en réanimation en France
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/04/07/les-personnes-obeses-sont-plus-fragilisees-par-le-virus_6035831_3244.html

    exemple :

    S’agissant de la gravité, les données sont encore parcellaires, mais sur le terrain, le constat devient évident : les individus en surpoids ou avec une obésité représentent une proportion élevée, voire très élevée, des patients atteints de Covid admis dans les services de réanimation.

    ou encore (même article)

    En Grande-Bretagne, sur une série de 196 malades hospitalisés en soins intensifs, 32 % étaient en surpoids (indice de masse corporelle ou IMC, soit le poids divisé par le carré de la taille, entre 25 et 30 kg/m2) et 41 % étaient obèses (IMC supérieur à 30 kg/m2), selon un rapport publié le 20 mars. Les statistiques semblent du même ordre en France.

    Echantillon ridicule qui ferait bien plaisir à Kahneman, tellement on ne peut rien en conclure en l’extrapolant + référence à l’IMC qui est contestée par les spécialistes (cf. https://www.revmed.ch/RMS/2009/RMS-213/IMC-grandeur-et-decadence-annoncee).

    Plus loin :

    Au centre hospitalier universitaire (CHU) de Nice, l’IMC moyen des patients Covid actuellement en réanimation est de 29 kg/m2, la corpulence normale se situant entre 18,5 et 25 kg/m2.

    C’est à dire par exemple un homme adulte de 1m80 qui pèserait 94 kg

  • A la faveur de la crise sanitaire, le plastique à usage unique fait son retour en force
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/04/12/a-la-faveur-de-la-crise-sanitaire-le-plastique-a-usage-unique-fait-son-retou

    Les industriels profitent de l’épidémie de Covid-19 pour vanter les prétendues qualités « hygiéniques » du plastique à usage unique et contester les lois visant à réduire son usage en Europe et aux Etats-Unis.

    Masques en polypropylène, flasques de gel hydroalcoolique, livraisons Internet, Caddie débordant d’aliments emballés… Hier montré du doigt par les partisans du zéro déchet, les défenseurs de l’océan et les régulateurs européens, le plastique à usage unique s’arrache aujourd’hui. La propagation des polymères, produits à 99 % à partir de pétrole, de gaz ou de charbon, accompagne, désormais, celle du coronavirus.
    Un retour en force que l’industrie compte bien transformer en un retour en grâce. C’est, en tout cas, ce qu’espère le puissant lobby des transformateurs européens de plastique, EuPC, qui représente à Bruxelles les intérêts de plus de 50 000 entreprises de la plasturgie. Dans un courrier adressé à la Commission – lettre passée inaperçue –, il lui demande « de reporter d’au moins un an la mise en œuvre au niveau national de la directive SUP [sur les plastiques à usage unique] et de lever toutes les interdictions » déjà en vigueur concernant ce type de produits.

    « Les sacs plastique sauvent des vies »

    Car le plastique jetable a mauvaise presse à Bruxelles. En 2015 déjà, une directive européenne imposait aux Etats membres de réduire leur consommation de sacs plastique légers à 90 par personne et par an d’ici à 2019 (contre 200 en moyenne auparavant) et à 40 d’ici à 2025. La France avait devancé l’appel en interdisant dès 2016 les sacs de caisse. En 2018, l’ONU estimait que 5 000 milliards de ces sacs à bretelles étaient consommés dans le monde chaque année. Soit presque 10 millions par minute. La plupart finissent incinérés, mais surtout en décharge ou dans l’environnement. Avec une durée moyenne d’utilisation de vingt minutes, ils mettent jusqu’à quatre cents ans à se dégrader dans la nature.

    En juin 2019, l’Union européenne est passée à la vitesse supérieure, prohibant d’ici à juillet 2021 certains des produits à usage unique les plus fréquemment retrouvés sur les plages comme les pailles, les couverts et assiettes jetables, les touillettes à café, les tiges à ballons ou encore les cotons-tiges. Aucune interdiction ne vise, en revanche, le matériel médical. En France, la mesure d’interdiction est effective depuis le 1er janvier pour les cotons-tiges, les gobelets et les assiettes.

    Critiquée pour les déchets qu’engendrent ses produits, l’industrie fait également face à des attaques de plus en plus virulentes contre les emballages – 40 % de la consommation européenne de plastique –, dont certaines substances toxiques peuvent migrer dans les aliments et contaminer l’organisme.
    Mais surtout, l’épidémie du Covid-19 offre un nouvel argument aux industriels du secteur, pour lesquels « les sacs plastique sauvent des vies ». Cet aphorisme et d’autres du même acabit sont apparus dès la mi-février aux Etats-Unis, où la législation antiplastique est moins contraignante qu’en Europe. L’argument est le suivant : les sacs en plastique seraient un gage ultime d’hygiène, à l’inverse des sacs réutilisables en tissu, accusés d’être des nids à virus.

    Distillée par les lobbies américains, la rumeur se propage. Et ce, alors même qu’au moins trois études sérieuses s’accordent pour dire que le plastique est, avec l’acier, la surface sur laquelle le coronavirus est le plus stable. Il pourrait y rester infectieux jusqu’à trois, voire neuf jours. En dépit de ces données scientifiques, le message du plastique magique et protecteur fait son chemin. Au point que les Etats de New York et du Maine, qui avaient récemment interdit les sacs plastique, font marche arrière et décident de suspendre l’application de cette mesure qui devait entrer en vigueur ces jours-ci.
    Bien que les autorités new-yorkaises spécifient que cette décision n’est que temporaire et continuent « à encourager les New-Yorkais à utiliser des sacs réutilisables », le ver est dans le fruit. Si, à ce jour, huit Etats ont banni les sacs plastique de leurs commerces, c’est que 42 les autorisent encore. Parmi eux, certains comme la Floride ont même fait passer des lois empêchant les élus locaux d’adopter de telles interdictions sur leur territoire.

    Avec la propagation du coronavirus, l’ennemi, désormais, c’est le sac en tissu réutilisable. Le 21 mars, le gouverneur du New Hampshire, Chris Sununu, n’hésite pas à les bannir provisoirement, jugeant qu’ils constituent « un risque potentiel [de contamination] pour les emballeurs, les commerçants et les clients ». Idem en Californie, pourtant pionnière en la matière. A San Francisco, par exemple, on n’a plus le droit « d’apporter en magasin [ses] propres sacs, tasses ou autres contenants réutilisables ». Des décisions qui font écho à celles prises par plusieurs enseignes comme Starbucks qui n’accepte plus les tasses apportées par ses clients, de peur de contaminer ses salariés. Des adversaires du plastique jetable comme l’Américaine Judith Enck, fondatrice de l’association Beyond Plastics, s’interroge, faussement naïve, dans une interview à Bloomberg : « Starbucks arrêtera-t-il bientôt d’accepter les espèces ? »
    Greenpeace USA n’a pas tardé à stigmatiser l’approche « opportuniste », « irresponsable » et « dangereuse » des plasturgistes. « Pendant des années, l’industrie du plastique a financé et encouragé la recherche pour tenter de discréditer le mouvement croissant visant à mettre fin à la pollution par les plastiques à usage unique. Et lorsque le Covid-19 a commencé à se répandre, ils ont vu une chance de frapper et d’activer leur réseau de soutien pro-plastique », explique l’ONG, regrettant que les profits passent avant « la sécurité des personnes ».
    Virus et bactéries

    Dans un rapport très fouillé publié le 26 mars, elle décrypte comment s’est progressivement formée cette redoutable « chambre d’écho ». Elle remonte à la publication mi-février d’une première étude attestant que le virus puisse survivre jusqu’à neuf jours sur du plastique. L’info est dérangeante et pourrait inquiéter les consommateurs : il est urgent de faire diversion. C’est alors que se propagent un peu partout des articles d’opinion, financés par l’industrie des énergies fossiles et relayés par leurs lobbies traditionnels. Tous mettent en cause la dangerosité des sacs en tissu. Ils s’appuient sur plusieurs études, dont ils omettent de dire qu’ils en ont financé la plupart.

    L’industrie accuse les sacs en tissu de pouvoir infecter tout un magasin et contaminer les employés qui les rempliraient en caisse. Ce qu’ils passent sous silence, c’est que les sacs en plastique peuvent tout autant propager le virus que ceux en tissu ; que le client peut remplir son sac lui-même sans que le caissier n’ait à le toucher ; et que les sacs en tissu ont l’avantage d’être lavables. L’une des études citées par les lobbies conclut d’ailleurs elle-même qu’un lavage à la main ou à la machine suffit à éliminer 99,9 % des bactéries.

    En dépit d’un réel fondement scientifique, la rumeur continue à enfler et la Plastics Industry Association, premier lobby du secteur, se targue de fabriquer des produits qui « peuvent littéralement faire la différence entre la vie et la mort ». Le 18 mars, son président écrit au secrétaire américain à la santé, Alex Azar, et le somme de choisir son camp. « Etude après étude, il a été démontré que les sacs réutilisables pouvaient transporter virus et bactéries », martèle Tony Radoszewski, affirmant que « les plastiques à usage unique constituent bien souvent le choix le plus sûr. » Pour le salut des Américains, il appelle le ministre à « faire une déclaration publique sur les avantages en matière de santé et de sécurité des plastiques à usage unique », à « s’élever contre leur interdiction » et à calmer « l’empressement des écologistes et des élus à interdire ces produits, car ils mettent en danger les consommateurs et les travailleurs ».

    Si les lobbyistes américains ont été les plus prompts à se mobiliser, l’industrie européenne n’a pas tardé à emboîter le pas. Premier pays fortement touché par le Covid-19, l’Italie est la première à aborder le sujet. Le 24 mars, dans une allocution télévisée, le président du Conseil, Giuseppe Conte, encourage les Italiens à faire leurs courses sans crainte puisque les aliments sont protégés par des barquettes « en polystyrène » et des « films plastique ».
    Il n’en faut pas plus à l’association des plasturgistes italiens, basée à Milan, pour écrire à M. Conte et réclamer l’abrogation de la taxe « vexatoire et injuste » sur le plastique, de 45 centimes d’euro par kilo, qui doit entrer en vigueur en juillet. « Il suffit de dire que les deux types d’emballages sommairement mentionnés par le président sont fabriqués avec des polymères dont le coût est d’environ 900 euros la tonne et qu’ils seront soumis à une taxe de 450 euros la tonne ! », argue l’entrepreneur. L’audace pourrait bien payer puisque le ministre italien de l’environnement admet, désormais, que le gouvernement pourrait faire un geste.

    L’Italien Renato Zelcher, qui préside l’EuPC, l’association européenne des plasturgistes, suit la situation de près. Mercredi 8 avril, moins d’un mois après le début de la crise sanitaire, l’EuPC sort du bois et reproche publiquement à la Commission d’avoir borné sa directive au seul aspect « déchets » des plastiques jetables et « de ne pas avoir pris en compte les conséquences hygiéniques de leur interdiction ou de leur réduction », alors que le plastique serait « le matériau de choix pour garantir l’hygiène, la sécurité et la protection contre la contamination ».
    « Le dénigrement des plastiques, suivi par de nombreux politiciens, se retourne maintenant contre nous », fustige Renato Zelcher. « Le coronavirus nous a montré que tous les matériaux ne se valaient pas. (…) Aujourd’hui et demain, prophétise le fabricant vénète de film plastique, nous vivons et nous vivrons dans un monde complètement différent où l’hygiène et la santé des consommateurs seront la priorité numéro un pour chacun d’entre tous. Il est donc temps de réfléchir à des stratégies d’ajustement pour l’Europe et le monde, en particulier en ce qui concerne l’utilisation des plastiques. »

    Impossible à imaginer il y a encore quelques semaines, la question finit par se poser : le plastique sortira-t-il gagnant de la pandémie ? Difficile de prédire quel impact aura cette crise sur les efforts de réduction des plastiques à usage unique. La position des ONG pourrait bien être fragilisée. Redoutant que leur communication soit mal perçue, elles privilégient, pour la plupart d’entre elles, la discrétion.
    Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les contenants en plastique au quotidien sont un « enjeu majeur de santé publique »
    Un membre d’une ONG européenne reconnaît que, dans ces conditions exceptionnelles, si certains consommateurs se sentent rassurés par les produits en plastique à usage unique, mieux vaut ne pas les perturber, « on verra après le vaccin. Dans certains cas, nous devons accepter des solutions de transition. Car si l’on reste vissé sur nos positions, on risque de perdre notre crédibilité et le contact avec le public ».

  • Une levée du confinement sans mesures strictes de tests et d’isolements serait inefficace, selon une étude de l’Inserm
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/04/12/une-levee-du-confinement-sans-mesures-strictes-de-tests-et-d-isolements-sera

    Des chercheurs ont modélisé l’impact du confinement en Ile-de-France et testé différentes hypothèses ; il en ressort que le confinement ne devrait être levé au mieux que courant mai, voire fin mai ou en juin.

    Tout le monde l’a compris, le confinement va durer longtemps mais c’est maintenant qu’il faut établir une stratégie de sortie, en identifiant les meilleures conditions afin de se prémunir contre une seconde vague plus violente que la première.

    Alors que le président de la République devrait annoncer de nouvelles mesures lors d’une allocution, lundi 13 avril, l’équipe de Vittoria Colizza et Pierre-Yves Boëlle (Institut Pierre Louis d’épidémiologie et de santé publique, Inserm et Médecine Sorbonne Université) a évalué l’impact en Ile-de-France de ce dispositif instauré le 17 mars à l’échelle nationale et l’efficacité potentielle de diverses interventions grâce à un modèle qu’elle a développé.

    Mis en ligne dimanche 12 avril, ce travail « ne constitue pas une tentative de prédiction mais présente une évaluation des effets de différents scénarios, tenant compte du type de mesures plus ou moins contraignantes et du moment où elles seraient appliquées, explique Vittoria Colizza. Nous avons testé des hypothèses théoriques dans cette période où l’immunité collective est insuffisante. »

    Maintien de la distanciation sociale

    Il en ressort que le confinement ne devrait être levé au mieux que courant mai, voire fin mai ou en juin. Il ne pourrait intervenir qu’au moment où il serait possible d’appliquer à grande échelle des mesures agressives d’identification par des tests des personnes porteuses du virus et de leurs contacts afin de les isoler, et de maintenir une distanciation sociale avec des établissements scolaires restant fermés et des personnes âgées en isolement.

    Intégrant des données de profil d’âge et des contacts sociaux en Ile-de-France, la modélisation de la transmission dans cette région vise trois objectifs : apprécier la situation épidémique, évaluer l’impact attendu du confinement mis en place le 17 mars et estimer l’efficacité de différentes stratégies de sortie possibles. Le modèle a été ajusté en fonction des chiffres d’hospitalisations dans la région d’avant le début du confinement et a été validé sur les données de surveillance cliniques et virologiques, y compris celles de l’épidémie en Italie, afin de distinguer différents niveaux de gravité de la forme asymptomatique à la forme sévère.

    Plusieurs types d’interventions de distanciation sociale et de durée pour celles-ci ont été simulés, en variant les hypothèses : par exemple différentes proportions de personnes en télétravail ou d’individus infectés réduisant le nombre de leurs contacts.

    De 1 à 6 % de personnes déjà infectées

    Les chercheurs de l’Inserm ont estimé que le taux de reproduction de base de l’épidémie avant le confinement était de 3 (trois personnes infectées par un même individu porteur du SARS-CoV-2) et qu’au 5 avril, la proportion de personnes déjà infectées par le Covid-19 se situait entre 1 % et 6 %, selon les hypothèses sur la fréquence des formes asymptomatiques. Ils évaluent à 80 % en moyenne la réduction des contacts du fait du confinement, ce qui ferait tomber le taux de reproduction de 3 à 0,68. Pour le dire autrement, 100 individus infectés ne transmettraient plus le virus qu’à 68 personnes.
    Une levée pure et simple du confinement sans véritable stratégie de sortie provoquerait une seconde vague qui submergerait largement le système de santé. En l’absence d’interventions lors du second pic, les besoins en lits de soins intensifs seraient quarante fois supérieurs aux capacités du système dans la région, selon le modèle.

    Les contraintes actuelles pourraient être graduellement relâchées, avec une partie plus importante de personnes retournant à leur travail et le redémarrage progressif des activités, tout en maintenant fermés les établissements scolaires et en isolant les personnes âgées, dans le cadre d’une stratégie de sortie du confinement.

    Un trop faible niveau d’immunité collective

    Cela requiert impérativement une vaste et efficace recherche des porteurs du virus avec des tests et leur mise en isolement : placement en isolement de 75 % des cas au cours du premier mois suivant la levée du confinement, moins si le confinement reste en place un mois de plus. Cela assouplirait la pression socio-économique due à des mesures extrêmes tout en évitant au système de soins d’être débordé. Des interventions pour lesquelles les autorités doivent urgemment établir des priorités en termes de logistique et de moyens, estiment les auteurs de l’étude.

    Le faible niveau actuel d’immunité collective implique d’intenses formes de distanciation sociale au cours des prochains mois. Plus le dépistage des personnes porteuses du SARS-CoV-2 et leur isolement seront efficaces, moins les mesures de distanciation sociale devront être contraignantes pour la population, indiquent les chercheurs de l’Inserm.

    Dans l’hypothèse où le confinement serait levé début mai, la combinaison de plusieurs interventions de différentes intensités, mises en œuvre indéfiniment, retarderait et atténuerait l’épidémie. Des mesures d’intensité modérées ou élevées, associant fermeture des écoles, 50 % de télétravail, au moins 50 % des activités non essentielles à l’arrêt et maintien des personnes âgées en isolement, réduiraient de plus de 80 % le nombre de cas atteint lors du pic épidémique et feraient gagner de un et demi à trois mois sur l’arrivée d’une seconde vague par rapport à l’absence de mesures.

    Néanmoins, les capacités d’accueil en unité de soins intensifs de la région seraient débordées par des besoins estimés à 10 à 30 fois les moyens existants, en cas d’interventions d’intensité modérée. Même des interventions strictes impliqueraient des capacités d’accueil en soins intensifs 2,5 fois supérieures à l’existant.

    « Le confinement va durer longtemps car on ne peut pas vivre normalement avec cette épidémie. Le fait d’attendre encore pour le lever a l’avantage de garder un nombre de cas abaissé et allège la charge pour le système hospitalier, remarque Vittoria Colizza. Il donne aussi du temps pour augmenter la capacité de dépistage, notamment avec des tests rapides mais une préparation logistique est indispensable en termes humains et organisationnels. Ce n’est pas qu’une question de quantité de tests. » Pour la modélisatrice, il est important que soit mis à profit ce délai afin de tester les protocoles de dépistage qui devront accompagner la sortie progressive du confinement.

    Parmi les scénarios, certains préfigurent une navigation à vue, avec des oscillations par période, où la proportion de personnes en télétravail et celle d’activités non essentielles remises en marche varieraient selon le degré de contrôle de la circulation du virus. Celle-ci demeure nécessaire afin d’accroître le pourcentage de la population ayant rencontré le virus et atteindre le seuil d’au moins les deux tiers, nécessaire pour une immunité collective.

    #immunité_collective #déconfinement #dépistage #test #isolement #stop_and_go #navigation_à_vue

  • Coronavirus dans l’Union européenne : ce que révèle la cartographie
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/04/12/coronavirus-dans-l-union-europeenne-ce-que-revele-la-cartographie_6036364_32

    Face à la crise sanitaire, les pays du Vieux Continent ont réagi de façon individualisée, hésitant longuement entre restriction des circulations et confinement pour limiter la propagation du coronavirus. Tour d’horizon et premiers enseignements en cartes.
    La diffusion du virus touche l’axe économique majeur de l’UE

    #paywall

  • Les leçons de Wuhan pour enrayer l’épidémie
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/04/11/les-lecons-de-wuhan-pour-enrayer-l-epidemie_6036318_3244.html


    Des gardes en combinaison à l’entrée de l’hôpital Leishenshan de Wuhan, le 11 avril. Le site a été construit en dix jours au pic de l’épidémie alors que les hôpitaux de la ville ne pouvait faire face à l’afflux de malades. Il peut accueillir 1400 malades. GILLES SABRIE POUR « LE MONDE »

    Après avoir tardé à réagir, les autorités ont mis en place un confinement strict et isolé de tous les malades.

    Un grand hall, quelques panneaux de contreplaqué pour former des unités, et des lits en fer : le secret de Wuhan pour juguler l’épidémie de Covid-19 n’est pas très impressionnant. Chaque lit a un numéro, deux prises de courant, une table d’écolier et une grande boîte en plastique pour ranger les effets personnels des patients. C’est tout. Mais, par leur simplicité, ces sites, stades, salles de concert ou centres d’exposition transformés en hôpitaux de campagne en quelques jours, ont permis à Wuhan de traiter en masse les personnes présentant des symptômes mineurs de la maladie, soit 85 % à 90 % des cas. Une stratégie permettant à la fois de prendre en charge les malades bénins avec relativement peu de moyens, tout en les isolant de la société, mettant fin à la dynamique des contaminations, notamment intrafamiliales.

    Malgré une réponse tardive à l’épidémie, à la fois due aux incertitudes scientifiques face à un virus nouveau et à une volonté politique d’en minorer la portée, Wuhan a repris le contrôle sur l’épidémie rapidement. En un mois environ, la situation, qui paraissait désespérée, a été inversée. Le 23 janvier, la ville de 11 millions d’habitants était placée en quarantaine, suivie quelques jours plus tard par toute la province du Hubei et ses 56 millions d’âmes. A partir du 20 février, la courbe des nouvelles contaminations s’infléchissait clairement. Début mars, la ville ne déclarait plus qu’une dizaine de nouveaux cas par jour.

    Le docteur Zhao Yan, Français d’origine chinoise, est le directeur adjoint de l’hôpital Zhongnan, un hôpital d’élite de la ville où l’on envoie les patients les plus graves, et médecin référent du consulat de France à Wuhan. Dans son hôpital, les premiers cas arrivent début janvier, dont un patient habitant à proximité du marché aux fruits de mer de Huanan, premier « cluster » de l’épidémie. Mais, à l’époque, les autorités assurent encore que la maladie ne se transmet pas entre humains. « C’était désespérant, témoigne le docteur Zhao. Nous voyons défiler des malades, nous suspectons très fort que c’est cette maladie, qu’elle est infectieuse, et on nous dit “Non, ce n’est pas contagieux”. »

    Répartis en fonction de l’état

    Le 20 janvier, les autorités chinoises annoncent que la maladie se transmet bien entre humains, et le président déclare que la situation est « grave ». « Il y a eu un avant et un après cette annonce de Xi Jinping : à partir de là, c’est le branle-bas de combat. En Chine, le plus difficile c’est de faire connaître les problèmes. Une fois que le gouvernement a décidé qu’il y a un problème, ça va très vite », explique le docteur Zhao.

    Très vite et très fort : la première phase de quarantaine, lors de laquelle les habitants peuvent continuer à sortir faire les courses, donne des résultats mitigés. La construction de deux hôpitaux en une dizaine de jours, très médiatisée, paraît même dérisoire face à l’afflux de patients : ils comptent 2 600 lits en tout, alors que, chaque jour, plus de 3 000 nouveaux cas sont détectés. La ville change de stratégie : la quarantaine est durcie, plus aucune sortie n’est autorisée après le 14 février. Une économie de guerre se met en place avec l’approvisionnement des habitants par les comités de résidents.
    Parallèlement, à partir du 8 février, une campagne est lancée pour « interner tous ceux qui doivent être internés » : une formule militaire dont les modalités consistent à évaluer la santé de tous les habitants de Wuhan par des visites systématiques des comités de résidents, armés de thermomètres, et d’embarquer tous ceux qui présentent le moindre symptôme. Ils seront testés, et répartis en fonction de leur état, entre les hôpitaux pour les cas sérieux, les hôpitaux de campagnes pour les cas bénins mais confirmés, et les hôtels pour les personnes ayant été en contact avec des patients confirmés. Dans la ville, une quinzaine de ces hôpitaux de campagne sont installés en quelques jours. Au départ, les patients se plaignent du froid et de la nourriture, une bagarre a même lieu dans l’un des centres. « Il y a eu des cafouillages au début, c’est normal, mais ensuite, les patients étaient très satisfaits », assure Zhao Yan, dont l’hôpital a la responsabilité de l’un de ces centres.

    Deux conditions sont nécessaires pour y être admis : être testé positif, et ne pas présenter de symptômes sérieux. Les médecins, qui arrivent en renfort de toutes les provinces de Chine, examinent les patients à la chaîne. Rapidement, les sites sont de mieux en mieux équipés : Wi-Fi de rigueur pour occuper les malades, et scanner pour les examiner – des machines sont apportées dans des conteneurs, prêtes à l’emploi. Outre l’isolement des malades, ces sites permettent aussi le triage : les patients dont les symptômes empirent sont repérés plus vite que s’ils restaient chez eux, et peuvent être envoyés vers les hôpitaux référents.

    Ouvert le 7 février, l’hôpital de campagne (fangcang yiyuan, littéralement « hôpital préfabriqué ») du centre d’expositions du district Dongxihu compte 1 500 lits. « Ces structures de campagne répondent à deux objectifs. D’abord, isoler les patients Covid-19, ne pas les laisser contaminer la communauté ou les hôpitaux. Deuxièmement, apporter des soins aux patients, qui ont peur, toussent, ont de la fièvre », explique Zhang Junjian, professeur de neurologie à l’université de Wuhan, et directeur du site. Le responsable assure que le centre, fermé le 8 mars, n’a connu aucun décès ni aucune contamination du personnel. Il a été conservé en l’état, par précaution, car l’épidémie n’est pas entièrement terminée, et pour donner à voir cet ingrédient essentiel de la méthode chinoise qui a permis de stopper l’épidémie à un stade avancé, expliquent les autorités, lors d’une visite de presse organisée le 9 avril.

    Philippe Klein, directeur d’une clinique traitant les expatriés à Wuhan, installée au sein de l’hôpital de l’Union, voudrait que la France s’inspire de l’exemple de la métropole chinoise. « C’est la méthode que je voudrais voir appliquer en France pour arrêter le brassage de la population », insiste-t-il. Consulté par la maire de Paris, Anne Hidalgo, qu’il a aidée à établir son plan de déconfinement, il est également contacté par Emmanuel Macron le 21 mars. « Depuis, je vois que les choses ne bougent pas », regrette celui qui a exercé comme généraliste en France pendant vingt ans, et qui appelle à « agir rapidement, et brutalement ». Le professeur Zhang Junjian partage cette conclusion : « Vu d’ici, on ne comprend pas trop pourquoi on ne porte toujours pas de masque dans autant de pays. La leçon de Wuhan, c’est de confiner, confiner, confiner. Et ensuite, tester, tester, tester. »

  • Coronavirus en France : « En matière de prévention, nous ne sommes pas à la hauteur de l’épidémie »
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/04/11/en-matiere-de-prevention-nous-ne-sommes-pas-a-la-hauteur-de-l-epidemie_60363
    Rare photo de résistance opiniâtre face aux aérosols projetés par des plantes vertes

    Pour l’ancien directeur général de la santé William Dab, le gouvernement fait peser, avec le confinement, l’ensemble des efforts de prévention sur la population.

    Professeur émérite au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM), où il était il y a peu titulaire de la chaire Hygiène et sécurité, William Dab est médecin et épidémiologiste. De 2003 à 2005, il a été directeur général de la santé et avait démissionné en raison de désaccords sur la politique de santé publique avec le ministre de la santé d’alors, Philippe Douste-Blazy. Il livre une analyse critique de la réponse française au Covid-19.

    Quelle est votre appréciation de la situation sanitaire de l’épidémie de Covid-19 ?

    Un premier élément à prendre en compte est qu’actuellement nous avons un décompte de la morbidité et de la mortalité directement liée au virus. En fait, nous aurons aussi à déplorer des répercussions sur la santé à moyen terme qu’on peut appeler indirectes parce que ce n’est pas le virus qui sera en cause, mais les complications chez les patients souffrant de maladies cardiaques, pulmonaires, rénales, etc. Ces complications ont deux origines. Le Covid-19, qui entraîne un alitement, qui est un facteur de risque important chez les personnes âgées. Et le fait que le suivi des malades chroniques est moins bon parce que le système de soins est saturé par l’épidémie. Il faut donc s’attendre au total à plusieurs dizaines de milliers de décès directement et indirectement liés à l’épidémie.

    Et sur l’évolution de l’épidémie ?

    Je suis frappé par le fait qu’après quatre semaines de confinement, la courbe épidémique n’est que ralentie. Nous restons avec un flux important de malades chaque jour. Trois raisons peuvent expliquer cela. D’abord le #confinement n’est qu’imparfaitement respecté. En particulier, ceux qui continuent de travailler et qui prennent les transports en commun peuvent se contaminer, alors que le port du masque n’est pas généralisé. Ensuite, on peut se demander s’il n’y a pas une transmission aérienne du virus et pas seulement par les gouttelettes. Cette question est débattue, notamment cette semaine dans la revue Nature. Enfin, et cela me semble très grave, on laisse retourner chez elles des personnes contagieuses à la sortie de l’hôpital ou du cabinet du médecin parce qu’elles n’ont pas besoin de soins. Elles peuvent alors contaminer leurs proches. Comment l’éviter quand on vit dans un petit appartement ?

    Que faudrait-il faire ?

    Cela fait des jours que plusieurs instances, dont le conseil scientifique du gouvernement, recommandent de mettre ces personnes, de même que leurs contacts, en isolement dans des hôtels (qui sont vides) ou des lieux fermés analogues. La maire de Paris le demande aussi, mais il ne se passe rien.
    De façon générale, dans les mesures adoptées, il y a un mélange d’excellence et de médiocrité. L’excellence, ce sont les soins. Des centaines de vie ont été sauvées par l’héroïsme des soignants et des aidants, ainsi que par un effort sans précédent qui a permis de doubler nos capacités de réanimation et de désengorger les hôpitaux saturés. C’est vraiment remarquable.
    En revanche, en matière de prévention, nous ne sommes pas à la hauteur de l’épidémie.

    Pourquoi ?

    La seule mesure de prévention est en réalité le confinement généralisé assorti de recommandations d’hygiène. Autrement dit, on fait peser sur la population la totalité des efforts de prévention. Ça ne peut pas marcher et le coût humain est effrayant avec un cortège d’inégalités sociales qui s’aggravent. Réalise-t-on bien ce que cela représente pour une famille avec disons deux enfants qui vit dans 50 m² avec les deux parents en télétravail et les enfants qui doivent faire l’école à la maison ? Si l’effort de prévention est partagé, cela peut tenir encore quelque temps, mais, s’il ne se passe rien d’autre, il y aura des mouvements de révolte. Or l’adhésion du public est une condition pour casser l’épidémie. Le macromanagement ne suffit pas. Il faut une capacité de micromanagement.
    Je considère que nous entrons dans une période où le confinement aura plus d’inconvénients (économiques, psychologiques, familiaux, médicaux) que de bénéfices.

    Que peut-on faire d’autre ?

    D’abord de l’épidémiologie de terrain. Comment se fait-il que ce soient des épidémiologistes britanniques qui ont estimé la proportion de Français infectés ? Comment lutter contre une épidémie sans connaître son étendue ? Des enquêtes par sondages hebdomadaires par téléphone ou Internet permettraient de suivre son évolution. C’est facile à réaliser. Ce n’est pas complètement fiable, mais c’est mieux d’être dans le brouillard que dans le noir absolu. En attendant que des tests sérologiques soient déployés à grande échelle, même avec des imperfections, ce type d’enquête par sondage répétés nous donnerait une tendance sur l’évolution de la prévalence de l’infection.

    De même, il faut comprendre pourquoi on a encore tant de nouveaux malades. Où ont-ils été contaminés ? On ne peut pas enquêter sur tous les cas, mais, là encore, une procédure d’échantillonnage suffirait à fournir des indications sur les circonstances de l’infection. Dans les CHU, de nombreuses études cliniques sur d’autres thèmes que le Covid-19 sont actuellement suspendues. Les professionnels de santé qui les réalisent sur le terrain et ont un savoir-faire pourraient être mobilisés à cette fin.
    Autre exemple, il y a des dizaines de milliers de patients qui prennent quotidiennement de l’hydroxychloroquine pour des maladies rhumatismales. Cela fait plus de deux mois qu’il y a un débat sur ce traitement. Pourquoi ne sait-on pas si ces patients sont moins atteints par le coronavirus que les autres ? Nous avons des bases de données accessibles pour faire ce travail et une agence du médicament pour le faire.

    Ensuite, on ne dit pas clairement à la population quand les masques et les tests arriveront. Si on ne le sait pas, il faut le dire. Aucun déconfinement n’est envisageable sans ces outils. De même, quand les soignants seront-ils enfin correctement protégés ? On n’entend pas la réponse.
    Enfin, il faut un commandement unifié et moins de bureaucratie.

    Que voulez-vous dire ?

    Je vais vous donner un exemple personnel. Dès le début de l’alerte, je me suis inscrit à la réserve sanitaire. Il y a une semaine, je reçois un message me demandant si je suis prêt à appuyer au plan épidémiologique une ARS [agence régionale de santé] dans un département d’outre-mer. Je réponds immédiatement que je suis volontaire et que je libère tout mon agenda jusqu’à fin juin. Au bout de six jours, pas de réponse. Je fais savoir que je trouve cela anormal en situation d’urgence. Je reçois alors comme réponse que mon dossier administratif n’est pas complet. Il manque la copie de mon diplôme de docteur en médecine (qui est à mon bureau, donc inaccessible) et un certificat d’aptitude médicale. Je n’aurai pas l’odieuse pensée de déranger un confrère surchargé pour qu’il atteste que je suis apte à faire de l’épidémiologie ! Le président de la République a déclaré la guerre, mais les services continuent de fonctionner comme en temps de paix.

    En 1917, la première chose qu’a faite Georges Clemenceau en devenant président du Conseil et ministre de la guerre, c’est de se débarrasser des bureaucrates sans valeur ajoutée, voire à valeur négative. Ensuite, il a obtenu des Alliés un commandement unifié. On multiplie les instances, les conseils, les comités qui font de leur mieux, mais il n’y a pas le souci des détails, ils n’ont pas de rôle opérationnel. Quand Clemenceau visitait le front au péril de sa vie, ce n’était pas seulement pour soutenir le moral des troupes. C’était aussi pour vérifier que l’intendance suivait.
    Pour gagner contre une épidémie, il faut trois conditions : la surveillance, la réactivité et un commandement resserré qui fait un lien opérationnel entre la doctrine et le terrain.

    Etes-vous pessimiste ?

    Oui, au moment où nous nous parlons. Non, si les principes de base de la lutte contre les épidémies sont enfin mis en œuvre de toute urgence en s’affranchissant des contraintes administratives que le gouvernement a désormais les outils juridiques de lever.
    Cette situation illustre jusqu’à la caricature la faiblesse de la santé publique française. On mise tout sur les soins sans réaliser que la prévention est un investissement très rentable. Chaque fois que l’on dépense 100 euros dans le domaine de la santé, 96 % vont aux soins et 4 % à la prévention organisée. C’est cela que nous payons, comme nous payons l’incurie de la gestion de l’amiante – 100 000 décès cumulés.
    Tous les soirs à 20 heures, nous applaudissons nos soignants. Je me demande si nous ne devrions pas siffler tous les midis les carences de la prévention de terrain jusqu’à ce qu’elle devienne efficace.

    Illétrisme d’en haut : à se demander quel usage peut bien faire pour son propre compte la classe dominante de ses organes : "l’urgence absolue de créer des structures de prise en charge des patients peu symptomatiques", écrivait le 27 mars LE journaliste santé de Le Monde, Franck Nouchi
    https://seenthis.net/messages/835151

    #bureaucratie (s) #prévention #hygiène #épidémiologie_de_terrain #recherche #réserve_sanitaire #structures_post_hospitalières

  • En Suède, le désamour pour l’hydroxychloroquine
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/04/09/en-suede-le-desamour-pour-l-hydroxychloroquine_6036144_3244.html

    Alors que l’essentiel des structures hospitalières suédoises avait adopté ce traitement contre le Covid-19, des doutes sur son efficacité et des craintes sur les effets secondaires ont conduit à son quasi-abandon hors essais cliniques.

    Fin mars, l’hôpital de Sahlgrenska à Göteborg a été le premier à annoncer qu’il arrêtait de prescrire la chloroquine et l’hydroxychloroquine dans le traitement du Covid-19. « Je pense que toutes les cliniques en Suède ont commencé à utiliser ce traitement quand les premiers patients sont arrivés. A Göteborg, nous étions très prudents depuis le début, explique Magnus Gisslén, professeur de maladies infectieuses et médecin à l’hôpital de Sahlgrenska. Nous nous sommes rendu compte que les preuves d’efficacité étaient faibles, mis à part une étude chinoise, cependant réalisée sans groupe témoin, et l’étude française où l’hydroxychloroquine est combinée à l’azithromycine, étude dont nous estimons qu’elle n’est pas suffisamment bien faite pour démontrer l’efficacité. »

    Ce spécialiste souligne aussi les risques d’effets secondaires de ces médicaments sur le cœur (troubles du rythme cardiaque) mais aussi au niveau des reins. « Nous avons d’abord décidé de ne plus donner de chloroquine aux patients souffrant d’insuffisance rénale, puis de ne plus le donner du tout, même si nous n’avons pas constaté d’effets secondaires chez nous. Des collègues, en Suède et à l’étranger, nous ont fait part de cas suspicieux, même s’il est difficile de savoir si la chloroquine était à l’origine des effets observés ou si c’était une conséquence de la maladie. »

    « Pas de conclusions solides »
    Comme l’hôpital de Sahlgrenska dispose de la plus grosse clinique infectieuse en Suède, les autres hôpitaux du pays ont suivi, à commencer par le Södersjukhuset à Stockholm. « Je pense que plus un seul hôpital n’utilise ces médicaments aujourd’hui. La décision a été un peu controversée au début, mais rapidement, l’agence du médicament est venue avec ses propres recommandations, ce qui a convaincu ceux qui doutaient encore », poursuit Magnus Gisslén.

    Dans un communiqué publié le 2 avril, l’Agence suédoise du médicament, la Läkemedelsverket, estime que « les données disponibles actuellement ne permettent pas d’aboutir à des conclusions solides concernant les effets cliniques et l’innocuité de la chloroquine et de l’hydroxychloroquine dans le traitement de patients atteints du Covid-19 ». En raison de ces incertitudes, l’agence recommande leur utilisation « pour le traitement du Covid-19 uniquement dans le cadre d’études cliniques ». Le communiqué poursuit en déconseillant vivement l’automédication, avec une longue liste des effets secondaires.

  • Renaud Piarroux : « L’expérience des épidémies s’est perdue en France »
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/04/09/renaud-piarroux-l-experience-des-epidemies-s-est-perdue-en-france_6036096_32

    L’infectiologue et chef du service de parasitologie à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière prône un suivi étroit des cas sur le terrain, parallèlement au confinement, afin d’éviter une deuxième vague de contamination.

    Professeur à la faculté de médecine de Sorbonne Université, chercheur et chef du service de parasitologie à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Renaud Piarroux avait révélé que le camp des casques bleus népalais déployés en Haïti après le séisme de 2010 était bien la source de l’épidémie de choléra qui avait ravagé l’île moins d’un an après, faisant 10 000 morts. Il avait aussi proposé une approche de la lutte communautaire par des équipes d’intervention rapide, ce qui a permis d’éliminer ce fléau. Face à l’épidémie de Covid-19 en France, cet épidémiologiste de terrain plaide pour une approche ciblée sur les cas et l’application de mesures de suivi étroit des contacts.

    Nous entamons la quatrième semaine de confinement. Que nous a-t-il apporté jusqu’à présent ?

    Ces trois premières semaines de confinement ont atténué la vague épidémique et nous ont évité de subir une déferlante qui aurait pu nous noyer en submergeant les capacités de notre système de soins. La France connaît une épidémie dont la trajectoire est comparable à celle qu’a subie l’Italie une semaine à dix jours avant nous. Au début, elle était assez limitée. Le 17 mars, jour de l’instauration du confinement, nous en étions à 7 700 cas et 175 décès, soit beaucoup moins que les 10 000 morts, et même au-delà, actuels.
    Un confinement met toujours du temps à produire ses effets. Le week-end qui a précédé sa mise en place, il faisait beau, les gens étaient dehors, ils étaient incités à aller voter pour le premier tour des élections municipales… Beaucoup de contaminations ont eu lieu à cette période. Le temps que l’infection incube, que les gens tombent malades, soient hospitalisés, nous avons retrouvé une forte hausse du nombre de cas dans les quinze jours ayant suivi l’instauration du confinement, comme cela s’est passé en Italie.

    Comment la situation a-t-elle évolué depuis ?

    Elle se calme un peu depuis une semaine. Il existe une tendance à la baisse du nombre de nouveaux cas mais celle-ci est lente, en plateau. Le confinement a permis d’infléchir la courbe de l’épidémie. Cependant, les services de réanimation sont pleins, souvent dans l’incapacité d’accepter de nouveaux malades, travaillant presque à flux tendu. Pour gérer cet afflux exceptionnel, il a fallu une énorme mobilisation de tous. Il y a trois semaines, nous parlions de 400 patients qu’il faudrait accueillir en réanimation à l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP).

    Nous avons actuellement 2 500 patients en réanimation en région parisienne, à l’AP-HP, dans les hôpitaux périphériques, les cliniques… Mais nous n’avons pas été débordés comme cela a été le cas en Lombardie, à Madrid, à Londres ou à New York. Le confinement a permis d’obtenir un équilibre précaire entre les capacités du système de soins et l’arrivée de nouveaux patients. Cet équilibre a également été rendu possible par un énorme effort de transferts de patients vers des hôpitaux d’autres régions moins touchées : plus de 160 malades à ce jour transférés depuis la région parisienne.

    Le premier ministre a évoqué une sortie du confinement alors que le président du conseil scientifique insiste sur son indispensable prolongement…

    Cette première vague a déjà fait plus de 10 000 morts et il y aura encore beaucoup de décès parmi les malades hospitalisés, de l’ordre de 35 % d’entre eux. A quoi s’ajoutent les patients qui meurent dans les Ehpad, à leur domicile… Quand on considère l’épidémie et les résultats préliminaires des tests sérologiques [qui permettent de savoir si une personne a été infectée], nous constatons que le confinement a empêché beaucoup de cas, mais que, dans leur grande majorité, les Français n’ont pas rencontré le virus. Si l’on relâche trop vite le confinement, chaque personne infectée en contaminera plus d’une, ce qui nous confrontera à une épidémie encore plus forte qu’actuellement. Sans confinement et sans mesures additionnelles, l’épidémie repartira, avec un nombre de nouveaux cas qui peut doubler tous les trois jours. En dix jours, il pourrait être multiplié par dix !
    Lire aussi Coronavirus : le confinement sera prolongé au-delà du 15 avril en France, où le bilan frôle désormais les 11 000 morts
    Bien sûr, le confinement est très difficile à supporter, sans parler de la catastrophe économique qu’il provoque. Certains pays, comme l’Autriche, qui a un niveau de transmission inférieur au nôtre, envisagent de lâcher du lest à la mi-avril. La France ne peut pas se le permettre. Nous avons échappé de très peu à ce qu’ont connu ou connaissent la Lombardie ou New York, avec un hôpital de campagne géant dans Central Park. Pourtant, il n’est pas possible de continuer indéfiniment le confinement tout en ayant des hôpitaux surchargés et qui doivent aussi pouvoir accueillir des personnes atteintes d’autres maladies graves.

    Concrètement, quelle stratégie faudrait-il mettre en œuvre ?

    La France n’a pas adopté la stratégie de certains pays qui ont déployé des équipes pour identifier les cas, rechercher les porteurs du coronavirus dans leur entourage, isoler tous les porteurs parallèlement au confinement. Cette méthode implique de nombreux tests, des enquêtes épidémiologiques et l’isolement de toutes les personnes qui pourraient être porteuses du virus.
    Aujourd’hui, quand un malade vient aux urgences à l’hôpital et qu’il ne remplit pas les critères d’une hospitalisation, il repart avec une fiche donnant quelques consignes, une invitation à s’inscrire sur Covidom [application gratuite de suivi à domicile], mais on ne lui donne pas de masques, ni de solution hydroalcoolique. Ainsi, il est susceptible de contaminer d’autres personnes sur son trajet ou à son domicile. S’il n’est pas isolé, on a des chaînes de transmission, comme en témoigne la survenue de nouveaux cas trois semaines après l’entrée en vigueur du confinement. Il faut identifier et isoler les malades et les porteurs.
    Pourquoi cette méthode n’est-elle pas systématiquement appliquée ?
    L’expérience des épidémies et de leur gestion sur le terrain s’est perdue en France, si l’on excepte le monde humanitaire, mais MSF n’est pas dans le tour de table des cellules de crise. Du coup, des réflexes manquent, comme celui d’aller voir au plus près du terrain où sont les cas, d’établir une courbe épidémique sur des endroits précis, même si cela implique un énorme travail.

    Il est nécessaire d’avoir des équipes mobiles qui viennent voir les familles où il y a des cas pour les informer, les aider à se protéger pour éviter la transmission, les tester et isoler les porteurs du coronavirus.
    Bien sûr, outre les problèmes de disponibilité des tests, cela pose celui de l’acceptabilité de l’isolement, soit au domicile, soit dans un hôtel ou un autre lieu. Mais, si cette méthode n’est pas appliquée, nous resterons trop longtemps avec trop de cas. Nous devons recréer ce savoir-faire, comme nous avons su créer des places en réanimation. Cela doit se faire pendant le confinement en renforçant la surveillance là où existent des clusters. D’où l’importance de la cartographie des cas.

    Qu’apporte cette approche cartographique ?

    Elle permet de guider les interventions. On constate par exemple de nombreux cas dans les 18e et 19e arrondissements de Paris, là où se forment beaucoup d’attroupements. Aujourd’hui, il n’est pas possible de fournir deux masques par jour à toute la population, mais plus nous diminuerons le nombre de cas, plus nous aurons de possibilités d’interventions ciblant les zones encore atteintes. En intervenant, nous pouvons chercher des solutions avec la population. L’expérience des épidémies montre que, lorsque l’on prend le soin de venir au contact des populations, il y a des gens qui se révèlent des aides et des relais précieux.

    Le traçage par l’utilisation des données de téléphonie mobile contribuerait-il à la démarche que vous proposez ?

    Le traçage permet de localiser les cas de manière anonyme. Les données personnelles – adresse, numéro de téléphone… – dont disposent par exemple les centres 15 à partir des appels ne peuvent pas être utilisées, du moins pour l’instant. Alors, de grandes entreprises ont proposé des solutions numériques totalement anonymisées. Mais cela transforme les cas en points et je ne sais pas faire porter un masque à un point, ni l’aider à protéger ses proches.

  • Des #mensonges_d’Etat – édito #2 de la #Confinée_Libérée

    Le gouvernement a pris trop tard les mesures pour protéger la population. Le bilan morbide qui s’allonge de jour en jour, notamment dans les #quartiers_populaires (https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/04/04/coronavirus-la-seine-saint-denis-confrontee-a-une-inquietante-surmortalite_6), le confirme, tout comme le nombre de plaintes déposées contre l’État (https://plaintecovid.fr). De premières publications de journalistes ou de chercheur·ses permettent de mieux saisir les manquements graves du gouvernement. Pascal Marichal montre ainsi dans cet article de la Vie des Idées (https://laviedesidees.fr/Savoir-et-prevoir.html), à partir d’une lecture de la revue Science (https://www.sciencemag.org/news/2020/01/outbreak-virus-china-declared-global-emergency), que le gouvernement aurait pu et dû prévoir la pandémie actuelle. La même revue annonçait l’inévitable basculement dans une phase de pandémie dans une publication datant du 25 février 2020. Pourquoi les agent·es du Ministère de la Santé n’ont-ielles pas pris en compte ces productions scientifiques pour orienter leur action ? Les ont-ielles volontairement ignorées ? Qu’en est-il de la question des masques ? Une enquête de radio France (https://www.franceinter.fr/comment-la-france-a-sacrifie-sa-principale-usine-de-masques#xtor=EPR-5-[) montre que la dernière usine française de fabrication de masques a fait faillite en 2018 suite à l’arrêt des commandes de l’État, qui a cessé de constituer les stocks qui font aujourd’hui si cruellement défaut aux soignant·es. L’enquête de Mediapart (https://www.mediapart.fr/journal/france/020420/masques-les-preuves-d-un-mensonge-d-etat) révèle, entre autres choses, que la pénurie de masques a été sciemment dissimulée au grand public et, tandis que la porte-parole du gouvernement affirme que la population n’a pas besoin de masques car elle ne saurait pas les utiliser, l’Académie de médecine (https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/04/04/faut-il-generaliser-le-port-du-masque-le-discours-officiel-s-inflechit_60355) recommande un recours plus large. Alors, partout, la production artisanale et solidaire de masques se développe, l’auto-organisation prend le relai.
    Les mensonges, l’#incompétence, la #surdité aux résultats de la recherche et la destruction obsessionnelle des services publics sont responsables de la situation dramatique dans laquelle nous nous trouvons. Le monde “d’après” semble tout aussi effrayant : dérogations au #Code_du_travail, accentuation des #inégalités sociales face au virus, renforcement de l’#arbitraire_policier, en particulier dans les quartiers populaires où résident nombre des travailleur·ses qui assurent le maintien des activités essentielles à l’ensemble de la société.

    Alors que le #déconfinement s’annonce long et complexe (https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2020/04/07/les-enjeux-du-deconfinement-expliques-en-schemas_6035827_4355770.html), en particulier à l’#université (https://academia.hypotheses.org/22143#more-22143), l’organisation collective est plus nécessaire que jamais. Il s’agit bien sûr de poursuivre nos #luttes, notamment contre la précarité des #vacataires (https://universiteouverte.org/2020/04/06/comment-ne-pas-payer-les-vacataires-confine%c2%b7es) et l’exploitation des travailleur·ses effectuant des tâches sous-traitées (https://universiteouverte.org/2020/04/07/sous-traitance-maltraitance-dans-nos-facs-et-labos). Mais il s’agit d’aller plus loin encore.
    Le mensonge sur la pénurie de masques n’est ni anecdotique, ni un fait isolé. Dans les politiques de l’enseignement et la recherche, le détournement des mots est également devenu une constante, voire un outil de gestion. Ces dernières années, le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche (#MESRI) a systématiquement camouflé la réalité de ses politiques par des mensonges purs et simples : annoncer plus de moyens pour la recherche, tout en coupant les financements pérennes des laboratoires ; dire lutter contre la précarité, tout en baissant le nombre de postes ouverts ; annoncer ouvrir l’université, tout en multipliant par 15 les frais d’inscriptions pour les étudiant·es étranger·es extra-communautaires, selon le plan désigné par l’antiphrase (https://universiteouverte.org/2019/03/25/laelia-veron-deconstruit-le-discours-dedouard-philippe-bien-lyriq) “Bienvenue en France” (https://universiteouverte.org/tag/bienvenue-en-france).
    Ainsi, alors qu’Emmanuel Macron assurait que personne ne subirait de “pertes de revenus liées au COVID-19”, c’est dans une anodine “foire aux questions” de son site que le MESRI annonce le non-paiement des vacataires pendant la crise (https://universiteouverte.org/2020/04/06/comment-ne-pas-payer-les-vacataires-confine%c2%b7es). Alors que le gouvernement s’était engagé à abandonner les réformes en cours, la #LPPR (https://universiteouverte.org/loi-pluriannuelle-de-programmation-de-la-recherche) continue ses avancées masquées (https://academia.hypotheses.org/22196) à base d’#ordonnance et de #décrets (https://ufsecgt.fr/IMG/pdf/sntrs_tractlppr60420.pdf).

    Les mensonges sont exposés.
    Nous savons ce que valent paroles et engagements ministériels.
    Maintenant, il nous faut nous organiser pour renforcer nos solidarités, contrer la politique criminelle de ce gouvernement, construire une recherche et une université publiques, ouvertes et émancipatrices pour toutes et tous.
    Confiné·es, mais pas déconfit·es, nous sommes plus que jamais prêt·es à la lutte ! Et la rentrée 2020 n’est pas loin…


    https://universiteouverte.org/2020/04/08/des-mensonges-detat-edito-2-de-la-confinee-liberee
    #mensonge_d'Etat #mensonge #mensonges #coronavirus #covid-19 #France #Seine-Saint-Denis #plainte #masques #stocks #surmortalité #Plaintel #le_monde_d'après #stratégie_du_choc

  • L’Elysée décide de limoger Christophe Lannelongue, directeur de l’ARS Grand-Est
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/04/08/l-elysee-decide-de-limoger-christophe-lannelongue-directeur-de-l-ars-grand-e

    La confirmation par le haut fonctionnaire de l’Agence régionale de santé du maintien d’un plan de réduction des postes et des lits au sein des hôpitaux de Nancy avait suscité un tollé en pleine épidémie.

    Trump vire Modly
    Macron vire Lannelongue
    #fayot est un métier éprouvant et risqué…

  • « L’application StopCovid retracera l’historique des relations sociales » : les pistes du gouvernement pour le traçage numérique des malades
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/04/08/stopcovid-l-application-sur-laquelle-travaille-le-gouvernement-pour-contrer-

    Dans un entretien au Monde, le ministre des solidarités et de la santé, Olivier Véran, et le secrétaire d’Etat chargé du numérique, Cédric O, expliquent réfléchir au développement d’une application pour smartphone destinée à « limiter la diffusion du virus en identifiant des chaînes de transmission ». « Nous en sommes à une phase exploratoire, mais nous ne voulons fermer aucune porte », assurent-ils.
    Le premier ministre, Edouard Philippe, s’est dit favorable à un traçage numérique des Français sur la base du volontariat pour lutter contre le Covid-19. Quelle solution avez-vous retenue ?

    Cédric O : Dans le combat contre le Covid-19, la technologie peut aider. Nous ne voulons fermer aucune porte, mais nous sommes sans certitude de succès. Rien ne sera décidé sans un large débat, mais ce débat doit être éclairé en évaluant ce que la technologie permet. Le gouvernement a décidé de lancer le projet « StopCovid » afin de développer une application qui pourrait limiter la diffusion du virus en identifiant des chaînes de transmission. L’idée serait de prévenir les personnes qui ont été en contact avec un malade testé positif, afin qu’elles se fassent tester elles-mêmes, et si besoin qu’elles soient prises en charge très tôt, ou bien qu’elles se confinent.

    Envisagez-vous une autre technologie, par exemple le GPS ?

    C. O. : Seul le Bluetooth est envisagé. L’application ne géolocalisera pas les personnes. Elle retracera l’historique des relations sociales qui ont eu lieu dans les jours précédents, sans permettre aucune consultation extérieure ni transmettre aucune donnée.

    Ce n’est pas une application qui trace vos déplacements, c’est une application qui permet d’indiquer aux personnes que vous avez croisées pendant un temps long qu’elles ont, éventuellement, rencontré un cas positif au SARS-CoV-2.

    Et en même temps

    Il faut se garder du fantasme d’une application liberticide. Notre hypothèse est celle d’un outil installé volontairement, et qui pourrait être désinstallé à tout moment. Les données seraient anonymes et effacées au bout d’une période donnée. Personne n’aura accès à la liste des personnes contaminées, et il sera impossible de savoir qui a contaminé qui. Le code informatique sera public, « auditable » par n’importe qui, et compatible avec d’autres pays. Nous veillons à associer étroitement la CNIL [Commission nationale de l’informatique et des libertés] : la version finale de ce projet lui sera évidemment soumise.

    Il faut se garder aussi d’un fantasme opposé, celui de l’application magique qui permettrait de tout résoudre. Il y a une incertitude technologique, et ce n’est qu’une brique optionnelle dans une stratégie globale de déconfinement.

    #Coronavirus #covid_tracking #Promesses

  • Coronavirus : à Singapour, TraceTogether permet de remonter les chaînes de contamination sans géolocalisation
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/04/08/coronavirus-a-singapour-tracetogether-permet-de-remonter-les-chaines-de-cont

    L’application, étudiée de près par le gouvernement français, utilise la fonction Bluetooth afin d’identifier avec qui l’usager a passé plus de trente minutes à moins de 2 mètres de distance.

    Lancée le 20 mars par le gouvernement de Singapour, l’application TraceTogether développe le principe du contact tracing (« suivi des contacts »). En laissant l’application ouverte et en ayant activé le Bluetooth, le programme stocke pendant vingt et un jours les données des personnes avec lesquelles le porteur du smartphone a été à « moins de 2 mètres, durant au moins 30 minutes ». Si, plus tard, l’une de ces personnes se révèle positive au Covid-19, et que l’application a repéré un risque de contamination, l’utilisateur du smartphone est contacté, pour éventuellement passer un test. Si c’est lui qui est infecté, il peut autoriser le personnel du ministère de la santé à accéder à l’application pour identifier les individus qui ont été à moins de 2 mètres de lui pendant au moins 30 minutes.

    L’usage de TraceTogether est basé sur le volontariat à Singapour, mais fortement encouragé : l’appli ne peut produire des résultats que si un grand nombre y a recours.
    Conçue par l’agence pour la technologie et par le ministère de la santé, TraceTogether met son logiciel à la disposition gratuite de tout pays ou développeur souhaitant l’utiliser et le modifier. Son site officiel décrit l’application comme un « outil crucial » pour retracer les chaînes de contamination : « Essayez de vous rappeler toutes les personnes que vous avez rencontrées les deux dernières semaines. Pouvez-vous nommer chacun de ceux avec qui vous avez parlé ? Sans doute pas. Et, même si vous le faites, vous n’avez peut-être pas leur contact », peut-on y lire. Il est précisé que le ministère de la santé n’accédera pas à vos données sans votre consentement : le numéro de téléphone de l’utilisateur n’apparaît pas directement dans le téléphone des personnes croisées – mais un identifiant, attribué de manière aléatoire.

    L’utilisation du Bluetooth permet « d’éviter la géolocalisation avec les coordonnées GPS, système qui fonctionne mal quand les gens sont à l’intérieur et à des étages différents d’un immeuble, par exemple », explique sur le site Internet Jason Bay, le directeur des services gouvernementaux numériques au sein de l’agence de technologie de Singapour. Par ailleurs, le GPS « poserait des questions de vie privée et de sécurisation des données ».

    L’usage de TraceTogether est basé sur le volontariat à Singapour, mais fortement encouragé : l’appli ne peut produire des résultats que si un grand nombre y a recours. Un million de personnes, sur les 5,6 millions que compte la cité-Etat, l’avaient téléchargée à la date du 1er avril. « Tout le monde en parle. Quand j’ai dit à mes amis singapouriens, lors d’un dîner, que je ne l’avais pas téléchargée, tout le monde m’a regardé d’un drôle d’air. Je l’ai fait tout de suite après », confie une expatriée française. Même si, à ce stade, TraceTogether n’a pu empêcher la mise en place, mardi 7 avril, de nouvelles mesures de quasi-confinement conduisant à la fermeture des commerces non essentiels et à un rappel à l’ordre pour rester chez soi, à la suite d’une remontée des contaminations. Le 7 avril, 106 nouveaux cas d’infection ont été déclarés, portant le total à 1 481 cas, pour six morts.

    Applications de pistage

    Ailleurs en Asie, d’autres modèles fonctionnent. En Corée du Sud, les éditeurs de logiciels proposent des applications de pistage. Corona Baeksin (« 100 mètres », en coréen), de l’éditeur Handasoft, alerte un utilisateur s’il se trouve à moins de 100 mètres d’un endroit préalablement visité par une personne contaminée. Il signale aussi la nationalité, le genre et l’âge des personnes positives et la date à laquelle elles ont été testées. Le système n’a pas recours au GPS des téléphones, mais à la triangulation par les opérateurs. Les autorités coréennes ont également facilité l’accès, pour les enquêteurs des centres de prévention et de contrôle des maladies, des données concernant les personnes positives, qui nécessitaient des autorisations préalables, comme l’utilisation des cartes de crédit et la vidéosurveillance.

    En Chine, Alipay, une filiale du géant du commerce Alibaba, a développé, en coopération avec plusieurs provinces et les services de police, un programme dit « code de santé », attribuant à leur utilisateur un code vert, jaune ou rouge, selon les voyages qu’il a effectués, les personnes qu’il a pu croiser et le formulaire de santé en ligne qu’il a rempli. Au moins deux cents villes l’utilisent. Un code-barres jaune ou rouge limite l’entrée dans certaines villes et commerces – si ceux-là ont décidé de les exiger pour les scanner. Cette donnée, ainsi que la localisation de l’usager, est alors envoyée vers des serveurs. Un code jaune peu induire de se mettre sept jours an autoquarantaine, et un code rouge quatorze jours. Mais des utilisateurs se sont plaints du fait qu’ils n’avaient aucune information sur les critères les ayant amenés à recevoir la couleur jaune ou rouge.

    #contact_tracing