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  • Nathalie Arthaud, le 29 mai : “Faire revivre une conscience de classe internationaliste” #feteLO2023
    https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/05/31/le-28-mai-faire-revivre-une-conscience-de-classe-internation

    Un mot caractérise les relations internationales actuelles, c’est le mot « guerre », avec tout ce qu’il implique de souffrances, de morts et d’horreurs. La guerre est le lot habituel et dramatique pour de nombreux pays d’Afrique. Elle a redémarré au Soudan. Le Sahel est gangrené par un état permanent de guerre civile. Il en est de même pour l’Afghanistan, le Pakistan, la Birmanie. Au Moyen-Orient, la colonisation de la Palestine par Israël, avec les réactions de défense qu’elle soulève, pourrait être qualifiée de guerre de Cent Ans. Depuis un an et demi, la guerre ravage aussi l’Ukraine. […]

    Toutes ces guerres se mènent sur fond d’une autre guerre : la guerre de classes. C’est précisément parce que les grands groupes capitalistes se livrent une guerre économique féroce qu’ils s’attaquent partout à la condition ouvrière, aggravent l’exploitation, la précarité, les inégalités et la misère. Des millions de travailleurs de par le monde sont soumis à des situations dignes de l’esclavage. Dès qu’ils tiennent sur leurs deux jambes, des enfants sont mis au travail au Congo, au Bangladesh, en Turquie…

    Près d’un milliard de femmes et d’hommes sont en situation de malnutrition dans le monde, et ce sont tous des femmes et des hommes qui travaillent, récoltent ou vendent ce qu’ils peuvent ! Eux aussi sont victimes de la guerre que mène la classe capitaliste pour ses profits, sa rentabilité, ses cours boursiers, ses sinécures.

    Un des aspects les plus révoltants de cette guerre de classe, c’est la guerre menée à l’échelle de la planète toute entière contre les femmes, les hommes et les enfants qui ont été forcés de quitter leur pays.

    Ce ne sont pas seulement des frontières administratives, des murs, des barbelés, des camps et des prisons qui sont dressés contre ces femmes et ces hommes. Ce sont des marines de guerre, des bataillons de policiers, des forces équipées de moyens militaires : radars, drones, hélicoptères…

    Sous une forme ou sous une autre, la guerre est omniprésente, parce qu’elle est au cœur même du système capitaliste. […] Alors, camarades et amis, il n’y a pas de petit coin de paradis épargné par le système capitaliste. Il n’y a pas d’échappatoire durable à la folie de ce système. Le mieux que nous ayons à faire, c’est de comprendre les causes et les mécanismes qui mènent à ces guerres et c’est de nous donner les moyens d’y faire face pour assurer un avenir à l’humanité.

    "Le capitalisme porte en lui la guerre, comme la nuée porte l’orage"

    […] Le monde entier est transformé en arène où les grandes puissances rivalisent dans une guerre économique de tous les instants.

    Qui contrôle ou contrôlera, demain, telle ou telle chaîne de production, telle ou telle matière première, tel ou tel procédé de fabrication ? Qui va avoir accès à l’énergie au coût le plus faible ? Qui aura accès à l’eau, aux terres les plus fertiles ? Le pétrole, le gaz, les satellites, les semi-conducteurs, les métaux rares, le numérique… tout est l’objet de rapports de force, de chantages, de rapines et de domination. [...]

    Si les trafiquants de drogue mènent leur guerre économique avec des kalachnikovs, la grande bourgeoisie a beaucoup mieux : elle dispose de son gouvernement et d’un appareil d’État qui peut faire jouer sa puissance diplomatique et, au besoin, son état-major et son armée.

    Voilà pourquoi nous vivons, de nouveau, sous la menace d’une guerre généralisée. Un siècle après la Première Guerre mondiale, quatre-vingts ans après une Deuxième Guerre mondiale ! Voilà pourquoi le combat contre le système capitaliste est en train de devenir une nécessité pour la survie de l’humanité ! […]

    Il n’y a pas de signal indiscutable qui nous indiquerait que les dirigeants du monde capitaliste ont fait le choix de la marche à une nouvelle guerre mondiale. Mais ils marchent sur la corde raide en s’engageant toujours plus aux côtés de l’Ukraine contre la Russie. […]

    Face à cette situation, tous les pays se préparent à la guerre. Ils s’entraînent même déjà, puisque l’Ukraine est devenue le champ de manœuvre sur lequel toutes les grandes puissances testent leurs armes, avec la peau des Ukrainiens et des soldats russes ! Et tous se réarment à marche forcée et passent à une économie de guerre.

    En France, Macron a porté la loi de programmation militaire à 413 milliards d’euros. En deux lois de programmation militaire, ce budget aura doublé en France ! En Allemagne, le gouvernement a débloqué 100 milliards d’euros pour procéder au réarmement du pays. Le Japon, qui a pourtant officiellement renoncé à la guerre selon sa Constitution, va doubler son budget militaire d’ici 2027, sous la pression américaine et parce qu’il est voisin de la Chine. Et, champion du monde toutes catégories, il y a évidemment les États-Unis, avec plus de 800 milliards de dollars chaque année. La Chine, présentée comme l’agresseur et la menace mondiale, arrive loin derrière, avec 300 milliards.

    L’an dernier, à l’échelle du monde, plus de 2 200 milliards de dollars ont été consacrés aux dépenses miliaires. C’est cent fois la somme nécessaire pour électrifier entièrement l’Afrique subsaharienne, cent fois la somme nécessaire pour éradiquer la tuberculose, le sida et le paludisme d’ici à 2030.

    Leur guerre n’est pas la nôtre

    [...] La population ukrainienne est devenue, à son corps défendant, l’instrument et la victime d’une rivalité qui la dépasse. Les villes bombardées et détruites, les familles vivant dans des caves ou au milieu des ruines, les soldats se terrant dans des tranchées boueuses, toutes ces morts et ces souffrances engendrées par l’invasion de l’armée russe ne peuvent laisser indifférent. Et on ne peut que se sentir humainement solidaire de cette population qui endure tant de souffrances depuis plus d’un an.

    Mais, pour que le peuple ukrainien soit sauvé, on ne peut pas s’en remettre aux puissances impérialistes occidentales. Ce n’est pas pour les beaux yeux des Ukrainiens que les États-Unis et l’Union européenne aident aujourd’hui l’Ukraine contre l’invasion de Poutine !

    De l’Algérie à l’Indochine, du Vietnam à l’Irak, du Rwanda à l’Afghanistan, leurs interventions étrangères, même quand elles étaient drapées de considérations humanitaires, ont toujours eu pour but de défendre leurs intérêts, jamais ceux des peuples. Aujourd’hui, au Mali et au Burkina Faso, les troupes françaises ressemblent si peu à des libératrices qu’elles sont rejetées par la population. Et combien de fois l’armée américaine est-elle intervenue au Moyen-Orient ?

    Qu’est-ce qu’ils ont apporté en Irak et en Libye, si ce n’est la destruction et la décomposition de ces deux pays ? Qu’est-ce qu’ils ont apporté en Afghanistan, sinon plus de misère et une immense déception de la part des femmes et de ceux qui avaient placé leurs espoirs dans la puissance américaine ?

    C’est une réalité que Poutine tente d’exploiter en se présentant comme le champion de la lutte anti-impérialiste. Mais il représente la même politique d’oppression et de domination.

    Les Poutine, les Xi Jinping, les Biden, Macron et Cie représentent des camps rivaux. Mais contre les travailleurs et les plus pauvres, ils forment un front uni. Dans la guerre de classe, ils sont tous du côté des capitalistes, des pilleurs et des exploiteurs ; du côté des oligarques, pour ce qui est de Poutine ; du côté des nouveaux capitalistes pour ce qui est de Xi Jinping, et du côté des plus grands financiers de la planète pour ce qui est de Biden. Alors ne nous laissons embrigader ni dans un camp ni dans un autre !

    En 1915, en pleine Première Guerre mondiale, Lénine proposait aux travailleurs de s’adresser ainsi à leurs dirigeants :
    « Vous, les bourgeois, vous faites la guerre pour le pillage ; nous, les ouvriers de tous les pays belligérants, nous vous déclarons la guerre, la guerre pour le socialisme ! »

    Gardons tout cela en tête. Parce que si le capitalisme condamne l’humanité aux guerres, l’humanité, elle, n’est pas condamnée au capitalisme ! Une autre société est possible : une économie débarrassée de la propriété privée, du marché, de la concurrence et de la loi du profit ; une société basée sur la propriété collective des moyens de production et organisée démocratiquement pour répondre aux besoins de tous à l’échelle internationale ; une économie sans rapports d’exploitation entre les hommes, sans rapport de domination entre pays. Alors, les mots de coopération, d’entraide et de solidarité internationale prendront leur véritable signification et il en sera fini de toutes ces guerres fratricides !

    Les opprimés ont montré des dizaines de fois qu’ils n’acceptent pas éternellement de subir. Ils se battent avec les moyens qu’ils trouvent, mais ils ne cessent de se battre. Cette année, la révolte en Iran, partie des femmes et portée par toute la jeunesse montre qu’il arrive toujours des moments où la révolte est plus forte que la peur. Des moments où l’action et la témérité de quelques-uns en encouragent d’autres et conduisent des centaines, des milliers, des millions à oser faire ce qu’ils n’imaginaient même pas quelques jours avant ! Mais il faut plus que du courage pour transformer les révoltes en révolution victorieuse.

    Reconstruire une Internationale

    […] À chaque fois, ce qu’il a manqué, c’est que les masses révoltées imposent leur politique, parviennent à s’organiser et à faire émerger leur propre direction pour établir un pouvoir populaire et ouvrier.

    Dans le passé, il a fallu des dizaines d’années de révoltes ouvrières, souvent noyées dans le sang, pour que les travailleurs comprennent qu’il leur fallait construire leur propre direction politique, c’est-à-dire leur propre parti ; et qu’ils devaient les construire avant la tornade révolutionnaire pour ne pas se retrouver une énième fois, impuissants face aux événements. C’est à partir de cette expérience vivante du mouvement ouvrier que des générations d’ouvriers et de jeunes intellectuels révoltés, comme Marx ou Engels, comme Lénine, Rosa Luxemburg ou Trotsky, s’attelèrent à la tâche de construire des partis communistes révolutionnaires dans tous les pays et de les rassembler en une Internationale, conçue pour être un parti mondial de la révolution.

    C’est ce qui a été perdu et qu’il faut reconstruire aujourd’hui pour que l’immense courage et combativité des opprimés débouchent sur des victoires et refassent à nouveau tourner la roue de l’histoire en avant ! Oui, ce qu’il faut reconstruire, ce sont non seulement des partis révolutionnaires, mais une Internationale.

    La vision nationaliste, consistant à analyser telle ou telle situation à l’échelle nationale et à chercher des solutions pour son propre pays, est complètement dépassée. Le capitalisme s’est déployé à l’échelle de la planète, il a fondu l’humanité et les exploités dans un sort commun et il pose désormais les problèmes à l’échelle de la planète. […] C’est sur la base de cette interdépendance, sur la base de la concentration des moyens de production et des gains de productivité qui en découlent que l’on peut envisager une société capable de subvenir aux besoins vitaux de toute l’humanité.

    Alors, mettons en commun les immenses moyens de production que l’humanité a développés, les multinationales, les satellites, les compagnies maritimes ! Gérons rationnellement à l’échelle mondiale les ressources énergétiques ou les matières premières comme des biens communs à tous ! Faisons travailler ensemble, à l’échelle de la planète, les chercheurs, levons les brevets et tous les droits de propriété qui freinent le progrès ! Faisons circuler les idées et la culture sans obstacle ! Permettons à tous, et plus seulement aux riches de voyager. Voilà qui ferait faire un bond en avant à toute l’humanité !

    La bourgeoisie a mondialisé l’économie à sa manière, sauvage, barbare parce que son seul objectif était, et demeure, la recherche du profit pour une petite minorité. Aux travailleurs de la transformer en un monde égalitaire, riche de toutes les cultures… C’est le sens du communisme ! Ce mot a été dévoyé, caricaturé par bien des dictatures à commencer par la dictature stalinienne. Mais il représente l’idéal le plus beau qui soit : les États-Unis socialistes du monde !

    À l’assaut du pouvoir de la bourgeoisie

    Notre sort, notre émancipation dépend de notre capacité à faire revivre la conscience de classe ; la conscience d’avoir à se battre avec tous nos frères d’exploitation contre les exploiteurs ; cette conscience de classe ne peut donc être qu’internationaliste !

    […] Nous n’avons jamais été aussi entremêlés. La classe ouvrière des pays impérialistes n’a jamais été aussi internationale. En France, aucune entreprise, aucun hôtel, aucun restaurant, aucun chantier, aucun hôpital, aucun Ehpad ne fonctionnerait sans le travail quotidien de millions de travailleurs étrangers. Cette année, le meilleur boulanger de Paris s’appelle Tharshan Selvarajah, il est tamoul du Sri Lanka ! En 2021, il était d’origine tunisienne, tout comme Taieb Sahal, le vainqueur de 2020…

    Et il suffit de monter dans un métro ou dans un RER vers les 6 heures du matin pour rencontrer des travailleurs du monde entier.

    Quand on appartient à la classe ouvrière, que l’on soit algérien, marocain, pakistanais, russe ou ukrainien ou français, on est exploité. Alors, entre nous tous, il ne faut pas de frontières ![ …] À toutes les haines nationalistes ressassées, au racisme et aux préjugés sexistes, opposons notre conscience d’appartenir à la même classe sociale, opposons la conscience que tous les combats menés par les travailleurs, quel que soit le pays où ils se déroulent, sont aussi notre combat, opposons la conscience qu’un jour nous monterons, ensemble, à l’assaut du pouvoir de la bourgeoisie !

  • Nathalie Arthaud, le 28 mai : “Mener jusqu’au bout la lutte de classe” #feteLO2023
    https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/05/31/nathalie-arthaud-le-28-mai-mener-jusquau-bout-la-lutte-de-cl

    [...] Cette fraternité, nous en avons eu un avant-goût pendant les quatre mois de mobilisation que nous venons de vivre. Les manifestations où nous nous sommes retrouvés à des centaines de milliers à travers le pays, tous secteurs et toutes professions confondues, public et privé, jeunes et moins jeunes, ont fait renaître plus qu’un sentiment de solidarité : la conscience de former un camp, une classe sociale, une force collective qui aspire à se faire respecter.

    Cela n’a pas suffi pour faire reculer Macron. Non parce qu’il serait invincible, mais parce que notre camp n’a pas utilisé son arme principale : la grève qui se répand d’usine en usine et de secteur en secteur. La grève qui fait mal au portefeuille du grand patronat et, derrière lui, aux parasites de l’aristocratie financière. La grève qui permet aux travailleurs de discuter de leurs affaires, de s’organiser, de prendre des initiatives et se faire craindre. […]

    Face aux menaces de guerre : non à l’union sacrée !

    Nous sommes confrontés à tout un système qui nous enfonce aussi dans les guerres. […] Les bruits de bottes se multiplient. Non seulement à cause de la guerre en Ukraine et des risques d’escalade militaire, mais aussi parce que les États-Unis et, derrière eux les impérialismes de seconde zone, dont la France, préparent l’opinion à la possibilité d’une guerre contre la Chine. Et ils ne font pas que préparer l’opinion ! Tous les États se réarment à marche forcée. Ils augmentent leurs dépenses militaires et veulent passer, expliquent-ils, à une économie de guerre. […]

    Le silence des partis d’opposition est même assourdissant. S’ils se taisent, c’est qu’ils n’ont rien à redire à la politique de Macron. […] Si la guerre venait à se généraliser, les prétendus leaders de l’opposition finiraient par se mettre au garde-à-vous devant Macron pour défendre les intérêts de l’impérialisme français. Comme leurs ancêtres politiques l’ont d’ailleurs toujours fait : c’est ce que l’on appelle l’union sacrée.

    Eh bien, nous serons peut-être les seuls, mais nous ne ferons pas l’union sacrée derrière Macron ! […] Aucun soutien à la politique belliqueuse du gouvernement français ! Non aux livraisons d’armes ! Non au doublement du budget de la défense ! Non au militarisme et au nationalisme !

    Renverser le capitalisme, une nécessité

    Le renversement du capitalisme est une nécessité pour assurer un avenir à la planète et à l’humanité tout entière. […] 34 millions de personnes ont été déplacées suite aux catastrophes climatiques. Combien d’autres demain ?

    Oui, le réchauffement climatique, qui est la conséquence de la pollution, est en train de bouleverser la vie de l’humanité. Et il est à mettre sur le compte d’une société où les profits et les cours boursiers passent toujours avant le reste. Alors, on n’y fera pas face sans remettre en cause les fondements mêmes de notre système économique : la propriété privée, la concurrence et la course à la rentabilité.

    Tous les gouvernements parlent maintenant d’industrie décarbonée ou d’industrie verte. Mais attention, ils ne forcent pas les industriels à moins polluer : ils les incitent en les arrosant de milliards ! […]

    La grande mode chez les gouvernants, c’est de parler de planification. Mais qu’est-ce qu’ils sont en train de planifier ? Le réarmement. La planification la plus poussée aujourd’hui est celle de la production des munitions, des chars et des missiles.

    Mener la lutte de classe contre le patronat

    Davantage d’injustice, davantage d’inégalités, davantage de guerres, voilà ce que les capitalistes et leurs serviteurs politiques nous réservent, à nous et à nos enfants ! Alors, à la propriété privée d’une toute petite minorité, il faut opposer la perspective de la collectivisation des grands moyens de production. À la concurrence et au marché aveugle, il faut opposer la coopération et la planification. Au capitalisme, il faut opposer la perspective révolutionnaire du communisme !

    Seule une minorité a conscience de la nécessité et de la possibilité d’un tel bouleversement. Même les travailleurs combatifs et conscients d’avoir à mener la lutte de classe contre le patronat ne se croient pas capables d’aller jusqu’à renverser la classe capitaliste et de prendre eux-mêmes le pouvoir.

    Et comment cela serait-il possible, quand tous les politiciens se présentent comme le messie ? Regardez comment Le Pen, qui s’est tenue à l’écart de la mobilisation sur les retraites, s’est empressée de dire que le peuple a encore le moyen de supprimer la retraite à 64 ans : c’est de voter pour elle en 2027, parce qu’elle abrogera la loi. C’est de la foutaise ! […] Si Le Pen est élue, elle fera ce que la bourgeoisie lui demandera de faire, comme les autres, avec en prime sa politique anti-immigrés, sa politique qui sème la division et affaiblit les travailleurs, et qui renforce les racistes et les xénophobes jusque dans les rangs de la classe ouvrière. Cela la place d’emblée dans le camp des capitalistes.

    Mélenchon, lui, ne peut pas dire « Attendez 2027 que je sois élu », puisqu’il n’est pas sûr d’être candidat de la Nupes, si tant est que la Nupes tienne jusqu’à la prochaine présidentielle. Mais le cœur y est. Si ce n’est pas lui qui l’affirme, les dirigeants de La France insoumise, du PS ou du PCF le disent : préparez-vous à voter pour l’union de la gauche et vous serez sauvés ! Mais qu’ils nous expliquent alors pourquoi la gauche au pouvoir n’est jamais revenue sur les reculs imposés par la droite !

    Pour être capable de résister aux pressions de la grande bourgeoisie, il faut être prêt à la combattre vraiment, jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’à l’expropriation de ce qui constitue la base de sa domination : ses capitaux. Il faut être convaincu que la société peut fonctionner sans cette couche de parasites. […] C’est cette conscience-là qui doit se diffuser. Ce n’est véritablement possible que lorsque les travailleurs se mobilisent. […] Quand la mobilisation est dirigée démocratiquement par les travailleurs eux-mêmes, ils découvrent non seulement leur capacité à agir, mais surtout à prendre des initiatives et à s’organiser pour les réaliser. C’est dans ces moments-là aussi qu’ils peuvent réfléchir en dehors des sentiers tracés par la bourgeoisie, évoluer et se transformer. C’est en se mettant en action que les travailleurs peuvent réaliser qu’ils représentent une force politique. […]

    Oui, c’est dans ces moments-là que les travailleurs peuvent massivement s’emparer des idées révolutionnaires. Et c’est pour ces moments-là qu’il est indispensable de se battre aujourd’hui pour faire exister un parti communiste révolutionnaire. Un parti communiste révolutionnaire capable de s’armer de tout le capital politique que les dirigeants révolutionnaires qu’étaient Marx, Lénine, Rosa Luxembourg, Trotsky ont tiré de la longue et riche histoire du mouvement ouvrier. […]

  • Drapeaux : pour les travailleurs, c’est le drapeau rouge ! | Le Journal Lutte Ouvrière
    https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/05/16/drapeaux-pour-les-travailleurs-cest-le-drapeau-rouge_668053.

    Dans la nuit du 10 au 11 mai, l’Assemblée nationale a adopté, à une courte majorité, la proposition de loi rendant obligatoire d’arborer le drapeau européen aux côtés du drapeau français sur le fronton des mairies de plus de 1 500 habitants.

    Cette proposition a été portée par le groupe Renaissance, dont tous les commentateurs ont relevé la manœuvre politicienne. D’une part, il s’agissait de faire diversion, pour parler d’autre chose que de la réforme des retraites. D’autre part, à un an des élections européennes, les députés macronistes ont trouvé une occasion de se redonner à bon compte une image de progressistes, face aux nationalistes de tout bord.

    La manœuvre a parfaitement réussi. L’extrême droite a défendu un amendement pour « réaffirmer la primauté du drapeau français » et ses députés se sont lâchés sur les plateaux de télévision, tel Jean-Philippe Tanguy (RN), député de la Somme, vociférant : « Il n’y a que trois couleurs face auxquelles les Français s’inclinent : le bleu, le blanc et le rouge. » Quant aux députés de la Nupes, ils se sont divisés sur la question, ceux du PCF et de LFI votant contre le projet de loi, tandis que ceux du PS et de EELV votaient pour.

    Le drapeau tricolore est bien l’emblème historique de la bourgeoisie française, autour duquel elle se rassemble pour ses intérêts. Le drapeau européen est plus récent et vise à rassembler autour de lui les bourgeoisies européennes. Les travailleurs ne peuvent se retrouver qu’autour d’un seul drapeau, le drapeau rouge des luttes de la classe ouvrière internationale.

  • Turquie : entre Erdogan et Kiliçdaroglu | Le Journal Lutte Ouvrière
    https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/05/16/turquie-entre-erdogan-et-kilicdaroglu_668060.html

    Dans la plupart des grandes villes, et en particulier à Istanbul, le dictateur s’est vu infliger des revers significatifs aux élections municipales.

    Ce n’est en tout cas pas sur une victoire de Kiliçdaroglu que les travailleurs de Turquie pourront compter pour défendre leur droit à une vie décente. La raison n’est pas seulement que cette victoire est hypothétique, mais aussi qu’il n’y a pas grand-chose à attendre de cette alliance électorale qui va du CHP à l’extrême droite et qui ne promet pas de changement significatif. Face à un système politique et économique qui pèse très lourdement sur leurs épaules, les travailleurs de Turquie devront imposer leurs propres solutions.

  • Guerre en Ukraine : Zelensky fait son marché | Le Journal Lutte Ouvrière
    https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/05/16/guerre-en-ukraine-zelensky-fait-son-marche_668058.html

    Les puissances qui soutiennent l’Ukraine aimeraient garder le contrôle de l’escalade guerrière, en ne livrant pas certains armements sophistiqués à leur allié Zelensky. Mais, depuis bientôt quinze mois que la guerre fait rage, on constate que les mêmes États n’ont cessé de lever les unes après les autres les barrières qu’ils disaient mettre à l’intensification du conflit. Et il se pourrait qu’il en aille des F-16 comme il en est allé des chars lourds, finalement fournis à Kiev par Washington, Londres et Berlin.

    Que cette fuite en avant risque à tout moment de dégénérer en un conflit bien plus large, les dirigeants du monde entier le savent. Mais ils peuvent d’autant moins écarter ce risque que toute leur économie y trouve son compte, tirée qu’elle est par les commandes d’armement qui explosent partout. Et puis, il est si pratique aux Biden, Macron, Scholtz et autres de paraître se soucier du sort de la « petite Ukraine » devant leur opinion publique, plutôt que d’avouer que de toute façon ils pousseraient à la flambée des budgets militaires, car leurs capitalistes y trouvent un intérêt majeur.

  • Le CNR : derrière le mythe, une opération politique
    https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/05/10/le-cnr-derriere-le-mythe-une-operation-politique_657535.html

    À l’occasion de l’hommage de Macron à Jean Moulin, le 8 mai à Lyon, la CGT a tenu à placer la manifestation de protestation sous le signe de la défense de « l’héritage social de la Résistance ». Elle s’est revendiquée de Jean Moulin qui, selon elle, « a unifié toutes les résistances derrière le programme du #CNR ».

    Pour bien des organisations sociales, le Conseil national de la Résistance (CNR) serait la matrice de toutes les avancées des 80 dernières années, en particulier la Sécurité sociale et la retraite par répartition. #Ambroise_Croizat, ministre #PCF du Travail et de la Sécurité sociale en 1945-1946, est célébré comme un héros de la classe ouvrière. Mais le CNR camouflait une opération politique.

    En unifiant la #Résistance, #Jean_Moulin, ex-préfet en mission pour de Gaulle, visait à réaliser derrière ce général réactionnaire l’union de tous les partis, de la droite jusqu’au PCF. L’objectif était de remettre en selle l’appareil d’État français, en s’émancipant le plus possible de la tutelle américaine et en évitant toute révolte sociale. Le programme du CNR, les « jours heureux », était l’habillage social de cette unité politique. Dans cette alliance, le PCF apportait son influence parmi les classes populaires et son réseau militant capable d’encadrer les travailleurs qui espéraient que leur vie change après la guerre. En échange, de Gaulle allait donner au PCF trois puis cinq ministères dans les gouvernements issus du CNR.

    Le rôle du PCF et de la #CGT entre 1944 et 1947 fut de promettre aux travailleurs des jours heureux lointains pour leur faire accepter les sacrifices immédiats, rationnement, travaux pénibles, et la remise en place de l’ordre social. #Maurice_Thorez, dirigeant du PCF et ministre d’État, fustigea « la grève, arme des trusts » et exhorta les mineurs de charbon à « produire, produire et encore produire » pour gagner la bataille de la production. À ceux qui n’avaient pas oublié le rôle de la police sous Pétain, à ceux qui entendaient maintenir des milices armées, il ordonna : « Une seule police, une seule armée ». La police de Macron et Darmanin qui éborgne aujourd’hui les manifestants est la lointaine héritière de la police pétainiste blanchie par le gouvernement issu du CNR.

    L’État rebâti sous l’égide de #de_Gaulle et Thorez n’était en rien celui des travailleurs. À quelques exceptions près, les grands patrons qui avaient fait des affaires pendant l’occupation allemande conservèrent leurs usines. Les nationalisations tant vantées permirent la reconstruction et l’approvisionnement de leurs entreprises détruites. Même les concessions faites aux travailleurs, les assurances sociales et la retraite, profitaient aux patrons : construire un système collectif d’assurance maladie ou vieillesse leur permettait de maintenir les salaires au plus bas.

    Symbole du fait que le gouverne­ment issu du CNR défen­dait coûte que coûte les intérêts de la bourgeoisie française : le 8 mars 1945, de Gaulle faisait bombarder et massacrer plusieurs dizaines de milliers d’Algériens à ­Sétif et Guelma parce qu’ils avaient osé se révolter contre l’ordre colonial. Les ministres du PCF et les chefs de la CGT apportèrent leur caution à ces massacres.

    Taire cette histoire serait se préparer à livrer une nouvelle fois les travailleurs à leurs exploiteurs.

    #mythe #stalinisme

  • Bangladesh : il y a dix ans, 1 138 morts pour le profit | LO
    https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/05/03/bangladesh-il-y-dix-ans-1-138-morts-pour-le-profit_645664.ht

    Le 24 avril 2013 l’immeuble du Rana Plaza, à Dacca, capitale du Bangladesh, s’effondrait, emportant les 4 000 ouvriers, principalement des ouvrières, qui y travaillaient. On dénombra 1 138 morts et 2 500 blessés.

    Les étages supérieurs de l’immeuble, construits illégalement, étaient occupés par des ateliers de confection. Des milliers d’ouvrières, courbées sur leur machine à coudre, y fabriquaient des vêtements pour de grandes marques occidentales ou japonaises. Non seulement le bâtiment n’était absolument pas prévu pour un usage industriel, mais l’alimentation électrique dépendait de générateurs installés sur les toits, dont les vibrations se transmettaient à tout l’immeuble. La veille du drame, les travailleurs avaient signalé des fissures dans les murs et alerté les services municipaux. Les responsables des ateliers de confection avaient contraint sous menace de licenciement les ouvrières à prendre leur poste, car les firmes clientes comme Benetton, Zara, Primark, Walmart, Auchan, Carrefour et les autres attendaient leurs marchandises et leurs bénéfices.

    La catastrophe entraîna une cascade de réactions. Tout d’abord les travailleurs de Dacca descendirent dans la rue en masse et, devant leur révolte, le gouvernement bengalais se hâta d’édicter une loi sur la sécurité des usines. Dix ans après, l’administration affirme que de nombreuses entreprises ont été mises aux normes. Les travailleurs, eux, manifestant une nouvelle fois pour ce sombre anniversaire, affirment que rien n’a changé, ni les salaires, ni les conditions de travail dans les milliers d’entreprises du textile qui emploient 4,4 millions d’ouvriers et qui produisent 80 % des exportations du Bangladesh. Et d’ajouter qu’aucune condamnation n’a été prononcée après la catastrophe, pas même à l’encontre des individus qui ont contraint les #ouvrières à entrer dans le Rana Plaza ce 24 avril 2013.

    Sous la pression de l’opinion publique, certains géants occidentaux du textile et du commerce ont fini par signer divers codes de bonne conduite. Ils y promettent monts et merveilles, contrôle des salaires et des conditions de travail, interdiction du travail des enfants et une industrie moins polluante. En France, qui importe pour 1 milliard d’euros de textile bengalais chaque année, une loi a été votée en 2017 exigeant des entreprises qu’elles contrôlent les conditions de travail de leurs #sous-traitants, y compris au bout du monde.

    On ne peut que douter de ces résolutions. D’une part, parce que les ouvrières de Dacca disent, elles, que tout continue comme avant. D’autre part, parce que les coûts de fabrication du textile au #Bangladesh sont sans cesse tirés vers le bas. Les capitalistes occidentaux exigent, et obtiennent pour l’instant, d’être livrés toujours plus vite en payant toujours moins cher. Et ils menacent, dans le cas contraire, de trouver des ouvriers sous d’autres cieux, en Éthiopie par exemple, où le salaire mensuel est encore trois fois moindre qu’à Dacca.

    Cette avidité, ces mensonges et la servilité des administrations ne promettent pas seulement de nouvelles catastrophes. Elles préparent aussi de nouvelles révoltes, par lesquelles les ouvrières de Dacca vengeront leurs sœurs du #Rana_Plaza et bien d’autres.

    #exploitation #classe_ouvrière #capitalisme

  • Le 1er Mai, manifestons pour nos retraites, nos salaires, et l’unité des travailleurs contre le nationalisme et la xénophobie !
    https://www.lutte-ouvriere.org/editoriaux/le-1er-mai-manifestons-pour-nos-retraites-nos-salaires-et-lunite-des | Éditorial de Lutte Ouvrière (24 avril 2023)

    Alors que le combat contre la retraite à 64 ans n’est pas terminé, le gouvernement allume un contre-feu sur l’#immigration, pour diviser le monde du travail. #Mayotte, le 101e département français, située dans l’océan Indien, est au cœur de cette #campagne_anti-immigrés.

    Darmanin vient d’y lancer l’opération de police #Wuambushu, qui se veut spectaculaire. Il a déployé 1800 policiers et gendarmes, des #CRS, des membres du #Raid et du #GIGN, des magistrats et installé un centre de rétention provisoire. L’objectif est de démanteler les #bidonvilles habités par les immigrés en situation irrégulière et d’en expulser 10 000, essentiellement vers #les_Comores.

    Autrement dit, à Mayotte, la #chasse_aux_pauvres est ouverte !

    Darmanin peut raconter ce qu’il veut, parler de délinquants et inventer de potentiels terroristes islamistes, il a ordonné la démolition de ce qui est le seul refuge pour des milliers de familles pauvres, comoriennes comme mahoraises. Ce sont des pauvres, avec ou sans papiers, qu’il va faire arrêter et peut-être expulser. Ce sont des familles pauvres qu’il va séparer et déchirer.

    À Mayotte, les hôpitaux, les écoles et toutes les infrastructures sont sous-dimensionnées pour une population croissante qui vit à plus de 70 % sous le seuil de pauvreté. Une partie de la jeunesse est la proie de bandes armées violentes vivant du racket et du vol. Mais le responsable de cette situation invivable, et d’abord pour les pauvres de Mayotte, toutes origines confondues, est l’État français qui ne met pas les moyens pour juguler cette pauvreté.

    Comme de bien entendu, la droite et l’#extrême_droite accusent l’immigration venue des Comores. Il n’y a rien de plus écœurant ! C’est la France qui a colonisé les Comores. Puis, au moment de leur indépendance, elle a détaché Mayotte de l’archipel avec un #référendum arrangé. Il y a 50 ans, les habitants des autres îles des Comores ont donc été transformés en étrangers, et la France, avec sa métropole à 8000 km, a gardé le pouvoir à Mayotte.

    Cette fois, les défenseurs de la « nation française » ne peuvent pas utiliser des différences de couleur de peau, de religion ou de culture pour dresser les Français de Mayotte contre les immigrés : ils font partie du même peuple ! Alors, cette opération n’est rien d’autre qu’une campagne infecte orchestrée par un gouvernement en mal de démagogie nationaliste et raciste.

    La politique de la France aux Comores est à l’image de la politique impérialiste qu’elle a imposée à toutes ses ex-colonies en Afrique et au Maghreb.

    Sur tous les continents, pour piller des régions entières et exploiter leur main-d’œuvre, les grandes puissances ont découpé les États dans la chair des peuples. Elles ont ainsi concentré les richesses et le progrès humain entre les mains de la bourgeoisie impérialiste et plongé le reste du monde dans un océan de misère et dans des conflits incessants entre les peuples. Ce sont ces fauteurs de misère et de guerres qu’il faut empêcher de nuire !

    Nos dirigeants et nos exploiteurs nous mettent en concurrence entre travailleurs, entre femmes et hommes, entre nationaux et immigrés. Ils voudraient nous voir nous déchirer pour les miettes qu’ils nous laissent. Ne les laissons pas nous diviser pour mieux écraser nos sœurs et nos frères d’exploitation ! Beaucoup de travailleurs ont besoin de circuler pour gagner leur pain, eh bien, cette revendication doit être celle de tous !

    Il faut répondre à la #lutte_de_classe menée par le #grand_patronat avec la conscience que nous faisons partie d’une seule et même classe ouvrière internationale. Le 1er Mai incarne cette perspective car il a été choisi par les travailleurs des différents pays pour être une journée de luttes communes.

    C’est aussi, cette année, la date que les organisations syndicales ont choisie pour continuer d’exprimer notre opposition à la retraite à 64 ans. À nous de faire que le 1er Mai 2023 sorte de l’ordinaire, avec des cortèges plus massifs que d’habitude ! Soyons nombreux, aussi, à affirmer que les travailleurs n’ont pas de patrie et qu’ils constituent par-delà les frontières une même classe sociale.

    Avant nous, dans tous les pays, des générations de travailleurs ont fait grève et ont, bien souvent, été en butte à la répression, le 1er Mai. Ils se sont battus pour les revendications ouvrières mais aussi contre le capitalisme, sa mise en concurrence des peuples, ses ravages sur la planète, son nationalisme, ses guerres.

    Ils affirmaient que les travailleurs ont intérêt à en finir avec l’#exploitation et l’#oppression des pays pauvres par les pays riches et qu’ils en ont la force. Ils affirmaient la nécessité de la révolution sociale à l’échelle internationale. Montrons que cette perspective est toujours vivante !

    #impérialisme #politique_criminelle #internationalisme #conscience_de_classe

    • 1er mai : contester le pouvoir du capital
      https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/04/26/1er-mai-contester-le-pouvoir-du-capital_634260.html

      L’intersyndicale a appelé les travailleurs à faire du 1er Mai un nouveau temps fort du mouvement contre la réforme des retraites, promulguée le 15 avril et qui, selon Macron, devrait prendre effet le 1er septembre.

      La lutte contre la réforme des retraites doit en effet continuer le 1er Mai et au-delà, non seulement parce que c’est une attaque directe mais parce qu’elle en prépare d’autres. L’inflation réduit chaque jour le pouvoir d’achat des salaires et des pensions, l’État sabre tous les budgets utiles à la population, le patronat fait pression sur l’emploi et les conditions de travail, le gouvernement multiplie les tentatives de division entre travailleurs en calomniant chômeurs, immigrés, sans-papiers, fonctionnaires, etc. Plus sombre encore, la situation internationale, l’augmentation parallèle des budgets militaires et des discours guerriers, la crise économique où s’enfonce le système capitaliste préparent de nouvelles catastrophes.

      C’est précisément parce que tout se résume et se résout par la lutte entre exploiteurs et exploités, capitalistes et prolétaires, que le mouvement ouvrier international a proposé, en 1890, de faire du 1er Mai la journée de lutte internationale des travailleurs. Il s’agissait d’affirmer ce jour-là dans les rues, partout dans le monde, qu’il n’y qu’une seule classe ouvrière et qu’elle représente le seul avenir possible pour l’humanité, sans exploiteurs et donc sans frontières et sans guerre. Cela est plus que jamais d’actualité.

      Au-delà de la question des retraites, c’est aussi cette perspective que Lutte ouvrière affirmera dans les cortèges du 1er Mai avec tous ceux qui voudront la rejoindre.

    • Mayotte : l’ignoble opération Wuambushu
      https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/04/26/mayotte-lignoble-operation-wuambushu_634282.html

      Le 24 avril le tribunal judiciaire de Mamoudzou a suspendu provisoirement la destruction d’habitations insalubres sur la commune de Koungou, qui devait être le point de départ de l’opération policière dite Wuambushu.

      Le tribunal a jugé que ce « décasage » violent aurait privé de logement, non seulement des personnes n’ayant pas de papiers en règle, mais aussi leurs voisins et des membres de leur famille ayant la nationalité française. Ce sursis obtenu par les habitants qui veulent résister à la brutalité de l’État met en évidence que la pauvreté et l’habitat indigne ne frappent pas que des immigrés, clandestins ou pas, mais aussi des Mahorais reconnus français. Il n’en reste pas moins que ce distinguo de nationalité n’existe que pour l’administration française, car tous sont des pauvres de culture comorienne, contraints de vivre sans électricité ni eau courante dans des bidonvilles qu’ils ont eux-mêmes construits avec les moyens du bord.

      Devant la misère qui se généralise et les conditions de vie qui s’aggravent à Mayotte, le président, le ministre de l’Intérieur, le préfet et bien des notables locaux n’ont qu’une seule cible : les Comoriens considérés comme clandestins et accusés de tous les maux. La frange de voyous livrés à eux-mêmes qui rendent la vie difficile, et encore plus aux pauvres, a été fabriquée par la misère et surtout par les lois et règlements privant des enfants de leurs parents expulsés vers les Comores.

      Nulle part les compagnies de CRS n’ont mis fin à la délinquance. La surveillance accrue des barques « kwassa-kwassa », qu’empruntent les Comoriens en quête d’une vie un peu moins dure à Mayotte, par des radars et des avions de surveillance financés par la récente augmentation du budget militaire, ne rendra pas les rues de Mamoudzou plus sûres. 1 800 gendarmes et CRS ne feront pas couler de l’eau potable dans les canalisations, n’éclaireront pas les quartiers à électricité intermittente, ne donneront pas des cours dans des salles de classe insuffisantes, ne soigneront pas les malades dans des infrastructures de santé sous-dimensionnées.

      Ralenti par la décision judiciaire et par le refus de l’État comorien de laisser accoster des bateaux qui transporteraient des expulsés de Mayotte, le gouvernement français ne désarme pas. Il prévoit des semaines de répression qui ne mèneront qu’à plus de misère et de désarroi en désorganisant la vie sociale et les solidarités qui permettent de survivre dans les quartiers les plus pauvres.

      Les politiciens locaux abondent dans la démagogie anti-immigré, tel le vice-président du conseil départemental qui est allé jusqu’à comparer les jeunes Comoriens à des terroristes, ajoutant : « Il faut peut-être en tuer. » Devant le tollé soulevé, il a dû se rétracter, mais ce propos infâme souligne l’impasse dans laquelle conduit la politique gouvernementale.

      La mise en scène orchestrée par Darmanin, accessoirement pour sa propre promotion, vise à dédouaner l’État et ses relais locaux de leur incurie et à embrigader une partie de la population derrière les forces de répression. Il serait dangereux de croire qu’elles agiront pour protéger les braves gens contre les délinquants. L’objectif est de faire accepter l’exploitation et la misère à tous les travailleurs, quelle que soit leur nationalit

      é.

  • Scandale de la #chlordécone : de nouveaux éléments contredisent la #justice
    https://www.radiofrance.fr/franceinter/scandale-de-la-chlordecone-de-nouveaux-elements-contredisent-la-justice-

    Selon [les juges Brigitte Jolivet et Fanny Bussac], les données de la science, au moment où ces #pesticides ont été autorisés, n’étaient donc pas celles dont on dispose aujourd’hui. Et pour en arriver à cette conclusion, les juges avaient demandé à plusieurs experts scientifiques quelles étaient les connaissances que l’on avait des effets sur la #santé humaine de ces pesticides des années 70 à 90.

    “Lorsqu’on regarde les études publiées dans la littérature scientifique, on savait près de 80% de ce que l’on sait aujourd’hui de la toxicité de la chlordécone”, affirme Jean-François Narbonne, le toxicologue qui a été consulté par la justice. Dès 1979, le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) avait classé la chlordécone comme cancérigène possible pour l’homme. Mais aux yeux des juges, cela n’était pas suffisant pour affirmer qu’on avait conscience des conséquences que son utilisation pouvait potentiellement avoir sur la santé.

    Pour en arriver là, la justice a dû faire l’impasse sur plusieurs années d’archives, et notamment sur les comptes rendus (essentiels pour la compréhension de ce sujet) des différentes commissions qui étaient chargées d’évaluer les produits chimiques mis sur le marché. Pour qu’un industriel puisse obtenir l’autorisation de vendre un pesticide, il devait en effet présenter des résultats d’analyses. “Il y avait deux dossiers : un sur la toxicité du produit, étudié par les experts de la commission des toxiques, et un autre sur son efficacité, étudié par une commission d’agronomes et d’industriels”, explique Henri Vannière, ancien chercheur au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad). Et en cas d’avis divergents, c’est le ministre de l’Agriculture qui tranchait à la fin. Or lorsque l’enquête judiciaire débute en 2008, il n’existe plus aucune trace des propos qui ont été tenus en commission des toxiques entre 1972 et 1989, ce qui couvre une période de 17 ans de comptes-rendus. Ces documents concernent pourtant la période cruciale qui va de l’autorisation jusqu’au retrait des produits à base de chlordécone.

    • Chlordécone : quand des vérités refont surface
      https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/04/26/chlordecone-quand-des-verites-refont-surface_634273.html

      En janvier 2023, les juges ont prononcé un non-lieu dans l’affaire du chlordécone, un pesticide jugé très dangereux et ravageur en Martinique et en Guadeloupe dont ils ont estimé que, à l’époque, la science ne pouvait prédire les conséquences de son utilisation.

      Ce #pesticide a été très largement répandu de 1972 à 1993 dans les bananeraies, pour lutter contre le charançon du bananier sur demande et pression des riches békés de la Martinique, dont Lagarrigue et Yves Hayot. Il a été interdit dans l’hexagone en 1990, après l’avoir été aux USA en 1975. Mais le gouvernement français, toujours très lié au lobby béké des deux îles, avait accordé une dérogation de trois ans pour les Antilles.

      On a appris depuis que huit années d’archives ont mystérieusement disparu du dossier du chlordécone. Cherchez à qui profite le crime. La cellule d’investigation de Radio France a pu établir, il y a quelques jours, que des alertes de scientifiques, comme celle du professeur René Truhaut, sur la dangerosité de la molécule de chlordécone existaient depuis 1981.

      De même, elle a pu établir que la Ddass de Martinique avait été alertée sur la présence de chlordécone dans l’eau dès 1991. Pendant de nombreuses années donc, et sept ans après que la Ddass de Martinique a été au courant, la population a bu de l’eau chlordéconée. Jusqu’à aujourd’hui, vu l’état de délabrement du réseau d’eau potable et des usines de traitement, la présence de #chlordécone dans l’eau est quasi permanente, comme le démontre la fréquence des alertes officielles. Ceux qui le peuvent achètent de l’eau minérale et très rares sont ceux qui peuvent se payer des fontaines de traitement domestiques, agréées par l’Institut Pasteur, à 1 500 euros.

      Des scientifiques, des médecins avaient alerté notamment sur le risque de cancer et en particulier de cancer de la prostate que fait courir l’absorption du chlordécone. La Martinique et la Guadeloupe connaissent un taux de ce cancer parmi les plus élevés au monde. Plus de 90 % de la population des Antilles françaises a du chlordécone dans le sang. Les ouvriers agricoles des zones bananières sont les plus touchés. C’est l’hécatombe dans ces zones. D’autres types de cancer sont en augmentation. Les ouvriers agricoles, aussi bien hommes que femmes, en sont largement victimes. Mais l’ensemble de la population est touchée en buvant l’eau du robinet ou en mangeant les produits du sous-sol (ignames, madères, dachin, malangas, patates douces) ou les poissons du littoral. Ces derniers sont contaminés par l’eau des rivières qui se déversent dans la mer. Les sous-sols sont contaminés pour des siècles.

      Des responsables ont donc menti, puis ont fait disparaître des centaines d’archives pour masquer l’ampleur d’un crime de masse perpétré par l’État et les gros propriétaires békés. Ils sont protégés par la justice, qui est leur justice. Et tout cela pour réaliser le maximum de profit.

      Aujourd’hui, le monde entier connaît l’ampleur du crime. Beaucoup de vérités sont dévoilées. La population, les travailleurs agricoles et les plus pauvres payent le prix fort en santé et en maladie, mais ils ont déjà gagné en grande partie. Le scandale est dévoilé et l’opinion se tourne vers les responsables : l’État et les capitalistes terriens, les riches békés des Antilles.

      La lutte pour l’indemnisation des victimes, en particulier les ouvriers agricoles, est renforcée de ces nouveaux arguments. La reconnaissance de l’empoisonnement au chlordécone comme maladie professionnelle en est à ses balbutiements. Ce n’est pas encore entièrement gagné mais c’est le fruit des mobilisations ouvrières et populaires, des manifestations, des protestations sous toutes leurs formes. Elles doivent se poursuivre.

  • Dette publique : l’autre crise qui menace | Le Journal Lutte Ouvrière
    https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/04/19/dette-publique-lautre-crise-qui-menace_622602.html

    Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a déclaré mardi 18 avril qu’il allait « accélérer le rythme du #désendettement de la France ».

    En d’autres termes, il a annoncé que pour rembourser les créanciers de l’État, à savoir la haute finance, il va faire payer la population, soit en augmentant les impôts, soit en taillant dans les budgets des services publics… et sûrement les deux.

    La #dette de l’État français dépasse les 3 000 milliards d’euros. L’an dernier, pour boucler son #budget, l’État a dû emprunter 200 milliards. D’un côté, l’État emprunte de l’argent aux banques et aux fonds d’investissement privés à qui il verse des intérêts et, de l’autre, l’essentiel de cet argent sert à financer tous les allègements d’impôts et autres facilités octroyées aux grandes entreprises. Ce tour de passe-passe est un des principaux moyens d’enrichissement de la classe capitaliste.

    Mais, depuis un an, les banques centrales qui gèrent l’émission de la monnaie, comme la #BCE pour l’euro, ont régulièrement remonté leurs #taux_d’intérêt, ce qui a entraîné une hausse des taux auxquels l’État français emprunte. Ceux-ci sont passés en quelques mois de presque 0 % à plus de 3 %. Alors que la #dette_publique était plus ou moins stable ces dernières années, elle s’est donc remise à augmenter, ainsi que les remboursements de l’État à ses créanciers.

    Le gouvernement, qui doit veiller à la ­#solvabilité de l’État français pour le compte de la bourgeoisie, craint un emballement de la dette. Celle-ci se creusant, des spéculateurs peuvent en profiter pour faire monter les taux d’intérêt auxquels devra emprunter l’#État_français.

    Il y a quelques années, la Grèce avait connu une telle spirale du surendettement. Les taux d’intérêt avaient monté jusqu’à dépasser les 20 %, au point qu’en 2015 l’État grec fut complètement étranglé. Les institutions européennes étaient intervenues pour empêcher que cette crise grecque se propage à d’autres États européens et fasse s’effondrer l’euro. Elles ont alors joué le rôle d’huissiers auprès de l’État grec pour le compte des spéculateurs, en imposant à la population une #austérité catastrophique : le #chômage et la misère ont explosé, les services publics se sont effondrés, les hôpitaux n’ayant plus les moyens de soigner leurs malades.

    La #Grèce est un État bien plus pauvre que la France mais, à l’époque, les spéculateurs avaient aussi ciblé l’État italien, pourtant bien plus riche, et il s’en est fallu de peu que celui-ci ne soit entraîné dans la même spirale. En réalité, tous les États sont endettés jusqu’au cou et aucun n’est à l’abri du #surendettement. Pour ne pas être la première cible des spéculateurs, chaque gouvernement fait payer sa population afin d’accélérer le désendettement, comme dit Bruno Le Maire. Mais, évidemment, aucun ne fera payer la classe capitaliste, à qui profite cette #spéculation sur la dette des États.

    #lutte_de_classe

  • Jeu parlementaire et dialogue social : rien à en attendre !
    https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/04/19/jeu-parlementaire-et-dialogue-social-rien-en-attendre_622597

    […] Mais, maintenant que la loi est promulguée, l’intersyndicale se retrouve suspendue dans le vide. Si elle lorgne vers la salle de négociations dont Macron vient de rouvrir démonstrativement la porte, après la lui avoir claquée au nez il y a quelques mois, il lui est décemment difficile de s’y précipiter tout de suite, et la position est désagréable.

    « Pas avant le 1er Mai », s’exclament en chœur les dirigeants syndicaux. Est-ce une manière de répondre oui tout en disant non ? La nouvelle responsable de la CGT a reproché publiquement à Macron de rendre le pays ingouvernable. En fait, les uns comme les autres aimeraient le persuader que, s’il veut gouverner comme il l’entend, il doit les associer à ses réflexions.

    Avant comme après le 1er Mai, les travailleurs n’ont rien à gagner au retour des chefs syndicaux dans les salons de l’Élysée ou de Matignon, ni rien à espérer d’un RIP conçu pour ne jamais être utilisé, sauf pour détourner les travailleurs de la nécessité de se battre. Ils ont à poursuivre le combat pour une vie digne, contre le recul de l’âge de la retraite, pour ne pas se laisser étrangler par l’inflation imposée par les capitalistes. Et cela ne peut se faire que sur le terrain de la lutte de classe, en contestant le pouvoir de la bourgeoisie.

  • Macron à la télé : plus moche la vie
    https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/04/19/macron-la-tele-plus-moche-la-vie_622629.html

    Alors que personne dans la population n’en attendait rien, le petit monde médiatico-politique a fait semblant de croire que le discours de Macron de lundi 17 avril aurait une quelconque importance.

    Macron n’avait rien à dire si ce n’est, sans surprise pour personne, qu’il compte bien poursuivre ses attaques contre les travailleurs et les classes populaires.

    Nombre de commentateurs ou de politiciens parlent ou même s’indignent de sa déconnexion, de son arrogance, de son absence de remise en cause. Mais il n’y a là aucune surprise. Quand il s’agit d’imposer une loi contraire aux intérêts de l’immense majorité de la population, et qu’elle rejette comme telle, se justifier est superflu, tant le système politique permet de faire passer des mesures au service de la minorité capitaliste. La seule chose qui varie dans ce système dit démocratique est la compétence et le style des gouvernants pour enrober la réalité de la dictature sociale.

    Macron n’a pas seulement brassé du vent. Quand il affirme que « cette réforme était nécessaire pour (…) produire plus de richesses pour la nation », il faut entendre par « nation » ceux qui comptent aux yeux du pouvoir : les riches. Il rappelle ainsi à l’électorat de droite et aux bourgeois son aptitude à aggraver l’exploitation des travailleurs. Et quand il poursuit en évoquant un « pacte de la vie au travail », cela veut dire faire encore plus pour « ramener vers le travail les bénéficiaires du #RSA ». Les mesures, déjà en vigueur dans certaines régions, qui imposent aux allocataires du RSA de prendre n’importe quel poste sont une façon de les stigmatiser, mais aussi de tirer les salaires vers le bas. Il y a là une démagogie réactionnaire cherchant à diviser le monde du travail entre ceux qui ont un emploi et ceux qui n’en ont plus. Il s’agit aussi de faire travailler une fraction de la classe ouvrière pour beaucoup moins que le #smic. Son discours a été assorti des attaques habituelles contre les #migrants, reprises ensuite, en encore plus odieux, par le ministre Le Maire. Là aussi, il s’agit d’une attaque contre les travailleurs et d’une tentative de division.

    Chacun des chantiers évoqués par Macron contient ainsi une ou plusieurs mesures contre les travailleurs. Ce n’est pas seulement parce qu’il est arrogant et déconnecté, mais parce que c’est sa feuille de route, dictée par la classe capitaliste qui se moque bien de savoir si c’est lui ou un autre politicien qui l’appliquera.

    « Malgré l’opposition rencontrée, je vais poursuivre ma politique et donc continuer et amplifier les attaques », a dit en substance Macron. Les derniers mois ont montré que les travailleurs aussi peuvent amplifier leur réaction. Car derrière Macron, il faut faire plier la #classe_capitaliste responsable de cette casse sociale.

    #lutte_de_classe #grande_bourgeoisie

  • Soudan : guerre entre généraux massacreurs | Le Journal Lutte Ouvrière
    https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/04/19/soudan-guerre-entre-generaux-massacreurs_622631.html

    Les deux chefs militaires qui gouvernent au #Soudan s’affrontent désormais dans une guerre sanglante, dont les principales victimes sont les habitants. Unis pendant trois ans pour réprimer la population, ces généraux entendent trancher par les armes lequel d’entre eux dominera le pays et mettra la main sur son économie.

    #Abdel_Fattah_Al-Bourhane, le chef de la junte à la tête du pays, et celui qu’on surnomme #Hemetti, son vice-président, dirigent des forces armées rivales. Al-Bourhane commande les #Forces_armées_soudanaises (#FAS), l’armée officielle, équipée de chars, d’hélicoptères et d’avions de chasse. De son côté, Hemetti est à la tête des #Forces_de_soutien_rapides (#RSF), une milice d’environ 100 000 hommes, issue des janjawids, qui mirent à feu et à sang la région du Darfour à partir de 2003. Cette milice constitue depuis 2013 une force indépendante, dotée d’armes modernes. Elle a même participé à la #guerre_du_Yémen du côté de l’#Arabie_saoudite. Le 3 juin 2019, alors que les manifestants avaient installé leur campement à Khartoum autour du siège de l’état-major pour exiger le départ du dictateur Omar el-Béchir, les Forces de soutien rapide se sont déchaînées contre eux et, lorsque les cadres de l’armée ont finalement choisi d’évincer le dictateur, Hemetti a tout naturellement pris une place de choix dans le Conseil de transition qui l’a remplacé. Telles sont les deux bandes de prédateurs qui règlent aujourd’hui leurs comptes dans tout le pays. Les dirigeants de ces bandes armées se partagent en outre l’économie : aux généraux de l’armée le contrôle des entreprises industrielles et commerciales, à Hemetti le trafic de l’or et son commerce avec les Émirats arabes unis.

    La population de la capitale, Khartoum, et des grandes villes de province, prise entre les deux feux, se terre chez elle comme elle peut. Les maisons sont détruites par les tirs d’artillerie et les bombardements de l’aviation. Les hôpitaux voient affluer les blessés qu’ils ne peuvent soigner. Ils doivent évacuer les malades sous les tirs d’armes automatiques et de roquettes. L’eau et l’électricité, qui déjà ne fonctionnent que quelques heures par jour en temps normal, sont totalement coupées dans bien des quartiers. Quant à se nourrir, c’était déjà plus qu’aléatoire avec les pénuries et la hausse vertigineuse des prix, mais c’est désormais impossible, aucun chauffeur ne prenant le risque de ravitailler les rares épiceries ouvertes.

    Le déclencheur de la guerre a été la décision d’intégrer les Forces de soutien rapide dans l’armée officielle. C’est une des clauses mises à la demande d’Al-Bourhane dans l’accord signé le 5 décembre dernier entre la junte militaire et certains partis soudanais, accord qui prévoyait un hypothétique retour à un gouvernement civil. C’était une tromperie, une de plus, et sa signature avait été accompagnée de manifestations hostiles de la part de ceux qui, comme les comités de quartier ou le Parti communiste, dénonçaient cette nouvelle manipulation des militaires et la trahison des partis signataires.

    Depuis le renversement d’#Omar_el-Béchir, acquis après six mois de manifestations en 2019, les chefs militaires qui l’ont remplacé n’ont jamais réussi à mettre fin à la contestation populaire, ni par la répression la plus féroce, ni par la fiction suivant laquelle des responsables civils partageraient le pouvoir avec eux. Les travailleurs et les couches populaires n’ont cessés de contester le pouvoir des militaires, s’organisant pour cela en comités dans les quartiers. Hemetti, quant à lui, avait surtout vu dans cet accord le choix fait par Al-Bourhane de l’éliminer, et signé le texte en attendant son heure.

    Aujourd’hui, non contents de rançonner un peuple parmi les plus pauvres du monde, les militaires lui font vivre les horreurs de la #guerre pour leurs seuls intérêts de clans. Mais la population et les travailleurs soudanais ont prouvé ces dernières années qu’ils n’entendaient pas renoncer à la lutte pour renverser ce système monstrueux et criminel, qui montre aujourd’hui toute sa nuisance dans un bain de sang.

  • États-Unis : l’engagement dans la guerre
    https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/04/19/etats-unis-lengagement-dans-la-guerre_622633.html

    Le 13 avril, un jeune militaire américain a été arrêté, accusé de la divulgation de documents sensibles de l’#armée_américaine.

    Les fuites montrent notamment que l’offensive de printemps envisagée par l’armée ukrainienne est conçue avec les états-majors de l’#Otan. En effet l’engagement occidental dans la guerre entre la #Russie et l’#Ukraine ne se limite pas à la livraison de matériel. Des brigades ukrainiennes, comptant au total 100 000 soldats, sont entraînées par les armées américaine et européenne, loin du front : la fin de leur formation, et donc leur disponibilité pour une offensive, a été planifiée en commun. Cela signifie qu’un grand nombre d’instructeurs militaires occidentaux sont mobilisés dans cette guerre. Ils ne sont certes pas au contact de l’armée russe, mais il n’en reste pas moins que leur activité vise la défaite de celle-ci.

    Depuis un an, ce soutien a pris des formes diverses. Les images produites par les satellites militaires américains permettent à l’#armée_ukrainienne de connaître les positions russes. Des frappes précises sont effectuées : l’artillerie ukrainienne, elle aussi en partie fournie par l’Occident, tue des soldats russes massés dans des bâtiments ou dans des colonnes de véhicules, des drones visent aussi des cibles choisies, dont des généraux russes.

    Les forces armées américaines, mais aussi françaises, se forment elles-mêmes au combat en pilotant les troupes ukrainiennes qui meurent au front. Ainsi, sans que les #États-Unis perdent de soldats, comme c’était le cas en Irak ou en Afghanistan, le pays impérialiste le plus puissant travaille à affaiblir l’armée russe.

    Cette préparation militaire des impérialistes est un pas vers un conflit qui ne serait plus circonscrit à cette région de l’Europe, mais qui serait un conflit mondial.

    #guerre_en_ukraine #impérialisme

  • PCF : le poison du nationalisme | Le Journal Lutte Ouvrière
    https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/04/19/pcf-le-poison-du-nationalisme_622600.html

    Lundi 10 avril, dans le discours de clôture du congrès du PCF, Fabien Roussel a déclaré : « Ils ont transformé nos frontières en passoires ». Cela lui a valu, sur twitter, les hommages des députés Olivier Marleix (LR) et Laure Lavalette (RN), qui se sont réjouis que le PCF y aille lui-aussi de sa démagogie contre l’immigration.

    Face aux critiques de gauche, Roussel a d’abord nié avoir parlé des migrants, s’agaçant que l’on « déforme [ses] propos ». Mais quelques heures plus tard, il a réitéré sur BFM, disant qu’il fallait être « plus ferme » à l’égard des travailleurs migrants qui veulent entrer en France. Sa formule était donc bien un clin d’œil à l’électorat de droite et d’extrême droite, et une ignominie contre les migrants, dont la fermeture des frontières signe chaque jour des arrêts de mort.

    Dans l’interview à BFM, Roussel a prétendu aussi que la cause des suppressions d’emplois en France serait l’ouverture des frontières aux capitaux et aux marchandises. Citant Peugeot et Renault, qui produisent des véhicules électriques en Chine, ou le géant japonais Bridgestone, qui a fermé son usine de pneus à Béthune et développé celles d’Europe de l’Est, il préconise le protectionnisme économique.

    Prétendre que la fermeture des frontières nationales protégerait les travailleurs contre les licenciements est un grossier mensonge. Aucune frontière ne protégera contre la dictature du profit, qui permet aux capitalistes d’aggraver l’exploitation, de verser des salaires de misère et de fermer une usine comme on ferme la porte d’un frigo. Roussel vitupère contre « l’Europe libérale », « les cols blancs de Bruxelles » ou « l’Élysée » ; mais contre les vrais responsables de la catastrophe sociale, les capitalistes, à commencer par les capitalistes français, le dirigeant du PCF n’a pas un mot, et ce n’est pas un hasard. Enfin, loin d’expliquer que les travailleurs de Chine, de Pologne ou de Hongrie sont les alliés des travailleurs d’ici contre leurs exploiteurs communs, Roussel les désigne comme des ennemis, qu’il accuse à demi-mot de voler les emplois des travailleurs en France.

    Un siècle après la naissance du stalinisme, le PCF n’en finit pas de distiller le poison du nationalisme et d’obscurcir la conscience de classe des travailleurs.

  • Le mouvement doit continuer

    https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/04/12/le-mouvement-doit-continuer_609611.html

    Jeudi 6 avril, les cortèges ont regroupé à nouveau des centaines de milliers de manifestants, avec, comme à chaque fois depuis le 19 janvier, un nombre de grévistes toujours important, même s’il est difficile à connaître puisque les patrons des entreprises du privé ne le communiquent pas.

    Nombre de dirigeants politiques et syndicaux ont présenté le vendredi 14 avril, date de rendu de l’avis du Conseil Constitutionnel sur la réforme, comme une étape décisive. Ainsi, le dirigeant de la CFDT, Laurent Berger, a déclaré : « Je ne remettrai pas en cause la légitimité du Conseil constitutionnel » sur la réforme des retraites. Mais au nom de quoi les neuf « sages » qui siègent dans cette instance auraient-ils une légitimité pour décider de l’âge de départ à la retraite de millions de travailleurs ? Sur ces neuf membres, deux ont été nommés par Macron, trois par l’actuel président du Sénat, le LR Gérard Larcher, deux par le macroniste Richard Ferrand quand il était président de l’Assemblée nationale. Parmi eux figure l’ancien Premier ministre de droite Juppé, qui en 1995 avait tenté de s’attaquer aux retraites et avait dû manger son chapeau face à la mobilisation. Enfin, c’est Fabius, lui aussi ancien Premier ministre, qui préside cette assemblée au sein de laquelle les travailleurs n’ont vraiment aucun ami ! Tous sont des représentants patentés de la bourgeoisie, et certains ont eu l’occasion de le montrer en exerçant des responsabilités ministérielles.

    Cette institution constitue la dernière étape du processus législatif et le coiffe comme une sorte de dispositif de sécurité. Selon Macron et tous ceux qui évoquent sa légitimité, les travailleurs n’ont plus qu’à s’incliner après qu’il a rendu son avis. Pour le justifier, ils évoquent le respect de règles démocratiques. En fait de démocratie, ils voudraient que les travailleurs respectent les règles d’un système organisé pour permettre à un gouvernement d’imposer des lois conformes aux intérêts d’une minorité de capitalistes, sans avoir à tenir compte de ce que pensent la majorité de la population et en particulier des travailleurs.

    Les travailleurs ont, quant à eux, la légitimité d’être la classe qui produit les richesses et assure les tâches utiles et indispensables à la vie sociale. Ils ont le droit légitime de refuser que leur mouvement pour défendre leurs retraites soit mis en balance avec la volonté de neuf représentants de la classe privilégiée !

    La seule chose qui comptera en définitive est le rapport de force que la classe ouvrière sera capable d’instaurer face à la bourgeoisie pour défendre ses conditions de vie, ses salaires, ses emplois, sa retraite, en utilisant ses vraies armes que sont ses mobilisations, les grèves et les manifestations.

    • Chine-États-Unis : préparatifs guerriers

      https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/04/12/chine-etats-unis-preparatifs-guerriers_609617.html

      Entre le samedi 8 avril et le dimanche 10, l’armée chinoise a déployé autour de Taïwan onze bateaux de guerre et plus de 70 avions, simulant l’encerclement de l’île ainsi que son bombardement. La Chine répondait ainsi à la visite en Californie de la présidente de Taïwan, #Tsai_Ing-wen.

      Cette visite, le 5 avril, s’inscrit dans la préparation de l’élection présidentielle taïwanaise de janvier 2024, une campagne que Tsai Ing-wen mène pour le compte de son parti, le DPP. Son escale américaine lui aura permis de se donner une stature internationale. Elle a salué le soutien indéfectible des États-Unis et de Kevin McCarthy, président de la Chambre des représentants américains, qui en a profité pour appeler son pays à continuer à vendre des armes à Taïwan. Les uns comme les autres espèrent ainsi enrayer la perte de vitesse du DPP sur l’île et justifier auprès de la population taïwanaise la nécessité de l’indépendance, alors qu’une partie grandissante semble en douter, si l’on en croit la défaite que le DPP a subie aux élections locales de novembre dernier au profit de son concurrent, le KMT, qui défend une ligne de statu quo, voire de rapprochement avec Pékin.

      Les dirigeants du DPP et les dirigeants américains ont sans doute estimé que la réaction militaire du gouvernement chinois, s’il y en avait une, légitimerait aussi la position du DPP. Cette réaction était en effet prévisible et sans aucun doute prévue. En août 2022, la visite à Taïwan de Nancy Pelosi, qui occupait alors la même fonction que McCarthy, avait provoqué des manœuvres de plus grande ampleur encore. Alors que le gouvernement de Pékin affirme depuis toujours que Taïwan fait partie de la #Chine et que son indépendance formelle est un motif de guerre, les #États-Unis et le DPP, avec ces contacts d’officiels au plus haut niveau, font monter la pression. Ils savent pertinemment que le #gouvernement_chinois ne peut pas ne pas répondre.

      L’armée chinoise s’est ainsi déployée pendant trois jours, simulant l’encerclement et le #bombardement de l’île, faisant franchir à plusieurs dizaines de ses avions la ligne médiane du détroit de Taïwan, et mettant en œuvre son dernier porte-avions, le Shandong, qui navigue dans la zone à environ 370 km à l’est de l’île. L’#armée_chinoise a également annoncé que les manœuvres autour de Taïwan seraient prolongées par d’autres jusqu’au 20 avril au large du #Fujian, dans le détroit de Taïwan. Les États-Unis, dont une partie de la flotte est en permanence sur zone, le #porte-avions américain Nimitz en particulier se trouvant à proximité, en ont profité pour observer les capacités militaires de la #marine_chinoise et pour montrer à leur tour leur présence et leur puissance. Ils ont ainsi déployé le 9 avril un destroyer en #mer_de_Chine_méridionale, un peu au sud de Taïwan, dans une opération dite de liberté de navigation, consistant à croiser à proximité des îles que les Chinois se sont appropriées. Et mardi 11 avril, ils ont entamé leurs exercices militaires annuels conjoints avec les Philippines en mobilisant au total 18 000 soldats, deux fois plus qu’en 2022.

      Les dirigeants taïwanais et américains préparent les esprits à la guerre. Les dirigeants chinois ne sont pas en reste. #Taïwan et ses 23 millions d’habitants deviennent ainsi l’enjeu d’un affrontement qui les dépasse.

    • Chine-États-Unis : une concurrence féroce mais inégale
      https://mensuel.lutte-ouvriere.org/2022/01/23/chine-etats-unis-une-concurrence-feroce-mais-inegale_196804.

      (#archiveLO, 9 janvier 2022)

      – Une nouvelle superpuissance  ?
      – Des relations inégalitaires
      – Un nouvel #impérialisme  ?
      – Le «  rêve chinois  » de Xi Jinping
      – Guerre économique  : le raidissement des États-Unis
      – Les provocations occidentales
      – La #guerre, une menace toujours plus proche

    • Océan pacifique : préparatifs guerriers
      https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/03/15/ocean-pacifique-preparatifs-guerriers_552402.html
      (#archiveLO, 15 mars 2023)

      Depuis la base navale californienne de San Diego, le président américain Biden, le premier ministre britannique Sunak et son homologue australien Albanese ont lancé le 13 mars la nouvelle phase de leur alliance militaire.

      Les trois pays développeront ensemble et construiront dans leurs arsenaux respectifs un nouveau type de #sous-marin d’attaque à propulsion nucléaire (SNA). La série est baptisée SNN Aukus, comme l’alliance #Australie- UK- USA. En attendant les premiers lancements, prévus pour 2040, les États-Unis fourniront, sous deux ans, trois voire cinq SNA à la marine australienne. Le #budget officiel de ce programme dépasse les 200 milliards de dollars.

      En plus de la montée en puissance navale, #Aukus marque l’intégration de plus en plus poussée dans la marine américaine des marines britannique et australienne, de leurs arsenaux et de leurs équipages. Le projet comprend aussi des groupes de recherche dans des domaines intéressant l’armement, depuis les missiles hypersoniques jusqu’aux ordinateurs quantiques nécessaires pour la guerre de l’espace. La marine japonaise, déjà en partie équipée par les États Unis et coordonnée avec eux, ne devrait pas tarder à rejoindre cette alliance évidemment dirigée contre la Chine.

      Pour justifier ce programme guerrier les porte-parole officiels et officieux de l’#impérialisme américain montent en épingle la menace chinoise. Cela va du ridicule, comme l’interdiction du réseau social pour ados Tik-Tok, au terrifiant, en affirmant que la flotte chinoise serait désormais la plus puissante au monde.

      La flotte chinoise, si l’on compte tous ses bâtiments jusqu’à la plus modeste vedette des douanes, est certes la plus nombreuse. Mais la #flotte_américaine, sans même intégrer Aukus, l’Otan et les autres alliés, reste de très loin la plus puissante. Les États-Unis détiennent 14 sous-marins nucléaires lanceurs d’engins à tête nucléaire, alors que la #Chine en a sept. Et, surtout, ils arment 50 SNA soit la moitié de ceux en service actuellement dans le monde, alors que la Chine en a neuf. Enfin, un seul des onze #porte-avions américains, les plus gros, les plus rapides, les plus armés et les seuls dotés de catapultes, est plus écrasant et plus coûteux que les trois porte-avions chinois réunis.

      Aujourd’hui le programme naval Aukus est une garantie de bénéfices considérables pour des marchands de canons américains déjà multimilliardaires et, exceptionnellement, une fleur pour leur confrère britannique #BAE_Systems. Par la constitution d’une force navale intégrée, c’est aussi l’indication des camps d’un futur conflit général qui se dessinent et se préparent techniquement. Loin de défendre la paix, l’impérialisme promet la #guerre.

      #États-Unis #Royaume-Uni

    • Chine-États-Unis : préparatifs guerriers
      https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/04/12/chine-etats-unis-preparatifs-guerriers_609617.html
      (#archiveLO, 12 avril 2023)

      Entre le samedi 8 avril et le dimanche 10, l’armée chinoise a déployé autour de Taïwan onze bateaux de guerre et plus de 70 avions, simulant l’encerclement de l’île ainsi que son bombardement. La Chine répondait ainsi à la visite en Californie de la présidente de Taïwan, Tsai Ing-wen.

      Cette visite, le 5 avril, s’inscrit dans la préparation de l’élection présidentielle taïwanaise de janvier 2024, une campagne que Tsai Ing-wen mène pour le compte de son parti, le DPP. Son escale américaine lui aura permis de se donner une stature internationale. Elle a salué le soutien indéfectible des États-Unis et de Kevin McCarthy, président de la Chambre des représentants américains, qui en a profité pour appeler son pays à continuer à vendre des armes à Taïwan. Les uns comme les autres espèrent ainsi enrayer la perte de vitesse du DPP sur l’île et justifier auprès de la population taïwanaise la nécessité de l’indépendance, alors qu’une partie grandissante semble en douter, si l’on en croit la défaite que le DPP a subie aux élections locales de novembre dernier au profit de son concurrent, le KMT, qui défend une ligne de statu quo, voire de rapprochement avec Pékin.

      Les dirigeants du DPP et les dirigeants américains ont sans doute estimé que la réaction militaire du gouvernement chinois, s’il y en avait une, légitimerait aussi la position du DPP. Cette réaction était en effet prévisible et sans aucun doute prévue. En août 2022, la visite à Taïwan de Nancy Pelosi, qui occupait alors la même fonction que McCarthy, avait provoqué des manœuvres de plus grande ampleur encore. Alors que le gouvernement de Pékin affirme depuis toujours que Taïwan fait partie de la Chine et que son indépendance formelle est un motif de guerre, les États-Unis et le DPP, avec ces contacts d’officiels au plus haut niveau, font monter la pression. Ils savent pertinemment que le gouvernement chinois ne peut pas ne pas répondre.

      L’armée chinoise s’est ainsi déployée pendant trois jours, simulant l’encerclement et le bombardement de l’île, faisant franchir à plusieurs dizaines de ses avions la ligne médiane du détroit de Taïwan, et mettant en œuvre son dernier porte-avions, le Shandong, qui navigue dans la zone à environ 370 km à l’est de l’île. L’armée chinoise a également annoncé que les manœuvres autour de Taïwan seraient prolongées par d’autres jusqu’au 20 avril au large du Fujian, dans le détroit de Taïwan. Les États-Unis, dont une partie de la flotte est en permanence sur zone, le porte-avions américain Nimitz en particulier se trouvant à proximité, en ont profité pour observer les capacités militaires de la marine chinoise et pour montrer à leur tour leur présence et leur puissance. Ils ont ainsi déployé le 9 avril un destroyer en mer de Chine méridionale, un peu au sud de Taïwan, dans une opération dite de liberté de navigation, consistant à croiser à proximité des îles que les Chinois se sont appropriées. Et mardi 11 avril, ils ont entamé leurs exercices militaires annuels conjoints avec les Philippines en mobilisant au total 18 000 soldats, deux fois plus qu’en 2022.

      Les dirigeants taïwanais et américains préparent les esprits à la guerre. Les dirigeants chinois ne sont pas en reste. Taïwan et ses 23 millions d’habitants deviennent ainsi l’enjeu d’un affrontement qui les dépasse.

  • PCF : lutte des places à gauche

    https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/04/12/pcf-lutte-des-places-gauche_609594.html

    Le #PCF a tenu son 39e congrès du 7 au 10 avril à Marseille. #Fabien_Roussel, réélu à sa tête, s’est fait remarquer en déclarant que « la #Nupes est dépassée » et qu’il faut rassembler la gauche jusqu’à #Bernard_Cazeneuve, l’ex-Premier ministre de Hollande.

    Il n’y a pas à s’étonner de la main tendue à un politicien qui a refusé l’alignement du PS derrière la Nupes initiée par #Mélenchon et qui se démarque du spectacle radical joué par les députés #LFI au Parlement.

    D’un côté, même si ce n’est guère que par son nom, le #Parti_communiste_français reste associé à la #lutte_des_classes et à la contestation du capitalisme. Malgré ses déboires électoraux successifs et la perte des municipalités qu’il a dirigées pendant des décennies, il conserve un réseau militant dans certains quartiers populaires et parmi les travailleurs, un réseau que n’ont pas les autres partis de la gauche gouvernementale. Il continue d’attirer à lui des femmes et des hommes, y compris des jeunes, pour qui « la lutte des classes est toujours une réalité » , pour reprendre les termes d’un sondage qu’il a commandé.

    Mais, de l’autre côté, la politique des dirigeants du PCF, depuis des décennies – en fait depuis les années 1930, où il a cessé d’être un parti révolutionnaire pour devenir un gardien de l’ordre social –, a toujours consisté à apporter leur soutien à un politicien bourgeois présentable en vue d’obtenir des ministères . Blum, De Gaulle, Mitterrand, Jospin : la liste est longue et le spectre politique très large. Quand le PCF avait une influence presque hégémonique dans la classe ouvrière, sa capacité à encadrer les travailleurs était le principal argument de ses dirigeants pour monnayer des postes de ministres. Leur participation au pouvoir s’est accompagnée de leur complicité dans les coups portés aux travailleurs, comme sous Mitterrand qui a mis en œuvre le blocage des salaires et laissé supprimer des centaines de milliers d’emplois, puis sous Jospin qui a privatisé en masse. Cette politique a fait chuter les voix du PCF, partir ses militants et baisser son influence, sans que ses dirigeants changent vraiment de politique.

    Quand l’ex-sénateur ­Mélenchon a rompu avec le PS, les dirigeants du PCF, sous l’égide de #Pierre_Laurent, l’ont aidé à créer le #Front_de_gauche, lancé lors des élections européennes de 2009. En 2017 après la création de La France insoumise (LFI), ils ont mis le dévouement de leurs militants au service de sa campagne présidentielle. Mais, à trop suivre Mélenchon, le PCF risquait de disparaître. En 2020, pour conserver des municipalités, il avait besoin d’alliances avec le PS. En 2022, pour sauvegarder l’existence indépendante de son appareil, Fabien Roussel a choisi de se présenter à la présidentielle. Puis, pour faire réélire ses députés, il a pris part à la Nupes, l’alliance électorale proposée par LFI pour les élections législatives de juin 2022. Aujourd’hui, pour ne pas tout parier sur l’alliance avec LFI, Fabien Roussel tend la main aux dissidents du PS, hostiles à #Olivier_Faure et à la Nupes.

    Sur le fond, tous ces politiciens sont bonnet blanc et blanc bonnet, selon une vieille formule du PCF. Sur le terrain du nationalisme ou du protectionnisme, les différences entre Roussel, Mélenchon ou Ruffin sont indiscernables . Sur le terrain de la sécurité, Roussel, qui est allé manifester derrière la police, aux côtés de Darmanin et Bardella en mai 2021, doit apprécier Cazeneuve, ancien ministre de l’Intérieur.

    Depuis des années, la politique du PCF se résume ainsi à ses tentatives de sauvegarder ses positions électorales face aux pressions de ses alliés , tout en se présentant toujours comme candidat à être un parti de gouvernement. Cela signifie en tout cas être « toujours prêt » à faire passer sous la table les revendications des travailleurs, comme on l’a vu quand le PCF a eu des ministres sous Mitterrand comme sous Jospin.

    Ce n’est pas au PCF, pas plus dans sa version Roussel que dans les précédentes, que les militants ouvriers et les jeunes, attirés par le langage « lutte de classe », la référence au communisme et l’envie de combattre le capitalisme, trouveront une réponse à leurs aspirations.