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  • En as-tu vraiment besoin ? Josée Blanchette - 14 Septembre 2018 - Le Devoir

    https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/536747/en-as-tu-vraiment-besoin-la-decroissance-pour-les-nuls

    Donc. On voudrait que ça change sans que cela fasse mal, continuer à manger du boeuf bourguignon en avion en sablant du mousseux. Prenez l’auto électrique. Le mot le plus important n’est pas « électrique ». Non, c’est « auto ». L’évocation du char nous réconforte et ne nous oblige pas à couper le cordon. Voilà pourquoi nos politiciens en parlent tant. On vous laissera votre jouet, pas d’inquiétude. Quant à taxer davantage les énergies fossiles — et à hauteur des dommages infligés —, toute notre économie en dépend, cela ferait plutôt mal. Et pourtant, c’est la seule avenue : toucher au portefeuille.

    Si vous avez déjà élevé un enfant, vous savez que le volontarisme atteint ses limites dans un Toys’R’Us. La raison (les moyens de production, les ressources, l’impact environnemental, l’obsolescence programmée, l’éthique du travail, les déchets engendrés) prend allègrement le bord face à la séduction. Nous sommes des gamins lobotomisés, conditionnés dès la naissance par la pub pour désirer, acheter, jeter. Nous baisons sans condom parce que c’est plus le fun.

    Depuis mon dernier texte sur le sujet, https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/535702/noah-aura-25-ans-en-2030 les courriels pleuvent, mes amis m’appellent, sont inquiets, fâchés ou consternés. Mais on peut faire quoi ? Les solutions sont désagréables, car elles impliquent des mesures draconiennes, individuelles et collectives. Voilà pourquoi elles n’ont pas été adoptées et ne le seront vraisemblablement pas non plus à l’issue de cette campagne électorale lénifiante, où l’environnement arrive à la quatrième place des intérêts des électeurs après la santé, l’éducation et l’économie, selon la Boussole électorale. Comme si on pouvait être en santé sur une planète qui ne l’est plus.

    Le mot « décroissance » a bien fini par surgir cet été, mais pas dans la bouche des politiciens. On appelait ça de la simplicité volontaire il y a 30 ans. Le discours du Dr Serge Mongeau (La simplicité volontaire, 1985) , celui qu’on surnomme « le père de la décroissance », n’excitait pas les foules. Pensez, il incitait à moins consommer et à moins travailler, alors que le vent soufflait dans les voiles du néolibéralisme économique. Aujourd’hui, c’est un ouragan.

    La religion de la croissance
    Le sociologue de l’économie Éric Pineault est invité pour l’année au Collège de recherche sur les sociétés postcroissance à l’Université de Jena, en Allemagne. Il écrit un livre sur la croissance, du point de vue de la décroissance. Un être bouillant et brillant, que j’ai eu le plaisir de rencontrer.

    « La décroissance, c’est l’alternative collective à la simplicité volontaire », m’écrit-il. Je lui ai demandé de me donner des mesures politiques concrètes de décroissance. « Dans le contexte des partis actuels ! T’es-tu malade ? » Il me parle de « déjà vu », « déjà connu », « écolo 101 », et croit qu’il faudrait crever un abcès idéologique central à la modernité : « C’est le théoricien de la culture (par ailleurs marxiste) Frédéric Jameson qui disait que, dans cette ère néolibérale, c’est plus facile d’imaginer la fin du monde que la fin du capitalisme. »

    De mon point de vue d’athée, le Québec s’est déjà débarrassé des curés ; il lui faudrait à présent se relever du prie-Dieu du PIB et en terminer avec le progrès, dont on dit qu’il ne s’arrête pas. Pineault aborde le thème de l’accélération à laquelle nous sommes dopés. Le rapport au temps est central, il me semble. En épousant le va-vite, les chevaux-vapeur, nous avons perdu de vue le petit trot, la perspective et la sagesse. Penser est une activité chronophage.

    Quand on sait que 60 % de ce PIB est attribuable à la consommation, on continuera longtemps à camper à la porte des IKEA de ce monde.

    J’en ai discuté toute une soirée avec une étudiante en gestion de l’environnement, Alix Ruhlmann, 23 ans, qui a fait son essai de maîtrise sur la décroissance à l’Université de Sherbrooke. Elle a même participé à la dernière COP, à Bonn, et mesuré le degré d’inquiétude des pays du Sud par rapport aux pays riches.

    Alix constate que même les jeunes de sa génération vivent dans une forme d’insouciance béate. Seulement le quart des 18-34 ans estiment que l’environnement est un enjeu prioritaire. L’étudiante propose une foule d’éléments concrets dans son essai fouillé de 150 pages : encadrer la pub, réduire les lobbys, donner la possibilité aux employés de moins travailler sans précarité, donc, de déconsommer. Mais elle ne croit pas trop aux incitatifs imposés. Elle voudrait encore convaincre. Malheureusement, l’urgence est telle — cette semaine, l’ONU nous donnait deux ans pour faire quelque chose… — que sans mesures draconiennes, musclées et planétaires, rien n’arrivera. Nous avançons en arrière.

    Le seul pouvoir qui nous reste
    Pierre-Yves McSween, l’auteur du best-seller En as-tu vraiment besoin ?, s’apprête à en publier la version compacte le 19 septembre. La déconsommation, il la prône et il la pratique.

    « Je l’ai rendue mainstream », me dit-il. Le comptable et chroniqueur économique a déjà été candidat pour le Parti vert en 2007.

    Il a pris l’avion en janvier (un gros pollueur, on en parle peu), ce qu’il n’avait pas fait depuis huit ans : « Tu vas sauver la planète quand 200 000 personnes feront comme toi. Ma façon de lutter contre le capitalisme, c’est en décourageant la consommation. C’est le seul pouvoir qu’on a. Il est là, le mouvement de masse. »

    McSween a réussi à démarginaliser cette approche de sobriété heureuse sans revendiquer un discours vert grano, en rassemblant son public autour de son point faible : moins payer. Une approche lucrative.

    « Quand tu achètes, tu donnes ta liberté à quelqu’un d’autre. À part payer ton loyer, manger et t’habiller, le seul choix, c’est de ne pas en faire. »

    Effectivement, à vivre en dessous de ses moyens, on redevient maître de son temps. « Y’a du monde qui me disent : oui, mais je vais faire quoi avec mon argent, maintenant ? »

    Jouer au Monopoly ? Parler de « rééducation » n’est pas trop fort. « Mon livre ne porte pas sur la décroissance, mais cela devient une conséquence de ce que je propose. Je leur vends l’angle financier. Tout ce système tient dans une planète Terre. Jusqu’à ce que ça crashe. Ça va arriver, ce n’est pas soutenable. »

    Ainsi soit-il. La seule chose dont nous ayons vraiment besoin semble être en rupture de stock.

    #décroissance #écologie #capitalisme #économie #critique_techno #énergie #consommation #agriculture #lobotomisation #postcroissance #lobbys

  • ALENA Libre-échange : cartes sur table Robert Dutrisac - 29 Aout 2018 - Le Devoir
    https://www.ledevoir.com/opinion/editoriaux/535513/libre-echange-cartes-sur-table

    Le président Donald Trump a réussi à isoler le Canada en signant un accord de principe de libre-échange avec le Mexique. Il est minuit moins une pour Donald Trump : s’il veut que son homologue Enrique Peña Nieto signe officiellement l’entente avant qu’il ne cède le pouvoir à son successeur, le 1er décembre prochain, le président a jusqu’à vendredi pour soumettre l’entente au Congrès, qui doit disposer d’une période d’examen de 90 jours. En grand négociateur qu’il prétend être, Trump veut aussi montrer qu’il a pu arracher une victoire avant les élections de mi-mandat en novembre.

    Le Canada se retrouve devant une entente qu’il n’a pas négociée directement. Mais l’issue présente des points positifs. En premier lieu, il a devant lui un président qui est maintenant prêt à signer un accord.

    La question de l’automobile est réglée : l’entente qui hausse le contenu nord-américain de 62,5 % à 75 % et qui impose un salaire horaire minimum de 16 $US pour près de la moitié des véhicules fabriqués au Mexique rendra plus concurrentielles les usines non seulement américaines mais canadiennes.

    En outre, la disposition de temporarisation (dite « crépusculaire ») — les négociateurs américains proposaient que l’entente devienne caduque après cinq ans si elle n’était pas reconduite formellement par les parties — est remplacée par un simple réexamen qui permettra à l’accord de durer au moins seize ans. Une telle stabilité était réclamée non seulement par le Canada, mais aussi par les milieux d’affaires américains.

    En revanche, le Mexique a accepté que soient exempts de taxes les achats de biens en ligne en provenance des États-Unis d’une valeur de 100 $US ou moins, alors que le seuil était fixé à 50 $US. Au Canada, la limite est fixée à 20 $US ; une étude a indiqué qu’un relèvement de l’exemption entraînerait la perte de milliers d’emplois au pays.

    Il reste notamment deux points litigieux et non les moindres : les mécanismes de règlement des différends et la gestion de l’offre en agriculture.

    Jusqu’ici, le Canada a refusé de signer un accord qui accorderait aux Américains le droit de trancher unilatéralement les différends commerciaux. Il n’y a aucune raison pour que cette position change : un accord de libre-échange ne vaut pas grand-chose sans un mécanisme impartial de règlement des différends.

    En ce qui a trait à la gestion de l’offre des produits laitiers, le gouvernement Trudeau ne peut l’abandonner. Au Québec, agriculteurs et partis politiques monteraient aux barricades. Et c’est sans parler des producteurs ontariens. On comprend d’ailleurs mal l’obsession du président à ce sujet. Les États-Unis subventionnent allègrement leur agriculture. Qui plus est, le Canada importe davantage de produits laitiers des États-Unis que l’inverse. On ne peut qu’espérer que les négociateurs canadiens puissent proposer des aménagements — un léger relèvement des quotas d’importations, par exemple, comme le prévoit l’accord de libre-échange Canada-Europe — qui puissent permettre au président américain de crier victoire.

    Il ne faut surtout pas céder à la menace qu’il a brandie d’imposer des tarifs de 25 % sur les autos produites dans les usines canadiennes. Après tout, ces usines, pour la plupart, sont la propriété des grands fabricants américains, qui seraient les premiers touchés.

    Est-ce qu’une entente peut être conclue d’ici vendredi ? Rien n’est impossible, mais on peut en douter. Le Canada, qui n’est pas soumis aux mêmes échéances qu’un président qui veut se faire valoir, pourrait toutefois tirer parti de la situation. Compte tenu de la nature de la bête, il faudra sans doute permettre à Donald Trump de clamer qu’il a gagné et que le Canada a perdu. Sans que ce soit véritablement le cas.

     #alena #usa #tafta #mexique #Enrique_Peña_Nieto #etats-unis #libre-échange #canada #donald_trump #taxes #arbitrage #lait #néolibéralisme #trump

  • Ce n’est pas un sacre, c’est un massacre Nancy Huston - 22 Aout 2018 - Le Devoir
    https://www.ledevoir.com/opinion/idees/534990/ce-n-est-pas-un-sacre-c-est-un-massacre

    Cher François,

    Ces jours-ci, le monde tangue sous le choc d’un nouveau scandale de pédophilie qui, en Pennsylvanie cette fois, vient « éclabousser » l’Église catholique : sur une période de 70 ans, 1000 enfants abusés ou violés par des prêtres, et, compte tenu de la célérité des intéressés à escamoter les preuves et de la honte des victimes à témoigner, l’on peut être certain que ce chiffre est encore inférieur à la vérité. Certain aussi que, pour nombreux qu’ils soient, les cas connus ne forment que la pointe de l’iceberg.


    Comme moi, comme d’autres, vous avez dû être frappé par la ressemblance entre cette salve de révélations « scandaleuses » et une autre, qui défraie l’actualité depuis bientôt un an : celle des témoignages #MeToo sur le harcèlement sexuel. Ici et là, même propension des hommes à profiter de leur pouvoir pour satisfaire leurs besoins sexuels. Si l’on mettait à la disposition des enfants du monde entier un site Internet où ils pourraient déposer leur plainte en toute sécurité, ce « #balancetonpretre » provoquerait un tsunami mondial qui, par sa violence et son volume, dépasserait à coup sûr celui de « #balancetonporc ». Seraient encore reléguées au silence, il est vrai, les nombreuses victimes qui, en raison de leur jeune âge (18 mois, exemple entendu ce matin) ou de leur misère (enfants du Tiers-Monde, illettrés et/ou non connectés), n’auraient pas accès au site.

    Ce nouveau scandale vous a poussé à publier une longue « lettre au peuple de Dieu ». Mais, François, jamais la honte, la prière, le jeûne et la repentance ne mettront fin à ce fléau. À moins de changer les données qui engendrent ces gestes intempestifs, ils continueront à se produire. Pour les harceleurs de tout poil, il serait de la toute première importance de chercher les causes de leur acting-out machiste. Pour les prêtres catholiques, en revanche, point n’est besoin de chercher. La raison est là, évidente, flagrante comme le nez au milieu du visage.

    Ils ont peur
    Pourquoi s’en prennent-ils de façon si prépondérante aux enfants et aux adolescents ? Non parce qu’ils sont pédophiles — la proportion de vrais pédophiles parmi les prêtres est sûrement aussi minuscule que dans la population générale — mais parce qu’ ils ont peur , et que les plus jeunes sont les plus faibles, les plus vulnérables, les plus faciles à intimider, les moins aptes donc à les dénoncer. S’ils abordaient avec leur sexe tumescent — ce pauvre sexe nié, perpétuellement réprimé — des adultes de leur paroisse, ou s’ils allaient rendre visite aux travailleur(euse)s du sexe, ils seraient « pris » tout de suite. Avec les jeunes, ça peut durer des années… des décennies. On prend les nouveaux enfants de choeur… les fillettes qui viennent de faire leur première communion… cette toute jeune femme, dans le secret du confessionnal… ce tout jeune homme, pendant les vacances en colonie… On a sur elle, sur lui, sur eux, une ascendance, un pouvoir plus qu’humain, quasi divin… Et l’année d’après on recommence, avec les mêmes ou d’autres… François, ce n’est pas un sacre, c’est un massacre.

    À moins de se dire que seuls les pédophiles et les pervers sont intéressés par le sacerdoce chrétien, le problème n’est ni la pédophilie ni la perversion. Il faut abandonner ces clichés une fois pour toutes. Le problème, c’est que l’on demande à des individus normaux une chose anormale. C’est l’Église qui est « perverse » dans son refus de reconnaître l’importance de la sexualité et les conséquences désastreuses de son refoulement.

    Ces dernières décennies, nous autres, pays chrétiens — ou États laïques issus du christianisme —, avons pris l’habitude de dénoncer les coutumes d’autres cultures que nous considérons comme barbares ou injustes : je pense notamment à l’#excision ou au port de la #burqa. À ceux qui les pratiquent, nous aimons à faire remarquer que nulle part dans le Coran (par exemple) il n’est stipulé que l’on doive couper leur clitoris aux petites filles ou couvrir le visage des femmes, que ces pratiques ont commencé pour des raisons précises, à un moment précis de l’Histoire, afin d’aider les sociétés à mieux organiser les mariages et gérer la distribution des richesses. Les jugeant foncièrement incompatibles avec les valeurs universelles (liberté, égalité, fraternité) et les droits de l’individu — notamment le droit à l’intégrité corporelle —, nous nous estimons en droit de les interdire sous nos latitudes.

    Or ceux qui les pratiquent les considèrent comme irréfragables, constitutives de leur identité… de la même manière exactement que l’Église considère le #dogme du célibat des prêtres ! N’entrons pas, ici, dans le débat byzantin des raisons plus ou moins avouables pour lesquelles, après la scission des deux Églises, orientale et latine, celle-ci a tenu à se distinguer de celle-là en rendant obligatoire le célibat de ses officiants. Il est bien connu que Jésus n’a rien dit à ce sujet. Si lui-même n’a pas pris femme, il y avait parmi ses apôtres des hommes mariés, et, à d’autres époques et sous d’autres formes, le christianisme a autorisé et autorise encore ses prêtres à se marier. Le dogme catholique du célibat ne remonte qu’au Moyen Âge, un grand millier d’années après la mort du Christ.

    Les dégâts d’un dogme
    Ce qu’il s’agit de souligner, c’est que ce dogme, qui fait largement autant de dégâts que l’excision ou que la burqa, est lui aussi le résultat d’une certaine évolution historique. Cela veut dire qu’elle peut être annulée par une autre décision historique, décision que vous seul, cher François, êtes en mesure de prendre. Oui, vous seul avez la possibilité de lever l’injonction au célibat sous toutes les latitudes, protégeant ainsi d’innombrables enfants, adolescents, hommes et femmes à travers le monde.

    La preuve a été refaite et refaite. Le célibat obligatoire des prêtres ne marche pas. La plupart des prêtres ne sont pas chastes. Ils n’arrivent pas à l’être. Il faut en prendre acte et enterrer une fois pour toutes ce dogme inique. Il est criminel de tergiverser alors que, partout où il sévit, le massacre continue. Vous le savez, François ; nous le savons tous. Le rôle de l’Église est de protéger non les forts mais les faibles, non les coupables, mais les #innocents. « Et Jésus dit : Laissez les petits enfants, et ne les empêchez pas de venir à moi ; car le royaume des cieux est pour ceux qui leur ressemblent » (Matthieu 19 : 14). Depuis mille ans, combien de millions d’enfants ont été détournés de l’Église, dégoûtés de l’Église, empêchés de venir à Jésus, en raison de ce traumatisme ?

    Alors, dites STOP, François. En tant qu’autorité suprême de l’Église catholique, ce serait de loin l’acte le plus important, le plus courageux et le plus chrétien de tout votre mandat. Vous ne le feriez pas pour votre gloire personnelle… et pourtant, cela ne fait pas de doute, cette décision vous apporterait une gloire immense. Pendant des siècles, les prêtres et leurs ouailles vous remercieraient de votre prescience, de votre humanité, de votre sagesse.
    Ayez ce courage, je vous en conjure. Le moment est venu. L’Église doit cesser de cautionner (et donc de perpétuer, c’est-à-dire de perpétrer ) des crimes qui, à travers le monde et les âges, ont bousillé des vies sans nombre. Dites BASTA, François.
    Et si vous ne le faites pas, de grâce… expliquez-nous au moins pour quelles raisons vous ne voulez pas le faire.

    #enfants #femmes #garçons #filles #pape #prêtres #viols #machisme #pédophilie #massacre #catholicisme #sexe #perversité

  • Le train des illusions John R. MacArthur - 6 Aout 2018 - Le Devoir
    https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/533911/le-train-des-illusions
    . . . . .

    je suis parti à destination du Var. Conscient, grâce au reportage du Monde diplomatique, que les villes moyennes souffrent d’une réduction de service ferroviaire qui favorise le TGV (en prenant des trains TER, j’aurais mis plus de quatre heures pour aller d’Autun à Lyon, avec deux correspondances), j’ai fini par me faire conduire en voiture à Lyon afin de prendre le TGV vers Marseille et Toulon. Tout s’est passé tranquillement dans mon wagon, la seule ombre étant que le Breton d’en face trouvait qu’un journaliste du Télégramme avait surestimé la performance du Mâconnais Antoine Griezmann.

    Cependant, à l’arrivée à Marseille, le TGV a ralenti subitement sans atteindre la voie de la gare. « Mesure de sécurité », a annoncé le conducteur. Là, le temps pour attraper ma correspondance à destination de Toulon — soit le TGV 6177, départ à 17 h 31 — s’est écoulé sans explication supplémentaire. Enfin débarqué, je me suis précipité pour trouver la pancarte des départs, mais nulle part n’était affiché le TGV 6177. Dans la billetterie surchargée, on m’a dirigé au pas de course vers une voie lointaine, où je me suis retrouvé devant un TER à destination de Toulon, bondé comme un convoi de réfugiés. « Faut aller trouver le TGV, Monsieur », m’a dit le conducteur. J’ai juré qu’il n’y en avait pas et le type, par pitié, m’a indiqué une petite ouverture dans le mur humain qui bloquait l’entrée du wagon le plus proche.

    J’ai foncé et je me suis retrouvé le dos plaqué contre la porte des toilettes. Décidément, la « solidarité » française s’affichait moins solidaire que le jour précédent. Une dame d’un certain âge, coincée entre enfants pleurants et adultes épuisés, a profité du chaos pour décharger sa colère contre les grévistes de la SNCF, les politiciens, et surtout la nouvelle génération des jeunes, dont plusieurs adolescentes qui n’avaient pas cédé leur siège : « Je ne l’aurais pas accepté, mais c’est le principe. » Elle ne m’a pas épargné son mépris : « Vous auriez dû prendre le TGV, a-t-elle constaté avec un sourire amer. Il y a 10 arrêts avant Toulon. » En effet, j’allais perdre une bonne demi-heure par rapport au TGV (retardé, j’ai appris plus tard, par des orages violents, qui avaient fait tomber un arbre sur une caténaire à l’est de Toulon).

    En route, le calme et la politesse se sont doucement rétablis, quoiqu’avec une atmosphère de résignation. Une fois assis, enfin, j’ai demandé à la passagère d’à côté pourquoi on ne bougeait pas de la gare d’Aubagne. « Normalement, c’est ici qu’on permet au TGV de dépasser le TER », m’a-t-elle expliqué. En effet, après un quart d’heure d’attente, un TGV, peut-être celui que j’avais manqué, nous a dépassés avec un énorme fracas sur une autre voie. Ma concitoyenne, habituée à une France littéralement à deux vitesses, à deux niveaux économiques, m’avait présenté la métaphore parfaite pour un pays qui reste dominé par Emmanuel Macron, malgré mes rêves égalitaires.

    #France #témoignage #déglingue #transports #voyage #TER #TGV #banlieue #pénurie

  • L’Arabie saoudite expulse l’ambassadeur du Canada après des critiques sur les droits de l’Homme
    20 Minutes avec AFP - Publié le 06/08/18 à 05h49
    https://www.20minutes.fr/monde/2317799-20180806-arabie-saoudite-expulse-ambassadeur-canada-apres-critique

    L’Arabie saoudite a annoncé lundi qu’elle avait décidé d’expulser l’ambassadeur du Canada à Ryad et de geler toute relation commerciale, en réplique aux critiques répétées d’Ottawa sur la répression des militants de droits de l’Homme.

    Le royaume saoudien a donné vingt-quatre heures au diplomate canadien pour quitter le pays et rappelle son ambassadeur au Canada « pour consultations », dans un soudain durcissement des relations entre ces deux pays. Le Canada n’avait pas réagi officiellement dimanche soir (à Ottawa) à l’annonce de Ryad, intervenue suite à un appel de l’ambassade du Canada à la libération immédiate de militants des droits de l’Homme emprisonnés en Arabie saoudite.

    Le royaume d’Arabie saoudite « n’acceptera d’aucun pays une ingérence dans ses affaires intérieures ou des diktats imposés », a déclaré le ministère saoudien des Affaires étrangères sur Twitter, reflétant la fermeté du prince héritier Mohammed ben Salmane en matière de politique étrangère. Ryad a en outre annoncé que le royaume avait décidé de « geler toutes nouvelles transactions concernant le commerce et les investissements » avec le Canada. (...)

    • Le Canada, vendeur d’armes | Le Devoir
      https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/531902/le-canada-vendeur-d-armes

      Juillet 2018 :

      Comment ce gouvernement peut-il prôner sur toutes les tribunes la protection des droits de la personne à travers le monde, tout en continuant de vendre des armes à un régime dont le bilan en matière de droits est parmi les pires au monde ? En patinant comme l’un des meilleurs joueurs de la LNH, semble-t-il.

      #Canada #hypocrisie #sans_vergogne

    • Crise avec Ryad : le Canada continuera à « parler fermement » sur les droits humains (Trudeau)
      AFP / 08 août 2018 19h55
      https://www.romandie.com/news/Crise-avec-Ryad-le-Canada-continuera--parler-fermement-sur-les-droits-humains-Trudeau/943826.rom

      Montréal - Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a affirmé mercredi que son pays continuerait à « parler fermement et clairement » sur les droits humains, refusant implicitement de présenter des excuses à l’Arabie saoudite.

      « Les Canadiens attendent de notre gouvernement qu’il parle fermement, clairement et poliment de la nécessité de respecter les droits humains, au pays et dans le monde, c’est ce que nous allons continuer à faire », a déclaré M. Trudeau, interrogé lors d’un point presse pour savoir s’il comptait présenter des excuses à Ryad.

      M. Trudeau réagissait pour la première fois à l’annonce lundi de l’expulsion pour « ingérence » de l’ambassadeur canadien à Ryad.

      « On ne veut pas avoir de mauvaises relations avec l’Arabie saoudite », a-t-il immédiatement ajouté. « C’est un pays qui a quand même une certaine importance dans le monde et qui fait des progrès au niveau des droits humains mais nous allons quand même continuer de souligner les difficultés quand elles existent et partout dans le monde ».

      Le Premier ministre a indiqué que « les discussions avec l’Arabie saoudite se poursuivent ». La cheffe de la diplomatie canadienne Chrystia Freeland s’est notamment entretenue avec son homologue saoudien Adel al-Jubeir mardi, selon lui.(...)

  • « Pour saisir la situation, il faut voir les photos d’enfants enfermés dans des cages, recouverts de couvertures de survie posées sur des matelas à même le sol. »

    La glaciation Romain Dumont - 23 Juin 2018 - Le Devoir
    https://www.ledevoir.com/opinion/libre-opinion/531024/la-glaciation

    C’est tristement drôle comment les abréviations d’initiales sont parfois longues de symbolisme ; aujourd’hui, les trois lettres de #ICE, l’agence américaine pour « l’#Immigration and Customs Enforcement », sont devenues l’étendard d’une milice au coeur, justement, de glace. D’une bande de red-necks qui exécute de sang-froid des lois néroniennes. Pour saisir la situation, il faut voir les photos d’enfants enfermés dans des #cages, recouverts de couvertures de survie posées sur des matelas à même le sol. Leur sommeil laissé entre les mains de ce que la démocratie électorale a de plus dégueulasse ; les politiques démagogues. L’indignation est tellement généralisée que même l’ancien directeur du ICE en est venu à déclarer que ce genre de politiques pourrait créer des milliers d’enfants orphelins.

    Le terme « créer » est important, car ce sont des orphelins artificiels. Ils ne sont pas issus de la fatalité d’un monde, mais de la #cruauté volontaire des hommes. Le message qu’ils veulent passer, est que si vous essayez de passer la frontière vous risquez de perdre vos enfants. Je suis contre ces camps, je suis contre l’argumentaire des sans-dessein, ils ne sont rien d’autre que répulsif, on ne sépare pas les familles, point, mais nous pouvons gueuler aussi fort que nous le voulons, une chose qui semble évidente à travers ce gouvernement c’est qu’il se fout éperdument de la pression internationale et que ça ne le fera pas changer d’un poil. Bien sûr, ce n’est pas une raison pour se taire, il faut s’indigner, annuler ses vacances mêmes, c’est magnifique comme sentiment et ça rend libre, mais il faut surtout être libre de penser et de savoir comment notre indignation peut être utilisée de manière opérante, sinon ce n’est que pure fantaisie et pure flatterie d’intellos qui aiment s’autoproclamer humanistes. Je suis convaincu que le devoir de s’insurger vient avec celui de le rendre le plus efficace possible.

    Ici, on parle des pensionnats #autochtones comme le symbole de nos #barbaries ancestrales, mais dans la même phrase on se rassure : « Nous, contrairement à nos voisins américains, nous avons évolué. » Peut-être, mais pas assez pour se réjouir. Dire que cela n’existe plus est insuffisant. Les statistiques parlent pour elles-mêmes ; la moitié des enfants placés par les services de protection de la jeunesse sont issus de la communauté autochtone ou #inuite. C’est une crise humanitaire. J’ai relu le récit de Xavier Moushoom, un Algonquin de Lac-Simon, et je vous assure, on n’est pas beaucoup plus humains qu’à l’époque des pensionnats. Certes, c’est une oeuvre plus précise, plus propre, mais ça garde l’aspect de blanchissement industriel et de mécanisme bien huilé de déracinement définitif. Ils ne sont peut-être pas en cage, mais on cadenasse tout de même leur culture et leur langue. Après, ils deviennent adultes et on les laisse là, étrangers de tous, le cul entre deux chaises. Tributaires d’une histoire qu’ils ne savent pas raconter puisqu’on ne leur a jamais lue. Il faut en parler de ça aussi si c’est par humanité, l’humanisme est englobant et ne doit pas seulement être dicté par l’actualité journalistique.

    Je ne suis pas venu dire ce dont on devrait ou l’on ne devrait pas parler, je suis convaincu qu’il faut hurler sur tous les toits du monde le désespoir de ces #enfants arrachés à leur famille rendus coupables d’avoir rêvé à l’Amérique, mais dans cette même phrase, dans ce même pénible hurlement de révolte, il faut aussi pointer du doigt ce qui se passe chez nous. Sinon, cela n’est qu’hypocrisie théâtrale visant à blâmer tout le monde sauf nous-mêmes. L’#hypocrisie, elle, se soigne par la pertinence de mots les plus éclairés, informatifs et précis possible. Il y a des dizaines de mots pour désigner la glace en inuktitut, par exemple ; sikuaq, qui signifie « petite glace », ou bien igalaujait pour décrire « les glaçons minces qui s’accrochent aux herbes et aux végétaux ». À bien y penser, il en faudrait peut-être un nouveau, en anglais cette fois, pour décrire l’ICE with humanity.

    #usa #vomir #trump

  • Les propriétaires s’insurgent contre la culture du cannabis à domicile Benoit Ste-Marie Directeur général de la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ) - 1 Juin 2à18 - Le Devoir
    https://www.ledevoir.com/opinion/libre-opinion/529302/les-proprietaires-s-insurgent-contre-la-culture-du-cannabis-a-domicile

    Les propriétaires de logements locatifs procurent un toit à des ménages et à des familles vivant en collectivité dans une promiscuité où les comportements des uns affectent le bien-être des autres. Au-delà de l’obligation légale de procurer pleine jouissance paisible des lieux au locataire, le propriétaire a aussi l’obligation #morale d’offrir un lieu où le vivre-ensemble implique des limites aux libertés individuelles : faire du bruit, négliger la propreté, garder un animal dangereux, fumer, etc. Or, la légalisation du cannabis est incompatible avec ces obligations et représente un danger réel pour les occupants.


    Les propriétaires sont responsables du bien-être de familles, d’enfants, d’aînés et de personnes malades. En bons pères et mères de famille, ils ne peuvent que s’opposer fermement à la légalisation de la culture du cannabis à domicile.

    Au #Québec, un locataire peut continuer de fumer illégalement de la marijuana pendant des mois et parfois même pendant deux ans avant que le propriétaire obtienne une audience à la Régie du logement. Les délais judiciaires y sont démesurés. Ce tribunal ordonnera alors de cesser l’activité — ordonnance qui ne sera pas forcément respectée par la suite — ou résiliera le bail.

    En pratique toutefois, le propriétaire seul ne peut pas faire cesser la consommation, la culture ou même le #trafic de cannabis. S’il s’adresse au tribunal, le propriétaire aura le fardeau de la preuve et les plaignants — les autres locataires — craindront de témoigner contre leur #voisin.

    Attrait économique
    Fumer et cultiver le #cannabis a jusqu’ici été une activité criminelle, mais plusieurs enfreignent la loi : 42 % des #propriétaires ont, dans la dernière année, constaté qu’un #locataire fumait du cannabis et 5 % ont découvert une #culture dans au moins un de leurs logements. En légalisant le cannabis, la consommation s’étendra et les problèmes dans les #immeubles aussi. L’attrait économique qu’auront les individus pour la culture à domicile, désormais encouragée par le gouvernement fédéral, fera bondir le taux de locataires qui s’y adonnent, au détriment de la santé, de la sécurité et des relations entre locataires #voisins.

    La culture de cette drogue à domicile est déjà une catastrophe : humidité excessive causant des moisissures, équipements ou procédés non sécuritaires, absence de contrôle, revente et distribution à des tiers. Cela entraîne l’augmentation de la prime d’assurance, la dégradation du bâtiment et le départ de locataires voisins affectés. C’est sans compter les risques d’incendie, de dommages et de querelles interminables entre locataires et propriétaires.
    Le #propriétaire épuise son temps de gestion dans des démarches judiciaires pour tenter de rétablir l’équilibre de vie indispensable aux #locataires. Permettre à monsieur et madame Tout-le-Monde de cultiver son cannabis dans un lieu résidentiel qui ne lui appartient pas est inconcevable, alors que le produit sera accessible en magasin et en ligne. En ce qui concerne cette culture à des fins personnelles, comment contrôlerait-on la limite de quatre plans autorisés par le gouvernement du #Canada ? Impossible.

    Il est tout aussi inquiétant de penser que la loi fédérale banalisera le produit et ses effets sur la santé. Le Québec adoptera sous peu une loi interdisant la production à domicile, mais le fait qu’une loi fédérale l’autorisera lance un message inverse qui, déjà, cautionne moralement les gens à le cultiver, y compris pour faire de l’argent.

    Les ministres fédéraux de la Santé et de la Justice ont récemment cosigné une lettre défendant leur approche en comparant la culture du cannabis à la production à domicile de #bière ou de vin. Entendons-nous, fabriquer de la bière est complexe et coûteux, alors que fabriquer du cannabis est facile et lucratif. Quant aux effets sur la santé, comment peut-on oser comparer le cannabis à la bière ?

    En toute logique, le gouvernement fédéral ne devrait pas permettre la culture du #cannabis à domicile.

    #MDR #Humour

  • Les aînés meurent de notre incapacité à revoir le panier de services Dr Hugo Viens - 26 mai 2018 - Le Devoir
    https://www.ledevoir.com/opinion/idees/528787/les-aines-meurent-de-notre-incapacite-a-revoir-le-panier-de-services

    Les chiffres font peur : plus de la moitié des #aînés prennent des #médicaments potentiellement inappropriés au #Canada, selon une nouvelle étude de l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS). Au #Québec, 25 % d’entre eux se font prescrire des #somnifères.

    Mais comment s’en étonner ? Les médicaments sont remboursés par les assurances publiques, mais pas la psychothérapie, la physiothérapie ou le #soutien_social. Et si ces statistiques ne sont pas nouvelles, elles confirment une tendance lourde des dernières années. Nous médicamentons beaucoup nos aînés au Canada dans nos établissements de soins de longue durée. Et nous médicamentons surtout les plus #pauvres.


    Se poser les bonnes questions
    La #polypharmacie fait du mal à nos aînés. Lors du dernier congrès national de Choisir avec soin, une des conférencières, la Dre Dee Mangin, a présenté un tableau de la situation qui mériterait d’être mieux connu : nos aînés meurent à cause des médicaments qu’ils prennent en trop grand nombre.

    En raison des interactions de ces médicaments, des chutes qu’ils entraînent ou de la difficulté que les personnes âgées ont à les éliminer de leur sang, c’est comme si chaque jour nous faisions monter des aînés dans un avion avant de faire s’écraser celui-ci au sol, a-t-elle précisé.

    Ces morts sont évitables ! Elles découlent des attentes de la population en matière de gestion de la douleur, de l’insomnie ou de la santé mentale. Elles s’inscrivent aussi dans une tendance plus large de « #surmédicalisation » dans laquelle la société québécoise a plongé tête première… suivant en cela de près nos voisins du sud.

    Agir sur les bons leviers
    Vous m’avez déjà entendu parler des contrecoups du #surdiagnostic et du #surtraitement sur notre système de santé. Cela nous coûte cher en argent, et aussi en vies. Les #médecins sont de plus en plus nombreux à agir, appliquant la déprescription quand c’est possible et nécessaire. Certains patients commencent aussi à poser les bonnes questions, mises en avant par la campagne Choisir avec soin, en demandant par exemple à leur professionnel de la santé s’il y a des options plus simples et plus sécuritaires que les médicaments. Ce n’est pas toujours le cas, mais ça peut l’être. Et ces options doivent être accessibles.

    Le médecin n’a pas réponse à tous les maux. La population doit l’apprendre et le comprendre. En médicalisant tous nos problèmes, de la moindre douleur lombaire à des insomnies passagères, nous engorgeons le système de santé, qui ne suffit plus à répondre à la demande ni aux coûts.

    Nous devons entamer une discussion sur ce qui est médicalement indiqué. À partir de quand un mal de dos nécessite-t-il une injection de cortisone et pendant combien de temps cette béquille peut-elle et doit-elle être utilisée ? Un traitement contre la perte de cheveux peut être médicalement indiqué. Doit-il pour autant être couvert ? Ce sont des questions que l’on ne se pose pas.

    Avant sa dissolution, le Commissaire à la santé et au bien-être travaillait à la nécessaire révision du panier de services en santé. Un exercice difficile que le Québec ne peut éviter. Les partis politiques sont en campagne. C’est le temps ou jamais de parler de cet enjeu. Nous devons, comme société, faire des choix, et les médecins doivent participer à cet important exercice pour qu’il soit basé sur des données probantes.

    #pharma #santé #industrie_pharmaceutique #lobbying #médecine #big_pharma

  • #Zoe_Williams : « De la haine à l’état brut » : ce pour quoi le mouvement des « InCel » cible et terrorise les femmes
    http://tradfem.wordpress.com/2018/05/09/%E2%80%89de-la-haine-a-letat-brut%E2%80%89-ce-pour-quoi-le-mouvem

    Lorsqu’une fourgonnette a été lancée le lundi 23 avril sur un trottoir de Toronto, tuant 10 personnes et en blessant 15 autres, le chef de police Mark Saunders a déclaré que même si l’incident semblait être prémédité, il n’y avait aucune preuve de terrorisme. Le ministre canadien de la Sécurité, Ralph Goodale, a soutenu cette opinion, en annonçant immédiatement que l’événement « ne faisait pas partie d’un complot terroriste organisé ». Le Canada a des règles à cet égard : pour être considéré comme du terrorisme, l’agresseur doit avoir une motivation politique, religieuse ou sociale, au-delà de « vouloir semer la terreur ».

    Traduction : #Tradfem
    Version originale : http://www.theguardian.com/world/2018/apr/25/raw-hatred-why-incel-movement-targets-terrorises-women

    #Terrorisme #misogynie #antiféminisme #Toronto #InCel

  • Canada : La mise en vente de l’oeuvre patrimoniale de Chagall Le Devoir - Serge G. Morin - 10 Avril 2018
    https://www.ledevoir.com/opinion/libre-opinion/524807/la-mise-en-vente-de-l-oeuvre-patrimoniale-de-chagall

    La direction du Musée des beaux-arts du Canada ( #MBAC ) se comporte comme les pires ##gestionnaires de l’entreprise privée en décidant dans le plus grand secret, ou du moins dans la plus grande discrétion, de mettre en vente en mai prochain chez Christie’s à New York, https://www.ledevoir.com/culture/arts-visuels/524628/musee-des-beaux-arts-du-canada-sacrifier-un-chagal-pour-sauver-une-autre-o un chef-d’oeuvre de notre collection nationale acquis en 1956, la toile de #Chagall La tour Eiffel. La justification invoquée pour cette démarche pernicieuse est de pouvoir financer l’achat d’une oeuvre mystère que seuls les « quelques #experts initiés du conseil », ceux-là mêmes qui autorisent la vente, sont en mesure d’apprécier.


    Alors que, dans la gestion financière des grandes entreprises publiques, ce comportement autoritaire d’administrateurs est de plus en plus censuré par les actionnaires et les organismes gouvernementaux de contrôle financier, des fiduciaires du patrimoine artistique des Canadiens, souvent nommés uniquement par les instances politiques, prétendent ne pas avoir à se soumettre aux règles les plus élémentaires d’une respectueuse gestion démocratique.

    Dans son premier volume, Philosophie de l’art, publié en 1865, l’écrivain philosophe et historien #Hippolyte_Taine mentionne : « l’oeuvre d’art n’est pas un phénomène isolé, mais on doit chercher l’ensemble dont elle dépend et qui l’explique ». C’est ce principe primordial pour la recherche en art visuel et en histoire de l’art que la direction du MBAC oblitère dans l’offre à la dérobée de vente du Chagall. Le directeur du MBAC et les administrateurs qui ont autorisé en catimini la vente de cette toile bafouent sans pudeur ce principe et leur mission de fiduciaires de notre patrimoine artistique national. Cette citation de Taine, dans sa sagesse, oriente la recherche en histoire de l’art vers un modèle d’analyse normalisé qui place d’abord les oeuvres dans une culture donnée, et dans une période artistique définie non seulement par les années antérieures à sa création, mais aussi par les années postérieures, car elles expliquent la naissance d’influences chez les artistes, l’occurrence de nouveaux mouvements artistiques ou de nouvelles écoles d’art.

    C’est le rôle que cette oeuvre de Chagall joue dans l’histoire de l’art au Canada, et nous devons être reconnaissants envers les prédécesseurs de la Galerie nationale du #Canada (GNC), conservateurs ou administrateurs, qui ont reconnu la valeur de cette toile et en ont fait l’acquisition. Sa mise en vente par le directeur actuel et son conseil remet certainement en question la compétence des prédécesseurs et la pertinence de leurs décisions. Ce type de jugement pourrait sous peu s’appliquer à l’équipe actuelle, mais il serait alors trop tard pour en rectifier l’abomination.

    Depuis deux siècles, la multitude de nos grands peintres canadiens qui sont allés parfaire leur formation professionnelle en Europe, et principalement dans les grandes écoles de France, est une chronique historique connue. Parmi les plus renommés de nos peintres du milieu du XXe siècle, Pellan, Dallaire, et la plupart des signataires du refus global, Borduas, Riopelle, Barbeau, Sullivan…, ont fréquenté ces écoles ou côtoyé les vedettes des mouvements artistiques dominants.

    L’influence de Chagall
    Nous retrouvons les influences de Chagall dans les premières oeuvres de Léon Bellefleur, dans les tondos de Françoise Sullivan des années 1980, et aussi chez nos artistes du Canada anglais : Alexandre Bercovitch, Paraskeva Clark, E. J. Hughes, William Kurelek, et tant d’autres. N’oublions pas surtout nos artistes autochtones, et en particulier les gravures de nos artistes inuits qui ont si naturellement et merveilleusement adopté l’exemple de Chagall ou du moins une parenté avec sa fantaisie pour créer leurs images.

    Dans une lettre que Dallaire poste à un ami d’Ottawa en mai 1940 juste avant son internement, il commente ses visites d’expositions. Ce sont les oeuvres de Picasso, de Chagall et de Pellan qu’il cite en exemples d’avant-garde pour la peinture. Notons aussi que, durant la décennie des années quarante, Pellan enseigne à l’École des beaux-arts de Montréal alors que Dallaire enseigne à l’École des beaux-arts de Québec.

    L’histoire de l’art canadien a évolué selon les influences de l’art international et, par une décision heureuse des professionnels de la GNC de l’époque, nous avons réussi à nous procurer une oeuvre maîtresse de l’art internationale. Rappelons-nous, en 1989, l’argumentation déployée par les administrateurs de la GNC d’alors pour justifier l’acquisition, à un prix qui semblait hors de proportion, de la toile murale de Barnett Newman Voice of Fire. L’influence de ce peintre américain et de son style dans la peinture moderne internationale et dans la peinture canadienne devrait-elle être alors remise en question ? Demandons-nous aussi pourquoi le directeur du MBAC et quelques administrateurs actuels n’osent pas suggérer de vendre plutôt Voice of Fire pour financer une acquisition qui s’annonce sans histoire et sans nom.

    Personnellement et au nom de tous les Canadiens, j’exhorte l’honorable #Mélanie_Joly, ministre du Patrimoine canadien, à faire usage de son autorité et à s’assurer du respect des lois et règlements qui gouvernent son ministère, pour ainsi corriger une manoeuvre de ses subalternes qui risque non seulement de faire disparaître un fleuron de notre patrimoine national, mais surtout d’éliminer une référence cruciale aux créations de nos artistes en arts visuels et à l’histoire de l’art de notre pays.