• La fin du monde se visite en camionnette Chez Renart - Renart
    Depuis un an, un Tour operator goupilesque à souhaits propose la visite des lieux les plus délabrés, toxiques, emblématiques, de la région la plus frappée par la « révolution industrielle ». Exquis, non ? Entre « urbex » et visite guidée, Nord-Pas de Calais Adventure remonte l’histoire industrielle des Flandres et du bassin minier pour expliquer la situation écologique actuelle. Accrochez-vous à votre second degré.

    Quand bien même on préfère souvent regarder ailleurs, nul n’ignore que la région Nord-Pas-de-Calais cumule les médailles les moins reluisantes. Pollutions des sols, de l’air et des eaux offrent à la région la première place du cancer et la dernière de l’espérance de vie. La preuve par cartes, ci-dessous.

    La région s’est encore illustrée dernièrement dans les médias. Le reportage « Les enfants du plomb », diffusé le 3 octobre sur France 5 , https://www.france.tv/france-5/vert-de-rage/4198072-les-enfants-du-plomb-extrait.html fut tourné autour de l’ancienne usine Penarroya-Metalleurop de Noyelles-Godault, qui fut la plus grande d’Europe. On y recense 5 000 cas de saturnisme depuis les années 1970. Malgré les interdictions de cultiver, construire, jouer dans la terre, et les obligations de décaisser les sols, vingt après la fermeture de l’usine, les taux de plombémie sont toujours aussi désespérants. Le métal infestera encore quelques siècles le sang des habitants sans que les actionnaires, évaporés eux, ne rendent un jour de compte. Entre une ruine et une déchetterie à ciel ouvert, Nord-Pas de Calais Adventure raconte l’épopée du fondateur de Metaleurop, le polytechnicien Charles Ledoux, ingénieur des mines ayant œuvré tantôt pour l’État, tantôt pour son compte.

    Le 21 septembre dernier, c’est par une enquête du Monde que les habitants du Nord-Pas de Calais apprennent que deux robinets sur trois les abreuvent d’une eau polluée aux pesticides – la moyenne nationale est de 20 %. La faute à l’agriculture intensive, aux patatiers et betteraviers.
Depuis la camionnette traversant la plaine agro-industrielle flamande, on apprend que les résidus chimiques de la première guerre mondiale interdisent la consommation d’eau dans des centaines de communes. . . . . .

    La suite : https://chez.renart.info/?La-fin-du-monde-se-visite-en-camionnette

    #tour_operator #pollution #ubex #plomb #saturnisme #tourisme #Nord #Pas_de_calais #metaleurop #chimie

    • New York vu par Le Monde : quelques remarques sur un « reportage » singulièrement biaisé Sylvie Tissot, vendredi 28 octobre 2022

      Quel journaliste ne mourrait pas d’envie d’être envoyé en reportage à New York ? Aude Goullioud du Monde a eu cette chance. Alors que le réchauffement climatique impose de réduire les vols transatlantiques, il est bon, après la publication de son article le 17 octobre 2022, https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2022/10/17/si-tu-es-genereux-avec-new-york-new-york-sera-genereuse-avec-toi-les-possibi de se demander : qu’y a-t-elle vu, qui y a-t-elle rencontré pour accumuler tellement de clichés que ça en devient presque gênant ?


      
La ville des « opportunités » qui se « réinvente sans arrêt » et se relève après chaque épreuve. La ville du « brassage constant », des milles nationalités, la ville où l’on vient tenter sa chance et où, si l’on « travaille dur », s’il l’on sait se « dépasser », on sera récompensé.

      On se croirait en plein American Dream , un mythe, qui n’a cessé, depuis des décennies, d’être contesté de toutes parts et de toutes les manières, mais dont il semble qu’il inspire, toujours et encore, des plumes françaises d’habitude plus acérées quand il s’agit de parler des Etats-Unis.

      De la gentrification qui avance à un rythme qui donne le tournis, des inégalités brutales, profondes, structurelles, visibles partout, de la pandémie qui a détruit tant de vies, on n’aura dans l’article que quelques rapides évocations, en guise de concessions. Certes les loyers sont faramineux, mais  : un peu d’entraide entre voisins et un puits sans fond d’opportunités viennent efficacement effacer du paysage ces ennuyeux détails, et donner toute sa place à ce « ciel bleu toute l’année » qui a tant fasciné la journaliste – ciel bleu qui, comme le soleil, rend probablement la misère « moins pénible ».

      Black Lives Matter est évoqué mais ravalé – on a du mal à le croire – au rang de plaidoyer naïf pour la « diversité ». C’est ce qu’on retient des propos d’une « jeune Française » appartenant à l’échantillon très particulier constitué par la journaliste envoyée « sur le terrain ».

      Pour cette habitante « bien ancrée à New York où elle a monté Polonsky&Friends, une agence de direction artistique et stratégique dans le secteur des métiers de bouche », BLM semble bel et bien avoir été un « tournant ». Désormais consciente du « racisme systémique », bouleversée semble-t-il, elle ne se laisse pas abattre et lance une newsletter où « elle met en lumière les meilleurs artisans de bouche de New York avec un souci constant de diversité ».

      Il faudrait beau voir qu’après ça, des policiers tuent encore des Noirs.

      Preuve que le message – sur le racisme systémique, donc – de BLM est passé, notre informatrice enchaîne : « Et c’est win win pour tout le monde ! ». La journaliste semble sous le charme.

      Quant à nous, nous sommes plutôt consternés. Est-ce que des Français au profil un peu différent auraient eu autre chose à dire ? Probablement, mais aucun n’est interviewé. Seuls les « gens qui font des choses formidables » ont eu l’honneur de parler de leurs « opportunités ». La liste est parlante : le conseiller culturel de l’ambassade de France, une photographe et joaillière, la directrice artistique d’un magazine, une curatrice et consultante dans l’art contemporain, le directeur d’un centre culturel et artistique de Brooklyn, un galeriste, une directrice artistique et consultante en stratégie de marque, un photographe, un écrivain et philosophe.

      Mon préféré reste le propriétaire français de trois restaurants, dont le dernier, tout juste ouvert à Brooklyn, s’appelle (car il est installé dans une ancienne laverie) : Fulgurances Laundromat.

      N’est-ce pas follement créatif ! (seul un esprit chagrin, plutôt qu’« innovant », y verra un lien avec la gentrification évoquée quelques paragraphes plus haut).

      Vous aurez, à la lecture de cet article, compris le sous-texte régulièrement relayé dans les pages du Monde, où les affinités macroniennes s’expriment parfois sans filtre : on pourrait en prendre de la graine en France, pays des grincheux et des fainéants, où perdurent des hiérarchies dépassées alors qu’ici, « jamais personne ne vous demande vos diplômes ou votre CV ».

      Qu’une journaliste relaie sans broncher une contre-vérité pareille, dans une ville où les discriminations sont bien ancrées, où la compétition est féroce, et où la préparation aux plus grandes universités commence dès l’école primaire… on croit rêver.

      La conclusion en rajoute une louche, avec le témoignage, repris sans ironie aucune, de la directrice artistique d’un important journal : épouse d’un célèbre illustrateur, avec qui elle a monté son magazine, elle se félicite – et s’étonne ! – d’avoir été ainsi recrutée, et y voit la manifestation de la plus grande des libertés et des possibilités infinies.

      Quand l’entre-soi des élites culturelles devient le « degré d’innovation maximal »…
      Sylvie Tissot


      « Sous le ciel bleu, les clichés »  : nous reproduisons, sous forme de tribune et avec son accord, un texte de Sylvie Tissot paru sur le site de LMSI https://lmsi.net/Sous-le-ciel-bleu-les-cliches (Les mots sont importants) le 24 octobre. (Acrimed)

  • Quand l’urinoir se féminise
    https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2022/01/12/quand-l-urinoir-se-feminise_6109212_4497319.html

    On les appelle les petits coins, les cabinets, les W-C, les #toilettes ou les #latrines, mais quel que soit le vocable, ces lieux d’aisance n’ont guère évolué depuis 1775, date d’un brevet pour système avec chasse d’eau, déposé par l’Ecossais Alexander Cumming. Voilà qu’avec de premiers #urinoirs pour #femmes la France a commencé depuis quelques mois une révolution des formes et… des usages.

    Derrière ces #toilettes_sèches se cachent deux créatrices aux parcours très différents. Il y a Louise Raguet, étudiante à L’Ecole nationale supérieure de création industrielle – Les Ateliers, qui pour son diplôme obtenu en 2019, conçoit l’urinoir Marcelle, permettant aux filles d’uriner en position squat, soit semi-accroupie comme dans la nature.

    #paywall


    • Marcelle, urinoir pour femme, de Louise Raguet. VÉRONIQUE HUYGUE

      Cette jeune chercheuse en biologie reconvertie dans le design, âgée aujourd’hui de 31 ans, veut allier combat féministe et écologie, « questionner le fonctionnement des toilettes actuelles avec leurs files d’attente interminables côté dames et permettre le recyclage des urines au féminin, ce qui n’était pas envisagé jusqu’ici ».

      A peine diplômée, elle reçoit des propositions et la voilà qui vend ses premières créations, qui seront notamment installées dans l’ancien hôpital Saint-Vincent-de-Paul, à Paris, transformé temporairement en lieu de partage dit Les Grands Voisins.

      Il y a aussi Nathalie des Isnards, 48 ans, ex-directrice des ressources humaines dans l’industrie, qui fonde en 2017 la start-up malicieusement baptisée madamePee (de l’anglais to pee, « uriner »), autour d’une « urinoire féminine » qu’elle brevette l’année suivante. « L’idée m’en est venue en tant qu’usagère », assure-t-elle. Dès le départ, elle s’entoure de designers, mais aussi d’ergonomes et de sociologues car « sur ce sujet intime, la parole n’est pas aisée, il faut faire s’exprimer les réels besoins des femmes ». On convient aussi de féminiser le nom du produit mis au point, « parce que la définition de l’urinoir, dans les dictionnaires, ne se réfère qu’aux hommes », précise l’énergique autoentrepreneuse.


      MadamePee, urinoir créé par Nathalie des Isnards, ici au festival Peacock Society, en septembre 2021. MADAMEPEE

      De ces deux approches naissent des urinoirs au féminin, du jamais-vu. Une cuvette très étroite en Inox peint (beige et orange), fabriquée par une chaudronnerie de Troyes pour Marcelle. Une forme plutôt géométrique façon bec de pélican, en aluminium et polyéthylène recyclable, avec un retour à l’avant pour éviter les éclaboussures, pour madamePee. Les usagères n’ont besoin de toucher à rien, critère primordial car la plupart d’entre elles adoptent, hors de chez elles, une succession de stratégies de contournement qui prend beaucoup de temps : ne toucher le verrou qu’avec leur manche, ne surtout pas s’asseoir sur la cuvette ou la recouvrir de papier, etc. Dans les deux cas, la cuvette est un peu basse et il n’y a pas de chasse d’eau : l’urine est recueillie dans une cuve, direction le tout-à-l’égout ou bien les champs, comme engrais.

      Star du concours Lépine

      « Les confinements successifs, notamment en France avec la fermeture des bars et des restaurants – solution de repli traditionnel pour les femmes – ont confirmé l’intérêt de l’urinoir au féminin », fait remarquer Nathalie des Isnards qui, après les festivals de musique Hellfest en Loire-Atlantique ou Solidays dans la capitale et des événements comme Paris Plage, a exporté sa formule du Portugal à la Belgique, en attendant ce printemps le Canada et la Côte d’Ivoire. De son côté, Louise Raguet cherche un ou une associé(e) pour développer la commercialisation de sa « Marcelle » qui à l’été 2021, trônait au festival We Love Green, ou sur la péniche culturelle Le Barboteur, à Paris. Toutes deux ont dessiné et breveté leurs pictogrammes, clairement explicites quant à la posture à adopter devant la cuvette, nouveaux usages obligent.

      Toutes ces innovations chahutent le marché peu original des sanitaires. A Bordeaux, on teste des urinoirs madamePee dans un lycée, afin de lever les craintes en termes d’hygiène qui conduisent une majorité de jeunes filles à se retenir d’aller aux toilettes à l’école . A Rennes, après Toulouse, on expérimente de drôles d’urinoirs collectifs féminins en forme d’hélice, brevetés fin 2017 sous le nom de Lapee, par un jeune duo d’architectes, l’un danois, l’autre française.

      Ces toilettes sèches, star du concours Lépine en France en 2019, ne comportent pas de portes – seule la tête dépasse – et accueillent trois filles d’un coup dans son cercle de plastique rose bonbon. Il s’agit de permettre un pipi express : en trente secondes, au lieu de trois minutes en moyenne dans des toilettes fermées . La ville de Copenhague a décidé de les installer dans ses parcs et jardins durant la belle saison, de juin à septembre. « Dans l’espace public, le manque de sanitaires où l’on se sent autorisée à rentrer est criant. On habitue les filles très jeunes à se retenir, alors que faire pipi, c’est naturel et cela devrait être simple », martèle Gina Périer, 27 ans, co-fondatrice de la marque Lapee.

      Lapee, urinoirs collectifs féminins. LAPEE

      Des toilettes Lapee au Roskilde Festival (Danemark) de 2019. OLIVIA ROHDE

      Même JCDecaux qui fête les quarante ans de ses Sanisettes – « les premières toilettes universelles, unisexes et autonettoyantes », selon Albert Asseraf, directeur général communication et nouveaux usages – a révisé sa copie. Pour rassurer les femmes qui répugnaient à les utiliser, on a fait entrer la lumière du jour par un oculus dans le toit, et rajouté un poussoir d’urgence, visible dès l’entrée. Et depuis 2019, des urinoirs pour messieurs ont été accrochés au dos d’une cinquantaine de Sanisettes à Paris (notamment au Trocadéro et à la tour Eiffel), mais aussi à Marseille, Bayonne, Berlin ou Düsseldorf, en Allemagne. Il s’agit « de libérer davantage la cabine pour les personnes en fauteuil roulant et pour les femmes et les enfants » [parlons pas de caca, de fix, et autres variantes d’usage qui consomment du temps de toilettes disponibles, ndc], explique le designer Patrick Jouin, qui a signé toutes ces adaptations. L’urinoir ne dispose pas d’eau, mais de gel hydroalcoolique, et se cache derrière un joli drapé vert chêne, comme la Sanisette.

      L’« urinoire » féminine de madamePee n’est pas restée célibataire longtemps. A la demande des loueurs de sanitaires, une version masculine a vu le jour. « Des festivaliers se rendaient trop souvent chez les filles, arguant préférer, eux aussi, un minimum d’intimité »_, explique Nathalie des Isnards. Ainsi est née misterPee, une cabine aux portes battantes façon saloon, habillée de noir quand celle des filles est rouge vermillon. On a pu voir les deux parader dans des mariages.

      and de ouineure is : allier combat féministe, écologie, diminution du temps consacré à la réduction des risques et rotation en just à temps. habituons nous aux #gagnant_gagnant enchanteur. Oui, un capitalisme sans domination est possible !

  • De la téléréalité à la sphère politique, comment les influenceurs imposent leurs goûts au public | Enquête sur le « marketing d’influence » (Claudia Cohen, Le Figaro, 21/06/2021)
    https://www.lefigaro.fr/actualite-france/de-la-telerealite-a-la-sphere-politique-comment-les-influenceurs-imposent-l

    La vidéo du président de la République Emmanuel Macron aux côtés des youtubeurs McFly et Carlito fut sans précédent dans l’histoire de la communication politique française. Un temps décriés, les influenceurs ont rebattu les cartes de la communication. Des créateurs de contenus passionnés par un domaine sur YouTube aux personnalités populaires sur les #réseaux_sociaux comme Instagram, TikTok, Snapchat ou Twitch, en passant par les candidats d’émissions de téléréalité, la France compte aujourd’hui près de 150 000 influenceurs. EnjoyPhoenix (3,7 millions d’abonnés), Tibo InShape (6 millions d’abonnés) ou Nabilla (5,6 millions d’abonnés), comment expliquer un tel succès ?

    Porté par la pandémie, le business mondial du marketing d’influence a dépassé 15 milliards de dollars l’an passé. Un influenceur est « une personne qui influence l’opinion, la consommation par son audience sur les réseaux sociaux », selon les lexicographes du Petit Robert. Leur capacité à fidéliser de jeunes communautés virtuelles fascine jusqu’à la sphère politique, à la veille d’une nouvelle campagne présidentielle. Celle-ci y voit l’opportunité de toucher un public d’ordinaire très peu réceptif à la #communication traditionnelle. Lors du premier tour des régionales, dimanche, l’#abstention chez les jeunes a atteint des records : 87 % des 18-24 ans ne se sont pas exprimés dans les urnes, selon Ipsos.

    La promotion de projets gouvernementaux par des influenceurs, qui se définissent comme « apolitiques », s’est accélérée avec La République en marche. Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, s’est affiché avec eux pour discuter des préoccupations étudiantes. Le ministère de la Jeunesse et des Sports en a fait une stratégie de communication à part entière. Plusieurs youtubeurs, dont Tibo InShape, avaient fait la promotion du service national universel (SNU), destiné aux 15-17 ans. Lorsque les partenariats sont rémunérés, les rétributions peuvent atteindre jusqu’à 30 000 euros, selon nos informations. Une communication qui reste moins coûteuse et plus ciblée qu’une campagne de publicité classique. Et qui présente l’intérêt de s’exprimer sans filtre.

    Avant que certains n’envahissent l’espace politique, les influenceurs étaient surtout connus pour la vente de produits à la manière d’un téléachat 2.0. Thé amincissant, ceinture gainante ou robot de cuisine : ils mettent en scène l’utilisation d’un produit au quotidien à partir d’un brief rédigé par la marque. Grâce à des codes promotionnels personnalisés proposés aux abonnés, les annonceurs peuvent mesurer la rentabilité de chaque influenceur. Depuis quelques années, des agences comme Webedia, We Events ou Shauna Events s’attachent à monétiser la popularité de leurs poulains. « Nous gérons la carrière de nos influenceurs comme les agents de la série Dix pour cent s’occupent de leurs talents », résume Hugues Dangy, patron de la chaîne Non Stop People, associé au groupe Banijay (en 2018, Banijay intégrait le capital de l’agence Shauna Events). Dans les prochains jours, la société de production va annoncer le lancement de l’entité Banijay Talent, qui regroupe l’ensemble de ses activités de #marketing d’influence. Pour constituer son catalogue, elle signe des contrats d’exclusivité avec des candidats d’émissions de télévision comme le concours de beauté Miss France, le jeu d’aventures « Koh-Lanta » ou la téléréalité « Les Marseillais ».

    Certains candidats devenus influenceurs peuvent gagner entre 80 000 et 300 000 euros par mois. Cinq cents personnalités issues de la téléréalité sont sous le feu des projecteurs. Voyages de rêve, opérations de chirurgie esthétique et premiers pas de leurs enfants, elles alimentent leurs réseaux sociaux en filmant leur vie, entre deux placements de produits. Du moins ce qu’elles souhaitent en montrer. Instagram peut s’apparenter à un temple du bonheur de pacotille.

    Parfois, le placement de produit sur les réseaux sociaux vire à l’absurde. Il n’est pas rare de croiser sur Snapchat un jeune homme faisant la promotion d’une culotte menstruelle ou mettant en avant de fausses promotions. « Les influenceurs ont un devoir de responsabilité. Certains se servent du lien de confiance avec leur communauté, souvent très jeune, pour vendre des produits de mauvaise qualité et réaliser des bénéfices démesurés », explique Sam Zirah, créateur de contenu aux plus de 2 millions d’abonnés sur YouTube et spécialiste du milieu. Conscient de ces quelques dérives, Bercy a récemment renforcé plusieurs dispositifs pour protéger le consommateur.

    À l’image des gagnants du Loto, certains influenceurs connaissent une gloire soudaine et amassent des sommes considérables en peu de temps. Les plus malins se tournent vers des avocats fiscalistes pour gérer leur rémunération. D’autres préfèrent fuir le pays pour s’installer à Dubaï. Ce nouvel eldorado dispose d’un taux d’imposition proche de zéro.

    Devenir un influenceur, c’est le rêve de nombreux jeunes qui se voient déjà en haut de l’affiche. Abandonner une partie de sa vie privée au public est perçu par certains comme un moyen de parvenir à une réussite financière sans être issu d’un milieu social favorisé ou passer par la case études. Et ce, parfois, sans aucun talent. Cependant, les candidats de téléréalité ne sont pas représentatifs de cet écosystème très hétérogène, explique Guillaume Doki-Thonon, fondateur et directeur général de l’entreprise experte du marketing d’influence Reech. En effet, la majorité des influenceurs français sont des personnes devenues célèbres sur internet grâce à leur passion pour la cuisine, le sport, l’humour ou les cosmétiques, et la qualité de leurs contenus. Ces personnalités consacrent des dizaines d’heures par semaine à leurs vidéos pour ravir leurs fans.

    Mais le chemin est long pour parvenir à conquérir de nouveaux abonnés. Et les places sur le devant de la scène sont peu nombreuses. Malgré une professionnalisation du métier, très peu réussissent à vivre de cette activité. En France, 85 % d’entre eux gagnent moins de 5 000 euros par an. Et ils ne sont que 6 % à gagner plus de 20 000 euros par an. Face à cette réalité du marché, de nouvelles agences s’ouvrent pour mettre les marques en relation avec ces micro-influenceurs, suivis par 10 000 à 100 000 abonnés sur un réseau social, et ces nano-influenceurs, qui comptent entre 1 000 et 5 000 abonnés.

    Outre son nombre d’abonnés, la valeur d’un influenceur réside surtout dans la qualité des connexions qu’il crée avec le public. Pour scanner les réseaux sociaux, les agences et les marques utilisent désormais des outils technologiques. En France, plusieurs acteurs, dont l’entreprise parisienne Reech, développent ces algorithmes. « Nous avons créé un “Google de l’influence”, explique Guillaume Doki-Thonon. Notre technologie permet d’identifier, à partir de mots-clés, l’influenceur idéal pour maximiser le taux d’engagement d’une campagne. » Il a déjà vendu sa technologie à de grandes marques comme Yves Rocher et Boulanger, ou à l’agence de #publicité BETC. Les équipes de communication de l’Élysée et plusieurs ministères ont également recours à ce type d’outils, selon nos informations.

    À l’ère de la bataille pour l’#attention, les agences #médias traditionnelles commencent, elles aussi, à recourir à ces personnalités. « Face à la perspective d’un monde sans cookies publicitaires, les influenceurs représentent un vrai avantage pour les annonceurs car ils sont parfaitement intégrés dans le contrat de lecture des internautes », analyse Mathieu Morgensztern, country manager de WPP France. Récemment, GroupM (WPP) et Dentsu, en partenariat avec TF1 PUB et Unify, se sont lancés dans le live streaming e-commerce.

    Entre téléréalité et téléachat, la pratique a déjà révolutionné le commerce en ligne en Chine, où elle a généré 154 milliards de dollars de ventes en 2020, selon KPMG et Alibaba. Pendant des dizaines de minutes, les produits d’une marque sont testés en direct par des influenceurs dans un décor semblable à une virée shopping entre amis. Une mini-boutique en ligne permet aux internautes de commander en profitant de codes promo. Réalisés dans des studios professionnels, ces contenus se veulent plus créatifs et engageants. De quoi ringardiser le simple placement de produits ?

  • A la découverte de cinq Etats disparus en Europe
    https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2019/12/29/a-la-decouverte-de-cinq-etats-disparus-en-europe_6024310_4497319.html

    Le Schleswig, entre Baltique et mer du Nord


    Construit au XVIe siècle, le château de Husum est de pur style Renaissance néerlandaise.

    La Roumélie orientale, aux confins des Balkans


    Le théâtre romain de Plovdiv, construit sous le règne de Trajan.

    Le royaume des Deux-Siciles, entre Naples et Palerme


    La baie de Naples et le Vésuve.
    HERVE SIMON / CC BNY 2.0

    L’Etat libre de Fiume à Rijeka, entre Croatie et Istrie


    Les ruines du château de Trsat domine la baie de Rijeka, en Croatie.
    SANJIN ILIC

    A Prague sur les traces de la Tchécoslovaquie


    A Prague, le château médiéval domine la ville depuis plus de mille ans.
    LOIC HOAREAU

  • Paola Antonelli : « Les designers peuvent faire en sorte que la fin de l’humanité soit élégante »
    https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2019/07/03/paola-antonelli-les-designers-peuvent-faire-en-sorte-que-la-fin-de-l-humanit


    Paola Antonelli, conservatrice du département d’architecture et de design et directrice de la R&D du Museum of Modern Art, à New York, membre du jury de la design parade à Hyères 2019.

    Figure du Museum of Modern Art (MoMA), à New York, où elle est conservatrice du département d’architecture et de design et directrice de la R&D, Paola Antonelli était cette année membre du jury de la Design Parade Hyères.

    Dans « Broken Nature : Design takes on Human Survival », l’exposition dont vous êtes la commissaire à la Triennale de Milan, à voir jusqu’au 1er septembre, vous prônez surtout un design réparateur…
    Oui, je pense que l’humanité est vouée à s’éteindre comme d’autres espèces avant elle. Les designers ne pourront pas empêcher cela mais ils peuvent faire en sorte que cette fin soit encore lointaine et élégante. Que nous laissions une trace sur la Terre, pour la prochaine espèce dominante, qui soit un exemple d’une relation apaisée et intelligente avec notre milieu naturel. Le concept d’un design réparateur (restorative design), visant à corriger la course de l’humanité vers l’autodestruction, embrasse un vaste champ de solutions. Il explore tantôt la technologie, tantôt l’artisanat ou une combinaison des deux. Il ne s’agit pas seulement de recyclage mais aussi d’acheter moins et de se transmettre, comme le faisaient nos grands-mères, le lit ou le canapé d’une génération à l’autre.

  • « Les accessoires de Frida Kahlo étaient une extension de son art »
    https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2018/08/01/les-accessoires-de-frida-kahlo-etaient-une-extension-de-son-art_5338120_4497

    Vêtements, maquillages, accessoires… c’est la première fois que des effets personnels de Frida Kahlo quittent le Mexique et la Casa Azul, là ou la célèbre peintre a résidé toute sa vie. Ils sont exposés et mis en scène, avec certaines de ses œuvres, à Londres, au Victoria & Albert Museum jusqu’au 4 novembre.

    D’où proviennent les pièces exposées ?

    Nous exposons plus de deux cents objets personnels ayant appartenu à l’artiste, prêtés par le Musée Frida-Kahlo de Mexico, qui n’est autre que la Casa Azul (« maison bleue ») où l’artiste est née et a vécu avec son époux, le peintre muraliste Diego Rivera. Nous présentons des archives privées, des lettres, mais aussi des colliers en perles de jade, des rouges à lèvres, fards à joues, étuis à cigarettes et vêtements. On retrouve le crayon pour les yeux Revlon qu’elle utilisait pour assombrir son regard. Son mari se souvenait de leur première rencontre en ces termes : « Elle avait des sourcils sombres et épais réunis au-dessus de son nez. Ils ressemblaient aux ailes d’un oiseau, leurs arcs noirs encadrant des yeux bruns extraordinaires. » Pendant de nombreuses années, ses effets personnels ont été entreposés dans deux pièces de la maison et placés sous scellés, sur ordre de Diego, à la mort de Frida, en 1954. Les chambres n’ont été ouvertes qu’en 2004 et c’est la première fois, depuis, que ces pièces sont exposées hors du Mexique.

    Pourquoi Frida Kahlo est-elle devenue une référence internationale de la mode ?

    Elle était très en avance sur son temps et c’est ce qui la rend si pertinente et si contemporaine. Elle s’est forgé une identité très puissante à travers ses convictions politiques, son handicap (elle fut rescapée d’un terrible accident de bus en 1925) et son art, qui résonne encore aujourd’hui. Son style contribue autant à son mythe que ses peintures. Ses robes de Tehuana (robes traditionnelles mexicaines), ses coiffes, ses corsets peints à la main et ses prothèses, qu’elle fabriquait elle-même, étaient une forme d’expression personnelle, mais aussi, et surtout, une extension de son art. Elle a d’ailleurs beaucoup inspiré les designers de mode d’aujourd’hui, de Jean Paul Gaultier, avec ses explorations autour du corset, à Alessandro Michele chez Gucci, en passant par Riccardo Tisci, qui lui rendit hommage dans la collection haute couture de Givenchy automne-hiver 2010-2011, notamment avec ces vestes en forme d’ailes de colombe que l’on retrouve dans l’œuvre de Frida, surtout quand elle était en proie à la douleur et qu’elle s’accrochait à l’espoir de pouvoir s’échapper de son propre corps.

    Lire aussi : Frida Kahlo, haute en couleur

    Comment son apparence vestimentaire reflétait-elle son engagement politique ?

    Sa garde-robe est le reflet de sa fierté pour la culture de son pays : elle a utilisé son apparence comme une déclaration politique, façonnant son allure comme une forme d’allégeance à l’identité mexicaine. Nous exposons ses vêtements traditionnels mexicains, tels que des rebozos (des châles mexicains) ou son resplandor, une coiffe de dentelle portée par les femmes de la société matriarcale, de l’isthme de Tehuantepec, dans le sud du Mexique. Son vestiaire est d’ailleurs principalement composé de pièces traditionnelles d’Oaxaca, à l’ouest de Tehuantepec. Au fil du temps, le style de l’artiste a évolué, fusionnant vêtements traditionnels mexicains et pièces étrangères. On repère des vêtements ethniques du Guatemala et de la Chine, ainsi qu’une intéressante collection de blouses européennes et américaines. L’artiste illustre cette fusion des styles européens et mexicains dans l’un
    de ses autoportraits les plus célèbres, Les Deux Frida (1939).

    J’essaye d’imaginé une expo Diego Rivera durant laquelle serait exposé son rasoir, son after shave, ses calfutes et sa poire à lavement en guise de peinture. A la limite on aurais vu ses pinceaux, couleurs, outils de travail... et on aurais pu croire que Frida Kahlo était une artiste, mais non c’est juste une lafâme, cet petit être mignon qui met du rouge à lèvre.

    Ce sont les hommes, couturiers misogynes qui réduisent cette artiste à son vetement, un corcet de souffrance qui les faits bander.

    Elle a d’ailleurs beaucoup inspiré les designers de mode d’aujourd’hui, de Jean Paul Gaultier, avec ses explorations autour du corset, à Alessandro Michele chez Gucci, en passant par Riccardo Tisci, qui lui rendit hommage dans la collection haute couture de Givenchy automne-hiver 2010-2011, notamment avec ces vestes en forme d’ailes de colombe que l’on retrouve dans l’œuvre de Frida, surtout quand elle était en proie à la douleur et qu’elle s’accrochait à l’espoir de pouvoir s’échapper de son propre corps.

    Si des fois une femme voulait s’échappé de son corps, les mecs se bousculent pour l’y ramener de force et d’outre tombe.

    #sexisme #historicisation #capitalisme